Après la préparation rapide des bagages, j’emmène la voiture de Maman chez Speedy pour réparer le tuyau d’échappement brisé, mais la pièce est manquante... Il ne me reste plus qu’à rentrer à la maison où je regarde d’abord une vidéo consacré à la reconstruction de Caen après les destructions de 1944, puis une autre qui présente une superbe visite de Prague. Le film s’achève après le déjeuner au moment où Maman termine ses préparatifs de départ (arrosage des orchidées, recherche paniquée des clefs, etc.). Nous gagnons Hermanville pour saluer Ginette et Gilles dans leur pharmacie, faisons le plein d’eau Place du 3ème R.I.B. et celui d’essence à l’Intermarché. Fin prêt, je m’engage alors sur l’autoroute de Ouistreham rattrapée à Bénouville, rejoins la route de Paris à la sortie de Caen et file en direction de la capitale.
Un ciel nuageux nous préserve d’une trop grande
chaleur, mais surtout de grosses averses orageuses mêlées de
grêle rafraîchissent l’atmosphère. La route est quand même
longue, compte tenu du temps et de la circulation assez intense.
Nous entrons à Paris vers 16:30. Maman craint un peu de nous
perdre dans le dédale des rues de banlieue après Poissy,
cependant son guidage parfait nous mène quasi directement jusque
chez les B. à Soisy.
Accueil délicat et charmant de Gigi, Henri et Anne qu’Éric et Véronique rejoignent bientôt. Durant le repas, discussion animée avec Anne qui prépare CAPES et agrégation d’arts plastiques, à propos du manque de préparation de ses collègues universitaires. Ils ignorent tout de la pédagogie et de l’enseignement de matières dont ils possèdent par ailleurs fort bien le contenu. Anne évoque sa pratique auprès des jeunes de la M.J.C., je me réfère à plusieurs profs de Stanislas et à leur ignorance psychopédagogique... | Soisy : café chez Henri et Gigi |
Pour finir, je passe outre aux inquiétudes et appréhensions de Maman et prends le chemin de l’aéroport Charles de Gaulle à Roissy. Je compte bien y dormir cette nuit en attendant Monique qui doit y arriver demain matin à 6:45 en provenance de Montréal.
Le chemin indiqué par Henri m’y mène sans
hésitation ni détour pour trouver un espace tranquille près de
l’Hôtel Ibis. Ma nuit s’y déroule au calme puisque tout le
trafic aérien s’interrompt entre 22:00 et 6:00.
Mardi 11 juillet 1995 : de ROISSY à LAON (GIZY) (150 km)
|
Tôt réveillé, après douche et petit déjeuner, je vais stationner juste devant la porte de l’aérogare. L’avion atterrit enfin avec 55 minutes de retard et je vois arriver, pas trop fraîche mais souriante, ma Québécoise qui commençait à beaucoup me manquer... |
Retrouvailles puis retour à Soisy en empruntant un dédale de petites rues qui nous égare un peu. J’accompagne Gigi à la cuisine où elle prépare un délicieux lapin à la moutarde pendant que Monique commence une longue conversation avec Maman dans le salon. Nous passons à table pour d’agréables agapes bien arrosées (superbe Nuits St-Georges 1990) avant d’aller prendre le café sur le patio derrière la maison. Véronique nous a rejoints avec sa fille Maélis, et c’est une autre agréable "jasette" qui nous entraîne jusque vers 14:45. Mais il est temps de prendre la route, d’autant plus que je désire passer à Villers-Cotteret pour consulter les experts de Volkswagen-France face à mon problème d’alternateur toujours en suspens. Adieux un peu émus à Maman que nous ne reverrons pas avant l’an prochain et à nos hôtes attentionnés, puis nous démarrons vers l’est.
Nous sortons assez rapidement de Paris et de sa banlieue pour filer ensuite dans la plaine à blé légèrement vallonnée entrecoupée de forêts. A 16:10 nous sommes devant les bureaux de l’importateur où je dois patienter 1/2 heure avant qu’un homme, au demeurant aimable, me prenne en charge, aille aux renseignements... et finalement m’indique que l’option recherchée (alternateur de 90 ampères remplaçant le modèle standard de 45 A) n’est pas distribuée en France mais qu’elle est peut-être disponible en Allemagne... où nous serons demain.
Nanti de cette information qui allonge encore
d’une étape ce véritable jeu de piste, je reprends le volant
sous un ciel plus chargé où bientôt résonnent les roulements de
l’orage. La chaleur demeure supportable tant que l’on roule,
mais devient accablante lors d’un arrêt à Soisson pour prendre
de l’essence... Les bureaux de la BNP sont maintenant
fermés, ce qui nous empêche de faire débloquer ma carte Visa
toujours inutilisable (depuis maintenant 2 semaines...!).
Monique tombe de sommeil, nous ne parcourons donc qu’une
trentaine de kilomètres à proximité de Laon pour aller
bivouaquer près du terrain de football de Gizy, un tout petit
village de Champagne à 7 km de Laon. La nuit descend sous une
pluie fine qui apporte enfin un peu de fraîcheur.
Mercredi 12 juillet 1995 : de GIZY à DINANT (Belgique) (194 km)
Calme souverain auprès de notre terrain de foot isolé. Malgré la pluie de la soirée, le temps demeure très chaud et nous dormons sur chacun des deux lits pour bénéficier d’un peu plus de fraîcheur... Vers 9:00, lever et reprise de la route assez monotone qui traverse les douces collines de l’est de la Champagne. Les villages rectilignes étalent le long de la route leurs petites maisons sans étage, les champs de céréales s’étendent à perte de vue... Nous nous éloignons de Laon et roulons sans arrêt jusqu’à Charleville atteint à 11:45.
Nous avons juste le temps trouver le bureau
local de la BNP avant sa fermeture de midi pour tenter de faire
débloquer notre carte Visa. Il semble malheureusement qu’il n’y
ait rien à faire, la "puce" livrant uniquement le message :
"carte illisible". L’employé aimable mais doutant un peu de sa
machine nous suggère de faire un ultime essai sur l’ordinateur
de l’autre agence de la BNP à Mézières, l’agglomération jouxtant
Charleville. Il pousse même la serviabilité jusqu’à appeler son
confrère qui nous attend avant de fermer boutique. Les
tentatives de restauration de la carte ne sont pas plus
concluantes là-bas. Nous profitons de ce que nous sommes encore
en territoire français pour aller faire le plein de victuailles
dans un grand Carrefour puis pour appeler notre succursale
bancaire de Sainte-Foy afin qu’une carte Visa de remplacement
nous soit livrée à Varsovie d’ici une dizaine de jours. En
attendant, il va nous falloir des numéraires pour traverser
l’Allemagne et la partie nord-ouest de la Pologne; retour donc à
la succursale BNP de Mézières pour un retrait conséquent, avant
de reprendre la direction de la Belgique.
Notre route longe le cours de la Meuse qui coule en larges méandres au creux des collines. Elle offre de belles vues à Monthermé puis à Longue Roche où nous pique-niquons dans un champ au-dessus de la vallée. Le soleil descend lorsque nous traversons le village frontière de Givet étalé le long de la rive du fleuve. Monique y utilise une dernière fois sa carte France Télécom pour donner des nouvelles à sa mère installée pour l’été à Annecy, puis nous passons en Belgique. La route de berge qui nous mène jusqu’à Dinant est particulièrement jolie dans la douce lumière du crépuscule. | Dinant : bivouac au bord de la Meuse |
Au bord de la Meuse : la citadelle et la collégiale de Dinant |
Nous retrouvons avec plaisir, et même une pointe d’émotion, le quai bordé de péniches, juste devant le garage Citroën qui nous avait accueillis durant huit longues journées après notre accident en début de sabbatique fin août 1988. Les lieux ont peu changé et la vue sur la rivière, le pont Charles De Gaulle, devant la collégiale et au pied de la citadelle, est toujours aussi pittoresque. |
Nous sortons la table sur le pavé du quai pour le souper, à côté d’un autre fourgon Volkswagen identique au nôtre piloté par des Hollandais arborant une plaque canadienne : ce sont des émigrants européens comme nous qui ont passé 20 ans de leur vie de l’autre côté de l’Atlantique avant de revenir prendre leur retraite dans la vieille Europe... Nous échangeons quelques mots puis partons faire une petite balade dans la vieille ville. Nous passons le pont pavoisé pour déambuler tranquillement devant les façades anciennes, sur le quai fleuri et le pavé bruyant. | Souper sur le quai au bord de la Meuse à Dinant |
Sur le quai de Dinant, Alain, Pierre et une amie... |
Notre
marche au hasard nous mène le long de la rivière jusqu’à
ce que soudain Monique attire mon attention sur un autre
promeneur qui ressemble de façon étonnante à notre
collègue Alain L.. Nous nous approchons et...
effectivement c’est bien Alain qui achève ici avec des
amis un bref séjour en Belgique ! Incroyable hasard que
ces retrouvailles impromptues à plus de 5 000 kilomètres
de notre Montréal... Embrassades, échanges amicaux et invitation à prendre une bière dans notre maison roulante marquent la fin de la soirée, avant que nous nous endormions ensuite au bord de l’eau, à deux pas des bateaux amarrés. |
Jeudi 13 juillet 1995 : de DINANT à GREVENBRÜCK (Hesse) (386 km)
Bien que le site soit tout à fait exceptionnel,
la nuit sur le quai au bord de la Meuse s’avère assez bruyante.
Debout à 7:30, je constate alors que le paysage est complètement
noyé dans la brume montant du fleuve. Après des préparatifs
rapides, je décide de retourner à Givet en France pour faire
quelques appels téléphoniques de façon à remplacer au plus vite
notre frigo défaillant. Nous ne voulons pas quitter Dinant ancré
pour toujours dans notre mémoire sans saluer l’aimable chef
d’atelier qui avait pris en charge la réparation de notre
Pilote. Il se souvient encore de nous et nous accueille
chaleureusement. Souvenirs...
Les 25 kilomètres de route sinueuse longeant les courbes de la
Meuse sont vite parcourus, d’autant plus que le brouillard
masque tous les sites intéressants... Dans la cabine
téléphonique exiguë sur la Grande Place de Givet je vais de
déceptions en renoncements puisque les concessionnaires Top
Accessoire sont absents ou incapables de me dire où commander le
Vitrifrigo qui prendrait exactement la place de notre vieil
Indel défaillant. Un coup pour rien... Nous reprenons la route
de Dinant où la brume commence à se lever lors de notre arrivée.
Nous filons alors immédiatement vers Liège par une petite route
très vallonnée traversant les Ardennes. Coup d’oeil en passant
aux restes d’un Panzer détruit qui marque l’avance extrême de
Von Runstedt lors de sa contre-attaque de décembre 1944. Une
brève tentative pour trouver un frigo auprès d’un marchand
d’accessoires de caravane se solde par un autre échec (produit
inconnu en Belgique...) tout comme la recherche d’un alternateur
de 90 ampères auprès d’un concessionnaire VW.
Nous filons alors vers Aachen (Aix-la-Chapelle) dont la cathédrale ne nous semble pas valoir le détour, puis jusqu’à Köln (Cologne) sur l’autoroute rapide mais très fréquentée, ce qui rend la conduite assez stressante. Paysage aux douces ondulations. | Armes de l'Allemagne |
Köln : la cathédrale; à droite le Musée Romain Germanique |
Cologne
est une très grande ville (plus d’un million d’habitants).
Nous devons donc tourner un peu avant de rejoindre le
centre monumental et de trouver une place de
stationnement. Finalement nous tombons sur un espace
providentiel - et à l’ombre ! - juste devant l’Altes
Rathaus (l’Ancien Hôtel de Ville). Sa haute tour gothique
a été parfaitement restaurée avec toutes ses statues et
clochetons, au-dessus d’une élégante galerie Renaissance
formant porche... Tout le reste du vieux quartier a été rasé par la dernière guerre mais semble avoir été reconstruit ou rénové en respectant le plan initial : ruelles tortueuses, placettes charmantes, maisons modernes mais de forme et de hauteur variées. |
Nous nous dirigeons d’abord vers le Musée
Romain Germanique.
Points saillants : le monumental mausolée du vétéran Lucius Publicius dont on a reconstruit les 14,50 m dans un angle du musée, au-dessus d’une superbe mosaïque consacrée à Dionysos. Autre très belle mosaïque : celle des philosophes grecs dont on reconnaît les effigies dans une série de médaillons dispersés parmi des motifs géométriques.
Musée romain germanique de Köln : mosaïque romaine représentant un satyre et une nymphe |
Musée romain germanique de Köln : mosaïque représentant Sophocle |
Mais ce sont surtout les verreries (coupes, bouteilles, flacons, etc.) aux formes extraordinaires d’invention qui nous fascinent. Leur qualité est d’autant plus étonnante que la technique en était fort neuve à l’époque.
"Les Suédois n’ont rien créé de nouveau", lance Monique au vu de la hardiesse, de la variété et de l’originalité des pièces exposées dans les grandes vitrines... |
Musée romain germanique de Köln : vase romain en verre |
Musée romain germanique de Köln : mosaïque représentant un paon |
Le Musée ferme cependant très tôt (16:00), nous manquons donc toute une partie du statuaire et du trésor d’or et de bronze. |
La grande place en avant qui jouxte la
cathédrale est pleine d’animation et de toutes sortes de
bateleurs, chanteurs, jongleurs, musiciens, etc. Après avoir
contemplé l’écrasante hauteur des deux tours massives, nous
pénétrons sous la voûte. Elle est immense et pleine de majesté
comme il sied à toute grande cathédrale.
Trois attractions majeures retiendront notre attention : la châsse des Rois Mages, une superbe pièce d’orfèvrerie du XIIème dont l’or ciselé luit au fond du chœur, la croix de Géro, un beau crucifix du Xème de style ottonien, i.e. expressionniste et pathétique, et enfin le magnifique retable doré couvert de miniatures de l’Adoration des Mages (1440). | Cathédrale de Köln : la Châsse des Rois Mages (1440) |
Cathédrale de Köln : Croix de Gero (Xème) |
Cathédrale de Köln : retable de l'Adoration des Mages (XVème) |
La chaleur nous accable et accentue notre
fatigue lorsque nous ressortons sur le parvis animé. Quête de
quelques cartes postales (moches et chères au demeurant) puis
retour à l’Aigle en tâchant de rester à l’ombre dans les petites
rues de la vieille ville. Pendant que résonne au-dessus de nos
têtes le carillon du beffroi de l’Altes Rathaus (il est 17:00),
nous aérons le camion et nous restaurons un peu, avant de
reprendre notre route vers l’est. Elle ne tarde pas à nous faire
grimper et dévaler les vallonnements accusés du Sauerland.
Paysage très vert de prairies et de forêts dont nous apprécions
la fraîcheur relative (24 à 27°). A Olpe nous quittons
l’autoroute A 4 pour emprunter l’excellente 55, elle aussi
sinueuse et montueuse mais rapide. Nous faisons étape dans la
petite ville de Grevenbrück, sur un grand terre-plein servant de
stationnement devant le stade municipal et à l’ombre d’un
bouquet d’arbres. Nuit paisible garantie cette fois-ci.
Une fois de plus, c’est la chaleur qui nous éveille sur notre esplanade devant le complexe sportif de la petite ville : l’air est chaud, humide et il est déjà 9:30... Encore fatigués, nous traînons un peu au lit pour décoller vers 11:15.
Nous traversons le "Pays de Waldeck", une
région rurale charmante avec ses pentes herbues, ses forêts
denses et ses villages soignés nichés au fond des vallées. Nous
grimpons longuement les 841 m des flancs du Sauerland, avant de
redescendre vers Hallenberg et Medebach. Le ciel se couvre,
d’immenses éclairs strient le ciel, le tonnerre se répercute à
l’infini, composant un grondement continu pendant notre repas au
milieu d’un champ de blé. Puis la pluie s’établit pour le reste
de la journée, apportant la fraîcheur mais aussi la nécessité de
bien choisir nos moments d’arrêt entre deux averses.
Kassel : l'Herkules du Wilhelmshöhe |
Filant par monts et par
vaux, nous abordons l’est de Kassel et rejoignons par
l’arrière l’Herkules en haut de Wilhelmshöhe. C’est un
immense parc créé derrière le château princier par
Charles de Hesse en 1701.
De l’énorme statue (8 m de haut) juchée sur la pointe d’une pyramide elle-même posée sur un massif soubassement octogonal, genre ruine antique, en grosses pierres grises et tristes, peu à dire sinon la taille écrasante de tout cet empilement (plus de 70 m de haut) et surtout son "kolossal" manque d’élégance ! |
Les escaliers d’eau et les fontaines dévalent la pente en direction de la grande pelouse qui se termine tout au fond par la barre horizontale du château, au loin. La vue serait plus impressionnante si tous les jeux d’eau n’étaient à sec, les canaux et les bassins vides. Ne demeure de ce monument prétentieux qu’une orgueilleuse perspective et une énorme structure de pierre nue. | Kassel : au pied de k'Herkules du Wilhelmshöhe, en regardant vers le château |
Un peu déçus, nous reprenons la route et traversons la ville par ailleurs peu intéressante. En faisant le plein d’eau et d’essence, nous constatons avec consternation que les 70 l du réservoir nous coûtent près de 150 $ canadiens ! Une jolie route de 23 km longeant la Fura nous mène alors à Münden où cette rivière, qui rappelle un peu les courbes de l’Orne au milieu des pâturages et des collines verdoyantes, se joint à la Werra pour donner naissance à la Weser.
Balade dans les vieilles rues de Münden |
En plus de son site agréable, la petite ville se signale surtout par un noyau ancien cerné de tours et de vestiges de remparts. La plupart des maisons ont gardé leurs façades médiévales à colombages. |
Markt (Place du Marché) de Münden |
Place de l'Hôtel de ville de Münden |
Notre balade nous mène au hasard des ruelles, l’œil sans cesse attiré par les poutres sculptées et peintes, les encorbellements tordus, les fenêtres à petits carreaux et les belles portes sculptées, le tout mêlé de corbeilles de fleurs et d’enseignes de fer forgé surplombant le pavé inégal. La nuit tombe lorsque nous retrouvons notre Aigle dans son petit stationnement au pied de la tour. | Münden : maisons médiévales à encorbellements |
Nous renonçons à dormir dans la ville trop
animée et parcourons encore quelques kilomètres pour aller
bivouaquer dans un coin tranquille d’un autre village soigné.
Nous en parcourons les rues en tous sens avant de jeter notre
dévolu sur un petit espace près des courts de tennis. Souper
puis rangement des papiers du camion et écriture sous le crachin
qui ne cesse de la soirée.
Samedi 15 juillet 1995 : de MÜNDEN à QUEDLINBURG (220 km)
Si la nuit est particulièrement confortable sur notre petit stationnement près du terrain de sport, en revanche la matinée est plus chaude et c’est le soleil du grand jour qui nous jette à bas du lit vers 9:30. Démarrage tranquille : nous levons le camp vers 10:30, après un mini-ménage de l’intérieur de l’Aigle (l’extérieur est tout maculé de boue, mais on verra plus tard...).
Nous rattrapons bientôt l’autoroute A 7 qui nous mène à Göttingen. Peu à voir là-bas selon le Guide Vert; un environnement assez industriel aperçu depuis le périphérique nous conforte dans notre - bonne - idée d’en éviter le centre. Nous préférons gagner le Harz, une région très accidentée et boisée renommée pour ses paysages pittoresques.
Peu après Herzberg la route s’élève vers
Osterode puis grimpe dans la montagne jusqu’au Sösetalsperrre,
ou barrage de la Söse. C’est un joli lac artificiel dont l’eau
alimente la ville de Bremen (Brême) à 200 km de sa retenue. Les
superbes plantations de sapins s’arrêtent au bord de l’eau, le
ciel clément n’est ni trop chaud ni trop humide, l’environnement
demeure assez calme malgré le caractère quelque peu touristique
des lieux. Chacun des trois barrages successifs mérite un arrêt
et une petite balade à pied, la retenue centrale étant bien sûr
la plus vaste sinon la plus pittoresque. Je suis
particulièrement sensible à la variété des teintes de vert
offertes par la végétation et au mouvement des rives autour du
lac. L’excellente route panoramique continue de remonter le
cours de la Söse au milieu de magnifiques forêts. Nous
atteignons Clausthal-Zellerfeld qui présente quelques jolies
maisons anciennes, mais sa grande église en bois, fermée, nous
semble à peine valoir le déplacement.
Nous poursuivons la route de montagne (pentes
et virages incessants...) jusqu’au bourg de Hahnenklee pour
admirer sa petite église de bois d’allure scandinave. Bien que
construite en 1908, elle ressemble beaucoup aux "stavkirke"
visitées en Norvège : mêmes toits pentus de bardeaux descendant
jusqu’au sol, mêmes poteaux et galeries sculptés à l’intérieur,
même ambiance intime et chaleureuse...
Église de Hahnenklee |
Église de Hahnenklee à la façon des stavkirke norvégiennes |
En sortant nous déjeunons et faisons la connaissance d’un couple de Hambourg intrigué par l’allure peu courante de notre Aigle. Nous les invitons à prendre le café avec nous. Partage sur notre goût commun des voyages mais aussi mise en garde de leur part sur la sécurité en Pologne... Nous repartons avec un peu plus d’appréhension en essayant d’identifier les "planques" possibles et sûres dans notre véhicule...
Goslar et ses maisons à colombages |
La route redescend ensuite par de grands lacets jusqu’à la petite ville de Goslar qui a conservé un extraordinaire ensemble de maisons à colombages des XVème et XVIème siècles. Monique, fatiguée, préfère demeurer dans l’Aigle à se reposer pendant que je pars à la découverte de la vieille ville, caméra en bandoulière et Guide Vert à la main. |
Effectivement les points de vue pittoresques abondent, suscités par les façades en encorbellement, les rues pavées et le torrent qui traverse le centre de la ville. Mérite une mention particulière la Marktplatz avec son Rathaus (Hôtel de Ville) typiquement médiéval (halle à arcades en soubassement surmontée d’une galerie d’honneur avec baies gothiques donnant également sur la place). La salle de l’Hommage dont le Guide Vert décrit le délicat décor est malheureusement fermée à la visite (il est passé 17:00). | Goslar : Marktplatz et Rathaus |
Façade Renaissance du Kaiserworth de Goslar |
En revanche la façade Renaissance du Kaiserworth affiche avec ostentation l’ocre de ses murs et la polychromie de ses statues d’empereurs. Je traîne durant deux heures dans les petites rues tortueuses, sensible à l’ambiance médiévale des lieux et des demeures superbement mis en valeur, "zoomant" sur tel détail typique ou croustillant. L’après-midi touche à sa fin lorsque je rejoins Monique qui semble encore ensommeillée malgré sa longue sieste dans le camion. |
Après quelques kilomètres d’autoroute nettement moins vallonnée vers l’est, nous laissons les pentes du Harz derrière nous et passons bientôt en ex-RDA. Le changement de système routier constitue la première surprise puisque, du temps de la division de l’Allemagne, très peu de routes étaient raccordées d’un côté à l’autre du Rideau de Fer. C’est ensuite le changement de qualité du revêtement qui nous signale notre entrée en Allemagne de l’Est : bosses, trous, chaussée bombée, voies pavées soulignent la différence de ressources des deux pays. L’état des maisons est tout aussi parlant : si la région semble avoir hérité du même riche patrimoine immobilier, son apparence est ici fort différente de celle de l’Ouest : façades décrépies, peintures écaillées, toitures bricolées... Les voiries municipales montrent le même retard ou le même abandon.
Hôtel de ville de Wernigeröde |
Nous faisons un long arrêt à Wernigeröde, une ville ancienne presque aussi belle que Goslar mais dont seule la place de l’Hôtel de Ville a été convenablement restaurée. Quant au reste des maisons à colombages, leur état va du passable au pire... |
Jean-Paul sur la Grande Rue de Wernigeröde |
D'innombrables travaux de
voirie éventrent les rues où pétaradent de vieilles
autos (Skoda, Lada ou Trabant...), j’aperçois même des
trains fonctionnant encore à la vapeur ! On se croirait
en France il y a 30 ou 40 ans... La balade est cependant
fort agréable et nous repartons charmés vers 20:15 pour
chercher un bivouac dans un village voisin. Une première
tentative au milieu des fermes échoue, nous finissons
par nous installer, souper et nous coucher dans une
ex-rue bourgeoise, bien dégradée elle aussi, du village
de Quedlinburg. Espérons que le trafic n’y sera pas trop
important cette nuit !
|
Dimanche 16 juillet 1995 : de QUEDLINBURG à WITTENBERG (172 km)
Ce n’est pas la circulation mais une grosse averse qui nous réveille vers 8:30. Nous décollons vers 10:00 sans visiter davantage la vieille ville (nous avons vu assez de maisons à colombages hier !) ni la collégiale très remaniée selon notre guide. Nous préférons prendre la route sous le ciel variable qui nous garantit une certaine fraîcheur pour gagner Gernröde où nous trouvons facilement la collégiale St Cyriaque. | Collégiale Saint Cyriaque de Gernröde |
Nef romane de la collégiale Saint Cyriaque de Gerneröde |
Le plafond de bois peint de la collégiale Saint Cyriaque de Gerneröde |
Cette superbe église romane, fort bien
restaurée au XIXème, est tout à fait caractéristique
du style ottonien (Xème
siècle) : chœurs jumeaux à chaque extrémité de la nef, galerie à
arcades ouverte au-dessus des transepts, alternance "saxonne" de
piliers carrés et de colonnes, plafond de bois plat sculpté et
peint, grande fresque décorant les absides en cul-de-four.
Collégiale Saint Cyriaque de Gernröde - Mise au tombeau : Marie-Madeleine |
On y perçoit l’influence byzantine, tout comme dans les sculptures de la Mise au tombeau accotée sur le mur sud qui présente, entre autres, une statue de Marie-Madeleine remarquable de sensibilité. Je trouve beaucoup de charme aussi à la galerie sud dont les chapiteaux donnent sur le jardin et nous rappellent Serrabonne, en Languedoc. |
Fonts baptismaux de la collégiale St-Cyriaque de Gerneröde |
Monique dans le jardin de la collégiale Saint Cyriaque de Gernröde |
Après cette agréable visite, nous franchissons la plaine de Saxe envahie par les céréales. La traversée de chaque village nous inflige des tressautements bruyants et inconfortables sur des pavés d’un autre âge. Partout la voirie est en chantier, on refait les égouts, les canalisations d’eau, de téléphone, d’électricité... Sans être misérable, l’habitat est surtout vieillot, sale et triste; la plupart des maisons construites ou reconstruites depuis la dernière guerre n’ont jamais été ravalées, les crépis sont incrustés de crasse noirâtre, les volets écaillés et presque toutes les maisons anciennes auraient besoin d’une réfection majeure. En revanche, on ne voit presque plus de vieilles voitures - les Lada, Skoda et Trabant construites par les pays du défunt Comecom - partout des Volkswagen et des Audi, parfois des Mercedes ont pris le relai. L’auto serait-elle un bien de première nécessité, comme les super stations-service toutes neuves et identiques et les MacDonald avec drive in pourraient le laisser croire ?
Le détour par Nienburg est décevant : la grande
rue bouleversée par des travaux est sens dessus dessous, et le
couvent de Ste Marie et St Cyprien est fermé à la visite (un
dimanche après-midi !). Une grille aux mailles étroites permet
seulement de deviner l’élégance de sa grande nef halle. A Köthen
il ne reste rien du palais où siégeait la cour pour laquelle
Johann Sebastian Bach écrivit la presque totalité de sa musique
de chambre.
Dessau, détruite à 95% par les bombardements
alliés de 1945, offre peu à voir sinon ses innombrables bâtisses
industrielles pour la plupart abandonnées ou décrépites et ses
grands immeubles à logements ouvriers sales et tristes.
En revanche l’architecture simple,
pure et fonctionnelle du Bauhaus que nous dénichons avec un peu
de difficulté à l’écart du centre nous séduit immédiatement.
Dessau : façade du Bauhaus |
Dessau : billet d'entrée au Bauhaus |
Le Bauhaus de Dessau : entrée |
Dire que ce style de construction qui, depuis,
a fait école dans le monde entier, a été conçu ici dès 1925 ! Le
petit musée manque malheureusement d’ampleur et l’exposition de
photographies nous laisse sur notre faim.
Le Bauhau de Dessau : vasistas |
Chaises Breuer sur un palier du Bauhaus de Dessau |
En passant à Orianenbaum, coup d’œil au château dont le jaune criard et vulgaire, ajouté à son mauvais état général, n’incitent guère à la visite.
En revanche, je prends un long moment pour parcourir les allées du superbe parc de Wörlitz, un site naturel et architectural exceptionnel maintenant inscrit au patrimoine de l'UNESCO, pendant que Monique, toujours aussi fatiguée, pique un somme dans l’Aigle. | Schloss Wörlitz, une country-house de style palladien |
Parc de Wörlitz : fabrique en forme de tombeau antique |
Parc de Wörlitz : la Maison gothique |
L’épuisement de ma batterie vidéo et de brusques ondées mettent fin à ma balade qui aurait pu se prolonger plusieurs heures, vu l’étendue et la beauté du parc. Enchanté par ce bain de nature, je regagne le camion en zigzaguant dans les vieilles rues du village. | Plan du parc de Wörlitz |
WÖRLITZ La Guerre de Sept
Ans (1756-1763) venait juste de se terminer grâce au
Traité de paix de Hubertusburg, lorsque le prince
Franz von Anhalt Dessau (1740-1817) et son ami
intime Friedrich Wilhelm von Erdmannsdorff
(1736-1800) commencèrent un important voyage
éducatif en Hollande et en Angleterre.
Après le retour des voyageurs, les idées politiques acquises sous l'influence de l'Âge des Lumières européen et enrichies par les exemples de l'économie et des jardins paysagers anglais, découverts avec enthousiasme, devaient être mises en pratique. Le prince Franz considéra que sa tâche prioritaire devait être d'améliorer le bien-être de ses sujets. L'inspiration décisive fut, pour Franz et Erdmannsdorff, le "Grand tour" qu'ils firent en Italie, en France et en Grande-Bretagne durant la période de 1765 à 1767. Pendant les décades qui suivirent, Wörlitz, en tant que summum du bon goût, fut à l'origine des jardins paysagers du début du classicisme et du style néogothique en Allemagne. De nombreux autres parcs et jardins de cette époque sont en liens avec Wörlitz, si bien que les voyageurs contemporains décrivirent cet ensemble comme le "Royaume du jardin". Les jardins du Palais, où l'on peut trouver le premier essai architectonique d'Ermannsdorff - le Manoir Anglais - furent le point de départ des travaux du jardin. On construisit la Maison de campagne anglaise dans son voisinage en suivant ses croquis durant la période s'étendant de 1769 à 1773. Elle contribua grandement à l'épanouissement du classicisme sur le continent. Ce bâtiment contient, dans ses pièces agréables et bien proportionnées, des intérieurs d'époque. Durant à peu près quatre décades, le parc s'est étendu grâce à l'addition des Jardins Neumark, des jardins Sehoeh, des Jardins sur le Weidenheger et des Nouveaux Jardins. L'interaction parfaite entre la nature et l'art, qui se renforcent mutuellement, est particulièrement impressionnante dans les jardins de Wörlitz. Un nombre presque incroyable de longs axes visuels parcourt le jardin et surprend continuellement le visiteur au cours de sa promenade instructive. C'est ainsi qu'apparaissent des points de vue variés sur le jardin et que l'oeil est attiré par des détails du tableau, comme des bouquets d'arbre pittoresques, des constructions ou des sculptures. Mais les promeneurs ne peuvent atteindre à pied ce que leurs yeux ont identifié auparavant, car ils doivent suivre imperceptiblement un système de sentiers mûrement pensé. Tenant compte des formes traditionnelles de construction médiévale, la Maison Gothique fut construite en plusieurs phases entre 1773 et 1813. Depuis le début ce bâtiment servit au Prince Franz de refuge privé et de logement pour sa collection de peintures, de meubles, d'oeuvres d'art et, en particulier, de peintures sur verre. Située au milieu du jardin, la Maison Gothique permettait au Prince Franz d'imaginer la vie d'un seigneur campagnard anglais, ce qu'il lui était impossible de vivre dans la réalité. Le bâtiment est entouré de champs et de prairies, et à travers la pépinière qui existait alors on apercevait le Temple de Flore (42) Les surfaces agricoles et les troupeaux constituaient et constituent encore le caractère spécial des jardins de Wörlitz; grâce à l'interaction harmonieuse entre la nature et les créations humaines, l'homme cultivé peut conférer la beauté aux choses utiles. Le visiteur en vient ainsi à l'impression qu'à Wôrlitz bien des choses remplissent plusieurs fonctions: une haie s'épanouit au milieu des prairies splendides durant l'été, d'énormes chênes plantés au bord de la rive protègent des barrages sur le torrent des glaces à la dérive durant l'hiver, de jolis bâtiments Néogothiques et Classiques sur la digue peuvent recevoir les gens et les biens en cas de danger, à l'automne ces bâtiments étaient utilisés comme maisons de gardien pour les vergers adjacents, et beaucoup d'objets faisant partie de la collection d'oeuvres d'art ont servi de modèles pour les sculptures du jardin. Au cours de quatre décades, à partir de 1764, les jardins de Wörlitz ont été créés pour être, comme l'a dit C.M. Wieland, l’ornement et le parangon du XVIIIème siècle". Ils furent ouverts en tout temps au public intéressé et, qui plus est, le visiteur était censé quitter cet endroit éduqué, stimulé et détendu. Le Prince Franz, l'un des plus importants architectes paysagers de son époque, exposait au visiteur attentif un "monde à petite échelle" en utilisant de nombreuses citations de paysages et d'architecture d'Angleterre, d'Italie et de Suisse. Il tentait ainsi d'améliorer la société par des moyens pédagogiques et esthétiques. On ne perçoit cependant de contrainte nulle part : l'hôte est libre à tout égard: il peut examiner chaque chose seul ou s'adjoindre un guide pour parcourir les bâtiments et le parc et, enfin, il peut retourner chez lui après quelques heures ou demeurer plus longtemps. Dans ce but le Prince Franz avait autrefois créé une hôtellerie. Aujourd'hui on dispose de plusieurs endroits pour manger et dormir. |
Nous faisons encore un petit bout de route en
fin d’après-midi pour aller camper sous les murs de Wittenberg
(Lutherstadt : la ville de Luther) au bord d’un grand parc où
nous soupons paisiblement sous un ciel toujours gris sillonné
par des hirondelles.
Lundi 17 juillet 1995 : de WITTENBERG à POSTDAM (97 km)
Wittenberg : Schlosskirke |
Peu de route aujourd’hui, mais visites de sites de qualité. Bien reposés par notre nuit paisible sur notre stationnement juste en dessous de la Schlosskirke (église palatine) de Wittenberg, nous consacrons la matinée à la visite de la ville. Nous parcourons la Grande Rue bordée de grosses maisons bourgeoises. Dans un état pitoyable, elles sont pour la plupart en cours de restauration. |
Nous tombons alors sur le pavé de la Marktplatz. Au centre du petit marché entouré de remarquables façades Renaissance qui, elles, ont toutes été restaurées, deux grandes statues de bronze verdi commémorent les célébrités locales : Luther et Melanchton. | Wittenberg: sur
la Marktplatz , le Rathaus et les statues de Luther
et Melanchton; en arrière les tours de Marienkirke
|
L'Hôtel de ville (Rathaus) de Wittenberg et la statue de Melenchton |
Martin Luther soi-même... |
Voitures décorées attendant les nouveaux mariés devant le Rathaus |
Le
Rathaus est particulièrement impressionnant avec sa façade
blanche et ses voitures destinées aux mariages qu’on a
décorées de grandes poupées habillées en couples de
mariés. |
Un peu plus loin nous découvrons la Marienkirke, première église où prêcha Luther qui enseignait la philosophie à l’université locale, lançant le mouvement de contestation de l’Église romaine qui allait devenir la Réforme. | La Marienkirke de Wittenberg |
Wittenberg : nef et orgue de la Marienkirke |
Le gris assez uniforme des meubles et des boiseries donne un air triste et austère au mobilier de l’église. |
Cela ne fait que davantage mettre en valeur le grand
triptyque de Lucas Cranach célébrant la Réforme (incluant
un portrait de Luther en chaire) qui canalise les regards
et remplit l’espace visuel. |
Wittenberg : tryptique de L. Cranach : la Réforme |
Toute la ville semble avoir gardé
un petit air figé dans cette grande période de son histoire. Il
faudra les travaux considérables de voirie - habituels en
ex-Allemagne de l’Est - ainsi que les couleurs vives des
commerces de l’Ouest pour réveiller cette belle endormie.
Wittenberg : l'Augusteum et son jardin |
Nous poussons jusqu’à l’extrémité de la grande rue pour contempler la maison de Luther et l’Augusteum. Dans ce grand collège universitaire enseignèrent Luther et Melanchton, le premier et plus grand humaniste de l’Allemagne de la Renaissance. Aucune des deux bâtisses ne se visite, l’une fermée et transformée en musée mémorial de toute façon unilingue allemand, l’autre devenue demeure privée de deux médecins... |
Wittenberg : Monique à la porte de la maison de Luther |
Wittenberg : cour de la maison de Luther |
Des embarras routiers à Boesliz (la voirie d’une partie de la ville est en réfection) nous déroutent et nous retardent un peu, aussi n’arrivons-nous devant le parc de Sans-Souci que vers 14:00. |
Armes de Potsdam |
Potsdam : l'Orangerie de Sans-Souci |
Piquenique au pied de l’Orangerie que nous visitons ensuite sans délai. Les murs et les escaliers de cette grande bâtisse à l’italienne sont en triste état, et l'accès à sa collection de peinture nous semble un peu cher (7 DM chacun), mais le cadre architectural et les jardins ne manquent pas d’allure. Dommage que la plupart des bassins soient à sec et les fontaines taries... |
Nous gagnons ensuite le grand stationnement derrière le château de Sans-Souci puis nous lançons à la découverte du parc.
C’est un vaste ensemble d’au moins trois palais et d’une
douzaine d’autres constructions disséminées sur un immense
terrain de 290 hectares. |
Potsdam : entrée du château de Sans-Souci |
Nous contournons d’abord l’élégant château de Sans Souci, un premier édifice long et bas situé en haut de six terrasses où poussent des vignes en espaliers. Design classique, rappelant le Grand Trianon de Versailles, rendu un peu plus gai et décontracté par des motifs, sculptures, pilastres et décors de fenêtres baroquisants. |
Puis commence la longue marche dans les
allées du parc magnifique : grands arbres isolés ou en
bouquets, perspectives superbes mêlant les qualités des
jardins à la française au pittoresque des parcs à
l’anglaise.
Adorables chinoiseries dorées du pavillon de thé chinois travaillé comme une bonbonnière de porcelaine (ou une boîte à thé...) dont il a la forme... | Potsdam : le Pavillon de thé chinois |
Potsdam : le Pavillon de thé chinois |
Potsdam : le Pavillon de thé chinois |
Un peu perdus devant l’immensité des lieux
et ne sachant trop où tourner nos pas, nous nous décidons à
acheter le plan officiel du parc que nous explorerons assez
systématiquement : grand arboretum de la partie centrale,
jardin et petits bâtiments inspirés de Pompeï dans le cas
des Bains romains installés au bord de la rivière que nous
suivons jusqu’au petit château de Charlottenhof.
Potsdam : le Nouveau Palais |
Puis une grande et longue courbe traversant la prairie au milieu des grands arbres nous mène au Nouveau Palais. Devant sa longue (213 m) et élégante façade, une superbe terrasse en demi-lune fait le lien avec le parc. |
Nous empruntons un bout de la Grande Allée
(2,5 km au total) qui traverse le parc de part en part,
bifurquons vers le parterre et la pièce d’eau en bas de
l’Orangerie, puis gagnons le Jardin sicilien. Nous y
retrouvons un dessin plus formel, plus géométrique que dans
les autres parties du domaine. Ici plus de formes souples ou
mouvantes, mais un plan régulier, ordonné, où l'espace est
habilement réparti entre allées, plates-bandes et éléments
d’architecture (bassins, jets d’eau, balustres, statues...).
Beaucoup de fleurs aussi lui donnent un aspect plus gai et
plus méditerranéen. Notre balade touche à sa fin, d’autant
plus que le ciel chargé laisse tomber quelques gouttes. Nous
quittons le parc de Sanssouci en jetant un dernier coup
d’œil aux Nouvelles Chambres, un autre bâtiment bas dont les
grandes fenêtres donnent sur un autre jardin formel et
dépouillé bordé de charmilles.
Le Nouveau Palais vu du ciel et sa demi-lune
Il ne nous reste plus qu’à gagner d’un pas
alourdi par cette dizaine de kilomètres de marche notre
Aigle où nous nous reposons quelques minutes, hésitant sur
la direction à prendre (il est déjà 19:30). Nous dormirons à
Postdam, dans une rue tranquille près du parc royal. Errant
dans des rues paisibles bordées de grandes maisons
bourgeoises abandonnées ou décrépites, nous tombons sur une
petite place circulaire ombragée d’un gros arbre que nous
élisons bivouac pour cette nuit. Au cours de nos recherches,
nous tombons sur une cabine téléphonique d’où nous appelons
les enfants à Montréal : tout va bien, rien à signaler.
Juliette a obtenu son permis de conduire et s’apprête à
passer la semaine au chalet de son ami François, Mathieu, en
attente d’un travail, continue ses voyages sur Internet...
Mardi 18 juillet 1995 : de POSTDAM - BERLIN - à STRAUSBERG (91 km)
Nuit des plus tranquilles, mais réveil à
8:00 par des mini-pelleteuses qui creusent des tranchées
dans les jardins des grandes maisons environnantes. Tout cet
ex-quartier bourgeois est en réfection, comme nous nous en
apercevons après le petit déjeuner, lorsque nous parcourons
les quelques rues qui nous entourent : Monique scandalisée
par l’état de décrépitude voire d’abandon des façades et des
jardins filme l’objet de son étonnement; ces maisons
ont-elles été abandonnées parce que trop coûteuses à
entretenir sous le régime communiste, ou bien leurs anciens
propriétaires ont-ils subi l’ostracisme du régime ou bien...
Elle se perd en conjectures, mais quoi qu’il en soit, toutes
ces causes ont mené au même résultat : ruine ou abandon. La
plupart ont été reprises en main depuis peu et toute la
ville est actuellement un véritable chantier grouillant de
maçons, d’électriciens, de chauffagistes,...
Nous finissons par prendre la route de Berlin en abandonnant la ville royale à son sort qui paraît, au bout du compte, assez enviable puisqu’elle est en train de gagner nouveau look et modernité.
Berlin |
La route est longue jusqu’à la capitale de l’ancien Reich, non que la circulation soit dense ou la chaussée en mauvais état (quoique...), mais la signalisation peu évidente nous induit plusieurs fois en erreur : ici tout s’indique par pré-signalisation, et l'on voit rarement sur le carrefour la petite pancarte confirmant la bonne direction (tout au contraire de la France !). |
Nous finissons par aboutir au Europa Center sur Kurfürstendammer Strasse, dans le Tourist Information où Monique achète un plan de l'agglomération et glane quelques informations sur les sightseing tours qu’elle veut emprunter pour faire la découverte de la ville. Mais les bus sont chers, ou sans impériale ni commentaires en français... Je me montre très réticent à ce genre de tourisme trop expéditif et téléguidé à mon goût et finis par la convaincre de faire le même itinéraire de découverte mais à pied. Abandonnant notre Aigle devant l’entrée du zoo, nous nous lançons à la conquête de Berlin, munis d’un parapluie, de batteries vidéo de réserve et de notre carte (voir l’itinéraire suivi sur la carte jointe...) | Notre balade de découverte à pied dans le centre... |
Berlin : autour de la Colonne de la Victoire commémorant les campagnes prussiennes de 1864, 1866, et 1870 contre le Danemark, l'Autriche et la France. |
Berlin : Colonne de la Victoire |
Colonne de la Victoire au crépuscule |
Au pied de la Colonne de la Victoire |
Berlin : le Mur au niveau de la Porte de Brandebourg avant 1989 |
Porte de Brandebourg à l'ouverture du Mur ! |
Cathédrale de Berlin et la tour de la TV depuis le pont de l'Arsenal |
Berlin : statue sur le Pont de l'Arsenal, devant la cathédrale |
Ex Berlin Est : Jean-Paul devant le Palais du Peuple, Chambre des députés de la République démocratique allemande |
Le Mur de Berlin et ses glacis avant la chute du Mur en 1989 |
Bilan : 6 heures de marche ininterrompue (de 14:00 à 20:00), pas loin de 20 km parcourus, une indigestion de bâtisses baroques mais aussi de chantiers, le constat d’un étonnant contraste entre l’est et l’ouest... C’est une ville immense mais elle manque de vie à cause de son étendue même et aussi des vastes espaces vides laissés par la IIème guerre mondiale que l’on s’emploie encore à combler maintenant. Une ville que l’on enviera peut-être, d’ici 20 ans...
A 20:30 nous retrouvons notre Aigle sur Kurfürstendamm, reprenons la route vers l’est en empruntant l’Avenue du 17 juin à travers le parc de Tiergarten, passons sous la Porte de Brandebourg et longeons Unter den Linden. En face de la cathédrale commence la Karl Marx Strasse bordée d’énormes buildings de béton hideux et défraîchis, tachés de vilaines traînées brunes causées par les champignons ou dénudés de leurs plaques de revêtement tombées par pans entiers... Sinistre et étonnant tout à la fois. Sur la route de Frankfurt am Oder nous sommes encore une fois déroutés par des travaux. Nous nous retrouvons sur l’autoroute en direction de Berlin (!).
Mercredi 19 juillet 1995 : de STRAUSBERG à ROGALIN (près de Poznan) (312 km)
La nuit s’écoule dans le plus grand calme
sur notre rue campagnarde, mais dès 7:15 démarre une
petite bétonneuse de chantier juste sous nos fenêtres...
Après 15 minutes de son ronron rocailleux nous n’y tenons
plus et levons le camp. En l’absence de panneau de
signalisation il nous est malheureusement impossible de
nous repérer sur les différentes routes que nous
empruntons pour tenter de rattraper notre destination à
l’est : Frankfurt am Oder. Après une quarantaine de
kilomètres d’errance, nous finissons par nous retrouver à
Muncheberg... Entre temps j’ai acheté un pain complet au
bord de la route, il sera la base de notre petit déjeuner
quelques kilomètres plus loin sur une aire de repos. Notre
itinéraire file ensuite à travers de vastes espaces
blondis par les blés et autres céréales mûres. La route
bordée de deux rangées d’arbres est agréable quoiqu’un peu
monotone.
A Frankfurt encore une fois difficile à parcourir à cause des travaux partout en cours, nous finissons par rallier la Grande Place du Rathaus. Si le bâtiment officiel présente bien les façades originales annoncées par le guide, en revanche l’espace est désert alentour, puisqu’il semble que tout le quartier ait été rasé lors de la dernière guerre sans avoir été reconstruit depuis. Impression sinistre, tempérée par un quartier moderne piétonnier jouxtant la frontière polonaise.
Nous y dégotons une épicerie où nous nous départissons de nos derniers marks, puis nous allons prendre place dans la file d’attente devant le poste frontière. Monique me sert à la cuiller de la salade mayonnaise style Kraft qu’elle vient d’acheter et qui constitue notre lunch pendant que, le pied sur le frein, je nous mène pas à pas jusqu’à la barrière. Formalités fort simplifiées par le bilinguisme (Polonais-Allemand) du douanier qui ne rencontre guère le mien (Français-Anglais...). Passé l’Oder nous traversons ensuite la ville polonaise frontalière de Stubice fort semblable par ses bâtiments rococos et classiques en triste état à son homologue allemande, puis nous nous engageons sur la route de l’est. |
Entrée
en Pologne
|
Bref tour dans la ville moderne qui a conservé son théâtre et son collège de styles classique ou baroque assez lourds. Ceux-ci nous sont maintenant bien connus puisque semblables à ceux que nous rencontrons en Allemagne depuis maintenant une semaine. La ville nous paraît à la fois vieillotte et sale mais aussi plus chaleureuse, plus "méditerranéenne" et moins guindée, moins rigide que celles que nous venons de visiter en ex-RDA. Tout y est évidemment moins moderne et moins "nickel" qu’en Allemagne de l’Ouest et même qu’en France, on a plutôt l’impression de se retrouver dans la France de notre enfance, il y a une trentaine d’année... Les Polonais semblent aussi plus décontractés, plus "méridionaux" que les Allemands.
Poznan : la rynek (Grande Place) |
Bref l’atmosphère ne nous déplaît pas lorsque nous descendons ensuite vers la vieille ville centrée autour de sa rynek (Grande Place du Marché). |
Nous découvrons une grande Place du Marché carrée aux façades médiévales et Renaissance encadrant un superbe hôtel de ville Renaissance. Je suis tout de suite conquis par l’ambiance chaleureuse créée par les façades colorées, le pavé et les fontaines, les parasols multicolores des cafés terrasses installés sur la place... Nous en faisons lentement le tour, savourant à petite dose chaque point de vue, chaque scène pittoresque (vendeuse d’icônes sous les arcades des anciennes maisons des poissonniers, groupe de jeunes jouant de la guitare, musicien de rue tirant une mélodie lancinante de son saxophone...). Brève excursion dans quelques rues adjacentes beaucoup plus sales et tristes mais tout aussi pittoresques. | Poznan : l'Hôtel de ville Renaissance |
Il est passé 18:00 lorsque nous
rembarquons dans notre Aigle flanqué d’une Jaguar luisante
et d’une grosse BMW (nous qui croyions la Pologne
pauvre...) au bord de la rue Zydowska. La visite du vieux
quartier d’Ostrow Tumski fondé au Xème siècle nous tente,
mais le chemin s’en trouve trop difficile à démêler. Nous
renonçons donc à cette découverte et traversons de
nouveau toute la ville vers le sud. Au bout d’une
trentaine de kilomètres longeant la Warta, à travers une
banlieue plantée de grands immeubles collectifs et d’une
pléiade de petits jardins communautaires, nous allons
camper devant le parc du château de Rogalin que nous
visiterons demain matin. Dans cet environnement rural, on
n’entend que le vacarme de quelques tracteurs rentrant à
la ferme vers 21:00...
Jeudi 20 juillet 1995 : de ROGALIN à CHEMNO (225 km)
Rogalin : le château des Raczynski et son parc |
Nuit fraîche et paisible sous nos grands
arbres; quelques paysannes passent à bicyclette, se
rendant au village voisin... Nous nous levons passé
8:00 et traversons la route pour aller stationner
dans le parc du château. La façade a grande allure avec ses lignes classiques, son crépi jaune et ses reliefs (fenêtres, moulures, etc.) blancs. Deux ailes en demi-lune s’accotent sur le bâtiment central. |
Nous y pénétrons à 10:00 tapant pour la première visite, celle d’une collection de peintures du XIXème. Quelques-unes sont plus que de simples souvenirs de voyage comme aimaient en rapporter de leurs séjours dans les Alpes ou dans les fjords de Norvège les richissimes princes Raczynski. Puis nous visitons quelques salons et boudoirs réaménagés dans les soubassements des ailes : meubles raffinés Louis XV, Chippendale et autres marqueteries ou tapisseries, glaces de Venise, portraits de famille dont certains sont très beaux... |
Poznan -
Château de Rogalin : le salon rococo
|
Façade principale du château de Rogalin |
Le corps principal du château ne se visite pas, et nous comprenons pourquoi en faisant le tour du jardin baroque à l’arrière : la façade de ce côté-ci est en pleine décrépitude, laissant deviner des salles vides dont le clos est à peine assuré par des fenêtres plus ou moins appareillées... |
En revanche la galerie de peintures spécifiquement construite auprès de l’aile gauche contient, dans d’excellentes conditions de conservation, quelques toiles dont je ne détesterais pas couvrir les murs de notre appartement de Montréal ! |
Poznan - Château de
Rogalin : Femme au chapeau par Laurea Barrau
(1900)
|
Portrait de la famille Radzinsky dans sa galerie de peintures |
Rogalin : meubles Louis XVI dans le Hall d'entrée |
Façade arrière du château de Rogalin |
Peu à dire du jardin clos, propre mais dont la pelouse entre les ifs taillés fait triste figure. Peu de fleurs, on sent qu’ici on a tâché de sauvegarder l’essentiel, le squelette du palais, en attendant des jours meilleurs... Le "parc à l’anglaise" est encore pire, seuls les grands arbres peuvent encore donner l’illusion d’un terrain volontairement planté. Les "greens" bien que fauchés sont envahis par les orties, tout comme les berges de la rivière enlisée et encombrée d’arbres morts tombés dans son lit. Évidemment les moustiques pullulent aux abord de ce - presque - marécage... |
Nous sommes contents de retrouver la grande allée ombragée devant le château à l’extrémité de laquelle se trouve la chapelle princière. En maçonnerie rouge assez foncé, elle a pris la forme d’un temple romain (la Maison Carrée de Nîmes aurait servi de modèle). Image un peu cocasse dans cet environnement champêtre... Le soubassement contient une crypte où sont exposés les tombeaux de la famille Raczynski, y compris le cercueil de son dernier représentant Roger mort en 1993. Ambiance macabre, esthétique absente... |
Chapelle de Rogalin
|
Nous reprenons alors la route vers le nord-est. La campagne est riante, très verte, les immenses champs de céréales sont coupés de bois ou de forêts superbes (bouleaux, chênes...). Remarquablement guidés par Monique qui cherche à la loupe les noms des villages ou des hameaux indéchiffrables sur nos deux cartes - typographie minuscule et langue impénétrable - nous empruntons un lacis de petites routes de campagne qui nous ramène sur la nationale E 83 jusqu’à la ville de Gniezno. La cathédrale gothique en briques inattendues vaut à peine les quelques minutes que je lui consacre. En revanche le pique-nique au bord de la rivière serait bien agréable, n’était-ce un vieux Polonais ivre ayant abusé de la vodka. Il nous achale pendant un bon quart d’heure, baragouinant et rigolant devant nous - et de nous - malgré notre indifférence et notre incompréhension manifeste.
Après une quarantaine de kilomètres vers le nord, nous rallions Biskupin, un parc archéologique où l’on a partiellement reconstitué un village lacustre paléolithique sur le site découvert dans les années 30. |
|
Photographie
aérienne des fouilles de la presqu'île
|
Photographie aérienne à l'aide d'un ballon captif en 1937 |
Photographie de fouille : un battant de porte 1937 |
Bel environnement naturel, guide en anglais compréhensible, reconstitutions soignées d’un bout de rempart, d’une porte fortifiée et de deux rangées de maisons en bois rond couvertes de chaume qui rendent imaginable le mode de vie de ces ancêtres des Polonais. | Biskupin :
Jean-Paul sur la voie d'accès au village
|
Biskupin : la palissade et sa porte fortifiée |
Biskupin : la palissade, la porte fortifiée et les maisons reconstituées |
Biskupin : détails de la construction : toit de chaume et murs en pièce sur pièce |
Biskupin : techniques de construction pour mettre les piliers à l'abri du pourrissement |
Biskupin : cloison et porte en clairevoie |
Biskupin : protection et implantation d'un pilier |
Intérieur d'une maison de Biskupin avec âtre, métier à tisser et bac à pain |
Nous flânons presque deux heures sur la presqu’île, dans le "village" et dans le musée où l’on a rassemblé et exposé les trouvailles faites sur place. |
Les fours en terre de Biskupin |
Biskupin : séchage de peau animale et filage |
La palissade fortifiée de Biskupin |
Entrée dans la palissade fortifiée de Biskupin |
Nous reprenons enfin notre route vers le
nord. D’une qualité surprenante, elle file au milieu des
blés dorés par le soleil descendant. Nous passons
Bydgoszcz sans nous arrêter : la petite ville industrielle
et moche n’affiche aucun atout particulier. Nous faisons
le plein d’eau et d’essence dans une station service
beaucoup plus sympathique que celles rencontrées en ex-RDA
: sourire, tentatives maladroites pour communiquer, eau
fournie sans rechigner... Nous avons le plaisir de
constater que nos cartes Visa et Master Card y sont
acceptée - nous aurions donc pu éviter de nous encombrer
d’argent, au moins pour l’essence - et que le prix du
carburant est ici presque identique à celui du Québec : à
peu près 65 ¢ le litre, soit la moitié de la France et de
l’Allemagne !
Au delà de la Wisla, les clochers de Chelmno |
Encore 43 km de route rapide et à Swiecie nous bifurquons vers l’est, franchissons la Wisla (Vistule) pour découvrir les remparts - de briques - médiévaux de Chelmno. La petite ville toute bâtie en briques domine une courbe du fleuve, et ses clochers et son beffroi pointent de loin dans le soleil couchant. |
Brève balade dans le centre : la rynek (grande place centrale carrée) impressionne par ses façades sobres mais nuancées de délicates teintes pastel tandis qu’un bel hôtel de ville crépi de blanc, orné de moulures et de fenêtres décorées et surmonté d’un fin beffroi, trône en plein centre. Les rues alentours seraient pittoresques si elles n’étaient aussi pauvres et leurs maisons en si mauvais état... |
Chelmno : l'Aigle
au bord de la rynek, devant l'Hôtel de ville
et son beffroi
|
Nous tournons un peu à droite et à gauche
en cherchant un point de chute acceptable : loin de la
circulation, si possible dans une impasse bordée de
maisons bourgeoises où ne traînent ni voisins curieux ni
enfants criards ni ado en pétrolette. Cet endroit presque
idéal existe à Chemno puisque nous le trouvons à
l’extrémité nord-est de la ville. Quelques enfants à
bicyclette viennent bien parader autour de nous en nous
lançant les quelques mots d’anglais ou d’allemand qu’ils
ont appris à l’école, mais ils sont bientôt rappelés à
l’ordre par une voisine lassée de leurs lazzi. Nous nous
endormons au calme après écriture du journal pour moi et
lecture du roman cadeau de Pierre Turgeon pour Monique. Il
fait chaud, les grillons crissent autour de nous, je dois
brancher le chasse-moustique - étonnement efficace ! -
pour éviter l’envahissement via les fenêtres grandes
ouvertes...
Vendredi 21 juillet 1995 : de CHELMNO à LEBKA (267 km)
Pique-nique et baignade au bord d'un petit lac vers Kartuzy... |
Nuit sans histoire, calme parfait jusqu’à 8:00 lorsque le chantier de voirie reprend sur la rue voisine. Nous quittons Chelmno à 8:30 en empruntant une toute petite route de campagne parallèle au cours de la Wisla. Parcours charmant - quoique sur une chaussée défoncée - qui offre de beaux aperçus sur la campagne peu accidentée où les champs de céréales sont coupés de haies ou hérissés de quelques grands chênes. |
Nous rattrapons la grande route à
Rudnik en direction de Grudziadz où nous traversons
à nouveau la Wisla après nous être un peu égarés
dans une vaste cité dortoir dominant la vallée. Puis
la grande route file vers le nord, rapide bien qu’un
peu monotone : pentes douces de pénéplaine, cultures
de céréales avec quelques boisés épars... Nous
empruntons une route un peu plus étroite entre Zamek
Kiszewski et Kartuzy. Elle est aussi plus accidentée
puisque le relief s’accuse un peu, obligeant la
route à de nombreux virages. Elle offre ainsi des
paysages un peu plus variés : lacs et étangs au
creux des pentes vertes des prairies, pâturages
ponctués de quelques vaches, forêts ombreuses dont
nous sentons la fraîcheur en passant sous leurs
frondaisons. Il fait de plus en plus chaud (28°).
Aussi, après quelques courses d’épicerie à Karlinzy
où je filme les boutiques "campagne 1960" de ce gros
bourg, j’apprécie le rafraîchissement d’une baignade
impromptue dans l’un de ces lacs aux eaux troubles
mais tièdes sur fond sableux, à l’ombre des
bouleaux... Pique-nique bucolique au bord d’un autre lac vers Kartuzy, sur un chemin rural en gravier à l’écart de la grande route. Je profite de la sieste de Monique pour poser sur ma portière un vide-poches récupéré au bord de la route il y a quelques jours. |
J-P installe le vide-poche recyclé... |
Dune en allant vers la plage de Leba |
Puis nous continuons de filer vers le nord à travers des paysages également agrestes, sous un ciel dégagé mais dans la grosse chaleur (30°). Elle demeure supportable tant que l’on roule, jusqu’à atteindre la station balnéaire de Leba sur la Baltique. Une foule dense déambule dans les rues menant à la plage. Nous préférons faire d’abord une pause devant le port de pêche à l’embouchure de la rivière Leba. Nous gagnons ensuite le bord de la mer, un peu à l’est du centre de la petite ville. Il faut d’abord traverser de hautes dunes où le pied glisse dans le sable mouvant avant d’atteindre la rive de la Baltique. Nous ne l’avons jamais vue aussi chaude et ensoleillée, mais les baigneurs se pressent sur le sable fin et quelques "scooters marins" en location vrombissent continuellement à quelques mètres du bord. Après 15 minutes de ce vacarme nous renonçons à cette belle plage et tâchons de trouver le chemin du Parc Slowinsky. |
Malgré l’absence totale de signalisation, notre recherche finit par aboutir et à 18:30 nous stationnons au point de départ de la balade menant aux fameuses dunes mouvantes. Mais je comprends mal les indications toutes écrites en polonais, pas plus que les explications orales du gardien du parking, et je nous lance dans 6 km de marche dans le sous-bois. Monique fatigue, se lasse, devient grincheuse, les moustiques se mettent de la partie, nous n’avons pas utilisé les chars électriques ni les bicyclettes recommandées. | Les superbes plages du parc Slowinsky |
Bref, après une heure de marche rapide sans voir encore le bout du chemin, nous devons renoncer à contempler le coucher du soleil sur la fameuse dune. Retour à notre point de départ à la brunante et en empruntant cette fois le char électrique brinquebalant car nous sommes rompus.
En retrouvant notre Aigle nous soupons
rapidement, expédions la vaisselle accumulée et nous
écrasons au lit à deux pas du stationnement du parc.
Samedi 22 juillet 1995 : de LEBA à
OLIWA (189 km)
Nuit calme mais venteuse et agrémentée d’averses vers 7:00. Lorsque nous nous levons vers 8:15, le ciel est fort gris et il fait beaucoup plus frais qu’hier. A 9:00, suite à l’intervention du gardien, nous réintégrons le stationnement et payons notre place. |
Puis, instruits par notre expérience malheureuse d’hier soir, nous nous chaussons adéquatement avant d’aller louer les bicyclettes qui rendront acceptable la distance à franchir jusqu’aux dunes. Le chemin sous le boisé nous semble bien plus rapidement parcouru cette fois-ci, aussi goûtons-nous pleinement le plaisir de circuler en pleine nature et sans trop de peine. Premier arrêt pour grimper sur une haute dune aperçue à travers le rideau de pins et de bouleaux qui limite la vue à quelques dizaines de mètres. | Leba : Monique en route vers les dunes... |
Les dunes de la Baltique dans le Parc Slowinsky |
Au sortir de la forêt qui l’encercle, le vaste espace sableux est quasiment nu avec quelques plantations d’herbes raides et éparses qui fixent tant bien que mal la progression de la colline de sable. Nous nous lançons dans l’escalade de la plus haute butte. Le sol blanc qui fond sous nos semelles serait éblouissant et nous souffririons grandement de la chaleur si le soleil n’était voilé. Après un bon effort nous atteignons le sommet. La vue se dégage sur le moutonnement des arbres du parc, sur l’étendue bleu pâle du lac Lebsko à notre gauche et sur l’immensité grise de la Baltique à droite. A environ deux kilomètres devant nous se devine la longue barre ocre de la grande dune, but de notre excursion. Descente beaucoup plus facile et poursuite du pédalage sous les arbres jusqu’au stationnement des vélos à la base de la grande dune mouvante. |
Parc Slowisnky : Monique devant la grande dune |
Parc
Slowisnky : Monique et Jean-Paul au pied de la
grande dune de Leba
|
Sur la crête de la Grande Dune (et sous la pluie...) |
Quand nous arrivons dans la zone
plane couronnant la dune, la pluie s’accentue mais
aussi le picotement des milliers de grains de quartz
soulevés et projetés contre les jambes, dans les
yeux, la bouche... Je protège ma caméra autant que
faire se peut tout en filmant l’étonnant
paysage maintenant totalement déployé : les sommets
des autres dunes qui émergent de la forêt recouvrant
l’isthme, les bois qui s’étendent quasiment à
l’infini vers l’est et les deux étendues, marine et
lacustre, qui limitent le tout. Impression d’espace, de nature sauvage - effectivement l’ensemble du parc est protégé - avec quelque chose d’un peu désolé tant les percées du minéral viennent tempérer l’exubérance végétale. |
Sous la pluie qui tourne à l’averse, protégés par nos imperméables heureusement emportés au cas où, nous redescendons vers les petites dunes littorales qui dominent à perte de vue et de façon continue le rivage rectiligne. Là aussi la nature vierge offre un joli coup d’œil. Puis nous prenons le chemin du retour au moment où cesse la pluie. Long trajet à vélo sur la piste rendue glissante puis sur la route de béton défoncé qui nous fait mesurer tout l’inconfort des selles de nos petits vélos de location. Nos coccyx endoloris en conserveront le souvenir toute la journée... | Depuis les dunes du Parc Slowinsky, Jean-Paul contemple la Baltique... |
Nous retournons alors à Leba où nous pique-niquons à nouveau devant le port de pêche. Est-ce dû à l’absence de soleil, le village tout entier grouille de vacanciers rouges qui déambulent, parlent fort et rigolent, dévorent frites et crèmes glacées... Affluence identique - et donc lenteur du cheminement - sur la route menant à la Pointe de Hel. Tout au long de la côte, une large pinède isole les plages de la route, si bien que nous ne verrons à nouveau la mer qu’une fois engagés sur l’étroit ruban de terre s’avançant dans la Baltique.
Redescendant vers la ville côtière de Gydnia, nous allons stationner sur la grande esplanade devant le Musée Maritime, derrière le quai où sont amarrés le grand trois-mâts "Dar Pomorza" et un vieux destroyer, le "Blyskawica", astiqué comme pour la parade. Le ciel s’est nettoyé, l’air est pur, le bruit couvert par le vent, nous nous prélassons durant trois bonnes heures dans ce large espace assez bien aménagé. Pendant que Monique fait la sieste, je vais filmer les navires puis le monument à Joseph Conrad qui naquit ici, près de Gdansk, avant de naviguer sur toutes les mers du monde et surtout d’écrire ses grands romans maritimes. | Gdynia : Dar Pomorza |
Siège épiscopal d'Oliwa |
Trouvant l’espace trop dégagé et la circulation trop intense pour offrir un bivouac potentiellement favorable, nous décidons alors de nous rapprocher du centre de Gdansk et d’aller dormir devant la cathédrale d’Oliwa dont je veux entendre l’orgue fameux demain matin dimanche. Nous avons quelque difficulté à dégoter la petite église en l’absence de toute signalisation et dans l’obscurité, mais nous finissons par nous installer pour la nuit sur son stationnement vers 10:30. |
Premières impressions générales sur la Pologne et ses habitants :
Contrairement à l’ex-RDA qui semble avoir pris tout à coup et avec raideur un virage à 90° en 1990 après la chute du Mur de Berlin et le rattachement à la RFA, la Pologne semble davantage suivre sa propre voie de façon continue et originale. On ne voit pas ici le surgissement de quantités d’édifices ultramodernes à côté d’anciennes usines abandonnées et croulantes. Le réseau routier est plus moyen : les rues sont asphaltées dans les villages (et non pavées ou en terre comme dans la plupart des villages de RDA traversés), mais même les bonnes routes (et elles sont ici nombreuses) ne présentent pas le roulement de parfaite qualité que l’on trouve là-bas sur celles qui ont été refaites récemment. Ici aussi on trouve beaucoup de grands logements collectifs formant des "cités dortoirs" mais ici ces "cités" ont quelque chose de plus gai, de plus avenant, comme les habitants. En Allemagne le contact était beaucoup plus froid, plus distant, ici les gens sont beaucoup plus ouverts, démonstratifs, la musique de la langue est plus douce, plus fluide, les jeunes et les enfants, très nombreux, sont beaux et rayonnent de vitalité.
Dimanche 23 juillet 1995 : d’OLIWA (GDANSK) à MALBORK (73 km)
Nuit assez tranquille, la circulation
cessant totalement dans ce quartier ecclésiastique
après 23:00. Ce sont les cloches de la messe de 7:00
qui nous éveillent. Nous paressons un peu puisque
j’avais prévu d’aller écouter l’orgue -
magnifique d’après les bribes de répétition
entendues hier soir à travers les portes closes -
durant la messe de 10:00. A 9:45 je pousse la porte sculptée de l’église au centre de sa façade baroque très fine et étroite. L’office de 9:00 n’est pas encore terminé, la nef est pleine, des dizaines de fidèles debout participent à la célébration, chantant en polonais et répétant les paroles rituelles. Après les dernières interventions du prêtre, j’entreprends le tour des collatéraux : de nombreuses petites chapelles dont l’ornementation riche tranche sur la nudité blanche de l’architecture occupent les bas-côtés et le déambulatoire. Sculptures de qualité, peintures de bon niveau, décidément cette cathédrale ne manque pas de charme. |
Façade de la cathédrale d'Oliwa |
L'orgue fameux de la cathédrale d'Oliwa |
Mais le plus beau est l’orgue qui déborde
largement de la tribune pour s’étaler en hémicycle
de chaque côté de la nef étroite. Je me trouve
malheureusement derrière le choeur lorsque retentit
la sortie (une toccata de Bach) et ne perçoit qu’une
rumeur magnifique mais confuse... Lorsque j’achève
mon tour des différents autels et de leur délicat
décor, la messe est terminée et le grand orgue s’est
tu... Je continue d’admirer et de filmer les lignes pures et les splendides mobiliers de l’église (chaire, orgue de choeur, tableaux, bannières de procession, etc.) jusqu’au début de la messe de 10:00. Là encore l’assistance est dense et la religiosité intense. Si les chants en polonais menés par un chantre à la belle voix de baryton sont assez mélodieux et bien interprétés, i.e. avec élan, intériorité et justesse, l’orgue est réduit au rôle d’accompagnement et joue les gros harmoniums ! |
Je demeure cependant jusqu’à la fin du Credo, porté par le rythme et la chaleur communicative du rituel, retrouvant le sentiment enveloppant ressenti parfois durant les offices de mon enfance. Renonçant à entendre dans toute sa gloire le bel instrument qui anone derrière moi, et un peu las de toutes ces paroles et gestes dont le sens me demeure obscur, je rejoins dans l’Aigle Monique qui se lève à peine. Collecte de quelques cartes postales dans les boutiques alentour, puis nous gagnons le centre de Gdansk. | Cathédrale d'Oliwa : Vierge en argent |
La route est longue (plus de 30 minutes) tant la ville est étendue. Nous réussissons à stationner en plein centre de la "Ville Principale", à 50 m de la Porte Verte.
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Beffroi de l'Hôtel de ville de Gdansk |
Gdansk : quai de la Motlava et grue |
Après un coup d’oeil à la Place du Long Marché (Dludi Targ), nous passons sous la porte monumentale pour nous retrouver sur le quai de la Motlava où Monique ne tarde pas à être fascinée par les bijoux d’ambre. Elle décide alors de s’offrir un pendentif en ambre enchâssé dans une orfèvrerie d’argent comme en présentent des dizaines de boutiques et de marchands ambulants à travers toute la ville ancienne. Notre excursion bien commencée se ralentit considérablement puisque ma chineuse veut voir tous les modèles, entre dans toutes les boutiques et s’attarde à tous les étals pour se faire faire l’article... |
Malgré les ravages de la dernière guerre l’architecture médiévale et Renaissance de la vieille ville entièrement reconstruite est superbe. Nous quittons le quai par la Porte du Pain, parcourons la fort jolie rue Mariacka dont j’admire les décors sculptés et les balcons terrasses donnant sur la rue tandis que Monique explore plutôt les boutiques... | Gdansk : la viellle ville au bord de la Motlava |
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Gdansk : la grue depuis le quai |
Retour enfin sur le quai pour passer sous la fameuse et ancienne grue de Gdansk (XVème) unique en son genre et parfaitement restaurée. | La fameuse grue de Gdansk |
Fonts baptismaux de l'église Sainte-Marie de Gdansk |
Puis nous entrons dans l’église Sainte-Marie : sous la nef très haute et claire, son mobilier semble un peu perdu dans l’immensité de la plus grande église en brique au monde (horloge astronomique, triptyque doré au-dessus de l’autel, bel orgue baroque, fonts baptismaux avec bassin circulaire bordé de statues de bronze...). |
Le clou de la visite se révèle cependant la montée en haut du clocher, près de 400 marches menant à un embouteillage sur l’étroite plate-forme tout en haut. Mais quelle vue sur les toits de la vieille ville, ses alignements de pignons le long des vieilles rues reconstituées, les bassins des chantiers navals et du port et, plus loin, la conurbation s’étendant jusqu’à l’horizon. |
Vue depuis le
clocher de l'église Ste-Marie de Gdansk
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La vieille ville de Gdansk depuis le haut du beffroi |
Le vieux Gdansk depuis le clocher de l'église Sainte Marie |
Fontaine de Neptune |
Ici c’est la fontaine de Neptune qui attire le regard, pleine de puissance et du mouvement de l’eau jaillissant du trident brandi par le dieu antique. |
A deux pas en arrière se dresse la belle façade monumentale XVIIème de l’Hôtel Artus où la guilde des marchands de la Hanse tenait ses fastueuses réunions dans la grande salle aux trois hautes fenêtres. |
L'Hôtel Artus et
ses trois grandes baies XVIIème, à gauche la
fontaine de Neptune
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L'Hôtel de ville et la Fontaine de Neptune |
La Rue Longue (ul Dluga) limitée par le fin beffroi de l'Hôtel de ville |
Encore quelques centaines de mètres dans la foule, entourés de dizaines d’autres façades toujours aussi élégantes abritant d’autres boutiques d’ambre (!)... et nous retrouvons enfin notre Aigle tout près de la Porte Verte, rue Powroznicza. | Sous la Porte Verte à l'orée d'Ul Dluga |
Le temps de nous restaurer un peu et nous décidons de nous séparer : Monique poursuivra ses recherches du bijou idéal (forme, apparence, grosseur, prix...) pendant que je ferai l’excursion en bateau jusqu’à Westerplatte.
J’attrape de justesse le dernier bateau de 18:00. Les deux heures de balade sont finalement un peu décevantes; celle-ci m’aura surtout fait découvrir l’étendue du port et des chantiers navals réputés de Gdansk qui virent naître le mouvement Solidarnosk (Solidarité). D’énormes tankers et cargos en réfection sont ancrés le long de la Wisla (Vistule), un monument - moche - a été élevé à la mémoire des défenseurs de l’enclave polonaise de Westerplatte dans la Dantzig allemande qui fut le premier champ de bataille de la deuxième guerre mondiale (1er septembre 1939). |
Il fait froid sur le fleuve, et c’est transi que je
retrouve Monique - bredouille ! - dans l’Aigle.
Le centre historique de Gdansk sous la
neige...
Une soupe chaude nous ragaillardit avant de quitter Gdansk pour Malbork et son château des Chevaliers Teutoniques.
La nuit est tombée lorsque, 60 km plus loin, nous découvrons sa magnifique silhouette de pierre rouge grenat rendue plus sombre encore par le ciel rougeoyant. Avisant quelques rues résidentielles sur la rive de la Nogat opposée aux murs de la forteresse, nous nous enfonçons jusqu’au fond d'une impasse et nous y établissons pour la nuit. |
Sur
l'autre rive de la Nogat, le château des
Chevaliers Teutoniques à Malbork
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