Été 1995 en Pologne

Jean-Paul et Monique MOUREZ
à bord de l’Aigle




6. Des TATRAS à PRAGUE


Dimanche 6 août 1995 : de MSZANA DIN. à JAVORINA (Slovaquie) (207 km)

Les flonflons assourdis du bal entendus dès notre coucher hier soir auraient dû nous alerter puisque la fête a duré toute la nuit, jusqu’à la retentissante sonnerie de cloches de 5:30 qui tire du sommeil les paroissiens du coin pour la messe de 6:00... Réveillé dès 3:45, je n’ai pu me rendormir, pas plus que Monique. Aussi, lorsqu’à 5:45 les premiers fidèles commencent à arriver sur notre stationnement en claquant les portes de leur voiture et en échangeant les dernières nouvelles, nous abandonnons la partie et nous résolvons à lever le camp malgré nos yeux encore lourds de sommeil inassouvi.


Nous prenons la route dans le soleil levant. Les paysages de petites montagnes sont merveilleux, offrant leurs courbes riches de verdure et de moissons, tandis que les creux sont encore tout envahis par la brume. Je m’arrête à plusieurs reprises pour filmer et photographier, ce qui ralentit notre progression sur ces routes sinueuses et accidentées, tout autant que les nombreux piétons endimanchés marchant vers l’église la plus proche pour l’office dominical.


Arrêt en périphérie de Nowy Sacz pour la douche et le déjeuner, puis sur la rynek un peu raide, style sous-préfecture provinciale. Ses maisons assez basses mais toutes rénovées dans des couleurs pastel entourent un hôtel de ville XIXème jaune et blanc style Napoléon III. Dans une rue voisine, une foule attentive écoute le sermon diffusé par des haut-parleurs vers une cour attenante à la basilique officiellement consacrée par Jean-Paul II (comme l'atteste une plaque de bronze)... Étonnante religiosité et foi ostentatoire de ce peuple pourtant soumis à 50 ans d’athéisme militant.

Nous nous rendons ensuite jusqu’aux portes du skansen - fort mal signalé - un peu à l’extérieur de la ville, mais renonçons à attendre durant une heure et demie son ouverture indiquée à 10:00. Nous commençons donc à remonter le cours de la Dunajec, un fort beau torrent de montagne dévalant des Pieniny voisines, dont les méandres s’étalent entre des pentes de plus en plus spectaculaires. Superbe route de berge que je filme à plusieurs reprises. Nous finissons par arriver vers 11:15 à Szczawnica, point d’arrivée des radeaux qui descendent les fameuses gorges de la Dunajec.

En remontant le cours de la Dunajec
En remontant le cours de la Dunajec


Le trajet
        en radeau : 6,7 km à vol d'oiseau, 15 km sur l'eau,
Le trajet en radeau : 6,7 km à vol d'oiseau, 15 km sur l'eau, 9 grandes courbes et une dénivellation de 35 m.
La plus belle façon de faire connaissance avec le Parc National des Pieniny, fondé en 1932,
d'une superficie de 2 231 Ha, conjoint avec la Réserve Naturelle de Slovaquie pour une surface totale de 4 500 Ha.

Abandonnant notre Aigle au gardien du stationnement prévu à cet effet, nous empruntons la navette (un minibus Ford Transit) jusqu’à Katy-Sromowce d’où partent les radeaux en question. Quelques grandioses panoramas sur le massif des Pieniny se dévoilent au passage, avant que nous affrontions une longue demi-heure de queue pour obtenir nos billets.

Nous embarquons enfin avec 10 autres passagers dans notre radeau (en fait 5 pirogues de planches accolées) pour plus de 3 heures de descente de la rivière.  

Notre
                  radeau au départ à Katy-Sromowce
Notre radeau au départ à Katy-Sromowce

C'est parti !
C'est parti !

Le soleil brillant et chaud, réverbéré par l’eau miroitante, nous vaudra quelques bons coups de soleil, tandis que notre guide disert et gouailleur n’arrête pas de distraire son auditoire. Il ne cesse de plaisanter, poser des colles, raconter légendes et faits d’histoire naturelle, de géologie ou de géographie... dont le contenu - polonais - nous échappe malheureusement.

En route vers les gorges, les radeaux
                s'espacent...
En route vers les gorges de la Dunajec, les radeaux s'espacent...

On
                atteint les falaises qui s'élèvent progressivement
On atteint les falaises qui s'élèvent progressivement


pieniny-sur-la-dunajec
Les Pieniny depuis la Dunajec

Les paysages sauvages sont magnifiques sur l’eau fraîche et claire, au pied des grands contreforts formant la frontière avec la Slovaquie.


 Voilà en bref une superbe excursion durant laquelle nous nous sommes laissés mener au fil de l’eau et des rapides par nos deux habiles bateliers maniant judicieusement la perche...

Notre batelier en eaux calmes
Notre batelier en eaux calmes


Descente de la Dunajec à l'automne : eaux calmes
Descente de la Dunajec à l'automne : eaux calmes


Au sortir des rapides
Au sortir des rapides

Pause - et pose ! - pour la photo
Pause - et pose ! - pour la photo

Explications - hélas incompréhensibles pour nous - de
              notre pilote
Explications - hélas incompréhensibles pour nous - de notre pilote

Autre pause de notre équipage pour la photo
                officielle d'arrivée....
Autre pause de notre équipage pour la photo officielle d'arrivée....

Une des magnifiques courbes de la Dunajec
Une des magnifiques courbes de la Dunajec

Doux paysage des Pieniny en quittant Szczawnica
Doux paysage des Pieniny en quittant Szczawnica

Nous émergeons 4 heures  plus tard de ce grand bol d’air et de soleil, la peau rougie et l’estomac dans les talons. Pique-nique rapide d’une saucisse polonaise grillée à la moutarde sur le stationnement de Szczawnica, avant de prendre le chemin de Zakopane au coeur des Tatry.
Nous suivons une partie de la route empruntée par la navette ce matin (film et photos des paysages alors rapidement aperçus), puis bifurquons vers Niedzica, son barrage et son château féodal perché au-dessus de la vallée. De l'autre côté de la Dunajec élargie par un
                barrage, la silhouette du château de Niedzica
De l'autre côté de la Dunajec élargie par un barrage, la silhouette du château de Niedzica

À
                défaut de visite, une carte postale du château de
                Neiedzica...
À défaut de visite, une belle image du château de Neiedzica...

La foule de visiteurs du dimanche qui l’assiège est si dense que nous renonçons à le visiter et que je dois me contenter de quelques vues à la vidéo.

Je nous perds ensuite dans les petites routes qui devraient nous rapprocher des cimes que l’on aperçoit au sud, plusieurs soi-disant "raccourcis" menant à des impasses. Les paysages deviennent de plus en plus grandioses au sortir des piedmonts très boisés.

La très pittoresque route du Lac Morskie Oko part un peu avant le poste frontière de Lysa Polana, mais la foule y est considérable et la voie se trouve barrée au bout de 2 km : il reste 10 km à parcourir à pied. Comme il est déjà 18:30 et puisque Monique "cuite" par l’excursion sur l’eau de ce matin "pique des clous", nous renonçons à attaquer immédiatement cette balade pour chercher plutôt un bivouac. Craignant une foule encore plus considérable à Zakopane et l'animation du stationnement du poste frontière, nous passons de l’autre côté en Slovaquie, sans autre formalité puisque le douanier n’ouvre même pas nos passeports français. Nous allons nous installer 4 kilomètres plus bas sur le stationnement désert du hameau de Javorina où nous soupons et nous endormons dans le silence absolu des montagnes.

 

Lundi 7 août 1995 : de JAVORINA (Slovaquie) à ZAKOPANE (Pologne) (35 km)

Nuit extraordinairement tranquille jusqu’au lever à 7:30. Le gardien du stationnement arrive à 8:15 et s’installe sur une table de pique-nique en attendant notre contribution. Nous lui laissons 1,70 zloty polonais et un beau dollar canadien dont il semble fort aise, tout autant que nous puisque nous n’avions pas un sous d’argent slovaque... Après quelques vues du village montagnard tout propret dans son cadre naturel préservé, nous repassons la frontière de Lysa Polana et retournons au grand stationnement qui sert de point de départ à l’excursion du lac Morskie Oko. Javorina : le coin tranquille où nous avons
              bivouaqué...
Javorina : le coin tranquille où nous avons bivouaqué...
Prêts au départ vers le lac Morskie Oko !
Prêts au départ vers le lac Morskie Oko !

Échaudés par notre dernière tentative pédestre avortée vers les dunes de Lebka, nous évitons les 7 km de marche d’approche sur la route montant à travers le sous-bois en empruntant le char à bancs hippomobile mis à la disposition des touristes plus tout à fait ingambes... ou paresseux.
Nous gagnons ainsi beaucoup de temps et surtout conservons nos forces pour la suite de la balade dont, pour commencer, les 2 km de route goudronnée escaladant une première moraine qui retient le superbe lac glaciaire de Morskie Oko. En
                route dans notre char hippomobile...
En route dans notre char hippomobile...

Javorina
              : le Pic du Moine (Tatras)
Javorina : le Pic du Moine (Tatras)
Le trajet sous les arbres, dans la vivifiante odeur de résine et de fleurs de montagne offre de fort agréables aperçus sur les crêtes rocheuses autour de nous.

Mais bien plus encore, l’arrivée sur le lac, qui s’est faite attendre pendant les deux heures de montée, nous remplit les yeux de beauté sauvage : dans les eaux limpides bleu vert au contour presque rond se reflètent d’abord des pentes obliques couvertes de sapin puis, en face de nous, d’énormes pans rocheux où se devinent quelques névés grisâtres. Monique
                sur le belvédère du lac Morskie Oko
Monique sur le belvédère du lac Morskie Oko


Le lac depuis la terrasse du chalet
Le lac depuis la terrasse du chalet
Le lac Morskie Oko
Le lac Morskie Oko

A droite pointe l’aiguille de Mnich tandis qu'au fond à gauche se devine le barrage d’une deuxième moraine retenant un autre lac. Son plan d’eau est invisible depuis le chalet accueillant les centaines de touristes venus comme nous admirer le site. La plupart s’égaillent sur sa terrasse ou un peu plus bas dans les rochers au bord du lac, dégustant Coke et crème glacée ou pataugeant dans l’eau fraîche.

Seuls quelques-uns uns entreprennent le tour du Morskie Oko pour rejoindre le petit lac supérieur. Les vues sur les montagnes et sur les rives boisées depuis le sentier sinueux pavé de grosses pierres sont très pittoresques, aussi tourne la vidéo...
Jean-Paul sur le sentier contournant le lac
Jean-Paul sur le sentier contournant le lac

La cascade issue du Czarny Staw tombant dans le
              Morskie Oko
La cascade issue du Czarny Staw tombant dans le Morskie Oko
Une cascade coupe notre trajet; nous longeons ensuite un énorme éboulis avant d’arriver à l’embranchement du sentier escaladant la deuxième moraine.

Là les choses deviennent plus sérieuses car nous devons affronter un escalier continu, aux marches raides et irrégulières, qui nous fait grimper rapidement plusieurs centaines de mètres. L’expérience est extrêmement fatigante pour les citadins sans entraînement que nous sommes. Plusieurs arrêts devant le magnifique paysage du lac inférieur qui s’élargit sous nos yeux nous permettent de souffler un peu.

Pause en montant vers le Czarny Staw pour contempler
              le Morskie Oko
Pause en montant vers le Czarny Staw pour contempler le Morskie Oko
Monique prend le soleil sur un rocher au-dessus du
              lac Morskie Oko
Monique prend le soleil sur un rocher au-dessus du lac Morskie Oko

Enfin nous touchons au sommet de la crête; alors apparaît, au creux d’un cirque parfait, le cercle idéal de l’autre lac plus petit (le Czarny Staw). Le paysage est beaucoup plus minéral puisque sans aucun arbre, uniquement borné par les pans de roche brute ou les grands à-plats des éboulis glaciaires. Au-dessus, proches de la verticale, les dents et les sommets du massif culminent au Mont Wielki à 2 438 m.
En
              quittant le Morskie Oko vers les pentes dénudées du Czarny
              Staw
En quittant le Morskie Oko vers les pentes dénudées du Czarny Staw

Jean-Paul se rafraichit au bord du Czarny Staw en
              haut de la moraine
Jean-Paul se rafraichit au bord du Czarny Staw en haut de la moraine
Coup
              d’œil en arrière sur le lac Morskie Oko
Coup d’œil en arrière sur le lac Morskie Oko

Nous demeurons presque une demi-heure à jouir du paysage et du soleil brillant dont la lumière très pure accuse les détails des plantes alpines, des rochers et des lignes du panorama. Monique s’allonge sur un gros bloc pour bronzer un peu tandis que je filme tout ce qui me frappe l’œil.

Puis nous amorçons la descente, plus rapide et beaucoup moins épuisante; elle exige cependant beaucoup d’attention et de contrôle sur ces pierres irrégulières empilées au flanc de la pente abrupte. Le paysage perd de son ampleur au fil de notre approche du lac dont nous longeons l’autre demi-circonférence pour rallier le chalet. Le sentier sur le rivage est pittoresque : sapins et gros blocs de rochers déboulant jusqu’à l’eau encadrent les vues sur le lac et les montagnes... Tour du lac Morskie Oko au retour
Tour du lac Morskie Oko au retour

Affamés, nous faisons taire notre estomac d’une crème glacée puis parcourons de nouveau, quoique d’un pas plus lourd, les deux kilomètres qui nous séparent du point d’embarquement dans le char hippomobile. Les freins qui grincent ralentissent la longue descente tandis que cliquettent devant nous les sabots ferrés des chevaux au trot, sous un ciel qui s’assombrit et se couvre de nuages. Nous retrouvons enfin notre Aigle, délaçons nos chaussures de marche sur nos pieds endoloris et attaquons un casse-croûte revigorant.

Les deux lacs Morskie
        Oko et Czarny Staw au cœur des Tatras
Les deux lacs Morskie Oko et Czarny Staw au cœur des Tatras

Zakopane : le mont Giewont en soirée
Zakopane : le mont Giewont en soirée
Nous voilà prêts à découvrir Zakopane. Ses premières maisons apparaissent après quelques kilomètres d’une route montueuse et très sinueuse sillonnée par des "micro-bus" ramenant d’excursion les promeneurs.

Si la plupart des maisons sont en bois, il en est cependant peu qui présentent l’élégance de la chapelle de Jaszczurówka visitée dès l’approche de la petite ville. L’extérieur est tout à fait caractéristique d’un style montagnard "sublimé" par le travail du bois, les toits pentus de bardeaux en cascade, les portes et panneaux sculptés, les fenêtres arrondies en leur partie supérieure, les galeries abritant de la pluie et de la neige... Zakopane : la chapelle de Jaszczurówka
Zakopane : la chapelle de Jaszczurówka

Zakopane : un joli garage dans le style vernaculaire
Zakopane : un joli garage dans le style vernaculaire
En revanche l’ambiance de la rue Krupòwki, l’artère principale du village que nous parcourons ensuite à pied, nous déplaît beaucoup : une foule bigarrée de touristes défile entre magasins et kiosques où l’on débite du Coca Cola, des ballons de baudruche, des souvenirs, etc. Magasins de produits "cheap" (chandails, cuirs, etc.) ou chers, bruit, musique de foire, terrasses d’où les clients vous dévisagent derrière leur bière... L’architecture est pauvre, beaucoup de façades décrépies attendent encore leur ravalement tandis que les maisons de bois au fameux "style de Zakopane" sont rares, partiellement - et mal - modernisées ou cachées derrière des boisés impénétrables.

Monique est fatiguée de marcher, je suis déçu par cet endroit à la réputation surfaite, malgré les détails architecturaux intéressants glanés sur quelques maisons éparses.
Zakopane : la maison Pod Joklami
Zakopane : la maison Pod Joklami

Seuls la petite église paroissiale et le musée, bâtis exclusivement en bois, valent vraiment le coup d’œil.

Zakopane :
      l'église Harenda
Zakopane : l'église Harenda

Zakopane : villa Cicha
Zakopane : villa Cicha

À la nuit tombante, nous retrouvons avec plaisir l’intérieur sobre et confortable de notre Aigle. Prévoyant l’excursion de demain matin au Mont Swinica, nous cherchons un bivouac à Kuznice. Mais nous n’y trouvons aucun stationnement pour les voitures privées, puisque seuls les taxis et les autobus peuvent accéder aux deux kilomètres de route menant à la gare du téléphérique. De retour au centre de Zakopane, et devant l’impossibilité de trouver aucun emplacement favorable au "camping sauvage", nous nous rabattons sur le terrain de camping. Son prix est fort raisonnable et il se trouve à deux pas de l’arrêt du bus menant à Kuznice. Nous pourrons ainsi nous brancher sur le secteur cette nuit et abandonner notre Aigle en sécurité durant notre excursion demain matin.


Mardi 8 août 1995 : de ZAKOPANE à PSZCZYNA (167 km)
Nous dormons fort bien dans l’enceinte du camping de Zakopane, ce qui nous permet de nous lever tôt (6:30) et en forme. Un "microbus" nous mène à la gare du téléphérique pour 7:30, heure du premier départ. Mais une longue file s’allonge déjà devant le guichet et un groupe d’enfants ayant réservé d’avance leur montée nous passe sous le nez.

Nous finissons par embarquer à 8:35 et changeons de cabine à mi-pente pour atterrir 1 000 m plus haut, à deux pas du sommet du Kasprowy Wierch (1 985 m).

Zakopane : le téléphérique montant au Kasprowy
              Wierch
Zakopane : le téléphérique montant au Kasprowy Wierch
Zakopane : la gare du téléphérique sur le Kasprowy
              Wierch
Zakopane : la gare du téléphérique sur le Kasprowy Wierch

Les nuages épars laissent passer de grandes coulées de lumière sur les forêts et les petits lacs éparpillés en dessous mais maintiennent dans l’ombre les cimes qui nous entourent. Sac au dos, nous nous lançons sur le sentier de crête menant au Mont Swinica, point culminant des Tatry polonais à 2 300 m. Depuis le sentier vers le mont Swinika, vue sur le
              Kasprowy Wierch et la gare du téléphérique
Depuis le sentier vers le mont Swinika, vue sur le Kasprowy Wierch et la gare du téléphérique

Sur le sentier de crête vers le mont Swinika,
                Monique attend...
Sur le sentier de crête vers le  mont Swinika, Monique attend...

Après quelques rudes grimpées sur les blocs posés en grossières marches d’escalier qui marquent à la fois le sentier et la frontière polono-slovaque, Monique décide qu’elle n’ira pas plus loin. Elle déclare qu’elle attendra ici mon retour, installée au soleil et accotée à une borne frontière à 1 962 m d’altitude. Je poursuis seul vers une troisième cime puis vers le Swinica lui-même.

La montée très raide est exténuante, certains passages plus difficiles s’effectuent à l’aide de chaînes ancrées dans le rocher, mais la vue très étendue, ajoutée au défi d’arriver en haut et au bout de l’aventure, me stimule. Je dois faire  plusieurs pauses pour récupérer un peu mais finis par atteindre le sommet après une heure et demie d’efforts. Monique accotée sur la borne frontière
              polono-slovaque
Monique accotée sur la borne frontière polono-slovaque

Les nuages envahissent le paysage des Monts Swinika
              et Granarydans
Les nuages envahissent le paysage des Monts Swinika et Granarydans
Malheureusement le ciel s’est couvert entre temps et une mer de nuage a complètement envahi les pentes. La visibilité se limite à 15 ou 20 mètres lorsque je franchis les derniers escarpements et m’arrête pour souffler un peu à la pointe de l'aiguille. Lors de la descente, c’est à peine si j’aperçois les randonneurs qui me précèdent de quelques mètres. Mes compagnons d’occasion s’arrêtent en bas du pic et je dois regagner seul le refuge du téléphérique, noyé dans une ouate blanche qui mêle toutes directions, assourdit les bruits et laisse courir l’imagination. Je crains à plusieurs reprises de m’égarer sur des sentiers latéraux, une bruine fine commence à tremper mon chandail, mes jambes et mes genoux tremblants sont de moins en moins solides et sûrs...

Après trois heures et demie de marche ininterrompue je retrouve enfin Monique qui, elle aussi surprise par le brouillard et un peu inquiète, s’est mise à l’abri dans le chalet.

Rassurés mais fatigués, nous prenons la première cabine disponible pour redescendre dans la vallée. Le plafond y est très bas, à peu près une centaine de mètres seulement au-dessus de la gare de départ, et il commence à pleuvoir lorsque nous arrivons au camping. Après un copieux déjeuner réparateur, la vaisselle et le plein d’eau, nous prenons la route vers 15:00.
Descente du Kasprowy Wierch dans le nuage et la
                pluie
Descente du Kasprowy Wierch dans le nuage et la pluie

Traversant la petite ville dont le style un peu négligé et le mercantilisme touristique de médiocre qualité nous frappent et nous déçoivent encore une fois, nous filons vers le nord sous une pluie maintenant bien établie.

Le Mont Giewont
                par beau temps
Le Mont Giewont par beau temps

Le paysage de campagne accidentée et verdoyante nous semble un peu répétitif et perd de son charme sous la grisaille, aussi quelques cassettes de musique font-elles passer le temps.

Campagne entre Carpathes et Sudètes
Campagne entre Carpathes et Sudètes
Moisson en famille
Moisson en famille

Coup d’œil en bord de route à quelques maisons de bois typiques, aux lacs de barrage sur la Sola pour enfin rallier, par des routes secondaires mal signalées, la petite ville de Pszczyna. Nous stationnons à l’abri des arbres en bordure de la vieille ville pour aller faire un petit tour sur la rynek. Ses jolies maisons basses présentent un alignement de façades simples mais soignées aux teintes pastel. Pszczyna : la
              rynek en soirée
Pszczyna : la rynek en soirée

Le château de Pszczyna dans son grand parc
Le château de Pszczyna dans son grand parc
Contournant ensuite le château sis à son extrémité, nous faisons un grand tour dans l’immense et magnifique parc parsemé de pièces d’eau et sillonné de canaux. Arbres majestueux, cygnes nonchalants, vastes prairies, voilà une bien agréable fin de journée qui nous rappelle les heures passées dans les country houses d’Angleterre. Souper puis coucher sur le stationnement près de l’une des sorties du parc.

Les
              cygnes dans le parc du château de Pszczyna
Les cygnes dans le parc du château de Pszczyna


Mercredi 9 août 1995 : de PSZCZYNA à MYEDZYGÓRZE (338 km)

Rien ne dérange notre nuit près du parc du château, seuls quelques enfants un peu agaçants tournent autour du camion en nous interpellant vers 7:45. Il suffit que je sorte en haussant un peu la voix pour les éloigner. Le ciel continue d’être gris lorsque nous démarrons vers 8:45. Quelques plans des romantiques pièces d’eau en quittant la ville sont le préalable à une longue étape qui doit nous faire éviter la Silésie industrielle, très sale et polluée, pour gagner les Sudètes dont les collines boisées promettent quelques beaux paysages et balades dans la nature.

Nous tentons d’emprunter les petites routes du sud qui devraient nous faire longer la frontière slovaque, mais nous nous retrouvons après une cinquantaine de kilomètres sur une quatre voies rapide à Skoczow, au sud-est de notre point de départ quand nous devrions nous trouver au nord-ouest... Le plus simple sera de reprendre le cap mais en traversant une longue section montagneuse de la Slovaquie. Nous passons sans problème la frontière à Cieczyn puis filons vers Ostrava Opala dans une campagne parsemée d’énormes complexes industriels (mines et sidérurgie) fumants et puants.

La région ensuite est beaucoup plus accidentée et rurale, touristique aussi, c'est le district de Jesenik. Au milieu de superbes forêts denses de résineux et de hautes futaies de chênes et de hêtres, nous découvrons au passage la jolie ville d’eau de Karlova Studanka.

Dans les Sudètes, la jolie région de Jesenik
Dans les Sudètes, l'Aigle sur une  jolie route de la région de Jesenik
Les Sudètes dans la région de Jesenik
Les Sudètes dans la région de Jesenik

Près de Karlova Studanka, Jean-Paul filme le cours
              torrentueux de la Morava
Près de Karlova Studanka, Jean-Paul filme le cours torrentueux de la Morava
Puis notre long détour suit un moment le cours de la charmante Morava qui court sur un lit de galets, sous une voûte continue d’arbres touffus.

Le soleil commence à descendre sur les monts et les vastes paysages de campagne ouverte (prairies, céréales et bouquets d’arbres) lorsque nous repassons la frontière polonaise à Przel Miedzyleska. Le contraste avec la Slovaquie nous frappe : de nouveau les mini-Fiat traînent et les camions crachent leur fumée puante sur les routes, le pourcentage de maisons décrépies ou en construction augmente considérablement, les villages prennent un air plus relâché mais aussi plus chaleureux (fleurs à profusion, petits groupes de personnes parlant entre elles, ivrogne titubant au bord de la route...).

Nous quittons bientôt la large vallée de la Nysa Klodzka pour escalader les pentes boisées du Gory Klo Oskie où est niché, à la jonction de deux étroites vallées, la fameuse station de villégiature de  Miedzygorze.

myedzygorze

En plus du site naturel agréable, l’architecture des grands chalets ou pensions alignés le long des torrents, à mi-chemin entre le chalet suisse et la maison de vacances des plages normandes, justifie le détour... Toits de zinc pentus, balcons et décorations de bois découpé, volume important, style Jugenstil rustique, les deux rues principales ne manquent pas de caractère. Maison
              emblématique de Myedzegòrze
Maison emblématique de Myedzygòrze

Bivouac à
              Myedzygòrze
Bivouac à Myedzygòrze
Après un petit marché, nous parcourons au crépuscule les rues, admirant et filmant les maisons, puis nous nous installons sur un petit parking pentu nécessitant la mise en place des cales. Nous soupons et planifions notre retour à Annecy, toutes cartes étalées sur la petite table de la dînette. Enfin nous nous couchons tôt pour nous endormir dans le bruissement du torrent courant juste derrière nous.

Jeudi 10 août 1995 : de MIEDZYGORZE à JELENIA GORA (206 km)

Sous les rayons ténus du soleil matinal pénétrant à peine dans la combe où nous avons parfaitement dormi, les grands chalets ont encore plus d’allure, suggérant l’époque faste où la grande bourgeoisie de Silésie pouvait s’offrir ces luxueuses résidences secondaires. La plupart ont maintenant été transformées en hôtel ou en maisons de vacances d’entreprises. Myedzegòrze
Myedzygòrze

Je filme les plus belles, m’attardant sur quelques détails ou fantaisies architecturales, puis  je descends le camion de ses cales pour gagner l’entrée du village et aller admirer la cascade que l’on retrouve sur toutes les cartes postales.

Myedzygòrze
Myedzygòrze
Myedzygòrze
Myedzygòrze

Cascade
                de Myedzygòrze
Cascade de Myedzygòrze

Au fond d’un val abrupt, la petite rivière cachée sous une forêt dense se précipite de 27 m dans un bassin presque rond. Son débit est faible, mais la hauteur de la chute disperse l’eau en un beau voile blanchâtre éclatant dans le sombre sous-bois, et le fracas donne lui aussi l’impression d’une véritable cataracte. Je ne regrette pas les 2 zlotys qu’a coûté la demi-heure de stationnement, d’autant plus qu’une pancarte laborieusement déchiffrée - ou plutôt devinée car elle est écrite en polonais... - laisse entendre que nous contribuons ainsi au développement du fond culturel de la région...

Notre itinéraire nous ramène ensuite vers la plaine intensivement cultivée. Dans les hameaux on ne peut s'empêcher de succomber au charme des maisonnettes paysannes entourées de leur jardin débordant de fleurs.

Bref arrêt dans la petite ville de Bystrzyca Klodzka, si sale et vieillotte que Monique refuse de se hasarder dans ses rues tortueuses et étroites. Je stationne un peu à l’écart du centre et me lance donc seul dans son exploration. Bystrzyca Kodzka : les vieilles maisons groupées
              autour de la tour du stadhus
Bystrzyca Kodzka : les vieilles maisons groupées autour de la tour du stadhus

Bystrzyca Kodzka : le site charmant au bord de la
              rivière
Bystrzyca Kodzka : le site charmant au bord de la rivière
Il n’est pas un seul immeuble qui n’aurait besoin d’un sérieux ravalement sinon de restaurations majeures, hormis la succursale de la banque P.K.O., comme d’habitude. Mais la ville a gardé son plan original et la plupart de ses vieilles maisons médiévales, ce qui lui donne un cachet unique qu’il restera à mettre en valeur. Puissent les urbanistes être sensibles à ce capital historique et veiller à le préserver...

Nous gagnons ensuite Klodsko. Si la ville est plus grande que Bystrzyca, elle présente les mêmes caractéristiques : bâtis à flanc de colline, ses églises, maisons et monuments s’entassent dans un enchevêtrement de ruelles tortueuses. Passant le vieux pont gothique bordé de statues baroques - comme à Prague le pont St-Charles... - nous arrivons bientôt sur la rynek où trône un énorme hôtel de ville 1850 néo-Renaissance, genre Mairie de Paris... Beaucoup de maisons sont anciennes, mais ici encore bien peu ont été remises en état. Elles forment un ensemble plutôt disparate finalement assez décevant. En revanche l’église paroissiale qui n’annonçait rien d’exceptionnel depuis sa petite place pittoresque, offre un exubérant décor baroque, quasi-autrichien, dont je filme maints détails: orgue, chaire, retable marial et fresques médiévales couvrant la voûte d’une chapelle latérale.

Entrée du
              Szczeliniec Wielki
Entrée du Szczeliniec Wielki
Nous prenons alors la direction plein ouest pour gagner le massif du Gory Stolowe (Monts Tabulaires) qui se signale par des reliefs rocheux particuliers.

Après un bout d’excellente route offrant les habituels paysages de jolie campagne vallonnée, nous empruntons un "raccourci" qui s’enfonce dans des bois magnifiques où nous craignons bien de nous perdre : chaussée défoncée, solitude complète, absence totale de panneaux indicateurs... L’inquiétude commence à s’installer lorsque après 45 minutes de ce cheminement hasardeux, une vieille borne allemande indique, gravé dans la pierre, "Heusheuer ® 1 km".

Effectivement, émergeant au-dessus des sapins, une masse rocheuse de forme tabulaire se profile au nord. Nous sommes quasiment arrivés à Karlow, point de départ de la balade pédestre du Parc Narodowy.

Relief
              fantastique des Szczeliniec Wielki
Relief fantastique des Szczeliniec Wielki
Panorama des Szczeliniec Wielki
Panorama des Szczeliniec Wielki

Au bout des 640 marches grimpant sur le massif, le sentier nous fait explorer un étonnant chaos de rochers sculptés par l’érosion glacière : énormes blocs aux formes fantastiques, gouffres dans lesquels nous dégringolons des escaliers à-pic, étroits passages entre ou sous les rocs titanesques. De plus, depuis divers belvédères disposés autour de la "table", se déploient des vues étendues sur la campagne dorée par les blés ou liserée de vert sombre par les forêts.

Belvédère des Szczeliniec Wielki
Belvédère des Szczeliniec Wielki
Belvédère des Szczeliniec Wielki
Belvédère des Szczeliniec Wielki

Voilà au total un grand bol d’air dans un cadre fantastique, mais qui s’achève douloureusement pour moi par un étirement des ligaments du pied gauche lorsque je glisse sur une marche disjointe avec mes sandales trop lâches. La descente est donc un peu pénible, mais la douleur ne se fait vraiment sentir que lors de la longue - et très mauvaise - route qui s’ensuit en direction de Nowa Ruda, puis de Walbrzych pour atteindre enfin Jelenia Gora.

La campagne est pourtant jolie dans la chaude lumière du soir, même si elle est parsemée des vestiges de petites industries ou de mines qui ont périclité et dont les bâtiments, vétustes et délabrés, sont autant de points noirs dans  le paysage. Nous arrivons à la nuit à Jelenia Gora, repérons le musée que nous voulons visiter demain et installons notre bivouac dans une rue toute proche assez tranquille. Souper, bain de pied et massage avant le coucher...


Vendredi 11 août 1995 : de JELENIA GORA à PRAHA (PRAGUE) (218 km)

jelenia-gora-musee-du-verre
Nuit reposante et sans problème. A 9:00 pile nous sommes sous le porche du Musée (pour une fois ouvert à l’heure indiquée !). A part une exposition de photos et d’aquarelles assez réussies illustrant la région, l’essentiel des salles est consacré à une collection de verreries datant des Romains à nos jours. Les antiquités présentent relativement peu d’intérêt après la splendide collection admirée au musée de Cologne et les quelques items médiévaux sont en très mauvais état. En revanche les XVIIème et XVIIIème siècles offrent une série de superbes verres à boire peints ou gravés d’une grande finesse. Si les productions contemporaines surprennent sans vraiment plaire, la salle Art Nouveau rejoint l’intérêt passionné de Monique qui s’exclame devant plusieurs pièces délicates et élégantes : Gallé, Daum et quelques autres verriers français ou allemands ont de loin notre préférence.

En sortant du musée, nous traversons la petite ville pour aller stationner devant l’église Ste-Croix sur la rue du 1 Maja,  principale rue commerçante de la vieille ville. Nous la parcourons en observant les nombreuses façades XVIIIème ou XIXème qui lui donneraient beaucoup de chic si elles étaient moindrement ravalées et repeintes au lieu de charbonner ou de perdre leur crépi en plaques.

Jelenia Gora : le centre historique avec l'église
                Sinte Croix et la Plac Rastuzowy
Jelenia Gora : le centre historique
avec l'église Sainte Croix et la Plac Rastuzowy

Jelenia Gora
                : Plac Cieplice
Jelenia Gora : Plac Cieplice


Jelenia Gora : fontaine de Neptune sur la Plac
              Rastuzowy
Jelenia Gora : fontaine de Neptune sur la Plac Rastuzowy
Quel contraste avec la rynek qui ici s’appelle Plac Ratuszowy (Place de l’Hôtel de Ville), dont la restauration intégrale et systématique est en cours d’achèvement. La moitié de ses hautes façades est encore couverte d’échafaudages, tout comme le grand carré de l’Hôtel de Ville au centre de la place. Les hauts murs colorés des autres maisons ont quant à eux recouvré leur gloire première et donnent une idée du très bel ensemble que constituera la place d’ici quelques mois. Sous le long passage formé par les arcades du rez-de-chaussée blanchies à la chaux, lumineuses et fraîches, se sont installées les terrasses des cafés.

Nous passons devant l’église paroissiale au décor Renaissance et baroque habituel entrevu derrière sa grille d’entrée, pour parcourir à nouveau la rue du 1er Mai rejointe par une traboule. Nous y achetons quelques légumes frais auprès des marchands installés sur le trottoir avant d’aller jeter un coup d’œil à la massive église Ste-Croix, un ancien temple protestant de plan carré et au riche décor baroque (orgue ++) dont le pavé et les galeries peuvent accueillir 4 000 personnes. Malheureusement, une fois encore, on doit demeurer derrière la grille d’entrée, et il est impossible de trouver chez les disquaires un enregistrement de l’orgue pourtant fameux... Jelenia Gora : les façades restaurées de la Plac
              Rastuzowy
Jelenia Gora : les façades restaurées de la Plac Rastuzowy

Parc des Karkonosze : le Wielki Sniezka (1 602 m)
Parc des Karkonosze : le Wielki Sniezka (1 602 m)
Nous quittons cette ville sympathique et riche où il y aurait encore beaucoup à découvrir pour regagner les montagnes et notre dernière étape polonaise. La route file dans la vallée verdoyante vers Karpacz au pied des Karkonosze (Monts des Géants). La station s’étale le long de la rue principale qui escalade la pente en serpentant, bordée de chalets plus ou moins suisses ou tyroliens, de grosses pensions et de petits magasins "cheap". Rien de bien pittoresque, d’autant plus que la vue est cachée par les arbres du côté montagne ou donne sur la plaine... Route infecte, en travaux de voirie, foule, bus poussifs crachant leur fumée noire de diesel... nous sommes fort déçus ! Après un pique-nique rapide à l’ombre d’un bouquet d'arbres nous tentons de rejoindre l’autre station du Parc national des Karkonosze, Szklarska Poreba, en traversant la montagne. Mais la signalisation quasiment inexistante sur ces petites routes nous amène à nous engager profondément sur les pentes sans aboutir nulle part.

Nous devons donc rebrousser chemin et filons sur la grande route de vallée très fréquentée et sans intérêt. Lorsque nous touchons au but, le village s’avère là aussi un ramassis de chalets parfois un peu plus présentables, et encore...


Aussi gagnons-nous immédiatement la gare du télésiège qui, pour le montant relativement élevé de 24 zlotys, nous hisse sur le mont Szrenica 636 m plus haut. . Descente du téléférique du Mont Szrenica
Descente du téléférique du Mont Szrenica


Le plus agréable de la balade reste la montée silencieuse au-dessus des sapins et au grand air, car là-haut la vue est décevante, le relief s’étendant mollement sous nos yeux sans aspérité ni rien sur quoi accrocher le regard. Brève marche autour du gros chalet au sommet, puis nous faisons le parcours en sens inverse vers la base du mont. Après un dernier plein d’eau et d’essence avec le reste de nos zlotys, nous prenons la direction de la République tchèque Vue sur les Monts des Géants depuis le sommet du
              Szerenica
Vue sur les Monts des Géants depuis le sommet du Szerenica

Lac dans le
        parc des Karkonosze
Lac dans le parc des Karkonosze

La route agréablement vallonnée parcourt les forêts et les torrents des Sudètes jusqu'à passer rapidement et sans problèmes la frontière tchèque.

Armoiries
        de la République Tchèque
Armoiries de la République Tchèque

Nous changeons un peu d’argent à Tanvald, faisons une tentative avortée de bivouac à Turnov qui nous semble peu propice et embarquons alors sur l’autoroute pour filer pied au plancher jusqu’à Prague (85 km). Longue traversée des faubourgs de la capitale tchèque en cherchant sans succès le chemin d’un camping. Finalement nous franchissons la Vltava et nous retrouvons sur le quai juste en dessous du pont Svermoy Most. La vue sur la rivière est jolie, mais le bruit beaucoup trop intense pour envisager de dormir à cet endroit. Fidèles à notre habitude de rechercher les beaux quartiers, nous gagnons alors le parc de Stronovka. Nous trouvons en bordure de ses espaces verts une rue paisible (Heineho) où nous soupons et nous endormons après que Monique ait préparé l’itinéraire de la visite de la ville pour demain.



7. De PRAGUE à MONTRÉAL


Samedi 12 août 1995 : de PRAHA (République tchèque) à MYTO (87 km)

Notre visite express
        dans le centre historique de Prague
Notre visite express dans le centre historique de Prague

Nous paressons jusqu’à une heure avancée de la matinée tant notre rue "grand style" s’avère calme en ce samedi matin. Nous finissons par lever le camp vers 10:00 pour descendre vers la vieille ville et stationner - dans un parc gardé - à deux pas du pont Manesw.


Reçu du parc de stationnement en plein centre de Prague


Les ponts de
        Prague sur la Vltava
Les ponts de Prague sur la Vltava

La visite commence par l’église St Nicolas, une merveille baroque où se déroule un mariage. Superbe voûte revêtue de fresques aux couleurs fraîches, structure presque carrée dont les lignes intérieures sont accusées par les décrochements de corniches et les courbes tourmentées des balustres en fer forgé.

Église Saint Nicolas : la coupole
Église Saint Nicolas : la coupole
Église Saint Nicolas : la nef et ses piliers
Église Saint Nicolas : la nef et ses piliers

Église Saint Nicolas : le grand lustre
Église Saint Nicolas : le grand lustre

Puis nous allons flâner un bon moment autour de la Place de la Vieille Ville, entourée de magnifiques monuments.
Prague : Place de la Vieille Ville et l'Église
                Notre-Dame de Tyn
Prague : Place de la Vieille Ville et l'Église Notre-Dame de Tyn

Prague : la Grande Place de la Vieille Ville et l'Horloge
        astronomique de l'Hôtel de Ville
Prague : la Grande Place de la Vieille Ville et l'Horloge astronomique de l'Hôtel de Ville

Prague : horloge astronomique de l'Hôtel de Ville
Prague : horloge astronomique de l'Hôtel de Ville
cadran
              de l'horloge de l'Hôtel de Ville
Prague : cadran de l'horloge de l'Hôtel de Ville, peint au XIXème par J. Manes.
Les médaillons représentent les 12 mois de l'année

Place de la Vieille Ville de Prague : la Maison à la
              cloche (1330)
Place de la Vieille Ville de Prague : la Maison à la cloche (1330)
Prague : autour de la Place de la Vieille Ville
Prague : autour de la Place de la Vieille Ville


Orchestre traditionnel tchèque : Le Cymbalum d'Or
Orchestre traditionnel tchèque : le Cymbalum d'Or, qui se produit quotidiennement sur la place en interprétant airs et chants traditionnels de Bohème. Superbes enregistrements CD vendus sur place.
Maison « À la minute »
Maison « À la minute »
Originairement gothique, (début XIVème) cette maison fut reconstruite en style Renaissance dans la 2ème moitié du XVIème. (graffites avec motifs mythologiques). Au coin un lion de pierre date du XVIIIème, insigne de la pharmacie « Au lion blanc » qui occupa jadis ce palais.


Nous devons retourner vers l’Aigle pour aller chercher une cassette et un film de rechange, avant de nous enfoncer dans les ruelles bordées de magnifiques immeubles rococo ou XIXème. La plupart sont en excellent état et expriment pleinement la gloire, la richesse et la beauté de la ville.

Prague :
              rue Panska dans le quartier Josefov rénové au XIXème à
              partir du ghetto juif
Prague : rue Panska dans le quartier Josefov rénové
au XIXème à partir du ghetto juif


Prague : maisons patriciennes sur la Place de la
                Vieille Ville
Prague : maisons patriciennes sur la Place de la Vieille Ville

Prague : Musée des Arts Décoratifs
Prague : Musée des Arts Décoratifs
Visite un peu décevante du Musée des Arts Décoratifs ne contenant aucune pièce Art Nouveau...

Prague : la Philharmonie Tchèque
Prague : le Rudolphinum, siège de la fameuse Philharmonie Tchèque

...retour à la Place de la Vieille Ville, magnifique, en passant par l’ancien ghetto où, sabbat oblige, les synagogues et l'ancien cimetière juif sont fermés...

Prague
                : la vieille Mairie juive et la Synagogue vieille-neuve
Prague : la vieille Mairie juive et la Synagogue vieille

cimetière juif
Le cimetière juif abrite plus de 12 000 sépulcres.
Les pierres tombales vont du XVème jusqu'à 1787 (depuis on n'y enterre plus).


Stèle dans le cimetière juif de Josefov
Stèle dans le cimetière juif de Josefov

Prague : ruelle près de Notre Dame de Tyn
Prague : ruelle près de Notre Dame de Tyn
Prague : Krizounicke nam este
Prague : Krizounicke Namesti (Place des Croisés à l'Étoile Rouge)

Nous tournons ensuite longuement dans les rues splendides, bousculés par la foule mais émerveillés par la beauté des façades et l’ambiance un peu irréelle de cet ensemble extraordinaire où se marient les styles du Moyen-Âge, de la Renaissance et de toutes les périodes subséquentes.

Les
        maisons patriciennes de la Place de la Vieille Ville
Les maisons patriciennes de la Place de la Vieille Ville semblent le décor d'une scène.
Elles sont gothiques, avec des caves souterraines romanes et les façades remontent au XVIIème



Montée sur le beffroi de l'Hôtel de ville, d'où se déploie une vue plongeante sur la Place de la Vieille Ville et d'où l'on découvre les autres développements plus modernes de la cité alentour.

La Place de la Vieille Ville depuis le haut du
              beffroi
La Place de la Vieille Ville
depuis le haut du beffroi
La vieille Ville et le quartier Josefov (l'ancien
              ghetto) depuis le haut du beffroi de l'Hôtel de ville
La vieille Ville et le quartier Josefov (l'ancien ghetto) depuis le haut du beffroi de l'Hôtel de ville

maisons patriciennes de la Place de la Vieille Ville
Vues du haut du beffroi, les maisons patriciennes de la Place de la Vieille Ville semblent le décor d'une scène de théâtre.

Prague : atlantes supportant l'entrée du Palais
              Clarn-Galasov
Prague : atlantes supportant l'entrée du Palais Clarn-Galasov
Prague : Zlata-Ulicka (La ruelle-d'or).
Prague : Zlata-Ulicka (La ruelle-d'or). Les maisonnettes du XIVème au XIXème furent habitées par les archers-défenseurs du château puis par des orfèvres et autres artisans.

En fin de circuit nous nous heurtons à un énorme échafaudage cachant totalement les façades de la Maison Municipale dont Monique voulait absolument admirer les décors Art Nouveau...

Prague : la Maison municipale (1905-1911)
Prague : la Maison municipale (1905-1911)
Prague : Tour de la Poudrière
Prague : Tour de la Poudrière

...tandis que l’intérieur de l’église Notre dame de Tyn (***) n’est qu’un chantier en complète restauration, à peine deviné depuis sa porte vitrée. La fatigue et la densité de la foule qui nous entoure finissent par refroidir mon enthousiasme. Nous parcourons quand même la rue Karlova très encombrée en recherchant un écusson de la ville à coller sur l’Aigle, mais renonçons à emprunter le fameux Pont Charles tant les touristes qui s’y pressent sont nombreux.

Prague: entrée fortifiée du Pont Charles (Mala
                Strana)
Prague: entrée fortifiée du Pont Charles (Mala Strana).
Au fond l'Église Saint Nicolas.

Pont Charles sur la Vltava et Mala Strana, du côté
                de la Vieille Ville
Pont Charles sur la Vltava et Mala Strana, du côté de la Vieille Ville

Prague : le Pont Charles vu des tours de la Vieille
                Ville
Prague : le Pont Charles vu des tours de la Vieille Ville du côté de Mala Strana.
Œuvre de Peter Parler et de son atelier, le pont Charles fut fondé en 1357 par Charles IV et terminé au début du XVème. Il est fortifié aux deux bouts par des portes avec tours (celle de Mala Strana est celle de la Vieille ville). Construit en pierre de grès, il est long de 516 m et large de 9,5 m.

Prague : le Pont Charles et ses statues
Prague : le Pont Charles et ses statues. Elles furent construites en plusieurs étapes, de 1683 à 1938.
Il y en a 30, notamment baroques (1683 à 1714), avec quelques groupes de style classique et néo-gothique. Le plus vieux est le groupe de la Sainte Croix, datant de 1657, le plus fameux celui du « Turc de Prague » (1714), érigé en l'honneur des Trinitaires qui rachetaient les Chrétiens captifs des Turcs.


Prague
      : vue sur le Pont Charles et la Vltava
Prague : vue sur le Pont Charles et la Vltava

Prague : Monique sur le Pont Legk en quittant la ville
Prague : Monique sur le Pont Legk en quittant la ville

Les
        silhouettes des tours de Prague telles qu'elles demeureront dans
        notre mémoire.
Les silhouettes des tours de Prague telles qu'elles demeureront dans notre mémoire...

De retour à l’Aigle, une bonne douche nous remet d'aplomb avant de repartir vers le sud par l'autoroute, puis par la route nationale. Nous voulons ainsi éviter une coûteuse contravention car nous n’avons pas acheté le macaron autorisant l’utilisation de la voie rapide. Enfin, à la nuit, c'est l'étape près d’une ferme dans le village de Myto où nous soupons et nous couchons tôt.

Dimanche 13 août 1995 : de MYTO à LANSHUT (Bavière) (274 km)

Nuit calme, seulement interrompue dès son début par le retour tardif d’une énorme moissonneuse-batteuse dont nous occupons le stationnement... J’avance de quelques mètres avec l’assentiment du paysan et me recouche en paix. Nous dormons longtemps en ce paisible dimanche matin pour ne décoller que vers 10:15. Une vaine recherche de pain et de lait frais dans la petite ville de Rokycany endormie ne nous procure que des pâtisseries, des œufs, du saucisson et du lait condensé trouvés chez un dépanneur. C’est donc un brunch que nous prenons au bord d’un petit lac repéré à la sortie de Pilsen. La route file ensuite, dans un paysage assez vallonné ressemblant aux Sudètes, jusqu’à la frontière de Zeleznà Ruda où nous liquidons nos couronnes tchèques à la pompe à essence.


Armoirie de la Bavière
Nous entrons alors en Bavière, dans la Bohmer Wald (Forêt de Bohème) déjà parcourue il y a trois ans : superbe route de montagnettes parfaitement dessinée et redressée, signalisation surabondante, automobiles propres, rapides et silencieuses : quel changement après la Pologne et la République tchèque ! Les maisons sont soignées et fleuries, les terrains  - y compris les bermes de la route - méticuleusement nettoyés et entretenus. On a l’impression de traverser un grand parc où bouquets d'arbre et forêts de sapins sont semés sur les pentes au travers des prairies...

Nous rattrapons bientôt l’autoroute à Deggendorf et filons alors dans la plaine bavaroise vers Lanshut, 83 km vite parcourus dans la moiteur tiède et sous un ciel chargé qui laisse parfois échapper quelques gouttes.

La petite ville médiévale s'entasse entre les bords de l’Isar et la colline sur laquelle s’élève le riche château ducal. Nous passons deux bonnes heures à déambuler dans les rues de l’Altstadt (Vieille Ville) et de la Neustadt (Nouvelle Ville), uniformément bordées de belles façades XVème et XVIème aux couleurs pastel, surmontées de pignons variés attestant la richesse de la bourgeoisie locale.  Dans l'Altstadt de Lanshut au pied des restes
                    du château
Dans l'Altstadt de Lanshut au pied des restes du château


La Grande
                    Rue de Lanshut et la tour de l'Église Saint Martin
La Grande Rue de Lanshut et la tour de l'Église Saint Martin

La diversité et la qualité des produits exposés dans les vitrines nous étonnent après la rareté et la vétusté des magasins de l’Est. Beaux points de vue sur les courbes de la grande rue entourant la haute (130 m) et fine tour de brique rose de l’église St-Martin (XVème). Cette reprise de contact avec l’Europe de l’ouest nous laisse comme "rassurés" et confortables...

Une
          vieille Traban tchèque recyclée en BMW DE...
Une vieille Traban tchèque recyclée en BMW DE...

Il est déjà 18:30 et temps de songer au bivouac. Nous irons chercher un lieu idoine au-dessus de la ville, près du château de Trausnitz. En haut de la côte, dédale de ruelles bordées de jolies petites maisons blanches et rustiques enfouies dans des jardins débordant de fleurs. Laissant Monique piquer un roupillon sur le stationnement du château, je m’enfonce dans le beau parc à l’anglaise entourant les vieux murs.

Au bout de la courbe des allées, une première porte fortifiée franchit l’enceinte de brique; puis je passe une deuxième poterne et me trouve devant l’entrée monumentale et les hauts murs de pierre de la forteresse. Mais plus question de visiter, il est trop tard. Une autre allée du parc me mène au Schlantz, un belvédère surplombant la ville, ses toits de tuiles rouges, ses rues bordées de façades pastel à pignon et ses clochers dominés par celui de St-Martin, le plus élancé et le plus élégant. Au retour vers l’Aigle, je tombe sur un joli jardin fleuri avec fontaine, pergola et roseraie dont les allées sont animées par des jeux d’enfants. Impossible de s’installer pour la nuit ni dans le parking du château (fermé à 22:00) ni dans le quartier étroit aux rues exiguës. Nous redescendons en ville et, longeant le cours de l’Isar, tombons sur une élégante promenade ombragée et peu fréquentée qui longe la rivière. Nous nous y installons sur l’herbe, soupons, faisons la vaisselle des trois derniers jours et nous y endormons dans un calme absolu.


Lundi 14 août 1995 : de LANSHUT à NYMPHENBURG (MÜNCHEN - Munich) (96 km)

La pluie et l’orage nous réveillent à 7:30 au bord de notre rivière par ailleurs parfaitement paisible. Faute de pain et de lait, nous renonçons à déjeuner sur place et repassons sur la Grande Rue pour tenter d’acheter des sandales Birkenstock aperçues hier soir. Mais le magasin n’ouvrira pas avant 9:15... Nous quittons alors la jolie petite ville installée sur les bords de l’Isar pour filer sur l’autoroute en direction de Munich où nous arrivons une heure et demie plus tard, vers 11:00.

La métropole de la Bavière est très vaste et moderne, la circulation intense, l’activité trépidante et l’environnement urbain sophistiqué. Comme on se sent loin de Prague ou de Varsovie ! Premier souci : se rapprocher du centre historique, s’arrêter dès que possible près d’une épicerie et quérir de quoi manger. Notre déjeuner au bord du parc précédant la Nouvelle Pinacothèque - hélas fermée le lundi - se transforme en brunch vite dévoré.


Puis nous dégotons une place à deux pas de la vieille ville, sur la rue Herzog Wilhelm, au coût exorbitant de 5 DM (5 $ CND) pour une heure de stationnement devant un parcomètre !

La grande fontaine et la porte de brique (symbolique) de l'imposante Karlsplatz sont toutes proches. Nous la traversons et nous retrouvons dans la foule qui parcourt cette artère principale de Munich, heureusement piétonnière, menant à la Marienplatz.

München
                  : Marienplatz
München : Marienplatz

München : Le carillon du Neurathaus
Le carillon du Neurathaus


München : façade de l'église Saint Michel et les
                  2 tours de Frauenkirche
München : façade de l'église Saint Michel et les 2 tours de Frauenkirche
Coup d’œil à l’église St-Michel au décor baroque maintenant familier mais dont la vaste voûte en berceau unique, sans bas-côté, offre une heureuse diversion.

München : nef de l'église Saint Michel
München : nef de l'église Saint Michel
München : orgue de l'église Saint Michel
München : orgue de l'église Saint Michel

Müchen: Marienplatz et le Neurathaus (le Nouvel
                  Hôtel de Ville)
Müchen:  Marienplatz et le Neurathaus (le Nouvel Hôtel de Ville)
Tout au long de la rue, la plupart des façades anciennes ont été restaurées ou reconstruites après les bombardements U.S. de 1944. Voilà qui ennoblit considérablement la perspective menant à la Marienplatz où trône, énorme, le Nouvel Hôtel de Ville néo-gothique (1867-1908).

Un peu à l’écart, l’église Notre-Dame (Frauenkirche) se signale par les dômes de ses deux tours symétriques culminant à 99 m.

München : la nef de Frauenkirche en 1945 et
                maintenant
München : la nef de Frauenkirche (Notre Dame) en 1945 et maintenant

München : les deux tours de l'Église Notre Dame
München : les deux tours de l'Église Notre Dame


Nef
                et orgue de la Frauenkirche de München
Nef et orgue de la Frauenkirche de München
Tandis qu'à l’extérieur se dressent la façade et les côtés austères de brique rose et rouge, à l'intérieur la haute nef blanche s'élance, soutenue par de gros piliers octogonaux rapprochés qui élèvent les collatéraux à la même hauteur.

Quelques statuettes de bois représentant les apôtres, des saints et des prophètes, ainsi que plusieurs retables dorés du XVIème, sont fort bien mis en valeur par le dépouillement des murs nus et immaculés.
munich-frauenkirche-retable-crucifixion
Frauenkirche de München : retable de la Crucifixion

München : l'orgue de Frauenkirche
Frauenkirche de München : l'orgue
Frauenkirche de München : la Vierge au manteau
Frauenkirche de München : la Vierge au manteau

Ressort aussi le mausolée en bronze (XVIIème) exubérant de Louis le Bavarois entouré de quatre soudards typés. Frauenkirche : le cénotaphe de Louis de Bavière
Frauenkirche : le cénotaphe de Louis de Bavière


München : les tours jumelles de Frauenkirche
München : les tours jumelles de Frauenkirche

Centre
                historique de München et son environnement de montagne
Centre historique de München et son environnement de montagne

Contournant l’Ancien Hôtel de Ville Renaissance à pignon, nous descendons ensuite au Marché aux Victuailles, très animé, lorsqu'une violente averse nous oblige à nous mettre à l’abri sous les auvents des boutiques. Charcuteries, buvettes de bière, fruits et légumes..., la bonne chère abonde ici !

München : la Hofbräuhaus (à gauche)
München : Monique devant la Hofbräuhaus (à gauche)
Passant ensuite la plus vieille maison de Munich (1552), nous arrivons devant la Hofbräuhaus, un étonnant temple de la bière où, sous les voûtes peintes, dans les flonflons d’un orchestre ad hoc, les Munichois - et quelques touristes - se gavent de saucisses et de grandes chopes d’un litre. Ambiance chaleureuse mais prix qui nous semble bien élevé pour la qualité des produits (10 $ le litre de bière, 14 $ les deux saucisses en sauce, etc...).

Nous renonçons à la "dégustation" et poursuivons vers la Résidence.

Sur la Max Joseph Platz s’impose d’abord la façade classique (fronton triangulaire et colonnade) du célèbre Bayerische Staatsoper (l’Opéra de Bavière). Le long mur Renaissance de la Résidence, avec son appareillage de pierre en trompe-l’œil, me semble fort lourd.

En revanche la façade donnant sur la Residenzstrasse a plus grande allure et la porte principale du palais s’encadre entre deux majestueux lions de Bavière et des pilastres nervurés du plus bel effet. Les riches musées qui y logent sont malheureusement fermés (lundi oblige...), peut-être y reviendrons-nous demain. La Residentz et l'un de ses lions de bronze
La Residentz et l'un de ses lions de bronze

Au bout de la rue, le portique à trois arches de la Feldherznhalle rappelle les grandes loggia à l’italienne. Elle offrait une magnifique tribune aux souverains bavarois pour les fêtes et défilés se déroulant sur la Ludwigstrasse dont elle ferme la perspective.

Juste à côté, la massive façade de l’église des Théatins nous semble particulièrement étouffante, tout comme la florissante décoration de stucs garnissant son intérieur.

Nous bouclons notre visite par la Kardinal-Faulhaber Strasse. Elle est bordée par quelques beaux hôtels XVIIIème encadrant la façade très indigeste (XIXème) d’une banque, pour enfin nous faire rattraper la Neuhauser Strasse si animée empruntée à notre arrivée.

De retour à notre Aigle, nous sommes surpris de n’avoir écopé ni d’un sabot ni même d’une contravention malgré le dépassement du temps de stationnement autorisé. Comme il est maintenant 17:15 nous abandonnons le centre de la grande ville et gagnons Nymphenburg pour visiter demain le palais d’été des souverains bavarois. Mais les indications sont rares, nous sortons rapidement de la zone représentée sur notre carte et notre compas s’avère insuffisant pour nous mener à bon port. Après un appel aux enfants à Montréal où tout va bien, nous demandons l’aide d’aimables passants qui nous remettent sur le bon chemin.

Contrairement à mon attente, le château et son vaste parc ne sont plus maintenant à la campagne mais ont été complètement englobés dans le grand Munich urbain. Je déniche quand même une petite rue très tranquille au nord du château où je m’apprête à nous établir pour la nuit. Monique préfère que nous allions souper devant la très large façade, aussi finalement dormirons-nous en avant, sur les grandes allées d’accès désertées la nuit, après avoir effectué un long tri des multiples cartes postales accumulées depuis notre départ il y a 5 semaines.

Mardi 15 août 1995 : de NYMPHENBURG à VADUZ (Liechtenstein) (251 km)

München : le château de Nymphenburg, son parc et
                  ses bassins
München : le château de Nymphenburg, son parc et ses bassins

La nuit est fraîche et le ciel nuageux au réveil : ce n’est donc pas la chaleur du soleil qui nous tire du lit mais le vacarme des autobus amenant les touristes visiter le château. Lever relativement tardif tout de même qui nous mène au guichet de la billetterie vers 9:45.

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Façade de Nymphemburg côté parc

Les salles du palais constituent la première attraction; si les peintures de certaines chambres ou salons sont parfois un peu défraîchies, les rideaux, tapis, lustres et surtout les meubles et les tableaux forment une superbe collection, alliant les pièces Louis XV à plusieurs ensembles Empire ou Restauration. Nymphenburg : la Chambre Verte (XVIIème)
Nymphenburg : la Chambre Verte (XVIIème)

Nymphenburg : le Grand Vestibule
Nymphenburg : le Grand Vestibule

Grandiose et très lumineux, le vaste vestibule central occupe à lui seul la hauteur de deux étages et ses portes-fenêtres ouvrent à la fois sur le grand jardin en avant et sur le parc en arrière.

Nous commençons alors à parcourir l’immense parc cernant le château. Un sage parterre à la française orné de statues de marbre (divinités grecques) et de bordures de fleurs assez raides, tout à fait dans le style versaillais, se prolonge d’un canal rectiligne  dans l’axe arrière du château. Nymphenburg : la grande pelouse à l'arrière du
                château
Nymphenburg : la grande pelouse à l'arrière du château

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Nymphemburg : cygne devant le temple d'Apollon

Nous nous enfonçons ensuite dans un vaste parc à l’anglaise où des greens très allongés et légèrement sinueux sont ponctués de grands arbres isolés ou rassemblés en boisés fort bien entretenus. Allées impeccablement empierrées et gravillonnées, sous-bois éclaircis, prairies tondues, arbres convenablement taillés, nous retrouvons la qualité des grands jardins entourant les country houses d’Outre-Manche. Manquent la variété des plantations et des arbustes, la créativité déployée là-bas dans les lignes et les perspectives, mais au moins la base est-elle là !

Isolés en plusieurs coins du domaine, des petits bâtiments forment des buts de promenade ou le prétexte à faire le tour des lieux. Nous commençons par la Palm House et l’Orangerie reconnaissables à  leurs grandes façades vitrées. Converties en restaurant et en galerie pour expositions temporaires, elles ont conservé une partie de leur décor de plantes grasses et donnent sur une petite roseraie odorante auprès de laquelle sont disposés les tables et les parasols d’un café-terrasse...

À quelque distance le Clos Sainte-Madeleine, une sorte d’ermitage aux murs partiellement décrépis et faussement fissurés comme l’exigeait la mode pittoresque au XVIIIème, abrite un oratoire de style rocaille. A l'intérieur, des murs crépis et incrustés de coquillages, dans le genre "grotte romantique", entourent une statue éplorée et pathétique de Marie-Madeleine. Ambiance austère et mystique que l’on retrouve dans les trois pièces attenantes toutes lambrissées de bois sombre.

Nymphenburg : la Pagode
Nymphenburg : la Pagode

Nous nous avançons sous les grands arbres, franchissons un petit pont sur un canal aux eaux dormantes et découvrons alors la Pagode.

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Nymphemburg : salle de fête de la pagode

C'est en réalité un adorable pavillon de rendez-vous avec grand salon décoré de carreaux de Delft bleus et blancs au rez-de-chaussée, et deux jolies chambres tendues de soies peintes de motifs chinois à l’étage.

J’en ferais volontiers ma petite maison de retraité... surtout avec la perspective de l’étang peuplé de cygnes et de canards en avant. Nous en faisons le - grand - tour et rejoignons l’axe du Grand Canal que nous suivons jusqu’à son extrémité. Le long plan d’eau rectiligne aboutit aux Cascades, i.e. deux bassins circulaires entourés de statues.  Des petits barrages les relient entre eux et au Canal qu’ils alimentent. L’ensemble est agréable et ferme bien la perspective, même si une chute un peu plus haute eût été plus spectaculaire. Nymphenburg : les Cascades
Nymphenburg : les Cascades

Bassin et cygnes autour du Temple d'Apollon de
                Nymphenburg
Bassin et cygnes autour du Temple d'Apollon de Nymphenburg
Nous marchons encore un moment sous les bois pour découvrir un Temple d’Apollon tout rond, dans le style du tholos de Delphes, installé au bord d’une autre grande pièce d’eau. Nous la contournons pour aller visiter le Bain, en fait un autre ravissant bâtiment rococo blanc et jaune contenant une élégante piscine (marbre, fer forgé et stuc bleu et blanc sous plafond peint), deux petits salons et surtout un superbe salon d’apparat grand comme une salle de bal dont je ne me lasse pas d’admirer les stucs délicats et les fresques d’une grande fraîcheur.

Une dernière marche sous les grands arbres nous amène au pavillon de chasse d’Amalienburg. On entre d’abord dans un chenil de luxe où l’on pouvait garder au chaud, dans des niches encastrées à même les boiseries autour de la pièce, les chiens au retour de la chasse. Nymphenburg-pavillon-de-chasse
Nymphenburg : le pavillon de chasse d'Amalienburg

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Nymphenburg : le chenil dans le pavillon de chasse

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                chasse
Pavillon de chasse d’Amalienburg : la cheminée de la cuisine
Après une étonnante cuisine entièrement recouverte de carreaux de faïence multicolores à fond blanc, on pénètre dans une enfilade de magnifiques salons aux murs tendus de soie pastel. Si la teinte diffère dans chaque pièce, toutes sont décorées de stucs argentés extrêmement détaillés et riches. Les quelques meubles (tabourets, lits, commodes et crédences) sont pareillement enjolivés, plaqués ou surchargés d’argent.

La pièce la plus imposante est évidemment le grand salon central. Sous un immense lustre de cristal, le plafond orné retombe en grands panneaux de glaces sertis d’argent entre les fenêtres et les portes vitrées qui donnent sur les façades avant et arrière du petit palais. A une échelle plus modeste, on retrouve ici le luxe et la recherche d'élégance du Trianon versaillais.
Pavillon de chasse d’Amalienburg : salle des
                  Miroirs (grand salon central)
Pavillon de chasse d’Amalienburg : salle des Miroirs (grand salon central)

Grand lustre de Murano du pavillon de chasse
            d’Amalienburg
Grand lustre de Murano du pavillon de chasse d’Amalienburg

Après ce crescendo de visites surprises (et cette bonne marche d’une dizaine de km !) il ne nous reste plus qu’à rejoindre le grand parterre arrière du château et à passer sous la voûte du pavillon central pour retrouver notre Aigle stationné en avant.

Le temps de prendre un solide casse-croûte revigorant, et nous décidons de réserver les splendeurs des deux Pinacothèques pour un autre passage à Munich. En route donc vers l’Autriche et la Suisse. Nous rattrapons sans trop de difficulté la route 18 en direction de Lindau.

Coupée de sections d’autoroute, elle traverse d’abord la riche plaine bavaroise : cultures intensives et soignées, petits villages groupés autour du clocher blanc et pointu de leur église. Au bout de 57 km, un arrêt à Landsberg/Lech nous offre un petit tour digestif dans ses vieilles rues pavées bordées de maisons pastel à pignons variés. Rien de bien nouveau pour nous, mais l’ambiance générale est assez "cool" (magasins fermés aux jolies vitrines, nombreux clients joyeux sous les parasols des cafés terrasses...) et les détails pittoresques abondent (enseignes de fer forgé à l’ancienne, oriels, jeux d’enfants dans la fontaine...). Après le plein d’essence avec notre Master Card, nous poursuivons notre descente vers le sud-est.

A partir de Leutkirch nous entrons dans les Alpes de l’Allgau. Sur les pentes verdoyantes et herbues paissent d'innombrables vaches laitières. La route devient plus accidentée, les cimes bleutées et dentelées des montagnes au sud forment une ligne continue. Nous arrivons près du Bodensee (Lac de Constance) et passons involontairement la frontière autrichienne faute de carte détaillée de la région.

Le lion et le phare à l'entrée du port de Lindau
Le lion bavarois et le phare à l'entrée du port de Lindau
Nous retournons sur nos pas  pour aller traîner une demi-heure dans les ruelles et sur le quai de Lindau dont Monique avait oublié le pittoresque paysage quasi méditerranéen. Moments bien agréables dans la paix relative du soir (il est 19:30), maintenant que la foule des touristes a déserté le pavé de la vieille ville. Nous hésitons un peu à embarquer pour une excursion sur le lac dans un bateau qui part devant nous, mais le retour à 0:15 nous semble bien tardif, d’autant que nous ne pourrons dormir sur la presqu’île bondée.

Dans le crépuscule nous reprenons la route vers le sud. Elle rejoint bientôt Bregenz en Autriche où nous passons pour de bon cette fois-ci, avant d’emprunter l’autoroute de vallée encadrée par de hautes montagnes impressionnantes. Voilà qui change heureusement de l’Europe du nord dont les vastes étendues presque plates nous paraissent maintenant bien monotones !

Au
          Liechtenstein
Au Liechtenstein

A Feldkirch - autres souvenirs de notre circuit de sabbatique - nous quittons l’Autriche pour la Suisse, ou plutôt pour la principauté du Liechtenstein puisque nous avons décidé d’aller bivouaquer à Vaduz, sa petite capitale. Il fait nuit noire lorsque nous quittons la route principale quelques kilomètres plus loin et nous arrêtons sur le premier stationnement venu pour y souper et y dormir.

Mercredi 16 août 1995 : de VADUZ au FURKA PASS (178 km)

Principauté du Liechtenstein, château princier de
                Vaduz
Principauté du Liechtenstein, château princier de Vaduz
Dans l’obscurité, il était impossible de prévoir que notre bivouac se trouvait devant le quai de chargement d’un grossiste en bière... Dès 7:00 les camions de livraison défilent, coupant toute velléité de sommeil. Nous traînons pourtant longtemps jusqu'à démarrer enfin vers 10:00 et faire halte en plein centre de la principauté, devant la poste et sous le château. Ses rues léchées sont bordées de boutiques de luxe ou de souvenirs. J’en profite pour m’y procurer l’écusson de rigueur qui rejoindra ceux de la Pologne et de la République tchèque sur le panneau arrière. Comme les uniques curiosités du lieu demeurent la poste (?!) et le château princier non ouvert à la visite, notre promenade tire vite à sa fin et nous reprenons bientôt la route.

Filant dans la vallée mais bordée de hautes montagnes où l’on aperçoit encore des plaques de neige, elle nous fait suivre en sens inverse le trajet emprunté en 1988 lorsque nous descendions vers la Grèce. Souvenirs qui suscitent un brin de nostalgie puisque nous reconnaissons les sites, monuments et paysages rappelés par les photos et vidéos maintes fois regardés : frontière du Liechtenstein avec ses grosses bornes de pierre sculptée, fontaine de Heidi où nous remplissons aujourd'hui comme autrefois nos bouteilles d’eau potable, et bivouac devant le gymnase à Maienfeld. Les mêmes édredons y prennent encore le soleil sur le même toit... Monique remplit quelques bouteilles à la fontaine
                  de Heidi
Monique remplit quelques bouteilles à la fontaine de Heidi



En Suisse

Nous faisons un plein d’eau cuvette après cuvette à une autre fontaine coincée dans une ruelle. Dans la vieille ville de Chur (Coire) le détour par le centre ville, assez encombré, ne permet pas de retrouver les maisons peintes à arcades où nous avions commencé à éprouver les rigueurs de l’hiver alpin. Nous continuons à remonter le Rhin en passant Reichenau puis Flims et Trun. La route en corniche offre sans cesse des vues magnifiques sur la vallée encadrée par les cimes acérées ponctuées de taches de neige.

Disentis et les pentes des Alpes suisses depuis
                  le belvédère
Disentis et les pentes des Alpes suisses depuis le belvédère
Juste avant Disentis, je reconnais avec surprise le petit belvédère en bordure de route où nous avions déjeuné au sortir des cols il y a 7 ans : même vue plongeante sur un hameau et sa chapelle baroque à nos pieds, même panorama sur le  village groupé autour de son église blanche au milieu de la pente boisée en face de nous.

Disentis
          et son monastère
Disentis et son monastère

Village suisse typique dans la Vallée du
                  Tavetschal
Village suisse typique dans la Vallée du Tavetschal
Après la traversée de Sedrun et de ses hameaux de vieux chalets en bois sombres étalés sur les pentes...

...nous attaquons la longue montée sportive de l’Oberalpass dont les multiples lacets offrent une vue grandiose sur la vallée du Tavetschtal.

Les lacets
                    de l'Oberalp Pass en avant de nous
Les lacets de l'Oberalp Pass en avant de nous

En montant l'Oberalpass : la Vallée du Tavetschal
          derrière nous
En montant l'Oberalpass : la Vallée du Tavetschal derrière nous

Au faîte de l'Oberalpass la route croise la ligne
                de chemin de fer
Au faîte de l'Oberalpass les lacets de  la route croisent la ligne de chemin de fer
En passant le seuil du col, rencontre d’un chalet camping-car en bois sculpté et discussion avec son constructeur et propriétaire, un vieux suisse de Zurich.

Depuis les 2 044 m du col rempli par un lac linéaire, la route redescend vers Andermatt et, plus loin, sur le val d’Urseren. Nous le traversons ensuite pour aborder ensuite un deuxième col, le Furka Pass, que nous avions dû contourner par le sud en novembre 1988 car il était déjà fermé pour l’hiver.

La montée est rude, les épingles à cheveux se succèdent sans répit sur plusieurs kilomètres, offrant des vues superbes sur la vallée en dessous, jusqu’à ce que nous abordions la longue rampe au flanc du Galenstock (3 583 m) qui culmine à notre droite. Nous atteignons enfin le col à 2 431 m : dans le soir qui tombe, vue superbe en arrière en direction d’Andermatt et de l’Oberalp mais un peu limitée vers l’avant par la courbe de la vallée. Comme il est déjà 19:15 nous décidons de bivouaquer en plein milieu du col. Nous profitons de la vue panoramique** sur laquelle descend la lumière durant notre souper, avant que l’ombre et la brume ne viennent tout noyer. Il fait très frais (9°) et le silence est absolu.


Jeudi 17 août 1995 : du FURKA PASS à NOTRE-DAME DE BELLECOMBE (242 km)

Bivouac dans le Furka Pass
L'Aigle au bivouac dans le Furka Pass
Au réveil vers 8:30, nous sommes dans le nuage et il fait 4,7° à l’extérieur. La vue n’a pas l’étendue d’hier soir, mais l'occasion est bonne pour tester le fonctionnement du chauffage... Après la douche bien chaude et le petit déjeuner, nous entamons la descente du col.

Jean-Paul filme le val de Conches depuis le Furka Pass
Jean-Paul filme le Val de Conches depuis le Furka Pass

Le
                Furkapass vers l'ouest : la Vallée de Conche
Le Furkapass vers l'ouest : le Val  de Conche
Les vues sur le Val de Conches, les sommets enneigés et les lacets de la route dégringolant en dessous de nous sont époustouflantes : voilà probablement le plus beau col que nous ayons jamais franchi.

Au dessus de la rencontre des Route du Grimsel et du
          Furka Pass, le Glacier du Rhône
Au dessus de la rencontre des Route du Grimsel et du Furka Pass, le Glacier du Rhône

Le
                  Glacier du Rhône et la route du Furkapass depuis la
                  route du Grimsel
Le Glacier du Rhône et la route du Furkapass depuis la route du Grimsel
Quelques kilomètres plus loin, l’Hôtel du Belvédère annonce l’extraordinaire point de vue sur le Glacier du Rhône dont le névé bleuâtre qui diminue d’année en année, constitue la source officielle du cours d’eau.

Un torrent impétueux coule à sa base, d’un vert laiteux mêlé d’écume. Ce sont les premiers déversements du puissant fleuve qui irriguera plus loin le Lac Léman, Lyon et enfin la Camargue. La source
                  du Rhône, au déversoir du petit lac de morraine
                  recueillant les eaux du Glacier du Rhône
La source du Rhône, au déversoir du petit lac de morraine recueillant les eaux du Glacier du Rhône

Monique sur la terrasse devant le Glacier du
                  Rhône
Monique sur la terrasse devant le Glacier du Rhône

Ma Lyonnaise jubile et prend la pose sur la terrasse du bazar qui a monopolisé le site. Quelques cartes postales et photos conserveront pour nous le souvenir de ce cirque suspendu grandiose.


La descente se poursuit avec d’autres points de vue exceptionnels sur les montagnes, les glaciers et la vallée. Celle-ci se resserre un moment puis s’élargit assez pour permettre l’installation de plusieurs bases aériennes de l’armée suisse : on aperçoit les longues pistes bétonnées dans l’axe de la vallée, encadrées par les sommets enneigés et les pentes boisées abruptes, tandis que les hangars à avions camouflés sont recouverts de gazon. En continuant de descendre le Furkapass, le
                  Glacier du Rhône derrière nous
En continuant de descendre le Furkapass, le Glacier du Rhône derrière nous

Tout près, les petits villages rassemblent leurs chalets de bois sombre débordant de fleurs autour du clocher pointu de leur église : défilent ainsi Münster, Reckingen, Blitzingen où nous avions fait étape il y a sept ans. Puis le Val de Conches se rétrécit à nouveau et entame une longue descente aux virages serrés avant d’arriver à Brig qui ouvre la Vallée de Sion. Un peu inquiet de l’état des freins, je fais changer les plaquettes avant dans un petit garage VAG qui ne peut cependant refaire le parallélisme du train avant, faute de rotule de direction en état (celle de gauche serait à changer...).

Nous poursuivons la route maintenant très droite et sans relief filant dans la large vallée. Elle longe le cours du Rhône qui a déjà pris une largeur et un débit respectable. A Sierre comme à Sion, les garages VAG n’ont pas le temps de faire la réparation que j’aurais voulu compléter avant notre retour à Lyon. Il fait maintenant beaucoup plus chaud et plus humide que dans la haute montagne de ce matin, l’air nous semble aussi plus lourd et plus dense. Après Sion, les vignobles sur le flanc nord et les cultures fruitières au fond de la vallée utilisent chaque parcelle arable; ici la terre est intensivement cultivée, soignée et exploitée. Nous déjeunons vers 14:00 à l’ombre rare d’une rangée de peupliers, devant une "Société d’agriculture" qui sert de coopérative agricole aux horticulteurs et viticulteurs de la région. Ils y écoulent leurs fruits et s'y fournissent en engrais, pesticides, etc.

La petite route des vins nous fait traverser ensuite St-Pierre de Clages, Saillon, Fully et d‘autres villages viticoles perdus au milieu des ceps qui envahissent le moindre espace libre. Au-dessus de nous, la chaîne des Diablerets domine le versant nord, très raide. Quelques courses (cassette vidéo, film et essence) nous permettent de liquider nos francs suisses dans un petit supermarché aux portes de Martigny que nous traversons bientôt. Aussitôt après, les premières pentes du Col de la Forclaz exigent un nouvel effort des 75 chevaux de notre Aigle. A 40 km/h, en 2ème, il escalade sans faiblir les longues rampes et les épingles à cheveux qui nous hissent, au milieu des sapins, jusqu’aux 1 526 m du col.
Depuis le Col de la Forclas vue sur Martigny,
                    avant de rentrer en France
Depuis le Col de la Forclas vue sur Martigny, avant de rentrer en France

Quelques percées à travers les arbres offrent une vue très étendue sur la vallée de Sion dont la perspective se perd dans une brume bleutée. Mais le ciel s’est couvert de l’autre côté de la frontière. Traversée très longue, pare-chocs contre pare-chocs, de Chamonix puis de St-Gervais où, pour la première fois depuis deux mois, je me fais engueuler et klaxonner par des automobilistes impatients et grossiers. Le temps décevant qui cache les panoramas, la circulation difficile, la foule et la perspective de la fin du voyage m’énervent et me désolent, ce qui met à l’épreuve les nerfs de ma coéquipière. Nous arrêtons un long moment à Megève pour faire les courses rendues nécessaires par le dénuement de notre cambuse, puis nous gagnons le village de Notre-Dame de Bellecombe où nous allons souper puis dormir sur le stationnement en plein centre.


Vendredi 18 août 1995 : de NOTRE-DAME-DE-BELLECOMBE à ST-JORIOZ (94 km)

Chalet dans les Aravis
Chalet dans les Aravis
Si la nuit demeure relativement tranquille, en revanche la circulation matinale et les préparatifs d’une "fête des vins de Savoie" nous tirent du sommeil dès 8:00. À l’arrivée de deux autobus de fanfare écossaise (!?), puis de deux autres bus pleins de gendarmes qui débarquent leurs passagers sur le stationnement juste devant nous, nous levons précipitamment le camp. Il est grand temps de redescendre dans la vallée en passant devant les stands de marchands de vin, de fromage et de charcuterie en cours d’installation tout le long de la grande rue.

Une fois rendus en bas, au seuil des Gorges de l’Arly, nous hésitons un peu sur la direction à prendre mais finissons par dégoter la toute petite route du Col des Aravis. Grimpant rapidement par des virages serrés, elle ne tarde pas à nous offrir des vues grandioses sur les montagnes environnantes dont les masses de rochers gris dépassent des forêts de résineux pour monter à l’assaut d’un resplendissant ciel bleu. La pluie d’hier soir semble avoir lavé l’atmosphère qui paraît plus transparente, elle a avivé les couleurs de l’herbe verte dans les prairies et les taches rouges des géraniums sur le bois sombre des chalets...
Chalet fleuri dans les Aravis
Chalet fleuri dans les Aravis

Sur la route des Aravis
Sur la route des Aravis
Après moult épingles à cheveux nous arrivons au col. Ici pas de vue grandiose comme en tant d’autres endroits similaires. Cependant, lorsque nous grimpons sur un chemin empierré latéral pour gagner le pied d’un contrefort ouest du col, le paysage prend nettement plus de caractère. Nous y déjeunons en trempant une demi-douzaine de croissants au beurre frais dans notre bol de café au lait, délice matinal bien français dont nous avions presque perdu le souvenir...

Descente accusée ensuite vers La Clusaz traversée sans problème malgré la densité des chalets qui ont poussé dans sa vallée depuis trente ans et en dépit de l’animation des rues étroites du village. En abordant la dernière rampe menant à Annecy, nous bifurquons en direction du Col de Buffy, juste avant le château de Menthon-St-Bernard. La petite route à flanc de montagne longe le lac qu’elle surplombe bientôt. La silhouette caractéristique du château se profile sur les eaux bleues tandis que, sur la rive opposée, déboulent les pentes du Semnoz. Puis la route se faufile sous les bois couvrant la pente, épousant toutes les sinuosités du terrain en montant vers l’ermitage St-Germain. château de
                  Menthon-St-Bernard au-dessus du lac d'Annecy
En descendant de La Clusaz, le château de Menthon-St-Bernard au-dessus du lac d'Annecy

Talloire et la Presqu'île de Duingt depuis
                  l'Ermitage Saint Germain
Talloire et la Presqu'île de Duingt depuis l'Ermitage Saint Germain
Les vues sur l’ensemble du lac et son cadre de montagnes sont époustouflantes. Nous admirons un long moment le panorama que l’ermite contemplait depuis sa grotte et sa petite terrasse en avant. La modeste chapelle au-dessus présente peu d’intérêt, hormis la vue splendide sur le lac depuis son parvis.

La modeste chapelle au-dessus présente peu d’intérêt, hormis la vue splendide sur le lac depuis son parvis.

Lac d'Annecy : Monique devant L'Ermitage Saint
                    Germain
Lac d'Annecy : Monique devant L'Ermitage Saint Germain

Lac
                  d'Annecy : Jean-Paul sur l'aire d'envol des deltaplane
                  au Col de la Forclaz
Lac d'Annecy : Jean-Paul sur l'aire d'envol des deltaplane au Col de la Forclaz
La route étroite et sinueuse poursuit l’escalade du Col de la Forclaz (un autre...) que nous finissons par atteindre dans un dernier effort. Depuis la plate-forme de décollage des deltaplanes, vue plongeante sur toute l’étendue du lac, sur la presqu’île de Duingt et sur St-Jorioz en face.

Avec les jumelles on aperçoit fort bien le chalet l’Adret à moitié masqué par les deux vieux chênes campés au bord de l’eau. Nous traînons un moment dans ces hauteurs en admirant l’environnement magnifique avant de redescendre par derrière, au pied des Dents de Lanfont, jusqu’au bout du lac. Col
                  de la Forclaz : le lac d'Annecy depuis l'aire d'envol
                  des deltaplanes
Col de la Forclaz : le lac d'Annecy depuis l'aire d'envol des deltaplanes

Deltaplane au-dessus du lac d'Annecy
Deltaplane au-dessus du lac d'Annecy

Le Roc de Chère et Talloire au bord du lac d'Annecy
            depuis l'Ermitage Saint Germain
Le Roc de Chère et Talloire au bord du lac d'Annecy
depuis l'Ermitage Saint Germain

Passant devant un petit garage VAG, je tente une dernière fois de faire réparer et régler le train avant, mais l’absence de pièces et le délai restreint ne permettent pas de procéder.

Quelques minutes plus tard, vers 14:15 nous arrivons au chalet de St-Jorioz. Tout est tranquille dans la grande maison. Jean et Jehanne accueillent Stéphane et Jean-Baptiste pour les vacances, mais ceux-ci sont partis en excursion sur le lac. Jehanne nous sert un casse-croûte pendant que nous rapportons quelques faits saillants et quelques vives impressions de notre grande virée orientale. Puis commencent les habituels rangements, ménages et lavages de nos retours d'expédition. Nos travaux se poursuivent le samedi, en plus de la préparation de la réception du dimanche après-midi qui rassemble oncles, tantes, cousins et cousines séjournant à Couty.


Lundi 21 août 1995 : de SAINT-JORIOZ à LYON (231 km)

L'Aigle au départ de St-Jorioz
L'Aigle au départ de St-Jorioz

Après un dernier déjeuner d'adieux à St-Jorioz, nous partons pour Lyon avec Jehanne. Nous allons d'abord prendre le café à Couty où Toutou est très fier de nous montrer l'état quasi achevé des travaux qu'il poursuit depuis des années dans sa grange. Nous avons juste le temps d'embrasser Thérèse C. qui arrive de Paris, et nous prenons la route de Lyon que nous atteignons en soirée. Bivouac sur l'entrée devant la maison.


Lundi 22 août 1995 : SAINTE-FOY-LES-LYON

Les voyages sont bien finis pour cette année. Je passe la journée à aller chercher chez Pithioud puis à installer le réfrigérateur de remplacement. Les travaux durent plus longtemps que prévu car il faut relocaliser les pompes à eau. Je dois laisser finalement l'Aigle en remisage sans résoudre le problème d'alimentation électrique qui empêche le compresseur de tourner normalement : lorsque branché sur le secteur celui-ci ne démarre pas mais cliquette de façon inquiétante, tandis que sur la batterie il ne tourne que quelques minutes comme si la batterie devenait trop faible. Les solutions viendront plus tard... Monique poursuit les lavages toute la journée et nous nous endormons dans la maison.


Mardi 23 août 1995 : de SAINTE-FOY-LES-LYON à MONTRÉAL

Lever tôt pour prendre le taxi jusqu'à Perrache puis le bus qui nous mène à Satolas. L'envolée sur Air Club a lieu à l'heure prévue et ce sont Juliette et Mathieu qui viennent nous accueillir à Mirabel. C'est la fin des vacances, d'autant plus que je reprends le travail dès le lendemain...


Outremont, le 30 novembre 1995



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