Lundi 24 juillet 1995 : de MALBORK à PASLEK (126 km)
Ce n’est ni la rumeur urbaine ni la circulation mais la chaleur d’un plein soleil qui nous réveille ce matin. Celle-ci devenant vite insoutenable dès 8:15, j’enfile un T-shirt et vais stationner en pleine ville à l’ombre d’un grand bâtiment. Hélas le bruit y est tel que nous abandonnons toute velléité de paresse et nous résolvons à nous lever...
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Nous
passons ensuite au marché pour acheter pain et légumes. Si
les gens sont aimables et les prix des denrées étonnamment
bas (pain à 0,40 zloty, soit 24 ¢ !), le choix
demeure très limité et, en dehors des carottes et des
choux, il est quasiment impossible de trouver des légumes
frais. Il nous faut donc renoncer à la laitue ! En
revanche Monique trouve dans un stand une robe fantaisie
qui lui fait oublier nos autres déceptions... Nous allons alors stationner dans le grand parc devant le château et déjeunons avant d’entreprendre la visite de la Commanderie des Chevaliers Teutoniques. |
L’ensemble des trois châteaux imbriqués les uns dans les autres est véritablement énorme, puisque le "Château Bas" comprenait des ateliers, hôtellerie, chapelle, infirmerie, armurerie, écuries, etc. pour former une vaste avant-cour au pied du "Château Moyen". |
Malbork : la porte donnant sur la rivière Nogat. Au bord de la Nogat, deux tours de l'enceinte (Bastion du Pont) et le palais des Grands Maîtres des Chevaliers Teutoniques |
On
accède à celui-ci par un pont couvert défendu par une
première porte, et l’on traverse une première enceinte
avec herse, couloir voûté et autre porte massive pour
aboutir dans la grande cour du Château Moyen. Des décorateurs et des techniciens s’affairent à préparer le tournage d’un film, leurs câbles et accessoires de polystyrène peint encombrent le centre de la place. Nous nous faufilons à travers en admirant les sévères façades de brique seulement décorées de quelques enjolivures autour des ouvertures (portes et fenêtres) et de quelques balcons peu ouvragés. Ensemble digne et austère, fidèle à la fonction militaire des lieux. |
Malbork : le pont levis donnant accès au Château Haut |
Malbork : le pont levis donnant accès au Château Haut |
Malbork : Jean-Paul devant les statues des Grands Maîtres de l'Ordre des Chevaliers Teutoniques |
Malbork : statues des Grands Maîtres de l'Ordre des Chevaliers Teutoniques |
Palais des Grands Maîtres de l’Ordre des Chevaliers Teutoniques |
Palais des Grands Maîtres de l’Ordre des Chevaliers Teutoniques |
Jean-Paul devant le Puits du Pélican |
Monique au dessus de la Cour du Pélican |
Réfectoire des chevaliers de Malbork |
Salle du chapitre de Malbork |
L’église est malheureusement fermée à la visite, comme les différents musées qui ont pris place dans plusieurs sections des bâtiments. Nous pouvons néanmoins nous rendre jusqu’à la grande tour Gdanska qui protégeait les abords nord-ouest du château. Pour cela on doit emprunter une sobre galerie voûtée dont l’austère élégance m’impressionne beaucoup. Nous avons alors à peu près terminé notre exploration des salles accessibles aujourd’hui. Il ne reste plus qu’à revenir dans la cour au pélican, passer de nouveau voûtes et portes fortifiées pour nous retrouver dans le grand espace central du Château Moyen. |
Malbork : galerie voûtée
menant à la tour Gdanska
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La cour des cuisines de Malbork, près des ateliers |
Nous descendons encore dans une cuisine située sous le Grand Réfectoire (en cours de restauration et non visitable). Dans l’étroit espace encavé la foule des visiteurs s’entasse pour admirer un énorme four où pouvait cuire en même temps le repas de plusieurs centaines de convive |
Nous gagnons enfin la sortie de la forteresse, probablement la plus vaste d’Europe (les trois châteaux couvrent environ 21 hectares !). Quoiqu'un peu déçus par les limites apportées à notre visite par les fermetures du lundi, nous sommes impressionnés par la qualité architecturale du monument et les soins apportés à la restauration de ses salles, cours et murs magnifiques. La plus grande partie de ce joyau de l’architecture militaire médiévale est sauve et continue de témoigner de la puissance et du goût grandiose des Chevaliers Teutoniques. Pourtant on assimile souvent et avant tout cet ordre à une organisation militaire uniquement assoiffée de pouvoir et de conquêtes brutales. |
La Commanderie de
Malbork en soirée se reflétant dans les eaux calmes
de la Nogat
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Un autre genre de mur rempart à Malbork...! |
La journée est déjà bien avancée lorsque nous retrouvons notre Aigle, aussi partons-nous immédiatement vers le nord en direction d’Elblag. Nous passons rapidement cette ville car ses immeubles anonymes et laids ne méritent même pas un coup d’œil, pour filer à travers la jolie campagne de Mazurie vers Frombork, la cité où vécut Copernic. |
Charmants hameaux aux petites fermes de brique précédées d’un jardin débordant de fleurs et dont la grosse cheminée carrée supporte souvent un nid de cigognes. Nous voyons beaucoup de ces grands et beaux oiseaux le long de notre route, que ce soit des jeunes battant des ailes au-dessus du nid familial pour s’entraîner au vol ou des adultes chassant rats et grenouilles dans les champs. | Nid de cigognes sur le toit d'une grange |
Ferme de Mazurie |
Paysage doux où se mêlent vastes cultures de céréales, haies verdoyantes, gros arbres épars ou forêts touffues de feuillus (hêtres, chênes...). |
A Frombork où nous arrivons à 15:45, seule la "colline épiscopale"présente quelque intérêt. Il s'agit d'un enclos fortifié comprenant cathédrale, palais épiscopal et tour "astronomique" utilisée par l’illustre Copernic pour ses recherches scientifiques. |
La Colline
épiscopale de Frombok, au bord de la lagune de la
Wisla
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Frombok : la tour Copernik |
Sa statue massive en bronze sombre accueille le visiteur au pied de la colline que nous nous hâtons de gravir. Une belle enceinte en brique fermée par deux portes et flanquée de quelques tours défend l’accès de la cour où se trouvent les monuments. Là encore le Musée consacré à la vie et aux découvertes de l’astronome est fermé, lundi oblige, mais nous pouvons grimper en haut de la tour par un bel escalier en béton moulé moderne qui en occupe le centre. |
Ses spires entrelacées autour d’un long pendule en mouvement traversant toute sa hauteur rappellent les courses circulaires des sphères célestes. Depuis la terrasse, vue superbe sur l’enclos, les murs et la cathédrale à nos pieds, mais aussi sur la campagne environnante et sur la mer, ou du moins sur l’immense lagune de la Wisla qui occupe presque totalement l’horizon nord. | Frombok : Monique
sur la tour Copernik
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Frombok : la cathédrale gothique depuis la tour Copernic |
La température tiède, la vue étendue, la lumière douce de la fin d’après-midi, l’ambiance tranquille sont si agréables que nous nous attardons dans les hauteurs, tant et si bien que lorsque nous redescendons à 16:45 les portes de la cathédrale à nos pieds viennent juste de fermer ! Au moins avons-nous pu admirer son élégante façade et les nombreux clochetons et cadrans qui ornent son toit... |
Nous poursuivons notre route rurale aux doux paysages dorés par le soleil de fin de journée pour finalement nous arrêter vers 19:45 lorsque nous coupons le canal d’Elblag, près de la Cale de Jelenie. |
Soir sur le canal d'Elblag près de la cale de Jelenie |
Cale de Jelenie sur le Canal d'Elblag |
Une dénivellation d'une trentaine de mètres interrompt le cours de la voie d'eau, aussi la continuité du trafic est-elle assurée par un "ascenseur à bateaux". Celui-ci comprend deux chariots solidaires reliés par un câble circulaire qui court dans des poulies de guidage le long de la pente et dans deux grandes roues de renvoi à chaque extrémité. L’appareil fonctionne sur le principe d’un funiculaire entraîné par la force motrice de l’eau. Dans le crépuscule, nous empruntons à pied le chemin de halage jusqu’à la pente qui relie les deux sections du canal et sur laquelle transitent les berceaux portant les bateaux lors de leur transfert. Tout est calme, l’ingéniosité mécanique frappe dans cet environnement bucolique... |
Mardi 25 juillet 1995 : de PASLEK à TORUN (218 km)
Journée
un peu décevante : d’abord je n’ai pas mon
compte de sommeil, car j’ai mal calculé l’effet des arbres
sur notre toit et l’ombre matinale escomptée se trouve
nettement à côté du camion. Résultat : la température
devient insupportable dès 7:30... Nous traînons cependant
un long moment, occupés à divers "cossins" : lavage, dans
la rivière sous le pont, du tapis de sol taché par l’huile
de vidange, début de confection de la housse de matelas
dans un grand drap jaune apporté pour ce faire de
Montréal, film de l’environnement et du canal... J’attends vaguement le passage de la cale par l'un des bateaux reliant Elblag à Ostrada. Mais de bateau point, hormis ceux qui ont passé la nuit sous le pont à côté de nous et qui sont partis en aval de la cale vers 10:30, pleins de leur lot de touristes amenés par trois gros et bruyants autobus. |
Transfert de bateau à la cale de Jelenie sur lecanal d'Elblag |
Café chez Margaret, notre interprète empressée |
L’interprète
obligeante insiste pour que nous allions prendre un café
chez elle. Elle semble tout excitée à l’idée de nous
recevoir, appelle son père dans la petite épicerie dont il
est propriétaire puis se met en frais de nous préparer
café et gâteaux. Son père se joint à nous et une laborieuse conversation en anglais approximatif s’engage : Margaret nous montre d’abord sa photo avec le pape Jean-Paul II la saluant et lui caressant la joue, puis les livres et cahiers de son certificat d’anglais préparé à l’American Centre d’Olsztyn. Apparaissent ensuite les diplômes de théologie, car elle se prépare à enseigner la religion dans une petite école de la région... |
Nous expliquons un peu notre projet de voyage, le père glisse de temps à autre un mot traduit par sa fille. Après une heure et demie de papotage assez difficile à suivre car la dame est affligée d’un léger défaut de langage et semble très crispée (voire quelque peu hystérique...), tous deux insistent pour nous faire admirer une statue de la Vierge trônant dans le chœur de leur église. Nous résistons autant que nous pouvons, trouvant l’atmosphère oppressante, la chaleur de nos hôtes excessive et un rien malsaine mais finissons par nous rendre... Petite balade qui nous fait quitter leur maison au décor désuet, genre Galeries Barbès, mais confortablement équipée (TV moderne et magnétoscope dernier cri, antenne satellite, téléphone tant à la maison qu’au magasin...). | Notre interprète et son père dans leur épicerie |
Margaret très fâchée et excitée à la fois veut aller chercher le prêtre pour lui faire lever le panneau. Nous tentons en vain de l’en dissuader mais elle passe outre. Heureusement elle revient bredouille quelques instants plus tard, la cure étant vide... Nous réussissons alors à convaincre nos hôtes un peu intrusifs que des amis nous attendent à Torun pour le souper et que nous devons nous hâter de partir. A regret ils nous accompagnent jusqu’à notre Aigle, en passant par la petite épicerie style 1950 du monsieur qui tient à nous donner un sac de café, deux jus de légume, une tablette de chocolat, deux pommes et un petit sac de cornichons marinés maison. En retour nous leur remettons une bouteille de rosé de Provence et une boîte de terrine bretonne, histoire de leur faire goûter deux spécialités françaises fort différentes de l’ordinaire polonais. Nous repartons enfin, mais ils est passé 17:30 et le musée Copernic de Torun est fermé depuis belle lurette ! Nous sommes d’autant plus en retard qu’il faut faire demi-tour après quelques kilomètres, Monique ayant oublié la carte sur le comptoir de l’épicerie au moment de faire la photo d’adieu...
La route excellente file ensuite dans la campagne aux couleurs avivées par le soleil doré de fin d’après-midi. Détour vers Golub-Dobrzyn pour admirer un ancien château des Chevaliers Teutoniques bâti à la limite sud de leur domaine. Le gros massif gothique carré en briques est surmonté d’un dernier étage Renaissance crépi blanc qui lui fait comme une couronne. Quelques photos exposées dans la jolie cour intérieure à galerie montrent l’état de ruine dans lequel la dernière guerre avait laissé ses murs. Deux façades sont encore couvertes de hauts échafaudages de bois montés pour parachever leur réfection. | Golub-Dobrzyn : le château des Chevaliers Teutoniques |
En revanche la cave voûtée transformée en
taverne est superbe. Depuis la terrasse jouxtant les vieux murs,
belle vue sur la petite ville presque entièrement reconstruite
et sur la riche campagne environnante.
Nous rattrapons la route de Torun et, après 35
km, arrivons dans cette grande ville (205 000 habitants). Après
d’interminables cités dortoirs aux grands blocs de béton hideux,
une longue avenue défoncée où zigzaguent les rails des tramways
nous mène près de la vieille ville. Sur la Rynek Nowomiejski
(Place de la Ville Neuve), un reste tardif de marché me permet
d’acheter enfin la laitue introuvable depuis trois jours. Une
famille de français voyageant dans un petit Transporter VW nous
aborde alors : échange de vues sur le pays, sur les attractions,
les risques du stationnement et du "camping sauvage" dans ce
beau pays. Pour finir nous fuyons le centre-ville trop bruyant,
longeons les remparts dans le crépuscule et allons installer nos
pénates dans un quartier résidentiel de l’autre côté de la
Vistule.
Mercredi 26 juillet 1995 : de TORUN à OPOROW (172 km)
Réveil dès minuit et demi par la police : le stationnement nocturne est interdit dans les rues de Torun (comme à Outremont jusqu’à il y a peu...) et les camping-cars étrangers ne font pas exception à la règle. Par signes plus qu’autrement puisqu’il ne parle que le polonais, le policier me fait comprendre que je dois me diriger vers le terrain de camping.
L’entrée est libre à cette heure avancée, nous nous arrêtons sur le premier emplacement venu, quitte à régulariser notre situation demain matin. Situé entre la grande route de Gdansk à Varsovie et le chemin de fer, ce terrain n’est pas spécialement silencieux... Maintenant libre de tout souci de sécurité, j’utilise mes bouchons auriculaires et dors tout d’une traite jusqu’à 8:30.
Le vieux Torun depuis le pont sur la Vistule |
L’ombre abondante des grands arbres nous préserve du soleil, la température est douce aujourd’hui encore, nous prenons donc notre temps avant de lever le camp. Monique profite de l’eau des installations sanitaires pour laver son petit linge qu’elle étend ensuite sur une ficelle tendue entre un arbre et l’échelle arrière de l’Aigle. Pendant ce temps, je branche le boyau et la brosse sur le point d’eau voisin de notre site et décape la carrosserie de la couche gris-brun uniforme qui la recouvre de plus en plus. Je poursuis par le passage de l’aspirateur sur les tapis et rembourrages si bien qu’il est presque 11:00 lorsque nous nous engageons à pied sur le long pont métallique qui franchit la Vistule. Son tablier rouillé relie la rive gauche, où se trouve notre Aigle laissé dans le camping, à la rive droite dominée par les remparts de la vieille ville. |
Mais sa visite en sera un peu décevante, dans la mesure où il reste assez peu de maisons anciennes dans leur état d’origine. Beaucoup ont été "modernisées" en perdant leur décor Renaissance ou rococo, ou bien leur pignon en escalier a été remplacé par un étage droit supplémentaire. Les crépis, sauf exception, sont très sales, tout comme la brique des églises et de l’Ancien Hôtel de Ville sur la rynek. Impression de vétusté et de crasse qui heurte notre goût pour les antiquités typiques, esthétiques et bien mises en valeur |
Torun : le château des Chevaliers
teutoniques
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Torun : église avec à son pied la statue de
Kopernik
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Torun : la porte donnant sur le pont sur la Wistla (Vistule) |
Nous franchissons le reste - symbolique - de rempart côté sud-ouest pour nous engager dans la rue Kopernica qui nous donne un avant-goût des impressions rapportées plus haut. |
Portrait de Kopernik |
Exception notable : les deux maisons accolées aux n°15 et 17 de cette rue dont les belles façades de briques agencées, soigneusement restaurées, abritent le Musée Kopernic. | Torun : les maisons gothiques |
Dans le Musée Kopernik les instruments utilisés par l'astronome |
Nous visitons le n°15 qui présente plusieurs pièces joliment décorées et meublées d’une maison bourgeoise du XVème siècle. Elle appartenait à un marchand de la Hanse et l’on y retrouve le même style de meubles que ceux aperçus dans le bryggen de Bergen. Malheureusement la maison n°17, maison natale de Copernic où l’on expose des copies de ses instruments et toutes sortes de curiosités se rapportant au grand homme, n’ouvrira ses portes qu’à 14:30. |
Nous poursuivons donc notre balade vers l’église St-Jean. Bien que la grande bâtisse de brique soit sale et sans grand caractère, son intérieur blanchi à la chaux frappe cependant par sa hauteur et son ampleur. Quelques traces de fresques médiévales, les fonts baptismaux sur lesquels fut porté Copernic, une profusion d’autels baroquisant et un riche triptyque doré en sont les principaux points d’attrait. | Torun : l'église Saint-Jean |
Torun : porte Brama Zeglanska |
Un peu plus bas dans la rue, la belle façade baroque du Palais Épiscopal, tout en hauteur, a été soigneusement rénovée. Nous sortons des remparts par la Porte des Matelots, suivons le quai fleuri qui s’étend entre la vaste étendue de la Vistule et les remparts de brique sombre, pour entrer de nouveau dans la vieille ville par le Porte du Monastère. |
Nous gagnons alors Ul Rozana, sans doute l’artère la plus caractéristique de la ville, qui donne sur la Place du Marché. Au bord de son pavé animé se succèdent les vénérables façades, dont plusieurs en assez bon état. L’espace central, occupé par l’Ancien Hôtel de Ville en briques presque noires, abrite le musée régional. | Torun : Ul Szerk (Grande Rue) |
De retour sur la place grouillante de chalands, autour de la statue de Copernic aux pieds duquel se tient un marché aux fleurs coloré, nous traînons un peu. Puis nous passons devant la riche façade de la Maison sous l’Étoile au décor foisonnant sans avoir le courage d’en visiter l’intérieur. En revanche notre curiosité est éveillée par un magasin d’appareils ménagers : ceux-ci paraissent modernes et bien conçus mais leurs prix sont un peu plus élevés qu’à Montréal. | Torun : l'église Notre-Dame |
Petite épicerie polonaise typique |
Un peu las des vieux murs décrépis et
de cette atmosphère urbaine sale et vétuste, nous
rentrons tranquillement au camping en faisant quelques
courses d’alimentation. Ici pas de grandes surfaces mais
de nombreuses petites épiceries comme on en voyait dans
notre enfance. Si on y vend un peu de tout,
le choix et la variété des produits demeurent très
limités : quelques conserves, pas de plats préparés, peu
de fruits et légumes. Dernier coup d’œil sur l’ensemble
de la vieille ville en repassant le pont. Nous reprenons notre Aigle au camping, payons une note de 32 zlotys (22 $) très inhabituelle et élevée pour des adeptes du camping sauvage comme nous, et reprenons la route du sud vers 14:30. |
Nous nous enfonçons ensuite à l’intérieur du
pays par de jolies routes de campagne qui nous amènent, vers
19:30, au bord de l’étang d’Oporów, juste sous le château caché
dans son parc. Nous nous installons près de l’eau, entourés de
quelques pêcheurs à la ligne. Souper, un peu de couture pour
Monique et d’écriture pour moi, et coucher dans le plus grand
calme vers 22:00.
Jeudi 27 juillet 1995 : d’OPOROW à NIEBOROW
(158 km)
Tout dort tranquillement au bord de notre étang, seul le soleil arrive à nous tirer du lit vers 8:30. Nous traînons un peu puisque le château musée voisin ouvre seulement à 10:00, nous déplaçant à l’ombre avant d’aller stationner juste à l’entrée du parc. Celui-ci, assez bien dessiné, montre cependant le laisser-aller habituel aux jardins polonais découverts jusqu’ici : sous-bois mal dégagé ou envahi par les orties, gazon à peine fauché, arbres plus ou moins élagués encombrés de branches mortes, pièces d’eau vaseuses et envahies par les lentilles d’eau...
En revanche le petit château de brique a été joliment restauré, à commencer par ses murs de briques rouges plongeant dans l’eau de ses douves. Il a en effet été érigé vers 1440 sur une île entourée d’une rivière. Le décor et les meubles haute époque qui habillent ses différentes pièces n’est pas en reste. Bref une agréable visite qui s’achève par un tour sur le mur fortifié encadrant la cour arrière. |
Oporow : dessin du petit château XVème
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Nous reprenons la route de campagne pour gagner
Łódź (Lodz). C’est une grosse ville industrielle assez sale
qui a conservé beaucoup de vieux immeubles XIXème,
mais rares sont ceux qui présentent quelque intérêt, et moins
nombreux encore ceux que l’on a restaurés. En fait nous sommes
venus voir deux maisons Art Nouveau recommandées par le guide.
Nous commençons par la villa
Kindermann datant de 1903.
Villa Kindermann,
côté rue
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Elle se trouve en plein centre ville, sur une Ul (rue) Wolczanska noirâtre et polluée par une circulation bruyante, pétaradante et fumante. Malgré ce noircissement général, la façade charme au premier coup d’œil : lignes asymétriques favorisant les courbes, généreux décor végétal... |
Villa Kindermann
côté jardin
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Porche de la Villa Kindermann à Lodz |
Villa Kindermann : fenêtre du salon au piano |
Villa Kindermann : paratonnerre |
Lodz : escalier de la Villa Kindermann (1903) |
Lodz : : vitrail de l'escalier
de la maison Kindermann
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L’alcôve au piano |
Villa Kindermann : vitrail de l’alcôve au piano |
Maison Kindermann : lustre du Grand Salon |
Maison Kindermann : décor d'angle dans le grand salon |
Lodz : le Palais Herbst depuis le jardin |
Nous traversons ensuite le centre ville, bruyant et pollué, pour gagner le «palais» de la famille Herbst dont la construction date de 1875. A deux pas des usines qui avaient fait sa fortune, ce baron de l’industrie textile a fait construire une luxueuse résidence dont la dimension, la richesse et le raffinement nous laissent ébahis, d’autant plus que la restauration et la conservation de cette demeure musée sont parfaites |
Seul hic : il est interdit d’y filmer ou d’y photographier quoi que ce soit... Grands salons dorés, meubles somptueux, accessoires raffinés, immense salle de bal, jardin bien dessiné (mais un peu négligé...), la visite de cette demeure «Fin de siècle» vaut le déplacement, et Monique qui apprécie ce style est comblée. | Lodz : Palais de la
famille Herbst depuis la jardin
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Lodz : Palais de la famille Herbst : salon des Glaces |
Lodz : Palais de la famille Herbst : bureau du maître de maison |
Lodz : Palais de la famille Herbst : bibliothèque |
Lodz : Palais de la famille Herbst : boudoir de Madame |
Lodz - Palais Herbst : salon de musique et son piano |
Lodz - Palais Herbst : billard |
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Arkadia : le plan d'eau au centre du jardin |
Ses allées bien dessinées sous ses grands arbres et autour de quelques "fabriques" demeurant de la création initiale nous valent cependant quelques beaux points de vue. Voilà une fort agréable balade dans une nature certes domestiquée mais qui conserve quand même beaucoup de spontanéité et de charme romantique. | Arkadia : l'aqueduc romain |
Arkadia : l'aqueduc romain |
Arkadia : le sanctuaire du Grand Prêtre |
Arkadia : niche dans le sanctuaire du Grand Prêtre |
Arkadia : niche funéraire et fontaine avec chimère |
Arkadia : l'aqueduc romain |
Arkadia : le Temple de Diane depuis le lac |
Nous gagnons ensuite le village voisin de Nieborow fameux pour son château et son parc ayant appartenu lui aussi à la famille Radziwill. Évidemment le château ne se visite plus à cette heure (17:30), mais je me lance quand même dans l’exploration du grand jardin : quelques parties plus formelles, à la française, ont gardé un reste de leur gloire, en revanche le vaste parc anglais qui forme la périphérie et le fond de la propriété devient rapidement de plus en plus sauvage, avec les mêmes caractéristiques décrites plus haut. Le plan général est cependant très agréable, particulièrement grâce à l’utilisation astucieuse des pièces d’eau, et mon heure et demie de balade ne me semble pas du tout ennuyeuse. | Façade du château de Nieborow |
De façon inattendue, notre petit chemin était assez fréquenté, d’abord par des jeunes à vélo ou par des familles en voiture se succédant pour arroser les fleurs du cimetière, munis de leur arrosoir, puis le lendemain matin par quatre hommes en tracteur venus construire un caveau. Impossible donc de dormir tard comme escompté, ni de faire le plein d’eau sur le robinet local...
Nous sommes devant les grilles du parc à 10:00
tapant, mais la préposée n’arrive que 20 minutes plus tard,
après qu’un garde nonchalant soit allé aux nouvelles.
Nieborow : angelot décorant le haut de l'escalier |
L’intérieur du château a grande allure car il abrite une superbe collection de meubles et tableaux anciens. Même s’ils ne sont pas toujours assemblés avec le goût le plus raffiné, les grandes pièces aux boiseries cirées surmontées de reliefs de stuc constituent un cadre de haute tenue. |
Enfilades de salons, tapisseries de soie, lustres de bronze ou de cristal, tapis persans... J’apprécie beaucoup le luxe éclectique de l’ensemble, tandis que Monique lui trouve un air trop pompeux et dit lui préférer les demeures de plus modestes dimensions. | Nieborow : la Grand salon et la chapelle |
Nieborow : le salon doré |
Nieborow : le salon Czerwony |
La plaine est peu variée avec son interminable suite de champs de céréales piquetés de bouquets d’arbres. |
La campagne aux alentours de Zelazowa Wola |
Prochain arrêt : Zelazowa Wola, la maisons natale de Frédéric Chopin. Au bord du grand parking payant s’alignent les boutiques de souvenirs insignifiants (des poupées russes emboîtables aux CD chopinesques interprétés par des Polonais inconnus...) sans compter les bustes, masques mortuaires et moulages des mains de l’illustre musicien. |
De la petite maison reconstituée, peu à retenir à part quelques meubles et instruments évoquant le mode de vie en Pologne à l’époque de la jeunesse de l’artiste. | Jean-Paul sort de la maison natale de Frederic Chopin à Zelazowa Wola |
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En revanche le parc agréable aménagé alentour nous offre une promenade rafraîchissante sous ses grands arbres et près de sa rivière paresseuse, avant que nous reprenions la grande route chauffée à blanc par le soleil de midi en direction de Warsaw (Varsovie). |
D’interminables faubourgs plantés d’immeubles collectifs massifs annoncent la grande ville. Beaucoup de façades décrépies, des routes et voies d’accès mal entretenues, des magasins peu reluisants au pied de ces énormes blocs disent assez le faible niveau de vie des Varsoviens dans les années précédentes. | Au centre de la Warsawa moderne, la tour LOT du Lim Center |
Complexité de la circulation, rareté des indications et difficulté à déchiffrer les rares panneaux de rue dans une langue peu familière font que nous nous retrouvons bientôt sur la voie rapide puis sur le pont franchissant la Vistule... Après quelques jurons bien sentis et plusieurs manœuvres assez peu orthodoxes, nous faisons demi-tour, repassons sur la rive gauche par l’autre pont et finissons par arriver sous les remparts de la vieille ville où nous stationnons dans un parc gardé, à deux pas du Palais Royal.
Warszawa : Plac Zarrkowy |
Nous sommes tout de suite charmés par la chaleureuse ambiance des vieilles rues tortueuses bordées de façades colorées dont le guide nous assure pourtant qu’elles ont été intégralement reconstituées, la ville n’étant plus qu’un champ de ruines en 1944. Coup d’œil à la cour du palais que nous comptons visiter dimanche, parcours de la rue Swieçtojaniska dont Monique explore tous les magasins d’ambre pendant que je filme les contours de la rue, les détails de ses façades, l’ambiance affairée qui anime tout son décor. |
Nous atteignons la Rynek Starego Miasta (Place de la Vieille Ville). Son pavé est envahi par des centaines de touristes qui admirent ses façades colorées Renaissance ou baroques, sont attablés aux terrasses des cafés où ils dégustent glaces et rafraîchissements (il fait très chaud aujourd’hui) ou musardent aux devantures des nombreuses boutiques de souvenirs, d’antiquités, de libraires, etc. On retrouve ici une ambiance identique à celle de la Grande Place de Bruxelles, même si le décor est plus modeste et si Monique trouve qu’il manque d’authenticité depuis qu’elle sait que tout a été reconstruit après la dernière guerre. |
Warszawa : la Rynek
Starego Miasta (Place de la Vieille Ville)
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La Sirène de Warszawa, emblème de la ville |
Poussant jusqu’à la Barbacane qui ferme le demi-cercle des remparts de brique, nous allons jusqu’à leur extrémité nord pour apercevoir la statue de la sirène, emblème de la cité. |
Puis nous retournons sur la Grande Place et nous faufilons par les petites rues derrière la cathédrale, le long de la galerie qui reliait le château au sanctuaire et par laquelle le roi venait assister à la messe. Bel Hôtel des Mariages logé dans un ancien palais aristocratique. |
Calèche attendant sur la Rynek
Starego Miasta (Place de la Vieille Ville)
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Calèche attendant sur la Rynek
Starego Miasta (Place de la Vieille Ville)
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Rynek Starego Miasta (Place
de la Vieille Ville)
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Nous décidons alors de gagner en grande
banlieue Wilanow où nous visiterons demain le palais d’été du
roi Jan Sobieski (1677). Route facile et rapide, pique-nique au
bord d’un bel étang sauvage où pullulent les moustiques, et
finalement bivouac sur la modeste rue de l’Europe, dans un
terrain vague près d’une maison en construction.
Samedi 29 juillet 1995 : de WILANOW à PODLEZ (119 km)
Malgré
les aboiements de chiens qui jappent jusque vers 23:00, la
nuit s’avère assez tranquille, mais le soleil qui
réchauffe la capucine dès 7:30 nous réveille tôt. Nous
rallions le stationnement devant le château pour la
toilette et le déjeuner avant d’attaquer la visite du
grand palais entouré de son parc. La visite guidée obligatoire nous mène d’abord dans les entresols où l’on expose toute une galerie de portraits polonais par laquelle on prétend, en plus de nous fournir des références historiques, nous initier à l’évolution de l’art du portrait au pays... Autant dire que nous lui prêtons peu d’intérêt, d'autant plus que nous ne comprenons pas grand chose aux savants commentaires de la guide, et qu’une surveillance attentive nous empêche rigoureusement de filmer quoi que ce soit. |
La visite ultérieure des appartements d’apparat au rez-de-chaussée est un peu plus impressionnante par la qualité des mobiliers et la richesse des décors mais trop de dorure et d’emphase (à notre goût) finissent par nous lasser. | Wilanow : Salle
Crimson (aile nord)
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Wilanow : Salle des Miroirs de la Reine : L'Aurore |
Wilanow : portrait de Stanislaw Potocki |
Wilanow : antichambre du Roi |
Wilanow : Chambre du Roi |
Wilanow : cabinet chinois du Roi |
Wilanow : bibliothèque du Roi |
Wilanow : salle de bain Lubomirska |
Wilanow : Grande Salle Crimson |
Jardin de Wilanow : médaillon du Roi Jean IV |
Jardin de Wilanow : médaillon de la Reine Marie Casimire |
Wilanow et ses parterres à l'italienne |
Nous préférons l’extérieur, bien que les jardins soignés à l'italienne (buis taillé, roses, charmilles...) laissent trop vite place à un parc à l’anglaise plutôt négligé (statues sales et brisées, sous-bois mal nettoyé colonisé par les moustiques, plan d’eau où croupit une eau verte et trouble, bassins vides et fontaines taries...). |
Wilanow : jardin baroque à l'italienne |
Wilanow : bassin à nénuphars - et à moustiques ! - dans le parc à l'anglaise |
Au total une belle excursion qui nous laisse cependant un peu sur notre faim : ce style de demeure ne vaut que par le raffinement qui s’y déploie et non par l’exposé répétitif de la richesse accumulée. Or ce n’est guère le cas ici : les souverains polonais ont rassemblé dans ces murs beaucoup de belles pièces collectionnées dans toute l’Europe, mais leur placement et leur agencement manque d’élégance et de subtilité, sans parler d’une certaine lourdeur parfois teutonne... | Grande façade de Wilanow
entourée de ses jardins à l'italienne
|
Il est 14:00 et la chaleur est accablante. Nous nous réfugions à l’ombre de l’un des rares arbres sur le stationnement d’un immeuble d’habitation tout proche et entamons nos victuailles. Puis nous décidons de parcourir un bout de la Voie Royale jusqu’au parc Lasienki. Défilent les grandes avenues bordées de beaux immeubles néo-classiques, le Palais Radziwill, la belle façade baroque de l’église des Visitandines, la forme circulaire originale de l’Église Évangélique du XVIIIème, le Palais Staszic, siège de la Société des Amis des Sciences, avec la statue de Nicolas Copernic songeant devant sa façade imposante. On aborde alors le rue Nowy Swiat bordée de maisons plus simples abritant boutiques, galeries, librairies, etc. Coup d’œil au grand immeuble trapu où se trouvait le siège du Parti communiste polonais; on l’a reconverti, oh ironie, en Bourse aux valeurs ! (Pauvre Marx et son Capital !). Puis nous pénétrons dans le quartier des ambassades et des ministères, quartier aéré aux larges avenues ornées d’élégants édifices. A notre gauche s’étend une très vaste parc : nous sommes devant Lasienki.
Je stationne près de la porte médiane, juste en face du monument dédié à Frédéric Chopin : au milieu des roses trône sa statue, abritée par un arbre de bronze dont les branches se ramifient en longs doigts effilés... Je n’apprécie guère l’art un peu torturé du sculpteur, mais Monique ne déteste pas... |
Parc Lasienki : Monument
à Frédéric Chopin
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Le petit lac du parc Lasienki en soirée |
Sous la voûte des grands arbres nous nous enfonçons dans les allées qui descendent d’abord jusqu’à l’Ancienne Orangerie. Elle abrite maintenant une collection de sculptures entremêlée de plantes grasses devinées à travers les hautes fenêtres fermées : étrange amalgame... Au-delà des parterres fleuris se devine la tour circulaire du Château d’eau dans le goût médiéval. Nous tombons ensuite sur la Maison Blanche, une structure carrée en bois et plâtre dont les quatre façades identiques ont gardé toute leur élégance XVIIIème mais qu’on ne peut plus visiter vu l’heure tardive. |
A quelques centaines de mètres de là
nous arrivons au fond du val occupé par le Palais sur
l’eau, une charmante folie élevée en 1776 par le roi
Stanislav August Poniatowski. Situées sur une île au
milieu d’un lac allongé, ses frises, ses sculptures et
ses colonnades dominent une terrasse se terminant par
des escaliers tombant dans l’eau.
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Le « Palais sur l'eau » du Parc Lasienki, façade nord |
Des centaines de Varsoviens s’y promènent, dans la chaude lumière du soir,. L’ambiance est gaie, élégante quoique sans apprêt (beaucoup d’enfants accompagnent leurs parents) et des plus agréables. A deux pas, sur la rive du lac, s’élèvent les gradins de l’Amphithéâtre imité de l’antique tandis que la scène entourée d’eau se trouve sur un îlot. | Warsawa, Parc Lasienki, Jean-Paul à l' entrée du Palais sur l'Eau |
Warsawa : façades baroques sur le Voie Royale... |
Après cette autre longue balade nous décidons de quitter Varsovie dès ce soir, mais après avoir de nouveau parcouru en voiture les beaux quartiers de la ville qui nous restent à découvrir. Nous empruntons une autre fois la Voie Royale, passons devant la structure colossale du Grand Théâtre véritablement sans élégance, arrêtons quelques instants pour filmer la belle courbe néoclassique de la colonnade et des ailes semi-circulaires du Palais du Primat. |
Retour par la pittoresque rue Ul Freta, puis sur Ul Dluga. Nous tombons alors sur le monument du Soulèvement de Varsovie, saisissant de mouvement et d’énergie jaillissante, juste en face du Palais Krasinski dont la grande silhouette baroque blanche se noie dans les dernières lueurs du crépuscule... | Monument au Soulèvement de Varsovie (1er août
1944)
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Dimanche 30 juillet 1995 : de PODLEZ à BARANÓW SANDOMIERSKI (355 km)
Nuit parfaitement paisible après que les chiens du voisinage se soient tus vers 22:00... C’est la cloche annonçant l’office dominical qui nous réveille à 8:00. Après la toilette et le petit déjeuner, nous entrons dans l’église en même temps que le curé qui vient confesser ses ouailles avant la messe de 9:00. Le décor tout simple mais impeccable de la petite église de campagne nous plonge dans quelques instants de méditation tandis qu’arrivent les paroissiens endimanchés, à pied, en vélo, puis quelques uns en voiture à bord de Mini-Fiat 500 fumantes et bruyantes, vieilles Lada ou Skoda pétaradantes...
Je remarque et filme, un peu ébahi, l’antique batteuse encore en fonction dans le champ en face de l’église, puis nous reprenons la route. Assez monotone, elle longe le cours de la Vistule que l’on n’aperçoit à peu près jamais car elle demeure cachée derrière la haute digue qui la maintient dans son lit. Les villages modestes voire pauvres défilent, souvent poussiéreux sous la canicule et la sécheresse qui rend plus léger encore le sol très sableux. |
Pauvre maisonnette rurale entourée de son jardinet clos |
Parc du Palais Czartoryski : belle futaie, mais moustiques voraces... |
Pulawy : Temple de
la Sibylle
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La longue et chaude route de campagne brûlée par le soleil se poursuit vers le sud. Partout on s’affaire à moissonner les céréales avec des machines agricoles comme on en voyait dans les campagnes françaises il y a 30 ou 40 ans. Les botteleuses passent après les moissonneuses pour ramasser la paille, et nous voyons même des charrettes tirées par un cheval sur lesquelles des paysans entassent à la fourche la moisson préalablement coupée à la faux et montée en gerbe. |
Dans les champs
moissonnés on ramasse les bottes de paille avec le
cheval
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Kazimierz Dolny : rynek de la ville au bord
de la Wisla
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Nous rattrapons la Vistule près de Kazimierz Dolny où le majestueux méandre du fleuve se déploie sous les ruines des murs du château et de la tour de guet. |
Deux beaux greniers à grain du XVIème ont été reconstruits au bord de l’eau, rappelant le rôle important de port étape fluvial joué autrefois par la petite cité. |
Kazimierz Dolny :
grenier à blé Renaissance
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Le stationnement est difficile dans ses petites rues pavées et fort encombrées qui sont devenues une excursion de choix pour les Varsoviens en ce beau dimanche ensoleillé. Nous escaladons d’abord le Mont des Trois Croix d’où l’on a une fort jolie vue sur la courbe de la Vistule et, à nos pieds, sur la petite cité groupée autour de sa rynek carrée. | Vue sur la Wisla et sur Kazimierz Dolny depuis la Colline des Troix Croix |
Maisons Renaissance à arcades sur la rynek de Kazimierz Dolny |
Je grimpe ensuite sur les remparts du château qui offrent un panorama plus large sur le fleuve, avant de rejoindre Monique dans la petite église au baroque familier mais dont l’orgue montre un buffet avancé assez inhabituel. C’est surtout la place du marché, avec ses vieilles maisons de marchands Renaissance, ses arcades et ses puits couverts qui vaut le coup d’œil. |
Le puits couvert et l'église sur la rynek de Kazimierz Dolny |
Il fait très chaud et le soleil tape presque verticalement : les marchands de glace font des affaires d’or tout comme les cafés dont les parasols rouges et blancs mangent presque le quart de la place. Après avoir bien joui du spectacle coloré et de l’ambiance animée, nous reprenons la route du sud. |
À Annapol nous traversons la Wisla (Vistule) pour un long détour de 150 km /aller-retour qui nous mène, dans des reliefs un peu plus accusés, vers les 600 m d’altitude du parc de Swietokrzyski. Déception : de là-haut, le panorama sur la campagne envahie à perte de vue par les champs de céréales est presque totalement masqué par les arbres, et les bâtiments du monastère sont d’une pauvreté architecturale navrante... |
Parc de Swietokrzyski :
vue depuis les restes du monastère
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Sandomierz : porte d'Opatow en soirée |
Nous avons le plaisir d’y découvrir une jolie petite ville ancienne, propre et bien entretenue autour de sa rynek. Des maisons simples mais anciennes entourent un bel hôtel de ville de structure gothique à décor Renaissance (attique). Nous traînons un peu sur le pavé de la place, nous rendons jusqu’à la Porte d’Opatow, admirant les façades fleuries et les vielles maisons à arcades tout en appréciant l’atmosphère paisible en cette soirée de dimanche. |
Nous reprenons enfin la route jusqu’à Baranow où je pense aller dormir au pied du château Renaissance. Il est effectivement joli, mais le quartier trop proche de la route nous semble peu favorable au bivouac. Nous nous installons donc sur un stationnement en plein centre du village, sur une rue en réfection où il ne passe presque personne. | Sandomierz : l'Hôtel de Ville Renaissance |
Lundi 31 juillet 1995 : de BARANÓW SANDOMIERSKI à BIRCZA (211 km)
Le temps continue d’être beau et chaud, aussi dois-je déplacer l’Aigle de quelques mètres au réveil à 7:30 pour prolonger un peu la nuit. Même si le musée installé dans le château de Baranow est fermé en ce lundi, on peut néanmoins pénétrer dans son parc, dans ses jardins et dans sa grande cour carrée. La propriété, confiée à la grosse entreprise qui gère les immenses mines de soufre toute proches, est pour une fois fort bien entretenue, les sous-bois sont élagués et les murs en parfait état. La façade de crépi peint, surmontée d’un attique en dentelle Renaissance et cantonnée de quatre grosses tours rondes à chaque angle, a grande allure. | Le château de Baranow au milieu de ses terres |
Grande cour Renaissance du château de Baranow |
Cependant c’est surtout la cour à double rangée d’arcades qui vaut le déplacement, avec ses plafonds de galeries peints d’armoiries, ses sculptures délicates et son grand escalier monumental. Sur le côté du château, la roseraie entourant un bassin moderne nous semble quelconque quoique agréable. Quant au reste du parc, il n’est pas aussi soigné ni réussi que ses homologues anglais, malgré quelques beaux arbres. |
Le grand escalier monumental de Baranow |
Monique dans le Grand Escalier |
En route vers Łancut, une maison rurale |
Les maisons paysannes sont seulement
plus ou moins riches, les plus anciennes bâties en bois,
les plus récentes en brique. Celles-ci sont plus
volumineuses et de plan plus sophistiqué que les
premières réduites à un étage, avec une porte centrale
entourée d'une ou deux fenêtres de chaque côté en avant,
et un petit jardin fleuri clos d’une barrière d’étroites
lattes verticales... |
En arrivant à Łancut (prononcer "Wanssute") vers 13:00, nous tournons un peu dans la petite ville animée pour trouver l’accès du palais magnifiquement entouré d’un parc cette fois-ci soigné. La grande entrée avec fleurs, pont orné de sculptures et grande perspective sur la noble façade est fort impressionnante. |
Entrée du château de Łancut |
Łancut : Cabinet des Glaces |
Malgré la fermeture du lundi, nous avons la chance de nous faufiler pour une visite guidée avec un groupe de Hollandais. Rarement avons-nous vu une telle enfilade de pièces spacieuses aussi luxueusement meublées. Le château a été habité jusqu’en 1942, aussi présente-t-il des styles variés et des aménagements confortables allant du XVIIème jusqu’à cette époque. |
Pour le reste, on ne sait ce qu'il faut admirer davantage : tentures de soie sur les murs, ensembles de fauteuils-chaises-canapés, tableaux, verres de Venise, lustres de cristal taillé, etc. | Łancut : Salle de billard |
Łancut : Galerie des Antiques |
Łancut : la véranda - salle de jeu |
Au sortir de la demeure, la vieille dame qui nous pilote nous entraîne à travers le parc vers les écuries et les garages. Nous n'y comptons pas moins d’une centaine de voitures à chevaux toutes marquées aux armes de la famille Potocki. Quelle richesse insolente quand on pense à la modestie des chaumières aperçues dans les campagnes environnantes ! | L'Orangerie de Łancut |
En quittant Łancut... dans la section convertie en hôtel de luxe |
Après un bon pique-nique (salade et saumon fumé de Norvège...) nous nous rendons ensuite à la poczta. Pour cette fois nous avons plus de chance que la semaine passée et réussissons à obtenir une ligne en P.C.V. après 15 minutes de palabres seulement, bien que et la téléphoniste et le service des communications internationales (!) ne parlent pas un mot de français ni même d’anglais ! Juliette à peine réveillée nous confirme que tout va bien à Montréal. Nous quittons alors Łancut en direction de Przemysl. |
Sur la plaine légèrement ondulée plombe le plein soleil de l’été. Partout autour de nous on s’affaire aux moissons. Il arrive même que l'on aperçoive en même temps 5 groupes de paysans travaillant dans différents champs, les uns passant la moissonneuse-batteuse, d’autres la botteleuse pour ramasser la paille, d’autres enfin chargeant les bottes sur des chariots parfois tirés par des chevaux... La petite route qui file par monts et par vaux est évidemment fréquemment encombrée par ces attelages placides quand ce n’est par les camions fumant ou les tracteurs tirant des plateaux à ridelles nappés d’une bâche et pleins de grain. Les courbes des parcelles découpent jusqu’à l’horizon les pentes douces ponctuées par le relief des bottes semées irrégulièrement dans les chaumes dorés. L’oeil et l’objectif de la caméra s’en mettent plein la vue... | L'Ukraine n'est pas loin... |
Cette concentration d’églises rassemblées en si peu d’espace, ainsi que leur état impeccable au milieu des murs lépreux qui les entourent, nous laissent songeurs quant à la puissance de l’Église et à l’utilisation des ressources publiques. À côté de cela, nous n’avons pas vu une seule piscine dans ce pays si chaud l’été et l’on voit un peu partout les jeunes se baigner dans des marigots aux eaux verdâtres et troubles, sans parler de la vétusté des autres infrastructures...
Dix kilomètres nous mènent ensuite à Krasiczyn où le château Renaissance annoncé est toujours en restauration, ce qui frustre un peu notre passion de beaux monuments : la tour est couverte d’échafaudages, la toiture exhibe sa charpente nue, les murs de la tour d’entrée sont décrépis et ses fenêtres béantes. Il reste vraiment encore trop à faire pour susciter actuellement l’admiration... Nous repartons rapidement et nous mettons à la recherche du bivouac de ce soir. La physionomie du pays change complètement puisque nous montons beaucoup au milieu de forêts de résineux. L’air se refroidit, les maisons prennent des airs de chalets alpestres. Nous finissons par jeter notre dévolu sur le stationnement du cimetière de Birczna qui offre un vaste espace désert à l’ombre et à l’écart de la route. Vaisselle, souper, douche, écriture du courrier puis du journal à la fraîcheur et au calme.
Encore une nuit paisible sur ce grand parking vide où ne
passent que quelques enfants curieux et leurs parents apportant
eau et fleurs au cimetière. Au calme et à l’ombre fraîche des
bouleaux nous dormons tard, jusque vers 9:30 ! Après la douche
et le déjeuner, la jolie route de montagnette nous offre des
paysages quasi vosgiens : pentes et dômes assez doux, route
forestière entrecoupée d’épingles à cheveux qu’il faut gravir en
3ème ou en 2ème
puis descendre le pied sur le frein...
La petite ville de Sanok nous semble assez quelconque, mais son château - en restauration à long terme comme souvent ici - abrite une extraordinaire collection d’icônes des XVIIème et XVIIème siècles dont je filme longuement les plus belles pièces. | Mandylion (Saint Suaire) datant de 1644 |
Musée des icônes de Sanok : Madone à l'Enfant (Hogiditria) |
Certaines, très grandes, comprennent une scène principale au centre (Crucifixion, portrait en pied d’un saint, Madone à l’Enfant, Christ Pantocrator...) et toute une série de tableautins anecdotiques alentour racontant la vie du personnage. | Musée des icônes de Sanok : Christ Pantocrator |
Musée des icônes de Sanok : Saint Basile |
Musée des icônes de Sanok : Saint Antoine et St ? |
D’autres présentent de remarquables
portraits de saints ou des scènes des Écritures
(Adoration des Mages, Saints Patrons...) de très belle
facture, aux traits fins sur fond délicatement doré,
avec parfois des arrière-plans davantage médiévaux ou
italianisants qu’orientaux. Voilà la plus belle
collection d’icônes que nous ayons jamais vue, avec
celle du musée national de Belgrade qui nous avait
elle aussi beaucoup impressionnés. |
Musée des icônes de Sanok : Saint Siméon le Stylite |
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Nous quittons emballés le vieux et pitoyable mais combien riche musée historique de Sanok pour aller parcourir ensuite son fameux skansen (musée ethnographique de plein air) |
Logé de l’autre côté
de la rivière, ce parc ethnographique où l’on a
rassemblé un grand nombre de vieux bâtiments ruraux
provenant de cette région de la Pologne semble très
alléchant au premier abord : prix minime (2
zlotys/personne), documentation très complète (en
français !), grand parc arboré isolant bien les
différentes sections...
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Dans le skansen de Sanok, le chemin menant à l'église au milieu des chaumières |
Skansen de Sanok : maison Moszczenica (1860) |
Malheureusement les allées et les boisés sont fort mal entretenus, le livret et son plan sont de peu d’utilité faute d’un système de repérage efficace et d’un itinéraire bien planifié, et surtout la plupart des maisons sont fermées. |
Seuls quelques édifices bien remeublés (quoique pauvrement, comme à l’origine) possèdent de grosses grilles de bois à travers lesquelles, en se tordant un peu le cou ou en glissant l’objectif de la caméra entre les barreaux, j’arrive à prendre connaissance du contenu.
Les
constructions sont intéressantes et révèlent le grand
dénuement dans lequel vivaient les paysans jusqu’à il y
a peu. |
Skansen de
Sanok : maison paysanne
|
Skansen de Sanok : église de Bacsal Dolny (1667) |
En revanche les églises de bois, en matériaux simples mais habilement assemblés, présentent un luxueux mobilier peint et doré. |
Skansen de Sanok : l'église gréco-catholique (1731) |
... et son iconostase traditionnelle |
De son côté, le presbytère possède un volume, une disposition et un nombre de pièces, sans parler des meubles, à peu près conformes aux normes actuelles. Après les châteaux luxueux visités ces derniers jours, on voit où allaient l’argent et les ressources du peuple... | Skansen de Sanok
: intérieur de la maison de l'instituteur (1900)
|
Skansen de Sanok : maison paysanne, puits à balancier |
Skansen de Sanok : paysanne en costume traditionnel |
Dans le Skansen (Musée ethnographique) de Sanok : chaumière de Rzepiennik (1866) |
Au bout de cette bonne marche au soleil jalonnée de points d’intérêts variés, en pleine nature et dans une solitude presque absolue (est-ce le mauvais état et l’incomplétude du skansen qui n’attirent pas les amateurs, ou est-ce sa faible fréquentation qui limite les ressources et le développement du site ?), nous repartons à la découverte des Bieszczady. |
La route très accidentée ménage de très agréables panoramas jusqu’à Lesko. Peu à dire de la petite ville endormie où nous nous contentons d’aller contempler la belle façade XVIIème de la synagogue : une fine tour ronde à toit pointu flanque un pignon en escalier curviligne. La grande salle de prière est fermée mais une petite pièce en avant contient un émouvant mémorial photographique consacré à la communauté juive de Lesko anéantie par les nazis. J’en prends quelques vues puis nous faisons un petit tour dans l’ancien cimetière israélite voisin. |
Synagogue XVIIIème de Lesko |
Le cimetières israélite désafecté de Lesko |
Sur une petite colline envahie par des grands arbres sont dispersées des stèles de pierre renversées, à demi enterrées ou brisées et couvertes de signes hébreux. Elles créent un décor fort mélancolique, très "civilisation disparue" (et on sait dans quel contexte horrible quand il s’agit des juifs polonais...). Impressionnés par le grand silence à deux pas de la ville et par l’état d’abandon des lieux, nous regagnons notre Aigle pour continuer notre itinéraire à travers les collines boisées. |
Jean-Paul devant le lac réservoir de Solinskie |
Nous décidons d’emprunter la route qui longe le réservoir Solinskie, un grand lac de barrage sur lequel les virages de notre itinéraire offre quelques points de vue remarquables que nous nous empressons de photographier ou vidéographier. |
Beaucoup de randonneurs et de touristes en villégiature, aucun lieu propice au bivouac sauvage (partout ce ne sont qu’hôtels ou terrains de camping), aussi décidons-nous de passer la nuit dans un "bivwak", soit une prairie au bord du lac sommairement aménagée mais au coût également minime de 4,80 zlotys (3 $!). Soirée tranquille où Monique lie conversation avec deux américains de Los Angeles qui ont tout vendu (voitures, maison, etc.) et vivent de leurs placements en voyageant tranquillement en Europe à bord de leur petit Westphalia... |
Point de vue sur le Réservoir Solinskie en début de soirée |
Mercredi 2 août 1995 : de CHREWT à
SIEDLISKA (vallée de la BIAKA) (307 km)
L’altitude et l’air des montagnes apportent la fraîcheur, le lac la rosée... Nous dormons très bien et sommes en pleine forme pour quitter notre camping dès 8:15, après quelques paroles d’adieu à nos sympathiques - et enviés ! - Américains qui descendent vers la Hongrie puis l’Italie pour l’hiver.
La route sinueuse
offre encore quelques beaux et larges points de vue
sur les diverticules du lac avant de s’enfoncer dans
les montagnettes couvertes de forêts qui font un peu
penser à la Forêt Noire.
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Le réservoir Solinskie et son barrage |
La petite route sinueuse s'enfonce dans les Bieszczady |
Épingles à cheveux et grimpées de cols réduisent notre train à pas grand chose, mais les vues élargies sur les campagnes environnantes comme sur les pentes couvertes de grands arbres aux douces nuances de vert, voire sur les profonds sous-bois au-delà des bermes, agrémentent continuellement notre parcours. Nous remontons un moment le cours de la rivière San, de plus en plus caillouteuse et étroite, qu’assiègent des pêcheurs régulièrement répartis le long de ses berges, sans trop de succès semble-t-il. |
Puis
nous nous engageons sur de toutes petites routes à la
surface très irrégulière, quoique toujours asphaltée,
pour aller admirer quelques églises de bois typiques
de la région. Elle était occupée jusqu’en 1939 par
deux peuplades particulières, les Boyks et les Lemks,
mais ces derniers ont pratiquement disparu suite aux
massacres et aux déportations. Demeurent cependant
plusieurs de leurs églises, de style orthodoxe, plus
ou moins en ruines. Nous commençons par celle de Krempna que nous avons un peu de difficulté à trouver au fond du village, lui-même au bout d’une mauvaise route qui nous semble interminable. Ses trois sections entièrement en bois sont coiffées de charmants clochetons en bulbe de zinc. A travers la grille, derrière la porte grande ouverte, on aperçoit l’ancienne iconostase couverte d’icônes vivement colorées. Leur or reluit dans la pénombre puisque seules deux petites fenêtres jettent une lueur ténue sur les murs de bois brut. |
L'église de Krempna |
Ferme traditionnelle dans la campagne polonaise |
Impression de solennité et de richesse quelque peu ostentatoire dans ce cadre éminemment rural, comme le confirme la vieille ferme à quelques mètres de là. Ses murs de madriers empilés, son toit pentu, ses petites fenêtres et son enclos fleuri sont tout semblables à ceux des maisons paysannes typiques exposées au skansen de Sanok : même simplicité (aucun décor ajouté ou plaqué), même pauvreté (W.C. dans un cabane de planches au bord de la rue, animaux et maison d’habitation sous le même toit, volailles traînant dans la cour...), et même souci de propreté (murs parfaitement blanchis à la chaux) dans la crasse ambiante. |
Nous poursuivons notre excursion "ecclésiale" par la cerkiew de Koptan, cachée sur une route de traverse à plus d’un kilomètre du centre du hameau et vers laquelle nous guide, au pas tranquille de son cheval, un grand adolescent sur sa faucheuse. | La cerkiew (église en bois) de Czertez |
La cerkiew de Koptan |
Croix dans le cimetière de la cerkiew de Koptan |
Swiatkowa-Wielka : l'église gréco-latine |
La Cerkiew de Bystre |
Nous passons rapidement Gorlice dont le centre et la rynek elle-même présentent peu d’attrait, et sous une averse - la première en trois semaines ! - nous nous enfilons dans la vallée de la Biala. La route semble davantage suivre le trajet du chemin de fer que celui de la rivière puisqu’elle franchit sans cesse les rails par de méchants passages à niveau et qu’on aperçoit à peine l’eau. Fatigués par notre longue et mauvaise route, nous allons installer notre bivouac juste devant l’église de Siedliska où s’achève un office chanté, sous les haut-parleurs retransmettant à l’extérieur les cantiques d’une justesse très approximative. Souper tôt (19:00) puis coucher à 21:30.