Nuit silencieuse, à part le bruit des vagues déferlant sur le sable… Au matin j'assiste au lever sur soleil sur la mer, spectacle toujours fascinant, avant de déjeuner et de me préparer au départ sous un ciel qui s'ennuage progressivement. Commençant par passer à l'Office du Tourisme au cœur de la petite ville je le trouve fermé pour la semaine… | Aléria : bivouac à l'aube devant la plage de Padulane |
Aléria : les montagnes, la plaine et le Tavignano depuis le Fort Matra |
Heureusement un passant m'indique où se trouve la ville antique et son musée que je gagne immédiatement. Elle était située sur une éminence dominant la plaine où se déplient les méandres du Tavignano. Celui-ci s'est maintenant bien assagi après sa descente de la montagne où il a ramassé tous les sédiments comblant son estuaire; autrefois marécageux et insalubre, il est maintenant riche zone de cultures. |
Le petit musée archéologique a été installé dans le Fort Matra, du nom d'une famille qui contrôlait la région pour le compte de la République de Gêne fin XVe. Très bien restauré, il abrite les collections résultent des fouilles qui, depuis les années 1950, ont été poursuivies sur le site de l'antique Alalia phocéenne, puis de l'Aléria étrusque, punique et romaine. | ue Aléria : Fort Matra |
Aléria : les montagnes, la plaine et le Tavignano depuis Fort Matra |
Aléria, Fort Matra : tête monumentale de Persée par Christophe Charbonnel (2012) |
Pendentif étrusque représentant Bès (Ve av. n.è.) et coupe punique avec pentagramme atropaïque (IVe av. n.è.) |
Les petites pièces du fort accueillent de nombreuses vitrines qui mettent en valeurs les trouvailles évoquant les occupants successifs du site et de la Corse. Si les étiquetages ne sont pas encore tous complétés, en revanche la présentation est parfaite. Les objets (vases, bijoux, miroirs, armes, ustensiles de cuisine, etc. ) fort bien restaurés, disposés et éclairés, accompagnés de quelques belles vidéos sur le déroulement des dernières fouilles, me retiendront près de 2 heures… |
La
tombe à chambre de Lamaghjone C'est un vaste chantier d'archéologie préventive qui donna lieu, en 2018, à la découverte d'une importante nécropole romaine proche de la ville antique d’Aléria. Particularité notable, une tombe à chambre étrusque du IVe siècle avant notre ère regroupait autour d'elle ces inhumations plus récentes. Creusée directement dans le substrat, elle présente un long couloir auquel quelques marches donnent accès pour conduire à une chambre funéraire ovoïde. Dernière demeure d’une femme, vraisemblablement de rang social élevé, elle regroupait l'ensemble des mobiliers qui devait accompagner dans l'Au-delà la défunte, allongée sur le dos, tête à l'est. Un cortège de vaisselle d'apparat (œnochoés, kernoi, épichysis, coupes) était accompagné d’un amoncellement d'assiettes plus ordinaires dans lesquelles avaient été déposées des offrandes alimentaires. Caractéristiques des tombes féminines, des ustensiles de toilettes (vases à parfum, miroirs), des bagues et une paire de boucles d'oreille en or complétaient cet ensemble. (Notice) |
Paire de boucles d'oreilles in-situ |
Aléria : Musée archéologique : buste de Jupiter-Hammon |
Aléria, Musée archéologique : amulette phallique |
Buste de Jupiter-Ammon
Marbre taillé, 19 x 11,3 x 7,2 cm Musée d'Archéologie d'Aléria. Découvert au cours des
fouilles de l'amphithéâtre, un petit buste d'homme
mûr et barbu de la fin du Ier siècle ou du début
du IIe siècle de notre ère, possède une tête
ceinte d’un bourrelet duquel sortent deux cornes
de bélier s'enroulant autour d'une oreille
animale. La pièce, intégralement conservée, a été
taillée sur un socle et le traitement de la partie
dorsale, plate, indique que la statuette se
trouvait placée en proximité d'un mur. Il s’agit
du dieu oraculaire Jupiter Ammon, dont l'origine
gréco-égyptienne complexe s'inscrit autour de
l’oasis de Siwah, qui devint particulièrement
célèbre après la visite que lui rendit Alexandre
le Grand au IVe siècle av. n.è.. Les colons grecs
de Cyrénaïque (actuelle Libye) l'adoptèrent un peu
plus tard et, dès le VIe siècle, le culte de
Zeus-Amon se propagea en Grèce continentale puis à
Rome où il prit le nom de Jupiter-Amon. La
statuette a été découverte lors de la fouille d’un
quartier au sud de la cité, en proximité immédiate
de l'amphithéâtre.
En Tunisie, les fouilles du tophet (partie centrale des sanctuaires et lieu des sacrifices dans les religions phéniciennes, libyques ou puniques) d’El-Kénissia, dont l'occupation est datée du Ie siècle avant au Ier siècle de notre ère, ont livré un intéressant brûle-parfum en terre cuite (h. 16 cm). Cette pièce se singularise par une figure de Ba’al Ammon - dont le nom en Phénicien semble signifier « Maître des brûle-parfum » - ou Jupiter Ammon, sous sa forme romanisée, mais dont Saturne, Pluton ou Apollon ont hérité de certaines fonctions. Cette céramique en tout cas n'est pas sans rappeler la sculpture d’Aléria. La capitale Corse aurait-elle fait partie des cités de l’Empire à avoir rendu un culte officiel, peu répandu, à cette divinité, parfois associée à Sérapis ? Difficile de répondre à cette question, quand on sait qu'une autre pièce de bronze représentant ce même dieu a également été exhumée dans cette même zone, à l'opposé de l’amphithéâtre. Cette dernière a été retrouvée au milieu de bois calcinés, dans une strate du IVe siècle ; elle était encore soudée sur un clou de fer et servait à décorer une porte, un coffre où un siège. À partir du IIe s, on retrouve effectivement Jupiter Ammon sur des appliques, ce qui tend à souligner la faveur que ce dieu. À considérer néanmoins la taille de la statuette, on pourrait envisager que cette représentation relève davantage de la sphère privée. On ignore quel fut le vecteur de transmission de ce culte, dont on sait que les vétérans de la Legio III Cyrenaica, qui avait Jupiter Ammon pour divinité tutélaire, ont pu jouer un rôle. Mais nous n'avons pas le moindre indice ici, d'autant que l'ensemble des légions a pu prendre ce dieu pour protecteur ; la constellation du bélier n'est-elle pas le « domicile » de Mars ? On notera néanmoins que cette divinité apotropaïque (conjurant le mauvais sort) était aussi considérée comme protectrice de l'Empire. Sur le Forum d'Auguste, à Rome, les effigies d'imagines clipeorum (boucliers) de l'attique (partie supérieure) des portiques latéraux sont des masques de Jupiter Ammon. (Notice) |
Aléria : la plaine depuis le Fort Matra |
Je gagne ensuite la colline en arrière du musée pour visiter le site de la ville antique. Elle n'a été que partiellement fouillée (essentiellement les alentours du forum). Les constructions ayant servi de carrière de pierre pendant des siècles, il n'émerge pas grand chose du sol. Cependant l'environnement est superbe, entre mer, campagne et montagnes et c'est l'occasion d'un bon bol d'air agrémenté de quelques apparitions du soleil. |
Les villages sont typés sans être
bien différents de ceux de mes incursions durant les
derniers jours à l'intérieur du pays. À l'extrémité de
la boucle je passe devant le chemin menant à la
Cascade de Bughja (100 m de hauteur, une heure A/R)
mais la pluie me dissuade de m'y engager. Sur le
chemin du retour vers l'est par la D 245 puis la D345,
encore plus étroites, je pousserai jusqu'au bourg
perché de Prunelli di Fiumerbo dont le site en balcon
au dessus de la plaine et de la mer vaut vraiment le
détour.
|
Prunelli-di-Flumorbo : vue côté montagne |
Solenzara : bivouac «les roues dans l'eau» près du port |
De retour sur la côte
je reprends la T10 facile et rapide vers le sud et me
rends ainsi jusqu'à Solenzara. Station balnéaire assez
développée et surtout grand port de plaisance, ce sera
mon étape de ce soir, puisqu'il est déjà passé 16:30 et
que la lumière descend. J'irai poser mon bivouac sur le grand stationnement précédant l'entrée du port, malgré quelques panneaux discrets «Interdit aux caravanes et camping-cars». Je suis seul, et apparemment ne dérangerai guère… |
Le passage de rafales en milieu de nuit, s'ajoutant au bruit des vagues, me réveille un moment, puis je me rendors jusque passé 7:00. Le ciel en partie dégagé m'offre alors un superbe lever de soleil… qui s'éteint bientôt : la journée toute entière sera grise et, qui pis est, pluvieuse. | Depuis mon bivouac près du port de Solenzara, spectaculaire lever du soleil |
Le long de la côte
orientale le G.V. annonce quelques anses charmantes
(anse de Favone, anse de Tarco) mais je n'en verrai
pas grand chose, tant à cause de la pluie que de
l'invasion de résidences privées qui, le plus souvent,
séparent la route de la mer. Passée la tour génoise de Fautea, la route se tourne vers l'intérieur, si bien que l'on perd complètement de vue la mer. Malgré la pluie je décide de la retrouver en empruntant une petite route perpendiculaire menant à la plage renommée de San Ciprianu où je marche un peu sur le sable tout en surveillant la présence de robinets pour compléter ma citerne… |
Tour génoise sur le site de Fautea |
Bivouac à l'aube sur la route de l'Ospedale |
Guettant un lieu favorable au bivouac, j'entreprends la montée, mais ne trouvant aucun espace près de maisons tout en étant à l'écart de la circulation, et voyant l'obscurité de plus en plus profonde, je me résous à stationner en pleine campagne sur un large terre-plein au bord de la route. La circulations déjà très faible ne tardera pas à s'évanouir en soirée, je ne devrais pas avoir de mal à y dormir. |
Réveil à 7:00, sans que les
quelques voitures passant sur la route pourtant
toute proche m'aient dérangé (sauf 2 zazous qui
klaxonnent en apercevant mon véhicule stationné dans
la nuit…). Et pour une fois, grand ciel bleu qui
laisse espérer une belle journée.
Douche et déjeuner pris, je
consulte le guide pour repérer le casteddu
d'Araghju, un petit fort torréen (1600-800 av. J-C)
qui domine de 245 m le village où je trouve sans
trop de mal le parking à l'écart destiné aux
visiteurs. Avoir su, j'aurais pu y dormir…
|
Araghju : les montagnes sur lesquelles se trouve le casteddu |
Sur le sentier malaisé menant au Casteddu d'Araghju |
Laissant là l'Exsis en prenant les précautions d'usage (cache, câble anti-effraction, verrou…) je traverse le hameau et me lance dans l'escalade de l'éperon rocheux. Le «sentier» n'est qu'un infâme raidillon fort mal entretenu, raviné où les «marches» ne sont que les pierre de la garrigue descellés par le ruissellement. En gradins évidemment très inégaux, entrecoupé de racines, envahi par les arbustes, ce «chemin» m'apparait très malaisé, voire dangereux. |
Malgré les difficultés je persévère, vois le panorama sur le golfe s'élargir progressivement au loin, et une demi-heure plus tard, récolte le fruit de mes efforts lorsque apparaît le mur d'enceinte du fortin. | En vue des murs du Casteddu d'Araghju |
< Porte du Casteddu d'Araghju |
Une porte qui a
conservé son linteau donne accès à l'espace intérieur
d'une vingtaine de mètres de diamètre défini par une
muraille haute d'environ 4 mètre et épaisse de 2
mètres. Des chambres et des anfractuosités sont
aménagées dans son épaisseur, la base d'une tour
occupe l'angle donnant vers la mer. Une notice au départ de la balade donne plus d'informations sur la vocation de la construction. Je lui trouve bien des points communs avec des installations similaires vues en Sardaigne… Il semble d'ailleurs que la culture des Torréens et celle des Nuraghi soient parentes. |
Casteddu d'Araghju : panorama vers Portu Vecchiu depuis le rempart. Au premier plan, la base de la torra |
En descendant le sentier du Casteddu d'Araghju |
La descente s'avère moins dure pour le cœur et la respiration, mais plus acrobatique pour les genoux et les chevilles qui doivent amortir les irrégularités du chemin. Elle demande une attention de tous les instants pour éviter les faux pas. Excursion intéressante en soi, mais ce site est décidément trop mal aménagé ! Les touristes ne sont pas des chèvres, que diable ! |
De retour à l'Exsis,
bien réchauffé et les jambes quelque peu amorties, je
reprends la petite route qui me fait rattraper celle
de L'Ospedale. Elle continue de gravir la montagne à travers la forêt de l'Ospedale (chênes vert et chênes lièges) en offrant de temps à autres des vues grandioses sur la côte et le golfe de Portu Vecchiu. J'arrête un instant dans le village pour pénétrer dans la chapelle toute simple et sans grand caractère, puis monte jusqu'au col de l'Ospedale en poursuivant dans la forêt où de grands pins garnissent les pentes rocheuses. La route longe bientôt le lac réservoir homonyme. |
Depuis la route de L'Ospedale, le golfe de Portu-Vecchiu |
Lac de L'Ospedale |
Déjeuner à l'orée du barrage-digue de retenue, puis cheminement assez mouvementé à travers les hautes futaies de la forêt d'altitude de Barocaggio-Marghese (pins laricio et pins maritimes). |
Forêt de Brocaggio |
Forêt de Brocaggio |
Punta di u Diamante |
Des pentes rocheuses ponctuent et bornent le couvert forestier, comme la muraille de la Punta di u Diamante. Lente montée jusqu'au col d'Illarata, avant de redescendre à travers la forêt de Zonza jusqu'au village homonyme. |
Dans le village, je
cherche en vain une fontaine pour compléter ma
citerne, ce qui me permet de confirmer le peu
d'originalité de la petite agglomération… Suite à des commentaire alarmants de deux voyageuses qui évoquent le verglas sévissant sur la chaussée, j'hésite un peu à me lancer dans la montée au col de Bavella puis, passant outre, m'engage dans la montée. Bien m'en aura pris, puisque je parcourrai une route parfaitement sèche, à part deux ou trois virages où achèvent de fondre quelques légères flaques de neige… Il en faut plus pour arrêter un Québécois habitué à la conduite hivernale ! |
Exsis sur la route «enneigée et verglacée» (!) du Col de Bavella |
Dans le col de Bavella, au pied des Aiguilles |
Les larges virages de la route, excellente, grimpent lentement les 1 218 m du col dominé par les fameuses aiguilles. Elle sont drappées d'un grand nuage sombre qui cache le soleil, et des nuages plus clairs insinuent leurs effilochures à travers les rochers pointus. Les couleurs rougeâtres de la roche en perdent leur vivacité, mais le spectacle y gagne une touche fantastique qui évoque pour moi certaines scènes montagnardes du Seigneur des Anneaux. |
Je m'arrête quelques instants en passant le col, histoire de saisir avec ma caméra un peu de la magie du moment, puis entame la longue descente du côté nord en direction de Solenzara. | Col de Bavella : les aiguilles dans le nuage |
En descendant du Col de Bavella vers Solenzara |
Les épingles à
cheveux se succèdent sur ce versant beaucoup plus à
pic et couvert de pins, avec de temps à autres des
échappées sur les Aiguilles. Puis les sommets du Monte
Incudine (2 136 m) pointent loin au dessus de ma tête,
jusqu'à franchir une dernier petit col (Col de
Larone). |
Ensuite les virages se font moins accusés, se contentant de suivre assez étroitement le cours de la Solenzara qui, d'abord torrentueux, se calme progressivement. | En franchissant la rivière Solenzara |
Solenzara : bivouac près du port à 17h00 |
Tous mes pleins
étant maintenant complétés, et le soir approchant, il
ne me reste plus qu'à gagner sans retard la petite
ville de Solenzara où je retourne directement sur le
stationnement à l'entrée du port de plaisance. J'y
avais fort bien dormi avant-hier, je ne demande qu'à
répéter l'expérience ! Installé une autre fois juste au-dessus des rochers sur lesquels déferlent doucement les vagues (pas de vent ce soir), je commence par charger et dénommer les photos des deux derniers jours, réponds à un long appel de Denis qui me suggère de prendre le petit train de Bastia à Ajaccio car il donne accès à des paysages superbes et inédits. Puis je soupe tôt (18:30) avant de me mettre au carnet de bord. Extinction des feux à 22:15. |
Réveil à l'aube vers 6:45 pour un lever vers 7:00, en même temps que le soleil qui brillera toute la journée dans un ciel presque tout bleu. | Aube à Solenzara |
Je commencerai mon
excursion de la journée par le la Pointe de la
Chiappa, à l'extrémité sud du Golfe de Porto Vecchio,
que je gagne dès mes préparatifs achevés. En
approchant la ville je quitte la T10 pour un petit
détour vers le village de Pinarellu, où je fais
quelques pas sur la plage de sable blanc, en attendant
que ma couette s'aère un peu au soleil. L'atmosphère y est moins mercantile et la «pression immobilière » y semble moins forte que chez ses voisins San Ciprianu et Cala Rossa. |
Exsis devant la plage de Pinarellu |
Baie de Porto-Vecchio depuis la route de la Pointe de la Chiappa |
Je contourne ensuite la ville par la T10 jusqu'à l'embranchement de la petite route menant au cap Chiappa qui borne au sud le Golfe de Portu Vecchiu. Ce n'est manifestement pas une destination touristique très courue, car la chaussée est étroite et fort mal entretenue, tout en offrant de fort belles vues sur l'intérieur du golfe et les maisons de Portu Vecchiu étalées sur les premières pentes de la montagne. Tout au fond en arrière règnent les cimes enneigées des massifs parcourus hier. |
Mon chemin de plus en plus dégradé finit par aboutir à un camp de naturistes, fermé pour l'instant. Près de la grille un autre chemin, encore plus étroit (et commandé par une autre grille, ouverte celle-là, pourvu qu'elle le demeure !) permet de parcourir le dernier petit kilomètre menant à la pointe elle-même couronnée par le phare de la Chiappa. Clôturé et barré, il ne laisse pas voir grand chose du panorama; du côté terre une station radar de l'Armée «sémaphore» (interdiction de pénétrer ni même de photographier) bouche le point de vue… Le G.V. est bien malvenu de nous y envoyer pour la vue ! | Pointe de la Chiappa : Exsis au pied du phare |
Palombaggia... inaccessible ! |
Hélas, impossible de
trouver aucun accès à la plage depuis la route qui
passe sensiblement au dessus du rivage, bordée d'un
ruban continu de villas avec grands jardins entourés
de murs… jusqu'à ce que exprimant mon désarroi à un
quidam en 4x4 qui promène sa famille, celui-ci
m'affirme qu'il existe pourtant des accès, pas
toujours évidents, et s'offre à me guider. Un premier essai à Palombaggia aboutit à un échec, tous les parkings qui ont colonisé l'arrière plage de façon continue sont fermés, murets et grosses barrières cadenassées empêchent d'y pénétrer et donc de rejoindre le sable… |
Effectivement le
chemin un peu chaotique où il me mène (en débarrassant
une barrière intempestive au passage…) aboutit à une concha
presque parfaite sur laquelle il s'installe avec
femmes et enfant pour prendre le soleil. |
Tamarricio |
Plage d'Acciaghju depuis la dune du cap homonyme |
De mon côté je le remercie de son aide et pars faire le tour d'une dune formant presqu'île (le Cap d'Acciaghju) qui sépare Tamariccio de la plage d'Acciaghju contigüe au sud. Autre paysage superlatif. |
Bien que peu attiré par les plaisirs estivaux de la plage, j'apprécie la qualité du site, et m'étonne de la présence d'un petit blockhaus en béton décati : on m'apprend que les Allemands en avaient construit toute une série autour des côtes de la Corse… et pas uniquement dans le fameux «Mur de l'Atlantique». | Plage d'Acciaghju et son blockhaus |
Plage de Santa Giulia |
J'y laisse l'Exsis
en plein soleil - il remplira allègrement la batterie
d'ampères bienvenus - et pars faire un grand tour sur
le sable. La petite baie est encombrée de rochers
ronds animant la surface bleue que nulle vague ne
vient troubler, et des rochers colorés encadrent le
site. Là encore quelques familles avec enfants
profitent du beau temps et s'aèrent en ces temps de
semi-confinement. Je parcours la petite grève d'un
bout à l'autre puis regagne l'Exsis où je déjeune. |
Je retournerai alors vers l'intérieur des terres pour visiter le site torréen de Tappa occupé de 2 200 à 1 900 av J-C (les dates attribuées à cette culture semblent assez élastiques…). À 300 m de la route D 859, il occupe un éperon rocheux au dessus de champs où paissent des moutons. | Sur l'éminence gauche, le Casteddu de Tappa depuis la route |
Casteddu deTappa : la muraille circulaire cernant la site |
Après une petite
grimpette facile à travers le sous-bois, sur un
sentier mal balisé mais nettement plus confortable que
celui du casteddu d'Aragghju, je découvre
essentiellement un mur circulaire englobant quelques
gros rochers, une ouverture faisant office de porte et
quelques restes de constructions à l'intérieur assez
peu lisibles. Pas d'informations autres qu'un plan qui reste un peu énigmatique et en dit fort peu sur la vie de ces ancêtres probablement agriculteurs. On est loin du remarquable travail de présentation et de vulgarisation découvert en Sardaigne à propos de populations probablement très proches. |
Long appel de Monique tandis que je parcours le rocher et les ruines, observant la lente descente du soleil qui réchauffe les couleurs des pierres. | Autre aspect de la muraille constituant le Casteddu de Tappa |
Collines pierreuses et maquis dorés par la lumière du soir entre Tappa et la T10 |
Je rattrape un peu plus bas la T10 par quelques petites routes rurales. La lumière du soir allume les collines ruiniformes où le jaune doré de gros rochers arrondis contraste avec le vert foncé du maquis. |
Quelques vues rapides, et je
rembarque pour monter un peu plus haut sur la
colline où je déjeunerai avec une vue superlative
sur le site, éclairé de temps à autres par un rayon
de soleil perçant à travers les nuages qui courent
dans le ciel. Très peu de développement domiciliaire autour de moi sur ces pentes encore toutes envahies par le maquis; le silence, la vue, l'ensoleillement (sud-est), tout est là pour constituer un paradis de vacancier comme je le conçois ! À part peut-être les risques d'incendies qu'on nous prédit de plus en plus fréquents ? |
Vue sur la baie de Rondinara |
Port de Gurgazu |
Dans
le petit port de Gurgazu quelques barques blanches
dansent sur les flots bleu intense agités par le
vent, ourlés de blanc qui fait voler l'écume. Je poursuis la petite D58 qui longe le rivage sud du golfe de Santa-Manza, jusqu'à apercevoir sur la rive nord la falaise blanche (calcaire) de Rocchi Bianci qui tranche sur le granit rouge et les pentes vertes du maquis. |
Puis la route s'arrête sur une grande
place circulaire dédiée au demi-tour. Je ne pourrai
donc atteindre la pointe de Capicciola… Le vent
continuant d'être très fort, je préfère rester à
l'abri dans l'Exsis tout en profitant du grand
soleil pour recharger les batteries sans avoir
besoin de faire tourner le moteur. Du coup j'achève l'édition de ma page web consacrée à notre tour de Gaspésie en 2005 avec le Guépard (https://mon-aigle.com/2005-07-Gaspesie/2005-07-gaspesie.html) et ne me décide à bouger que vers 15:30, lorsque je vois le soleil commencer à baisser. |
Fin de la route vers la Pointe de Capicciola : Exsis prend le soleil |
Plantarella : le rivage et les Iles Lavezzi |
L'anse
très encombrée d'un tapis de posidonies séchées est
d'autant plus agréable que la guinguette de service
est fermée, tout comme les stands de véliplanchistes
et autres kite-surfers. Quelques locaux jouent aux
boules sur le sable grossiers, bien habillés car le
vent continue de souffler. Les couleurs chantent sur
la mer, sur les îlots au large et les îles Lavezzi
qui occupent cette partie des Bouches de Bonifacio,
entre la Corse et la Sardaigne dont on aperçoit la
côte au sud. Je marche un peu sur le sable, me hasarde sur les rochers pour gagner la plage de Sperone. puis renonce à ce qui tourne à l'expédition faute de chaussures adaptées (j'ai gardé mes sandales…). |
Crépuscule sur le Golfe et la ville de Bonifacio au pied du sémaphore du Capo Pertusato |
Quelques kilomètres seulement m'en séparent. La petite route acceptable m'amène jusqu'à la station radar (sémaphore de la Marine militaire) qui surveille les Bouches. Ensuite la «route» qui mène à l'ancien phare est barrée d'une chaine. Je laisse donc mon véhicule sur le petit parking rustique en compagnie de 2 autres voitures et me lance à pied sur les 2 kilomètres de piste défoncée qui longe le haut de la falaise jusqu'au bâtiment en restauration. |
Après le coucher du soleil la lumière du crépuscule devient de plus en plus bleutée, et le vent dans cet espace pleinement exposé se remet à souffler en tempête. Bien emmitouflé dans ma «doudoune» Décathlon - celle-là sera bien amortie dès la première saison ! - j'affronte les rafales qui me font parfois vaciller, et me rends jusqu'à mon objectif. Au passage je découvre quelques points de vue superlatifs sur les hautes falaises blanche verticales qui tombent dans la mer, assaillies par de grosses vagues, et surtout sur le site suspendu de Bonifacio de l'autre côté de l'anse. | Vagues au pied de la falaise du Capo Pertusato |
Depuis le sémaphore du Capo Pertusato, vers les Bouches de Bonifacio, les îles Lavezzi et la Sardaigne |
Le
vent qui a longuement secoué la caisse de l'Exsis
hier soir a fini par s'apaiser vers 22:00, et ma
nuit a été bonne, d'autant plus que, dans ce bout du
monde, il n'y avait guère de circulation à craindre…
Grand soleil à mon lever vers 8:00. Je me prépare sans délai et décide de refaire en pleine lumière ma balade d'hier soir parcourue dans la pénombre. Ma progression est plus rapide et moins pénible que dans les rafales affrontées la veille, et les points de vue beaucoup plus impressionnants sous la claire lumière du matin. |
Bonifacio : Exsis au pied du Fort St-Nicolas |
Une heure plus tard, ayant fait le plein de brillantes images souvenirs, je gagne le centre-ville de Bonifacio, un peu inquiet de trouver un stationnement à courte distance de la ville haute où je veux faire un tour. Par chance, en cette morte saison la plupart des stationnements sont à peu près vides, et je trouve un vaste espace juste en dessous du Fort St Nicolas, à proximité du quai d'embarquement pour la Sardaigne et à moins de 200 m de la Porte de France. Qui plus est, il est baigné par le soleil matinal qui pourra recharger les 30 A/h consommés cette nuit (le chauffage est resté branché en permanence sur mon plateau venteux). |
Ruelle près de la cathédrale |
Suivant vaguement l'itinéraire proposé par le G.V. je sillonne les quelques rues étroites et quasi en damier qui constituent la ville-forte de Bonifacio à l'intérieur de ses remparts. Certes le commerce a pu apporter une certaine aisance aux capitaines et aux quelques armateurs qui se livraient au cabotage pour exporter les productions - essentiellement agricoles - de l'île vers Gênes et les autres marché italiens et espagnols. Il n'en parait pas grand chose au plan architectural qui reste globalement très ordinaire. Même les églises comme Ste-Marie-Majeure montrent peu d'originalité, elles ont été trop remaniées, partiellement et incomplètement restaurées… |
Clocher de l'église Ste-Marie-Majeure |
Bonifacio : nef de l'église Ste-Marie-Majeure |
Bonifacio : Porte de Gènes |
Bonifacio : Le Bastion de l'Étendard et le port depuis la Porte de Gènes |
Bonifacio : rocher du Grain-de-Sable et suite de falaise jusqu'au Capo Pertusato |
Monument de la Légion étrangère |
Retour à l'Exsis en empruntant une suite d'escaliers vertigineux et couverts, percés de meurtrières, qui me ramènent directement sur mon parking. L'ombre commence à peine à atteindre le toit du camping-car, le soleil a eu le temps de combler les batteries à 95%. | Bonifacio : escaliers intérieurs du Fort St-Nicolas |
Ermitage de la Trinité |
J'avale rapidement un léger lunch froid, puis consulte le G.V. pour fixer mon nouvel objectif en quittant la ville : ce sera l'Ermitage de la Trinité, une chapelle à flanc de montagne d'où l'on a une fort belle vue sur le site de Bonifacio et sa baie. |
De la ville, on s'y rend en procession depuis le Moyen-Âge pour obtenir des grâces spéciales, d'où les nombreux ex-votos disposés à la base des murs intérieurs de la chapelle. Décor simplifié à l'extrême, mais une jolie Vierge à l'Enfant, pleine de grâce et de réserve accueille le visiteur. | Ermitage de la Trinité |
Ermitage de la Trinité : Vierge et Enfant |
Exsis devant l'Ermitage de la Trinité |
Au
bout de la mauvaise petite route défoncée je
retrouve la T40 vers Sartène. Elle ne tarde pas à
s'élever en offrant une enfilade de petits caps
rocheux rouges recouverts du vert du maquis, paysage
sauvage, presque austère malgré les chaudes couleurs
vespérales. Puis une suite de virage assez serrés monte au col de Roccapina d'où l'on aperçoit, se profilant à contrejour au dessus de la mer, la silhouette d'une tour et surtout celle du fameux lion couché de Roccapina, l'un des taffoni que la nature s'est plu à sculpter et qui parsèment le paysage autour du col. Ces formations serait dues à l'effet combiné du vent, de l'érosion, du sel et du soleil… |
Roccapina : la tour et le lion depuis le col |
Sur la route de Sartène |
Je continue en direction de Sartène, mais bifurquerai juste avant sur la D48 à Bocca Albitrina pour aller découvrir dans la campagne les mégalithes du Plateau de Cauria. Route sinueuse d'abord assez bonne qui s'insinue dans la campagne en descendant vers la côte, mais sans guère d'indications… |
Puis dans les derniers kilomètres de la D48a, apparait un pavage défoncé, plein de rapiéçages et de trous, indigne d'un pays civilisé ! Je roule au pas, puis voyant le soir descendre, m'immobilise sur un espace libre sur le bas-côté. J'y poserai mon bivouac de ce soir, sûrement tranquille puisque la circulation y est nulle (et pour cause !). | Cauria : bivouac au bord de la route défoncée |