Décembre 2021 - Janvier 2022

Blason de la
              Corse

CORSE


Jean-Paul MOUREZ
en solo à bord de l'Exsis

(2 242 km)



2. d'ALÉRIA à CAURIA (Sartène)


44 211 Mercredi 5 janvier 2022 : d'ALÉRIA à SOLENZARA (81 km)

Nuit silencieuse, à part le bruit des vagues déferlant sur le sable… Au matin j'assiste au lever sur soleil sur la mer, spectacle toujours fascinant, avant de déjeuner et de me préparer au départ sous un ciel qui s'ennuage progressivement. Commençant par passer à l'Office du Tourisme au cœur de la petite ville je le trouve fermé pour la semaine… Aléria : bivouac à l'aube devant la plage de
                Padulane
Aléria : bivouac à l'aube devant la plage de Padulane
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Aléria : les montagnes, la plaine et le Tavignano depuis le Fort Matra
Heureusement un passant m'indique où se trouve la ville antique et son musée que je gagne immédiatement. Elle était située sur une éminence dominant la plaine où se déplient les méandres du Tavignano. Celui-ci s'est maintenant bien assagi après sa descente de la montagne où il a ramassé tous les sédiments comblant son estuaire; autrefois marécageux et insalubre, il est maintenant riche zone de cultures.
Le petit musée archéologique a été installé dans le Fort Matra, du nom d'une famille qui contrôlait la région pour le compte de la République de Gêne fin XVe. Très bien restauré, il abrite les collections résultent des fouilles qui, depuis les années 1950, ont été poursuivies sur le site de l'antique Alalia phocéenne, puis de l'Aléria étrusque, punique et romaine. ueAleria-fort-Matra
Aléria : Fort Matra

Aléria : les montagnes, la plaine et le
                      Tavignano depuis Fort-Matra
Aléria : les montagnes, la plaine et le Tavignano depuis Fort Matra
Aléria, Fort Matra : tête de Persée monumentale
                  par Christophe Charbonnel (2012)
Aléria, Fort Matra : tête monumentale de Persée
par Christophe Charbonnel (2012)
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Pendentif étrusque représentant Bès (Ve av. n.è.)
et coupe punique avec pentagramme atropaïque (IVe av. n.è.)

Les petites pièces du fort accueillent de nombreuses vitrines qui mettent en valeurs les trouvailles évoquant les occupants successifs du site et de la Corse. Si les étiquetages ne sont pas encore tous complétés, en revanche la présentation est parfaite. Les objets (vases, bijoux, miroirs, armes, ustensiles de cuisine, etc. ) fort bien restaurés, disposés et éclairés, accompagnés de quelques belles vidéos sur le déroulement des dernières fouilles, me retiendront près de 2 heures…

La tombe à chambre de Lamaghjone

C'est un vaste chantier d'archéologie préventive qui donna lieu, en 2018, à la découverte d'une importante nécropole romaine proche de la ville antique d’Aléria. Particularité notable, une tombe à chambre étrusque du IVe siècle avant notre ère regroupait autour d'elle ces inhumations plus récentes.

Creusée directement dans le substrat, elle présente un long couloir auquel quelques marches donnent accès pour conduire à une chambre funéraire ovoïde. Dernière demeure d’une femme, vraisemblablement de rang social élevé, elle regroupait l'ensemble des mobiliers qui devait accompagner dans l'Au-delà  la défunte, allongée sur le dos, tête à l'est. Un cortège de vaisselle d'apparat (œnochoés, kernoi, épichysis, coupes) était accompagné d’un amoncellement d'assiettes plus ordinaires dans lesquelles avaient été déposées des offrandes alimentaires. Caractéristiques des tombes féminines, des ustensiles de toilettes (vases à parfum, miroirs), des bagues et une paire de boucles d'oreille en or complétaient cet ensemble. (Notice)
paire-de-boucles-d'oreilles-in-situ
Paire de boucles d'oreilles in-situ

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Aléria, Musée archéologique : paire de boucles d'oreilles en or
trouvée dans la tombe à chambre de Lamaghjone

Aléria, Musée archeologique : askos (320-av.J.C)
Aléria, Musée archéologique : askos (320 av. J.C)

Aléria, Musée archéologique : paire de boucles
            d'oreilles en or (475 av. J-C)
Aléria, Musée archéologique : paire de boucles d'oreilles en or (475 av. J-C)

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Aléria : Musée archéologique : buste de Jupiter-Hammon
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Aléria, Musée archéologique : amulette phallique


Buste de Jupiter-Ammon
Marbre taillé, 19 x 11,3 x 7,2 cm
Musée d'Archéologie d'Aléria.

Découvert au cours des fouilles de l'amphithéâtre, un petit buste d'homme mûr et barbu de la fin du Ier siècle ou du début du IIe siècle de notre ère, possède une tête ceinte d’un bourrelet duquel sortent deux cornes de bélier s'enroulant autour d'une oreille animale. La pièce, intégralement conservée, a été taillée sur un socle et le traitement de la partie dorsale, plate, indique que la statuette se trouvait placée en proximité d'un mur. Il s’agit du dieu oraculaire Jupiter Ammon, dont l'origine gréco-égyptienne complexe s'inscrit autour de l’oasis de Siwah, qui devint particulièrement célèbre après la visite que lui rendit Alexandre le Grand au IVe siècle av. n.è.. Les colons grecs de Cyrénaïque (actuelle Libye) l'adoptèrent un peu plus tard et, dès le VIe siècle, le culte de Zeus-Amon se propagea en Grèce continentale puis à Rome où il prit le nom de Jupiter-Amon. La statuette a été découverte lors de la fouille d’un quartier au sud de la cité, en proximité immédiate de l'amphithéâtre.

En Tunisie, les fouilles du tophet (partie centrale des sanctuaires et lieu des sacrifices dans les religions phéniciennes, libyques ou puniques) d’El-Kénissia, dont l'occupation est datée du Ie siècle avant au Ier siècle de notre ère, ont livré un intéressant brûle-parfum en terre cuite (h. 16 cm). Cette pièce  se singularise par une figure de Ba’al Ammon - dont le nom en Phénicien semble signifier « Maître des brûle-parfum » - ou Jupiter Ammon, sous sa forme romanisée, mais dont Saturne, Pluton ou Apollon ont hérité de certaines fonctions. Cette céramique en tout cas n'est pas sans rappeler la sculpture d’Aléria.

La capitale Corse aurait-elle fait partie des cités de l’Empire à avoir rendu un culte officiel, peu répandu, à cette divinité, parfois associée à Sérapis ? Difficile de répondre à cette question, quand on sait qu'une autre pièce de bronze représentant ce même dieu a également été exhumée dans cette même zone, à l'opposé de l’amphithéâtre. Cette dernière a été retrouvée au milieu de bois calcinés, dans une strate du IVe siècle ; elle était encore soudée sur un clou de fer et servait à décorer une porte, un coffre où un siège. À partir du IIe s, on retrouve effectivement Jupiter Ammon sur des appliques, ce qui tend à souligner la faveur que ce dieu. À considérer néanmoins la taille de la statuette, on pourrait envisager que cette représentation relève davantage de la sphère privée.

On ignore quel fut le vecteur de transmission de ce culte, dont on sait que les vétérans de la Legio III Cyrenaica, qui avait Jupiter Ammon pour divinité tutélaire, ont pu jouer un rôle. Mais nous n'avons pas le moindre indice ici, d'autant que l'ensemble des légions a pu prendre ce dieu pour protecteur ; la constellation du bélier n'est-elle pas le « domicile » de Mars ? On notera néanmoins que cette divinité apotropaïque (conjurant le mauvais sort) était aussi considérée comme protectrice de l'Empire. Sur le Forum d'Auguste, à Rome, les effigies d'imagines clipeorum (boucliers) de l'attique (partie supérieure) des portiques latéraux sont des masques de Jupiter Ammon. (Notice)

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Aléria, Musée archéologique : dés à jouer en os et pot à lancer les dés (période romaine)

Aleria-la-plaine-depuis-le-Fort-Matra
Aléria : la plaine depuis le Fort Matra
Je gagne ensuite la colline en arrière du musée pour visiter le site de la ville antique. Elle n'a été que partiellement fouillée (essentiellement les alentours du forum). Les constructions ayant servi de carrière de pierre pendant des siècles, il n'émerge pas grand chose du sol. Cependant l'environnement est superbe, entre mer, campagne et montagnes et c'est l'occasion d'un bon bol d'air agrémenté de quelques apparitions du soleil.

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Aléria, parc archéologique : grande citerne et Capitole depuis le Forum

Aleria, parc archéologique : therme, Capitole et forum
Aléria, parc archéologique : thermes, Capitole et forum au fond

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Aléria : Fort Matra et la Plaine

Je poursuis ensuite la grande route vers le sud jusqu'à Ghisonaccia où j'arrête une bonne heure sur le parking d'un Leclerc pour manger avant de bifurquer ensuite sur la petite D145 pour explorer la vallée de l'Abatesco. Hélas dès que je prend un peu d'altitude le ciel se couvre complètement et je ferai la plus grande part du parcours sous la pluie. Petite route étroite et très sinueuse sous les boisés de châtaigniers, cochons noirs et vaches brunes sur la chaussée, rares autos qu'il faut croiser laborieusement…

Les villages sont typés sans être bien différents de ceux de mes incursions durant les derniers jours à l'intérieur du pays. À l'extrémité de la boucle je passe devant le chemin menant à la Cascade de Bughja (100 m de hauteur, une heure A/R) mais la pluie me dissuade de m'y engager. Sur le chemin du retour vers l'est par la D 245 puis la D345, encore plus étroites, je pousserai jusqu'au bourg perché de Prunelli di Fiumerbo dont le site en balcon au dessus de la plaine et de la mer vaut vraiment le détour.
Prunelli-di-Flumorbo-vue-sur-la-montagne
Prunelli-di-Flumorbo : vue côté montagne

Prunelli-di-Flumorbo-vue-sur-la-cote
Prunelli-di-Flumorbo : vue sur la plaine et la côte

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Solenzara : bivouac «les roues dans l'eau» près du port
De retour sur la côte je reprends la T10 facile et rapide vers le sud et me rends ainsi jusqu'à Solenzara. Station balnéaire assez développée et surtout grand port de plaisance, ce sera mon étape de ce soir, puisqu'il est déjà passé 16:30 et que la lumière descend.

J'irai poser mon bivouac sur le grand stationnement précédant l'entrée du port, malgré quelques panneaux discrets «Interdit aux caravanes et camping-cars». Je suis seul, et apparemment ne dérangerai guère…

Long transfert et étiquetage des photos prises au musée, rédaction du carnet et souper me mènent jusqu'à 21:00. Coucher tôt environné des sifflements du vent dans les agrès et du déferlement des vagues sur la jetée de gros rochers entassés.

Solanzara-bivouac-pres-du-port-
Solenzara : ciel enflammé par le soleil couchant


44 292 Jeudi 6 janvier 2022 : de SOLENZARA à L'OSPEDALE (58 km)

Le passage de rafales en milieu de nuit, s'ajoutant au bruit des vagues, me réveille un moment, puis je me rendors jusque passé 7:00. Le ciel en partie dégagé m'offre alors un superbe lever de soleil… qui s'éteint bientôt : la journée toute entière sera grise et, qui pis est, pluvieuse. Solanzara-soleil-levant-sur-la-mer
Depuis mon bivouac près du port de Solenzara, spectaculaire lever du soleil

Solenzara : Exsis au bivouac le matin
Solenzara : Exsis au bivouac face au flamboiement du soleil du matin

Je travaille un peu sur mon ordi, puis quitte Solenzara en suivant le T10 pour rallier Portu Vecchiu, à une cinquantaine de kilomètres, d'où je grimperai ensuite vers les aiguilles de Bavella.

Le long de la côte orientale le G.V. annonce quelques anses charmantes (anse de Favone, anse de Tarco) mais je n'en verrai pas grand chose, tant à cause de la pluie que de l'invasion de résidences privées qui, le plus souvent, séparent la route de la mer.

Passée la tour génoise de Fautea, la route se tourne vers l'intérieur, si bien que l'on perd complètement de vue la mer. Malgré la pluie je décide de la retrouver en empruntant une petite route perpendiculaire menant à la plage renommée de San Ciprianu où je marche un peu sur le sable tout en surveillant la présence de robinets pour compléter ma citerne…
Tour génoise sur le site de Fautea
Tour génoise sur le site de Fautea

La pluie qui se renforce m'oblige à abréger ma promenade, je prendrai donc le temps de déjeuner, puis de cuisiner un peu (sauté de poivrons à la provençale) avant de me diriger vers Calla Rossa. Là impossible d'arriver jusqu'à l'eau, la route aboutit à une barrière avec gardien et code d'accès : un resort à l'américaine a colonisé les lieux !

Sous la pluie qui persiste il ne me reste plus qu'à gagner la ville de Portu Vecchiu étroite, entassée à flanc de colline où l'industrie touristique (donc commerciale) a balayé toute originalité, tout en rendant la circulation impossible. Je réussis à rejoindre le rivage et me rends jusqu'au port du ferry. Un coin de parking peu fréquenté en cette saison m'offre un refuge au dessus de la mer et en arrière du port de yachts; j'y passerai une autre heure à attendre la fin de la pluie - en vain… Finalement, à la tombée du jour, je décide de quitter cette ville de trop peu d'intérêt pour m'avancer sur le route de L'Ospedale et la forêt de Zonza. Plein de carburant au meilleur prix (1,65 le litre !) en quittant la ville.

Bivouac à l'aube sur la route de l'Ospedale
Bivouac à l'aube sur la route de l'Ospedale
Guettant un lieu favorable au bivouac, j'entreprends la montée, mais ne trouvant aucun espace près de maisons tout en étant à l'écart de la circulation, et voyant l'obscurité de plus en plus profonde, je me résous à stationner en pleine campagne sur un large terre-plein au bord de la route. La circulations déjà très faible ne tardera pas à s'évanouir en soirée, je ne devrais pas avoir de mal à y dormir.

Souper sous une averse… je travaille un peu sur ma page web en cours - Gaspésie 2005 - jette ces quelques notes sur mon carnet de route et me coucherai tôt, en espérant que la prochaine journée sera plus intéressante.


44 350 Vendredi 7 janvier 2022 : de L'OSPEDALE à SOLENZARA (81 km)
Réveil à 7:00, sans que les quelques voitures passant sur la route pourtant toute proche m'aient dérangé (sauf 2 zazous qui klaxonnent en apercevant mon véhicule stationné dans la nuit…). Et pour une fois, grand ciel bleu qui laisse espérer une belle journée.

Douche et déjeuner pris, je consulte le guide pour repérer le casteddu d'Araghju, un petit fort torréen (1600-800 av. J-C) qui domine de 245 m le village où je trouve sans trop de mal le parking à l'écart destiné aux visiteurs. Avoir su, j'aurais pu y dormir…
Araghju-les-montagnes-ou-se-trouve-le-casteddu
Araghju : les montagnes sur lesquelles se trouve le casteddu
Casteddu-d'Araghju-le-sentier-malaise-en-avant
Sur le sentier malaisé menant au Casteddu d'Araghju
Laissant là l'Exsis en prenant les précautions d'usage (cache, câble anti-effraction, verrou…) je traverse le hameau et me lance dans l'escalade de l'éperon rocheux. Le «sentier» n'est qu'un infâme raidillon fort mal entretenu, raviné où les «marches» ne sont que les pierre de la garrigue descellés par le ruissellement. En gradins évidemment très inégaux, entrecoupé de racines, envahi par les arbustes, ce «chemin» m'apparait très malaisé, voire dangereux.

Casteddu d'Araghju : arbousier
Casteddu d'Araghju : fleurs et fruits d'arbousier

Malgré les difficultés je persévère, vois le panorama sur le golfe s'élargir progressivement au loin, et une demi-heure plus tard, récolte le fruit de mes efforts lorsque apparaît le mur d'enceinte du fortin. Casteddu-d'Araghju-en-vue-des-murs
En vue des murs du Casteddu d'Araghju
<Porte du Casteddu-d'Araghju
Porte du Casteddu d'Araghju
Une porte qui a conservé son linteau donne accès à l'espace intérieur d'une vingtaine de mètres de diamètre défini par une muraille haute d'environ 4 mètre et épaisse de 2 mètres. Des chambres et des anfractuosités sont aménagées dans son épaisseur, la base d'une tour occupe l'angle donnant vers la mer.

Une notice au départ de la balade donne plus d'informations sur la vocation de la construction. Je lui trouve bien des points communs avec des installations similaires vues en Sardaigne… Il semble d'ailleurs que la culture des Torréens et celle des Nuraghi soient parentes.

Plan
              du Casteddu d'Araghju

Casteddu-d'Araghju-panorama-depuis-le-rempart
Casteddu d'Araghju : panorama vers Portu Vecchiu depuis le rempart.
Au premier plan, la base de la torra

Casteddu-d'Araghju-notice
En descendant le sentier du Casteddu d'Araghju
En descendant le sentier du Casteddu d'Araghju
La descente s'avère moins dure pour le cœur et la respiration, mais plus acrobatique pour les genoux et les chevilles qui doivent amortir les irrégularités du chemin. Elle demande une attention de tous les instants pour éviter les faux pas. Excursion intéressante en soi, mais ce site est décidément trop mal aménagé ! Les touristes ne sont pas des chèvres, que diable !
De retour à l'Exsis, bien réchauffé et les jambes quelque peu amorties, je reprends la petite route qui me fait rattraper celle de L'Ospedale.

Elle continue de gravir la montagne à travers la forêt de l'Ospedale (chênes vert et chênes lièges) en offrant de temps à autres des vues grandioses sur la côte et le golfe de Portu Vecchiu. J'arrête un instant dans le village pour pénétrer dans la chapelle toute simple et sans grand caractère, puis monte jusqu'au col de l'Ospedale en poursuivant dans la forêt où de grands pins garnissent les pentes rocheuses. La route longe bientôt le lac réservoir homonyme.
Depuis-la-route-de-L'Ospedale-golfe-de-Portu-Vecchiu
Depuis la route de L'Ospedale, le golfe de Portu-Vecchiu
Lac-de-L'Ospedale
Lac de L'Ospedale
Déjeuner à l'orée du barrage-digue de retenue, puis cheminement assez mouvementé à travers les hautes futaies de la forêt d'altitude de Barocaggio-Marghese (pins laricio et pins maritimes).
Foret-de-Brocaggio
Forêt de Brocaggio
Foret-de-Brocaggio
Forêt de Brocaggio
Le-Diamant
Punta di u Diamante
Des pentes rocheuses ponctuent et bornent le couvert forestier, comme la muraille de la Punta di u Diamante. Lente montée jusqu'au col d'Illarata, avant de redescendre à travers la forêt de Zonza jusqu'au village homonyme.

Route-du-col-de-Bavella-apres-Zonza
Après Zonza, route du col de Bavella

Dans le village, je cherche en vain une fontaine pour compléter ma citerne, ce qui me permet de confirmer le peu d'originalité de la petite agglomération…

Suite à des commentaire alarmants de deux voyageuses qui évoquent le verglas sévissant sur la chaussée, j'hésite un peu à me lancer dans la montée au col de Bavella puis, passant outre, m'engage dans la montée. Bien m'en aura pris, puisque je parcourrai une route parfaitement sèche, à part deux ou trois virages où achèvent de fondre quelques légères flaques de neige… Il en faut plus pour arrêter un Québécois habitué à la conduite hivernale !
Exsis sur la route «enneigée» du Col de
                    Bavella
Exsis sur la route «enneigée et verglacée» (!) du Col de Bavella
Dans le Col de Bavella
Dans le col de Bavella, au pied des Aiguilles
Les larges virages de la route, excellente, grimpent lentement les 1 218 m du col dominé par les fameuses aiguilles. Elle sont drappées d'un grand nuage sombre qui cache le soleil, et des nuages plus clairs insinuent leurs effilochures à travers les rochers pointus. Les couleurs rougeâtres de la roche en perdent leur vivacité, mais le spectacle y gagne une touche fantastique qui évoque pour moi certaines scènes montagnardes du Seigneur des Anneaux.
Je m'arrête quelques instants en passant le col, histoire de saisir avec ma caméra un peu de la magie du moment, puis entame la longue descente du côté nord en direction de Solenzara. Col de
                    Bavella : les aiguilles dans le nuage
Col de Bavella : les aiguilles dans le nuage

Col-de-Bavella-les-aiguilles-dans-les-nuages
Au passage du col de Bavella

En-descendant-du-Col-de-Bavella-vers-Solenzara
En descendant du Col de Bavella vers Solenzara
Les épingles à cheveux se succèdent sur ce versant beaucoup plus à pic et couvert de pins, avec de temps à autres des échappées sur les Aiguilles. Puis les sommets du Monte Incudine (2 136 m) pointent loin au dessus de ma tête, jusqu'à franchir une dernier petit col (Col de Larone).

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En descendant du Col de Bavella vers Solenzara

Ensuite les virages se font moins accusés, se contentant de suivre assez étroitement le cours de la Solenzara qui, d'abord torrentueux, se calme progressivement. En franchissant la rivière Solenzara
En franchissant la rivière Solenzara

Apercevant tout à coup une fontaine au bord de la route je me gare tant bien que mal et remplis successivement 4 bidons de 10 litres que je verse laborieusement dans la goulotte du réservoir, malcommode car haut placée. Il faudrait pouvoir brancher une petite pompe de cale, je pensais l'avoir emmenée, en fait elle est restée dans le garage de Mondeville…

Solenzara-bivouac-a-17h00
Solenzara : bivouac près du port à 17h00
Tous mes pleins étant maintenant complétés, et le soir approchant, il ne me reste plus qu'à gagner sans retard la petite ville de Solenzara où je retourne directement sur le stationnement à l'entrée du port de plaisance. J'y avais fort bien dormi avant-hier, je ne demande qu'à répéter l'expérience !

Installé une autre fois juste au-dessus des rochers sur lesquels déferlent doucement les vagues (pas de vent ce soir), je commence par charger et dénommer les photos des deux derniers jours, réponds à un long appel de Denis qui me suggère de prendre le petit train de Bastia à Ajaccio car il donne accès à des paysages superbes et inédits. Puis je soupe tôt (18:30) avant de me mettre au carnet de bord. Extinction des feux à 22:15.

Devant mon bivouac de Solennzara au crépuscule
Écueils devant mon bivouac de Solenzara au crépuscule


44 431 Samedi 8 janvier 2022 : de SOLENZARA à Baie de RONDINARA (104 km)

Réveil à l'aube vers 6:45 pour un lever vers 7:00, en même temps que le soleil qui brillera toute la journée dans un ciel presque tout bleu. Aube à
                    Solenzara
Aube à Solenzara

Solenzara-bivouac
Bivouac solitaire à Solenzara

Je commencerai mon excursion de la journée par le la Pointe de la Chiappa, à l'extrémité sud du Golfe de Porto Vecchio, que je gagne dès mes préparatifs achevés. En approchant la ville je quitte la T10 pour un petit détour vers le village de Pinarellu, où je fais quelques pas sur la plage de sable blanc, en attendant que ma couette s'aère un peu au soleil.

L'atmosphère y est moins mercantile et la «pression immobilière » y semble moins forte que chez ses voisins San Ciprianu et Cala Rossa.
Pinarellu : Exsis sur le parking devant la
                    plage
Exsis devant la plage de Pinarellu
Baie de Porto-Vecchio depuis la Pointe de la
                    Chiappa
Baie de Porto-Vecchio depuis la route de la Pointe de la Chiappa
Je contourne ensuite la ville par la T10 jusqu'à l'embranchement de la petite route menant au cap Chiappa qui borne au sud le Golfe de Portu Vecchiu. Ce n'est manifestement pas une destination touristique très courue, car la chaussée est étroite et fort mal entretenue, tout en offrant de fort belles vues sur l'intérieur du golfe et les maisons de Portu Vecchiu étalées sur les premières pentes de la montagne. Tout au fond en arrière règnent les cimes enneigées des massifs parcourus hier.
Mon chemin de plus en plus dégradé finit par aboutir à un camp de naturistes, fermé pour l'instant. Près de la grille un autre chemin, encore plus étroit (et commandé par une autre grille, ouverte celle-là, pourvu qu'elle le demeure !) permet de parcourir le dernier petit kilomètre menant à la pointe elle-même couronnée par le phare de la Chiappa. Clôturé et barré, il ne laisse pas voir grand chose du panorama; du côté terre une station radar de l'Armée «sémaphore»  (interdiction de pénétrer ni même de photographier) bouche le point de vue… Le G.V. est bien malvenu de nous y envoyer pour la vue ! Pointe-de-la-Chiappa-Exsis-au-pied-du-phare
Pointe de la Chiappa : Exsis au pied du phare

Pointe-de-la-Chiappa-vue-vers-le-sud
Pointe de la Chiappa : coup d’œil vers le sud dans une trouée

Pointe de
              la Chiappa : sur la route de retour vers Portu-Vecchiu
Sur la route de la Chiappa au retour vers Portu Vecchiu

Je risque quelques clichés à travers des trouées dans la végétation, puis décide de poursuivre par un tour des plages renommées du sud de Portu Vecchiu. Petite route là encore très sinueuse, mais chaussée en bon état pour gagner d'abord Palombaggia, peut être la plus souvent citée.

Palombaggia... inaccessible !
Palombaggia... inaccessible !
Hélas, impossible de trouver aucun accès à la plage depuis la route qui passe sensiblement au dessus du rivage, bordée d'un ruban continu de villas avec grands jardins entourés de murs… jusqu'à ce que exprimant mon désarroi à un quidam en 4x4 qui promène sa famille, celui-ci m'affirme qu'il existe pourtant des accès, pas toujours évidents, et s'offre à me guider.

Un premier essai à Palombaggia aboutit à un échec, tous les parkings qui ont colonisé l'arrière plage de façon continue sont fermés, murets et grosses barrières cadenassées empêchent d'y pénétrer et donc de rejoindre le sable…

Il ne se tient pas pour battu et me propose de le suivre sur une autre plage, plus belle selon lui, celle de Tamariccio. Il m'apprend aussi qu'ayant soupçonné mon origine à mon accent, il a reconnu celui de sa femme et de sa belle-mère (qu'il accueille en vacances) elles-mêmes originaires de Montréal…

Effectivement le chemin un peu chaotique où il me mène (en débarrassant une barrière intempestive au passage…) aboutit à une concha presque parfaite sur laquelle il s'installe avec femmes et enfant pour prendre le soleil.

Tamarricio
Tamarricio
Plage
                    d'Acciaghju
Plage d'Acciaghju depuis la dune du cap homonyme
De mon côté je le remercie de son aide et pars faire le tour d'une dune formant presqu'île (le Cap d'Acciaghju) qui sépare Tamariccio de la plage d'Acciaghju contigüe au sud. Autre paysage superlatif.

Bien que peu attiré par les plaisirs estivaux de la plage, j'apprécie la qualité du site, et m'étonne de la présence d'un petit blockhaus en béton décati : on m'apprend que les Allemands en avaient construit toute une série autour des côtes de la Corse… et pas uniquement dans le fameux «Mur de l'Atlantique». Plage
                    d'Acciaghju et son blockhaus
Plage d'Acciaghju et son blockhaus

Plages de Tamariccio et Plalombiaggia
Au retour, les plages de Tamariccio et Palombaggia depuis le Cap d'Acciaghju

Ravi de cette première découverte, je regagne mon home et quitte avec moult remerciements mon guide pour aller découvrir un peu plus au sud la plage de Santa Giulia, dont il m'a vanté également les mérites, et que le G.V. qualifie aussi de **. Négligeant les panneaux incitant à stationner bien avant le bout de la route, et ceux interdisant l'accès aux camping-cars (une obsession en Corse qui doit être envahie l'été), je me rends jusqu'à la boucle se terminant immédiatement sur la plage et qui offre quelques places de stationnement.

Santa-Giulia
Plage de Santa Giulia
J'y laisse l'Exsis en plein soleil - il remplira allègrement la batterie d'ampères bienvenus - et pars faire un grand tour sur le sable. La petite baie est encombrée de rochers ronds animant la surface bleue que nulle vague ne vient troubler, et des rochers colorés encadrent le site. Là encore quelques familles avec enfants profitent du beau temps et s'aèrent en ces temps de semi-confinement. Je parcours la petite grève d'un bout à l'autre puis regagne l'Exsis où je déjeune.

Santa-Giulia et ses rochers ronds
Santa Giulia et ses rochers ronds

Je retournerai alors vers l'intérieur des terres pour visiter le site torréen de Tappa occupé de 2 200 à 1 900 av J-C (les dates attribuées à cette culture semblent assez élastiques…). À 300 m de la route D 859, il occupe un éperon rocheux au dessus de champs où paissent des moutons. Casteddu-de-Tappa-depuis-la-route
Sur l'éminence gauche, le Casteddu de Tappa depuis la route
Casteddu-de-Tappa-muraille
Casteddu deTappa : la muraille circulaire cernant la site
Après une petite grimpette facile à travers le sous-bois, sur un sentier mal balisé mais nettement plus confortable que celui du casteddu d'Aragghju, je découvre essentiellement un mur circulaire englobant quelques gros rochers, une ouverture faisant office de porte et quelques restes de constructions à l'intérieur assez peu lisibles.

Pas d'informations autres qu'un plan qui reste un peu énigmatique et en dit fort peu sur la vie de ces ancêtres probablement agriculteurs. On est loin du remarquable travail de présentation et de vulgarisation découvert en Sardaigne à propos de populations probablement très proches.
Long appel de Monique tandis que je parcours le rocher et les ruines, observant la lente descente du soleil qui réchauffe les couleurs des pierres. Casteddu-de-Tappa-muraille
Autre aspect de la muraille constituant le Casteddu de Tappa
Collines-pierreuses-et-maquis-entre-Tappa-et-la-T10
Collines pierreuses et maquis dorés par la lumière du soir entre Tappa et la T10
Je rattrape un peu plus bas la T10 par quelques petites routes rurales. La lumière du soir allume les collines ruiniformes où le jaune doré de gros rochers arrondis contraste avec le vert foncé du maquis.

Quelques kilomètres encore, et une autre petite route bientôt en très mauvais état me mène à la baie de Rondinara. Je découvre la presqu'île lorsque je franchis la dernière crête me séparant de la mer, paysage contrasté un rien exotique genre «île au trésor». Une sorte d'isthme la relie à la terre, avec deux longues et belles plages sur chacune de ses faces, limitées par des rochers rouges.

Arrivée sur
              la Baie de Rondinara
Arrivée sur la Baie de Rondinara

Les
                rochers rouges de la baie de Rondinara
Les rochers rouges limitant la baie sud de Rondinara

Les lieux sont, dieu merci, peu «équipés», la guinguette est fermée, comme le grand parking - payant - au bout de la route. Je devrai donc me poser cette nuit sur un bout de chemin de terre qui donne accès aux plages. Le soir s'annonce, j'ai juste le temps de faire un premier tour sur les lieux, avant de m'installer sur un rare emplacement à peu près plat. Le ciel restera très clair, mais étant sur la côte Est, je ne pourrai y contempler le coucher du soleil…

Baie-de-Rondinara : la plage nord
Baie de Rondinara : panoramique de la plage nord envahie par l'obscurité

En soirée le vent se mettra à souffler, j'allumerai le chauffage pour conserver une température confortable dans ma cabane.


44 535 Dimanche 9 janvier 2022 : de RONDINARA au CAP PERTUSATO (34 km)

Le vent qui s'est installé hier soir est monté en puissance durant la nuit, et ce sont les secousses ébranlant l'Exsis, accompagnées du crépitement de la pluie sur le toit qui m'ont éveillé vers 7:30. Plus question d'aller se balader sur l'immense plage où même le sable est soulevé par les bourrasques, tandis que des gouttelettes constellent ma doudoune (heureusement bien étanche) et l'objectif de ma camera.
Baie-de-Rondinara-plage-est
Baie de Rondinara : la plage nord sous la bourrasque

Quelques vues rapides, et je rembarque pour monter un peu plus haut sur la colline où je déjeunerai avec une vue superlative sur le site, éclairé de temps à autres par un rayon de soleil perçant à travers les nuages qui courent dans le ciel.

Très peu de développement domiciliaire autour de moi sur ces pentes encore toutes envahies par le maquis; le silence, la vue, l'ensoleillement (sud-est), tout est là pour constituer un paradis de vacancier comme je le conçois ! À part peut-être les risques d'incendies qu'on nous prédit de plus en plus fréquents ?
Baie-de-Rondinara
Vue sur la baie de Rondinara

Fin prêt à 10:00, je rattrape la T10 pour partir explorer la région de Bonifacio, malgré le temps bien peu favorable. Je commencerai par gagner Pont di a Nava par une route à peine passable tant elle est bosselée et pleine de trous. Mais elle longe la mer et le grand vent qui sévit depuis hier a fini par dégager le ciel. Les couleurs du paysage en sont avivées : bleu outremer de la Méditerranée, rouge des rochers de granit qui percent ça et là dans le maquis vert foncé…

Au passage j'achète dans une quincaillerie opportunément ouverte (un dimanche !) un morceau de tuyau et des raccords en PVC pour réparer l'évacuation des eaux grises brisée lors du changement de la lame de suspension.

Ponti-di-a-Nava
Port de Gurgazu
Dans le petit port de Gurgazu quelques barques blanches dansent sur les flots bleu intense agités par le vent, ourlés de blanc qui fait voler l'écume.

Je poursuis la petite D58 qui longe le rivage sud du golfe de Santa-Manza, jusqu'à apercevoir sur la rive nord la falaise blanche (calcaire) de Rocchi Bianci qui tranche sur le granit rouge et les pentes vertes du maquis.

Depuis la route de Ponti-di-a-Nava, Rocchi Bianchi
              sur la rive nord
Depuis la route de Ponti di a-Nava, Rocchi Bianchi sur la rive nord

Puis la route s'arrête sur une grande place circulaire dédiée au demi-tour. Je ne pourrai donc atteindre la pointe de Capicciola… Le vent continuant d'être très fort, je préfère rester à l'abri dans l'Exsis tout en profitant du grand soleil pour recharger les batteries sans avoir besoin de faire tourner le moteur.

Du coup j'achève l'édition de ma page web consacrée à notre tour de Gaspésie en 2005 avec le Guépard (https://mon-aigle.com/2005-07-Gaspesie/2005-07-gaspesie.html) et ne me décide à bouger que vers 15:30, lorsque je vois le soleil commencer à baisser.
Ponti-di-a-Nava
Fin de la route vers la Pointe de Capicciola : Exsis prend le soleil

Je gagnerai cette fois l'anse de Piantarella grâce à un raccourci dessiné par le GPS qui prend bientôt l'allure d'un gymkhana sur une toute petite route très étroite sinuant entre des murets de pierre sèche. Après quelques kilomètres de ce parcours sportif, je rattrape la D260, nettement plus carrossable, qui m'amène au bord de l'eau.

Plantarella : le rivage et les Iles-Lavezzi
Plantarella : le rivage et les Iles Lavezzi
L'anse très encombrée d'un tapis de posidonies séchées est d'autant plus agréable que la guinguette de service est fermée, tout comme les stands de véliplanchistes et autres kite-surfers. Quelques locaux jouent aux boules sur le sable grossiers, bien habillés car le vent continue de souffler. Les couleurs chantent sur la mer, sur les îlots au large et les îles Lavezzi qui occupent cette partie des Bouches de Bonifacio, entre la Corse et la Sardaigne dont on aperçoit la côte au sud.

Je marche un peu sur le sable, me hasarde sur les rochers pour gagner la plage de Sperone. puis renonce à ce qui tourne à l'expédition faute de chaussures adaptées (j'ai gardé mes sandales…).

Devant Plantarella : les Bouches de Bonifacio et Iles
              Lavezzi
Devant Plantarella : les Bouches de Bonifacio et Iles Lavezzi
au delà des rochers rougis par le soleil du soir


De toute façon, avec le soleil qui disparaît à l'ouest la température chute. Je reprends donc l'Exsis (où le chauffage poussé au max fera sécher mes chaussettes trempées…) pour me rapprocher de Bonifacio et gagner le Capo Pertusato où je compte trouver bivouac ce soir.
Bonifacio depuis le Capo Pertusato
Crépuscule sur le Golfe et la ville de Bonifacio au pied du sémaphore du Capo Pertusato
Quelques kilomètres seulement m'en séparent. La petite route acceptable m'amène jusqu'à la station radar (sémaphore de la Marine militaire) qui surveille les Bouches. Ensuite la «route» qui mène à l'ancien phare est barrée d'une chaine. Je laisse donc mon véhicule sur le petit parking rustique en compagnie de 2 autres voitures et me lance à pied sur les 2 kilomètres de piste défoncée qui longe le haut de la falaise jusqu'au bâtiment en restauration.

Après le coucher du soleil la lumière du crépuscule devient de plus en plus bleutée, et le vent dans cet espace pleinement exposé se remet à souffler en tempête. Bien emmitouflé dans ma «doudoune» Décathlon - celle-là sera bien amortie dès la première saison ! - j'affronte les rafales qui me font parfois vaciller, et me rends jusqu'à mon objectif. Au passage je découvre quelques points de vue superlatifs sur les hautes falaises blanche verticales qui tombent dans la mer, assaillies par de grosses vagues, et surtout sur le site suspendu de Bonifacio de l'autre côté de l'anse. Falaise du Capo Pertusato
Vagues au pied de la falaise du Capo Pertusato

Bonifacio-Capo-Pertusato
Capo Pertusato : le «Gouvernail de la Corse»

La lumière faiblit, je risque quelques prises de vue qui seront probablement trop sombres, puis reviens à mon parking où je demeurerai pour la nuit malgré les habituels panneaux anti-camping-cars.

En soirée, souper d'abord car je suis affamé après ce grand bol d'air, puis traitement des photos de la journée et chargement de ma page Gaspésie 2005 sur https://mon-aigle.com. L'écriture du carnet de route sera pour demain...


44 574 Lundi 10 janvier 2022 : du CAP PERTUSATO au plateau de CAURIA (64 km)

Depuis le sémaphore du Capo Perdusato, vers les
                    Bouches de Bonifacio, les îles Lavezzi et la
                    Sardaigne
Depuis le sémaphore du Capo Pertusato,  vers les Bouches de Bonifacio, les îles Lavezzi et la Sardaigne
Le vent qui a longuement secoué la caisse de l'Exsis hier soir a fini par s'apaiser vers 22:00, et ma nuit a été bonne, d'autant plus que, dans ce bout du monde, il n'y avait guère de circulation à craindre…

Grand soleil à mon lever vers 8:00. Je me prépare sans délai et décide de refaire en pleine lumière ma balade d'hier soir parcourue dans la pénombre. Ma progression est plus rapide et moins pénible que dans les rafales affrontées la veille, et les points de vue beaucoup plus impressionnants sous la claire lumière du matin.

Sémaphore du
              Capo Perdusato et vue vers Bonifacio
Sémaphore du Capo Pertusato et vue vers Bonifacio

Capo Perdusato : le phare, les Iles Lavezzi et la
              Sardaigne
Capo Pertusato : les Iles Lavezzi, la Sardaigne et le phare

Capo-Perdusato-le-semaphore
Capo Pertusato : au delà du sémaphore et de la falaise, la ville perchée de Bonifacio

Capo
                Perdusato : le Gouvernail de la Corse
Capo Pertusato : le Gouvernail de la Corse

Capo-Perdusato-vers-Bonifacio
Vers Bonifacio depuis le Capo Pertusato

Bonifacio : Exsis au pied du Fort St-Nicolas
Bonifacio : Exsis au pied du Fort St-Nicolas
Une heure plus tard, ayant fait le plein de brillantes images souvenirs, je gagne le centre-ville de Bonifacio, un peu inquiet de trouver un stationnement à courte distance de la ville haute où je veux faire un tour. Par chance, en cette morte saison la plupart des stationnements sont à peu près vides, et je trouve un vaste espace juste en dessous du Fort St Nicolas, à proximité du quai d'embarquement pour la Sardaigne et à moins de 200 m de la Porte de France. Qui plus est, il est baigné par le soleil matinal qui pourra recharger les 30 A/h consommés cette nuit (le chauffage est resté branché en permanence sur mon plateau venteux).

Bonifacio-depart-du-ferry-dans-le-Goulet
Dans le Goulet de Bonifacio, départ du ferry vers l'Italie

Bonifacio-Porte-de-France
Bonifacio : la Porte de France

Ruelle près de la cathédrale
Ruelle près de la cathédrale
Suivant vaguement l'itinéraire proposé par le G.V. je sillonne les quelques rues étroites et quasi en damier qui constituent la ville-forte de Bonifacio à l'intérieur de ses remparts. Certes le commerce a pu apporter une certaine aisance aux capitaines et aux quelques armateurs qui se livraient au cabotage pour exporter les productions - essentiellement agricoles - de l'île vers Gênes et les autres marché italiens et espagnols. Il n'en parait pas grand chose au plan architectural qui reste globalement très ordinaire. Même les églises comme Ste-Marie-Majeure montrent peu d'originalité, elles ont été trop remaniées, partiellement et incomplètement restaurées…

Clocher de
                        l''église Ste-Marie-Majeure
Clocher de l'église Ste-Marie-Majeure
Bonifacio-nef-de-l'eglise-Ste-Marie-Majeure
Bonifacio : nef de l'église Ste-Marie-Majeure

Décor du choeur de l''église
                          Ste-Marie-Majeure
Décor du chœur de l'église Ste-Marie-Majeure

Bonifacio-maitre-autel-de-l'eglise-Ste-Marie-Majeure
Bonifacio : maître-autel de Ste-Marie-Majeure

Bonifacio-loggia-devant-l'eglise-Ste-Marie-Majeure.jpg
Bonifacio : loggia devant Ste-Marie-Majeure
Bonifacio-maison-du-Podestat-et-ancien-hotel-de-ville
Bonifacio : maison du Podestat et entrée de l'ancien Hôtel de ville

Reste l'architecture militaire, ici partout présente, qui, alliée au site naturel, forme un ensemble imposant. Mais sa plus grande expression, le Bastion de l'Étendard et son mémorial, est fermé pour congés annuels…


Bonifacio : Porte de Genes
Bonifacio : Porte de Gènes
Bonifacio-le-port-depuis-la-porte-de-Genes
Bonifacio : Le Bastion de l'Étendard et le port depuis la Porte de Gènes

J'achève mon tour de la vieille ville en montant jusqu'au monument de la Légion étrangère, héroïque comme il se doit, puis longe un peu la falaise à pic au sud pour apercevoir le Grain de sable, un gros rocher rond détaché de la paroi, sous la longue muraille blanchâtre se terminant par le Capo Pertusato et le Gouvernail de la Corse.

Bonifacio-le-Grain-de-Sable
Bonifacio : rocher du Grain-de-Sable et suite de falaise jusqu'au Capo Pertusato
Monument-de-la-Legion-etrangere
Monument de la Légion étrangère

Au total une belle balade au grand air dans un univers pas trop mercantile - la plupart des restaurants et autres bars sont fermés - sans la horde des touristes estivants qui se bousculent ici en été. De quoi être content, mais sans enthousiasme quant à l'attraction du lieu.

Retour à l'Exsis en empruntant une suite d'escaliers vertigineux et couverts, percés de meurtrières, qui me ramènent directement sur mon parking. L'ombre commence à peine à atteindre le toit du camping-car, le soleil a eu le temps de combler les batteries à 95%. Bonifacio-escaliers-interieurs-du-Fort-St-Nicolas
Bonifacio : escaliers intérieurs du Fort St-Nicolas
Ermitage-de-la-Trinite
Ermitage de la Trinité
J'avale rapidement un léger lunch froid, puis consulte le G.V. pour fixer mon nouvel objectif en quittant la ville : ce sera l'Ermitage de la Trinité, une chapelle à flanc de montagne d'où l'on a une fort belle vue sur le site de Bonifacio et sa baie.

Ermitage-de-la-Trinite-rochers-sculptes-(taffoni
Ermitage de la Trinité : rochers sculptés (taffoni) depuis la petite route

Depuis l'Ermitage de la Trinité, vue vers le
                    Capo Petusato et la Sardaigne
Depuis l'Ermitage de la Trinité, vue vers le Capo Pertusato et la Sardaigne

Le petit bâtiment est entouré de curieux entassement de blocs de granit rouge, très spectaculaires par leur élévation et leur verticalité.
De la ville, on s'y rend en procession depuis le Moyen-Âge pour obtenir des grâces spéciales, d'où les nombreux ex-votos disposés à la base des murs intérieurs de la chapelle. Décor simplifié à l'extrême, mais une jolie Vierge à l'Enfant, pleine de grâce et de réserve accueille le visiteur. Ermitage-de-la-Trinite
Ermitage de la Trinité
Ermitage-de-la-Trinite-Vierge-et-Enfant
Ermitage de la Trinité : Vierge et Enfant
Exsis devant l'Ermitage de la Trinité
Exsis devant l'Ermitage de la Trinité

Au dessus de l'esplanade où se trouve la chapelle, je découvre un couple occupé à dépouiller un arbuste de ses petites baies noires. J'apprends qu'il s'agit de myrte, dont ils utilisent les vertus aromatiques pour parfumer les pâtés et tirer une tisane qui calme l'estomac (une liqueur aussi, semble-t-il…).

Ermitage de la Triniteé : myrte commun
Ermitage de la Trinité : myrte commun

Au bout de la mauvaise petite route défoncée je retrouve la T40 vers Sartène. Elle ne tarde pas à s'élever en offrant une enfilade de petits caps rocheux rouges recouverts du vert du maquis, paysage sauvage, presque austère malgré les chaudes couleurs vespérales.

Puis une suite de virage assez serrés monte au col de Roccapina d'où l'on aperçoit, se profilant à contrejour au dessus de la mer, la silhouette d'une tour et surtout celle du fameux lion couché de Roccapina, l'un des taffoni que la nature s'est plu à sculpter et qui parsèment le paysage autour du col. Ces formations serait dues à l'effet combiné du vent, de l'érosion, du sel et du soleil…
Roccapina-la-tour-et-le-lion-depuis-le-col
Roccapina : la tour et le lion depuis le col

Le lion de
              Roccapina
Le lion couché de Roccapina

Sur la
                    route de Sartène
 Sur la route de Sartène
Je continue en direction de Sartène, mais bifurquerai juste avant sur la D48 à Bocca Albitrina pour aller découvrir dans la campagne les mégalithes du Plateau de Cauria. Route sinueuse d'abord assez bonne qui s'insinue dans la campagne en descendant vers la côte, mais sans guère d'indications…
Puis dans les derniers kilomètres de la D48a, apparait un pavage défoncé, plein de rapiéçages et de trous, indigne d'un pays civilisé ! Je roule au pas, puis voyant le soir descendre, m'immobilise sur un espace libre sur le bas-côté. J'y poserai mon bivouac de ce soir, sûrement tranquille puisque la circulation y est nulle (et pour cause !). Cauria : bivouac au bord de la route
Cauria : bivouac au bord de la route défoncée

Je soupe tôt, puis consacre la soirée au traitement des photos de la journée et enfin au carnet des deux derniers jours. Coucher à 22:45, après un long téléphone de Monique qui semble prendre beaucoup de plaisir à jouer à la marchande sur Market Place et autres sites...


3. Corse 2022 : de CAURIA à

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