Juillet 2005

Un tour de Gaspésie


Monique et Jean-Paul MOUREZ
à bord du Guépard





252 268 Lundi 11 juillet 2005 : de MONTRÉAL à PIERREVILLE (117 km)
Il fait encore très chaud à Montréal, même vers 19:00 lorsque nous achevons de charger le Guépard pour cette escapade d’une dizaine de jours vers la mer et, espérons-le, un peu de fraîcheur. Le thermomètre de la glacière électrique mise en route depuis plus de 2 heures affiche encore un 21°C (10°C de moins que l’air extérieur) bien trop élevé qu’il faudra abaisser avec un bloc de glace acheté un peu plus loin sur la route. La descente des quelques sacs de vêtements et autres victuailles me met en nage, et c’est le vent apparent de la balade en vélo jusque chez Juliette (pour lui rendre ledit vélo à assistance électrique prêté à l’occasion de l’immobilisation du Guépard lors de son changement de moteur) qui m’apporte un peu de fraîcheur.

Adieux rapides à notre fille qui nous prête son cellulaire, histoire de garder le contact, et nous prenons enfin la route au crépuscule. J’ai décidé de cheminer cette fois-ci vers l’Est en suivant l’ancienne Route 132, qui longe le fleuve Saint-Laurent au plus près, et traverse sur la rive sud tous les vieux villages ayant contribué à la fondation du pays.
Outremont-Monique-essaie-la-douche-du-Guepard
Au départ à Outremont, Monique essaie la douche du Guépard

Le pont Jacques-Cartier nous fait franchir le fleuve en offrant une belle vue sur la silhouette des tours du centre ville se détachant sur le ciel mauve et gris vert qui s’assombrit… et nous enfilons la grande route riveraine progressivement plus étroite en s’éloignant de la métropole. Climatisation bienvenue du Guépard qui, petit à petit, nous procure le confort auquel la clim domestique nous a habitués depuis une dizaine de jours, au prix d’une claustration dont nous sommes las. Le moteur rénové montre une nouvelle jeunesse qui se traduit par plus de puissance lors des accélérations et plus de souplesse pour suivre les méandres et les dénivellations de la petite route.

Il fait bientôt nuit et c’est à la lumière des phares et des réverbères que nous apercevons les vieilles façades des villages aux toponymes familiers et anciens : Verchères, Crèvecœur. Sachant le panorama sans particularités dans cette section de notre parcours, nous tâchons de nous avancer le plus possible, jusqu’à ce que la fatigue se fasse sentir. Nous quittons la route en franchissant la rivière St-François pour descendre sur son quai devant quelques jolies résidences abritées du soleil matinal par de grands arbres. Notre souper vers 22:00 est troublé par un jeune présentant des signes d’autisme et manifestement perturbé par l’arrivée d’étrangers devant sa porte. Monique le remet verbalement en place et j’avance le Guépard une centaine de mètres plus loin pour passer une longue nuit silencieuse et paisible.



252 385 Mardi 12 juillet 2005 : de PIERREVILLE à L’ISLET-SUR-MER (281 km)

Pierreville-bivouac
Bivouac à Pierreville au bord de la rivière St-François
Absence totale de circulation sur notre petite route au bord de la rivière; aussi c’est la chaleur qui nous réveille lorsque le soleil sort de l’ombre des peupliers vers 10:00… Nous paressons encore un peu et finalement il est midi lorsque, les routines accomplie, nous prenons la route.

Je jette un œil à quelques jolies maisons du village de Pierreville, et nous roulons dans la grande chaleur de mi-journées vers Nicolet. De grandes bâtisses de pierre ont été converties en École nationale de police – probablement les anciens locaux de l’évêché et du séminaire…

À Bécancour nous prenons une pause pour faire le tour du moulin-à-vent de St-Grégoire, construit par des Acadiens réfugiés au Québec en 1753. Bien restauré et fleuri, il est malheureusement fermé les lundi et mardi.
Becancour-moulin-St-Gregoire
Moulin Saint-Grégoire à Bécancour

Ste-Angele-de-Laval-le-pont-Laviolette-en-face-de-Trois-Rivieres
Depuis Ste-Angèle-de-Laval : le pont Laviolette menant à Trois-Rivières
Passe alors Trois-Rivières dont nous apercevons le grand pont Laviolette depuis Ste-Angèle-de-Laval, puis le sanctuaire du Cap-de-la-Madeleine sur la rive nord.

Poursuite de la 132 vers  Gentilly (centrale nucléaire, non merci !). La route se rapproche du fleuve dans un paysage très rural.

À Lotbinière, tour du jardin de la maison Chavigny de la Chevrotière (1817) : un très joli jardin au-dessus du fleuve entoure la haute bâtisse sévère en pierre que son propriétaire, avec lequel nous piquons une jasette, met beaucoup de temps, d’énergie et d’argent à entretenir. Lotbiniere-maison-Chavigny-de-la-Chevrotiere-jardin
Lotbinière, maison Chavigny de la Chevrotière : jardin

Lotbiniere-maison-Chavigny-de-la-Chevrotiere-facade
Lotbinière : façade de la maison Chavigny de la Chevrotière

moulin-du-portage
Devant le moulin du Portage
Il nous indique le chemin du Moulin du Portage qui a lui aussi été bien restauré dans une boucle de la Grande rivière du Chêne. Au bout d’une route de rang poussiéreuse, nous trouvons le site annoncé, effectivement fort agréable, qui rappelle l’histoire seigneuriale de la région.


Il continue cependant de faire assez chaud et nous poursuivons la route fluviale jusqu’à la Pointe Platon, où le marquis Joly de Lotbinière avait construit sa résidence d’été.
domaine-joly-de-lotbiniere
Lotbiniere : entrée de la maison du marquis Joly de Lotbinière

Pointe-Platon-domaine-Joly-de-Lotbiniere-le-manoir
Pointe-Platon, domaine Joly de Lotbinière : le manoir depuis le jardin
Très beau domaine entouré de superbes jardins fleuris où nous faisons une longue halte : visite du manoir rempli de souvenirs de la famille (le dernier marquis a vendu le domaine au gouvernement du Québec faute de moyens pour l’entretenir…), balade dans les jardins et descente jusqu’au rivage où s’étend une large vue sur le fleuve. Pique-nique avant de reprendre la route en fin d’après-midi.

Salon de musique du manoir Joly de-Lotbiniere
Salon de musique du manoir Joly de Lotbinière

domaine-joly-de-lotbiniere le fleuve depuis le jardin
Domaine Joly de Lotbinière : le fleuve depuis le jardin

Domaine-Joly-de-Lotbiniere-la-rive-du-fleuve-vers-l'amont
Domaine Joly de Lotbinière : la rive du fleuve vers l'amont

domaine-joly-de-lotbiniere-le-feuve-vers--l'aval-a-la-Pointe-Platon
Domaine Joly de Lotbinière : le fleuve vers l'aval depuis la Pointe Platon

La lumière reste très belle lorsque nous passons Sainte-Croix, puis Saint-Antoine-du-Tilly où nous retrouvons les vieilles maisons admirées avec Jehanne il y a maintenant 3 ans. Brève descente sur la grève en arrière de laquelle se sont établies quelques demeures avec vue exceptionnelle sur le large cours du Saint-Laurent. Puis c’est la région beaucoup plus populeuse de Québec traversée sans arrêt en suivant toujours la 132 : Saint-Nicolas, Place Normandie, Villieu… St-Romuald, Levis, Lauzon. Zone urbaine dense, sans réelle personnalité, avec ses rangées de commerces aux façades accrocheuses… Nous retrouvons la campagne et la vue sur le fleuve qui s’élargit un peu plus loin vers Beaumont et son moulin à eau déjà visité autrefois…

Dans le soir qui descend en dorant le ciel au-dessus des rives de l’Ile d’Orléans puis des pentes de la côte Charlevoix qui s’éloignent au fur et à mesure de l’élargissement du grand fleuve, nous continuons notre chemin vers l’est (point de vue depuis le belvédère/halte routière de Berthier). Montmagny ne nous retient pas (l’excursion vers le parc historique de Grande Île et le Mémorial des Irlandais sera pour une autre fois…), et les oies nous attendront à l’automne…

Dans la nuit qui descend, nous arrivons à l'Islet-sur-Mer où nous allons stationner derrière l’église, en bordure du fleuve et à l’abri du bruit de la grande route. Souper d’une salade de radis à l’orange (une autre recette marocaine), écriture du journal pour moi et lecture pour Monique qui dévore le Roman de Julie Papineau, et enfin coucher vers 23:45 dans la fraîcheur enfin retrouvée. L'Islet-sur-mer-crepuscule-sur-le-fleuve
L'Islet-sur-Mer : crépuscule sur le fleuve

L'Islet-sur-mer-crepuscule-sur-notre-bivouac
L'Islet-sur-Mer : crépuscule sur notre bivouac ; en face la Côte Charlevoix


252 666 Mercredi 13 juillet 2005 : de L’ISLET-SUR-MER à GRAND MÉTIS (283 km)

Islet-sur-mer-bivouac-devant-l_eglise
L'Islet-sur-Mer : bivouac devant l'église
Cette fois nous dormons dans le plus grand confort puisque la température est redevenue beaucoup plus fraîche. Les premières cloches nous réveillent à 8:00 sous un grand soleil qui éclairera toute notre journée. Je traîne un peu au lit jusqu’au deuxième carillon de 9:00, prend ma douche et déjeune tandis que Monique, profitant du calme qui nous environne, repousse son lever à plus tard.

l_islet-les-batures-et-le-fleuve
L'Islet-sur-Mer : les bâtures et le fleuve

Je fais un tour sur la grève, visite l’église ancienne (1768) et bien conservée, puis reprends la Route 132 en direction de l’est. l_islet-facade-de-l_eglise
Façade de l'église de l'Islet-sur-Mer

l_islet-nef-de-l_eglise
L'Islet-sur-Mer : nef de l'église

Choeur de l'église de l'Islet-sur-Mer
Chœur de l'église de l'Islet-sur-Mer

Bref arrêt à la halte routière de St-Jean-Port-Joli où l’on a une belle vue sur la côte et le fleuve, puis à un belvédère un peu à l’écart de la route juste après le village des Aulnaies d’où se déploie un large panorama sur les vieilles maisons et les clochers du village, l’estuaire de la rivière des Aulnaies et le fleuve. Monique profite de l’arrêt pour se lever enfin et prendre sa douche. Pas de propane au IGA de la Pocatière mais au moins j’y trouve la salade du déjeuner… Les-Aulnaies-belvedere
Belvédère sur le fleuve devant Les Aulnaies

St-Denis : le plage vers l'amont
St-Denis : au-delà des aubépines, la plage vers l'amont
La route continue de vagabonder dans la campagne très cultivée, jamais bien loin de l’eau. Petit détour jusqu’au rivage de Saint Denis où nous suivons un moment le Chemin de la Grève bordé de chalets de tous niveaux, de la modeste cabane en planches au luxueux chalet d’été.

Nous voici bientôt à Kamouraska, fameux pour sa pêche à l’anguille mais aussi pour sa collection de maisons anciennes admirablement conservées. Nous prenons le temps d’en admirer et photographier plusieurs le long de la grande rue qui traverse le village. Beau travail de charpente, menuiseries élégantes et couleurs affirmées leur donnent beaucoup de chic et de caractère. Kamouraska-maison-Ward-1864
Kamouraska : la maison Ward (1864)

Kamouraska-maison-Ward-1864
Kamouraska : côté et pignon de la maison Ward (1864) au-dessus du fleuve

Kamouraska-vue-sur-le-fleuve-depuis-la-maison-Ward
Kamouraska : vue sur le fleuve depuis la maison Ward

Kamouraska-maison-Miller-Dupuis
Kamouraska: la maison Miller-Dupuis

Arrêt sur la place devant l’église pour quérir une excellente miche chez Niemand, le boulanger d’origine allemande dont j’admire – et photographie – la maison elle aussi joliment restaurée et fleurie. Kamouraska-boulangerie-Niemand
Kamouraska : maison de la boulangerie Niemand

Kamouraska-boulangerie-Niemand
Kamouraska : boulangerie Niemand
Kamouraska : galerie de la boulangerie Niemand
Kamouraska : galerie de la boulangerie Niemand

À St-André nous attendent quelques autres belles maisons; cette fois-ci nous nous intéressons à la grande bâtisse transformée en auberge au centre du village. St-Andre-de-Kamouraska-auberge-La-Solaillerie
St-André-de-Kamouraska : auberge La Solaillerie

St-Andre-de-Kamouraska : auberge La
                    Solaillerie
St-André-de-Kamouraska : l'auberge La Solaillerie
St-André-de-Kamouraska : enseigne de l'auberge
                    La Solaillerie.
St-André-de-Kamouraska : enseigne de l'auberge La Solaillerie

St-Andre-de-Kamouraska-auberge.
La Solaillerie à St-André-de-Kamouraska : une auberge bien avenante...

Pique-nique au bord de la grève à l’entrée de N-D du Portage. Halte routière de N-D-du-Portage, au bord du
                    fleuve
Halte routière de N-D-du-Portage, au bord du fleuve

Nous sommes bientôt à Rivière-du-Loup. Je laisse Monique aller fouiner au Bouclair pour dégotter de jolis tissus imprimés qu’elle destine aux coussins du salon, puis achète les cartouches de propane manquantes dans un grand Canadian Tire. En sortant, nous allons jeter un œil à la chute de la Rivière du Loup, un peu décevante car le barrage qui la couronne absorbe la plus grande partie de son eau…

Riviere-du-Loup-la-riviere-sous-la-chute
Rivière-du-Loup : la rivière sous la chute
Riviere-du-Loup-la-chute
Rivière-du-Loup : la chute de la rivière dans le parc au cœur de la ville

En quittant la petite ville, nous tentons de visiter la Maison Fraser que je localise sur la carte sur la Pointe de Rivière du Loup,. Nous parcourons tout au long la route jusqu’au quai du traversier, en vain puisque la vieille demeure se trouve en fait au centre ville… Au moins aurons-nous découvert le beau parc linéaire près de l’Anse au Persil, tranquille avec vue superbe sur le fleuve mais interdit la nuit : à oublier comme BTS (étape Belle, Tranquille et Sûre)…

Traversée rapide de Cacouna aux belles maisons de villégiature de style anglo-américain mêlé à plusieurs éléments québécois. Puis c’est L’Isle-Verte, très agricole, Trois-Pistoles où je fais le plein d’eau au camping municipal gracieusement indiqué et contacté par l’hôtesse du Bureau du tourisme local… Nous ne nous attardons pas au Bic, déjà visité plusieurs fois, mais dont le magnifique décor naturel de collines plongeant dans la mer nous paraît toujours aussi impressionnant. Plein d’essence à Rimouski, sous un ciel qui s’assombrit (coucher du soleil et nuages…).

Puis bref arrêt quelques kilomètres plus loin à Ste-Luce lorsque je reconnais le Moulin banal du Ruisseau à la Loutre photographié lors de notre premier tour du Québec en 1971, mais jamais identifié…

Nous continuons à rouler dans le soir qui descend jusqu’à notre objectif : le grand jardin de Métis que nous visiterons demain matin. À Sainte Flavie - sans particularités - entrée officielle en Gaspésie.

La route continue de suivre le rivage, entourée de nombreuses et modestes maisons de vacance près de l’eau, tandis que le long de la grande route s’égrènent des petits villages agricoles.
Ste-Luce : le moulin banal sur le Ruisseau à la
                    Loutre
Ste-Luce : le moulin banal sur le Ruisseau à la Loutre

Ste-Luce : le moulin banal sur le Ruisseau à la
              Loutre
Ste-Luce : le moulin banal sur le Ruisseau à la Loutre au crépuscule

Les jardins de Métis ferment lorsque nous entrons sur le grand parking; une gardienne qui s’apprête à quitter les lieux et à en fermer la barrière nous suggère un petit stationnement faisant partie du domaine, tranquille et isolé à quelques centaines de mètres, au bout de la Route de la Plage et près de l’embouchure de la Rivière Mitis. Nous suivons son conseil et allons y poser notre bivouac dans le plus grand calme.

Epilobes-a-l_estuaire-de-la-Mitis
Épilobes à l'estuaire de la Mitis

Avant l’écriture du journal et le coucher, je vais faire un tour sur la pointe de terre isolée où s’achève la rive droite de la Mitis, là où elle se jette dans le fleuve. Quelques promeneurs profitent comme moi de la beauté de lieux, sauvages et grandioses; j’y découvre un étonnant entassement de blocs de rochers gravés de motifs floraux, inattendus mais d’un fort bel effet en ces lieux rustiques. Mitis-estuaire-rochers-graves
Rochers gravés sur l'estuaire de la Mitis



252 949 Jeudi 14 juillet 2005 : de GRAND MÉTIS à LA MARTRE (169 km)

Orage et averses se succèdent pendant la nuit, et le ciel est encore bien gris lorsque nous regagnons le stationnement des jardins après une nuit des plus reposantes. Ce sont les chants des oiseaux mais aussi les grondements intermittents de l’orage qui nous ont tirés du sommeil. Nous devrons attendre plus d’une heure que cesse la pluie abondante. J’en profite pour classer mes photos dans IPhotos dont je ne maîtrise pas encore toutes les subtilités… Une éclaircie et un large pan de ciel bleu nous donnent la chance de partir à la découverte du domaine aménagé par Lady Reford au début du siècle.

metis-jardin-reford
Métis : la maison au milieu du jardin Reford
À partir d’un rendez-vous de pêche (au saumon sur la Mitis renommée pour ce sport) dont son oncle lui avait fait cadeau, cette grande bourgeoise de Montréal entreprit dès 1926 d’implanter un ensemble de jardins en profitant d’un microclimat particulièrement favorable. D’abord racheté à la famille par le Gouvernement du Québec, le domaine est maintenant géré par une fondation qui entretient la maison, les jardins et voit à leur mise en valeur et à leur développement.

La maison a gardé son décor architectural mais les pièces sont vides et ont perdu leur mobilier ; quelques photos donnent une idée de la richesse des propriétaires (le tonton donateur était président fondateur du Canadien Pacific, tandis que le mari d’Elsie Reford est devenu président de la Cunard Line…) et du grand train de vie qu’on menait ici.

metis-jardin-reford
Métis : aile de la maison donnant sur le jardin Reford

Cadre de bon goût donc, fort bien mis en valeur par l’environnement naturel : une terrasse sur une falaise dominant le fleuve à l’embouchure de la Mitis. Quant aux jardins, ils sont très soignés, relativement étendus et assez variés. Les sentiers bien tracés utilisent les accidents du terrain, particulièrement le long d’un ruisseau abondant aux jolies courbes, ou bien serpentent dans le dense sous-bois humide envahi par une belle variété de fougères. metis-jardin-reford-ruisseau
Ruisseau et fougères dans le jardin Reford de Métis

En revanche on ne découvre guère de perspectives ou de « vistas » comme nous y ont initiés les nombreux jardins parcourus en Grande-Bretagne. De plus les plantations nous donnent souvent une impression de fouillis; formes, feuillages et coloris, d’une grande variété au demeurant, semblent disposés là un peu par hasard, comme pour remplir l’espace et non pour composer les tableaux raffinés auxquels nous nous attendions…
Métis : rocaille dans le jardin Reford
Métis : rocaille dans le jardin Reford
Métis : l'étang dans le jardin Reford
Métis : l'étang et son pavillon dans le jardin Reford

metis-bordure-dans-le-jardin-reford
Métis : bordure dans le jardin Reford

metis-jardin-reford

Metis-terrasse-de-la-maison-Reford
Pause sur la terrasse de la maison Reford

La fin de la visite, consacrée à une exposition internationale de jardins contemporains, nous laisse étonnés mais peu convaincus par les élucubrations de quelques architectes paysagistes qui expliquent longuement, en un jargon ampoulé, leurs prétentions et leurs intentions…

Au total une belle balade en nature, assez coûteuse (28 $ + taxe) mais dans un cadre superbe et bien mis en valeur.

Un bon pique-nique, toutes portes et fenêtres ouvertes dans la chaleur humide qui a suivi les ondées de ce matin, nous permet de récupérer un peu, avant de reprendre la route vers l’est. Celle-ci continue de longer la rive sud de l’estuaire du Saint Laurent de plus en plus large. Avec la légère brume de chaleur et la forte humidité ambiante, la rive nord finit par disparaître à l’horizon. De ce côté-ci, la côte est assez plate et rocheuse, avec de nombreux hameaux de petites maisons dispersées dans l’herbe rase.

Les-Mechins
Les Méchins
Plus loin, le relief s’accuse, la grève rocheuse est souvent encombrée de gros blocs arrondis typiquement glaciaires comme près des Méchins.

Le temps se gâte après Matane – sans intérêt particulier - où nous faisons quelques courses d’épicerie, et la pluie s’installe pour de bon, nuages et grisaille limitant les vues maintenant plus intéressantes sur les falaises gravies ou dévalées par la route. Nous poursuivons jusqu’à La Martre où, déçus de rater la plus belle part de ce trajet le long de la rive nord de la Gaspésie, nous décidons d’arrêter peu avant 19:00. Bivouac au pied du phare sis sur une petite éminence, devant le vaste paysage de l’estuaire envahi par les nuages bas et par la pluie… Bivouac au pied du phare de La Martre
Bivouac au pied du phare de La Martre


253 120 Vendredi 15 juillet 2005 : de LA MARTRE au Parc national du FORILLON (95 km)

La-Martre-le-fleuve-en-amont-depuis-le-bivouac
La Martre : le fleuve en amont depuis le bivouac
Sommeil sans incident jusqu’à 8:45 et beau soleil à notre lever. Les vues sur la côte tant vers l’ouest que vers l’est sont superbes : la terre s’interrompt brusquement et tombe en falaises verticales sur l’étendue bleu gris de la baie, la rive nord disparaît à la limite vague où les eaux rejoignent les cieux. Un peu partout tourbillonnent les petites taches blanches d’oiseaux marins, le bruit lancinant des vagues seulement troublé par le passage occasionnel d’un véhicule sur la route de corniche le long de la mer…

Nous nous levons, prenons notre petit-déjeuner… et le ciel commence déjà à s’assombrir ! La bruine se mettra de la partie un peu plus loin, pour pratiquement ne pas cesser jusqu’au soir. La-Martre-le-fleuve-en-aval.
La Martre : le fleuve en aval

Nous continuons notre chemin vers l’est, sur cette même route qui passe au pied des falaises de roche grise et brune, avec parfois de brusques montées pour contourner un cap particulièrement inaccessible puis une abrupte descente donnant accès au fond d’une anse ou à l’estuaire d’une rivière où niche un village comme L’Anse Pleureuse, Gros Morne, Manche d’Épée, Rivière-la-Madeleine, et autres toponymes colorés. Le temps bouché limite malheureusement les vues sur les perspectives des caps s’avançant dans la mer, tandis que les couleurs des vallées s’éteignent dans la lumière chiche et grise, rendue diffuse par le couvert nuageux et la bruine qui tombe sans relâche. Jolie vue sur la courbe de la rivière Madeleine débouchant sur le Détroit d’Honguedo par un semblant de ria, au pied du phare qui, par ailleurs, ne nous semble pas mériter la visite…

Detroit-d_Honguedo-riviere-Madeleine
Détroit d'Honguedo : rivière Madeleine

Riviere-au-Renard
Rivière-au-Renard
À Rivière-au-Renard, vaine recherche d’un « vrai » pain sans sucre ni gras ajouté dans le IGA local.

Un peu plus loin, à l’Anse-au-Griffon, visite du Manoir LeBoutillier (1850) dont la silhouette originale a retenu notre attention depuis la route. Il s’agit de l’un des 7 postes de pêches construits par John LeBoutillier, un commerçant en morue originaire de Jersey qui fit fortune en Gaspésie, organisant la pêche, le transport et l’exportation du poisson à grande échelle durant tout le XIXème siècle. manoir-le-boutillier
L'Anse-au-Griffon : Manoir Le Boutillier


Manoir Le Boutillier : la galerie
Manoir Le Boutillier : la galerie et le larmier cintré
Manoir LeBoutillier plaque
Manoir Le Boutillier : plaque

La trajectoire du personnage ne manque pas d’intérêt puisque, non content de faire souche à Gaspé où il s’était fait construire une luxueuse demeure de ville, il finit comme député de la région et participa activement au développement culturel de la région. La maison, quant à elle, a été bien restaurée et agréablement remeublée, donnant une bonne idée de la vie assez confortable qu’y menait le patron et les gérants de cette grande entreprise.

Manoir-Le-Boutillier-escalier
Manoir Le Boutillier : l'escalier menant à l'étage
Manoir-Le-Boutillier-lit
Manoir Le Boutillier : le lit d'époque dans la chambre

Manoir-le-boutillier-toilette
Manoir Le Boutillier : toilette dans la chambre
Manoir-Le-Boutillier-goelette
Manoir Le Boutillier : une goélette comme celles employées par la compagnie de John Le Boutillier

Déjeuner sur le stationnement et sous la pluie… Manoir Le Boutillier, côté galerie
Manoir Le Boutillier, côté galerie

Nous continuons de longer le Parc National du Forillon qui occupe toute la pointe de la Gaspésie au nord de la Baie de Gaspé, sans aller pour autant aller jusqu’au rivage déjà utilisé pour l’habitation ou comme terre agricole. C’est seulement à partir du Cap Desrosiers, ainsi dénommé par Jacques Cartier pour l’abondance de ses rosiers sauvages, que le territoire tout entier est préservé, offrant un magnifique panorama côtier de hautes falaises malheureusement aujourd’hui fondues dans la grisaille.

Nous arrêtons brièvement au pied du plus haut phare du Canada (37 m).
Le Cap
                      Desrosiers et son phare
Le Cap Desrosiers et son phare

Parc-du-Forillon-Cap-Bon-Ami
Parc du Forillon : Cap-Bon-Ami, au pied du camping
Puis nous nous enfonçons dans les bois qui occupent la plate-forme au-dessus de la mer jusqu’au camping joliment aménagé du Cap Bon-Ami où nous nous installons pour la nuit.

Dans la bruine, je vais admirer le paysage grandiose, remettant à demain la balade jusqu’à la tour d’observation du Mont Saint-Alban qui culmine à 283 m et offre, paraît-il, « un paysage impressionnant de mer et de falaises ». Soirée tranquille bien à l’abri à lire, écouter de la musique, écrire, classer des photos jusqu’à une heure avancée…


253 315 Samedi 16 juillet 2005 : du CAP BON-AMI (Forillon) à CAP-AUX-OS (25 km)

La pluie s’est arrêtée en soirée et la nuit, d’un calme inattendu dans un terrain de camping, nous a gratifiés d’un excellent et long repos. Au matin, réveil tardif (9:30 !) sous un ciel clair et sec qui achèvera de se dégager et de s’ensoleiller durant la journée. Nous pouvons donc donner suite au projet de randonnée en boucle autour du Mont Saint-Alban. Parc du Forillon : Guépard au camping du Cap
                      Bon-Ami
Parc du Forillon : Guépard au camping du Cap Bon-Ami

Parc du Forillon : Guépard au camping du Cap
                      Bon-Ami
Falaise du Cap Bon Ami vers l'ouest
Quittant notre petit emplacement propret dans le camping du Cap Bon-Ami, nous avançons jusqu’au stationnement marquant la fin de la route côtière, allons faire un tour sur le belvédère. Ce rocher s’avançant dans la mer offre une vue spectaculaire et rapprochée sur la falaise où nichent une myriade d’oiseaux et au pied de laquelle se prélasse un petite colonie de phoques.

parc-forillon-plage
Parc national du Forillon : la plage du Cap Bon-Ami vers l'Est

Puis nous nous attaquons aux choses sérieuses : la rude grimpée jusqu’à la tour d’observation 240 mètres plus haut. Si le sentier est en assez bon état et ne présente aucune difficulté, en revanche la dénivellation est rude pour nos jambes rouillées de citadins trop sédentaires.

Nous progressons lentement dans le sous-bois touffu et frais, avec de longues pauses aux quelques belvédères en balcons qui offrent des vues magnifiques sur la côte, la mer et les falaises du Golfe Saint-Laurent.
parc-forillon-montee-au-mont-st-alban
Parc du Forillon : la rude montée au Mont-St-Alban
Les couleurs en sont avivées, maintenant que le ciel est presque entièrement bleu, et la visibilité très large permet même un moment de distinguer très clairement les côtes de Terre-Neuve.
Parc-du-Forillon-estuaire-du-St-Laurent
Parc du Forillon : l'estuaire du St-Laurent depuis le sentier du Mt-St-Alban
parc-forillon-vers la pointe
Parc du Forillon : la pointe depuis le sentier du Mt-St-Alban

parc-forillon-reptiles
Faune du parc : des reptiles (non venimeux !)

Enfin, après près de 2 heures d’effort, nous grimpons les marches de la tour pour aller pique-niquer sur la plus haute terrasse, avec une vue panoramique à couper le souffle sur l’ensemble du Parc, le péninsule et ses falaises, et au sud, derrière la baie de Gaspé, l’île Bonaventure et le Rocher Percé.

Nous passons ainsi près d’une heure perchés dans les hauteurs, sous le charme de ce panorama exceptionnel et bien mérité… en compagnie de plusieurs familles de touristes français qui nous paraissent bien nombreux cette année.
Parc-du-Forillon-Monique-pique-nique-sur-la-tour-du-Mt-St-Alban
Parc du Forillon : Monique pique-nique sur la tour du Mt-St-Alban

parc-forillon-mt-st-alban-vue-sur-baie-de-gaspe
Parc du Forillon : depuis la tour du Mt-St-Alban, vue sur la baie de Gaspé

parc-du-Forillon-le-promontoire-depuis-la-tour
Parc du Forillon : le promontoire depuis la tour du Mt St-Alban

Puis nous poursuivons la « boucle du Mont Saint-Alban » en redescendant à travers bois le sentier menant à la plage du Secteur sud où Monique arrive les jambes tremblantes et crampées. Un petit coup de pouce (auto-stop) nous emmène rapidement et sans fatigue supplémentaire jusqu’à Grande Grave où nous reprenons la « Passe de la Haute Montagne », une piste raide et caillouteuse qui reliait le village de Grande Grave au Cap Bon Ami où nous attend notre Guépard. Deux autres kilomètres gravis et dévalés à un pas de sénateur, et nous retrouvons notre refuge à roulettes environné de touristes venus admirer le grand spectacle de la nature. Parc du
                      Forillon : Grande Grave
Parc du Forillon : Grande Grave, rive nord de la Baie de Gaspé

Parc-du-Forillon : retour au départ des sentiers
Parc du Forillon : retour au départ des sentiers

Repos sur le plage de Cap-aux-Os, secteur sud
                      du Parc du Forillon
Repos sur le plage de Cap-aux-Os, secteur sud du Parc du Forillon
Nous sommes affamés et rompus; un bon café et un léger casse-croûte viennent à bout de nous revigorer, mais pour nos muscles endoloris il faudra prendre le temps de récupérer. Plein d’eau sur un robinet du camping, puis route transversale à travers la péninsule jusqu’au Secteur sud du Parc, le long de la rive nord de la baie de Gaspé. Nous hésitons un peu à nous engager en direction du Cap Gaspé, puis décidons de laisser cette découverte à demain et allons nous étaler sur le sable de la plage de Cap-aux-Os pendant une bonne heure. Repos délicieux après l’effort de la mi-journée…

Puis nous nous installons sur une vaste esplanade en arrière de la plage, soupons frugalement en regardant le soir descendre lentement sur la baie devant nous. Coucher tôt après cette journée bien remplie.


253 340 Dimanche 17 juillet 2005 : de CAP-AUX-OS à BARACHOIS (Belle-Anse) (129 km)

En ce beau dimanche matin, la circulation reprend assez tard sur la route derrière nous, aussi dormons-nous bien jusque passé 9:00.

Le beau temps est au rendez-vous pour la balade jusqu’au phare de Cap Gaspé, un petit 4 km à pied sous le grand soleil à partir du stationnement marquant la fin de la route du parc.
Cap-aux-Os-bivouac
Bivouac à Cap-aux-Os

Le chemin empierré se parcourt allégrement avec, en prime, des vues presque toujours superbes sur l’immense rade de Gaspé. Un sentier beaucoup plus rustique, dit « des Graves » longe les grèves au plus près en  zigzagant dans le sous-bois, mais la présence d’ours peu sauvages en a fait interdire momentanément l’accès sur de grandes sections.

Baie de Gaspé
Baie de Gaspé

Parc du Forillon : phare du Cap-Gaspé
Parc du Forillon : phare du Cap Gaspé
Une heure plus tard nous sommes au pied du phare, et au-dessus du cap d’où la vue s’étend à 360° sur le Golfe Saint-Laurent au nord, le somment du Forillon derrière nous à l’ouest et la baie de Gaspé au sud. Terre-neuve à plus de 300 km est bien entendu invisible, même si durant quelques minutes il me semble apercevoir le contour d’une terre à l’horizon (peut-être les Îles de la Madeleine ?).

Pique-nique devant le magnifique paysage dans le vent frais et la grande lumière, avant de prendre le chemin du retour. Parc-du-Forillon-JP-pique-nique-au-pied-du-phare-du-Cap-Gaspe
Parc du Forillon : Jean-Paul piquenique au pied du phare du Cap Gaspé

Baie-de-Gaspe : sur le sentier du retour
Baie de Gaspé : sur le chemin du retour

Baie de Gaspé
                et prairie fleurie
Baie de Gaspé et prairie fleurie

Malgré la petite brise toujours présente, nous apprécions de rouler un peu vitres grandes ouvertes le long de la côte vers Gaspé, car le grand soleil et l’humidité importante fatiguent et empêchent de récupérer autant que nous le souhaiterions après notre bonne marche. Jolies vues sur le plan d’eau en cheminant jusqu’au fond de la baie où nous profitons des ressources davantage disponibles pour faire quelques courses d’épicerie et le plein d’essence.

Peu après le pont sur la Rivière Dartmouth, nous ratons le monument élevé à la gloire de Jacques Cartier qui débarqua ici en 1534, après 40 jours de traversée depuis la France ; on nous apprendra plus tard que le dit monument se trouve dans le périmètre du Musée de la Gaspésie, près de l’Hôtel de ville. La route s’éloigne un peu dans les terres autour du Cap Haldimand (chaussée défoncée…), pour retrouver le rivage peu après la traversée de la Rivière St-Jean.

Pause sur une petite plage près d’une halte routière à Douglastown, avec une large vue sur la Baie et la presqu’île du Forillon. Température, calme et environnement délicieux après notre bonne marche de ce matin.
Plage-sur-la-baie-de-Gaspe
Plage sur la baie de Gaspé

Plage-sur-la-baie-de-Gaspe

Ouille-le-coup-de-soleil
Ouille ! le coup de soleil !

L’après-midi est bien avancé lorsque nous reprenons notre tour qui s’infléchit vers le sud après Prével et Pointe Saint-Pierre pour tomber sur l’autre vaste espace marin de la Malbaie, fermée au sud par l’Île Bonaventure et le fameux Rocher Percé. La-Malbaie-et-le-Rocher-Perce
La Malbaie et le Rocher Percé

La vue me rappelle notre premier passage ici en 1971 lorsque, ramenant chez lui un jeune autostoppeur et malencontreusement surpris par une pluie torrentielle, nous avions été chaleureusement accueillis dans la petite maison familiale. Son nom, Carol, me revient, ainsi que l’image de la petite maison blanche à pignon d’où s’étendait une vue superbe sur la baie et le Rocher à l’horizon. Nous voilà donc partis à sa recherche, observant chacune des nombreuses maisonnettes à clins blancs typiques de la région, tout en surveillant l’évolution du paysage. Mais le site de Percé disparaît lorsque nous entrons dans le village de Barachois, sans avoir repéré la demeure de Carol.

Barachois-maison-des-Lafontaine
Barachois : la maison des Lafontaine
Heureusement j’ai conservé sur mon ordi portable la page web où j’ai rassemblé journaux de bord et photos de nos différentes randonnées, y compris ce mémorable tour du Québec. Quelques clics et apparaissent les images de la maison au fronton caractéristique et la vue sur le Rocher Percé. Nous faisons demi-tour et, après cinq minutes, identifions la maison en question.

Monique s’enquiert auprès de deux femmes en train de jardiner du sort de la famille Lafontaine qui nous avait accueillis ici il y a 34 ans : surprise de Michèle et de Marie-Ange, sœurs de Carol, qui se souviennent de ces 2 jeunes Français ramenés par leur frère et de la balade le lendemain à la découverte du site touristique tout proche.

La même hospitalité chaleureuse et spontanée nous est à nouveau offerte, nous passons la soirée ensemble en évoquant cette époque révolue, nos chemins respectifs, en accompagnant Michèle à une autre pêche au maquereau sur le quai de la Malbaie et en reprenant contact par téléphone avec Carol qui, maintenant importateur de vin français, vit depuis 30 ans à Montréal… Barachois : soirée avec les Lafontaine
Barachois : soirée avec les Lafontaine

Quai-de-la-Malbaie-Michele-peche-le-maquereau
Quai de la Malbaie : Michèle pêche le maquereau

Coucher tard stationnés sur le gazon en avant de la maison, avec en perspective un lever tôt pour accompagner Michèle dans un petit tour aux environs, à la découverte de points de vue inédits sur le paysage exceptionnel qui nous entoure.


253 469 Lundi 28 juillet 2005 : de BARACHOIS à CARLETON (236 km)

Dès 6:00 Michèle frappe à notre porte en nous offrant le café du matin que nous prenons avec elle sur la grande balancelle : le soleil est levé depuis longtemps, et il commence même à faire un peu chaud. Sans tarder, elle nous entraîne sur des hauteurs environnantes comme sur le Chemin Bougainville où, près des petites maisons de planches peu à peu transformées en résidences secondaires, se révèlent effectivement de forts beaux points de vue sur la baie, le Rocher Percé et l’île Bonaventure. Après un dernier tour à la Pointe Saint-Pierre d’où l’on aperçoit d’un côté les sites en question et de l’autre la presqu’île du Forillon et le Cap Gaspé, nous quittons notre avenante et enthousiaste hôtesse en promettant de nous revoir à Montréal.

Le-rocher-de-Perce-depuis-Barachois
Le rocher et la baie de Percé depuis Barachois

Percé
                      : le rocher depuis le village
Percé : le rocher depuis le village
Nous sommes bientôt à Percé; si le site mérite bien son exceptionnelle réputation, le village lui-même est devenu hautement touristique et donc mercantile, ce qui, à nos yeux, lui enlève sa plus grande part d’intérêt. Comme la chaleur nous accable de plus en plus, nous cherchons seulement un stationnement ombragé, trouvé un peu en retrait de la Grande Rue sous quelques grands arbres près de l’église, pour déjeuner au frais.

Guépard à
                Percé
Guépard pas vraiment bienvenu à Percé

Puis nous traversons le village en prenant quelques photos et, désireux de rechercher un peu de fraîcheur en altitude, nous faisons prendre au Guépard la rude montée au Mont Sainte-Anne par la route des Failles. Mal lui en prend car, à peine rendu à mi-pente, une fumée grise et une forte odeur d’huile brûlée s’échappe de sous le capot, comme si un surplus d’huile s’échappait du moteur et s’écoulait sur l’échappement…

Nous attendons que la fumée et l’odeur se dissipent un peu en prenant l’air sur la terrasse devant l’Auberge de Gargantua et en admirant le paysage montagneux des Monts Chic Chocs, vers l’intérieur du pays. Puis nous renonçons à aller plus loin, inquiets des fantaisies de notre moteur et peu soucieux de nous exposer davantage à la chaleur vraiment insupportable.

Il ne reste plus qu’à redescendre très lentement en prenant quelques photos spectaculaires sur le village de Percé et son rocher. Nous sommes maintenant au plus chaud de la journée, aussi décidons-nous de rouler vers l’ouest toutes fenêtres fermées et la clim au maximum, en espérant une baisse de cette chaleur humide en fin de journée.
Rocher-de-Perce-depuis-Mont-Ste-Anne
Le Rocher Percé depuis le Mont Ste-Anne

Du reste, la côte de la Baie des Chaleurs – qui mérite bien son nom cette fois-ci ! – nous paraît nettement moins intéressante et spectaculaire que la côte nord de la Gaspésie, aussi passons-nous Grande Rivière, où Monique fait un long somme à l’ombre rare de l’église, puis Chandler, Newport, Port-Daniel, Hopetown… Nous filons sans arrêter jusqu’à Paspébiac pour un autre pique-nique (notre lever trop tôt semble avoir décalé notre rythme).

Paspebiac-la-tonnellerie
Paspébiac : la tonnellerie
Puis je descends sur le banc au bord de l’eau pour faire le tour des bâtiments de pêche et de traitement de la morue installés ici par Charles Robin, un autre entrepreneur jersiais qui se créa un empire économique sur la côte au XIXème. Malheureusement les guides, eux aussi accablés par la chaleur, ont déserté les ateliers et autres attractions pour se réfugier au frais.

Je visiterai donc seul la tonnellerie, puis la menuiserie dont les vitrines et les maquettes donnent beaucoup d’informations sur l’ampleur de l’entreprise. Mais il est passé 17:30 et bientôt les derniers bâtiments ferment leurs portes sans que j’aie le temps de les visiter.

Paspebiac-dans-la-tonnellerie
Paspébiac : dans la tonnellerie

Paspebiac : l'atelier de construction des barques
                de pêche
Paspébiac : l'atelier de construction des barques de pêche

Nous reprenons la route jalonnée de plages très achalandées, d’hôtels et de pensions plutôt modestes quand ce ne sont pas des gîtes chez l’habitant un peu partout annoncés. En avançant vers le fond de la Baie des Chaleurs, les montagnes de l’arrière-pays se rapprochent de la côte. Passent New Carlisle, Bonaventure, New Richmond, Maria. A Carleton Monique rejoint Juliette au téléphone : eux aussi souffrent de la chaleur et se sont réfugiés au Ikea pour magasiner… au frais !

Vue-sur-Carleton-depuis-le-Mont-Saint-Joseph-en-soiree
De notre côté, pas de grand magasin mais la perspective de trouver un air moins étouffant en nous élevant de plus de 500 m sur la hauteur du Mont Saint Joseph qui domine la ville et la baie de Carleton. Autre route très raide qui fait un peu souffrir notre moteur, mais il semble nettement plus vaillant lorsque j’arrête l’air conditionné (?). A vérifier plus tard !

Nous passons un long moment sur la terrasse devant la chapelle à contempler le vaste paysage, puis regardons le soir descendre en même temps que la fraîcheur. Les visites s’estompent et les derniers touristes redescendent vers 21:30. Prélude à une nuit silencieuse et aérée…


253 705 Mardi 19 juillet 2005 : de CARLETON à SAINT-FABIEN-SUR-MER (299 km)

Nuit tranquille, et plus longue que la précédente puisque nous nous levons passé 9:00 ! Le ciel reste très chargé d’humidité. Malgré l’altitude il fait chaud et lourd, d’ailleurs la visibilité depuis la terrasse d’observation est pire qu’hier soir et l’on devine à peine le port de Carleton à nos pieds.

Descente prudente de la pente décidément très raide (on semble ici ignorer l’utilité des épingles à cheveux!) et poursuite de notre route peu spectaculaire vers le fond de la baie.
Vers-Carleton-depuis-le-Mont-Saint-Joseph-au-matin
Vue sur Carleton depuis le Mont-Saint-Joseph au matin

Habitat assez dispersé mais partout présent le long de la 132, sans intérêt architectural ni pittoresque. De plus la chaleur décidément insupportable oblige à rouler toutes fenêtres fermées, en comptant sur la clim pour maintenir une ambiance malgré tout agréable. Comme le thermomètre oscille entre 34 et 35°C et que l’ombre est quasi inexistante sur les stationnements, elle a cependant de la difficulté à rafraîchir tout le volume intérieur du camion dont l’atmosphère ne devient tempérée qu’après une demi-heure de route.

Miguasha : le fameux fossile de poisson
                        dans le musée
Miguasha : l'un des fameux fossiles de poisson dans le musée, considérés comme un chainon entre les poissons et les tétrapodes (ossature, poumons...)
Notre premier arrêt sera pour le Parc provincial de Miguasha, fameux pour son gisement fossilifère du Dévonien le plus riche du monde et classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Je passe un long moment dans le petit musée qui, en plus d’exposer une superbe collection récoltée sur la falaise donnant sur la Baie, offre tout un ensemble d’explications sur le développement des différentes espèces de poissons et le long et difficile chemin vers le passage sur la terre ferme.

Miguasha-plante-fossile-dans-la-musee
Miguasha : plantes fossilisées dans le musée
Miguasha-plante-fossile-dans-la-musee

Pour finir il nous entraîne sur la petite plage au pied du musée pour nous montrer sur le terrain les différentes couches fossilifères et l’art de cliver les roches extraites pour en faire surgir les empreintes fossiles. Miguasha-plage-et-falaise-du-gisement-fossile
Miguasha : visite de la plage et de la falaise fossilifères

Miguasha-gisement-de-fossiles-fouilles
Miguasha : fouilleurs au travail dans le gisement de fossiles
Il nous fait aussi observer brièvement le travail minutieux de deux « esclaves » engagés chaque été par le musée (en fait 2 étudiants payés à même un fond de travail étudiant) pour fouiller systématiquement une « fosse », i.e. un petit carré de quelques mètres de côté désigné par les paléontologues du musée.

Malgré l’intérêt du spectacle, la chaleur du soleil de midi réfléchie par le gravier de la plage et les roches de la falaise nous dissuade de nous attarder davantage, et après quelques mots échangés avec les deux jeunes chercheurs, je regagne l’espace climatisé du musée où m’attend Monique.

Repas léger à la cafétéria, achat d’un bel album destiné à recueillir les photos du mariage de Juliette, et nous repartons rideaux fermés et climatisation à fond pour une trentaine de kilomètres jusqu’à l’estuaire de la Ristigouche.

Musée de la Ristigouche
Là se trouve l’autre attraction de la région : le petit musée de Parc Canada construit pour rappeler la bataille de la Ristigouche et recueillir les vestiges de la frégate française Machaut coulée par une escadre anglaise alors qu’elle apportait renfort, munitions et approvisionnements à Québec lors de la Guerre de Sept ans (1760). Sa destruction ainsi que celle des navires marchands qu’elle escortait sonna le glas de la présence française en Nouvelle France; Québec ne serait pas reprise et Montréal tomberait quelques semaines plus tard.

Ristigouche : maquette du Machaut dans le
                        Musée
Ristigouche : maquette de la frégate française Machaut
Ristigouche-musee-chaussures-de-cuir
Musée de la bataille de la Ristigouche : chaussures en cuir dans leur baril

Ristigouche-musee-vaisselle
Musée de la bataille de la Ristigouche : vaisselle retrouvée dans l'épave
Encore une fois bien au frais, nous passons près de 2 heures à visionner le diaporama très vivant reconstituant la bataille, puis à examiner les nombreuses vitrines qui présentent une grande part du matériel exhumé du fond de la rivière dans les années 1960 : ancre, gouvernail et étrave qui donnent une idée de la taille du navire (40 m de long, 45 m de haut…), puis tout un échantillonnage des effets des marins, de la cargaison, des armes et munitions entassées à bord et bien protégés dans leurs barils puis par la vase qui rapidement recouvrit l’épave, conservant les restes à l’abri de l’air.

Beau prétexte pour nous informer du mode de vie des marins mais aussi des colons et des militaires de l’époque, du contexte politique régnant alors en Europe et de l’évolution historique qui allait s’ensuivre. Bref comme toujours, une fort belle présentation de Parcs Canada qui nous laisse ravis et comblés.

Moins intéressante, la perte du bouchon du réservoir d’eau mal fixé lors du ravitaillement dans une station-service, et dont il faudra commander le remplaçant en France…

Le temps vire à l’orage lorsque nous rallions l’embouchure de la Rivière Matapédia et entreprenons d’en remonter la vallée pour traverser la Gaspésie vers le nord et rattraper l’estuaire du Saint-Laurent à Sainte-Flavie. Une pluie torrentielle se déchaîne bientôt, avec éclairs et tonnerre, nous empêchant de jouir du paysage pourtant pittoresque de la grande rivière sauvage dévalant vivement de l’arrière-pays. Vallée de la Matapédia sous la pluie
Vallée de la Matapédia sous la pluie

Sainte-Flavie-plage-au-coucher-du-soleil
Devant la plage de Sainte-Flavie au coucher du soleil
Plein d’essence en passant à Rimouski; je suggère alors d’aller passer la nuit sur la plage de Saint-Fabien-sur-Mer, comme je l’avais fait avec Juliette lors de notre dernière excursion au Bic. Une trentaine de kilomètres rapides et une vive descente nous mettent au bord de l’eau; nous allons planter notre bivouac sur le stationnement désert devant la petite église. Plus aucune circulation passé 21:00, seul le bruit du ressac de la marée montante dans l’obscurité qui s’étend : la nuit s’annonce belle !

Saint-Fabien : rivage du St-Laurent au
                  crépuscule
Saint-Fabien : rivage du St-Laurent au crépuscule



254 024 Mercredi 20 juillet 2005 : de SAINT-FABIEN à MONTRÉAL (553 km)

St-Fabien : bivouac devant la rive du
                        fleuve
St-Fabien : bivouac devant la rive du fleuve
Temps dégagé et clair au matin, et si peu de circulation sur la petite route en bordure de plage que nous ne nous réveillons que passé 9:00… Avant de reprendre notre chemin, nous longeons tranquillement le rivage en admirant les petites maisons des vacanciers : certaines montrent un décor et des couleurs raffinés avec galerie en bois découpé et toit pentu traditionnel, d'autres plus modestes ne sont que des « simple abris » comme notre petite maison familiale près de la plage normande à Colleville. Mais dans tous les cas, les terrains très étroits se casent en bas de la petite falaise, d'un côté ou l'autre de la route.

Site décidément des plus agréables, avec en toile de fond le magnifique site des rochers du Bic admiré une dernière fois du haut de la côte, au moment de reprendre la grande route puis l'autoroute qui nous ramènent rapidement vers Montréal. Bic depuis le
                        haut de la côte de St-Fabien-sur-Mer
Les rochers du Bic depuis le haut de la côte de St-Fabien-sur-Mer

Le Moulin de Beaumont derrière sa retenue
Le Moulin de Beaumont derrière sa retenue
Nous ne ferons plus guère d'arrêt sinon pour aller pique-niquer à l'ombre, sur le petit stationnement du moulin de Beaumont, au-dessus du fleuve et en face de l’île d'Orléans. Le grand soleil illumine le vaste paysage tandis que les vieux murs du bâtiment se reflètent dans la retenue du petit barrage sur le ruisseau. Le pain vendu par la boulangerie artisanale est malheureusement quelconque, nous attendrons le retour à Montréal pour retrouver chez notre Fromentier un pain au levain sans sucre et sans gras correspondant à notre goût...

Ile-d'orleans-depuis-Moulin-de-Beaumont
Le fleuve St-Laurent et l'Ile d'Orléans depuis le Moulin de Beaumont

La route file ensuite jusqu'à St-Hyacinthe où nous retrouvons cette fois avec plus de facilité le chemin de la maison de Michel et Chantal. Accueil chaleureux de ces bons amis qui nous invitent à passer la soirée et à partager le souper avec eux. Malgré leur invitation à passer la nuit dans leur quartier tranquille, nous préférons rentrer chez nous dormir dans notre lit qui n'est plus très loin.

Trois-quarts d'heure plus tard nous sommes à Outremont dans la fraîcheur de la nuit.
st-hyacinthe-chez-michel-et-chantal
St-Hyacinthe : chez Michel et Chantal

254 577 Jeudi 21 juillet 2005 : MONTRÉAL


Déballage, nettoyage et rangements, jusqu’à la prochaine balade…



Accueil de Mon Aigle

©2021