Il fait encore très
chaud à Montréal, même vers 19:00 lorsque nous achevons
de charger le Guépard pour cette escapade d’une dizaine
de jours vers la mer et, espérons-le, un peu de
fraîcheur. Le thermomètre de la glacière électrique mise
en route depuis plus de 2 heures affiche encore un 21°C
(10°C de moins que l’air extérieur) bien trop élevé
qu’il faudra abaisser avec un bloc de glace acheté un
peu plus loin sur la route. La descente des quelques
sacs de vêtements et autres victuailles me met en nage,
et c’est le vent apparent de la balade en vélo jusque
chez Juliette (pour lui rendre ledit vélo à assistance
électrique prêté à l’occasion de l’immobilisation du
Guépard lors de son changement de moteur) qui m’apporte
un peu de fraîcheur. Adieux rapides à notre fille qui nous prête son cellulaire, histoire de garder le contact, et nous prenons enfin la route au crépuscule. J’ai décidé de cheminer cette fois-ci vers l’Est en suivant l’ancienne Route 132, qui longe le fleuve Saint-Laurent au plus près, et traverse sur la rive sud tous les vieux villages ayant contribué à la fondation du pays. |
Au départ à Outremont, Monique essaie la douche du Guépard |
Bivouac à Pierreville au bord de la rivière St-François |
Absence totale de circulation sur notre petite route au bord de la rivière; aussi c’est la chaleur qui nous réveille lorsque le soleil sort de l’ombre des peupliers vers 10:00… Nous paressons encore un peu et finalement il est midi lorsque, les routines accomplie, nous prenons la route. |
Je jette un œil à
quelques jolies maisons du village de Pierreville, et
nous roulons dans la grande chaleur de mi-journées vers
Nicolet. De grandes bâtisses de pierre ont été
converties en École nationale de police – probablement
les anciens locaux de l’évêché et du séminaire… À Bécancour nous prenons une pause pour faire le tour du moulin-à-vent de St-Grégoire, construit par des Acadiens réfugiés au Québec en 1753. Bien restauré et fleuri, il est malheureusement fermé les lundi et mardi. |
Moulin Saint-Grégoire à Bécancour |
Depuis Ste-Angèle-de-Laval : le pont Laviolette menant à Trois-Rivières |
Passe alors Trois-Rivières dont nous apercevons le grand pont Laviolette depuis Ste-Angèle-de-Laval, puis le sanctuaire du Cap-de-la-Madeleine sur la rive nord. |
À Lotbinière, tour du jardin de la maison Chavigny de la Chevrotière (1817) : un très joli jardin au-dessus du fleuve entoure la haute bâtisse sévère en pierre que son propriétaire, avec lequel nous piquons une jasette, met beaucoup de temps, d’énergie et d’argent à entretenir. | Lotbinière, maison Chavigny de la Chevrotière : jardin |
Devant le moulin du Portage |
Il nous indique le chemin du Moulin du Portage qui a lui aussi été bien restauré dans une boucle de la Grande rivière du Chêne. Au bout d’une route de rang poussiéreuse, nous trouvons le site annoncé, effectivement fort agréable, qui rappelle l’histoire seigneuriale de la région. |
Il continue cependant de faire
assez chaud et nous poursuivons la route fluviale
jusqu’à la Pointe Platon, où le marquis Joly de
Lotbinière avait construit sa résidence d’été.
|
Lotbiniere : entrée de la maison du marquis Joly de Lotbinière |
Pointe-Platon, domaine Joly de Lotbinière : le manoir depuis le jardin |
Très beau domaine
entouré de superbes jardins fleuris où nous faisons une
longue halte : visite du manoir rempli de souvenirs de
la famille (le dernier marquis a vendu le domaine au
gouvernement du Québec faute de moyens pour
l’entretenir…), balade dans les jardins et descente
jusqu’au rivage où s’étend une large vue sur le fleuve.
Pique-nique avant de reprendre la route en fin
d’après-midi. |
Dans la nuit qui descend, nous arrivons à l'Islet-sur-Mer où nous allons stationner derrière l’église, en bordure du fleuve et à l’abri du bruit de la grande route. Souper d’une salade de radis à l’orange (une autre recette marocaine), écriture du journal pour moi et lecture pour Monique qui dévore le Roman de Julie Papineau, et enfin coucher vers 23:45 dans la fraîcheur enfin retrouvée. | L'Islet-sur-Mer : crépuscule sur le fleuve |
L'Islet-sur-Mer : bivouac devant l'église |
Cette fois nous dormons dans le plus grand confort puisque la température est redevenue beaucoup plus fraîche. Les premières cloches nous réveillent à 8:00 sous un grand soleil qui éclairera toute notre journée. Je traîne un peu au lit jusqu’au deuxième carillon de 9:00, prend ma douche et déjeune tandis que Monique, profitant du calme qui nous environne, repousse son lever à plus tard. |
Je fais un tour sur la grève, visite l’église ancienne (1768) et bien conservée, puis reprends la Route 132 en direction de l’est. | Façade de l'église de l'Islet-sur-Mer |
Bref arrêt à la halte routière de St-Jean-Port-Joli où l’on a une belle vue sur la côte et le fleuve, puis à un belvédère un peu à l’écart de la route juste après le village des Aulnaies d’où se déploie un large panorama sur les vieilles maisons et les clochers du village, l’estuaire de la rivière des Aulnaies et le fleuve. Monique profite de l’arrêt pour se lever enfin et prendre sa douche. Pas de propane au IGA de la Pocatière mais au moins j’y trouve la salade du déjeuner… | Belvédère sur le fleuve devant Les Aulnaies |
St-Denis : au-delà des aubépines, la plage vers l'amont |
La route continue de vagabonder dans la campagne très cultivée, jamais bien loin de l’eau. Petit détour jusqu’au rivage de Saint Denis où nous suivons un moment le Chemin de la Grève bordé de chalets de tous niveaux, de la modeste cabane en planches au luxueux chalet d’été. |
Nous voici bientôt à Kamouraska, fameux pour sa pêche à l’anguille mais aussi pour sa collection de maisons anciennes admirablement conservées. Nous prenons le temps d’en admirer et photographier plusieurs le long de la grande rue qui traverse le village. Beau travail de charpente, menuiseries élégantes et couleurs affirmées leur donnent beaucoup de chic et de caractère. | Kamouraska : la maison Ward (1864) |
Arrêt sur la place devant l’église pour quérir une excellente miche chez Niemand, le boulanger d’origine allemande dont j’admire – et photographie – la maison elle aussi joliment restaurée et fleurie. | Kamouraska : maison de la boulangerie Niemand |
Kamouraska : boulangerie Niemand |
Kamouraska : galerie de la boulangerie Niemand |
À St-André nous attendent quelques autres belles maisons; cette fois-ci nous nous intéressons à la grande bâtisse transformée en auberge au centre du village. | St-André-de-Kamouraska : auberge La Solaillerie |
St-André-de-Kamouraska : l'auberge La Solaillerie |
St-André-de-Kamouraska : enseigne de l'auberge La Solaillerie |
Pique-nique au bord de la grève à l’entrée de N-D du Portage. | Halte routière de N-D-du-Portage, au bord du fleuve |
Rivière-du-Loup : la rivière sous la chute |
Rivière-du-Loup : la chute de la rivière dans le parc au cœur de la ville |
Puis bref arrêt
quelques kilomètres plus loin à Ste-Luce lorsque je
reconnais le Moulin banal du Ruisseau à la Loutre
photographié lors de notre premier tour du Québec en
1971, mais jamais identifié… Nous continuons à rouler dans le soir qui descend jusqu’à notre objectif : le grand jardin de Métis que nous visiterons demain matin. À Sainte Flavie - sans particularités - entrée officielle en Gaspésie. La route continue de suivre le rivage, entourée de nombreuses et modestes maisons de vacance près de l’eau, tandis que le long de la grande route s’égrènent des petits villages agricoles. |
Ste-Luce : le moulin banal sur le Ruisseau à la Loutre |
Avant l’écriture du journal et le coucher, je vais faire un tour sur la pointe de terre isolée où s’achève la rive droite de la Mitis, là où elle se jette dans le fleuve. Quelques promeneurs profitent comme moi de la beauté de lieux, sauvages et grandioses; j’y découvre un étonnant entassement de blocs de rochers gravés de motifs floraux, inattendus mais d’un fort bel effet en ces lieux rustiques. | Rochers gravés sur l'estuaire de la Mitis |
Métis : la maison au milieu du jardin Reford |
À partir d’un
rendez-vous de pêche (au saumon sur la Mitis
renommée pour ce sport) dont son oncle lui avait
fait cadeau, cette grande bourgeoise de Montréal
entreprit dès 1926 d’implanter un ensemble de
jardins en profitant d’un microclimat
particulièrement favorable. D’abord racheté à la
famille par le Gouvernement du Québec, le domaine
est maintenant géré par une fondation qui entretient
la maison, les jardins et voit à leur mise en valeur
et à leur développement. La maison a gardé son décor architectural mais les pièces sont vides et ont perdu leur mobilier ; quelques photos donnent une idée de la richesse des propriétaires (le tonton donateur était président fondateur du Canadien Pacific, tandis que le mari d’Elsie Reford est devenu président de la Cunard Line…) et du grand train de vie qu’on menait ici. |
Cadre de bon goût donc, fort bien mis en valeur par l’environnement naturel : une terrasse sur une falaise dominant le fleuve à l’embouchure de la Mitis. Quant aux jardins, ils sont très soignés, relativement étendus et assez variés. Les sentiers bien tracés utilisent les accidents du terrain, particulièrement le long d’un ruisseau abondant aux jolies courbes, ou bien serpentent dans le dense sous-bois humide envahi par une belle variété de fougères. | Ruisseau et fougères dans le jardin Reford de Métis |
Métis : rocaille dans le jardin Reford |
Métis : l'étang et son pavillon dans le jardin Reford |
Les Méchins |
Plus loin, le relief s’accuse, la grève rocheuse est souvent encombrée de gros blocs arrondis typiquement glaciaires comme près des Méchins. |
Le temps se gâte après Matane – sans intérêt particulier - où nous faisons quelques courses d’épicerie, et la pluie s’installe pour de bon, nuages et grisaille limitant les vues maintenant plus intéressantes sur les falaises gravies ou dévalées par la route. Nous poursuivons jusqu’à La Martre où, déçus de rater la plus belle part de ce trajet le long de la rive nord de la Gaspésie, nous décidons d’arrêter peu avant 19:00. Bivouac au pied du phare sis sur une petite éminence, devant le vaste paysage de l’estuaire envahi par les nuages bas et par la pluie… | Bivouac au pied du phare de La Martre |
La Martre : le fleuve en amont depuis le bivouac |
Sommeil sans incident jusqu’à 8:45 et beau soleil à notre lever. Les vues sur la côte tant vers l’ouest que vers l’est sont superbes : la terre s’interrompt brusquement et tombe en falaises verticales sur l’étendue bleu gris de la baie, la rive nord disparaît à la limite vague où les eaux rejoignent les cieux. Un peu partout tourbillonnent les petites taches blanches d’oiseaux marins, le bruit lancinant des vagues seulement troublé par le passage occasionnel d’un véhicule sur la route de corniche le long de la mer… |
Nous nous levons, prenons notre petit-déjeuner… et le ciel commence déjà à s’assombrir ! La bruine se mettra de la partie un peu plus loin, pour pratiquement ne pas cesser jusqu’au soir. | La Martre : le fleuve en aval |
Rivière-au-Renard |
À Rivière-au-Renard, vaine recherche d’un « vrai » pain sans sucre ni gras ajouté dans le IGA local. |
Un peu plus loin, à l’Anse-au-Griffon, visite du Manoir LeBoutillier (1850) dont la silhouette originale a retenu notre attention depuis la route. Il s’agit de l’un des 7 postes de pêches construits par John LeBoutillier, un commerçant en morue originaire de Jersey qui fit fortune en Gaspésie, organisant la pêche, le transport et l’exportation du poisson à grande échelle durant tout le XIXème siècle. | L'Anse-au-Griffon : Manoir Le Boutillier |
Manoir Le Boutillier : la galerie et le larmier cintré |
Manoir Le Boutillier : plaque |
Manoir Le Boutillier : l'escalier menant à l'étage |
Manoir Le Boutillier : le lit d'époque dans la chambre |
Manoir Le Boutillier : toilette dans la chambre |
Manoir Le Boutillier : une goélette comme celles employées par la compagnie de John Le Boutillier |
Déjeuner sur le stationnement et sous la pluie… | Manoir Le Boutillier, côté galerie |
Nous continuons de longer le
Parc National du Forillon qui occupe toute la
pointe de la Gaspésie au nord de la Baie de Gaspé,
sans aller pour autant aller jusqu’au rivage déjà
utilisé pour l’habitation ou comme terre agricole.
C’est seulement à partir du Cap Desrosiers, ainsi
dénommé par Jacques Cartier pour l’abondance de
ses rosiers sauvages, que le territoire tout
entier est préservé, offrant un magnifique
panorama côtier de hautes falaises malheureusement
aujourd’hui fondues dans la grisaille.
Nous arrêtons brièvement au pied du plus haut phare du Canada (37 m). |
Le Cap Desrosiers et son phare |
Parc du Forillon : Cap-Bon-Ami, au pied du camping |
Puis nous nous
enfonçons dans les bois qui occupent la plate-forme
au-dessus de la mer jusqu’au camping joliment aménagé
du Cap Bon-Ami où nous nous installons pour la nuit. Dans la bruine, je vais admirer le paysage grandiose, remettant à demain la balade jusqu’à la tour d’observation du Mont Saint-Alban qui culmine à 283 m et offre, paraît-il, « un paysage impressionnant de mer et de falaises ». Soirée tranquille bien à l’abri à lire, écouter de la musique, écrire, classer des photos jusqu’à une heure avancée… |
La pluie s’est arrêtée en soirée et la nuit, d’un calme inattendu dans un terrain de camping, nous a gratifiés d’un excellent et long repos. Au matin, réveil tardif (9:30 !) sous un ciel clair et sec qui achèvera de se dégager et de s’ensoleiller durant la journée. Nous pouvons donc donner suite au projet de randonnée en boucle autour du Mont Saint-Alban. | Parc du Forillon : Guépard au camping du Cap Bon-Ami |
Falaise du Cap Bon Ami vers l'ouest |
Quittant notre petit emplacement propret dans le camping du Cap Bon-Ami, nous avançons jusqu’au stationnement marquant la fin de la route côtière, allons faire un tour sur le belvédère. Ce rocher s’avançant dans la mer offre une vue spectaculaire et rapprochée sur la falaise où nichent une myriade d’oiseaux et au pied de laquelle se prélasse un petite colonie de phoques. |
Puis nous nous
attaquons aux choses sérieuses : la rude grimpée
jusqu’à la tour d’observation 240 mètres plus haut.
Si le sentier est en assez bon état et ne présente
aucune difficulté, en revanche la dénivellation est
rude pour nos jambes rouillées de citadins trop
sédentaires. Nous progressons lentement dans le sous-bois touffu et frais, avec de longues pauses aux quelques belvédères en balcons qui offrent des vues magnifiques sur la côte, la mer et les falaises du Golfe Saint-Laurent. |
Parc du Forillon : la rude montée au Mont-St-Alban |
Parc du Forillon : l'estuaire du St-Laurent depuis le sentier du Mt-St-Alban |
Parc du Forillon : la pointe depuis le sentier du Mt-St-Alban |
Enfin, après près
de 2 heures d’effort, nous grimpons les marches de
la tour pour aller pique-niquer sur la plus haute
terrasse, avec une vue panoramique à couper le
souffle sur l’ensemble du Parc, le péninsule et ses
falaises, et au sud, derrière la baie de Gaspé,
l’île Bonaventure et le Rocher Percé. Nous passons ainsi près d’une heure perchés dans les hauteurs, sous le charme de ce panorama exceptionnel et bien mérité… en compagnie de plusieurs familles de touristes français qui nous paraissent bien nombreux cette année. |
Parc du Forillon : Monique pique-nique sur la tour du Mt-St-Alban |
Puis nous poursuivons la « boucle du Mont Saint-Alban » en redescendant à travers bois le sentier menant à la plage du Secteur sud où Monique arrive les jambes tremblantes et crampées. Un petit coup de pouce (auto-stop) nous emmène rapidement et sans fatigue supplémentaire jusqu’à Grande Grave où nous reprenons la « Passe de la Haute Montagne », une piste raide et caillouteuse qui reliait le village de Grande Grave au Cap Bon Ami où nous attend notre Guépard. Deux autres kilomètres gravis et dévalés à un pas de sénateur, et nous retrouvons notre refuge à roulettes environné de touristes venus admirer le grand spectacle de la nature. | Parc du Forillon : Grande Grave, rive nord de la Baie de Gaspé |
Repos sur le plage de Cap-aux-Os, secteur sud du Parc du Forillon |
Nous sommes affamés et rompus; un bon café et un léger casse-croûte viennent à bout de nous revigorer, mais pour nos muscles endoloris il faudra prendre le temps de récupérer. Plein d’eau sur un robinet du camping, puis route transversale à travers la péninsule jusqu’au Secteur sud du Parc, le long de la rive nord de la baie de Gaspé. Nous hésitons un peu à nous engager en direction du Cap Gaspé, puis décidons de laisser cette découverte à demain et allons nous étaler sur le sable de la plage de Cap-aux-Os pendant une bonne heure. Repos délicieux après l’effort de la mi-journée… |
En ce beau
dimanche matin, la circulation reprend assez tard
sur la route derrière nous, aussi dormons-nous bien
jusque passé 9:00. Le beau temps est au rendez-vous pour la balade jusqu’au phare de Cap Gaspé, un petit 4 km à pied sous le grand soleil à partir du stationnement marquant la fin de la route du parc. |
Bivouac à Cap-aux-Os |
Parc du Forillon : phare du Cap Gaspé |
Une heure plus tard nous sommes au pied du phare, et au-dessus du cap d’où la vue s’étend à 360° sur le Golfe Saint-Laurent au nord, le somment du Forillon derrière nous à l’ouest et la baie de Gaspé au sud. Terre-neuve à plus de 300 km est bien entendu invisible, même si durant quelques minutes il me semble apercevoir le contour d’une terre à l’horizon (peut-être les Îles de la Madeleine ?). |
Pique-nique devant le magnifique paysage dans le vent frais et la grande lumière, avant de prendre le chemin du retour. | Parc du Forillon : Jean-Paul piquenique au pied du phare du Cap Gaspé |
Pause sur une petite plage près d’une halte routière à Douglastown, avec une large vue sur la Baie et la presqu’île du Forillon. Température, calme et environnement délicieux après notre bonne marche de ce matin. | Plage sur la baie de Gaspé |
L’après-midi est bien avancé lorsque nous reprenons notre tour qui s’infléchit vers le sud après Prével et Pointe Saint-Pierre pour tomber sur l’autre vaste espace marin de la Malbaie, fermée au sud par l’Île Bonaventure et le fameux Rocher Percé. | La Malbaie et le Rocher Percé |
Barachois : la maison des Lafontaine |
Heureusement j’ai
conservé sur mon ordi portable la page web où j’ai
rassemblé journaux de bord et photos de nos
différentes randonnées, y compris ce mémorable tour
du Québec. Quelques clics et apparaissent les images
de la maison au fronton caractéristique et la vue
sur le Rocher Percé. Nous faisons demi-tour et,
après cinq minutes, identifions la maison en
question. Monique s’enquiert auprès de deux femmes en train de jardiner du sort de la famille Lafontaine qui nous avait accueillis ici il y a 34 ans : surprise de Michèle et de Marie-Ange, sœurs de Carol, qui se souviennent de ces 2 jeunes Français ramenés par leur frère et de la balade le lendemain à la découverte du site touristique tout proche. |
La même hospitalité chaleureuse et spontanée nous est à nouveau offerte, nous passons la soirée ensemble en évoquant cette époque révolue, nos chemins respectifs, en accompagnant Michèle à une autre pêche au maquereau sur le quai de la Malbaie et en reprenant contact par téléphone avec Carol qui, maintenant importateur de vin français, vit depuis 30 ans à Montréal… | Barachois : soirée avec les Lafontaine |
Percé : le rocher depuis le village |
Nous sommes bientôt à Percé; si le site mérite bien son exceptionnelle réputation, le village lui-même est devenu hautement touristique et donc mercantile, ce qui, à nos yeux, lui enlève sa plus grande part d’intérêt. Comme la chaleur nous accable de plus en plus, nous cherchons seulement un stationnement ombragé, trouvé un peu en retrait de la Grande Rue sous quelques grands arbres près de l’église, pour déjeuner au frais. |
Nous attendons que
la fumée et l’odeur se dissipent un peu en prenant
l’air sur la terrasse devant l’Auberge de Gargantua
et en admirant le paysage montagneux des Monts Chic
Chocs, vers l’intérieur du pays. Puis nous renonçons
à aller plus loin, inquiets des fantaisies de notre
moteur et peu soucieux de nous exposer davantage à
la chaleur vraiment insupportable. Il ne reste plus qu’à redescendre très lentement en prenant quelques photos spectaculaires sur le village de Percé et son rocher. Nous sommes maintenant au plus chaud de la journée, aussi décidons-nous de rouler vers l’ouest toutes fenêtres fermées et la clim au maximum, en espérant une baisse de cette chaleur humide en fin de journée. |
Le Rocher Percé depuis le Mont Ste-Anne |
Paspébiac : la tonnellerie |
Puis je descends
sur le banc au bord de l’eau pour faire le tour des
bâtiments de pêche et de traitement de la morue
installés ici par Charles Robin, un autre
entrepreneur jersiais qui se créa un empire
économique sur la côte au XIXème.
Malheureusement les guides, eux aussi accablés par
la chaleur, ont déserté les ateliers et autres
attractions pour se réfugier au frais. Je visiterai donc seul la tonnellerie, puis la menuiserie dont les vitrines et les maquettes donnent beaucoup d’informations sur l’ampleur de l’entreprise. Mais il est passé 17:30 et bientôt les derniers bâtiments ferment leurs portes sans que j’aie le temps de les visiter. |
De notre côté,
pas de grand magasin mais la perspective de
trouver un air moins étouffant en nous élevant de
plus de 500 m sur la hauteur du Mont Saint Joseph
qui domine la ville et la baie de Carleton. Autre
route très raide qui fait un peu souffrir notre
moteur, mais il semble nettement plus vaillant
lorsque j’arrête l’air conditionné (?). A vérifier
plus tard ! Nous passons un long moment sur la terrasse devant la chapelle à contempler le vaste paysage, puis regardons le soir descendre en même temps que la fraîcheur. Les visites s’estompent et les derniers touristes redescendent vers 21:30. Prélude à une nuit silencieuse et aérée… |
Nuit tranquille,
et plus longue que la précédente puisque nous nous
levons passé 9:00 ! Le ciel reste très chargé
d’humidité. Malgré l’altitude il fait chaud et
lourd, d’ailleurs la visibilité depuis la terrasse
d’observation est pire qu’hier soir et l’on devine
à peine le port de Carleton à nos pieds. Descente prudente de la pente décidément très raide (on semble ici ignorer l’utilité des épingles à cheveux!) et poursuite de notre route peu spectaculaire vers le fond de la baie. |
Vue sur Carleton depuis le Mont-Saint-Joseph au matin |
Miguasha : l'un des fameux fossiles de poisson dans le musée, considérés comme un chainon entre les poissons et les tétrapodes (ossature, poumons...) |
Notre premier arrêt sera pour le Parc provincial de Miguasha, fameux pour son gisement fossilifère du Dévonien le plus riche du monde et classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Je passe un long moment dans le petit musée qui, en plus d’exposer une superbe collection récoltée sur la falaise donnant sur la Baie, offre tout un ensemble d’explications sur le développement des différentes espèces de poissons et le long et difficile chemin vers le passage sur la terre ferme. |
Miguasha : plantes fossilisées dans le musée |
Pour finir il nous entraîne sur la petite plage au pied du musée pour nous montrer sur le terrain les différentes couches fossilifères et l’art de cliver les roches extraites pour en faire surgir les empreintes fossiles. | Miguasha : visite de la plage et de la falaise fossilifères |
Miguasha : fouilleurs au travail dans le gisement de fossiles |
Il nous fait
aussi observer brièvement le travail minutieux de
deux « esclaves » engagés chaque été par le musée
(en fait 2 étudiants payés à même un fond de
travail étudiant) pour fouiller systématiquement
une « fosse », i.e. un petit carré de quelques
mètres de côté désigné par les paléontologues du
musée. Malgré l’intérêt du spectacle, la chaleur du soleil de midi réfléchie par le gravier de la plage et les roches de la falaise nous dissuade de nous attarder davantage, et après quelques mots échangés avec les deux jeunes chercheurs, je regagne l’espace climatisé du musée où m’attend Monique. |
Là se trouve l’autre attraction de la région : le petit musée de Parc Canada construit pour rappeler la bataille de la Ristigouche et recueillir les vestiges de la frégate française Machaut coulée par une escadre anglaise alors qu’elle apportait renfort, munitions et approvisionnements à Québec lors de la Guerre de Sept ans (1760). Sa destruction ainsi que celle des navires marchands qu’elle escortait sonna le glas de la présence française en Nouvelle France; Québec ne serait pas reprise et Montréal tomberait quelques semaines plus tard. |
Ristigouche : maquette de la frégate française Machaut |
Musée de la bataille de la Ristigouche : chaussures en cuir dans leur baril |
Musée de la bataille de la Ristigouche : vaisselle retrouvée dans l'épave |
Encore une fois bien au frais, nous passons près de 2 heures à visionner le diaporama très vivant reconstituant la bataille, puis à examiner les nombreuses vitrines qui présentent une grande part du matériel exhumé du fond de la rivière dans les années 1960 : ancre, gouvernail et étrave qui donnent une idée de la taille du navire (40 m de long, 45 m de haut…), puis tout un échantillonnage des effets des marins, de la cargaison, des armes et munitions entassées à bord et bien protégés dans leurs barils puis par la vase qui rapidement recouvrit l’épave, conservant les restes à l’abri de l’air. |
Le temps vire à l’orage lorsque nous rallions l’embouchure de la Rivière Matapédia et entreprenons d’en remonter la vallée pour traverser la Gaspésie vers le nord et rattraper l’estuaire du Saint-Laurent à Sainte-Flavie. Une pluie torrentielle se déchaîne bientôt, avec éclairs et tonnerre, nous empêchant de jouir du paysage pourtant pittoresque de la grande rivière sauvage dévalant vivement de l’arrière-pays. | Vallée de la Matapédia sous la pluie |
Devant la plage de Sainte-Flavie au coucher du soleil |
Plein d’essence en passant à Rimouski; je suggère alors d’aller passer la nuit sur la plage de Saint-Fabien-sur-Mer, comme je l’avais fait avec Juliette lors de notre dernière excursion au Bic. Une trentaine de kilomètres rapides et une vive descente nous mettent au bord de l’eau; nous allons planter notre bivouac sur le stationnement désert devant la petite église. Plus aucune circulation passé 21:00, seul le bruit du ressac de la marée montante dans l’obscurité qui s’étend : la nuit s’annonce belle ! |
St-Fabien : bivouac devant la rive du fleuve |
Temps dégagé et clair au matin, et si peu de circulation sur la petite route en bordure de plage que nous ne nous réveillons que passé 9:00… Avant de reprendre notre chemin, nous longeons tranquillement le rivage en admirant les petites maisons des vacanciers : certaines montrent un décor et des couleurs raffinés avec galerie en bois découpé et toit pentu traditionnel, d'autres plus modestes ne sont que des « simple abris » comme notre petite maison familiale près de la plage normande à Colleville. Mais dans tous les cas, les terrains très étroits se casent en bas de la petite falaise, d'un côté ou l'autre de la route. |
Site décidément des plus agréables, avec en toile de fond le magnifique site des rochers du Bic admiré une dernière fois du haut de la côte, au moment de reprendre la grande route puis l'autoroute qui nous ramènent rapidement vers Montréal. | Les rochers du Bic depuis le haut de la côte de St-Fabien-sur-Mer |
Le Moulin de Beaumont derrière sa retenue |
Nous ne ferons plus guère d'arrêt sinon pour aller pique-niquer à l'ombre, sur le petit stationnement du moulin de Beaumont, au-dessus du fleuve et en face de l’île d'Orléans. Le grand soleil illumine le vaste paysage tandis que les vieux murs du bâtiment se reflètent dans la retenue du petit barrage sur le ruisseau. Le pain vendu par la boulangerie artisanale est malheureusement quelconque, nous attendrons le retour à Montréal pour retrouver chez notre Fromentier un pain au levain sans sucre et sans gras correspondant à notre goût... |
La route file
ensuite jusqu'à St-Hyacinthe où nous retrouvons
cette fois avec plus de facilité le chemin de la
maison de Michel et Chantal. Accueil chaleureux de
ces bons amis qui nous invitent à passer la soirée
et à partager le souper avec eux. Malgré leur
invitation à passer la nuit dans leur quartier
tranquille, nous préférons rentrer chez nous dormir
dans notre lit qui n'est plus très loin. Trois-quarts d'heure plus tard nous sommes à Outremont dans la fraîcheur de la nuit. |
St-Hyacinthe : chez Michel et Chantal |