Soleil à nouveau ce
matin ! Pourvu que ça dure… Je me lève dès 7:00.
Incapable de localiser le site archéologique but de mon
excursion, j'y renonce et fais demi-tour. Je quitte donc
mon bivouac en revenant en arrière sur la route
épouvantablement défoncée. Impossible de dépasser les 20
km/h en zigzagant entre les trous. Par chance je
rencontre presque aussitôt une femme habitant la maison
voisine qui prend sa marche matinale. Elle compatit avec
moi sur l'état de la route, m'apprend que j'étais sur le
bon chemin, qu'il reste environs 3 km à parcourir pour
arriver au Site des mégalithes de Cauria. Remerciements reconnaissants à mon informatrice, autre demi-tour et après quelques minutes encore de supplice je stationne enfin devant le panneau indiquant le début de la balade à travers champs. |
Les 3 sites mégalithiques de la promenade sur le Plateau de Cauria |
Prairies en allant vers I Stantari |
Le paysage est très
agréable (prairies très vertes encadrées par des
montagnes aux rochers rougeâtres empilés comme en
équilibre). La petite marche de 3 km qui me fera
parcourir le circuit des 3 sites est bienvenue. |
Cauria : alignement de Stantari, sur fond de Punta di U Grecu |
Alignement de Stantari : stèles de guerriers |
SITE DE
CAURIA - ALIGNEMENT DE I STANTARI
(affiche sur le site) HISTORIQUE
Le site a été visité par Prosper Mérimée* en 1839 mais, c’est seulement entre 1964 et 1968 que Roger Grosjean** mit au jour, et restitua cet alignement tel que vous le voyez aujourd'hui. Il dégage, redresse, replante des monolithes pour constituer 2 files parallèles orientées nord/sud, de 11 menhirs, statues-menhirs et stèles. En 1975, cet alignement est classé Monument historique. En 1992, il est acquis par la Collectivité territoriale de Corse. En 1994, dans le cadre de la valorisation du site par la CTC, débutent des fouilles archéologiques dirigées par André D'Anna***. Ces travaux concernent d’abord l'alignement de Rinaghju (à 400 m au sud) puis celui d’I Stantari, à partir de 2001. DESCRIPTION Actuellement Le site comporte plus d’une centaine de monolithes et fragments dont la majorité est couchée, sous la surface du sol. Ces pierres, essentiellement en granite, ont été extraites d’affleurements rocheux distants de quelques centaines de mètres. Dans l’état actuel de nos connaissances l’on pourrait raconter leur histoire ainsi :
LES STATUES-MENHIRS ET LES STÈLES SCULPTÉES Ces monolithes appartiennent au monument édifié à la fin de l’âge du Bronze. Ils pourraient évoquer des personnages illustres, des guerriers, des chefs de clans... Les deux statues-menhirs Elles sont parmi Les plus emblématiques de Corse. Les deux sont similaires quoique de dimensions et de formes différentes. Leur figuration est double : anthropomorphe et phallique. La face orientée à l’est représente un individu qui porte des attributs guerriers : casque à deux cupules, épée, cuirasse ainsi qu’une forme triangulaire interprétée comme pagne où cache sexe, soutenu par une ceinture. La face orientée à l’ouest présente un phallus en érection, avec des détails anatomiques précis. Les stèles armées Trois stèles ont été identifiées mais deux seulement portent des attributs guerriers, aujourd’hui lisibles. Leur figuration humaine n’étant suggérée que par ces attributs : une épée verticale suspendue par un baudrier, sur la face est, la face ouest n'étant pas sculptée. QUELLE EST LA FONCTION DES ALIGNEMENTS ? Ils sont généralement orientés nord-sud, la face des menhirs et statues-menhirs tournées à l’est. Ils sont situés sur des voies de passage, à la croisée de chemins, sur des cols ou comme dans le cas d’I Stantari, Rinaghju et Paddaghju.. près de points d’eau et de sources, et peuvent intégrer des sépultures mégalithiques comme ces deux derniers monuments. Leurs fonctions sociale, commémorative, culturelle, symbolique nous échappent mais leur édification illustre une volonté ostentatoire de marquer un territoire, de s’approprier un espace. Leur implantation qui n’a rien d’aléatoire témoignerait aussi de préoccupations matérielles et économiques, liées à la survie d’une société. En savoir plus : Musée de préhistoire et d'archéologique - Sartè |
La promenade à travers
champs se poursuit en traversant une zone humide, restes
du plan d'eau Pozzu Rossu, sur le chemin menant à
l'alignement de Rinaghju. |
Cauria : zone humide (Pozzu Rossu) en allant vers l'alignement de Rinaghju |
Cauria : alignement de Rinaghju |
|
SITE DE CAURIA - ALIGNEMENT DE RINAGHJU (affiche sur le site)En 1840, Prosper Mérimée* mentionne ce site. Entre 1964 et 1968, Roger Grosjean** inventorie cet alignement qui sera classé Monument historique en 1972. En 1975, Jean Liégeois*** redresse et replante des menhirs (file ouest) et fouille une sépulture ruinée, probablement un coffre, au nord-est, (à votre gauche). En 1992 La Collectivité Territoriale de Corse (CTC) acquiert ce monument. À partir de 1994 jusqu’à 2000, André D’Anna**** fouille cet alignement, ces recherches étant des études préalables à la valorisation menée par la CTC. Les données issues de ces travaux, ont pour but d’apporter des éléments de réponse sur la datation, la chronologie, l’évolution de ces monuments, sur le lien avec d’autres sites mégalithiques, du Sartenais, et de la Corse, dans un contexte culturel et environnemental. Cet ensemble de pierres dressées
tel que vous le voyez aujourd’hui, d’aspect
ruiniforme et apparemment désordonné a subi
plusieurs phases d'occupation, de construction,
de destruction et d'abandon. Il comprend au
moins 170 monolithes.
Les constructeurs du 2ème monument ont renversé, étêté, les petits menhirs du premier monument et Les ont parfois utilisés pour caler les bases de leurs menhirs. La sépulture au nord-est faisait vraisemblablement partie de cet ensemble. Cette même association se retrouve notamment dans l’alignement de Paddaghju (à 4 km à vol d'oiseau). Cet alignement a pu être utilisé jusqu’au premier siècle de notre ère, puis a été abandonné. Certains monolithes ont été cassés, détruits, couchés à terre puis remployés plus tard dans des murs parcellaires voisins. Généralement orientés nord-sud, ils sont situés sur des voies de passage, à la croisée de chemins, sur des cols ou comme dans le cas des deux alignements d’I Stantari (à 300 m au sud) et de Paddaghju, près de points d’eau et de sources. I Stantari et Rinaghju ont certainement dû « fonctionner » ensemble à l’âge du Bronze et auraient été implantés de part et d’autre du point d’eau : le « Pozzu Rossu » qui, à l’époque, devait être plus étendu. Leurs fonctions sociale, commémorative, culturelle, symbolique nous échappent mais leur édification illustre une puissante volonté ostentatoire de marquer un territoire, de s'approprier un espace. Leur implantation qui n’a rien d’aléatoire témoignerait aussi de préoccupations matérielles et économiques, liées à la survie d’une société. |
SITE DE CAURIA -
DOLMEN DE FUNTANACCIA (notice) Les dolmens sont
des sépultures collectives construites dès la fin
du Néolithique et utilisées parfois jusqu’au Haut
Moyen-Age. On a inventorié une cinquantaine de
dolmens en Corse, répartis principalement dans le
sud de l’île. Naguère, ce dolmen était qualifié de
: «A stazzona di u Diavulu» (la forge du Diable).
Il est situé à 300 m de l'alignement d’I Stantari
et à 400 m de celui de Rinaghju.
HISTORIQUE Décrit par Prosper Mérimée en 1840, c’est le dolmen le plus emblématique. Classé Monument historique depuis 1900, il appartient à la Collectivité de Corse depuis 2006. Au lieu-dit « Funtanaccia » fut bâtie une nécropole d’au moins 3 dolmens dont seul subsiste celui-ci. DESCRIPTION Ouvert au sud-est, il est composé de 6 dalles de granite qui ont été régularisées. La couverture mesure 3,40 m de long sur 2,90 m de large. De la fermeture du tombeau il ne reste qu’un fragment. On ignore si le monument était recouvert d’un tumulus La chambre funéraire mesure 2,60 m de long, 1,60 m de large et 1,80 m de hauteur. Ce dolmen pèse environ 15 tonnes ! Le matériel funéraire qu’il pouvait contenir : ossements humains, poteries, armes, parures, offrandes diverses.., n’est pas connu, la chambre ayant été complètement vidée à une époque indéterminée. |
Cauria : Dolmen de Funtanaccia, côté entrée |
L'espace est rare dans la petite ville à flanc de montagne, et le stationnement difficile, d'autant plus que le musée tout neuf ne dispose même pas d'un parking… Je laisse l'Exsis sur la rue, tassé au maximum contre le parapet, et consacre l'heure qui suit à examiner les vitrines qui exposent l'histoire de la Corse en partant de la fin de la dernière glaciation, suite à laquelle commença son peuplement. (8 000 av. n.è.). | Les toits et la baie de Sartène depuis la terrasse du musée |
Musée archéologique de Sartène : bracelets en serpentine (San Ciprianu) |
Sédentarisation, mais aussi constructions, cultes, et traces de quelques activités culturelles. La présentation est nette, les fiches pas trop techniques, j'aurais aimé - comme presque toujours - davantage de dessins représentant ces ancêtres en action, quelques bonnes vidéos, un peu de mise en scène pour rendre plus présent ces prédécesseurs et stimuler l'imagination du visiteur. |
Musée archéologique de Sartène : stèle Cauria VIII (Stantari) |
Musée archéologique de Sartène : stèle de guerrier (Petra-Pinzuta) |
En revanche je découvre fortuitement une chapelle de style pisan (San Giovanni Battista, du XIIe) au milieu des champs et environnée de vaches. Mais là encore aucune indication (pas même de nom) ni chemin d'accès… Elle n'est pas même mentionnée dans le G.V., et c'est suite à une bonne recherche sur Google Map que je finis par l'identifier... | Près d'Alo Bisucce à Grossa : chapelle San-Giovanni-Battista depuis la D21 |
Campomoro : la plage et la tour |
Au bout de la route, la petite station balnéaire de Campomoro, assez bien préservée, est absolument déserte. À part sa belle plage de sable et le coup d’œil sur la tour, pas grand chose à signaler, sinon la multitude de panneaux interdisant le stationnement des camping-cars… (une manie en Corse !) |
Je poursuivrai mon tour en longeant le beau golfe de Valinco par la D121 qui me ramène à la T40, peu avant Propriano. Je reviens un peu en arrière vers Sartène, puis bifurque au nord sur la D69 puis la D268 vers Olmiccia où l'on m'a signalé un fontaine dont l'eau fait les délices de la région. Bonne occasion de renouveler mon stock d'eau potable en bouteille et de mettre à niveau mon réservoir. Opération un peu longue mais sans problème dans la lumière qui baisse. | Olmiccia : la fontaine en bord de route sur laquelle je fais le plein |
Bivouac à Zoza sur une esplanade à la sortie du village |
Lever à 8:00, sans voir le soleil caché derrière les montagnes qui ferment la vallée à l'est. Il finira par apparaître lorsque je prends la route en continuant de monter vers Sorbollano. |
Hélas, surpris de ne
voir aucun panneau indiquant Cucurazzu, je m'aperçois
bientôt que je ne suis pas sur la bonne route, ayant mal
situé le site archéologique sur la carte. Il se trouve
sur une petite route parallèle que je dois aller
reprendre une dizaine de kilomètres plus bas à Olmiccia,
où j'ai fait le plein d'eau hier soir… La D268 n'est guère différente de la D20, aussi tortueuse et montante, jusqu'à l'embranchement encore plus étroit sur le chemin vicinal qui prend à gauche 5 kilomètres après Mela. Le train arrière du camion est encore affecté par les coups et chocs sourds occasionnés par les virages un peu sec, et je suis un peu inquiet de ne pas arriver à identifier la source de ce problème ; il faudra que je repasse au garage de Corte puisque ce «symptôme» se manifeste seulement depuis le changement de la lame de suspension… |
Olmiccia : le cœur ancien du village aux premiers rayons du soleil hivernal |
Cucuruzzu : chemin en sous bois vers Capula et le casteddu |
Comme précédemment à Cauria le site se fait longuement attendre, d'autant plus qu'aucun panneau ne vient confirmer que je suis sur la bonne route. Un vaste stationnement vide m'attend au bout du chemin, il aurait parfaitement fait l'affaire comme bivouac, largement exposé au soleil celui-là... J'y laisse l'Exsis dûment cadenassé et, passant la billetterie évidement fermée, pousse la barrière et m'engage dans le joli sentier en sous-bois qui descend jusqu'au casteddu |
CUCURUZZU, FORTERESSE DE L'AGE
DU BRONZE
(affiche sur le site) C'est en 1959 que l'archéologue Roger Grosjean
mentionne le site de Cucuruzzu. En 1963, il dégage
et réalise la première fouille du site alors
recouvert d'une dense végétation. Dès 1964, les
recherches seront reprises par François de
Lanfranchi qui les poursuivra jusque dans Les années
1990 ; ses travaux ont mis en lumière l'important
patrimoine archéologique de l'Alta Rocca. Cet édifice fait partie de la vingtaine de
casteddi découverts sur l'île, essentiellement en
Corse méridionale. Ces monuments, véritables points
de contrôle des territoires, peuvent avoir plusieurs
fonctions, à la fois refuges ou encore greniers
communautaires. En poursuivant votre promenade vous accéderez au site médiéval du casteddu de Capula. Une statue-menhir de l'âge du Bronze se trouve au pied de l'édifice. 2 fragments ont été réemployés à la base du mur médiéval. |
C'est une bonne marche matinale dans laquelle je me suis embarqué, et là encore le chemin emprunte souvent des allures de lit de torrent barré de hautes «marches», en fait des roches barrant le cours naturel de l'eau lorsqu'elle est présente. Une demi-heure passe, et j'arrive devant la butte rocheuse où les hommes du Bronze ont aménagé leur place forte autour d'un amas d'énormes blocs. | Mur extérieur du casteddu de Cucuruzzu |
Cucuruzzu : l'escalier d'accès |
Un rempart circulaire haut de 4 ou 5 mètres bloque le passage entre les rochers, un escalier escalade une brèche dans les rocs entassés. Des anfractuosités dont il est dit qu'elles servaient ou de stockage ou d'atelier ponctuent la face interieure du mur, dominé par la base d'une tour dont il ne reste que le premier étage et son plafond de grosse dalles. |
Je reprends ensuite le
sentier bien délimité dans le sous-bois vers Capula, i.e
la chapelle San-Laurenzu et les vestiges du château-fort
médiéval des Biancolacci. C'est un autre casteddu,
médiéval celui-là, détruit par les Génois au 1249 et
dont, en fin de compte, les quelques pans de mur
croulants valent à peine le détour. |
Capula : base du château médiéval des Biancolacci détruit par les Génois |
Capula : la chapelle San-Laurenzu reconstruite au XVIIe |
De la petite église médiévale du XIIIe qui desservait le hameau au pied de la butte seigneuriale il ne reste quasiment rien, puisque ses pierres ont servi à reconstruire au XVIIe un chapelle des plus sobres dont la porte est fermée. |
C'est ainsi que, de retour à Olmiccia par la D268, je redescends jusqu'au Rizzanèse où prend la petite D119 qui s'élève dans les chênes lièges au dessus de la vallée du Baracci vers les maisons d'Arbelllara regroupées sous leur tour de défense carrée. Vues impressionnantes dans la chaude lumière du soir qui anime le granit autrement austère. | Arbellara sur sa butte |
Fuzzà et Santa-Maria è Ficanieddda en 2ème plan |
Fuzzà : tour datant de 1548 appartenant aux Durazzo |
FUZZÀ : habitat
(notice) Le village possède un habitat bien conservé du début de l’époque moderne. Deux tours, appartenant à des familles ennemies dont l’histoire tragique a inspiré Prosper Mérimée, se dressent toujours. À Torra Vechja, de la famille Carabelli dont était issue Colomba, est en contrebas de la route. Elle date du XIV siècle. L'autre, de la famille Durazzo, est au bord de la route. Elle porte sur un linteau la date de 1548. On peut remarquer qu'elle a été détruite puis reconstruite comme l’atteste le travail de la pierre. Le village fut ravagé par les Turcs en 1583. Plusieurs hameaux se trouvent sur la commune. Certains sont abandonnés, comme Ghjilfulù ou Muratu; d’autres sont encore habités comme Burgu et i Martini. Ce dernier fut un site majeur de la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale ; la vallée du Baracci a joué un rôle important durant cette période. Les hameaux et les nombreux édifices de culte de la vallée, comme la Vieille chapelle di a Trinità sous l'habitat médiéval ruiné de Casi Vechji, témoignent d'un peuplement important durant le Moyen Âge. |
Fuzza : A Torra Vechja (XIVe) appartenant à la famille Carabelli |
Colomba
(notice) En 1839, Prosper Mérimée
(1803-1870) passe deux mois en Corse en tant
qu'inspecteur des Monuments historiques.
«Colomba», sa nouvelle la plus célèbre parue en 1840 dans la revue des Deux Mondes. lui est inspirée par une vendetta qui s'est déroulée dans les années 1830 à Fuzzä en opposant deux des principales familles du village. les Carabelli et les Durazzo. ll rencontra la vraie Colomba., alors âgée de 57 ans qui l'avait fortement impressionné. Cependant, il lui transposa les traits et l’âge de sa fille Murgana que l'on disait très belle. Il mit en scène deux familles : les della Rebbia et les Baricini. Le père de Colomba a été assassiné par un avocat de la famille Baricini. La jeune femme poussa son frère à la vengeance comme le fit réellement la vraie Colomba qui, elle, perdit son fils dans cette sombre et terrible histoire. Prosper Mérimée contribua avec cette nouvelle à donner une image stéréotypée de la Corse et de ses mœurs. Par la suite. les visiteurs, les écrivains, les touristes, furent fortement marqués par cette image. Ils y recherchèrent les bandits, «rois du maquis» ou du «palais verts» : les histoires. les récits, les articles et même les cartes postales sur ce thème connurent un grand succès. Colomba devint l'archétype de la femme corse et sa tenue de deuil, austère et dramatique, fut prise pour le costume traditionnel des femmes corses. D'innombrables figurines, statuettes, photographies répandirent l'idée que l'habit des femmes corses était cette tenue et finirent étrangement par en persuader les Corses eux-mêmes en faussant ainsi un pan de leur mémoire collective. |
Santa-Maria è Ficaniedda |
Je me rendrai encore
quelques kilomètres plus haut, à Santa-Maria è
Figaniella pour une vue encore plus large sur le Golfe
de Valinco embrasé par le soleil couchant. J'y ferai surtout le tour de son église de style roman pisan du XIIème, en bel appareillage de moellons en granit. Sous son haut clocher assez simple, un remarquable bandeau d'arcatures ceinture la base du toit et porte quelques figures humaines en modillons. Et dire que ce superbe bâtiment semble abandonné ! (porte et fenêtre bouchées par des panneaux cloués). |
Santa-Maria è Ficaniedda : église Santa-Maria-Assunta (XIIe) |
St-Maria è Ficaniedda : abside de l'église Santa-Maria-Assunta |
|
St-Maria è Ficaniedda : frise de l'église Santa-Maria-Assunta |
Fozzano : soleil couchant sur le golfe de Valinco |
Après cette autre incursion montagnarde il ne reste plus qu'à redescendre jusqu'à la mer en suivant la D19 qui offre vers Viggianello quelques panorama intéressants sur le golfe de plus en plus empourpré. Rendu sur la côte je retrouve la T40 à l'est de Propriano dont j'apercevrai à peine les hôtels et restaurants fermés. |
Ce n'est pas le départ des voitures des résidents, mais plutôt l'arrivée des ouvriers des chantiers voisins, église et hôtel, qui m'a réveillé et suggéré de quitter les lieux. Je me livre quand même à un rapide tour sur la rue pittoresque et à l'intérieur de l'église richement décorée. | Olmeto : bivouac devant l'église en chantier |
Olmeto : tribune et orgue de l'église Ste-Marie |
Nef et autel de l'église Ste-Marie d'Olmeto |
Olmeto : torra (XVIe) |
Olmeto : Quartier Ortale Haut |
Me demandant s'il n'y aurait pas moyen de contourner l'obstacle, je reviens à l'Exsis, branche l'internet et explore sur Google Map satellite les environs du site archéologique aisément repéré. Le plus simple serait de l'aborder par l'arrière, dans la campagne sillonnée de chemins ruraux donnant accès aux champs et pâturages qui entourent les ruines. | Filitosa : accès alternatif (en bleu) au site, découvert avec Google Map satellite |
Pas de cadenas, un simple loquet sur la barrière pour empêcher la sortie du bétail… Je parcourrai à peine 500 m sur l'herbe encore glissante de givre - il a dû geler ici cette nuit - et j'aperçois les 5 stèles qui montent la garde au pied du rocher surmonté du petit casteddu. | Filitosa : arrivée sur le site |
FILITOSA
Site classé monument historique (Section préhistoire) Sans égal jusqu'alors en
Corse, l'éperon barré de Filitosa est le gisement
préhistorique le plus intéressant par l’originalité
de ses œuvres d'art et de ses monuments.
L’île prodigue par centaines monuments et sites d'avant l'histoire; Filitosa présente une synthèse de ce qu’il y a de mieux à voir et à connaître de la préhistoire corse. Les vestiges de plusieurs civilisations, des lointaines époques antérieures à l'écriture en occident, s'y superposent et s'y mêlent à partir du néolithique compris (âge de la pierre polie, antérieur au IIIe millénaire avant notre ère). Puis on a reconnu les traces du séjour de la civilisation dite "mégalithique” (du début du IIIe au début du IIe millénaire avant notre ère) avec ses menhirs. Ensuite les vestiges de la culture terminale de cette civilisation mégalithique, étonnant par la présence du plus gros rassemblement en Europe de statues menhirs, hautes de 2 à 3 mètres et d'un art propre à la Corse: représentation voulue éternelle de chefs guerriers pour la plupart, elles ont été laborieusement taillées dans le granit le plus dur, puis longuement polies (milieu du IIe millénaire avant JC). Enfin, à l'époque où cette culture artistique mégalithique était à son apogée, débarqua dans l'île une civilisation étrangère, en provenance de la Méditerranée centrale, techniquement plus avancée et mieux armée que les autochtones, constructeurs de forteresses et de grands monuments circulaires. Ces « Torréens » repoussèrent les mégalithiques du sud de la Corse, et s'installèrent entre autres sites, à Filitosa, où ils se sédentarisèrent, construisant un village à l'intérieur de l'éperon et détruisant les statues menhirs dont ils employèrent les tronçons dans l'un de leurs monuments culturels. Quelques siècles plus tard, vers 1000 avant notre ère, le site de Filitosa fut abandonné par les derniers “Torréens" et le resta pendant 3000 ans, jusqu'en 1955 où il fut authentifié et où commencèrent les fouilles archéologiques. Les travaux de dégagement des habitats "Torréens" sont toujours en cours. Centre de préhistoire corse
(C.N.R.S. et Ministère des affaires culturelles) |
Filitosa : les cinq stèles dans la prairie au pied du casteddu |
Stèle dans la prairie |
Je m'essouffle un peu en me hissant sur les pierres mal ajustées de l'escalier raide et grossier menant au plateau. | Filitosa : la prairie et ses statues depuis l'éperon fortifié |
Filitosa : l'éperon fortifié |
Pas de surprise en ce qui concerne la petite fortification accotée sur de gros taffoni empilés. |
Filitosa : monument principal (cultuel) (Filitosa IX) |
Filitosa : stèle |
Filitosa : le monument cultuel et ses statues |
Plus loin, un chaos disparaissant dans la mousse et sous l'ombre des chênes est supposé avoir abrité un hameau de huttes où l'on a découvert quelques pièces de vaisselle… | Filitosa : le quartier des habitations |
Filitosa : le «dinosaure» dans la carrière |
Je refais le chemin en sens inverse, ajoutant à mon parcours agreste une incursion à la carrière d'où furent extraite les pierres, et au pied d'un énorme bloc suggérant vaguement la forme d'un dinosaure. En refermant la barrière derrière moi, ni vu ni connu, je regagne la route et l'Exsis qui a continué de recharger ses batteries en plein soleil. |
Coup d’œil au guide et
à l'atlas. Je me rapprocherai d'Ajaccio en longeant la
côte, un liseré vert le long du tracé de la petite route
suggérant son caractère pittoresque. Je me rends ainsi
jusqu'à la petite station de Porto Pollo où j'ai la
chance de trouver une place juste devant le sable, dans
le parking d'une épicerie Spar fermée… Bon spot pour déjeuner, l'ouverture d'une boite de confit de canard pour réchauffer une cuisse avec des flageolets verts soulignera cette belle journée. Sieste ensuite devant le superbe panorama du golfe de Valinco et Propriano, un fois n'est pas coutume, salade de fruits rafraichis et café |
Porto Pollo : plage sur le golfe de Valinco |
Plage de Cupabia |
Comme j'ai choisi de suivre d'assez près la côte pour profiter des paysages maritimes, il n'est pas surprenant que la route D155 soit très sinueuse et accidentée. Elle traverse des contrées encore très boisées et peu peuplées. Dès qu'elle monte un peu, elle offre de vastes panoramas sur les caps et les anses très découpées propres au sud-ouest de la Corse. Route fatigante donc, mais gratifiante en terme de spectacle et d'espace. |
Golfe d'Ajaccio depuis Ariezza |
Ma journée s'achève par une vive descente sur le golfe d'Ajaccio à partir d'Acqua Doria, avec d'autres très belles vues sur les côtes et la ville au loin, dans la lumière et les vives couleurs du soleil descendant. |
Plage de Veghia devant le Golfe d'Ajaccio |
Effectivement j'ai bien et longtemps dormi, puisque je ne me suis éveillé que vers 8:00 et sous un grand ciel bleu. Je commence peut-être à ressentir la fatigue de ce long voyage non-stop où je parcours relativement peu de kilomètres mais passe des heures à conduire sur des routes difficiles… Mais ce sont les plus belles !!! |
Les côtes du Golfe en allant vers Ajaccio |
Je fais donc demi tour et rejoins la route côtière assez densément peuplée semée d'une suite de plages avec restaurants, campings, etc. À Porticcio comme prévu je fais le plein de gasoil (1,669 le litre de GO tel qu'indiqué sur le site gouvernemental) et poursuis jusqu'à Ajaccio dans une circulation très dense et ralentie par des travaux (il n'y a pas qu'à Montréal !). Comme prévu aussi je prends le GPL tel qu'indiqué (une seule station en ville !) et trouve un stationnement gratuit à proximité, juste avant le port de plaisance où je pourrai laisser l'Exsis cadenassé en plein soleil. |
Après un petit casse-croute je me lance dans la visite proposé par le G.V., en commençant par chercher le Palais Fesch qui semble fort riche en peinture italienne. Hélas la marche est longue sur le Cours Jean Nicoli qui mène à la vieille ville. Je découvrirai enfin l'entrée du musée dans une petite rue, mais c'est pour constater qu'il est fermé jusqu'au 15 janvier (fermeture annuelle, ce qu'omet d'indiquer le G.V. qui le présente ouvert toute l'année…). Voilà qui ampute mon tour de ville de sa partie la plus attrayante. | Ajaccio : cour du Palais Fesch |
Ajaccio : le Cardinal Fesch |
Vieille ville d'Ajaccio : rue Cardinal Fesch |
Place Charles de Gaulle : monument de Napoléon et ses frères |
J'errai ensuite pendant près de deux heures dans le centre ville, parcourant le Cours Napoléon rempli de boutiques assez élégantes, aboutissant à la vaste Place Charles de Gaulle où c'est le monument triomphaliste à l'Empereur et ses quatre frères Bonaparte, façon triomphe à la romaine qui retient mon attention. |
Facade de la cathédrale d'Ajaccio |
Nef de la cathédrale d'Ajaccio |
Puis je me dirige vers la cathédrale Santa Maria Assunta (1584, Renaissance). Façade sobre peinte en jaune assez vif, intérieur couvert de peintures en trompe l'oeil d'assez bon goût qui meublent un espace plutôt sobre. J'y découvre quelques pièces intéressantes, dont une belle Vierge en marbre de Carrare du XVIIIe. | Ajaccio : Vierge Immaculée Conception (XVIIIe) |
Ajaccio : l'Ancien port derriere la jetée |
Ensuite je me perds un peu dans les petites rues du coeur ancien de la ville-forte fondée par les Génois et fais un tour extérieur de la citadelle (fermée, car encore terrain militaire). Je pousse jusqu'au quai de l'Ancien port à son pied, puis prends le chemin du retour en zigonant entre les ruelles et les places : Hôtel du duc Pozzo di Borgo, rénové pour devenir un hôtel pour voyageurs, rue Bonaparte où je ne visiterai pas une autre fois la maison familiale du futur empereur. |
Je m'attarderai plutôt devant le buste (touchant) du Roi de Rome dans son petit jardin exotique… Puis c'est la Place du Maréchal Foch, avec une autre statue de Bonaparte en Premier Consul, encore une fois revêtu de la toge romaine… sur fond d'hôtel de ville au joli décor méditerranéen et encadré de palmiers. | Ajaccio : buste du Roi de Rome dans le jardin devant la Maison Bonaparte |
Ajaccio : Bonaparte en Consul romain |
Ajaccio : bas de la place Maréchal Foch donnant sur l'Ancien port |
Ajaccio : le Port de plaisance Charles d'Ornano |
Je commence à trainer la patte et suis affamé, il est temps de prendre une pause en retrouvant mon home. Mon chemin longe la gare maritime où sont accostés deux gros ferries (Corsica Linea, Corsica et Sardinia Ferries) portant en logo la tête de nègre corse et sarde, Puis je rejoins le grand port de plaisance Charles Ornano dont j'évite les grilles pour retrouver enfin, fatigué, la banquette de l'Exsis pour un repos bien mérité : plus de 7 km non stop enregistrés par mon IPhone ! |
Il est près de 15:30, je me restaure, puis décide de terminer ma journée par le spectacle du coucher de soleil sur les Iles Sanguinaires, au bout de la Pointe de la Parata qui ferme le Golfe d'Ajaccio au nord. Le GPS m'entraine dans un détour un peu sportif par la montagne pour contourner le centre ville, avant une vingtaine de kilomètre d'une route côtière bordée de villas cossues, de plages et de restaurants. | Golfe d'Ajaccio depuis la pointe de la Parata |
Pointe de la Parata : Iles Sanguinaires et Tour de la Parata à contre-jour |
En cette fin d'après-midi la vue sur les îles qui s'avancent en chapelet dans la mer est déjà superbe, elle deviendra bien sûr exceptionnelle avec la descente du soleil qui se couche derrière elles. |
Tour de la Parata |
Au pied de la Tour de la Parata |
Lever de soleil sur mon bivouac devant l'Hôtel Dolce Vita |
Nuit relativement tranquille, la circulation cessant bientôt sur cette route sans issue, et de toute façon j'ai dormi mes 9 heures sans me réveiller… Beau temps au lever, avec en prime une vue superbe sur le golfe. À deux pas un jeune eucalyptus me rappelle la demande d'Olivier : je sors mon sécateur pour en couper quelques rameaux en espérant qu'ils deviendront boutures viables… Douche, déjeuner panoramique, j'achève ma rédaction et suis prêt à partir vers 10:15. |
Je décide de commencer par une incursion vers l'intérieur pour aller découvrir la statue menhir de Tavera, sur la T20 en direction de Corte. Retour donc vers Ajaccio que je me contente de traverser sans m'arrêter, puis commence à remonter la vallée de la Gravona. La route est large, la chaussée en bon état, mais sinueuse et assez fréquentée. | En traversant Ajaccio, la Place Maréchal Foch |
Sur la T20 vers Tavera |
Paysage rapidement
rural, où les pentes très vertes se rapprochent
progressivement tandis que des sommets enneigés pointent
au-dessus des massifs limitant l'horizon. |
Apercevant d'autres
eucalyptus, je m'arrête pour tâcher une autre fois de
récolter de jeunes pieds : mais les quelques uns que je
tente de déterrer sont des rejets prenant sur une grosse
racine ou une souche enfouie sous le terreau… J'en
prélève quand même une, munie d'une radicelle bien
symbolique, que je planterai un peu plus tard avec de
courts rameaux coupés sur les branches recueillies ce
matin. Je les enfoncerai jusqu'au fond du terreau bien tassé et humidifié dans le pot remis par Olivier à cet effet, et placerai le contenant sur le plancher de la cabine, bien accroché à la base du fauteuil du passager. En espérant qu'ils tiendront le coup jusqu'à mon retour à Vence… |
Préparation des boutures d'eucalyptus pour Olivier |
Tavera : le ruisseau sur le chemin vers la statue menhir |
Sentier fort peu tracé dans un premier temps, et bain de pieds dans un ruisseau aux bords très boueux, errement au milieu d'un troupeau de grosses vaches bien cornues mais heureusement placides… je dois encore une fois m'aider de mon téléphone pour trouver la pierre sculptée. |
Tavera : la statue menhir pleinement éclairée par le soleil |
La statue-menhir de Tavera Au nombre d'une
centaine, les statues-menhirs sont inégalement
réparties dans presque toutes les micro-régions de
la Corse, à l'exception de la haute montagne.
L'homme de pierre La statue-menhir de Tavera a été découverte lors d’une prospection menée dans la vallée de la Gravona en 1961. Celle-ci gisait à quelques mètres de l'endroit où elle est actuellement visible, à proximité d’un Casteddu médiéval. À l'emplacement de la découverte, les opérations archéologiques ont permis de découvrir des vestiges possibles d’un dispositif de calage ainsi que du mobilier lithique daté de la fin du néolithique ou du début de l’âge du bronze. D'une hauteur de 2,42 m, l’homme de pierre est l’une des statues- menhirs les mieux soignées et proportionnées de l’île. Les traits de son visage sont très expressifs et ses oreilles saillantes se détachent clairement de la tête. La ligne claviculaire est représentée par un arc de cercle à la base du cou. On distingue le schéma des omoplates en relief et la colonne vertébrale en creux dans le dos. La statue-menhir ne possède pas d’arme mais elle a donné l’occasion de restituer ce qui est interprété comme un attribut vestimentaire. En effet, sur toute la partie céphalique, des gravures aujourd’hui disparues dessinaient la forme d’une résille. La destination de la statue-menhir La destination des statues-menbhirs est un véritable problème sur lequel les chercheurs se penchent actuellement. Celle de Tavera se situait au passage d’un col, dominant le cours de la Gravona. La proximité de l’axe de communication entre la plaine et la montagne permet de penser que la statue- menhir de Tavera a été dressée sur ce lieu en raison de son importance stratégique. On pourrait ainsi l'identifier à une herma, terme grec désignant autrefois la borne qui jalonnait les routes et les frontières, et également la rapprocher du culte antique d’Hermès, Dieu des voyageurs et du bornage. Le pouvoir des pierres Certaines pierres ont toujours exercé un véritable pouvoir sur les hommes. Pour l'Eglise, les menhirs et statues-menbhirs faisaient l’objet de cultes païens. Les nombreuses décisions prises dans le but de faire disparaître ces croyances restèrent vaines et le peuple continua à avoir pour celles-ci une véritable vénération. Elle tenta donc de les christianiser en traçant des croix sur les monolithes, en les déplaçant près des églises ou même en les intégrant dans leur construction. Celle de Tavera n’en fit pas l’objet, mais selon les bergers parcourant le secteur, elle aurait la faculté de faire pousser l'herbe et de donner ainsi de beaux pâturages. Ils l’appelaient d’ailleurs À Santa (La Sainte). Après sa découverte par les archéologues, quelques habitants du village s'en emparèrent et la transportèrent sur le parvis de l’église Santa-Maria, avant de la rapporter à sa place actuelle. |
Pause-déjeuner au pied de Sarrola-Carcopino et devant les montagnes enneigées. |
Je n'irai pas plus loin sur la T20 que je redescendrai pour rallier le Golfe de Savone plus au nord. Raccourci sur des routes minuscules (D1 puis D101) au flanc des hautes pentes pour rallier Sarcona Carcopino où je déjeune devant un beau panorama de neige sur le Monte d'Oro (2 300 m). |
Je suivrai la route côtière D81 jusqu'à mon arrivée en fin de journée à Cargèse, sans arrêt autre que pour quelques photos, car les villages traversés sont plus des stations balnéaires récentes que des villages anciens de caractère. Belles plages, restes informes du château médiéval de Capraja aperçu de loin, tours génoises plus ou moins en ruines sur les promontoires à la Pointe Capigliolo et à Sagone… Je surveille le long de la route les endroits propices au bivouac, mais n'en trouve pas car il n'y a guère de chemins tracés vers la mer qui ne soit clos d'une barrière. | Punta Puntiglione au soleil couchant |
Cargèse : bivouac sur le quai du port |
Je finis par me rendre jusqu'à Cargèse dont j'aperçois enfin les deux églises (catholique et grecque) en haut du village en amphithéâtre se terminant tout en bas par un petit port. Les rues sont étroites et pentues, j'enfile donc la petite route sinueuse qui dégringole jusqu'au quai bien peu fréquenté ces temps-ci : bars et restaurant fermés, quai de plaisance à moitié déserté et bateaux mis en hivernage… Je m'avance jusqu'au bout du petit port et m'installe immédiatement au bord de l'eau : la nuit devrait y être tranquille... |