Dingle : le facteur
Dingle : le facteur
Juillet-août 2002

Irlande

Monique et Jean-Paul MOUREZ
à bord de l’Aigle




Dingle :
                bicycle and Guiness
Devant un pub à Dingle : bicycle and Guiness

irlande-carte-itineraire
Itinéraire de notre tour d'Irlande


Première partie :
1. De CAEN à NEW GRANGE
2. De NEWGRANGE à MOUNT-STEWART
3. De BELFAST à LONDONDERRY
4. De LONDONDERRY à PORTNOO

Deuxième partie :
5. De PORTNOO à DOO LOUGH
6. De DOO LOUGH à QUIN
7. De QUIN à GLEINBEGH
8. De GLENBEIGH à ROSSLARE

Chacun des 8 chapitres comprend la carte agrandie du secteur découvert


Cottage
          (chaumière) irlandaise
Chaumière irlandaise (cottage)


1. De CAEN à NEWGRANGE


Mercredi 10 juillet 2002 : de CAEN à CHERBOURG (120 km)

le
                    Normandy, d’Irish Ferries
Le ferry Normandy, d’Irish Ferries
Embarquement sur le Normandy, d’Irish Ferries, à Cherbourg. Le ciel clair est légèrement nuageux et la mer calme mais le vent très frais nous fait abandonner le pont lorsque la côte du Cotentin disparaît à l’horizon.

Installés dans le lounge, Monique attaque un premier bouquin « Zita Impératrice Courage », une biographie de la dernière impératrice d’Autriche, pendant que j’entame ce journal puis poursuis la rédaction de l’itinéraire de notre tour d’Irlande commencé à Montréal. Monique lit sur le pont du Normandy
Monique commence à lire sur le pont du Normandy

Plusieurs raisons m’ont empêché de rouvrir ce document entrepris à Montréal depuis quelques mois. La canicule, les services rendus aux uns et aux autres, la longueur des démarches pour les courses, les réparations et la recherche de services à Lyon et finalement le mariage de Juliette Barou ont en effet rendu interminables les travaux de restauration de l’Aigle qui n’a pas roulé depuis 3 ans.

Ste-Foy-Jean-Paul-bricole-l'Aigle.jpg
Ste-Foy : Jean-Paul bricole dans l'Aigle
Il a en effet fallu reconstruire en PVC le caillebotis de la douche dont les lattes de pin avaient pourri, dérouiller le parement intérieur du lanterneau puis en étanchéifier l’extérieur qui avait fui, démonter, nettoyer puis remonter la fenêtre latérale au-dessus de la porte à glissière soupçonnée de causer une autre fuite au-dessus de la porte du passager. Le pare-chocs arrière avait bien besoin d'être redressé, et le bas de caisse de retouches de peinture noire un peu partout. J'avais dû également installer un nouveau radio-CD pour remplacer le radio cassette brisé et, tant qu'à faire, déplacer et réinstaller les haut-parleurs depuis le toit où ils étaient encastrés et sonnaient fort mal. Un convertisseur 12 V – 220 V était devenu nécessaire pour alimenter le chargeur de batterie de la nouvelle caméra vidéo DV, et il m'avait fallu colmater en catastrophe la fuite de l’un des vases d’expansion puis resserrer tous les raccords du circuit d’eau qui s'étaient mis à fuir à la première remise en pression. Tout cela sans parler du décrassage de la carrosserie envahie par les mousses et les champignons...

Restent l’installation du ventilateur du lit haut fabriqué à partir d’un petit ventilateur d’ordinateur, et surtout la réparation du rétroviseur droit dont l’axe vient de lâcher…

L’arrivée à Rosslare est prévue vers midi, après 18 heures de traversée…


Jeudi 11 juillet 2002 : de ROSSLARE HARBOUR à RATHDRUM (132 km)

Nuit longue entrecoupée de nombreux réveils, dans l’inconfort de nos sièges couchettes inclinables où il faut se tortiller pour retrouver une position familière permettant le sommeil. Mieux eut valu apporter, comme plusieurs autour de nous, oreiller, duvet et tapis de sol pour s’allonger dans les espaces libres devant ou entre les rangées de fauteuil...

Nous émergeons vers 9:00 pour aller déjeuner dans le lounge encore une fois bondé et très bruyant, dérangés par les nombreux enfants énervés qui courent et se bousculent en criant comme sur une cour de récréation… sans surveillant !

Sur le pont il fait frais, mais le soleil presque tout le temps présent nous fait attendre sans trop d’impatience l’apparition de la côte irlandaise vers 11:30. À 12:30, débarquement comme prévu sur le quai de Rosslare, une grande gare maritime entourée de quelques maisons.

Notre route vers le nord sur la côte est de l'Irlande

Sur le
                  quai de Wexford
Sur le quai de Wexford
Il faut gagner la première petite ville, Wexford, pour faire réparer le rétroviseur droit indispensable ici où l’on conduit à gauche. Traversée superficielle de la petite ville portuaire très achalandée pour trouver à la sortie est un aimable carrossier qui accepte de percer le bras de support et de poser un rivet comme je le lui suggère, après son déjeuner puisqu’il est déjà midi et demi. Cela nous laisse le temps de faire un petit tour le long du quai animé : bateaux de pêche amarrés et foule de touristes dans les petites rues commerçantes aux façades anciennes, sans grand style mais gaies et colorées. Nous nous perdons un peu dans le dédale des ruelles mais finissons par retrouver notre atelier et notre rétroviseur fort bien réparé. Notre mécanicien refuse une rétribution pourtant méritée, je remonte immédiatement le miroir et nous prenons la route du nord.

Chaussée excellente mais route plutôt étroite, sinueuse et très fréquentée, dans un paysage rural assez vallonné. Le ciel se charge et nous essuyons plusieurs ondées avant d’arriver à Enniscorthy, une pittoresque petite ville médiévale où nous pique-niquons entre la rivière à truite (pêcheur en fonction !) et les tours du château dominant les vieux toits. Quelques plans vidéo de l’antique pont de pierre et des façades anciennes des magasins puis nous repartons vers le nord. Au centre ville d'Enniscorthy
Au centre ville d'Enniscorthy, la rivière à truite et le château-fort

À Arklow nous remontons la jolie vallée de l'Avoca jusqu'à Meeting of the Waters, confluent de deux rivières sauvages en pleine forêt souligné par un agréable petit jardin. Puis nous remontons par les près et les bois des Wicklow Mountains jusqu’au Avondale Forest Park, une ancienne propriété de Parnell, « le Grand Libérateur ».  Petit tour à pied dans le parc dont nous apprécions grands arbres, arbustes et vastes greens mais la maison « classique » du XIXème nous paraît quelconque, sans mériter une visite intérieure détaillée demain matin comme envisagé.

Nous gagnons donc le village de Rathdrum où, après quelques détours exploratoires, nous installons notre bivouac sur une placette devant l’école. Monique prépare le souper pendant que j’applique une deuxième couche de « liquid rubber » sur le pourtour du ventilateur de la douche qui fuyait. Souper, douche et lecture ou écriture jusqu’à 21:45 pour un coucher tôt sous un ciel de plus en plus gris, dans le ronron de quelques tondeuses à gazon tardives – la pluie fréquente doit ici rendre le gazon touffu !

Vendredi 12 juillet 2002 : de RATHDRUM à LOUGH TAY (226 km)

Val de Glendalough : les deux lacs
Val de Glendalough et ses les deux lacs
Il fait presque chaud dans notre chambre à roulette lorsque nous nous réveillons vers 9:15… sous le soleil. Inutile de dire que la nuit a été calme bien que le trafic se soit révélé plus animé que prévu en début de matinée. Douche puis déjeuner, nous décollons vers 10:00 pour emprunter d’abord la jolie vallée sauvage de la Clara qui nous mène au fameux val de Glendalough, berceau de l’église irlandaise puisque c’est là que saint Kevin fonda au VIème siècle l’un des plus célèbres monastères du pays.

Glendalough : la tour ronde
Glendalough : la tour ronde au dessus des ruines du monastère
Glendalough : la tour seule émergeant au dessus
                  du cimetière
Glendalough : la tour seule émergeant au-dessus du cimetière du monastère

Glendalough : la tour ronde et les tombes
Glendalough : la tour ronde et les tombes
Dans une vallée déserte, un enclos monastique entoure un ancien cimetière planté d’antiques croix celtiques et surtout d’un clocher rond typique haut de 30 mètres parfaitement conservé. Parmi les pierres tombales, quelques bâtiments monastiques plus ou moins reconnaissables dont les pierres noircies par le temps confirment la vénérabilité du site.

Nous nous lançons ensuite dans une longue promenade en forêt, sous une futaie d’énormes chênes, qui contourne le Lac Inférieur assez riant ... Glendalough : le site et la riviere
Glendalough : le  site et la rivière

Glendalough : Upper Lake
Glendalough : Upper Lake
... pour gagner le Lac Supérieur beaucoup plus austère entre ses rives escarpées. Pause sur sa petite plage de sable avant de prendre le chemin du retour par la rive nord du lac qui offre lui aussi quelques vues dégagées sur ce site exceptionnel.

Nous trouvons quelques cartes postales évocatrices dans le centre d’accueil puis retrouvons notre Aigle dans le stationnement paysager.  Glendalough-dans-la-brume
Glendalough dans la brume

Route
                  avec moutons
Moutons sur la route !
Monique prépare le lunch pendant que je fais le plein d’eau sur une borne d'arrosage, nous déjeunons et repartons vers le nord en traversant les Wicklow Mountains par des vallées boisées sur d’étroites routes sinueuses.

Wicklow-Glenmacnass
Wicklow : Glenmacnass

En nous égarant et en cherchant un peu, nous finissons par aboutir aux Powers Court Gardens, un opulent et magnifique domaine dont les jardins s’étalent en terrasses jusqu’au fond d’un vallon occupé par une pièce d’eau envahie par des nénuphars et décorée d’un grand jet jaillissant. Powers-Court : le jardin
Powers Court : le jardin et le paysage d'arrière plan

Powers-Court : Jean-Paul sur la terrasse
Powers Court : Jean-Paul sur la terrasse

Powers-Court-Triton-Lake
Powers Court : Triton Lake

Alentour une splendide collection de grands arbres sous lesquels serpentent les allées, et un jardin japonais, un peu décevant car au goût plutôt kitsch des années 1908.

En remontant vers le château, on traverse deux jardins clos garnis de mixed borders multicolores, et surtout une fort belle roseraie abritée par la résidence reconstruite après un incendie en 1974. Il ne reste plus rien d’intéressant dans ses murs, sinon boutiques, restaurant et salon de thé… Powers Court : porte en fer forgé du jardin clos
Powers Court : porte en fer forgé du jardin clos

Powers Court : grande allée du jardin clos
Powers Court : grande allée du jardin clos

Powers-Court : bassin du jardin clos
Powers-Court : bassin et fontaine du jardin clos

Au total une agréable balade à pied dans un environnement soigné, mis en valeur par son cadre de petites montagnes (le Sugar Loaf s’élève à 503 m). Une brusque ondée nous frappe au moment de reprendre la route. Powers
                Court : le jardin et le parc depuis la terrasse
Powers Court : le jardin et le parc depuis la terrasse

Powers-Court-Monique-au-pied-de-la-cascade
Powers Court : Monique au pied de la cascade
Nous voulons enfin admirer la Cascade, elle aussi fort impressionnante avec ses 120 m de dénivelé, à 5 kilomètres du château. Nous ne quittons son cadre reposant qu'à à la fermeture du parc à 19:00,  pour entreprendre une jolie route accidentée dans les monts Wicklow.

Remontée de la longue vallée de Glencree, de plus en plus sauvage, puis route d’altitude dans les tourbières déserte jusqu’à Sally Gap d’où s’étend un vaste panorama dans toutes les directions. Mouton-sur-la-route

Lough-Tay
Bivouac au dessus de Lough Tay
Encore quelques kilomètres de montagne et nous atteignons le belvédère dominant le Lough Tay, un sombre lac de montagne où nous installons notre bivouac dans le soir qui descend, profitant de l’air pur et du silence des hautes terres, en compagnie d’un autre fourgon, allemand celui-là.

Samedi 13 juillet 2002 : du LOUGH TAY à NEWGRANGE (136 km)

Ciel nuageux mais clair au réveil pour un autre coup d’œil au grandiose panorama étalé à nos pieds. 

Lough Tay
Lough Tay
Le
                domaine de Lough Tay
Le domaine de Lough Tay

Dublin :
                Four Courts
Dublin : Four Courts
Nous démarrons tard (passé 10:00) pour gagner le centre de Dublin par une toute petite route vagabondant dans les collines et les montagnes parcourues hier. Il fait beau, la circulation est clairsemée jusqu’à rattraper la N 11 à Enniskery, beaucoup plus chargée. À notre train de sénateur nous finissons par traverser les interminables faubourgs de la capitale et allons stationner en plein centre sur le quai de la Liffey, juste en face du grand bâtiment néoclassique de Four Courts, l’ancien Palais de justice.

L’allure générale, l’urbanisme et l’architecture de la ville ne nous impressionnent guère : pas ou peu de grandes perspectives, de rares monuments assez quelconques en brique ou en crépis, même les pierres grises de la grande cathédrale Christ Church paraissent trop neuves… Dublin : Christ Church Cathedral
Dublin : Christ Church Cathedral

Dublin-Chester-Beatty-LIbrary
Nous parcourons quelques rues animées mais sans chic en nous rapprochant du château. Lui aussi manque de « gueule », on ne s’aperçoit de sa taille qu’une fois à l’intérieur de sa grande cour centrale qui mélange architectures médiévale, classique et moderne. Délaissant la visite habituelle des Grands appartements d’apparat, nous nous dirigeons plutôt vers la Bibliothèque Chester Beatty dont les salles contemporaines ont été aménagées près d’un joli jardin.

Dublin-Chester-Beatty-Library : peinture
                  japonaise
 Chester Beatty Library : peinture japonaise
Chester Beatty Library : enluminure persane
Chester Beatty Library : enluminure persane

Cette collection superlative de livres, très anciens ou exotiques, comprend les plus anciens manuscrits de textes bibliques sur papyrus ou parchemin, des Corans du VIIème siècle, ainsi que des planches et objets chinois ou japonais d'un extrême raffinement. Je passerais la journée entière à examiner les objets rares et précieux exposés dans les pièces assombries dont les vitrines renferment de tels trésors si Monique, plus expéditive dans sa visite, ne me tirait vers la sortie.

Chester Beatty Library : coq menaçant un coq peint
                par Totooyo HOKKEI, estampe japonais sur bois ca. 1825
Chester Beatty Library : Coq menaçant un coq peint, par Totoya HOKKEI, estampe japonais sur bois (surimono) ca. (1825)
Chester Beatty Library : carpe
 Chester Beatty Library : Carpe nageant parmi les algues, par Katsushika TAITO II ca. 1832

Nous ne faisons guère d'autres découvertes stimulantes sur le chemin du retour vers notre Aigle. En quittant la ville nous tentons bien d'aller admirer la fameuse bibliothèque de Trinity College mais l'intense circulation du samedi après-midi dans le centre ville nous fait renoncer à l'entreprise.  Nous quittons plutôt la ville en nous dirigeant vers le nord. Dublin-riviere
Dublin : les quais le long de Liffey River

Les pubs de Dublin

 Dublin : pub
Les pubs Dublin

Dublin : pub


Dublin : pub
 
Déjeuner sur la route de Howth, devant une église moderne à deux pas de la plage, avant de partir faire le tour de la péninsule de Howth.

Les jardins signalés par le Guide Vert ne sont pas accessibles car ils font partie d'un golf dont l’entrée est réservé aux membres… Reste un petit tour sur la digue protégeant le port de la petite station balnéaire (bateaux de pêcheurs et de plaisanciers mêlés). Je la parcours jusqu'à son extrémité pendant que Monique s’expose au soleil, une denrée plutôt rare ici…. Dans le port
                de Howth
Dans le port de Howth

Nous reprenons ensuite la direction du nord par la N 1. Détour vers le parc de Newbridge sur le point de fermer. Ses grands arbres dispersés sur le green ont fière allure mais point de parterres fleuris, et encore moins d'eau pour remplir notre citerne… Nous poursuivons la grande route coupée de quelques sections d'autoroute toute neuve. Finalement nous faisons le plein d'eau sur une station service puis nous bifurquons vers l'ouest peu avant Drogheda pour remonter la vallée de la Boyne jusqu'au site préhistorique de Newgrange. À notre arrivée à 19:00 le Centre d'accueil est évidemment fermé et nous ne pourrons bivouaquer sur son stationnement clôturé. Nous trouvons à proximité un petit espace derrière une haie au bord de la route où nous serons tout proches pour la visite à la première heure demain matin. Espérons qu'il ne pleuvra pas cette nuit car le terrain fort boueux risque alors de nous retenir longtemps ! 




2. De NEWGRANGE à MOUNT-STEWART





Dimanche 14 juillet 2002 : de NEWGRANGE à SAUL (187 km)

Réveil plutôt tardif (8:45) mais décollage sans anicroche après le petit déjeuner vite expédié. Au Centre d'accueil du site préhistorique de la vallée de la Boyne j'obtiens des billets pour la deuxième tournée (9:20) du petit autobus qui grimpe sur la colline où se trouve la grande tombe à couloir de Newgrange.


Le grand
          tumulus de Newgrange
Le grand tumulus de Newgrange

Entrée
                du tumulus de Newgrange
Entrée du tumulus de Newgrange
Le monument datant de près de 5000 ans a été magnifiquement restauré et c'est avec émotion que l'on franchit le seuil puis le long couloir étroit formé de grosses pierres dressées pour s'enfoncer dans le souterrain menant jusqu'à la chambre sépulcrale, au cœur de l'énorme tumulus.

Architecture démesurée pour les moyens de l'époque… Étonnante voûte en encorbellement,... Newgrange : plafond en encorbellement
Newgrange : plafond en encorbellement

Newgrange-soleil-de-solstice
Newgrange : le rayon du soleil de solstice d'hiver
...démonstration par le guide du rayon de lumière solaire perçant par une fenêtre étroite jusqu'au cœur du monument durant quelques minutes lors du solstice d'hiver.

De retour au centre d'accueil je parcours avec intérêt l'exposition présentant le mode de vie, les croyances et les technologies pratiquées par les cultivateurs établis sur les rives de la Boyne qui construisirent les titanesques monuments funéraires dispersés sur la colline. Newgrange : pierre sculptee en façade
Newgrange : pierre sculptée en façade

À midi nous sommes à Drogheda pour contempler le panorama sur la petite ville depuis le Millmount, une motte médiévale surmontée d’une tour massive. Rien de bien extraordinaire à voir, son architecture ancienne s’avère pauvre et quelconque, Texaco et McDonald y tiennent une place de choix avec leurs couleurs criardes au bord du quai de la Boyne…

Monasterboice-grande-croix celtique dnas le
                  cimetière
Monasterboice : grande croix celtique dans le cimetière au pied du clocher rond
À 10 km au nord en pleine campagne nous découvrons le cimetière de la petite église de Monasterboice : trois fort belles croix celtiques y disputent l'intérêt avec un clocher rond haut de 30 m.

Les croix celtiques de Monasterboice

Monasterboice croix celtique Monasterboice croix celtique

Pique-nique sur le petit stationnement ombragé, puis route rapide par un long tronçon d'autoroute jusqu'à Dundalk. Après le passage en Ulster il faut payer en livres anglaises notre plein d'essence puisque la Grande-Bretagne a refusé d'entrer dans la zone euro.

Notre longue recherche du point de vue de Bernish Rock au-dessus de Newry nous entraîne sur quelques chemins empierrés des plus rustiques, avant de retourner faire le tour de Mourne Mountains.
Vallée près de Mourne Mountain
Vallée près de Mourne Mountain

Sommet de
        Mourne Mountain
Sommet de Mourne Mountain

Mourne-Mountain-depuis-Newcastle
Mourne Mountain depuis Newcastle
Côte agréable sous le ciel maintenant complètement dégagé, mais trop fréquentée et trop « domestiquée » à notre goût, sans compter l'important trafic du dimanche.

Joli coup d'œil sur la baie de Dundrum depuis la route en corniche avant Newcastle, et surtout depuis les ruines du château de Dundrum qui domine la ville du même nom.  Dundrum-Castle-panorama
Dundrum Castle : panorama

Dundrum-Castle-panorama
Dundrum Castle : panorama en fin de journée

Nous nous égarons ensuite sur de minuscules routes de campagne dans le jour qui s'achève en flamboyant, pour gagner le belvédère de Slieve Patrick, au-dessus du Strangford Lough. Montée raide mais vue grandiose sur la Péninsule de Lecale dans le soleil couchant, au pied de la grande statue en pierre de saint Patrick. Bivouac devant la grille du parc au bord de la route, à l'entrée du village de Saul.


Lundi 15 juillet 2002 : de SAUL à BELFAST (65 km)

Nuit paisible, la circulation étant fort réduite sur la petite route jusque vers 8:00. Départ à 9:15, après douche et déjeuner pour moi tandis que Monique traîne au lit.

Strangford : paysan et son âne
Strangford : paysan et son âne
Promenade matinale
Promenade matinale

Nous renonçons à la visite de Castle Ward dont les jardins classiques semblent avoir disparu en ne laissant qu'un vaste parc à l'anglaise.Nous faisons plutôt un détour vers Anglestown Cairn, une tombe à cour qui a perdu son tumulus et dont les deux galeries funéraires sont maintenant à ciel ouvert. Je découvre le monument après 10 minutes de marche à travers des prairies à vache pleines de rosée. Intéressant par son ancienneté (2 à 3000 av. J.C) mais bien peu spectaculaire après le tumulus de Newgrange !

Strangford Lough : drumlins
Strangford Lough : drumlins
Reste l'environnement pittoresque du Strangford Lough, vaste étendue mi-maritime mi-lacustre aux horizons incertains, semé d’îlots arrondis caractéristiques, les drumlins, qui donne tout son prix à la balade.

Depuis le terre-plein précédent Audley's Castle, jolie vue aussi sur le détroit que nous traverserons bientôt mais la tour crénelée et les remparts de pierre sombre nous inspirent peu, si bien que nous ne nous attardons pas et longeons à nouveau l'interminable mur de pierre cernant le domaine pour rattraper le village de Strangford. Vue pittoresque sur les vieilles maisons du village bordant le quai, et sur la petite ville de Portaferry en face. Le bac arrive peu après et nous y transporte en 5 minutes, juste le temps de faire quelques plans vidéo des deux rives du détroit. Retrait d'une cinquantaine de livres sur le guichet d'un Bancomatic, ces chers Anglais n'ayant pas encore daigné se convertir aux Euros…

Puis longue route côtière assez plate le long du Strangford Lough dans une campagne riche - quelques cultures, beaucoup d'élevages laitiers - jusqu'à Grey Abbey où nous déjeunons avant un petit tour dans les ruines de l'abbaye cistercienne. Grey-Abbey-cimetiere
Grey Abbey : cimetière

Nef de
                Grey Abbey
Nef de Grey Abbey
Toute une partie des bâtiments a disparu mais ce qui reste est assez bien restauré ou est en voie de l’être, et le cadre de grands arbres et de gazon court, vert et dense, met joliment en valeur les vieilles pierres.

Peu après nous arrêtons pour de bon sur le stationnement de Mount Stewart, une immense propriété du XVIIIème entourée de magnifiques jardins tracés au début du XXème par Lady Londonderry. Ceux-ci ont été repris en main et admirablement restaurés par le National Trust, l'extraordinaire Fondation pour le Patrimoine anglaise. Mount-Stewart

Mount-Stewart-Main-Hall
Mount Stewart : Main Hall
Visite d’abord de la maison, princière et richement meublée, dont les amples proportions convenaient à la vie sociale intense de ses propriétaires riches et célèbres.

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Mount Stewart : Drawing room

Puis tour des très beaux « formal gardens », parmi les plus sophistiqués que nous ayons vu en Grande-Bretagne.

Mount-Stewart-Jean-Paul-dans-jardin-italien
Mount Stewart : Jean-Paul dans le jardin italien

Mount Stewart : le jardin italien devant la maison
Mount Stewart : le jardin italien devant la maison

Mount-Stewart-jardin-clos
Mount Stewart : jardin italien

Mount-Stewart : le jardin clos
Mount-Stewart : jardin d'eau

Mount-Stewart-jardin-italien
Mount Stewart : jardin espagnol

Mount-Stewart-jardin-italien
Mount Stewart : Peace Garden

Mount-Stewart-Mairi-Garden
Mount Stewart : Mairi-Garden

Mount Stewart : Mairi Garden
Mount Stewart : Mairi Garden

Après deux heures de balade dans tous les sens pour parcourir les allées et découvrir tous les points de vue, Monique va se reposer dans l’Aigle tandis que j’entreprends un grand tour du parc en empruntant le Lake Walk qui contourne la vaste pièce d’eau. Autres points de vue admirables qui méritent de nombreux plans vidéo et portent à plus de 10 km la balade dans ce merveilleux domaine.

Mount Stewart : Mairi Garden
Mount Stewart : Mairi Garden

Mount-Stewart-Mary-Garden-statue
Mount-Stewart : statue dans le Mairi Garden

Nous quittons les lieux à 19:00 pour rallier Belfast tout proche (20 km). Souper et coucher sur une rue tranquille dans un village de la banlieue ouest.



3. De BELFAST à LONDONDERRY







Mardi 16 juillet 2002 : de BELFAST à CUSHENDALL (Antrim) (146 km)
Longue nuit mais plusieurs réveils successifs au matin : un « voisin » passe sa haie d’ifs irlandais à la tronçonneuse…  Lever tardif en fin de compte (vers 10:15) sous un ciel très gris pour gagner le centre de Belfast. La ville manque totalement de cachet : immeubles très quelconques, couleurs ternes, animation clairsemée… Nous stationnons en plein centre devant l’Opéra pour un petit tour à pied qui confirme notre première déception. Opéra de Belfast
Opéra de Belfast

Belfast-City-Hall
Belfast : City Hall
Seul le grand bâtiment classique  avec colonnades et coupole qui loge l’Hôtel de ville, tout blanc au milieu d’un carré de gazon vert vif, tranche sur la grisaille environnante. 

Autre surprise : quasiment un magasin sur deux le long des trottoirs du centre est un bar, un pub ou un restaurant ! J’en compte 5 en ligne encadrant le fameux Crown Liquor Saloon, prototype du genre (et propriété du National Trust !). Belfast : Crown Liquor Saloon
Belfast : Crown Liquor Saloon

Belfast : fresques nationalistes de l'UVF
Belfast : fresques et banderoles nationalistes de l'UVF
Déçus et un peu frustrés nous ne nous attardons pas et prenons la route du nord, non sans observer dans les faubourgs pauvres de grandes affiches et fresques murales faisant l’apologie de l’UVF, l’Ulster Volunteers Force, sorte de milice nationaliste et orangiste en guerre ouverte avec l’IRA républicaine et tout aussi agressive. Ambiance plutôt tendue dans ces quartiers chauds où quelques pompiers sous escorte policière s’emploie à étouffer les restes d’un incendie de toute évidence criminel dans des bâtiments saccagés.

La route côtière très habitée nous mène à Carrickfergus, dont le château-fort anglo-normand construit vers 1180 par John de Courcy et très semblable à ceux d'Edward II au Pays de Galles, garde l’entrée du Belfast Lough depuis l’époque médiévale. J’en parcours en tous sens tours, chemins de ronde et donjon après avoir longuement cherché avec Monique un moyen de rejoindre par téléphone Juliette à Montréal, notre carte d’appel mondial Primus ne semblant pas fonctionner.

Lorsque je la rejoins dans l’Aigle sur le stationnement au pied du château elle se montre très heureuse d’avoir pu finalement parler tout à loisir à notre fille laissée au travail mais confortablement installée avec sa chatte dans notre appartement.
Carrickfergus : le chateau médiéval anglo-normand
Carrickfergus : le château médiéval anglo-normand

Repas rapide puis suite de la route vers le nord, avec un long détour inutile sur la presqu’île de Magee, ma navigatrice ayant pris le Larne Lough pour un lac alors que le débouché en face de Larne est bel et bien un bras de mer sans ferry ni pont pour le franchir. Retour par la petite route côtière, puis plein d’eau et d’essence à Larne avant d’aborder la côte d’Antrim plus déserte et au relief beaucoup plus accusé. Des paysages agréables - sans couper le souffle cependant -  se succèdent, que la lumière grise et le ciel couvert ne mettent guère en valeur. Nous continuons d’être consterné par la pauvreté de l’architecture locale, l’absence de fleurs et la tristesse générale qui se dégage des villages traversés.

Cushendun-Bay
Cushendun Bay
Un détour à l’intérieur des terres nous mène dans la jolie vallée de Glenariff. Nous hésitons à passer la nuit sur ses hauteurs d’où l’on aperçoit les côtes d’Écosse (Mull of Kyntire) sous un ciel maintenant dégagé. Nous préférons regagner la côte pour nous arrêter un peu plus loin, sur le petit stationnement des ruines de l’église de Layd. Ses restes architecturaux sont mineurs mais ils occupent un site romantique en haut d’une falaise au-dessus de la mer, offrant un large panorama sur Garron Point, et surtout nous garantissent une paix royale…


Mercredi 17 juillet 2002 : de CUSHENDALL à DUNSEVERICK CASTLE (64 km)
La petite route côtière à flanc de colline nous emmène au pittoresque village de Cushendun dont plusieurs bâtiments ont été construits dans un style italien par l’architecte de Port Meryon, au Pays de Galles Jean-Paul devant Runabay Head
Jean-Paul devant Runabay Head

Depuis Torr Head, la vue sur Fair Head et l'île de
              Rathlin
Depuis Torr Head, la vue sur Fair Head et l'île de Rathlin
Le beau temps nous incite à explorer plus à fond la Baie de Murlough. Nous grimpons d’abord sur le promontoire de Torr Head d’où la vue s’étend largement sur le détroit séparant l’Irlande de la côte écossaise.

Puis une forte descente nous mène à la plage de sable de Murlough Strand nichée dans les rochers,  La plage
              sableuse de Murlough Bay nichée dans les rochers
La plage sableuse de Murlough Bay nichée dans les rochers

Fair Head au
              delà des rochers écumants
Fair Head au delà des rochers écumants
avant de longer le chemin de crête sur la falaise jusqu’à Fair Head qui s’avance en promontoire au-dessus de Rathlin Sound et de son île renommée pour ses colonies d’oiseaux.  Le temps est clair et la visibilité superbe.

Redescendant jusqu’au village de pêcheur de Ballycastle, nous faisons provision de cartes postales et d’épicerie dans les petits magasins bordant le quai d’où s’étale une jolie vue sur le bassin du port.  Ballycastle-bassin
Le petit port de Ballycastle

Carrick-a-rede-panorama
Carrick-a-rede : panorama sur le cap, l'îlot et la passerelle
Peu après c’est Carrick-a-rede Rope Bridge où un pont de singe relie un îlot à la rive abrupte.

Carrick-a-rede et la passerelle
Carrick-a-rede et la passerelle
Autre vue de la passerelle de Carrick-a-rede
Autre vue de la passerelle de Carrick-a-rede


Sur la passerelle
Monique très impressionnée renonce à s’engager sur la passerelle branlante et m’observe de loin faire la traversée finalement peu vertigineuse. La passerelle
La passerelle

Nous allons traîner ensuite un moment autour du bassin du minuscule port de pêche de Ballintoy qui offre toutes sortes de sujets pittoresques pour ma caméra. Le petit port de Ballintrae
Le petit port de Ballintoy

L'église de Ballingtoy sur fond de Rathin Island
L'église de Ballingtoy sur fond de  Rathin Island

White-Park-Bay
White Park Bay
Puis la route longe les longues plages de White Park où un nombre inhabituel d’estivants en maillot prennent le soleil sur le sable et se risquent dans les eaux fraîches de l’Atlantique Nord.

Les ruines du château de Dunseverick se limitent aux pans de murs croulants d’une vieille tour mais son environnement de falaises herbues et à pic vaut le coup d’œil.
Dans le soir qui descend nous finissons par atteindre Giant’s Causeway, la fameuse Chaussée des Géants dont tout l’espace a été acquis par le National Trust qui en assure la préservation.  Giant-Causeway

Giant
              Causeway au coucher du soleil
Giant Causeway au coucher du soleil
Il est passé 19:00 et la navette qui relie le centre d’accueil aux premières formations géologiques prismatiques a cessé ses trajets depuis longtemps. Il ne nous reste qu’à nous lancer à pied dans la longue descente jusqu’à Causeway Head en espérant arriver à temps pour voir le soleil se coucher sur la mer et sur les rochers aux formes caractéristiques.

Giant
      Causeway au crépuscule
Crépuscule sur Giant Causeway

Lorsque le soleil a disparu dans un grand flamboiement nous remontons plus tranquillement en planifiant notre excursion plus complète pour demain, et retournons bivouaquer sur le stationnement désert de Dunseverick Castle, une dizaine de kilomètres en arrière. Au total une très belle journée durant laquelle le ciel dégagé et le grand soleil nous auront permis plusieurs marches à la découverte de paysages intéressants.

Giant Causeway
Giant Causeway


Jeudi 18 juillet 2002 : de DUNSEVERICK CASTLE à GORTMORE (70 km)
Ciel clair au réveil, qui se dégage de plus en plus, ce qui nous décide à regagner Giant Causeway par le chemin côtier qui longe le haut des falaises. Nous abandonnons donc notre Aigle dûment cadenassé sur le stationnement désert devant la tour en ruine, chaussons nos souliers de marche et en route pour une superbe balade de 8 km qui offre toute une suite de panoramas magnifiques sur les falaises tombant à pic dans la mer. Giant
                  Causeway : le cap
Giant Causeway : le cap

Giant Causeway : la falaise
Nombreuses pauses photos et vidéo tant pour tenter de fixer le souvenir des paysages  que celui de la flore particulièrement abondante et éclatante, tout le long du sentier fort bien aménagé par le National Trust. Cris des oiseaux de mer nichés sur la falaise, roulement des vagues se brisant sur les rochers ou les récifs 100 mètres plus bas… c’est la grande paix, d’autant plus que nous ne croisons personne sur les 6 premiers kilomètres.

Le grand soleil qui s’est maintenant complètement établi ne tarde pas à nous rougir la peau, et c’est les jambes un peu lourdes que nous finissons par atteindre le centre d’accueil de la Chaussée, après toute une série de vues plongeantes sur les formations géologiques caractéristiques du rivage et de la côte. Nous pouvons alors fouler de près cette étonnante curiosité géologique et errer un peu sur les rochers prismatiques baignés par l'Océan.

Deux jeunes français avec lesquels nous engageons la conversation en attendant le bus - qui tarde à arriver - nous proposent gentiment de nous raccompagner dans leur Renault 4 jusqu’à notre Aigle.
Giant-Causeway-detail

Fourbus, brûlés par le soleil, affamés par l’exercice et le grand air, nous faisons la pause en tout confort, avant de poursuivre notre exploration de la route côtière. Nous renonçons à visiter la distillerie de whiskey de Bushmills - visite déjà effectuée en Écosse il y a quelques années - mais faisons un long arrêt devant le site exceptionnel de Dunluce Castle dont les ruines monumentales surgissent au détour d’un virage et occupent un piton décroché de la falaise. Malheureusement des travaux de consolidation en interdisent l’accès. Dunluce-Castle
Dunluce Castle sur son rocher

Les
                  falaises blanches de White Rocks dorées par la lumière
                  du soir
Les falaises blanches de White Rocks dorées par la lumière du soir
Depuis un belvédère un peu plus loin beau point de vue sur la longue plage de sable doré de Portrush et les falaises de craie blanche de White Rock. En revanche la traversée des deux stations balnéaires très achalandées de Portstewart et de Coleraine nous heurte par sa laideur, son aspect vulgaire et sa foule grégaire.

La vaste plage de Portrush
La vaste plage de Portrush

Détour par des routes de campagne jusqu’à l’agréable domaine de Beuvarden dont nous apprécions particulièrement les jardins clos, soignés et florissants mais sans affectation, et le Woodland Pond ("étang boisé") créé en 1850 mais repris en main depuis peu, orné principalement d’une belle collection de plantes et fleurs sauvages. Porte
              de Beuvarden Garden
Porte de Beuvarden Garden

Bishop-Gate
Bishop's Gate à l'entrée du jardin géré par le National Trust
La fatigue qui se fait sentir nous amène à faire une autre pause et une collation avant de reprendre la route côtière jusqu’à Downhill. L’excentrique évêque de Derry y a élevé en 1772 plusieurs bâtiments dont on peut visiter les ruines. La jolie Bishop’s Gate donne accès à un autre charmant jardin fleuri du National Trust...

...puis, au milieu d’un grand champ dénudé, à Downhill Castle, brûlé 1851 et dont il ne reste que la façade, et surtout au Mussenden Temple, une élégante adaptation du Temple de Vesta à Tivoli. Sous un ciel de plus en plus gris le petit édifice rond vaut le coup d’œil mais plus encore la vue splendide qui se déploie sur la plage, l’estuaire de la rivière Bann et la rive sud-est de la péninsule d’Inishowen, puisque sa rotonde classique surplombe la falaise. Retour à travers champs, entre vaches et moutons qui, tout occupés à tondre l’herbe drue, prêtent fort peu d’attention aux rares visiteurs. Mussenden
              Temple
Mussenden Temple

Magilligan Strand qui s’avance dans le Lough Foyle
Magilligan Strand qui s’avance dans le Lough Foyle
Nous finissons par grimper quelques kilomètres plus loin jusqu’au belvédère de Gortmore où, dans la nuit qui descend, nous installons notre bivouac en vue de la longue langue de sable de Magilligan Strand qui s’avance dans le Lough Foyle jusqu’à le barrer presque complètement, avec en toile de fond les hauteurs de la presqu'île d'Inishowen.




4. De LONDONDERRY à PORTNOO




Vendredi 19 juillet 2002 : de GORTMORE à MALIN HEAD (142 km)

Lever tard sous une pluie triste qui noie le paysage dans la grisaille. En redescendant vers Limavady j’aperçois un vendeur de pneus Michelin. Devis, discussion (!) dans un anglo-irlandais très approximatif, et après examen de la marchandise proposée, la décision est bientôt prise : nous remplaçons les 2 pneus achetés à Nabeul en Tunisie en février 97 qui sont usés très irrégulièrement et dont l’un montre une bosse inquiétante.

Une demi-heure plus tard nous entrons dans Londonderry. Ville triste, sombre, mais surtout atmosphère tendue. Guère de monuments attirants en dehors de la cathédrale St Columba près de laquelle nous stationnons, à l’extérieur des remparts. Un peu partout des graffiti, de hautes barrières de grillages, des tours de guet aux vitres blindées et des caméras de surveillance… On ne se sent guère en sécurité ici ! Je me contente donc d’une visite rapide de la cathédrale, de style gothique perpendiculaire assez réussi, puis d’un bref détour vers le Diamond, la place centrale du vieux Derry, sans grand style, avant de remonter Bishop’s Street et de regagner l’Aigle en passant sous Bishop Gate. Monique s’y est barricadée en m’y attendant, poursuivant la lecture d’un des nombreux romans emportés pour les circonstances. Cathédrale de Londonderry
Cathédrale de Londonderry

Nous sortons alors rapidement de la ville pour entamer le tour de la péninsule d’Inishowen. Temps maussade et relief  peu impressionnant, hormis la belle étendue d’eau du Lough Foyle. Arrêt pique-nique sur le quai du petit port de Movillle qui se rapproche de la vaste bande de sable du Magilligan Strand pour former un étroit goulet. Dépassant Greencastle en ruines, nous poussons jusqu’au phare de Dunagree Point et son charmant petit port, avant de grimper jusqu’au belvédère d’Inishowen Head qui offre quelques belles vues sur le Lough Foyle au sud, la Côte d’Antrim à l’est et les premières hautes falaises d’Inishowen au nord-ouest.

Sur la petite
              route vers Malin
Sur la petite route vers Malin
Retour à Moville par une petite route rurale étroite et tortueuse qui nous emmène, à petite vitesse, jusqu’au village de Malin surtout remarquable par son long pont de pierre aux arches étroites lancé au-dessus de la rivière peu avant qu’elle se jette dans Trawbreaga Bay.

Une autre route encore plus étroite nous entraîne ensuite sur les hauts, ponctuée de plusieurs belvédères magnifiques donnant sur les collines de l’intérieur, la vaste plage de sable où viennent mourir les grandes lames de l’Atlantique nord, et la suite de baies et de caps qui s’étendent au loin dans l’ouest bleuté. Inishowen
Inishowen Head

Inishowen : Malin Head
Inishowen : Malin Head

Malin-Head
Malin Head
Arrêtés sur l’un de ces belvédères tourné vers le nord et vers les hauteurs du Cap Malin enfin en vue, dans un vent de plus en plus intense, nous sommes rejoints par un jeune français - Sébastien - qui découvre seul l’Irlande au volant de son LT 35 fort semblable au nôtre, quoique beaucoup plus sommairement aménagé.

Malin-Head
Malin Head

Monique devant Malin Head
Monique devant Malin Head

Nous sympathisons en regardant le soleil se coucher sur le grandiose panorama. Nous partageons le souper en vidant une bouteille de Merlot avec lui et passons la soirée à échanger à propos du pays, de voyages, des différences de mentalité entre la France et le Québec, de camping-car, de perspectives sur le boulot - il est éducateur - pour enfin nous coucher fort tard vers 2:00… La lande sur Malin Head en soirée
La lande sur Malin Head en soirée


Samedi 20 juillet : de MALIN HEAD à GLENVEAGH NATIONAL PARK (197 km)

Bivouac à
              Malin Head
Bivouac à Malin Head au matin
Un vent formidable a soufflé toute la nuit, secouant le camion et sifflant dans ses superstructures, ce qui ne nous a pas empêchés de bien - et longtemps -  dormir. Ciel clair et presque totalement dégagé vers 10:00 lorsque nous nous dirigeons enfin vers l’extrême point nord de l’Irlande, ce Malin Head d’une saisissante beauté.

Mais nous ne nous attardons guère au pied de la tour matérialisant le point géodésique malgré le beau point de vue sur la côte rocheuse, les récifs blanchis par les vagues et la grande lumière, car le vent toujours soufflant en force nous refroidit trop vite ! Jean-Paul devant Malin Head
Jean-Paul devant Malin Head

Anse de
              Malin Head
Anse de  Malin Head
Je préfère traîner un peu devant le petit port puis autour de la vieille église de Malin Head, point de vue tout aussi charmants à défaut d’être grandioses mais beaucoup moins réfrigérants !

Longue route de retour ensuite par la côte ouest de la péninsule d’Inishowen qui nous donne quantité d’autres occasions d’admirer l’étendue marine du Louggh Swilly, d’autant que l’étroitesse et les sinuosités des routes nous laissent tout le temps de contempler les vastes horizons et les reliefs de la côte. Plage de
              Portsalon
Plage de Portsalon


Aigle-+Lough-Swily-depuis-Grianan
L'Aigle et le Lough Swily depuis Grianan

Inishowen-Gap-of-Mamore
Inishowen : Gap of Mamore

À Buncrana déjeuner au bord de l’eau (à 14:30, j’ai l’estomac dans les talons !) avant d’aller faire le tour de la Dougherty Keep, une vieille maison forte (tour carrée fortifiée) aux trois-quarts ruinée ayant appartenu au dernier chef de clan irlandais avant son assassinat en 1608 et la confiscation de sa maison par les Anglais. Jolie vue sur le fond de la baie en arrière, au-delà du pont aux arches fort pittoresques construit au XVIIIème.

Grianan-of-Alleagh
Grianan of Alleach
Nous passons ensuite Fahan sans voir trace de la croix celtique annoncée  par le Guide Vert, avant de monter un peu plus loin la côte raide menant à l’ancien fort circulaire (IIIème ap. J.C) du Grianan of Aileach. Architecture massive quoique fort simple (couronnes de pierres concentriques formant rempart avec une simple porte percée dans le bas).

Mais depuis le chemin de ronde s’étend une extraordinaire panorama circulaire à 360º sur Inishowen, le Lough Swilly parcouru cet après-midi et le Lough Foyle visité hier, Londonderry dans le lointain et les vertes collines d’Irlande, cultures et près bordés de haies au sud. Depuis le Grianan of Alleagh vue sur Inishowen
Depuis le Grianan of Alleagh vue sur Inishowen

Nous franchissons la Swilly River à Letterkenny après un long plein d’eau dans une station service, et entamons la traversée du Donegal en diagonale pour rattraper la côte à l’ouest de Horn Head. Route de campagne, d’abord assez riche - fermes de culture, élevage de vaches et de moutons, prairies vert intense - jusqu’au rocher de Doon où je vais découvrir une fontaine miraculeuse avec petits ex voto accroché dans les branches des arbustes aux alentours et procédure de prière rituelle gravée dans la pierre…

Lande
              dans Glenveagh
Lande dans Glenveagh
La contrée devient ensuite beaucoup plus sauvage et, par un dédale de toutes petites routes, nous gagnons en soirées les grandes tourbières et les paysages semi-désertiques du Parc national de Glenveagh, un domaine de 10 000 hectares créé par un Américain au début du XIXème, dont nous visiterons demain le château.

Bivouac en soirée sur le stationnement désert, à l’extrémité du lac. Lac de Gleveagh
Lac de Glenveagh


Dimanche 21 juillet 2002 : de GLENVEAGH CASTLE à PORTNOO (123 km)

Vue
        aérienne du château de Gleveagh
Vue aérienne du château de Glenveagh

Entree du manoir de Gleveagh
Entrée du manoir de Glenveagh
Temps variable aujourd’hui, alternant quelques percées de soleil avec un plafond bouché, jusqu’à ce qu’une bruine persistante s’installe en soirée.

La visite du château, un « manoir médiéval » comme aimait en recréer la riche bourgeoisie du XIXème, n’en est guère affectée, d’autant plus que le mobilier et le décor en apparaissent sans originalité ni valeur particulière. Gleveagh-Drawing-Room
Glenveagh : Drawing Room

Glenveagh : retour à travers le Walled-Garden
Glenveagh : retour à travers le Walled Garden
En revanche les nombreux jardins, aménagés avec beaucoup de goût sur la pente derrière la maison par le dernier propriétaire (1937-1983) également américain, pâtissent de l’avarice du soleil : leurs splendides bordures, les fleurs éclatantes un peu partout présentes sur les arbustes, et même la variété des verts des feuillages et des greens ne donnent tous leurs effets que lorsque avivés par sa chaude lumière.

Nous parcourons à loisir d’abord le vaste jardin clos où de haies miniatures en buis encadrent six grands parterres carrés tandis que de larges bordures florissantes garnissent les murs qui l’encadrent.
Glenveagh : Jean-Paul dans l'allée du Walled Garden
Glenveagh : Jean-Paul dans l'allée du Walled Garden

Monique dans l'allée du Walled Garden de Glenveagh
Monique dans l'allée du Walled Garden de Glenveagh
Alentour, magnifique décor de grands arbres, murs et tours en granit gris du château, montagnes aux pentes rousses au-delà. Puis nous passons au jardin des Roses, plus intime sur une terrasse au-dessus,

et enfin à une suite d’enclos fleuris qui traverse la Pelouse circulaire avant de franchir une grille menant à un petit belvédère donnant sur la perspective du Lough Veagh. Glenveagh : vue sur le lac depuis la tour
Glenveagh : vue sur le lac depuis la tour

Subtiles variations du décor, passant du plus sophistiqué au plus sauvage. Retour vers le château par le sous-bois de Swiss Walk puis courte marche au bord du lac totalement désert avant de retrouver l’espace rectangulaire ordonné du Jardin Italien orné de bustes et de statues de marbre à l’ancienne. Un passage ménagé dans la fausse tour d’angle de la terrasse nous met au bord de l’eau, juste devant l’incongruité d’une grande piscine vide.

Glenveagh : Jean-Paul dans les Pleasure Grounds
Glenveagh : Jean-Paul dans les Pleasure Grounds
Remontant ensuite sur le vaste terrain boisé aménagé au nord, nous faisons un large tour des Pleasure Grounds, un joli parc à l’anglaise avec ruisseau, plantation de rhodos et brillantes plates bandes entourant un superbe green parfaitement tondu.

Glenveagh : hibiscus et arums dans les Pleasure
                Grounds
Glenveagh : hibiscus et arums dans les Pleasure Grounds
Glenveagh-pleasure-grounds-depuis-boise
Glenveagh : Pleasure Grounds depuis le boisé et ses rhododendrons

Décidément ces grands jardins construits de toutes pièces en suivant les mêmes principes qu’à Inveriewe (Écosse) - une large ceinture de pins faisant écran à un climat trop rude - sont tous aussi beaux et étonnants ! Glenveagh : le château et le lac
Glenveagh : le château et le lac

Glenveagh : le Walled Garden
Glenveagh : le Walled Garden en quittant
Retour au stationnement du Centre d’accueil par la navette, achat de quelques cartes postales puis pique-nique dans l’Aigle avant de reprendre la route.

Sauvage et défoncée, elle contourne la pyramide tronquée du Mont Errigal en longeant une suite de lac, dans un paysage désertique de landes à bruyères, de tourbières et de fondrières humides. On n’aperçoit même plus de moutons  dans ces étendues désolées qui font penser aux Highlands ou aux hautes terres de Norvège. Mount
              Errigal
Mount Errigal

Baie et plage de Gortahock
Baie et plage de Gortahock
Nous atteignons la mer à Gortahork, au bord d’une vaste lagune offrant d’immenses plages de sable séduisantes mais tellement fraîches…

Commence alors une longue et pénible route côtière offrant pourtant de jolis points de vue sur les falaises, entrecoupée de villages aux petites maisons typiques - quoique neuves pour la plupart, ce qui nous surprend : d’où vient cette soudaine opulence dans un pays par ailleurs quasi désertique ? Rosses-Donegal
Péninsule des Rosses : Donegal

Quai de
              Portnoo
Quai de Portnoo
Fatigués par les cahots et les virages incessants de cette chaussée d’un autre âge, nous coupons court à la péninsule des Rosses, et gagnons enfin sous la pluie la petite station balnéaire de Naran. Un grand « No overnight parking » est affiché en grosses lettres rouges près de la plage - et du terrain de camping… Nous poussons jusqu’au petit port voisin de Portnoo où nous stationnons tout près du môle, les roues avant sur les rochers du rivage, dans le vent et dans la pluie.

Monique dans l'Aigle
Monique dans l'Aigle


Irlande 2002, Deuxième partie : 5. De Portnoo à Doo Lough

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