Été 2002 : Irlande

Monique et Jean-Paul MOUREZ
à bord de l’Aigle




5. De PORTNOO à DOO LOUGH





Lundi 22 juillet 2002 : de PORTNOO à ROSNOWLAGH (155 km)

Il pleut et vente toute la nuit et le ciel est encore très gris à notre réveil vers 9:00. Pourtant le site est bien joli et aurait été si agréable sous le soleil…

Plage d'Ardara
Plage d'Ardara

Gagnant Ardara nous escaladons le Glengesh Pass dont la profonde entaille glaciaire en V impressionne, bien que ses hauteurs disparaissent dans de blanches masses cotonneuses. Glengesh-Pass
Glengesh Pass

Glengesh-Pass-+-Aigle
L'Aigle dans Glengesh Pass
Parcours du plateau désert couvert de tourbières puis de petites fermes d’éleveurs de moutons partout dispersés comme autant de petits points blancs dans l’espace brun-vert-roux de la lande.

À Carrick, bifurcation vers Glencolumbkille, petit village aux maisons dispersées au bout de sa large vallée s’ouvrant sur la mer. Glencolumkille
Glencolumbkille

Glencolumkille-pierre-dressee
Glencolumkille : pierre dressée
Glencolumkille
Glencolumkille

L'Aigle au dessus de Glencolumkille
L'Aigle au dessus de Glencolumkille

J’entreprends la balade menant au Saint Columb Well, mais abandonne après une demi-heure de rude montée sur une interminable piste herbeuse s’enfonçant dans la montagne... Elle me vaut quand même quelques vues superbes sur la côte rocheuse et découpée ourlée d’écume. La côte
                en montant vers le Saint Colomb Well
La côte en montant vers le Saint Colomb Well

Nous poussons jusqu’à la plage de Trabane, mince croissant de sable doré serti de montagnes à pic; au retour vers Carrick, bref arrêt pour contempler la tombe à cour de Malin Beg, d’approche fort difficile dans son champ marécageux, et qui offre finalement bien peu à voir, le monument funéraire étant trop déterré et pas documenté.

Cliffs-of-Bunglass
Cliffs of Bunglass
Nous trouvons sans trop de difficulté la petite route très raide menant aux Falaises de Banglass  et commençons la longue montée à pied en laissant l’Aigle stationné en bas de la côte. Mais nous finissons par revenir chercher notre véhicule tant le vent froid nous agresse et nous fatigue.

Vue superbe sur la longue suite  de pentes abruptes très élevées dont les couleurs minérales variées tombent dans la mer écumante. Dommage que leurs teintes soient tant assombries par la lumière grise qui perce péniblement à travers les nuages s’effilochant sur leurs crêtes… Cliffs of
                Bunglass
Cliffs of Bunglass

Façade du
                château de Donegal
Façade du château de Donegal
Poursuite de la petite route côtière sinueuse en direction de Killybegs jusqu’à rattraper la N 56 mieux tracée et revêtue. Notre  progression devient alors plus rapide en offrant quelques belvédères jusqu’à la petite ville vieillotte de Donegal où je fais quelques plans vidéo du château (keep - donjon - et grande salle donnant sur la cour). Ses cinq pignons triangulaires en granit auront fière allure lorsqu’on aura fini de leur restituer leur toiture d’ardoises grises. Coup d’œil à la place triangulaire « The Diamond » entourée de plusieurs boutiques  « old fashioned » pittoresque, puis nous filons au sud jusqu’à la grande plage de Rossnowlagh pour nous installer au-dessus d’un grand parc de mobile home, dans un lotissement de petites maisons de vacance. Silence et paix mais pluie persistante…

Mardi 23 juillet 2002 : de ROSSNOWLAGH à PARKES’S CASTLE (163 km)

Durant la nuit très pluvieuse nous sommes réveillés à plusieurs reprises par les bourrasques qui fouettent le toit et secouent la caisse du camion. Lever plutôt tardif et paresseux, sous un ciel toujours aussi peu agréable. Quittant sans regrets la grande plage beaucoup trop colonisée à notre goût, nous remontons le cours de la rivière Erne qui s’élargit progressivement pour devenir le vaste Lower Lough Erne.

Statue
                clasique de la Belleek Pottery
Statue clasique de la Belleek Pottery
Courte visite à la Belleek Pottery dont les productions, raffinées et fort prisées outre Manche et outre Atlantique, nous semblent maniérées et alambiquées. Porcelaine Belleek : Mariage Basket
Porcelaine Belleek : Mariage Basket

Cliffs of
                Magho
Cliffs of Magho
Nous cherchons un peu avant de trouver le chemin contournant par l’intérieur des terres les hautes Cliffs of Magho en passant par les routes forestières du Navar Park. Quelques belvédères offrent des vues superbes sur le lac et sur ses environs tant vers l’est que vers l’ouest. Nous finissons par  gagner la crête, mais ne demeurerons malheureusement que quelques instant sur l’extrême bord de la falaise d’où se déploie la vue la plus large, tant le vent y souffle avec fureur.

Agréable descente ensuite à travers la forêt puis sur une route rurale très sinueuse jusqu’à Enniskillen où je trouve une clé de remplacement pour démonter (au cas où…) les roues dont les boulons ont été trop serrées par le marchand de pneumatiques...

Quelques kilomètres encore et nous traversons les vastes prairies du domaine de Castle Coole. Point de jardins fleuris ici, mais une grand demeure classique dont nous découvrons par une visite guidée le riche mobilier et les magnifiques décors stuqués restaurés à la perfection par le National Trust. Quelle richesse dans ce coin perdu d’Irlande, mais quel raffinement aussi ! Et puis quelle ampleur dans les proportions… Castle-Coole-facade
Façade classique de Castle Coole

Castle-Coole : entrée
Castle-Coole : entrée
Castle Coole : Grand Saloon
Castle Coole : Grand Saloon

Castle-Coole-Dining-Room
Castle Coole : Dining Room

Castle-Coole-State-Bedroom-destinee-a-la-visite-du-roi-George-IV.
Castle Coole : State Bedroom destinée à la visite du roi George IV

Traversant à nouveau Enniskillen, je ne fais que jeter un coup d’œil à la Porte d’eau du château médiéval, avant de prendre le chemin de Florence Court dont nous voulons admirer les jardins.  Enniskillen : Watergate
Enniskillen : Watergate

Florence-Court
Florence Court
Au centre d’un autre superbe parc  (immenses herbages où sont dispersés de grands arbres isolés qui atteignent ainsi la pleine maturité de leur forme) s’élève la grande demeure palladienne (National Trust) que nous ne tenterons pas de visiter, vu l’heure tardive.

Nous nous dirigeons plutôt immédiatement vers les jardins clos; il ne reste pas grand chose de la roseraie mais ses vestiges ont beaucoup de charme, d’autant que les variétés anciennes couvrant pergolas et festons répandent un merveilleux parfum. Le jardin suivant se réduit à une longue pergola, et le potager n’est plus qu’une vaste pelouse parsemée d’arbustes… Agréable promenade néanmoins.

Une petite route sinueuse et cahoteuse en fin de soirée nous fait rattraper la frontière avec l’Eire. Écriture des dernières cartes postales sur lesquelles nous avions collé d’avance des timbres à l’effigie de Sa Majesté Elizabeth II, sous les murs d’un poste de police transformé en forteresse, liquidation de nos derniers pennies (5 litres d’eau de source à 1 £ 99).

Puis une trentaine de kilomètres de route rapide avant l’enfer d’un chemin étroit à peine goudronné nous font gagner les abords du joli Lough Gill, au niveau de Parke s’Castle. Le stationnement s’avérant trop pentu au pied des vieux murs médiévaux parfaitement restaurés, nous allons bivouaquer un peu plus loin au bord de l’eau, sur une vaste esplanade dans un virage. Souper, journal et coucher à 10:15, sous un ciel très chargé mais encore sec ! Parke's-Castle
Parke's-Castle

Mercredi 24 juillet 2002 : de PARKE’S CASTLE à DELPHI (178 km)

Lait et
                bière, les deux mamelles de l'Irlande !
Lait et bière, les deux mamelles de l'Irlande !
Le ciel gris ne s’est guère levé aujourd’hui, pour finalement se résoudre en pluie fine et en bruine ce soir… Le tour du Lough Gill, de toute façon peu spectaculaire, ne nous retient guère. En revanche le centre régional de Sligo nous parait fort pittoresque, en particulier le côté vieillot de ses rues et de ses magasins : la chaussée étroite et sinueuse est envahie par une intense circulation automobile, les devantures en bois peint et travaillé aux vitrages étroits ornent les façades peintes de toutes sortes de couleurs, sur des bâtisses disparates dont le dessin et la hauteur varient sans cesse... Bref l’image que l’on se fait des vieilles villes européennes d’après les photos jaunies d’avant la guerre de 1914… 

Drumcliff (près Sligo) : High Cross (IXème)
Drumcliff (près Sligo) : High Cross (IXème)

Nous nous rendons dans le centre d’achat de l’endroit, en plein centre ville, où les devantures des boutiques dans la galerie marchande ont le même aspect, bien que de construction toute récente ! Il s’agit donc vraiment d’une mentalité, d’une volonté de vivre dans un certain décor « old fashioned », de se complaire dans des temps plus anciens, voire d’une certaine forme de refus de la « modernité ». En revanche les produits sont tout ce qu’il y a de plus actuels (informatique, produits alimentaires ou pharmaceutiques, quincaillerie ou électroménager…) encore que les prix en soient 30 % plus élevés qu’au Québec et que l’on sente une influence très présente du modèle américain de consommation. Bref une heure de magasinage qui nous aura bien divertis ! Guinness is good for you...
Guinness is good for you...

Route assez rapide jusqu’à Ballina, hors de vue de la mer et dans des paysages ruraux sans rien d’extraordinaire : petites fermes dispersées dans des champs très verts, vaches au pâturage et surtout innombrables moutons… Pique-nique sur un quai au bord de la rivière, tandis que des pêcheurs en hautes jambières de caoutchouc s’activent dans son lit pour profiter du flux montant. Panorama assez quelconque à la jonction des Lough Conn et Cullin - nous en avons vu d’autrement plus impressionnants dans la vallée de l’Okanagan au Canada, puis route très étroite et tressautante jusqu’à Castlebar et enfin Westport sans autre arrêt que pour faire eau et essence.
Le petit port au fond de sa baie est fort pittoresque, dans le même style que Sligo mais en plus animé et plus touristique. La rivière forme un charmant bassin fleuri entre deux vieux ponts de pierre sur lesquels s’achèvent les deux grandes rues commerçantes parallèles. Façades anciennes et boutiques de Westport
Façades anciennes et boutiques de Westport

Westport : devanture de bar restaurant
Westport : devanture de bar restaurant
Une rue
                de Westport
Une rue de Westport

Les façades des boutiques rivalisent de couleurs et de décors vieillots, on compte plus de 3 pubs pour une pharmacie… Sous le charme, nous passons deux heures à lécher les vitrines, ponctuant notre lente déambulation de photos et de plans vidéo.

Façades de
                Westport
Façades de Westport
Westport : pub Guiness
Westport : pub Guiness

Maisons de
                Westport
Maisons de Westport
Au détour d’une rue nous retrouvons Sébastien, le jeune français jovial parcourant lui aussi l’Irlande en LT avec lequel nous avions passé la soirée à Malin Head.

Le crachin se met de la partie lorsque nous entreprenons le tour de la péninsule de Murrisk. Bref arrêt devant les ruines de l’abbaye du même nom, au pied de la pyramide du Croagh Patrick (763 m). J’y découvre le National Famine Memorial, un grand terrain nu centré sur une impressionnante sculpture de bronze représentant un voilier-cercueil (cofin ship) hanté par le tourbillon d’une danse macabre….

Puis la route longe le littoral sans offrir jamais de vue mémorable. À Louisbourg détour sur des chemins vicinaux pour contempler d’abord une très ancienne pierre gravée d’une rosace dans le cimetière de Killeen, puis surtout l’antique passerelle pour piétons en pierre de Bunlahinch dont les 36 "arches" sont formées de grandes dalles de pierres dressées ou posées à plat.  Bunlahinch-bridge
 Passerelle pour piétons en pierre de Bunlahinch

Jean-Paul-sur-Bunlahinch-Bridge
Jean-Paul sur Bunlahinch Bridge
Vues originales certes, mais excursion peu agréable dans le vent et dans la pluie.

Dans l’obscurité qui descend d’autant plus vite nous renonçons à aller dormir sur la plage de Silver Strand pour nous engager plutôt sur la route de montagne franchissant le Doo Lough Pass. Superbe paysage désertique (lande à bruyère et tourbières) encadré par des pentes malheureusement complètement noyées dans le crachin.  Tourbiere-en-exploitation
Tourbière en exploitation

Doo-Lough-au-matin
Bivouac devant Doo Lough au matin
En redescendant vers le Lough Doo, la lumière et la visibilité s’améliorent un peu, laissant deviner un superbe paysage que nous voulons prendre le risque d’admirer dégagé demain. Bivouac donc au bord de la route, sur un rare petit espace dégagé, un peu au-dessus du plan d’eau.




6. De DOO LOUGH à QUIN




Jeudi 25 juillet 2002 : de DOO LOUGH à DOONLOUGHAN (121 km)

La vue en
              arrivant sur Doo Lough
La vue en arrivant sur Doo Lough
Lever gris - encore ! mais comme le soleil fait une timide apparition lorsque nous démarrons vers Killary Harbour, nous remontons jusqu’au col derrière nous pour faire quelques photos.

Puis nous descendons tranquillement jusqu’au village de Leenane en admirant au passage les Asleagh Falls dont l’eau brunie par les tourbières chute de quelques mètres vers le fjord.  Leenane au
                Connemara
Leenane au Connemara


Asleagh Falls
Asleagh Falls

Pêcheur devant Asleagh Falls
Pêcheur devant Asleagh Falls

Connemara : Killary Harbour
Connemara : Killary Harbour
Tour du Killary Harbour offrant quelques beaux panoramas...

...puis nous entamons le tour du fameux Connemara par une route serpentant dans la forêt jusqu’à Kylemore Abbey.

Je délaisse le grand bâtiment néogothique aperçu au-delà du lac mais consacre presque deux heures à découvrir son grand jardin victorien en grande restauration. Travail exemplaire où l’on voit que le National Trust a fait école... J’ai beaucoup de plaisir à filmer sous tous les angles l’ouvrage admirable déjà accompli depuis 5 ans mais nul doute que d’ici une dizaine d’années haies, arbustes et massifs auront poussé, tandis que les bassins et surtout les dix-huit grandes serres auront été reconstruites. Kylemore Abbey Gardens
Kylemore Abbey Gardens

Connemara
              : Mannin Bay
Connemara : Mannin Bay
Hélas celle que nous empruntons ensuite jusqu’à Renvyle Point s’avère encore bien plus pénible, la chaussée étroite, bombée et extrêmement sinueuse étant en plus pleine de nids de poule… Nous apprécions quand même le grandiose paysage côtier qu’embellit une éclaircie.

Déjeuner rapide de retour à l’Aigle où Monique est restée à se reposer d’une digestion alourdie par les zigzags de la route.  Jean-Paul déjeune dans l'Aigle
Jean-Paul déjeune dans l'Aigle

Connemara-Twelve-Pins-depuis-Roundstone
Connemara : chaine des Twelve Pins depuis Roundstone
Retour à Letterfrack par la route sud  aussi étroite mais en meilleur état, avec des vues encore plus belles sur la chaîne des Twelve Pins au-delà des petits lacs à leur pied.

Renvyle : panorama sur lac et monts
Renvyle : panoramas sur lac et monts

Rinvyle-panorama-sur-lac-et-monts
Scène bucolique en Renvyle

Autre route épouvantable jusqu’à Clifden, impossible de dépasser les 40/50 km/heure, et encore tout est-il secoué et brinquebale dans le camion, à commencer par ses passagers…  Monique a de nouveau mal au cœur, bras, dos et épaules me tirent et commencent à devenir douloureux…  Renvyle-panorama-sur-lac-et-monts
Renvyle : panorama

Clifden :
              sur la Skyroad
Clifden : sur la Skyroad
Heureusement la Skyroad offre une vue magnifique sur Clifden Bay puis sur les îles dispersées au large du Connemara, ce qui rend acceptable la route de retour par le nord de la petite péninsule, plus quelconque.

Clifden : Jean-Paul filme la Skyroad
Clifden : Jean-Paul filme la Skyroad
Une
              pointe sur la Skyroad près de Clifden
Une pointe sur la Skyroad près de Clifden

De nouveau à Clifden, nous songeons à écourter notre visite dans cette région, tant ses routes nous semblent peu propices au tourisme !

Fatigués nous partons à la recherche d’un bivouac sur la petite route côtière vers Ballinaboy. Aucun espace ouvert propice, partout des clôtures et des barrières donnent sur la route étroite bordée d’un muret continu de pierres sèches. Un vaste stationnement occupe le centre de Ballyconneely mais un cirque s’est installé juste à côté ! Monique est découragée, je me résous à prendre la direction de la plage. Après 6 kilomètres d’une autre route supplice, nous dégottons enfin un coin paisible tout au bout du chemin menant à la baie foraine de Doonloughan, dans un paysage très breton : rochers, lande, petites maisons blanches dispersées… Je place l’Aigle à niveau au bout de l’asphalte et nous nous apprêtons à passer une nuit paisible dans ce bout du monde où clignote le phare de l’îlot de Slyne Head la nuit venue.

Vendredi 26 juillet 2002 : de DOONLOUGHAN à KINVARRA (160 km)

Autre journée grise, mais la température toujours aussi douce nous étonne. Pas d’autre bruit que le ressac de la mer et les cris des oiseaux autour de nous jusqu’à notre départ à 9:30. Nous rattrapons la grande route à Clifden pour traverser le désert intérieur du Connemara : tourbières et montagnes sont noyées dans les nuages et la brume. Tourbière dans le Connemara
Tourbière dans le Connemara

Cashel-House
Cashel House
Détour vers Berthragboy Bay pour aller faire le tour de Cashel House, un fort joli jardin victorien entourant la vieille maison transformée en luxueux hôtel où résida Charles De Gaulle et Madame en mai-juin 1969 après son retrait de la politique active.

Bien que de dimensions relativement réduites, sa disposition complexe réserve d’agréables surprises au détour des allées sinueuses : green encadré de bordures florissantes, boisés de rhodos, petite serre dans un val rempli de fleurs à couper, sous-bois fleuri, secret garden cachant un minuscule jardin japonais et un bassin où chante une fontaine… Bref un petit monde touffu contrastant vivement avec les vastes étendues beaucoup plus dénudées qui l’entourent. Cashel-House-Jean-Paul-dans-le-jardin
Cashel House : Jean-Paul dans le jardin

Craignant de retrouver une route aussi mauvaise qu’hier en longeant la côte, nous rattrapons ensuite les bords du Lac Corrib à Oughterard. Hélas le panorama annoncé par le Guide Vert « vues spectaculaires s’ouvrant sur le lac et ses îles » nous semble bien prosaïque lorsque nous stationnons, après quelques kilomètres sur la route de Curraun, auprès d’un petit quai pour déjeuner : eaux tranquilles, rivage plat, quelques îles légèrement arrondies à l’horizon… Même le Lac Supérieur en Ontario est plus spectaculaire !

Galway : Salmon Weir Bridge
Galway : Salmon Weir Bridge
Nous repartons ensuite directement jusqu’à Galway par une route de qualité très moyenne qui nous oblige à tout caler soigneusement dans le camion et nous fait douter de la qualité et de l’état de sa suspension.

La ville de 50 000 habitants, malgré son style vieillot, ses rues étroites et sa circulation encombrée, est devenue la métropole commerciale de la région, si bien que ses grands centres d’achat périphériques sont bondés et qu’on se bouscule dans les rues pittoresques du centre ville. Longue balade et lèche-vitrines, nouvel étonnement devant le style « old fashioned » un peu kitsch du décor mais aussi devant l’adoption de l’american way of life par les gens autour de nous (MacDonald, cellulaire dans une main et cigarette dans l’autre…). Galway : Middle Street
Galway : Middle Street

Galway : Kenny'S Bookstore
Galway : Kenny'S Bookstore
Galway : Treasurey Chest
Galway : Treasurey Chest

Le soir descend lorsque nous quittons la ville dans la fièvre de l’heure de pointe. Quelques kilomètre d’autoroute puis début de la route côtière entourant le Burren. Nous nous arrêtons vers 19:00 dans le petit port de Kinvarra, allons souper sur le quai en regardant les voiliers traditionnels aux voiles bordeaux rentrer de promenade et trouvons un coin tranquille sur une rue en arrière pour dormir.


Samedi 27 juillet 2002 : de KINVARRA à QUIN (192 km)

Malgré le ciel gris qui devient de plus en plus humide, la journée sera consacrée à l’exploration du Burren que nous parcourrons en tous sens, d’abord en longeant la côte très découpée donnant sur Galway Bay. Bref détour vers Corcomroe Abbey dont les ruines cisterciennes se confondent avec la pierre grise des collines alentour. Il reste quelques chapiteaux sculptés et voûtes décorées que nous admirons en même temps qu’un gros autobus de touristes allemands arrivés à l’improviste. À Ballyvaughan bref aperçu du port et de la côte vers l’ouest depuis la terrasse du Burren Exposure, un grand complexe touristique mêlant musée écologique, spectacle historique multimédia, restaurant et boutique de souvenirs, avant de nous enfoncer à l’intérieur par la petite R 480.

Dolmen de
              Burren
Dolmen de Burren
Elle monte rudement à travers les hautes terres du Burent dont le roc gris fissuré affleure bientôt en excluant presque toute végétation.

Sous la pluie fine et pénétrante, enfilant bottes et imperméables, nous traversons un vaste champ de pierres glissantes pour rejoindre le fameux dolmen de Poullnabrone, devenu emblématique de la région.

Burren-Poulinabrone-Jean-Paul
Burren : Jean-Paul devant le dolmen de Poulinabrone
Burren : Monique devant le dolmen de Poulinabrone
Burren : Monique devant le dolmen de Poulinabrone

Le temps s’améliore un peu jusqu’à atteindre la belle façade à meneaux du Leanach Castle (XVIIème) qui a malheureusement perdu toit et planchers. Nous y sommes abordés par un couple de Québécois du Lac St-Jean faisant le tour d’Irlande à vélo…

Un peu plus loin Kilfenora était autrefois le centre d’un marché agricole très actif mais le passage du chemin de fer à Ennistimon en a fait un bourg maintenant endormi. Si sa petite cathédrale du XIIème est close pour restauration, les grandes croix celtiques du XIIème, dont les sculptures sont plus ou moins lisibles, attendent notre visite dans le cimetière. Kilnefora : grande croix celtique
Kilnefora : grande croix celtique

Arrêt un peu plus long à Ennistimon dont la grande rue étroite présente une belle série de devantures d’un autre âge, mais où la circulation est si malaisée que j’érafle le pare-chocs d’une petite Peugeot - mal stationnée - en me tassant pour laisser passer un camping-car !

Nous rattrapons la mer à Lahinch, puis grimpons sur l’arrière des fameuses Cliffs of Moher à partir de Liscannor. Circulation intense sur les petites routes étroites et défoncées, et beaucoup de monde sur le grand stationnement.

Cliffs-of-Moher
Cliffs of Moher
Mais la vue sur les falaises est vraiment extraordinaire : près de 200 m de haut sur plus de 8 km de long, elles plongent verticalement dans les flots tumultueux leurs parois brunes, noires et vertes.

Superbe spectacle sauvage un peu affaibli par la foule bigarrée qui se presse et les marchands de babioles, chanteurs et autres bateleurs alignés tout le long du sentier, ce qui donne un petit air de kermesse à la balade… Cliffs-of-Moher
Cliffs of Moher sous les parapluies bigarrés

Cliffs-of-Moher
Cliffs of Moher
Cliffs of
              Moher

Cliffs of
              Moher
Cliffs of Moher sous le soleil
Cliffs of Moher (sous le soleil !)

La route côtière vers le nord passe par le hameau de Doolin et sa superbe tour ronde, puis emprunte une Scenic Road à travers des champs de rochers gris tombant dans la mer jusqu’à Black Head et son phare.  Tour de Doolin
Tour de Doolin

Doolin
                Tower
Tour de Doolin au soleil
Doolin : chaumière
Doolin : chaumière

Nous rattrapons ensuite Ballyvaughan en revenant sur la mauvaise N 67 qui nous ramène sur le plateau du Burren rural et désertique.

Monique devant Corkskrew Belvedere
Monique devant le belvédère de Corkscrew Hill
Une forte côte entrecoupée de plusieurs épingles à cheveux - non signalées ! - mène au belvédère de Corkscrew Hill d’où s’ouvre une belle vue sur la vallée, la côte et le plateau calcaire alentour. Route ensuite rapide dans le soir qui descend, plein sud, sur une chaussée parfois redressée et élargie mais le plus souvent étroite, bombée et défoncée.

Nous repassons ainsi Ennistimon puis rallions  la ville plus importante d’Ennis où nous commençons à chercher un emplacement propice au bivouac. Si les rues commerçantes pavées et sinueuses du centre sont fidèles au « look » « old fashioned » maintenant familier, les faubourgs plus modernes et industriels ne nous inspirent guère. Après quelques hésitations, nous repérons sur la carte l’abbaye en ruines de Quin et décidons d’aller dormir sur son stationnement. Après une dizaine de kilomètres de petite route de campagne, nous allons échouer sur le stationnement ombragé et paisible de l’église paroissiale, au centre du village et en vue des ruines imposantes que nous visiterons demain.



7. De QUIN à GLEINBEGH





Dimanche 28 juillet 2002 : de QUIN à TRALEE (166 km)

Pluie abondante durant toute la nuit, qui seule vient troubler la paix de notre sommeil mais qui confirme aussi l’existence de deux fuites d’eau, l’une dans la vitre avant du toit - pourtant soigneusement calfeutrée il y a deux ans - et l’autre dans la porte à glissière. Impossible de réparer, faute de produit adéquat et d’espace abrité pour faire sécher les parties mouillées… Après douche et déjeuner, je vais sous la bruine faire le tour des ruines de l’abbaye. J’aperçois bien la nef et le chancel de l’église, mais ne peux y pénétrer car des grilles cadenassées en barrent toutes les entrées, et je ne fais que deviner les colonnades du cloître hors de portée. Ne sont accessibles que les bases des quatre grosses tours rondes aux angles de l’édifice, qui cantonnaient  jadis la forteresse anglo-normande ayant précédé le monastère.

Bunratty
                Castle
Donjon de Bunratty

Un peu déçu que tout soit encore une fois fermé, un dimanche matin à 10:30, je retourne jusqu’à l’Aigle, les pieds trempés, pour y mettre à sécher mon imper, puis nous tâchons de planifier la journée qui s’annonce grise, triste et humide. Par l’habituel dédale de petites routes rurales nous rallions Bunratty dont le haut donjon se signale de loin.


Mais nous n’avons pas le cœur de nous lancer dans la visite du Folk Park où l’on a rassemblé un bel échantillonnage de bâtiments irlandais des XVIIIème et XIXème, en tout cas surtout pas sous cette pluie tenace. Après un long tour du magasin de lainages sis au pied de la tour, Monique me rejoint et nous repartons vers la grande ville de Limerick toute proche. Bunratty-castle
Bunratty Castle

Limerick-chateau-du-Roi-Jean
Limerick : le château du Roi Jean
Las, ses quais sont sinistres, ses rues désertes et sans vie, et ne semblent présenter aucune originalité qui saurait égayer ou illustrer cette médiocre journée. Il suffira de jeter un coup d’œil au château du Roi Jean enlaidi par des bâtiments modernes aux couleurs criardes qu’on a élevé dans sa cour.

Nous gagnons la sortie de la ville vers le sud et tentons d’aller faire quelques courses dans un centre d’achat dont la plupart des boutiques sont ouvertes. Je n’y trouve pourtant pas de phares antibrouillards de remplacement ni Monique de cartouche de gaz pour son fer à friser. Au moins y remplissons-nous le frigo de denrées fraîches. Pendant que Monique prépare le dîner, je tente de réparer le mauvais contact du feu de croisement droit; j’identifie bien la cosse oxydée sur le porte-fusibles mais manque d’outils et de matériaux pour réparer. Comble de malchance, en remontant le boîtier je brise la cosse d’un autre câble commandant le relais de démarrage ! Je réussis heureusement à la remplacer, et nous pourrons reprendre la route sans problème après un repas remontant.

Le temps ne s’arrange pas, nous gagnons Adare par la grande N 21 cependant très chargée. Je ne puis pénétrer dans l’ancien Desmond Castle, en grand chantier au milieu du terrain de golf, mais il aura fière allure au bord de la Maigue lorsque la restauration sera terminée.

En revanche le monastère des franciscains est en meilleur état; si la nef et le chœur (XVème) donnent une bonne idée de ce à quoi ressemblaient toutes ces églises dont nous n’avons vu jusqu’à présent que les ruines, les baies ajourées de son petit cloître décoré de quelques rosiers grimpants charment au premier coup d’œil.

Cloître du monastère d'Adare
Cloître du monastère d'Adare

Adare-chaumiere
Adare : chaumière
Plus loin dans le village, une suite de jolis cottages aux toits de chaume débordent de fleurs et sont l’objet d’une longue séance de photos et de vidéos durant une pause entre deux averses.

Adare-chaumiere
Adare : chaumière

Un peu plus loin nous découvrons avec quelques difficultés au bout d’un chemin creux la tour massive du Castle Matrix. Son état de décrépitude me surprend tellement que je n’ai pas le cœur d’en visiter les étages malgré l’offre aimable de ses jeunes propriétaires. Nous rattrapons ensuite la côte à Foynes où le Musée des hydravions (Flying Boats Museum) s’apprête à fermer. Déçu de n’y point trouver au moins l’un de ces étonnants appareils qui inaugurèrent la route aérienne commerciale de l’Atlantique Nord en 1936, je préfère continuer la descente de l’estuaire du Shannon, large comme le St-Laurent entre Montréal et Québec. Le riche château de Glin n’est ouvert à la visite qu’en mai et juin, une grande déconvenue car la description du Guide Vert - et la photo - en faisaient une attraction de choix.

Comme la pluie se poursuit et la lumière baisse encore, nous décidons de gagner au plus vite le départ de notre excursion dans les trois péninsules du sud-ouest en espérant une amélioration de la météo: Dingle, Iveragh et Beara. Route alternativement bien redressée, correctement revêtue et rapide, ou bien tortueuse et défoncée… À travers une campagne riche et prospère, nous atteignons la petite ville de Tralee, sombre et endormie au fond de sa baie. Nous allons dormir à sa sortie, sur une petite rue devant une ferme dans le village de Blennerville, près de l’embouchure de la River Lee.

Lundi 29 juillet 2002 : de TRALEE à CLOGHER STRAND (89 km)

Pluie durant la nuit mais temps calme au réveil. Je vais seul visiter le grand moulin à vent qui a été restauré, de l’autre côté de la rivière. Visite très instructive des quatre étages même si je suis loin de comprendre la totalité de l’abondant et rapide commentaire de notre guide. En fin de visite il s’affaire à déployer avec un aide les voiles sur les ailes du moulin qui commencent à tourner… Blennerville-Mill

Dans les anciens entrepôts à côté, petite exposition sur la Grande Famine de 1845 à 1849, et sur l’émigration vers les USA et le Canada car Blennerville (et Tralee) fut pendant quelques années la base de plusieurs navires pratiquant ce type de transport. On commence d’ailleurs la mise en chantier du Mary Jeanie dont l’original avait été construit au Québec pour faire le trafic du bois entre le Canada et l’Irlande. Il servit aussi à l’émigration durant quelques années (passagers à l’aller vers l’Ouest, bois au retour vers l’Est).

Dingle : Dunbeg Promontory Fort
Dingle : fort préhistorique de Dunbeg sur le promontoire (5 000 av. J-C)
Nous attaquons ensuite le tour de la péninsule de Dingle, malgré le ciel encore très bouché. La côte est jolie car assez mouvementés mais le temps très gris et venteux aujourd’hui lui enlève beaucoup d’intérêt…

Pause sur la plage de Kilcummin pour colmater avec du liquid rubber les fuites autour de la grande fenêtre haute à l’avant. Je viens en effet de constater que la base du lit haut et le matelas sont imprégnés d’eau, et lorsqu’il pleut, Monique reçoit une petite douche à chaque virage… Travail grossier, peu esthétique mais efficace, effectué depuis le mur de clôture sur lequel je grimpe en guise d’échafaudage. Kilkummin-Jean-Paul-colmate-l'Aigle
Kilkummin : Jean-Paul colmate les fuites de l'Aigle

Nous attaquons ensuite la belle montée du Connor Pass mais c’est pour passer ses 456 m dans un brouillard complet, en croisant et doublant des cyclistes soufflants et grelottants… donc aucune vue sur Brandon Bay pourtant superbe sur les cartes postales ! Le temps s’éclaircit en redescendant sur Dingle mais il y a foule dans ses rues typiques et sur son quai. Nous nous hâtons donc de fuir pour parcourir la Slea Head Drive, trois *** au Michelin.

La-cote-en-allant-vers-Slea-Head
La côte en allant  vers Slea Head

Les points de vue superbes sur les baies, les falaises abruptes et les îles ne tardent pas à se manifester, occasions d’arrêts incessants pour filmer ou photographier, sous un ciel variable ponctué de brèves éclaircies.


Courte balade pour aller visiter un fort néolithique à Glenfahan, coincé sur une avancée de la falaise tombant à pic dans la mer écumante.

Route vers Slea Head
Route vers Slea Head

Slea Head : procession derrière les vaches
Slea Head : procession derrière les vaches

Suivent de très beaux points de vue sur les îles Blasket depuis Slea Head, Dunmore Heas devant Great Basket
Dunmore Head devant Great Basket

Slea Head : Coomeenoole Beach
Slea Head : Coomeenoole Beach
Slea Head : Coomeenoole Beach
Slea Head : Coomeenoole Beach

Slea-Head : Dunquin Port and Blasket Islands
Slea Head : Dunquin Port and Blasket Islands

Rochers
Les rochers acérés marquant la pointe de Slea Head

Slea Head depuis Clogher Head
Slea Head depuis Clogher Head
...avant une autre courte balade à pied sur Clogher Head d’où s’étend une vue magnifique sur les îles au sud et sur la baie de Ballyferriter et Smerwick Harbour au nord-ouest.

De là-haut j’aperçois une jolie plage de sable abritée dont le stationnement est occupé par quelques camping-cars. Clogher-Strand-depuis-Dunquin
Clogher Strand depuis Dunquin

L'Aigle-devant-Clogher-Strand
L'Aigle devant Clogher Strand
Nous redescendons au niveau de la mer, cherchons un peu et finissons par dégoter la route minuscule qui y mène.

Vagues sur Clogher Strand mer calme
Vagues sur Clogher Strand mer calme

Le camion est vite calé et mis à niveau et je vais traîner un long moment sur la plage de Clogher, pour regarder et filmer vagues, rochers, mouettes et autres sujets… jusqu’à ce que tombe l’obscurité. Après souper nous consacrons la soirée à démonter et à aérer la fenêtre, la base et la literie du lit haut qui, tout imbibées d’eau, commencent à moisir... Vagues sur Clogher Strand par grosse mer
Vagues sur Clogher Strand par grosse mer

Mardi 30 juillet 2002 : de CLOGHER STRAND au GAP OF DUNLOE (131 km)

Clogher Strand depuis Clogher Head
Clogher Strand depuis Clogher Head
Nous sommes réveillés par le soleil ! Même si le ciel est encore parsemé de nombreux nuages, sa chaude lumière transfigure le paysage devant nous. De dramatique voire un tantinet lugubre hier soir, tout dans les teintes de gris, vert sombre et ocre brûlée, il devient turquoise et saphir, vert vif presque fluorescent, le jaune clair du sable de la plage tranche entre mer et herbe… Magnifique ! Du coup nous revenons en arrière jusqu’à Slea Head pour admirer sous la grande lumière et dans toute sa splendeur le panorama sur les Blasket Islands.

Smerwick
        Harbour : haie de fuschia
Smerwick Harbour : haie de fuschias

Puis nous tournons un moment autour de la baie de Smerwick Harbour avant de découvrir, dans le lacis de petites routes pas ou mal signalisées enserrées de l'habituelle haie de fuchias, l’oratoire de Gallarus. Cette minuscule et étonnante chapelle construite en encorbellement de pierre sèche, en forme de coque de bateau renversée, date du IXème siècle. Gallarus-oratory
Oratoire de Gallarus (IXème siècle)

Oratoire de
              Gallarus (IXème siècle)
Oratoire de Gallarus (IXème siècle)
Elle serait le prototype parfaitement achevé des nombreux édifices religieux des débuts du christianisme en Irlande (entre le IVème et le Xème siècle) ayant eux-mêmes succédé aux constructions mégalithiques de l’âge païen passé maître dans l’art de la construction de pierres sèches en encorbellement (comme dans le tumulus de Newgrange).

Nous rallions ensuite Dingle pour faire plein d’eau et d’essence, et rejoindre par téléphone Juliette et Mathieu à Montréal. Le ciel de plus en plus couvert et instable nous fait renoncer à remonter le Connor Pass dont nous regretterons le grandiose panorama. Route rurale moins spectaculaire mais néanmoins pittoresque vers l’est, avec arrêt déjeuner près de Bull’s Head, pour rejoindre la deuxième péninsule de Iveragh. Une longue route étroite mais droite encadrée de hautes haies de fuchsia nous fait longer la baie de Castlemaine Harbour, avec de jolies vues sur la longue langue de sable d’Inch.

Puis la route devient plus variée et accidentée en approchant des jardins du Dunloe Castle Hotel à Beaufort dont nous parcourons les allées en arrière de la grande bâtisse moderne. Jean-Pau fime les fleurs dans le jardin du Dunloe
              Castle Hotel
Jean-Paul filme les fleurs dans le jardin du Dunloe Castle Hotel

Fleurs rouges dans le jardin du Dunloe Castle Hotel
Fleurs rouges dans le jardin du Dunloe Castle Hotel
Vaste green entouré de bordures multicolores, romantique ruine de la maison forte du XIIIème dominant une courbe de la Rivière Laune, belle collection d’arbres exotiques dont certains très odoriférants, tout cela nous fait passer un agréable moment...

...avant de gagner sous un ciel couvert le Gap of Dunloe, une gorge encaissée jonchée de gros blocs glaciaires où se nichent trois lacs successifs. Gap of Dunloe
Lac sous le Gap of Dunloe

Promenade
              en cariole dans le Gap of Dunloe
Promenade en cariole dans le Gap of Dunloe
Paysage des plus romantiques dans la lumière de plus en plus ténue que diminue un ennuagement de plus en plus dense. Un panneau laisse entendre que la petite route « ne se prête à la circulation d’aucun véhicule » (hormis les carrioles à chevaux…) mais la longueur de la balade à pied et l’heure tardive nous convainquent vite de tenter notre chance avec l'Aigle (nous en avons vu d’autres !).

Promenade à
        cheval dans le Gap of Dunloe
Promenade à cheval dans le Gap of Dunloe

Promenade en cariole dans le Gap of Dunloe
Promenade en cariole dans le Gap of Dunloe

Promenade en cariole dans le Gap of Dunloe
Gap of Dunloe : montée au lac supérieur
Promenade en cariole dans le Gap of Dunloe
Gap of Dunloe

La route s’avère en fait passable, sinueuse avec plusieurs passages raides mais assez bien revêtue, en fin de compte bien plus carrossable que bien des pistes de tunisiennes ou même corses ! Les paysages sont extra malgré la faible lumière, très sauvages et quasi dantesques. L'Aigle dans le Gap of Dunloe
L'Aigle dans le Gap of Dunloe

Montée au
                    Gap of Dunloe
Montée au Gap of Dunloe
Un vent violent nous attend au sommet du col...

...puis une descente nettement moins accusée nous conduit dans la vallée de Gearhameen qui s’étale beaucoup plus large avec une cascade à une extrémité et un lac à l’autre. Dans la nuit qui tombe, nous allons installer notre bivouac près d’une petite église dans un silence total seulement troublé par les fortes rafales. Gearhameen-Valley
Gearhameen Valley

Mercredi 31 juillet : du GAP OF DUNLOE à GLENBEIGH< (85 km)

Rafales épouvantables et pluie violente fouettent le toit durant la nuit; au matin plus calme nous sommes dans les nuages. Une petite bruine fine et pénétrante nous transperce dès que nous mettons le nez dehors. Horizon bouché, humeur dépitée de mon équipière prête à renoncer à l’Irlande et rêvant du prochain bateau…

Il ne manque plus que l’incident technique qui se produit avec le bris de la tuyauterie d’évacuation des W-C. Je m’en aperçois en transférant le contenu du réservoir principal en vue d’une prochaine vidange. J’ai probablement reculé dans un rocher en bord du chemin sans m’en rendre compte ! Il ne reste plus qu’à vidanger en catastrophe dans le premier fossé venu, et nous prenons la toute petite route qui serpente dans une vallée sauvage en suivant la rivière. Points de vue et panoramas seraient charmants si la pluie cessait d’embuer le pare-brise et si les sommets des collines perdaient leur panache de nuages… Nous passons ainsi le Moll’s Gap où Monique achète un superbe chandail à torsades en laine écrue destiné à Juliette.


Killarney National Park : belvédère de Ladies
                  View
Killarney National Park : belvédère de Ladies View (par temps clair !)

Puis commence une longue et agréable descente sur le Killarney National Park. Il y a foule sur la petite route, la beauté des paysages justifiant la fréquentation intense de ce joyau irlandais. Pourtant il faut un parapluie pour gagner le belvédère de Ladies View, de toute façon presque complètement voilé par la pluie et les nuages…


La route se poursuit dans la dense forêt de chênes qui cache à peu près totalement la rive des lacs que l’on longe pourtant, jusqu’à Torc Waterfall où nous arrêtons pour grimper jusqu’à la cascade qui dévale en plusieurs sauts les 18 mètres de la falaise. Je marche la longue suite de marches jusqu’au belvédère annoncé mais là encore la vue sur les lacs est bouchée, noyée dans la grisaille. Killarney Park : Torc Waterfall
Killarney Park : Torc Waterfall

 Killarney : Lough Leane Lower Lake
Au bord du Lough Leane
Nous sommes à deux pas de Muckross House, une somptueuse demeure de style élisabéthain construite en 1840 en bord de lac, par H A. Herbert, propriétaire terrien fortuné et exploitant des mines de cuivre de Killarney.

Par ce temps maussade, quoi de mieux que d’en visiter les grandes pièces qui ont été luxueusement remeublée ? Cela donne une bonne idée de l’environnement raffiné dans lequel vivaient ces aristocrates, au centre de leur domaine de plus de 4 000 ha donné à l’État par son dernier propriétaire pour en faire le premier parc national d’Irlande.  Muckross House
Muckross House

Muckross House : fenêtre de la salle à manger
Muckross House :  fenêtre de la salle à manger
Muckross House : Dining Room
Muckross House : Dining Room

Muckross House : bibliothèque
Muckross House : bibliothèque
Muckross-House-bibli
Muckross House : écritoire

Muckross-House-vue-sur-le-lac-depuis-bibliotheque
Muckross House : vue sur le lac depuis la bibliothèque
Muckross-House-salon
Muckross-House : le Salon

Muckross-House-billard
Muckross House : le billard
Muckross House : le papier-peint dans la salle de
                billard
Muckross House : papier-peint dans la salle de billard

Muckross House : chambre de la Reine
Muckross House : chambre de la Reine
Muckross House : la cuisine
Muckross House : la cuisinière

Petit tour dans les jardins et le parc, surtout exceptionnel par sa collection de grands arbres et les vues splendides sur les montagnes et les lacs, malgré le mauvais temps… Terrasse de Meuckross House
Terrasse de Meuckross House

En fin d’après-midi je prends le temps de me rendre jusqu’à Muckross Abbey, un petit couvent franciscain construit en 1448 et fort bien conservé dont les vestiges me font rêver d’une maison bâtie sur ce plan si simple mais si fonctionnel.

Nous gagnons enfin la petite ville de Killarney, très soignée - tourisme oblige - et achalandée mais dont les vieilles rues aux façades colorées nous semblent fort semblables aux autres petites villes irlandaises déjà vues. Tour en voiture, puis je prends un lunch léger dans le camion en écoutant un peu de musique pendant que Monique va explorer quelques magasins de lainage dont les vitrines lui ont accroché l’œil...

Dans la nuit qui tombe, nous attaquons le Ring of Kerrry, une belle balade faisant le tour de la péninsule d’Iveragh. Route plate car des haies élevées et touffues limitent la vue à quelques mètres, jusqu’à Caragh où nous retrouvons la mer. La pluie et le vent reprennent à Glenbeigh, nous gagnons le rivage au bout d’une toute petite route. Bivouac au bord de la plage déserte, dans une solitude meublée par le vacarme du vent soufflant en tempête.



8. De GLENBEIGH à ROSSLARE







Jeudi 1er août 2002 : de GLENBEIGH à ARDRIGOLE (176 km)

Nous dormons bien, sans que les bourrasques et la pluie ne nous dérangent trop. Au moins le ciel gris à notre réveil ne se déverse-t-il pas en eau ! Nous retrouvons bientôt la grande route pour poursuivre notre parcours du Ring of Kerry. Iveragh-Peninsula-Glenbeigh
Iveragh Peninsula : Glenbeigh

Puffin et Skellig Islands depuis Dingle
                  Peninsula
Dingle Peninsula : vue vers Puffin Island et les Skellig Islands depuis Letterscamp

Les horizons sont cependant brumeux et les couleurs autrement éclatantes des panoramas sur Dingle Bay bien éteintes. Le ciel est si gris que nous renonçons au détour vers la pointe de la péninsule, vers Portmagee et en vue des Skellig Islands que nous craignons de ne pas même apercevoir au large !

Dingle Pensinsula depuis Skellig Islands
Dingle Pensinsula depuis Skellig Islands


Iveragh-peninsula-Ballinskelligs-Bay-pres-Waterville
Iveragh Peninsula : Ballinskelligs Bay près de Waterville

Iveragh Peninsula : Kenmare Bay
Iveragh Peninsula : Kenmare Bay

Waterville : Monique dans le jardin précédant la
                plage
Waterville : Monique dans le jardin précédant la plage
À Waterville arrêt pique-nique devant la plage et sa longue promenade d’où s’offre une jolie vue sur la ligne des maisons multicolores bordant la mer. Nous y sommes abordés par des Allemands qui s’étonnent devant notre petit campeur et comparent notre mode de vie avec le leur (gros autobus de 40 personnes traînant une longue remorque abritant dortoir et cuisine).

Le passage du Coomakesta Pass offre ensuite quelques vues étendues sur la côte et particulièrement sur Derrynane, son petit port et les îlots semés dans la baie, malheureusement trop estompées par la grisaille. Jean-Paul sur le belvédère de Coomakesta Pass
Jean-Paul sur le belvédère de Coomakesta Pass


Vue sur la côte depuis Coomakesta Pass
Vue sur la côte depuis Coomakesta Pass

Derrynane
          Bay
Derrynane  Bay

Parc national de Derrynane : fleurs rouges
Parc national de Derrynane : fleurs rouges
Peu après le Parc Historique National de Derrynane nous donne l’occasion d’une petite marche dans le jardin et les sous-bois qui semblent avoir été longtemps négligés avant une récente et sérieuse reprise en main. La maison (une autre demeure de Charles Stewart Parnell, un grand chef nationaliste e la fin du XIXème), d’architecture extérieure très quelconque, ne nous inspirant pas, nous reprenons la route côtière.

Elle domine maintenant la Kenmare River bordée au sud par les montagnes de la troisième péninsule, Beara. Détour sur une très petite route escaladant la montagne vers Staigue Fort, un fort circulaire en pierre sèche vieux de 2000 ans assis sur une petite éminence entre deux ravins, au bout d’une haute vallée se terminant en cirque, et donnant sur la baie et sur ses îles. Derrynane : panorama sur Scariff Island
Derrynane : panorama sur Scariff Island

La route qui suit la côte offre encore quelques beaux panoramas avant de s’enfermer entre deux hautes haies et de filer, cahoteuse mais assez droite, jusqu’à Kenmare. Monique apercevant quelques boutiques de lainage y fait une longue station, à la recherche d’un bonnet de laine écru assorti au pull qu’elle veut offrir à Juliette, pendant que je vais quérir quelques bouteilles de Guinness pour pallier l’épuisement prématuré de ma cave à vin.

Côte Beara
Côte de Beara Penisula

Puis nous passons la rivière et attaquons la côte nord de la péninsule de Beara. Quelques rares points de vue intéressants sur la baie, surtout en montant un premier petit col peu après Ardea : le ciel s’éclaire au-dessus de l’eau et dégage les montagnes d’Iveragh dans les lointains bleutés.

À Ladragh nous cherchons un moment les Derreen Gardens mais ils sont maintenant fermés à la visite - il est 19:30 - et l’on nous y refuse le stationnement nocturne sur son parking désert.

Craignant une détérioration du temps, nous renonçons à nous attarder pour visiter ce jardin à son ouverture demain à 10:00 et nous lançons dans la longue montée permettant de franchir le Healy Pass. Panorama spectaculaire sur les pentes rocheuses et les prairies abruptes parsemées de moutons, tandis que de place en place des petits cottages blancs marquent la présence humaine. Au fond, la vaste étendue sombre du Glanmore Lake dans laquelle se reflètent plusieurs îles et la masse vert sombre du Glanmore (599 m) tandis qu’en arrière, loin derrière nous, le soleil se couche derrière les îlots bleutés du golfe de la Kenmore River qui scintille encore…

L’autre côté du col que nous franchissons bientôt est beaucoup plus sévère, chaos de rochers gris aux intervalles remplis d’une herbe plus pâle, entre lesquels serpentent les lacets continus d’une route alpine. Nous descendons très lentement, à la recherche d’un point de chute pour la nuit, sans rien trouver de valable jusqu’à gagner le quai du petit port d’Adrigole. Nous y soupons en admirant le ciel rosi derrière les montagnes - présage de beau temps ? - avant de nous y endormir dans un profond silence. Descente du Healy Pass
Descente du Healy Pass

Vendredi 2 août 2002 : d’ARDRIGOLE à CASHEL (251 km)

Pluie durant la nuit… qui se poursuit au réveil ! C’en est trop, nous prenons la décision d’écourter notre séjour dans ce pays vraiment trop peu ensoleillé à notre goût, d’autant plus que nous avons l’impression d’avoir à peu près épuisé la variété des paysages et des sites irlandais. La route côtière offrirait pourtant encore quelques points de vue intéressants si l’on distinguait mieux les montagnes en arrière, perdues dans les nuages, et si l’on pouvait interrompre le ballet des essuie-glaces.

Jardin d'Ilnacullin près de Glengariff
Près de Glengariff Harbour, les Jardins d'Ilnacullin sur Garimish Island. Acquise en 1910 par la famille Boyce, celle-ci  fit aménager l'ïlot désetique en un merveileur jardin exotique, donné au gouvernement irlandais par M. Ronald Boyce  en 1953.
La pluie redouble en arrivant à Glengariff, devant le quai d’embarquement pour l’île renommée d’Ilnacullin. En attendant que le temps se lève pour de bon, je profite d’une accalmie pour compléter l’étanchéification de la fenêtre avant qui coule encore un peu.

La brume et la bruine persistant, je renonce - avec regret - à la visite du jardin italien aménagé au début du XXème avec toutes sortes de plantes exotiques et subtropicales.

Sous visibilité réduite, nous achevons le tour de Bantry Bay jusqu’à la petite ville homonyme aux prises avec un inextricable embouteillage causé par la circulation touristique intense, l’étroitesse des rues d’un autre âge doublée du sans gêne et de l’insouciance des Irlandais qui abandonnent leur véhicule n’importe où. Un énorme marché en plein air agrémenté d’un cirque couronne le tout !

Il nous faut près d’une heure pour trouver une place de stationnement sur un terrain vague en périphérie du village; en revanche en 10 minutes l’aimable propriétaire d’une agence de voyage rejoint la compagnie Irish Ferries et change notre réservation : nous quitterons Rosslare dimanche le 4 août à 16:00 au lieu de samedi le 10 août.

Centre ville de Bantry
Centre de Bantry


Bantry House
Bantry House
Nous récupérons notre Aigle et mettons un autre 30 minutes pour parcourir les 2 km de route côtière menant au château de Bantry House, une luxueuse résidence construite en 1740 au milieu d’un parc touffu donnant sur la baie.

Déjeuner puis tour des jardins au dessin assez formel dont le grand mérite est de former écrin à la maison dans un paysage grandiose. Ciel gris mais pas une goutte durant notre balade. Bantry-entree-du-jardin
Entrée du jardin de Bantry House


Nous planifions ensuite les deux jours qui nous restent avant notre embarquement, privilégiant quelques beaux jardins comme celui de Lismore, la vieille ville de Kilkenny, la descente de la vallée de la River Nore avec l’abbaye de Jerpoint et, à New Ross, la visite d’un bateau d’émigrants récemment mis à l’eau.

Route rapide jusqu’à Cork durant laquelle la pluie reprend. Nous manquons d’avoir une collision avec un 4 x 4 qui nous fait une queue de poisson en nous doublant, perd contrôle, défonce une haie et va s’écraser dans un champ boueux… Indifférence des autres voitures qui passent, l’une s’arrête puis repart sans rien faire. La conductrice indemne refuse toute aide mais nous semble en état de choc. Nous signalons l’accident dans une station service un peu plus loin où l’on nous assure qu’on va prévenir la garda, la gendarmerie locale. Une autoroute rapide nous fait contourner Cork dans le trafic intense du vendredi soir, puis une bonne route de campagne nous mène à Lismore.

Lismore
                Castle
Lismore Castle

Son spectaculaire château néo-tudor, à peu près reconstruit au milieu du XIXème, dresse ses murs crénelés et ses tours élancées ou massives au-dessus de la verte vallée de la Blackwater aux allures de parc. De grands arbres touffus trônent dans les près débordant d’une herbe verte quasi fluorescente. Résultat des pluies incessantes des dernières semaines, un abondant flot brun roule sous les arches de l’élégant pont de pierre.

Il est malheureusement beaucoup trop tard pour visiter les jardins superlatifs qui ont fermé leurs portes à 16:45 pour ne les rouvrir que demain à 11:00. Ne disposant plus du temps nécessaire, nous devons renoncer…


Longue remontée ensuite de la vallée très sauvage de la Vee, sur une route très étroite qui finit par entrer dans le nuage. Nous passons plusieurs belvédères avec une visibilité réduite à néant. Redescendus ensuite dans la vallée de la Suir, nous faisons une longue pause à Caher, une autre petite ville blottie autour de son château féodal, authentique celui-là (XIIème-XVème).
Caher Castle

Je vais expédier nos dernières cartes postales à la poste en filmant au passage les façades typiques des nombreux pubs alignés le long de la grande rue. Pendant ce temps Monique a achevé de laver et de ranger la vaisselle.

Rock of Cashel iluminé
Rock of Cashel iluminé
Nous repartons dans l’obscurité sur une belle route nationale - ça existe quand même ici ! - jusqu’à la petite ville de Cashel et son fameux roc « couronné de l’un des plus beaux ensembles de ruines religieuses d’Irlande » (Guide Vert).

Les vieilles pierres illuminées sur leur piton font un peu penser au Mont-Saint-Michel (toutes proportions gardées…). Nous nous égarons dans le village à la recherche d’un bivouac que nous finissons par trouver au flanc d’une butte tout proche, avec vue *** sur le site illuminé.

Samedi 3 août 2002 : de CASHEl à NEW ROSS (144 km)

Le
              Rock of Cashel au matin
Le Rock of Cashel au matin
Ciel couvert qui nous cachera encore le soleil toute la journée. À notre lever, le roc devant nous est entouré d’un halo de brume qui estompe les maisons de la petite ville à ses pieds. Nous quittons notre bivouac exceptionnel sur la colline pour aller garer notre Aigle dans le grand stationnement devant le monument (où deux camping-cars italien et allemand ont manifestement passé la nuit !), puis nous nous lançons dans l’escalade du raidillon menant à la porte d’accès aux sanctuaires.

Les premiers bâtiments où vivaient les vicaires de la chorale ont été fort bien restaurés, la charpente en particulier est magnifique. Ils servent à l’accueil et la crypte abrite un petit musée lapidaire tandis que, dans le dortoir, une vidéo intéressante présente le site et son importance historique. Cashel-vue-aerienne
Cashel : vue aérienne au dessus de la campagne

Ruines de Cashel
Ruines de Cashel
Puis nous entrons dans la cathédrale prolongée, sur ce qui aurait été son parvis, par la ruine du château du roi-évêque, en fait une tour en forme de maison forte assez commune. La nef, elle, est vaste, avec 2 grands transepts et un chœur allongé qui donnent à l’édifice, dépourvu de son toit, la forme d’une croix. Seule demeure la tour centrale dont on aperçoit la voûte au dessin complexe et ramifié. Peu de sculptures ou de décor, quelques pierres tombales… Les proportions sont belles mais on est loin de la splendeur des édifices gothiques (XIIIème et XIVème) de France, d’Allemagne ou d’Angleterre…

La petite chapelle de Cormac, plus ancienne et originale, présente de nombreuses sculptures typiques du roman primitif. Elle nous semble plus gaie car bâtie en grès jaune plutôt qu’en calcaire gris. Tout alentour, de belles vues s’étendent sur la campagne verdoyante, ses champs vert clair et ses haies plus sombres qui se perdent dans la brume.

Nous sommes un peu déçus, le haut lieu religieux d’Irlande nous paraissant bien peu exceptionnel en regard de tous les monuments ou sites découverts en Europe au cours de nos voyages (Santiago, Vézelay, Rocamadour, Mont-Saint-Michel, etc.).

Cashel : Jean-Paul au pied de la tour ronde
Cashel : Jean-Paul au pied de la tour ronde

Kilkenny Castle
Kilkenny Castle
Nous quittons donc Cashel pour Kilkenny, réputée la « plus éminente cité médiévale d’Irlande » (Guide Vert). Nous y arrivons une bonne heure plus tard, après quelques errements sur des routes de campagne à la signalisation fantaisiste ou inexistante.

Une autre déception nous y attend : rues très encombrées, stationnement presque impossible, décor bien plus XIXème vieillot avec tout au plus trois petits bâtiments datant du haut Moyen Âge…

Ils sont perdus entre des façades clinquantes, au côté « old fashioned » affecté voir maquillé pour plus d’attrait commercial. Les rues débordent de corbeilles fleuries multicolores comme d’un fard outrancier et une foule de badauds en short et T-shirts reluque les boutiques, bouffe des fish-and-chips, passe de pubs en pubs… Bref une foire touristique qui ne tarde pas à nous assommer. Rue
              fleurie de Kilkenny
Rue fleurie et colorée de Kilkenny

Pubs de Kilkenny et d'ailleurs...

Pub de Kilkenn et
      d'ailleurs...

Pub de
        Kilkenn et d'ailleurs...

Pub de Kilkenn et d'ailleurs...

Pub de
          Kilkenn et d'ailleurs...

On est loin de Carcassonne, de Heidelberg, Perrouge et autres cités anciennes prestigieuses... Le château massif a été outrageusement restauré au XIXème, et sa roseraie nous paraît à la fois simpliste et rigide. En face, les communs au plan semi-circulaire intéressant ont logé pendant des années le Irish Design Center, mais on n’y trouve plus maintenant qu’une vaste boutique - chic et chère - sans guère de créations comtemporaines originales… Kilkenny Castle
Kilkenny Castle

Kilkenny Castle
Kilkenny Castle
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Jerpoint
              Abbey
Jerpoint Abbey
Petit tour sur High Street qui confirme les impressions susdites. Une autre fois déçus, nous retournons à notre stationnement sur John’s Quay et partons vers le sud pour visiter avant sa fermeture Jerpoint Abbey, « les plus intéressantes et les moins dégradées ruines cisterciennes d’Irlande ».

Certes le site est agréable, mais à part la moitié des murs de l’église, sa tour et son chœur d’une part, et un demi-rang de colonnettes dans le cloître, il ne reste pas grand chose pour imaginer la vie des religieux dans ce monastère relativement grand. À mentionner toutefois les effigies étonnantes de deux personnages : moine et guerrier sculptés dans la pierre reliant deux colonnettes.

Jerpoint
                Abbey : ruine de l'abbatiale et grande cour du cloître
Jerpoint Abbey : ruine de l'abbatiale et  grande cour du cloître
Jerpoint Abbey : le cloître et ses colonnettes
              sculptées
Jerpoint Abbey : peronnage sculpté entre les colonnettes doubles du cloître

Le Moine et le Guerrier de Jerpoint Abbey
Le Moine et le Guerrier de Jerpoint Abbey
Jerpoint Abbey : Saint Christophe
Jerpoint Abbey : Saint Christophe

L’après-midi s’avance, nous avons juste le temps de repasser à Thomastown pour flâner quelques minutes dans le charmant petit jardin urbain de Ladywell Water Garden où arbustes et massifs de fleurs s’entremêlent le long d’un ruisseau canalisé. Thomastown : Ladywell Water Garden
Thomastown : Ladywell Water Garden

Dernière visite pour aujourd’hui, le Kilfane Glen Garden and Waterfall, un jardin romantique créé en pleine campagne à la fin du XVIIIème. Il est malheureusement trop tard pour le parcourir dans son entier mais au moins la gardienne compréhensive nous ouvre-t-elle le passage pour aller admirer la chute d’eau et l'adorable chaumière nichée dans un vallon herbeux qu’on rejoint par une longue série de marches enfouies sous une voûte touffue de rhododendrons. Pas le temps de visiter les jardins modernes et très originaux qui ont été aménagés sur la propriété durant les dernières années.

New Ross : la
              silhouette du Dunbrody dans la nuit
New Ross : la silhouette du Dunbrody dans la nuit
Le soir descend, nous filons plein sud en descendant la vallée de la River Nore jusqu’au port fluvial de New Ross où est amarré la réplique du « famine ship » Dunbrody que je voudrais visiter demain matin. Brève contemplation de sa silhouette dans le crépuscule depuis le quai, puis nous grimpons les ruelles escarpées au-dessus de la rivière pour trouver un bivouac tranquille au cœur de la vieille ville, entre deux églises.


Dimanche 4 août 2002 : de NEW ROSS à ROSSLARE (64 km)
Nuit paisible, mais au matin nous sommes environnés par les voitures des paroissiens venus assister à la messe dans l’église voisine.

À 9:15 nous sommes sur le quai devant le Dunbrody. Une brève exposition dans le Centre d’accueil expose les circonstance entourant la Grande Famine qui fit mourir près d’un million d’irlandais entre 1845 et 1849, tandis qu’un autre million devait prendre le chemin de l’exil outremer pour survivre.
Le Dunbrody au quai de New Ross
Le Dunbrody au quai de New Ross

Billet d'embarquement sur le Dunbrody
Billet d'embarquement sur le Dunbrody
Puis nous franchissons la passerelle munis de notre contrat d’embarquement qui tient de lieu de billet, et notre guide se lance dans de longues explications sur l’organisation et les conditions de voyage. Quelques personnages costumés viennent ajouter leur grain de sel - malheureusement incompréhensible pour nous à cause de leur fort accent indigène - au récit des pérégrination de ces voyageurs forcés.

Celles-ci étaient bien évidemment extrêmement précaires, la promiscuité s'ajoutant au manque d'air, au régime alimentaire monotone et indigent, à des pratiques d’hygiène primitive… La moindre maladie risquait de dégénérer rapidement en épidémie galopante et catastrophique, ce qui valut bientôt à ces navires la réputation de « cofin schip », c’est à dire bateau-cercueil. Plus d’un million d’Irlandais moururent des suite de la Grande Famine ou lors de leur émigration, que ce soit en route ou à l’arrivée dans les sites de quarantaine où les pays d’adoption, prudents, les confinaient quelques jours pour s’assurer de leur santé relative.

Petit tour du pont dont le gréement très complet donne une bonne idée des techniques de navigation de l’époque, puis de l’entrepont obscur et renfermé où vivaient les 200 émigrants entassés sur des châlits durant la quarantaine de jours de la traversée. La visite s’achève par une tour à fond de cale, puis à l’arrière où logeait le capitaine et ses officiers. Enfin, dans les quartiers des matelots à l’avant, on a installé des ordinateurs présentant une base de données généalogiques qui permettent aux étrangers, essentiellement des Américains et des Canadiens, de retracer leurs origines irlandaises.

La matinée s’est ainsi écoulée, le temps s’éclaircit au moment où nous prenons la route en direction de Wexford. Beaucoup de circulation en ce beau dimanche, mais nous faisons notre chemin tranquillement à travers la campagne prospère. Pique-nique au bord du quai le long de la Slaney et quelques courses d’épicerie pour préparer les sandwichs dont nous nous sustenterons dans le ferry. Sans nous presser, nous gagnons le terminal du traversier à Rosslare Harbour et soupons sur la grande esplanade. Je tente sans succès d’obtenir le remboursement de notre suppplément suite à notre changement de date de retour. Enfin nous embarquons en fin d’après-midi pour les 18 heures de traversée sur le bon vieux Normandy des Irish Ferries. Heureusement cette fois nous avons une cabine où nous nous hâtons de déposer nos effets avant de remonter sur le pont contempler un dernier moment la côte qui s’éloigne sous un timide soleil.

Le ciel se dégage un peu en début de soirée, nous permettant d’apercevoir très distinctement les jets de vapeur et les dos arrondis d’une famille de baleine dont nous croisons la route. La fraîcheur et l’humidité nous saisissent dès le coucher du soleil, nous battons en retraite dans la chaleur du lounge toujours aussi bruyant puis enfin dans notre cabine, où nous trouvons le confort de vraies couchettes. La mer est calme et la vibration des machines presque imperceptible. Nous ne tardons guère à nous endormir. Rosslare : Monique sur le pont du Normandy
Monique sur le pont du Normandy

Lundi 5 août 2002 : de ROSSLARE à HERMANVILLE

Hermanville-Monique-sur-la-digue
Hermanville : Monique sur la digue
Une bonne nuit de repos nous laisse frais et dispos pour l’arrivée à Cherbourg par un temps tout aussi brumeux et triste que celui de l’Irlande à notre départ. À 12:15 c’est le débarquement et nous filons jusqu’à Hermanville où nous allons saluer Gilles dans sa pharmacie. Fin de journée à la plage de la Brèche, sous un ciel progressivement plus clément.


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