Janvier-février 2024

TURQUIE

Jean-Paul MOUREZ en solo à bord de l'Exsis


75 181 Dimanche 28 janvier 2024 : d’IZMIT à KARACABEY (232 km) (4 800 m, 6 ét.)

D'izmit-a-Karacabey.
D'Izmit à Karacabey

Décidément pour le temps je devrai repasser ! La bruine est tombée toute la nuit, le terrain sous mes roues était détrempé, et j’ai même craint de m’enliser une autre fois… Heureusement il y avait assez de caillasse sous l’herbe et j’ai embrayé très doucement, si bien que l’Exsis a rembarqué sur l‘asphalte sans problème.

Réveillé passé 8:00 en ce dimanche matin des plus calmes, j’ai paressé en voyant le ciel gris et la lumière terne en levant les stores. Puis je me suis mis au volant sitôt descendu du lit en prenant la route transversale coupant court à travers la montagne vers Iznik. Grands passages défoncés et détrempés en quittant Izmit, ils n’ont heureusement pas duré dès que les virages serrés ont commencé à me faire gagner de l’altitude.

Dans-la-montagne-sur-la-route-d'Iznik
Dans la montagne enneigée près Senaiye sur la route de Golçuk à Iznik
Hélas, petit à petit la pluie fine s’est muée en grêle, puis en fine neige qui n’a pas tardé à m’inquiéter, surtout lorsque j’ai croisé quelques voitures en portant encore une dizaine de centimètres sur leur toit. Échaudé par ma mésaventure récente en gagnant les Météores, je préfère renoncer après une trentaine de kilomètres et fais demi-tour à Senaiye pour redescendre à Izmit où j’emprunterai la D200, une quatre voies très achalandée qui suit la côte. Du coup je renonce à la visite d’Iznik, surtout connue pour ses fours à faïence dont les architectes ne se passaient pas pour garnir mosquées et palais, mais dont il ne reste paraît-il à peu près rien sur place.

Il ne me reste donc qu’à rouler assez facilement mais sans beaucoup d’intérêt sur cette route E 881 très souvent urbaine, tant elle est bordée de constructions et de gros villages. Les dégagements sont rares sur la campagne ou sur la mer de toute façon assez lointaine. Je finis par arriver à Bursa après quelques émotions, certains conducteurs locaux ayant la mauvaise habitude de brusquement doubler par la droite sur la bande  d'urgence en décrochant 
brusquement derrière un camion ou un bus. Ils obligent à freiner brutalement pour ne pas leur rentrer dedans ou à faire un écart à gauche, au risque de percuter un autre véhicule qui double en empruntant normalement la voie de gauche et qui vit un stress similaire au mien… Coups de frein, klaxon, visages furieux et gestes désobligeants…

À Bursa, une autre très grosse ville de près de 2 millions d’habitants environnée de montagnes, je pointe le GPS sur la vieille ville à flanc de colline pour visiter d’abord la Mosquée Verte (Yesil Camii). Circuit un peu acrobatique dans les rues étroites aux pavés glissants pour dégoter une - très rare – place. Bursa-panorama-sur-la-ville
Bursa : panorama sur les toits rouges de la ville dans la grisaille

Bursa-Yesil-Camii
Bursa : Yesil Camii
Bursa-shardivan-et-facade-de-Yesil-Cami
Bursa : shardivan et façade de Yesil-Cami

Puis je je tombe sur un escalier providentiel qui me mène directement au monument. Le nom Yesil = Vert vient de la couleur des tuiles vernissées qui en recouvraient l’extérieur et qui garnissent encore une grande partie de ses surfaces intérieures.

Vasque-dans-le-shardivan-de-Yesil-Cami
Vasque dans le shardivan de Yesil Cami
Bursa-porte-de-Yesil-Cami
Bursa : porte de Yesil Cami

L’effet est superbe, d’autant que là encore la couleur du tapis qui recouvre intégralement le sol est d’un vert tendre semblable avec quelques discrets motifs crèmes fort bien assortis.

Yesil Cami : la qibla et son mihrab
Yesil Cami : la qibla et son mihrab
Bursa-Yesil-Cami-mur-garni-de-ceramiques-vertes
Yesil Cami : mur garni de céramiques vertes

Yesil-Cam-coupole-de-la-salle-de-prieres
Yesil Cami : coupole de la salle de prières
Yesil-Cami : angle avec
Yesil Cami : détail des appuis de la coupole

Yesil Cami : persienne et rosace
Yesil Cami : persienne et rosace

Yesil Cami : en contournant la façade par le
                  nord-ouest
Yesil Cami : en contournant la façade vers l'ouest

Yesil Cami : linteau et tympan des fenêtres
                  latérales
Yesil Cami : linteau et tympan des fenêtres latérales


En sortant, autre visite intéressante du türbe (mausolée) du sultan bâtisseur. Son grand tombeau recouvert de faïences pareillement décorée est accompagné de quelques membres de sa famille. Attitude recueillie de nombreux visiteurs dont certains prient sur les tombes de ces anciens souverains.

Bursa-montée au Yesil Türbe.
Montée au Yesil Türbe au dessus de la mosquée
Entrée du Yesil Türbe de Bursa
Entrée du Yesil Türbe de Bursa

Yesil-Turbe : tombe du sultan
                  ottoman-Mehmed-Padisha (1386-1421)
Yesil Türbe : tombe du sultan ottoman Mehmed Padisha (1386-1421)
Bursa : porte d'entrée de Yesil Türbe
Bursa : porte d'entrée de Yesil Türbe

Arrière de Yesil Türbe
Arrière de Yesil Türbe (le «Mausolée Vert»)

Ensuite je décide de gagner à pied les autres curiosités signalées par le Guide Vert, au prix d’une bonne marche à travers la vieille ville. Je pourrai ainsi me réchauffer (car il fait plutôt frais aujourd’hui), avoir mon compte d’exercice quotidien et découvrir maisons anciennes et surtout les han (entrepôts, caravansérails) typiques de Bursa, ville étape incontournable sur la route de la Soie entre Istanbul et la Chine. La ville devint elle aussi une grande productrice du fameux ver à soie et exportatrice du précieux tissus universellement demandé.

En ce dimanche après-midi il y a foule dans les rues commerçantes et les allées couvertes fort semblables aux souks des grandes villes du Maroc (Fès, Marrakech, etc.). Les vitrines étincellent, les hommes marchandent, les femmes se montrent l’or des bijoux amoncelés, les enfants chignent pour se faire offrir un ballon, une friandise ou un jouet… Et tout ce beau monde déambule et se presse sans se bousculer, prenant manifestement plaisir à cette promiscuité de bon aloi.
Bursa-livraison-de-bois-pour-le-four-de-la-boulangerie
Bursa : livraison de bois pour le four de la boulangerie
Bursa : devanture de vêtements festifs pour
                  garçons
Bursa : devanture de vêtements festifs pour garçons
Bursa-robes-de-fetes
Bursa : robes de fêtes pour filles
Bursa : marchand d'épices
Bursa : marchand d'épices
Bursa : marchand de barbe à papa
Bursa : marchand de barbe à papa
Ambiance du même ordre dans le parc avec fontaine précédant la Grande Mosquée (Ulu Camii) bâtie début XVe par un sultan victorieux pour répondre à un vœux (les 20 mosquées promises étant devenues 20 coupoles...) Bursa-place-Orhan-Gazi-devant-Ulu-Camii.
Bursa : place Orhan Gazi, devant Ulu Camii

Bursa-Ulu-Cami
Bursa : façade d'Ulu Cami donnant sur la place Orhan Gazi

Ici une grande coupole centrale ouverte sur le ciel par une verrière éclaire un bassin aux ablutions intérieur, et une douzaine de piliers supportent la vaste nef qui s’est remplie pour l’heure de la prière.

Ulu-Cami-la-grande-coupole-vitree
Ulu Cami : la grande coupole vitrée sous laquelle...
Bursa-Ulu-Cami-shadirvan-sous-la-coupole-(19e).
... le shadirvan a été installé au XIXe

Ulu-Cami-piliers-de-la-mosquee-aux-20-coupoles
Ulu Cami : piliers de la mosquée aux 20 coupoles
Bursa-Ulu-Cami-minbar
Ulu Cami : le minbar à droite du mihrab

Sous le décor sobre mais raffiné de grandes inscriptions coufiques, l’iman psalmodie les chants convenus et guide le rituel, une partie de l’assistance participe pleinement (agenouillement, prosternations, etc,), hommes et femmes séparés chacun dans une partie de la mosquée, tandis qu’une autre partie de l’assistance papote, regarde son téléphone ou, pour les enfants, joue à courir ou à se poussailler. Je reste un moment à observer la scène, puis me retire en cherchant un peu ma paire de chaussures laissées à l’entrée parmi les centaines d’autres posées sur des tablettes.

Ma visite se poursuit par une incursion dans le plus beau han de la ville (classé UNESCO) parfaitement restauré et très animés. Ses 4 galeries de boutiques en carré et sur deux étages encadrent une cour centrée sur une petite mosquée et servant de terrasses à quelques cafés installés autour.
Entrée de Koza Han sur la place
Sur la place, entrée au deuxième niveau de Koza Han

cour-du-Koza-Han-depuis-le-2eme-etage
Cour centrale du Koza Han depuis la galerie du 2ème étage

Bursa-galerie commeciale du Koza-Han
Bursa : galerie commerciale du Koza Han
Bursa : soieries-du-Koza-Han
Bursa : étalage de soieries dans le Koza Han

Foulards en soiei du Koza-Han.
Foulards en soie du Koza Han

Cour-et-petite-mosquee-(masgid)-du-Koza-Han
Cour et petite mosquée (masgid) centrale du Koza Han
Bursa-porte-du-Han-sur-la-rue
Bursa : porte du Koza Han donnant sur Uzun Çarşi Cd

Passant la porte monumentale terminant la galerie de Koza Han, j'enfile à nouveau Uzunçarşi Cd, la rue commerçante couverte qui m'a amené jusqu'ici, en tentant cette fois quelques photos.

bedesten-(Marché couvert
Dans le bedesten (marché couvert) d'Uzun Çarşi Cd à Bursa
bjjouterie-dans-la-bedesten.jpg
Fascination des bijoux en or...

La rue du bedesten se termine par une section où se succèdent les restaurants servant les plats typiquement turcs affichés en grandes photos aux couleurs vives sur la façade.

Bursa-rue-des-restaurants
Bursa : sur la rue Kayhan Cd bordée de restaurants

Bursa-drapeaux
Le Grand Kemal Ataturk à toutes les sauces...

« Le döner kebab est un type de kebab né au XIXᵉ siècle à Bursa dans l'Empire ottoman, fabriqué à partir de viande cuite verticalement. La viande est assaisonnée et mise sur une broche en forme de cône inversé, cuite lentement sur la rôtissoire pendant que la broche tourne sur elle-même.» (Wikipédia) cuiisnier-devant-son-doner-kebab
Cuisinier devant son döner kebab
Bursa : dans le vieux quartier de Boyacikullugu
                  Sk.
Bursa : dans le vieux quartier de Boyacikullugu Sk.
Puis c’est un petit secteurs plus calme où je suis plus attentif aux restes d’architecture domestique encore debout, en plus ou moins bon état ou heureusement restaurés, et je retrouve l’Exsis repéré par une marque laissée sur le plan de mon téléphone.

Pas vraiment fatigué (la forme me revient peu à peu…) ni même affamé, je peux reprendre ma route vers l’ouest en direction de Çanakkale dans le Détroit des Dardanelles puis de Troie. Je rejoins donc presque immédiatement la D100 qui traverse la ville, mais dois subir ensuite un long embouteillage à sa sortie (les citadins rentrent à la maison après leur promenade dominicale). Je file ensuite sur près de 70 km dans un paysage beaucoup plus rural et une région de lacs, jusqu’à ce que, la lumière diminuant, je décide de m’arrêter dans le village de Karacabey. J’y trouve un petit parking près d’un restaurant, un peu trop près de la route à mon goût, mais ne vois pas grand-chose d’autre et escompte qu’avec la nuit le trafic diminuera. Souper, notes, transfert des photos, je me couche à 22:40, aujourd’hui encore fatigué de cette bonne journée.


75 413 Lundi 29 janvier 2024 : de KARACABEY à TROVA (Troie) (233 km) (2 800 m, 0 ét.)

de-Karacabey-a-Troia.
De Karacabey à Troie

Levé dès 6:45, je démarre aussitôt pour m’avancer le long de cette interminable côte dépourvue d’intérêt et balayée par un vent du nord glacial. La température ne dépassera pas les 3° aujourd’hui, et même si la pluie finit par se calmer, on ne verra le soleil que par éclipses.

Le long du détroit des Dardanelles vers
                  Çanakalle
Le long du détroit des Dardanelles, en route vers Çanakalle
Je roule donc un bon moment sur la 4 voies facile et maintenant peu fréquentée, en guettant l’aube qui n’apparaitra qu’après 8:30 (caprice du système de fuseaux horaires, puisque je suis complètement à l’ouest du fuseau où se trouve la Turquie). Bien peu spectaculaire, cette aube qui se manifeste seulement par une vague lueur plus pâle dans le manteau nuageux opaque. J’arrête peu après 9:00 près d’une station-service pour prendre ma douche et déjeuner, sans mettre ensuite le nez dehors tant il y fait frais.

Je poursuivrai ainsi ma route ininterrompue jusqu’à Çanakkale au niveau du détroit des Dardanelles, théâtre des affrontements furieux de la Première guerre mondiale qui vit monter l’étoile de celui qui deviendrait Kemal Ataturk, et fit autour de 100 000 morts du côté des forces alliées (Anglais et leur Commonwealth, Français, Russes etc.).

Un peu avant d'arriver en ville, j’aperçois le grand pont suspendu 1915 Çanakkale (l’un des plus longs du monde) qui enjambe le détroit et permet de rallier beaucoup plus rapidement l’Europe (la Grèce en particulier). Passage que j’emprunterai peut-être à mon retour plutôt que de repasser par Istanbul, mais en montant à bord du ferry, plus lent mais qui ajoute l’agrément de la croisière maritime au spectacle du pont vu depuis l’eau, sans parler du coût inférieur. (La frontière grecque la plus proche est à 2 heures de route, ferry compris).


La portée de la section centrale du pont est la plus longue du monde avec 2 023 mètres, tandis que la longueur totale du pont est de 4 608 m. Les deux pylônes de l’édifice, hauts de 318 m chacun, ont été achevés le 16 mai 2020. Le pont a été inauguré le 18 mars 2022, date coïncidant avec le 107e anniversaire de la bataille des Dardanelles gagnée par l'armée turque face aux troupes britanniques et françaises. (Wikipédia)
Çanakalle : Pont 1915
Çanakalle : le Pont 1915

Depuis Çanakkale, Kilitbahir de l'autre côté du
                  détroit des Dardanelles en Europe
Depuis Çanakkale, Kilitbahir de l'autre côté du détroit des Dardanelles en Europe
Rendu dans la petite ville je tente de gagner la pointe la plus avancée vers l’Europe, mais me heurte à une barrière militaire : terrain réservé à l’armée, on ne passe pas, photos interdites, etc. Je me rabats sur le quai menant au départ du ferry où je prépare mon déjeuner que je déguste devant le spectacle du détroit animé par les grosses vagues que lèvent les rafales du vent tendant à forcir… En face on aperçoit très bien les murailles aux teintes rosées du fort de Kilitbahir qui gardait le passage du côté européen.

Je tente de visiter ensuite son homologue asiatique le Sultaniye Kalesi, ou Kalesi Çimenlik également du XVe, qui se trouve à deux pas, mais je devrai me contenter de quelque photos à la volée au dessus du mur couronné de barbelés qui l’entoure étroitement : là aussi c’est un terrain militaire, on ne peut s’en approcher qu’en visitant le Musée maritime, fermé aujourd’hui… Pas de chance ! Çanakkale : forteresse de Sultaniye (XVe-s.)
Forteresse de Sultaniye édifiée par Mehmet le Conquérant (Fatih) en 1452

Çanakkale : la forteresse de Sultaniye Kalesi
Çanakkale : les murs de la forteresse de Sultaniye ou Kalesi Çimenlik (1452)

Çanakkale : le quartier défavoriés autour de
                  Çimenlik Kalesi
Çanakkale : le quartier défavorisés autour de Çimenlik
Je tente de faire le tour de son enclos pour l’aborder du côté sud, mais me retrouve dans un bidonville très dense d’immigrants misérables qui ont colonisé et saccagé le quartier de veilles maison qui s’y trouvait. Visages plutôt fermé des occupants, je me fais même assaillir par un petit chien maussade qui me caresse le mollet de ses crocs (heureusement sans dégâts, mes invectives énergique le faisant fuir aussitôt en glapissant).

Je retourne à l’Exsis stationné à grand peine mais à coût modéré en faisant un large détour pour éviter ce quartier insalubre et inhospitalier, et reprendre ma route vers Troie.
Le ciel commence enfin à se dégager et les rayons du soleil donnent une toute autre perspective au paysage grandiose de l’ouverture du détroit des Dardanelles sur la Méditerranée. Le route monte un peu à flanc de colline, dégageant la vue, puis redescend une vingtaine de km plus loin sur le hameau essentiellement touristique d'Hissarlik occupant le site de l’Antique Troie, au milieu des champs et en vue de la mer. Çanakkale-vue-sur-le-detroit-des-Dardanelles
Çanakkale : vue sur le détroit des Dardanelles vers le nord

Un nouveau musée a pris place à l’entrée du village, gros cube en acier rouillé (?), une billetterie est là aussi qui vend 600 TL (18 €) une entrée combinée pour le musée et le site archéologique, valable pour la journée seulement ! Comme tout ferme à 17:00 et qu’il est déjà passé 16:00, je tergiverse, puis décide de dormir au bord de la large rue centrale qui réunit les deux sites (les parkings sont fermés la nuit) en remettant ma visite à demain dès 8:30. En discutant avec les deux gardiens pour comprendre le système et les horaires, je suis frappé par leur méconnaissance à peu près totale de l’anglais et leur manque de courtoisie pour une clientèle étrangère qu’ils ne comprennent pas… et qu'ils ne se sont même pas doté d’un moyen minimum pour les accueillir. Quelle différence avec ce que je connais de la Grèce…

Comme le vent froid continue de souffler très fort, je reste dans l’Exsis en me chauffant aux rayons du soleil maintenant bien établi, jusqu’à son coucher à 18:10. Je retravaille un peu ma transcription du G.V. pour la rendre plus fonctionnelle sur mon téléphone, puis améliore le calfeutrage autour du frigo qui laisse passer de grandes bouffées d'air froid à chaque rafale. Quelle belle invention multi-usage que le Duct Tape ! Enfin la nuit tombe, je ferme tous les stores, lance le chauffage et soupe avant de rédiger mon carnet de route. Je termine en transférant les quelques photos de la journée, avant de me coucher tôt une fois encore.


75 646 Mardi 30 janvier 2024 : de TROVA (Troie) à ASSOS (63 km) (4 000 m, 7 ét.)

De Troie à Assos
De Troie à Assos

Troie : Exsis dans le parking du Musée
Troie : Exsis dans le parking du Musée
Le vent n’a cessé de la nuit, secouant l’Exsis et surtout le refroidissant si bien que j’ai dû chauffer jusqu’à mon lever. Au matin, réveil pénible sous un ciel gris. Je n’ose me lancer dans la visite du site pleinement exposé à ce vent du nord qui donne une température ressentie de – 2°, aussi je me lèverai seulement passé 9:00 et resterai toute la matinée à l’abri dans l’Exsis en travaillant les photos d'Arthur Louis Mourez…

Enfin après un repas léger et profitant d’un petit coup de soleil qui a remonté un peu la batterie, je me lance après avoir enfilé un deuxième polar sous ma doudoune et coiffé ma chapka. Je n’irai pourtant pas loin, prenant le billet combiné musée + site (600 TL, soit 18 €) à la billetterie extérieure puis me précipitant dans le gros bâtiment moderne carré du musée.

Fort bien aménagé, chauffé et éclairé, ses quatre étages font vraiment le tour des questions posées par la mythique Troie, tant sur le plan historique qu’archéologique, y compris l’histoire de l’archéologie de la région égéenne et les polémiques concernant le «découvreur» Schliemann. On a, semble-t-il, exagéré ses mérites : il n’est venu ici qu’après Calvert, s’est trompé de 1000 ans dans sa datation du «trésor de Priam», et surtout s’est emparé dudit trésor au grand dam de l’administration turque, le déposant ensuite au Musée archéologique de Berlin d’où il disparut en 1945 pour réapparaitre 50 ans plus tard à Moscou et St-Petersbourg… Mais quelle trajectoire personnelle, à lire sa biographie sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Heinrich_Schliemann

Heinrich-Schliemann-notice

Tresor-de-priam-photo-par-Schlieman
SAFVET PACHA (1814-1883)

Schliemann effectua ses premières fouilles illégalement à Hisarlik le 9 avril 1870, sans l'autorisation de Safvet Pacha, alors ministre de l'Éducation. Schliemann avait alors l'intention d'acheter le terrain de Troie pour 5 000 Kurus afin de profiter de l'article de la loi ottomane sur les antiquités, selon lequel « les objets anciens déterrés sur le propre terrain d'une personne lui seront laissés ». La logique était que si Schliemann achetait le terrain et commençait les fouilles avec l'autorisation officielle, tous les objets mis au jour à Troie lui appartiendraient directement. C'est dans cette optique que Schliemann a demandé à Safvet Pacha un permis de fouilles à Troie. Mais les choses ne se passèrent pas aussi bien que Schliemann l'avait espéré. Prévoyant, Safvet Pacha avait fait en sorte que le terrain d'Hisarlik soit acheté à ses propriétaires pour le musée. Des années plus tard, en 1876, Safvet Pacha a relaté cet événement dans une lettre officielle adressée à la Sublime Porte, comme suit :

« Le Dr Schliemann, citoyen des États-Unis d'Amérique, a déclaré qu'il souhaitait découvrir les ruines de la célèbre Troie sur le terrain appelé Hisarlik situé près de Kale-i Sultaniye et qu'il achèterait au propriétaire les trente-quatre hectares où se trouvaient ces ruines pour cinq mille kurus. Sur ce, sans en informer Schliemann, j'ai immédiatement envoyé un télégramme au gouverneur de la province de Cezayir-i Bahr-i Sefid et l'ai informé de la décision d'acheter rapidement le terrain susmentionné au nom du Musée impérial. Le propriétaire a été trouvé et la terre a été achetée pour trois mille kurus. ».

Cela met Schliemann très en colère. Après avoir appris la nouvelle, Schliemann rendit visite à Edward Goold, directeur du musée impérial d'Istanbul, et fit des remarques acerbes sur Safvet Pacha.

Safvet Pacha, qui a promulgué la première loi sur les antiquités en 1869 et initié l'ouverture du musée impérial ottoman (musée d'archéologie d'Istanbul) la même année, s'est ainsi assuré que la terre de Troie (Hisarlik) et tous les artefacts qui y seraient découverts appartiendraient légalement à l’État ottoman.


Les vitrines sont fort bien disposées, les pièces bien restaurées, présentées et éclairées, les notices (bilingues turc-anglais) bien écrites et donnent suffisamment d’informations claires pour situer les objets (beaucoup de poterie, mais aussi des bronzes) et reconstituer le parcours historique des peuples qui ont occupé la région, ainsi que le devenir des empires qui se sont succédé en Méditerranée orientale.

Amphore-mycenienne-1800-1100-av.JC---Vase-a-double-poignee-Troie-VI-1800-1250-av.JC).
Amphore mycénienne (1800-1100 av. J-C)
Vase à double-poignée (Troie-VI, 1800-1250 av. J-C)

Pinceau-avec-poignee-en-terre-cuite-(Age-du-Bronze-3000-2500-av.JC).
Pinceau avec poignée en terre cuite
(Âge du Bronze, 3000-2500 av. J-C)
Groupe-de-musicienes-terre-cuite-Periode-classique-(fin-5e-s.-av.JC-)
Groupe de musiciennes en terre cuite
(Période classique- (fin-5e-s.av.J-C)

Figurine-de-femme-assise-en-terre-cuite,-Pe%CC%81riode-hellenistique-2e-1er-s.-av.JC.
Figurine de femme assise en terre cuite
(Période hellénistique, 2e-1er-s. av.J-C)


Lgynos-(pichets-a-vin)-en-terre-cuite.-(Periode-hellenistique-4e-s-av.




















                  J-C
Ligynoi (pichets à vin) en terre cuite (Période hellénistique, 4e s. av. J-C)
Amhore-en-bronze,-Periode-classique-4e-s.-av.-JC
Amphore en bronze (Période classique, 4e s. av. J-C)

Une belle collection d'article en verre attire mon attention : d'époque romaine, leurs formes et leurs couleurs sont séduisantes, et quel extraordinaire état de conservation !

Bouteille-en-verre-Ep.-Romaine-2e-3e.s.-ap.-JC
Bouteille en verre (Époque Romaine, 2e-3e.s. ap. J-C)
Bouteille-et-pichet-miniature-en-verre-(Periode-romaine)
Bouteille et pichet miniature en verre (Période romaine)

Ungentarium (Bouteiles pour parfum en verre
                  (Époque romaine, 2e-3e-s. ap. J-C)
Unguentarium - bouteilles pour parfum en verre
(Époque romaine, 2e-3e-s. ap. J-C)

Unguentarium en verre : Flacon à parfum (Période
                  romaine, 2e-3e s. ap. J-C)
Unguentarium en verre : flacon à parfum
(Période romaine, 2e-3e s. ap. J-C)


Unguentarium-en-verre-(Flacon-a-parfum-et-a-huile--Per.-romaine-2e-3e-S.-ap.-JC
Unguentarium en verre - flacon à parfum et à huile (Période romaine, 2e-3e-S. ap. J-C)

L'or et les bijoux ne sont pas en reste, initiés par une fort jolie statuette d'Aphrodite, comme il se doit.

Statuette de l'Aphrodite de Cnidde (Déesse de la
                  Beauté) en terre cuite (Période hellénistique, 2e av.
                  J-C)
Statuette de l'Aphrodite de Cnidde (Déesse de la Beauté) en terre cuite (Période hellénistique, 2e av. J-C)
Collier-et-boucles-d'oreilles-en-or-Periode-archaique-6e-s.-av.J-C).
Collier, boucles d'oreilles et bracelets en or
(Période archaïque, 6e s. av. J-C)

Collier-en-or-et-pierres rouges (Période
                  Archaique-6e-s.-av.J-C)
Collier en or et pierres rouges (Période Archaïque, 6e s. av.J-C)
Boucles d'oreilles en électrum et or (3000 av.
                  J-C, début de l'Age du Bronze)
Boucles d'oreilles en électrum et or
(3000 av. J-C, début de l'Age du Bronze)


Figurine-de-soldat-en-bronze-Troie-VII-1250-1000-av.-J-C.
<Figurine de soldat en bronze (Troie VII, 1250-1000 av. J-C.)
Tablette
Tablette en terre-cuite (Traité entre Muwatalli et Alaxandu
(Période impériale hittite -1400-1250 av. J-C)


À côté de cette fort belle collection d'objets qui témoignent de la richesse de la ville au long des siècles, quelques panneaux explicitent les sources de cette opulence : essentiellement le commerce maritime autour de la mer Égée entre les empires et les cités qui occupaient alors les bords de la Méditerranée orientale.

carte-politique.de la Méditerranée orientale
Carte politique de la Méditerranée orientale à l'Âge du Bronze



RÉSEAU COMMERCIAL ENTRE ROYAUMES

Un texte de Tudhaliya IV, roi hittite de 1250 à 1220 avant J.-C., mentionne quatre rois comme ses homologues. Il s'agit des rois de Babylonie et d'Assyrie, qui régnaient en Mésopotamie, en Égypte au sud et en Ahhiyawa à l'ouest. Outre ces grands royaumes, il existait également des royaumes plus petits, tels que Wilusa/Troie, qui entretenaient des relations militaires et commerciales avec les Hittites. Le réseau commercial qui reliait les palais de la mer Égée et de la Méditerranée orientale au cours de la fin de l'âge du bronze est très important.
Ce réseau commercial est aussi remarquable que les guerres qui l'ont perturbé. Au cours du XIIe siècle, cette région autrefois florissante a été progressivement déchirée par les changements climatiques, les troubles sociaux, les raids et les migrations.

UN MONDE S'ÉCROULE !

Vers 1200 avant J.-C., les royaumes de l'âge du bronze de la Méditerranée et de la mer Égée s'effondrent les uns après les autres. Les palais mycéniens et hittites s'effondrent et les villes portuaires du Levant (Syrie, Jordanie, Liban, Palestine et Sinaï) disparaissent progressivement. Cette période est définie comme le début de « l'âge des ténèbres », lorsque l'écriture a cessé d'être utilisée dans la région égéenne. Les sources égyptiennes contemporaines font état d'un afflux d'envahisseurs appelés « Peuples de la mer » à cette époque. L'extension rapide des conflits armés a provoqué une migration massive des anciens habitants des villes détruites. Les traces de cette destruction sont visibles dans le Sanctuaire ouest, au sud-ouest de la citadelle de Troie. Cette destruction, causée par des attaques extérieures à Troie vers 1180 avant J.-C., est considérée par beaucoup comme la « guerre de Troie ». Alors qu'un monde s'écroulait, les pierres dressées devant la porte sud de Troie continuaient d'accueillir les visiteurs dans cette ville épuisée.

LES PEUPLES DE LA MER

À partir de 1200 av. J.-C., des invasions venant probablement de l'ouest et du nord mettent fin aux palais de l'Age du Bronze. Les palais mycéniens, troyens et hittites ainsi que les royaumes d'Ougarit, de Babylonie et d'Elam tombent à peu près en même temps. Ces envahisseurs, que les Égyptiens appellent les « Peuples de la Mer », seraient composés de guerriers et de rebelles originaires de différentes régions géographiques. Le pharaon égyptien Ramsès III, qui a combattu les Peuples de la mer et a réussi à survivre, a vu ses succès contre les envahisseurs représentés sur les murs de son complexe funéraire à Medinet Habu.

Les-peuples-de-la-Mer-carte-


« L'ÂGE DES TÉNÈBRES »

Entre 1100 et 800 avant J.-C., l'écriture a disparu dans la région égéenne, le bronze a été remplacé par le fer, tandis que le commerce et la population diminuaient. C'est pourquoi cette période a été appelée « l'Age des Ténèbres ». Cependant, la seconde moitié du XIe siècle a vu l'émergence d'un style de poterie nouveau et distinctif, appelé proto-géométrique. Le style proto-géométrique se caractérise par un répertoire décoratif de cercles concentriques, de triangles et de lignes ondulées. Ce type de poterie apparaît à l'époque où les groupes helléniques de Grèce recommencent à commercer plus largement avec l'Anatolie occidentale. Certaines sont des importations, d'autres des imitations locales.

Style-proto-geometrique
Style proto-géométrique


L'ÂGE DU FER ET LES EMPIRES : LA PHRYGIE

À la fin de l'âge du bronze, les Phrygiens arrivent par petits groupes des Balkans et de Thrace dans le centre-ouest de l'Asie mineure. Ils finissent par établir une capitale sur le site de Gordion, qui se transforme en une riche cité au cours des neuvième et huitième siècles avant J.-C. Leur roi le plus célèbre, Midas, était sur le trône phrygien lorsque l'lliade a été écrite pour la première fois.

L'Age-du-Fer-et-les-empires-Phrygie


L'ÂGE DU FER ET LES EMPIRES : LA LYDIE

Aux VIle et Vle siècles avant J.-C., les frontières du royaume de Lydie, qui avait prospéré grâce au commerce, à l'affinage de l'or et à l'agriculture, s'étendaient de l'Anatolie occidentale à l'Anatolie centrale. Les Lydiens choisirent comme capitale la ville de Sardes, située à l'intérieur des terres, qui devint l'une des villes les plus célèbres d'Asie Mineure sous les règnes du roi Alyattes et de son fils Crésus.

L'Age-du-Fer-et-les-empires-La-Lydie



Routes-commerciales-de-la-Mediterranee
Routes commerciales de la fin de l'Âge du Bronze en Méditerranée orientale, à partir d'objets trouvés dans des navires naufragés

Navire de commerce de l'äge du Bronze (d'après
                  l'épave d'Uluburun)
Navire de commerce de l'Âge du Bronze (d'après l'épave d'Uluburun)
Les navires commerciaux de la fin de l'âge du bronze avaient une seule voile attachée à leur mât.

L'activité maritime était probablement limitée aux saisons chaudes, lorsque les conditions météorologiques étaient favorables. Les échanges commerciaux de cette période concernaient des palais situés de part et d'autre de la mer Égée et de la Méditerranée orientale.


Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pave_d%27Uluburun


LE VENT A APPORTÉ LA RICHESSE À TROIE !

À l'Âge du Bronze, le commerce maritime s'effectuait à l'aide de navires dotés d'une seule voile rectangulaire. Comme leurs quilles n'étant pas profondes, ces navires n'avaient pas une grande capacité de manœuvre contre le vent ; ils attendaient donc les vents favorables du sud-ouest pour naviguer de mai à septembre et remonter les Dardanelles. Pendant la période d'attente des navires à l'embouchure des Dardanelles, Troie a probablement fourni des services de guide et des provisions en échange d'une sorte de paiement. Cette pratique se poursuivra pendant des siècles.

Je passe deux bonnes heures à découvrir le maximum jusqu’à saturation, terminant par l’histoire des fouilles et de la mise au jour des 11 niveaux d’occupation identifiés sur la colline autrefois en bord de mer, maintenant bien en retrait suite au comblement de la baie par les alluvions du petit fleuve Menderes.

LES STRATES DE TROIE

Le monticule d'Hisarlik où se trouve Troie a été continuellement habité pendant 3500 ans grâce à sa situation géographique favorable. Les bâtiments et les fortifications étaient construits avec des pierres et des briques de terre. Lorsque ces bâtiments étaient détruits, ils étaient utilisés comme fondations pour de nouvelles structures construites au-dessus d'eux, créant ainsi des couches de peuplement entrelacées.
Sur le tumulus d'Hisarlik, un total de sept couches de peuplement (Troy I - VII) avec plus de cinquante phases de construction ont été attestées depuis l'Âge du Bronze ancien jusqu'à l'Âge du Fer ancien (environ 3 000 - 1 000 av. J.-C.). Au-dessus de ces couches se trouvent les vestiges d'anciens établissements grecs (Troie VIII) et romains (Troie IX), dont certaines parties ont été recouvertes par un petit établissement byzantin (Troie X). Ainsi, les dépôts culturels du monticule atteignent une hauteur de 15 mètres.

LES 9 PRINCIPALES STRATES

DE LA TROIE ANTIQUE

(2920 av. J-C à 500 ap. J.C)

Troie V (2200-1750.av. J-C)
Troie V (2200-1750 av. J-C)
Troie-I-2920-2550-av,-J-C.
Troie I (2920-2550-av. J-C.)

Troie VI (1750-1300-av, J-C)
Troie VI (1750-1300-av. J-C)
Troie-II-2550-2250-av.-J-C.
Troie II (2550-2250-av. J-C.)

Troie VII (1300-950 av.-J-C)
Troie VII (1300-950 av.-J-C)
Troie III (2250-2200-av.-JC)
Troie III (2250-2200 av. J-C)

Troie-VIII-720-85-av.JC.
Troie VIII (720-85-av. J-C)
Troie-IV-2200-1750-av.-J-C
Troie IV (2200-1750-av. J-C)

Troie-IX-85-500-ap.-J-C-
Troie IX (85-500 ap. J-C)

Quelques vitrines et panneaux explicitent aussi la question de la Guerre de Troie, l’épopée écrite par Homère 5 siècles après l’époque où elle aurait eu lieu, le rôle de la tradition orale dans l’élaboration de ce genre de récit, etc.

Sarcophage-de-la-Princesse-Troyenne-Polyxena
Sarcophage de la Princesse troyenne Polyxena (Période Archaïque, 6e s. av. J-C)
Sarcophage de Polyxena
Sarcophage de Polyxena

batiment du Le Musee--en-sortant
Le bâtiment du Musée en sortant

Enfin j’arrive au bout de mon parcours muséographique, je ne peux plus tergiverser et dois aller sur le terrain voir de quoi il retourne. Je m’emmitoufle à nouveau car le temps ne s’est pas arrangé, et aux rafales s’est ajoutée une bruine qui fouette et finira par imbiber mon petit coupe-vent.

Un petit kilomètre de marche rapide sur la voie d’accès bien aménagée, je passe la barrière avec lecture automatique de billet genre entrée de métro (il doit y avoir foule ici en saison) et je me lance sur le trottoir de bois surélevé et coupé d’escaliers qui fait tout un circuit à travers le champ de fouilles.

Troie-:plan du site de Troie (Guide Vert)
Troie : plan et circuit de visite du site de Troie (Guide Vert)

Je commence par découvrir le chantier du fameux cheval de bois dans lequel les Grecs se cachèrent pour entrer dans la ville. Évocation bien sûr, mais il est en restauration et donne peu de prise à l'imagination... Troie : le cheval de bois en restauration
Troie : le cheval de bois en restauration

 Voulant éviter les bouchons causés par les groupes agglutinés autour du fanion de leur guide, j'emprunterai le circuit en sens inverse de celui indiqué dans le Guide Vert.

Bien difficile de s’y retrouver, avec les 7 niveaux ici identifiés qui s’enchevêtrent avec l’écoulement des siècles et l‘anarchies des premières fouilles. De nombreux panneaux éclairent un peu sur le sens des pans de murs, des puits, des blocs de marbre taillés et dispersés, et des autres reliques remontant à près de 3000 ans.

Troie-Bouleuterion
Troie VIII-IX : à gauche la porte sud et la base d'une tour du rempart, le Bouleuterion et ses gradins

LE BOULEUTERION ET LE PORTIQUE
TROIE VIII- IX

Vous vous trouvez devant le Bouleuterion (salle du conseil de ville de l’Ilion grecque et romaine). Une partie de l'édifice se trouve au-dessus du mur de fortification de Troia VI. L'intérieur était entouré d'un mur sur les quatre côtés afin que le conseil puisse délibérer en privé.

Le portique du sanctuaire d'Athéna Ilia

Le portique du téménos du sanctuaire d'Athéna Ilias à Ilion était un bâtiment à trois côtés sur l'acropole qui mesurait environ 100 m x 100 m. L'extérieur était en pierre calcaire et une façade dorique en marbre de Proconnèse entourait l'intérieur. Le portique faisait partie d'un programme de construction qui comprenait le temple d'Athéna et un nouveau mur d'enceinte entre 250 et 150 avant J.-C. Le portique comportait également au moins deux dédicaces inscrites sur l'architrave, l'une datant du deuxième siècle après J.-C. et l'autre peut-être du troisième siècle.

Les visiteurs accédaient au portique par une porte (propylaia) qui faisait face à l'Agora. Le portique avait des porches doriques et des colonnes ioniques engagées entre les portes, semblables aux propylées de Mnesikles sur l'acropole d'Athènes et à l'entrée du sanctuaire d'Athéna Polias Nicéphore à Pergame.


L'odeon
L'ODEION ROMAIN
(TROIE IX)

Devant vous se trouve l'Odeion romain, un petit théâtre où avaient lieu des concerts, des conférences et d'autres événements; au-delà, vous voyez le mur de fortification de Troia VI et l'unique colonne qui subsiste, provenant de la grande Maison au Pilier de la même époque. Derrière vous se trouvent les vestiges partiellement excavés des thermes de l'époque impériale romaine. Les thermes, l'odéion et le bouleutérion voisin (salle du conseil) se trouvaient tous en marge de l'agora (place du marché), la scène centrale de la vie publique. L'orchestre semi-circulaire de l'Odéion était relié à une skene (bâtiment de scène) qui comprenait une représentation grandeur nature de l'empereur Hadrien (117-138 ap. J.-C.). Face à la scène s'élevaient des gradins de sièges façonnés à partir de blocs de calcaire et accessibles par des allées radiales. La capacité d'accueil se situait entre 1700 et 2100 spectateurs. L'odéion a peut-être été érigé en l'honneur de la visite d'Hadrien à Troie en 124 après J.-C., lorsque le tombeau d'Ajax, situé à proximité, a également été reconstruit. L'Odéion était probablement couvert d'un toit, même si aucun mur de soutien extérieur n'a été retrouvé.

TROIE VI / MAISON PALAIS VI M

Vous vous trouvez maintenant à la limite sud de la citadelle de Troie VI, directement sur le grand mur de fortification. Il faut s'imaginer que ce mur, dont seule la surface supérieure est ici exposée, s'élevait à l'origine à une hauteur d'environ douze mètres, comme le mur de l'Est. A votre gauche, c'est-à-dire au nord et à l'intérieur du circuit de la muraille, se trouve l'impressionnant mur de soutènement de la maison VIM, long de 27 m. Ce bâtiment se trouvait sur la terrasse la plus basse de la grande butte de la citadelle et faisait certainement partie du complexe palatial de Troie. Les céramiques trouvées à cette époque témoignent non seulement d'un style avancé et indépendant, mais aussi de l'influence des importations mycéniennes.

On remarque immédiatement quatre décalages verticaux dans le mur. Les pierres sont ici soigneusement taillées. Ce détail, qui n'est pas purement stylistique, se retrouve sur d'autres façades troyennes de la même époque. II indique, d'une part, le goût des occupants du palais et leur désir de prestige; d'autre part, il pourrait avoir une base fonctionnelle liée à la superstructure présumée en bois et en briques crues. Les pierres taillées avec précision s'emboîtent les unes à côté des autres sans espace et sans mortier, comme le montrent les pierres les moins usées de la partie inférieure du mur. Cette prouesse est d'autant plus impressionnante que les outils en fer n'existaient pas à cette époque. Homère mentionne à plusieurs reprises les "beaux" murs de Troie et d'llios.

Entre la maison VI M et le mur de la citadelle s'étendait une large allée. Elle se poursuit au-delà de la maison VI M, et ses vestiges ont été mis au jour par des fouilles récentes.

À l'intérieur du plan en deux parties de la maison VI M se trouvaient plusieurs pièces dont la fonction est mal connue. Des récipients de stockage (pithoi) ont été préservés, ce qui signifie qu'il y avait un entrepôt ici. Quelques marches indiquent qu'il y avait un deuxième étage, mais il n'en reste rien. Comme pour les autres bâtiments de la période de Troie VI, les murs extérieurs de la maison VI M sont orientés vers le point central de la citadelle. Il s'agit là de la preuve d'un plan architectural unifié, qui garantissait que des rues de largeur uniforme étaient situées entre les bâtiments et se poursuivaient jusqu'au centre de la citadelle.

La maison VI M a continué à être utilisée et a été agrandie au cours de la phase suivante de la Troie VIl A. Des maisons étroites ont été construites directement contre la face intérieure du mur de la citadelle. Leurs fondations sont encore visibles derrière vous, à l'ouest.




Mur de soutenement de la Maison-Palais
Mur de soutènement de la Maison-Palais



Troie-ville-La-rampe


LE MUR DE FORTIFICATION ET LA RAMPE

Troie II

D'ici, on a une vue sur le mur de fortification et la rampe partiellement restaurée de la citadelle de Troia II. Troia Il a été construite sur les vestiges de Troia 1a-1e (c'est-à-dire Troie ancienne et moyenne divisée en huit phases de construction, de 1a-1h).

Au cours de cette période, le mur d'enceinte a été construit à plusieurs reprises plus loin afin d'agrandir la citadelle. Les reconstructions sont reconnaissables aux vestiges des portes antérieures, partiellement murées. Le mur de la phase finale de Troie II, visible ici, était constitué d'une sous-structure en calcaire surmontée de couches de briques crues. Il mesurait environ 330 m de long, 4 m d'épaisseur et couvrait une surface de 8 800 m2. L'entrée visible d'ici, la porte FM, était accessible par une impressionnante rampe pavée de pierres plates et flanquée de murs en briques crues. Mais sa taille et sa position font probablement de la porte orientale, FO. un candidat plus plausible pour l'entrée principale de la citadelle (Information - Signe 6).

Là aussi, il y avait probablement une rampe en pierre (non fouillée) pour surmonter la différence d'altitude entre la route d'accès et l'établissement. La citadelle de Troia Il s'est terminée par un incendie catastrophique qui a laissé derrière lui une couche brûlée de plus de deux mètres d'épaisseur. A gauche de la porte FM, Schliemann a trouvé le légendaire «Trésor de Priam». Cette découverte, ainsi que la couche brûlée et le rampe en pierre (supposé être la porte de Scaean) ont d'abord fait croire à Schliemann que Troia Il était la Troie/llios homérique qu'il recherchait. Il s'est trompé de 1200 ans. Mais en 1890, la dernière année de sa vie, il a reconnu son erreur. Les plus de vingt éléments du trésor de Troie sont actuellement conservés dans huit lieux différents, dans sept villes du monde, dont, depuis la Seconde Guerre mondiale, Moscou et Saint-Petersbourg.


La tranchee-de-Schliemann-vers-le-sud.
La tranchée de Schliemann vers le nord

LA TRANCHÉE DE SCHLIEMANN

Au cours des trois premières années de fouilles (1871-73), Schliemann fit creuser une profonde tranchée nord-sud, large de quarante mètres et profonde de dix-sept mètres, au centre du tumulus. Il s'agissait d'une tranchée d'essai, allant jusqu'au socle rocheux, grâce à laquelle Schliemann voulait découvrir à quelle profondeur se trouvait la "citadelle de Priam". Au cours de cette opération, d'importants vestiges de bâtiments des couches supérieures ont été partiellement ou totalement détruits. Au fond de la tranchée. Schliemann a trouvé des vestiges de murs datant de la période Troie I (vers 2 920 av. J.-C.) que vous pouvez voir devant vous. Ce n'est que lors des fouilles américaines (Carl Blegen) des années 1930 et des travaux de carrelage effectués depuis 1988 que la période Troie I a été étudiée de plus près.

Juste en dessous de l'endroit où vous vous trouvez se trouvent les vestiges d'un mur de pierre incliné, soutenu par un remblai de moellons. On pense qu'il s'agit d'une fortification du début de la période de Troie I, semblable à un rempart. Les rangées de murs parallèles en pierre brute que vous pouvez voir plus au nord sont les fondations de maisons relativement grandes et rapprochées de l'Âge du Bronze ancien (vers 2 920 av. J.-C.). Certaines de ces maisons allongées avaient des porches. La technique de maçonnerie dite "à chevrons" qui consiste à poser les pierres en diagonale, est particulièrement intéressante Cette technique est visible sur le mur g. La maison 102 de la phase de construction de Troie I b est particulièrement remarquable par sa taille et sa forme.
Les structures supérieures des maisons étaient vraisemblablement constituées de briques crues séchées au soleil ou de bois avec des brindilles ou des branches d'arbre enduites de boue. Les toits, dont il ne reste rien, étaient plats et recouverts de boue.

Le long mur à votre droite, entièrement construit en briques crues séchées au soleil, a été érigé en 1988 comme mur de soutènement pour protéger la surface de la tranchée. Il se trouve à peu près à l'endroit où se trouvait le mur d'extrémité des longues maisons.

Plusieurs sépultures d'enfants ont été découvertes dans la partie nord de la tranchée, toutes en position accroupie. A cette époque, il n'est pas rare que des enfants soient enterrés dans les zones de peuplement.


La tranchée de Schliemann vers- le nord
La tranchée de Schliemann vers le sud et ses étiquettes indiquant les strates

mur-de-fortification-de-Troie-I.
Mur de fortification de Troie I
TROIE 1 / MUR DE FORTIFICATION

On voit ici une partie des fortifications de la Troie I ancienne et moyenne, ainsi qu'une saillie en forme de tour derrière laquelle se trouvait la porte sud de cette période. La porte n'avait que deux mètres de large. Troie a été construite vers 2 920 av. J.-C. directement sur le socle rocheux. Des dépôts archéologiques d'une profondeur de quatre mètres suggèrent une longue période d'occupation. Le mur de fortification, légèrement incliné vers l'intérieur, entoure une agglomération d'un diamètre d'environ 90 mètres.

Devant la tour se trouvait au moins une stèle en pierre avec un décor en relief représentant la moitié supérieure d'une figure humaine tenant peut-être une arme. La tradition de ces stèles semble s'être perpétuée à Troie pendant des siècles : plus de 1 000 ans plus tard, de telles stèles en pierre réapparaissent devant la porte sud de Troia VI. D'autres vestiges de Troie 1 sont visibles à partir du point d'information 12.


CITADELLE DE TROIE II ET MÉGARONS

Heinrich Schliemann (1871-1890) a enlevé une grande partie du centre de la citadelle de l'Âge du Bronze ancien, mais a laissé plusieurs "pinacles" de terre pour des fouilles ultérieures. Deux d'entre eux ont été fouillés par Carl Blegen (1932-1938). Vous vous trouvez actuellement sur un autre pinacle qui a été fouillé par Manfred Korfmann (1988-2005). Si vous regardez vers le nord, vous pouvez voir différentes couches appartenant aux fondations d'un Mégaron de Troie Il, un grand bâtiment avec un vestibule menant à la pièce principale. Bien que Troie I (vers 2920-2500 av. J.-C. ou un peu plus tard) ait été détruite de manière catastrophique, il n'y a pas eu d'interruption dans l'occupation ou de changement de culture entre les deux colonies.

Au contraire. la culture de Troie I a continué à se développer à Troie Il (vers 2500-2250 av. J.-C.). La citadelle était entourée d'un mur de fortification d'environ 300 mètres de long, avec des fondations en pierre et une superstructure en brique crue. Il existait également une ville basse fortifiée, dont l'existence a été démontrée lors des fouilles de Korfmann (1988-2005). La plupart des vestiges architecturaux visibles aujourd'hui proviennent de Troie II. Ils comprennent une rangée de trois maisons longues parallèles avec des porches, les mégarons.

Megarons-de-Troie-II
Mégarons de Troie II

Vestiges du temple d'Athena
Vestiges du temple d'Athéna
LE TEMPLE D'ATHÉNA
TROIE VIII-IX

L'endroit où vous vous trouvez était autrefois le parvis du temple d'Athéna appartenant à la cité grecque et romaine d'llion. En regardant vers le bas, vous pouvez voir au centre du monticule une large zone à un niveau inférieur. Celle-ci a été fouillée par Schliemann et Döriall. Les fragments architecturaux en marbre qui y reposent appartenaient à l'origine au temple d'Athéna

Le temple, dont la base mesurait 36 m x 16 m, était entouré d'une colonnade dorique supportant un plafond à caissons. À l'extérieur, sur l'entablement, se trouvaient des métopes (reliefs), dont la plus célèbre représente Apollon/Hélios. Il est aujourd'hui exposé à Berlin. Le temple a probablement été en construction pendant près d'un siècle, entre 240 et 150 av. J.-C. Il a été restauré à l'époque romaine, probablement sur ordre de l'empereur Auguste (31 av. J.-C. - 14 ap. J.-C.).

Aux époques grecque et romaine, le temple était le point central d'une grande fête annuelle en l'honneur de la déesse Athéna. Cette fête était marquée par des sacrifices et des compétitions athlétiques.


TROIE VI - LE MUR EST

Vous vous trouvez sur les vestiges du mur extérieur de l'enceinte des temples grecs et romains, construit aux Ille et lle siècles avant J.-C. (Troie VIII).
Devant vous se trouvent les fortifications de Troie/llios. Vous reconnaîtrez la tour de l'Est, le mur de l'Est (avec sa porte) et, derrière eux, les palais, tous de la période Troie VI (vers 1700-1250 av. J.-C.). Sur le mur de fortification, on peut voir des vestiges des maisons de Troie VII. Troie VI a probablement été détruite vers 1250 av. J.-C. par un tremblement de terre, Troie Vll a (vers 1180 av. J.-C.) et VIl b par un incendie. Derrière vous se trouve la ville basse du lion grec et romain. Au nord se trouvent les Dardanelles, et la plaine du Kara Menderes (l'ancienne Scamandre) s'étend à l'ouest. Au sud-est, par temps clair, on peut apercevoir les sommets du Kaz Daglan (les monts Ida) au sud-ouest, l'un des tumulus (Üvecik Tepe) et la baie du port sur la côte égéenne, visible sous forme de dépression, avec l'ile de Bozcaada (Ténédos) au loin.

Le mur et la porte de l'est
La circonférence totale du mur de fortification de la fin de l'Âge du Bronze autour de la citadelle s'élève à 550 mètres, dont environ 330 sont encore conservés. La section qui se trouve devant vous témoigne d'une technique de construction très raffinée, avec un travail minutieux des blocs de calcaire rectangulaires. Ce mur est subdivisé par des décrochements verticaux placés à intervalles réguliers. Ceux-ci reprennent les lignes des angles de la superstructure à colombages qui s'appuyait probablement autrefois sur le mur, constituant ainsi une sorte de fondation visuelle.

La sous-structure du mur, légèrement inclinée vers l'intérieur, mesure 6 m de haut et 4,5 à 5 m d'épaisseur. La superstructure, aujourd'hui disparue, s'élevait à 3-4 m. Outre les poutres en bois, elle était initialement construite en briques crues séchées au soleil, mais avec le temps, l'ensemble de la superstructure a été remplacé par un étroit mur de pierre. L'entrée de la citadelle est constituée de deux sections de mur qui se chevauchent. Dès l'époque hellénistique, le mur oriental de cette porte a été profondément entaillé par le mur de fondation de l'enceinte du temple.


La Tour Est
Cette tour massive, construite à l'extérieur du mur seulement dans une phase tardive de Troie VI, est très soigneusement travaillée. Elle mesure onze mètres de large et dépasse de huit mètres la face du mur. Le mur oriental a une épaisseur de trois mètres. La tour se compose de deux étages avec un plancher en bois entre les deux. L'accès à la tour n'était possible qu'au niveau du deuxième étage.


Tour-et-mur-Est.

Les palais
Les palais VIE et VIF ne comportent chacun qu'une seule pièce intérieure de respectivement 64 et 98 m2. Leurs murs extérieurs ont une épaisseur d'un metre et sont orientés radialement vers un point situé au centre de la citadelle, ce qui donne des bâtiments de plan trapézoïdal. Dans le mur ouest du palais VIF, on trouve des niches qui contenaient autrefois des poutres en bois. Au sol, on trouve des bases de piliers en pierre. La pièce avait deux entrées. Le mur de soutènement du VIF présente une technique de construction avancée qui permet de le dater de la fin de la période de Troie VI (vers 1400-1250 av. J.-C.). Ce mur présente lui aussi la technique du "décalage". Les bâtiments VIE et VIF étaient séparés par un passage d'environ un mètre de large.

Sous la bruine je fais vaillamment le tour du site sur la passerelle de bois, croisant au moins deux bus d’asiatiques qui mitraillent avec leurs téléphones et suivent - parfois attentivement - les explications et anecdotes du guide qui les précède avec son fanion... Je finis le parcours seul, tandis que la pluie s’intensifie sous un ciel de plus en plus sombre…

Troie-panoramique panoramique sur la ville depuis
            l'est
En fin de parcours, panoramique sur la ville de Troie depuis l'est

Après un dernier panoramique sur les restes de la ville, et content d’être passé à travers ce parcours incontournable, je regagne l’Exsis laissé à l’entrée au centre du hameau.

Première tâche : me sécher, me changer et étendre mon linge tout imprégné d’eau froide. Puis me réchauffer et manger un morceau, puisque je n’ai pris qu’un café et une banane avant de me lancer. Enfin démarrer le moteur pour faire un peu d'électricité et de chaleur, et consulter mon guide pour déterminer ma prochaine étape.

Agamemnon-et-Homere
Agamemnon et Homère, fresque moderne près de l'entrée du site

Ce sera Assos dont j’ai vu de très belles photos du grand temple d’Athéna (sous le soleil…) dans le musée. La route (toujours la 4 voies rapide et facile) file dans de grands paysages ruraux assez déserts et montagneux,. Après une cinquantaine de km (qui remontent la batterie bien entamée par mes travaux de ce matin), je grimpe sur le piton où se trouve le vieux village et, juste en dessous, le site antique. Sans aller très loin dans les ruelles enchevêtrées, je réussis à trouver une place à peu près plane et m’y installe. La vue est superbe sur la côte à distance et sur les montagnes, mais j’y suis exposé aussi en plein nord au vent qui souffle en rugissant et secoue ma maisonnette… Faute de mieux et vu l’heure déjà avancée (18:30) je coupe le contact, prépare mon souper, transfère et traite quelques unes des photos de la journée avant de rédiger le carnet de bord et me coucher à 23:30. Espérons que mon sommeil ne sera pas perturbé par les bruits et les secousses!


75 709 Mercredi 31 janvier 2024 : d’ASSOS à AYVALIK (105 km) (7 700 m, 70 ét.)

-d'Assosa-Ayvalik
D'Assos à Ayvalik

Levé un peu tard sous un ciel clair, je vois enfin venir une journée de soleil, mais le vent est toujours fort. Malgré les courbatures je descends du lit et attaque la préparation du petit déjeuner avant de prendre ma douche, préparatifs qui me remettent à peu près d’aplomb. Bivouac à
                  Assos sur une rue du village perché
Bivouac à Assos sur une rue du village perché

La
            côte et Lesbos depuis l'acropole d'Assos
La côte turque et Lesbos (Grèce) depuis l'acropole d'Assos vers l'ouest

Assos-la-breche-dma-la-cloture
L'invitation à se faufiler...
Je suis bientôt prêt à me lancer dans la visite de l’Antique Assos, au-delà des ruelles pentues du village perché. Je n’aurai pas bien loin à aller car, suivant les indications de Google sur mon téléphone pointé vers le temple d’Athéna, je me retrouve au bout de la dernière ruelle devant la clôture qui entoure le site.

Par le plus grand des hasards, le grillage décroché permet le passage ! Je m'y glisse et me retrouve tout en haut de la butte, sur la base de la terrasse où l’on a bâti le temple d'Athéna.

Plusieurs de ses colonnes ont été remontées, et on doit le voir de très loin depuis la mer qui borne le site au sud. Paysage grandiose, avec l’île de Lesbos au large, la suite de caps sur la côte de chaque côté, les couleurs avivées par le grand soleil. Assos-temple-d'Athena
Assos : le temple d'Athéna

maquette-en-terrra-cotta-du-temple-d'Athena-facade
Maquette en terrra-cotta du-temple d'Athéna à Assos : façade

Assos-maquette-du-temple-d'Athena-facade
Maquette du temple d'Athéna à Assos
TEMPLE D'ATHÉNA À ASSOS


Comme les Troyens à Ilion, les habitants d'Assos ont choisi Athéna comme protectrice de leur ville. Selon la mythologie, Athéna, déesse de la sagesse, est née de la tête de son père Zeus. La déesse Athéna représente également l'éducation et protège les femmes célibataires, les villes et les artisans. L'animal sacré associé à Athéna est la chouette, qui symbolise également la sagesse.

Le temple d'Athéna à Assos (540-530 av. J.-C.) est le seul temple de style dorique construit pendant la période archaïque en Anatolie. Les habitants d'Assos ont construit le temple d'Athéna près du bord oriental de l'acropole, de manière à ce qu'il soit bien visible pour ceux qui voyagent par mer. Le temple a été construit sur un terrain plat qui avait été partiellement creusé dans la roche, et une fondation stylobate a été établie qui mesurait 14,30 x 30,31 mètres. Les pierres de fondation du stylobate ouest et sud présentent des techniques de gravure et de relief pour présenter des murs polygonaux.

L'entrée du temple est orientée vers l'est et les colonnes sont disposées en rangées de six par treize. Le plan de ce temple prostyle présente une cella, ou salle principale, entourée d'une seule rangée de colonnes. L'ensemble du temple est construit en andésite, une pierre d'origine locale. Les frises du temple représentent un combat entre Hérakles et un centaure, des paires de sphinges, des taureaux et des scènes de festin. Les images des métopes présentent également des dizaines de sujets différents, dont l'enlèvement d'Europe par Zeus, des hommes à cheval et la demande par Priam de lui restituer le corps d'Hector. À l'époque hellénistique (seconde moitié du Ille siècle av. J.-C.), le sol de la sala sacra était recouvert de mosaïque. Il n'y a aucune preuve que le temple ait été utilisé à l'époque romaine.

Avec l'autorisation du sultan Mahmud II, l'archéologue français Désiré Raoul-Rochette a transporté des morceaux du temple en France (Musée du Louvre) sur un navire de guerre en 1838. Un tiers des objets trouvés lors des fouilles entre 1881 et 1883 a été remis au comité de fouilles américain. Ainsi, certaines pièces architecturales du temple ont été transportées aux États-Unis (Museum or Fine Arts, Boston) tandis que d'autres sont allées au Musée archéologique d'Istanbul. En 2010, le temple a été restauré à partir de son matériau de construction d'origine, l'andésite.

Assos-temple-d'Athena.
Temple d'Athenéna sur son stylobate en regardant vers le sud-est
Assos-temple-d'Athena
Assos : colonnes doriques du temple d'Athéna
Assos : tours d'entrée de l'acropole et vieille
                  mosquée
Assos : les tours d'entrée de l'acropole et  la vieille mosquée
Après un tour attentif du monument bien commenté sur plusieurs panneaux et assorti d'une belle maquette en terre-cuite, je me rapproche de la grande porte entre deux tours qui marquaient l’entrée de l’acropole côté ville...
...pour suivre le sentier dallé qui descend à travers bosquets et pierres éparses non identifiées vers les agoras et le bouleuterion. Assos-la-cote-vers-l'est
Le sentier descendant vers la ville basse d'Assos

Deux longues stoas presque parallèles barrent le flanc de la colline, fort bien lisibles et partiellement remontées elles aussi, desservies par des voies pavées où l’on distingue bien les ornières creusées par le passage des roues des chars.

Assos : le
          bouleuterion à l'orée de l'agora
Assos : le bouleuterion à l'orée de l'agora et au pied de l'acropole

Assos-l'Agora.
Assos : l'esplanade de l'Agora

Assos : vue
            vers le sud-est depuis le bouleuterion
Assos : vue vers le sud-est depuis le bouleuterion

Notice
            sur l'agora d'Assos

Assos : restes de
          la stoa nord sur l'agora
Assos : restes de la stoa nord sur l'agora

Assos-l'agora-et-ses-stoas
Assos: l'agora et ses deux  stoas depuis son extrémité ouest

En dessous, en descendant vers le rivage où se trouvait le port (complètement disparu), le théâtre grec puis romain de 6 000 places a été partiellement restauré, i.e. au moins consolidé sans que tous les rangs de gradins aient été préservés, il y encore là du pain sur la planche !

Le théâtre d'Assos
Le théâtre d'Assos

Le théâtre et la
                  mer à Assos
Le théâtre et la mer à Assos
LE THEATRE D'ASSOS

Le théâtre en fer à cheval, typique des villes grecques, est adossé à la colline rocheuse naturelle au sud de l'agora et peut accueillir environ 5 000 personnes. Le théâtre, construit à la fin du IVe siècle avant J.-C., a continué à être utilisé jusqu'à l'époque romaine. Les allées du bâtiment étaient accessibles par des entrées voûtées à l'est et à l'ouest.
Pendant la période romaine, la première rangée de sièges était protégée par des murs de pierre et de bois afin de protéger le public de la frénésie des gladiateurs et des animaux sauvages. La balustrade en bois était probablement placée autour de l'orchestre pendant les combats d'animaux.
Les inscriptions trouvées sur les sièges en pierre indiquent que le théâtre était divisé en sections distinctes pour chacun des trois groupes professionnels : les travailleurs de la pierre, les forgerons et les maroquiniers.
Pour éviter les inondations, le théâtre était équipé de canaux en pierre qui entouraient l'orchestre et permettaient à l'eau de pluie de s'écouler.
Au sud de l'orchestre se trouve un bâtiment de scène de deux étages comprenant trois salles et une proscène, c'est-à-dire l'avant-scène du théâtre. Dans le théâtre, la moitié des colonnes devant la proscène étaient en marbre et l'autre moitié était sculptée dans de l'andésite. Des travaux de restauration ont été entrepris dans les années 1990 pour remplacer les éléments manquants du théâtre (arcs et plusieurs sièges) par du béton.


Puis en tournant vers l’ouest ce sont les restes de basiliques et d’un palais épiscopal qui s’annoncent, au moins par leurs soubassements. Assos : église et la salle absidale
Assos : église et salle absidale

Assos :
                  voie dallée vers la porte ouest
Assos : voie dallée vers la porte ouest avec ornières creusées par les roues des chars
Encore une petite marche confortable (mais qui commence à être longue) sur la grande voie dallée pour passer devant le gymnase (pas encore fouillé)

LE GYMNASE

Le gymnase, espace destiné aux activités athlétiques, est situé juste derrière la porte ouest. La cour carrée (52 x 52 m) est entourée d'une galerie à colonnades avec un toit et comporte une citerne à l'ouest. Après avoir terminé leurs exercices, les participants se lavaient dans le coin est du complexe. Cinq grandes portes se trouvent sur la façade est du gymnase. L'entrée au sud du gymnase se compose d'un escalier en demi-cercle et d'un long couloir. Un portique a été ajouté plus tard à l'est du long couloir. Une inscription sur l'architrave de la cour indique que Quintus Lollius Philetaerus, un notable local du Haut-Empire, a financé la rénovation du gymnase. Comme beaucoup d'autres bâtiments publics, la partie orientale du gymnase a subi des modifications à l'époque byzantine.

Une abside polygonale et des rangées de colonnes ont été ajoutées dans la cour pour créer l'église. Comme beaucoup d'autres églises de la région, les sols ont été recouverts de mosaïques. Les fouilles archéologiques n'ont pas encore été menées à grande échelle dans ce bâtiment
.

Assos-acces-au-gymnase.
Assos : accès au gymnase par un escalier et un long couloir
Assos : le couloir d'acès au gymnase
Assos : le couloir d'accès au gymnase
Assos : plan du Gymnasion

Enfin la voie traverse les remparts superbement préservés par une large porte où l’on voit encore la guérite du corps de garde.

Assos :
                  la porte ouest
Assos : la porte ouest
Assos : salle du corps de garde de la porte
                  ouest
Assos : salle du corps de garde dans la porte ouest

Au delà, la voie pavée traverse la nécropole pour rattrape la route par laquelle j’espère bien rejoindre le centre du village où j’ai laissé l’Exsis.

La
                  nécropole d'Assos
La nécropole d'Assos
Assos :
                  tombeaux

Assos-voie-d'acces-pavee-et-la-porte-ouest
Assos : la voie d'accès pavée et la porte ouest vues de l'extérieur

Mais non, la barrière indiquée sur le plan est cadenassée, le musée contigu est fermé, et je ne pourrai passer par là (barrière trop haute, caméras de surveillance peut-être en activité ?). Il me faudra donc remonter sur l’acropole en suivant la clôture tout du long jusqu’à retrouver la brèche par laquelle je suis entré.

Assos-la-porte-ouest-depuis-l'acropole
Assos : la porte ouest et la nécropole depuis l'acropole

Je termine mon exploration très complète d’Assos par la petite mosquée posée tout en haut du mont, fort simple mais bâtie avec toutes sortes de morceaux de réemploi (dont un linteau de marbre gravé d’une croix byzantine?!).

Portique de la mosquée d'Assos
Portique de la mosquée d'Assos
Mosquée du début de l'époque ottomane

La mosquée est située sur un rocher à l'extrémité nord de l'acropole. Elle n'a pas de minaret, ses murs mesurent 17.50 x 15.60 mètres et ils ont une hauteur moyenne de 16,0 mètres. Les pierres des bâtiments antiques ont été réutilisées pour la construction de la mosquée. Le couronnement et les colonnes en marbre des deux arcs de la dernière section du portique appartenaient à l'origine à des structures de l'agora. Le cadre de la porte en marbre avec des inscriptions grecques et une croix gravée provient d'une église byzantine de Skamandros (près d'Ezine). On pense que la niche rectangulaire à l'intérieur de l'arc au-dessus de la porte était destinée à l'inscription de l'édifice. La partie carrée de la mosquée est couverte d'une coupole reposant sur une structure octogonale en briques. Dans la pièce principale (harim), à l'exception du mur sud (kibla), il y a des fenêtres de 0,95 x 1,49 mètre et trois niches construites en briques. Au XIXe siècle, des graffitis peints de bateaux, de motifs géométriques et floraux décoraient les murs du harim en mortier de chaux et en plâtre.
On estime que la mosquée a été construite dans la seconde moitié du XIVe siècle, immédiatement après que la région ait été ajoutée aux terres ottomanes par Murad Hüdavendigar I en 1362. Il existe des mosquées similaires à Ezine, dans le village de Kemalli et à Tuzla, en plus du village de Behram. La mosquée, endommagée à plusieurs reprises par des tremblements de terre et d'autres causes naturelles, a été réparée par la Direction générale des fondations à plusieurs reprises, la dernière fois en 2007.

Assos-ancienne-mosquee-ottomane-toute-simple
Assos : intérieur tout simple de l'ancienne mosquée ottomane
Assos-linteau-de-la-vieille-mosquee-avec-croix-byzantine
Linteau de la porte de la mosquée portant la croix byzantine

Puis au bas des ruelles au pavé inégal je retrouve l’Exsis qui, bien orienté face au soleil, s’est réchauffé et a gorgé la batterie d’électricité. Aussitôt je déjeune, puis remplis mes bouteilles d’eau potable à la jolie fontaine ottomane avant de reprendre la route.

Le G.V. suggère de faire le tour du beau golfe d’Assos pour gagner de l’autre côté la petite ville d’Ayvalik qui aurait conservé un joli centre ancien sur son promontoire. La petite route suit le rivage de près, souvent étroite et irrégulière, dans un environnement très ordinaires de plages aménagées, avec restaurants et buvettes, campings et pensions de deuxième ordre.

Atinoluk-place-Cumhuriyet-Meydani
Atinoluk : place Cumhuriyet Meydani
Je fais un longue pause à Altinoluk où je passe un moment sur la Place Cumhuriyet Meydani, agréablement ombragée de palmiers et décorée d'un monument à Ataturk qui me semble tout doit inspiré du réalisme socialiste soviétique... Un rond point à deux pas exhibe un groupe  de 4 statues plus classique qui me fait d'abord penser au Jugement de Pâris  : les déesses Héra, Athéna et Aphrodite compétitionnant pour la pomme remise par le beau Troyen, mais plusieurs détails ne coïncident pas...

Atinoluk-place-Cumhuriyet-Meydani-monument-a-Ataturk.
Atinoluk, place Cumhuriyet Meydani : monument à Ataturk

À côté sur le petit port vivant et coloré, encore très fréquenté par des pêcheurs, l'animation et la vivacité des couleurs me retiennent un moment, avant de rejoindre la nationale à Edremit. Port
                  d'Atinoluk
Port d'Atinoluk

Sur le
            port de pêche d'Atinoluk
Sur le port de pêche d'Atinoluk

J'y refais le plein de gasoil (63 l à 1,26 € le litre) et cherche une autre fois – et toujours en vain – une libraire offrant une carte routière sur papier. J’ai d’ailleurs la surprise d'y rencontrer un libraire qui ne parle pas un mot d’anglais… En sortant, apercevant une épicerie MiGros (marque suisse) je me hasarde à faire un petit marché. Déception, je n’y trouve pas grand-chose que je désire, même le choix d’un pain est difficile (et malgré le traducteur sur mon téléphone !), les étiquettes unilingues turques rendent le choix impossible… Au moins la note est-elle raisonnable.

Ma route se poursuit autour du golfe, coupée de travaux qui me détournent et m’envoient sur des chemins défoncés à travers un marais… La population est toujours très nombreuse et les urbanisations denses jusqu’à arriver à Ayvalik. La petite ville assez bien bâtie semble effectivement jouir d’un environnement privilégié, mais il est déjà tard, et impossible de trouver un stationnement à proximité du centre. Je suis donc la route qui fait le tour du cap vers le sud-est, et protège progressivement du vent du nord qui souffle encore avec force. Trouvant de plus en plus d’espaces libres et favorables au bivouac, je finis par m’installer sur le stationnement à l’entrée d’une club social avec restaurant, piscine, quai de plaisance, etc. Un membre m’aborde en me souhaitant cordialement la bienvenue et m’invite à profiter du restaurant. Je décline avec un sourire, et me retire dans ma cabane à roulette pour les routines du soir. Coucher à 23:45… après un long téléphone WhatsApp avec Gilles qui a entrepris de numériser les documents et souvenirs laissés par Maman.

Ayvalik-crepuscule-devant-mon-bivouac
Ayvalik : crépuscule sur la baie devant mon bivouac


75 814 Jeudi 1er février 2024 : de AYVALIK à BERGAMA (95 km) (90 m, 0 ét.)

d'Ayvalik-a-Bergama
D'Ayvalik à Bergama

Aube devant mon bivouac à Ayvalik
Aube devant mon bivouac à Ayvalik
Journée «off » puisque je renoncerai à retourner au centre d’Ayvalik, beaucoup trop étroit pour y trouver un stationnement et faire le petit tour dans les vieilles rues suggéré par le GV.

Je profiterai plutôt du grand soleil pour trouver un espace dégagé en plein sud devant une plage un peu à l’écart de la route où je pourrai travailler sur quelques unes des photos d'Arthur Mourez laissées en plan depuis plusieurs jours. Le soleil frappant les panneaux solaires sous le meilleur angle (pour la saison...), ceux-ci garderont ma batterie chargée sans avoir besoin de faire tourner le moteur.

Travaillant ainsi sans m’arrêter de 9:30 à 15:30, sauf pause brunch, je réussis à compléter la restauration de deux douzaines de clichés (le tiroir No.5) qui viennent s’ajouter aux 6 autres déjà terminés. Ça avance, lentement mais ça avance!

Je dois m’interrompre lors de l’irruption d’une voiture de «jandarma» qui vienne installer sur mon terre-plein en bord de route un contrôle routier. Comme d’habitude aucun des 5 ne parle l’anglais pour m’expliquer la situation. Devant mon 
ignorance symétrique du turc, l’un d’eux sort son smartphone, pitonne quelques instants dessus et dicte en turc son message. Puis il me tend le téléphone et j’entends alors une voix féminine (un peu inattendue !) m’expliquer la situation, puis me proposer d’aller m’installer devant une autre plage un peu plus loin où il y a de la place, et enfin me remercier de ma coopération. Donc plus besoin d’enseigner l’anglais à l’école, votre Smartphone parlera toutes les langues du monde pour vous ! Une App bonne à connaître et à installer sur mon IPhone… J’avais utilisé hier avec succès la traduction écrite pour demander les produits que je cherchais dans le MiGros d’Edremit, mais là, en vocal, c’est champion !

Je déménage donc et passerai encore une petite heure à parachever mon travail, puis décide de passer à l’étape suivante en prenant la route vers Izmir (l’ancienne Smyrne). Pour cela je suivrai au maximum le rivage pour profiter de la vue fort belle sur la mer bleue, la côte découpée et les hauteurs de l’île de Lesbos qui ferment l’horizon maritime. Petite route assez défoncée qui me fait traverser les modestes «stations balnéaires» qui jalonnent la côte (plages avec restaurants et bar, voire parfois mini-parc d’attraction, rooms to let et autres hébergements plus ou moins bienvenus…).

Mais en passant à Dikili, je me rends compte que le prochain site signalé*** est celui de Bergama, l’ancienne Pergame. Je bifurque donc vers l’intérieur pour retrouver la nationale beaucoup plus filante, fait en cours de route un détour rural pour vider la cassette dans un fossé en bordure de champ, et finis par arriver en ville à la nuit tombante.
L'acropole de Bergame au crépuscule
L'acropole de Bergama au crépuscule

Google Maps, qui n’a pas encore intégré le nouveau périphérique évitant la vieille ville, me dirige vers un champ aboutissant au torrent franchi par l’autoroute… Je finis par me déprendre et trouver la petite route sinueuse et très raide qui s’insinue dans un faubourg ancien et grimpe à l’acropole. En arrivant presque en haut, j’ai la surprise de voir une barrière close, je ne pourrai donc dormir sur le parking du site qui se trouve encore – selon Google Maps – à 1,2 km. Je m’installe donc comme je peux sur un espace disponible à peu près plat, avec vue sur la ville éclairée à mes pieds. Au moins le coin est-il totalement silencieux et sans passage, et je suis assez haut pour percevoir à peine les muezzins appelant à la prière du soir…

Au menu ce soir, une soupe Knorr turque (contenu et étiquette) si bien que je ne sais pas trop ce qu’est une Ezogelin Çorbasi, mais c’est fort bon ! en fait un bouillon de légume délicatement épicé… et je poursuis avec un sauté de fruits de mer épicé italien (portion congelée vendue par Lidl) dans lequel je fait revenir une tasse de riz. Pareillement délicieux. Et je conclus avec une petite portion de ma boite de tiramisu qui arrive à sa fin, sans guère espoir d’en trouver ici, semble-t-il. Coucher tôt après cette première belle journée, lumineuse à défaut d’être chaude. Ce sera pour la semaine prochaine avec des maxi à 19°.


Suite : 2024-03 Turquie-3 : de Bergama à

Accueil de Mon-Aigle