Dans la montagne enneigée près Senaiye sur la route de Golçuk à Iznik |
Hélas, petit à petit la pluie fine s’est muée en grêle, puis en fine neige qui n’a pas tardé à m’inquiéter, surtout lorsque j’ai croisé quelques voitures en portant encore une dizaine de centimètres sur leur toit. Échaudé par ma mésaventure récente en gagnant les Météores, je préfère renoncer après une trentaine de kilomètres et fais demi-tour à Senaiye pour redescendre à Izmit où j’emprunterai la D200, une quatre voies très achalandée qui suit la côte. Du coup je renonce à la visite d’Iznik, surtout connue pour ses fours à faïence dont les architectes ne se passaient pas pour garnir mosquées et palais, mais dont il ne reste paraît-il à peu près rien sur place. |
À Bursa, une autre très grosse ville de près de 2 millions d’habitants environnée de montagnes, je pointe le GPS sur la vieille ville à flanc de colline pour visiter d’abord la Mosquée Verte (Yesil Camii). Circuit un peu acrobatique dans les rues étroites aux pavés glissants pour dégoter une - très rare – place. | Bursa : panorama sur les toits rouges de la ville dans la grisaille |
Bursa : Yesil Camii |
Bursa : shardivan et façade de Yesil-Cami |
Vasque dans le shardivan de Yesil Cami |
Bursa : porte de Yesil Cami |
Yesil Cami : la qibla et son mihrab |
Yesil Cami : mur garni de céramiques vertes |
Yesil Cami : coupole de la salle de prières |
Yesil Cami : détail des appuis de la coupole |
Yesil Cami : en contournant la façade vers l'ouest |
Yesil Cami : linteau et tympan des fenêtres latérales |
Montée au Yesil Türbe au dessus de la mosquée |
Entrée du Yesil Türbe de Bursa |
Yesil Türbe : tombe du sultan ottoman Mehmed Padisha (1386-1421) |
Bursa : porte d'entrée de Yesil Türbe |
En ce dimanche après-midi il y a foule dans les rues commerçantes et les allées couvertes fort semblables aux souks des grandes villes du Maroc (Fès, Marrakech, etc.). Les vitrines étincellent, les hommes marchandent, les femmes se montrent l’or des bijoux amoncelés, les enfants chignent pour se faire offrir un ballon, une friandise ou un jouet… Et tout ce beau monde déambule et se presse sans se bousculer, prenant manifestement plaisir à cette promiscuité de bon aloi. |
Bursa : livraison de bois pour le four de la boulangerie |
Bursa : devanture de vêtements festifs pour garçons |
Bursa : robes de fêtes pour filles |
Bursa : marchand d'épices |
Bursa : marchand de barbe à papa |
Ambiance du même ordre dans le parc avec fontaine précédant la Grande Mosquée (Ulu Camii) bâtie début XVe par un sultan victorieux pour répondre à un vœux (les 20 mosquées promises étant devenues 20 coupoles...) | Bursa : place Orhan Gazi, devant Ulu Camii |
Ulu Cami : la grande coupole vitrée sous laquelle... |
... le shadirvan a été installé au XIXe |
Ulu Cami : piliers de la mosquée aux 20 coupoles |
Ulu Cami : le minbar à droite du mihrab |
Ma visite se poursuit
par une incursion dans le plus beau han de la
ville (classé UNESCO) parfaitement restauré et très
animés. Ses 4 galeries de boutiques en carré et sur deux
étages encadrent une cour centrée sur une petite mosquée
et servant de terrasses à quelques cafés installés
autour. |
Sur la place, entrée au deuxième niveau de Koza Han |
Bursa : galerie commerciale du Koza Han |
Bursa : étalage de soieries dans le Koza Han |
Cour et petite mosquée (masgid) centrale du Koza Han |
Bursa : porte du Koza Han donnant sur Uzun Çarşi Cd |
Dans le bedesten (marché couvert) d'Uzun Çarşi Cd à Bursa |
Fascination des bijoux en or... |
« Le döner kebab est un type de kebab né au XIXᵉ siècle à Bursa dans l'Empire ottoman, fabriqué à partir de viande cuite verticalement. La viande est assaisonnée et mise sur une broche en forme de cône inversé, cuite lentement sur la rôtissoire pendant que la broche tourne sur elle-même.» (Wikipédia) | Cuisinier devant son döner kebab |
Bursa : dans le vieux quartier de Boyacikullugu Sk. |
Puis c’est un petit
secteurs plus calme où je suis plus attentif aux restes
d’architecture domestique encore debout, en plus ou
moins bon état ou heureusement restaurés, et je retrouve
l’Exsis repéré par une marque laissée sur le plan de mon
téléphone. |
Le long du détroit des Dardanelles, en route vers Çanakalle |
Je roule donc un bon
moment sur la 4 voies facile et maintenant peu
fréquentée, en guettant l’aube qui n’apparaitra qu’après
8:30 (caprice du système de fuseaux horaires, puisque je
suis complètement à l’ouest du fuseau où se trouve la
Turquie). Bien peu spectaculaire, cette aube qui se
manifeste seulement par une vague lueur plus pâle dans
le manteau nuageux opaque. J’arrête peu après 9:00 près
d’une station-service pour prendre ma douche et
déjeuner, sans mettre ensuite le nez dehors tant il y
fait frais. Je poursuivrai ainsi ma route ininterrompue jusqu’à Çanakkale au niveau du détroit des Dardanelles, théâtre des affrontements furieux de la Première guerre mondiale qui vit monter l’étoile de celui qui deviendrait Kemal Ataturk, et fit autour de 100 000 morts du côté des forces alliées (Anglais et leur Commonwealth, Français, Russes etc.). |
Un peu avant d'arriver
en ville, j’aperçois le grand pont suspendu 1915
Çanakkale (l’un des plus longs du monde) qui
enjambe le détroit et permet de rallier beaucoup plus
rapidement l’Europe (la Grèce en particulier). Passage
que j’emprunterai peut-être à mon retour plutôt que de
repasser par Istanbul, mais en montant à bord du ferry,
plus lent mais qui ajoute l’agrément de la croisière
maritime au spectacle du pont vu depuis l’eau, sans
parler du coût inférieur. (La frontière grecque la plus
proche est à 2 heures de route, ferry compris). La portée de la section centrale du pont est la plus longue du monde avec 2 023 mètres, tandis que la longueur totale du pont est de 4 608 m. Les deux pylônes de l’édifice, hauts de 318 m chacun, ont été achevés le 16 mai 2020. Le pont a été inauguré le 18 mars 2022, date coïncidant avec le 107e anniversaire de la bataille des Dardanelles gagnée par l'armée turque face aux troupes britanniques et françaises. (Wikipédia) |
Çanakalle : le Pont 1915 |
Depuis Çanakkale, Kilitbahir de l'autre côté du détroit des Dardanelles en Europe |
Rendu dans la petite ville je tente de gagner la pointe la plus avancée vers l’Europe, mais me heurte à une barrière militaire : terrain réservé à l’armée, on ne passe pas, photos interdites, etc. Je me rabats sur le quai menant au départ du ferry où je prépare mon déjeuner que je déguste devant le spectacle du détroit animé par les grosses vagues que lèvent les rafales du vent tendant à forcir… En face on aperçoit très bien les murailles aux teintes rosées du fort de Kilitbahir qui gardait le passage du côté européen. |
Je tente de visiter ensuite son homologue asiatique le Sultaniye Kalesi, ou Kalesi Çimenlik également du XVe, qui se trouve à deux pas, mais je devrai me contenter de quelque photos à la volée au dessus du mur couronné de barbelés qui l’entoure étroitement : là aussi c’est un terrain militaire, on ne peut s’en approcher qu’en visitant le Musée maritime, fermé aujourd’hui… Pas de chance ! | Forteresse de Sultaniye édifiée par Mehmet le Conquérant (Fatih) en 1452 |
Çanakkale : le quartier défavorisés autour de Çimenlik |
Je tente de faire le
tour de son enclos pour l’aborder du côté sud, mais me
retrouve dans un bidonville très dense d’immigrants
misérables qui ont colonisé et saccagé le quartier de
veilles maison qui s’y trouvait. Visages plutôt fermé
des occupants, je me fais même assaillir par un petit
chien maussade qui me caresse le mollet de ses crocs
(heureusement sans dégâts, mes invectives énergique le
faisant fuir aussitôt en glapissant). Je retourne à l’Exsis stationné à grand peine mais à coût modéré en faisant un large détour pour éviter ce quartier insalubre et inhospitalier, et reprendre ma route vers Troie. |
Le ciel commence enfin à se dégager et les rayons du soleil donnent une toute autre perspective au paysage grandiose de l’ouverture du détroit des Dardanelles sur la Méditerranée. Le route monte un peu à flanc de colline, dégageant la vue, puis redescend une vingtaine de km plus loin sur le hameau essentiellement touristique d'Hissarlik occupant le site de l’Antique Troie, au milieu des champs et en vue de la mer. | Çanakkale : vue sur le détroit des Dardanelles vers le nord |
Troie : Exsis dans le parking du Musée |
Le vent n’a cessé de la nuit,
secouant l’Exsis et surtout le refroidissant si bien
que j’ai dû chauffer jusqu’à mon lever. Au matin,
réveil pénible sous un ciel gris. Je n’ose me lancer
dans la visite du site pleinement exposé à ce vent
du nord qui donne une température ressentie de – 2°,
aussi je me lèverai seulement passé 9:00 et resterai
toute la matinée à l’abri dans l’Exsis en
travaillant les photos d'Arthur Louis Mourez… Enfin après un repas léger et profitant d’un petit coup de soleil qui a remonté un peu la batterie, je me lance après avoir enfilé un deuxième polar sous ma doudoune et coiffé ma chapka. Je n’irai pourtant pas loin, prenant le billet combiné musée + site (600 TL, soit 18 €) à la billetterie extérieure puis me précipitant dans le gros bâtiment moderne carré du musée. |
SAFVET PACHA (1814-1883)
Schliemann effectua ses premières fouilles illégalement à Hisarlik le 9 avril 1870, sans l'autorisation de Safvet Pacha, alors ministre de l'Éducation. Schliemann avait alors l'intention d'acheter le terrain de Troie pour 5 000 Kurus afin de profiter de l'article de la loi ottomane sur les antiquités, selon lequel « les objets anciens déterrés sur le propre terrain d'une personne lui seront laissés ». La logique était que si Schliemann achetait le terrain et commençait les fouilles avec l'autorisation officielle, tous les objets mis au jour à Troie lui appartiendraient directement. C'est dans cette optique que Schliemann a demandé à Safvet Pacha un permis de fouilles à Troie. Mais les choses ne se passèrent pas aussi bien que Schliemann l'avait espéré. Prévoyant, Safvet Pacha avait fait en sorte que le terrain d'Hisarlik soit acheté à ses propriétaires pour le musée. Des années plus tard, en 1876, Safvet Pacha a relaté cet événement dans une lettre officielle adressée à la Sublime Porte, comme suit : « Le Dr Schliemann, citoyen des États-Unis d'Amérique, a déclaré qu'il souhaitait découvrir les ruines de la célèbre Troie sur le terrain appelé Hisarlik situé près de Kale-i Sultaniye et qu'il achèterait au propriétaire les trente-quatre hectares où se trouvaient ces ruines pour cinq mille kurus. Sur ce, sans en informer Schliemann, j'ai immédiatement envoyé un télégramme au gouverneur de la province de Cezayir-i Bahr-i Sefid et l'ai informé de la décision d'acheter rapidement le terrain susmentionné au nom du Musée impérial. Le propriétaire a été trouvé et la terre a été achetée pour trois mille kurus. ». Cela met Schliemann très en colère. Après avoir appris la nouvelle, Schliemann rendit visite à Edward Goold, directeur du musée impérial d'Istanbul, et fit des remarques acerbes sur Safvet Pacha. Safvet Pacha, qui a promulgué la première loi sur les antiquités en 1869 et initié l'ouverture du musée impérial ottoman (musée d'archéologie d'Istanbul) la même année, s'est ainsi assuré que la terre de Troie (Hisarlik) et tous les artefacts qui y seraient découverts appartiendraient légalement à l’État ottoman. |
Amphore mycénienne (1800-1100 av. J-C) Vase à double-poignée (Troie-VI, 1800-1250 av. J-C) |
Pinceau avec poignée en terre cuite (Âge du Bronze, 3000-2500 av. J-C) |
Groupe de musiciennes en terre cuite (Période classique- (fin-5e-s.av.J-C) |
Figurine de femme assise en terre cuite (Période hellénistique, 2e-1er-s. av.J-C) |
Ligynoi (pichets à vin) en terre cuite (Période hellénistique, 4e s. av. J-C) |
Amphore en bronze (Période classique, 4e s. av. J-C) |
Bouteille en verre (Époque Romaine, 2e-3e.s. ap. J-C) |
Bouteille et pichet miniature en verre (Période romaine) |
Unguentarium - bouteilles pour parfum en verre (Époque romaine, 2e-3e-s. ap. J-C) |
Unguentarium en verre : flacon à parfum (Période romaine, 2e-3e s. ap. J-C) |
Statuette de l'Aphrodite de Cnidde (Déesse de la Beauté) en terre cuite (Période hellénistique, 2e av. J-C) |
Collier, boucles d'oreilles et bracelets en or (Période archaïque, 6e s. av. J-C) |
Collier en or et pierres rouges (Période Archaïque, 6e s. av.J-C) |
Boucles d'oreilles en électrum et or (3000 av. J-C, début de l'Age du Bronze) |
<Figurine de soldat en bronze (Troie VII, 1250-1000 av. J-C.) |
Tablette en terre-cuite (Traité entre Muwatalli et Alaxandu (Période impériale hittite -1400-1250 av. J-C) |
RÉSEAU COMMERCIAL ENTRE ROYAUMES Ce réseau commercial est aussi remarquable que les guerres qui l'ont perturbé. Au cours du XIIe siècle, cette région autrefois florissante a été progressivement déchirée par les changements climatiques, les troubles sociaux, les raids et les migrations. UN MONDE S'ÉCROULE !
Vers 1200 avant J.-C., les royaumes de l'âge du bronze de la Méditerranée et de la mer Égée s'effondrent les uns après les autres. Les palais mycéniens et hittites s'effondrent et les villes portuaires du Levant (Syrie, Jordanie, Liban, Palestine et Sinaï) disparaissent progressivement. Cette période est définie comme le début de « l'âge des ténèbres », lorsque l'écriture a cessé d'être utilisée dans la région égéenne. Les sources égyptiennes contemporaines font état d'un afflux d'envahisseurs appelés « Peuples de la mer » à cette époque. L'extension rapide des conflits armés a provoqué une migration massive des anciens habitants des villes détruites. Les traces de cette destruction sont visibles dans le Sanctuaire ouest, au sud-ouest de la citadelle de Troie. Cette destruction, causée par des attaques extérieures à Troie vers 1180 avant J.-C., est considérée par beaucoup comme la « guerre de Troie ». Alors qu'un monde s'écroulait, les pierres dressées devant la porte sud de Troie continuaient d'accueillir les visiteurs dans cette ville épuisée. LES PEUPLES DE LA MER
À partir de 1200 av. J.-C., des invasions venant
probablement de l'ouest et du nord mettent fin aux
palais de l'Age du Bronze. Les palais mycéniens,
troyens et hittites ainsi que les royaumes
d'Ougarit, de Babylonie et d'Elam tombent à peu
près en même temps. Ces envahisseurs, que les
Égyptiens appellent les « Peuples de la Mer »,
seraient composés de guerriers et de rebelles
originaires de différentes régions géographiques.
Le pharaon égyptien Ramsès III, qui a combattu les
Peuples de la mer et a réussi à survivre, a vu ses
succès contre les envahisseurs représentés sur les
murs de son complexe funéraire à Medinet Habu.« L'ÂGE DES TÉNÈBRES » Style proto-géométrique L'ÂGE DU FER ET LES EMPIRES : LA PHRYGIE L'ÂGE DU FER ET LES EMPIRES : LA LYDIE |
Navire de commerce de l'Âge du Bronze (d'après l'épave d'Uluburun) |
Les navires commerciaux de la fin de
l'âge du bronze avaient une seule voile attachée à
leur mât.
L'activité maritime était probablement limitée aux saisons chaudes, lorsque les conditions météorologiques étaient favorables. Les échanges commerciaux de cette période concernaient des palais situés de part et d'autre de la mer Égée et de la Méditerranée orientale. Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pave_d%27Uluburun |
LE VENT A APPORTÉ LA RICHESSE À
TROIE !
À l'Âge du Bronze, le commerce
maritime s'effectuait à l'aide de navires dotés
d'une seule voile rectangulaire. Comme leurs quilles
n'étant pas profondes, ces navires n'avaient pas une
grande capacité de manœuvre contre le vent ; ils
attendaient donc les vents favorables du sud-ouest
pour naviguer de mai à septembre et remonter les
Dardanelles. Pendant la période d'attente des
navires à l'embouchure des Dardanelles, Troie a
probablement fourni des services de guide et des
provisions en échange d'une sorte de paiement. Cette
pratique se poursuivra pendant des siècles.
|
LES STRATES DE TROIE
Le monticule d'Hisarlik où se
trouve Troie a été continuellement habité pendant
3500 ans grâce à sa situation géographique
favorable. Les bâtiments et les fortifications
étaient construits avec des pierres et des briques
de terre. Lorsque ces bâtiments étaient détruits,
ils étaient utilisés comme fondations pour de
nouvelles structures construites au-dessus d'eux,
créant ainsi des couches de peuplement entrelacées.
Sur le tumulus d'Hisarlik, un total de sept couches de peuplement (Troy I - VII) avec plus de cinquante phases de construction ont été attestées depuis l'Âge du Bronze ancien jusqu'à l'Âge du Fer ancien (environ 3 000 - 1 000 av. J.-C.). Au-dessus de ces couches se trouvent les vestiges d'anciens établissements grecs (Troie VIII) et romains (Troie IX), dont certaines parties ont été recouvertes par un petit établissement byzantin (Troie X). Ainsi, les dépôts culturels du monticule atteignent une hauteur de 15 mètres. |
LES
9 PRINCIPALES STRATES DE LA TROIE ANTIQUE (2920 av. J-C à 500 ap. J.C) |
Troie V (2200-1750 av. J-C) |
|
Troie I (2920-2550-av. J-C.) |
Troie VI (1750-1300-av. J-C) |
|
Troie II (2550-2250-av. J-C.) |
Troie VII (1300-950 av.-J-C) |
|
Troie III (2250-2200 av. J-C) |
Troie VIII (720-85-av. J-C) |
|
Troie IV (2200-1750-av. J-C) |
Troie IX (85-500 ap. J-C) |
Sarcophage de la Princesse troyenne Polyxena (Période Archaïque, 6e s. av. J-C) |
Sarcophage de Polyxena |
Je commence par découvrir le chantier du fameux cheval de bois dans lequel les Grecs se cachèrent pour entrer dans la ville. Évocation bien sûr, mais il est en restauration et donne peu de prise à l'imagination... | Troie : le cheval de bois en restauration |
LE BOULEUTERION ET LE PORTIQUE
TROIE VIII- IX Vous vous trouvez devant le
Bouleuterion (salle du conseil de ville de l’Ilion
grecque et romaine). Une partie de l'édifice se
trouve au-dessus du mur de fortification de Troia
VI. L'intérieur était entouré d'un mur sur les
quatre côtés afin que le conseil puisse délibérer en
privé.
Le portique du sanctuaire d'Athéna Ilia Le portique du téménos du sanctuaire d'Athéna Ilias à Ilion était un bâtiment à trois côtés sur l'acropole qui mesurait environ 100 m x 100 m. L'extérieur était en pierre calcaire et une façade dorique en marbre de Proconnèse entourait l'intérieur. Le portique faisait partie d'un programme de construction qui comprenait le temple d'Athéna et un nouveau mur d'enceinte entre 250 et 150 avant J.-C. Le portique comportait également au moins deux dédicaces inscrites sur l'architrave, l'une datant du deuxième siècle après J.-C. et l'autre peut-être du troisième siècle. Les visiteurs accédaient au portique par une porte (propylaia) qui faisait face à l'Agora. Le portique avait des porches doriques et des colonnes ioniques engagées entre les portes, semblables aux propylées de Mnesikles sur l'acropole d'Athènes et à l'entrée du sanctuaire d'Athéna Polias Nicéphore à Pergame. |
L'ODEION ROMAIN (TROIE IX) Devant vous se trouve l'Odeion
romain, un petit théâtre où avaient lieu des
concerts, des conférences et d'autres événements;
au-delà, vous voyez le mur de fortification de Troia
VI et l'unique colonne qui subsiste, provenant de la
grande Maison au Pilier de la même époque. Derrière
vous se trouvent les vestiges partiellement excavés
des thermes de l'époque impériale romaine. Les
thermes, l'odéion et le bouleutérion voisin (salle
du conseil) se trouvaient tous en marge de l'agora
(place du marché), la scène centrale de la vie
publique. L'orchestre semi-circulaire de l'Odéion
était relié à une skene (bâtiment de scène) qui
comprenait une représentation grandeur nature de
l'empereur Hadrien (117-138 ap. J.-C.). Face à la
scène s'élevaient des gradins de sièges façonnés à
partir de blocs de calcaire et accessibles par des
allées radiales. La capacité d'accueil se situait
entre 1700 et 2100 spectateurs. L'odéion a peut-être
été érigé en l'honneur de la visite d'Hadrien à
Troie en 124 après J.-C., lorsque le tombeau d'Ajax,
situé à proximité, a également été reconstruit.
L'Odéion était probablement couvert d'un toit, même
si aucun mur de soutien extérieur n'a été retrouvé.
|
TROIE VI / MAISON PALAIS VI M Vous vous
trouvez maintenant à la limite sud de la citadelle
de Troie VI, directement sur le grand mur de
fortification. Il faut s'imaginer que ce mur, dont
seule la surface supérieure est ici exposée,
s'élevait à l'origine à une hauteur d'environ
douze mètres, comme le mur de l'Est. A votre
gauche, c'est-à-dire au nord et à l'intérieur du
circuit de la muraille, se trouve l'impressionnant
mur de soutènement de la maison VIM, long de 27 m.
Ce bâtiment se trouvait sur la terrasse la plus
basse de la grande butte de la citadelle et
faisait certainement partie du complexe palatial
de Troie. Les céramiques trouvées à cette époque
témoignent non seulement d'un style avancé et
indépendant, mais aussi de l'influence des
importations mycéniennes.
On remarque immédiatement quatre décalages verticaux dans le mur. Les pierres sont ici soigneusement taillées. Ce détail, qui n'est pas purement stylistique, se retrouve sur d'autres façades troyennes de la même époque. II indique, d'une part, le goût des occupants du palais et leur désir de prestige; d'autre part, il pourrait avoir une base fonctionnelle liée à la superstructure présumée en bois et en briques crues. Les pierres taillées avec précision s'emboîtent les unes à côté des autres sans espace et sans mortier, comme le montrent les pierres les moins usées de la partie inférieure du mur. Cette prouesse est d'autant plus impressionnante que les outils en fer n'existaient pas à cette époque. Homère mentionne à plusieurs reprises les "beaux" murs de Troie et d'llios. Entre la maison VI M et le mur de la citadelle s'étendait une large allée. Elle se poursuit au-delà de la maison VI M, et ses vestiges ont été mis au jour par des fouilles récentes. |
À l'intérieur
du plan en deux parties de la maison VI M se
trouvaient plusieurs pièces dont la fonction est
mal connue. Des récipients de stockage (pithoi)
ont été préservés, ce qui signifie qu'il y avait
un entrepôt ici. Quelques marches indiquent qu'il
y avait un deuxième étage, mais il n'en reste
rien. Comme pour les autres bâtiments de la
période de Troie VI, les murs extérieurs de la
maison VI M sont orientés vers le point central de
la citadelle. Il s'agit là de la preuve d'un plan
architectural unifié, qui garantissait que des
rues de largeur uniforme étaient situées entre les
bâtiments et se poursuivaient jusqu'au centre de
la citadelle.
La maison VI M a continué à être utilisée et a été agrandie au cours de la phase suivante de la Troie VIl A. Des maisons étroites ont été construites directement contre la face intérieure du mur de la citadelle. Leurs fondations sont encore visibles derrière vous, à l'ouest. Mur de soutènement de la Maison-Palais |
LE MUR DE FORTIFICATION ET LA RAMPE Troie II D'ici, on a une vue sur le mur de
fortification et la rampe partiellement restaurée de
la citadelle de Troia II. Troia Il a été construite
sur les vestiges de Troia 1a-1e (c'est-à-dire Troie
ancienne et moyenne divisée en huit phases de
construction, de 1a-1h).
Au cours de cette période, le mur d'enceinte a été construit à plusieurs reprises plus loin afin d'agrandir la citadelle. Les reconstructions sont reconnaissables aux vestiges des portes antérieures, partiellement murées. Le mur de la phase finale de Troie II, visible ici, était constitué d'une sous-structure en calcaire surmontée de couches de briques crues. Il mesurait environ 330 m de long, 4 m d'épaisseur et couvrait une surface de 8 800 m2. L'entrée visible d'ici, la porte FM, était accessible par une impressionnante rampe pavée de pierres plates et flanquée de murs en briques crues. Mais sa taille et sa position font probablement de la porte orientale, FO. un candidat plus plausible pour l'entrée principale de la citadelle (Information - Signe 6). Là aussi, il y avait probablement une rampe en pierre (non fouillée) pour surmonter la différence d'altitude entre la route d'accès et l'établissement. La citadelle de Troia Il s'est terminée par un incendie catastrophique qui a laissé derrière lui une couche brûlée de plus de deux mètres d'épaisseur. A gauche de la porte FM, Schliemann a trouvé le légendaire «Trésor de Priam». Cette découverte, ainsi que la couche brûlée et le rampe en pierre (supposé être la porte de Scaean) ont d'abord fait croire à Schliemann que Troia Il était la Troie/llios homérique qu'il recherchait. Il s'est trompé de 1200 ans. Mais en 1890, la dernière année de sa vie, il a reconnu son erreur. Les plus de vingt éléments du trésor de Troie sont actuellement conservés dans huit lieux différents, dans sept villes du monde, dont, depuis la Seconde Guerre mondiale, Moscou et Saint-Petersbourg. |
LA TRANCHÉE DE SCHLIEMANN
Au cours des trois premières
années de fouilles (1871-73), Schliemann fit creuser
une profonde tranchée nord-sud, large de quarante
mètres et profonde de dix-sept mètres, au centre du
tumulus. Il s'agissait d'une tranchée d'essai,
allant jusqu'au socle rocheux, grâce à laquelle
Schliemann voulait découvrir à quelle profondeur se
trouvait la "citadelle de Priam". Au cours de cette
opération, d'importants vestiges de bâtiments des
couches supérieures ont été partiellement ou
totalement détruits. Au fond de la tranchée.
Schliemann a trouvé des vestiges de murs datant de
la période Troie I (vers 2 920 av. J.-C.) que vous
pouvez voir devant vous. Ce n'est que lors des
fouilles américaines (Carl Blegen) des années 1930
et des travaux de carrelage effectués depuis 1988
que la période Troie I a été étudiée de plus près.
Juste en dessous de l'endroit où vous vous trouvez se trouvent les vestiges d'un mur de pierre incliné, soutenu par un remblai de moellons. On pense qu'il s'agit d'une fortification du début de la période de Troie I, semblable à un rempart. Les rangées de murs parallèles en pierre brute que vous pouvez voir plus au nord sont les fondations de maisons relativement grandes et rapprochées de l'Âge du Bronze ancien (vers 2 920 av. J.-C.). Certaines de ces maisons allongées avaient des porches. La technique de maçonnerie dite "à chevrons" qui consiste à poser les pierres en diagonale, est particulièrement intéressante Cette technique est visible sur le mur g. La maison 102 de la phase de construction de Troie I b est particulièrement remarquable par sa taille et sa forme. Les structures supérieures des maisons étaient vraisemblablement constituées de briques crues séchées au soleil ou de bois avec des brindilles ou des branches d'arbre enduites de boue. Les toits, dont il ne reste rien, étaient plats et recouverts de boue. Le long mur à votre droite, entièrement construit en briques crues séchées au soleil, a été érigé en 1988 comme mur de soutènement pour protéger la surface de la tranchée. Il se trouve à peu près à l'endroit où se trouvait le mur d'extrémité des longues maisons. Plusieurs sépultures d'enfants ont été découvertes dans la partie nord de la tranchée, toutes en position accroupie. A cette époque, il n'est pas rare que des enfants soient enterrés dans les zones de peuplement. |
Mur de fortification de Troie I |
TROIE 1 / MUR DE FORTIFICATION
On voit ici
une partie des fortifications de la Troie I ancienne
et moyenne, ainsi qu'une saillie en forme de tour
derrière laquelle se trouvait la porte sud de cette
période. La porte n'avait que deux mètres de large.
Troie a été construite vers 2 920 av. J.-C.
directement sur le socle rocheux. Des dépôts
archéologiques d'une profondeur de quatre mètres
suggèrent une longue période d'occupation. Le mur de
fortification, légèrement incliné vers l'intérieur,
entoure une agglomération d'un diamètre d'environ 90
mètres.Devant la tour se trouvait au moins une stèle en pierre avec un décor en relief représentant la moitié supérieure d'une figure humaine tenant peut-être une arme. La tradition de ces stèles semble s'être perpétuée à Troie pendant des siècles : plus de 1 000 ans plus tard, de telles stèles en pierre réapparaissent devant la porte sud de Troia VI. D'autres vestiges de Troie 1 sont visibles à partir du point d'information 12. |
CITADELLE DE TROIE II ET
MÉGARONS Heinrich Schliemann (1871-1890) a
enlevé une grande partie du centre de la citadelle
de l'Âge du Bronze ancien, mais a laissé plusieurs
"pinacles" de terre pour des fouilles ultérieures.
Deux d'entre eux ont été fouillés par Carl Blegen
(1932-1938). Vous vous trouvez actuellement sur un
autre pinacle qui a été fouillé par Manfred Korfmann
(1988-2005). Si vous regardez vers le nord, vous
pouvez voir différentes couches appartenant aux
fondations d'un Mégaron de Troie Il, un grand
bâtiment avec un vestibule menant à la pièce
principale. Bien que Troie I (vers 2920-2500 av.
J.-C. ou un peu plus tard) ait été détruite de
manière catastrophique, il n'y a pas eu
d'interruption dans l'occupation ou de changement de
culture entre les deux colonies.
Au contraire. la culture de Troie I a continué à se développer à Troie Il (vers 2500-2250 av. J.-C.). La citadelle était entourée d'un mur de fortification d'environ 300 mètres de long, avec des fondations en pierre et une superstructure en brique crue. Il existait également une ville basse fortifiée, dont l'existence a été démontrée lors des fouilles de Korfmann (1988-2005). La plupart des vestiges architecturaux visibles aujourd'hui proviennent de Troie II. Ils comprennent une rangée de trois maisons longues parallèles avec des porches, les mégarons. |
Mégarons de Troie II |
Vestiges du temple d'Athéna |
LE TEMPLE D'ATHÉNA TROIE VIII-IX L'endroit où vous vous trouvez
était autrefois le parvis du temple d'Athéna
appartenant à la cité grecque et romaine d'llion. En
regardant vers le bas, vous pouvez voir au centre du
monticule une large zone à un niveau inférieur.
Celle-ci a été fouillée par Schliemann et Döriall.
Les fragments architecturaux en marbre qui y
reposent appartenaient à l'origine au temple
d'Athéna
Le temple, dont la base mesurait 36 m x 16 m, était entouré d'une colonnade dorique supportant un plafond à caissons. À l'extérieur, sur l'entablement, se trouvaient des métopes (reliefs), dont la plus célèbre représente Apollon/Hélios. Il est aujourd'hui exposé à Berlin. Le temple a probablement été en construction pendant près d'un siècle, entre 240 et 150 av. J.-C. Il a été restauré à l'époque romaine, probablement sur ordre de l'empereur Auguste (31 av. J.-C. - 14 ap. J.-C.). Aux époques grecque et romaine, le temple était le point central d'une grande fête annuelle en l'honneur de la déesse Athéna. Cette fête était marquée par des sacrifices et des compétitions athlétiques. |
TROIE VI - LE MUR EST Vous vous trouvez sur les
vestiges du mur extérieur de l'enceinte des temples
grecs et romains, construit aux Ille et lle siècles
avant J.-C. (Troie VIII).
Devant vous se trouvent les fortifications de Troie/llios. Vous reconnaîtrez la tour de l'Est, le mur de l'Est (avec sa porte) et, derrière eux, les palais, tous de la période Troie VI (vers 1700-1250 av. J.-C.). Sur le mur de fortification, on peut voir des vestiges des maisons de Troie VII. Troie VI a probablement été détruite vers 1250 av. J.-C. par un tremblement de terre, Troie Vll a (vers 1180 av. J.-C.) et VIl b par un incendie. Derrière vous se trouve la ville basse du lion grec et romain. Au nord se trouvent les Dardanelles, et la plaine du Kara Menderes (l'ancienne Scamandre) s'étend à l'ouest. Au sud-est, par temps clair, on peut apercevoir les sommets du Kaz Daglan (les monts Ida) au sud-ouest, l'un des tumulus (Üvecik Tepe) et la baie du port sur la côte égéenne, visible sous forme de dépression, avec l'ile de Bozcaada (Ténédos) au loin. Le mur et la porte de l'est La circonférence totale du mur de fortification de la fin de l'Âge du Bronze autour de la citadelle s'élève à 550 mètres, dont environ 330 sont encore conservés. La section qui se trouve devant vous témoigne d'une technique de construction très raffinée, avec un travail minutieux des blocs de calcaire rectangulaires. Ce mur est subdivisé par des décrochements verticaux placés à intervalles réguliers. Ceux-ci reprennent les lignes des angles de la superstructure à colombages qui s'appuyait probablement autrefois sur le mur, constituant ainsi une sorte de fondation visuelle. |
La sous-structure du mur,
légèrement inclinée vers l'intérieur, mesure 6 m de
haut et 4,5 à 5 m d'épaisseur. La superstructure,
aujourd'hui disparue, s'élevait à 3-4 m. Outre les
poutres en bois, elle était initialement construite
en briques crues séchées au soleil, mais avec le
temps, l'ensemble de la superstructure a été
remplacé par un étroit mur de pierre. L'entrée de la
citadelle est constituée de deux sections de mur qui
se chevauchent. Dès l'époque hellénistique, le mur
oriental de cette porte a été profondément entaillé
par le mur de fondation de l'enceinte du temple.
La Tour Est Cette tour massive, construite à l'extérieur du mur seulement dans une phase tardive de Troie VI, est très soigneusement travaillée. Elle mesure onze mètres de large et dépasse de huit mètres la face du mur. Le mur oriental a une épaisseur de trois mètres. La tour se compose de deux étages avec un plancher en bois entre les deux. L'accès à la tour n'était possible qu'au niveau du deuxième étage. Les palais
Les palais VIE et VIF ne
comportent chacun qu'une seule pièce intérieure de
respectivement 64 et 98 m2. Leurs murs extérieurs
ont une épaisseur d'un metre et sont orientés
radialement vers un point situé au centre de la
citadelle, ce qui donne des bâtiments de plan
trapézoïdal. Dans le mur ouest du palais VIF, on
trouve des niches qui contenaient autrefois des
poutres en bois. Au sol, on trouve des bases de
piliers en pierre. La pièce avait deux entrées. Le
mur de soutènement du VIF présente une technique de
construction avancée qui permet de le dater de la
fin de la période de Troie VI (vers 1400-1250 av.
J.-C.). Ce mur présente lui aussi la technique du
"décalage". Les bâtiments VIE et VIF étaient séparés
par un passage d'environ un mètre de large.
|
Levé un peu tard sous un ciel clair, je vois enfin venir une journée de soleil, mais le vent est toujours fort. Malgré les courbatures je descends du lit et attaque la préparation du petit déjeuner avant de prendre ma douche, préparatifs qui me remettent à peu près d’aplomb. | Bivouac à Assos sur une rue du village perché |
L'invitation à se faufiler... |
Je suis bientôt prêt à
me lancer dans la visite de l’Antique Assos, au-delà des
ruelles pentues du village perché. Je n’aurai pas bien
loin à aller car, suivant les indications de Google sur
mon téléphone pointé vers le temple d’Athéna, je me
retrouve au bout de la dernière ruelle devant la clôture
qui entoure le site. Par le plus grand des hasards, le grillage décroché permet le passage ! Je m'y glisse et me retrouve tout en haut de la butte, sur la base de la terrasse où l’on a bâti le temple d'Athéna. |
Plusieurs de ses colonnes ont été remontées, et on doit le voir de très loin depuis la mer qui borne le site au sud. Paysage grandiose, avec l’île de Lesbos au large, la suite de caps sur la côte de chaque côté, les couleurs avivées par le grand soleil. | Assos : le temple d'Athéna |
Maquette en terrra-cotta du-temple d'Athéna à Assos : façade Maquette du temple d'Athéna à Assos |
TEMPLE D'ATHÉNA À ASSOS Comme les Troyens à Ilion, les
habitants d'Assos ont choisi Athéna comme
protectrice de leur ville. Selon la mythologie,
Athéna, déesse de la sagesse, est née de la tête de
son père Zeus. La déesse Athéna représente également
l'éducation et protège les femmes célibataires, les
villes et les artisans. L'animal sacré associé à
Athéna est la chouette, qui symbolise également la
sagesse.
Le temple d'Athéna à Assos (540-530 av. J.-C.) est le seul temple de style dorique construit pendant la période archaïque en Anatolie. Les habitants d'Assos ont construit le temple d'Athéna près du bord oriental de l'acropole, de manière à ce qu'il soit bien visible pour ceux qui voyagent par mer. Le temple a été construit sur un terrain plat qui avait été partiellement creusé dans la roche, et une fondation stylobate a été établie qui mesurait 14,30 x 30,31 mètres. Les pierres de fondation du stylobate ouest et sud présentent des techniques de gravure et de relief pour présenter des murs polygonaux. L'entrée du temple est orientée vers l'est et les colonnes sont disposées en rangées de six par treize. Le plan de ce temple prostyle présente une cella, ou salle principale, entourée d'une seule rangée de colonnes. L'ensemble du temple est construit en andésite, une pierre d'origine locale. Les frises du temple représentent un combat entre Hérakles et un centaure, des paires de sphinges, des taureaux et des scènes de festin. Les images des métopes présentent également des dizaines de sujets différents, dont l'enlèvement d'Europe par Zeus, des hommes à cheval et la demande par Priam de lui restituer le corps d'Hector. À l'époque hellénistique (seconde moitié du Ille siècle av. J.-C.), le sol de la sala sacra était recouvert de mosaïque. Il n'y a aucune preuve que le temple ait été utilisé à l'époque romaine. Avec l'autorisation du sultan Mahmud II, l'archéologue français Désiré Raoul-Rochette a transporté des morceaux du temple en France (Musée du Louvre) sur un navire de guerre en 1838. Un tiers des objets trouvés lors des fouilles entre 1881 et 1883 a été remis au comité de fouilles américain. Ainsi, certaines pièces architecturales du temple ont été transportées aux États-Unis (Museum or Fine Arts, Boston) tandis que d'autres sont allées au Musée archéologique d'Istanbul. En 2010, le temple a été restauré à partir de son matériau de construction d'origine, l'andésite. |
Temple d'Athenéna sur son stylobate en regardant vers le sud-est |
Assos : colonnes doriques du temple d'Athéna |
Assos : les tours d'entrée de l'acropole et la vieille mosquée |
Après un tour attentif du monument bien commenté sur plusieurs panneaux et assorti d'une belle maquette en terre-cuite, je me rapproche de la grande porte entre deux tours qui marquaient l’entrée de l’acropole côté ville... |
...pour suivre le sentier dallé qui descend à travers bosquets et pierres éparses non identifiées vers les agoras et le bouleuterion. | Le sentier descendant vers la ville basse d'Assos |
Le théâtre et la mer à Assos |
LE THEATRE D'ASSOS Le théâtre en fer à cheval,
typique des villes grecques, est adossé à la colline
rocheuse naturelle au sud de l'agora et peut
accueillir environ 5 000 personnes. Le théâtre,
construit à la fin du IVe siècle avant J.-C., a
continué à être utilisé jusqu'à l'époque romaine.
Les allées du bâtiment étaient accessibles par des
entrées voûtées à l'est et à l'ouest.
Pendant la période romaine, la première rangée de sièges était protégée par des murs de pierre et de bois afin de protéger le public de la frénésie des gladiateurs et des animaux sauvages. La balustrade en bois était probablement placée autour de l'orchestre pendant les combats d'animaux. Les inscriptions trouvées sur les sièges en pierre indiquent que le théâtre était divisé en sections distinctes pour chacun des trois groupes professionnels : les travailleurs de la pierre, les forgerons et les maroquiniers. Pour éviter les inondations, le théâtre était équipé de canaux en pierre qui entouraient l'orchestre et permettaient à l'eau de pluie de s'écouler. Au sud de l'orchestre se trouve un bâtiment de scène de deux étages comprenant trois salles et une proscène, c'est-à-dire l'avant-scène du théâtre. Dans le théâtre, la moitié des colonnes devant la proscène étaient en marbre et l'autre moitié était sculptée dans de l'andésite. Des travaux de restauration ont été entrepris dans les années 1990 pour remplacer les éléments manquants du théâtre (arcs et plusieurs sièges) par du béton. |
Puis en tournant vers l’ouest ce sont les restes de basiliques et d’un palais épiscopal qui s’annoncent, au moins par leurs soubassements. | Assos : église et salle absidale |
Assos : voie dallée vers la porte ouest avec ornières creusées par les roues des chars |
Encore une petite marche
confortable (mais qui commence à être longue) sur la
grande voie dallée pour passer devant le gymnase (pas
encore fouillé)
|
LE GYMNASE
Le gymnase, espace destiné aux activités athlétiques, est situé juste derrière la porte ouest. La cour carrée (52 x 52 m) est entourée d'une galerie à colonnades avec un toit et comporte une citerne à l'ouest. Après avoir terminé leurs exercices, les participants se lavaient dans le coin est du complexe. Cinq grandes portes se trouvent sur la façade est du gymnase. L'entrée au sud du gymnase se compose d'un escalier en demi-cercle et d'un long couloir. Un portique a été ajouté plus tard à l'est du long couloir. Une inscription sur l'architrave de la cour indique que Quintus Lollius Philetaerus, un notable local du Haut-Empire, a financé la rénovation du gymnase. Comme beaucoup d'autres bâtiments publics, la partie orientale du gymnase a subi des modifications à l'époque byzantine. Une abside polygonale et des rangées de colonnes ont été ajoutées dans la cour pour créer l'église. Comme beaucoup d'autres églises de la région, les sols ont été recouverts de mosaïques. Les fouilles archéologiques n'ont pas encore été menées à grande échelle dans ce bâtiment. |
Assos : accès au gymnase par un escalier et un long couloir |
Assos : le couloir d'accès au gymnase |
Assos : la porte ouest |
Assos : salle du corps de garde dans la porte ouest |
La nécropole d'Assos |
Portique de la mosquée d'Assos |
Mosquée du début de l'époque
ottomane La mosquée est située sur un
rocher à l'extrémité nord de l'acropole. Elle n'a
pas de minaret, ses murs mesurent 17.50 x 15.60
mètres et ils ont une hauteur moyenne de 16,0
mètres. Les pierres des bâtiments antiques ont été
réutilisées pour la construction de la mosquée. Le
couronnement et les colonnes en marbre des deux arcs
de la dernière section du portique appartenaient à
l'origine à des structures de l'agora. Le cadre de
la porte en marbre avec des inscriptions grecques et
une croix gravée provient d'une église byzantine de
Skamandros (près d'Ezine). On pense que la niche
rectangulaire à l'intérieur de l'arc au-dessus de la
porte était destinée à l'inscription de l'édifice.
La partie carrée de la mosquée est couverte d'une
coupole reposant sur une structure octogonale en
briques. Dans la pièce principale (harim), à
l'exception du mur sud (kibla), il y a des fenêtres
de 0,95 x 1,49 mètre et trois niches construites en
briques. Au XIXe siècle, des graffitis peints de
bateaux, de motifs géométriques et floraux
décoraient les murs du harim en mortier de chaux et
en plâtre.
On estime que la mosquée a été construite dans la seconde moitié du XIVe siècle, immédiatement après que la région ait été ajoutée aux terres ottomanes par Murad Hüdavendigar I en 1362. Il existe des mosquées similaires à Ezine, dans le village de Kemalli et à Tuzla, en plus du village de Behram. La mosquée, endommagée à plusieurs reprises par des tremblements de terre et d'autres causes naturelles, a été réparée par la Direction générale des fondations à plusieurs reprises, la dernière fois en 2007. |
Assos : intérieur tout simple de l'ancienne mosquée ottomane |
Linteau de la porte de la mosquée portant la croix byzantine |
Atinoluk : place Cumhuriyet Meydani |
Je fais un longue pause à Altinoluk où je passe un moment sur la Place Cumhuriyet Meydani, agréablement ombragée de palmiers et décorée d'un monument à Ataturk qui me semble tout doit inspiré du réalisme socialiste soviétique... Un rond point à deux pas exhibe un groupe de 4 statues plus classique qui me fait d'abord penser au Jugement de Pâris : les déesses Héra, Athéna et Aphrodite compétitionnant pour la pomme remise par le beau Troyen, mais plusieurs détails ne coïncident pas... |
À côté sur le petit port vivant et coloré, encore très fréquenté par des pêcheurs, l'animation et la vivacité des couleurs me retiennent un moment, avant de rejoindre la nationale à Edremit. | Port d'Atinoluk |
Aube devant mon bivouac à Ayvalik |
Journée «off » puisque
je renoncerai à retourner au centre d’Ayvalik, beaucoup
trop étroit pour y trouver un stationnement et faire le
petit tour dans les vieilles rues suggéré par le GV. Je profiterai plutôt du grand soleil pour trouver un espace dégagé en plein sud devant une plage un peu à l’écart de la route où je pourrai travailler sur quelques unes des photos d'Arthur Mourez laissées en plan depuis plusieurs jours. Le soleil frappant les panneaux solaires sous le meilleur angle (pour la saison...), ceux-ci garderont ma batterie chargée sans avoir besoin de faire tourner le moteur. |
Mais en passant à Dikili, je me
rends compte que le prochain site signalé*** est celui
de Bergama, l’ancienne Pergame. Je bifurque donc vers
l’intérieur pour retrouver la nationale beaucoup plus
filante, fait en cours de route un détour rural pour
vider la cassette dans un fossé en bordure de champ,
et finis par arriver en ville à la nuit tombante.
|
L'acropole de Bergama au crépuscule |