Janvier-février 2024

TURQUIE

Jean-Paul MOUREZ en solo à bord de l'Exsis


74 653 Jeudi 25 janvier 2024 : d’ARATOS (Grèce) à EDIRNE (Turquie) (195 km) (6 000 m, 1 ét.)

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D'Aratos à Edirne

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Mon bivouac à Aratos
La nuit a dû être moins froide que précédemment car j’ai pu régler le thermostat plus bas que d’habitude et ce matin la batterie était au dessus de 80%. Calme absolu bien sûr dans mon désert rural, jusqu’à mon réveil à 7:30.

Vite je suis debout et démarre immédiatement pour gagner d'abord Alexandropouli en bord de mer où je vais faire le plein d'eau fraîche sur le port.
Plein-d'eau-sur-le-port-d'Alexandropouli
Plein d'eau sur le port d'Alexandropouli

Douche et déjeuner vers 9:00 m'attendent sur un terre-plein en bordure de la nationale qui file vers le nord dans la vaste plaine agricole de Thrace. Je viderai la cassette aux trois-quart pleine – et qui pourrait devenir un pb si je m’attarde dans Istanbul – sur une autre petite route rurale un peu avant de quitter la nationale pour gagner le bourg de Kastanies où je trouve enfin le panneau indiquant la proximité des douanes. Craignant la longueur des formalités, je prépare mon déjeuner sur une petite place près de la rivière, un chien vient ronger l’os de la cuisse de canard de mon cassoulet toulousain que j’ai jeté dans l’herbe…

Effectivement le contrôle de passeport à la sortie du côté grec est vite expédié, mais les contrôles de police et surtout de douane du côté turc seront pas mal plus long, le technicien qui sert le scan à rayonX (même grosse machine qu’à Tanger Med) s’ingéniant à valider les données atypiques fournies par son engin,  il vérifie les boites de conserve, les bouteilles d’eau – qu’il renifle – et de vin – me soulignant le taux d’alcool important : 12°. Je lui rétorque en souriant qu’un Français ne voyage pas sans sa cambuse et sans sa cave, mais il ne me rend guère mon sourire. Un abstinent – ou un musulman pratiquant peut-être ? Je dois lui expliquer aussi la place qu’occupe le réservoir d’eaux grises, le fonctionnement de la douche, la place inhabituelle du réservoir d’eau propre… Bref ce petit jeu prend pas mal de temps, s’y ajoute l’approbation de l’officier de la douane, et ce sera après plus d’une heure que la dernière barrière se lève devant moi.

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Édirne : les fins minarets des Mosquées Selimiye et Eski depuis le pont sur le fleuve Maritsa
Et comme il faut ajouter une heure (changement de fuseau horaire) mon après-midi est déjà bien avancé lorsque, quelques kilomètres plus loin, je vois poindre les minarets élancés des magnifiques mosquées impériales d'Édirne

Le Guide Vert avait raison de montrer de l’enthousiasme pour la Selimiye Camii, élevée au XVIe s. par le plus grand architecte ottoman Simar Sinan, avec une élégance rare pour un bâtiment d’une telle dimension. Agia Sophia lui aurait servi d'inspiration.... Malheureusement comme N-D de Paris – à laquelle elle est comparable en importance – elle est en rénovation majeure, trois de ses fins minarets sont gainés d’échafaudages, et la grande salle de prière est amputée de presque toute sont étendue, considérable. Edirne-la-mosquee-en-restauration
Edirne : arrière de la grande mosquée Selimiye en restauration



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Edirne, Selimiye Camii : le mihrab sous le chantier
On peut quand même pénétrer sous la petite coupole qui contient le mihrab et la grande chaire à prêcher en marbre blanc, admirables, et contempler les peintures et autres décors des murs, tout en marchand – déchaussé bien sûr – sur le moelleux tapis de laine rouge à motifs qui recouvre totalement le sol.

Mais les autres voutes et coupoles, ainsi que l’important fenestrage qui donne toute sa luminosité et son volume intérieur à l’édifice, sont cachés par de grandes toiles illustrées de photos – de ce qu’on ne peut voir!

Un peu frustrant pour le touriste qui vient de si loin pour admirer, mais c’est pour la bonne cause…
(phptp)Edirne-Selimiye-Camii-(photo
  Edirne : grande salle de prière de la Selimiye Cami (en photo car actuellement inaccessible)

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Edirne : façade de Selimiye Camii en restauration
Edirne-Selimiye-Camii-cour-pour-ablutions
Edirne-porte de la mosquée Selimiye
Edirne : une porte de la mosquée Selimiye
Edirne-Selimiye-Camii-dessin
Je me console en faisant le tour de la medersa (medresse ou madrasah dit-on ici) ou école coranique en forme de cloitre qui a été convertie en petit musée des artisanats liés aux mosquées et à la religion (objets en métal, manuscrits et enluminures, ébénisterie, etc.). Sur ses murs de déroule aussi quelques beaux photomontages à la gloire de Sinan, mettant en avant quelques textes puisés dans ses souvenirs (probablement à lire si je les trouve). Edirne: cour de la Dar'ül Kurra Medrese
Edirne: cour de la Dar'ül Kurra Medrese
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Persiennes en bois (techniqu kunderkari, 1484-88)

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Tête de drapeau, Eski Camii- (laiton, Époque Ottomane)
MEDRESE-MADRASAH

Issue du mot arabe "derase », la madrasa est le nom donné aux établissements d'enseignement moyen et supérieur dans les pays islamiques. On sait que dans les premières années de l'expansion de l'islam, l'enseignement se déroulait dans les mosquées en dehors des heures d'exercice religieux et consistait à enseigner aux élèves à lire et à écrire et à leur faire mémoriser le Coran. Avec l'ajout des Sciences naturelles au programme, les mosquées se sont révélées inadaptées pour répondre aux besoins et la recherche d'une nouvelle institution a commencé. Les recherches et les fouilles ont montré que les premiers exemples de madrasa créés pour répondre à ces exigences ont été construits dans les régions de Transoxiane et de Khorasan vers le Xe siècle de notre ère. Depuis le XIe siècle, les madrasas, en tant qu'institutions d'éducation et de formation systématiques, ont joué un rôle actif dans le développement du monde scientifique et dans l'éducation de la société à la compréhension culturelle et religieuse.

La création de madrasas par le gouvernement, la gratuité de l’enseignement pour tous et l'organisation détaillée des madrasas sont autant d’éléments constitutifs de l'empire seldjoukide. Nizamillmilk, vizir d'Alparslan puis de Melikgan et auteur du Siyasetname, a créé sa premiere madrasa, la Nizamiye Madrasa, à Bagdad. La construction de la madrasa a commencé en 1604 près du Tigre et a été achevée en deux ans et ouverte à l’enseignement. Par la suite, les activités visant à établir des madrasas se sont accélérées dans le monde islamique et des madrasas Nizamiye ont été ouvertes même dans des petits villages. Les madrasas sont devenues des institutions de base systématiques chez les Ottomans également et elles se sont développées et améliorées parallèlement à la croissance de l'Etat

LES MADRASAH CHEZ LES OTTOMANS
Pendant la période ottomane, les madrasas ont connu une amélioration et un développement considérables, tant sur le plan institutionnel qu'architectural. Les sultans ottomans, en raison de leur respect pour la science et les scientifiques, ont veillé à ce que des madrasa soient établies dans les villes nouvellement conquises pour poursuivre la fonction d’éducation, ainsi que des mosquées pour répondre aux besoins religieux. D'autre part, les madrasas formaient les religieux et les bureaucrates de l'État, qui constituaient la base de l'Etat, à l'excellence en enseignant les sciences religieuses et naturelles de manière équilibrée.

Les madrasas ottomanes, qui ont formé des acteurs importants de notre histoire tels que des bureaucrates, des calligraphes et des architectes, ont mis au point une méthode qui utilise des plans et des programmes visant à dispenser une éducation en fonction des aptitudes individuelles, ce qui est également une application acceptée par la pédagogie moderne, et cette méthode était utilisée dans toutes les madrasas. Selon cette méthode les madrasas optaient pour la réussite d'une seule leçon au lieu d'une note comme le recommande la pédagogie moderne aujourd'hui, et l'obtention du diplôme n'était pas liée au nombre d'années mais aux capacités et au travail. Cependant, dès le début du XVIIe siècle, les madrasas ont commencé à dégénérer et à s'affaiblir en raison de comportements contraires à la "loi de muderrislik".

L'ARCHITECTURE DES MADRASAS À L'ÉPOQUE DE MIMAR SINAN
Mimar Sinan a construit de nombreuses madrasa selon le concept des arcades et des cours, que nous pouvons qualifier de traditionnel,  prévoyant des cellules et des classes derrière les arcades. Les madrasas Haseki Sultan (1539), Krlig Ali Pasa (1580) et Usktidar Mihrimah Sultan (1547), qui font partie de complexes immobiliers à Istanbul, sont les plus beaux exemples de ce concept. Les madrasas du complexe de Stileymanive, qui relèvent du même type de concept, présentent également une réglementation jumelle, comme le montre l'exemple de Selimiye. Les madrasas Dar’ul Hadis et Dar’ul Kurra situées dans le complexe de Selimiye ont été construites comme des jumelles se faisant face et en direction de la Mecque.


LA MADRASA DAR’UL KURRA D'EDIRNE
Les madrasa Dar’ul Kurra et Dar’ul Tedris, construites du côté de la direction de La Mecque, étaient des institutions où l’on dispensait un enseignement religieux et scientifique. Mimar Sinan a séparé ces bâtiments de la mosquée dans la cour afin d'éviter qu'ils ne fassent de l'ombre à la mosquée elle-même. Dar’ul Kura Madrasah, qui signifie "lieu où l'on lit le Quoran", est située à gauche du mur en direction de La Mecque. Les madrasas, qui témoignent a une execution tres soignée, ont été construites en grès taillé dans un concept carre. La cour des madrasas, à laquelle on accède par une porte à l'encadrement rectangulaire, est entourée d'une arcade. Les cellules de la madrasa sont alignées dans les deux directions des colonnes reliant les arcs arrondis. Sur le côté gauche de l'entrée, une salle de classe a été placée, présentant un concept carré et un dôme. Il y a douze cellules, chacune dotée d'une cheminée et de niches.


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Boite à barbe du Prophète Muhammed (nacre colorée, décoration florale entourée de rubans de cuivre, 19e)

Edirne-Carreaux-de-ceramique-d'Iznik,-technique-sous-glacure-(Mosquee-Selimiye-16e) Carreaux de céramique d'Iznik, technique sous glaçure (Mosquée Selimiye, 16e s.) Edirne-Gülabdan-petit-flacon-pour-pulveriser-de-l'eau-de-rose--cuivre-plaque-or-periode-ottomane
Gülabdan petit flacon pour pulvériser de l'eau-de-rose. Cuivre plaqué or (période-ottomane)
Edirne-bazar-de-la-mosquee-Selimiye
Edirne : bazar de la mosquée Selimiye
Une exposition sympathique que je complète en sortant par la longue galerie du petit bazar installé dans la base de la mosquée et qu’il faut traverser pour accéder aux entrées. (Bazar Selimiye Arastasi construit par le sultan Murat pour donner des revenus à la mosquée).

Edirne-Mimar-Sinan-et-son-chef-d'oeuvre-Selimiye-Camii
Edirne : le génial architecte Mimar Sinan et son chef-d’œuvre Selimiye Camii

En sortant je complète par la visite de l’autre mosquée monumentale d’Edirne à deux pas : Eski Camii, ou Vieille Mosquée. Du début XVe, elle ne comporte que deux minarets, et fait nettement plus massive extérieurement que la Selimiye. Edirne-Eski-Camii-(Vieille-Mosquee)-1414.
Edirne : extérieur de Eski Camii (Vieille Mosquée) 1414

Edirne-Eski-(Vieille)-Mosquee.
Edirne : Eski Cami (Vieille Mosquée)
Pourtant, quand je passe sa porte en me déchaussant - comme il se doit - pour la parcourir en tous sens, l’espace intérieur divisé en 3 nefs, chacune coiffée par une coupole, me semble de vastes dimensions. Sur les 4 gros piliers carrés centraux, de grandes inscriptions en coufique exemplifient l’élégance de cette calligraphie.

Edirne-Eski-Camii-minbar-et-tribune-du-choeur
Edirne, Eski-Cami : minbar (ambon) et tribune du chœur
Edirne-Eski-Camii-dome
Edirne : petit dôme d'Eski-Camii

Edirne-Eski-Camii-caligraphie-Allah-Wahid «
                    Dieu-est-unique »
 Eski Camii : calligraphie : Allah Wahid «Dieu est unique»
Edirne-Eski-Camii-centre-de-la-mosquee
Edirne : centre de la mosquée Eski-Camii
Edirne-Eski-Cami-grande-coupole-centrale
Edirne : grande coupole centrale d'Eski Camii
Edirne-Eski-Camii.minaret
Edirne : minaret d'Eski Camii
Edirne-Selamsiz-Sk.-rue-commercante-centrale
Edirne : Selamsiz Sk., la rue commerçante centrale qui descend vers le fleuve
Puis je décide de compléter ma courte découverte d’Edirne en descendant jusqu’à l’ancien pont de pierre sur la Tunca. Je suis alors les rues commerçantes très animées qui finissent sur la rivière. Architecture commune aux pays du sud, sans vrai style affirmé, à part quelques restes plus ou moins en ruines de maisons traditionnelles en bois. Beaucoup de restaurants populaires (chich kebab et döner) et de boutiques de mode, de téléphones, etc. En passant devant un grand portail décoré, je pénètre dans le Rustempasa Caravanserail (construit lui aussi par Sinan au XVIe) aux nobles proportions, mais converti en hôtel luxueux, je n’ose trop m’avancer…
La qualité des boutiques ses dégrade en me rapprochant du cours d’eau, et de grands travaux de voirie (un boulevard périphérique suspendu?) en bouleverse l’organisation tout en répandant terre et poussière. Edirne-vieille-maison-traditionnelle-en-ruines-sur-Tahtakale-Cad.jpg
Edirne : vieille maison traditionnelle en ruines sur Tahtakale Cad.
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Edirne : Tunca Koprusu (pont) sur la Maritsa (1843)
Je me rends quand même jusqu’au pont ancien pour en admirer la noble élégance (une autre commande du sultan de l’époque).

Puis, dans le soir qui descend et la fraicheur qui l’accompagne, je prends le chemin du retour vers l’Exsis laissé sur un coin de rue au dessus de la Selimiye. Je cherche en passant un bureau de change pour convertir une cinquantaine d’Euros en livres turques (TL), au cas où, mais je n’en vois pas et les banques sont fermées passé 17:00.

L’animation est à son comble dans les rues du centre ville autour de moi, je me hâte car la température descend vite, et la visibilité sera faible pour quitter la ville. Il est passé 18:00 lorsque je retrouve la chaleur et la quiétude de mon home, je consulte rapidement Google Maps faute de carte (un autre achat à prévoir dès que possible) et entreprends de gagner la grande route vers Istanbul. Mais cette plongée dans l’inconnu et dans de mauvaises conditions me tracasse, je parviens aux derniers grands lotissements modernes de la périphérie d’Edirne lorsque je décide de chercher plutôt un point de chute sur une rue latérale à la grande avenue, quitte à partir très tôt demain matin.
Edirne-crepuscule-sur-Eski-Cami-(la-Vieille-Mosquee
Crépuscule sur Eski Cami (la Vieille Mosquée) en quittant Edirne

Quelques tours de roue et je trouve un espace à mes dimensions dans un groupe d’immeubles contemporains apparemment de bon standing. Le train-train habituel ensuite me mène au souper, à la rédaction du carnet et au coucher dans un calme appréciable à 21:30 (heure UTC+3, ajustée à ma montre et sur l’affichage du bord).


74 848 Vendredi 26 janvier 2024 : d’EDIRNE à ISTANBUL (226 km) ( 10 200 m, 5 ét.)

D'Edirne-a-Istanbul
D'Édirne à Istanbul

Réveillé avant l’aube, je ne paresse guère au lit et démarre dès mon lever vers l’est sur la D100, une 4 voies en assez bon état et fort fréquentée qui me mènera après 200 km jusqu’aux faubourgs d’Istanbul. Terrain assez plat, intensivement cultivé, avec quelques petites villes denses et embouteillées où la circulation ralentit beaucoup, me faisant quitter le 90/100 km/h qui se déroulait sans broncher. Arrêt vers 9:00 sur le grand terrain d’une station-service pour douche et déjeuner. Le temps est moyen : pas trop gris, mais pas vraiment ensoleillé non plus, quoique la température reste douce. Puis le paysage devient un peu plus vallonné, et les zones habitées se rapprochent, accompagnées de multiples industries aux cheminées fumantes. Il flotte un peu partout sur le paysage comme un voile de fumée bleutée, qui semble autant provenir de ces usines que des foyers domestiques qui chauffent encore largement au bois, comme en témoigne l’odeur.

Seul le guidage précis de Google Maps dans l’enchevêtrement des voies urbaines du Grand Istanbul m’aura permis de m’en sortir. Je passe une large bande de banlieue moderne où s’entassent de haut immeubles d’affaires ou commerciaux aux formes apparemment fantaisistes et colorées.

Je quitte enfin la 4 voies par des voies détournées le long de la mer. Elles me mènent dans le centre ancien et à la petite aire de camping-car dégotée sur Park4night : Yenicapi RV Park, Langa Hisarı Cd. No.46, 34130 Fatih/İstanbul, Turquie. L’aménagement – privé – est rustique mais complet, le terrain asphalté est propre, et des boitiers apportant le courant à chaque place façon parking sont accrochés au mur, toutes neuves. Je m’enquiers du prix auprès du gérant : 10€ la nuit, rien à dire.

Je réserve donc une première journée, m’installe et déjeune copieusement avant de me lancer dans une première balade à pied, à l’issue de laquelle je déciderai si la ville me plait assez pour que je prolonge mon séjour d’une ou de deux autres nuits.
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Istanbul : arrivée au Yenicapi RV Camp sur Langa-Hisan, No 46

Il est 14:00, je coiffe mon chaud bonnet de laine tricoté par Juliette, ferme ma doudoune et, guidé par mon IPhone, prend la direction de la moquée historique la plus proche sur la colline : Laleli Külliyesi. Mais  avant de découvrir le monument, c'est le quartier commercial très vivant qui me frappe, avec ses vitrines à étages et ses publicités exubérantes de vêtements pour enfants ou pour occasions festives.

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Istanbul-vitrines-de-vetements

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Istanbul : Laleli Camii (1764) depuis le boulevard
Quant à la mosquée atteinte après un petit kilomètre de marche, la première impression est forte, car si le bâtiment n’est pas très grand, il est remarquablement proportionné, et je me sens tout à fait à l’aise de circuler tranquillement sous les hautes voutes et les coupoles discrètement décorées. Très peu de visiteurs, quelques fidèles solitaires qui prient silencieusement et discrètement dans le vaste espace libre.

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Istanbul : Laleli Cami façade est (1763)
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Laleli Cami : salle de prières

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Laleli Camii : coupole centrale
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Laleli Camii : le minbar

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Laleli Camii : calligraphie dans la marbre «Mustapha» (l'Élu), l'un des 201 noms
attribués au prophète Mahomet.

Laleli-Camii : le riwaq (portique)
Laleli Camii : le riwaq (portique) en sortant
Laleli-Camii : sardivan (fontaine d'ablutions)
                    et minaret
Laleli Camii : shardivan (fontaine d'ablutions) et minaret
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Façade N-O et entrée dans la cour de Laleli Camii

Je monte ensuite au nord en contournant les longs bâtiments de l’Université d’Istanbul, fermés au public, vers Sulleymaniye Külliyesi plus ancienne, plus grande mais aussi plus raffinée - à mon goût - dans son classicisme. En chemin je commence par découvrir Beyazit Camii, une autre mosquée splendide dont je fais rapidement le tour.

Istanbul-Bayezit-Camii
Bayezit Camii
Entrée dans la cour de Beyazit Camii (1506)
Entrée dans la cour de Beyazit Camii (1506)

porte-de-la-cour-de-Beyazit-Camii
Porte de la cour de Beyazit Camii (1506)

-Istanbul : cour et sarivan de Beyazit Camii
                    (1506)
Istanbul : cour et shardivan de Beyazit Camii(1506)
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Midha (galerie de la cour des ablutions) de Beyazit Cami : arcs et chapiteaux
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Faite du shardivan de Beyazit Cami

Beyazit-Camii
Beyazit Camii
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Grande coupole de Beyazit Camii


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En sortant dans la cour de Beyazit Camii

En quittant la cour de Beyazit Camii, je tombe sur le Bazar des Libraires, genre bouquinistes, où je cherche en vain une carte routière du pays, puis juste à côté dans le Grand Bazar. Je ne me hasarderai pas longtemps dans ses allées couvertes et chauffées bordées de boutiques brillamment éclairées : les articles offerts ou ne m’intéressent pas (vêtements, bijoux, friandises, etc,) ou risquent de m’entrainer dans d’interminables marchandages, comme avec le vendeur de tapis dont j’ai osé reluquer avec intérêt une grande pièce en soie.

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Istanbul : près du Bazar des Libraires en sortant de Beyazit Camii
Bazar-aux-livres-anciens
Bazar aux livres anciens
Istanbul-dans-les-galeries-du-Grand-Bazar
Dans les galeries du Grand Bazar

Istanbul : entrée du Grand Bazar
Istanbul : entrée/sortie du Grand Bazar

Istanbul-dans-les-galeries-du-Grand-Bazar

Sous une petite pluie qui fait remonter la capuche de nombreux stambouliotes, je parcours alors la grande avenue centrale très achalandée Yeniçeriler Cd., l'ancienne fameuse Divan Yolu, qui passe au pied de la colonne en pierre Çemberlitas, puis devant les Koca Sinan Pasha Medresesi, toutes en longueur au plan caractéristique.

ROUTE DIVAN YOLU

La route Divan Yolu est la route la plus célèbre du vieil Istanbul. Elle a été construite sous le règne de l'empereur byzantin Constantin (306-337). Son nom officiel pendant la période byzantine était « Regia », ce qui signifie « la route impériale », alors qu'elle était appelée « Mese » par les gens du peuple, ce qui signifie « la route centrale ». Elle a reçu le nom de « Divan Yolu » pendant la période ottomane, car les hommes d'État qui se rendaient à la cour impériale retournaient dans leurs demeures en empruntant cette route avec des cortèges flamboyants lorsque la cour se dispersait. Cette route, qui s'étend de Sainte-Sophie à la place Beyazit, a pris son aspect actuel après avoir été élargie à la suite de l'incendie du Grand Hoca Pacha.

En tant que route principale des empires romain et ottoman, la route Divan Yolu est un véritable musée en plein air avec les vestiges historiques qu'elle traverse. La pierre de Milion, l'école pour enfants de Cevri Kalfa, la mosquée de Firlzaga, la tombe du sultan Mahmud II, la mosquée d'Atik Ali Pasha, la Kulliye et la bibliothèque de Koprili, la Kulliye de Koca Sinan Pasha et la Kulliye de Corlulu Ali Pasha sont quelques-uns de ces ouvrages historiques.



Istanbul-Sinan-Pasha-Medresesi
Istanbul : Sinan Pasha Medresesi


COMPLEXE SOCIAL DE MERZIFONIU KARA MUSTAFA PACHA - MADRASA

La construction du  complexe social a été entreprise par le Grand Vizir Merzifoniu Kara Mustafa Pacha avant 1683, mais à sa mort, il a été achevé par son fils Ali Bey par l'architecte Hamdi entre 1696-91. Le complexe social se compose d'une madrasa, d'une salle de classe, d'un masjid, d'une école primaire, d'une fontaine, d'un réservoir d'eau, de magasins et d'un cimetière qui s'est formé au fil du temps. Une bibliothèque a également été créée à l'intérieur de la madrasa.

Les bâtiments du complexe, qui ont été dévastés par des tremblements de terre, ont été restaurés à plusieurs reprises. Le complexe a été occupé par des victimes d'incendie en 1913. Pendant les travaux d'extension de la route entre 1953 et 1954, les magasins adjacents à la façade extérieure ont été démolis, la fontaine et le cimetière ont été déplacés vers l'est et la porte de la cour a été déplacée vers l'arrière. Dans les années entre 1960 et 1984, le complexe a été restauré par la Direction générale des fondations.

Dans l'inscription sur la porte du mur de la cour donnant sur la rue, l'année de la mort de la personne qui a construit le bâtiment est donnée comme abjad en l'écriture talique (calligraphie artistique ottomane). Le masjid de l’école situé au nord-est de la cour a un plan octogonal. Le bâtiment, qui a été construit en pierre de Cul Kureki, est recouvert d'une coupole octogonale à pendants. À droite de la fenêtre située à l'extérieur de la façade est du bâtiment, se trouve un puits avec un anneau de marbre à l'intérieur d'une niche profondément sculptée. Ce puits peut être considéré comme ayant un lien avec la citerne byzantine que l'on sait se trouver sous le complexe.

Un portique à dix éléments, disposé en U, couvre la partie avant des salles de la médersa qui sont alignées en L, formant les limites ouest et sud du complexe. La fontaine située dans l'angle est du complexe possède cinq faces frontales et son sommet est recouvert d'un dôme octogonal recouvert de plomb. Le cimetière, avec plus de 100 tombes, qui ont été déplacées plus tard, a un cadre octogonal ouvert. Aujourd'hui le cimetière compte 27 tombes. Un total de 12 boutiques, dont quatre sur la façade nord du complexe donnant sur la rue et huit sur la façade ouest, ont été démolies lors des travaux de prolongement de la rue. Les arcs en briques qui sont les traces des voûtes des boutiques de la façade ouest sont encore visibles aujourd'hui.



Colonne de Constantin (300) et Corlulu Ali
                    Pasha (1710).
Colonne de Constantin (300) et Gazi Atik Ali Pasha Camii (1710)
Istanbul Koprulu-Mehmet-Pasha-Camii-sur
                    Divanyolu
Koprulu Mehmet Pasha Camii sur Divanyolu

J'approche enfin du parc qui descend vers Sultanahmet Camii, la « Mosquée Bleue », la plus grande et la plus fastueuse des constructions de Sinan. Au centre du parc, trône la masse de la fontaine offerte par Guillaume II Kaiser allemand en 1898, tandis qu'en arrière plan apparait la coupole et les minaret encadrant Agia Sophia.

fontaine-offerte-par-le-Kaiser-Guillaume-II-en-1898-et-Ste-Sophie
Fontaine «kolossale» offerte par le Kaiser Guillaume II après sa visite en 1898,
en arrière Agia Sophia (Ste-Sophie)


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                    d'entree-dans-la-cour-de-la-mosquee
Sultanahmet Cami : portail d'entrée dans la cour

Grandiose cour d’accès autour d’une fontaine centrale aux ablutions, foule dans l’immense espace central recouvert intégralement d’un moelleux tapis rouge, très haute coupole appuyée sur 4 énormes piliers de pierre rainurés…

Istanbul-Sultanahmet-Camii-en-passant-la-porte-de-la-cour-(sahn).
Sultanahmet Camii : en passant la porte de la cour (sahn)
La cour de Sultanahmet-Camii, son sardivan et
                    ses colonnades
La cour de Sultanahmet Camii, son shardivan et ses galeries sous colonnades

Sultanahmet-Camii-panoramique-sur-la-cour-(sahn)-et-les-galeries-(midha).
Sultanahmet Camii : panoramique sur la cour (sahn) et les galeries (midha)

On reste sans voix devant un tel spectacle qui suscite d’ailleurs le respect chez les nombreux visiteurs restant relativement discrets dans le lieu sacré. Seuls quelques jeunes enfants laissés libres par leurs parents courent et se poursuivent dans cette immense et confortable cour de récréation…

Sultanahmet-Camii : en entrant dans la salle de
                    prière, les énormes piliers <br>«pattes
                    d'éléphant» qui soutiennent la grande
                    coupolecentrale
Sultanahmet Camii : en entrant dans la salle de prière, les énormes piliers
«pattes d'éléphant» qui soutiennent la grande coupole centrale

Sultanahmet-Camii : la grande coupole centrale
                    et ses coupoles latérales
Sultanahmet Camii : la grande coupole centrale et ses coupoles latérales

Je fais plusieurs fois le tour du vaste espace, cherchant des angles pour rendre un peu l’impression de volume et l’enchainement des courbes, difficile vu les dimensions du chef d’œuvre.

Quelques zoom aussi dans le vaste édifice permettent aussi d'apprécier la finesse du décor coloré de cette «Mosquée Bleue» dû en partie aux fameux carreaux de céramique bleue d'Iznik.
Carreaux bleus d'Iznik de Sultanahmet Camii,
                      dite « la Mosquée Bleue »
Carreaux bleus d'Iznik de Sultanahmet Camii, dite « la Mosquée Bleue »

Sultanahmet Camii : enchaînement des courbes...
Sultanahmet Camii : enchaînement des courbes...

Sultanahmet Camii : détail des coupoles
                  périphériques
Sultanahmet Camii : détail des coupoles périphériques

En reprenant mes chaussures je fais un dernier tour dans la cour de marbre blanc aux proportions parfaites, avant de gagner l’espace de l’ancien hippodrome de Constantin qu’il avait décoré d’un obélisque d'Égypte (prélevé à Karnak) et d’une colonne de bronze torsadée dite Serpentine (prélevée à Delphes…).

Sultanahmet-Camii : le sardivan et le minaret à
                    3 balcons
Sultanahmet Camii : le shardivan et le minaret à 3 balcons dans le crépuscule
Porte en bronze de la cour de Sultanahmet
                    Camii
Porte en bronze de la cour de Sultanahmet Camii


Hippodrome : les minarets de Sultanahmet Camii
                    et l'Obélisque au crépuscule
Hippodrome : les minarets de Sultanahmet Camii et l'Obélisque au crépuscule.

À l'origine, l'obélisque de Thoutmôsis III était érigé au sud du VIIe pylône du grand temple de Karnak en Égypte. Il fut transporté à Alexandrie sous Constance II (empereur de 337 à 361), en même temps que l'actuel obélisque du Latran. Il dut attendre le règne de Théodose Ier (empereur de 379 à 395) pour être finalement transporté à Constantinople, où il fut ré-érigé en 390 sur la spina de l'hippodrome. Sa partie basse manque, et sa hauteur n'est plus aujourd'hui que de 18,54 m (ou 19,6 m) et 25,6 m avec le piédestal. À l'origine, il devait atteindre une trentaine de mètres. L'obélisque est séparé du piédestal par quatre cubes de bronze de quarante-cinq centimètres, pourvus de boucles de bronze soudées aux angles extérieurs. Les inscriptions hiéroglyphiques sur l'obélisque sont réparties sur les quatre faces,  en une seule colonne centrale, et célèbrent les victoires de Thoutmôsis III sur les rives de l'Euphrate (vers -1450).
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Base de l'Obélisque de l'Hippodrome (bas-reliefs byzantins du 4e. s) en dessous de l'obélisque égyptien : faces est et nord.

Sur la face Est l'empereur Théodose dans la loge impériale, entouré de sa cour, remet au vainqueur de la course la couronne de laurier, dans un décor d'arcades et de colonnes corinthiennes. Le spectateurs assistent à la cérémonie en compagnie de musiciens et de danseurs. À droite on distingue l'orgue hydraulique de Ctésibos et à gauche un autre instrument.

Sur la face nord : l'Empereur et sa cour surveillent le transport et l'édification de l'obélisque avec un cabestan (sur la base du piédestal, non visible sur la photo)



Hippodrome-base-de-l'Obelisque-de-Theodose-(bas-reiefs-byzantins-du-4e.-s).
Hippodrome, base de l'Obélisque de Théodose (bas-reliefs byzantins du 4e. s)  : détail de la face nord : spectateurs de l'édification de l'obélisque.

Pour en savoir plus sur l'histoire mouvementée de l'Hippodrome : https://www.thebyzantinelegacy.com/hippodrome

Hippodrome-bas-reliefs-byzantins-de-l'Obelisque-de-Theodose-(4e.-s).
Hippodrome : bas-reliefs byzantins de l'Obélisque de Théodose (4e.s) Face ouest : Soumission des Barbares

Base de l'Obelisque Theodose assiste a une
                    course de chars
Base de l'Obélisque de l'Hippodrome

Face sud : l'Empereur Théodose et sa famille dans la loge impériale entouré de  sa cour assistent à une course de chars
Base de l'Obélisque de l'Hippodrome d'Istanbul
                    : inscription en grec
Base de l'Obélisque de l'Hippodrome : inscription en grec :

« Cette colonne à quatre côtés qui gisait à terre, seul l'empereur Théodose osa en relever le fardeau ; Proclos fut invité à exécuter son ordre et cette grande colonne se dressa en trente-deux jours.»
(Le nom PROCLO renvoie au nom du préfet de Constantinople qui dut se charger de la délicate opération)


LA COLONNE SERPENTINE

Lors de l'établissement de Constantinople comme la nouvelle capitale de l'Empire Romain, Constantin apporta certains des obélisques monumentaux établis pour commémorer d'importants événements historiques antérieurs et dans le but de les célébrer à l'Hippodrome tout en décorant la nouvelle ville. L'un de ces obélisques est la Colonne Serpentine.

Les colonnes érigées dans la ville étaient placées sur la spina coupant en deux la zone de course de l'Hippodrome. Cette colonne est celle qui se trouvait devant le temple d'Apollon à Delphes lors de l'introduction d'une nouvelle capitale. Elle a été déplacée de Delphes à la nouvelle capitale de Constantin.
Le processus d'érection du monument devant le temple d'Apollon est également très intéressant. Après les victoires de Salamine (480 av. J.-C.) et de Platée (479 av. J.-C.) contre les Perses qui envahissaient leurs terres, 31 colonies grecques ont fabriqué une chaudière en or, en faisant fondre le butin de guerre qu'elles avaient saisi, et l'ont offert au temple d'Apollon. Ce monument est formé d'une chaudière en or avec 3 piédestaux s'enlaçant l'un l'autre, de 8 mètres de hauteur, formée de 3 serpents enroulés. Les têtes des serpents, séparées les unes des autres, donnent sur trois directions distinctes. Sur les corps des serpents, sont également inscrits les noms des 31 sites grecs ayant participé à la guerre. On peut voir que ce monument est complet jusqu'au 16ème siècle dans les miniatures de Hunername. Les têtes de serpents ont été perdues à la fin de cette période. Les têtes de serpents ne sont pas disponibles actuellement, mais lors d'une étude à la fin du 19ème siècle, une partie de la partie supérieure de mâchoire a été trouvée et se trouve aujourd'hui au musée archéologique d'Istanbul (voir ci-dessous).
 
Au Ve siècle avant J.-C., l'Empire perse s'abat sur plusieurs villes helléniques, mais les Hellènes s'unissent pour résister aux Perses et sortent victorieux des batailles de Salamine et de Platée. L'histoire la plus communément admise veut que cette colonne de bronze représentant un serpent à trois têtes ait été construite à partir de boucliers, d'armures, etc. perses fondus, et qu'elle ait été complétée par une marmite d'or à trois pieds posée sur les têtes.

La colonne mesurait environ huit mètres de haut.  Alors que le sol s'est élevé au fil du temps, la partie inférieure de la colonne est retrouvée sous le niveau du sol. C'est grâce aux fouilles effectuées au milieu du 19e siècle que sa forme actuelle a été révélée.

Istanbul colonne serpentine en bronze de
                    l'Hippodrome (5e s. av.J-C)
 Istanbul : Colonne Serpentine en bronze de l'Hippodrome (5e s. av. J-C)

Mâchoire supérieure d'une des têtes de serpent
                  placées en haut de la Colonne Serpentine de
                  l'Hippodrome (bronze, Delphes 5e-s.- av. J-C) - Musée
                  Archéologique d'Istanbul

Mâchoire supérieure d'une des  têtes de serpent placées en haut de la Colonne Serpentine
de l'Hippodrome
(bronze, Delphes 5e s.  av. J-C) - Musée Archéologique d'Istanbul


La nuit tombe, il est passé 18:00, je prends le long chemin du retour qui me fait redescendre dans le quartier populaire de petits restaurants, ateliers divers de mécanique ou de réparations et surtout boutiques de vêtements pour enfants qui semblent la spécialité du quartier.
Istanbul-rue-commercante-pres-de-l'aire-de-camping
Istanbul en soirée :la  rue commerciale (Asya Sk.) près de l'aire de camping

Il est passé 19:15 lorsque je retrouve l’Exsis dans son enclos. Courte discussion avec mes jeunes voisins français qui sortent de leur cabine montée sur un camion Mercedes de 8 tonnes dans lequel ils sont partis sur la Routes de la Soie… Jusqu’où iront-ils, vu l’état politique problématique de la région (islamistes intégristes en Iran, talibans en Afghanistan…). Puis je me prépare un souper reconstituant après ma longue marche d’une dizaine de kilomètres. Appel de Monique à qui je conte un peu ma journée mais qui semble surtout préoccupée de la partie de carte qu’elle prépare avec son amie Christelle. J’achève mon souper, transfère les photos de la journée et rédige le carnet pour me coucher à minuit et demi.


75 074 Samedi 27 janvier 2024 : d’ISTANBUL à IZMIT (107 km) (9 800 m, 13 ét.)

D'Istanbul-a-Izmit
D'Istanbul à Izmit
 
Autre journée bien remplie et qui démarre tôt dès 7:30, car je compte quitter Istanbul aujourd’hui après avoir fait un autre grand tour dans le vieux quartier de Sultanahmet. Le bruit, l’agitation, la pollution de cette ville immense ne me conviennent décidément pas, et je me sens peu d’affinités avec cette culture populaire peu raffinée et apparemment pénétrée de religiosité, bien loin du génie architectural de la haute période ottomane. Je complèterai donc – au moins partiellement – mon exploration pédestre, rentrerai au camp en fin de matinée et partirai vers la côte sud dès mes préparatifs complétés. Istanbul : Yenicapi RV Park sur Langa Hisan-
                    Cd., No46
Istanbul : Yenicapi RV Park sur Langa Hisan Cd., No.46

Istanbul Mosquee de la Sultane Valide
                    Pertevniyal
Istanbul : Mosquée de la Sultane Valide Pertevniyal depuis Ataturk Bv
Après douche et déjeuner rapides j'emprunte le grand Atatürk Bvd qui monte plein nord pour gagner la Süleymaniye Camii que j’ai raté hier, étant parti un peu au hasard sans préparation détaillée ni plan de balade.

En route je ne tarde pas à tomber sur une autre mosquée beaucoup plus petite mais charmante, construite par la sultane mère Pertevniyal Valide en 1869.

Mosquee-de-la-Sultane-Pertevniyal-Valide-facade-sur-Ataturk-Bv
Mosquée de la Sultane Pertevniyal Valide façade sur Ataturk-Bv. au lever du soleil sur Istanbul
MOSQUÉE DE LA SULTANE PERTEVNIYAL VALIDE

Elle a été commandée par Pertevniyal Valide Sultane. La mosquée, à laquelle Pertevniya| Valide Sultane attachait une grande importance, était à l'origine conçue comme une kulliye (fondation), comprenant une école, un tombeau, une « salle du chronométreur » (qui fixait l'horaire variable des prières) et une fontaine publique. Les fondations de la mosquée ont été posées en octobre 1869 lors d'une grande cérémonie et la construction a duré trois ans. L'architecte de la structure est Sarkis Balyan, mais on sait  qu'Agop Balyan a
également contribué à la conception et que le concepteur Osep a également participé au processus de dessin.

Parallèlement à la construction de la mosquée, la Sultane mère a fait construire un tombeau pour elle-même à l'angle opposé de la structure, et a fait poser les fondations d'une école nommée "Mahmudiye" dans la région.

La mosquée de Valide comprend un lieu de rassemblement, une entrée en forme de petit pavillon et un harim  (salle de prière) traditionnel, comme dans toutes les autres grandes mosquées du XIXe siècle. Outre quelques petites différences, la partie de l'entrée présente un plan symétrique et une organisation des masses. L'espace d'entrée, auquel on accède par un escalier de cinq marches, s'ouvre sur un vaste hall. Le hall est relié aux espaces réservés aux deux sexes, le harem (réservés aux femmes) et le selâmlik (réservé aux hommes), par des couloirs. Le Harim (salle de prière) est recouvert d'une haute coupole reposant sur une sous-structure carrée de 10 x 10 mètres. La mosquée Valide se distingue des autres mosquées d'Istanbul par l'abondance et la variété de ses motifs décoratifs. Les murs du corps présentent une segmentation qui souligne la verticalité de l'organisation de la façade. La coupole est composée de 16 segments, sur une jupe formée de trois lignes de muqarnas. La mosquée de Valide est également l'un des patrimoines historiques les plus endommagés par les travaux de réorganisation urbaine à Istanbul. La tombe de la sultane Pertevniyal, la salle de chronométrage et la fontaine publique ont été déplacées lors de la transformation de la place Aksaray et de l'ouverture des avenues Vatan et Millet entre 1956 et 1959. La fontaine publique a été reconstruite en 1968 dans la cour de la mosquée, mais en détruisant le mur de la cour, pour révéler la fontaine à la rue.


Ici le tapis n’est pas rouge, mais bleu tendre et l’ensemble bien plus baroque que classique dégage une élégance et un charme tout féminins. Istanbul Mosquée de la Sultane Pertevniyal
                        Valide mur de la qibla et mirhab

Istanbul Mosquée de la Sultane Pertevniyal
                        Valide coupole
Mosquée de la Sultane Pertevniyal Valide : la coupole
Mosquée de la Sultane Pertevniyal Valide
                        lustre et minbar
Mosquée de la Sultane Pertevniyal Valide : grand lustre et minbar

Mosquée de la Sultane Pertevniyal Valide
                          : le grand lustre
Mosquée de la Sultane Pertevniyal Valide : le grand lustre en cristal
Sommet du minaret de la Sultane Pertevniyal
                        Valide
Sommet du minaret de la Sultane Pertevniyal Valide

Mosquee-de-la-Sultane-Pertevniyal-Valide


Je poursuis ma remontée de l’avenue et, m’aidant de la carte sur mon Iphone, rejoins l’Anit Parki et son groupe sculpté représentant le sultan Mehmet II le Conquérant «Fatih» qui prit Constantinople en 1453, accompagné de dignitaires en discussion et de deux janissaires fort martiaux. En arrière, l’aqueduc de Valens, construit par les Romains.

Istanbul : Recyclage...
Istanbul : Recyclage...

-Istanbul-Anit-Parki : statue équestre de
                        Mehmet II le Conquérant (XVe).
Istanbul, Anit Parki : statue équestre du Sultan Mehmet II Fatih (le Conquérant), qui prit d'assaut Constantinople en 1453. À son côté, deux janissaires et trois savants en discussion, par Hussein Gezer (1987)
Anit-Parki-statue-equestre-de-Mehmet-II-(XVe)-savants
Anit Parki, sous la statue équestre de Mehmet II (XVe), savants en discussion, par Hussein Gezer (1987)


Aqueduc de Valens
Aqueduc de Valens

Ensuite je longe une avenue remplie de commerces essentiellement de bouchers et autres préparateurs de viande peu ragoûtants... Istanbul-rue-des-bouchers

...avant d’aborder une dernière petite montée me menant à la Süleimaniye que je commence à apercevoir au dessus d’un quartier ancien en triste état et d’ailleurs en pleine rénovation. Il a l’intérêt de montrer un peu l’habitat urbain des derniers siècles, bien loin de nos standards actuels, et ce qu'une habile restauration peut obtenir !

Istanbul-vers-Süleymaniye-Camii
Istanbul : en montant vers Süleymaniye Camii
Istanbul : quartier traditionnel en
                        rénovation vers Süleymaniye Camii
Istanbul : maison traditionnelle avant rénovation près de Süleymaniye Camii
Qartier ancien en
                        renovation-sous-Süleymaniye Camii
Istanbul : maisons anciennes après rénovation vers Süleymaniye Camii
Portail de l'enclos de Süleymaniye Camii
Portail de l'enclos de Süleymaniye Camii

Enfin c’est la mosquée, une autre réalisation de Mimar Sinan à la demande de Soliman le Magnifique, probablement la plus belle de ses créations avec celle d’Edirne.

Süleymaniye Camii entrée de la cour de la
                        mosquée
Au delà du portail de l'enclos, l'entrée monumentale dans la cour de Süleymaniye Camii
Dans-l'enclos de Suleymaniye Camii
La mosquée depuis un angle de l'enclos de Süleymaniye Camii

Suleymaniye-Camii-la-grande-cour-des-ablutions-et-le-sharvidan.jpg
Süleymaniye Camii : la grande cour des ablutions et le sharvidan

LA MOSQUÉE SÜLEYMANIYE

La mosquée Süleymaniye a été construite sur l'une des sept belles collines d'Istanbul pour le sultan Kanoni Süleyman (Soliman-le-Magnifique, le Législateur) par l'architecte Mimar Sinan en 1557. Elle a été construite en sept ans (1550-1557). Dans son complexe de bâtiments, on trouve des médersas, un hôpital (imamet), un hospice, un bain turc (hammam), etc. La magnifique Süleymaniye, considérée comme la plus grande mosquée d'Istanbul, occupe avec son complexe une surface de près de 63 000 m². Le bâtiment se distingue par sa construction simple, son acoustique, ses vitraux colorés, ses colonnes de granit très précieuses, sa salle de soot, son shadirvan (réservoir d'eau avec une fontaine), ses quatre grands minarets et ses dix serefe (minarets à balcons). Sa superficie intérieure est de 3 422 m2.  Le diamètre du dôme est de 27,25 m et sa hauteur de 48,5 m. Le coût de construction de la mosquée et de son complexe s’éleva à 59 760 180 akces (700 000 dukas d'or) et 3 523 artisans ont travaillé à sa construction. La première pierre a été posée par Seyhiilislam Ebussuud Efendi et la porte a été ouverte à la prière par Mimar Sinan.  La mosquée était financée par un wakf (fonds) : elle possédait 271 propriétés, dont 2 îles et 217 villages. Les salaires des 275 employés de la mosquée et des 311 employés des autres bâtiments du complexe étaient payés par ce wakf.

Le magnifique temple a été endommagé par un incendie en 1660, puis restauré. Sous le règne du sultan Abdiilmecid (1839-1860), toutes les colonnes ont été recouvertes de ciment et de peinture à l'huile. En 1956, les peintures ont été enlevées et les minarets, le dôme et les voûtes ont été restaurés.  Le fondateur de la mosquée, Kanuni Sultan Süleyman, a été enterré dans le cimetière situé devant la mosquée. La tombe de Mimar Sinan se trouve à l'extérieur du jardin, au nord-est de la mosquée.


Suleymaniye-Camii-calligraphie-au-dessus-de-la-porte
Süleymaniye Camii : calligraphie en céramique d'Iznit au-dessus des fenêtres

Suleymaniye-Camii : en regardant vers la
                        qibla et le mihrab
Süleymaniye Camii : en regardant vers la qibla et le mihrab
Suleymaniye-Camii-vitraux.
Suleymaniye Camii : vitraux à droite de la qibla

J’y passe un bon moment à admirer et photographier la cour, la fontaine au centre, les minarets, puis à l’intérieur les voutes, les coupoles et les vitraux…

Suleymaniye Camii : minbar
Suleymaniye Camii : minbar
Suleymaniye Camii : facade intérieure nord,
                        du côté de l'entrée
Suleymaniye Camii : façade intérieure nord, du côté de l'entrée

Tout ici est admirable, jusqu’à l’acoustique combinant réverbération sur les courbes qui s’enchainent et amortissement dû à l’épais tapis rouge qui couvre intégralement le sol.

Suleymaniye Camii- : coupole
Suleymaniye Camii : grande coupole centrale
Suleymaniye Camii : vitrail et faience
                        d'Iznik
Suleymaniye Camii : vitrail et faïence d'Iznik
Suleymaniye Camii : prêche sous le pilier
Suleymaniye Camii : prêche sous le pilier
Suleymaniye Camii : écoinçons de la grande
                        coupole
Suleymaniye Camii : écoinçons de la grande coupole
Suleymaniye-Camii-enchevetrement-des-voutes
Süleymaniye Camii : enlacements des voutes...
Suleymaniye-Camii-volet-incruste.
Süleymaniye Camii : volet incrusté d'ivoire

Suleymaniye-Camii-la-cour-cote-nord.
Süleymaniye Camii : la cour côté nord

Suleymaniye-Camii-fontaines-des-ablutions
Süleymaniye Camii : les fontaines d'ablutions sur la façade ouest
Suleymaniye-Camii-mur-des-ablutions
Süleymaniye Camii : mur des ablutions sur la façade ouest

Suleymaniye-Camii-tombeau-de-Soliman-le-Magnifique-et-mosquee
Süleymaniye Camii : tombeau de Soliman-le-Magnifique devant la qibla de la mosquée

Je me rends ensuite sur la terrasse à l’extérieur de la clôture donnant sur le vaste panorama de la Corne d’Or, puis, dans le cimetière attenant, pénètre dans les mausolées jumeaux tout aussi admirables de Soliman et de Roxelane son épouse, eux aussi œuvres de Sinan. Je ne verrai malheureusement pas le mausolée de l’architecte, des travaux sur les annexes du complexe (imaret, medersas…) rendant la circulation difficile.

Suleymaniye-Camii--tombeau-de-Soliman-le-Magnifique.
Süleymaniye Camii : tombeau de Soliman-le-Magnifique
LE TOMBEAU DU SULTAN SÜLEYMAN
LE LÉGISLATEUR


La tombe du Sultan Süleyman le Législateur est l'un des plus grands bâtiments de la zone funéraire du complexe Süleymaniye, qui s'étend autour de la mosquée. Il s'agit d'un bâtiment construit par l'architecte Sinan, en pierre de taille et de plan octogonal. Avec les clés de voûte colorées, les arcs répétés sur tous les côtés et la lourde corniche du toit, les triples groupes de fenêtres dans la partie supérieure du corps présentent les détails les plus rafinés et les plus colorés de la taille de la pierre. Une partie de la Hajar al Aswad (pierre noire), qui est considérée comme une pièce de monnaie Mawlawi, se trouve juste en dessous de l'entrée du tombeau. A l'intérieur du tombeau, les deux armoires en ébène et les panneaux de porte incrustés d'ivoire sont les plus beaux exemples du travail du bois à cette époque.

La tombe contient sept sarcophages. Le sarcophage du sultan Süleyman le Législateur se trouve au milieu. Les autres sarcophages appartiennent à Soliman II, Ahmad II, fille du sultan Soliman le Magnifique, Mihrimah Sultan, mère de Soliman II, Saliha Dilasub Sultan, Rabia Sultan favorite de Ahmad II, et sa fille Asiye Sultan.


Suleymaniye-Camii--tombeau-de-Soliman-le-Magnifique
Suleymaniye Camii : intérieur du tombeau de Soliman-le-Magnifique (Kanoni = Le Législateur)

LE TOMBEAU DE HURREM SULTANE
(Roxelane pour les Occidentaux)



Après la mort de son épouse, le sultan Kanoni Süleyman ordonna la construction d'un tombeau aux dimensions impressionnantes. Avec son entrée à toit pentu et son plan octogonal, le tombeau présente une façade importante et un plan de masse caractéristique d'un monument du XVle siècle. Parmi les éléments qui confèrent à l'ensemble un style digne, on peut citer le verset écrit sur le tambour, qui a un tour cylindrique sous la coupole, les grilles en fonte des fenêtres du premier étage et, aux niveaux supérieurs, les fenêtres en stuc en arc brisé et les profilés en pierre. L'ordre des niches en nid d'abeille et des fenêtres du rez-de-chaussée met en valeur la richesse des panneaux faïencés. Les battants de portes et de fenêtres réalisés selon la technique du "kündekari" sont parmi les exemples les plus délicats de l'artisanat du bois dans la région.

La tombe contient trois sarcophages. Le sarcophage de Hurrem Sultane se trouve au milieu. L'un des autres est celui du prince Mehmed, petit-fils du sultan Kanoni Süleyman et fils du sultan Selim 1er. Le troisième est celui de Hanim Sultane, fille de Hatice Sultane et sœur de Kanoni.

Suleymaniye-Camii--tombeau-de-la-Sultane-Roxelane
Süleymaniye Camii : tombeau de la Sultane Roxelane

Suleymaniye-Camii--tombeau-de-la-Sultane-Roxelane
Süleymaniye Camii : porte du tombeau de la Sultane Roxelane
HURREM SULTANE

Elle est la fille d'un prêtre vivant dans la région de Rogatin (Rohatyn), située sur le territoire de l'actuelle Ukraine, et son vrai nom est Alexandra Lisowska. Elle est communément connue sous le nom de Roxelane dans les sources occidentales.
Hurrem Sultan a été envoyée à Kanoni Sultan Süleyman par les Tatars de Crimée. Lorsqu'elle a été intégrée au harem pour la première fois, elle a été nommée conformément aux traditions et en fonction de son regard qui était le plus souvent souriant, Hurrem, qui signifie "vif, souriant, gai", a été choisi pour elle. Elle a reçu une bonne formation et une bonne éducation. Malgré le fait qu'elle n'avait pas un très beau corps, avec son sourire éclatant, son humeur joyeuse, sa volonté, son style de conversation, son talent musical, son intelligence et son élégance, elle réussit à gagner le cœur de Kanoni et à se hisser au premier rang dans le harem. Lorsque Hurrem Sultane donne naissance à son premier enfant, Mehmed, en 1521, elle passe du statut d'odalisque à celui de Haseki Sultan. Hurrem Sultane donne aussi naissance à Mihrimah, Abdullah, Selim, Bayezid et Cithangir.
Après la mort de la mère de Kanoni, Hafsa Sultane, en 1534, Haseki Hurrem Sultane est devenue la première femme dominante du Harem et l'a prouvé en forçant Mahidevran Sultane, mère du prince Mustafa, à quitter le palais. Elle a ensuite consacré sa vie à garantir que l'un de ses fils monterait sur le trône après Kanoni. Cependant, elle ne put voir son plan se réaliser et mourut le 15 avril 1558 des suites de la malaria et de coliques. Ses funérailles furent célébrées par Seyhulislam Ebusuud Efendi et elle fut enterrée dans la zone funéraire spéciale de la mosquée de Süleymaniye.
Kanoni et Hurrem Sultane étaient liés par un grand amour. Kanoni a exprimé son amour à Hurrem Sultane de manière admirable, même pendant des années. On peut dire que Kanoni exprimait que Hurrem Sultane était aussi précieuse que les pays pour lui en l'appelant "Mon Istanbul, mon Karaman, mon Bagdad, mon Horasan' dans l'un de ses poèmes.

Hurrem Sultane a laissé derrière elle de grandes fondations caritatives. La plus importante est un complexe qui comprend une mosquée, une madrasa, une école, un imaret et un hôpital dans le complexe appelé par son nom, "Haseki Sultane Complex", à Istanbul. Ces bâtiments sont également considérés comme les premières constructions planifiées et gérées par Mimar Sinan en tant qu'architecte en chef du palais". Hurrem Sultane a également joué un rôle actif dans la construction d'un imaret et de deux bains à Istanbul, de plusieurs complexes immobiliers à Edirne et Ankara, d'un hôpital et d'un imaret à Jérusalem et de plusieurs bâtiments de fondations caritatives à La Mecque et à Médine. Elle a laissé des dotations avec un grand nombre de revenus pour des fondations, et surtout pour le complexe Haseki Sultane. De même, après la mort de son épouse, Kanoni a lui-même dirigé la construction des bâtiments des fondations caritatives et en a finance les revenus.



Suleymaniye-Camii--tombeau-de-la-Sultane-Roxelane
Süleymaniye Camii : intérieur du tombeau de la Sultane Roxelane

Tombeau de Süleyman et mosquee.Süleymaniye Camii
Tombeau de Süleyman devant la mosquée de Süleymaniye Camii

Süleymaniye-Camii-facade-est
Süleymaniye Camii : façade nord-est devant le panorama sur le Bosphore
 
Vue sur le Bosphore depuis Suleymaniye Camii
Vue sur le Bosphore et la rive asiatique depuis Süleymaniye Camii

Empruntant ensuite des rues très commerçantes où le goût oriental à mon sens parfaitement kitsch s’étale à foison, et passant devant la tour Beyazit (ou tour du Feu qui servait à guetter les éventuels incendies, 1828) je retombe sur la place Beyazit, sur laquelle donne la Beyazit Camii déjà visitée rapidement hier soir, mais que je parcourrai à nouveau plus à loisir.
Chromo «Art contemporain » à Istanbul...
Chromo «Art contemporain» à Istanbul...
Beyazit Camii (1505)
Beyazit Camii (1505) : la cour
 Le sardivan de Beyazit-Camii (1505)
Beyazit Camii (1505) : le shardivan (réservoir et fontaine pour les ablutions)
Beyazit-Camii (1505) : galeries dans la
                        cour
Beyazit Camii (1505) : galeries dans la cour
Beyazit-Camii-(1505)
Beyazit Camii (1505) : la qibla et le minbar
Beyazit Camii (1505)
Beyazit Camii (1505) : le mur ouest et la tribune
Coupole de Beyazit Camii (1505)
Beyazit Camii 1505) : la coupole

Place Beyazit : pavillons d'entrée de
                        l'Université
Place Beyazit : pavillons d'entrée de l'Université
Devant la perspective sur le pavillon d’entrée et la grille monumentale de l’Université d’Istanbul, je me sens un peu désorienté par cet espace par ailleurs vide... Je m’engage alors sur la grande avenue commerçante vers l’est comme pour me diriger vers Sainte Sophie (encore très loin) et le Palais de Topkapi.  mais en mesurant la distance et le temps nécessaire pour ces visites, je fais demi-tour et reprends l’avenue vers l’ouest en cherchant - en vain - un libraire qui me vendrait la carte routière manquante.
Tout au long du chemin ce ne sont que boutiques de fripes, de chaussures, bijouteries et produits de beauté…. Quelques agences de change et de voyages, mais rien qui ressemblerait à une quelconque littérature. Puis ce sont des restaurants, de catégories très inégales, même les kiosques de journaux sont tristes à voir dans leur dénuement. Je songe alors à la richesse culturelle déployées dans toutes les autres capitales européennes visitées, de Paris à Londres, Rome, Madrid, Vienne, Berlin, Bruxelles, etc.

Il faudrait que je prenne le temps de visiter d’autres quartiers de cette immense ville pour me faire une idée plus valide sur le niveau d’Istanbul et de la Turquie en général. Peut-être est-ce la vocation très touristique et commerciale de ce quartier qui en limite l’offre culturelle, au-delà des grands monuments historiques ?
Istanbul : livreur de çai (thé)
Istanbul : livreur de çai (thé)

Chemin faisant et commençant à sentir venir la faim après cette longue balade (plus de 9 km…) je finis par rapatrier mon petit Yenikapi RV Park où m’attendent ma cuisine et ma salle à manger. Je me prépare vite une grosse salade et ouvre une boite d’ananas dans leur jus, qui, accompagnés d’un reste de palets bretons et d’un expresso bien tassé, me remettent en forme. Je passe alors aux préparatifs de départ, purge et rince la cassette, vide le réservoir d’eaux grises, complète la citerne d’eau propre, débranche l’alimentation électrique sur le secteur… et ouf, me voilà prêt ! Le gérant me conseille d’emprunter un ferry pour traverser le Bosphore et passer sur la rive asiatique, les 2 ponts étant surchargés surtout un samedi après-midi.

Istanbul : sur le Bosphore, en route vers
                        l'Asie
 Istanbul : sur le Bosphore, en route vers l'Asie
Je suis sa suggestion et me laisse guider par le GPS qui me mène – encore que bien lentement – jusqu’à l’embarcadère de Sirkeci vers le quartier de Harem.

Sur le pont du navire et après quelques photos du vaste panorama des plus pittoresques, j'échange avec un jeune étudiant germano-turc venu faire quelques sessions dans le pays d’origine de ses parents. Il évoque le contraste entre la culture locale, méditerranéenne et quelques peu orientale, et celle de son pays de naissance comme «immigrant» de deuxième génération….

Situation qui me parle bien évidemment ! Puis il me fait part des aléas de l’intégration de la Turquie à l’Europe, liés - pense-t-il - en partie à la forte immigration orientale à laquelle le pays doit faire face; nous n’irons pas bien loin dans nos considérations, puisqu’il est déjà temps de débarquer.

Je suis tout de suite happé par la conduite qui demande beaucoup d’attention, car le trafic est intense sur la route côtière où se succèdent de courts bouchons, puis sur la D100 à 4 voies qui file vers le sud-est. Je me fixe comme objectif Izmit, me rappelant vaguement que le Guide Vert soulignait son intérêt comme centre de production de la fameuse céramique bleue. La côte est continument et très densément peuplée et forme une immense conurbation de plus de 100 km avec Istanbul. Aussi, lorsque je me cherche un point de chute, j’ai bien de la difficulté à trouver un endroit convenable, i.e. pas trop habité, à l’écart de la circulation et assez silencieux. Les parkings attenant aux immeubles sont pleins, les rues trop passantes, je finis par découvrir un terrain herbeux pas trop occupé entre deux immeubles… Entre temps je suis brièvement sorti de la 4 voies pour refaire pleins de gasoil et de GPL Conso normale (9,82 l pour le GO) mais un peu élevée pour le GPL puisqu’elle est remontée à 2,40l/j pour les 7 derniers jours où j’avais l’impression de peu chauffer… En revanche la facture est légère et j’ai limité les frais en faisant porter les deux montants sur le même paiement Visa.

Tirant la leçon de ma visite un peu brouillonne de Sultanahmet à Istanbul, je consacre une bonne partie de la soirée à relire puis tirer à part avec leur carte les fiches des deux prochains sites d'Iznik (confondu avec Izmit où je me trouve ce soir) et de Bursa. Puis la rédaction du carnet de bord me mène jusqu’à 23:30, tandis que la pluie vient couvrir incomplètement le bruit de fond urbain qui m’entoure. Cette journée m’a paru bien pleine, je ne devrais pas avoir de mal à m’endormir…


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