Ça y est, il est revenu! Quoi?, mais le soleil, pardi, accompagné d’un grand ciel bleu clair et dégagé, mais aussi d’une température hivernale plus septentrionale : il a fait -3° cette nuit, la neige qui parsème les champs a durci et les flaques sont couvertes d’une mince couche de glace. | Vergina : bivouac sur le parking; en arrière au sud s'étendait la ville ancienne |
Vergina-Aigai : le Grand Tumulus royal |
Comme prévu à 9:00 précise je suis à la grille d’entrée du parc muséographique, mais le cadenas est encore sur la chaîne… Je vais me plaindre à la boutique (à la sortie, ouverte quant à elle), un gardien fait un appel puis m’accompagne : cette fois la grille est grande ouverte devant le vaste tumulus que l’on a reconstruit au dessus des tombeaux après les fouilles et l'édification du musée. |
LE GRAND TUMULUS Le marquage d'une sépulture par un
tumulus, c'est-à-dire un monticule de terre ou de
pierres qui, dans certains cas, pouvait atteindre la
taille d'une petite colline, était une pratique très
courante dans l'Antiquité, mentionnée pour la
première fois par Homère. Le grand tumulus de
Vergina (110 m de diamètre et 12 m de haut), qui se
trouvait à l'extrémité ouest du cimetière d'Aigai,
était le plus grand tumulus de la Grèce
continentale. Il s'agit d'une structure monumentale
et complexe dont la construction a nécessité les
efforts concertés d'une main-d'œuvre nombreuse
pendant une longue période.
L'archéologue français L. Heuzey, qui a visité la région au 19e siècle, a noté : "Ce monticule artificiel est sans conteste le plus beau tumulus de Macédoine (...) Dans ces monuments macédoniens (...) il y a plus que quelques vestiges antiques à découvrir. C'est la vie et l'histoire d'un peuple entier qui attendent d'être redécouvertes". Le Grand Tumulus a été construit avant le milieu du IIIe siècle av. J.-C. sur le plus petit tumulus jumeau qui recouvrait à l'origine la tombe de Philippe Il et la "Tombe du Prince". Quelques tombes datant du IVe siècle avant J.-C., construites après celle de Philippe, marquent la périphérie du tumulus original, tandis que quelques autres datant du IIe siècle avant J.-C. marquent la limite extérieure du Grand Tumulus. Le remplissage du Grand Tumulus s’est révélé contenir un grand nombre de pierres tombales brisées, provenant des tombes de citoyens ordinaires. La plupart d'entre elles portent des inscriptions avec les noms des défunts. Ces inscriptions montrent qu'"à la fin du Ve siècle avant J.-C., les Macédoniens qui habitaient la capitale originelle du royaume de Macédoine (...) portaient des noms grecs. Cette preuve confirme de la manière la plus claire l'opinion des historiens qui ont soutenu que les Macédoniens étaient une tribu grecque, comme toutes les autres qui vivaient sur le territoire grec" (M. Andronikos, Vergina, 1984, 84). |
On descend donc sous terre pour pénétrer dans les salles entourées de vitrines où sont exposées les nombreuses et superbes trouvailles. Ambiance mystérieuse et sombre (les murs et le plafond du dôme sont bruns comme la terre), des spots assez bien dissimulés diffuse une lumière tenue vers les points d’intérêt, un escalier invisible descend dans un puits devant l’entrée monumentale du tombeau de Philippe II vivement illuminée. Les portes en sont fermées, on ne visite pas, tous les artefacts ont été extraits, restaurés et présentés dans les vitrines au dessus. | Vergina : le musée dans le Tumulus Royal |
Vergina, Stèle funéraire en marbre : deux hommes - un père, assis, et son fils, debout - près d'une femme (probablement l'épouse du fils) et d'un petit garçon avec inscription des noms des défunts (330-320 B.C.) |
Vergina : figurines en argile d'un jeune enfant et d'un pédagogue |
Vergina : kantharos (coupe à libations) en bronze |
Vergina, figurines en argile : kourotrophos (nourrice) et déesse assise (Perséphone ?) |
Vergina : façade de la tombe II de Philippe II de Macédoine |
LA TOME ROYALE
Au cœur du tumulus, la tombe de Philippe Il de Macédoine dresse sa haute et majestueuse façade (5,60 m). Flanquée de colonnes doriques engagées, elle est soulignée d'une frise représentant une scène de chasse où vous distinguerez de nombreuses traces de peintures polychromes. L'intérieur comprend une chambre et une antichambre, celle-ci étant peut-être destinée à Cléopatra, la dernière femme du grand roi. Vous pourrez contempler à loisir son trésor, d'une exceptionnelle richesse. Tout ce que contenait le sarcophage du père d'Alexandre le Grand, resté inviolé pendant 24 siècles, se trouve là, sous vos yeux, exposé dans des vitrines : cuirasse d'or et de fer, carquois d'or et d'argent, vaisselle d'or et de bronze, cercueil serti d'un bas-relief miniature en ivoire rehaussé d'or, couronnes et diadèmes de feuillages en or, jusqu'à l'urne funéraire en or frappée d'un soleil - l'emblème de la dynastie - et au linceul même qui enveloppait les dépouilles royales, étoffe pourpre brodée de fils d'or. (Guide Vert Michelin) |
MOBILIER FUNÉRAIRE
Selon la coutume observée à Aigai dès le
VIe siècle avant J.-C., les récipients utilisés pour
le bain des défunts illustres - généralement un
chaudron avec son andiron et un bol à large
ouverture - les suivaient dans leurs tombes. C'est
également le cas de Philippe II, mais ici il n'y a
pas de précédent, puisque dans la tombe du roi ont
été trouvés des objets d'une telle valeur et d'une
telle variété qu'ils rappellent les bains
légendaires des héros homériques. Parmi eux, un
andiron (chenet) en fer (189) avec un chaudron en
bronze (190), où l'eau était chauffée ; un seau
(191) avec une éponge ; trois bols à large ouverture
(192, 193, 194) ; un énorme bassin de lavage (195) ;
une cruche (196) ; un bassin plus petit avec des
poignées (197) et une grande cuvette (198). Il y
avait aussi un trépied en bronze (199) portant
l'inscription " Je suis le trophée d'Héra d'Argos ",
trophée des jeux qui se déroulaient à Argos en
l'honneur d'Héra ; ce trépied avait été construit il
y a une centaine d'années et a été conservé en
héritage dans le palais de la dynastie qui
s'enorgueillissait de sa descendance de Téménos, roi
d'Argos. L'ensemble était complété par une élégante
lanterne en bronze (200).
Symbole visible de l'autorité sacrée du souverain Héraclide, le diadème en argent doré (201), avec son nœud d'Hercule qui imite le "strophion" que le héros lui-même porte à l'occasion, ainsi que la cruche à vin en bronze (202) avec le gorgoneion dans l'anse qui, avec la patera en bronze (203), étaient les vases à libations nécessaires aux rituels que le roi accomplissait chaque jour. Il en va probablement de même pour la torche (204). Les quelques récipients en argile trouvés dans la tombe, une cruche à vin (205), une jarre à parfum (206 askos à figures rouges) et quatre "salières" (207, 208, 209, 210) étaient, selon toute vraisemblance, les objets habituels nécessaires aux rites funéraires. |
Diadème en argent doré avec son nœud d'Hercule, cruche à vin en bronze avec le gorgoneion dans l'anse, patera en bronze et torche |
Lanterne en bronze |
USTENSILES ET VASES DE BANQUET
PROVENANT DE LA TOMBE DE PHILIPPE II (336 AV. J.-C.) Le banquet, événement central de la vie
sur terre, est considéré par les défenseurs de
l'idéal platonicien, les initiés de Bacchus,
d'Orphée et de tous les autres cultes à mystères,
qui promettent que la mort n'est rien de plus que le
début d'une nouvelle vie, promesse ultime des
délices de l'existence posthume. Purifié par les
flammes du bûcher funéraire, à l'instar
d'Hercule, le héros-roi continuera à vivre, à goûter
aux banquets éternels des bienheureux sous la
lumière radieuse des Champs Élysées.
Ainsi, dans son tombeau, outre les divans d'or et d'ivoire, on a placé un service de fête en argent qui, en termes de quantité, de luxe et surtout de qualité, est supérieure à tout ce à tout ce que l'on a pu trouver de semblable (jusqu'à présent) : Une situle (218) qui a la fonction d'un cratère où l'on mélangeait le vin à l'eau ; deux petites amphores (218, 220) avec les têtes d'Hercule et de Pan, ou l'on conservait sans doute des vins particulièrement précieux ; deux cruches à vin (221, 222) pour le service, ornées de Silènes, dont les doux visages évoquent le noble visage de Socrate tel que Platon le décrit ; neuf verres (coupes 223, 224, verres à anses 225, 226, 227, coupes 228, 229, 230, 230), tasses 228, 229, 230, 231) et au fond de l'un d'entre eux, un Silène ivre nous sourit ; une étrange "coupe" avec une base qui semble avoir changé de forme sans qu'on s'y attende, peut-être pour répondre à des besoins particuliers (232) : une petite cruche (233) ; une cuillère (234) ; une louche pour pour servir le vin (235), la passoire nécessaire (236) et une "tasse" (237) avec pied et poignées, qui ressemble à une coupe à fruits |
Vergina : Patera en argent. Cet ustensile élaboré qui a été trouvé avec la cruche à vin a probablement été utilisé pour les libations rituelles que le jeune roi devait offrir aux dieux. |
Vergina : deux kantharoi (coupes à vin) en argent avec anses |
Vaisselle cérémonielle en argent |
Vergina : situles en argent décorées de palmettes glissées sous les poignées |
«Et puis (après avoir ouvert le
sarcophage) nous avons vu quelque chose que nous
n'aurions jamais pu imaginer (...) un coffre en or
massif avec une impressionnante collection
d'objets. (...) un coffre en or massif avec une
magnifique étoile en
relief sur son couvercle. Nous l'avons sorti du
sarcophage, l'avons posé sur le sol et l'avons
ouvert. Nos yeux ont failli sortir de nos têtes et
nous avons repris notre souffle (...). Tout
portait à croire que nous avions trouvé une tombe
royale, et si la datation que nous avions
attribuée aux objets était correcte, comme elle
semblait l'être, alors... Je n'osais même pas y
penser. Pour la première fois, un frisson m'a
parcouru l'échine, comme si une décharge
électrique m'avait traversé. Et s'il s'agissait de
restes royaux... alors... avais-je tenu les
ossements de Philippe II dans mes mains ? C'était
stupéfiant, trop pour que mon esprit puisse
l'assimiler »
(M. Andronikos, Vergina, 1984,
p.73)
|
Vergina : Coffret funéraire en or (larnax) contenant les ossements de Philippe II |
Couronne de feuilles de chêne en or portée par le défunt sur le bucher |
Vergina : l'armure de fer et d'or du roi |
Vergina : le bouclier du roi |
Vergina : larnax d'or contenant les ossements de la jeune épouse royale, probablement la princesse thrace Méda qui suivit Philippe dans les enfers. Il était dans le sarcophage de marbre dans l'antichambre de la tombe (336 av. J.-C.) |
Vergina : diadème d'or élaboré trouvé avec les ossements de la morte dans le larnax. Les rondelles d'or avec l'étoile en relief proviennent aussi de l'antichambre du tombeau de Philippe Il. |
Couronne de myrte en or de l'épouse de Philippe Il déposée sur le divan d'or et d'ivoire de l'antichambre |
Détail de la couronne de myrte en or de l'épouse de Philippe Il ; elle provient de l'antichambre du roi. |
Vergina L'ossuaire-hydrie en argent contenant les ossements du jeune homme mort dans la tombe III |
Couronne de feuilles de chêne en or du jeune homme, trouvée autour de l'épaule de l'ossuaire-hydrie |
Vergina : orchestre du théâtre |
Au pied du palais, les archéologues
ont mis au jour en 1982 les maigres restes du théâtre,
qui compta pourtant parmi les plus grands du monde
grec (4e s. av. J.-C.). Très arasées, ses ruines
évoquent avec peine les jeux d'antan (il faut dire que
seul le premier gradin était en pierre; le reste, en
bois, ayant disparu), mais l'endroit requiert un
intérêt historique exceptionnel, car c'est là que
Philippe Il trouva la mort. (G.V.Michelin) |
Rien n'est plus juste pour l'homme le plus excellent de créer autre chose que de la beauté. Platon, Timée.
30a.
Le palais, le théâtre et les
sanctuaires voisins font partie du grand
programme de construction de Philippe Il
(359-336 av. J.-C.) visant à réformer et à
améliorer Aigai, la métropole royale de
Macédoine, fournissant ainsi la matrice
idéologique des villes de l'écoumène
hellénistique. Avec son propylon
monumental en forme de temple, ses
impressionnants portiques à deux étages, son
grand péristyle autour duquel s'organisent les
salles de banquet, le sanctuaire d'Héraklès
Patroos (Héraklès, le dieu des ancêtres), la
bibliothèque/archives et le péristyle occidental
plus petit destiné à des usages auxiliaires
(bains, etc.), l'édifice royal d'Aigai
n'abritait pas la famille royale et la vie
privée, mais les structures nécessaires à
l'exercice de l'autorité publique royale à
plusieurs niveaux.
Le palais d'Aigai, le plus grand édifice de la Grèce classique, aux formes claires et fonctionnelles, mais aussi monumental et imposant, se caractérise par le luxe des matériaux, l'ingéniosité et la perfection de l'exécution. Les réalisations inattendues de la technologie détectées à tous les niveaux. La clarté géométrique de sa forme alliée à la joie du détail forment un ensemble d'une sérénité et d'une harmonie inégalées. Tout ici est soumis au "charme de la mesure" et interrelié par le logos pythagoricien Phi, le nombre d'or. Avec 16 colonnes doriques de chaque côté, l'archétype du grand péristyle d'Aigai, d'une superficie de 4000 m2, accueillait au moins 8 000 personnes et pouvait servir de lieu de rassemblement aux Macédoniens. Ainsi, l'agora politique" d'une cité démocratique devient une "cour" et le mot grec aule, "cour", devient synonyme de la notion de règne. À côté du théâtre, lieu de la katharsis intellectuelle des citoyens et point focal de l'espace public, le palais d'Aigai nous surprend par sa "structure démocratique", dépourvue des exceptions et des élévations qui caractérisaient généralement l'architecture royale en dehors de la Macédoine. Dans les salles de banquet (andrones), dans les stoas, dans le péristyle, le Roi de Macédoine se tient toujours au même niveau que ses compagnons (hetairoi), à côté d'eux et parmi eux, premier citoyen, souverain éclairé et non tyran. En combinant de manière aussi originale des éléments traditionnels avec des inventions révolutionnaires, le brillant architecte a gravé dans la pierre les idées platoniciennes et a créé un bâtiment pionnier, conçu pour devenir le manifeste architectural de l'État idéal, formulant de manière tangible dans l'espace l'idée de l'hégémonie éclairée. C'est ainsi que fut créé un édifice révolutionnaire et pionnier pour l'époque, qui allait Immédiatement trouver de nombreux imitateurs et sceller le cours de l'architecture sacrée et profane, publique et privée, pour de très nombreux siècles. L'édifice royal, dont la construction avait commencé au milieu du IVe siècle avant J.-C., fut achevé avant 336 avant J.-C., lorsque Philippe II, célébrant sa toute-puissance au sommet du festin, fut assassiné alors qu'il entrait dans le théâtre voisin. C'est ici, dans le grand péristyle, qu'Alexandre-le-Grand (Arrian, L'Anabase d'Alexandre, 1.25.1 - 1.25.2) fut proclamé roi des Macédoniens et commença la course qui allait changer le monde. Le symbole vénérable et sacré du royaume macédonien, le palais, fut finalement détruit au milieu du lle siècle av. J.-C., juste après l'abolition du royaume par les Romains (168 av. J.-C.). |
Encore un bout de
chemin de terre rendu glissant par le gel ou la boue, et
j’arrive au palais d'Aigai. L'édifice, grandiose, occupe une terrasse donnant sur la plaine en dessous. On a entrepris de remonter une bonne part de ses colonnes ainsi que les bases des murs qui séparaient la longue suite de vastes pièces d'apparat, accompagnés de leurs mosaïques. Chantier ambitieux et grandiose encore incomplet, cette restauration majeure donne à penser que les Macédoniens veulent par là célébrer la grandeur de la dynastie qui vit naitre Alexandre… |
Agai : entrée du palais royal de Philippe II de Macédoine |
Le grand péristyle central du palais d'Aigai |
Nuit tranquille et bon
sommeil, mais j’ai encore un peu de mal à me lever :
reste de courbatures, paresse, fatigue accumulée ?
Décidément j’ai pris un coup de vieux… Je profite du calme pour laisser la soleil remonter la batterie pendant que je compile ma comptabilité de décembre sur mon dernier relevé bancaire, réponds au courrier relevé sur mon Mail. Puis je déjeune et me douche avant d’aller faire un tour du musée archéologique d’Amfipoli tout proche. |
Amphipolis : bivouac devant le musée |
Musée archéologique
d'Amphipolis
Le musée archéologique
d'Amphipolis a un caractère purement régional,
présentant la grande richesse archéologique de
l'ancienne Amphipolis et de ses environs. La salle
d'exposition au rez-de-chaussée présente des
groupes contenant des pièces représentatives des
périodes préhistorique, classique, hellénistique,
romaine, paléochrétienne et byzantine des
colonies, cimetières et sanctuaires d'Amphipolis
et de la région d'Amphipolis. La plupart des
fouilles de la ville antique ont été réalisées
entre 1956 et 1984 par l'archéologue D. Lazarides,
qui a également fondé le musée, dont la
construction a été achevée entre 1984 et 1995.
Parmi les sites préhistoriques de la région, l'exposition du musée présente du matériel provenant de la colline 133 et de la colline de Kastas. Des vases, des figurines, des outils, des armes et d'autres trouvailles représentatives du mode de vie préhistorique dans la région au sens large sont également exposés. Au cours de la période historique, après la fondation des cités grecques à l'embouchure du fleuve Strymon au VIIe siècle av. J.-C. et la fondation d'Amphipolis elle-même en 437 av. J.-C. et son incorporation au royaume de Macédoine par Philippe II en 357 av. J.-C., la région était un important centre commercial et culturel. La vaste série de pièces de monnaie et l'atelier royal de frappe, qui fonctionnait dans la région, ainsi que les ateliers locaux produisant de la poterie, des figurines, des bijoux, des arts mineurs et des sculptures, témoignent de l'importante activité économique et commerciale d'Amphipolis et de la région environnante. La section de l'exposition qui concerne cette époque comprend des découvertes de la ville d'Amphipolis et de ses bâtiments publics, parmi lesquels le Gymnase, le lieu où la jeunesse de la région recevait une éducation et pratiquait des activités sportives, peut être distingué. La célèbre loi éphébarchique exposée dans cette section fournit des informations sur les réglementations relatives à l'éducation des éphèbes. Parallèlement, un grand nombre de vases, figurines, sculptures et œuvres d'art mineur provenant de différents sites de la ville mettent en lumière la vie quotidienne, publique et privée, des habitants ainsi que leurs croyances religieuses. Les cimetières hors des murs de la cité antique témoignent à la fois de la prospérité économique de ses habitants et de l'inégalité sociale qui régnait entre eux, car à côté des tombes monumentales "macédoniennes" se trouvaient des tombes creusées dans la roche et des tombes à ciste présentant une grande variété de mobilier funéraire. La section consacrée à l'époque romaine présente à la fois les sols en mosaïque découverts lors des fouilles d'édifices romains ainsi que des vases et des sculptures qui enrichissent le tableau offert par ces groupes de fouilles. On peut souligner les belles mosaïques de l'Enlèvement d'Europe par Zeus, de l'Enlèvement d'Hylas par les nymphes et de celle de Poséidon et Amymone. La création d'une étape le long de la Via Egnatia confirme également que la ville était à son apogée à cette époque. Les pièces paléochrétiennes et byzantines comprennent des mosaïques et des éléments architecturaux de la région des basiliques, ainsi que des exemples provenant d'ateliers de poterie et des fragments de fresques d'une église sur le site de Marmarion, une station de voyageurs du IXe siècle après J.-C. située à l'embouchure du Strymon. Dans le petit salon du musée, on trouve des documents imprimés contenant des informations intéressantes sur l'exposition ainsi que sur l'histoire moderne à travers la région. |
Amphipolis : ossuaire en argent du Général Brasidas (422 av. J-C) chef spartiate considéré par ses habitants comme le fondateur de la cité |
Amphipolis : Buste du dieu Attis (2e-1er s av. J-C) |
Amphipolis : Buste d'Artémis Bendis sur le couvercle d'un pyxis en bronze doré |
Amphipolis : stèle tombale d'un marchand d'esclaves (2e-1er s. av. J-C) |
Amphipolis : buste de Kore (2e moitié du 4e s av. J-C ) |
Amphipolis : stèle de la Loi éphébarchique |
STÈLE DE LA LOI
ÉPHÉBARCHIQUE La stèle de pierre portant la loi
éphébarchique du Gymnasium se trouvait dans l'aile
nord de la palestre et a été retrouvée intacte à
l'endroit où elle était tombée, devant sa base.
Au sommet de la stèle est gravé le nom de l'éphèbarque responsable de la publication du règlement et l'année où elle a été faite ; « L'éphèbarque ADAEUS EUHEMEROU a été responsable de la publication de la loi en l'an E et K et P.» L'année 125 avant J.-C., selon le système macédonien de datation, qui a commencé en l'an 148 avant J.-C. (lorsque les Romains ont conquis la Macédoine) correspond à 23/22 avant J.-C. (148 - 125 = 23/22). Les objets représentés en haut de la stèle (un strigile, une couronne et des rubans) symbolisent les jeux athlétiques et les prix du Gymnase. Les différentes sections de la loi décrivent en détail les devoirs et les pouvoirs de l'éphébarque et l'éducation des éphèbes.(voir ci-dessous) Texte gravé sur la stèle de la Loi éphébarchique d'Amphipolis |
LA LOI ÉPHÉBARCHIQUE
D’AMPHIPOLIS
§ 1. En l’an 125.
§2. Adaios, fils d'Euhéméros ayant été éphébarque (a consacré ?) aux jeunes (la) loi éphébarchique. § 3. L’éphébarque s’occupera des éphèbes et agira en général conformément à la loi ; il aura autorité pour infliger une amende à l'indiscipliné à concurrence de cent drachmes. § 4. (Recensement, examen et prise de rang). À partir du recensement des garçons il fera un nouveau recensement de tous ceux qui étant en âge n’ont pas encore servi comme éphèbes. S’il ne les recense pas, il en sera responsable en justice. Ils réuniront tous les éphèbes dans la palestre et il en fera le décompte et l’examen. Il fera le premier examen en commençant le deuxième jour du mois Dios jusqu’à ce qu’il les regroupe tous, les autres lors des revues en armes. Si l’u2024-0123-038a Amphipolis stèle de la Loi ephébarchique de ceux qui sont recensés comme éphèbes ne prend pas rang ou ne suit pas l’enseignement selon ce qui est prescrit pour chacun des éphèbes, il infligera à son père ou à son tuteur par jour une amende d'une drachme ou au montant qu'il est autorisé à infliger, jusqu'à ce qu'il prenne rang. § 5. De la fréquentation pour les censitaires. Ceux des éphèbes recensés qui possèdent un cens en terre, maison et bétail de trente mines, il les obligera à suivre l’enseignement chaque jour s’ils sont en ville et il affichera chaque jour leurs noms qu'il aura écrits sur un tableau. À ceux qui désobéissent il infligera une amende d'une drachme par jour. § 6. Choix des maîtres. L’éphébarque désignera pour les éphèbes comme pédotribe, maître de javelot et archer ceux qu’il considérera comme prêts à s’occuper des éphèbes de la façon la meilleure et la plus sage. Ils auront recours à un maître d’équitation et à des chevaux selon ce que les bouleutes auront à ce sujet disposé. Il ne sera pas permis aux éphèbes de s’instruire en rien d’autre que ce qui est prescrit dans les lois. § 7. De la supervision des éphèbes. L’éphébarque veillera à ce que chaque jour les éphèbes apprennent le tir à l’arc, le lancer du javelot, le tir à la fronde, le lancer de pierre, l’équitation et le lancer du javelot à cheval. Il leur enjoindra de passer la journée à la palestre et de s’entraîner auprès du pédotribe, sans s’oindre nulle part ailleurs. Il assistera lui-même à tous les cours susdits et il pourvoira à l’ensemble de leur discipline. § 8. De la durée et de la tenue. Ceux qui sont désignés éphèbes serviront pendant deux ans et porteront un chitôn, une chlamyde. Ils possèderont comme chaussures des krépides. Ils possèderont un pétase, un arc et au moins trois javelots. Aucun serviteur n’accompagnera l’éphèbe. § 9. De la bonne conduite. Les éphèbes ne sortiront pas avant le lever du jour de chez eux et rentreront avant le coucher du soleil. Ils marcheront dans les rues en bon ordre et en se taisant, par le chemin le plus court et toujours le même pour aller aux cours et sans être accompagnés de personne. Ils seront pieds nus les après-midi d’été. Il ne leur sera permis de s’arrêter ni dans les rues ni près d’un atelier, ni d’entrer dans l’agora, ni de sortir des remparts sauf lorsque l’éphébarque les emmène en groupe ; qu’il ne passe pas son temps ailleurs que chez lui, à la palestre ou aux cours avec les autres éphèbes ; ni d’aller non plus aux bains, sauf en raison de maladie ou d’activité athlétique et s’il y est autorisé par l’éphébarque. Il ne sera permis de faire repas commun ni à eux ni à personne d’autre avec les éphèbes sous aucun prétexte, ni de dîner ou de déjeuner ailleurs que chez eux ; sinon, il punira l'éphèbe et infligera une amende à celui qui l'aura accueilli et invité. § 10. De la fréquentation. Les éphèbes fréquenteront dès le lever du jour la palestre. L’éphébarque, quand il sera sur le point de les emmener pour les cours, les examinera et notera les non-présents. Quand seront arrivés ceux qui n’étaient pas sortis, il les punira avant d’examiner les autres, et ensuite, après avoir examiné ceux qui sont arrivés, alors tous il les emmènera aux cours. Ils seront d’abord instruits à l’équitation, puis au tir à l’arc, au lancer du javelot, au tir à la fronde et au lancer de pierre. Quand ils auront étudié cela, il les ramènera à la palestre. § 11. De l’entraînement des éphèbes. Chez ceux chez qui il est d’usage que les éphèbes s’oignent à part, ils s’entraîneront seuls, avant les jeunes gens. Se mettra à leur tête le pédotribe nu, et il les instruira et les obligera à s’entraîner. Nul ne s’entraînera avec les éphèbes hormis l’éphébarque et le pédotribe. Quand ils se seront oints, l’éphébarque les laissera aller et leur enjoindra de revenir immédiatement après le déjeuner. Lorsque les éphèbes auront été réunis, ils auront les mêmes activités que le matin sauf la leçon d’équitation, mais ils tireront à l’arc et lanceront le javelot dans la palestre. L’éphébarque les laissera partir avant le coucher du soleil. Chez ceux chez qui il est d’usage que les éphèbes s’oignent avec les hommes, quand ils en auront fini avec les parties communes de l'entrainement, l'éphébarque et le pédotribe <prendront soin> d’eux de la façon dont il est prescrit de prendre soin de ceux qui s’oignent séparément. § 12. Du concours mensuel des éphèbes. L’éphébarque organisera chaque mois un concours d’instruction des éphèbes, de bonne conduite, d’endurance et de prestance, et de course. Avec lui les politarques, le pédonome et les gymnasiarques jugeront tous les concours après avoir prêté le serment écrit (ci-dessous) ; quant à la bonne conduite et à l’endurance, l’éphébarque remettra une couronne après avoir prêté serment devant ses co-juges et il proclamera d’abord la couronne de la bonne conduite, puis celle de l’endurance, puis celle de la prestance, puis les autres couronnes remportées par chacun des vainqueurs et il dressera la liste des vainqueurs. Le jour précédant le trentième du mois Oloos, l’éphébarque organisera le concours comme les autres mois. Celui qui aura eu pendant l’année le plus grand nombre de victoires dans chaque épreuve, il le proclamera vainqueur et donnera la liste des vainqueurs aux politarques le jour même. § 13. Des concurrents. Pour les concours annuels, l’éphébarque choisira parmi les éphèbes de seconde année ceux qui sont aptes et qui concourront dans les épreuves accoutumées chez eux. À qui parmi les autres éphèbes le voudra, il sera également permis de concourir, mais à nul autre avec les éphèbes. § 14. Serment : « Je distinguerai ceux des éphèbes qui me paraîtront avoir la meilleure apparence physique et je déclarerai les vainqueurs dans chaque discipline sans favoritisme ni hostilité aucune. Si je respecte mon serment, qu’il m’échoie du bien ; si je suis parjure, le contraire ». § 15. (Concours annuels) Quand ils auront juré, l’éphébarque amènera les éphèbes et les fera concourir dans chacune de ces disciplines. Quand ils auront concouru et que trois auront été déclarés dans chaque discipline, le pédotribe et tous les éphèbes défileront oints. Quand ils auront défilé, les vainqueurs seront les trois qui leur (= aux juges) paraîtront être de corps les mieux proportionnés et les mieux exercés. Le prêtre éponyme lors du concours gymnique, une fois effectués les rites, couronnera tous les vainqueurs et le héraut proclamera leurs noms. Durant ce jour, les vainqueurs porteront les couronnes et il sera permis à qui le veut de les parer de bandelettes selon la loi. L’éphébarque remettra les noms des vainqueurs aux politarques. § 16. Des concurrents. Si des éphèbes veulent s’exercer pour l’un des concours, leur père ou leur tuteur le dira à l’éphébarque et l’éphébarque lui permettra de s’exercer dans la mesure où cela est utile au concours. Pour le concours il lui sera permis même de s’absenter de la cité. Mais s’il a menti à l’éphébarque, le père ou le tuteur sera soumis à l’amende et il (l’éphébarque) obligera l’éphèbe à prendre rang avec les autres éphèbes. § 17. (Absences justifiées). Si un éphèbe tombe malade ou si l’un de ses proches est décédé, il le dira à l’éphébarque et l’éphébarque, à condition qu’il dise vrai, le libérera. § 18. Des sanctions des enseignants. Si l’un des instructeurs des éphèbes ne mène pas une vie décente et sage, s’il ne prend pas soin de l’instruction des éphèbes avec justice, s’il se montre leur portant tort ou déshonneur, l'éphébarque lui infligera une amende du montant qu'il est autorisé à infliger et le démettra de sa fonction. Il en avertira les politarques, sinon il sera responsable en justice. Il sera aussi permis à tout autre qui le veut d’intenter une action contre l’instructeur ayant eu un comportement déplacé. § 19. Des sanctions des autres. Si quelqu’un d’autre dit du mal des éphèbes, les poursuit dans une intention qui n’est pas des meilleures, s’entretient avec eux en dehors de la palestre, commet un acte indécent ou préjudiciable dans un domaine dont il a été dit qu’il relève de l’éphébarque, l’éphébarque lui infligera une amende. Si un éphèbe est indiscipliné ou n'obéit pas aux lois, l'éphébarque aura autorité pour le châtier selon l’importance (des fautes). Si le père ou le tuteur est responsable des fautes de l'éphèbe, il lui infligera pour chaque méfait une amende aussi forte qu'il est autorisé (à infliger), jusqu'à ce qu’il cesse. § 20. Du spectacle. Quand il y a spectacle, les éphèbes se rassembleront quand l’éphébarque l’aura ordonné. L’éphébarque les amènera en groupe, les assiéra à l’endroit prescrit et y assistera lui-même avec eux. Il ne laissera personne assister (au spectacle) parmi les éphèbes. Si quelqu’un essaie de le faire par force, l’éphébarque l’en empêchera par tout moyen qu’il saura. Il ne les laissera au spectacle ni applaudir ni siffler ; ils y assisteront en silence et en bon ordre. Les éphèbes n'assisteront à aucune autre représentation que des concours scéniques, thyméliques et gymniques. § 21. De la procession. Les éphèbes participeront aux processions accoutumées chez chacun ceints d’une couronne de feuillage et en tenue éphèbique ; l’éphébarque ira à leur tête et ordonnera leur marche ; il mettra en tête ceux qui ont été le plus souvent vainqueurs aux concours. § 22. De l’immunité. Les éphèbes seront exempts de toutes les liturgies. Aucune action en justice ne pourra être menée par les éphèbes ni être intentée contre eux par quiconque pendant la durée de l’éphèbie. § 23. De la manœuvre. Ils organiseront aussi des manœuvres pour les éphèbes de seconde année au moins une fois par mois et ils ramèneront les éphèbes en ville le jour même. Quand l’éphébarque s’absentera pour les manœuvres, le pédonome s’occupera des éphèbes laissés sur place. L’éphébarque organisera chaque mois un concours d’instruction des éphèbes, de bonne conduite, d’endurance et de prestance, et de course. Avec lui les politarques, le pédonome et les gymnasiarques jugeront tous les concours après avoir prêté le serment écrit (ci-dessous) ; quant à la bonne conduite et à l’endurance, l’éphébarque remettra une couronne après avoir prêté serment devant ses co-juges et il proclamera d’abord la couronne de la bonne conduite, puis celle de l’endurance, puis celle de la prestance, puis les autres couronnes remportées par chacun des vainqueurs et il dressera la liste des vainqueurs. Le jour précédant le trentième du mois Oloos, l’éphébarque organisera le concours comme les autres mois. Celui qui aura eu pendant l’année le plus grand nombre de victoires dans chaque épreuve, il le proclamera vainqueur et donnera la liste des vainqueurs aux politarques le jour même. Extrait de l'article : Considérations sur la loi éphébarchique d’Amphipolis, par Denis Rousset 2017. https://hal.science/hal-01947989 |
Amphipolis : le Sphynx de Kastas in situ LE SPHYNX DE KASTAS Les fouilles Le tumulus de Kastas est situé dans la zone du Cimetière Est de la ville antique. Les premières fouilles du tumulus ont été effectuées par D. Lazaridis, dans les années 1970, et ont révélé des tombes du premier âge du fer (11e - 10e s. av. J.-C.) et de la période archaïque (7e - début 5e s. av. J.-C.). En outre, une partie du mur de soutènement circulaire a été mise au jour à un endroit où son revêtement en marbre n'était pas préservé. De nombreuses découvertes des fouilles de Lazaridis sont aujourd'hui exposées dans deux des vitrines du musée. De 2010 à 2014, Mme K. Peristeri a fouillé l'ensemble du mur de soutènement circulaire du tumulus artificiel. La circonférence du mur mesure 497m. Il est construit avec des blocs de calcaire rectangulaires, tandis que son parement de marbre et son épi de faîtage - qui prend la forme d'un toit - sont conservés sur une longueur suffisante. A l'intérieur du tumulus, on a découvert un édifice monumental voûté du type des "tombes macédoniennes". Une fosse à ciste a été construite sous le sol de la chambre funéraire principale, tandis qu'une porte monumentale en marbre fermait l'endroit Les façades des deux pièces successives devant la chambre sont décorées de statues surdimensionnées en marbre. Dans la première, une paire de figures féminines (cariatides) encadre la porte. Sur l'écoinçon vide au-dessus de la porte de la pièce extérieure se trouve une paire de sphinx opposés. Les sols des salles sont décorés de mosaïques représentant des motifs géométriques et l'enlèvement de Perséphone par Pluton. La tête du sphinx Juste devant le seuil de la chambre funéraire (salle 4), les fouilles archéologiques ont mis au jour la tête de marbre intacte d'un des deux sphinx qui ornent l'architrave de l'entrée. La sculpture représente une jeune femme vêtue d'un polo et d'un fin bandeau sur la tête tandis que ses boucles retombent sur l'épaule gauche. Les traits raffinés de son visage dégagent une beauté mystérieuse et étrange qui contredit le corps robuste des monstres. |
Amphipolis : tête du Sphinx de Kastas |
Amphipolis : Hydra à figure rouge avec représentation colorée de l'Amazonomachie. Elle a été utilisée comme urne cinéraire (dernier quart du IVe s. av. J.-C.). |
Amphipolis : Kylix (coupe à boire) à figure rouge représentant un archer au fond du vase (fin du 5e s. av. J.-C.) |
Plan d'Amphipolis remis au musée |
Après le parcours des vitrines et
des panneaux explicatifs dans les deux grandes salles,
je décide de faire une incursion dans les quelques
petites parties du site qui ont été fouillées, une
longue balade d’une dizaine de kilomètres qui
vagabonde sur le haut de la colline autrefois
entièrement ceinte d’une muraille et qui constituait
l'acropole de la cité.
|
Comme trop souvent, le
fléchage est imprécis ou carrément absent, le plan remis
dans le musée fort joli (le graphiste a du se faire
plaisir!) mais peu fonctionnel, difficile à lire et très
incomplet dans les informations qu’il livre, C'est
finalement en jouant avec Google Maps que je parviendrai
à m’orienter et trouver le départ de la promenade. D’abord le sentier recouvert de gravillons blancs (une bonne idée!) suit le pied du rempart au Nord-Est, faisant découvrir un mur fort bien assemblé en gros blocs de tuf rectangulaires, coupé de quelques tours (au moins leur base sur 2 ou 3 m) rondes ou carrées. |
En quittant le musée le sentier longe les restes de muraille côté nord-est de la ville |
Puis on rejoint l’emplacement de la porte Est qui menait à l’Acropole, mais celle-ci est aujourd’hui fermée. Je passe une tour ronde sur laquelle aboutissait l'aqueduc romain amenant l'eau du Mont Pangaion | Amphipolis : le mur Est en continuant vers le Sud, une tour ronde et la porte E |
À l'angle aigu des murs Est et Sud, le bastion rectangulaire Koukles |
Un imposant bastion rectangulaire
avec des phases de construction successives et des
extensions de renforcement datant de la fin de la
période hellénistique à la période romaine se dresse à
l'endroit où le mur d'enceinte oriental s'infléchit
brusquement vers l'ouest. Le site a été baptisé
"Koukles" (poupées), en référence aux nombreuses
figurines d'argile retrouvées lors des fouilles de
1977 à l'extérieur du mur de fortification. Un sanctuaire en plein air dédié à Cybèle et à d'autres divinités chtoniennes a probablement été érigé à cet endroit pendant les périodes hellénistique et romaine. La courbure de la fortification revêt également une importance stratégique, car elle constitue l'angle sud-est de l'acropole, c'est-à-dire le cœur de la ville antique. |
Amphipolis : le Gymnasium derrière ses grilles |
Je poursuis vers le gymnase dont le musée a fait abondamment mention, mais ses grandes aires protégées par de vastes hangars sont inaccessibles derrière de hautes grilles cadenassées. |
Un peu découragé, je poursuis ma longue quête agrémentée quand même d’une belle vue sur l’estuaire du petit fleuve local, le Strymon, qui sinue dans un genre de delta plus ou moins marécageux jusqu’au port antique (Eion) et au golfe maritime limité au loin par les hauteurs de la Chalcidique. | Estuaire du Strymon, le golfe et la ligne bleutée des hauteurs de la Chalcidique |
Amphipolis : la maison hellénistique |
Enfin le chemin qui
suit cette longue clôture tourne vers le nord, passe
devant la maison hellénistique pareillement close (mais
je parviens à avoir quelques vues de l’intérieur du
hangar vitré (opaques !) en glissant mon téléphone dans
des interstices de la structure métallique)… Sur le mur nord de la pièce, le mieux conservé, les peintures murales sont conservées jusqu'à une hauteur de 2,60 m. On distingue trois panneaux rectangulaires, dont celui du centre était décoré d'un losange inscrit. A une distance de 3,60 m. de l'angle nord-ouest de la pièce se trouve une intrusion provenant du côté ouest, à laquelle appartenait le seuil en marbre trouvé à l'intérieur. Dans l'angle sud-est, un couvercle de puits poreux a été trouvé sur le sol. Les éléments architecturaux en relief, les couleurs vives et les pantalons décoratifs rappellent le premier style de peinture pompéien. |
MAISONS SUR
L'ACROPOLE
Les vestiges de deux maisons de type gréco-romain, composées de pièces autour d'un atrium, ont été nommés par convention Maison A et Maison B. Elles ont été construites à la fin du Ve siècle ou au début du Vle siècle et abandonnées vers la fin du VIe siècle, lorsque la section intérieure de la fortification byzantine primitive a été construite et les a divisées. Des parties de pièces et le côté ouest de l'atrium à portique de la maison A (au premier plan sur la photo) ont été mis au jour. Son péristyle comportait des colonnes à chapiteaux ioniques soutenant des arcades. Le sol de l'atrium est pavé de dalles d'argile, tandis que celui des portiques est décoré de mosaïques. Dans une phase ultérieure, les portiques ont été transformés en pièces, les murs bloquant les espaces inter-colonnes. |
Amphipolis : les 2 maisons de l'Acropole au soleil couchant (5e-6e ap. J-C) |
LE LION D'AMPHIPOLIS
Monument funéraire du IVe siècle av. J.-C. érigé en l'honneur de l'amiral Laomédon de Lesbos, compagnon dévoué d'Alexandre le Grand, qui fut d'abord triérarque (commandant d'une trirème) et responsable des prisonniers de guerre avant d'être satrape de Syrie. Le monument a été restauré sur un socle conventionnel à l'endroit où il a été trouvé, sur la rive ouest du Strymon, près du vieux pont. L'histoire de la découverte du monument remonte à la guerre de 1912-1913, lorsque des soldats grecs creusèrent et découvrirent les fondations de sa base et quelques parties du corps du lion. Les premiers archéologues à s'intéresser aux fouilles et à l'étude du monument furent les professeurs G. Oikonomou et A. Orlandos, dont les travaux furent interrompus en raison de la guerre. Plus tard, pendant la Première Guerre mondiale (1916), des soldats anglais campant dans la région ont trouvé des parties du corps du lion; puis, lors des travaux d'installation de la firme MONKS-ULEN (1930-1931) dans le lit de la rivière, de nouvelles parties du monument ont été mises au jour. Des archéologues et des experts techniques anglais et français ont commencé l'investigation et l'étude systématique du monument en 1932. Après de nombreux efforts et dons d'Américains, de Français et de Grecs, ils parvinrent à la restauration du monument réalisée par Andreas Panagiotakis, le sculpteur du Musée archéologique national. |
Amphipolis : le lion de Laomédon |
Selon J. Roger et O. Broneer, la
structure originale, qui était en calcaire, consistait
en une base carrée (9,99 x 9,99 m.) entourée d'une
colonnadede demi-colonnes doriques, quatre de chaque
côté, soutenant un entablement dorique. L'entablement
était surmonté d'une pyramide à degrés, et sur cette
base pyramidale se dressait le grand lion. Sur la base
de ces données, Broneer, dans sa restauration, a donné
au monument la forme d'un mausolée, à l'instar des
édifices funéraires comparables d'Asie Mineure,
estimant qu'il s'agissait d'un monument à la vertu
martiale érigé en l'honneur d'un citoyen notable
d'Amphipolis. Broneer a daté le monument du dernier
quart du Ve siècle av.J-C. Le monument au lion n'est pas seulement une œuvre d'art imposante par sa taille et sa puissance. Outre le rendu des détails anatomiques (veines, crinière fournie, museau puissant, bouche tirée sur le côté, veux enfoncés), qui renforce la précision de la représentation du sujet par l'artiste, on est impressionné par le symbolisme de cette œuvre sculpturale, qui rappelle la vertu martiale et le courage de Laomédon. |
Le lion tel qu'il devait apparaitre sur le mausolée antique initial |
Le lion sur son petit piédestal actuel |
Exsis devant le Lion d'Amphipolis |
Je prends ensuite aussitôt la direction de Kavala en suivant la côte au plus près, dans la lumière dorée de cette belle fin de journée. Route facile sans rien de notable sinon la présence constante de la mer qui semble tout adoucir, et la densité de plus en plus évidente de résidences de vacance sur cette côte bordée de belles plages de sable blanc. |
Encore une fois la turbine du chauffage a renâclé un peu avant de tourner normalement, mais elle a ensuite fonctionné par intermittence mais sans heurt durant toute la nuit. J’ai donc fort bien dormi jusqu’à mon réveil à 7:30, alors qu’un gros autobus venait chercher son chargement de touristes dans le grand hôtel voisin («Lucy»). L’eau clapote au bord du quai et sur la plage voisine, le soleil illumine les maisons entassées sur le flanc de la colline de l’autre côté de la petite baie, la ciel est bleu, la journée sera belle! | Kavala : bivouac devant le port |
Kavala : petit-déjeuner au bivouac dans l'Exsis |
Douche et déjeuner vite pris, je songe alors à donner suite à mon idée de retrait de quelques centaines d’euros que je changerai au fur et à mesure de mes besoins en livres turques pour mes petites dépenses courantes. Le gros de mon budget étant le carburant, je le paierai directement avec la carte Visa, dut-il y avoir des frais de 2,5% comme indiqué par mon conseiller de la Banque postale. De toute façon le gasoil serait nettement moins cher en Turquie (1,35 €) qu’en Grèce (1,60 €). |
Je commencerai par faire un tour du côté de la vieille ville turque perchée sur un promontoire et ceinte de muraille autour du palais de Mehmet Ali, pacha de Macédoine au milieu du XIXe. Là encore il m'est presque impossible de trouver un stationnement libre près du petit port d’où on embarque pour les îles. Je finis par abandonner l’Exsis sur un emplacement destiné aux bus venus attendre les voyageurs, derrière un gros camion qui se trouve manifestement dans la même situation que moi. | Sous les remparts de la Haute-Ville de Kavala |
Dans la ville haute de Kavala, une mosquée... |
Puis je me lance dans un petit tour
au hasard de ruelles tortueuses où l’on circule plutôt
en pétrolette ou en scooter qu’en minuscule voiture,
entre les maisons entassées comme en désordre, avec
leurs balcons de bois et leurs avancées typiquement
turques donnant sur un tout petit jardinet.
|
Kavala, square Mehmet Ali (1769-1849) : maison ancienne traditionnelle et statue équestre de Mehmet Ali (1769-1849) |
Kavala : monument à Mehmet Ali (1769-1849) par Konstantinos Dimitriadis (1949) |
La côte de la Mer Égée à l'est de la citadelle de Kavala |
De détours en détours, à la recherche d’un autre escalier que j’ai aperçu d’en bas, je me retrouve à longer la longue façade de l’ex-palais du souverain transformé en hôtel mais fermé… Finalement je tombe sur une rue descendante qui me ramène à mon point de départ. |
La ville antique de Philippi a
été construite en bordure des marais qui
occupaient la partie sud-est de la plaine de
Drama. Les premiers habitants furent des colons de
Thassos qui, conscients de la richesse de la
région en métaux précieux, en bois et en produits
agricoles, fondèrent la colonie de Krenides en 360
avant J.-C. La nouvelle colonie fut rapidement
menacée par les Thraces et, en 356 avant J.-C.,
elle demanda l'aide de Philippe II, roi de
Macédoine. Reconnaissant l'importance économique
et stratégique de la ville, Philippe s'en empara,
la fortifia et lui donna son nom : Philippi. La
ville a connu une grande prospérité à l'époque
hellénistique, lorsqu'elle s'est dotée de murs de
fortification, d'un théâtre, d'édifices publics et
de résidences privées. Le passage de la Via
Egnatia par Philippi au IIe siècle av. J.-C.
rendit la ville beaucoup plus importante et la
transforma en un centre majeur pour la région.
En 42 av. J.-C., la bataille de Philippi, qui s'est déroulée sur les deux collines situées à l'extérieur des murs ouest de la ville, a complètement changé son caractère : après sa victoire, Octave a transformé Philippi en colonie romaine (Colonia Augusta Julia Philippensis). La ville s'est développée et est devenue un centre économique, administratif et artistique, en particulier au cours des IIe et IIIe siècles de notre ère. Cependant, un autre événement important allait à nouveau modifier la personnalité de la ville : la visite de l'apôtre saint Paul, qui y fonda la première église chrétienne sur le sol européen en 49/50 après J.-C.. La prédominance de la nouvelle religion et le transfert de la capitale de l'Empire romain à Constantinople ont conféré à Philippi un éclat et une réputation considérables. A l'époque paléochrétienne (IVe-Vle s. apr. J.-C.), le complexe de l'Octogone a été construit sur le site des édifices romains, avec la cathédrale dédiée à saint Paul et quatre magnifiques basiliques. Des fouilles ont été entreprises à Philipi par l'École française d'Athènes en 1914. Après la Seconde Guerre mondiale, le Service archéologique et la Société archéologique y ont mené des fouilles systématiques. Actuellement, le Service archéologique, l'Université Aristote de Thessalonique et l'École française d'Athènes poursuivent les recherches archéologiques sur le site. Les objets découverts lors des fouilles sont conservés au musée de Philippi. |
Philippi : le théâtre accoté à la colline |
Plan du théâtre de Philippi |
Le théâtre antique de Philippes est un
monument très important, situé sur le versant
sud-est de l'acropole, adossé à la muraille
orientale de la ville. Sa phase initiale est datée
du règne du roi de Macédoine Philippe II (milieu
du IVe s. av. J.-C.). Les colonisateurs romains
continuèrent à utiliser le théâtre hellénistique
mais ils le remodelèrent pour l'adapter aux
nouveaux spectacles de la société romaine et pour
accueillir une multitude de spectateurs de la
ville et des villes de la colonie.
Au cours du lle siècle après J.-C., le théâtre acquit une forme typiquement romaine : il comprenait un majestueux bâtiment de scène à trois étages, un orchestre pavé de dalles de marbre et un koilon qui se prolongeait au-dessus des parodoi, couvert de structures voûtées. Le portique sud du bâtiment de scène, qui porte des plaques en relief avec des représentations faisant référence à Dionysos (ménades et autres) sur les façades des piliers, est préservé. Au cours du Ille siècle après J.-C., le théâtre a été transformé en arène pour les combats d'animaux. Le proscenium a été démoli, les premières rangées de sièges ont été retirées du koilon et un mur a été construit pour servir de clôture afin de protéger les spectateurs des animaux sauvages, qui étaient gardés dans un grand espace souterrain à l'extrémité sud de l'orchestra. L'épithéâtre a dû être construit à cette époque. Il s'agit d'une structure voûtée située dans la partie supérieure du koilon, qui contenait des rangées de bancs supplémentaires et augmentait la capacité du théâtre. |
Orchestra et cavea du théâtre de Philippi |
Philippi : façade du théâtre : le piliers du mur de scène sculptés de Ménades |
Les deux arcs utilisés pour
soutenir le théâtre contre le mur d'enceinte voisin
ont probablement été construits à l'époque romaine
tardive (fin du Ille/début du IVe s. apr. J.-C.).
Au cours de la période paléochrétienne (5e-6e s. apr. J.-C.), les représentations au théâtre de Philippes ont cessé. Son abandon est probablement lié à la prédominance du christianisme et aux nouvelles mœurs qui n'étaient pas compatibles avec les combats d'animaux ou les représentations théâtrales. Le portique situé à l'arrière du bâtiment de la scène a été transformé en atelier. Le grand tremblement de terre qui détruisit la ville de Philippes au début du Vlle siècle après J.-C. a probablement causé la destruction par le feu du bâtiment de la scène. Philippi : cavea du théâtre et orchestra du théâtre depuis les gradins |
A partir de ce
moment-là, le théâtre a été systématiquement démoli,
afin que ses éléments puissent être utilisés comme
matériaux de construction pour la réalisation de
nouveaux bâtiments. Au début de la période byzantine,
la zone située au sud-est du théâtre abritait des
ateliers. Enfin, pendant l'occupation turque, la route
pavée qui reliait Kavala et Drama jusqu'au début du
XXe siècle et traversait le site archéologique de
Philippes, passait devant le théâtre. Les premières sources d'information trouvées aujourd'hui sur le théâtre sont fournies par les voyageurs européens qui ont commencé à visiter la région à partir du milieu du XVle siècle. Les fouilles systématiques du théâtre ont commencé en 1921-1927 par l'École française d'archéologie d'Athènes et se sont poursuivies à la fin des années 1950 par le département d'archéologie. Au cours de cette période, le théâtre a été modifié de manière rapide et peu soignée afin d'accueillir le Festival de Philippi et de Thassos. Le 18e Éphorie des antiquités préhistoriques et classiques de Kavala a repris les fouilles en 1974 et, depuis 1993, il coopère avec le département d'architecture de l'université aristotélicienne de Thessalonique dans le cadre d'un projet comprenant des fouilles, des études de conservation et de réparation. |
Théâtre de Philippi : pylônes sculptés de Ménades encadrant le passage sous le mur de scène |
LA BASILICA A
Elle a été construite comme une
grande basilique à trois nefs, avec un toit en
bois et un transept sur le côté est. Ses
dimensions sont de 30x50 m. Un monumental propylon
semi-circulaire avec des escaliers en marbre mène
du forum à la cour à colonnes du temple. De la
cour, deux entrées mènent à l'atrium à quatre
côtés, qui possède des galeries sur ses trois
côtés (est, nord et sud) tandis que son côté ouest
a la forme d'une fontaine à deux niveaux.
La liaison
entre l'atrium et le vestibule (narthex) se fait
par trois entrées. Sur le côté nord-ouest du
narthex, le baptistère ainsi que l'escalier qui
menait aux quartiers des femmes ou à l'église sont
conservés.
La Basilica A au dessus de l'agora (forum romain) de Philippi |
Depuis
le vestibule, les fidèles pénétraient dans le naos
(la nef) par trois entrées : une triple entrée
centrale (tribelon) et deux entrées simples sur les
côtés. Deux colonnades de 15 colonnes chacune
divisaient l'église en trois nefs.Devant le
bema (presbytère), les colonnades s'inclinent à angle
droit vers le nord et le sud respectivement, formant
le transept, une zone rectangulaire perpendiculaire au
reste du temple. De ce fait, le temple s'ouvre dans sa
partie orientale en prenant la forme d'un "T". L'église était couverte d'un toit en bois à claire-voie. Le sol de la bema et du transept était pavé d'incrustations de marbre (petits morceaux de marbre formant des formes géométriques) tandis que le sol du naos était pavé de dalles de marbre. Dans l'allée centrale, des parties de l'ambon (chaire) sont encore conservées et, devant le bema, le stylobate du templon a été conserve. On trouve également des traces de la base de l'autel ainsi que du synthronon avec les sièges des prêtres. Les nefs étaient séparées par des panneaux adossés aux piliers des colonnades tandis que des panneaux de marbres colorés constituaient le templon de l'église. Ce magnifique temple, qui se distingue par sa taille et son impressionnante décoration sculpturale (chapiteaux, chapiteaux-pilastres, panneaux), a été construit à la fin du Ve siècle après J.-C., c'est-à-dire vers 500 après J.-C.. Après sa destruction, probablement par un tremblement de terre, l'église n'a pas été reconstruite. Mais dans l'angle sud-ouest de l'atrium, où se trouvait une citerne romaine, à un endroit identité par la tradition comme la prison de saint Paul, une chapelle a été construite après les VIle et VIlle siècles, dont il ne reste aujourd'hui que de maigres vestiges. |
Philippi : colonnes de la Basilica A |
Philippi : colonne et chapiteau de la Basilica A |
Philippi : la prison de St-Paul |
Philippi : palestre et Thermes au sud du forum |
L'Octogone vu depuis l'atrium du complexe |
Dans la première
insula à l'est du Forum romain de Philippi,
entre les prolongements vers l'est des rues Egnatia et
Emporiki, se trouve l'église métropolitaine de
Philippi, le célèbre Octogone, dédié à l'apôtre Paul.
Des voies secondaires, les parodoi, assuraient
la communication entre les deux grandes rues et
délimitaient les différents bâtiments qui
l'entouraient. L'Octogone est un exemple caractéristique de construction d'une église chrétienne sur le site d'un ancien sanctuaire, et un rare exemple d'un ensemble complet de bâtiments paléochrétiens. Le premier a été construite après les persécutions et partage un mur commun avec une tombe macédonienne souterraine et l'hérôon en surface d'Euephenes, fils d'Exekestos, un initié aux mystères de Kabeirian. L'inscription de fondation de l'évêque de Philippi, Porohyrios, sur le sol en mosaïque de la maison de prière, décoré de scènes symboliques ou d'oiseaux, d'arbres et de motifs géométriques, nous informe que l'église était dédiée à l'apôtre Paul, et fondée en 313-343 après J-C. À la fin du IVe siècle, la basilique de Paul a été remplacée par l'église octogonale, qui a incorporé la mosaïque antérieure de la basilique dans son sol, décoré de riches incrustations de marbre. Cette église a été conservée, avec diverses modifications, jusqu'au début du Vlle siècle. L'Octogone, qui était carré à l'extérieur et octogonal à l'intérieur grâce à ses conques d'angle, possédait à l'est l'abside saillante où est construit le synthronon du sanctuaire et sa base de la table d'autel. La colonnade intérieure, surmontée d'un stylobate à huit côtés, soutenait les galeries et la coupole. L'église comportait deux ambons et un narthex au sol incrusté de marbre. Une stoa entourait le côté sud de la place et se poursuivait à l'est sous la forme d'un anneau autour de la conque. Une stoa à trois nefs avec une porte monumentale sur la Via Egnatia remplaçait la rue latérale romaine et assurait l'accès au narthex de l'église. |
Philippi : grande salle de l'Octogone en regardant vers l'est, avec au fond le synthroon où s'asseyaient les prêtres |
Philippi : pavage de l'Octogone |
Philippi : mosaïques de l'Octogone |
Philippi : mosaïques de l'Octogone |
En poussant vers l'ouest et en remontant vers le musée, on découvre d'autres excavations dont celle qui a mis au jour un temple des divinités égyptiennes fort en vogue dès le 1er s. de notre ère, puis une autre révélant une basilique chrétienne du Ve s. désignée C, détruite par un tremblement de terre au VIIe s. et pas encore entièrement dégagée. | Philippi : temple des dieux égyptiens |
En montant vers le musée archéologique de Philippi : les restes de la Basilica C |
En 1963, lors des
fouilles de la fondation du musée de Philippi, sur les
pentes sud de la colline de l'acropole, une nouvelle
église chrétienne a été découverte. L'église a été
nommée par convention Basilique C. Elle a été
progressivement fouillée au cours des années
suivantes, mais son atrium n'a pas encore été mis au
jour. Il s'agit d'une magnifique basilique à trois nefs, avec un transept, un narthex et un atrium. La première phase de construction est datée de la seconde moitié du Ve siècle, tandis qu'au cours du Vle siècle, la basilique a été modifiée pour des raisons pratiques, peut-être liées aux actions de l'évêque de Philippi, Démétrios. Selon toute évidence, l'église a été détruite lors du tremblement de terre du VIle siècle et ses matériaux de construction ont ensuite été enlevés. Les revêtements muraux en marbre, le luxueux pavement en marbre importé, la riche décoration sculpturale, les vitraux en verre peint et les deux ambons, le premier en forme d'éventail, situé au centre de l'église, et le second près du Bema, sont les raisons pour lesquelles la basilique est l'un des monuments les plus exceptionnels du Vle siècle. Au nord du narthex, on a conservé une tour avec une échelle en colimaçon qui mène aux étages supérieurs et à d'autres bâtiments secondaires. Ces pièces conservent des témoignages de la vie durant la période byzantine moyenne, lorsqu'une église plus petite était fondée. Cette église conserve trois phases de construction différentes, du 8e au 12e siècle. Elle est également associée au petit cimetière byzantin moyen qui a été créé dans le remblai du narthex et qui a été utilisé jusqu'à la période de la dynastie des Paléologues. |
Le musée de Philippi a rassemblé beaucoup de statues, romaines principalement, qu’il préserve et expose dans de bonnes conditions, mais qui du coup privent les monuments et le site de leurs décors. | Musée archéologique de Philippi : Romain anonyme en toge |
Musée archéologique de Philippi : maquette de la maison au bucrane |
LA MAISON AU BUCRANE
Les
vestiges de cette maison, datée des années 4900-4800
av. J.-C. (début du Néolithique récent), offrent une
image très concrète du mode de vie néolithique. La
pièce, mesurant au moins sept mètres de long sur cinq
de large, comportait un four domestique
particulièrement bien préservé. Derrière ce four, on a
trouvé une marmite tripode et un pot bi-cônique rempli
de grains d'orge carbonisés. À l'ouest du four, des
outils en pierre (meules et broyeurs), probablement
destinés à la préparation de la nourriture, des jarres
et un bol en pierre, reposaient sur une plate-forme.
Au sud de la pièce, un ensemble exceptionnel
comportait trois vases et un bucrane tombé sur un
quatrième vase.Le bucrane est un crâne de bovidé, avec ses cornes, recouvert et complété par un revêtement de terre crue figurant les yeux, les naseaux et la bouche, le tout ayant été appliqué sur une surface lisse, comme l'atteste la face postérieure, plane, de l'objet. Il a été miraculeusement préservé par l'incendie qui a détruit la maison. Il était probablement appliqué sur un mur ou sur une poutre à la manière d'un trophée. |
Musée archéologique de Philippi : statue en bronze d'un personnage masculin avec un fort mouvement vers la droite et la main droite tendue. Il s'agit probablement de la décoration d'un vase ou d'un coffret en bronze. Époque Romaine |
Musée archéologique de Philippi : tête en bronze, fragment d'une statue romaine |
Musée archéologique de Philippi : Portrait en marbre d'un vieil homme typique des premiers portraits de l'Empereur Trajan (98-117 ap. J-C) |
Musée archéologique de Philippi : buste féminin |
Long trajet d’une
centaine de kilomètre pour atteindre si possible ce soir
Alexandropouli, une autre ville et station balnéaire au
bord de la Mer Égée. Beau passage à travers une zone humide avec lacs et lagons qui constitue le parc naturel de la Macédoine orientale près de Porto Lagos. J’y aperçois des flamands comme en Camargue, mais suis trop loin pour les photographier. Je passe aussi près du monastère d'Agios Nikolaou sur sa presqu'île, mais juge la journée trop avancée pour m'y arrêter. |
Porto Lagos : monastère d'Agios Nikolaou au bord du Limni Vistonida |