À 13:00 tapant, le bateau s’ébranle et quitte le quai pour se diriger lentement vers le large (arrivée prévue à 22:00 = 8 heures de traversée + une heure de décalage horaire). Je reste un moment dehors à jouir du beau temps et de la vue, puis redescends sur le 6ème pont, à l’abri des grande baies éclairant le restaurant où je m’installe au chaud sur une table pour travailler. Mon ordi est branché sur le secteur, je vois les flots ondulant doucement quelques mètres au dessous de moi tandis que le navire avance lentement sur les eaux calmes de l’Adriatique. | Brindisi, à bord du ferry : le garage en open-deck presque vide |
Départ de Brindisi vers la Grèce en passant le Castello Alfonsino di Brindisi |
Mon traversier «Igoumenitsa» s'éloigne de Brindisi |
Bivouac dans le port de Plataria |
Le ciel est nuageux
clair, mais un soleil capricieux parvient à éclairer la
scène du petit port endormi devant moi. Je finis par me
lasser de mon clavier, prends enfin ma douche et vais
faire un tour sur le quai : reconnaissance du point
d’eau déjà utilisé lors du précédent passage, coup d’œil
sur la petite baie où paressent une dizaine de barques
colorées et quelques voiliers de plaisanciers… À part le
pub The Officer’s tous les autres
estaminets sont clos le long de la promenade arborée et
fleurie longeant le bassin. Je n’irai donc pas bien
loin, prends quelques photos, et rejoins l’Exsis pour
préparer mon départ. En programmant mon IPhone je trouve un message de Gilles qui n’a pu me rejoindre hier alors que j’étais en mer, et aussi un avertissement de Free m’annonçant un «harponnage» de Vodaphone Albanie qui encore une fois ne m’a pas manqué, lorsque j’ai consulté Google Maps pour voir où nous en étions de notre navigation… (40 € de data au prix fort). La prochaine fois je mettrai mon téléphone en mode Avion, de l’embarquement sur le traversier jusqu'au débarquement ! |
La température ayant
l’air relativement acceptable en Épire et dans l’ouest
de la Macédoine, je consulte le Guide Vert pour décider
les sites à prioriser en allant vers Thessalonique. Le premier sur le route de Ioannina, la vieille capitale de l’Épire, est Dodoni, site antique où officiait un oracle de Zeus, et qui accueillait tous les 4 ans le festival des Naia. Le concours de poésie grecque céda le pas aux rugissement des fauves et aux hurlements des gladiateurs à l’époque romaine. (G.V.) Le grandiose théâtre de 17 000 places fut modifié en conséquence, il demeure un des points forts de la visite… |
La baie de Plataria, mon premier bivouac en Grèce |
Près de Kefalovryso au dessus de la A2 |
Après un plein de gasoil à prix nettement plus avantageux qu'en Italie (1,595€/l, 58,83 l pour 589 km, soit 9,99 l/100), le GPS me dirige vers l’autoroute A2 qui vagabonde dans les montagnes de l’Épire, mais elle devient bientôt à péage. Pour éviter la barrière, me voilà entrainé sur une petite route de montagne assez sportive qui, bien que très lente et souvent dégradée - par des glissements de terrain apparemment – offre de superbes points de vue que je capte en toute quiétude – la route est totalement déserte – malgré la lumière qui diminue. |
LE
SANCTUAIRE DE DODONI : TOPOGRAPHIE ET HISTORIQUE
Pendant longtemps, le sanctuaire de Dodone ne comportait pas de bâtiments monumentaux et les cultes se déroulaient en plein air. Le sanctuaire s'est développé progressivement autour du chêne prophétique et a acquis une forme architecturale au cours de l'histoire. A l'exception de la basilique paléochrétienne (B), tous les autres bâtiments mis au jour par les fouilles datent principalement des IVe et Ille siècles avant J.-C. Ils ont été construits dans le cadre de grands projets de construction, notamment de l'Alliance épirote (342-233/2 av. J.-C.). du roi Pyrrhos (297-272 av. J.-C.) et de la Ligue épirote (233/2-168 av. J.-C.). Au cours de ces années, Dodone était non seulement un sanctuaire de renommée panhellénique, mais aussi le centre religieux, politique et culturel des tribus épirotes locales. Le sanctuaire s'étend sur trois niveaux. Au niveau le plus bas, au sud, se trouve l'entrée principale qui donne accès au sanctuaire par des édifices monumentaux à portiques. Au pied de la colline, à l'est, se trouvent les édifices cultuels. A l'ouest se trouvent les bâtiments publics destinés aux activités politiques et aux manifestations culturelles. Au nord, sur le sommet de la colline, se trouve l'acropole, qui servait de résidence aux autorités et de refuge aux habitants de la campagne environnante. Le noyau cultuel du sanctuaire était entouré d'un mur d'enceinte monumental, qui a été progressivement étendu vers l'ouest, afin d'inclure les bâtiments publics ultérieurs. Dans la première moitié du IVe siècle av. J.-C., il y avait quelques bâtiments modestes, comme le petit temple de Zeus (E1) et ce que l'on pense être la maison des prêtres (M). Le sanctuaire a pris un caractère monumental dans la seconde moitié du IVe siècle av. J.-C., lorsque le temple de Zeus (E1) a pris une nouvelle forme et que le premier temple de Dioné (G) et le mur d'enceinte et l'acropole ont été construits. A la fin du IVe siècle et au début du Ille siècle avant J.-C. le temple de Zeus (E1) a été reconstruit et les temples de Thémis (Z), d'Aphrodite (L) et d'Héraklès (A) ont été fondés. Le bouleutérion (E2) et le prytaneion (O) ont également été érigés à cette époque, le mur d'enceinte du sanctuaire a été agrandi et le théâtre a été construit. À la fin du Ille siècle av. J.-C. le stade (ST) est construit, le prytaneion est agrandi (0-01-02) et le temple de Dioné (T) est fondé. Toute la disposition des monuments dans le sanctuaire proprement dit reproduit la forme amphithéâtrale du théâtre. Ainsi, le pèlerin arrivant du sud voyait à l'ouest le théâtre et à l'est le temple de Zeus, avec le "chêne majestueux" au centre d'un ensemble de bâtiments disposés en amphithéâtre, sur une terrasse surélevée et spacieuse (K). Cette synthèse architecturale, complétée au centre par le monumental bouleutérion et le complexe du prytaneion, encadrés par des stoas et ornés de statues, était particulièrement impressionnante et inspirante pour le fidèle de l'Antiquité. Elle est couronnée par le mur de l'acropole, renforcé par des tours et des niches. Des fondations de bâtiments et une citerne souterraine ont été trouvées à l'intérieur de l'acropole. |
C’est surtout le grand théâtre dont on achève la restauration qui retient mon attention. Je monte en haut des gradins de la deuxième rangée (la 3ème étant encore en ruines), parcours le rang supérieur sur toute sa longueur jusqu’au haut mur de soutènement débordant largement de la colline, redescends sur l'orchestra bien dégagé, bref en admire les belles proportions sous tous les angles. | Le Théâtre de Dodoni en arrivant |
Les gradins en restauration du théâtre de Dodoni |
La cavea et l'orchestra du théâtre de Dodoni |
Au pied du mur
massif épaulant l’aile droite du théâtre, le
petit bâtiment officiel du bouleuterion abritait
les délibération des magistrats, à côté de celui
du prytanée. Tous deux sont fort ruinés mais on
a remonté partiellement la petite galerie à
colonnade de la façade. Ce fut surtout au temps
de la Ligue épirote que ces lieux prestigieux
eurent toute leur importance. En face, une longue stoa fermait l’espace sacré. Plusieurs sections du mur arrière ont été remontées et consolidées, tandis que devant les bases des colonnes donnent vaguement une idée des proportions de l’édifice. |
Dodoni : le bouleuterion au-sud-est du théâtre |
Puis ce sont les petits temples du centre cérémoniel voisin, dont il ne reste que les soubassements : Thèmis, Aphrodite,… entourant le temple de Zeus Naios, en fait un enclos défini comme «maison sacrée» où officiait l’oracle de Zeus sous un grand chêne. Il interprétait ses bruissements, répondant aux demandes des pèlerins inscrites sur des petites bandes de bronze qu'on a retrouvé par dizaines (elles sont conservées au musée archéologique de Ioannina). |
Dodoni : reconstruction du sanctuaire de Zeus «hiera oika = Maison sacrée» à la fin du 3e siècles avant J-C. |
Il n'y
avait pas de temple de Zeus à Dodoni jusqu'à la fin
du 5e siècle avant J.-C. Fait rare, le dieu habitait
dans les racines du chêne prophétique et était
vénéré en plein air. Les prêtres prononçaient des
oracles en fonction du bruissement des feuilles de
l'arbre sacré, du vol et du croassement des oiseaux
qui nichaient dans ses branches, ou d'autres signes
et symboles annonciateurs. À partir du VIIIe siècle
avant J.-C., le chêne est entouré de chaudrons de
bronze accolés, posés sur des trépieds. Les oracles
étaient rendus par le son continu que produisaient
ces récipients lorsqu'on les frappait. À partir du
VIe siècle avant J.-C., les questions étaient posées
par écrit, incisées sur des tablettes de métal. Les
réponses étaient généralement données oralement et
très occasionnellement écrites au verso de la
tablette.
Au début du IVe siècle avant J.-C., un temple simple avec pronaos et cella (4,0 x 6,5 m) a été construit pour abriter les ex-votos. Dans la seconde moitié du même siècle, un mur d'enceinte (peribolos) en maçonnerie isodomique a été construit, qui entourait le chêne et était relié au temple. Les chaudrons furent remplacés par le chalkeion, un appareil dont le son permettait aux prêtres de prononcer des oracles. Au début du IIIe siècle avant J.-C., un peribolos plus spacieux (2,8 x 19,2 m) a été construit avec des colonnades sur trois côtés. Après la destruction du sanctuaire par les Etoliens (219 av. J.-C.), le temple fut remplacé par un autre plus grand, d'ordre ionique. Les stoas furent reconstruites et un propylon ionique fut érigé à l'entrée. Les auteurs anciens appelaient ce type de bâtiment fermé hiera oikia (maison sacrée). C'était la demeure terrestre du couple divin, qui renfermait le chêne sacré. Après la destruction du sanctuaire par les Romains (167 av. J.-C.), la hiera oikia fut réparée. L'oracle a continué à fonctionner jusqu'à la prédominance du christianisme à la fin du IVe siècle de notre ère. |
Enfin, à
l’extrémité du terrain enclos et empiétant sur un
temple à Dioné, et également sur celui consacré
tardivement à Héraclès, une basilique paléo-chrétienne
à trois nefs avait pris place, dont les bases de murs
et de piliers, remontés, donnent une bonne idée de ses
formes et proportions. Bien au-dessus des monuments situés dans le vallon, dominent les murs massifs de soutènement de l’Acropole dont il est dit qu’il ne reste rien de lisible. |
Ioannina : Exsis au bord du lac Pamvotis et au pied de remparts |
Capitale de la
province de l’Épire l’agglomération est assez étendue et
il me faut un bon moment pour traverser ses faubourgs
pleins d’activités commerciales et industrielles
(autrement dit peu esthétiques et assez désorganisés).
Le centre ville apparaît ensuite beaucoup plus vivant et
entassé, calé contre le bord sud du vaste lac Pamvotis
dont la rive nord est entourée de hautes montagnes
blanchies par la neige. Impossible de trouver un
stationnement le long des rues étroites et sinueuses où
le moindre espace est occupé, pas plus que dans les
rares parkings autour du Musée archéologique que je me
suis fixé comme premier objectif. Je dois aller jusqu’à la rive du lac et là, au pied des remparts du kastro, maintenu libre par un panneau Réservé aux handicapés je trouve enfin où caser l’Exsis arborant la petite carte bleue laissée par Monique. |
Kastro de Ioannina : ruelle de la vieille ville |
Je remonte ensuite au
centre en passant près de l'ancien manège devenu siège
des Archives de l'Épire, puis devant la petite
bibliothèque ottomane en triste état, et enfile enfin
les ruelles de la ville enclose en ses hauts murs autour
de la citadelle. Coup d’œil pittoresque sur les petites
maisons
typées à balcon et bas toit
de tuiles disposées serrées le long du pavé étroit et
sinueux. Dans les rues commerçante du centre retrouvé en passant la grosse porte en chicane à travers la muraille, beaucoup de boutiques assez chics, des bijoutiers en pagaille pas toujours du meilleur goût… et nombre de restaurants et de boutiques de souvenirs dans les petites rues transversales. |
J’y retrouve peu de pièces exceptionnelles, la région n’ayant ni la richesse ni l’extraordinaire créativité du Péloponnèse. J’y remarque néanmoins une énorme pointe de lance en pierre taillée, de belles statuettes de bronze, quelques jolis bijoux - surtout en or – des sculptures en marbre comme le lion de Mihalitsi (4e s. ap. J-C) et un tombeau romain superbement décoré de scènes de la Guerre de Troie (2e s. ap. J-C). | Musée-archéologique de Ioannina : grand silex biface (hand-axe) (Paléolithique récent) |
Musée archéologique de Ioannina : casque en bronze illyrien avec incision représentant un sanglier sauvage |
Musée archéologique de Ioannina : cruche à bec en bronze portant un buste féminin sur la poignée. Atelier corinthien d'Époque Archaïque (510-490-av.-J-C). |
Musée archéologique de Ioannina : piédestal de table figurant Dionysos (Époque Romaine) |
Musée archéologique de Ioannina : Sarcophage en marbre avec scènes de l'Iliade Époque romaine 2e s. ap.J-C |
Musée archéologique de Ioannina : Aigle en bronze, Épi de sceptre provenant probablement d'une statue de Zeus. Dodoni, près du temple d'Aphrodite (Archaïque, début Classique, fin VIe-début Ve siècle av. J-C) |
Musée archéologique de Ioannina : Tablette oraculaire de Dodoni : Timoxanos demande à Zeus s'il doit s'engager dans un commerce terrestre avec les bénéfices de sa mine d'argent; la réponse est positive, il doit rester en ville et faire ce commerce » |
Musée archéologique de Ioannina : Guerrier en bronze courant |
Musée archéologique de Ioannina : poignée en bronze d'une épée fac-simile attachée à la statue d'un général. Dodoni, Époque hellénistique (fin IIIe-début IIe s. av. J-C) |
Musée archéologique de Ioannina : Enfant lançant une balle (petit bronze) |
Musée archéologique de Ioannina : Personnage participant à un banquet (Bronze) |
Depuis la terrasse du Musée archéologique de Ioannina, la ville au bord du lac Pamvotis |
Joli vue sur l’étendue du lac en sortant depuis la terrasse entourant le musée, puis retour vers l’Exsis en traversant à nouveau la vieille ville ceinte de remparts. |
Iç Kale de Ioannina : la Tour de Bohémond (XIe s.) |
LA TOUR DE
BOHÉMOND La tour de Bohémond fait partie de la
fortification byzantine moyenne de l'acropole.
Selon Anna Comnene, le Normand Bohémond a conquis
la ville de loannina en 1082 et a construit une
nouvelle citadelle, peut-être dans l'acropole
sud-est. Bien que les travaux de reconstruction
effectués par Bohémond soient difficiles à
discerner, une solide tour circulaire et les
vestiges architecturaux d'un mur attenant
constituent très probablement des parties de la
fortification de Bohémond. La tour est construite
en pierres de chaux rectangulaires, s'étend sur
deux étages et est éclairée par des fenêtres. Le
mur qui lui est accolé est constitué de la même
maçonnerie et confirme l'hypothèse selon laquelle
la tour faisait partie d'une fortification
antérieure de l'acropole. Pendant la période
ottomane, elle a été incorporée au Sérail
construit par Ali Pacha (fin XVIIIe-début XIXe).
|
Il ne reste rien du sérail du dernier gouverneur turc Ali Pacha (mort assassiné en 1822), sinon des ruines peu lisibles ni mises en valeur (soubassements), et un musée établi dans une résidence royale du XXe occupe les lieux. | Iç Kale de Ioannina : ruine du Palais d'Ali Pacha et Tour normande de Bohémond |
Iç Kale de Ioannina : Tombe d'Ali Pacha et mosquée Fetiye |
Iç Kale de Ioannina : Tombe d'Ali Pacha devant la mosquée qu'il a reconstruit |
Je ne m’attarde pas, peu intéressé par ces musées, et poursuis mon chemin vers l’autre butte «acropole» qui, derrière son mur et sa porte fortifiée, porte la mosquée d’Aslan Pacha, convertie en Musée municipal. J’hésite un peu à y pénétrer pour découvrir son décor original sinon ses collections ethnographiques. |
Ioannina : mosquée d'Aslan Pacha |
Le kastro de Ioannina et sa vieille ville depuis la rive nord du lac Pamvotis |
La grande route fait
le tour du lac en passant au-dessus de l’île que je ne
visiterai pas, l’heure étant trop avancée et ses
riches monastères fermés. Je profite plutôt du
vaste paysage sur le lac très étendu, puis sur les
montagnes aux crêtes enneigées. La route jusqu'à Metsovo est bonne, mais lente et le soir tombe déjà lorsque je trouve une place sur le parking des bus, au pied de la colline sur laquelle s’entassent les maisons du gros village très touristique. Un vent froid souffle de fortes rafales qui me dissuadent d’aller en faire une première découverte. Je préfère sagement me reposer après cette rude et première journée de marche qui me laisse ankylosé, je ferme les stores, prépare mon souper, commence à résumer ma journée puis abandonne le clavier pour me coucher tôt : il est 20:30 et ma nuit commence déjà… |
Longue nuit
reposante dont je sors à 7:30, un peu malmené
cependant par les rafales et averses qui m’ont
réveillé plusieurs fois. Quelques gouttes perlent à
travers le grand lanterneau central mal réparé
et fendu… Je me sens vraiment rouillé, il va falloir combattre le mal par le mal, i.e. poursuivre l’effort de marche pour dénouer tous ces nids à arthrose… |
Bivouac à Metsovo sur la grande place centrale (Plateia Metsovo) |
Dans les rues de Metsovo |
Après avoir placé sur le pare-brise la carte bleue d’handicapé, je transfère l’Exsis sur un emplacement ad hoc et me lance dans une grande balade à travers les ruelles escarpées de la ville animée par les rayons du soleil. Le G.V. me suggère d'emprunter la rue principale, mais celle-ci, bordée de boutiques plus ou moins contemporaines, me semble sans intérêt. Je choisis plutôt de m’enfoncer dans le réseau de ruelles pavées et d’escaliers qui grimpent directement dans l’enchevêtrement des maisons typiques, avec leurs balcons en avancée, leurs petites fenêtres, leurs toits de tuiles rouge-orangé, et la découverte de perspectives sans cesse changeantes au fur et à mesure de ma montée. |
Je rejoins d’abord le Musée d’Arts populaires dans son imposante maison de pierre épirote restaurée, mais sa grosse porte de bois rustique et sombre n’ouvrira pas avant 10:00. | Metsovo : Musee d'Art Populaire dans le manoir Tossizza |
Les toits rouges et les montagnes de Metsovo |
J’ai donc largement le temps de poursuivre mon cheminement du côté sud jusqu'à sa limite où se trouve l’église Agioi Apostoloi. Montant et descendant au gré des chemins qui s’entrecroisent, je commence bientôt à entendre des échos du service qui s’y déroule. |
Bâtiment modeste accoté à un court clocher où voisinent 2 cloches et une simandre (planche de bois frappé pour appeler à l'office), je trouve bientôt sa porte latérale qui donne accès à sa nef unique. Elle est pleine de fidèles plutôt âgés qui accompagnent vaguement les soliloques du chantre surimposés à ceux du pope qui officie. | Metsovo : l'église Agioi Apostoloi |
Metsovo : le pope dans l'église paroissiale Agioi Apostoloi |
Metsovo : dans l'église paroissiale Agioi Apostoloi |
Je sors alors du côté du cimetière tout blanc où tout ce beau monde s’est éparpillé pour aller prier, fleurir où tout simplement nettoyer les tombes familiales. Cette fois j’en garderai une image en faisant le tour du mur extérieur qui monte un peu et donne au dessus de la scène. | Metsovo: les fidèles dans le cimetière d'Agioi Apostoloi |
Metsovo : encorbellement sur la ruelle montante |
Il ne me reste qu’à retourner au centre du village pour retrouver le musée (merci Google Maps, assez précis pour que je tombe dessus à deux pas). 5 € pour faire le tour des 4 étages, accompagné par une guide qui ne fera que le minimum de commentaires (en anglais heureusement), sans que j’apprenne grand-chose sur la vie de la riche famille de marchands propriétaires au XIXe. Présentation impeccable, quoiqu'un peu figée, des nombreux artefacts régionaux et ruraux dont je reconnais généralement l’usage, avec mention pour de beaux tissages aux dessins typiquement épirotes et de nombreuses pièces de vaisselle en argent (le donateur de la fondation, natif de Metsovo, en était un collectionneur averti). |
Metsovo, Folk Art Museum (Manoir Tossizza) : le hall d'entrée au rez-de-chaussée |
Metsovo Folk Art Museum (Manoir Tossizza) : salon chambre |
Je retourne à l’Exsis en traboulant encore une fois jusqu’à rattraper la rue centrale Voronov qui me ramène à la place centrale au pied de la colline bâtie. | Une autre rue de Metsovo |
J’avance bien
jusqu’à une bifurcation vers un trajet plus court
proposé par Google Maps. Pas de neige sur la
chaussée hormis quelques bribes qui achèvent de
fondre, je m’y dirige malgré le panneau « À vos
risques »… Tout va bien pendant les 5 premiers km
jusqu’à ce que, dans un virage à l’ombre, la section
d’une centaine de mètres devant moi porte encore une
couche d’une bonne dizaine de cm de neige. Suivant
des traces fraiches de passage je m’y engage, mais
très vite les roues avant (dont les pneus d’été sont
déjà bien usagés) se mettent à patiner jusqu’à
carrément immobiliser l'Exsis. Je sors les
chaines, mais m’emmêle dans leur mise en place. Je
préfère alors utiliser mes Traction Aids canadiens
beaucoup plus simples et rapides à mettre en œuvre
et, en trois déplacements, je parviens à me tirer
d’affaire. Rebroussant chemin après cet essai manqué, je devrai faire ensuite un long détour d’une cinquantaine de km vers le nord pour contourner cette montagne par les vallées et rejoindre la grande route A2 à une trentaine de km avant Kastraki. |
Exsis bloqué sur la route 6 (de Ioannina à Trikala) |
Le village de Kastraki au pied des pains de sucre |
Enfin j’arrive en vue des Météores dont les pics barrent la vallée du Pénée, en avant d’un plateau qui se poursuit vers le N-E. Traversée de la petite ville de Kastraki blottie au pied des pains de sucre, entièrement dévolue au tourisme (restaurant, camping, hôtels, chambre d’hôte…). J’y cherche en vain un petit espace public libre en dehors des rues (très étroites au demeurant). |
Puis, voyant la lumière baisser, je décide de faire le tour des monastères, pour la vue d’abord, et pour éventuellement découvrir un point de chute. Il y a bien quelques petits parkings bien aménagés soit en belvédère soit comme point de départ pour les visites, mais ils sont partout assortis d’une signalisation explicite: No camping… | Météores : Grand Meteoron |
Météores : bivouac sur la route de Kalampakas à Vlachavas |
J’achève mon tour en faisant quelques photos inspirantes, et poursuis un peu plus loin vers l’est jusqu’à une crête signalée par G. Maps comme «Belle vue» tout en semblant à l’extérieur des Météores. Effectivement j’y trouve le large panorama annoncé mais aussi de beaux espaces libres à peu près plats que deux autres voyageurs (1 CC et un long 4x4 aménagé) ont squatté. Circulation quasiment nulle sur cette petite route de campagne, nous ne devrions pas y être dérangés. |
Dans les Météores : bivouac sur la route de Meteoron à Kallitheas (39°43'53.3"N 21°39'06.1"E) |
Malgré une bonne nuit de repos au calme, mes douleurs n’ont malheureusement pas vraiment disparu et je devrai prendre la journée en douceur pour continuer de récupérer. Ce n’est d’ailleurs pas difficile car le ciel restera très gris et triste jusque vers 14:00, puis tournera à la pluie continue qui devrait durer jusqu’à demain midi… |
Puis après douche
et déjeuner je retourne sur la route touristique
faisant le tour des monastères juchés sur leurs
colonnes de pierre en choisissant cette fois le côté
est, i.e. les monastères d’Agia Triada et d'Agios
Stephanos. Spectacle pareillement fantastique
semblable à celui d’hier, ne manque qu’un rayon de
soleil pour faire chanter les couleurs… Pourtant la température reste douce (autour de 12°), le temps idéal pour se lancer dans la grande randonnée qui fait le tour du site à pied - si je me sentais plus en forme ! |
Météores : monastère d'Agia Triada |
Météores : vue sur Kalambaka entre les rochers |
Météores : monastère d'Agios Stephanos |
Après quelques photos qui
paraitront probablement sans relief – ce n’est
pourtant pas le spectacle qui manque de grandeur!
- je descends à Kalambaka et gagne un peu
difficilement à travers le dédale des petites rues
pentues la cathédrale du XIe vantée par le G.V.
Effectivement le petit bâtiment qui ne paie pas de mine de l’extérieur montre des murs intégralement recouverts de fresques anciennes. Une grosse chaire à prêcher (ambon) avec escalier double occupe le centre de la nef. |
Kalambaka : Exsis devant la cathédrale de l'Assomption de Marie, près de la fontaine sur laquelle je ferai le plein d'eau avant de partir |
Kalambaka, cathédrale de l'Assomption de Marie : fresque de Constantin et Hélène |
Il fait très sombre malgré l’éclairage peu sophistiqué allumé par la gardienne - qui a perçu mes 2 € d’obole et a ensuite disparu «oubliant» de me donner la consigne habituelle « No photos ». Je ne me priverai donc pas de capter le maximum d’images de cet environnement typique, même si la lumière trop rare ne parviendra pas à animer les peintures de toute façons très sales voire parfois noirâtres… Le temps et la fumée des cierges, autrefois si communs, ont laissé ici plus qu’une patine qu’il faudra bien décaper un jour si l’on veut sauver ce trésor! |
Cathédrale de Kalambaka : fresque de saints |
Cathédrale de Kalambaka : fresque de saints |
Fresques couvrant les murs de la cathédrale de Kalambaka au dessus de l'entrée |
L'ambon dans la nef de la cathédrale de Kalambaka |
Ambon de la cathédrale de Kalambaka en regardant vers l'iconostase |
Icône de Vierge portant l'Enfant |
Abside de la cathédrale de Kalambaka au pied des rochers |
En sortant j’ai la
bonne surprise de découvrir sur le petit parking
près de l’Exsis une fontaine qui n’attendait que moi
: vite je remplis mes bouteilles d’eau potable dont
le stock commençait à être pas mal entamé, puis
complète ma citerne de 2 bidons 1/2 de 10 l d’eau
fraiche, renouvelant ainsi mes réserves. Il commence à tomber quelques gouttes, je ne m’attarderai pas à Kalambaka au demeurant peu intéressant hormis sa situation au pied des hauts rochers, et prends aussitôt la route vers Trikala par la nationale qui file à travers la plaine de Thessalie sans rien de spectaculaire. |
Puis ma route de
plaine continue sur une soixantaine de km vers
Larissa où je ne trouve rien d’alléchant dans le
guide. Je contourne donc cette ville populeuse par
son périphérique et tente plutôt de gagner le
château de Platamonas, une cinquantaine de km au
nord-est, sur la route de Thessalonique. En quittant
la ville, autre plein, de diesel cette fois au vu de
son prix étonnant : 1, 49/l ! Une erreur de programmation me fait emprunter la route d’Ambelakia qui grimpe raide dans la montagne par toute une suite de lacets serrés. Je ne m’apercevrai de mon erreur qu’en arrivant dans ce gros bourg : pas de trace de château médiéval ici ! Je redescends derechef en corrigeant mon cap dûment identifié pour une autre quarantaine de km plus loin sur la côte. |
Sur la route montant de Tempi à Ampelakia |
Platamonas : bivouac au dessus de la plage |
Je me case d’abord
sur le parking – vide - du château au bord de la
grande route, puis avisant une petite station
balnéaire en dessous du village, descends les 3 km
qui m'amènent directement sur l’eau. J’y trouve un
petit espace où me poser juste au dessus de la plage
arrosée par un fort ressac. Sa rumeur accompagnera
les gouttes qui continuent de tambouriner sur le
toit de l’Exsis. Ainsi je n’entendrai pas les
quelques rares voitures passant près de mon bivouac
! La météo prévoit de la pluie continue jusqu’à demain 10:00… et un frais 3° toute cette nuit. J’ai fait le plein de GPL, la batterie est remontée à 100% après mon roulage de la journée, mon confort est assuré ! |
Montée au château sur la colline. Je suis le seul visiteur, et serai tranquille pour faire le tour des différents chantiers de fouille qui ont mis au jour dans la basse cour églises et maisons, toutes réduites au niveau de leurs soubassements. On voit que les recherches et les restaurations sont récentes, les matériaux d’excavation n’ont pas été totalement évacués, et les commentaires sur des petits panneaux de carton plastifiés sont succincts. | Au pied du château byzantin de Platamonas |
Château byzantin de Platamonas : murailles et porte d'entrée côté terre |
Château byzantin de Platamonas : le donjon depuis l'entrée |
La cour haute occupe un quartier de l’enceinte, avec la grande citerne et quelques autres soubassements non identifiés. Quant à la haute tour du donjon, elle a été bien restaurée, mais demeure fermée et inaccessible en haut de son escalier extérieur, faute d’éclairage intérieur me dit-on… Le site entre mer et village adossé sur une colline est impressionnant, dommage que l’on ne puisse en voir et en comprendre plus (comme on le pouvait à la citadelle de Larissa au-dessus d’Argos). | Escaliers et chicane pour accéder au donjon de Platamonas |
Grande route rapide d’abord dans la plaine, puis petite route de montagne qui s’enfonce dans l’intérieur en contournant la chaine de l’Olympe. Paysage grandiose sous la légère couche de neige. Il y en a d’ailleurs quelques restes sur la route, mais cette fois je passe sans problème. Et pas question de se lancer dans l'escalade de la plus haute et légendaire montagne de Grèce ! | En passant au pied du Mont Olympe au sommet caché dans les nuages |