Bivouac de l'Exsis au soleil levant sur le quai de Kilada |
Debout dès 7:30 au matin, après une excellente nuit remarquablement silencieuse. Le soleil m'accompagne tandis que je fais quelques photos de mon environnement dans les chaudes couleurs du lever du jour. Après douche et déjeuner, je retrouve vite une souplesse suffisante pour me mettre en route (ma hanche gauche se réveillant toujours bizarrement douloureuse et partiellement insensible). |
Je passerai ainsi très vite à Kranidi, un gros bourg rural à la circulation confuse et bordélique, où une brève incursion dans les ruelles ne me montre rien d'intéressant. Je ne m'attarderai guère davantage à Porto Heli, plus typé, étalant son petit port et sa plage contigüe autour de sa baie. Beaucoup de restaurant - fermés - le long du lungomare que je suis jusqu'au bout pour découvrir une église récente blanche et bleue au look particulier. | Église de l'Annonciation à la Vierge Marie, Porto Heli |
Porto Heli : Christ Pantocrator de la coupole de l'église de l'Annonciation à la Vierge-Marie |
Je me risque jusqu'à
la porte... que je trouve ouverte ! Ce sera une autre
rare occasion de contempler les étonnantes peintures
couvrant murs et plafonds si typique du culte orthodoxe,
sous l’œil sympathique d'un jeune pope en grande robe
noire qui accompagne son sourire d'un «Happy new year !»
|
Porto Heli : iconostase de l'église de l'Annonciation |
Porto Heli : nef de l'église de l'Annonciation à la Vierge-Marie |
Porto-Heli : frise de l'iconostase de l'église de l'Annonciation |
Porto-Heli : façade de l'église de l'Annonciation |
Ermioni : déjeuner sur le quai devant la baie |
Une vingtaine de kilomètres coupant
le cap suivant et je suis à Ermioni dont le nom pour
moi est déjà tout un programme : je ne savais pas que
ma petite-fille avait aussi sa ville attitrée ! (en
plus de porter le nom de la tragique héroïne antique).
Je vais déjeuner sur le môle avancé
devant la vaste courbe de la ville bâtie à cheval sur
une échine s'avançant dans la mer.
|
Ensuite courte sieste, puis le besoin d'exercice (tiens-tiens ?) et l'envie de découvrir ce qui se cache derrière la vitrine du lungomare me poussent à m'enfoncer dans les ruelles. Malgré la promiscuité des maisons entassées apparemment un peu au hasard au détour des rues se terminant parfois en impasses, chacune garde son intimité, et quelques détails seulement donnent une idée des goûts ou des intérêts de ses habitants. |
Ermioni : Laskarina Bouboulina, héroine de la Guerre d'Indépendance |
Konstantinos Kanaris, héros de la Guerre d'Indépendance |
Ermioni : la maison jaune |
Ermioni : le balcon aux oranges |
J'en suivrai le cours tout au long, suivant le rivage où la mer est parcourue de courtes vagues levées par un violent vent du sud qui a fait monter le thermomètre à 18°. Je finis ma balade de quelques 6 000 pas (j'en aurai ma ration pour aujourd'hui !) toujours le nez en l'air et retrouve l'Exsis sur le quai au centre de la courbe du port. |
Le paysage devient plus sauvage, les villages disparaissent, les oliviers prennent - à peine - moins de place pour en laisser davantage aux agrumes, oranges et citronniers dont c'est ici le royaume (d'où le nom de Lemonodasos qui sera ma prochaine étape sur mon GPS). Mais surtout la route devient infiniment plus sinueuse, au point d'en être fatigante à force de virevolter en montant ou descendant dans les garrigues et entre les plantations. Petit détour inopiné jusqu'à une plage déserte d'où je devrai m'extirper par près d'un kilomètre de piste de terre ravinée, bien plus digne d'un 4x4 que de ma patache qui s'en sortira quand même honorablement. En virant vers le nord peu après la chapelle isolée de Ieros Naos Panagias (Psomeika) on entre bientôt dans le Golfe Saronique. | Vagues devant la chapelle Ieros Naos Panagias sur le Kolpos Ydras près de Vlacheika. |
Avisant un vaste stationnement vide au bord de l'eau dont deux autres camping-cars ont fait leur étape, je m'arrête (à bonne distance…) et commence là ma soirée, devant le beau spectacle de la ville où progressivement les lumières s'allument. Souper et travail sur les nombreuses photos du musée de Nauplie, le carnet de bord sera pour demain. Coucher au calme vers 22:30, le vent s'est un peu calmé, avec une rare rafale de temps à autre. | Bivouac à Galatas devant Poros |
Depuis Galatas, vue sur la ville de Poros au matin |
Un soleil quelque peu
voilé émerge devant moi à 7:30, après une autre bonne
nuit silencieuse. Je démarre assez vite ma journée en
consacrant le début de matinée à la rédaction du carnet
de route. |
Si la cité antique eut
son importance, le village actuel est des plus modestes,
perdu dans ses champs d'oliviers et d'agrumes. Selon la
légende Thésée naquit à Trézène et y vécut ses 16
premières années avant de se rendre à Athènes. C'est là
aussi que se situe l'histoire de Phèdre, épouse de
Thésée, et d'Hippolyte fils de Thésée. Je commence par les Gorges du Diable, au bout d'un chemin de terre en fort mauvais état et mal signalé, qui s'incruste au flanc d'un vallon de plus en plus creux. Las des secousses, j'abandonne l'Exsis à mi-chemin et grimpe jusqu'à un arche (romaine ?) enjambant le canyon étroit noyé dans les ronces et autres arbustes. |
Trézène : sur le chemin des Gorges du Diable |
Trézène : les Gorges du Diable |
Trézène : la vallée depuis la Gorge du Diable Je tente d'en suivre le bord, mais
renonce bien vite, las de zigoner à travers les ronces
et sur le sentier défoncé… de toute façon sans but
précis, puisque le guide situe les restes de
l'acropole de Trézène bien au dessus de moi, sur la
crête verticale.
|
Enfin mon chemin de campagne aboutit à une haute clôture, heureusement munie d'un portail sans serrure qui donne accès au champ de fouille. Rien de vraiment spectaculaire, demeurent seulement quelques rangées de pierres et de dalles marquant les différents sanctuaires qui se sont succédé ici, où l'on célébrait le héros puis le dieu Hippolyte. Selon la tradition mythique locale et la pièce d'Euripide «Hippolyte», Phèdre sa belle-mère en tomba follement amoureuse, mais il la rejeta et tous deux connurent finalement une mort tragique. | Trézène : temenos (enclos sacré) et salle de banquets |
Trézène : restes du temple d'Hippolyte |
Quant au temple de
Tit identifiée au dernier temple d'Hippolyte construit à
la fin du IVe s. av. J-C (Période hellénistique), sa
partie conservée se limite à ses fondations, constituées
de blocs rectangulaires en pierre de Poros, disposés en
assises horizontales. |
Je gagne ensuite Methana sur son île pour jeter un coup d'oeil à la ville et son port de pêche. Après le plein d'eau près du bassin aux eaux sulfureuse (thermes) dont l'odeur saisit en arrivant, je traverse rapidement la petite ville côtière dont la station balnéaire est pour l'heure désertée. Apercevant une petite quincaillerie qui s'apprête à fermer je me pourvois d'une feuille de plastique transparent pour couvrir le lanterneau brisé et éviter de possibles infiltrations d'eau si le temps se dégradait. | Port et ville de Methana |
Une petite route de montagne assez tortueuse me mène ensuite à Vathi, sur le rivage ouest de l'île. Son étroite plage venteuse aux petits galets ronds immédiatement sous la route, balayée par les embruns, et son minuscule port de pêche arrondi et abrité, sont d'un charme fou. |
Sur la côte ouest
de l'île de Methana, la plage de Vathi
|
Methana : dans le port de Vathi |
Je fais le tour de sa
concha, flâne un peu en admirant, profitant de
cette carte postale qui semble figée dans le temps. Je
tente même d'échanger quelques mots avec un pêcheur qui
rince sa camionnette de livraison. Pas facile de se
comprendre avec un grec unilingue (ils sont quand même
assez rares...). |
Volcano maintenant : il me manque pas mal de pas à mon compteur quotidien que j'essaie de maintenir au dessus de 8 000 (± 5 km). Le Guide vert et Google Maps suggèrent l'escalade de la montagne volcanique de Kameni Hora jusqu'à son sommet quasi inaccessible (400 m), juste au dessus d'une caverne, bouche béante descendant aux Enfers… | Sur l'île de Methana, en route vers le volcan de Kameni Hora |
LE VOLCAN DE
KAMENI HORA
La péninsule de
Methana a émergé du fond de la mer à la suite
d'éruptions volcaniques successives qui ont
commencé il y a environ 1 000 000 d'années et se
sont arrêtées il y a environ 250 000 ans
Pendant des milliers d'années, tout est resté calme et le paysage que nous voyons aujourd'hui était déjà formé. Cependant, vers 250 avant J.-C., une nouvelle petite éruption s'est produite. Cette éruption est mentionnée, entre autres, par Pausanias dans ses écrits. Il raconte qu'une plaine fertile s'étendait du village actuel de Kammeni Chora jusqu'à la mer à l'ouest. Toute cette zone était recouverte de lave qui s'accumulait pendant des mois pour s'élever et former la montagne escarpée que vous pouvez voir juste derrière vous. La hauteur de la montagne est d'environ 400 m. Il ne s'agissait pas d'une éruption violente. Au cours de la phase finale, la coulée de lave visqueuse s'est écoulée dans la mer à l'ouest. Les volcans de Methana n'ont pas la forme typique d'une caldeira. La lave y était si visqueuse qu'elle s'est accumulée verticalement, créant des montagnes hautes et escarpées. Les éruptions n'étaient généralement pas violentes et duraient longtemps. En général, chaque montagne que vous voyez autour de vous est le résultat d'une éruption individuelle. Environ 30 éruptions volcaniques individuelles sont visibles sur la péninsule de Methana. Au sommet du volcan de Kammeni Chora, vous trouverez une faille qui a probablement été créée au cours de la dernière phase de l'éruption, lorsque de riches coulées de lave ont atteint la mer. Depuis le sommet, vous pouvez suivre des yeux la coulée de lave jusqu'à la mer. Le coucher de soleil ici est plus beau qu'à Santorin. La lave rougeoie à nouveau sous les dernières lueurs du soleil couchant. Le volcan Methana est actif, mais nous ne pouvons pas encore prédire où et quand aura lieu la prochaine éruption. La randonnée jusqu'au sommet dure environ 25 minutes. Texte et photos
: Elias Rizos - www.volcanotrails.gr
|
Le sentier vers le sommet de Volcano, dans l'éboulis de roches volcaniques colmaté par les cendres rouges |
En montant sur Volcano, panorama sur la mer vers le N-O |
Sous le sommet, l'ouverture de la faille menant aux Enfers |
La faille sous le sommet, qui s'enfonce dans l'obscurité jusqu'au royaume d'Hadès... |
En dévalant le sentier de Volcano sous la lumière chaude du soir |
Randonnées sur l'ile de Methana |
Effectivement, après
avoir bougé pour retrouver une certaine planéité et
orienter l'Exsis face au soleil levant, le chauffe-eau
cesse de se mettre au rouge. Ouf ! C'eût été une panne
difficile à régler dont je me serai bien passé ! À part cela, nuit des plus calmes, n'était-ce le vent que je retrouve ce matin au lever à 7:30, mais sous un ciel totalement dégagé. Quel climat extraordinaire ! |
Bivouac à l'écart sur le parking du site d'Épidaure |
LA VILLE ANTIQUE D'ÉPIDAURE ET
SON ASCLEPIEION
Durant l'Antiquité, la ville d'Épidaure était un centre local important en Argolide, en raison des terres fertiles qui l'entouraient et, surtout, de son port sur le Golfe Saronique, qui permettait une communication rapide avec Corinthe, Athènes, Égine et la mer Égée en général. Les indices d'habitation sur le site de la ville postérieure remontent au IIIe millénaire avant J.-C. Les tombes à chambre situées sur les collines surplombant le port témoignent d'une période de prospérité importante au cours de la période mycénienne (puis du millénaire avant J.-C.). À l'époque historique, Épidaure était une ville dorienne. Cependant, sa population provenait principalement de tribus pré-doriennes soumises et oscillait entre des relations prudentes ou des conflits avec le puissant centre dorien de la ville voisine d'Argos et des relations d'affinité avec l'Athènes solitaire et la Corinthe commerçante. Épidaure transcendait son importance locale grâce à son centre sacré de guérison, l'Asclepieion, considéré comme le berceau de l'art de la médecine et le sanctuaire mère des quelque 200 Asclepieia dispersés dans le monde antique, de l'Orient jusqu'à Rome. Le culte de la guérison à Épidaure avait des racines très profondes. Dès le IIIe millénaire avant J.-C., il existait une installation près des sources du mont Kynortion, qui s'est transformée en enceinte sacrée (temenos) à l'époque mycénienne, où l'on vénérait une divinité féminine et son compagnon. La purification par l'eau et le repas communautaire avec le divin, provenant de l'animal offert en sacrifice, fonctionnaient ici comme un processus à la base de la santé de l'homme. Un culte pré-dorien similaire, celui d'Apollon Maleatas, dieu aux vertus thérapeutiques, s'est développé dans les ruines de ce sanctuaire au début du Ier millénaire av. J.-C. et a atteint son apogée au VIIe siècle av. J.-C. La ville d'Épidaure, soulignant sa tradition, adopta ce centre religieux ancien comme sanctuaire officiel, même s'il était distant de 8 km du centre de la ville et proche de la frontière avec le territoire d'Argos : ancien village de Lessa, et "pyramide", poste de garde sur la route d'Epidaure. Chaque année, une procession cultuelle se rendait de la ville au sanctuaire, le long d'une voie sacrée dont les traces sont encore visibles aujourd'hui. À la même époque ou un peu plus tard (VIe s. av. J.-C.), dans la plaine en contrebas de l'ancien sanctuaire, un culte jumeau s'est développé, combinant la tradition d'Apollon Maleatas avec des éléments apparentés, peut-être d'origine thessalienne, qui caractérisaient Asclepios. Le dieu était présenté ici comme le fils d'Apollon guérisseur, qui avait été abandonné par sa mère sur le mont Titthion. Les nouveaux éléments de la guérison, à côté des éléments traditionnels (eau et communion avec le divin), sont le bain et l'enkoimeses (incubation). Le bain purifie et le sommeil, imitation de la mort et de la résurrection, est le contexte dans lequel le dieu aborde le patient en rêve et le guérit miraculeusement. Les IVe et IIIe siècles av. J.-C. sont la période d'apogée des sanctuaires d'Apollon Maleatas et d'Asclepios. Leur espace était organisé avec des bâtiments monumentaux (temple, tholos, enkoimeterion (dortoir), hestiatorion cérémoniel (salle de banquet), stade, théâtre, hospice, temple et autel d'Apollon Maléate, etc.) et la ville d'Épidaure tirait de plus en plus son importance de ce centre religieux, dont la renommée s'étendait à tout le monde connu de l'époque. La guérison miraculeuse était basée sur l'énergie magique et l'autosuggestion (relief relatant une guérison - provenant de l'Asklepieion du Pirée, et liste des miracles d'Asclepios dans le sanctuaire d'Épidaure), mais l'observation et l'enregistrement de cette guérison ont créé un corpus d'expériences et de connaissances empiriques sur la guérison scientifique (voir les exercices, bains, régimes, opérations chirurgicales sur les orteils ; stèle avec enregistrement d'un régime de guérison ; référence à la guérison d'un "cancer de l'oreille"). Des familles entières de médecins ont commencé à se distinguer dans la ville d'Épidaure. Au Ier siècle avant J.-C., le sanctuaire a fait l'objet de pillages destructeurs lors de la guerre contre Rome menée par le roi du Pont, Mithridate. À l'époque impériale, cependant, et en particulier au IIe siècle après J.-C., il connut un nouvel essor grâce à d'importantes reconstructions. Au IVe siècle de notre ère, probablement sous le règne de Julien l'Apostat, le sanctuaire fut réorganisé à la hâte ; il fut confiné dans sa partie centrale par une stoa périmétrique qui délimitait deux rectangles contigus en forme de L inversé. Pendant un certain temps, l'ancienne religion païenne et la nouvelle religion chrétienne ont dû coexister, comme l'indiquent les tombes d'idolâtres de l'Antiquité tardive au sud du sanctuaire et les ruines de la grande basilique au nord. |
Musée d'Épidaure: galerie du Temple d'Asclepios |
Musée d'Épidaure : Asclepios le dieu guérisseur (copie romaine d'une statue classique tardive - 160 ap. J-C). |
Hygeia, déesse de la Santé (ca. 160 ap. J-C) |
Épidaure : une des statues de Néréide à cheval ornant les arêtes des frontons du temple d'Asclepios (370 av J-C ) |
LE TEMPLE D'ASCLÉPIOS La route qui
partait de la ville d'Épidaure passait par la
porte monumentale du sanctuaire (Propylaia) et
menait à la partie centrale de ce sanctuaire :
l'autel et le temple d'Asclepios. Un large
espace, libre de tout bâtiment, était disposé
devant et sur le côté sud du temple, où l'on
plaçait différents types d'objets votifs.
Le temple fut érigé vers 375 avant J.-C. par l'architecte Théodotes. Le processus de construction est décrit en détail dans des textes inscrits sur de grandes dalles trouvées dans le sanctuaire. Les fouilles ont montré qu'il a été détruit par un incendie à la fin du IVe ou au début du Ve siècle après J.-C. et que la zone située sous la statue de culte a été creusée en profondeur, vraisemblablement par des chasseurs de trésors. Seules les fondations de l'édifice sont conservées, mais les fouilles ont mis au jour un grand nombre de fragments architecturaux qui, avec les matériaux restés sur place et les inscriptions susmentionnées, permettent de reconstituer avec certitude la forme originale de l'édifice. Le bâtiment était un temple périptère avec 6 colonnes doriques sur les côtés étroits et 11 sur les côtés longs. Le matériau utilisé était du calcaire tendre et la surface des murs était recouverte de plâtre blanc. Une rampe permettait d'accéder au péristyle. L'intérieur se composait d'un pronaos (vestibule) et d'une cella (chambre intérieure). La façade du pronaos était ornée de deux colonnes doriques in antis. Le temple ne disposait plus d'un opisthodomos (porche arrière d'une cella). La cella était pourvue d'une colonnade corinthienne intérieure entourant la statue de culte chryséléphantine (en or et ivoire) du dieu, réalisée par le sculpteur parien Thrasymèdes. La description de Pausanias, les représentations sur les monnaies de la ville d'Épidaure et probablement sur deux reliefs en marbre du IVe siècle av. J.-C. exposés au Musée archéologique national (moulages au musée local) montrent qu'Asclépios était représenté assis sur un trône, tenant son bâton de la main gauche et tendant la droite vers la tête d'un serpent qui se dresse. Dans le sol de la cella s'ouvrait une fosse quadrangulaire aux murs de pierre, le "thesauros" (trésor), dans lequel étaient conservés des objets précieux, des offrandes et peut-être des paiements au dieu pour son aide. La décoration sculptée du temple comprend des métopes ornées de rosaces, des statues grandeur nature dans les frontons et des akroteria (épis de faîtage) en marbre. L'"Amazonomachie" (combat des Grecs et des Amazones) était représentée sur le fronton occidental et le sac de Troie sur le fronton oriental. Les akroteria dans les angles et les arêtes des frontons étaient des statues de la déesse Nike et des Néréides à cheval. Le sculpteur épidaurien Timotheos, également connu pour la décoration du Mausolée d'Halicarnasse, était l'un des sculpteurs. De grands fragments de ces sculptures ont survécu et sont aujourd'hui exposés au Musée archéologique national. Des moulages en plâtre des sculptures et une reconstruction partielle du temple, utilisant des matériaux en partie authentiques, sont exposés dans le musée local. |
Sima du temple d'Asclepios, 370 av. J-C. La combinaison de la gouttière avec des pousses d'acanthe et des têtes de lion d'une part, et des primores à palmettes d'autre part, est caractéristique. |
Détail du sima du temple d'Asclepios : palmettes, pousses d'acanthe et tête de lion |
LES
INSCRIPTIONS DE GUÉRISONS
Le sanctuaire
d'Asclépios à Épidaure était l'un des centres de
guérison les plus grands et les plus connus de
l'Antiquité. Un grand nombre de personnes
venaient de tous les coins du monde antique pour
se faire soigner par le dieu qui apparaissait au
patient pendant son sommeil et le guérissait.
Mais outre les guérisons miraculeuses par le
dieu, le sanctuaire d'Épidaure était aussi un
lieu où l'on pratiquait une véritable médecine,
comme en témoignent les inscriptions et les
instruments médicaux retrouvés lors des fouilles
(voir la vitrine sur le mur d'en face avec des
outils médicaux ...).
Les guérisons du dieu étaient consignées sur des stèles de pierre, qui étaient conservées dans la stoa de l'Abaton, le bâtiment dans lequel avait lieu la guérison. Au temps du voyageur Pausanias, qui visita le Sanctuaire d'Épidaure au milieu du IIe siècle après J-C, il y avait encore six stèles relatant des guérisons miraculeuses. Des fouilles dans le sanctuaire ont permis de mettre au jour quatre d'entre elles. L'une d'entre elles date des IVe et IIIe s. av. J-C. Des inscriptions privées de la guérison de plusieurs individus ont également été trouvées, comme la guérison d'Hermodikos de Lampsakos du IIIe s. av. J-C , du roi de Gani, Catros au 1er s. av. J-C (dont l'original se trouve au Musée archéologique national) et de Marcus Julius Apellas, de Mylasa, au IIe s. ap. J-C. Les quatre stèles des guérisons miraculeuses recensent plus de soixante-dix cas individuels de guérison de patients. Dans ces cas, l'histoire personnelle des patients et leur maladie spécifique sont énumérées, puis l'intervention du dieu et enfin la guérison miraculeuse sont consignées. Les textes ont pour caractéristique de démontrer le pouvoir du dieu d'intervenir pour guérir un large éventail de maladies et pour soulager tous les types de douleur. Il est souvent fait mention de l'obligation pour le patient de payer l'iera (paiement au dieu pour la thérapie) afin d'être soigné, ainsi que de la punition infligée par le dieu à ceux qui ne s'acquittent pas de leur dette. Dans de nombreux cas, les personnes guéries font une offrande votive pour remercier le dieu de son aide, souvent une statue ou une inscription qui mentionne leur cas particulier. C'est le cas d'Hermodikos de Lampsakos, dont la guérison est mentionnée aux lignes 107-110 du texte des guérisons miraculeuses sur la stèle n° 1, tandis qu'une autre stèle inscrite qu'il a lui-même érigée a également été trouvée. |
Stèle votive en marbre
gravée provenant de l'Asklepieion d'Épidaure
(150 - 200 après J.-C., Musée archéologique de l'Asklepieion d'Epidaure) Marcus Julius Apellas de Karia (Asie Mineure), qui souffrait d'indigestion, exprime sa gratitude à Asclepios et raconte le processus de guérison qu'il a suivi dans le sanctuaire curatif d'Épidaure. À l'instigation d'Asclepios, Apellas s'est rendu à Épidaure, où il a suivi un traitement comprenant un régime alimentaire, de l'exercice et l'utilisation de substances thérapeutiques naturelles. Le régime était à base de pain et de fromage, qu'il devait accompagner de céleri mélangé à de la laitue. Il devait également boire du jus de cédrat mélangé à de l'eau, ainsi que du lait mélangé à du miel. Le bain d'Apellas était combiné à une thérapie à l'argile. L'exercice comprenait la course, la marche et l'étude dans la bibliothèque du sanctuaire - mais l'étude provoquait des maux de tête. Le traitement d'Apellas consistait également à se mouiller avec du vin pour lisser la peau, à se frotter à la moutarde et au sel, ce qui provoquait une hyperémie (congestion), et à prendre de l'aneth avec de l'huile d'olive pour soulager les maux de tête. |
Stèle enregistrant un régime de guérison |
LE TEMPLE D'ARTÉMIS D'après les
inscriptions, le culte d'Artémis, sœur
d'Apollon, existait déjà dans le sanctuaire
d'Asclepios au Ve siècle av. J.-C. Il semble que
l'hypostase chtonienne de la déesse ait été
soulignée ici : la déesse était vénérée sous le
nom d'Artémis-Hékate. Le temple, petit mais
élégant, a été fouillé en 1884 par P. Kawvadias,
tandis qu'une partie de ses matériaux de
construction a été retrouvée dans le mur des
constructions romaines voisines.
Acrotères et sima avec têtes de chiens et de sangliers, et Niké du temple d’Artémis |
Le
temple, érigé à la fin du IVe siècle avant J.-C.,
était de style prostyle avec 6 colonnes doriques
en façade. A l'intérieur, 12 colonnes ioniques
traversaient les trois côtés de la cella.
L'extérieur était décoré d'un entablement dorique.
Les simae (becs verseurs ou gargouilles) avaient
la forme de têtes de chien et de sanglier.
L'utilisation de ces animaux spécifiques, qui
étaient liés à Artémis-Hékate, confirme
l'identification du bâtiment. Deux akroteria (épis
de faitage) en forme de Niké étaient placés aux
angles inférieurs du fronton oriental et un
autre akroterion (une figure du cycle d'Artémis,
une Niké ou un ornement floral) était placé au
sommet du fronton. Devant l'entrée du pronaos (vestibule), une rampe et une voie pavée plus large reliaient le temple à l'autel monumental qui lui faisait face. Le sanctuaire abritait la statue cultuelle de la déesse. Le temple était construit en calcaire tendre et dur pour les fondations et la superstructure, en marbre pour la toiture, les tuiles, les gouttières, les becs et les épis de faîtage. Dans la reconstitution partielle du décor architectural réalisée par le fouilleur et exposée au musée (ci-contre), des matériaux authentiques ont été utilisés, sur lesquels des traces de couleurs anciennes sont encore visibles. |
La Thymélé ou tholos |
L'acrotère central au sommet du toit de la Thymélé |
LA THYMÉLÉ
(360-330 avant J.C.) La Tholos de
Polycléte - ou "Thymélé", comme elle était
connue à son époque - est le plus grand bâtiment
périptère circulaire de l'antiquité; elle était
consacrée au culte chthonien célébré en
l'honneur d'Asclépios. La Thymélé désigne le
point culminant de l'évolution d'un type
architectural simple, d'origine préhistorique,
qui, aux temps historiques, a changé de fonction
et est devenu champ d'expérimentation en
architecture.
L'édifice est constitué d'une colonnade extérieure dorique à 26 colonnes, qui entoure un sécos circulaire, à l'intérieur duquel se trouve une seconde colonnade corinthienne, libre, à 14 colonnes. En dessous du somptueux dallage de la cella, à la partie centrale des fondations, se forme le "Labyrinthe", témoin du rapport direct avec le culte de la substance chthonienne d'Asclépios. L'ensemble, est couvert d'une simple toiture conique en tuiles de marbre, couronnée d'un merveilleux acrotère central tridimensionnel. Un décor surabondant, sans précédent enrichit l'ordre dorique avec des éléments ioniques, suivant le modèle de l'Erecthéion d’Athènes, alors que dans le sécos nous avons un véritable espace intérieur, une vraie conquête de l'architecture monumentale du IVe siècle av. J.-C. L'élément géométrique du cercle domine la conception et les détails, tandis que le célèbre chapiteau corinthien constitue la première apparition mûre et convaincante de cet ordre. L'architecte de la Thymélé est, selon Pausanias, Polyclète d'Argos. Le monument a été conservé intact jusqu'au VIe s. ap. J.-C., quand il s'est effondré, probablement à cause d'un tremblement de terre. Dès l'époque médiévale, on a pillé ses matériaux pour les remployer dans des constructions nouvelles (églises byzantines, forteresses vénitiennes, mosquées turques). La Thymélé voit de nouveau la lumière durant les fouilles de l'Asclépieion menées par la Société Archéologique d'Athènes dans la décennie 1880-1890. Depuis 1984 le monument est compris au Projet de Restauration du Ministère Grec de la Culture pour l'Asclépieion d'Épidaure. |
La scène du théâtre d'Épidaure depuis le portail droit |
Premiers gradins au parterre avec les sièges à dossiers des notables |
Épidaure : le théâtre depuis le haut des gradins |
Le katagogion (auberge-hospice des pèlerins) ... |
... et ses chambres |
Bains romains et fontaine au premier plan, Hestiatorion au deuxième |
Reconstruction du propylon de l'Hestatorion d'Épidaure |
LE STADE La fête
d'Épidaure en l'honneur d'Asclepios
comprenait, entre autres cérémonies, des jeux
athlétiques. Les compétitions se déroulaient
dans le stade construit au sud-ouest de la
zone centrale du sanctuaire. Le poète lyrique
Pindare les mentionne déjà au début du Ve
siècle av. J-C. dans le sanctuaire d'Épidaure.
Les jeux en l'honneur de l'Asclepios
d'Épidaure sont mentionnés une nouvelle fois
au Ve siècle par Platon dans son dialogue
"Léon" et plus tard par l'ancien voyageur
Pausanias (IIe siècle après J.-C.).
Le
stade d'Épidaure a été construit dans une
dépression naturelle du sol. qui a été
aménagée pour accueillir les concours et leurs
spectateurs. La piste était rectangulaire
(180.7 m de long. 22.06 m de large), entourée
d'un conduit en calcaire tendre. L'eau était
nécessaire non seulement pour les athlètes
mais aussi pour les spectateurs. Le conduit
servait également à l'évacuation des eaux de
pluie.
|
A chaque
extrémité de la piste se trouvait une ligne de
départ/d'arrivée. faite a l'origine de pierres
avec des rainures et des trous peu
profonds où des poteaux en bois étaient érigés
pour soutenir le mécanisme de départ. À une
époque plus tardive un mécanisme spécial
de signalisation de départ (hysplex) a été
créé avec une rangée de demi-colonnes
ioniques.
Depuis la fin du IVe siècle av. J-C. on a commencé à placer des sièges en pierre sur les deux longs côtés inclinés du stade. Les fouilles ont permis de découvrir principalement sur la côté est du stade des marches antérieures sur les pentes, faites de pierres des champs et d'argile. Les spécialistes datent cette modeste construction en gradins de la première phase du stade. qui remonte au Ve siècle avant J-C., tandis que les sièges en pierre ont été construits à partir de la fin du IVe s,. probablement jusqu'au 1er siècle av. J-C. Cependant la construction des sièges en pierre n'est pas allée beaucoup plus loin que ce qui a été conservé jusqu'à aujourd'hui. Les officiels et les athlètes entraient dans le stade par un passage souterrain voûté (4) situé sur le côté nord du stade. Ce passage était relié à un bâtiment situé au nord du stade dont les ruines en mauvais état ont interprétées comme une salle d'entraînement (palaistra) ou d'habillage (apodyterion). |
Les Propylées et leur rampe |
L'édifice
des Propylées, à l'entrée du sanctuaire
d'Asclepios, était la porte par laquelle
passaient les processions sacrées. Sa
monumentalité et sa riche décoration
impressionnaient les pèlerins et inspiraient
le respect inconditionnel dû au dieu. C'était
le point d'arrivée des routes venant de la
ville d'Epidaure et de l'ouest de l'Argolide.
Construit vers 300 av. J.-C., le bâtiment avait deux façades avec des colonnades ioniques à six colonnes, tandis qu'à l'intérieur il contenait des rangées de colonnes corinthiennes formant une salle péristyle carrée (1-3). La frise au-dessus des colonnes sur les deux façades était décorée de cranes de taureau et de rosettes en relief. Deux rampes, l'une sur le côté nord et l'autre sur le côté sud (5), permettaient d'accéder facilement à l'édifice, y compris pour les chars. |
Les deux étages de l'Abaton |
Juste à côté, ne manque pas d'intérêt non plus l'abaton, ou dortoir thérapeutique en partie restauré. |
Dans sa partie souterraine les malades (pèlerins) passaient la nuit et le dieu les guérissait miraculeusement durant leur sommeil, ou du moins leur montrait en songe les éléments utiles à leur guérison (dûment interprétés par les prêtres bien sûr). Une approche qui a eu quelques émules depuis… | Dans la salle basse de l'Abaton |
LA THOLOS ou
THYMÉLÉ La tholos.
le temple d'Askepios et la stoa d'Abaton
étaient les principaux édifices de culte au
centre du sanctuaire classique. Le nom de
tholos est celui donne par l'ancien voyageur
Pausanias (Ile siècle après J.-C.). qui
mentionne également son architecte. l'Argien
Polycletos. Des inscriptions du IVe siècle
avant J.-C. trouvées dans le sanctuaire qui
font état des dépenses annuelles pour la
construction de l'édifice, nomment l'édifice
Thymélé, ce qui signifie autel (du mot grec
thyo = sacrifice). Cela implique qu'il était
destiné à une sorte d'offrande au dieu. Les
études modernes datent la construction de
l'édifice aux alentour du milieu du Ve siècle
avant notre ère.
L'édifice était circulaire (diamètre 21,50 m) avec un péristyle dorique extérieur de 26 colonnes de calcaire tendre sur une plate-forme à trois marches. Les métopes de la frise étaient décorées de rosaces en relief et l'ensemble de l’entablement de couleurs, La cella (chambre intérieure) était également circulaire. Les caissons du plafond entre le péristyle et la cellule. ainsi que la porte de la cella étaient en marbre et décorés d'élégants ornements floraux. Les tuiles du toit étaient également en marbre et se terminaient sur le côté extérieur, par une gouttière décorée avec soin, avec des gargouilles en forme de tête de lion, et qui se rétrécissait vers le centre et se terminant par un épi de faitage végétal très élaboré. A l'intérieur de la cella il y avait une deuxième colonnade circulaire, composée de 14 élégantes colonnes de marbre corinthien. Les murs de la cella étaient décorés de panneaux peints, œuvre du peintre Pausias. Le sol était constitue de dalles rhomboidales en marbre noir et blanc. Au centre du sol, une dalle circulaire amovible donna accès à une structure souterraine, composée d'une étroite salle centrale circulaire et de trois couloirs concentriques. Des portes permettaient de circuler dans les couloirs, mais des barrières de pierre fixées alternativement à gauche et à droite de chaque porte obligeaient le visiteur à un déplacement en zigzag de couloir en couloir. Les sources antiques sont presque muettes sur l'utilisation de ce bâtiment. Le plan circulaire, courant dans les monuments funéraires, le labyrinthe souterrain rappelant les sombres passages des Enfers, la mention d'un tombeau d'Asclépios dans Épidaure par des auteurs chrétiens du IVe siècle après J.-C., soutiennent l'interprétation de la tholos comme étant la simulation de la demeure souterraine du dieu. Selon son mythe principal, Asclepios frappé par la foudre de Zeus fut banni dans le royaume d’Hadès mais en même temps il reçut le privilège de pouvoir continuer à guérir les gens depuis son siège souterrain. Des études récentes ont montré que le plafond du labyrinthe de la tholos est exactement au même niveau hypsométrique que le rez-de-chaussée de l’Abaton. où se déroulait l’incubation des patients. Cela signifie que les deux bâtiments étalent liés par un contenu religieux corrélé et qu’ils ont été conçus dans le cadre d’un programme de construction unique et cohérent. L'incubation, c’est-à-dire le sommeil dans l'Abaton, au cours duquel le dieu rétablissait la santé du patient, était une imitation de la mort, une descente temporaire dans le royaume d’Hadès, imposée par le caractère même de la guérison épidaurienne, liée à la substance chtonique d’Asclepios. Au début du XXe siècle, des fragments architecturaux trouvés autour de la ruine et appartenant au monument ont été rassemblés dans une reconstruction tronquée dans le musée local. Aujourd'hui, en raison du programme de restauration, seul un chapiteau corinthien est exposé. Ce chapiteau a été trouvé soigneusement enterré, près du tholos et est interprété comme un modèle pour la construction des vrais chapiteaux de la colonnade intérieure corinthienne du monument. La conservation et la restauration partielle de la tholos est un des programmes gérés par le Comité pour la conservation des monuments d’Épidaure. |
Musée d'Épidaure : colonnade intérieure de la tholos (vue en 1988) Épidaure : reconstruction de la Thymélé (état actuel) Tholos ou Thymele : le projet de reconstruction une fois abouti |
LE TEMPLE DE
POSÉIDON Le premier
temple, comme il était d'usage en Grèce, était
orienté vers l'est, et devant lui se trouvait
un autel de cent pieds de haut où Poséidon
recevait des sacrifices de taureaux, de
moutons ou de chèvres.
Avec un temple similaire à Corinthe, le temple archaïque est un exemple précoce d’architecture monumentale sur le continent grec. Construit entre 690 et 650 av. J.-C., les murs étaient faits de blocs rectangulaires bien taillés et recouverts d'un enduit fin. De grandes tuiles de terre cuite en forme de S recouvraient le toit (restauré au musée), et à l'extérieur se trouvait un péristyle composé de 7 colonnes de bois à chaque extrémité et de 18 sur les côtés. Des piliers, probablement également en bois, s'appuyaient sur les longs murs. A l'intérieur du bâtiment, 5 colonnes soutenaient le plafond et 2 autres colonnes se trouvaient dans le pronaos. Une frise peinte pourrait avoir décoré l'intérieur (fragments au musée). Dans le pronaos se trouvait un bassin de marbre élaboré sur un support (perirrhanterion ; restauré au musée), dont on peut voir la base ronde en place. Un incendie détruisit le bâtiment vers 450 av. J.-C. et les Corinthiens construisirent à sa place un temple plus grand selon l'ordre dorique classique. Des tranchées pour le péristyle et le naos ont été creusées dans la roche du plateau (clairement visible), effaçant presque les traces du temple précédent. Le nouveau bâtiment mesurait environ 22,90 m sur 53,50 m, semblable mais environ un huitième plus petit que le temple de Zeus à Olympie. L'intérieur a conservé le plan archaïque de deux nefs divisées par une seule rangée de colonnes, inhabituel pour l'époque. Les murs en calcaire étaient recouverts de stuc blanc et le toit était recouvert de tuiles de marbre. Un second incendie, en 390 av. J.-C., détruisit le toit, les corniches et une grande partie des murs. Le bâtiment a été restauré a l'identique (sima dans le musée), mais l'intérieur a été modifié pour adopter un plan canonique à trois nefs. Il ne reste rien de la ou des statues de culte représentant Poséidon et peut-être Amphitrite. Après presque deux siècles d'abandon, les Romains restaurèrent l'édifice et y ajoutèrent un groupe cultuel en marbre représentant Poséidon et Amphitrite (torse au musée). Au début du Ve siècle ap. J.-C., le temple a été démantelé pour fournir des matériaux destinés aux fortifications trans-isthmiennes. |
Isthmia : le temple de Poséidon Vue aérienne des fouilles du temple de Poséidon |
Portrait d'un Empereur en Jupiter, découvert par hasard près du stade d'Isthmia (IIe.s. ap. J-C) |
Musée
archéologique d'Isthmia : stèle de Victoire
avec le portrait de Komelios le Corinthien. Selon l'inscription de l'architrave, le monument a été élevé par ses deux fils, le pythaules L. Komelios Korinthos et le choraules L. Komelios Sabeinos, à leur père Loukios Komelios Korinthos, qui a remporté de nombreux concours musicaux. Ses victoires sont consignées dans des inscriptions sur les couronnes sculptées (boucliers pour l'Aspis d'Argos) au-dessus et au-dessous du portrait. (De la porte nord-est du Mur de l'Hexamilon. Mi-IIe s. av. J-C. ) |
Je suis maintenant à deux pas du canal de Corinthe où je ne manque pas de m'arrêter juste après avoir passé le pont est. M'arrêtant sur le premier parking accessible, je reviens sur le trottoir du tablier admirer la longue fente (6 343 m) presque verticale (77°) d'une hauteur vertigineuse (79 m) creusée entre 1881 et 1893 par deux ingénieurs hongrois. Une grande plaque de porphyre en honore la mémoire… |
Canal de Corinthe : plaque commémorative des faits |
Canal de Corinthe : plaque commémorative des constructeurs |
Puis je prends la
direction du phare de Malagavi, tout au bout du cap
homonyme s'avançant dans le Golfe de Corinthe. Le
Guide Vert y accorde **(vaut le déplacement)
au site archéologique de l'Heraion (sanctuaire
d'Hera) de Perachora. Traversée sans rien de notable de la petite ville de Loutraki, moderne et achalandée qui joue la station balnéaire un peu délaissée. La route ne tarde pas à grimper au dessus de la côte, offrant quelques superbes dégagements sur la péninsule et le cap dont je me rapproche progressivement (une trentaine de km). Après avoir contourné la lagune de Vouliagmenis une dernière montée et je suis sur le promontoire. |
Sur la route du Cap Malagavi |
Coucher du soleil sur le Cap Malagavi,. Au N-O, l'ouverture du Golfe de Corinthe vers Patras |
Vue splendide bien sûr sur la mer à 280°, avec au sud les montagnes du Péloponnèse, au nord le massif du Parnasse en direction de Delphes. |
Heraion de Perachora : la citerne à double abside |
Heraion de Perachora : le port et la cour ouest |
LA STOA La Stoa à
deux étages a été fouillée en 1932. Elle date
de la fin du VIIe siècle avant J.-C. et sa
construction a été attribuée à Démétrius le
Besieger qui contrôlait alors Corinthe. Il est
en forme de L et se compose d'un mur arrière
et d'une façade de colonnes doriques au
premier étage, sur lesquelles étaient placées
des demi-colonnes ioniques, avec des métopes
non décorées dans les intervalles. Il s'agit
de l'exemple le plus ancien d'une colonnade
ionique placée au-dessus d'une colonnade
dorique.
Le long de la face intérieure des murs, un banc a été conservé sur toute la longueur, sauf à l'extrémité sud de l'aile est. À l'époque hellénistique et romaine. certaines parties de la Stoa ont été rénovées et réparées. Ce bâtiment faisait manifestement partie intégrante du sanctuaire et servait très probablement à la protection et à l'exposition des offrandes de valeur ainsi qu'à l'hébergement des visiteurs. Des traces de combustion dans différentes parties de la Stoa indiquent que l'édifice a été détruit par le feu. |
La stoa en L |
L'autel |
L'AUTEL
L'autel était une structure rectangulaire combinant des éléments ioniques et doriques, décorée de métopes et de triglyphes sur les quatre côtés. Il est contemporain du temple archaïque d'Héra, tandis qu'à l'époque classique ultérieure, une colonnade ionique a été ajoutée autour de l'autel. La disposition éparse des colonnes le long du côté ouest formait probablement une entrée spéciale pour les prêtres ou les fonctionnaires, plutôt que d'obstruer la visibilité des actes rituels exécutés sur l'autel, qui étaient visibles du côté est du temple. |
LE TEMPLE D'HERA AKRAIA
(Vle s. av. J.-C.) Le temple
d'Héra Akraia est de style dorique avec une
cella rectangulaire, qui a remplacé un temple
géométrique absidal plus ancien construit à
l'est.
Le temple était dédié à Héra Akraia mentionnée dans trois inscriptions fragmentaires trouvées dans la cour ouest, ainsi que sur des vases où cette épithète est attestée. Sa partie centrale était divisée en trois sections. Chacun des akroteria latéraux du temple présentait des figures en forme de Nike ailée, tandis que les akroteria centraux présentaient des figures en forme de Korés. La superstructure dorique du temple date de la fin du VIe siècle avant J.-C., mais la phase principale de construction date du IVe siècle avant J.-C. Le temple est resté intact jusqu'au Ile siècle avant J.-C., lorsque les Romains ont détruit I'Héraion. À l'époque moderne, le temple a subi d'importants dommages en raison de la construction d'un four à chaux dans son coin sud-est. |
Le Temple archaïque d'Hera Akraia |
La cour ouest |
LA COUR OUEST
Les fouilles
de la cour ouest ont été menées de 1932 à 1932.
Le bâtiment a un plan pentagonal irrégulier et
possède un mur ouest, nord et est en
maçonnerie polygonale avec des blocs de
pierre de taille datant du VIe av. J.-C., dont
très peu sont restés en place (vers l'extrémité
du mur ouest), tandis que le reste s'est
effondré, probablement à cause d'un tremblement
de terre. Devant les murs ouest et sud-ouest, on
trouve une série de bases de colonnes, qui
soutenaient probablement une stoa en forme de L.
Le long de la partie inférieure des murs
sud-est, nord et ouest, courait un banc pour les
visiteurs.
Un autre bâtiment, probablement une ferme, datant de l'époque romaine, a été construit au milieu de la cour ouest. Il se composait d'une série de cinq pièces en enfilade, dont deux étaient pourvues de passages d'entrée. Dans l'une des pièces, un pithos de stockage a été mis au jour, et une presse à huile avec une amphore placée dans l'écoulement. La cour ouest a d'abord été interprétée comme une agora, le centre économique et religieux du sanctuaire, ou comme un bâtiment destiné à l'entreposage de vases rituels. La première phase de construction de la cour ouest étant contemporaine du temple archaïque du Vle siècle avant J.-C., le bâtiment servait très probablement à l'hébergement des visiteurs. La deuxième phase de construction principale date du 3e quart du IVe s. av. J-C. |
Le soir tombe, je resterai sur le parking pour passer la nuit puisque la tranquillité y est assurée. À 18:00 la nuit est tombée, les lumières s'allument sur les côtes tout autour de moi, le phare commence lui aussi sa veille nocturne. | Heraion de Perachora : le phare de Malagavi sur le promontoire |