2023-01

GRÈCE - PÉLOPONNÈSE

Jean-Paul MOUREZ en solo à bord de l'Exsis


5. De MISTRA à MYLI (Lerne)

Itinéraire de
            Mistra à Myli
Itinéraire de Mistra à Myli

57 336 Lundi 9 janvier 2023 : de MISTRA à GERAKI (51 km) (11 111 pas)

Mistra : bivouac près de la Porte Haute au pied
                  de la Citadelle
Mistra : bivouac près de la Porte Haute au pied de la Citadelle, au lever du soleil

Ouvrant les yeux à 7:45, après une nuit paisible mais fraiche (6° annoncés), j'ai dû faire fonctionner le chauffage pour ne pas me réveiller avec une migraine. Je paresse un peu avant de repousser la couette, en attendant que la température atteigne les 18°. À 8:15 je suis debout et commence par la douche bien chaude qui ne tarde pas à mettre en forme.

Mistra soieil levant sur la citadelle depuis la Porte
            Haute
Soleil levant sur la citadelle de Mistra depuis la Porte Haute

Tant mieux, car le programme de la journée sera exigeant : j'ai décidé de laisse l'Exsis sur le parking tranquille de la Porte Haute (départ de la montée vers la citadelle), de commencer par grimper le rude sentier qui mène au sommet et offre, parait-il, une vue incomparable sur la plaine de Sparte d'un côté et sur la chaine du Taygète de l'autre.

Puis j'enchainerai par le descente vers Aghia Sophia, une jolie petite église byzantine, suivi du Palais même si l'on ne peut actuellement y pénétrer car il est en complète reconstruction.

Je gagnerai ensuite les 2 couvents : Pantanassa à peu près au milieu du site, puis Peribleptos accoté contre la muraille Sud, avant de revenir vers le nord en descendant à travers les maisons Laskaris et Frankopoulos jusqu'au musée installé dans l'ancienne Métropole (siège du Patriarche orthodoxe de Mistra, équivalent d'un archevêché catholique).

Je pousserai un peu plus loin vers le monastère de Brontochion et ses deux églises de l'Hogedetria et des Hagioi Theodoroi, avant de remonter à travers toute la cité via les rues pentues, pavées et coupées de marches, jusqu'à la Porte Haute pour regagner le stationnement.
Mon
                  itinéraire de visite de Mistra
Mon itinéraire de visite de Mistra

À la billetterie au départ la guichetière me lance un regard dubitatif lorsque je lui expose mon programme, mais je le réaliserai intégralement, ce qui se traduira par les 11 111 pas enregistrés sur mon IPhone… (et l'équivalent de la montée de 54 étages !). Si la balade est fatigante, c'est en grande partie à cause de l'inégalité des chemins irrégulièrement empierrés, des marches grossières et inégales, et évidement du dénivelé conséquent. J'ai heureusement chaussé mes bottes de marche qui m'éviteront de me tordre les chevilles et minimiseront les souffrances de mes articulations du pied.

Première étape, la montée à la Citadelle :
au delà de l'effort physique, cette première randonnée me vaudra surtout des vues spectaculaires sur la riche campagne de Laconie qui s'étend quasiment à perte de vue, envahie par les plantations d'oliviers, d'agrumes et autres fruitiers.
Départ de la montée enpassant au dessus de
                  l'égise Agio Sophia
Départ de la montée en passant au dessus de l'église Hagia Sophia
Le sentier pentu
                  escaladant la montagne
Le sentier pentu escaladant la montagne
Mistra la plaine de Sparte en montant vers la citadelle
La plaine de Sparte en montant vers la citadelle de Mistra

Arrivée sous le rempart de la citadelle
Arrivée sous le rempart de la citadelle

CHÂTEAU, FORTERESSE, DONJON

La ville byzantine était inextricablement liée à un système de fortification. Les villes des premiers siècles de Byzance, construites sur un terrain plat, généralement sur l'emplacement de villes plus anciennes, ainsi que les villes fortifiées plus tardives qui ont fait leur apparition après le VIIe siècle, étaient fortifiées selon les principes des techniques de fortification gréco-romaines. En effet, dans certains cas, les fortifications préexistantes ont été simplement réparées.  Située sur le point le plus élevé de la ville, l'acropole était le centre des fortifications. Une ou deux courtines renforcées par des tours protégeaient les maisons. Des portes percées dans les murs permettaient la circulation des personnes et des marchandises entre la ville et ses environs. 

Les fortifications byzantines reflètent les changements progressifs dans l'art de la guerre. En Grèce, les grands changements dans les fortifications, qui ont résulté de l'invention de la poudre à canon et des armes à feu au XIVe siècle, ne sont visibles que dans les grands châteaux vénitiens de la côte.

" Il (le Basileus, empereur de Byzance) donna l'ordre, les artisans et les fonctionnaires se rassemblèrent et apportèrent toutes sortes de matériaux, y compris de la chaux, de la pierre, de la terre d'ombre et d'autres matériaux utilisés dans la construction. Ils commencèrent donc à construire le château et ils l'achevèrent et le rendirent beau et magnifique, et il l'appela Myzithras (Mystras), parce que c'est ainsi que s'appelait l'endroit où il se trouvait, Mytzithras..."

L'acropole de la ville fortifiée byzantine constituait la dernière ligne de défense contre les attaques ennemies. C'est là que se trouvait le poste de commandement de la garde, la résidence du chef des forces armées et le quartier général de la garnison. L'organisation de l'acropole supposait un approvisionnement en eau potable. Il s'agissait le plus souvent d'eau de pluie recueillie dans d'immenses citernes. --- Les tours de guet ou d'observation étaient généralement construites sur l'acropole, car sa position au point le plus élevé de la ville lui permettait d'avoir une excellente vue sur l'ensemble de la région.

Mistra : porte-massive de la citadelle de Mistra
Mistra : porte massive de la citadelle de Mistra

Le Palais depuis l'entrée de la Citadelle de Mistra
Le Palais et les environs depuis l'entrée de la Citadelle de Mistra

Le Palais et la Metropole (église) depuis la Citadelle
            de Mistra
Le Palais et la Métropole (église) au dessus des remparts de la Citadelle de Mistra

Plan de la citdelle de Mistra
Plan de la citadelle de Mistra: A. la Cour haute, B la Basse cour

Mistra: vue vers la mer depuis la tour de garde de la
            Citadelle
Mistra : vue vers la mer depuis une des plus hautes tours de veille de la Citadelle

Mistra : la Métropole depuis le rempart supérieur de la
          Citadelle
Mistra : la Métropole depuis le rempart supérieur de la Citadelle

Panoramique sur la plaine de Sparta avant de
            redescendre
Panoramique sur la plaine de Sparta avant de redescendre

Retour à la Porte Haute de Mistra
Retour à la Porte Haute de Mistra

Étape suivante en descendant à travers la ville haute : la basilique Hagia Sophia, construite au début du XIVe par Manuel Kantacouzénos, premier Despote de Morée et fils de l'empereur byzantin, pour servir d'église palatiale.

Hagia
                  Sophia vue de l'Ouest
Hagia Sophia avec sa tour clocher de type occidental
Colonnade du narthex d'Hagia Sophia
Colonnade du narthex d'Hagia Sophia
Au
                  centre du sanctuaire en croix grecque
Au centre du sanctuaire en croix grecque...
Emplacement du trône du Despote
...l'emplacement du trône du Despote
La voute peinte avec la Vierge en majesté
La voute peinte d'Hagia Sophia avec la Vierge en majesté
Coupole peinte à fresque
Coupole peinte à fresque d'Hagia Sophia

Mistra-Agia-Sophia
En passant sous Hagia Sophia...

Mistra en descendant vers le Palais
...et en descendant vers le Palais

LE COMPLEXE PALATIAL DE MYSTRAS

AILE A : construite par les Francs (1259-1262) ou par les premiers administrateurs byzantins.

AILE B : datant de la fin du XIIIe ou du début du XIVe siècle, elle comprenait la cuisine avec le foyer et les citernes, ainsi que d'autres espaces auxiliaires.

AILE C : datant de la même période que l'aile E, ce bâtiment reliait les ailes A et B et avait probablement une fonction auxiliaire.

AILE D : c'est ici que se trouvaient les quartiers privés du despote et de sa famille. Elle date du milieu du XIVe siècle.

AILE E : bâtiment datant de l'époque des Palaiologoi, probablement du début du XIVe siècle. Il se composait d'un demi-sous-sol utilisé comme entrepôt, d'un rez-de-chaussée surélevé divisé en huit sections pour les casernes, et d'un étage.

L'étage supérieur n'était pas cloisonné et constituait la salle du trône. Le palais était le centre administratif de l'Empire byzantin. Lorsque la capitale a été transférée à Constantinople au IVe siècle, l'événement a été marqué par la construction du Grand Palais. Des palais ont également été construits dans d'autres lieux, en dehors de Constantinople, en particulier dans les dernières années de l'empire, lorsque la fragmentation de l'État a conduit à l'émergence de régions indépendantes ou quasi-indépendantes dotées de leurs propres centres administratifs (Trébizonde, Arta, Nicée, Thessalonique, Mystras).

Mistra le Palais initial des Francs de
                  Villehardoin
Mistra : le Palais initial des Francs entre 1259 et 1262


Mystras, capitale du Despotat de Morée, acquiert ses palais et les ajouts successifs que l'on peut encore voir entre le XIIIe et le XVe siècle. Les palais étaient un ensemble de bâtiments strictement rectangulaires qui dominaient l'espace ouvert de la ville haute et remplissaient diverses fonctions : chambres à coucher, salles d'assemblée, salles de réception, espaces administratifs, entrepôts.

Poursuivant ma descente sous l'ensemble palatial rendu inaccessible par les travaux de restauration, je passe la porte de Monemvasia qui sépare la ville haute (où se trouvait le Palais) de la ville basse puis bifurque vers le sud sur la grande rue presque horizontale menant au monastère de Pantanassa.

Mistra Porte de Monemvasia.du côté nord
Mistra : Porte de Monemvasia du côté nord
Mistra : Porte de Monemvasia du côté sud
Mistra : Porte de Monemvasia du côté sud

Mistra : la Citadelle depuis le chemin vers
                  Pantahanassa
Mistra : la Citadelle depuis le chemin menant à la Pantanassa
Mistra
                  : Lla Panthanassa
Mistra : la Pantanassa

Colonnade du natthex de la Pantanassa
Colonnade du narthex de la Pantanassa
Transept de la Pantanassa
Transept de la Pantanassa

Choeur de la Pantanassa
Panoramique dans le chœur de la Pantanassa, derrière les portes de son iconostase<

Le chemin, bien empierré et bordé des ruines éparses de constructions, se poursuit vers le sud jusqu'au monastère Peribleptos niché dans un vallon et accoté au rempart (courtine) de la ville.

Porte du monastère Perivleptos
Porte du monastère Peribleptos
Le monastere Peribleptos dans son vallon
Le monastère Peribleptos dans son vallon

Mistra courtine du monastere Peribleptos.
Mistra : tour et courtine du monastère Peribleptos
MONASTÈRES FORTIFIÉS : NOTRE SAINTE DAME PROTECTRICE

La ville byzantine était inextricablement liée à un système de fortification. Les villes des premiers siècles de Byzance, construites sur un terrain plat, généralement sur l'emplacement de villes plus anciennes, ainsi que les villes fortifiées plus tardives qui ont fait leur apparition après le VIIe siècle, ont été fortifiées selon les principes des techniques de fortification gréco-romaines. En effet, dans certains cas, les fortifications préexistantes ont simplement été réparées. Située sur le point le plus élevé de la ville, l'acropole était le centre des fortifications. Une ou deux courtines renforcées par des tours assuraient la protection des maisons. Des portes percées dans les murs permettaient la circulation des personnes et des marchandises entre la ville et ses environs.

Les fortifications byzantines reflètent les changements progressifs dans l'art de la guerre. En Grèce, les grands changements dans les fortifications, qui ont résulté de l'invention de la poudre et des armes à feu au XIVe siècle, ne sont visibles que dans les grands châteaux vénitiens de la côte.

La ville de Mystras comptait quatre monastères : Brontochion (1), Christ Zoodotes (2), Peribleptos (3) et Pantanassa (4).

Le rez-de-chaussée de la tour fortifiée du monastère de Peribleptos abritait le réfectoire. Cette tour faisait également partie intégrante de l'enceinte fortifiée de la ville. À cet endroit précis, la courtine de la ville faisait partie de la fortification du monastère, et les zones auxiliaires du monastère étaient adjacentes aux murs.

Les complexes monastiques byzantins étaient toujours fortifiés. Les fortifications assuraient à la fois la sécurité et l'isolement nécessaires à la vie monastique. Les monastères urbains possédaient également une courtine (mur de clôture), mais son rôle de fortification était très atténué.


Coupole du monastère Peribleptos
Coupole du monastère Peribleptos
Nativité sur un transept du monastère
                  Peribleptos
Nativité sur un transept du monastère Peribleptos

En sortant du monastère de Peribleptos, j'emprunte la rue longeant le rempart Est qui me ramène vers le Nord, passant au pied de la grosse maison Laskaris elle aussi entourée des échafaudages d'une restauration majeure.

Les maisons de Mystras, bien conservées, ont une valeur particulière car elles témoignent de façon éloquente de la qualité de vie de ceux qui les habitaient.

La résidence "Laskaris" est le meilleur exemple d'une grande maison avec un ensemble de pièces et un escalier extérieur. Sa forme byzantine tardive est le résultat de nombreux ajouts au noyau original du rez-de-chaussée

Dans le triclinium de la résidence "Frankepoulos", il y avait un foyer pour cuisiner et pour se chauffer en hiver, ainsi que des armoires pour ranger les objets.

Les peintures murales des églises de Mystras représentent une grande variété de meubles.

Les maisons de Mystras avaient un rez-de-chaussée et un ou deux étages. Le rez-de-chaussée était destiné aux commodités (écurie, stockage, cuisine). Il était construit de manière à servir de défense : ses murs étaient épais et solides et comportaient souvent des archères. Partout où il y avait une mezzanine, un étage bas de plafond au-dessus du rez-de-chaussée, elle avait des fonctions diverses, Le triclinium, à l'étage supérieur, était une grande pièce où l'on mangeait, dormait et vivait. Il n'y avait pas de murs de séparation permanents dans le triclinium, mais certaines parties étaient séparées par des "cloisons" ou des "écrans" (cloisons construites en canne, écrans en bois). Le triclinium était souvent doté d'un "heliakos" (balcon).

La maiosn Lskaris en restauration, donc fermée èa
                  la visite
La maison Laskaris en restauration, donc fermée à la visite

Me voici bientôt rendu à la Métropole, l'ancienne cathédrale de l'évêché de Morée entre le XIIe et le XVe siècle sous la domination byzantine (qui fut convertie ensuite en mosquée par les Ottomans...).

Cour de l'Église Métropole
Cour de l'Église Métropole Agios Demetrios
Les villes byzantines étaient les sièges de l'administration civile et ecclésiastique. - Le palais de l'empereur se trouvait à Constantinople, la capitale de l'empire. Ce palais était le centre de l'appareil administratif. - Le patriarcat, siège de l'autorité ecclésiastique, se trouvait également à Constantinople. De nombreuses autres villes de l'empire étaient des centres de gouvernement provincial et abritaient des sièges métropolitains ou diocésains locaux. L'Église organisa ainsi un "réseau de diocèses" qui couvrait l'ensemble de l'empire. L'ensemble de la région de Mystras fut placé sous l'autorité du diocèse de Lacédémone, dont le siège se trouvait à Mystras.

Le siège diocésain de Lacédémone, restauré après la domination latine, a été transféré à Mystras dans la seconde moitié du XIIIe siècle. La cathédrale, dédiée à saint Démétrios, a été construite peu après 1262 le long de l'artère principale de la ville basse, probablement par l'évêque Eugenios. Basilique à trois nefs à l'origine, sa superstructure a ensuite été convertie en forme de croix avec une coupole, dans un style architectural mixte, appelé style Mystras. Les bâtiments auxiliaires de l'évêché auraient été construits à proximité de la cathédrale. Les bâtiments que l'on peut encore voir aujourd'hui datent d'une période plus tardive.

Le nouveau diocèse, situé au siège du Despotat de Morée, devint puissant et acquit une position importante parmi les diocèses du Péloponnèse. Des ecclésiastiques éclairés tels que Nikephoros Moschopoulos, Neilos et Loukas Sougdaias y furent associés, et une grande activité intellectuelle et artistique se développa autour d'eux.

Narthex de la Metropole Agios Demetrios
Narthex de la Métropole Agios Demetrios
Metropolede Mistra Agios Demetrios
Métropole de Mistra Agios Demetrios

La brève visite du petit musée installé dans l'ancien siège métropolite (archevêché orthodoxe) évoque toute l'Histoire accumulée ici, depuis les chevaliers francs venus avec les Croisades au XIIe, puis surtout les Byzantins qui développèrent la ville, important centre de commerce, y firent briller la culture raffinée de l'époque, établirent des nombreux contacts avec l'Occident contemporain (l'Italie de Venise et Florence, la France...), jusqu'à ce que le dernier empereur de Byzance Constantinos XI Paléologue, d'abord «despote» de Mistra, meure sur les remparts de sa capitale en résistant aux Ottomans qui l'emportèrent. La vie continua ici après le XVe, la ville continuant de servir de centre administratif turc à la région, et les nombreuses maisons d'habitation plus ou moins en ruines (on est en train d'en relever plusieurs) montrent les traces de plusieurs ajouts ou remaniements. L'enceinte de Mistra contenait aussi de nombreuses églises et chapelles, et 4 monastères dont les sanctuaires (naos) sont très bien conservés, au moins au niveau architectural. En revanche les peintures qui les ornaient ont beaucoup souffert, et l'on attend le programme de restauration qui leur redonnera leur gloire passée. Toute une entreprise, mais qui sera exceptionnelle si on finit par s'y décider (et la financer !).

Un autre regret : ce musée, s'il est luxueusement aménagé, présente bien peu de choses, ses artefacts sont peu impressionnants (quelques bouts de tissu déchiquetés et décolorés...) et trois manuscrits qui ne sauraient intéresser que des érudits). Rien pour imager les enjeux politiques de l'époque (cartes, objets, armes, etc), la vie quotidienne des habitants (habits, vaisselle, outils, etc,) leur allure (mannequins en costume d'époque, reproductions de peintures, etc.). On me dit que le Palais restauré abritera (à son ouverture dans 2 ans ?) un musée consacré à la ville et à l'empire byzantin. Peut-être me faudra-il revenir ?…

Bref une plongée dans un passé pas encore si lointain, le tout sous un merveilleux soleil et une lumière qui rendent l'expérience inoubliable.

J'achève mon long périple dans les ruines de la cité byzantine par les deux dernières églises monastiques du Brontochion demeurant dans l'enceinte de Mistra, du coté nord du rempart : Agioi Theodoroi et Hogedetria. Les portes de la première sont malheureusement fermées, mais je pourrai pénétrer dans la nef de l'Hogedetria, au centre de son enclos bordé des bâtiments de fonctions.

Mistra-Metropole-Agios-Demetrios-sous-le-Palais
Depuis la cour de la Métropole Agios Demetrios, le Palais et l'église Agioi Theodoroi
LES MONASTÈRES

Les complexes de bâtiments monastiques présentaient de nombreuses caractéristiques communes dans la manière dont ils étaient organisés. Le "katholikon" (l'église principale) se trouvait au centre de l'enceinte fortifiée. Les autres bâtiments étaient disposés autour d'elle, adossés au mur d'enceinte. Ces bâtiments répondaient aux besoins quotidiens des moines (cellules, réfectoire, cuisine, bains, réserves, hôpital) ainsi qu'à diverses activités nécessaires à la survie du monastère (pressoir à olives, moulin, fournil).

Le monastère de Brontochion était le plus riche et le plus puissant des monastères de Mystras


Le premier "katholikon" (église principale) du monastère, dédié aux saints Théodore, a été fondé à la fin du XIIIe siècle par Frère Daniel et Frère Pachomios. Un nouveau "katholikon", dédié à la Vierge Hodegetria, a été construit au début du XIVème siècle et est connu sous le nom d'Aphendiko.

Les liens étroits entre Pachomios et Constantinople ont permis d'obtenir des privilèges et de vastes terres pour le monastère. Celui-ci relevait directement de la juridiction du patriarche de Constantinople. L'abbé Pachomios reçut le titre honorifique de "Megas Protosynkellos (chancelier ecclésiastique) du Péloponnèse", un titre qui n'est conféré qu'aux hauts dignitaires du patriarcat et aux évêque. Le monastère joua un rôle important dans la vie intellectuelle du Despotat. Il abritait probablement un atelier où l'on copiait les manuscrits à la main, une activité très répandue dans les milieux monastiques et ecclésiastiques en général, car il s'agissait de deux des rares groupes sociaux qui disposaient de l'éducation nécessaire.

Mistra-Hagioi-Theodoroi
Mistra : Hagioi Theodoroi, premier katholicon du monastère Brontochion

monastere-Brontochion autour d el'église
                  Hogetaria
Le monastère Brontochion autour de l'église Hodegetria, à gauche la cuisine et à droite les cellules des moines
Le nombre et la variété des locaux auxiliaires d'un monastère dépendaient de sa taille et de sa richesse. Le réfectoire, l'endroit où les moines prenaient leurs repas, était peut-être le plus important. Le réfectoire était un bâtiment rectangulaire spacieux avec une abside semi-circulaire à l'extrémité est où l'abbé s'asseyait. Le réfectoire était décoré de peintures murales.

La cuisine ou l'âtre, où l'on préparait la nourriture, était reliée au réfectoire. Il s'agissait généralement d'un bâtiment carré avec un foyer central où brûlait le feu. Le toit en dôme de la cuisine était construit de manière à agir comme une immense cheminée. Les cellules où les moines se reposaient étaient un élément essentiel d'un monastère. Des espaces auxiliaires du monastère de Brontochion, seuls le réfectoire, la cuisine et les cellules sont encore identifiables.
Voûte de l'Hodegetria du monastère Bronchotion
Voûte de l'Hodegetria du monastère Brontochion
Hagioi Theodoroi depuis la cour du monastere
                  Brontochion
En sortant de l'Hodegetria, au fond Hagioi Theodoroi depuis la cour du monastère Brontochion, en deuxième plan à droite la cuisine

En
            chmein la rue pavée contourne le Palais
En remontant vers la Porte Haute, la rue pavée contourne le Palais dans la Haute Ville

Il est passé 14:30 quand je passe à nouveau la Porte haute et retrouve mon Exsis sur le stationnement. Même s'il n'est plus au soleil il a quand même réussi à aller chercher une vingtaine d'ampères/h pour remonter la batterie… C'est toujours ça !

Mistra-la-citadelle-en-quittant
La Citadelle de Mistra en quittant

Je reprends la route aussitôt pour gagner la Poste de Sparta d'où je veux envoyer à Monique ses nouvelles cartes bancaires, sans espérer davantage un code qui risque d'attendre longtemps… Mais lorsque je me présente devant la porte de verre à 14:57, c'est pour me faire dire que le bureau est fermé depuis 14:45, et l'on m'envoie dans une autre messagerie pour pour expédier ma lettre… Je n'insiste pas, et comme il n'y a pas urgence, je reporte à demain mon envoi.

Après quelques minutes de réflexion et de consultation de Google Maps et autres documents, je décide de me diriger maintenant vers Monemvasia, Je passerai par Geraki, autre important site archéologique de la période franque et byzantine à seulement une cinquantaine de kilomètres.

Route tranquille qui vagabonde dans la vallée uniformément plantée d'olivier. Partout on s'emploie à la récolte, les grands filets verts empiètent parfois sur la chaussée et je double ou croise nombre de vieux pick-up plus ou moins rouillés où s'entasse les gros sacs de jutes bourrés de fruits, en route pour le pressoir.

Petit imbroglio dans un village aux ruelles étroites et enchevêtrée (Skoura ?) où Google prétend me faire passer; un aimable habitant m'aide à me dépêtrer (je dois reculer d'une centaine de mètres et faire un virage à 90° en marche arrière…) pour rejoindre sans dégâts le grande route qui me mènera ensuite sans encombre jusqu'à Geraki.
Sur la petite route vers Skoura
Sur la petite route entourée d'oliviers vers Skoura

La nuit tombe, je cherche un espace adapté à mon stationnement pour la nuit, ce sera finalement l'esplanade précédant l'église (de pèlerinage ?) Agios Johannes, un peu en dehors de l'agglomération. J'y serai rejoint à la nuit tombante par un fourgon blanc passe-partout immatriculé en France (31 comme l'Exsis acheté à Toulouse). Son chauffeur demeurera invisible…

Geraki-bivouac-devant-Agios-Johannes-ciel-charge
Geraki : bivouac à l'entrée du bourg devant Agios Johannes sous un ciel chargé

Le coin est vraiment tranquille, j'entame bientôt les routines du soir, dont le traitement des nombreuses photos de la journée, commence la rédaction du carnet que j'abandonne, trop fatigué par cette grosse journée, pour grimper dans la couchette où je ne tarde pas à m'endormir.


57 387 Mardi 10 janvier 2023 : de GERAKI à MONEMVASIA (61 km) (4 282 pas)

Réveillé par la pluie, quoique bien reposé je traine un peu avant de sauter du lit : le ciel est couvert et le soleil absent. La météo annonce une journée pluvieuse avec éclaircie en après-midi. Voilà qui n'améliorera pas le rendement de mes panneaux solaires, mais me permettra de poursuivre les travaux entrepris hier soir. Je passerai donc toute la matinée sous les ondées qui s'abattent régulièrement sur le toit de l'Exsis, sans sortir ni me déplacer.

Enfin, après le déjeuner et voyant le soleil apparaitre sur fond de ciel bleu de plus en plus large, je m'ébranle pour ne diriger vers le site du "château", à quelques kilomètres du village de Geraki.
Enfin l'éclaircie sur mon bivouac de Geriaki !
Enfin l'éclaircie sur mon bivouac de Geraki !

Le bourg
            actuel de Geraki depuis le site du château médiéval
Le bourg actuel de Geraki depuis le site du château médiéval

Geraki-le-chateau-sur-la-colline
Geraki : le château sur la colline
Il apparait bientôt, juché comme il se doit au sommet d'une petite montagne, veillant sur les restes ruinés du village épandu sur la pente. Quelques épingles à cheveux et je suis devant la grille  du site archéologique, fermée. Une petite affichette donne les heures et jours d'ouverture - je suis dedans - mais suggère d'appeler pour prendre rendez-vous et obtenir accès…

LE CHÂTEAU DE GERAKI

Le château médiéval de Geraki est construit sur le sommet nord de la colline calcaire allongée Palaiokastro/Ai-Giorgi (alt. 562 m), située sur les pentes sud-ouest du mont Parnon et à environ 2 km à l'est du village actuel. Sa situation est un point clé pour la surveillance des routes reliant le centre de la Laconie, en passant par Parnon, à Kynouna, à la côte est et à la péninsule de Malea. Du sommet de la colline, on a une vue ininterrompue sur la plaine de Geraki, riche en oliviers, avec l'imposant mont Taygète à l'ouest, la plaine d'Elos et le golfe laconien au sud dans lequel se jette la rivière Eurotas.

La présence et l'activité humaines à Geraki sont datées de la fin de la période néolithique jusqu'à nos jours et sont documentées par les antiquités conservées dans les limites de l'agglomération moderne. La colline de Palaiokastro a été fortifiée à l'époque de la domination franque, lorsque Geraki était l'une des douze baronnies de la Principauté d'Achaïe, qui a été donnée à Guy de Nivelet de France avec six fiefs en 1 210. Selon la Chronique de Morée, l'établissement du château est lié au baron Guy ou à Jean, probablement son fils, et date approximativement du milieu du XIIIe siècle. La courte période d'occupation franque a vu la construction des murs et de quelques bâtiments à l'intérieur et peut-être au-delà.

Lorsque les Byzantins reprirent le contrôle de la Morée en 1262, Geraki passa sous leur autorité et devint le noyau du développement d'une importante colonie. Selon l'historien Georgios Pachymeris, Ierakion a prospéré pendant la période byzantine tardive jusqu'à la seconde moitié du XVe siècle, comme en témoignent les églises peintes à l'intérieur et autour de l'agglomération médiévale. Les fortifications ont été réparées et renforcées. L'emplacement du château était crucial, car il contrôlait la communication routière entre Mystras et Monemvasia, respectivement le siège du Despotat de Morée et son port maritime.
Le château est resté en possession du Despotat jusqu'à sa dissolution par les Turcs ottomans en 1460. Il fut occupé par les Vénitiens pendant la première guerre vénéto-turque (1463-1479), pour de courtes périodes, ainsi que pendant la deuxième période de la domination vénitienne (1685-1715).

Le site semble avoir été peu utilisé après la seconde moitié du XVe siècle, puisqu'au moins après 1702, lorsque l'église paroissiale de Koimisistis Theotokou a été construite, la plupart des habitants ont déménagé sur le site de l'actuelle Geraki. Les recherches menées au cours des années 2011-2015 ont mis en évidence des preuves d'activités humaines antérieures dans le château, même si elles remontent à l'Antiquité.

Geraki-au-pied-de-la-colline-portant-le-chateau
Geraki : Exsis au pied de la colline portant le château, devant la grille d'accès fermée

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La vallée sauvage en arrière du château de Geraki

Geraki-le-chateau-au-dela-de-la-cloture-opportunement-arrachée.
Geraki : le château au-delà de la clôture opportunément décrochée.
Pas question pour moi de me lancer dans ce genre de tractation, je chercherai plutôt une « porte d'en arrière » dans la longue clôture qui ceint le sommet de la colline. Je chausse donc à nouveau mes bottes de randonnées, emprunte un chemin de campagne qui contourne la colline puis grimpe directement à travers le maquis jusqu'à rejoindre la clôture où, comme je m'y attendais je tombe sur la brèche idoine pour le visiteur obstiné - et délinquant. Quelques minutes plus tard poursuivant à travers le maquis  je rejoins la large route d'accès qui me mène aux premiers murs plus ou moins retapés des maisons du village médiéval.

La
            montee au-château de Geraki
Sur la route montant au château de Geraki

Il ne reste vraiment que des ruines, mais bien consolidées et commentées chacune par un petit panneau expliquant l'histoire architecturale du bâtiment. Rien de vraiment passionnant. En revanche les quelques petites églises ont été intégralement conservées, mais leur porte donnant à voir leur décor peint est close… Je devrai donc me contenter d'escalader le sentier/rue zigzaguant entre les pans de murs, assez raide merci, jusqu'à la porte du château tout en haut de la côte. Le bourg de Geraki sous son château
Le bourg de Geraki sous son château

En-montant-vers-le-château de Gearai
En montant vers le château de Geraki, entre les églises plus ou moins restaurées,
mais toutes fermées...
... comme celle de Hagios Parakevi
... comme celle d'Aghia Parakevi (fin XIIIe)

La
            vue depuis l,esplanade du château
La vue depuis la terrasse devant l'église du château

Dans le château de Geraki
Dans la cour haute château de Geraki
Entretemps le soleil disparait, les nuages gris envahissent le ciel, coup de vent et une petite bruine commence à ruisseler sur ma doudoune, heureusement emportée au cas où… Je commence un petit tour exploratoire des ruines entassées dans l'enceinte très partielle de la petite citadelle lorsque mon téléphone sonne : c'est mon frère Gilles qui a reçu un courrier enregistré pour moi et a besoin de ma procuration pour le retirer… (Non, ce n'est ni le NIP attendu, ni une autre des contraventions radar françaises auxquelles je suis abonné !).

Nous discutons un bon moment, puis j'écourte ma visite finalement peu intéressante faute d'informations et entreprends de redescendre vers l'Exsis.

L'église de Zoodoches Pigi

Cette église est de type architectural à nef unique voûtée en berceau avec des arcades aveugles et son abside est orientée vers le sud. Un narthex voûté a été ajouté au nord. Les entrées au nord et à l'ouest, où il y avait une galerie, portent des encadrements de porte en relief poreux avec des décorations influencées par l'art occidental. La construction de l'église a été datée de la fin du XIIIe siècle.

D'après une inscription conservée, la décoration peinte de l'église a été achevée en 1430/31. Les peintures murales sont l'œuvre du même atelier provincial de peintres qui a réalisé la décoration des églises d'Aghia Paraskevi dans la colonie médiévale, de Profitis Ilias et de Taxiarches dans Pera Ekklesies (les églises extérieures). Les influences de l'art du Despotat de Morée sont évidentes dans leur travail. Dans une inscription, l'église est mentionnée comme étant le catholicon d’un monastère, tandis que les noms des donateurs, le père Dimitrios Voustichas et le père Rontakios Periodeftis, qui sont représentés sur le mur nord de l'église, ont été conservés.

En redescendant, la charmane petite eglise
                  Zoodocos Pigi
En redescendant, la charmante petite église de Zoodocos Pigi

Cette fois-ci pour sortir je ne remonterai pas dans le maquis pour retrouver la brèche de la clôture, mais enjamberai tout bonnement la grosse barrière dont les barreau sont très opportunément horizontaux : une véritable échelle !

Mes vêtements et mes chaussures de cuir sont trempés, je me change puis songe à ma prochaine destination. Il n'y a pas de poste à Geraki, il faudra voir plus loin pour expédier mes cartes bancaires...

Google ne signale pas grand chose d'autre dans cette partie sud-est de la Laconie que quelques églises aux riches peintures byzantines - mais elles seront fermées… - et le site fameux de Monemvasia (Malvoisie) juché sur son énorme rocher en îlot au bout d'un isthme, au bout d'une soixantaine de kilomètres faciles dans la même campagne montueuse remplie d'oliviers. Surveillant d'un œil le Coulombmètre qui montera jusqu'à 60 Ah (on est encore loin du 100 Ah nominal…), j'arrive au crépuscule dans la petite ville de Géfyra à l'orée du site.

Monemvasia-en-arrivant-le-soir à Géfyra
Le rocher de Monemvasia en arrivant le soir à Géfyra

Bref arrêt pour une photo du rocher fantastique, puis je suis la rue principale qui traverse la petite agglomération touristique (boutiques et restaurants) en guettant le lungomare, la rue qui longe la plage où l'on ne circule guère la nuit. Je m'y installe bientôt, tandis qu'éclatent les éclairs et retentissent les roulement du tonnerre. L'orage se calmera bientôt, ne se fait plus entendre que le roulement des galets agités par les vagues. Je ferme les stores, allume le chauffage (la température a baissé à 9°), et entame les routines du soir. Après vérification sur mon IPhone, il y a bien un bureau de poste ici, à 5 minutes de marche, je commencerai par cela demain matin, histoire de procéder enfin à mon envoi à Montréal. Coucher à 22:45.


57 448 Mercredi 11 janvier 2023 : de MONEMVASIA à PLAKA (93 km) (9 248 pas)

Bivouac à Gefyira devant le rocher de Monemvasia
Bivouac à Gefyra devant le rocher de Monemvasia à l'aube
L'orage s'est évanoui pendant la nuit mais en me laissant sans sommeil dès 4:00. Nuit courte donc, que je ne prolongerai pas, préférant en profiter pour continuer à mettre de l'ordre dans mes fichiers photos des jours précédents. À 7:30 je me douche et prends mon déjeuner, puis gagne le bureau de poste repéré sur mon téléphone : à peine 10 mn de marche dans un village déjà bien éveillé. Envoi sans pb, 5,00 $ pour un courrier avec suivi (tracking). Les fameuses cartes devraient arriver d'ici une semaine à Montréal… (En fait elles mettront une vingtaine de jours à franchir l'Atlantique !)
De retour à l'Exsis toujours solitaire sur le grand stationnement au bord de la plage je repère l'entrée de la vieille ville sur l'îlot et parcours sans hâte le kilomètre qui me sépare de la porte de la Ville Basse.

Impression très semblable à celle ressentie au Mont-St-Michel : une fois passée la porte en chicane qui contrôlait autrefois l'entrée dans la cité, on enfile une longue rue bordée de maison anciennes bien restaurées dont la vocation commerciale affichée me devient vite insupportable : restaurants, bars, boutiques de bébelles, etc… Il semble que cette vocation se soit maintenue au cours des siècles, puisque c'était depuis l'époque médiévale une place de commerce international extrêmement vivant ! Quant à l'histoire, elle est assez semblable à celle des autres villes côtières de fondation ancienne : Grecs, Romains, Francs, Byzantins, Ottomans, Vénitiens s'y sont succédé, avec aller et retours, jusqu'à l'indépendance de la Grèce au XIXe.
Monemvasia : porte de la Ville Basse et rempart
                  de la Ville Haute
Monemvasia : porte de la Ville Basse et rempart de la Ville Haute
Monemvasia porte de la Ville Haute depuis la
                  Place Centrale de la Ville Basse
Porte de la Ville Haute depuis la Place Centrale de la Ville Basse
Côté architecture et structure sociale, la Ville Basse au bord de l'eau est consacrée aux trafics et échanges commerciaux, avec une forte présence du clergé puisque j'y ai compté au moins 4 églises, tandis que le personnel administratif, les seigneurs et les autorités religieuses s'étaient établis dans la Ville Haute. La topographie très contrastée de Monemvasia accuse la scission entre ces deux secteurs : une falaise à pic haute de plus d'une centaine de mètres les sépare, qu'il faut franchir en grimpant un chemin muletier empierré assez raide, sinuant à flanc de rocher, sous la menace des archières, meurtrières et autres ouvertures ménagées dans le mur de défense construit au bord supérieur de la falaise.

Je quitte avec plaisir cette rue centrale de la Ville Basse en me guidant sur mon IPhone à travers le dédale des rues médiévales pour rejoindre le sentier menant à la porte de la Ville Haute.

Monemvasia : montée jusqu'à la Ville Haute à
                  travers les rues pentues de la Ville Basse
Montée jusqu'à la Ville Haute à travers les rues pentues de la Ville Basse
Fin du chemin
                  empierré menant à la Porte Haute
Fin du chemin empierré menant à la Porte Haute


panoramique sur la Ville basse depuis la porte de la
            Ville Haute
Panoramique sur la Ville Basse depuis la porte de la Ville Haute

Rude montée, mais qui me donne accès au plateau supérieur du rocher tout parsemé de restes de pans de murs plus ou moins délabrés.

Monemvasia-pointe-est-de-a-Haute-Ville en ruines
Les ruines de la Ville Haute disséminées sur la pointe nord-est de Monemvasia

HISTOIRE DE MONEMVASIA

Pendant longtemps, la ville-château médiévale de Monemvasia a été un port d'une extrême importance stratégique, un carrefour commercial de premier plan et un butin très convoité par les conquérants, les pirates et les corsaires. Ville puissante qui régnait sur le royaume maritime, Monemvasia a joué un rôle clé dans la politique de l'Empire byzantin grâce à ses dirigeants puissants et à la force de son église locale. Après la prise du Despotat de Morée par les Ottomans, Monemvasia est restée sous domination étrangère (vénitienne et ottomane) pendant une longue période. La familiarité des habitants de Monemvasia avec une variété d'origines culturelles et de traditions a contribué à la diversité et au caractère cosmopolite de la ville-château, un trait qui se reflète brillamment dans son architecture et son art.

Aujourd'hui, l'île entière constitue une sorte de musée. La Ville Haute de Monemvasia est un site archéologique ouvert qui abrite de nombreux monuments remarquables, et la Ville Basse est un établissement actif qui bourdonne d'activités et d'occupations modernes diverses.
____________

Fondation de la ville de Monemvasia au VIe siècle.

Du VIe siècle à 1460 :

La ville de Monemvasia fait partie de l'Empire byzantin.

1 248 ou 1 252/3
Conquête du château par Guillaume II Villehardouin, prince de la principauté franque d'Achaïe, après un long siège.

1 262
Monemvasia est concédée par le prince franc à l'empereur Michel VIII Paléologue  en échange de sa liberté.

1 348
Mistras est la capitale du Despotat de Morée, auquel appartient administrativement le port de Monemvasia.

De 1460 à 1821, après la dissolution de l'Empire byzantin Monemvasia est dominé par les Vénitiens et les Ottomans : 

1460-1463
Après la dissolution du Despotat de Morée par les Ottomans, Monemvasia sous la protection du pape Pie II.

1463-1540
Les Monemvasiens offrent un château aux Vénitiens. Première période de domination vénitienne.

1540-1690
Le château est cédé aux Ottomans. Première période de domination ottomane.

1690-1715
Le château est remis aux troupes du doge Francesco Morosini. Deuxième période de domination vénitienne.

1715-1821
Monemvasia se rend aux Ottomans sans combattre. Deuxième période de domination ottomane. Capitale du vilayet de Laconie orientale, elle reste un port important.

1821
Les Ottomans cèdent le château par traité au prince Alexandros Kantakouzinos, plénipotentiaire de Dimitrios Ypsilantis,

1828
Monemvasia passe sous le contrôle du nouvel État grec.


Seule a été restaurée l'église mère de la ville médiévale, la Panagia Hodegetria, mais elle est fermée aujourd'hui…

Eglise Panagia Hodegetria ou Agia Sophia
Église Panagia Hodegetria
ÉGLISE DE HAGIA SOPHIA
ou PANAGIA HODEGETRIA


Église à coupole octogonale avec une saillie sur le côté sud, elle a été construite au XIIe siècle (1149-1150). Son décor sculpté date du XIIe siècle et ses peintures murales de la fin du XIIe siècle et du début du XIIIe siècle. La tradition littéraire et orale relie l'église à l'empereur Andronikos II Palaiologos (1282-1328). Elle est identifiée comme l'église dédiée à la Vierge Hodegetria mentionnée dans les documents historiques. Après la guerre d'indépendance grecque (1821), elle a été dédiée à la Sainte Sagesse de Dieu, car elle était considérée comme une copie fidèle de Sainte-Sophie de Constantinople.

Sous la première domination turque (1540-1690), elle a été transformée en mosquée, la "Fetihye" ou du "Sultan Suleiman", par l'ajout d'un mihrab (abside du sanctuaire) et d'un minaret sur le côté sud.  Pendant la seconde occupation vénitienne (1690-1715), elle fut le katholikon d'un monastère d'un ordre catholique, dédié à la Madonna del Carmine, avec l'ajout d'un narthex extérieur à deux étages. Elle est redevenue une mosquée pendant la deuxième période turque (1715-1821) et est retournée à la foi chrétienne après la libération de la ville (1821). Les dates de 1827 et 1845 inscrites sur son côté ouest correspondent à des réparations de l'église. Le monument a été restauré par Eustathios Stikas en 1958/59.


Panagia Hodegetria abside avec le mirhab
Abside de la Panagia Hodegetria avec au centre l'arc outrepassé de l'ex mirhab muré
L'arc outrepassé de l'ancien mirhab
L'arc outrepassé de l'ancien mirhab ottoman

La baie Ormos Palaias Monemvasia derrière la Metropole
La baie Ormos Palaias Monemvasia derrière la Métropole

Je passerai la matinée à suivre le mauvais chemin qui fait le tour du site vers l'ouest, mal ou pas du tout empierré, sautant d'une roche à l'autre, suivant les cailloux qui roulent dans ce qui est maintenant le fond du ruisseau par où s'écoulent les eaux pluviales…

Je me rendrai ainsi jusqu'aux restes de la citadelle, dont les quelques muraille croulante tracent à peine le carré, mais d'où s'étend une vue époustouflante sur le village côtier de Gefyra (d'où part la digue vers l'ilot de Monemvasia), les montagnes en arrière plan, et sur la côte tant du côté nord que sud.
Sur le sentier vers la citadelle
Sur le sentier vers la citadelle

Sur le sentier montant à la citadelle
La Mer Égée depuis le sentier montant à la citadelle, au centre droit, la coupole de l'église

Reste de la citadelle de Monemvasia
Restes de la citadelle de Monemvasia : le magasin à poudre et la porte ouest (?)
à travers laquelle on aperçoit la marina de Gefyra


LA CITADELLE DE MONEMVASIA

Forteresse byzantine de plan carré, avec des tours aux quatre coins. Sur l'emplacement de la tour sud-ouest a été construit un bâtiment rectangulaire à toit voûté qui a été utilisé comme entrepôt de munitions depuis la seconde domination vénitienne (1690-1715) jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Depuis l'angle nord-est de la fortification s'étend une puissante muraille qui se termine par une tour ronde assurant la sécurité de la montée en lacets d'origine vers la ville haute. À l'époque post-byzantine, la tour a été transformée en moulin à vent.

Le lettrage ornemental en briques C MI O A (Théodore Porphyrogennetos le Despote) sur une partie du mur est de la forteresse, correspond aux travaux de construction effectués sur les murs pendant le despotat de Théodore II Palaiologos (1407-1448).

Gefira depuis la Haute Ville de Monemvasia
Gefyra depuis la Haute Ville de Monemvasia

Gefira depuis la Citadelle de Monemvasia
La côte et Gefyra depuis la Citadelle de Monemvasia

Retournant vers la porte haute (unique accès), je traverse à nouveau le plateau en découvrant au passage l'architecture originale des grandes citernes où l'on captait l'eau du ciel (pas de source ni de rivière ici), ainsi qu'un élégant quoique rustique petit mausolée ottoman.

Monemvasia citernes de la Ville Haute
Monemvasia : les citernes de la Ville Haute

Monemvasia: : aire de collecte de l'eau au dessus de la
            citerne Galeazza
Monemvasia: : aire de collecte de l'eau au dessus de la citerne Galeazza

La
                  citerne Katergo ou Galeazza
La citerne Katergo, ou Galeazza
LES CITERNES DE LA VILLE HAUTE

Les citernes de la ville haute :
   1. Citerne "Katergo" ou "Galeazza"
   2. Citerne "Karavi" ou "Galera"
   3. Citerne "Keratsini" ou "Bastarda"

À l'époque byzantine, l'eau était le principal critère de sélection d'un site pour la fondation d'une ville. L'absence de sources d'eau naturelles à Monemvasia a dicté la création d'un système d'approvisionnement en eau très organisé, impliquant la construction de citernes pour recueillir l'eau de pluie. Il s'agit de constructions rectangulaires, voûtées en berceau, dont les parois sont enduites de mortier hydraulique pour les rendre imperméables.

Les citernes à usage public sont situées dans les espaces communs libres de la colonie, dans les églises et dans d'autres bâtiments publics.  Trois grandes citernes publiques, le "Katergo" ou "Galeazza", le "Karavi" ou "Galera" et le "Keratsini" ou "Bastarda" sont conservées dans la ville haute. L'eau de pluie était canalisée à partir des surfaces de collecte et stockée à l'intérieur des citernes, d'où elle était tirée à partir de têtes de puits construites dans la voûte.

En plus des citernes publiques, il existe des citernes privées construites au niveau inférieur des maisons. L'eau de pluie est stockée à travers un système de conduits en argile et elle est puisée par des têtes de puits sculptées avec des décorations en relief.


Le
            mausolée ottoman au dessus des remparts de la ville haute
Petit mausolée ottoman au-dessus des remparts de la ville haute

Le mausolée turc en contrebas des citernes
Le mausolée ottoman en contrebas des citernes
La Ville Basse de Monemvaisia depuis la Ville
                  Haute
La Ville Basse de Monemvasia depuis la Ville Haute
Revenu sur le bord du rempart au dessus de la ville basse, j'en admire d'en haut l'organisation étriquée et le nombre d'églises (j'en compte cinq !) pour un si petit village. Je tente bien d'un prendre quelques photos mais c'est difficile, car l'agglomération est très étroite et allongée en bord de mer.

Puis je passe une autre fois la porte de la Ville Haute pour me lancer dans le chemin vertigineux coupé de marches rejoignant la porte de la Ville Basse et l'Exsis resté stationné le long de la route d'accès.

En passant la porte de la Ville Haute
En passant la porte de la Ville Haute pour redescendre vers la Ville Basse
Le chemin sinueux descendant de la porte de la
                  Ville Haute
Le chemin sinueux descendant de la porte de la Ville Haute

Il y fait très chaud, aussi je retournerai un peu plus loin à l'entrée de Gefyra pour avaler un lunch remontant, à l'ombre des tamaris et avec une vue superbe sur le rocher de Monemvasia. Pour aujourd'hui j'aurai déjà  parcouru plus de 7 500 pas et l'équivalent de 22 étages, je commence à tenir une bonne moyenne…

Une fois restauré et réhydraté, que faire ? La consultation des attractions listées dans les environs sur Google Maps me laisse peu de choix, à part des plages que je ne retiendrai pas, et plusieurs églises byzantines anciennes dont je sais la porte close… Il reste bien quelques autres châteaux et acropoles byzantins, mais après les trois que je viens de parcourir, la coupe est pleine ! Je continuerai donc ma remontée vers le nord en suivant la plus possible la côte, avec pour objectif ce soir Leonidio, à 89 km. Près de deux heures de route qui devraient permettre à l'alternateur de remonter la charge de la batterie au delà des 80% affichés au Coulombmètre remis à zéro depuis l'échange d'écran.
Grande route tranquille de vallée assez droite et plane, de chaque côté s'étendent à perte de vue les plantations d'oliviers jusqu'aux pentes moins arborées. À Sykia bifurcation vers le nord sur une route plus modeste et étroite qui me fera escalader la montagne après Metamorfosi.

Route plus austère, végétation de terre aride (maquis), la vue s'étend et les perspectives s'éloignent dans cette espèce de large vallée suspendue, avant de passer sur le versant est, malheureusement maintenant dans l'ombre.
Sur-la-route-vers-Leonidio-Kremasti.
Sur la route vers Leonidio, entre Kremasti et Lamposcampos

Et tout à coup, au détour d'un virage juste après Pyrgourdion, surgit un magnifique belvédère où se succèdent les promontoires vers le nord et le vaste espace marin du Golfe d'Argolide.

Sur la route vers Leonidio belvedere de Poulithra juste
          apèrs Pyrgourdion
Vue vers le nord depuis le belvédère sur Poulithra, juste après Pyrgourdion

Vue vers le sud depuis le belvedere de
            Poulithra/Pyrgourdion
Vue vers le sud depuis le belvédère de Poulithra/Pyrgourdion

Arrivée au port de Plaka à 16 h.53
Arrivée au port de Plaka à 16 h 53
Après une longue et sinueuse descente qui me ramène au niveau de la mer, c'est déjà le crépuscule. Je suis sur quelques kilomètres la petite route jusqu'à ce que, apercevant le petit port de Plaka dont le quai désert semble accessible aux voitures, j'aille me placer tout au bout du môle, entouré d'eau, bercé par le bruit des vagues - modestes aujourd'hui - qui fera un excellent bivouac.

Port de Plaka Exsis au bivouac au bout de la jetée
Port de Plaka Exsis au bivouac au bout de la jetée

Quelques pêcheurs à la ligne taquinent le poisson, sans grand succès d'ailleurs, ils abandonneront vite les lieux. Puis ce sera une grosse barque qui accostera et débarquera ses prises, puis le silence…

Un superbe ciel aux nuages bas embrasés et rosis par le crépuscule vaudra une photo exceptionnelle, immédiatement envoyée à la famille - et reçue avec enthousiasme ! - puis je me retire dans le calme de mon habitacle.

Crépuscule devant mon bivouac sur le port de Plaka
Crépuscule devant mon bivouac sur le port de Plaka

J'y veillerai un peu, occupé d'abord à parler assez longuement avec Gilles qui a enfin reçu le NIP de la carte Visa destinée à Monique. Mais voilà la source d'une autre imbroglio : il est identique à celui de ma propre carte ! Je crains une erreur et fais un long courrier à la Banque. Puis Facetime avec Mathieu qui démarre à peine sa journée (il est 11:00 à Montréal…) mais est fier de me montrer ses réalisations (paquet de photos via Wetransfer). Puis c'est au tour de Monique qui a récupéré le Guide vert du Péloponnèse à la Bibliothèque d'Outremont et m'en envoie les cartes pour que je lui précise les zones à scanner… Je passe ensuite au chargement et à la localisation des photos de la journée puis au carnet de route, sans terminer cependant. À travers tout cela je soupe, puis la lassitude me prend et je me couche vers 22:30.

Créuscule sur la plage de Plaka
L'avancée sombre des ailes de la nuit sur la plage de Plaka...


57 541 Jeudi 12 janvier 2023 : de PLAKA à KRYONERI Plage (43 km) (6 676 pas)

Sur le quai de Plaka su matin
Sur le quai de Plaka au matin
Nuit des plus paisibles qui me mènera sans interruption jusqu'à 8:00. Le ciel est aujourd'hui presque complètement bleu, seuls quelques bancs de nuages demeurent sur la montagnes de l'arrière-pays. Je démarre ma journée lentement, profitant du superbe site qui m'entoure  pour faire d'autres photos dans la grande et claire lumière du matin. Puis je complète mon journal laissé en plan hier soir et lis enfin la documentation touristique remise par l'hôtesse de Sparte. En français, bien écrite, elle complète ce que j'ai vu dans la région. Ensuite préparation d'un lunch léger, et planification de la suite de mon périple.

Pas grand chose de tentant à proximité immédiate, je décide donc de gagner Leonidio tout proche pour monter au petit monastère perché de St Nicolas de Sintza (Moni Agiou Nikolaou Sintzas), dans une vallée abrupte à quelques kilomètres du village

Google Maps l'annonce fermé aujourd'hui, mais les photos le montrent assez fantastique, accroché et comme niché au flanc de la paroi rocheuse verticale pour que l'excursion me tente.

La traversée de Leonidio, comme souvent, est quelque peu hasardeuse vue l'étroitesse et les sinuosités des chemins qui se faufilent entre les vieilles maisons. Mais suivant fidèlement les instructions de mon écran d'Iphone qui cette fois ne m'entraine pas dans des impasses, je sors de l'agglomération pour me retrouver progressivement au milieu des oliviers garnissant les pentes qui s'élèvent progressivement.
En quittant Leonidio depuis la route du monastere
                  de Sintza
En quittant Leonidio  sur la route du monastère de Sintza

D'asphaltée la chaussée devient bétonnée, de moins en moins régulièrement, mais reste carrossable. Je zigzague un peu entre les branches d'oliviers qui empiètent sur la route, et petit à petit m'élève dans une vallée de plus en plus sauvage dont les flancs rouge et raides se rapprochent.
Après quelques kilomètres à 30 à l'heure et en deuxième tant la pente est raide, je décide de laisser là ma monture sur un espace disponible sans bloquer le chemin sur lequel j'ai doublé quelques randonneurs peinant sur la côte et de suivre leur exemple. J'abandonne donc l'Exsis dans un large virage et poursuis à pied.


Leonidio vers le monastere de Sintza
Exsis sur la route bétonnée qui monte rudement
Exsis abandonné sous le monastere de Sintza
Exsis abandonné sur la route du monastère de Sintza

Le chemin monte rudement et je dois faire quelques pauses pour reprendre souffle, au moins n'ai-je pas eu besoin aujourd'hui d'enfiler mes bottes de randonnée ! Paysage grandiose qui évolue lentement au fil de ma progression… Enfin j'arrive au pied du petit ensemble de bâtiments blancs qui marquent le terme de ma balade d'aujourd'hui.

Leonidio-monastere-de-Sintza
Leonidio : le monastère d'Agios Nikolaos de Sintza
Le monastère incrusté dans le rocher
Le monastère incrusté dans le rocher

Un dernier effort me hisse jusqu'au portail fermé d'une robuste porte en bois surmontée d'une icône de Saint Nicolas en argent repoussé. Comme prévu elle est fermée, et je ne me permettrai pas de sonner à l'intercom pour déranger la nonne qui, semble-t-il reste l'unique pensionnaire du couvent.
J'admire l'environnement naturel grandiose, les chèvres qui broutent les basses branches des arbres alentour, les murs blancs qui se détachent sur la roche plus sombre, et prends le chemin du retour, en échangeant quelques mots avec trois randonneurs français qui ont fini par me rejoindre…

La descente est évidemment beaucoup moins exigeante et je retrouve bientôt mon Exsis qui me ramène à Leonidio.
La vallée depuis le monastère de Sintza
La vallée depuis le monastère de Sintza
En passant au-dessus du petit port de Sampatiki
En passant au-dessus du petit port de Sampatiki
Une rapide consultation des cartes n'ajoutant aucun autre but à proximité, je poursuivrai ma route vers le nord en visant la belle plage tranquille de Kryoneri que les photos montrent séduisante. En une trentaine de kilomètres (53 minutes de route) j'aurai peut-être le temps de recharger un peu plus la batterie et d'atteindre un remplissage indiqué de 90 Ah…

Route côtière agréable qui suit le rivage accidenté du vaste Golfe Argolique, mais sans le soleil qui reste caché derrière la montagne. Je descends sur la plage par un mauvais chemin vers 17:00 et m'installe devant un vaste camping fermé pour la saison.

Sur ce, appel de Monique qui me donne les dernière nouvelles (suites des procès en cours, discussion avec son avocat), ce qui risque de retarder nos plans de départ au Maroc. Puis elle me consulte sur un problème électrique dans la cuisine (déjà !) pour lequel je la renvoie à Mathieu qui trouvera là un beau terrain pour exercer ses jeunes talents de bricoleur… Enfin nous clarifions mon itinéraire de fin de voyage en Grèce pour qu'elle puisse scanner dans le Guide vert Michelin emprunté à la Bibliothèque les pages qui me seront utiles.

Avec tout cela, la nuit est tombée, je me lance dans la préparation d'une poêlée de poivrons colorés, charge les photos de la journée et rédige le carnet de route. Coucher à 23:00.


57 583 Vendredi 13 janvier 2023 : de KRYONERI Beach à MYLI (46 km) (6 030 pas)

Levé passé 8:00, je quitte immédiatement ma plage déserte - et tellement silencieuse ! - où le soleil commence à peine à apparaitre, rougissant les montagnes en arrière. soleil levant devant mon bivouac
Sur Kryoneri Beach, le soleil levant devant mon bivouac

Kryoneri Beach en quittant
Kryoneri Beach en quittant
J'irai déjeuner sur un terre-plein un peu plus loin, dans un grand virage surplombant la côte. D'un côté la plage de Kryoneri sur laquelle j'ai passé la nuit, maintenant inondée de soleil, de l'autre le village à vocation essentiellement touristique d'Arkadiko Chorio. Je prolonge un peu mon arrêt, profitant de la vue et de la tranquillité au bord de cette route peu passante. J'en profite pour réviser les cartes et consulter sur Google Maps les attractions dans les environs. Elles ne sont pas légion, ce sont essentiellement les plages qui font recette.

Pause dejeuner au dessus de Kryoneri Beach
Pause déjeuner au dessus de Kryoneri Beach

Après un petit bout de chemin en vue de la côte puis plus à l'intérieur des terre, je découvre les sommets saupoudrés de neige au dessus du bourg groupé d'Agios Andreas, tout environnés de ses oliviers en pleine récolte - un contraste surprenant pour moi. En passant sous Agios Anrdreas
En passant sous Agios Andreas
Paralia Astros : l'immense plage de petit galet
                  rond sous le vieux village
Paralia Astros : l'immense plage de petit galet rond sous le vieux village
Je me dirigerai donc vers la plage d'Astros, renommée, très longue et parfaitement abritée. Au dessus du promontoire fermant la baie, les ruines d'un petit château datant des Byzantin monte la garde.

Je retrouve la mer en arrivant à Astros et passerai le milieu de la journée les roues sur le sable, d'abord pour déjeuner, puis relaxer et enfin achever le traitement des fichiers texte (OCR, traduction) de mes visites des derniers jours.

Enfin vers 15:00 je gagne le centre du village, très touristique mais tranquille en cette saison, pour grimper le raidillon menant aux murs du château.
Paralia Astros : la plage et la côte au sud
Paralia Astros : le petit port et la côte au sud depuis l'église en haut du village

Entrée libre, et pour cause : il ne reste pas grand chose à voir, à part quelques pans de murs en fort mauvais état de conservation. Ils  manquent de charme et leur histoire un peu nébuleuse ne suscite guère d'intérêt. En revanche le panorama qui se déploie depuis la butte sur le fond du Golfe Argolique valait la grimpette !

panorama sur le Golfe d'Argolique depuis l'esplanade
            dans le chateau d'Astros
Panorama sur le Golfe d'Argolique depuis l'esplanade dans le château d'Astros

Le fond du Golfe Argolique depuis les murs du châteaux
            d'Astros
Le fond du Golfe Argolique depuis les murs du château d'Astros

Je reprends ma route vers le nord pour gagner une autre station renommée où je compte bien m'installer là encore en bord de plage. Effectivement Myli offre le site attendu, et j'y trouve un bel espace libre et peu fréquenté près des restaurants et autres cafés fermés. Petite balade à pied le long du rivage jusqu'à l'embouchure marécageuse de la rivière Lerne, rendu fameuse par  l'hydre monstrueuse tuée par Hercule lors de ses Douze travaux… Je n'y vois qu'un gros torrent poissonneux qui se déverse vivement dans la mer, au bout d'une petite zone humide envahie par les joncs…

Autre bivouac sur les galets de la plage à Myli
Autre bivouac sur les galets de la plage à Myli

Le soir tombe, je conclus ma promenade en marchant cette fois vers le nord-est, longeant là encore un chapelet de restaurants tous fermés. Ne découvrant rien de plus, et ayant atteint mon quota de pas pour la journée, je rentre au chaud au bercail pour un long Facetime  à Anne F. qui n'arrive pas à faire fonctionner la visionneuse à diapos que je lui ai prêtée… Je lui narre un peu mes aventures et mésaventures, et lui suggère des solutions possible au problème. Puis c'est le souper, le carnet de bord, la mise en ordre des quelques photos de la journée et finalement un coucher tôt à 22:00.


Suite : 2023-01-Péloponnèse 6

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