2022-12 et 2023-01

GRÈCE - PÉLOPONNÈSE

Jean-Paul MOUREZ en solo à bord de l'Exsis


3. De METHONI à AKROGIALI


Mon
            itinéraire de Methoni à Akrogiali
Mon itinéraire de Methoni à Akrogiali


56 949 Samedi 31 décembre 2022 : de METHONI à KORONI (32 km) (7 847 pas)

Lever à 8:30 sous un ciel totalement dégagé et donc un grand soleil qui ne tarde pas à réchauffer l'habitacle - et, j'espère,  recharger la batterie.

Je m'en inquiète un peu car, roulant très peu, je ne puis compter que sur les «340 W» nominaux des panneaux pour compenser la consommation du frigo, des autres accessoires et la recharge de mon électronique. Or le voltmètre peine à dépasser les 13,1 volts et je crains de ne pouvoir me fier à l'ampèremètre dont la lecture me semble fantaisiste (celui de l'avant ne coïncidant pas avec celui placé directement à la sortie du contrôleur des PV). Il faudrait procéder à une remise à zéro de ces appareils et vérifier toutes les connections jusqu'à la batterie. On verra !
Bivouac devant la-forteresse de Methoni au matin
Bivouac devant la forteresse de Methoni au matin, ile Sapientza à l'horizon

Methoni visite de la forteresse vénitienne pont
                  sur le fossé et Bastion Loredan
Forteresse vénitienne de Methoni : pont sur le fossé et Bastion Loredan
Je commence par déjeuner puis compléter le carnet de bord, attendant qu'il fasse suffisamment chaud à bord pour prendre ma douche… le tout devant le vaste paysage de la plage et de la baie partiellement fermée par l'île de Sapientza.

Puis vers 10:00 je m'ébranle et vais stationner juste devant l'entrée du pont enjambant le fossé et donnant accès à la porte principale de la forteresse. Laissant l'Exsis bien aligné sur le soleil plein sud - décidément l'alimentation solaire de ma batterie habitacle me soucie… - je me dirige vers la billetterie installée dans l'espace entre le haut rempart de la ville et un mur rideau plus bas bordant le fossé.
Sur le pont d'accès de la forteresse de Methoni
Sur le pont d'accès de la forteresse de Methoni menant à la Grande Porte
Decor Renaissancede la porte centrale de la
                  forteressse
Décor Renaissance de la Grande Porte centrale

Au bout de ce passage étroit, une haute arche donne accès au vaste espace occupé par la Place d'Armes
où manœuvrait la garnison, entre l'esplanade où se trouvaient les principaux édifices de la ville et les remparts de la citadelle.

Methoni-piazza-d'armi-et-colonne-Morosoni
Methoni : la piazza d'armi et la colonne «Morosoni »
Methoni-Piazza-d'Armi-de-la-forteresse-venitienne
Methoni : la Piazza d'Armi et le rempart séparant la ville de la citadelle

Toute entourée de remparts dont émerge le chemin de ronde bordé de merlons et d'embrasure, elle se termine au sud-est par une tour polygonale de trois étages détachée de l'ouvrage et posée sur un îlot, une sorte de petit donjon de dernier recours, de forme caractéristique, le Bourtzi mi-vénitien mi-turc.

Methoni-section-sud-de-la-ville-fortifiee
Methoni : section sud de la ville fortifiée entourée de remparts donnant sur la mer

Je ferai tout le grand tour de cette vaste esplanade allongée. Il ne reste plus aucune construction debout, hormis une petite église orthodoxe sans aucun intérêt esthétique, et la forme massive de ce qui a dû être un hammam, abandonné et clos. Le sol envahi par une herbe drue est bosselé de tas de pierre à peine visibles, qui doivent marquer la localisation des bâtiments (maisons, ateliers, entrepôts, etc.) maintenant totalement anéantis (apparemment l’œuvre de la dernière expédition française dans les années 1845, pour faire disparaitre des lieux malsains sources d'épidémies…).

Ruines de la ville vénitienne dans les murs
Ruines de la ville vénitienne dans les murs

Porte du
            Port
Porte du Port

Le-port-au-pied des remparts de Methoni
Le port au pied des remparts de Methoni

Le Bourtzi depuis la Porte de la Mer
Le Bourtzi depuis la Porte de la Mer
Toute entourée de remparts dont émerge le chemin de ronde bordé de merlons et d'embrasure, la péninsule se termine au sud-est par une tour polygonale de trois étages détachée de l'ouvrage et posée sur un îlot, une sorte de petit donjon de dernier recours, de forme caractéristique, le Bourtzi mi-vénitien mi-turc. On y accède en passant la Porte de la Mer, puis par une courte digue coupée d'un pont de bois autrefois amovible.

Je marcherai beaucoup (7 827 pas dans la journée) pour aller de tour en tour, certaines assez intéressantes au plan architectural, et d'ailleurs restaurées, jusqu'à la porte du Sud ou Porte de la Mer, qui donne accès au Bourtzi.

< Methoni Porte de la Mer et rempart depuis le bourtzi
Methoni : Porte de la Mer et rempart de la ville depuis le bourtzi

Je me rends jusque dans la tour et monte au 1er étage sur voûte, les autres en bois étant effondrés.

Le bourtzi de Methoni depuis la Porte de la Mer
Le bourtzi de Methoni depuis la Porte de la Mer
le bourtzi à contre-jour.
Le bourtzi à contre-jour côté terre.


LE BOURTZI DE METHONI

Le petit fort de mer octogonal est construit sur un îlot au sud du château, connu par Pausanias sous le nom de "rocher de Mothon". Le bourtzi (= fort, mur; en arab.turc : burdz, en grec méditerranéen : pourtzios) a servi de siège aux gardes qui surveillent le port, de phare, de prison, voire d'ultime abri pour les habitants en temps de siège.

Il se compose de la tour principale et des murs d'enceinte. Des embrasures à canons entourent la chambre du premier étage de la tour. On distingue sur les murs intérieurs des trous de poutre qui devaient supporter au moins quatre étages en bois, aujourd'hui disparus. La construction du fort (
castello da mare) a été entamée peu avant 1 500 par les Vénitiens, en même temps qu'une construction similaire à Nauplie, et a été achevée par les Ottomans au cours du XVIe siècle. Enfin, sous la seconde domination vénitienne (1685-1715), le mur d'enceinte est complété par des créneaux.


Intérieur du bourtzi de Methoni
Intérieur du bourtzi de Methoni
Methoni tour du Bourtzi sur sa plateforme
Methoni : la tour du Bourtzi sur sa plateforme
Methoni couronnement du bourtzi
Methoni : couronnement du bourtzi

Porte de la Mer et remparts depuis le bourtzi
Porte de la Mer et remparts ouest depuis le bourtzi

Réparations de la muraille côté ouest
Réparations de la muraille côté ouest
Retour vers la citadelle en longeant le mur côté ouest, fortement endommagé par les flots qui ont creusé des «cratères». On les a bouchés récemment, sans avoir - encore ? - rebâti la muraille à sa hauteur primitive.

Remparts de la forteressse venitienne coté ouest
Remparts de la forteresse vénitienne de Methoni, côté ouest, depuis la tour d'angle de la citadelle.
Au centre la chapelle orthodoxe, au fond la coupole du bourtzi et en arrière plan l'Île de Sapientza


Du côté nord, un rempart intérieur ponctué de 5 portes et tours elles aussi en bien mauvais état, coupait la forteresse en deux. À l'intérieur de cet autre vaste enclos constituant la citadelle, même paysage désolé puisqu'il ne reste pas un bâtiment debout.
Piazza-d'armi
La muraille séparant la ville et la citadelle, côté ville (piazza d'armi)

Panoramique de l'interieur de la citadelle de Methoni
Panoramique de l'intérieur de la citadelle de Methoni

Je longe un petit peu le rempart côté mer, mais le chemin de ronde est en trop mauvais état, et de peu d'intérêt, aussi je renoncerai à me rendre jusqu'en haut de l'acropole qui limite la forteresse au nord, apparemment sans rien de distinctif. Il ne reste plus qu'à faire demi-tour pour regagner la porte et repasser le pont de pierre, un peu déçu de cette longue visite. Elle aurait pu être plus intéressante si l'on avait davantage illustré et renseigné la longue période historique du site, le contexte historico-politique, le rôle des Vénitiens et leur compétition avec les Ottomans en Méditerranée, etc.

De retour à l'Exsis où je constate encore le peu de recharge obtenue de mes 3 panneaux solaires pourtant convenablement orientés, je décide de rouler un peu en gagnant Koroni, une autre forteresse vénitienne, maintenant petit port de pêche et  station estivale sur le rivage sud du Péloponnèse. Déjeuner léger, avant une trentaine de kilomètres jusqu'à descendre au niveau de l'eau au bord du bassin. Je m'installe sur le quai au bout de la rue principale parallèle au rivage. Methoni bivouac sur le quai en soirée
Bivouac sur le quai de Methoni en fin d'après-midi

Il n'est que 16:00, la lumière est encore vive, je profite de mon loisir pour vérifier l'état des connections des panneaux en utilisant le mur du môle (contre lequel je colle l'Exsis) comme escabeau pour accéder aux câbles sur le toit : tout est normal. Je resserre par acquis de conscience les connecteurs pourtant corrects. Ensuite c'est aux bornes du contrôleur que je prends la tension : là aussi tout est normal, à peine une chute de moins d'1/10e de Volt… Je passe ensuite aux connections sur la batterie en resserrant tous les boulons. Là aussi les mesures sont OK ! Mystère donc. Après avoir réinitialisé les Coulombmètres la tension apparait elle aussi tourner autour de 13,1, 13,2 volts, ce qui est peu, et l'Ampérage entrant dans la batterie atteint un maximum de 6 A. Vraiment pas performant, mon système, vu la puissance nominale installée (340 W, soit 26 Ah théoriques) ! Sont-ce les panneaux qui ont perdu leur puissance, sont-ils trop sales, ou bien est-ce moi qui ai des attentes trop élevées et irréalistes compte tenu de la saison, de la durée du jour, de l'angle bas du soleil, etc. ?

Il fait bientôt trop sombre pour poursuivre mes vérifications. Je remets tout en ordre et pars faire un petit tour sur les quais, puis dans les rues du village, somme toute sympathique et assez couleur locale, malgré le forcing touristique (moins dérangeant hors saison). Les restaurants se préparent pour la veillée de la St Sylvestre, et le bourg commencera à s'animer à la tombée de la nuit.

Port de
            Koroni en soirée
Barques de pêche dans le port de Koroni en début de soirée

Dans le port de Krpni en soirée
Dans le port de Koroni en soirée

Koroni en
            soirée
L'éventail des maisons du village autour du petit port

Koroni-en-soiree
Crépuscule sur Koroni
Sur la petite place à l'entrée du village
Sur la petite place à l'entrée du village

Je me retire dans ma cabane pour me préparer un souper consistant, avec devant moi le château-fort vénitien (un autre !) illuminé sur la falaise. Ensuite je traite les photos de la journée, puis un peu fatigué de ma longue marche de ce matin, me couche vers 22:00, environné par le trafic des pétrolettes des fêtards venus faire « le tour du bloc ». Je commence à sommeiller lorsque Monique me réveille par un appel un peu décalé (elle aura inversé le décalage horaire… : -7 au lieu de +7) pour me souhaiter la Nouvelle Année. Je me rendors à peine que ce sont les explosions des pétards et feux d'artifice qui me tiendront éveillé un moment. Mais c'est surtout les boum boum de la discothèque où les fêtards poursuivront leur veillée jusque vers 4:00 qui m'empêcheront de me rendormir. Vive les plages solitaires !

Exsis au bivouac devant le kastro vénitien illuminé
Exsis au bivouac devant le kastro vénitien illuminé


56 981 Dimanche 1er janvier 2023 : KORONI (0 km) (434 pas)

Journée de repos sur le quai du port de Koroni
Journée de repos sur le quai du port de Koroni
Finalement j'aurai réussi à dormir tout mon saoul en me réveillant à 9:00, toujours sous le grand soleil. La température ne tarde pas à monter dans ma chambre, si bien que je peux me doucher en tout confort sans avoir besoin de lancer le chauffage.

Déjeuner, puis suite de mes investigations électriques qui n'aboutiront à rien de plus, sinon à constater la défection du voltmètre avant qui affiche obstinément 0,00 V… bien que le courant arrive normalement sur ses cosses. Une autre pièce (cheap) à remplacer…

Je passe ensuite au classement, épuration et rangement de l'abondante documentation des appareils du bord conservée au-cas-où, et finalement inutiles. Leurs garanties sont toutes échues depuis longtemps, et leur mode d'emploi connu ou évident… Cela laisse un peu plus d'espace dans les casiers abaissant si pratiques que j'entreprends de nettoyer, recoller, bref rafraîchir pour les conserver en bon état (fragile, ce plastique…).

Je continue avec les parements de la porte latérale, fort encrassés, purge le siphon du lavabo aux ¾ bouché par des cheveux, passe à celui de la douche à peu près dans le même état. Autour de moi les gens désoeuvrés vont et viennent, la plupart en famille avec enfants ou en sortant leurs vieux. J'ai renoncé à bouger puisque l'espace ici est suffisant pour moi, personne ne m'importune ni ne semble dérangé par ma présence, et de toute façon tout ce qui aurait pu susciter une visite de ma part dans la région est fermé en ce jour férié.

Arrivant au bout de mon ménage, et le jour étant encore assez loin de son terme, je songe alors à dégager le placard entre le frigo et la penderie du gros rouleau de câbles qui alimentait l'ancien frigo tri-mixte alternativement sur le 12 V et sur le 220 V. Tâche facile, mais qui exige de vider complètement la moitié de la colonne et la penderie pour accéder aux conduits et procéder aux déconnections. Une demi-heure plus tard c'est terminé, et je peux tout remettre en place avec la satisfaction d'avoir réglé une autre affaire pendante depuis… 5 ans !

La nuit ne tardera pas à tomber, aussi je vérifie les places disponibles autour de moi me permettant de placer l'Exsis face à l'est pour favoriser - en autant que possible - la recharge précoce de ma batterie qui ne laisse pas de me préoccuper.

Je me retrouverai finalement à peu près au même endroit qu'hier soir, avec aussi le fort vénitien illuminé dans le pare-brise. Souper chaud apprécié après cette journée d'activité sans vraiment marcher. Je termine la rédaction du carnet de bord en vérifiant la date et le lieu d'achat des panneaux solaires, au cas où je devrais réclamer leur changement sous garantie (Boutelet, à Caen). Coucher vers 21:00, dans un environnement nettement plus tranquille qu'hier soir…
Exsis devant Kastro Koroni en soiree
Exsis devant Kastro Koroni en soirée


56 981  Lundi 2 janvier 2023 : de KORONI à MESSENE (63 km) (4 837 pas)

Aube devant le kastro de Koroni
Aurore sur le port de Koroni, au pied du kastro
J'ai lu plus d'une heure quelques nouvelles d'Asimov, puis le sommeil est venu et je ne me suis réveillé qu'à l'aurore illuminant la mer derrière la silhouette du kastro. Quelques photos, puis douche et déjeuner. Mon Coulombmètre continuant de me faire grise-mine malgré la peine exposition du toit vers l'est, je décide alors de procéder à un lavage minimum des panneaux solaires puisque ce n'est pas la pluie - inexistante ici - qui pourra enlever toute la crasse et le sel accumulé depuis mon départ (4 300 km).

Je retourne donc me stationner tout contre le mur bordant le môle à deux pas, sors la brosse de lavage de la soute et l'emmanche sur son support télescopique. Puis je remplis une cuvette d'eau propre et, grimpé sur le mur, frotte consciencieusement les trois panneaux placés à l'avant du toit. Un jus noirâtre s'écoule sur le pare-brise et le capot. Je répète l'opération puis range mon matériel avant de passer un peu plus loin sur le quai devant le banc de nettoyage du poisson où j'ai repéré un robinet d'eau propre fonctionnel. Ma citerne est vite remise à niveau, me voilà paré pour poursuivre ma route.

Je ne veux pas quitter Koroni sans aller voir de plus près le kastro que je contemple de loin depuis 2 jours. Me fiant aux indications données par Google Maps, je me hasarde dans quelques rues étroites qui me font escalader la falaise entre les petites maisons anciennes, passe la grande porte monumentale et m'enfonce dans les champs d'oliviers qui occupent maintenant la vaste aire cernée par les remparts. J'ai la chance de ne rencontrer personne sur ce sens unique qui me mène jusqu'au cimetière et au petit monastère St-Jean-Baptiste, seuls bâtiments encore debout dans ce qui fut une ville fortifiée populeuse. Montée au katro de Koroni
Montée au katro de Koroni
Dans le kastro de Koroni, terrasse du bastion IV
Dans le kastro de Koroni, terrasse du bastion IV
L'Exsis casé devant l'entrée de l'église, je peux alors me lancer dans une bonne promenade qui m'amènera sur l'autre versant du promontoire, jusqu'à la muraille que je suivrai sur plusieurs centaines de mètres pour découvrir des bastions en partie restaurés et un chemin de ronde offrant de larges vues sur la mer à l'est et au sud.

Koroni dans le kastro au pied de la Porte B
Dans le kastro de Koroni, au pied de la Porte B

Je rejoins ainsi la Porte B donnant sur une voie pavée noyée dans les oliviers me ramenant à l'église du cimetière et à l'Exsis. Apercevant une église ancienne au milieu d'un jardin fleuri luxuriant je m'approche pour découvrir l'enclos monastique. Le katoliko (petite église du monastère datant de 1918) ne présente rien de particulier, mais l'ancien temple byzantin de Sainte Sophie (XIe) m'apparait beaucoup plus pittoresque.

Entrée du Monastere St-Jean-Baptiste dans le
                  kastro de Koroni
Entrée du Monastère St-Jean-Baptiste dans le kastro
Les vieux murs patinés de Sainte Sophie (XIe)
Les vieux murs patinés de Sainte Sophie (XIe) dans le kastro de Koroni
Comme hier à Methoni, je suis étonné par les  grandes dimensions que les Vénitiens avaient donné à leurs enceintes fortifiées, au coût et à la main d’œuvre nécessaires pour mener à bien de telles entreprises. Ou bien les ouvriers étaient quasiment des esclaves, ou bien le commerce international contrôlé par la République vénitienne rapportait des sommes astronomiques… ou bien la lutte contre les Ottomans était tellement importante que tout le reste passait au second plan… Monastere St-Jean-Baptiste entouré de fleurs dans
                  le kastro de Koroni
Monastère St-Jean-Baptiste entouré de fleurs dans le kastro de Koroni

Après ce dernier hommage au site de Koroni, je prends le volant pour de bon en direction de Kalamata et plus précisément du Lidl où je compte reprendre du pain et quelques produits frais. Je roulerai peinard pendant l'heure qui suit, profitant au maximum de la grande lumière, des points de vue fréquents sur le rivage où progressivement la côte et les montagnes bleutées de la côte du Magne (Kardamyli) apparaissent à l'horizon est. Le
soleil brille, le ciel est bleu, la température douce, la vie est belle !

Arrêtant vers 12:30 pour casser la croute sur une promenade tranquille au bord de l'eau, un incident vient «casser mon fun » : après avoir réchauffé mon frichti j'oublie d'éteindre le feu du réchaud laissé au minimum et rabats le couvercle en verre… Quelques minutes plus tard, explosion sèche, projection des particules du verre trempé tout autour de la cuisinette, et long nettoyage subséquent de tout ce gâchis… C'est la deuxième fois que cela m'arrive, il faudra bien que je trouve une solution durable à ce problème !

Je repars dès le ménage complété pour aller m'arrêter bientôt sur le parking du Lidl à l'entrée de Messini. Sortant ma liste de courses j'approche de la porte, mais elle est close : aucune indication ni sur le site web ni sur la porte… incompréhensible ! Ma consultation du Net m'aura au moins appris la présence d'une autre attraction dans les environs : les ruines de l'antique Messène joliment mises en valeur, d'après les photos. Et cela ne se trouve qu'à une vingtaine de kilomètres à l'intérieur des terres. Je m'y dirigerai donc maintenant pour visiter demain matin (il est déjà 14:00 et les sites archéologiques ferment à 15:30), puis repasserai au Lidl en revenant vers la côte.

Ancienne Messène: le site depuis le village
Ancienne Messène: en arrivant, le site depuis le village
Route tranquille assez sinueuse et sans guère de trafic qui s'élève progressivement dans la montagne, traversant quelques hameaux et beaucoup d'olivaies. Enfin, blotti dans une vallée au pied d'Arkaia Messini, apparaissent de longues rangées de colonnes et les traces d'autres constructions dont le plan laisse deviner l'importance de la cité antique. Je fais quelques photos, impressionnantes par la clarté du dessin et le contraste entre les vénérables pierres et les plantations d'oliviers non moins régulières alentour.

Le site d el'Ancienne Messène depuis le Musée.
Le site de l'Ancienne Messène depuis le Musée

Puis je suis les panneaux indiquant « Site archéologique » pour m'arrêter devant le petit musée que j'ai la chance de trouver encore ouvert. La gardien aimable m'en laisse faire le tour et photographier jusqu'à ce que, la fermeture passée (15:40) je lui donne rendez-vous demain pour la visite du site lui-même.

Dans ses quelques salles, un beau choix de statues dont celles qui ornaient le temple d'Asclepios particulièrement honoré par les citoyens de Messène.

L'Asclepieion était le quartier le plus important de Messène, le centre de la vie publique de la ville. Pausanias, le voyageur antique (IIe s. après J.-C.), présente l'Asclépiéion comme une galerie d'art, principalement de sculptures, et non comme un lieu commun de guérison et de culte.

Le complexe se compose d'une cour intérieure ouverte (71,91 m. x 66,67 m) flanquée de quatre colonnades et entourée d'une série d'édifices publics et religieux. La partie centrale de la cour est occupée par un imposant temple dorique et son grand autel. Il semble qu'en dehors d'Asclépios, le temple ait également été dédié à l'héroïne nationale Messène, fille de Triopas, qui a donné son nom à la ville. L'entrée principale du complexe se faisait par un impressionnant Propylon (passerelle) du côté est.

La construction du complexe Asclepieion, immédiatement après 215/214 av. J.-C., faisait partie d'un projet de construction ambitieux visant à promouvoir le peuple messénien en tant que nation distincte dans le Péloponnèse. A cette époque, Messène a dû commencer à fonctionner comme le véritable centre administratif et politique de la Messénie indépendante. À de très rares exceptions près, toutes les sculptures de l'Asclépiéion étaient l'œuvre de Damophon.


Mauqette de L'Ascleipeion, le monument le plus
                  emblèmatique de Messène
Maquette de l'Ascleipeion, le monument le plus emblématique de Messène

Musee de Messène : Artemis la Chassseresse
Musée de Messène : Artémis la Chasseresse
Musee de Messène : Artemis la Chassseresse
Musée de Messène : Artémis la Chasseresse

Tête d'hermes dans le Musée de l'Ancoenne
                  Messène
Tête d’Hermès dans le Musée de l'Ancienne Messène

Hermès, le dieu qui guide les âmes des morts vers les Enfers, est représenté marchant vers la droite, son vêtement jeté sur l'épaule gauche et tenant dans sa main droite le caducée manquant.
Hermes
Hermès (copie du 1er s. ap. J.-C.)

La torsion et le vif mouvement vers l'avant n'ont pas causé de problèmes statiques à l'original en bronze du IVe siècle avant J.-C. Le copiste, qui a travaillé le marbre au Ier siècle après J.-C., a été contraint d'ajouter un support sous la forme d'un tronc d'arbre attaché à sa cuisse droite.


La grande salle d el'Artemision
La grande salle du musée consacrée à l'Artemision


L'ARTEMISION

La salle la plus importante de l'aile ouest de l'Asclepieion était la salle du culte dédiée à Artemis Orthia et Phosphoros (porteur de flambeau). Elle est de forme rectangulaire, mesure 10,30 x 5,80m. et divisée en trois nefs par deux colonnades de deux colonnes chacune.

L'allée centrale, plus grande, a une entrée tripartite sur son côté long oriental et comprend la base de la statue de culte colossale de la déesse, réalisée par le sculpteur Damophon.

Devant la statue se trouvait une table sur laquelle étaient déposées des offrandes à la déesse. Onze socles de statues de prêtresses et de jeunes filles étaient disposés en cercle autour de la table. Les statues des prêtresses étaient consacrées par un conseil d'hommes âgés chargés du culte. Les parents ont dédié des statues à leurs filles, qui avaient participé à des rites de passage à la puberté et au rang des femmes.


Ancienne Messene Musee fille de l'Artemision avec
                  pendentif et noeud.
Musée de l'Ancienne Messène : l'une des jeunes filles de l'Artemision qui entouraient la statue de culte de la déesse
fille de l'Artemision avec pendentif et noeud
                  details
Détail d'une jeune fille de l'Artemision portant un long chiton haut retroussé avec pendentif et nœud

Pretresse de l'Artemision
Statue en marbre d'une prêtresse de l'Artemision dans "le type d'une femme en prière".
Prêtresse
Détail du costume de la prêtresse de l'Artémision

Copie romaine du IIIe siècle ap. J.-C. d'après un original grec du Ve siècle av. J.C. Dans le type de la déesse Némésis de Rhamnous en Attique.

Musee de l'Ancienne Messène : Colonne et chapiteau
            ioniqueionique
Musée de l'Ancienne Messène : une des colonnes et des chapiteaux ioniques
séparant les trois chambres de l'Artémision


Le musée ferme, il est temps de trouver un point de chute pour la nuit. Je n'irai pas bien loin pour dénicher un bivouac, descendant simplement dans le vallon pour m'installer devant la billetterie à l'entrée du site maintenant déserté.

J'y passerai une fin de journée paisible et solitaire, achevant de nettoyer les fenêtres de l'Exsis fort encrassées, faisant un petit tour dans le cimetière voisin et sa chapelle orthodoxe décorée de fresques traditionnelles (2017). L'âge respectable inscrit sur les tombes (rarement au-dessous de 80, la plupart au-dessus de 90, et plusieurs au dessus de 100 ans !) me frappe, comme quoi le mode de vie - et sans doute la constitutions des autochtones - mérite bien sa réputation d'hygiénique.
Ancienne Messene bivouac en soiree
Mon bivouac en soirée devant l'Ancienne Messène

Ancienne Messene panoramique du site depuis le
            cimetiere au-ddessus de mon bivouac
Ancienne Messène : panoramique sur le site depuis le cimetière au-dessus de mon bivouac

Après avoir profité des derniers rayons du soleil diffusant sur le site à mes pieds, je me réfugie dans l'habitacle pour souper, traiter les photos du jour et enfin me coucher avant 22:00 sous la couette bienvenue : nous sommes dans l'hinterland et en altitude, il souffle un petit vent frisquet et la température annoncée doit descendre à 3°.


57 044 Mardi 3 janvier 2023 : de MESSÈNE à ACROGIALI  (47 km) (9 089 pas)

À l'entrée du site archéologique
À l'entrée du site archéologique
Il fait effectivement frais dans l'Exsis à mon réveil vers 8:30 (12°) et je devrai lancer le chauffage pour atteindre les 18° agréables pour prendre ma douche ! Ensuite le soleil jusqu'ici caché derrière la montagne portant le village apparait et la température, comme les ampères dans la batterie, ne tarderont pas à abonder (8,7 A à 9:25). Il semble que la petite toilette des panneaux hier matin ait produit un effet non négligeable.

J'achève la mise à jour du carnet de route puis, vers 10:00, à l'ouverture de la billetterie, me lance dans la visite.

Elle sera longue, car le champ de ruine assez intensivement restauré pour cette fois, est vaste, et j'entends bien prendre le temps de saisir le maximum d'informations mises à disposition sur les multiples panneaux qui documentent et illustrent chacun des monuments mis en valeur.
Ancienne Messène : plan du site et des monuments
Ancienne Messène : plan du site et des monuments
LE SITE ARCHÉOLOGIQUE

L'ancienne Messène a été fondée par le général thébain Epameinondas en 369 avant J.-C., qui a mis fin à l'occupation spartiate de longue durée en Messénie. La ville s'est développée au pied du mont Ithomi, une forteresse naturelle avec les sanctuaires de Zeus Ithomatas au sommet et d'Artémis Limnatis et Eileithyia sur le versant sud. Construite selon le système d'urbanisme hippodamien, elle était protégée par de puissantes fortifications d'une longueur totale de 9,5 km. La ville était un centre politique, religieux et artistique prospère à l'époque hellénistique et au début de l'ère impériale (IIIe siècle avant J.-C. - Ier siècle après J.-C.).

Le centre de la vie publique était le complexe de l'Asclepieion et l'Agora voisine. Parmi les divers édifices profanes, on peut citer le théâtre, le stade-gymnase, la fontaine d'Arsinoé, ainsi que des complexes de bains et des villas urbaines romaines. Les édifices sacrés et les sanctuaires étaient dédiés au culte d'Artémis, de Messana, de Déméter et des Dioscures, de Zeus Soter, de Poséidon, d'Aphrodite, de Cybèle, de Sérapis et d'Isis, mais aussi au culte des héros et des colons, tels qu'Aristomène et Epameinondas, ainsi qu'au culte des vénérables empereurs romains. Des monuments funéraires impressionnants ont été érigés en l'honneur des bienfaiteurs de la ville, mais aussi des hommes qui ont été honorés en tant que héros après leur mort. L'Asclépiéion et d'autres bâtiments abritaient des œuvres d'art remarquables, telles que les réalisations du sculpteur messénien Damophon. De nombreux piédestaux inscrits, utilisés pour les offrandes votives, témoignent de la vie sociale, politique et religieuse de Messène. La ville a connu un déclin à partir du IIIe siècle après J.-C. et a été abandonnée en l'an 360/370. La région a été réhabitée au début de l'époque byzantine (du 5e au 7e siècle après J.-C.) jusqu'en 1 500 après J.-C.

Messène et ses monuments sont connus grâce à l'œuvre du voyageur Pausanias (IIe siècle après J.-C.) et aux témoignages de voyageurs européens (XIXe siècle). La Société archéologique d'Athènes a commencé les travaux de fouilles sur le site en 1895 avec Themistocles Sophoulis. Ils ont été poursuivis par Georgios Oikonomos (1909 et 1925), puis par Anastasios Orlandos (1957-1974) et par Petros Themelis (à partir de 1987). Parallèlement, un vaste projet de restauration a été mis en œuvre par P. Themelis et par les services du ministère hellénique de la Culture et des Sports, dont une partie a été cofinancée par des programmes européens (3% CCA, CRSN 2007-2013).



Ancienne Messène : le Théâtre et l'Agora
Ancienne Messène : le Théâtre et la stoa (galerie couverte) nord de l'Agora à gauche

Contournant le théâtre, je commence par l'agora, une vaste place de rencontre allongée où l'on faisait son marché et surtout on se rencontrait, démocratie oblige… Elle est surtout remarquable par la stoa, longue galerie pavée et couverte à double rangée de colonnes qui lui donnaient grande allure. Beaucoup ont été remontées, à défaut d'être entières et de supporter chapiteaux et surtout toit.


Ancienne Messene stoa nord de l'Agora au fond le
                  village
Ancienne Messène : la stoa nord de l'Agora; au fond le village
LA STOA NORD DE L'AGORA)

Elle fait 197 mètres de long et 19,80 m de large, et avait deux étages. Elle est divisée en trois nefs par deux colonnades corinthiennes dont chacune comporte 40 colonnes. La colonnade en façade est dorique et posée sur un crepis tripartite. Des socles gravés en pierre placés dans l'intercolonne de la colonnade intérieure portaient à l'origine des statues en bronze d'athlètes messéniens, vainqueurs de concours panhelléniques à l'époque hellénistique. Au début de la période romaine, les statues des athlètes ont été remplacées par des statues en bronze d'empereurs, principalement de la famille Flavienne (69-96 après J.-C.)

La stoa nord n'avait pas de fonction commerciale mais elle était plutôt utilisée pour les divertissements et les promenades comme l'indique l'absence de commerces et la présence de sept niches encastrées dans le mur arrière. Elles abritaient des statues en marbre de hauts fonctionnaires et de bienfaiteurs de la capitale messénienne.


Quelques détails intéressants : les petits bains (romains) très complets en avant de l'esplanade, et la grande fontaine monumentale d'Arsinoe dont la reconstitution (sur tableau) donne une idée de la beauté de l'ensemble. A chaque extrémité de la longue colonnade, des alcôves à fonction de sanctuaire, mais aussi administrative. Ancienne Messene vasque devant la Fontaine
                  d'Arsinoe
Ancienne Messène : vasque devant la Fontaine d'Arsinoë

Ancienne-Messene-Agora-mesures-etalons
Ancienne Messène : mesures étalons sur l'Agora
Curiosité : 2 tables creusées de «récipients» donnant les mesures standards dont devaient user les marchands dans leur transactions… (J'en ai vu du même genre dans des halles au marché médiévales en France, mises en place 15 siècles plus tard...). Ces étalons servaient à tester la capacité des récipients utilisés par les marchands qui vendaient des fruits secs et des céréales.

Puis, suivant le chemin qui serpente entre d'autres restes informes de bâtiments, j'arrive à l'Asclepeion, le clou du site. Un enclos carré entoure le temple consacré à Asclepios, fondateur légendaire de Messene. Sur les côtés de la cour encadrée de colonnades, se trouvaient aussi deux bâtiments cœur de la vie politique de la cité : un petit hémicycle parfaitement restauré qui accueillait les grandes réunions publiques, puis une basilique (bouleuterion) vaste salle de réunions où se tenaient les assemblées des élus et des administrateurs de la cité.


LE SANCTUAIRE D'ASCLEPIOS

Le sanctuaire d'Asclépios était l'un des plus importants de Messène, fonctionnant comme centre religieux et politique de la ville. Plus de 140 socles pour des statues honorifiques en bronze de citoyens éminents ainsi que cinq exèdres sont placés autour du temple, de l'autel et le long des stoas. L'immense cour presque rectangulaire est entourée de quatre stoas doubles. Les stoas nord et sud comportaient 23 colonnes corinthiennes, tandis que les stoas est et ouest comportaient 21 colonnes sur le devant. Des chapiteaux figuratifs soutiennent l'entablement composé d'un épistyle ionique et d'une frise décorée de crânes de taureaux, de guirlandes et de rosaces en relief.
La colonnade intérieure des stoas nord et sud comporte 14 colonnes, tandis que celles de l'est et de l'ouest, légèrement plus courtes, n'en comportent que 13. Autour des stoas se trouvent des salles et des bâtiments à caractère public et religieux.

Ancienne Messene : l'Asclepeion
Ancienne Messène : devant l'entrée de l'Asclepieion

Vue aérienne de l'Asklepeion
Vue aérienne de l'Asklepieion

plan-de-l'Asklepeion
LE SANCTUAIRE D'ASCLEPIOS
1. Le propylon
2. Ekkleseiasterion

3. Bouleuterion (salle de réunion)

4. Salle des archives

5. Temple et autel d'Asclépios

6. Sébasteion

7. Oikoi (salles de culte)

8. Sanctuaire d'Ortheia

8a Sanctuaire d'Artémis
9. Sanctuaire de Déméter

10. Monument funéraire

11. Bains

12. Monument funéraire

Le complexe de l'Asklepieion était le lieu le plus important de la vie publique et religieuse de l'ancienne Messène. Sa construction sur les ruines d'un sanctuaire antérieur a dû être achevée à la fin du IIIe siècle av. J.-C. dans le cadre d'un ambitieux projet de construction visant à promouvoir l'identité nationale des Messéniens. Le temple dorique périptère d'Asklepios et son autel (5) dominent le centre de l'atrium qui était encadré par quatre stoas doubles.

Le Propylon, (1) les archives du secrétaire du Synedroi (4), le Bouleuterion (3) et l'Ekklesiasterion / Odeion (2) se trouvent dans l'aile est. Le long de l'aile ouest, une rangée de salles (Oikoi) (7) contenait des statues de dieux et de héros. L'oikos le plus important abritait le sanctuaire d'Artémis Orthia Phosphoros, (entre 7 et 8) honorée par les femmes messéniennes en tant que patronne des enfants (kourotrophos). Dans l'aile nord, le monumental Sebasteion ou Caesareum (6) était consacré aux cultes de la déesse Rome et des empereurs à l'époque romaine.

Les anciens sanctuaires de Déméter (9), des Dioskouroi et d'Artémis Orthia se trouvent au nord-ouest de l'Asklepieion. Le complexe sacré était décoré d'œuvres élaborées du sculpteur Damophon, auquel appartient probablement l'Héron funéraire A, à côté du complexe de bains publics hellénistiques (11), au sud de l'Asklepieion. Près de l'Héron A se dresse une colonne dorique sur laquelle sont inscrits les décrets adoptés par sept cités en l'honneur du sculpteur messénien Damophon.

L'Hiérothysion, au sud des thermes, qui abritait les statues des douze dieux de l'Olympe, une statue en bronze d'Epaminondas et des trépieds, a probablement accueilli des banquets rituels au moins au cours du Ier siècle avant notre ère. Dans la rue est, à l'extérieur de l'Asklepieion, se dresse un enclos funéraire hellénistique (10) en l'honneur de douze personnes décédées distinguées, sept hommes et cinq femmes. Plus loin, au sud-est, se trouve une grande villa romaine tardive de deux pièces dont les sols sont décorés de marbre et de mosaïques.


Propylon de l'Asclepieion
Propylon de l'Asclepieion

Depuis le Propylon le temple central de l 'Asclepeion
Depuis le Propylon, le temple central de l'Asclepieion, à droite le Sebasteion et la colonnade limitant l'enclos au nord

Dans le périmètre de l'Asklepeion, l'Ecclesiasterion
Dans le périmètre de l'Asklepieion, l'Ekklesiasterion depuis le Propylon

Ecclesiasterion
Autre vue de l'Ekklesiasterion depuis le nord

L'Artemision de l'ANcienne Messène
L'Artemision de l'Ancienne Messène
Dans l'angle nord-ouest de l'enclos, prend place l'Artemision ou petit temple consacré à Artemis la Chasseresse, où l'on a retrouvé quantité de statues de jeunes femmes vues au Musée hier.

L'ARTEMISION

Cette salle rectangulaire (10,30 x 5,80), divisée en trois allées par deux colonnades, se trouve dans l'aile ouest de l'Asklepieion. Elle abritait le sanctuaire d'Artémis Phosphoros et Orthia.

La statue colossale en marbre de la déesse, œuvre du célèbre sculpteur messénien Damophon, se trouvait sur un haut socle (n° 1) au fond de l’aile centrale.

Une table d'offrande en pierre (n°17) et un coffret à trésor pour les pièces de monnaie (n°16) se trouvaient devant la statue.

Les onze socles (n° 2 - 13) de l'allée centrale et les deux du nord (n° 14 - 15) portaient les statues de jeunes femmes initiées et de prêtresses.

L'autel du temple se trouve en plein air devant la stoa.

Plan de l'Artemiosn
Colonne votive dans l'Artemision
Base portant une inscription votive supportant la statue
d'une jeune fille nommée Mego dans l'Artemision


Dans l'Asklepieion vers le nord Sebasteion et
                  Colonne dorique de Damophon
Dans l'Asklepieion en regardant vers le nord, à gauche la Colonne dorique de Damophon et au fond le Sebasteion
La Colonne dorique de Damophon

Haute de 3,27 m de haut, avec 20 cannelures, elle porte les décrets de sept villes (Lycosoura, Kythnos, Melos, Leukas, Krane de Cephallinia, Oiantheia et Gereneia) qui honorent le grand sculpteur messénien Damophon pour la construction et la réparation de statues de culte dans leurs sanctuaires - louant sa piété et sa générosité. Une statue en bronze de l'artiste se trouvait sur le chapiteau disparu.

Colonne dorique de Damophon dans l'Asclepeion
Colonne dorique de Damophon dans l'Asclepeion

L'HIÉROTHYSION

Le Hiérothysion, situé au sud du sanctuaire d'Asclépios, où le voyageur Pausanias l'avait vu et décrit, est un grand complexe de bâtiments à multiples facettes, à caractère politique et religieux, établi au IIIe siècle avant J.-C. et utilisé jusqu'à la fin de l'Antiquité. Les Hierothytae, deux fonctionnaires chargés d'offrir l'hospitalité en l'honneur de citoyens distingués d'autres villes, d'organiser les rituels, les sacrifices et les repas sacrés pour les dieux et de distribuer de la viande aux pèlerins, en collaboration avec l'Agonothetes (organisateur du concours) et le  Porteur de coupes, étaient liés au Hierothysion. Le hiérothysion fonctionnait comme un panthéon, où étaient érigées les statues des douze dieux, des trépieds "antiques" donnés en prix lors des concours en l'honneur de Zeus Ithomatas, et une statue en bronze d'Epameinondas, le héros-fondateur déifié de Messène, "un homme célèbre pour son éducation et sa connaissance de la philosophie".


Hierothysion
Un peu en dessous et à l'écart de l'Asclépieion, le Hierothysion

Deux lignes d'une pièce musicale inscrite sur une stèle de pierre portant des symboles de la musique antique, mise au jour à l'Hiérothysion, ont été transcrites sur une portée européenne et mises en musique. Le rituel de procession de la mélodie pourrait être lié au rituel sacrificiel en l'honneur d'Epameinondas divinisé et à l'élégie suivante de Thèbes :
"C'est par ma volonté que Sparte a été privée de sa gloire,
et la sainte Messénie accepte maintenant ses enfants,
tandis que Mégalopolis est couronnée des armes de Thèbes
et l'Hellas entière, vit maintenant libre et indépendante ".

Hierothysion
La cour à péristyle de l'Hierothysion

Descente vers le Stade entoure du Gymnasium
Descente vers le Stade entouré de la stoa du Gymnasium
Je continue à descendre vers le bas du vallon pour découvrir maintenant le stade immense et lui aussi remarquablement mis en valeur (mieux que celui d'Olympie…), entouré sur trois côtés d'une très longue stoa à double colonnade (formant Gymnase) dont on a reconstitué un angle avec son volume (toiture en tôle et piliers en acier…). Il faut dire que la ville de Messene était riche, au centre d'une territoire agricole vaste et prospère, et que la jeunesse «dorée» s'y adonnait passionnément au sport, signe d'identité et d'appartenance sociale, sans compter son rôle d'entrainement militaire.

Le Gymnasium-autour-du-Stade
Les stoas du Gymnasium autour du Stade

LE STADE ET SON ENVIRONNEMENT

Le stade et le gymnase, qui forment une seule unité architecturale, font partie des plus imposants complexes de Messène. La partie nord du stade, en forme de fer à cheval, comprend 19 kerkides (sections de gradins délimités par les escaliers) avec 18 rangées de sièges en pierre chacune. Les trois stoas doriques entourant le stade abritaient les activités du Gymnase. La stoa ouest, longue de 110 mètres, est reliée à la Palestre par son extrémité sud. Des socles inscrits, érigés parmi les colonnes de la stoa ouest, supportaient les statues de citoyens éminents et de fonctionnaires du Gymnase, tandis que des stèles de pierre avec des listes d'éphèbes selon les tribus se trouvaient tout autour. Une salle de culte dédiée à Héraclès et Hermès (5), protecteurs des jeunes gens, était également située dans la stoa ouest. La statue en marbre d'Héraclès est l'œuvre d'Apollonios, fils d'Hermodoros, et de son fils Démétrios, originaire d'Alexandrie. En face du Propylon monumental (entrée) de la stoa ouest du Gymnase, la statue du héros athénien Thésée a également été mise au jour (6). La partie nord du stade a été transformée en arène pour les combats de gladiateurs et d'animaux à la fin de la période romaine.

Plan-du-Gymnasium-et-du-Stade

angle nord nord-est de la stoa du Gymnasium recouvert
Angle nord-est de la stoa du Gymnasium à nouveau recouvert

Les gradins sont tous fonctionnels et entourent plus de la moitié de la longue piste centrale où s'affrontaient les athlètes. Les-gradins-du-Stade de l'Ancienne-Messene
Les gradins du Stade de l'Ancienne Messène

Tout au bout de la piste. vers le débouché sur la vallée, un petit temple classique est campè sur son podium dominant les oliviers, C'était le mausolée des Sathidia, une grande famille influente et bienfaitrice de Messène.

Ancienne-Messene-Mausolee-de-la-famille-Saithidai
Ancienne Messène : Mausolée de la famille Saithidai depuis le nord-est

LE MAUSOLÉE DE LA FAMILLE  SAITHIDAE

Reconstruction du mausolée de la famille Saithidae.

Le bâtiment en forme de temple dorique à quatre colonnes sur la façade (7,44 m x 11,60 m) soutenu par un haut podium servait de mausolée pour les enterrements de l'élite de la famille Saithidae du Ier au IIIe siècle après J.-C. Les membres éminents de cette famille occupaient des fonctions importantes en tant que grands prêtres et helladarques (gouverneurs) de la province d'Achaïe sous la domination romaine.
Facade du mausolee de la famille Saithidai.
Façade du mausolée de la famille Saithidai

La Palestre depuis le Mausolée
À l'extrémité sud du stade, la Palestre depuis le Mausolée
En remontant je traverse la Palestre où se préparaient et se soignaient les gymnastes de Messène, avec sa salle d'eau et ses plaques commémoratives des héros locaux.

LA PALESTRE

La Palestre était fonctionnellement reliée au Gymnase et servait de salle de lutte pour les éphèbes et les athlètes. Elle se composait d'une cour centrale entourée de stoas doriques et de salles auxiliaires. Elle est contemporaine du complexe architectural du Gymnase du IIIe siècle avant J.-C. et a continué à fonctionner jusqu'à la fin de la période romaine.

Des noms d’éphèbes de la fin du IIe siècle ap. J.-C. sont inscrits sur deux des colonnes de la stoa nord avec de nombreux noms de jeunes Messéniens.

Ancienne Messène : angle de la Palestre
Ancienne Messène : angle de stoas dans la Palestre

Latrines au dessus de l'egout
Près de la Palestre et en bordure du Stade, latrines placées au dessus de l'égout
Salle de bain de la Palestre
Salle de bain de la Palestre

Salle pavée du complexe architectural de la Palestre (IIIe s. av. J.-C. - IVe s. ap. J.-C.) comprenant vingt-deux bassins d'eau utilisés par les jeunes messéniens qui servaient pendant trois ans (de 17 à 20 ans) dans le Gymnase de la ville et s'entraînaient aux lettres, à l'athlétisme et aux armes.

Stele avec inscription des sportifs illustres de
                  la cité
Palestre : stèle avec inscription des sportifs illustres de la cité
Ancienne-Messene-couronnement-de-la-tombe-K3
Ancienne Messène : couronnement de la tombe K3


Puis ce sont quelques tombeaux de grandes familles, dont celui très original coiffé d'un toit tronconique et qui a conservé son caveau compartimenté.
Colonnade entre Gymnasium et Palestre menant au
                  Propylon de la Palestre
Colonnade entre le Gymnasium et la Palestre menant au Propylon de la Palestre

Ancienne Messene Tombe K3
Ancienne Messène : Monument funéraire K3


Il se distingue par sa conception architecturale originale et sa parfaite conservation. Construit à la fin du IIIe siècle avant J.-C. pour huit membres d'une famille aristocratique de Messène, il a continué à être utilisé jusqu'au Ier siècle de notre ère.

Une rampe sur le côté sud mène à la chambre funéraire par une porte en pierre. Les huit tombes situées sous le sol de la chambre contenaient des offrandes précieuses malgré les pillages. Le toit inhabituel du monument est conique et se termine par un chapiteau corinthien supportant un faiteau en bronze.

Ancienne Messàene : intérieur de la Tombe K3
Ancienne Messène : dans la Tombe K3

Ancienne-Messene-portail-du-Gymnase
Ancienne Messène : le portail du Gymnase au second plan

Je passe enfin le portail monumental à 4 colonnes en marbre sous leur fronton, et quitte la grandiose zone du Stade.

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Le stade depuis les plus haut gradins au centre

Je me dirige alors vers le théâtre, près de l'entrée actuelle du site. En cours de route je passerai près de plusieurs autres petits monuments, dont la Maison du Trésor...

LA MAISON DU TRÉSOR

Chambre souterraine construite en blocs de pierre rectangulaires solidement fixés par des chevilles de fer et du plomb. Elle était hermétiquement recouverte de deux rangées superposées de pierres volumineuses ouvragées, à l'exception d'une ouverture rectangulaire au milieu, mesurant 1,20 x 1,20 m, dans laquelle était placé un lourd couvercle de 1,5 tonne.

La chambre est mentionnée dans les sources littéraires comme le "Trésor" dans lequel le célèbre général de la Ligue achéenne Philopoimen de Mégalopolis a été emprisonné en 183/2 avant J.-C. et empoisonné par le général messénien Deinokrates et ses partisans, membres fanatiques du parti anti-achéen.

Ancienne Messène : le Trésor.
Ancienne Messène : le Trésor

Enfin me voici à nouveau devant l'hémicycle parfait du théâtre que j'avais contourné à mon arrivée. Ses gradins inférieurs ont été impeccablement restaurés et je suis une autre fois frappé par la rigueur de l'exercice de géométrie appliquée, et la parfaite fonctionnalité de sa mise en œuvre.

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Ancienne Messène : l'entrée est dans le théâtre
LE THÉÂTRE ET SON QUARTIER

Le théâtre restauré de l'ancienne Messène domine la partie nord-ouest du site archéologique et sa grande taille indique la puissance économique de la ville. Il servait non seulement de lieu de représentation et de spectacle, mais aussi d'espace pour les rassemblements de masse à caractère politique. Un élément particulier de sa conception architecturale est la configuration d'une "skenothèque" (une réserve pour le rideau de théâtre) dans le parodos oriental pendant la période hellénistique. À l'emplacement de la skenothèque, les rainures en pierre des roues de la scène mobile ont été conservées. Cette première scène a été utilisée jusqu'au 1er siècle avant J.-C. Lors des rénovations du théâtre au Ier siècle avant J.-C. et surtout au IIe siècle après J.-C., un simple bâtiment de scène a d'abord été construit, qui est ensuite devenu un bâtiment à plusieurs étages et richement décoré.

Le quartier résidentiel, à l'ouest du théâtre, comprend des bâtiments aux sols en mosaïque colorée (2e - 4e s. ap. J.-C.). Certains d'entre eux portent des inscriptions et sont liés aux rassemblements de la communauté paléochrétienne, tandis qu'à l'est du théâtre se trouve la fontaine d'Arsinoé et, à côté, la Stoa nord de l'Agora.


Ancienne-Messene-siege-d'honneur-dans-le-theatre
Ancienne Messène : sièges d'honneur devant le chœur du théâtre

La
            cascade des gradins déboulant vers le chœur et la scène
La cascade des gradins déboulant vers le chœur et la scène

Le site de l'Ancienne Messène : panoramique depuis le
            haut du théâtre
En quittant le site de l'Ancienne Messène : panoramique depuis le haut du talus du théâtre

De retour à l'Exsis vers 14:00 je me prépare vite un lunch léger (salade de tomate et pâté de canard) puis reprends la route de campagne qui me ramène à Messini directement au Lidl, ouvert cette fois-ci. J'y trouverai d'abord mon pain (j'ai dû ouvrir une boite de pain grillé Pelletier en attendant de me réapprovisionner…) et puis quelques légumes frais et quelques desserts pour me gâter. Le soleil descend mais la journée n'est pas finie, j'ai donc le temps de me rendre jusqu'à Kalamata pour aller faire un tour dans le parc du château d'où la vue sur la baie vaut parait-il le coup d’œil. Mais les ruines font partie du réseau des musées nationaux, donc la porte est close le mardi, et de toute façon il est passé 15:30, heure de fermeture en hiver… Je n'aurai heureusement fait qu'un petit détour - dans les ruelles étroites et sinueuses de la veille ville, il est vrai, mais sans dommage - et je retrouve vite la grande route pour rallier la côte de la péninsule du Magne. Elle n'est pas encore trop spectaculaire, seulement ponctuée de villages balnéaires qui s'espacent progressivement en m'éloignant de la grande ville.

Le grand lanterneau central brisé
L'angle brisé du grand lanterneau central
Je finis par tomber dans un coin qui me semble propice au bivouac vers Akrogiali, mais en me serrant sur le terre-plein le long de la petite route côtière pour laisser passer un gros camion de T.P, j'ai la malchance d'accrocher le grand lanterneau central en acrylique sur une barre métallique cachée dans les fines branches de tamaris…

Bilan : un angle éclaté, plusieurs morceaux restés sur le toit ou tombés sur la chaussée que je tâche de récupérer. J'espère pouvoir les recoller-réassembler, l'accessoire au complet risquant bien entendu de ne plus être disponible, sans compter son coût qui sera sûrement prohibitif ! Un autre beau petit projet de rénovation en vue à mon retour à ma base de Mondeville…
Un peu découragé, je n'irai guère plus loin ce soir et finis par trouver asile au bord de l'eau et au dessus d'une plage de galet - pas d'ensablement à craindre ! - sur une section de route paisible puisqu'elle ne dessert que les maison riveraines presque toute inoccupées en cette saison. Le soleil se couchera bientôt dans un grand flamboiement orangé. Bivouac sur Acrogali Paralia.
Bivouac sur Akrogiali Paralia au soleil couchant

Appel de Monique qui a besoin de ma carte Visa pour prendre son billet d'avion pour Casa le 5 février, arrivée prévue à 18:05. Dans la soirée j'avance le mise au point des photos de la journée et entame la rédaction du carnet de route que je terminerai demain. Coucher passé minuit.


Ciel crépusculaire en cinémascope dans mon pare-brise
Ciel crépusculaire en cinémascope dans mon pare-brise à Akrogiali


Suite : 2023-01 Péloponnèse 4
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