Lever à 8:30 sous un
ciel totalement dégagé et donc un grand soleil qui ne
tarde pas à réchauffer l'habitacle - et, j'espère,
recharger la batterie. Je m'en inquiète un peu car, roulant très peu, je ne puis compter que sur les «340 W» nominaux des panneaux pour compenser la consommation du frigo, des autres accessoires et la recharge de mon électronique. Or le voltmètre peine à dépasser les 13,1 volts et je crains de ne pouvoir me fier à l'ampèremètre dont la lecture me semble fantaisiste (celui de l'avant ne coïncidant pas avec celui placé directement à la sortie du contrôleur des PV). Il faudrait procéder à une remise à zéro de ces appareils et vérifier toutes les connections jusqu'à la batterie. On verra ! |
Bivouac devant la forteresse de Methoni au matin, ile Sapientza à l'horizon |
Forteresse vénitienne de Methoni : pont sur le fossé et Bastion Loredan |
Je commence par
déjeuner puis compléter le carnet de bord, attendant
qu'il fasse suffisamment chaud à bord pour prendre ma
douche… le tout devant le vaste paysage de la plage et
de la baie partiellement fermée par l'île de Sapientza.
Puis vers 10:00 je m'ébranle et vais stationner juste devant l'entrée du pont enjambant le fossé et donnant accès à la porte principale de la forteresse. Laissant l'Exsis bien aligné sur le soleil plein sud - décidément l'alimentation solaire de ma batterie habitacle me soucie… - je me dirige vers la billetterie installée dans l'espace entre le haut rempart de la ville et un mur rideau plus bas bordant le fossé. |
Sur le pont d'accès de la forteresse de Methoni menant à la Grande Porte |
Décor Renaissance de la Grande Porte centrale |
Methoni : la piazza d'armi et la colonne «Morosoni » |
Methoni : la Piazza d'Armi et le rempart séparant la ville de la citadelle |
Le Bourtzi depuis la Porte de la Mer |
Toute entourée de remparts dont émerge le chemin de ronde bordé de merlons et d'embrasure, la péninsule se termine au sud-est par une tour polygonale de trois étages détachée de l'ouvrage et posée sur un îlot, une sorte de petit donjon de dernier recours, de forme caractéristique, le Bourtzi mi-vénitien mi-turc. On y accède en passant la Porte de la Mer, puis par une courte digue coupée d'un pont de bois autrefois amovible. |
Le bourtzi de Methoni depuis la Porte de la Mer |
Le bourtzi à contre-jour côté terre. |
LE BOURTZI DE METHONI
Le petit fort de mer octogonal est construit sur un îlot au sud du château, connu par Pausanias sous le nom de "rocher de Mothon". Le bourtzi (= fort, mur; en arab.turc : burdz, en grec méditerranéen : pourtzios) a servi de siège aux gardes qui surveillent le port, de phare, de prison, voire d'ultime abri pour les habitants en temps de siège. Il se compose de la tour principale et des murs d'enceinte. Des embrasures à canons entourent la chambre du premier étage de la tour. On distingue sur les murs intérieurs des trous de poutre qui devaient supporter au moins quatre étages en bois, aujourd'hui disparus. La construction du fort (castello da mare) a été entamée peu avant 1 500 par les Vénitiens, en même temps qu'une construction similaire à Nauplie, et a été achevée par les Ottomans au cours du XVIe siècle. Enfin, sous la seconde domination vénitienne (1685-1715), le mur d'enceinte est complété par des créneaux. |
Intérieur du bourtzi de Methoni |
Methoni : la tour du Bourtzi sur sa plateforme |
Methoni : couronnement du bourtzi |
Réparations de la muraille côté ouest |
Retour vers la citadelle en longeant le mur côté ouest, fortement endommagé par les flots qui ont creusé des «cratères». On les a bouchés récemment, sans avoir - encore ? - rebâti la muraille à sa hauteur primitive. |
Du côté nord, un
rempart intérieur ponctué de 5 portes et tours elles
aussi en bien mauvais état, coupait la forteresse en
deux. À l'intérieur de cet autre vaste enclos
constituant la citadelle, même paysage désolé puisqu'il
ne reste pas un bâtiment debout. |
La muraille séparant la ville et la citadelle, côté ville (piazza d'armi) |
De retour à l'Exsis où je constate encore le peu de recharge obtenue de mes 3 panneaux solaires pourtant convenablement orientés, je décide de rouler un peu en gagnant Koroni, une autre forteresse vénitienne, maintenant petit port de pêche et station estivale sur le rivage sud du Péloponnèse. Déjeuner léger, avant une trentaine de kilomètres jusqu'à descendre au niveau de l'eau au bord du bassin. Je m'installe sur le quai au bout de la rue principale parallèle au rivage. | Bivouac sur le quai de Methoni en fin d'après-midi |
Journée de repos sur le quai du port de Koroni |
Finalement j'aurai
réussi à dormir tout mon saoul en me réveillant à 9:00,
toujours sous le grand soleil. La température ne tarde
pas à monter dans ma chambre, si bien que je peux me
doucher en tout confort sans avoir besoin de lancer le
chauffage. Déjeuner, puis suite de mes investigations électriques qui n'aboutiront à rien de plus, sinon à constater la défection du voltmètre avant qui affiche obstinément 0,00 V… bien que le courant arrive normalement sur ses cosses. Une autre pièce (cheap) à remplacer… |
La nuit ne tardera pas
à tomber, aussi je vérifie les places disponibles autour
de moi me permettant de placer l'Exsis face à l'est pour
favoriser - en autant que possible - la recharge précoce
de ma batterie qui ne laisse pas de me préoccuper. Je me retrouverai finalement à peu près au même endroit qu'hier soir, avec aussi le fort vénitien illuminé dans le pare-brise. Souper chaud apprécié après cette journée d'activité sans vraiment marcher. Je termine la rédaction du carnet de bord en vérifiant la date et le lieu d'achat des panneaux solaires, au cas où je devrais réclamer leur changement sous garantie (Boutelet, à Caen). Coucher vers 21:00, dans un environnement nettement plus tranquille qu'hier soir… |
Exsis devant Kastro Koroni en soirée |
Aurore sur le port de Koroni, au pied du kastro |
J'ai lu plus d'une
heure quelques nouvelles d'Asimov, puis le sommeil est
venu et je ne me suis réveillé qu'à l'aurore illuminant
la mer derrière la silhouette du kastro. Quelques
photos, puis douche et déjeuner. Mon Coulombmètre
continuant de me faire grise-mine malgré la peine
exposition du toit vers l'est, je décide alors de
procéder à un lavage minimum des panneaux solaires
puisque ce n'est pas la pluie - inexistante ici - qui
pourra enlever toute la crasse et le sel accumulé depuis
mon départ (4 300 km). |
Je ne veux pas quitter Koroni sans aller voir de plus près le kastro que je contemple de loin depuis 2 jours. Me fiant aux indications données par Google Maps, je me hasarde dans quelques rues étroites qui me font escalader la falaise entre les petites maisons anciennes, passe la grande porte monumentale et m'enfonce dans les champs d'oliviers qui occupent maintenant la vaste aire cernée par les remparts. J'ai la chance de ne rencontrer personne sur ce sens unique qui me mène jusqu'au cimetière et au petit monastère St-Jean-Baptiste, seuls bâtiments encore debout dans ce qui fut une ville fortifiée populeuse. | Montée au katro de Koroni |
Dans le kastro de Koroni, terrasse du bastion IV |
L'Exsis casé devant l'entrée de l'église, je peux alors me lancer dans une bonne promenade qui m'amènera sur l'autre versant du promontoire, jusqu'à la muraille que je suivrai sur plusieurs centaines de mètres pour découvrir des bastions en partie restaurés et un chemin de ronde offrant de larges vues sur la mer à l'est et au sud. |
Entrée du Monastère St-Jean-Baptiste dans le kastro |
Les vieux murs patinés de Sainte Sophie (XIe) dans le kastro de Koroni |
Comme hier à Methoni, je suis étonné par les grandes dimensions que les Vénitiens avaient donné à leurs enceintes fortifiées, au coût et à la main d’œuvre nécessaires pour mener à bien de telles entreprises. Ou bien les ouvriers étaient quasiment des esclaves, ou bien le commerce international contrôlé par la République vénitienne rapportait des sommes astronomiques… ou bien la lutte contre les Ottomans était tellement importante que tout le reste passait au second plan… | Monastère St-Jean-Baptiste entouré de fleurs dans le kastro de Koroni |
Ancienne Messène: en arrivant, le site depuis le village |
Route tranquille assez sinueuse et sans guère de trafic qui s'élève progressivement dans la montagne, traversant quelques hameaux et beaucoup d'olivaies. Enfin, blotti dans une vallée au pied d'Arkaia Messini, apparaissent de longues rangées de colonnes et les traces d'autres constructions dont le plan laisse deviner l'importance de la cité antique. Je fais quelques photos, impressionnantes par la clarté du dessin et le contraste entre les vénérables pierres et les plantations d'oliviers non moins régulières alentour. |
L'Asclepieion
était le quartier le plus important de Messène, le
centre de la vie publique de la ville. Pausanias, le
voyageur antique (IIe s. après J.-C.), présente
l'Asclépiéion comme une galerie d'art,
principalement de sculptures, et non comme un lieu
commun de guérison et de culte. Le complexe se compose d'une cour intérieure ouverte (71,91 m. x 66,67 m) flanquée de quatre colonnades et entourée d'une série d'édifices publics et religieux. La partie centrale de la cour est occupée par un imposant temple dorique et son grand autel. Il semble qu'en dehors d'Asclépios, le temple ait également été dédié à l'héroïne nationale Messène, fille de Triopas, qui a donné son nom à la ville. L'entrée principale du complexe se faisait par un impressionnant Propylon (passerelle) du côté est. La construction du complexe Asclepieion, immédiatement après 215/214 av. J.-C., faisait partie d'un projet de construction ambitieux visant à promouvoir le peuple messénien en tant que nation distincte dans le Péloponnèse. A cette époque, Messène a dû commencer à fonctionner comme le véritable centre administratif et politique de la Messénie indépendante. À de très rares exceptions près, toutes les sculptures de l'Asclépiéion étaient l'œuvre de Damophon. |
Maquette de l'Ascleipeion, le monument le plus emblématique de Messène |
Musée de Messène : Artémis la Chasseresse |
Musée de Messène : Artémis la Chasseresse |
Tête d’Hermès dans le Musée de l'Ancienne Messène Hermès, le dieu
qui guide les âmes des morts vers les Enfers, est
représenté marchant vers la droite, son vêtement
jeté sur l'épaule gauche et tenant dans sa main
droite le caducée manquant.
|
Hermès (copie du 1er s. ap. J.-C.) La torsion et le
vif mouvement vers l'avant n'ont pas causé de
problèmes statiques à l'original en bronze du IVe
siècle avant J.-C. Le copiste, qui a travaillé le
marbre au Ier siècle après J.-C., a été contraint
d'ajouter un support sous la forme d'un tronc
d'arbre attaché à sa cuisse droite.
|
L'ARTEMISION
La
salle la plus importante de l'aile ouest de
l'Asclepieion était la salle du culte dédiée à Artemis
Orthia et Phosphoros (porteur de
flambeau). Elle est de forme rectangulaire, mesure
10,30 x 5,80m. et divisée en trois nefs par deux
colonnades de deux colonnes chacune.
L'allée centrale, plus grande, a une entrée
tripartite sur son côté long oriental et comprend
la base de la statue de culte colossale de la
déesse, réalisée par le sculpteur Damophon.
Devant la statue se trouvait une table sur
laquelle étaient déposées des offrandes à la
déesse. Onze socles de statues de prêtresses et de
jeunes filles étaient disposés en cercle autour de
la table. Les statues des prêtresses étaient
consacrées par un conseil d'hommes âgés chargés du
culte. Les parents ont dédié des statues à leurs
filles, qui avaient participé à des rites de
passage à la puberté et au rang des femmes.
|
Musée de l'Ancienne Messène : l'une des jeunes filles de l'Artemision qui entouraient la statue de culte de la déesse |
Détail d'une jeune fille de l'Artemision portant un long chiton haut retroussé avec pendentif et nœud |
Statue en marbre d'une prêtresse de l'Artemision dans "le type d'une femme en prière". |
Détail du costume de la prêtresse de l'Artémision Copie romaine
du IIIe siècle ap. J.-C. d'après un original grec
du Ve siècle av. J.C. Dans le type de la déesse
Némésis de Rhamnous en Attique.
|
Le musée ferme, il est
temps de trouver un point de chute pour la nuit. Je
n'irai pas bien loin pour dénicher un bivouac,
descendant simplement dans le vallon pour m'installer
devant la billetterie à l'entrée du site maintenant
déserté. J'y passerai une fin de journée paisible et solitaire, achevant de nettoyer les fenêtres de l'Exsis fort encrassées, faisant un petit tour dans le cimetière voisin et sa chapelle orthodoxe décorée de fresques traditionnelles (2017). L'âge respectable inscrit sur les tombes (rarement au-dessous de 80, la plupart au-dessus de 90, et plusieurs au dessus de 100 ans !) me frappe, comme quoi le mode de vie - et sans doute la constitutions des autochtones - mérite bien sa réputation d'hygiénique. |
Mon bivouac en soirée devant l'Ancienne Messène |
À l'entrée du site archéologique |
Il fait
effectivement frais dans l'Exsis à mon réveil vers
8:30 (12°) et je devrai lancer le chauffage pour
atteindre les 18° agréables pour prendre ma douche !
Ensuite le soleil jusqu'ici caché derrière la
montagne portant le village apparait et la
température, comme les ampères dans la batterie, ne
tarderont pas à abonder (8,7 A à 9:25). Il semble
que la petite toilette des panneaux hier matin ait
produit un effet non négligeable.
J'achève la
mise à jour du carnet de route puis, vers 10:00, à
l'ouverture de la billetterie, me lance dans la
visite.
|
Ancienne Messène : plan du site et des monuments |
LE SITE ARCHÉOLOGIQUE L'ancienne
Messène a été fondée par le général thébain
Epameinondas en 369 avant J.-C., qui a mis fin à
l'occupation spartiate de longue durée en
Messénie. La ville s'est développée au pied du
mont Ithomi, une forteresse naturelle avec les
sanctuaires de Zeus Ithomatas au sommet et
d'Artémis Limnatis et Eileithyia sur le versant
sud. Construite selon le système d'urbanisme
hippodamien, elle était protégée par de puissantes
fortifications d'une longueur totale de 9,5 km. La
ville était un centre politique, religieux et
artistique prospère à l'époque hellénistique et au
début de l'ère impériale (IIIe siècle avant J.-C.
- Ier siècle après J.-C.).
Le centre de la vie publique était le complexe de l'Asclepieion et l'Agora voisine. Parmi les divers édifices profanes, on peut citer le théâtre, le stade-gymnase, la fontaine d'Arsinoé, ainsi que des complexes de bains et des villas urbaines romaines. Les édifices sacrés et les sanctuaires étaient dédiés au culte d'Artémis, de Messana, de Déméter et des Dioscures, de Zeus Soter, de Poséidon, d'Aphrodite, de Cybèle, de Sérapis et d'Isis, mais aussi au culte des héros et des colons, tels qu'Aristomène et Epameinondas, ainsi qu'au culte des vénérables empereurs romains. Des monuments funéraires impressionnants ont été érigés en l'honneur des bienfaiteurs de la ville, mais aussi des hommes qui ont été honorés en tant que héros après leur mort. L'Asclépiéion et d'autres bâtiments abritaient des œuvres d'art remarquables, telles que les réalisations du sculpteur messénien Damophon. De nombreux piédestaux inscrits, utilisés pour les offrandes votives, témoignent de la vie sociale, politique et religieuse de Messène. La ville a connu un déclin à partir du IIIe siècle après J.-C. et a été abandonnée en l'an 360/370. La région a été réhabitée au début de l'époque byzantine (du 5e au 7e siècle après J.-C.) jusqu'en 1 500 après J.-C. Messène et ses monuments sont connus grâce à l'œuvre du voyageur Pausanias (IIe siècle après J.-C.) et aux témoignages de voyageurs européens (XIXe siècle). La Société archéologique d'Athènes a commencé les travaux de fouilles sur le site en 1895 avec Themistocles Sophoulis. Ils ont été poursuivis par Georgios Oikonomos (1909 et 1925), puis par Anastasios Orlandos (1957-1974) et par Petros Themelis (à partir de 1987). Parallèlement, un vaste projet de restauration a été mis en œuvre par P. Themelis et par les services du ministère hellénique de la Culture et des Sports, dont une partie a été cofinancée par des programmes européens (3% CCA, CRSN 2007-2013). |
Ancienne Messène : la stoa nord de l'Agora; au fond le village |
LA
STOA NORD DE L'AGORA) Elle fait
197 mètres de long et 19,80 m de large, et
avait deux étages. Elle est divisée en trois
nefs par deux colonnades corinthiennes dont
chacune comporte 40 colonnes. La colonnade en
façade est dorique et posée sur un crepis
tripartite. Des socles gravés en pierre placés
dans l'intercolonne de la colonnade intérieure
portaient à l'origine des statues en bronze
d'athlètes messéniens, vainqueurs de concours
panhelléniques à l'époque hellénistique. Au
début de la période romaine, les statues des
athlètes ont été remplacées par des statues en
bronze d'empereurs, principalement de la
famille Flavienne (69-96 après J.-C.)
La stoa nord n'avait pas de fonction commerciale mais elle était plutôt utilisée pour les divertissements et les promenades comme l'indique l'absence de commerces et la présence de sept niches encastrées dans le mur arrière. Elles abritaient des statues en marbre de hauts fonctionnaires et de bienfaiteurs de la capitale messénienne. |
Quelques détails intéressants : les petits bains (romains) très complets en avant de l'esplanade, et la grande fontaine monumentale d'Arsinoe dont la reconstitution (sur tableau) donne une idée de la beauté de l'ensemble. A chaque extrémité de la longue colonnade, des alcôves à fonction de sanctuaire, mais aussi administrative. | Ancienne Messène : vasque devant la Fontaine d'Arsinoë |
Ancienne Messène : mesures étalons sur l'Agora |
Curiosité : 2 tables creusées de «récipients» donnant les mesures standards dont devaient user les marchands dans leur transactions… (J'en ai vu du même genre dans des halles au marché médiévales en France, mises en place 15 siècles plus tard...). Ces étalons servaient à tester la capacité des récipients utilisés par les marchands qui vendaient des fruits secs et des céréales. |
LE
SANCTUAIRE D'ASCLEPIOS Le sanctuaire
d'Asclépios était l'un des plus importants de
Messène, fonctionnant comme centre religieux et
politique de la ville. Plus de 140 socles pour des
statues honorifiques en bronze de citoyens
éminents ainsi que cinq exèdres sont placés autour
du temple, de l'autel et le long des stoas.
L'immense cour presque rectangulaire est entourée
de quatre stoas doubles. Les stoas nord et sud
comportaient 23 colonnes corinthiennes, tandis que
les stoas est et ouest comportaient 21 colonnes
sur le devant. Des chapiteaux figuratifs
soutiennent l'entablement composé d'un épistyle
ionique et d'une frise décorée de crânes de
taureaux, de guirlandes et de rosaces en relief.
La colonnade intérieure des stoas nord et sud comporte 14 colonnes, tandis que celles de l'est et de l'ouest, légèrement plus courtes, n'en comportent que 13. Autour des stoas se trouvent des salles et des bâtiments à caractère public et religieux. |
Ancienne Messène : devant l'entrée de l'Asclepieion |
LE SANCTUAIRE
D'ASCLEPIOS
Le complexe de
l'Asklepieion était le lieu le plus important de
la vie publique et religieuse de l'ancienne
Messène. Sa construction sur les ruines d'un
sanctuaire antérieur a dû être achevée à la fin
du IIIe siècle av. J.-C. dans le cadre d'un
ambitieux projet de construction visant à
promouvoir l'identité nationale des Messéniens.
Le temple dorique périptère d'Asklepios et son
autel (5) dominent le centre de l'atrium qui
était encadré par quatre stoas doubles.
Le Propylon, (1) les archives du secrétaire du Synedroi (4), le Bouleuterion (3) et l'Ekklesiasterion / Odeion (2) se trouvent dans l'aile est. Le long de l'aile ouest, une rangée de salles (Oikoi) (7) contenait des statues de dieux et de héros. L'oikos le plus important abritait le sanctuaire d'Artémis Orthia Phosphoros, (entre 7 et 8) honorée par les femmes messéniennes en tant que patronne des enfants (kourotrophos). Dans l'aile nord, le monumental Sebasteion ou Caesareum (6) était consacré aux cultes de la déesse Rome et des empereurs à l'époque romaine. Les anciens sanctuaires de Déméter (9), des Dioskouroi et d'Artémis Orthia se trouvent au nord-ouest de l'Asklepieion. Le complexe sacré était décoré d'œuvres élaborées du sculpteur Damophon, auquel appartient probablement l'Héron funéraire A, à côté du complexe de bains publics hellénistiques (11), au sud de l'Asklepieion. Près de l'Héron A se dresse une colonne dorique sur laquelle sont inscrits les décrets adoptés par sept cités en l'honneur du sculpteur messénien Damophon. L'Hiérothysion, au sud des thermes, qui abritait les statues des douze dieux de l'Olympe, une statue en bronze d'Epaminondas et des trépieds, a probablement accueilli des banquets rituels au moins au cours du Ier siècle avant notre ère. Dans la rue est, à l'extérieur de l'Asklepieion, se dresse un enclos funéraire hellénistique (10) en l'honneur de douze personnes décédées distinguées, sept hommes et cinq femmes. Plus loin, au sud-est, se trouve une grande villa romaine tardive de deux pièces dont les sols sont décorés de marbre et de mosaïques. |
L'Artemision de l'Ancienne Messène |
Dans l'angle
nord-ouest de l'enclos, prend place l'Artemision ou
petit temple consacré à Artemis la Chasseresse, où l'on
a retrouvé quantité de statues de jeunes femmes vues au
Musée hier. |
L'ARTEMISION Cette salle rectangulaire
(10,30 x 5,80), divisée en trois allées par deux
colonnades, se trouve dans l'aile ouest de
l'Asklepieion. Elle abritait le sanctuaire d'Artémis
Phosphoros et Orthia.
La statue colossale en marbre de la déesse, œuvre du célèbre sculpteur messénien Damophon, se trouvait sur un haut socle (n° 1) au fond de l’aile centrale. Une table d'offrande en pierre (n°17) et un coffret à trésor pour les pièces de monnaie (n°16) se trouvaient devant la statue. Les onze socles (n° 2 - 13) de l'allée centrale et les deux du nord (n° 14 - 15) portaient les statues de jeunes femmes initiées et de prêtresses. L'autel du temple se trouve en plein air devant la stoa. |
Base portant une inscription votive supportant la statue d'une jeune fille nommée Mego dans l'Artemision |
Dans l'Asklepieion en regardant vers le nord, à gauche la Colonne dorique de Damophon et au fond le Sebasteion |
La Colonne dorique
de Damophon Haute de 3,27 m de haut, avec
20 cannelures, elle porte les décrets de sept villes
(Lycosoura, Kythnos, Melos, Leukas, Krane de
Cephallinia, Oiantheia et Gereneia) qui honorent le
grand sculpteur messénien Damophon pour la
construction et la réparation de statues de culte
dans leurs sanctuaires - louant sa piété et sa
générosité. Une statue en bronze de l'artiste se
trouvait sur le chapiteau disparu.
|
L'HIÉROTHYSION Le Hiérothysion, situé au sud du
sanctuaire d'Asclépios, où le voyageur Pausanias
l'avait vu et décrit, est un grand complexe de
bâtiments à multiples facettes, à caractère
politique et religieux, établi au IIIe siècle avant
J.-C. et utilisé jusqu'à la fin de l'Antiquité. Les
Hierothytae, deux fonctionnaires chargés d'offrir
l'hospitalité en l'honneur de citoyens distingués
d'autres villes, d'organiser les rituels, les
sacrifices et les repas sacrés pour les dieux et de
distribuer de la viande aux pèlerins, en
collaboration avec l'Agonothetes (organisateur du
concours) et le Porteur de coupes, étaient
liés au Hierothysion. Le hiérothysion fonctionnait
comme un panthéon, où étaient érigées les statues
des douze dieux, des trépieds "antiques" donnés en
prix lors des concours en l'honneur de Zeus
Ithomatas, et une statue en bronze d'Epameinondas,
le héros-fondateur déifié de Messène, "un homme
célèbre pour son éducation et sa connaissance de la
philosophie".
|
Un peu en dessous et à l'écart de l'Asclépieion, le Hierothysion Deux lignes
d'une pièce musicale inscrite sur une stèle de
pierre portant des symboles de la musique antique,
mise au jour à l'Hiérothysion, ont été transcrites
sur une portée européenne et mises en musique. Le
rituel de procession de la mélodie pourrait être
lié au rituel sacrificiel en l'honneur
d'Epameinondas divinisé et à l'élégie suivante de
Thèbes :
"C'est par ma volonté que Sparte a été privée de sa gloire, |
Descente vers le Stade entouré de la stoa du Gymnasium |
Je continue à descendre vers le bas du vallon pour découvrir maintenant le stade immense et lui aussi remarquablement mis en valeur (mieux que celui d'Olympie…), entouré sur trois côtés d'une très longue stoa à double colonnade (formant Gymnase) dont on a reconstitué un angle avec son volume (toiture en tôle et piliers en acier…). Il faut dire que la ville de Messene était riche, au centre d'une territoire agricole vaste et prospère, et que la jeunesse «dorée» s'y adonnait passionnément au sport, signe d'identité et d'appartenance sociale, sans compter son rôle d'entrainement militaire. |
LE STADE ET SON
ENVIRONNEMENT
Le stade et le gymnase, qui forment une seule unité architecturale, font partie des plus imposants complexes de Messène. La partie nord du stade, en forme de fer à cheval, comprend 19 kerkides (sections de gradins délimités par les escaliers) avec 18 rangées de sièges en pierre chacune. Les trois stoas doriques entourant le stade abritaient les activités du Gymnase. La stoa ouest, longue de 110 mètres, est reliée à la Palestre par son extrémité sud. Des socles inscrits, érigés parmi les colonnes de la stoa ouest, supportaient les statues de citoyens éminents et de fonctionnaires du Gymnase, tandis que des stèles de pierre avec des listes d'éphèbes selon les tribus se trouvaient tout autour. Une salle de culte dédiée à Héraclès et Hermès (5), protecteurs des jeunes gens, était également située dans la stoa ouest. La statue en marbre d'Héraclès est l'œuvre d'Apollonios, fils d'Hermodoros, et de son fils Démétrios, originaire d'Alexandrie. En face du Propylon monumental (entrée) de la stoa ouest du Gymnase, la statue du héros athénien Thésée a également été mise au jour (6). La partie nord du stade a été transformée en arène pour les combats de gladiateurs et d'animaux à la fin de la période romaine. |
Les gradins sont tous fonctionnels et entourent plus de la moitié de la longue piste centrale où s'affrontaient les athlètes. | Les gradins du Stade de l'Ancienne Messène |
LE MAUSOLÉE DE LA
FAMILLE SAITHIDAE Reconstruction du mausolée de
la famille Saithidae.
Le bâtiment en forme de temple dorique à quatre colonnes sur la façade (7,44 m x 11,60 m) soutenu par un haut podium servait de mausolée pour les enterrements de l'élite de la famille Saithidae du Ier au IIIe siècle après J.-C. Les membres éminents de cette famille occupaient des fonctions importantes en tant que grands prêtres et helladarques (gouverneurs) de la province d'Achaïe sous la domination romaine. |
Façade du mausolée de la famille Saithidai |
À l'extrémité sud du stade, la Palestre depuis le Mausolée |
En remontant je
traverse la Palestre où se préparaient et se soignaient
les gymnastes de Messène, avec sa salle d'eau et ses
plaques commémoratives des héros locaux. |
LA PALESTRE
La Palestre était fonctionnellement reliée au Gymnase et servait de salle de lutte pour les éphèbes et les athlètes. Elle se composait d'une cour centrale entourée de stoas doriques et de salles auxiliaires. Elle est contemporaine du complexe architectural du Gymnase du IIIe siècle avant J.-C. et a continué à fonctionner jusqu'à la fin de la période romaine. Des noms d’éphèbes de la fin du IIe siècle ap. J.-C. sont inscrits sur deux des colonnes de la stoa nord avec de nombreux noms de jeunes Messéniens. |
Ancienne Messène : angle de stoas dans la Palestre |
Près de la Palestre et en bordure du Stade, latrines placées au dessus de l'égout |
Salle de bain de la Palestre Salle pavée du
complexe architectural de la Palestre (IIIe s. av.
J.-C. - IVe s. ap. J.-C.) comprenant vingt-deux
bassins d'eau utilisés par les jeunes messéniens
qui servaient pendant trois ans (de 17 à 20 ans)
dans le Gymnase de la ville et s'entraînaient aux
lettres, à l'athlétisme et aux armes.
|
Palestre : stèle avec inscription des sportifs illustres de la cité |
Ancienne Messène : couronnement de la tombe K3 |
Puis ce sont quelques tombeaux de
grandes familles, dont celui très original coiffé d'un
toit tronconique et qui a conservé son caveau
compartimenté.
|
Colonnade entre le Gymnasium et la Palestre menant au Propylon de la Palestre |
Ancienne Messène : Monument funéraire K3 Il se distingue
par sa conception architecturale originale et sa
parfaite conservation. Construit à la fin du IIIe
siècle avant J.-C. pour huit membres d'une famille
aristocratique de Messène, il a continué à être
utilisé jusqu'au Ier siècle de notre ère.
Une rampe sur le côté sud mène à la chambre funéraire par une porte en pierre. Les huit tombes situées sous le sol de la chambre contenaient des offrandes précieuses malgré les pillages. Le toit inhabituel du monument est conique et se termine par un chapiteau corinthien supportant un faiteau en bronze. |
Ancienne Messène : dans la Tombe K3 |
LA
MAISON DU TRÉSOR Chambre
souterraine construite en blocs de pierre
rectangulaires solidement fixés par des chevilles
de fer et du plomb. Elle était hermétiquement
recouverte de deux rangées superposées de pierres
volumineuses ouvragées, à l'exception d'une
ouverture rectangulaire au milieu, mesurant 1,20 x
1,20 m, dans laquelle était placé un lourd
couvercle de 1,5 tonne.
La chambre est mentionnée dans les sources littéraires comme le "Trésor" dans lequel le célèbre général de la Ligue achéenne Philopoimen de Mégalopolis a été emprisonné en 183/2 avant J.-C. et empoisonné par le général messénien Deinokrates et ses partisans, membres fanatiques du parti anti-achéen. |
Ancienne Messène : le Trésor |
Ancienne Messène : l'entrée est dans le théâtre |
LE
THÉÂTRE ET SON QUARTIER Le théâtre
restauré de l'ancienne Messène domine la partie
nord-ouest du site archéologique et sa grande
taille indique la puissance économique de la
ville. Il servait non seulement de lieu de
représentation et de spectacle, mais aussi
d'espace pour les rassemblements de masse à
caractère politique. Un élément particulier de sa
conception architecturale est la configuration
d'une "skenothèque" (une réserve pour le rideau de
théâtre) dans le parodos oriental pendant la
période hellénistique. À l'emplacement de la
skenothèque, les rainures en pierre des roues de
la scène mobile ont été conservées. Cette première
scène a été utilisée jusqu'au 1er siècle avant
J.-C. Lors des rénovations du théâtre au Ier
siècle avant J.-C. et surtout au IIe siècle après
J.-C., un simple bâtiment de scène a d'abord été
construit, qui est ensuite devenu un bâtiment à
plusieurs étages et richement décoré.
Le quartier résidentiel, à l'ouest du théâtre, comprend des bâtiments aux sols en mosaïque colorée (2e - 4e s. ap. J.-C.). Certains d'entre eux portent des inscriptions et sont liés aux rassemblements de la communauté paléochrétienne, tandis qu'à l'est du théâtre se trouve la fontaine d'Arsinoé et, à côté, la Stoa nord de l'Agora. |
L'angle brisé du grand lanterneau central |
Je finis par tomber
dans un coin qui me semble propice au bivouac vers
Akrogiali, mais en me serrant sur le terre-plein le long
de la petite route côtière pour laisser passer un gros
camion de T.P, j'ai la malchance d'accrocher le grand
lanterneau central en acrylique sur une barre métallique
cachée dans les fines branches de tamaris… Bilan : un angle éclaté, plusieurs morceaux restés sur le toit ou tombés sur la chaussée que je tâche de récupérer. J'espère pouvoir les recoller-réassembler, l'accessoire au complet risquant bien entendu de ne plus être disponible, sans compter son coût qui sera sûrement prohibitif ! Un autre beau petit projet de rénovation en vue à mon retour à ma base de Mondeville… |
Un peu découragé, je n'irai guère plus loin ce soir et finis par trouver asile au bord de l'eau et au dessus d'une plage de galet - pas d'ensablement à craindre ! - sur une section de route paisible puisqu'elle ne dessert que les maison riveraines presque toute inoccupées en cette saison. Le soleil se couchera bientôt dans un grand flamboiement orangé. | Bivouac sur Akrogiali Paralia au soleil couchant |