2022-12 et 2023-01

GRÈCE - PÉLOPONNÈSE

Jean-Paul MOUREZ en solo à bord de l'Exsis


2. De BASSAE à METHONI


Mon
            itinéraire de Bassae à Methoni
Mon itinéraire de Bassae à Methoni


56 748 Dimanche 25 décembre 2022 : de BASSAE à KYPARISSIA (48 km) (7 880 pas)

Le temple d'Apollon à Bassae avant les travaux
Le temple d'Apollon à Bassae avant les travaux

Soleil magnifique et grand ciel bleu au matin. Comme j'ai pris la précaution d'orienter l'Exsis vers l'est, la batterie est pratiquement pleine à mon lever à 9:30, toujours très congestionné. Après une douche chaude qui me ragaillardit un peu, je décide d'accompagner mon déjeuner d'une première dose d'Amoxcilline découvert dans la pharmacie du bord.  Traitement antibiotique que je poursuivrai durant les 6 prochains jours, histoire de me débarrasser de ce rhume (sinusite ?) et de cette toux tenaces. Puis j'aère mon petit intérieur et entreprends d'écrire le carnet de bord d'hier, après avoir appelé Denis pour lui souhaiter un joyeux Noël et me faire confirmer les doses de mon traitement. Démarrage à 14:00 sur les petites routes de l'intérieur vers Neda Waterfalls. Bivouac au pied du temple de Bassae
Bivouac au pied du temple de Bassae

Bassae la vue vers l'ouest en direction de la mer
Bassae : la vue vers l'ouest en direction de la mer

Difficile de trouver une route qui vagabonde davantage dans les collines, toute en virages parfois assez aigus, en offrant quand même une chaussée acceptable. Le trafic est quasi inexistant, et les vues sur les pentes boisées qui se renouvellent sans cesse ne manquent pas de charme. Quelques arrêts photos ponctuent le trajet assez court sur la carte (16,3 km), mais qui exigera quand même 31 minutes…
À l'arrivée devant le panneau indiquant les chutes, un raidillon pavé de dalles blanches brillantes (glissantes?) sur lesquelles j'hésite à m'engager, or il reste encore plus de 5 km avant d'aborder le sentier pédestre. Je m'enhardis - prudemment… - ça passe sans problème. Mais après quelques centaines de mètres la route de terre pleine d'ornières creusée par la pluie me parait trop risquée pour mon lourd véhicule dont je connais les limites sur terrain instable. Je réfère le laisser sur un espace plat et sec au bord du chemin et continuer à pied.

Sur la piste de Neda Waterfalls
Exsis abandonné sur la - mauvaise - piste descendant vers Neda Waterfalls
En fait je m'apercevrai en chemin que tous les passages plus délicats et pentus ont été largement recouvert d'un béton très stable et accrocheur auquel j'aurais pu me fier. Regrettable de ne l'avoir pas su, car le chemin est plus long qu'indiqué sur Google Maps que je consulte de plus en plus souvent, tout en marchant d'un bon pas. Facile, ça descend presque tout le temps. Mais au retour il va falloir remonter tout ça, et je serai bien sûr fatigué…

Le paysage de vallée profonde est agréable, le relief s'accuse lorsqu'on approche du canyon. Tout au long du chemin, une profusion de fleurs sauvages et colorées attire l'attention du photographe...
Neda Waterfalls Iris unguicularis Poir
Au bord du chemin vers Neda Waterfalls, des Iris unguicularis Poir
Neda Waterrfalls
Ancien pont à dos d'âne vers les Neda Waterfalls
À l'arrivée au bout de la route et au petit stationnement, part le sentier à flanc de gorge qui mène à la chute. Là les choses se corsent, car il est irrégulier, plein de pierres et coupé de marches plus ou moins creusées dans la terre. De plus, il monte ou descend sans cesse. Cheminant prudemment je tiens le coup, me repose à plusieurs reprises et finis par arriver à travers le sous-bois au petit bassin rond dans lequel se précipite le jet tendu d'une courte chute bleutée d'une dizaine de mètres… On est loin des chutes canadiennes, et particulièrement de celles des Rocheuses ! Joli, sûrement agréable par les grosses chaleurs d'été, mais pas vraiment spectaculaire !

Neda Waterfalls
Neda Waterfalls, sa petite chute et son bassin aux eaux émeraude

Il ne me reste qu'à faire demi-tour pour remonter sans tarder vers l'Exsis, d'autant que la lumière commence déjà à baisser dans ce vallon profondément encaissé. Je songe alors à la longueur du trajet que je vais devoir affronter, et en montée qui plus est ! Une solution : demander à l'un des quelconques excursionnistes qui ont laissé leur voiture plus en avant dans le vallon de m'emmener et me laisser en passant devant l'Exsis.

Neda Waterfalls : le randonneur de retour au
                  bercail... (par Konstantinos)
Neda Waterfalls : le randonneur de retour au bercail... (photo par Konstantinos)
Plusieurs visiteurs croisés en descendant ont déjà quitté les lieux, mais j'ai la chance de tomber sur deux jeunes en gros 4x4 BMW qui se laissent facilement convaincre - surtout quand je leur dis mon âge…  Je profite ainsi du passage qu'ils m'offrent pour parcourir à l'inverse et en tout confort les quelques 5 km qui me séparent de mon véhicule. En chemin je leur apprends combien je suis voyageur dans l'âme, et l'un d'eux me questionne sur le Maroc, les sites qui valent la peine, les routes à emprunter… Pour de courtes vacances d'une dizaine de jours, je leur suggère d'atterrir à Agadir, descendre en pays berbère à Tafraoute et de remonter à Fez en passant par Taroudant, le Tizi-n-Test, Marrakech, Ouarzazat, la Vallée des Mille Casbah, Errachidia, Beni-Mellal pour enfin prendre l'avion du retour à Fez. Voilà qui leur donnerait la chance de voir le vrai Maroc de l'intérieur, peu envahi par le tourisme de masse, et superbe dans la diversité de son relief et de ses couleurs…

Konstantinos (qui me laisse sa carte) est photographe, il tient à prendre quelques photos du bonhomme et de son véhicule peu courant, me promettant de me les envoyer sur mon mail.
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Neda Waterfalls : le randonneur au retour de son
            expédition par Konstantinos
Neda Waterfalls : le randonneur fatigué - et soulagé ! - au retour de son expédition (par Konstantinos)

L'après-midi s'avance, je réintègre mon siège de chauffeur pour parcourir la trentaine de km qui me séparent de la mer au bord de laquelle je veux poser mon bivouac. À nouveau virages incessants et quelques vastes panoramas montagneux dans la chaude lumière du soleil descendant puis couchant. Phigaleia l'eglise
Phigaleia : l'église perdue dans la végétation touffue

Phigaleia monument aux heros
Phigaleia : monument aux héros de la patrie hellène
Phigaleia heros de l'independance
Phigaleia : héros de la Guerre d’indépendance

Je finis par arriver après le coucher du soleil à Kalo Nero, sur la grande route 9 qui descend vers Pylos et la pointe ouest du Péloponnèse.

Kiparissia crepuscule devant mon bivouac
Kiparissia : crépuscule devant mon bivouac

Quelques kilomètres encore, je bifurque sur une toute petite piste rurale à peine goudronnée qui me mène à une immense plage non aménagée et déserte. M'enfilant dans un accès étroit entre des buissons je stationne enfin les roues dans le sable - ferme ! - pour une nuit qui devrait être fort paisible, avec pour seul bruit le roulement des vagues à une trentaine de mètres devant moi.

Kiparissia, Triphylie 245 00 crépuscule devant mon
              bivouac
Kiparissia (Triphylie 245 00) : panoramique sur le plage où la nuit tombe devant mon bivouac

La lumière disparait sur la mer dans un grand rougeoiement occidental, je ferme les stores et allume le chauffage avant d'entamer les routines du soir. Cette fois encore je me coucherai
vers 22:30 sans veiller, fatigué par cette belle journée de plein air.


56 796 Lundi 26 décembre 2022 : de KYPARISSIA à CHORA (72 km) (2 247 pas)

Moins d'énergie aujourd'hui : lever passé 9:00 en trainant un peu au lit, démarrage lent, et tout au long de la journée rythme ralenti. Est-ce ma «grippe» qui me prend au corps, ou une fatigue générale après mon sprint pour quitter brumes et froidures du Nord ? Ou le raccourcissement des jours jusqu'au solstice que l'on vient juste de passer ? Ou tout cela à la fois. Toujours est-il que le bilan de ma journée me paraitra finalement assez pauvre. Bivouac entre Kalo Nero et Kyparissia
Bivouac devant la plage entre Kalo Nero et Kyparissia
Plage devant bivouac entre Kalo Nero et
                    Kyparissia au matin
Au matin, la plage devant mon bivouac entre Kalo Nero et Kyparissia
Une petite balade après cette longue et paisible nuit, sous le soleil toujours présent, m'aura permis de prendre un peu l'air. Mais le rivage bordé de rochers anguleux et grugés par l'érosion manque de charme, même si l'arrière pays accidenté en arrière lui donne un peu de relief. Je fais quelques photos, puis étudiant la carte de la région sur mon IPhone, décide de gagner le petit port de pêche de Kyparissia


Là, au milieu du quai solitaire et en plein soleil, je m'installe confortablement pour terminer l'installation de l'aération rénovée de la cassette. En une petite heure la tâche sera menée  à bien, non sans briser la lame de scie tenue entre les mords de ma wise-grip, et après avoir dû couper «en l'air», donc difficilement, 2 petits boulons fixant le ventilateur qui dépassaient trop...

Je profite du dégagement apporté par l'opération pour décaper les cosses de l'interrupteur de la chasse d'eau, et en noyer l'intérieur avec du WD 40, soupçonnant un corrosion causant des mauvais contacts. Ceci m'amène aussi à replacer durablement le couvercle en néoprène assurant son étanchéité côté douche.
Katakolon installation de l'extracteur de
                    la-cassette
Ré-installation de l'extracteur d'air de la cassette
Kyparissia bricolage sur le quai
Kyparissia : bricolage confortablement installé sur le quai
Tout étant remis en place et les outils rangés, avisant un robinet destiné, je suppose, à ravitailler pêcheurs et plaisanciers, j'en profite pour remettre à niveau ma citerne.
Se pose alors la question de la suite de mon périple. Il fait beau, avec quelques passages nuageux, je décide de longer la mer au plus près pour gagner la ville de Pylos.

Me voilà donc engagé avec l'aide de Google Maps sur un réseau de voie vicinales joliment maritime, mais qui finit par aboutir sur un chemin en terre creusé de profondes ornières laissées par le tracteur d'un laboureur. Pas question d'aller plus loin par là, et comme je commence à avoir un petit creux, je trouve un espace assez plat pour m'arrêter et pique-niquer dans ce cadre champêtre. Ensuite, petite sieste, une fatigue diffuse m'enlevant mon dynamisme habituel. Je constate à cette occasion que le fauteuil passager, une fois retourné et le dossier abaissé, forme une agréable chaise longue…

Après ce petit somme qui me rassérène un peu - ma mauvaise grippe décidément me « rentre dans le corps » - je fais quelques recherches sur le net, puis retourne sur le site
belge de Michelin indiqué par Mathieu A. https://fr.viamichelin.be/web/Sites-Touristiques/Sites-Touristiques-Grece. Je découvre qu'en agrandissant la carte et en jouant avec les différents boutons j'arrive à repérer pas mal plus de points d'intérêt qu'au premier regard. Quittant donc ma retraite rustique je gagne d'abord le petit port d'Artina Nuovo où le bassin parfaitement abrité d'une digue en crochet est jumelé à une adorable petite plage de sable. Et dans l'eau attiédie par le grand soleil de midi j'ai la surprise de découvrir des baigneurs, d'abord quelques enfants puis un trio de femmes d'âge mûr qui, débarquant de leur auto, laissent tomber leur peignoir et s'avance dans l'eau pour une longue jasette en évoluant dans les vaguelettes… Je me laisserais presque tenter, si je ne me sentais aussi fatigué.

Alors, foin de l'inaction, je repère sur mon téléphone un autre point d'intérêt autrement plus dans mes cordes, le Palais de Nestor, mythique roi mycénien de Pylos et ami d'Ulysse, «le sage Nestor» comme le désignait Homère. Il n'est pas loin et serait vite atteint sur les hauteurs à quelques kilomètres de la côte, si à la bifurcation sur la grande route supposée mener directement à Chora, celle-ci n'était interrompue par des travaux. Je suis donc obligé de faire un long détour dans le soir qui descend, par une toute petite route acrobatique avec passages défoncés, épingles à cheveux, traversées étroites de hameaux, etc. Partout des oliviers garnissent les pentes et l'on s'affaire à la récolte. Sur les entrefaites, appel d'Aimée qui vient prendre des nouvelles et me souhaiter un joyeux Noël… Je la rappellerai quelques minutes plus tard à mon arrivée sur le petit parking devant le site.

Pas fâché d'être arrivé, même si un premier coup d’œil montre de grand travaux de terrassement en cours (enclos inaccessible) du côté de la tombe à tholos, et si un quidam unilingue grec me fait comprendre que le site est fermé… On verra demain. Je me retire dans l'Exsis pour préparer mon souper et travailler sur la mise au point des photos du musée d'Olympie. Coucher assez tôt pour tâcher de récupérer, en espérant que le traitement antibiotique me laissera en meilleure forme demain ! Tombe à tholos restaurée devant le Palais de
                    Nestor
Tombe à tholos restaurée au pied du Palais de Nestor

Pylos Palais de Nestor Exsis sur le parking au pied
              de la colline palatiale
Pylos, Palais de Nestor : bivouac dans les oliviers au pied de la colline palatiale


56 868 Mardi 27 décembre 2022 : de CHORA à PYLOS (26 km) (3 391 pas)

Reconstitution des palais de Nelee et de Nestor
                    sur la colline d'Englianos
Reconstitution des palais de Nelée et de Nestor sur la colline d'Englianos
Bonne nuit : mon rhume a l'air de commencer à battre en retraite et je respire mieux… Levé à 9:15 et après douche et déjeuner je me dirige vers l'entrée du site où j'ai la surprise de découvrir la billetterie ouverte ! Profitant de ma bonne fortune, je prends aussitôt mon billet (3 €, demi-prix hors saison) et m'avance vers l'immense préau sous lequel sont abritées les ruines du palais mycénien du roi Nestor.



Plan du site archéologique
Le complexe palatial découvert sur la colline d'Ano Englianos est largement connu sous le nom de Palais de Nestor en raison de sa ressemblance frappante avec le palais du roi sage Nestor à Pylos tel que décrit par Homère. Selon la tradition, le père de Nestor était Néleus, un prince de Thessalie. Après un conflit avec son frère Pélias (roi de Lolkos), Néleus quitta la Thessalie et s'installa en Messénie, où il fonda Pylos, à moins qu'il ne l'ait arraché à son fondateur d'origine, Pylos ou Mégara.

Les premières traces d'activité humaine sur la colline d'Englianos remontent à la période hellénique moyenne (2 050-1 680 av. J.-C.). Au cours de la période mycénienne précoce (LH I-II : 1 680-1 400 av. J.-C.), l'habitat se poursuit et la colline d'Englianos s'entoure d'un mur défensif. Au cours de la période hellénique tardive IllA (1 400-  1300 av. J.-C.), de nombreuses maisons furent construites sur l'acropole et sur les terrasses les plus basses de la colline. Au cours de la période hellénique tardive IIIb (1300-1 200 av. J.-C.), les anciens bâtiments sont démolis à la suite d'un incendie et la zone de l'acropole est devenue exclusivement disponible pour les wanax (princes régnants). C'est à cette époque que fut construit le complexe palatial dont les vestiges sont aujourd'hui visibles.

La ville autour du complexe palatial s'étendait sur les pentes et les terrasses de l'acropole et le long de la crête d'Englianos. À une courte distance au nord et au sud de l'acropole, des tombes royales à tholos ont été découvertes, tandis qu'un cimetière de tombes à chambre a été découvert sur une crête qui descend vers l'ouest. Une tombe à puits contenant de riches offrandes, datant du 15e siècle avant J.-C., a été découverte près de l'acropole, au nord. Le palais fut détruit par un violent incendie vers 1 200 av. J.-C. La colline d'Englianos et le village qui l'entourait ont alors été abandonnés. Plus tard, au cours du premier âge du fer (1 060-900 av. J.-C.), une petite population a réinvesti la région.

L'abri métallique de 2 300 m2, construit par le Service archéologique grec en 1961, avec 47  colonnes de soutien en Dexion, était en mauvais état. Il a été remplacé en 2015 par le nouvel abri en acier, qui protège une zone de 3 185 m2 du monument central du palais. Le toit, large de 51,50 m., a la géométrie d'un arc avec une poutre de 84,88 m. Il est soutenu par seulement 8 colonnes sur chacun de ses longs côtés. Un réseau de passerelles métalliques suspendues au toit permet aux visiteurs d'explorer le palais d'en haut, tandis qu'un ascenseur spécial permet l'accès aux personnes handicapées

La nouvelle infrastructure permet aux visiteurs d'explorer le site et leur fournit des informations, des rafraîchissements et des installations sanitaires, tout en accordant une attention particulière aux personnes handicapées. Ces améliorations garantissent la sécurité et la fonctionnalité du site, de sorte que les visiteurs fassent l'expérience unique du passé mycénien de la Messénie.

(Note présentant les travaux de réaménagement du site avec des subsides européens.)

Pylos Palais de Nestor le toit boucllier
Pylos le toit suspendu abritant les restes du palais de Nestor

Grande salle et son antichambre du Palais de Nestor
Grande salle et antichambre du Palais de Nestor depuis la passerelle devant le propylon

Reconstitution du Propylon (antichambre) du
                    Palais de Nestor
Reconstitution du Propylon (antichambre) du Palais de Nestor
PROPYLON

Le Propylon (1, 2) était l'entrée principale du palais On y accédait depuis le sud-ouest par une vaste cour à ciel ouvert, pavée d'un enduit à la chaux (58). Le Propylon, en forme de lettre H, se composait de deux porches reliés par une porte centrale ; le toit de chaque porche était soutenu par une seule colonne cannelée en bois. Les bases en pierre des colonnes sont conservées, ainsi que les colliers de plâtre décoratifs autour de leurs bases. Le sol du Propylon était recouvert de plâtre, tandis que ses murs portaient des représentations peintes d'animaux, d'éléments architecturaux, de déesses intronisées et d'une procession de fidèles apportant des cadeaux, conformément aux prototypes minoens. Une petite plate-forme en plâtre à gauche marquait peut-être l'endroit où se tenait une sentinelle chargée de contrôler l'accès au bâtiment principal et aux archives du palais (7, 8). À droite du Propylon se trouvait une structure en forme de tour (55-57) qui servait probablement de quartier général aux gardes.


COUR

Une vaste cour intérieure, également pavée de plâtre (3), menait au Mégaron avec sa salle du trône et aux ailes subsidiaires du bâtiment principal. Sur le côté droit de la cour se trouvait un porche (44) avec deux colonnes cannelées en bois qui soutenaient un balcon. De ce balcon, les fonctionnaires du palais pouvaient confortablement observer les rituels qui se déroulaient souvent dans la cour. À gauche de la Cour se trouvait un appartement composé de deux pièces : une cantine (9) et une salle d'attente (10). Sur le sol de la cantine, on peut encore voir de nombreux gobelets à pied (kylikes), déformés et vitrifiés par l'incendie qui a détruit le Palais à la fin du XIIIe siècle av. J.-C. Dans la salle d'attente se trouve un banc à décor peint, sur lequel les visiteurs s'asseyaient probablement avant d'être présentés au souverain.

Plan des Palais de Nélée et de Nestor
Plan des Palais de Nélée (à gauche) et de Nestor au centre

Les murets correspondant aux soubassements des murs du palais en tracent le plan, mais on en comprend beaucoup mieux son organisation en accédant au réseau de passerelles qui en fait le tour à quelques mètres de hauteur. Accrochés à la rambarde, une bonne douzaine de panneaux illustrés et colorés, bilingues grec-anglais, donnent les informations nécessaires pour comprendre le spectacle et interpréter les pierres nues et les espaces dégagés au sol.

Panoramique du Palais de Nestor depuis la paserelle
Panoramique du Palais de Nestor depuis la passerelle

Palais de Nestor : salle des archives
Palais de Nestor : salle des archives
LES ARCHIVES DU PALAIS

Dans une unité indépendante de deux pièces (7, 8), à gauche de l'entrée principale du bâtiment principal, plus de 800 tablettes d'argile écrites en linéaire B ont été trouvées. Elles avaient été cuites (et donc conservées accidentellement) dans l'incendie qui détruisit le palais vers 1200 av. Dans une pièce des Archives (8), il y avait un banc plâtré sur lequel les scribes plaçaient probablement les tablettes après avoir enregistré les informations et avant de les classer par catégorie sur des étagères en bois. Le linéaire B qui était utilisé représente une forme précoce de la langue grecque, et c'est la plus ancienne écriture lisible et compréhensible sur le sol européen. Cette écriture était utilisée exclusivement à des fins administratives dans les palais de la Grèce mycénienne (Mycènes, Tiryns, Pylos, Thèbes) et de la Crète. Les archives étaient le lieu où le palais exerçait sa politique fiscale et contrôlait la production de ses industries. Les tablettes de Pylos comprennent des documents comptables qui enregistrent les quantités de produits finis et de matières premières, les droits, les déficits, la répartition des impôts et des dettes, ainsi que la distribution des matières premières aux artisans. Elles contiennent également des informations précieuses sur la constitution politique du royaume, sa structure administrative, l'économie, le tissu social et la religion.

Le garde-manger (l'office) d'une seule pièce (60) situé à l'extérieur des Archives a été construit lors de la dernière phase d’édification du complexe palatial et offrait un espace de stockage pour des centaines de pots de vaisselle domestique.



LE MEGARON

Le Mégaron était l'espace officiel le plus important du Palais. Il est disposé de manière axiale et est entouré de couloirs, d'offices, de réserves et d'escaliers qui mènent à l'étage supérieur. Le Mégaron est divisé en trois espaces distincts : le porche (4), le vestibule (5) et la salle du trône (6). Le porche (4) avait deux colonnes en bois entre des antae sur sa façade, un sol peint et des murs décorés de colombages. Dans le porche et le vestibule (5), des plates-formes basses indiquent probablement l'endroit où se tenaient les gardes. Les murs du vestibule étaient décorés de peintures colorées, le sol de motifs linéaires. Des fragments de peintures murales ont été conservés et représentent une scène rituelle avec une procession d'hommes et de femmes, vêtus de longs vêtements, et un énorme taureau que l'on mène au sacrifice. Les grandes dimensions et les impressionnantes peintures murales du Megaron lui confèrent une impression de grandeur et de majesté.
Palais de Nestor Le megaron
Reconstitution en coupe du megaron, ou salle du trône et ses antichambres

Pylos
              : megaorn du Palais-de-Nestor
Megaron du Palais de Nestor, avec son foyer central encadré par 4 colonnes

La salle du trône : reconstitution à
                    l'aquarelle par Piet de Jong
La salle du trône : reconstitution à l'aquarelle par Piet de Jong
LA SALLE DU TRÔNE

La grande salle du trône était le siège de l'autorité royale. C'était l'endroit où le wanax (roi) recevait les visiteurs étrangers importants et les représentants des autres royaumes mycéniens. C'était également un lieu de délibérations politiques et commerciales, de manifestations religieuses et rituelles. Au centre de la pièce se trouve un grand foyer. Il était encadré par quatre colonnes de bois cannelées qui soutenaient un balcon et une haute lucarne ou lanterne. Il a été recouvert de stuc, puis peint d'un motif de flammes, de spirales, d'encoches et peut-être de rosettes de points.
À droite de l'entrée, au milieu du mur nord, se trouvait le trône, probablement en bois, décoré d'ivoire et d'autres matériaux précieux. Près de lui, deux cavités circulaires dans le sol, reliées par un canal, ont été interprétées comme des lieux où l'on versait des libations aux dieux. Le sol de la pièce, ses murs et son plafond étaient richement ornés de motifs linéaires et picturaux. Sur les murs, derrière le trône, des représentations de lions et de griffons. À droite, une scène de repas. La représentation d'un musicien tenant une lyre à cinq cordes provient de cette composition.

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Palais de Nestor, Salle du trône : musicien jouant de la lyre, reconstitution par Piet de Jong

-Palais-de-Nestor-salle-du-trone
Palais de Nestor : salle du trône : le foyer central entouré des bases de 4 colonnes depuis le nord

Les artefacts mis à jour par les fouilles entreprises dès 1939 ont bien sûr été envoyés dans des musées extérieurs, puisqu'on n'en a malheureusement pas (encore ?) construit sur place. En revanche les illustrations sont assez nombreuses et bien faites pour donner une bonne idée du confort de l'installation (la baignoire !), ainsi que de l'esthétique très colorée et des lignes très actuelles de l'architecture comme de son décor.

Palais-de-Nestor-(pantrie)-reserve-de-kylikes-et-de-coupes
Office du Plais de Nestor : réserve de kylikes et de coupes
LES OFFICES

Les offices offraient un espace de stockage pour les poteries appartenant au palais. Dans les salles 18 à 22 du bâtiment principal se trouvaient de grandes quantités de vaisselle, en particulier des coupes et des kylikes. Dans la seule salle 19, on a retrouvé 2 853 exemplaires de kylix, le récipient à boire par excellence de la période mycénienne. Ces récipients étaient stockés sur des étagères jusqu'à ce qu'ils soient utilisés pour les besoins du palais ou qu'ils fassent l'objet d'un commerce.

Presque tous ont été brisés lorsque les étagères se sont effondrées lors de la conflagration vers 1200 avant J.-C. Leur quantité témoigne de la fréquence des banquets auxquels assistaient un grand nombre de personnes. Les festins se déroulaient peut-être dans la cour (88), spacieuse et en plein air, qui communiquait avec les salles (20) et (21). L'organisation de somptueux festins dans le cadre d'événements religieux, profanes et politiques était un moyen de démontrer et, en même temps, de renforcer le pouvoir du wanax.



Évidemment il fallait être riche pour en profiter, mais le propriétaire l'était, vivant non seulement de la fabrication de toute une variété d'objets, mais surtout de la récolte et de la transformation (parfum) de l'huile d'olive, et aussi de sa mise au marché. En effet les navires des Mycéniens (1 400-1 100 av. J.C) naviguaient dans toute la Méditerranée où ils jetèrent les bases d'un commerce international qu'ils dominèrent pendant plusieurs siècles. C'était l'époque des principautés dont les seigneurs participèrent à la Guerre de Troie, mais aussi du réseau des palais crétois dont les plans et les décors étaient finalement assez semblables à ce qu'on devait voir ici.
SALLES DE STOCKAGE DE L'HUILE D'OLIVE

Une grande partie de la salle du trône était bordée par des pièces où était entreposée l'huile d'olive ordinaire et aromatique (salles 23, 24, 27 et 32). L'huile était conservée dans de grandes jarres (pithoi), encastrées dans des bancs d'argile recouverts de stuc. L'huile est mentionnée dans les tablettes linéaires B sous le nom mycénien e-ra-wo (elawon-elaion), mot qui reste le même en grec moderne. La production d'huile aromatique et son échange constituaient une activité économique importante du palais et l'une de ses industries les mieux organisées. Des jarres à faux bec (à étrier) étaient utilisées pour son transport, des récipients qui étaient employés dans de vastes réseaux d'échange au sein de la Méditerranée orientale vers 1450-1080 avant J.-C. Les tablettes du Palais contiennent des informations sur les différents types d'huile aromatique, la méthode de leur fabrication et les diverses utilisations qui en étaient faites. Les huiles étaient utilisées dans les rituels funéraires et religieux, à des fins médicinales et dans la vie quotidienne (par exemple, sous forme de lotion appliquée après le bain ou utilisée dans le traitement des tissus).


« Pendant ce temps, la belle Polycaste, la plus jeune des filles de Nestor, fils de Nélée, baignait Télémaque. Après qu'elle l'eut baigné et oint abondamment d'huile puis enveloppé d'un manteau et d'une tunique, sortant du bain il présentait l'apparence d'un immortel ; il alla s'asseoir auprès de Nestor, le berger du peuple. »

HOMÈRE, ODYSSÉE LIVRE 3, 464 - 469
Palais-de-Nestor : entrepot d'huile d'olive
Palais de Nestor : entrepôt d'huile d'olive

Palais-de-Nestor-entrepot-d'huile-d'oliv
Entrepôt d'huile d'olive sur le côté nord du palais de Nestor

Palais-de-Nelee-Scene-de-bataille-13e.s.av.-.JC)
Palais de Nelée : Scène de bataille (13e.s.av.J-C) (reconstitution de Piet de Jong)

Char de guerre dans le Palais de Nestor
Char de guerre dans le Palais de Nestor (reconstitution de Piet de Jong)
L'ART DE LA PEINTURE MURALE

L'art de la peinture murale trouve ses racines dans la Crète minoenne et, à la fin du XVIe siècle avant J.-C., il a été transmis à une grande partie de la mer Égée. Les peintures murales constituent un élément fondamental de la décoration du palais de Nestor et d'autres palais mycéniens. Les thèmes sont profanes (la chasse ou les batailles), ou symboliques et religieux (griffons et processions) ; ils s'inspirent parfois de l'environnement naturel, ou peuvent être constitués de motifs purement décoratifs. Il semble que les sujets iconographiques aient été choisis en partie en fonction de la fonction des espaces que les peintures devaient orner ; derrière les choix se cache souvent un programme de conception conscient. Les symboles semblent avoir eu la même signification dans tout le monde mycénien. Une forte influence crétoise sur les techniques de peinture est souvent perceptible, probablement parce que les artistes minoens étaient parfois présents sur le continent grec. En 1969, Mabel Lang (1917-2010) a publié de manière exhaustive un échantillon représentatif d'environ 20 000 fragments de peintures murales du palais. Elle pensait que les peintres avaient utilisé la technique du buon fresco (fresque véritable), c'est-à-dire que les peintures avaient été appliquées sur de l'enduit encore humide, à la suite d'esquisses préliminaires. Des études récentes, faisant appel à une multitude de nouvelles techniques d'analyse, ont plutôt démontré que les artistes du Palais peignaient à la détrempe à l'œuf et utilisaient des liants organiques tels que l'œuf, des colles animales et des gommes végétales naturelles. Les peintures (noire, bleue, jaune, rouge, brune, verte et blanche) étaient d'origine naturelle et, pour la plupart, fabriquées à partir de minéraux. De nouvelles études ont également témoigné de l'utilisation intensive d'autres nuances de couleurs (par exemple, le violet extrait du murex) produites à partir d'agents organiques. En outre, l'examen de fragments non publiés par Lang a révélé des compositions décoratives entièrement nouvelles.
L'architecte et peintre britannique Piet de Jong (1887-1967) a collaboré avec Lang et Blegen pour réaliser des reconstructions à l'aquarelle du palais et de ses décorations. Les aquarelles de De Jong donnent vie aux peintures murales, qui n'ont été conservées qu'à l'état de fragments. Aujourd'hui encore, ses peintures sont des références pour tous ceux qui veulent comprendre l'iconographie des civilisations grecques de la fin de l'âge du bronze.


L'ÉCRITURE DANS L'ARGILE

Environ 1 100 tablettes d'argile gravées en Linéaire B ont été progressivement découvertes, dès le premier jour des fouilles du palais en 1939. Le linéaire B est la plus ancienne écriture trouvée sur le sol européen. Les tablettes sont rectangulaires (en forme de page) ou allongées (en forme de feuille). Pas moins de 32 scribes incisaient les textes sur les tablettes à l'aide de stylets en os, en métal ou en bois lorsque l'argile était humide. Lorsque les tablettes étaient sèches, elles étaient archivées dans des paniers ou des boîtes en bois portant des étiquettes en argile.

Michael Ventris a déchiffré l'écriture linéaire B en 1952, prouvant qu'elle constituait une forme précoce de la langue grecque. L'écriture utilise des signes syllabiques et idéographiques, un système de numération décimale et des unités de mesure pour le poids, les liquides et le volume. Les textes de Pylos traitent d'affaires économiques et administratives. Ils sont conservés aujourd'hui parce qu'ils ont été cuits dans l'incendie qui a détruit le palais vers 1200 av. J.-C. Par conséquent, nous ne disposons d'informations que pour la dernière année de l'administration royale, mais elles n'en sont pas moins précieuses pour ce qu'elles nous apprennent sur la structure géographique du royaume, la stratification et la hiérarchie sociales, les pouvoirs du wanax et la vie religieuse.

tablette-en-lineaire-B.
La tablette linéaire B PY Tn316 qui enregistre les offrandes cérémonielles du centre palatial de Pylos (pu-ra) à 40 dieux et sanctuaires, est l'un des documents les plus importants concernant la religion mycénienne. L'écriture linéaire B fut déchiffrée par Michael Ventris (1922-1956), en collaboration avec John Chadwick,

Palais-de-Nestor-Salle-de-bain
Asaminthos (baignoire) en argile dans la salle de bain
SALLE DE BAIN

La petite pièce (43) est particulièrement intéressante. Il s'agit du seul exemple de salle de bains déjà trouvé dans un palais mycénien sur le continent grec et dont l'équipement est encore assez bien conservé. Elle a été identifiée par Carl Blegen, l'excavateur du palais, comme étant le bain royal. Un asaminthos homérique, une grande cuve en argile décorée de spirales, est encastré dans une banquette recouverte de plâtre. Un marchepied en argile facilitait l'entrée et la sortie du baigneur. Deux grandes jarres encastrées dans un haut banc d'argile dans le coin sud de la pièce servaient probablement à stocker l'huile aromatique dans le pithoi et dans la baignoire se trouvaient de petites kylikes, essentielles pour verser l'eau sur les baigneurs.

La salle de bains avec son asaminthos en argile nous aide à imaginer la scène d'Homère où Polycaste, une fille du roi Nestor, baigne et soigne Télémaque, le fils d'Ulysse, pendant son séjour à Pylos.



Baignoire du Palais de Nestor

LE MÉGARON DE LA REINE

Le Mégaron de la Reine (45-23) était une suite indépendante de pièces situées à côté du quartier général des gardes (55-57) ; il comprenait une cour fermée en plein air (47), des couloirs intérieurs et des espaces auxiliaires. Le hall central (46) était une élégante pièce rectangulaire à trois entrées, dont les murs et le plafond étaient richement décorés. Au centre de la pièce se trouve un foyer circulaire, plus petit que celui de la salle du trône, mais également peint de flammes, de zigzags et de spirales. Les murs de la pièce sont décorés de fresques représentant des animaux sauvages et mythiques, tels que des lions et des griffons. Il n'est donc pas exclu que cette pièce ait été utilisée par le capitaine des gardes et ses officiers et que les appartements de la reine se trouvaient plutôt à l'étage supérieur.
Palais-de-Nestor-megaron-de-la-Reine
Contigu à la salle de bain, le mégaron de la Reine


Vue vers la Baie de Navarin depuis le Palais de
              Nestor
La Baie de Navarin vers Pylos depuis le Palais de Nestor à Chora


Je passerai près de 3 heures à parcourir le site en tous sens, à tout lire et à prendre des tas de photos ; la lumière est belle et la température douce, et tout semble avoir été pensé pour faire de cette visite une découverte passionnante.

Vers 13 heures je reviens vers le parking pour faire un dernier tour dans la tombe à tholos voisine.

Palais-de-Nestor : la tombe à Tholos IV
Près du Palais de Nestor : entrée de la tombe à tholos IV
Palais-de-Nestor : la tombe à Tholos IV
Sol et voute de la tombe à tholos IV près du Palais de Nestor

LA TOMBE à THOLOS IV

La tombe à tholos a été fouillée en 1953 par Lord William Taylour, membre de l'équipe de Carl Blegen, puis elle a été reconstruite en 1957 par le Service archéologique grec. La tombe avait été édifiée avant que le palais soit à l'apogée de sa puissance. Les responsables ont probablement vécu sur la colline d'Englianos, dans des maisons qui se trouvent aujourd'hui sous le dernier palais, et ont probablement aussi construit le mur de fortification qui entourait l'acropole pendant la période du Mycénien ancien (-1680 à -1400 av. J.-C.).

La tombe a été pillée dans l'Antiquité. Parmi les trouvailles qui y sont restées, il y avait de petits objets en matériaux précieux, des bijoux, des feuilles d'or découpées avec des représentations de hiboux, un sceau royal en or avec une représentation d'un griffon ailé, et une chevalière en or montrant une scène de culte dans un sanctuaire sur une pointe, de type minoen. La tombe a été utilisée pour les enterrements royaux (au moins treize) pendant la majeure partie du XVIe et du XVe siècle avant J.-C.

Non loin au sud-ouest se trouvait une tombe à puits avec de riches offrandes, datant du XVe siècle av. J.-C.
Objets en or trouvés dans la tombe à tholos IV
Offrandes de la tombe à tholos IV : une feuille découpée en or représentant un hibou,
un sceau royal en or avec un griffon ailé et une chevalière avec une scène de culte dans un sanctuaire sur un sommet (Musée Archéologique National, Athènes)

Puis je retrouve mon Exsis, déjeune et me repose un peu avant d'examiner la suite de mon programme. D'abord redescendre au niveau de la mer par la sportive petite route prise hier pour grimper jusqu'ici, puis me fixer d'autres buts de visites. Le site web de Michelin suggère la Forteresse de Niokastro qui surmonte la ville de Pylos et sa rade. Spectaculaire, riche de plusieurs musée qui devraient m'intéresser. De plus la proximité des quai du port m'offrira quantité d'espaces pour bivouaquer.

Le port de Pyos en arrivant du nord
Le port de Pylos en arrivant du nord, à l'entrée de la Baie de Navarin

Une heure plus tard je suis en ville et monte jusqu'à la grande porte du château : fermée le mardi ! Celle-là, je ne l'avais pas vue venir... Qu'à cela ne tienne, il recevra ma visite demain. Et comme il fait encore chaud et beau, je redescends sur le quai devant le port de plaisance (un seul beau voilier - habité - à quai aujourd'hui) où je me case dans un coin du très grand parking. À l'entrée du Niokastro de Pyllos
Une grosse tour ronde Makryanis garde l'entrée du Niokastro de Pylos
Pylos soleil couchant sur la mer
Pylos : soleil couchant depuis mon bivouac sur le quai
J'y vois le soleil descendre et se coucher sur la baie, entreprends transfert, dénomination et autres traitements de mes photos, fais quelques appels et explorations sur le net… Puis ce sera la préparation du souper, vite fait, et enfin un autre coucher tôt pour répondre à ma baisse d'énergie qui tarde à s'estomper.


56 894 Mercredi 28 décembre 2022 : Port de PYLOS (0 km)

Pas grand chose à écrire aujourd'hui puisque je n'ai pas bougé de la journée, profitant du grand soleil qui alimente les batteries et chauffe l'habitacle. Je peux ainsi rester au chaud en espérant hâter ma guérison tout en finalisant le traitement des nombreuses notices captées lors de mes visites.

L'esplanade où je me suis installé est quelque peu fréquenté dans la journée - y compris par deux camping-caristes qui viennent évidemment se poser juste à côté de moi, collé-collé ! Je supporte un moment leur bavardage insignifiant puis, perdant patience, me déplacerai un peu plus loin sur le quai pour retrouver silence et tranquillité.
Bivouac sur le quai de Pylos
Bivouac sur le quai de Pylos

Enfin le soir descend en apportant un autre coucher de soleil spectaculaire. Demain je me lèverai tôt pour profiter du musée de la citadelle et aller voir un peu plus loin à quoi ressemble le pays.


56 894 Jeudi 29 décembre 2022 : de PYLOS à PALAIOKASTRO (15 km, mais 7 060 pas...)

À la porte du Niokastro de Pylos
À la porte du Niokastro de Pylos
Lever peu avant 9:00 sous un ciel quelque peu nuageux qui se dégagera bientôt. Après la douche, déjeuner tranquille sur mon grand parking, devant la Baie de Navarin superbe dans la grande lumière, bornée par les rochers de l'ilot de Tsikli Mpampa, coupés d'arche et d'aiguilles. Je ne m'attarderai pourtant pas, m'étant fixé pour objectif ce matin de visiter le Niokastro de Pylos, la forteresse ottomane qui couvre la colline dominant la ville et le port. Laissant l'Exsis sur le quai, j'en gagne la porte perçant la haute muraille par une route étroite et joliment ombragée de pins et débouche aussitôt sur une vaste esplanade. Dans le petit bureau d'accueil on me remet mon billet (3 €) et un feuillet illustré présentant les lieux. Je me lance aussitôt à leur découverte.

Cette forteresse fut construite par les Ottomans en 1573, après la défaite de la bataille de Lépante, dans le but de contrôler l'une des routes maritimes les plus importantes entre l'est et l'ouest de la Méditerranée. De 1668 à 1715 la forteresse fut sous domination vénitienne, tandis qu'en 1770 elle fut occupée par les frères Orlov. En 1821 les Grecs libérèrent le Niokastro jusqu'en 1825, jusqu'à ce qu'après forte résistance, elle retombe dans les mains d'Ibrahim Pacha d'Égypte. Dans la baie de Navarin, en 1827 les forces conjointes de la Grande Flotte de la Grande-Bretagne, de la France et de la Russie affrontèrent et défirent Ibrahim, le forçant à abandonner l'occupation de la Morée (Péloponnèse). Après 1830 une nouvelle ville fut bâtie hors les murs, appelée Pylos. Le Niokastro fut graduellement abandonné et son acropole utilisée comme prison.

La forteresse se compose d'une vaste enceinte protégeant l'établissement principal, et d'une plus petite de forme hexagonale formant l'acropole. Les murs étaient assez épais pour résister à l'artillerie, bas et inclinés pour éviter les projectiles, tout en étant renforcés par de puissants bastions. Les deux plus importants se trouvent sur le côté de la citadelle donnant sur la mer, le bastion dit «Evdomos » (septième) et le Bastion de Santa Maria, qui protégeant l'entrée principale de la Baie de Navarin, un des meilleurs ports naturels de la Méditerranée. Vue-aerienne-du-Niokastro de Pylos
Vue aérienne du Niokastro de Pylos

Plan du Niokastro de Pylos

Au plus haut point du château se trouvait l'acropole, renforcée d'une douve sèche. La «Porte de Zematistra» était la principale entrée de la ville du côté sud-est. Le mur sud est particulièrement impressionnant, qui reliait l'acropole au Bastion Evdomos.

Des restes de maisons et de citernes sont encore conservées dans la citadelle, au centre de laquelle se trouve l'église de la Transfiguration du Christ Sauveur, récemment restaurée. Originellement construite comme mosquée ottomane par le Sultan Murat III (1575-1595) elle fut convertie en église catholique durant la seconde occupation par les Vénitiens (1686-1715) et dédiée à St Vitus.

Je commence par monter sur le chemin de ronde qui couronne le mur nord, sans aucune interruption jusqu'au Bastion de Santa Maria. Belle et large vue sur la Baie de Navarin que cette fortification était censée contrôler du côté nord-ouest. Là je trouve l'autre escalier qui me permet de retrouver le niveau du sol.

Niocastro de Pylos : sur-le-rempart vers-le-bastion
            Sta-Maria
Dans le Niokastro de Pylos : depuis le chemon de ronde sur le rempart menant au
 bastion Santa Maria, vue sur l'entrée de la Baie de Navarin


Depuis le rempart du Niocastro Exsis sur le quai du
              port de plaisance et la ville de Pylos
Depuis le rempart du Niokastro, Exsis laissé sur le quai du port de plaisance et la ville de Pylos

Je renonce à gagner l'autre bastion Evdomos, le sol étant inégal et caché par des herbes haute, tandis que le chemin de ronde qui se poursuit me semble encore plus cahoteux et dangereux (pas de rambarde côté intérieur).

Je remonte plutôt vers le centre de la ville-forte pour visiter l'église de la Transfiguration. De forme typique (croix grecque), elle sort d'une restauration majeure.

Pylos Niocastro l'église de la Transfiguration depuis
            le bastion Santa Maria.
Pylos Niokastro : l'église de la Transfiguration depuis le bastion Santa Maria

L'intérieur de l'église ne comporte pas de fresques sur les murs blancs, elle est seulement décorée de grandes icônes recouvrant l'iconostase. Du côté ouest, des arcades couvertes de petits dômes forment galerie (narthex) donnant sur la baie. Un bel ensemble tranchant sur l'environnement très vert ponctué des taches colorées des fleurs sauvages…
Niokastro eglise de la Transfiguration du
                    Sauveur, ancienne mosquée ottomane
Niokastro : l'église de la Transfiguration du Sauveur, ancienne mosquée ottomane

Ionostase de l'église de la Transfiguration du
              Sauveur
Iconostase de l'église de la Transfiguration du Sauveur

eglise-de-la-Transfiguration-du-Sauveur-St-Pierre
Église de la Transfiguration du Sauveur : St Pierre
Niokastro-eglise-de-la-Transfiguration-du-Sauveur-crucifix
Le Crucifix derrière l'iconostase de l'église de la Transfiguration du Sauveur
eglise-de-la-Transfiguration-du-Sauveur-St-Paul
Église de la Transfiguration du Sauveur : St Paul

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L'autel derrière l'iconostase de l'église de la Transfiguration du Sauveur

Portique de
                    l'église-de-la-Transfiguration-du-Sauveur
Portique de l'église de la Transfiguration du Sauveur, ancienne mosquée
Depuis le portique de l'église, panorama sur la
                    Baie de Navarin
Depuis le portique de l'église, vue sur les îlots à l'entrée de la Baie de Navarin

Tout à côté, un petit bâtiment de pierre (Pasha Building), lui aussi restauré, présente une exposition intéressantes sur quelques fouilles sous-marines de sites de naufrages : navires de l'antiquité essentiellement, chargés d’œuvres d'art, de productions agricoles, de pierres de construction, etc. De quoi éclairer les échanges commerciaux intenses qui sillonnaient cette région, et ce depuis plus de 3 000 ans…

Xl, PROMONTOIRE DE LIXOURI SUR L'ÎLE DE CEPHALONIE
Les statues mystérieuses : pillées, puis naufragées.


Ces sculptures ont été repérées au cours de l'été 1980 par des vacanciers, à une distance d'environ 300 m. du rivage. Elles ont ensuite été remontées à la surface par l'Ephorote des Antiquités Subaquatiques. Ces statues impressionnantes datent de la période hellénistique. Elles ont probablement été pillées dans un temple grec et se trouvaient à bord d'un navire romain naufragé en partance pour l'Italie. Cette intéressante découverte archéologique se compose de trois bases de colonnes en marbre, de deux chapiteaux en marbre et de six statues en marbre :

...La figure masculine assise représente le dieu-type Sarapis ou Sérapis, une divinité créée à l'époque du royaume hellénistique, d'après la célèbre statue de culte du IIIe siècle avant J.-C. dans le sanctuaire d'Alexandrie en Égypte. Malgré son caractère incomplet, la statue de Céphalonie présente les traits fondamentaux du type assis sur son trône. Le dieu est vêtu d'un chiton à manches courtes et d'un himation drapé autour des cuisses. Ce type était accompagné du redoutable chien Cerbère, dont il ne reste dans notre cas que la saillie de la base sur laquelle il devait se tenir.

...Une statue
sans tête représentait un jeune homme nu portant une chlamyde autour des épaules, dans le style d'Hermès ou de Ganymède. La chlamyde est fixée sur l'épaule droite, elle couvre le dos et s'enroule autour de la main gauche. Cette statue s'appuie sur la jambe droite, tandis que la gauche est détendue. Dans sa forme complète, le côté gauche de la statue est posé sur un tronc d'arbre, assurant le soutien de la statue et sur lequel tombaient la chlamyde.
statues-de-Lixouri
Statues de Lixouri : à gauche Serapis et à droite type Hermes ou Ganymède
statues-de-Lixouri : déesse ou alléhorie
Statues de Lixouri : déesse ou allégorie
Une statue représentait une femme vêtue ou une déesse. Son long chiton était fixé sous le buste et son himation couvrait son dos et son épaule gauche, créant des plis élaborés.

Ce type de statue était déjà utilisé depuis la période classique pour représenter des déesses comme Thémis, Hygeia, Tyche, ou des personnifications de villes et de notions abstraites, comme la Démocratie.



Niokastro : vue sur l'entrée de la Baie de-Navarin
                en sortant du musée
Niokastro : vue sur l'entrée de la Baie de Navarin en sortant du Pasha's Building

Je monte ensuite faire le tour de l'acropole, dont les murs de pierre grise, massifs, bouchent le côté est en haut du périmètre de l'enceinte. On pénètre dans le grand espace hexagonal par une haute porte donnant directement dans l'espace central. Tout autour, des arcades abritaient les magasins, casernes et autres locaux fonctionnels. Un escalier dans l'épaisseur du mur donne accès au deuxième étage en terrasses anciennement garnies de pièces d'artillerie.
Porte de l'acrople de Niokastro
Porte de l'acropole du Niokastro

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Niokastro : tour bastion flanquant l'accès à l'acropole
Niocastro-porte-de-l'acropole-cote-interieur
Porte de l'acropole du Niokastro, côté intérieur

Intérieur de l'acropole du Niocastro
Intérieur hexagonal de l'acropole du Niokastro

Baie de Navarin depuis le haut de l'Acropole du
              Niokastro
Baie de Navarin, Pasha's Building et église de la Transfiguration depuis les créneaux de l'acropole du Niokastro

Bordée d'un mur de protection large de près de 2 mètre elle était le royaume des canonniers qui pouvaient à travers d'amples embrasures, tirer sur l'ennemi de l'autre côté du profond fossé. Cela a dû être toute une entreprise, tant pour les Vénitiens que plus tard pour les Grecs, que de chasser l'occupant turc de ce formidable château.

Niocastro fosse du cote sud
Fossé protégeant le mur sud du Niokastro

Dans un des petits bastions de cette acropole, autre exposition sur les établissement engloutis du sud du Péloponnèse. On y explique avec photos, plans et quelques artefacts, comment tant les mouvements tectoniques (surgissement ou au contraire enfoncement du sol) que la hausse du niveau des mers ont fait disparaître des pans entiers de villes ou des ports situés en bord de mer. Étonnant, tout comme les techniques de plus en plus sophistiquées qui permettent de repérer et de mesurer le phénomène. Du coup l'archéologie marine a vu s'élargir son champ de recherche, menant à des découvertes inattendues comme celle de l'urnification

Urnification à Methoni Messinias

L'urnification était dans l'Antiquité un mode d'inhumation courant, principalement pour les nourrissons ou les jeunes enfants. À l'époque préhistorique, le nourrisson mort était placé dans la jarre, qui représentait l'utérus de la mère, par un trou circulaire ouvert sur sa surface à l'aide d'un couteau ou d'un foret. Le trou était ensuite recouvert par le même morceau détaché ou par le fragment d'une autre jarre ou par une pierre. Initialement, les poteries de cuisson, les hydries, les pithoi et les amphores étaient utilisées comme récipients funéraires.
Urnification dans la cité engloutie de Methoni
Urnification dans la cité engloutie de Methoni

Statuettes de coureurs trouvées dans une tombe
                    double (Hellenistique, bronze)
Statuettes de coureurs trouvées dans une tombe double (Helladique ancien, bronze)
Je finirai mon tour du site par le Musée archéologique nouvellement et bellement aménagé dans la Maison, habitation du commandant de la place près de la porte donnant côté port. Vitrines impeccablement présentées, documentation très au point, beaucoup d'objets exposés présentent un grand intérêt esthétique et pratique au delà de leur aspect historique et scientifique.
Skyphos Vase en verre millefiori (mosaique
                    multicolore) 3e-1er s. av JC
Skyphos Vase en verre millefiori (mosaïque multicolore) 3e-1er s. av J-C
Albastron vase à parfums 4e-3e s. av.JC
Albastron (vase à parfums)  en verre bleu présentant des appliqués de pâte de verre jaune (4e-3e s. av. J-C)
Oinochoai (cruche à vin) trifoliée (,argile
                    4e-3e s. av. J-C)
Oinochoi (cruche à vin) trifoliée (argile, 4e-3e s. av. J-C)
Biberon en argile (2900-2200 .av. J.C)
Biberon en argile (2 900-2 200 s. av. J.-C.)
bagnoire-en-argile
Baignoire en argile
Cruche à étrier pour conserver l'huile (argile,
                    1400-1200 av. JC)
Cruche à étriers pour transporter et conserver l'huile
 (argile, 1 400-1 200 av. J-C)


Quel art de vivre chez ces anciens de la période mycénienne (-1400/-1100), qui disposaient pourtant de moyens technologiques embryonnaires par rapport aux nôtres, mais exploitaient avec une grande habileté les ressources de leur environnement… Ils avaient aussi compris que l'opulence (bijoux...) et le confort (baignoire en terre cuite!) tenaient à la qualité de leurs productions et à leur large mise en marché auprès de leurs voisins, fussent-ils à l'autre bout de la Méditerranée.

Porte en chicane du Niocastro
Porte en chicane de l'acropole du Niokastro
Enfin je quitte ce magnifique espace rendu maintenant bien pacifique en empruntant une autre belle porte en chicane, passe auprès de l'église maintenant dorée par la lumière du soir et redescends la côte du kastro vers le port. J'y retrouve mon Exsis en plein soleil, qui a au moins en partie rempli ses batteries…

Je commence à préparer une poêlée de poivrons multicolores, porte grande ouverte sur la baie, lorsque je suis abordé par un couple de Français, camping-cariste eux aussi, qui me tiendront la jambe plus d'une heure, bientôt rejoint par le Russe Letton et plongeur rencontré ce matin… Longs bavardages à bâtons rompus (ils sont allé «faire le Northcap» en janvier dernier !), j'éteins le feu sous mes poivrons qui commencent à roussir, et finirai par manger vers 16:00…

Les murs de la mosquée -église de la Transfiguration
              dorés par la lumière du soir
Les murs de la mosquée-église de la Transfiguration dorés par la lumière du soir

Pylos depart de mon bivouac au coucher du soleil
Pylos, au départ de mon bivouac sur le quai au coucher du soleil

Voyant le soleil déjà bien bas, je décide alors de changer de bivouac tout en continuant à explorer la région décidément riche et belle, cette fois-ci en me rendant à la jolie plage presque circulaire de Voidokilias, entrevue sur photo dans le Musée.

Au fond de la Baie de Navarin, le site en est exceptionnel. Au bord d'une aire naturelle protégée, elle est dominée par une tombe à Tholos mycénienne particulière, dite de Thrasymedes, fils de Nestor. Loin de toute habitation, mais proche d'une vingtaine de km, cela devrait convenir pour ma nuit.
Bivouac devant la zone humide de Limni
                    Divariou
Bivouac en soirée devant la zone humide de Limni Divariou

Me voilà donc derechef sur la nationale 9 empruntée avant-hier me ramenant vers le rond-point de Chora, d'où un petite route sinueuse m'amène directement à bon port, au delà de la vaste zone humide de Limni Divariou. Soleil couchant dans la face, j'arrête tout au bout, là où le sable devient menaçant pour ma traction, et profite des grandes lueurs du crépuscule pour un premier tour sur le grand arc presque fermé de la plage, indéniablement charmante. Les gros nuages teintés de rose et d'or se trouvent dans l'axe de la passe donnant sur la mer, encadrée de promontoires rocheux contrastés.

Paleocastro panoramique sur la plage de Voidikilias
              au crépuscule
Palaiokastro : panoramique sur la plage de Voidokilias au crépuscule

La fraicheur s'installe, je réintègre mon intérieur plus confortable pour me préparer un souper léger, trier, transférer et dénommer les 137 photos de la journée. Après un appel chaotique et interrompu de Monique qui peine sur le lavage des tapis avec son fils, je me couche avant 22:00, nettement moins affecté par mes difficultés respiratoires qui semblent sur le reflux. Silence total, nuit étoilée, minimum prévu de 10°.

Au pied du Paleocastro , la plage de Voidikilias au
              crepuscule
Au pied du Palaiokastro, le goulet devant la plage de Voidokilias au crépuscule


56 911 Vendredi 30 décembre 2022 : de la plage de Voidokilias à METHONI (38 km) (8 203 pas)

Nuit excellente bien entendu et ciel ensoleillé quoique légèrement voilé au lever vers 8:30. Je déjeune en complétant le carnet de bord interrompu hier soir par la fatigue, me douche et pars en balade d'abord vers la tombe à tholos sur la colline au dessus de mon bivouac, avant de refaire le tour de la plage pour tenter de rejoindre le Palaiokastro de Pylos, sur le promontoire dominant l'autre côté de la passe. Bivouac devant la plage de Voidokilias
Bivouac au bord du marais et devant la plage de Voidokilias
Montee vers la tombe à tholos de Thrasymedes
Montée vers la tombe à tholos de Thrasymedes
La première virée se passe fort bien, après que je me sois aidé de Google Maps en mode piéton sur mon téléphone pour trouver le départ du sentier vers le Site archéologique (panneau découvert 200 m plus loin le long du sentier, hors de vue du départ…).
Après 300 m à peine de légère montée, je découvre un petit espace dégagé sur le sommet aplati de la colline, autour des restes de la tombe avec tholos. Son dôme arrondi a disparu, mais ses parois jusqu'à mi-hauteur, dépassant à peine du niveau du sol, sont intactes. Le défunt avait du goût, car il a choisi sa dernière demeure dans un site exprimant la quintessence de son pays, au confins de sa montagne hellène et au seuil de sa mer le reliant à l'univers de son époque (mycénienne). Pylos tombe à tholos de Thrasymedes
Pylos : la tombe à tholos de Thrasymedes
Plage de Voidoklias et Baie de Navarin depuis
                    la tombe de Thrasymedes
Plage de Voidoklias et Baie de Navarin depuis la tombe de Thrasymedes
Le beau temps magnifie le paysage superlatif : les caps, plages et îles, les eaux bleu saphir de la Méditerranée, la vaste lagune côté terre, les montagnes dont les cimes lointaines se perdent dans une brume bleutée… tout chante la beauté enivrante de cette terre.
En regardant au delà de la passe barrant le «Bain de Polycasti» j'aperçois les créneaux dépassant des murailles du Paleocastro au sommet de la montagne. Ce sera mon prochain objectif. Vue-vers les créneaux du Palaiokastro depuis la
                    tombe de Thrasymedes
Vue vers les créneaux du Palaiokastro depuis la tombe de Thrasymedes
Au départ de la balade vers Palaiokastro, la
                    plage de Divari sur la Baie de Navarin et Limni
                    Divariou
Au départ de la balade vers Palaiokastro, la  plage de Divari entre la Baie de Navarin et la lagune-marais de Limni Divariou
Mais ne découvrant aucune indication comme quoi le sentier qui y mène peut être rejoint depuis l'extrémité de la plage où je suis stationné, je me fie aux indications de Google Maps et effectue un large contournement de la lagune pour aller stationner à son départ, près de Divari Beach. Je case l'Exsis pointé vers le soleil pour assurer une recharge maximale durant cette courte journée, puis j'enfile mes chaussures de marche - le sentier risque d'être assez sportif ! - et m'élance vers les hauteurs.
D'abord facile et en pente douce, le sentier devient progressivement plus caillouteux, avec d'étranges passages pavés de grosses pierres irrégulières dont je soupçonne l'origine médiévale. Le panorama s'élargit au fur et à mesure de ma montée, tandis qu'apparaissent progressivement à travers les gros arbustes touffus les tours et les remparts garnis de créneaux et merlons. Le murailles du Plalaiokastro, but de ma
                    randonnée
Les murailles du Palaiokastro, but de ma randonnée

Je fais plusieurs pauses pour reprendre souffle et finis par atteindre la porte monumentale donnant accès au vaste espace central délimité par les murailles. La voûte de la tour-porte s'est écroulée depuis longtemps et encombre le passage, tandis que curieusement demeure presque intacte la petite loge de la sentinelle de faction... Au delà la grande cour centrale du château est quasi impraticable et illisible, envahi par une végétation touffue où pointent de-ci de-là quelques amoncellements de pierres témoignant de la présence - autrefois - d'une bâtiment.
Entrée du Palaiokastro de Pÿlos
Entrée du Palaiokastro de Pylos du côté sud
Porte du Palaiokastro
Restes de la grande porte du Palaiokastro
Remparts du Paleokastro côté ouest ; au fond
                    Pylos
Remparts du Palaiokastro côté ouest ; au fond Pylos
Je commence par suivre le chemin de ronde couronnant le mur ouest, côté mer qui offre des vues spectaculaires sur la côte et les environs. Mais je finis par arriver à un hiatus, là où le mur s'interrompt, séparé du château haut, ou acropole selon la dénomination locale, par un profond fossé. Celui-ci était probablement franchissable par une passerelle mobile, facilement démontable, qui a maintenant disparu.

Enmmontant sur le chemin de ronde au dessus de la
              mer
Tour du château sur le chemin de ronde dominant  la mer

Paleokastro retour vers la porte
Palaiokastro: retour vers la porte en suivant le chemin de ronde

Il ne me reste plus qu'à revenir sur mes pas en admirant une nouvelle fois le splendide paysage maritime, posant précautionneusement mes semelles sur les pierres inégales du chemin, repassant à travers les restes de quelques tours très amochées ponctuant la muraille, au dessus de la pente accentuée dévalant vers la mer, quelques centaines de mètres plus bas.

LA
                    cour inférieure du Palaiokastro
La cour inférieure du Palaiokastro
De retour à la porte, je n'ai d'autre choix que de me lancer à travers la jungle au centre de l'ancienne basse cour pour découvrir le sentier menant à l'acropole. Soufflant en m'élevant sur la pierraille qui roule sous le pas, je finis par atteindre un autre mur en passablement mauvais état qui marquer l'emplacement où devait se trouver la porte du logis seigneurial.
Beaucoup de ruines, là encore dans cet enclos où j'ai la surprise de découvrir deux profondes citernes dont les voûtes ont disparu. Cette fois aussi  je me dirige vers le mur périphérique pour admirer le merveilleux panorama sur la lagune, la plage circulaire de Voidokilias, l'arrière pays et les montagnes en arrière. On aperçoit aussi très bien le site de la tombe à tholos de Thrasimedes où j'étais ce matin. Marche un peu exigeante, mais qui, au total, valait largement le coup. Citerne dans le chateau haut
Citerne dans le château haut
Tout en haut, la muraille côté nord
Tout en haut du mont et de l'acropole, la muraille côté nord

Tout en haut du Paleokastro vue vers la plage de
              Voidokilias
Depuis le sommet de l'acropole du Palaiokastro, vue vers la plage de Voidokilias

Tombe de Thrasimedes depuis le Palaiokastro
La tombe à tholos de Thrasimedes au dessus du promontoire nord de la plage

Les derniers metres vers la porte du
                    Palaiokastro
Les derniers mètres de retour vers la porte du Palaiokastro
Palaiokastro le remparts depuis la porte
Le remparts sud du Palaiokastro depuis sa porte

Sur le sentier pavé descendant du chateau
Sur le sentier pavé descendant du château
En repassant l'avant-poste du Palaiokastro à
                    mi-côte
En repassant l'avant-poste du Palaiokastro à mi-côte

Paleokastro retour au parking sur la baie de Navarin
Depuis le Palaiokastro, retour au parking de la plage de Divari au fond de la baie de Navarin

Le retour est évidement beaucoup plus facile, n'était-ce la fatigue et les douleurs de mon dos et de mes jambes peu entrainés, accentuées par une légère et insinuante sciatique… Le poids des années ! Je réintègre néanmoins sans problème l'Exsis pour un repas reconstituant et un repos apprécié. La forme revient bientôt, je vérifie sur Google Maps la présence de supermarché à Pylos pour quelques manques, réservant à Kalamata une visite au Lidl. À nouveau en route vers Pylos, je complète le plein de mes 2 réservoirs (gasoil : 1,75€/l, GPL: 1,05 €/l) puis passe sur le port de plaisance où je finis par trouver le robinet me permettant de mettre aussi à niveau la citerne d'eau fraiche et mes bouteilles d'eau potable.

Il est maintenant passé 16:00, la lumière descend déjà. Je complète mes emplettes dans un tout nouveau supermarché en sortant de la petite ville (qualité acceptable, mais choix
décevant, particulièrement en ce qui concerne le pain…) puis me rends jusqu'à Methoni, à une vingtaine de km au sud.

Forteresse vénitienne de Methoni dans le soleil
              couchant
Forteresse vénitienne de Methoni et son bourtzi dans le soleil couchant

Le soir tombe lorsque j'arrive à la pointe après avoir traversé la longue rue centrale du village, juste devant l'imposante forteresse vénitienne qui le tenait à l'abri des Ottomans et autres pirates barbaresques. Je longe un peu le rivage sur la route côtière (vaste camping, quelques restaurants endormis…), prends quelques photos du soleil couchant derrière la silhouette de la forteresse, puis m'installe pour la nuit
devant la plage de Kritikà, sur un grand parking (vide bien sûr) destiné aux vacanciers amateurs de baignade.

bivouac devant la forteresse venitienne au
              crepuscule
Bivouac devant la forteresse vénitienne de Methoni au crépuscule

Mon souper sera vite expédié. Je me contente ensuite de consulter mon courrier - en vérifiant que j'ai déjà consommé 6 Gig de données sur les les 25 Gig alloués jusqu'au 22 janvier - je devrai donc faire attention - puis j'entame la rédaction du journal mais l'abandonne bientôt, trop fatigué, pour tomber dans mon lit à 20:30.


Suite : 2023-01 Péloponnèse-3

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