Jasper : bivouac sur la Dump Station Rte 93 |
Réveillé dès 7:00 après une bonne nuit qui a gommé mes courbatures bien présentes hier soir, je déjeune, me douche puis profite des facilités pour compléter le plein d'eau. Je rejoins alors Mathieu sur le grand parking à l'entrée du village où, après son café matinal il s'est lancé dans la pose et le branchement du nouveau gros câble alimentant son frigo. |
À 10:10 nous nous
préparons à gagner le Musée où nous avons donné
rendez-vous à Juliette quand un message apparait sur nos
téléphones : « Notre batterie démarre pas. On cherche un
boost.» Puis : « Un CAA s'en vient ». J'appelle Juliette pour lui confirmer que je suis équipé et que je vais les rejoindre dans leur camping. À l'arrivée, mes gros efforts pour survolter la batterie du CanaDream restent vains (en fait défaut de contact du connecteur corrodé...). L'intervenant du CAA nous confirme que la batterie (tombée à 6 V) est morte, il réussit cependant à faire démarrer le moteur avec son gros équipement et adresse Mathieu A. à un garage en ville susceptible de réparer la panne « Mais attendez-vous à un délai, ils sont pleins…» |
Au camping Wapiti de Jasper, Jean-Paul tente de survolter le Canadream en panne |
J'emmènerai donc
Juliette et les deux enfants au Musée comme convenu,
tandis que son mari se hâte de gagner le garage. Deux
heures plus tard, le problème réglé par la pose d'une
nouvelle batterie et son connecteur, il nous rejoint à
notre sortie du musée. Le Jasper-Yellowhead Museum & Archive présente des expositions dont les thèmes relatent l’histoire de la région : des premiers habitants à la création du parc national Jasper et le développement du tourisme en passant par la traite de la fourrure et l'implantation du chemin de fer. Bien présenté, avec de nombreuses photos et des anecdotes reliées à l'histoire de la ville, il réussit à intéresser Hermione et Gabriel. |
Hermione et Gabriel visitent le Yellowhead Museum & Archives |
Sac à pierre à feu perlé, travail Métis, ca.1860 |
Mocassins en peau brodés de motifs floraux en soie - Métis ,ca.1880 |
La locomotive 5118 à Jasper en 1923 |
Rubans d'acier
Sir John A.
MacDonald le premier Premier Ministre du Canada,
rêvait d'un chemin de fer qui relierait le pays
d'un océan à l'autre. Même si son arpenteur,
Sandford Fleming, recommandait une trajectoire
traversant le col Yellowhead en 1872, le
gouvernement opta plutôt pour un col situé plus au
sud. Il a fallu attendre 40 ans avant que la
vallée de l’Athabasca obtienne non pas une, mais
bien deux voies ferrées. Le Grand Trunk
Pacific et le Chemin de fer Canadien du
Nord visaient deux destinations différentes,
mais leurs voies ferrées se côtoyaient à travers
les Rocheuses.
Peu de temps après la mise en service des deux lignes, un manque d'efficacité opérationnelle poussa les deux sociétés ferroviaires à la faillite. En 1923, elles furent intégrées au chemin de fer du Canadien National, dont le gouvernement fédéral était le propriétaire et l'exploitant. |
L'arrivée du chemin de fer Avant même l'achèvement des travaux de construction, les deux compagnies étaient au bord de la faillite. Puis vint la Première Guerre mondiale, qui leur arracha un grand nombre de travailleurs et qui fit monter en flèche le prix des matériaux. La population du Canada paya cher cette folie que représentait la construction de deux chemins de fer transcontinentaux parallèles. En 1923, le gouvernement fédéral, propriétaire et exploitant du Canadien National (CN), fusionna les nombreuses sociétés ferroviaires en faillite du pays. Grâce à une campagne de promotion dynamique, le CN attira dans les Rocheuses des touristes du monde entier, même si sa responsabilité première était le transport de marchandises. Il transporta notamment de la soie brute du Japon dans les années 20. Comme le prix de la soie fluctuait presque quotidiennement, la vitesse d'expédition du chargement aux marchés de New York était cruciale. Les wagons de soie avaient préséance sur les autres marchandises et voyageaient en moyenne à une vitesse de 110 à 145 kilomètres à l'heure. Dans les années 30, le CN inaugura les premières locomotives diesels électriques, mais il a fallu attendre jusqu’en avril 1953 pour que celles-ci traversent Jasper. La conversion des engins à vapeur aux locomotives diesels marqua la fin d’une époque dans l'histoire ferroviaire. |
Locomotive à vapeur 6015 du Canadian National, construite en 1923 a Kingston. La photo montre tous les travailleurs des ateliers ayant participé à sa construction. On peut voir actuellement cette locomotive exposée devant la gare historique de Jasper. |
Évolution d'Athabasca Glacier entre 1917 et 2011 |
L'EAU
ET LES GLACIERS CHANGENT-ILS ?
Les Gardiens de la Glace soulignent le fait essentiel que les glaciers sont vitaux pour les vastes bassins versants des Rocheuses Canadiennes, agissant comme des réservoirs d'eau douce. Les glaciers ont soutenu la vie des humains, des plantes et des animaux depuis des millions d'années, et il nous a été facile de les prendre pour acquis. Or les glaciers et l'eau qu'ils fournissent changent rapidement. En Amérique du Nord, les glaciers fondent quatre fois plus vite qu'il y a 20 ans, et les volumes perdus sont presque inimaginables. Comme la moitié des pertes glaciaires dans le monde a lieu aux États-Unis et au Canada, la nécessité d'agir avec force et efficacité est plus plus urgente que jamais ! Selon Sanford, entre 1920 et 2005, 300 glaciers ont disparu dans les seuls parcs nationaux des Rocheuses canadiennes. Le champ de glace Columbia des Rocheuses canadiennes devrait perdre de 70 à 90 % de sa couverture glaciaire actuelle d'ici la fin du XXIe siècle. Lorsque J. Norman Collie et Herman Wooley ont découvert le champ de glace Columbia en août 1898, personne n'aurait pu prédire que l'étendue couverte de glace devant eux se réduirait à ce qu'elle est aujourd'hui. Prenez un moment et observez les photos du Glacier Athabasca de 1917 à 2011. Vous pouvez voir à quel point le paysage a changé. |
Medicine Lake
(par Juliette)
|
Jasper : le hangar à bateaux de Maligne Lake (par Juiette) |
Nous quittons donc la grosse chaleur qui sévit dans la vallée à Jasper (31°) pour grimper par une bonne route sur 44 km jusqu'au lac où nous devons faire une excursions en kayak. La température descend au fur et à mesure de notre montée d'abord jusqu'au Medicine Lake puis jusqu'au grand parking du Lac Maligne où il fait encore un agréable 25°. Je resterai à l'ombre des grands arbres à me reposer, tandis que Juliette et Mathieu A. vont reconnaitre les lieu. Ils reviennent trois-quart d'heure plus tard, positifs face au site et au panorama, mais déçus d'avoir trouvé la cabine de location fermée (17:20) sans possibilité de rejoindre personne faute de réseau ni même de téléphone. L'inscription en ligne suggérée sera donc impossible pour aujourd'hui. |
Nous tenons conseil et décidons de donner priorité demain à la balade vers Miette Hot Spring où nous pourrons nous baigner dans l'eau thermale et, pour ceux qui veulent marcher, faire une autre belle randonnée à proximité du site. Pour l'instant, vu l'absence de camping sur place, nous viserons le camping supplémentaire de Jasper situé à côté de celui de Snaring, complet, à proximité de la Rivière Athabasca et de la Yellowhead Hwy que nous poursuivrons demain vers l'est. | Au retour sur Maligne Road |
Bivouac en U à côté du Snaring Campground |
Soirée tranquille et
repas communautaire au centre des 3 véhicules formant
triangle. Nous discutons entre autres de l'organisation
des prochains jours, Mathieu A. prend moult photos du
ciel orageux et des nuages colorés couronnant le cercle
de montagnes. |
Lever à 7:30 dans l'ombre de la montagne, si bien qu'il fait plutôt frais dans l'habitacle Je commence donc par déjeuner avant de passer à la douche. À 8:30 mes voisins émergent, je prends quelques photos des 2 wapitis venus brouter sur le grand espace presque vide entre les R.V. | Wapitis broutant à côté de nous près du Snaring Campground |
Miette Hot Springs : l'une des trois sources sulfureuses sortant de la montagne |
Nous y arrivons peu après l'ouverture à midi. Juliette, les enfants et moi feront d'abord la petite promenade de 1,2 km menant aux sources chaudes et sulfureuses qui ont valu sa notoriété à ce site rustique et isolé. Dans un des petits bassins de captation on voit l'eau chaude (55°) sourdre de la montagne par un trou sous roche et s'écouler en laissant un dépôt jaunâtre sur les rochers et sur les petites algues accrochées au fond. Odeur sensible d’œufs pourris qui fait pousser un Pouah ! à Gabriel. Le chemin du retour passe à travers les ruines de l'ancien complexe thermal de 1938 que son obsolescence et son emplacement à risque d'avalanches ont fait abandonner. |
Une passion pour les sources
thermales Miette
Les sources
thermales revêtent depuis toujours une grande
importance pour les peuples indigènes d'Amérique du
Nord. Les premiers peuples les fréquentaient pour
accéder au bien-être physique et spirituel.
Aujourd'hui, les descendants de certains de ces premiers peuples profitent encore de ces eaux chaudes aux propriétés curatives. Si vous avez la chance de faire la connaissance de l’un d'eux, il vous relatera peut-être le récit de la découverte des sources thermales Miette par ses ancêtres. En 1907, le gouvernement a annexé les sources thermales Miette au parc national Jasper afin de préserver leur grande valeur pour toute la population canadienne. |
Miette Hot Springs en 1919 Des mineurs de charbon de Pocahontas qui faisaient gréve construisirent une piscine, des étuves et un pavillon-dortoir aux sources thermales Miette. L’eau des sources thermales était canalisée vers une nouvelle piscine en rondins scellée avec de la mousse, de la boue et de la toile. Les familles de Pocahontas profitèrent de ces installations pendant une courte période, jusqu’à la fermeture de la mine en 1921 et la disparition du village de Pocahontas. |
Miette Hot Springs : le premier bassin en 1925 |
VERS
1925 Pour se rendre aux sources thermales Miette dans les années 1920, il fallait faire une randonnée aventureuse à pied ou à cheval sur un sentier de montagne raboteux. Les premiers plans d’aménagement qui prévoyaient la construction d’un chalet ferroviaire luxueux, d'une ville et d'un sanatorium, furent mis en veilleuse par la crise économique. Dans intervalle, les visiteurs continuaient de se servir des installations rustiques et campaient dans les environs. VERS 1933 A une époque où les médicaments étaient rares et où l'eau devait être chauffée sur le poêle ou sur un feu, l'existence d’une source thermale aux propriétés thérapeutiques en pleine nature sauvage était une véritable manne dont il fallait profiter en aménageant des installations de meilleure qualité. |
1934 Les premiers plans d’aménagement avaient été élaborés dès 1909, mais la mauvaise conjoncture économique et la guerre empêchèrent les travaux de commencer. Les visiteurs continuèrent de profiter de la piscine en rondins originale jusqu’au milieu des années 1930. L’accroissement de l'affluence fit naitre des inquiétudes au sujet de la salubrité des lieux, à telle enseigne que le parc dut interdire temporairement l’accès aux sources thermales jusqu’à ce qu'une nouvelle installation soit construite. |
1938 Pendant la Grande Crise, le parc élabora des plans pour la construction d'une piscine semblable à celle des sources thermales de Banff. Le parc national Jasper embaucha des chômeurs dans le cadre d'un programme de secours pour faire construire une route, un camping et un terrain de stationnement. La construction du complexe de bain des sources thermales Miette suivit, de 1936 à 1938. 1960 Le complexe de bain des sources thermales Miette devint l’une des principales attractions du parc national Jasper. ll accueillit des visiteurs pendant plus de 40 ans, jusqu’à ce que des préoccupations entourant la stabilité de l'ouvrage donnent lieu à la construction de l’installation actuelle en 1986. Les ruines du complexe de bain existent encore; vous pouvez les explorer le long d'un sentier asphalté qui débute au terrain de stationnement des sources thermales Miette. |
Les deux Mathieu pour leur part se sont lancés sur un autre sentier beaucoup plus long et sportif que le nôtre et qui les entrainera haut dans la montagne. Nous les attendrons pendant presque 3 heures devant et dans les 4 bassins de la piscine dont l'eau chaude (au dessus de 40°) a indéniablement des vertus relaxantes et, parait-il, également curatives. Nous nous y plongerons à plusieurs reprises, entre des séances de chaise longue et des bains de soleil… | Dans la piscine de Miette Hot Springs (par Juliette) |
Je préfère me préparer
un repas léger en cette chaude soirée (il fait encore
31° à 19:00); je passe aussi faire
le plein d'essence au meilleur prix (1,56$/l) avant
d'affronter les tarifs nettement plus élevés en British
Columbia. Puis je gagne l'emplacement que j'ai choisi pour le bivouac de ce soir, les abords de l'aire de service pour camping-cars sur un détour d'Athabasca Road (Rte 93), le long de la rivière. Nous y avons dormi Mathieu et moi lundi soir dernier, sans aucun dérangement. La Grand Caravan m'y rejoindra un peu plus tard. Après mon lunch froid, un sentier adjacent le long de la rivière m'offre une petite balade en vue des eaux vives gris-vert jade, avec l'habituel - ici - fond de hautes montagnes encadrant le site de Jasper. Le soleil descend en éclairant davantage les hauts, la température baisse un peu : encore 28° à 20:00, la nuit sera chaude… |
Athabasca River en amont de Jasper |
Levé un peu avant 8:00
je me rapproche des bornes d'eau pour refaire le plein
de la citerne et de mes bouteilles d'eau potable, et
prends le petit-déjeuner avec Mathieu. Puis nous gagnons
le parking central des R .V. à Jasper pour attendre le
CanaDream qui finit par arriver après 9:00. Juliette
passe au garage pour faire apposer sur la facture le
diagnostic du mécanicien quant à la batterie (que
conteste son locateur), les Mathieu font le plein de
carburant et nous voici enfin sur la route passé 10:00… |
Direction le Mont Robson, avec un court arrêt en passant le Yellowhead Pass. Vue agréable sur le petit lac alpestre où flottent des nénuphars… Quelques panneaux illustrés de photographies anciennes documentent l'importance première de ce col par où passèrent les 2 lignes de chemin de fer du Grand Trunk Pacific et du Canadian Northern Pacific. Les compagnies, bientôt en faillite, fusionnèrent dans ce qui devint le Canadien National (C.N.). Un village de pionniers en planches, Lucerne, se développa alors. Il n'en reste rien, hormis ces quelques photos. |
Le Mont Robson dont la tête reste cachée dans les nuages |
Longue descente ensuite qui longe plusieurs lacs entourés de montagnes, jusqu'au pied du Mont Robson. Nous déjeunons devant le Visitor Centre en admirant la masse pyramidale de ce point culminant des Rocheuses canadiennes à 3 954 m. |
À Tête Jaune Cache
nous quittons la Yelllowhead Hwy (Rte 16) pour prendre
plein sud la BC5 qui doit nous mener jusqu'à
Kamloops à 121 km. Belle grande route de vallée
qui nous fait longer les tronçons du chantier du
TransMountain Pipeline, hautement controversé pour ses
incidences environnementales et ses empiètements sur des
terres réclamées par les Amérindiens. Il doit permettre
d'augmenter le transfert du pétrole de l'Alberta depuis
Edmonton jusqu'à Vancouver pour exportation à travers le
Pacifique. En revanche peu de points d'intérêt remarquables; Juliette repère néanmoins une base de rafting à Clearwater et la très haute Helmcken Falls, sur la haut cours de la Thompson. |
Sur la BC5 après Tête Jaune Cache |
Mathieu A., Gabriel, Juliette et Hermione au bord d'Eleanor Lake |
Pour l'instant nous irons nous rafraîchir sur la plage de Blue River aménagée dans un parc au bord du petit lac Eleanor, un peu à l'écart de la North Thompson River. Mes compagnons se dévêtent et vont jouer dans l'eau tandis que je prends le frais sur un des bancs. La température baisse progressivement, le ciel se couvre en même temps que le soleil disparait derrière les montagnes. |
Au retour vers le
camping un train interminable nous arrête au moment de
traverser le passage à niveau : ce seront plus d'une
centaine de wagons qui défileront à petite vitesse,
encadrés par trois grosses loco diesel-électriques
rouges et noires du Canadien National. |
Bivouac sur Shell Rd à Blue River |
Lever dès 7:00 pour être prêt au départ à 8:30 comme convenu. La lumière est superbe près du sous-bois où nous avons trouvé refuge. Après un coup d’œil à la barricade érigée par les Amérindiens Secwepemc opposés à la construction du TransMountain Pipeline, nous attendons le CanaDream qui nous rejoint bientôt et nous prenons la route à 8:30 comme prévu. |
Comme hier un chantier
presque continu témoigne de l'avancement du projet :
pelleteuses, scrapers, dynamitage de rochers, creusement
et remblaiement, stabilisation du terrain… le tout sur
des centaines de kilomètres. Il s'agit vraiment d'un
ouvrage colossal : 1100 km à travers les Rocheuses, plus
de 21 milliards de dollars (jusqu'à présent...). Je m'interroge sur sa pertinence autre qu'économique à l'heure où le pétrole est dénoncé par beaucoup comme une des causes majeures des GES et de la dégradation du climat. Quant à sa rentabilité, l'utilisation du pétrole comme matière première en pétrochimie justifiera-t-elle un tel investissement ? On verra… |
Blue River : barricade amérindienne contre le TransMountain Pipeline |
Clear Water : départ pour le rafting |
En attendant ce gigantesque chantier nous vaut de nombreux ralentissements et arrêts qui retardent notre progression à travers des paysages assez mouvementés aux pentes couvertes de forêts. Nous passons plusieurs rivières aux eaux rapides et arrivons à 10:00 à Clearwater, juste à temps pour le briefing du petit groupe de Riverside Adventures qui part en autobus vers le point de départ de la descente de rivière en gros dinghy jaune. Comme prévu Hermione restera avec moi dans le ProMaster, frustrée de devoir se contenter de sa liseuse, ses parents ayant enfermé sa tablette dans leur camping-car… |
Paysage forestier des plus agréables, température plus supportable au fur et à mesure que l'altitude augmente. La chute elle-même aperçue depuis la haute et raide paroi du canyon de la Murtle River est grandiose, elle est 3 fois plus haute (141 m) que celle de Niagara (50 m). |
Jean-Paul contemple la Chute Helmcken (par Mathieu A.) |
Bivouac devant le Costco de Kamloops |
Réveil à 6:45 sous
un ciel encore ennuagé avec percées de soleil, après
une nuit silencieuse et reposante. J'achève ma
rédaction puis déjeune et me douche. Pendant que
Juliette et Mathieu vont faire quelques courses au
Costco je place le ProMaster à l'ombre sous un arbre
et fais un peu de ménage, à commencer par l'aspiration
de la poussière, du sable et autres saletés dont le
tapis s'est abondamment imprégné. Décidément ce tapis, agréable au pied, est un couvre-plancher inadéquat pour un camping-car amené à fréquenter continuellement des environnements boueux ou sableux, sans parler des taches (huile, jus de bleuet...) impossibles à enlever sans un lavage à grande eau ! À son remplacement j'adopterai un polyvinyle de style Mondo facilement balayable et lavable. |
Puis je lis quelques
articles de L'Actualité qui se sont empilés
dans ma boite de courriel, jusqu'à ce que Mathieu me
rejoigne pour son petit-déjeuner. Ensuite nous nous
séparons : il emmènera Juliette au centre-ville faire
une brassée de lavage dans une buanderie, tandis
qu'avec Mathieu A. nous irons vider les réservoirs
d'eaux grise et noire du Canadream puis faire le plein
d'eau fraiche près du Visitor Centre de la ville. Il recommence à faire chaud (29°) dans ce pays où l'ombre est rare, aussi décidons-nous de remonter en altitude en prenant la direction de Revelstoke, des Parcs Glacier et Yoho que nous visiterons dans les prochains jours avant de rallier Calgary. Mathieu M. quant à lui passera la journée à Kamloops pour gym et Wi-Fi, et nous rejoindra demain soir dans le village de Revelstoke. |
Kamloops : panorama sur la ville depuis le Visitor Centre |
En suivant le CanaDream sur la Transcanadienne le long de Shuswap Lake |
Vers 11:30 nous nous
mettons en route en empruntant la Rte 1
(Transcanadienne) dans l'ensemble excellente. Elle
commence par longer le cours rapide de la South
Thomson River bordé de fermes au pied des collines
arides dont les hautes herbes jaunies par la
sécheresse sont ponctuées de sapins isolées. L'environnement devint plus vert et boisé lorsqu'on aborde le large ruban du Shuswap Lake qui semble plus riche (pâturages, bois, stations balnéaires avec petits ports de plaisance…). |
Nous quittons un
moment l'autoroute pour gagner par une toute petite
route qui sinue entre les collines le White Lake où
Juliette a repéré un petit parc provincial propice à
la baignade. Aménagement et signalisation des plus
rustiques, l'aide de canoéistes qui nous guident finit
par nous faire atteindre un petit bout de plage au
bord d'une eau cristalline où Juliette, Hermione et
Gabriel plongent avec délice. |
Baignade familiale dans le White Lake (par Juliette) |
Eagle Pass : plaque célébrant «the last spike» en 1885 |
L'Eagle Pass est un
site historique dont la signification est capitale
dans l'histoire du Canada puisque c'est là qu'en
grande pompe, le 7 novembre 1885, le président du
Canadien Pacifique enfonça le dernier crampon scellant
la continuité du railway entre l'Atlantique et le
Pacifique, de Montréal à Vancouver. Ainsi se
concrétisait dans les faits la devise du pays «A
mari usque ad mare » (d'un océan à l'autre), ce
qui ouvrait toute grande la voie au développement
démographique et économique de l'ouest canadien. Nous sommes étonnés du peu de lustre donné par les autorités, tant provinciales que fédérales sans oublier CP Rail, à ce lieu hautement symbolique. Le gardien qui entretient le modeste bâtiment, questionné par Juliette, nous expliquera qu'un projet de Site Historique national (Parcs Canada) a bien été concocté au moment du centenaire de la Confédération, mais que la cérémonie d'annonce avait été annulée au dernier moment et que les lieux sont restés depuis en l'état, sans grande mise en valeur. |
Certes les plaques
de bronze et le cairn sur lequel elles sont apposées
soulignent l'importance de l'événement et suggèrent la
dimension épique de l'exploit technique, mais c'est
vraiment trop peu… Et l'état de quasi délabrement dans
lequel le CP laisse la caboose (cambuse, ou
wagon-frein placé en queue de train) antique fait
peine à voir, quand on connait les dimensions de la
compagnie qui subventionne par ailleurs moult projets
culturels à travers le pays. Ah, le Canada et le patrimoine !… |
Nuit reposante, à
7:30 je suis debout en forme pour cette autre journée
ensoleillée. Au programme les Prés-dans-le-ciel
(Meadows-in-the-Sky) qui occupent le sommet du
Mont Revelstoke à près de 2 000 m d'altitude. Nous quittons le plateau poussiéreux où nous avons passé une nuit acceptable d'où les touristes du dimanche commencent à lever le camp, pour descendre au village. Mathieu A. laisse son CanaDream sur le stationnement d'une église baptiste où il reste pas mal de places, et tous embarquent dans le ProMaster pour trouver la route en lacets de 23 km qui mène au sommet du Mont Revelstoke. File d'attente pour passer la guérite d'accès : il faut patienter jusqu'à ce qu'une place se libère dans le stationnement en haut avant de pouvoir monter. |
Bivouac au pied de la station de ski du Mont Mackenzie |
Gabriel observe la vallée depuis le Mont Revelstoke |
Enfin nous enfilons l'excellente route de montagne aux multiples épingle à cheveux, faisant une pause photo au belvédère donnant sur la ville et la vallée de la Columbia. |
En haut nous trouvons facilement une place sur l'espace réservé aux R.V. et nous lançons dans l'exploration systématique des sentiers sillonnant le sommet. Tout au long du chemin, les fleurs alpines qui ont rendu le site célèbre abondent, dispersées en touffes dans la verdure et entre les arbres : lupin arctique bleu violacé, castileja rouge, arnica des montagnes jaune, valériane de Sitka blanche, vergerette voyageuse violette, épilobe mauve... | Jean-Paul photographie le talus fleuri sur la route menant en haut du Mont Revelstoke |
Épilobes |
Aconit |
Castileja Miniata (Indian Paintbrush) |
Lupins arctiques |
Sentier des Premiers Pas : «Devant le soleil matinal, le peuple Okanagan (Syilx) remercie le Créateur de cette terre» |
Un premier sentier, celui des Premiers Pas, est ponctué de citations amérindiennes évoquant la vie des autochtones dans leur environnement naturel avant l'arrivée des Européens. Il fait le tour de l'éminence du côté sud et offre des vues grandioses sur les hautes montagnes enneigées. |
Meadows-in-the-Sky sur le Mont Revelstoke |
Sur les sentiers du Mont Revelstoke : Castillejie miniata et valériane de Sitka |
Un autre sentier nous mène à un belvédère donnant sur la vallée de la Columbia, une troisième boucle encore nous fait monter jusqu'à l'ancienne tour d'observation des incendies. Le tout au milieu des alpages et d'une lande arborée où la flore colorée typique de la région pousse à foison : castilléjie rouge, lupins bleu violacé, aconit aux petites fleurs en étoiles jaune, Valériane de Sitka blanche, etc. | Mont Revelstoke : sur le sentier fleuri menant au belvédère sur la Columbia |
Hermione et Gabriel sont de plus en plus réticents à parcourir ce jardin sauvage pourtant magnifique, tandis que Mathieu A. fait moult photos des vistas qui s'offrent à lui en tous sens, et que Juliette admire sans réserve… Je retombe moi aussi sous le charme de ce site exceptionnel, même si la sécheresse me semble enlever un peu d'intensité aux couleurs. | Les montagnes de l'autre côté de la vallée de la Columbia |
Retour au ProMaster par un dernier sentier tout aussi pittoresque, et longue descente dans la chaude lumière de fin d'après-midi qui offre des vues et des couleurs renouvelées sur la petite ville et sur la large vallée de la Columbia. |
Avant de bivouaquer nous allons nous reposer au bord de la rivière, bien dégagée au niveau du Centenial Park. Mathieu M. nous y rejoindra et aidera à préparer le souper communautaire. Celui-ci nous rassemblera autour d'une ratatouille méditerranéenne aux herbes de Provence préparée par Mathieu M. et de bouchées de poulet BBQ passées au grill par Juliette. | Juliette cuisine au bord de la Columbia |
Verge d'or |
Végétation florissante au bord de la rivière |
Deuxième bivouac sur le stationnement de la station de ski |
Ciel ennuagé au lever qui se dégagera assez rapidement avant même que nous quittions notre bivouac vers 9:30. La chaleur ne tarde pas à s'élever après la fraîcheur nocturne, aussi ne nous attarderons-nous pas et reprenons-nous rapidement la Transcanadienne qui nous mènera vers le Parc des Glaciers où nous avons repéré quelques balades. |
Premier arrêt à la Promenade du Choux-Puant, dont on a remis en état une partie du trottoir de bois qui s'effondrait. Nous n'irons cependant pas bien loin et devront rebrousser chemin bientôt, sans même avoir pu reconnaitre ces fameux «choux puants» ni repéré aucun des nombreux oiseaux identifiés dans ce petit parc. Quant aux deux autres points d'intérêt (Sentier des Cèdres Géants, Prucheraie) ils sont complètement fermés suite à avalanche ou glissement de terrain… |
Sentier du Jardin de rocailles |
Le chaos de rochers déposé par le glacier, au fond la chaine des Selkirk |
Visitor Centre du Parc des Glaciers dans le Rogers Pass |
Après cette pause il
est temps de passer aux choses sérieuses, i.e. la
longue montée des grandes rampes parfaitement
redressées escaladant le Col Rogers. Pendant que Mathieu M. discute randonnées avec un ranger, nous prenons le temps de visiter le Centre, ses vitrines et ses panneaux expliquant la découverte puis l'exploitation ferroviaire du col, les défis posés par les avalanches géantes et les catastrophes successives qui ont finalement amené à faire passer la ligne par de longs tunnels creusés sous la montagne et évitant le col. Quelques dioramas incluant de superbes animaux naturalisés nous permettent aussi de découvrir une faune particulière et autrement invisible… |
Rogers Pass Visitor Centre : Gabriel en chef de train découvre l'histoire du chemin de fer |
Rogers Pass Visitor Centre : Hermione devant la maquette du col enneigé illustrant les paravalanches et les catastrophes qui firent de nombreuses victimes (8 en 1890 et 58 en 1910) |
Carcacajou (wolverine) Le carcajou compte parmi les
habitants les plus secrets de la chaine
Columbia. La femelle établit sa tanière dans les
vallées très peu fréquentées par l’être humain.
Le carcajou est un animal opportuniste qui se
déplace continuellement sur un vaste territoire
à la recherche de charognes et de proies. Il se
nourrit des carcasses laissées par d’autres
prédateurs, mais il chasse aussi les caribous,
les chèvres de montagne et les petits
mammifères. Larges et velus, ses pieds se
prêtent bien aux déplacements sur des couches de
neige profonde.
Faisant face à l’invasion de l’être humain dans les vallées de la chaîne Columbia, le carcajou est une espèce sur le point d’être menacée de disparition. |
Grizzli |
Couple de cougars |
Quelle place le cougar occupe-t-il dans l'écosystème de la chaîne Columbia? Bien que nous en ayons observé quelques individus ici, dans les Parcs nationaux du Mont-Revelstoke et des Glaciers, le cougar demeure une espèce insaisissable et mystérieuse. Contrairement aux grizzlis, aux caribous et aux carcajous, les cougars qui habitent ces parcs n’ont jamais fait l’objet d'une étude. Nos parcs et la chaîne Columbia abritent une mosaïque complexe d'organismes dont nous ne connaissons pratiquement rien. La liste de ces espèces énigmatiques est longue : la puce des neiges, le gyrin, le lézard-alligator, le scinque, la musaraigne errante, la grassette, l’utriculaire, le raisin d'ours et le grimpereau brun ne sont que le début de cette liste sans fin. Les recherches nous ont bien fourni quelques indices sur l’organisation de ce merveilleux enchevêtrement, mais nous commençons à peine à comprendre les adaptations et les liens nécessaires au maintien de l’intégrité écologique. |
Cougar à l'affut |
«
Une folle imprudence... »
Alexander
Mackenzie, chef de l'opposition, 1871
Les
politiciens canadiens ne mâchèrent pas leurs mots
lorsqu'ils apprirent que le tout premier chef du
pays, le Premier Ministre sir John A. Macdonald,
avait promis de construire en dix ans la plus
longue ligne de chemin de fer au monde !
Le rêve transcontinental du premier ministre visait à persuader la colonie de la Colombie-Britannique de se joindre à la confédération constituée de la Nouvelle-Ecosse, du Nouveau-Brunswick, du Québec, de l'Ontario et du Manitoba. L'annonce du projet marqua le commencement d’une décennie caractérisée par des luttes politiques acharnées et des explorations extrêmement difficiles, au cours de laquelle on mena la campagne visant à choisir un itinéraire pour relier la côte du Pacifique au reste du Canada. Des géomètres visitèrent tous les cols indiqués sur cette carte durant ce qui fut surnommé la « Guerre des itinéraires »; au bout de dix ans d’exploration, ils conclurent finalement que la meilleure solution était d'emprunter le col Yellowhead. En 1880, le gouvernement fédéral signa un contrat avec le Canadien Pacifique pour la construction d’une ligne de chemin de fer passant par ce col. Un an plus tard, cependant, la compagnie de chemin de fer fit volte-face et choisit d’utiliser un tout autre itinéraire. Ce dernier devait emprunter le col Kicking Horse dans les Rocheuses, puis continuer à travers la chaîne Selkirk, même si l’on ne connaissait à l’époque aucun passage traversant ces montagnes. La
découverte du col Rogers
En 1881, il était devenu urgent pour la compagnie de chemin de fer de trouver un passage à travers la chaîne Selkirk. En effet, l'équipe de construction venue de l'Est traversait alors à toute allure le Manitoba en direction des lointaines Rocheuses, tandis que l’équipe venant de l'Ouest se frayait un chemin le long de la vallée du fleuve Fraser. Le sort du Canadien Pacifique était désormais entre les mains du Major Albert Bowman Rogers, géomètre de chemins de fer originaire du Massachusetts. Avec ses guides, des Amérindiens Shuswap, il passa l’été 1881 à chercher un passage à travers la barrière, en apparence infranchissable, de la chaîne Selkirk. L'été suivant, le Major Rogers retourna sur place pour confirmer l'existence d’un col qu’il avait repéré l’année précédente. Deux ans plus tard, avant la fin de la saison de construction, on avait tracé l'empreinte du chemin de fer jusqu’au passage qui avait récemment été baptisé col Rogers, et le campement des ouvriers travaillant tout au bout de la voie ferrée n’était pas loin derrière. La construction de la ligne de chemin de fer fut terminée à l'automne 1885; le dernier crampon fut posé à Craigellachie, à seulement 113 km à l'ouest de l'endroit où nous nous trouvons. Le rêve d’une nation transcontinentale que chérissait sir John A. Macdonald avait été réalisé moins de 14 ans après qu'il en ait fait la promesse à la Colombie-Britannique. |
LA LIGNE DE CHEMIN DE FER
TRANSCANADIENNE ET LE COL ROGERS
Historique en forme de chronologie 1871
Le Premier Ministre, Sir John A. Macdonald, promet de faire construire une voie ferrée qui se rendra jusqu'en Colombie-Britannique dans un délai de dix ans. 1881 Deux équipes entament la construction du chemin de fer Canadien Pacifique, l'une vers l'ouest, à travers les Prairies, et l'autre vers l'est, depuis la côte du Pacifique. La compagnie charge le major A.B. Rogers de trouver un passage à travers la chaîne de Selkirk, dont les pics semblent impénétrables. Arrivant de l'ouest, M. Rogers croit apercevoir un passage, mais doit repartir avant l'hiver. 1882 Arrivant cette fois-ci du côté est, M. Rogers peut confirmer l'existence d'un col permettant de franchir la chaîne de Selkirk. Il reçoit en récompense une montre en or, un chèque de 5 000 $ et une place dans l'histoire, puisque le passage sera nommé col Rogers. 1883 William Cornelius Van Horne, le directeur général du chemin de fer, suggère au gouvernement fédéral de créer des parcs nationaux le long du chemin de fer, dans les montagnes. 1884 Les équipes de construction atteignent le côté est du col Rogers à l'automne. Le tout nouveau pont du ruisseau Stoney devient le plus haut pont au monde. 1885 Le 7 novembre, les équipes de construction arrivant de l'est et de l'ouest se rejoignent à Craigellachie. Elles observent des dignitaires enfoncer le dernier crampon du chemin de fer Canadien Pacifique (C.P.). 1886 Le premier train de voyageurs quitte Montréal le 26 juin et arrive sur la côte ouest neuf jours plus tard. Le Parc national des Glaciers est créé. Une voiture-restaurant est installée près d'une voie de service, avec vue sur le « Grand Glacier ». En décembre, la salle à manger et les chambres d'un nouvel hôtel, Glacier House, remplacent la voiture-restaurant. Après deux hivers d'abondantes chutes de neige et d'avalanches, le CP décide de construire un important réseau de pare-avalanches. Glacier House ne suffit plus à la demande. Une voiture-lits est donc installée à proximité de l'hôtel pour offrir des chambres supplémentaires ! Tout près du col Rogers, Summit City est en pleine expansion et comprend notamment des hôtels, des saloons, un salon du coiffure, un magasin général, une école et des maisons. 1892 Glacier House est agrandi et établit de nouvelles normes en matière de service et de luxe. L'hôtel devient également une aire de repos pour les alpinistes et une station expérimentale pour l'étude des glaciers et d'autres sciences naturelles. 1899 Le 30 janvier, huit personnes périssent sous une énorme avalanche, qui détruit également la gare originale et la rotonde du col Rogers. 1910 Le 4 mars, une avalanche ensevelit la voie ferrée ainsi que 58 employés qui nettoyaient les débris laissés par une avalanche précédente. Le danger manifeste lié aux opérations ferroviaires du col Rogers provoque un véritable tollé de protestations chez le public. 1913 Début de la construction d'un tunnel de huit kilomètres traversant le mont Macdonald, le plus long tunnel d'Amérique du Nord à l'époque. 1915 D'autres ajouts sont faits au Glacier House et les clients de l'hôtel peuvent maintenant profiter du cellier, d'une salle de billard, d'une allée de quilles, de jardins, de fontaines et d'une tour d'observation. 1916 Le tunnel Connaught est inauguré en décembre. Une nouvelle gare nommée Glacier Station est construite à l'entrée ouest du tunnel. Le service ferroviaire direct jusqu'à Glacier House prend fin. Des calèches transportent maintenant les clients jusqu'à l'hôtel. Le CP récupère le matériel de l'ancienne voie ferrée puisque les matériaux de construction commencent à se faire rares en raison de la Première Guerre mondiale. 1925 Glacier House ferme définitivement ses portes à la fin de l'année, probablement à cause de ses baisses de revenus et de la hausse des coûts dans les autres hôtels du CP dans la région. 1927 Les meubles et les accessoires de Glacier House sont réutilisés pour les hôtels Banff Springs et Château Lake Louise. 1962 L'ouverture officielle de l'autoroute Transcanadienne met fin à 35 ans de tranquillité dans le Parc national des Glaciers. 1988 Le tunnel du mont Macdonald, 14 km (et donc le plus long en Amérique du Nord, à l'époque), est construit sous le tunnel Connaught pour réduire l'inclinaison de la voie et pour laisser passer une deuxième voie ferrée. Les trains provenant de l'est, qui transportent surtout des passagers, passeront désormais par le tunnel Connaught et les trains en provenance de l'ouest, plus lourds, par le tunnel du mont Macdonald. |
Quant à Mathieu
M., après sa consultation auprès du ranger au Visitor
Centre du Parc sur la randonnée la plus
ambitieuse, il a décidé de parcourir le Sentier
du Rocher-Perly : 10,8 km, 1 143 m de
dénivelé… |
On suit le sentier tracé sur l'emprise de l'ancienne voie ferrée, on passe près des ruines éparses de l'hôtel pour gagner, au bout d'un court sentier sous les bois le long de l'Illecillewaet, le torrent issu du glacier principal homonyme, jusqu'au «Point de rencontre des eaux ». | Le cours torrentueux de l'Illecillewaet depuis le pont du Sentier 1885 |
Le pont au-dessus de l'Illecillewaet et devant la «rencontre des eaux » |
Là, le ruisseau
Asulcan (issu d'un autre glacier proche) jette ses
eaux dans l'Illecillewaet. Le tableau est charmant,
les photos fusent sur les points de vue qui
surgissent à chaque pas. Même Hermione et Gabriel
semblent touchés par le pittoresque de l'endroit. |
Saxifrage |
Verâtre |
Juliette décidant
d'adopter ce camping rustique pour bivouac ce soir,
elle choisit un emplacement facilement accessible,
envoie les enfants chercher quelques buches et
allume un feu dans le foyer en grosse tôle perforée. C'est là que nous souperons en attendant le retour de Mathieu qui nous appelle régulièrement à chaque kilomètre de son ascension, puis de sa longue descente. |
Il est 20:00 et le soir tombe lorsqu'il nous rejoint enfin, exténué, pour dévorer la casserole de spaghettis à la soupe de tomate («à la Elvis Gratton ») préparée par sa sœur qui a prévu son appétit dévorant. Courte veillée devant le feu tandis qu'il nous raconte son exploit (plus de 14 kilomètres et 1 200 m de dénivelé…). | Retour de Mathieu au camping de l'Illecillewaet |
Bivouac sur la Beaver Valley Road, prenant sur le Transcanadienne |
Ciel partiellement couvert et température douce au lever passé 8:00. J'achève ma douche lorsque Mathieu reposé se pointe pour déjeuner. Nous décollons peu après, achevant de descendre la longue pente douce du col Rogers. |
La présentation de
6 animaux qui sommeillent dans de grands enclos
grillagés fait un peu pitié, mais c'est le
prétexte d'une conférence fort détaillée à laquelle
je ne comprends pas grand chose, vu l'accent assez
prononcé du locuteur. En revanche je suis interpellé par la lecture de toute une série de panneaux fort instructifs et un tantinet militants exposant les caractéristiques de ces grands prédateurs du Nord et le sort peu enviable que les humains en général, et les Canadiens en particulier, réservent à cette espèce. Ils ont pourtant un rôle essentiel dans l'équilibre des écosystèmes, ce qu'illustre un panneau consacré au Parc National de Yellowstone d'où on a voulu les bannir. Or leur nombre diminue constamment, ils sont peu ou pas protégés, pire on les chasse et on les extermine allègrement. |
Northern Lights Wolf Centre : deux loups sommeillant dans leur enclos grillagé |
LE PARC NATIONAL DE YELLOWSTONE 1872 -
Fondation du Parc national de Yellowstone.
1884 - Mise en place d'une prime au loup et au cougar. 1 $ par loup. 8 $ par cougar. 1894 - Le Lacey Act protège les animaux qui sont des proies populaires mais ne protège pas les espèces prédatrices. 1910 - Les populations de wapitis et de bisons deviennent abondantes dans le parc. 1915 - Les premiers trappeurs officiels du gouvernement sont engagés pour contrôler les prédateurs. 1926 - Le dernier loup est éradiqué du Parc national de Yellowstone. 1920-1930 - Diminution documentée du nombre de saules à Yellowstone. 1950 - Les populations de castors déclinent en raison du surpâturage des wapitis ; leurs étangs, répartis dans tout le parc, disparaissent et la biodiversité du parc est décimée. L'abattage des wapitis commence. 1973 - Le loup des montagnes Rocheuses du Nord est protégé par la loi américaine sur les espèces menacées. 1988 - Yellowstone est victime de vastes incendies de forêt. 1995 - 33 loups sont capturés dans le nord de l'Alberta. 14 seront relâchés dans le Parc national de Yellowstone, et les autres dans l'Idaho. 1996 - 17 loups capturés en Colombie-Britannique sont relâchés à Yellowstone. 2003 - 8 ans après la réintroduction du loup, les castors réapparaissent, et l'article "Willows and Wolves" est publié dans le Bozeman Chronicle. Le broutage a diminué de 60 % dans certaines zones des parcs. 2011 - Les loups sont retirés de la Loi sur les espèces menacées d'extinction. Depuis 2011, les loups ont été retirés de la liste, puis réinscrits sur la liste de la Loi sur les espèces menacées d'extinction, et bien qu'en 2015, ils aient été protégés, leur désignation sur la loi est constamment en débat. |
Natural Bridge sur la Kicking Horse River |
Quelques kilomètres plus loin c'est le carrefour avec la route du Lac Emerald. On passe d'abord Natural Bridge où nous contemplons quelques minutes les bouillonnements de la torrentueuse Kicking Horse River sur la barre rocheuse qu'elle a fini par percer. |
Nous poussons
jusqu'au bout de cette impasse pour atteindre
Emerald Lake. Beaucoup de véhicules sur le
stationnement et au delà, et de promeneurs sur les
berges près de l'Auberge... Mais Juliette a la bonne
- et généreuse - idée de nous offrir une balade en
canoë. Hermione embarque entre ses parents, tandis
que Mathieu M. et Gabriel à l'avant seront mes
pagayeurs. |
Le quai d'embarquement et le hangar à canots d'Emerald Lake |
Mathieu
barreur, Jean-Paul passager et Gabriel
pagayeur sur Emerald Lake
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Juliette, Hermione et Mathieu A., l'équipage du No.15 |
Jean-Paul et Gabriel sur Emerald Lake |
La famille
débarque au bout du lac Emerald (par Mathieu)
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