Juillet - août 2022

Vers l'Ouest canadien et les Rocheuses
(11 528 km)

Jean-Paul dans son ProMaster
avec Juliette et sa famille en camping-car,
et Mathieu dans sa Grand Caravan aménagée



5. De JASPER à FIELD

Itinéraire de
            Jasper à Field
Itinéraire de Jasper à Field



69 301 Mardi 9 août 2022 : de JASPER à JASPER (camping supplémentaire) (Alberta) (125 km) (1 100 m)

Jasper-bivouac-sur-la-Dump-Station-Rte-93
Jasper : bivouac sur la Dump Station Rte 93
Réveillé dès 7:00 après une bonne nuit qui a gommé mes courbatures bien présentes hier soir, je déjeune, me douche puis profite des facilités pour compléter le plein d'eau. Je rejoins alors Mathieu sur le grand parking à l'entrée du village où, après son café matinal il s'est lancé dans la pose et le branchement du nouveau gros câble alimentant son frigo.
À 10:10 nous nous préparons à gagner le Musée où nous avons donné rendez-vous à Juliette quand un message apparait sur nos téléphones : « Notre batterie démarre pas. On cherche un boost.» Puis : « Un CAA s'en vient ».

J'appelle Juliette pour lui confirmer que je suis équipé et que je vais les rejoindre dans leur camping. À l'arrivée, mes gros efforts pour survolter la batterie du CanaDream restent vains (en fait défaut de contact du connecteur corrodé...). L'intervenant du CAA nous confirme que la batterie (tombée à 6 V) est morte, il réussit cependant à faire démarrer le moteur avec son gros équipement et adresse Mathieu A. à un garage en ville susceptible de réparer la panne « Mais attendez-vous à un délai, ils sont pleins…»
Jasper-camping-Wapiti-Canadream-en-panne
Au camping Wapiti de Jasper, Jean-Paul tente de survolter le Canadream en panne

J'emmènerai donc Juliette et les deux enfants au Musée comme convenu, tandis que son mari se hâte de gagner le garage. Deux heures plus tard, le problème réglé par la pose d'une nouvelle batterie et son connecteur, il nous rejoint à notre sortie du musée.

Le Jasper-Yellowhead Museum & Archive présente des expositions dont les thèmes relatent l’histoire de la région : des premiers habitants à la création du parc national Jasper et le développement du tourisme en passant par la traite de la fourrure et l'implantation du chemin de fer. Bien présenté, avec de nombreuses photos et des anecdotes reliées à l'histoire de la ville, il réussit à intéresser Hermione et Gabriel.
Hermione-et-Gabriel visiyent le
                  Yellowhead-Museum-&-Archives-
Hermione et Gabriel visitent le Yellowhead Museum & Archives

Sac à pierre à feu perlé, travail Métis, ca.1860
Sac à pierre à feu perlé, travail Métis, ca.1860
mocassins-en-peau-brodes-de-motifs-floraux-en-soie---Metis-ca.1880.
Mocassins en peau brodés de motifs floraux en soie - Métis ,ca.1880

La locomotive 5118 à Jasper en 1923
La locomotive 5118 à Jasper en 1923
Rubans d'acier

Sir John A. MacDonald le premier Premier Ministre du Canada, rêvait d'un chemin de fer qui relierait le pays d'un océan à l'autre. Même si son arpenteur, Sandford Fleming, recommandait une trajectoire traversant le col Yellowhead en 1872, le gouvernement opta plutôt pour un col situé plus au sud. Il a fallu attendre 40 ans avant que la vallée de l’Athabasca obtienne non pas une, mais bien deux voies ferrées. Le Grand Trunk Pacific et le Chemin de fer Canadien du Nord visaient deux destinations différentes, mais leurs voies ferrées se côtoyaient à travers les Rocheuses.

Peu de temps après la mise en service des deux lignes, un manque d'efficacité opérationnelle poussa les deux sociétés ferroviaires à la faillite. En 1923, elles furent intégrées au chemin de fer du Canadien National, dont le gouvernement fédéral était le propriétaire et l'exploitant.


La force de l’acier

De mille en mille, la construction du chemin de fer avançait rapidement et sans accroc dans les Prairies. Dans les montagnes, ce fut une toute autre histoire. Les pics accidentés représentaient un obstacle redoutable et impitoyable pour ces hommes de l’industrie ferroviaire et leurs rubans d’acier.

Les arpenteurs arrivèrent en premier, couvrant près de 26 000 km2 de terres sauvages isolées avant les poseurs de voie. Puis il fallut abattre les peuplements denses de grands arbres avant de pouvoir poursuivre le travail. Là où il le fallait, les manœuvres asséchaient des fondrières, laissaient des brèches temporaires pour la construction d’un pont ou faisaient exploser un promontoire rocheux.

Lentement, le chemin de fer avançait vers l’Ouest. Le travail était éreintant : au cours d’une bonne journée, les hommes posaient 3,2 km de voie ferrée en 10 heures. A la fin de 1912, lorsque les rubans d’acier atteignirent Tête Jaune Cache, le pire était passé.


L'arrivée du chemin de fer

Avant même l'achèvement des travaux de construction, les deux compagnies étaient au bord de la faillite. Puis vint la Première Guerre mondiale, qui leur arracha un grand nombre de travailleurs et qui fit monter en flèche le prix des matériaux. La population du Canada paya cher cette folie que représentait la construction de deux chemins de fer transcontinentaux parallèles. En 1923, le gouvernement fédéral, propriétaire et exploitant du Canadien National (CN), fusionna les nombreuses sociétés ferroviaires en faillite du pays.

Grâce à une campagne de promotion dynamique, le CN attira dans les Rocheuses des touristes du monde entier, même si sa responsabilité première était le transport de marchandises. Il transporta notamment de la soie brute du Japon dans les années 20. Comme le prix de la soie fluctuait presque quotidiennement, la vitesse d'expédition du chargement aux marchés de New York était cruciale. Les wagons de soie avaient préséance sur les autres marchandises et voyageaient en moyenne à une vitesse de 110 à 145 kilomètres à l'heure.

Dans les années 30, le CN inaugura les premières locomotives diesels électriques, mais il a fallu attendre jusqu’en avril 1953 pour que celles-ci traversent Jasper. La conversion des engins à vapeur aux locomotives diesels marqua la fin d’une époque dans l'histoire ferroviaire.

Locomotive 6015 du Canadian National construite
                  en 1923 a Kingston
Locomotive à vapeur 6015 du Canadian National, construite en 1923 a Kingston.
La photo montre tous les travailleurs des ateliers ayant participé à sa construction.
 On peut voir actuellement cette locomotive exposée devant la gare historique de Jasper.


Dans une salle attenante au musée, quelques tableaux vivement colorés et textes percutants mettent en garde contre la fonte accélérée des glaciers des Rocheuses, et ses conséquences dramatiques pour l'humanité. Une sorte de manifeste venant confirmer ce que nous observons depuis les derniers jours...

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Évolution d'Athabasca Glacier entre 1917 et 2011
L'EAU ET LES GLACIERS CHANGENT-ILS ?

Les Gardiens de la Glace soulignent le fait essentiel que les glaciers sont vitaux pour les vastes bassins versants des Rocheuses Canadiennes, agissant comme des réservoirs d'eau douce. Les glaciers ont soutenu la vie des humains, des plantes et des animaux depuis des  millions d'années, et il nous a été facile de les prendre pour acquis. Or les glaciers et l'eau qu'ils fournissent changent rapidement. En Amérique du Nord, les glaciers fondent quatre fois plus vite qu'il y a 20 ans, et les volumes perdus sont presque inimaginables. Comme la moitié des pertes glaciaires dans le monde a lieu aux États-Unis et au Canada, la nécessité d'agir avec force et efficacité est plus plus urgente que jamais !

Selon Sanford, entre 1920 et 2005,  300 glaciers ont disparu dans les seuls parcs nationaux des Rocheuses canadiennes.

Le champ de glace Columbia des Rocheuses canadiennes devrait perdre de 70 à 90 % de sa couverture glaciaire actuelle d'ici la fin du XXIe siècle. Lorsque J. Norman Collie et Herman Wooley ont découvert le champ de glace Columbia en août 1898, personne n'aurait pu prédire que l'étendue couverte de glace devant eux se réduirait à ce qu'elle est aujourd'hui. Prenez un moment et observez les photos du Glacier Athabasca de 1917 à 2011. Vous pouvez voir à quel point le paysage a changé.

Ice-in-the-Sky-par-Brent-Lynch (2022)
Ice in the Sky, par Brent Lynch (2022)

The-Source-par-Charlie-Esaston (2022)
The Source, par Charlie Esaston (2022)

Athabasca-Glacier-par-Pascale-Robinson-2022
Athabasca Glacier, par Pascale Robinson (2022)

En sortant nous mangeons un morceau puis allons faire quelques emplettes à l'épicerie locale avant de décider de monter au Lac Maligne comme prévu pour aujourd'hui, et ce malgré l'heure déjà tardive.

Medicine-Lake
Medicine-Lake (par Juliette)
Medicine Lake (par Juliette)


Jasper : le hangar à bateaux de Maligne Lake
Jasper : le hangar à bateaux de Maligne Lake (par Juiette)

Nous quittons donc la grosse chaleur qui sévit dans la vallée à Jasper (31°) pour grimper par une bonne route sur 44 km jusqu'au lac où nous devons faire une excursions en kayak. La température descend au fur et à mesure de notre montée d'abord jusqu'au Medicine Lake puis jusqu'au grand parking du Lac Maligne où il fait encore un agréable 25°.

Je resterai à l'ombre des grands arbres à me reposer, tandis que Juliette et Mathieu A. vont reconnaitre les lieu. Ils reviennent trois-quart d'heure plus tard, positifs face au site et au panorama, mais déçus d'avoir trouvé la cabine de location fermée (17:20) sans possibilité de rejoindre personne faute de réseau ni même de téléphone. L'inscription en ligne suggérée sera donc impossible pour aujourd'hui.
Nous tenons conseil et décidons de donner priorité demain à la balade vers Miette Hot Spring où nous pourrons nous baigner dans l'eau thermale et, pour ceux qui veulent marcher, faire une autre belle randonnée à proximité du site. Pour l'instant, vu l'absence de camping sur place, nous viserons le camping supplémentaire de Jasper situé à côté de celui de Snaring, complet, à proximité de la Rivière Athabasca et de la Yellowhead Hwy que nous poursuivrons demain vers l'est. Au
                  retour sur Maligne Road
Au retour sur Maligne Road
Bivouac-pres-de-Snaring-Campground
Bivouac en U à côté du Snaring Campground
Soirée tranquille et repas communautaire au centre des 3 véhicules formant triangle. Nous discutons entre autres de l'organisation des prochains jours, Mathieu A. prend moult photos du ciel orageux et des nuages colorés couronnant le cercle de montagnes.

Hélas les moustiques, devenus soudain voraces avec la disparition du soleil, nous font écourter cette soirée bien commencée et nous retirer dans nos homes à l'abri des moustiquaires. J'écris alors le carnet de route et transfère les photos de la journée pour me coucher à 23:00.
Ciel-pres-de-Snaring-Campground-(Mat.A.
Ciel crépusculaire enflammé près de Snaring Campground (par Mathieu A.)


69 426 Mercredi 10 aout 2022 : de JASPER à JASPER (Alberta) (114 km)  (6 186 p, 4,2 km)
Lever à 7:30 dans l'ombre de la montagne, si bien qu'il fait plutôt frais dans l'habitacle  Je commence donc par déjeuner avant de passer à la douche. À 8:30 mes voisins émergent, je prends quelques photos des 2 wapitis venus brouter sur le grand espace presque vide entre les R.V. Daims dans le Snaring Campground auxiliaire
Wapitis broutant à côté de nous près du Snaring Campground

Mathieu-dans-l'Athabasca
En passant le pont, Mathieu fait ses ablutions matinales dans le cours glacé de l'Athabasca...

Puis nous nous mettons en route tardivement pour gagner dans la montagne le site de Miette Hot Springs. Le ProMaster servira de navette pour la famille de Juliette, Mathieu A. préférant ne pas affronter avec son gros camping-car cette autre route de montagne, excellente mais qu'il craint étroite et sinueuse. Elle grimpe jusqu'aux 1 375 m où se trouvent les piscines parfaitement aménagées par Parcs Canada.

Miette-Hot-Springs source sufureuse
Miette Hot Springs : l'une des trois sources sulfureuses
sortant de la montagne

Nous y arrivons peu après l'ouverture à midi. Juliette, les enfants et moi feront d'abord la petite promenade de 1,2 km menant aux sources chaudes et sulfureuses qui ont valu sa notoriété à ce site rustique et isolé. Dans un des petits bassins de captation on voit l'eau chaude (55°) sourdre de la montagne par un trou sous roche et s'écouler en laissant un dépôt jaunâtre sur les rochers et sur les petites algues accrochées au fond. Odeur sensible d’œufs pourris qui fait pousser un Pouah ! à Gabriel. Le chemin du retour passe à travers les ruines de l'ancien complexe thermal de 1938 que son obsolescence et son emplacement à risque d'avalanches ont fait abandonner.

Miette-Hot-Springs-ruines-du-complexe-thermal-de-1938
Miette Hot Springs : on traverse les ruines du complexe thermal de 1938.
Des sapins poussent dans la piscine comblée...


Miette-Hot-Springs la piscine de 1938
Miette Hot Springs : l'établissement thermal de 1938

L'histoire des lieux est bien expliquée et abondamment illustrée de photos d'époque dans le bâtiment abritant l'accueil et les vestiaires de la nouvelle piscine. Ils donnent accès aux trois bassins extérieurs où nous passerons l'après-midi.

Une passion pour les sources thermales Miette

Les sources thermales revêtent depuis toujours une grande importance pour les peuples indigènes d'Amérique du Nord. Les premiers peuples les fréquentaient pour accéder au bien-être physique et spirituel.

Aujourd'hui, les descendants de certains de ces premiers peuples profitent encore de ces eaux chaudes aux propriétés curatives. Si vous avez la chance de faire la connaissance de l’un d'eux, il vous relatera peut-être le récit de la découverte des sources thermales Miette par ses ancêtres.

En 1907, le gouvernement a annexé les sources thermales Miette au parc national Jasper afin de préserver leur grande valeur pour toute la population canadienne.



Miette-Hot-Springs-en-1919
Miette Hot Springs en 1919
1919
Des mineurs de charbon de Pocahontas qui faisaient gréve construisirent une piscine, des étuves et un pavillon-dortoir aux sources thermales Miette. L’eau des sources thermales était canalisée vers une nouvelle piscine en rondins scellée avec de la mousse, de la boue et de la toile. Les familles de Pocahontas profitèrent de ces installations pendant une courte période, jusqu’à la fermeture de la mine en 1921 et la 
disparition du village de Pocahontas.
Miette-Hot-Springs-1921
Miette-Hot-Springs-premier-bassin-1925
Miette Hot Springs : le premier bassin en 1925
VERS 1925
Pour se rendre aux sources thermales Miette dans les années 1920, il fallait faire une randonnée aventureuse à pied ou à cheval sur un sentier de montagne raboteux. Les premiers plans d’aménagement qui prévoyaient la construction d’un chalet ferroviaire luxueux, d'une ville et d'un sanatorium, furent mis en veilleuse par la crise économique. Dans intervalle, les visiteurs continuaient de se servir des installations rustiques et campaient dans les environs.

VERS 1933
A une époque où les médicaments étaient rares et où l'eau devait être chauffée sur le poêle ou sur un feu, l'existence d’une source thermale aux propriétés thérapeutiques en pleine nature sauvage était une véritable manne dont il fallait profiter en aménageant des installations de meilleure qualité.
1934
Les premiers plans d’aménagement avaient été élaborés dès 1909, mais la mauvaise conjoncture économique et la guerre empêchèrent les travaux de commencer. Les visiteurs continuèrent de profiter de la piscine en rondins originale jusqu’au milieu des années 1930. L’accroissement de l'affluence fit naitre des inquiétudes au sujet de la salubrité des lieux, à telle enseigne que le parc dut interdire temporairement l’accès aux sources thermales jusqu’à ce qu'une nouvelle installation soit construite.

Miette-Hot-Springs-1930

Miette-Hot-Springs-en-1938

1938
Pendant la Grande Crise, le parc élabora des plans pour la construction d'une piscine semblable à celle des sources thermales de Banff. Le parc national Jasper embaucha des chômeurs dans le cadre d'un programme de secours pour faire construire une route, un camping et un terrain de stationnement. La construction du complexe de bain des sources thermales Miette suivit, de 1936 à 1938.

1960
Le complexe de bain des sources thermales Miette devint l’une des principales attractions du parc national Jasper. ll accueillit des visiteurs pendant plus de 40 ans, jusqu’à ce que des préoccupations entourant la stabilité de l'ouvrage donnent lieu à la construction de l’installation actuelle en 1986. Les ruines du complexe de bain existent encore; vous pouvez les explorer le long d'un sentier asphalté qui débute au terrain de stationnement des sources thermales Miette.
Les deux Mathieu pour leur part se sont lancés sur un autre sentier beaucoup plus long et sportif que le nôtre et qui les entrainera haut dans la montagne. Nous les attendrons pendant presque 3 heures devant et dans les 4 bassins de la piscine dont l'eau chaude (au dessus de 40°) a indéniablement des vertus relaxantes et, parait-il, également curatives. Nous nous y plongerons à plusieurs reprises, entre des séances de chaise longue et des bains de soleil… Miette-Hot-Springs-dans-la-piscine
Dans la piscine de Miette Hot Springs (par Juliette)

Miette-Hot-Springs
Miette Hot-Springs : Gabriel et Hermione prennent le soleil devant la piscine

Les deux excursionnistes nous rejoignent enfin, nous prolongeons un peu les plaisirs de la baignade puis je les ramène au parking en bas de la petite route où ils retrouvent leur gros CanaDream. Une quarantaine de kilomètres sur la grande Yellowhead Hwy (Rte 16) qui longe le large cours de l'Athabasca envahi par des bancs de galets, et nous sommes de retour à Jasper sur le grand parking (de jour) réservé aux R.V. Tous se dirigent vers le restaurant A & W où Juliette a décidé de faire souper sa famille, tandis qu'elle profitera du Wi-Fi pour compléter une affaire.

Je préfère me préparer un repas léger en cette chaude soirée (il fait encore 31° à 19:00); je passe aussi faire le plein d'essence au meilleur prix (1,56$/l) avant d'affronter les tarifs nettement plus élevés en British Columbia.

Puis je gagne l'emplacement que j'ai choisi pour le bivouac de ce soir, les abords de l'aire de service pour camping-cars sur un détour d'Athabasca Road (Rte 93), le long de la rivière. Nous y avons dormi Mathieu et moi lundi soir dernier, sans aucun dérangement. La Grand Caravan m'y rejoindra un peu plus tard.

Après mon lunch froid, un sentier adjacent le long de la rivière m'offre une petite balade en vue des eaux vives gris-vert jade, avec l'habituel - ici - fond de hautes  montagnes encadrant le site de Jasper. Le soleil descend en éclairant davantage les hauts, la température baisse un peu : encore 28° à 20:00, la nuit sera chaude…
La-riviere-Athabasca-en-amont-de-Jasper
Athabasca River en amont de Jasper


69 540 Jeudi 11 aout 2022 : de JASPER à BLUE RIVER (British Columbia) (238 km) 1 500 m

En fait avec la disparition du soleil la température n'a pas tardé à baisser, et une bonne aération (qui a aussi l'avantage de piéger les moustiques sur les grilles intérieures des ventilateurs où on peut facilement les éliminer) m'a permis de passer une bonne nuit.

Bivouac à Jasper sur l'aire de service (T0E-1E0)
Levé un peu avant 8:00 je me rapproche des bornes d'eau pour refaire le plein de la citerne et de mes bouteilles d'eau potable, et prends le petit-déjeuner avec Mathieu. Puis nous gagnons le parking central des R .V. à Jasper pour attendre le CanaDream qui finit par arriver après 9:00. Juliette passe au garage pour faire apposer sur la facture le diagnostic du mécanicien quant à la batterie (que conteste son locateur), les Mathieu font le plein de carburant et nous voici enfin sur la route passé 10:00…
Direction le Mont Robson, avec un court arrêt en passant le Yellowhead Pass. Vue agréable sur le petit lac alpestre où flottent des nénuphars… Quelques panneaux illustrés de photographies anciennes documentent l'importance première de ce col par où passèrent les 2 lignes de chemin de fer du Grand Trunk Pacific et du Canadian Northern Pacific. Les compagnies,  bientôt en faillite, fusionnèrent  dans ce qui devint le Canadien National (C.N.). Un village de pionniers en planches, Lucerne, se développa alors. Il n'en reste rien, hormis ces quelques photos. YellowHead-Pass-plaque


Yellowhed-Pass-historic

Visitor-Centre-du-Mt-Robson
Le Mont Robson dont la tête reste cachée dans les nuages
Longue descente ensuite qui longe plusieurs lacs entourés  de montagnes, jusqu'au pied du Mont Robson. Nous déjeunons devant le Visitor Centre en admirant la masse pyramidale de ce point culminant des Rocheuses canadiennes à 3 954 m.

Robson-Visitor-Centre-le-CanaDream
Les montagnes devant le Mount Robson Visitor Centre et le CanaDream

À Tête Jaune Cache nous quittons la Yelllowhead Hwy (Rte 16) pour prendre plein sud la BC5 qui doit nous mener jusqu'à Kamloops  à 121 km. Belle grande route de vallée qui nous fait longer les tronçons du chantier du TransMountain Pipeline, hautement controversé pour ses incidences environnementales et ses empiètements sur des terres réclamées par les Amérindiens. Il doit permettre d'augmenter le transfert du pétrole de l'Alberta depuis Edmonton jusqu'à Vancouver pour exportation à travers le Pacifique. 

En revanche peu de points d'intérêt remarquables; Juliette repère néanmoins une base de rafting à Clearwater et la très haute Helmcken Falls, sur la haut cours de la Thompson.
Sur-la-Route-BC5
Sur la BC5 après Tête Jaune Cache

Nous roulons une bonne partie de l'après-midi en suivant la vallée de la North Thomson River, encadrée par une beau paysage de montagnes, pour faire étape tôt à Blue River où Juliette a repéré un camping bien équipé. Le Wi-Fi lui permet de réserver les places de rafting auxquels 4 participeront, tandis qu'Hermione réticente restera avec moi. Juliette profite de la longue pause pour planifier en détail avec son frère les 10 jours de séjours qui leur restent dans l'ouest; il est bien évidente que nous ne nous rendrons pas jusqu'à Vancouver (mon impression première…), puisque nous privilégierons les Parcs Nationaux Revelstoke, des Glaciers et Yoho. Quant à la région de Kelowna et de l'Okanagan j'en aurais revu avec plaisir le bel environnement semi-désertique, mais j'ai bien peur que la grosse chaleur qui règne en ce moment là-bas soit insupportable. On verra, un jour à la fois !

Sur-la-plage-de-Blue-River
Mathieu A., Gabriel, Juliette et Hermione au bord d'Eleanor Lake
Pour l'instant nous irons nous rafraîchir sur la plage de Blue River aménagée dans un parc au bord du petit lac Eleanor, un peu à l'écart de la North Thompson River. Mes compagnons se dévêtent et vont jouer dans l'eau tandis que je prends le frais sur un des bancs. La température baisse progressivement, le ciel se couvre en même temps que le soleil disparait derrière les montagnes.
Au retour vers le camping un train interminable nous arrête au moment de traverser le passage à niveau : ce seront plus d'une centaine de wagons qui défileront à petite vitesse, encadrés par trois grosses loco diesel-électriques rouges et noires du Canadien National.
Blue-River-loco-8921-du-CN

Mathieu et moi laissons le CanaDream branché et connecté dans son campground pour aller dormir à l'extérieur du hameau sur Shell Road, loin du chemin de fer et de la grande route. Fatigué par la chaleur, la longue conduite et la douleur engendrée par une sciatique persistante, je laisse tomber le carnet de bord pour ce soir et me couche aussitôt, après une dernière chasse aux quelques moustiques qui se sont faufilés dans l'habitacle.


69 778 Vendredi 12 août 2022 : de BLUE RIVER à KAMLOOPS (British Columbia) (346 km)  2 300 m

bivouac-sur-Shell-Rd. à Blue River
Bivouac sur Shell Rd à Blue River
Lever dès 7:00 pour être prêt au départ à 8:30 comme convenu. La lumière est superbe près du sous-bois où nous avons trouvé refuge. Après un coup d’œil à la barricade érigée par les Amérindiens Secwepemc opposés à la construction du TransMountain Pipeline, nous attendons le CanaDream qui nous rejoint bientôt et nous prenons la route à 8:30 comme prévu.
Comme hier un chantier presque continu témoigne de l'avancement du projet : pelleteuses, scrapers, dynamitage de rochers, creusement et remblaiement, stabilisation du terrain… le tout sur des centaines de kilomètres. Il s'agit vraiment d'un ouvrage colossal : 1100 km à travers les Rocheuses, plus de 21 milliards de dollars (jusqu'à présent...).

Je m'interroge sur sa pertinence autre qu'économique à l'heure où le pétrole est dénoncé par beaucoup comme une des causes majeures des GES et de la dégradation du climat. Quant à sa rentabilité, l'utilisation du pétrole comme matière première en pétrochimie justifiera-t-elle un tel investissement ? On verra…
Blue-River-barricade-amerindienne-contre-le-Pipeline-Transmountain
Blue River : barricade amérindienne contre le  TransMountain Pipeline
Clear-Water-depart-pour-le-rafting
Clear Water : départ pour le rafting
En attendant ce gigantesque chantier nous vaut de nombreux ralentissements et arrêts qui retardent notre progression à travers des paysages assez mouvementés aux pentes couvertes de forêts. Nous passons plusieurs rivières aux eaux rapides et arrivons à 10:00 à Clearwater, juste à temps pour le briefing du petit groupe de Riverside Adventures qui part en autobus vers le point de départ de la descente de rivière en gros dinghy jaune. Comme prévu Hermione restera avec moi dans le ProMaster, frustrée de devoir se contenter de sa liseuse, ses parents ayant enfermé sa tablette dans leur camping-car…

Le soleil tape de plus en plus fort, la température monte, je cherche l'ombre plutôt rare d'un arbre pour nous garder un tant soit peu au frais, ce qui me vaudra plusieurs manœuvres au fur et à mesure que tourne le soleil. Hermione échangera quelques mots avec moi tandis que je rédige le carnet de route d'hier. Je nous prépare un déjeuner léger vers 12:30… Nos rafters reviennent passé 14:00, satisfaits de leur balade animée sur les eaux vives de la Clearwater River, mais aussi affamés.

À peine restaurés je les embarque tous - sauf Mathieu M. qui a décidé de gagner immédiatement Kamloops pour trouver un gym attendu depuis 5 jours… Nous emprunterons une petite route de parc jusqu'à la haute chute d'Helmcken Falls (141 m) recommandée par l'info touristique du Mt Robson. Mathieu A. préfère ne pas piloter son gros véhicule sur ces 45 km d'une route de parc étroite, sinueuse et montueuse.
Paysage forestier des plus agréables, température plus supportable au fur et à mesure que l'altitude augmente. La chute elle-même aperçue depuis la haute et raide paroi du canyon de la Murtle River est grandiose, elle est 3 fois plus haute (141 m) que celle de Niagara (50 m). Helmcken-Falls

Son long jet dru et foisonnant tombant directement dans le bassin de réception à son pied, et le nuage de vapeurs dispersé sur fond sombre de roche volcanique noircie par les embruns lui donnent beaucoup de caractère. Je regrette seulement qu'un sentier décent n'ait pas été aménagé depuis le belvédère pour aller la contempler de plus bas, voire à son pied.

Jean-Paul contemple la Chute Helmcken
Jean-Paul contemple la Chute Helmcken (par Mathieu A.)
Helmcken-Falls
En famille
            devant Helmcken Falls
En famille devant Helmcken Falls (par Juliette)

Chutes Helmcken en hiver (par Daniel Werkman)
Chutes Helmcken en hiver (par Daniel Werkman)


À notre retour paisible par la même petite route à Clearwater, l'après-midi est déjà bien avancé. Laissant la petite famille devant leur camping-car dans le stationnement de la base de plein-air, je pars immédiatement pour Kamloops, espérant y arriver avant la fermeture du Costco où nous nous sommes donné rendez-vous. Sur les 150 km la vallée s'élargit en longeant la cours de moins en moins tumultueux de la North Thompson, tandis que fermes et ranchs étendus se multiplient dans un environnement progressivement plus sec : longues herbes jaunes, pins éparpillés sur les pentes, habitat de plus en plus présent. La chaleur augmente aussi avec la perte d'altitude, montant jusqu'à 36°, pour redescendre à 32° à la disparition du soleil.

Lorsque j'arrive enfin sur le parking du Costco de Kamloops il est passé 20:00 et il fait encore 28°… Commençant par compléter le plein de carburant (66,76 l à 1,80$/l.), je fais un tour dans le grand magasin tout semblable à celui de Montréal et ramasse quelques produits jusqu'à me faire pousser vers la sortie par les équipes de magasiniers avant la fermeture de 20:30. Juliette puis Mathieu M. me rejoignent bientôt sur le grand parking qui se vide. Nous nous y installerons pour la nuit, dispersés. J'ai déjà soupé et attaqué la rédaction du carnet de bord et le transfert des quelques photos de la journée tandis que Mathieu s'active encore au réchaud pour faire sa tambouille. Coucher tôt ensuite, sous les éclairs et le tonnerre qui gronde sans que tombe une goutte de pluie.


70 124 Samedi 13 août 2022 : de KAMLOOPS à REVELSTOKE (British Columbia) (259 km)   1 500 m

Bivouac-devant-le-Costco de Kamloops
Bivouac devant le Costco de Kamloops
Réveil à 6:45 sous un ciel encore ennuagé avec percées de soleil, après une nuit silencieuse et reposante. J'achève ma rédaction puis déjeune et me douche. Pendant que Juliette et Mathieu vont faire quelques courses au Costco je place le ProMaster à l'ombre sous un arbre et fais un peu de ménage, à commencer par l'aspiration de la poussière, du sable et autres saletés dont le tapis s'est abondamment imprégné.

Décidément ce tapis, agréable au pied, est un couvre-plancher inadéquat pour un camping-car amené à fréquenter continuellement des environnements boueux ou sableux, sans parler des taches (huile, jus de bleuet...) impossibles à enlever sans un lavage à grande eau ! À son remplacement j'adopterai un polyvinyle de style Mondo facilement balayable et lavable.
Puis je lis quelques articles de L'Actualité qui se sont empilés dans ma boite de courriel, jusqu'à ce que Mathieu me rejoigne pour son petit-déjeuner. Ensuite nous nous séparons : il emmènera Juliette au centre-ville faire une brassée de lavage dans une buanderie, tandis qu'avec Mathieu A. nous irons vider les réservoirs d'eaux grise et noire du Canadream puis faire le plein d'eau fraiche près du Visitor Centre de la ville.

Il recommence à faire chaud (29°) dans ce pays où l'ombre est rare, aussi décidons-nous de remonter en altitude en prenant la direction de Revelstoke, des Parcs Glacier et Yoho que nous visiterons dans les prochains jours avant de rallier Calgary. Mathieu M. quant à lui passera la journée à Kamloops pour gym et Wi-Fi, et nous rejoindra demain soir dans le village de Revelstoke.
Kamloops-panorama sur la ville depuis le
                    Vsiitor Centre
Kamloops : panorama sur la ville depuis le Visitor Centre
CanaDream sur la Transcanadienne le long de
                    Shuswap Lake
En suivant le CanaDream sur la Transcanadienne le long de Shuswap Lake
Vers 11:30 nous nous mettons en route en empruntant la Rte 1 (Transcanadienne) dans l'ensemble excellente. Elle commence par longer le cours rapide de la South Thomson River bordé de fermes au pied des collines arides dont les hautes herbes jaunies par la sécheresse sont ponctuées de sapins isolées.

L'environnement devint plus vert et boisé lorsqu'on aborde le large ruban du Shuswap Lake qui semble plus riche (pâturages, bois, stations balnéaires avec petits ports de plaisance…).
Nous quittons un moment l'autoroute pour gagner par une toute petite route qui sinue entre les collines le White Lake où Juliette a repéré un petit parc provincial propice à la baignade. Aménagement et signalisation des plus rustiques, l'aide de canoéistes qui nous guident finit par nous faire atteindre un petit bout de plage au bord d'une eau cristalline où Juliette, Hermione et Gabriel plongent avec délice.
Baignade dans le White Lake (par Juliette)
Baignade familiale dans le White Lake (par Juliette)

Après cette intermède rafraichissant nous retrouvons un peu plus loin la Transcanadienne qui prend progressivement de l'altitude en suivant de grandes courbes dans des vallée profondes. Nous atteignons ainsi l'Eagle Pass où nous ferons une longue pause, la fatigue et la lassitude résultant de cette longue route aidant.

Eagle-Pass : palque célébrant «the-last-spike»
                    en 1885
Eagle Pass : plaque célébrant «the last spike» en 1885
L'Eagle Pass est un site historique dont la signification est capitale dans l'histoire du Canada puisque c'est là qu'en grande pompe, le 7 novembre 1885, le président du Canadien Pacifique enfonça le dernier crampon scellant la continuité du railway entre l'Atlantique et le Pacifique, de Montréal à Vancouver. Ainsi se concrétisait dans les faits la devise du pays  «A mari usque ad mare » (d'un océan à l'autre), ce qui ouvrait toute grande la voie au développement démographique et économique de l'ouest canadien.

Nous sommes étonnés du peu de lustre donné par les autorités, tant provinciales que fédérales sans oublier CP Rail, à ce lieu hautement symbolique. Le gardien qui entretient le modeste bâtiment, questionné par Juliette, nous expliquera qu'un projet de Site Historique national (Parcs Canada) a bien été concocté au moment du centenaire de la Confédération, mais que la cérémonie d'annonce avait été annulée au dernier moment et que les lieux sont restés depuis en l'état, sans grande mise en valeur.

Eagle-Pass-the-last-spike
Craigellachie : pose du dernier crampon de la ligne transcanadienne, le 7 nov. 1885

Eagle-Pass : «the-last-spike»
Eagle Pass : le Crampon d'Or sur la ligne transcontinentale du Canadian Pacific...

Eagle Pass, Craigellachie : le fourgon de queue
              (caboose)
Eagle Pass, Craigellachie : le fourgon de queue (caboose) commémoratif

Eagle-Pass monument et caboose
Certes les plaques de bronze et le cairn sur lequel elles sont apposées soulignent l'importance de l'événement et suggèrent la dimension épique de l'exploit technique, mais c'est vraiment trop peu… Et l'état de quasi délabrement dans lequel le CP laisse la caboose (cambuse, ou wagon-frein placé en queue de train) antique fait peine à voir, quand on connait les dimensions de la compagnie qui subventionne par ailleurs moult projets culturels à travers le pays.

Ah, le Canada et le patrimoine !…

Nous repartons un peu reposés et rafraichis par cette pause, aussi les kilomètres me semblent moins longs jusqu'à notre arrivée au crépuscule à Revelstoke. La grosse chaleur de la journée est tombée, la lumière perd de sa vivacité brutale, il est temps de chercher un bivouac dans cette petite ville touristique plutôt léchée. Juliette repère grâce au site IOverlander le grand parking de la station de ski où, semble-t-il, le séjour est toléré l'été gratuitement. Pas de service, mais une station de vidange/remplissage est disponible en ville sur le chemin. Nous traversons donc les quelques avenues qui entourent la zone habitée et allons nous poser au beau milieu du vaste espace occupé déjà par quelques dizaines d'autres V.R. La fatigue me pèse, je soupe légèrement, charge les photos de la journée puis commence à rédiger. Mais je me coucherai et m'endormirai bientôt, malgré le bruit et les éclats de voix d'un groupe de jeunes dans deux grosses fifth wheel (caravane à sellette) à proximité.


70 383 Dimanche 14 août 2022 : de REVELSTOKE à REVELSTOKE (British Columbia) (88 km)  7 100 m
Nuit reposante, à 7:30 je suis debout en forme pour cette autre journée ensoleillée. Au programme les Prés-dans-le-ciel (Meadows-in-the-Sky) qui occupent le sommet du Mont Revelstoke à près de 2 000 m d'altitude.

Nous quittons le plateau poussiéreux où nous avons passé une nuit acceptable d'où les touristes du dimanche commencent à lever le camp, pour descendre au village. Mathieu A. laisse son CanaDream sur le stationnement d'une église baptiste où il reste pas mal de places, et tous embarquent dans le ProMaster pour trouver la route en lacets de 23 km qui mène au sommet du Mont Revelstoke. File d'attente pour passer la guérite d'accès : il faut patienter jusqu'à ce qu'une place se libère dans le stationnement en haut avant de pouvoir monter.
Revelstoke-bivouac-devant-le-telepherique
Bivouac au pied de la station de ski du Mont Mackenzie

Belvédère sur la vallée de la Columbia et la ville en
              montant au Mont Revelstoke
Belvédère sur la vallée de la Columbia et sur la ville en montant au Mont Revelstoke

Gabriel observe la vallée depuis le Mont
                      Revelstoke
Gabriel observe la vallée depuis le Mont Revelstoke
Enfin nous enfilons l'excellente route de montagne aux multiples épingle à cheveux, faisant une pause photo au belvédère donnant sur la ville et la vallée de la Columbia.
En haut nous trouvons facilement une place sur l'espace réservé aux R.V. et nous lançons dans l'exploration systématique des sentiers sillonnant le sommet. Tout au long du chemin, les fleurs alpines qui ont rendu le site célèbre abondent, dispersées en touffes dans la verdure et entre les arbres : lupin arctique bleu violacé, castileja rouge, arnica des montagnes jaune, valériane de Sitka blanche, vergerette voyageuse violette, épilobe mauve... Jean-Paul photographie le talus fleuri sur la
                    route menant au sommet du Mont Revestoke
Jean-Paul photographie le talus fleuri sur la route menant en haut du Mont Revelstoke

epilobes
Épilobes
Aconit
Aconit

castileja-Miniata
Castileja Miniata (Indian Paintbrush)
Lupins
Lupins arctiques

Sentier des Premiers Pas : «Devant le soleil
                    matinal, le peuple Okanagan (Syilx) remercie le
                    Créateur de cette terre»
Sentier des Premiers Pas : «Devant le soleil matinal, le peuple Okanagan (Syilx)
remercie le Créateur de cette terre»

Un premier sentier, celui des Premiers Pas, est ponctué de citations amérindiennes évoquant la vie des autochtones dans leur environnement naturel avant l'arrivée des Européens. Il fait le tour de l'éminence du côté sud et offre des vues grandioses sur les hautes montagnes enneigées.

sur-le-Mont Revelstoke montagnes au nord
Depuis le Sentier des Premiers Pas sur le Mont Revelstoke, montagnes au nord

En
              famille devant les montagnes
En famille devant les montagnes
Meadows-in-the-Sky sur le Mont Revelstoke
Meadows-in-the-Sky sur le Mont Revelstoke
Sur-le-Mont : Revelstoke
                    Castillejie-et-valeriane
Sur les sentiers du Mont Revelstoke : Castillejie miniata et valériane de Sitka
Un autre sentier nous mène à un belvédère donnant sur la vallée de la Columbia, une troisième boucle encore nous fait monter jusqu'à l'ancienne tour d'observation des incendies. Le tout au milieu des alpages et d'une lande arborée où la flore colorée typique de la région pousse à foison : castilléjie rouge, lupins bleu violacé, aconit aux petites fleurs en étoiles jaune, Valériane de Sitka blanche, etc. Mont Revelstoke : sur le sentier menant au
                    belvédère sur la Columbia
Mont Revelstoke : sur le sentier fleuri menant au belvédère sur la Columbia

Mont
              Revelstoke : belvédère sur la Columbia
Mont Revelstoke : belvédère sur la Columbia

Hermione et Gabriel sont de plus en plus réticents à parcourir ce jardin sauvage pourtant magnifique, tandis que Mathieu A. fait moult photos des vistas qui s'offrent à lui en tous sens, et que Juliette admire sans réserve… Je retombe moi aussi sous le charme de ce site exceptionnel, même si la sécheresse me semble enlever un peu d'intensité aux couleurs. Les montagnes de l'autre côté de la Columbia
Les montagnes de l'autre côté de la vallée de la Columbia
Sentier sur le Mont Revelstoke
Retour au ProMaster par un dernier sentier tout aussi pittoresque, et longue descente dans la chaude lumière de fin d'après-midi qui offre des vues et des couleurs renouvelées sur la petite ville et sur la large vallée de la Columbia.
Avant de bivouaquer nous allons nous reposer au bord de la rivière, bien dégagée au niveau du Centenial Park. Mathieu M. nous y rejoindra et aidera à préparer le souper communautaire. Celui-ci nous rassemblera autour d'une ratatouille méditerranéenne aux herbes de Provence préparée par Mathieu M. et de bouchées de poulet BBQ passées au grill par Juliette. Juliette cuiisine au bord de la Columbia
Juliette cuisine au bord de la Columbia
au-bord-de-la-Columbia
Verge d'or
au-bord-de-la-Columbia
Végétation florissante au bord de la rivière

Le soleil descend sur ce tableau paisible (hélas signalisé No overnight parking), nous remonterons donc dormir sur le grand stationnement de la station de ski après avoir refait le plein d'eau sur la Sani dump municipale (1625 Powerhouse Rd), dévorés par les moustiques du crépuscule.
Crépuscule au bord de la Columbia
Crépuscule au bord de la Columbia

70 471 Lundi 15 août 2022 : de REVELSTOKE au ROGERS PASS (British Columbia) (118 km)  5 100 m

Revelstoke-bivouac
Deuxième bivouac sur le stationnement de la station de ski
Ciel ennuagé au lever qui se dégagera assez rapidement avant même que nous quittions notre bivouac vers 9:30. La chaleur ne tarde pas à s'élever après la fraîcheur nocturne, aussi ne nous attarderons-nous pas et reprenons-nous rapidement la Transcanadienne qui nous mènera vers le Parc des Glaciers où nous avons repéré quelques balades.
Premier arrêt à la Promenade du Choux-Puant, dont on a remis en état une partie du trottoir de bois qui s'effondrait. Nous n'irons cependant pas bien loin et devront rebrousser chemin bientôt, sans même avoir pu reconnaitre ces fameux «choux puants» ni repéré aucun des nombreux oiseaux identifiés dans ce petit parc. Quant aux deux autres points d'intérêt (Sentier des Cèdres Géants, Prucheraie) ils sont complètement fermés suite à avalanche ou glissement de terrain… Sentier-du-chou-pusnt notice

Sentier-du-chou-puant-Illecillewaet-River
Sentier du Chou-puant au bord de l'Illecillewaet River

Sentier du Chou-puant : discussion sur la prochaine
              randonnée
Sentier du Chou-puant : les trois randonneurs discutent de leur prochaine destination

Sur la route vers Glacier National Park
Sur la route vers le Parc National des Glaciers, la chaine des Mont Selkirk

En revanche le Rocky Garden à l'entrée du Parc national  Yoho est accessible, et Mathieu A., qui veut y reprendre des clichés après une première visite, m'y entraînera à sa suite, après que j'ai rejoint le CanaDream perdu de vue sur la route… Beau chaos de grosses pierres transportées par le glacier et recouvertes de mousse, frais sentiers tournicotant sous les grands arbres, sous-bois fleuri…

Sentier du jardin de rocailles
Sentier du Jardin de rocailles
Sentier-du-jardin-de-rocailles
Le chaos de rochers déposé par le glacier,
au fond la chaine des Selkirk

Visitor Centre du Rogers Pass
Visitor Centre du Parc des Glaciers dans le Rogers Pass
Après cette pause il est temps de passer aux choses sérieuses, i.e. la longue montée des grandes rampes parfaitement redressées escaladant le Col Rogers.

Pendant que Mathieu M. discute randonnées avec un ranger, nous prenons le temps de visiter le Centre, ses vitrines et ses panneaux expliquant la découverte puis l'exploitation ferroviaire du col, les défis posés par les avalanches géantes et les catastrophes successives qui ont finalement amené à faire passer la ligne par de longs tunnels creusés sous la montagne et évitant le col.

Quelques dioramas incluant de superbes animaux naturalisés nous permettent aussi de découvrir une faune particulière et autrement invisible…

Rogers-Pass Visitor Centre : Gabriel en chef de
                    train découve l'histoire du chemin de fer
Rogers Pass Visitor Centre : Gabriel en chef de train découvre l'histoire du chemin de fer
Rogers Pass Visitor Centre : Hernione devant la
                    maquette-du col enneigé
Rogers Pass Visitor Centre : Hermione devant la maquette du col enneigé illustrant les paravalanches et les catastrophes qui firent de nombreuses victimes (8 en 1890 et 58 en 1910)
Carcacajou (wolverine)
Carcacajou (wolverine)

Le carcajou compte parmi les habitants les plus secrets de la chaine Columbia. La femelle établit sa tanière dans les vallées très peu fréquentées par l’être humain. Le carcajou est un animal opportuniste qui se déplace continuellement sur un vaste territoire à la recherche de charognes et de proies. Il se nourrit des carcasses laissées par d’autres prédateurs, mais il chasse aussi les caribous, les chèvres de montagne et les petits mammifères. Larges et velus, ses pieds se prêtent bien aux déplacements sur des couches de neige profonde.
Faisant face à l’invasion de l’être humain dans les vallées de la chaîne Columbia, le carcajou est une espèce sur le point d’être menacée de disparition.

Grizzli
Grizzli

Couple de cougars
Couple de cougars


Cougar femelle

Quelle place le cougar occupe-t-il dans l'écosystème de la chaîne Columbia? Bien que nous en ayons observé quelques individus ici, dans les Parcs nationaux du Mont-Revelstoke et des Glaciers, le cougar demeure une espèce insaisissable et mystérieuse. Contrairement aux grizzlis, aux caribous et aux carcajous, les cougars qui habitent ces parcs n’ont jamais fait l’objet d'une étude.
Nos parcs et la chaîne Columbia abritent une mosaïque complexe d'organismes dont nous ne connaissons pratiquement rien. La liste de ces espèces énigmatiques est longue : la puce des neiges, le gyrin, le lézard-alligator, le scinque, la musaraigne errante, la grassette, l’utriculaire, le raisin d'ours et le grimpereau brun ne sont que le début de cette liste sans fin. Les recherches nous ont bien fourni quelques indices sur l’organisation de ce merveilleux enchevêtrement, mais nous commençons à peine à comprendre les adaptations et les liens nécessaires au maintien de l’intégrité écologique.

Cougar
Cougar à l'affut
Cougar à l'affut

« Une folle imprudence... »
Alexander Mackenzie, chef de l'opposition, 1871

Les politiciens canadiens ne mâchèrent pas leurs mots lorsqu'ils apprirent que le tout premier chef du pays, le Premier Ministre sir John A. Macdonald, avait promis de construire en dix ans la plus longue ligne de chemin de fer au monde !

Le rêve transcontinental du premier ministre visait à persuader la colonie de la Colombie-Britannique de se joindre à la confédération constituée de la Nouvelle-Ecosse, du Nouveau-Brunswick, du Québec, de l'Ontario et du Manitoba. L'annonce du projet marqua le commencement d’une décennie caractérisée par des luttes politiques acharnées et des explorations extrêmement difficiles, au cours de laquelle on mena la campagne visant à choisir un itinéraire pour relier la côte du Pacifique au reste du Canada.

Des géomètres visitèrent tous les cols indiqués sur cette carte durant ce qui fut surnommé la « Guerre des itinéraires »; au bout de dix ans d’exploration, ils conclurent finalement que la meilleure solution était d'emprunter le col Yellowhead. En 1880, le gouvernement fédéral signa un contrat avec le Canadien Pacifique pour la construction d’une ligne de chemin de fer passant par ce col. Un an plus tard, cependant, la compagnie de chemin de fer fit volte-face et choisit d’utiliser un tout autre itinéraire. Ce dernier devait emprunter le col Kicking Horse dans les Rocheuses, puis continuer à travers la chaîne Selkirk, même si l’on ne connaissait à l’époque aucun passage traversant ces montagnes.


La découverte du col Rogers

En 1881, il était devenu urgent pour la compagnie de chemin de fer de trouver un passage à travers la chaîne Selkirk. En effet, l'équipe de construction venue de l'Est traversait alors à toute allure le Manitoba en direction des lointaines Rocheuses, tandis que l’équipe venant  de l'Ouest se frayait un chemin le long de la vallée du fleuve Fraser. Le sort du Canadien Pacifique était désormais entre les mains du Major Albert Bowman Rogers, géomètre de chemins de fer originaire du Massachusetts. Avec ses guides, des Amérindiens Shuswap, il passa l’été 1881 à chercher un passage à travers la barrière, en apparence infranchissable, de la chaîne Selkirk.

L'été suivant, le Major Rogers retourna sur place pour confirmer l'existence d’un col qu’il avait repéré l’année précédente. Deux ans plus tard, avant la fin de la saison de construction, on avait tracé l'empreinte du chemin de fer jusqu’au passage qui avait récemment été baptisé col Rogers, et le campement des ouvriers travaillant tout au bout de la voie ferrée n’était pas loin derrière. La construction de la ligne de chemin de fer fut terminée à l'automne 1885; le dernier crampon fut posé à Craigellachie, à seulement 113 km à l'ouest de l'endroit où nous nous trouvons.

Le rêve d’une nation transcontinentale que chérissait sir John A. Macdonald avait été réalisé moins de 14 ans après qu'il en ait fait la promesse à la Colombie-Britannique.





LA LIGNE DE CHEMIN DE FER TRANSCANADIENNE ET LE COL ROGERS

Historique en forme de chronologie

1871
Le Premier Ministre, Sir John A. Macdonald, promet de faire construire une voie ferrée qui se rendra jusqu'en Colombie-Britannique dans un délai de dix ans.

1881
Deux équipes entament la construction du chemin de fer Canadien Pacifique, l'une vers l'ouest, à travers les Prairies, et l'autre vers l'est, depuis la côte du Pacifique. La compagnie charge le major A.B. Rogers de trouver un passage à travers la chaîne de Selkirk, dont les pics semblent impénétrables. Arrivant de l'ouest, M. Rogers croit apercevoir un passage, mais doit repartir avant l'hiver.

1882
Arrivant cette fois-ci du côté est, M. Rogers peut confirmer l'existence d'un col permettant de franchir la chaîne de Selkirk. Il reçoit en récompense une montre en or, un chèque de 5 000 $ et une place dans l'histoire, puisque le passage sera nommé col Rogers.

1883
William Cornelius Van Horne, le directeur général du chemin de fer, suggère au gouvernement fédéral de créer des parcs nationaux le long du chemin de fer, dans les montagnes.

1884
Les équipes de construction atteignent le côté est du col Rogers à l'automne. Le tout nouveau pont du ruisseau Stoney devient le plus haut pont au monde.

1885
Le 7 novembre, les équipes de construction arrivant de l'est et de l'ouest se rejoignent à Craigellachie. Elles observent des dignitaires enfoncer le dernier crampon du chemin de fer Canadien Pacifique (C.P.).

1886
Le premier train de voyageurs quitte Montréal le 26 juin et arrive sur la côte ouest neuf jours plus tard. Le Parc national des Glaciers est créé. Une voiture-restaurant est installée près d'une voie de service, avec vue sur le « Grand Glacier ». En décembre, la salle à manger et les chambres d'un nouvel hôtel, Glacier House, remplacent la voiture-restaurant.

Après deux hivers d'abondantes chutes de neige et d'avalanches, le CP décide de construire un important réseau de pare-avalanches.

Glacier House ne suffit plus à la demande. Une voiture-lits est donc installée à proximité de l'hôtel pour offrir des chambres supplémentaires !

Tout près du col Rogers, Summit City est en pleine expansion et comprend notamment des hôtels, des saloons, un salon du coiffure, un magasin général, une école et des maisons.

1892
Glacier House est agrandi et établit de nouvelles normes en matière de service et de luxe. L'hôtel devient également une aire de repos pour les alpinistes et une station expérimentale pour l'étude des glaciers et d'autres sciences naturelles.

1899
Le 30 janvier, huit personnes périssent sous une énorme avalanche, qui détruit également la gare originale et la rotonde du col Rogers.

1910
Le 4 mars, une avalanche ensevelit la voie ferrée ainsi que 58 employés qui nettoyaient les débris laissés par une avalanche précédente. Le danger manifeste lié aux opérations ferroviaires du col Rogers provoque un véritable tollé de protestations chez le public.

1913
Début de la construction d'un tunnel de huit kilomètres traversant le mont Macdonald, le plus long tunnel d'Amérique du Nord à l'époque.

1915
D'autres ajouts sont faits au Glacier House et les clients de l'hôtel peuvent maintenant profiter du cellier, d'une salle de billard, d'une allée de quilles, de jardins, de fontaines et d'une tour d'observation.

1916
Le tunnel Connaught est inauguré en décembre. Une nouvelle gare nommée Glacier Station est construite à l'entrée ouest du tunnel. Le service ferroviaire direct jusqu'à Glacier House prend fin. Des calèches transportent maintenant les clients jusqu'à l'hôtel. Le CP récupère le matériel de l'ancienne voie ferrée puisque les matériaux de construction commencent à se faire rares en raison de la Première Guerre mondiale.

1925
Glacier House ferme définitivement ses portes à la fin de l'année, probablement à cause de ses baisses de revenus et de la hausse des coûts dans les autres hôtels du CP dans la région.

1927
Les meubles et les accessoires de Glacier House sont réutilisés pour les hôtels Banff Springs et Château Lake Louise.

1962
L'ouverture officielle de l'autoroute Transcanadienne met fin à 35 ans de tranquillité dans le Parc national des Glaciers.

1988
Le tunnel du mont Macdonald, 14 km (et donc le plus long en Amérique du Nord, à l'époque), est construit sous le tunnel Connaught pour réduire l'inclinaison de la voie et pour laisser passer une deuxième voie ferrée. Les trains provenant de l'est, qui transportent surtout des passagers, passeront désormais par le tunnel Connaught et les trains
en provenance de l'ouest, plus lourds, par le tunnel du mont Macdonald.

Quant à Mathieu M., après sa consultation auprès du ranger au Visitor Centre du Parc sur la randonnée la plus ambitieuse, il a décidé de parcourir le Sentier du Rocher-Perly : 10,8 km, 1 143 m de dénivelé…
Sentier-du-Rocher-Perley notice

Plan-des-sentiers-de-l'Illecilleweat
Les sentiers de l'Illecillewaet

Ensuite c'est le temps des randonnées. Laissant le ProMaster sur le grand parking devant le Visitor Centre du Rogers Pass, j'embarque dans le CanaDream qui redescend le col sur quelques kilomètres pour rallier le point de départ des balades que nous avons programmées. Elles sont nettement moins ambitieuses que celle de Mathieu M. : après un bout du «Sentier de 1885» qui suit le tracé original de la voie ferrée du Canadian Pacifique construite en 1885 et exploitée jusqu'en 1916 - il fut alors abandonnée au profit du tunnel - nous suivrons le «Sentier de Glacier House», l'ancien hôtel de luxe du CP, puis le «Sentier de la Rencontre des Eaux» là où le torrent Asulkan se jette dans la rivière Illecillewaet descendant du glacier. Notre itinéraire rattrape ensuite le «Sentier de 1885» pour revenir au camping après une boucle de 1,3 km.

Nous trouvons difficilement à stationner près du camping de l'Illecillewaet d'où partent la plupart des grandes randonnées autour du Grand Glacier, du moins tel qu'on l'appelait du temps de sa grandeur (il a bien rétréci, le pauvre !), C'était lorsque le Canadien Pacifique construisait, à l'instigation de William Cornelius Van Horne, son directeur de l'époque, un hôtel de luxe accueillant les premiers alpinistes et amateurs de glace. Avec le tunnel Conaught percé entre 1913 et 1916 (8 km, un record du monde à l'époque), plus de gare pour accueillir les touristes, aussi l'hôtel périclita et ferma ses portes en 1916 pour être démoli en 1926.

On suit le sentier tracé sur l'emprise de l'ancienne voie ferrée, on passe près des ruines éparses de l'hôtel pour gagner, au bout d'un court sentier sous les bois le long de l'Illecillewaet, le torrent issu du glacier principal homonyme,  jusqu'au «Point de rencontre des eaux ». Le cours torrentueux de l'Illicillewaet
                      depuis le pont du Sentier 1885
Le cours torrentueux de l'Illecillewaet depuis le pont du Sentier 1885

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Épilobes au bord du torrent Illecillewaet depuis le pont du Sentier 1885

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Le pont au-dessus de l'Illecillewaet et devant  la «rencontre des eaux »
Là, le ruisseau Asulcan (issu d'un autre glacier proche) jette ses eaux dans l'Illecillewaet. Le tableau est charmant, les photos fusent sur les points de vue qui surgissent à chaque pas. Même Hermione et Gabriel semblent touchés par le pittoresque de l'endroit.

Rencontre-de-l'Illicilleweat-et-de-l'Asulkan
Rencontre de l'Illecillewaet et de l'Asulkan

Mathieu- A. cherche-le-meilleur-angle
Mathieu A. cherche le meilleur angle de prise de vue

Sapins-et-montagnes
Les montagnes des Selkirk au-delà des sapins

Le
                vieux pont de pierre sur lequel passait le railway,
                maintenant Sentier 1885
Le vieux pont de pierre sur lequel passait le railway, maintenant Sentier 1885

Ensuite le sentier fait une boucle à travers la forêt et nous ramène sur l'ex-voie de chemin de fer pour nous reconduire au camping où nous avons laissé le CanaDream.

Flore
Saxifrage
Veratre
Verâtre

Camping-de-l'lIllecillewaet
Juliette décidant d'adopter ce camping rustique pour bivouac ce soir, elle choisit un emplacement facilement accessible, envoie les enfants chercher quelques buches et allume un feu dans le foyer en grosse tôle perforée.

C'est là que nous souperons en attendant le retour de Mathieu qui nous appelle régulièrement à chaque kilomètre de son ascension, puis de sa longue descente.
Il est 20:00 et le soir tombe lorsqu'il nous rejoint enfin, exténué, pour dévorer la casserole de spaghettis à la soupe de tomate («à la Elvis Gratton ») préparée par sa sœur qui a prévu son appétit dévorant. Courte veillée devant le feu tandis qu'il nous raconte son exploit (plus de 14 kilomètres et 1 200 m de dénivelé…). Retour de Mathieu au camping de
                      l'lIllecillewaet
Retour de Mathieu au camping de l'Illecillewaet

Dans la nuit bien établie et au bout du Sentier 1885, nous gagnons le stationnement de départ de la Vallée de l'Illecilleweat à 1,2 km, où il a laissé sa voiture. Juliette nous équipe d'une lampe frontale puissante et à longue portée censée éloigner les ours (et nous rassurer…).

Arrivés sans encombre à bon port, nous remontons immédiatement au Rogers Pass où j'avais laissé le ProMaster. Nous tentons de nous installer dans un coin du grand parking devant le Visitor Centre, mais les multiples interdiction de stationnement nocturne et le vacarme des gros camions passant sur l'autoroute devant nous nous font bientôt quitter les lieux. Nous irons plutôt trouver quelques kilomètres plus loin une petite route transversale menant on ne sait où (Beaver Valley Road), au bord de laquelle nous
stationnerons nos véhicules. Pose des volets et coucher immédiat, il est passé 22:00, le sommeil ne sera pas long à venir...


70 589 Mardi 16 août 2022 : de ROGERS PASS à FIELD (British Columbia) (150 km)  2 600 m

Bivouac sur la Beaver Valley Road, prenant
                      sur le Transcanadienne
Bivouac sur la Beaver Valley Road, prenant sur le Transcanadienne
Ciel partiellement couvert et température douce au lever passé 8:00. J'achève ma douche lorsque Mathieu reposé se pointe pour déjeuner. Nous décollons peu après, achevant de descendre la longue pente douce du col Rogers.

Près de Golden un petite route rurale nous mène au Northern Lights Wolf Centre que Juliette a choisi de faire visiter par notre  groupe, visite qui a reçu l'agrément tant des enfants que des adultes. C'est une petite organisation dédiée à la sauvegarde du loup dans les Rocheuses. On  nous le présente comme la clé de voute de l'équilibre entre les règnes et les espèces, ayant un rôle crucial dans la préservation de la biodiversité.
La présentation de 6 animaux qui sommeillent dans de grands enclos grillagés fait un peu pitié, mais c'est  le prétexte d'une conférence fort détaillée à laquelle je ne comprends pas grand chose, vu l'accent assez prononcé du locuteur.

En revanche je suis interpellé par la lecture de toute une série de panneaux fort instructifs et un tantinet militants exposant les caractéristiques de ces grands prédateurs du Nord et le sort peu enviable que les humains en général, et les Canadiens en particulier, réservent à cette espèce. Ils ont pourtant un rôle essentiel dans l'équilibre des écosystèmes, ce qu'illustre un panneau consacré au Parc National de Yellowstone d'où on a voulu les bannir. Or leur nombre diminue constamment, ils sont peu ou pas protégés, pire on les chasse et on les extermine allègrement.
Northern-Lights-Wolf-Centre
Northern Lights Wolf Centre : deux loups sommeillant dans leur enclos grillagé


LE PARC NATIONAL DE YELLOWSTONE


1872 - Fondation du Parc national de Yellowstone.

1884 - Mise en place d'une prime au loup et au cougar. 1 $ par loup. 8 $ par cougar.

1894 - Le Lacey Act protège les animaux qui sont des proies populaires mais ne protège pas les espèces prédatrices.

1910 - Les populations de wapitis et de bisons deviennent abondantes dans le parc.

1915 - Les premiers trappeurs officiels du gouvernement sont engagés pour contrôler les prédateurs.

1926 - Le dernier loup est éradiqué du Parc national de Yellowstone.

1920-1930 - Diminution documentée du nombre de saules à Yellowstone.

1950 - Les populations de castors déclinent en raison du surpâturage des wapitis ; leurs étangs, répartis dans tout le parc, disparaissent et la biodiversité du parc est décimée. L'abattage des wapitis commence.

1973 - Le loup des montagnes Rocheuses du Nord est protégé par la loi américaine sur les espèces menacées.

1988 - Yellowstone est victime de vastes incendies de forêt.

1995 - 33 loups sont capturés dans le nord de l'Alberta. 14 seront relâchés dans le Parc national de Yellowstone, et les autres dans l'Idaho.

1996 - 17 loups capturés en Colombie-Britannique sont relâchés à Yellowstone.

2003 - 8 ans après la réintroduction du loup, les castors réapparaissent, et l'article "Willows and Wolves" est publié dans le Bozeman Chronicle. Le broutage a diminué de 60 % dans certaines zones des parcs.

2011 - Les loups sont retirés de la Loi sur les espèces menacées d'extinction.

Depuis 2011, les loups ont été retirés de la liste, puis réinscrits sur la liste de la Loi sur les espèces menacées d'extinction, et bien qu'en 2015, ils aient été protégés, leur désignation sur la loi est constamment en débat.


Les Loups, comme les autres grands prédateurs dans les étendues sauvages, ont pourtant un rôle essentiel dans l'équilibre de l'écosystème. Ce que démontre un autre panneau recourant à l'image de la clef de voûte :

Le loup clef de voute de la biodiversité
Le loup, clef de voute de la biodiversité dans les territoires du Nord

Sans le loup la biodiversité s'écroule
Sans le loup, la biodiversité s'écroule

Après cette visite des plus intéressantes malgré la pauvreté pour ne pas dire la tristesse du spectacle de ces belles bêtes sommeillant derrière leurs grilles, Mathieu nous quitte pour rallier le Tim Horton de Golden en fin de matinée. Nous le rejoignons et déjeunons sur le grand parking à deux pas du café. Je réussis à trouver un bouquet d'arbre en bordure d'un terrain vague pour me mettre à l'ombre…

Natural
                      Bridge sur la Kicking Horse River
Natural Bridge sur la Kicking Horse River
Quelques kilomètres plus loin c'est le carrefour avec la route du Lac Emerald. On passe d'abord Natural Bridge où nous contemplons quelques minutes les bouillonnements de la torrentueuse Kicking Horse River sur la barre rocheuse qu'elle a fini par percer.
Nous poussons jusqu'au bout de cette impasse pour atteindre Emerald Lake. Beaucoup de véhicules sur le stationnement et au delà, et de promeneurs sur les berges près de l'Auberge... Mais Juliette a la bonne - et généreuse - idée de nous offrir une balade en canoë. Hermione embarque entre ses parents, tandis que Mathieu M. et Gabriel à l'avant seront mes pagayeurs.
Le hangar
                      à canots et le quai d'embarquement d'Emerald Lake
Le quai d'embarquement et le hangar à canots d'Emerald Lake
Emerald-Lake : Mathieu barreur, Jean-Paul
                        passager et Gabriel mousse
Mathieu barreur, Jean-Paul passager et Gabriel pagayeur sur Emerald Lake
Emerald-Lake-l'equipage-Archambault
  Juliette, Hermione et Mathieu A., l'équipage du No.15

Jean-Paul et Gabriel sur Emerald Lake
Jean-Paul et Gabriel sur Emerald Lake
Emerald-Lake : la famille débarque au bout
                        du lac (par Mathieu)
La famille débarque au bout du lac Emerald (par Mathieu)

Position assise fort confortable que je ne peux refuser et qui nous offrira le plaisir d'une belle découverte de ce lac presque circulaire aux eaux bleues et transparentes. Alentour, un superbe cadre de montagnes et de glaciers qui nous laisseront une moissons d'images magnifiques.

Emerald-Lake-panoramique du côté du fond du lac
Emerald Lake : panoramique du côté du fond du lac

Emerald Lake Gabriele et Mathieu debarquent au bout
                du lac
Emerald Lake : Gabriel et Mathieu débarquent au bout du lac

Vers 16:00 nous quittons ces lieux enchanteurs pour gagner Field où CanaDream et ProMaster doivent quérir quelques litres d'essence supplémentaires à prix fort (1,99/l), les voyants d'alertes s'allumant. Nous ferons le plein dès notre passage en Alberta, à Lake Louise ou mieux à Calgary si nous sommes capables de nous rendre jusque là.

Ensuite se pose la question du bivouac pour ce soir. Juliette a repéré un petit camping « pas cher » (Monarch) qui fait son affaire. Quant à Mathieu et moi, réfractaires à ces «camps de concentration» payants, nous tentons d'abord de demeurer sur le grand stationnement vide du Visitor Centre au bord de la Transcanadienne et à l'orée du village. Mais il fait aussi office de gare de transfert à l'orée de la montagne. Le vacarme épouvantable des gros camions changeant de vitesse ou actionnant leur frein moteur joint au passage des grosses locos diesel-électriques manœuvrant sur le faisceau de voies de triage finit bientôt par devenir insupportable. Je décide Mathieu à me suivre pour tenter de retrouver le petit bout de route de campagne à l'extrémité du village où Monique et  moi avions bivouaqué il y a vingt ans. Le bruit de la gare y est bien plus supportable et on n'y entend pas l'autoroute.

Nous traversons donc le pont, puis la voie ferrée et enfin les quelques rues du village pour nous en éloigner et nous poser hors de vue des maisons. C'est là que nous nous installons, en bordure du chemin où il ne passe personne, que nous soupons et enfin que nous dormirons, dans un silence presque complet après 22:00, vaisselle faite et carnet de route complété.


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