Décembre 2021 - Janvier 2022

Blason de la
              Corse

CORSE


Jean-Paul MOUREZ en solo à bord de l'Exsis
(2 242 km)



5. de CALVI à ST-FLORENT


45 404 Vendredi 21 janvier 2022 : de Bocca BASSA à MONTEMAGGIORE (55 km)
Bivouac au bord de la Route-81b, entre Galeria et
                  Calvi
Bivouac au bord de la Route 81b dans le Bocca Bassa entre Galeria et Calvi
Réveillé dès 7:15 (j'ai dormi comme un loir…) je quitte mon bivouac sur le petit col entre les deux baies peu après le lever du soleil, avant que ses rayons m'aient encore atteint. La chaussée est décidément infecte, et sur la trentaine de kilomètres que je devrai parcourir pour me rendre à Calvi, près de la moitié se feront à trente à l'heure, tant pour limiter les bruits divers qui émanent de toutes les parties de l'Exsis que par crainte d'un autre incident.

Route-81b-entre-Galeria-et-Calvi
En quittant Bocca Rossa, la Route 81b entre Galeria et Calvi

En contrepartie, j'aurai largement le loisir et la disponibilité d'admirer le paysage. C'est une suite d'anses bleu profond et de caps rocheux rouges ménageant de temps à autre une plage de sable parfois précédée d'une buvette ou d'un petit restaurant, ces quelques installations étant bien sûr closes pour l'hiver. Pour le reste, du maquis désert, au moins pour la première dizaine de kilomètres.

Par la suite apparaissent quelques bergeries, quelques chèvres trainant au bord de la route, et quelques grands espaces défrichés pour planter des pieds de vignes en longs alignements. Je ne m'arrête que pour prendre quelques photos, et une fois je dois reculer en me tassant contre le talus pour laisser passer un gros semi-remorque allant livrer de la ferraille sur un quelconque chantier.
La côte depuis la Route-81b entre Galeria et
                  Calvi
La côte depuis la Route 81b entre Galeria et Calvi

Route-81b-entre-Galeria-et-Calvi
La côte vers le sud derrière moi

Puis brusquement la chaussée s'améliore, élargie et surtout convenablement revêtue, ce qui me permet de rouler à une allure normale quoiqu'avec de nombreux ralentissements dus aux virages incessants. Les bruits bizarres qui m'inquiétaient ont disparu, je devrais être capable de remonter en Normandie sans trop de soucis pour faire rénover toute ma quincaillerie…

Route 81b en corniche entre Galeria et Calvi
La route 81b en corniche entre Galeria et Calvi

Route-81b-entre-Galeria-et-Calvi-baie-de-Nichiaretto
Route 81b entre Galeria et Calvi : baie de Nichiaretto

Punta de la Revelata peu avant Calvi
Punta de la Revelata en arrivant sur Calvi

En arrivant presque «en ville» je cherche en vain le moyen de me rendre jusqu'au phare à l'extrémité du Cap de la Revellata : la piste indiquée sur la carte est bien là et apparemment carrossable, mais son accès a été bétonné avec tant de bosses et de trous que je ne saurais prudemment m'y aventurer avec ma suspension arrière éfoirée. La piste chaotique menant au phare de la Punta de
                la Revelata
La piste chaotique menant au phare de la Punta de la Revellata
Calvi- :
                  Exsis au pied de la chapelle-N.D.-de-la-Serra
Calvi : Exsis au pied de la chapelle N.D. de la Serra
J'y renonce, mais trouve une bonne compensation en empruntant la petite route, excellente quant à elle, qui monte à la chapelle N.D. de la Serra. Dispersés dans le maquis, des beaux exemples de taffoni garnissent les côtés du chemin au milieu des arbustes. Puis le paysage s'élargit jusqu'à ce qu'apparaise le petit bâtiment, fermé (comme de coutume).

Taffoni le long du chemin menant à N.D. d e la Serra
Taffoni le long du chemin menant à N.D. de la Serra

Chapelle N.D. de la Serra de Calvi : statue de la
                Vierge
Chapelle N.D. de la Serra : statue de la Vierge
Calvi-chapelle-N.D.-de-la-Serra
Calvi : arrivée à la chapelle N.D. de la Serra
Mais depuis sa terrasse s'étend un superbe panorama sur la côte et sur la ville de Calvi groupée en arrière de sa fameuse citadelle, tandis qu'au nord-est s'étend la Balagne fermée par sa haute barrière montagneuse. Calvi-panorama-depuis-la-chapelle-N.D.-de-la-Serra
Calvi : panorama depuis la chapelle N.D. de la Serra
Calvi : Punta de la Revelata depuis la route de
                  la chapelle
Calvi : Punta de la Revellata depuis la route descendant de la chapelle

Au retour de la chapelle, belle vue sur la Punta de la Revellata, en me dirigeant vers le centre urbain dont je veux explorer les points saillants décrits par le G.V.
Je trouve à stationner sur la rue Cullata di Pardina qui descend fortement vers le port, juste sous le mur de la citadelle. Calvi-Exsis-au-pied-de-la-citadelle
Exsis au pied de la citadelle de Calvi, sur la rue Cullata di Pardina
descendant vers le port
Calvi-Place-Christophe-Colomb-depuis-le-bastion-N-O
Calvi : la Place Christophe-Colomb depuis le bastion N-O
Remontant à pied sur la Place Christophe Colomb (de famille génoise, le grand navigateur serait né à Calvi…), j'emprunterai l'unique entrée de la ville haute protégée par un puissant bastion et un ancien pont levis. Tunnel pavé et virage serré, je commence par faire le tour des remparts.

Calvi-bastion-de-la-citadelle-en-face-de-la-porte
Calvi : le bastion nord-ouest de la citadelle, en face de la porte
Calvi-porte-de-la-citadelle
Calvi : porte de la citadelle et traces de son pont levis

Calvi-le-port-au-pied du bastion Malfetano
Le port de Calvi au-pied du bastion Malfetano
Du Bastion Malfetano au sud-est, s'offrent des vues très larges sur le port, la baie et la vaste vallée de la Balagne limitée par les montagnes aux cimes enneigées.
Depuis le bastion nord-ouest c'est l'anse de Fontanaccia, le Golfe de Calvi et la Revellata qui occupent la scène. Calvi-Anse-de-Fontanaccia-depuis-le-bastion-Malfetano
L'Anse de Fontanaccia depuis le bastion nord-ouest
Plais-du-Gouverneur-sur-la-Place-d'Arme
Palais du Gouverneur sur la Place d'Arme
Puis j'enfile les ruelles en commençant par contourner le Palais du Gouverneur génois, maintenant mess des officiers de parachutistes que j'entends fêter bruyamment un anniversaire…
Un escalier aux larges marches pavées de pierres inégales me mène à la cathédrale St Jean-Baptiste, extérieur sobre sous le lanterneau de sa coupole. Dans son intérieur assez dégagé et clair je repère vite les quelques meubles méritant attention : fonts baptismaux, chaire finement sculptée, orgue tout simple qui bénéficierait d'une bonne restauration de son buffet, statues de la Vierge et grand Crucifix du XVe, polyptyque de l'Annonciation derrière le maitre-autel en marqueterie de marbre polychrome… Tout cela plein d'élégance et de raffinement (ah, ces Italien de la Renaissance !) mais mériterait un sacré dépoussiérage et rafraîchissement…
Cathedrale-St-Jean-Baptiste de Calvi
                    depuis-la-Place-d'Arme
Cathédrale St Jean-Baptiste de Calvi depuis la Place d'Arme
Nef de la cathedrale St-Jean-Baptiste de Calvi
Nef de la cathédrale St-Jean-Baptiste de Calvi
Chaire
Chaire de la cathédrale St-Jean-Baptiste de Calvi
Calvi-cathedrale-St-Jean-Baptiste-fonts-baptismaux
Fonts baptismaux de la cathédrale St-Jean-Baptiste
Calvi-cathedrale-St-Jean-Baptiste-fonts-baptismaux-angelot

Orgue de la cathédrale- St-Jean-Baptiste
Orgue de la cathédrale St-Jean-Baptiste
Calvi-cathedrale-St-Jean-Baptiste-Christ-noir-XVe-au-pagne-d'argent.
Cathédrale St-Jean-Baptiste : Christ noir au pagne d'argent (XVe)

Retable polyptyque de la cathédrale
                    St-Jean-Baptiste de Calvi
Retable polyptyque de la cathédrale St-Jean-Baptiste de Calvi
Détail du retable-polyptyque de la
                    cathedrale-St-Jean-Baptiste
Détail du retable polyptyque de la cathedrale St-Jean-Baptiste

l'Annonciation : détail du retable-polyptyque de la
              cathédrale St-Jean-Baptiste
Détail du retable polyptyque de la cathédrale-St-Jean-Baptiste : l'Annonciation

Je poursuis le tour des quelques ruelles au centre de la petite cité forte, admirant une jolie placette arborée donnant sur la mer, puis découvrant les ruines de la soit-disant maison natale de Colomb...

Calv : placette et jardinet dans la citadelle
Calvi : placette et jardinet dans la citadelle
Calvi-rue-de-la-maison-Colombo
Calvi : rue de la maison Colombo
Calvi : maison de
                    l'évêque de Sagone
Calvi : palais de l'évêque de Sagone
...celle occupée par Napoléon Bonaparte après sa fuite d'Ajaccio en 1793, et enfin le gros palais, peu reluisant, de l'évêque de Sagone…

Je me retrouve alors à l'entrée de la citadelle, puis sur la grande place où je finis par apercevoir le petit monument à Colomb dans l'ombre du rempart - un buste contemporain reflétant le caractère affirmé du grand navigateur.

Calvi-Christophe-Colomb-sur-sa-place
Proue de la caravelle de Colombo jaillissant du pied du rempart de la citadelle
Calvi-Christophe-Colomb-sur-sa-place
Cristoforo Colombo, sujet génois né à Calvi ?

Je terminerai mon tour de Calvi en parcourant la grande rue commerçante (Bd Wilson) qui me mène à la jolie façade de l'église paroissiale Ste-Marie Majeure. De forme circulaire (croix grecque ?) sous sa coupole, son décor classique est un peu tristounet malgré quelques belles pièces : un élégant buffet d'orgue italien du XVIIIe, et quelque grands tableaux bien composés d'origine florentine. Mais terriblement sombres, ils auraient bien besoin d'un nettoyage et de restauration...

Calvi : facade de l'église-Ste-Marie-Majeure
Calvi : façade de l'église Ste-Marie-Majeure
Choeur et autel de l'église Ste-Marie-Majeure
Chœur et autel de l'église Ste-Marie-Majeure
Voilà qui clôt mon tour de Calvi; en reprenant l'Exsis je descends jusqu'au quai du port rempli de bateaux de plaisance, ce qui me permet de voir de plus près la Tour du Sel. Détachée du rempart de la citadelle, elle s'avance, isolée, au dessus du bassin. Calvi : la Tour du Sel donnant sur le port
Calvi : la Tour du Sel donnant sur le port

La citadelle de Calvi depuis le port
La citadelle de Calvi depuis le port

Puis je consulte mon guide et décide de faire la balade dans l'arrière-pays vers les villages de la Balagne. Accrochés en balcon au dessus de la large et riche vallée du Fiume Secco, à l'ombre des cimes enneigées du Monte Grosso (1 938 m) et de ses acolytes, ils témoignent de la richesse et du peuplement de cette région rurale qui cumulait les produits de la culture (oliviers, vignes, vergers) et de l'élevage (moutons, chèvres et bovins). À cela s'ajoute un miel fameux et, bien sûr, les porcs noirs  à l'origine de la fameuse charcuterie corse.

Calenzana-au-pied-du-Monte-Grosso-1938-m
Calenzana au pied du Monte-Grosso (1938 m)
Calenzana-chapelle-Ste-Croix-confrerie-St-Antoine
Calenzana : chapelle Ste-Croix, de la confrérie St-Antoine et ses stalles
La T30 longe la pinède  maintenant colonisée par une foule d'hôtels et campings qui bordent le fond du golfe de Calvi. Je la quitte bientôt pour la D151. Elle suit la rivière Bartasca, au paysage rural florissant jusqu'à Calenzana, qui fait office de «capitale rurale» de la Balagne. Je m'arrête un moment pour visiter d'abord la chapelle de la Ste-Croix, siège de la confrérie St-Antoine et Ste Restitute. Toute simple, j'y remarque surtout sa double rangée de stalles de bois sombre et ses accessoires processionnels alignés sur le mur au fond du bâtiment (bannières, croix, lanternes, etc.).
Puis c'est au tour de la grosse église baroque fin XVIIe sur la place centrale, au pied de son imposant campanile détaché baroque (mais construit seulement - et fort bien - fin XIXe…). Le campanile baroque de l'église St-Blaise de
                    Calenzana
Le campanile baroque de l'église St-Blaise de Calenzana
Nef de l'église St-Blaise de Calenzana
Nef de l'église St-Blaise de Calenzana
L'intérieur de l'église St-Blaise est sombre et terne, il me semble peu propice à l'exaltation esthétique et pour tout dire triste… Le médaillon central sur la voûte (St Blaise guérissant un enfant) a conservé ses couleurs vives, mais les peinture en trompe l’œil des chapelles latérales sont bien décrépites…

Le chœur est plus animé avec son plafond peint et son autel de marbre ouvragé précédé d'une balustrade marquetée. Mais que tout ceci me parait compassé et vieillot…
Autel en marbre polychrome de l'église
                    St-Blaise
Autel en marbre polychrome de l'église St-Blaise
Médaillon de St Blaise sur la voute de la nef
Médaillon de St Blaise guérisseur sur la voûte de la nef

Coupole latérale gauche de l'église St-Blaise de
              Calenzana
Coupole latérale gauche dans l'église St-Blaise de Calenzana : peintures décrépites...

Sur la place une fontaine surmonté d'un buste d'un quelconque «prince» Bonaparte attire mon attention. Je m'approche pour déchiffrer l'inscription sur une toute petite plaque. Un passant casquette en tête, tout emmitouflé dans son anorak et l’œil allumé m'aborde : « Celui-là, mon grand-père a bien failli le descendre… !» Je montre de l'intérêt pour son anecdote, s'ensuit un long récit parsemé de digressions sur l'histoire du pays, de ses habitants, et la nostalgie d'un passé révolu… Je compatis, ravis de cette rencontre fortuite qui donne un peu de corps aux commentaires de mon Guide Vert trop général.

Calenzana-campanile-dans-la-lumiere-du-soir
Calenzana : le campanile dans la lumière du soir
Abside de
                    l'église st-Blaise de Calenzana
Abside de l'église St-Blaise de Calenzana

Suit un petit tour dans les rues du bourg assez considérable (2 000 habitants) et encore très vivant - du moins en saison, car point de départ des grands sentiers de randonnée DR20 et Mare e Monti. J'y découvre nombre d'échoppes d'artisans, malheureusement pour la plupart fermées, saison oblige.

Je reprends la route une bonne heure plus tard, sors du village et, au milieu des oliviers, découvre la chapelle Ste-Restitute dont le culte remonterait au Ve siècle. Extérieur rustique mais soigné, mainte fois remanié et agrandi, intérieur apparemment intéressant (fresques) mais la porte est verrouillée… Calenzana-chapelle-Ste-Restitude-entouree-d'oliviers
Nef de l'église St-Blaise de Calenzana

En quittant Calenzana la route se dégrade un peu et se rétrécit en grimpant au flanc de la montagne pour relier une suite de villages perchés fort pittoresques car restés en leur état séculaire.

Villages-perches-de-la-Balagne
Villages perchés de la Balagne : Zilia et Cassano
Groupées étroitement autour de leur église dont le clocher surgit au milieu des murs de pierre, ils sont nichés dans le maquis et les vergers, formant un chapelet de petits cubes blanchâtres dans l'océan de verdure, d'apparence à peine différente quoique bien évidemment fortement individualisés (l'esprit de clocher n'est pas mort ici !). Passent ainsi Zillia, Cassano où je cherche en vain une place pour bivouaquer, Lunghignano minuscule et trop pentu pour convenir, puis enfin Montemaggiore où, le soir descendant, je décide de me poser.

La montagne
              depuis Zillia
La montagne au dessus de Zilia

Zilia
Le centre de Zilia serré autour de son église

Ruelle à Lunghignano
Ruelle à Lunghignano
Montemaggiore-a-contrejour-du-soleil-couchant
Montemaggiore à contrejour du soleil couchant

Montemaggiore-depuis-mon-bivouac
Montemaggiore depuis mon bivouac

Mais les places de stationnement sont si recherchées, si exigües et si pentues que je dois sortir du hameau pour trouver quelques centaines de mètres plus haut un espace idoine au bord de la route. Grossièrement aplani il me permet de mettre en assiette l'Exsis toujours de guingois, tout en offrant une vue superlative sur les villages traversés, la large vallée en dessous jusqu'à Calvi et son golfe.

Montemaggiore-soleil-couchant-sur-la-Balagne,-Calvi-et-la-Revelata-depuis-mon-bivouac
Montemaggiore : soleil couchant sur la Balagne, Calvi et Punta Revelata depuis mon bivouac

Il est encore tôt, mais une soudaine fatigue me fait apprécier cette étape un peu précoce. Je relaxe pendant près d'une heure en regardant et en filmant la descente du soleil puis la montée du crépuscule sur le panorama*** qui sera mon apanage ce soir.

Montemaggiore-crepuscule-sur-Calvi-et-la-Balagne-depuis-mon-bivouac
Montemaggiore : crépuscule sur Calvi et la Balagne depuis mon bivouac

Souper très tôt, transfert des nombreuses photos de la journée puis coucher, l'écriture sera pour demain.


45 459 Samedi 22 janvier 2022 : de MONTEMAGGIORE à L'ÎLE-ROUSSE (25 km)
Réveillé trop tôt sans pouvoir me rendormir, je vois l'aube se lever sur la vallée et sur la mer qui resteront longtemps dans l'ombre de la montagne au-dessus. Mon bivouac à Montemaggiore
Mon bivouac à Montemaggiore

Mon bivouac au dessus de Montemaggiorea, au fond
                Calenzana
Mon bivouac en bord de route au dessus de Montemaggiore; au fond Calenzana

Montemaggiore-bivouac-vue-vers-Calanzana-et-la-Balagne
Depuis mon bivouac au dessus de Montemaggiore, Calanzana et la Balagne
Je démarre vers 8:00 en continuant à suivre la petite route qui grimpe progressivement jusqu'au col de Salvi (509 m). Le soleil a maintenant émergé et illumine l'immense paysage derrière moi : d'abord Calenzana et le bassin du Fiume Secco, puis le Golfe de Calvi et la Pointe de la Revellata.

Col de
                  Salv (509 m)
Depuis le Col de Salvi, la Balagne, le bassin du Fiume Secco, Calvi et la Punta Revellata

De l'autre côté du col on change de vallée pour se diriger vers la région de l'Île-Rousse. Environnement pareillement arboré (oliviers en particulier) à travers lequel je descends jusqu'au gros village de Cateri. Depuis le Col de Salvi (509 m)-vue vers
                        Cateri
Depuis le Col de Salvi (509 m), vue vers Cateri
Arrivée sur Cater idepuis le stationnement
Arrivée sur Cateri depuis le stationnement
Je fais une pause prolongée sur son grand parking (obligatoire) à l'orée du village, d'abord pour prendre mon courrier et répondre longuement à Olivier aux prises avec des problèmes domestiques, ensuite pour douche et déjeuner, et enfin pour écrire les événements et découvertes d'hier. Le grand soleil qui tape en plein sur les panneaux solaires rechargera bientôt les batteries sans qu'il soit nécessaire de rouler.
À 14:00, après déjeuner je vais faire un petit tour au centre du village, où la plupart des vieilles maisons de pierre ont été rénovées avec goût. Puis j'entre dans l'église en complète restauration. La façade baroque a retrouvé sa chaude couleur rose orangé, tandis que les trois autres côtés sont encore recouverts par les échafaudages et les bâches des maçons. Cateri : la facade estaurée de l'église
Cateri : la façade restaurée de l'église
Cateri-choeur-de-Sta-Maria-Assunta
Cateri : chœur de Sta Maria-Assunta
Cateri-autel-de-Sta-Maria-Assunta
Cateri : autel et balustrade de Sta-Maria-Assunta

L'intérieur, baroque lui aussi, est encore encombré d'une majorité de statues de plâtre outrageusement colorées et sans réelle tenue (Ste Thérèse et ses roses…!) mais plusieurs, plus anciennes, ont davantage de style. La décoration a fresco des murs et des voutes, pourtant de qualité, a beaucoup souffert de l'humidité, cependant une affiche informe qu'une seconde phase de restauration doit justement s'y appliquer. Il faudra revenir dans quelques mois…

Cateri-Vierge

Cateri : Vierge à l'Enfant dans l'église Sta-Maria-Assunta (marbre XVIIIe)
Cateri-Vierge
Cateri : châsse de St-Benin
Cateri : châsse de St-Benin
Comme annoncé dans le G,V., l'autel à droite du chœur présente bien la châsse de St Bénin, martyr du IVe siècle. Derrière la vitre du coffre le personnage apparait habillé en soldat romain de fantaisie, tunique de soie et broderies d'argent…
En sortant je me rends jusqu'au bout de la longue rue sinueuse pavée de dalles de pierre qui s'insinue entre les maisons, passe sous des arches, se réoriente brusquement devant un porche de cave en saillie… bref une fort agréable découverte avec en toile de fond les hautes montagnes ou les pentes de la vallée où sont dispersés d'autres villages semblables.

Rencontre de deux retraités qui s'enquièrent de mon origine, eux-même viennent d'Alsace et ont choisi de s'établir ici à leur retraite pour profiter de la lumière et fuir le froid de leur province septentrionale.
Cateri-escalier-dans-une-rue
Rue de Cateri
Cateri-le-couvent-de-Marcasso-1621
Cateri : le couvent de Marcasso (1621) depuis le village
Je termine mon excursion par une petite marche à partir du parking (5 mn dit le G.V., plutôt 15…) pour aller découvrir l'église du couvent franciscain de Marcasso remontant à 1621. Après moult vicissitudes, il est actuellement occupé par une communauté de quelques sœurs. Le couvent est inaccessible derrière sa clôture, en revanche la porte de la petite église s'ouvre devant moi : nef unique toute simple et blanche, quelques tableaux très sombres qui demeurent illisibles, tandis qu'aucune des statues ne retiendra mon intérêt.

Cateri : nef de l'église du couvent de Marcasso
                    (1621)
Cateri : nef de l'église du couvent de Marcasso (1621)

Cateri-couvent-de-Marcasso
Cateri : le couvent de Marcasso (1621) au bout de la petite route

Je reprends donc la route maintenant que le soleil descend en dorant les pentes et les pierres des quelques villages que je traverserai encore.

Un seul arrêt à Aregno - malgré l'interdiction bêtement adressée aux camping-cars - pour faire le tour de l'église de la Trinité qui trône au centre du cimetière. Très ancienne, elle présente un assemblage très particulier de 3 couleurs de granits (la Trinité…) et un décor sculpté (frise, corbeaux figurés, statuettes en façade) riche et original, empreint d'un primitivisme assez rare.


À Ghjesgia dia Trinità di San Giovani
(notice)

Véritable bijou de l'Art Roman, cet édifice fut construit vers l'an 1100. Les blocs de granit constituant sa façade sont de 3 couleurs différentes, 3 étant le chiffre de la perfection de la Trinité : le beige symbolise le Père, le vert, le Fils, et le roux le Saint Esprit. Au dessus de la porte, un arc comporte 7 claveaux foncés et 8 claveaux clairs : le 7 invite l’homme à se tourner vers Dieu et le 8 symbolise sa résurrection. À l'intérieur se trouvent 2 fresques du XVe siècle.

L’Église avait le statut d'église piévane. Elle à servi de lieu d'inhumation pour les habitants d'Aregnu et Sant'Antuninu jusqu'au début du XIXe dans une sépulture commune appelée « arca ». Sa vocation religieuse se doublait d’un rôle social jusqu'au début du XVIe siècle. Elle servait aussi de tribunal de première instance. Le nom du village, Aregno, serait d'ailleurs une déformation par palatisation d’
aringo. (harangue, lieu où l'on prend la parole en public)

Aregno-eglise-de-la-Ste-Trinite
Aregno : église de la Sainte Trinité
Aregno-eglise-de-la-Ste-Trinite
Église de la Sainte Trinité d'Aregno : personnage en haut du pignon se tenant un pied comme pour en enlever une épine
Aregno-eglise-de-la-Ste-Trinite
Deux figure en granit encadrant le linteau de la porte

Aregno-eglise-de-la-Ste-Trinite
Église de la Sainte Trinité d'Aregno : linteau de fenêtre sculpté

Aregno-eglise-de-la-Ste-Trinite
Linteau de fenêtre sculpté

Aregno-eglise-de-la-Ste-Trinite Aregno-eglise-de-la-Ste-Trinite
Figures animales sur les piliers encadrant la porte

Aregno : église-de-la Ste-Trinite.jpg
Aregno : abside de l'église de la Sainte Trinité dans le soleil du soir

Corbara-et-son-couvent à flanc de montagne
Corbara et son couvent à flanc de montagne
Le long de la route descendant vers l'Île-Rousse dont j'ai fait mon objectif pour ce soir, j'escalade en vain la rampe étroite et pentue menant au monastère de Corbara : toutes les portes sont fermées, y compris celle de l'église… et la visite guidée était annoncée pour 14:00. J'aurai au moins pu admirer sa grande façade classique décorée de quelques statues en terra cota représentant St Dominique et St François.

Couvent-de-Corbara
Couvent de Corbara à flanc de montagne

Corbara-St-Dominique
Saint Dominique
St Francois
Saint François

Couvent-de-Corbara
La vallée depuis le Couvent de Corbara

Le paysage rural a perdu de son piquant en descendant assez vite dans la vallée, tandis que le rivage marin devient plus présent. En passant Corbara et apercevant la belle fontaine de Salicastri je m'arrête pour remplir mes bouteilles d'une excellent eau potable, me dit la femme venue remplir une dizaine de cruches. Je rattrape la T30 pas mal plus populeuse dans un environnement surtout dévolu au tourisme balnéaire. À l'entrée dans l'agglomération de l'Île-Rousse j'aperçois un gros Leclerc où je vais faire le plein de produits frais. Lorsque j'en sors, la nuit est tombée, je pointe donc le GPS sur la presqu'île fermant la baie.

L'Ile-Rousse : bivouac dans le
                        Lotissement-des-Iles.
L'Île-Rousse : bivouac au crépuscule dans le chic Lotissement des Îles.
Je me rends jusqu'au quai où est amarré un gros ferry rouge de la Corsica Linea. Ayant pris place dans l'un des stationnements à proximité, j'en suis bientôt chassé par le bruit des gros moteurs du navire tournant au ralenti en continu. J'irai plutôt poser mes pénates in peu en arrière, au bout d'une rue résidentielle assez chic et en impasse (Lotissement des Iles) où je trouve le calme souhaité.

Il est 18:30, je ferme rapidement les stores et prépare mon souper (sauté de fruits de mer aux pommes salardaises et bien sûr une portion de tiramisu dont je viens de me réapprovisionner…). Journal de bord et transfert des photos de la journée me mènent à un autre coucher tôt vers 21:30.


45 484 Dimanche 23 janvier 2022 : de l'ILE-ROUSSE à ST-FLORENT (51 km)

Grand soleil (ça devient répétitif, mais point lassant !) au réveil vers 7:00, après une nuit des plus calmes. J'ai bien fait de me retirer dans ce coin. Après la photo du bivouac, je retourne sur la presqu'île au pied de la tour où j'ai repéré un vaste terrain vague dont les barres de hauteur sont ouvertes. L'Ile-Rousse : bivouac dans le Lotissement
                      des Iles
L'Île-Rousse : bivouac dans le Lotissement des Iles

L'Ile-Rousse-sur-la-digue-vers-l'ile-de-la-Pietra
Sur la digue de L'Île-Rousse vers l'île de la Pietra et sa tour

De fait j'ai aperçu plusieurs panneaux indiquant « Camping-car interdits sur toute le territoire communal, par arrêté municipal». On ne peut être plus accueillant ! et ce en dépit des réglementations ministérielles, puisque je n'ai vu aucune aire de stationnement spécifiquement dévolue à ce genre de véhicule. Que font les fédérations de camping-cars ? C'est bien là-dessus qu'elles devraient intervenir et intenter des poursuites aux municipalités devant les tribunaux administratifs. C'est du moins ce que j'avais compris de la situation il y a quelques années. Par ailleurs, avec la multiplication des camping-cars en Europe et particulièrement en France, pas étonnant qu'une lieu aussi agréable soit envahi en été. Raison de plus pour être pro-actif !

L'Ile-Rousse : sur le parking au pied de la tour de
                la Pietra
L'Île-Rousse : sur le parking au pied de la tour de la Pietra

Bien placé face au soleil qui ne tarde pas à activer les panneaux solaires je me douche, déjeune, écris un peu puis monte près de la tour, une autre génoise héritée du XVIe siècle, avant de me rendre jusqu'au phare de la Pietra. Le chemin est facile, puisque c'est une ancienne route asphaltée, même si la montée est prononcée. Mais en haut, quel panorama à 180° sur la baie de l'Île-Rousse, la ville, l'île de la Pietra où je suis, la côte qui enfile ses caps vers le nord ou vers le sud et, derrière tout ça, les montagnes toujours présentes qui donnent profondeur et perspective à la scène.

L'Ile-Rousse : tour d la Pietra depuis le phare
L'Île-Rousse : tour de la Pietra depuis le phare

L'Ile-Rousse-la-ville-depuis-l'ile-de-la-Pietra
L'Île-Rousse : la ville depuis l'île de la Pietra

L'Ile-Rousse : le phare
L'Île-Rousse : le phare au dessus de l'îlot

Je fais le tour de la plate-forme sur laquelle est assis le petit bâtiment supportant la lanterne de l'ancien phare. Récupéré par le Conservatoire du Littoral, il doit être rénové pour devenir centre d'interprétation. Excellent ! d'autant plus que sa silhouette blanche se voit de très loin et fait partie du paysage L'Ile-Rousse-le-phare-de-la-Pietra
L'Île-Rousse : le phare de la Pietra
L'Ile-Rousse-eglise-de-l'Imacukee-Conception
L'Île-Rousse : façade de l'église de l'Immaculée Conception sur la Place Paoli
De retour à l'Exsis je m'approche au maximum du centre ville pour faire un tour sur la Place Paoli agréablement ombragée par platanes et palmiers. Empêché d'utiliser le grand parking central (pourtant aux trois-quart vide) par une barre de hauteur, je trouve une petite place sur une rue adjacente et regagne à pied la grande place.


Grande église de l'Immaculée Conception, pas plus stylée à l'extérieur qu'à l'intérieur où je peux pénétrer car c'est l'heure de la messe.

L'Ile-Rousse : nef de l'église de l'Imaculée
                    Conception
L'Île-Rousse : nef de l'église de l'Immaculée Conception

Halles monumentales aux allures de temple antique avec ses grosses colonnes rondes. L'Ile-Rousse : sous les Halles à la
                          romaine
L'Île-Rousse : sous les Halles à la romaine

Le grand soleil filtré par les platanes et les palmiers est pour beaucoup dans l'ambiance très sud qui règne ici, autour du monument central à Pasquale de Paoli, le héros de la Corse - brièvement - indépendante fin XVIIIe...

L'Ile-Rousse-place-Paoli
L'Île-Rousse : place Paoli et ses palmiers
Place Pasquale Paoli : buste du héros
                          national
Place Pasquale Paoli : buste du héros national
Plage de L'Île-Rousse vers le nord depuis
                          la Promenade Tino-Rossi
Plage de L'Île-Rousse vers le nord depuis la Promenade de la Marinella
Impression accentuée lorsque je gagne la promenade de la Marinella, juste au dessus de la belle plage de sable blanc où jouent quelques enfants. Le coup d’œil sur les maisons qui la bordent du côté sud-ouest est agréable et rappelle ce à quoi ce coin a dû ressembler autrefois, avant le raz-de-marée touristique… (idem St-Tropez).

L'Ile-Rousse-la-plage-depuis-la-Promenade-Tino-Rossi.
Plage de L'Île-Rousse vers le sud depuis la Promenade Tino-Rossi

Avec l'impression d'avoir effleuré l'essentiel de ce que ce centre ville avait à offrir, je rejoins l'Exsis et entreprends de suivre la côte vers St-Florent, ma prochaine étape. La T30 qui longe d'assez près le rivage me mène d'abord à Losari après m'avoir offert quelques autres belles vues du site de l'Île-Rousse et de la Pietra.

En quittant L'Ile-Rousse vers l'est
En quittant L'Île-Rousse vers le nord-est

Là on retrouve une nature beaucoup plus sauvage et préservée, puisque le site a été acquis et protégé par le Conservatoire du Littoral. J'y prendrai mon déjeuner sur le stationnement bien à l'écart de la route avant de faire deux promenades digestives, l'une vers la tour sur laquelle un escalier permet - pour une fois - de monter pour admirer le vaste panorama sur la côte rocheuse.
Losari-le-sentier-vers-la-tour
Losari : le sentier montant à la tour

J'en suivrai les détours un peu plus loin, jusqu'à ce que le sentier se perde dans la garrigue.

Losari-vue-vers-l'Ile-Rousse-depuis-la-tour
Losari : vue vers l'Île-Rousse depuis la tour

L'autre sentier permet de longer le bord de la rivière envahie par les roseaux, malheureusement de trop loin pour offrir des aperçus intéressants sur celle-ci, sur la flore et surtout la faune qu'on y protège. La plage de sable sur laquelle débouche le petit estuaire y est sûrement agréable en saison, mais trop fraîche aujourd'hui pour que je m'y attarde.

Losari : la plage et l'estuaire depuis la tour
Losari : la plage et l'estuaire depuis le sommet de la tour

Encore quelques kilomètres sur la T30 pour atteindre le site de l'Ostriconi, à la fois embouchure de cette rivière et superbe plage protégé par le Conservatoire du littoral. J'emprunte l'ancienne route (qui a précédé la T30) jusqu'à son interruption dans la garrigue, envahie par les buissons et les touffes de fleurs, ce qui me permet de découvrir quelques autres beaux points de vue sur la côte. En revanche je reste incapable de trouver le sentier descendant jusqu'à la plage, et un couple de sympathiques camping-caristes bretons rencontrés au détour du chemin, me disent avoir été arrêtés par la rivière sans trouver de pont. Notre conversation durera un bon moment, et c'est le froid consécutif à la descente du soleil qui nous amènera à nous séparer.

Ostricone-la-plage-et-l'estuaire
Plage et estuaire de l'Ostriconi, au seuil des Agriate

Je suis alors au seuil de la route D81 qui contourne les Agriate, ce désert de pierrailles et de maquis. Très sinueuse, elle monte jusqu'au Bocca di Vezu (311 m) que je franchis au coucher du soleil, avant de redescendre dans une paysage tout à fait désertique jusqu'à St-Florent où j'arrive à la nuit. L'Agriate-Bocca-di-Vezu-vers-le-nord-au-soleil-couchant
Depuis le Bocca di Vezu, les Agriate vers le nord au soleil couchant

Les Agriate-au-coucher-du-soleil
Les Agriate au coucher du soleil

Crépuscule sur les Agriate
Crépuscule sur les Agriate

Recherche d'un emplacement favorable au bivouac : je crois bien faire en m'engageant dans une rue de la vieille ville pour gagner le rivage, mais manque rester coincé tant celle-ci ne tarde pas à devenir excessivement étroite. J'arrive heureusement à faire machine arrière et, avec l'aide d'un aimable automobiliste qui me voit mal pris, à me diriger vers le grand parking qui jouxte le port. Gratuit en hiver et aux trois-quart vide, assez éloigné de la grande route, il me conviendra pour cette nuit. Je baisse immédiatement les stores et me consacre aux routines du soir : souper, carnet de route et photos, jusqu'à extinction des feux à 22:00.