Bivouac au bord de la Route 81b dans le Bocca Bassa entre Galeria et Calvi |
Réveillé dès 7:15 (j'ai dormi comme un loir…) je quitte mon bivouac sur le petit col entre les deux baies peu après le lever du soleil, avant que ses rayons m'aient encore atteint. La chaussée est décidément infecte, et sur la trentaine de kilomètres que je devrai parcourir pour me rendre à Calvi, près de la moitié se feront à trente à l'heure, tant pour limiter les bruits divers qui émanent de toutes les parties de l'Exsis que par crainte d'un autre incident. |
En contrepartie,
j'aurai largement le loisir et la disponibilité
d'admirer le paysage. C'est une suite d'anses bleu
profond et de caps rocheux rouges ménageant de temps à
autre une plage de sable parfois précédée d'une buvette
ou d'un petit restaurant, ces quelques installations
étant bien sûr closes pour l'hiver. Pour le reste, du
maquis désert, au moins pour la première dizaine de
kilomètres. Par la suite apparaissent quelques bergeries, quelques chèvres trainant au bord de la route, et quelques grands espaces défrichés pour planter des pieds de vignes en longs alignements. Je ne m'arrête que pour prendre quelques photos, et une fois je dois reculer en me tassant contre le talus pour laisser passer un gros semi-remorque allant livrer de la ferraille sur un quelconque chantier. |
La côte depuis la Route 81b entre Galeria et Calvi |
En arrivant presque «en ville» je cherche en vain le moyen de me rendre jusqu'au phare à l'extrémité du Cap de la Revellata : la piste indiquée sur la carte est bien là et apparemment carrossable, mais son accès a été bétonné avec tant de bosses et de trous que je ne saurais prudemment m'y aventurer avec ma suspension arrière éfoirée. | La piste chaotique menant au phare de la Punta de la Revellata |
Calvi : Exsis au pied de la chapelle N.D. de la Serra |
J'y renonce, mais trouve une bonne compensation en empruntant la petite route, excellente quant à elle, qui monte à la chapelle N.D. de la Serra. Dispersés dans le maquis, des beaux exemples de taffoni garnissent les côtés du chemin au milieu des arbustes. Puis le paysage s'élargit jusqu'à ce qu'apparaise le petit bâtiment, fermé (comme de coutume). |
Chapelle N.D. de la Serra : statue de la Vierge |
Calvi : arrivée à la chapelle N.D. de la Serra |
Mais depuis sa terrasse s'étend un superbe panorama sur la côte et sur la ville de Calvi groupée en arrière de sa fameuse citadelle, tandis qu'au nord-est s'étend la Balagne fermée par sa haute barrière montagneuse. | Calvi : panorama depuis la chapelle N.D. de la Serra |
Calvi : Punta de la Revellata depuis la route descendant de la chapelle |
Au retour de la chapelle, belle vue
sur la Punta de la Revellata, en me dirigeant vers le
centre urbain dont je veux explorer les points
saillants décrits par le G.V.
|
Je trouve à stationner sur la rue Cullata di Pardina qui descend fortement vers le port, juste sous le mur de la citadelle. | Exsis au pied de la citadelle de Calvi, sur la rue Cullata di Pardina descendant vers le port |
Calvi : la Place Christophe-Colomb depuis le bastion N-O |
Remontant à pied sur la Place Christophe Colomb (de famille génoise, le grand navigateur serait né à Calvi…), j'emprunterai l'unique entrée de la ville haute protégée par un puissant bastion et un ancien pont levis. Tunnel pavé et virage serré, je commence par faire le tour des remparts. |
Calvi : le bastion nord-ouest de la citadelle, en face de la porte |
Calvi : porte de la citadelle et traces de son pont levis |
Le port de Calvi au-pied du bastion Malfetano |
Du Bastion Malfetano au sud-est, s'offrent des vues très larges sur le port, la baie et la vaste vallée de la Balagne limitée par les montagnes aux cimes enneigées. |
Depuis le bastion nord-ouest c'est l'anse de Fontanaccia, le Golfe de Calvi et la Revellata qui occupent la scène. | L'Anse de Fontanaccia depuis le bastion nord-ouest |
Palais du Gouverneur sur la Place d'Arme |
Puis j'enfile les ruelles en commençant par contourner le Palais du Gouverneur génois, maintenant mess des officiers de parachutistes que j'entends fêter bruyamment un anniversaire… |
Un escalier aux
larges marches pavées de pierres inégales me mène à la
cathédrale St Jean-Baptiste, extérieur sobre sous le
lanterneau de sa coupole. Dans son intérieur assez
dégagé et clair je repère vite les quelques meubles
méritant attention : fonts baptismaux, chaire finement
sculptée, orgue tout simple qui bénéficierait d'une
bonne restauration de son buffet, statues de la Vierge
et grand Crucifix du XVe, polyptyque de l'Annonciation
derrière le maitre-autel en marqueterie de marbre
polychrome… Tout cela plein d'élégance et de
raffinement (ah, ces Italien de la Renaissance !) mais
mériterait un sacré dépoussiérage et rafraîchissement… |
Cathédrale St Jean-Baptiste de Calvi depuis la Place d'Arme |
Nef de la cathédrale St-Jean-Baptiste de Calvi |
Chaire de la cathédrale St-Jean-Baptiste de Calvi |
Fonts baptismaux de la cathédrale St-Jean-Baptiste |
Orgue de la cathédrale St-Jean-Baptiste |
Cathédrale St-Jean-Baptiste : Christ noir au pagne d'argent (XVe) |
Retable polyptyque de la cathédrale St-Jean-Baptiste de Calvi |
Détail du retable polyptyque de la cathedrale St-Jean-Baptiste |
Calvi : placette et jardinet dans la citadelle |
Calvi : rue de la maison Colombo |
Calvi : palais de l'évêque de Sagone |
...celle occupée par Napoléon Bonaparte après sa fuite d'Ajaccio en 1793, et enfin le gros palais, peu reluisant, de l'évêque de Sagone… |
Proue de la caravelle de Colombo jaillissant du pied du rempart de la citadelle |
Cristoforo Colombo, sujet génois né à Calvi ? |
Calvi : façade de l'église Ste-Marie-Majeure |
Chœur et autel de l'église Ste-Marie-Majeure |
Voilà qui clôt mon tour de Calvi; en reprenant l'Exsis je descends jusqu'au quai du port rempli de bateaux de plaisance, ce qui me permet de voir de plus près la Tour du Sel. Détachée du rempart de la citadelle, elle s'avance, isolée, au dessus du bassin. | Calvi : la Tour du Sel donnant sur le port |
Calenzana : chapelle Ste-Croix, de la confrérie St-Antoine et ses stalles |
La T30 longe la pinède maintenant colonisée par une foule d'hôtels et campings qui bordent le fond du golfe de Calvi. Je la quitte bientôt pour la D151. Elle suit la rivière Bartasca, au paysage rural florissant jusqu'à Calenzana, qui fait office de «capitale rurale» de la Balagne. Je m'arrête un moment pour visiter d'abord la chapelle de la Ste-Croix, siège de la confrérie St-Antoine et Ste Restitute. Toute simple, j'y remarque surtout sa double rangée de stalles de bois sombre et ses accessoires processionnels alignés sur le mur au fond du bâtiment (bannières, croix, lanternes, etc.). |
Puis c'est au tour de la grosse église baroque fin XVIIe sur la place centrale, au pied de son imposant campanile détaché baroque (mais construit seulement - et fort bien - fin XIXe…). | Le campanile baroque de l'église St-Blaise de Calenzana |
Nef de l'église St-Blaise de Calenzana |
L'intérieur de
l'église St-Blaise est sombre et terne, il me semble
peu propice à l'exaltation esthétique et pour tout
dire triste… Le médaillon central sur la voûte (St
Blaise guérissant un enfant) a conservé ses couleurs
vives, mais les peinture en trompe l’œil des chapelles
latérales sont bien décrépites… Le chœur est plus animé avec son plafond peint et son autel de marbre ouvragé précédé d'une balustrade marquetée. Mais que tout ceci me parait compassé et vieillot… |
Autel en marbre polychrome de l'église St-Blaise |
Médaillon de St Blaise guérisseur sur la voûte de la nef |
Calenzana : le campanile dans la lumière du soir |
Abside de l'église St-Blaise de Calenzana |
Je reprends la route une bonne heure plus tard, sors du village et, au milieu des oliviers, découvre la chapelle Ste-Restitute dont le culte remonterait au Ve siècle. Extérieur rustique mais soigné, mainte fois remanié et agrandi, intérieur apparemment intéressant (fresques) mais la porte est verrouillée… | Nef de l'église St-Blaise de Calenzana |
Villages perchés de la Balagne : Zilia et Cassano |
Groupées étroitement autour de leur église dont le clocher surgit au milieu des murs de pierre, ils sont nichés dans le maquis et les vergers, formant un chapelet de petits cubes blanchâtres dans l'océan de verdure, d'apparence à peine différente quoique bien évidemment fortement individualisés (l'esprit de clocher n'est pas mort ici !). Passent ainsi Zillia, Cassano où je cherche en vain une place pour bivouaquer, Lunghignano minuscule et trop pentu pour convenir, puis enfin Montemaggiore où, le soir descendant, je décide de me poser. |
Ruelle à Lunghignano |
Montemaggiore à contrejour du soleil couchant |
Réveillé trop tôt sans pouvoir me rendormir, je vois l'aube se lever sur la vallée et sur la mer qui resteront longtemps dans l'ombre de la montagne au-dessus. | Mon bivouac à Montemaggiore |
Depuis mon bivouac au dessus de Montemaggiore, Calanzana et la Balagne |
Je démarre vers 8:00 en continuant à suivre la petite route qui grimpe progressivement jusqu'au col de Salvi (509 m). Le soleil a maintenant émergé et illumine l'immense paysage derrière moi : d'abord Calenzana et le bassin du Fiume Secco, puis le Golfe de Calvi et la Pointe de la Revellata. |
De l'autre côté du col on change de vallée pour se diriger vers la région de l'Île-Rousse. Environnement pareillement arboré (oliviers en particulier) à travers lequel je descends jusqu'au gros village de Cateri. | Depuis le Col de Salvi (509 m), vue vers Cateri |
Arrivée sur Cateri depuis le stationnement |
Je fais une pause prolongée sur son grand parking (obligatoire) à l'orée du village, d'abord pour prendre mon courrier et répondre longuement à Olivier aux prises avec des problèmes domestiques, ensuite pour douche et déjeuner, et enfin pour écrire les événements et découvertes d'hier. Le grand soleil qui tape en plein sur les panneaux solaires rechargera bientôt les batteries sans qu'il soit nécessaire de rouler. |
À 14:00, après déjeuner je vais faire un petit tour au centre du village, où la plupart des vieilles maisons de pierre ont été rénovées avec goût. Puis j'entre dans l'église en complète restauration. La façade baroque a retrouvé sa chaude couleur rose orangé, tandis que les trois autres côtés sont encore recouverts par les échafaudages et les bâches des maçons. | Cateri : la façade restaurée de l'église |
Cateri : chœur de Sta Maria-Assunta |
Cateri : autel et balustrade de Sta-Maria-Assunta |
Cateri :
Vierge à l'Enfant dans l'église
Sta-Maria-Assunta (marbre XVIIIe)
|
Cateri : châsse de St-Benin |
Comme annoncé dans le G,V., l'autel à droite du chœur présente bien la châsse de St Bénin, martyr du IVe siècle. Derrière la vitre du coffre le personnage apparait habillé en soldat romain de fantaisie, tunique de soie et broderies d'argent… |
En sortant je me
rends jusqu'au bout de la longue rue sinueuse
pavée de dalles de pierre qui s'insinue entre les
maisons, passe sous des arches, se réoriente
brusquement devant un porche de cave en saillie…
bref une fort agréable découverte avec en toile de
fond les hautes montagnes ou les pentes de la
vallée où sont dispersés d'autres villages
semblables. Rencontre de deux retraités qui s'enquièrent de mon origine, eux-même viennent d'Alsace et ont choisi de s'établir ici à leur retraite pour profiter de la lumière et fuir le froid de leur province septentrionale. |
Rue de Cateri |
Cateri : le couvent de Marcasso (1621) depuis le village |
Je termine mon excursion par une petite marche à partir du parking (5 mn dit le G.V., plutôt 15…) pour aller découvrir l'église du couvent franciscain de Marcasso remontant à 1621. Après moult vicissitudes, il est actuellement occupé par une communauté de quelques sœurs. Le couvent est inaccessible derrière sa clôture, en revanche la porte de la petite église s'ouvre devant moi : nef unique toute simple et blanche, quelques tableaux très sombres qui demeurent illisibles, tandis qu'aucune des statues ne retiendra mon intérêt. |
Un seul arrêt à
Aregno - malgré l'interdiction bêtement adressée
aux camping-cars - pour faire le tour de l'église
de la Trinité qui trône au centre du cimetière.
Très ancienne, elle présente un assemblage très
particulier de 3 couleurs de granits (la Trinité…)
et un décor sculpté (frise, corbeaux figurés,
statuettes en façade) riche et original, empreint
d'un primitivisme assez rare. À
Ghjesgia dia Trinità di San Giovani
(notice) Véritable bijou de l'Art Roman, cet édifice fut construit vers l'an 1100. Les blocs de granit constituant sa façade sont de 3 couleurs différentes, 3 étant le chiffre de la perfection de la Trinité : le beige symbolise le Père, le vert, le Fils, et le roux le Saint Esprit. Au dessus de la porte, un arc comporte 7 claveaux foncés et 8 claveaux clairs : le 7 invite l’homme à se tourner vers Dieu et le 8 symbolise sa résurrection. À l'intérieur se trouvent 2 fresques du XVe siècle. L’Église avait le statut d'église piévane. Elle à servi de lieu d'inhumation pour les habitants d'Aregnu et Sant'Antuninu jusqu'au début du XIXe dans une sépulture commune appelée « arca ». Sa vocation religieuse se doublait d’un rôle social jusqu'au début du XVIe siècle. Elle servait aussi de tribunal de première instance. Le nom du village, Aregno, serait d'ailleurs une déformation par palatisation d’aringo. (harangue, lieu où l'on prend la parole en public) |
Aregno : église de la Sainte Trinité |
Église de la Sainte Trinité d'Aregno : personnage en haut du pignon se tenant un pied comme pour en enlever une épine |
Deux figure en granit encadrant le linteau de la porte |
Corbara et son couvent à flanc de montagne |
Le long de la route descendant vers l'Île-Rousse dont j'ai fait mon objectif pour ce soir, j'escalade en vain la rampe étroite et pentue menant au monastère de Corbara : toutes les portes sont fermées, y compris celle de l'église… et la visite guidée était annoncée pour 14:00. J'aurai au moins pu admirer sa grande façade classique décorée de quelques statues en terra cota représentant St Dominique et St François. |
Saint Dominique |
Saint François |
L'Île-Rousse : bivouac au crépuscule dans le chic Lotissement des Îles. |
Je me rends jusqu'au quai où est amarré un gros ferry rouge de la Corsica Linea. Ayant pris place dans l'un des stationnements à proximité, j'en suis bientôt chassé par le bruit des gros moteurs du navire tournant au ralenti en continu. J'irai plutôt poser mes pénates in peu en arrière, au bout d'une rue résidentielle assez chic et en impasse (Lotissement des Iles) où je trouve le calme souhaité. |
Grand soleil (ça devient répétitif, mais point lassant !) au réveil vers 7:00, après une nuit des plus calmes. J'ai bien fait de me retirer dans ce coin. Après la photo du bivouac, je retourne sur la presqu'île au pied de la tour où j'ai repéré un vaste terrain vague dont les barres de hauteur sont ouvertes. | L'Île-Rousse : bivouac dans le Lotissement des Iles |
Je fais le tour de la plate-forme sur laquelle est assis le petit bâtiment supportant la lanterne de l'ancien phare. Récupéré par le Conservatoire du Littoral, il doit être rénové pour devenir centre d'interprétation. Excellent ! d'autant plus que sa silhouette blanche se voit de très loin et fait partie du paysage | L'Île-Rousse : le phare de la Pietra |
L'Île-Rousse : façade de l'église de l'Immaculée Conception sur la Place Paoli |
De retour à
l'Exsis je m'approche au maximum du centre ville
pour faire un tour sur la Place Paoli
agréablement ombragée par platanes et palmiers.
Empêché d'utiliser le grand parking central
(pourtant aux trois-quart vide) par une barre de
hauteur, je trouve une petite place sur une rue
adjacente et regagne à pied la grande place. |
Halles monumentales aux allures de temple antique avec ses grosses colonnes rondes. | L'Île-Rousse : sous les Halles à la romaine |
L'Île-Rousse : place Paoli et ses palmiers |
Place Pasquale Paoli : buste du héros national |
Plage de L'Île-Rousse vers le nord depuis la Promenade de la Marinella |
Impression accentuée lorsque je gagne la promenade de la Marinella, juste au dessus de la belle plage de sable blanc où jouent quelques enfants. Le coup d’œil sur les maisons qui la bordent du côté sud-ouest est agréable et rappelle ce à quoi ce coin a dû ressembler autrefois, avant le raz-de-marée touristique… (idem St-Tropez). |
Là on
retrouve une nature beaucoup plus sauvage et
préservée, puisque le site a été acquis et
protégé par le Conservatoire du Littoral. J'y
prendrai mon déjeuner sur le stationnement
bien à l'écart de la route avant de faire deux
promenades digestives, l'une vers la tour sur
laquelle un escalier permet - pour une fois -
de monter pour admirer le vaste panorama sur
la côte rocheuse. |
Losari : le sentier montant à la tour |
Je suis alors au seuil de la route D81 qui contourne les Agriate, ce désert de pierrailles et de maquis. Très sinueuse, elle monte jusqu'au Bocca di Vezu (311 m) que je franchis au coucher du soleil, avant de redescendre dans une paysage tout à fait désertique jusqu'à St-Florent où j'arrive à la nuit. | Depuis le Bocca di Vezu, les Agriate vers le nord au soleil couchant |