Le
ciel un peu plus clair fait espérer une journée plus
agréable, mais les parcelles de ciel bleu sont
insuffisantes pour que la balade des Crêtes, en
arrière de Vence, vaille le coup. Nous y renonçons
pour cette fois, quitte à l'entreprendre à mon retour.
Levé encore une fois un peu tard, je me consacre à mes préparatifs de départ : vidange de la cassette, plein du réservoir d'eau et des bouteilles... Je m'enquiers aussi d'une station-service où je pourrai compléter ma provision de GPL. Olivier me suggère le Leclerc de Cagnes-sur-Mer vers lequel je me dirige dès mon départ vers 11:30. |
Vence : bivouac chez Olivier |
Nice : sur le front de mer |
Il ne me reste plus qu'à suivre toute la côte vers l'est pour gagner le port de Nice, à l'autre extrémité de la ville. J'en profiterai pour faire une longue pause déjeuner le long de la promenade au bord de la plage, parcourue par une foule de promeneurs du dimanche, qui à pied, qui en patins à roulettes, en planche à roulettes, en bicyclette, en trottinette… Un soleil timide baigne la scène animée au premier plan, qui prend le pas sur le vaste et admirable panorama de la baie de Nice. |
À 18:00 tapant je vais m'ajouter à la longue file qui attend de passer les contrôles (renforcés, Covid oblige!). J'ai le temps de souper ensuite, avant de voir le gros navire jaune de la Corsica Ferries accoster lentement puis laisser s'écouler le flot continu des voitures revenant sur le continent après de probables fêtes en famille «au pays». On me fera attendre ensuite un bon moment que presque tous les continentaux aient embarqué avant que l'on m'invite enfin, vers 20:35, à gravir la passerelle. Je peux alors placer l'Exsis dans le vaste garage qui me semble peu rempli. | Nice : Exsis dans le garage du Mega-Express |
Aube à Miomo |
Lever à 6:30, le
niveau de bruit des machines remonte à nouveau, je
prends ma douche et m'habille en tout confort (la
température est restée constante dans cet espace clos).
Divers bruits font deviner les manœuvres d'approche puis
d'accostage avant l'ouverture des portes prévue pour
7:00. Nous sommes à l'heure ! À 7:10 je suis sur le quai et, dans la nuit qui s'achève, prends immédiatement la direction nord, celle du Cap Corse. Impossible d'arrêter sur la petite route en virages avant une dizaine de kilomètres. Trouvant enfin un petit espace juste aux dimensions de l'Exsis peu après Miomo, je me case au dessus de la mer pour prendre mon petit-déjeuner tout en contemplant l'aube et un magnifique lever du soleil derrière les nuages à l'est. |
Castellu (Brandu) : le village depuis le château |
Par le suite le ciel ne se dégagera pas, et une première petite excursion vers le Monte Stello aboutit devant l'église de Poretto où je m'arrête pour manger. La pluie se met alors de la partie, me décourageant d'aller plus loin. Descente sur le flanc de la montagne qui offre quelques belles vues sur le rivage au loin. |
Passant par l'autre village de Castellu je fais un petit détour vers les ruines du château dont il ne reste rien de significatif, hormis quelques murs croulants du donjon massif. | Castellu : le donjon (XVe) |
Castellu (Brandu) : chapelle N-D-des-Neiges (XIe) |
Quant à la chapelle de N-D des Neiges du XIe elle ne manque pas de charme, mais comme trop souvent, elle est fermée et je ne pourrai y admirer les fresques romanes, réputées parmi les plus anciennes de Corse (1386). Idem pour l'église voisine de Santa Maria Assunta, plus récente (XVIe)… |
Au bout d'une longue
descente quelque peu acrobatique je rattrape la côte à
Erbalunga dont je traverse les ruelles enchevêtrées pour
gagner la tour génoise. Elle en gardait le petit port où
flottent quelques barques. Pain artisanal (et cher ! : 2,15€) à la boulangerie du coin, et poursuite de ma route vers le nord. Joliment tracée au dessus de la côte rocheuse, elle offrirait des vues intéressantes sous le soleil… |
Erbalunga |
Marine de Pietracorbara : bivouac à l'aube au pied de la tour |
Finalement
pour achever cet après-midi grisonnant je m'arrêterai
tôt devant la plage de la Marina de Pietracorbara, sur
un grand parking récemment aménagé et abondamment
pourvu de panneaux anti-camping-cars. Que m'importe,
il est vide, le camping voisin est fermé, comme le
restaurant et autres équipements touristique, et la
nuit ne tardera pas à tomber. Je m'installe donc face à la mer plutôt calme et passerai une longue soirée d'abord à cuisiner un peu (boudin au pommes) puis à achever la mise au point de Quatre enfants et un rêve, de Christian et Marie-France des Palières. Je chargerai ensuite le fichier sur Fourtoutici avant d'envoyer le lien à Olivier. J'en commencerai ensuite un relecture pour peaufiner sa mise en page, m'arrêtant à 23:30 pour me coucher dans un grand calme après cette journée plutôt décevante question tourisme. |
La route côtière, le plus souvent en corniche au dessus de la mer, est superbe : les caps et les anses se succèdent, rocheux et abrupts, abritant parfois une courte plage qui semble de loin couverte de petits galets. Au loin les îles (Elbe) bornent l'horizon, bleuté sur fond de nuages blanchâtres en grands bancs rayés de gris. Parfois le fond de ciel bleu se devine en arrière, mais les rayons de soleil demeurent trop rares à mon goût… | En quittant la Marine de Pietracorbara |
La tour de Losse |
Peu après la tour de Losse, isolée
dans un virage, se succèdent d'agréables petits
ports (marina) de Porticciolo, puis de Meria. En arrivant au port de yachts assez considérable de Macinaghju, je profite d'un moment ensoleillé pour faire un peu de ménage sur le vaste parking : dépoussiérage du sol de la cabine qui doit contribuer à mes fréquents éternuements, et décapage du pourtour de l'espace dînette, encore encrassé par une fuite d'acide de l'ancienne batterie au plomb, et qui continue de se rappeler trop souvent à mon odorat. |
Ruglianu, ses 2 églises, sa tour et son château en ruines |
La route abandonne alors la côte pour
grimper à l'intérieur jusqu'au village perché de
Ruglianu dont les maison en escalier, les églises,
le couvent et les ruines du château-fort
s'aperçoivent de loin depuis les lacet de la petite
route. |
Quelques photos du site pittoresque, puis de la côte jusqu'à Macinaghju que l'on aperçoit tout en bas de la pente, sur fond maritime où se décèle la silhouette de la grande île d'Elbe. | Depuis Ruglianu, l'ile d'Elbe et le port de Macinaghju |
Route de Barcaghju : île de la Giraglia |
Je continue de
monter à travers le maquis et les chênes verts
jusqu'à atteindre Ersa. J'y déjeune sur le
stationnement de l'hôtel, avec vue panoramique sur
la côte nord du cap Corse. À quelques kilomètres
du rivage se signale l'île de la Giraglia,
caractéristique par le i de son phare blanc qui
brille au soleil. |
Longue descente ensuite très sinueuse (croisements délicats…) sur la toute petite D153 jusqu'à Barcaghju, un autre adorable petit port de pêche bien peu fréquenté en cette saison. Je traine un peu sur son quai, mais vu le vent toujours présent, n'aurai pas le courage de me rendre jusqu'à la tour génoise sur le promontoire un peu plus à l'est. | Barcaghju et l'ile de la Giraglia |
Tollare : le port et sa tour génoise |
En revenant vers Ersa j'arrête
quelques minutes dans le minuscule hameau de
Tollare. Une autre tour ronde veille sur la
minuscule plage où sont échoués quelques bateaux,
entourés par les voutes des anciennes maisons de
pêcheurs maintenant converties en boutiques
d'artisanat et résidences de vacances estivales. Lorsque je reprends la route, j'ai la surprise de découvrir une aire de service pour CC; j'y fais le plein d'eau et vide la cassette, il ne me restera plus qu'à reprendre du GPL à Bastia pour être ainsi approvisionné pour une autre semaine. |
Nuit de sabbat sur le mont Chauve ! En proie au vent formidable qui balaie la crête toute proche, l'Exsis ne cesse de craquer, de sursauter (sur place heureusement !), est pris de brusques déhanchements qui m'empêchent de m'endormir, tandis que le vent hurle et rugit sur les lanterneaux du toit. Le vent se calme un peu puis, alors que je finis par m'ensommeiller, le vacarme et les secousses me réveillent brusquement. Vers 4:00 je finis par me décider à bouger. Je tâche alors de trouver un endroit moins exposé un peu plus près de la route et arrive à terminer une nuit de repos très approximatif. | Bivouac sur la route du parc éolien d'Ersa |
Panorama vers l'intérieur du Cap Corse (à l'est) depuis mon bivouac |
Au lever à 7:30, magnifique panorama sur la côte, le Cap Corse, le col d'Ersa et ses moulins, et la mer vers le nord où passent plusieurs ferries. |
Vers les moulins du col de Serra |
Après
quelques photos j'amorce ma descente vers le belvédère
du Moulin Mattei où je me douche et déjeune. Puis je
me lance dans une petite balade à travers le maquis
jusqu'au moulin, impeccablement restauré (il a été
racheté par le Conservatoire du littoral). De sa terrasse, la vue plonge sur la côte et ses villages au sud, le Cap Corse qui bouche l'horizon au nord et la baie autour de l'Île de Giraglia. Le vent, qui continue d'être assez fort, tend à dégager le ciel mais l'air demeure très humide, comme chargé d'embruns (j'aurai beaucoup de mal à en débarrasser mon parebrise), si bien que la lumière n'a pas sa transparence méditerranéenne habituelle, et les lointains demeurent voilés. |
Centuri Port |
Après cette bonne marche vivifiante qui achève de me réveiller après ma mauvaise nuit, je reprends l'Exsis pour descendre au bord de l'eau redécouvrir le petit port de Centuri. Descente accusée sur la route étroite qui tournicote jusqu'à l'entrée du village avec parking avant l'entrée : pas question d'envahir ses ruelles très exigües et sinueuses qui entourent le bassin encore plein de barques de pêche et de quelques petits bateaux de plaisanciers. |
Autour du quai, s'alignent les restaurants, avec annonce : « Poisson pêché par le patron ! » Les activités touristiques ont bien évidemment pris le dessus sur la pêche traditionnelle… et l'ambiance doit être éminemment animée (i.e. mercantile…) durant la saison estivale. Heureusement pour moi il n'en est rien aujourd'hui, et j'ai tout le loisir - et le plaisir - de faire le tour du bassin, entre les gros récipients à filets et autres gréements qui conservent au petit port un certain parfum d'authenticité. Nombreuses photos, sous les rayons du soleil qui devient de plus en plus présent. | Centuri : le bassin sous le col de Serra et ses moulins |
Devant Centuri Port, l'îlot de Capense |
Je retrouve l'Exsis abandonné le long de la route d'accès - des barres de hauteur empêchent l'accès des camping-cars au parking… - admire l'îlot de Capense juste devant le port, demeuré sauvage et d'accès interdit, protection de la flore et de la faune oblige, et reprends ma route vers la commune voisine - et rivale - de Morsiglia. |
Petit détour vers le couvent de L'Annonciation (fondé en 1479), l'église actuelle - hélas fermée - date du XVIIIe. Quelques notices renseignent sur l'histoire du site et aussi sur un fait divers qui me divertit fort : une rixe entre deux processions de pèlerinage rivales, à savoir laquelle pénétrerait la première dans l'église ! Je profite de la solitude des lieux perdus en pleine campagne sur une terrasse au dessus de la mer, pour me passer la tondeuse dans la barbe et dans les cheveux, histoire d'alléger une toison qui commence à me fatiguer. | Morsiglia : Exsis sur l'esplanade devant le couvent de l'Annonciation |
Morsiglia et ses tours |
Je continue le circuit proposé par le G.V. Il doit me ramener vers Bastia, en montant vers Morsiglia, puis vers Pino. Tous ces villages perchés s'accrochent en balcon au dessus de la côte rocheuse très tourmentée, avec clochers élégants, tours génoises plus ou moins en ruine, et quelques grandes maisons luxueuses construites par les «Américains». Ces natifs de la régions, partis faire des affaires en Amérique du Sud sont revenus, fortune faite, prendre leur retraite au «pays». |
Malgré la lumière qui descend je prends la petite route montant vers Luri pour aller voir, et pourquoi pas grimper jusqu'à la Tour de Sénèque. Juchée sur un piton rocheux elle a fière allure, mais le dénivelé est conséquent, et je n'aurai pas le temps de faire la balade jusqu'au sommet avant la tombée de la nuit. | La Tour de Sénèque sur son piton |
Canari : bivouac à l'aube devant la mer |
Lever à 7:00 après une nuit des plus tranquilles, en ayant bien récupéré. Dans la lueur rouge du soleil levant je déjeune face au paysage grandiose occupant mon pare-brise, puis achève la montée jusqu'au village de Canari. |
Avoir su, j'aurais pu installer mon bivouac au pied de la tour clocher, sur le vaste parking ombragé précédent la petite mairie/bureau de poste. Là encore grandiose panorama sur la côte et sur les maisons étagées en amphithéâtre, bien au-dessus de la mer écumante. Il y flotte encore un peu de brume qui tarde à s'évanouir sous le soleil encore timide. | Canari : la place de la Mairie et la tour clocher |
Canari : façade en belle maçonnerie de l'église Sta-Maria-Assunta |
Je remonte une petite rue sinueuse menant à l'église Sta Maria Assunta (roman pisan, fin XIIe), en gros blocs de schiste taillés vert pâle. Elle serait d'une grande pureté si l'on ne lui avait malencontreusement adjoint un chœur à abside et deux chapelles latérales crépies et sans élégance. Disparue l'unité de la nef unique décorée de sa frise d'arcs et de modillons garnis de masques, têtes humaines ou figures animales stylisées… J'en fais le tour à plusieurs reprise, cherchant en vain une porte ouverte. |
Puis je longe le cimetière voisin, tout encombré de monuments et chapelles funéraires entassés le long des allées courbes, et monte jusqu'au couvent St François, qui abrite un Conservatoire du costume corse… Fermé lui aussi, comme l'église au décor baroque dont le G.V. signale quelques belles peintures. | Canari : le cimetière |
Marine d'Albo |
Je
reviens au parking en photographiant encore le vaste
panorama maritime qui s'étale au delà du village, puis
redescends jusqu'à la D80 que je retrouve au dessus de
la Marine d'Albo. Plus large et mieux viabilisée, mais coupée aussi d'épingles à cheveux impressionnantes, elle longe la côte au plus près en offrant des vues saisissantes sur les rochers battus par les vagues en larges rubans blanchâtres, les pentes abruptes où de temps à autre niche un hameau, et les cimes blanchies par la neige des montagnes de la Corse intérieure (massif du Cinto). |
Près des ruines de la mine d'amiante maintenant abandonnée dont les bâtiments en escalier coupent la pente au dessus de la route, coup d’œil vers la tour génoise de la Marine d'Albo qui semble presque au ras de l'eau, puis longue plage de sable noir annonçant le roc à pic de Nonza couronné de sa tour. | Tour de la Marine d'Albo |
Nonza : église Ste-Julie |
Nonza: nef de l'église Ste-Julie |
Nonza : maitre-autel en marqueterie de marbre |
Nonza : Vierge et Enfant sur l'autel |
Patrimonio : l'église St-Martin Un petit détour me mène au parvis
de l'église San Martinu (XVIe, baroque), isolée
sur une butte dominant le village. Elle est
emmaillotée d'échafaudages qui n'arrivent pas à
masquer sa solide architecture robuste et
monumentale. Porte fermée, comme d'habitude…
|
Patrimonio : façade de l'église St-Martin |
Vescovato |
Puis la petite route commence à grimper et virevolter en suivant l'itinéraire proposé par le G.V. Il grimpe et tombe de buttes en vallons, en traversant les petits bourgs aux rues étroites et alambiquées autour de leur église à haut clocher où s'empilent voutes et arcades. Vue époustouflantes sur la campagne cultivée jusqu'à la mer; à l'horizon les Îles : Elba, la plus grande, mais aussi Capraia et enfin Montecristo que je découvre avec surprise : ce n'est domc pas qu'un titre de roman célèbre… Je passerai ainsi à Vescovato, Vensolasca et escaladerai les longues rampes menant au nid d'aigle de Loreto di Casinca où je parviens en fin d'après-midi. |
L'eau fraiche coule en abondance aux fontaines de ce gros bourg posé sur un terrasse occupée par une belle place carrée plantée de platanes et où trône au sud le gros bâtiment rectangulaire de la Mairie. | Loreto-di-Casinca : la Funtanona (fontaine) |
Une
table d'orientation semi-circulaire collée sur le
parapet illustre et nomme les éléments du paysage
exceptionnel qui résume tout ce que j'ai découvert cet
après-midi. Après une longue observation méditative devant ce point de vue unique, je regagne l'Exsis stationné au bord de la place toute désignée pour recevoir mon bivouac. |
Loreto-di-Casinca : vue depuis le belvédère du campanile vers le Cap Corse |
Loreto-di-Casinca : bivouac devant la place |
Endormissement presque immédiat, mais vers 3:30 je suis réveillé : mon estomac semble avoir quelques difficultés avec le confit de canard aux lentilles que je me suis confectionné hier soir… Une décoction de sauge (Aimée m'en a abondamment pourvu) m'aurait peut-être aidé à passer une nuit plus sereine ! Du coup je me rends compte dans le silence presque absolu de la nuit que le compresseur du frigo n'arrête pas de tourner, ce qui n'est certes pas pour économiser la batterie. Je commencerai donc ma journée (vers 8:00, avec le lever du soleil) par un dégivrage en règle de l'appareil. Il faudrait, je crois, y procéder toutes les semaines pour être tranquille. |
À 9:30 les rayons du soleil atteignent enfin ma place, et les panneaux solaires ne tardent pas à fournir 6 A/h, puis 8,4 à 10:30. Le ciel est uniformément bleu, la journée s'annonce radieuse. J'achève la rédaction du carnet de route, déjeune et me douche avant d'aller faire un autre tour sur le belvédère du village. Les rues montrent encore plus de caractère sous le grand soleil et le ciel bleu. | Loreto-di-Casinca : église Sant'-Andria |
Je ne m'attarderai donc pas et rejoins l'Exsis au bord de la place pour entamer la descente vers Castellare-di-Casinca, par les même routes tortueuses empruntées hier. Elles ménagent toujours des vues spectaculaires sur les villages perchés. | Bivouac sur la place de Loreto-di-Casinc, en face de la Mairie |
À
Penta-di-Casinca, village classé, le stationnement des
visiteurs se trouve dans la cour de la mairie, au bout
d'un raidillon que ne doivent guère apprécier les
chauffeurs de camping-car standard ! Exsis s'y attelle
bravement et je le laisse face au soleil, histoire de
remonter ma batterie descendue à 70% cette nuit. Puis j'enfile la rue principale qui serpente légèrement sur la crête qu'occupe le village. De grosses maisons à étages en fort bel état bordent la chaussée étroite, pavée de dalles de pierre gris-vert. Voilà qui donne une bonne idée de l'opulence de la région lorsque l'agriculture est venue s'ajouter aux autres ressources des habitants. |
Penta-di-Casinca : église St-Michel au bord de la rue centrale |
Belvédère de Penta-di-Casinca : la plaine dans le nuage |
Je gagne ainsi le belvédère sur la plaine derrière une arcade au bout de la rue, mais de vue point, la brume a maintenant tout recouvert, et elle continue d'envahir progressivement les pentes. |
En regagnant l'Exsis dans l'air qui s'épaissit, petit tour à l'intérieur de l'église dont je vois la porte ouverte. Derrière la façade XVIIIe en pierres brutes non crépies, au dessin baroque classique, des restaurations bienvenues ont déjà reblanchi le plafond et redonné leur lustre à plusieurs statues et fresques typiques de l'époque. Mais beaucoup reste à faire… Une affiche à la sortie invite à participer au Comité ad hoc ! | Penta-di-Casinca- : voute du chœur de l'église St-Michel |
Castelllare-di-Casinca : San-Pancrazio |
Je
découvre San Pancrasio au moment de retrouver la
nationale T10 très fréquentée. Cette petite église de
pierre du IXe, très austère et sans aucun décor
extérieur, est parfaitement restaurée quant à elle. Son intérieur, original avec ses deux nefs bout à bout reliées par une arcade me serait resté inconnu si le curé venu prendre une chasuble dans la sacristie n'avait ouvert la porte; j'entre à sa suite. Voyant mon intérêt, aimablement il allume quelques minutes les projecteurs qui mettent pleinement en valeur le décor peint du chœur. Je suis ébloui, les fresques - recréées récemment - vibrent sur le fond blanc des voutes. Fin de ce premier itinéraire «La Casinca» du G.V. Michelin. |
Quelques
centaines de mètres à pied à travers bois et fougères,
et j'y suis : rien de bien notable, à part
l'ancienneté de l'unique salle sous charpente
apparente sans aucun décor, le tout visible à travers
la grille qui en ferme l'entrée. |
Talasani : nef de la chapelle San-Petru |
Talasani : chapelle San-Petru |
En revanche l'ambiance étrange du chemin vaut la petite balade : lumière glauque, aboiement d'un chien au loin et tintement solitaire d'une cloche dans le brouillard, grosse pierre à l'allure monstrueuse au bord du sentier... |
Talasani : bivouac près du cimetière |
À 22:30 j'étais au lit, sans autre
cérémonie et ai vaguement entendu quelque temps
après le tir de modestes feux d'artifice. Puis le
grand silence de la montagne… Lever à 6:45 alors qu'il fait encore nuit; le ciel apparait encore très nuageux au levers du jour et le restera toute la journée. J'aurai eu le temps de corriger encore une cinquantaine de pages du livre de Des Palières avant de déjeuner, de me doucher et de prendre la route. |
La route continue d'être très étroite
et sinueuse en dominant la côte, longeant les
vallons et franchissant les torrents qui dévalent de
la montagne, comme au Pont de l'Enfer (jolie
baignade… en été !). De temps à autre la vue se
dégage vers la mer, et les villages accrochés à la
pente se succèdent comme Sta Lucia de Moriani où je
m'arrête quelques minutes pour faire le tour de la
petite église précédant le bourg. Innombrables virages encore, et j'arrive à San Nicolao où, au détour des ruelles bordées de grosses maisons de pierre, je cherche l'église. Introuvable, et pour cause : elle se trouve à mi-pente au-dessous du village. Je capterai son élégante silhouette sous plusieurs angles, au fur et à mesure de ma descente vers le sud. |
San-Nicolao : l'église sous le village et la côte |
L'église de San-Nicolao Un peu plus loin j'aborde la Corniche de la Castagniccia, voie encore plus étroite si possible, et région plus sauvage, comme autour de la haute cascade de l'Ucelline où l'eau est malheureusement trop rare. |
Cascade de l'Ucelline |
Cervione : façade de la cathédrale St-Érasme (XVIIe) |
C'est alors la petite ville de Cervione qui s'annonce, dont les maisons s'agglutinent autour de sa cathédrale St-Érasme, du XVIIe. Laissant l'Exsis le long de la départementale un peu plus large, je grimpe à travers les ruelles très raides jusqu'à sa façade jaune un peu raide. |
La porte ouverte invite à découvrir sa nef assez sombre dont le décor fin XVIIe à début XIXe me semble plutôt défraichi. Les fresques sont peu lisibles, et les quelques statues intéressantes abîmées. Il y règne néanmoins une atmosphère de grande religiosité, datant d'un autre siècle, apparemment sans relève actuelle. | Nef et chœur de la cathédrale de Cervione (XVIIe) |
St-Érasme, patron des marins, auquel est dédiée la cathédrale |
St-Érasme, patron des marins |
Crèche de la cathédrale de Cervione et ses santons corses |
Seule la grande crèche décorée d'une maquette de la cathédrale et de quelques maisons typiques derrière une ribambelle de santons corses m'accroche vraiment… |
Une dernière descente assez raide dans la campagne et je rejoins la grande T10 qui dessert la côte. (Ici les «Nationales» ont été converties en «Territoriales»…) J'y fais quelques kilomètres jusqu'à trouver un chemin perpendiculaire qui mène à une plage (Restaurant Theresa, fermé donc super tranquille). J'y prépare mon lunch et fais quelques pas sur le sable, puis prends une pause en consultant le guide pour décider de la suite de mon périple. | Plage au nord du phare d'Alistro |
Sur la D71 en remontant vers Cervione |
Finie la Costa Verde (en soit peu intéressante car trop «touristique» i.e. commerciale), je ferai maintenant une incursion dans la Castagniccia en suivant à rebours l'itinéraire vert qui traverse le Parc naturel régional corse jusqu'à Ponte Leccia, avant de redescendre sur Corte. Région montagneuse et boisée, qui devrait ménager des paysages sauvages et spectaculaires comme je les aime. |
L'itinéraire du G.V. aboutit à Prunete que je gagne rapidement par la T10, puis je remonte à Cervione que je traverse pour m'engager sur la D71. | Cervione |
En vue du couvent d'Alesani |
La route est large et bien tracée pour une route de montagne, et les paysages sauvages attendus bien présents. Elle suit d'abord le cours de l'Alesani, contourne de haut son lac de barrage puis fait un détour vers le couvent d'Alesani dont on aperçoit de loin la silhouette élégante à flanc de colline de l'autre côté de la vallée. Petite route d'accès très raide rendue glissante par l'humidité, je dois m'y prendre à plusieurs reprises pour franchir certains passages très raides… Enfin j'atteins la clôture du couvent - fermé bien entendu. Je devrai me contenter de quelques photos extérieures, de près puis de plus loin, en revenant prendre la route principale. |
Sur le chemin rural du retour je croise plusieurs groupe de cochons noir ou bruns qui fouinent dans la bermes ou sous les bois à la recherche de glands, de châtaignes et autres friandises. | Truie sur la route d'Alesani |
Felce : nef de l'église |
Encore quelques kilomètres de virages
dans la lumière qui descend et je suis à Felce dont
la petite église juchée en haut du village
possèderait des «fresques naïves d'une grande
fraicheur » (G.V.). Je mène l'Exsis au bout du
chemin montant et stationne sur la petite place en
avant. Hélas, encore une fois le bâtiment est fermé.
Mais un passant qui me voit sonder la porte me hèle
« Attendez, je vais appeler pour vous obtenir la clé
! » Ce qu'il fait aussitôt et quelques minutes plus
tard sa sœur arrive la clef du portail à la main. Lorsque je le franchis à leur suite je suis émerveillé par le décor aux couleurs franches qui couvre la totalité des murs et du plafond. Malheureusement l'humidité montant du sol et l'aération insuffisante, maintenant que l'église n'est plus guère utilisée, font qu'il a fallu faire subir une restauration majeure à la bâtisse. Les travaux sont toujours en cours, sur le pavage débarrassé de ses bancs trainent les outils et équipements des artisans. Malgré l'absence d'éclairage je tente quelques clichés qui donneront une idée de la qualité du décor… |
Felce : la voûte devant le choeur |
Felce : voûte de la nef de l'église |
Carcheto : l'église Ste-Marguerite Je fais quand même le petit détour pour aller admirer le clocher ajouré monumental et la façade joliment architecturé de l'église Ste-Marguerite (XVIIe et XVIIIe) à Carcheto : mais ses fresques « vive et naïves» et son riche mobilier me resteront cachés derrière la porte close… |
Carcheto : l'église Ste-Marguerite |
Ruines du Couvent d'Orezza |
Je traverse Piedicroce sans
m'arrêter puisque les trésors de son église St
Pierre et St Paul me seront semblablement
inatteignables. En revanche je prend le temps de
faire le tour les ruines du couvent d'Orezza dont
un grand panneau conte l'histoire et explique son
importance identitaire pour les Corses.
|
Dernier arrêt enfin à La Porta, attiré par la belle façade baroque de la grande église. La Porta : église St-Jean-Baptiste |
La Porta : façade de l'église St-Jean-Baptiste |
La Porta : nef de l'église St-Jean-Baptiste |
Voûte du chœur de l'église St-Jean-Baptiste |
Cette fois j'ai la chance de
pouvoir la visiter, et particulièrement
d'admirer de près (j'ai emprunter le petit
escalier de pierre à travers le mur qui grimpe à
la tribune) son orgue de 1780 sauvé par le
commissaire de la Révolution chargé de la
démolition du couvent où il se trouvait. Il a
voulu en faire cadeau à la paroisse d'où
originait son épouse… |
La Porta : orgue de l'église St-Jean-Baptiste (1780) |
Crucifix XVIIe dans l'église de La Porta |
J'y remarque aussi un beau Christ en bois peint du XVIIe. |
La route continue de tournicoter à travers les châtaigniers en montant vers le col de Prato que je franchirai dans un brouillard diffus. | |
Bivouac à Saliceto |
Je renonce donc et, dans le
crépuscule, continue de monter jusqu'au village de
Saliceto où un petit parking (obligatoire !) juste
avant les ruelles du hameau m'offre enfin l'étape à
laquelle j'aspire. Il est 17:15 et la nuit toute proche. Manœuvrant un peu pour trouver un espace à peu près plat je coupe le contact, descends les stores et allume le chauffage. Avec la nuit le froid humide est tombé, et je me préparerai une soupe pour me réchauffer avant de veiller brièvement et de me coucher tôt. |
Levé dès 6:45, je reste préoccupé par
l'affaissement du train arrière de l'Exsis sur son
côté droit et décide de consulter dès que possible
un garage à Corte ou sinon à Ajaccio dont je ne suis
pas très éloigné. |
Mer de nuages vers Borgo |
Corte : vieille ville et citadelle |
Puis c'est une quinzaine de km
rapides jusqu'à Corte. Coup d’œil et photo sur la
fameuse citadelle sur son rocher, puis traversée de
la ville sans apercevoir de garage Fiat, Peugeot ou
Citroën susceptible de bien connaitre mon châssis. Cinq km plus loin c'est une enseigne Peugeot qui s'annonce. Accueil coopératif du patron Éric qui me fait attendre la libération du pont pour poser un diagnostic. Celui-ci tombe, évident : la lame de ressort arrière droit est brisée en plein milieu, il faut la remplacer. Pas de danger à court terme, les deux sections avant et arrière sont coincées et ne peuvent sortir de leur logement, sauf improbable stress… et la caisse repose sur la butée en caoutchouc. |
Soleil levant sur la haute ville de Corte en me rendant au garage |
Au garage à 8:00 comme prévu après une nuit en fin de compte paisible, je passerai la matinée près de mon mécano qui rencontre bien des difficultés à démonter la lame de ressort brisée : le boitier de la marche empêche d'accéder au boulon placé à son extrémité avant, si bien qu'il devra s'acharner pour le décrocher et arriver enfin à mettre en place la nouvelle lame achetée hier. |