Décembre 2021 - Janvier 2022

Blason de la Corse

CORSE


Jean-Paul MOUREZ
en solo à bord de l'Exsis
(2 242 km)



1. de BASTIA à  ALERIA


43 511 Dimanche 26 décembre 2021 : de VENCE à NICE (32 km)

Le ciel un peu plus clair fait espérer une journée plus agréable, mais les parcelles de ciel bleu sont insuffisantes pour que la balade des Crêtes, en arrière de Vence, vaille le coup. Nous y renonçons pour cette fois, quitte à l'entreprendre à mon retour.

Levé encore une fois un peu tard, je me consacre à mes préparatifs de départ : vidange de la cassette, plein du réservoir d'eau et des bouteilles... Je m'enquiers aussi d'une station-service où je pourrai compléter ma provision de GPL. Olivier me suggère le Leclerc de Cagnes-sur-Mer vers lequel je me dirige dès mon départ vers 11:30.
Vence-bivouac-chez-Olivier
Vence : bivouac chez Olivier

J'ai un peu de difficulté à y accéder, mais une fois rendu, pas de GPL ! Je complète mon réservoir de gasoil et la réserve, le prix étant excellent par les temps qui courent (1,44€ le litre). Un aimable automobiliste me suggère la grosse station du Géant Casino à Villeneuve Loubet. Je fais donc ce beau détour pour découvrir la pompe de GPL, mais celle-ci ne fonctionne pas le dimanche… (?)

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Nice : sur le front de mer
Il ne me reste plus qu'à suivre toute la côte vers l'est pour gagner le port de Nice, à l'autre extrémité de la ville. J'en profiterai pour faire une longue pause déjeuner le long de la promenade au bord de la plage, parcourue par une foule de promeneurs du dimanche, qui à pied, qui en patins à roulettes, en planche à roulettes, en bicyclette, en trottinette… Un soleil timide baigne la scène animée au premier plan, qui prend le pas sur le vaste et admirable panorama de la baie de Nice.

Lorsqu'une heure plus tard je reprends la route, c'est pour me rendre jusqu'au quai du port, au pied du vieux Nice. Circulation acceptable sur la première partie du trajet d'une quinzaine de kilomètres urbains, via de grandes avenues modernes bien aménagées. En revanche l'accès au bassin du port lui-même est pas mal plus alambiqué, vu l'enchevêtrement des petites rues étroites à travers la vieille ville. Presque toutes sont à sens unique, avec de brusques changements de sens… Je finis par atteindre l'accès au quai du ferry pour la Corse, mais il est barré et n'ouvrira qu'à 18:00.

Nice-entree-du-Vieux-Port-en-soiree
Nice: entrée du Vieux-Port en soirée depuis la Basse Corniche

J'irai donc passer les deux heures suivantes sur le début de la Basse Corniche dominant le port : joli coup d’œil, mais stationnement difficile car beaucoup de promeneurs viennent prendre là le sentier qui serpente sur les rochers au bord de l'eau. Je fais quelques photos, puis corrige le texte de Quatre enfants et un rêve des Des Palières dont j'ai pratiquement scanné la moitié des pages.

À 18:00 tapant je vais m'ajouter à la longue file qui attend de passer les contrôles (renforcés, Covid oblige!). J'ai le temps de souper ensuite, avant de voir le gros navire jaune de la Corsica Ferries accoster lentement puis laisser s'écouler le flot continu des voitures revenant sur le continent après de probables fêtes en famille «au pays». On me fera attendre ensuite un bon moment que presque tous les continentaux aient embarqué avant que l'on m'invite enfin, vers 20:35, à gravir la passerelle. Je peux alors placer l'Exsis dans le vaste garage qui me semble peu rempli. Nice-Exsis-dans-le-garage-du-Mega-Express
Nice : Exsis dans le garage du Mega-Express

Bien casé tout à l'arrière (la sortie risque d'être longue à venir… !) je m'installe confortablement, descend les stores et poursuis mon travail sur le bouquin. Le garage se vide, je suis bientôt seul, environné par les divers gros bruits qui entourent le départ, puis la sortie du port. Le niveau sonore devient nettement plus supportable lorsque nous gagnons le large. C'est donc dans une paix royale que j'achèverai la numérisation du livre vers 23:30, et c'est alors le temps de me mettre au lit. J'y dormirai fort bien jusqu'à mon lever à 6:30, malgré le déclenchement de quelques alarmes des voitures autour de moi, lorsque la houle impulse un léger mouvement de bascule au plancher… Jamais n'aurai-je  passé une aussi bonne nuit à bord d'un ferry !


43 553 Lundi 27 décembre 2021 : de BASTIA à Marina de PIETRACORBARA (43 km)

Miomo-soleil-levant
Aube à Miomo
Lever à 6:30, le niveau de bruit des machines remonte à nouveau, je prends ma douche et m'habille en tout confort (la température est restée constante dans cet espace clos). Divers bruits font deviner les manœuvres d'approche puis d'accostage avant l'ouverture des portes prévue pour 7:00. Nous sommes à l'heure !

À 7:10 je suis sur le quai et, dans la nuit qui s'achève, prends immédiatement la direction nord, celle du Cap Corse. Impossible d'arrêter sur la petite route en virages avant une dizaine de kilomètres. Trouvant enfin un petit espace juste aux dimensions de l'Exsis peu après Miomo, je me case au dessus de la mer pour prendre mon petit-déjeuner tout en contemplant l'aube et un magnifique lever du soleil derrière les nuages à l'est.

Miomo-soleil-levant
Miomo : soleil levant

Castellu-(Brandu)-le-village-depuis-le-chateau
Castellu (Brandu) : le village depuis le château
Par le suite le ciel ne se dégagera pas, et une première petite excursion vers le Monte Stello aboutit devant l'église de Poretto où je m'arrête pour manger. La pluie se met alors de la partie, me décourageant d'aller plus loin. Descente sur le flanc de la montagne qui offre quelques belles vues sur le rivage au loin.
Passant par l'autre village de Castellu je fais un petit détour vers les ruines du château dont il ne reste rien de significatif, hormis quelques murs croulants du donjon massif. Castellu-le-donjon-(XVeme)
Castellu : le donjon (XVe)
Castellu-(Brandu)-chapelle-ND-des-Neiges-XIeme
Castellu (Brandu) : chapelle N-D-des-Neiges (XIe)
Quant à la chapelle de N-D des Neiges du XIe elle ne manque pas de charme, mais comme trop souvent, elle est fermée et je ne pourrai y admirer les fresques romanes, réputées parmi les plus anciennes de Corse (1386). Idem pour l'église voisine de Santa Maria Assunta, plus récente (XVIe)…
Au bout d'une longue descente quelque peu acrobatique je rattrape la côte à Erbalunga dont je traverse les ruelles enchevêtrées pour gagner la tour génoise. Elle en gardait le petit port où flottent quelques barques.

Pain artisanal (et cher ! : 2,15€) à la boulangerie du coin, et poursuite de ma route vers le nord. Joliment tracée au dessus de la côte rocheuse, elle offrirait des vues intéressantes sous le soleil…
Erbalunga
Erbalunga

Erbalunga-la-tour-de-guet-genoise-1561
Erbalunga : la tour de guet génoise (1561)

Marine-de-Pietracorbara-bivouac-a-l'aube
Marine de Pietracorbara : bivouac à l'aube au pied de la tour
Finalement pour achever cet après-midi grisonnant je m'arrêterai tôt devant la plage de la Marina de Pietracorbara, sur un grand parking récemment aménagé et abondamment pourvu de panneaux anti-camping-cars. Que m'importe, il est vide, le camping voisin est fermé, comme le restaurant et autres équipements touristique, et la nuit ne tardera pas à tomber.

Je m'installe donc face à la mer plutôt calme et passerai une longue soirée d'abord à cuisiner un peu (boudin au pommes) puis à achever la mise au point de Quatre enfants et un rêve, de Christian et Marie-France des Palières. Je chargerai ensuite le fichier sur Fourtoutici avant d'envoyer le lien à Olivier. J'en commencerai ensuite un relecture pour peaufiner sa mise en page, m'arrêtant à 23:30 pour me coucher dans un grand calme après cette journée plutôt décevante question tourisme.


43 596 Mardi 28 décembre 2021 : de Marina de PIETRACORBARA au Col de SERRA (49 km)

Réveil à 7:30 sous un ciel encore gris, après pluie et vent durant toute la nuit. De grands pans de ciel bleu finiront par apparaître, mais la consultation de la météo me laisse pessimiste… Rédaction du carnet de route, petit mot à Juliette et à ses enfants, douche et déjeuner, je décolle à 10:00.

La route côtière, le plus souvent en corniche au dessus de la mer, est superbe : les caps et les anses se succèdent, rocheux et abrupts, abritant parfois une courte plage qui semble de loin couverte de petits galets. Au loin les îles (Elbe) bornent l'horizon, bleuté sur fond de nuages blanchâtres en grands bancs rayés de gris. Parfois le fond de ciel bleu se devine en arrière, mais les rayons de soleil demeurent trop rares à mon goût… En quittant la Marine de Pietracorbara
En quittant la Marine de Pietracorbara
tour-de-Losse
La tour de Losse
Peu après la tour de Losse, isolée dans un virage, se succèdent d'agréables petits ports (marina) de Porticciolo, puis de Meria.


En arrivant au port de yachts assez considérable de Macinaghju, je profite d'un moment ensoleillé pour faire un peu de ménage sur le vaste parking : dépoussiérage du sol de la cabine qui doit contribuer à mes fréquents éternuements, et décapage du pourtour de l'espace dînette, encore encrassé par une fuite d'acide de l'ancienne batterie au plomb, et qui continue de se rappeler trop souvent à mon odorat.

Marine-de-Porticciolo
Marine de Porticciolo

Porticciolo : l'île d'Elbe à l,horizon
Porticciolo : l'île d'Elbe à l'horizon

Macinaghju-et-l'ile-de-Finochiarolla
Macinaghju et l'île de Finochiarolla

Ruglianu-ses-2-eglises,-sa-tour-et-son-chateau
Ruglianu, ses 2 églises, sa tour et son château en ruines
La route abandonne alors la côte pour grimper à l'intérieur jusqu'au village perché de Ruglianu dont les maison en escalier, les églises, le couvent et les ruines du château-fort s'aperçoivent de loin depuis les lacet de la petite route.

Quelques photos du site pittoresque, puis de la côte jusqu'à Macinaghju que l'on aperçoit tout en bas de la pente, sur fond maritime où se décèle la silhouette de la grande île d'Elbe. Depuis-Ruglianu-ile-d'Elbe-et-Macinaghju
Depuis Ruglianu, l'ile d'Elbe et le port de Macinaghju
Route-de-Barcaghju-ile-de-la-Giraglia
Route de Barcaghju : île de la Giraglia
Je continue de monter à travers le maquis et les chênes verts jusqu'à atteindre Ersa. J'y déjeune sur le stationnement de l'hôtel, avec vue panoramique sur la côte nord du cap Corse. À quelques kilomètres du rivage se signale l'île de la Giraglia, caractéristique par le i de son phare blanc qui brille au soleil.


Longue descente ensuite très sinueuse (croisements délicats…) sur la toute petite D153 jusqu'à Barcaghju, un autre adorable petit port de pêche bien peu fréquenté en cette saison. Je traine un peu sur son quai, mais vu le vent toujours présent, n'aurai pas le courage de me rendre jusqu'à la tour génoise sur le promontoire un peu plus à l'est. Barcaghju-et-ile-de-la-Giraglia
Barcaghju et l'ile de la Giraglia
Tollare : le port et sa tour génoise
Tollare : le port et sa tour génoise
En revenant vers Ersa j'arrête quelques minutes dans le minuscule hameau de Tollare. Une autre tour ronde veille sur la minuscule plage où sont échoués quelques bateaux, entourés par les voutes des anciennes maisons de pêcheurs maintenant converties en boutiques d'artisanat et résidences de vacances estivales.

Lorsque je reprends la route, j'ai la surprise de découvrir une aire de service pour CC; j'y fais le plein d'eau et vide la cassette, il ne me restera plus qu'à reprendre du GPL à Bastia pour être ainsi approvisionné pour une autre semaine.

Remontant les 7 km jusqu'à Ersa je me dirige vers le col de Serra. Un belvédère (sous le Moulin Mattei) offre une vue étendue sur la côte ouest qui aligne ses caps vers le sud. La lumière baisse déjà, le crépuscule n'est plus bien loin, il est donc temps de chercher un point de chute pour la nuit. J'hésite à m'installer dans le col parcouru par un vent formidable dont les rafales secouent tellement l'Exsis que je crains de ne pouvoir trouver le sommeil. Je recule un peu et m'arrête sur un long parking à peu près plat et à proximité, mais là c'est le passage des voitures qui risque de me déranger. Avisant une petite route perpendiculaire qui grimpe dans la montagne vers le champ d'éoliennes, je fais un petit kilomètres et découvre une vaste terrasse récemment aplanie qui m'offrira la paix attendue. Le vent y est encore très présent, mais devrait être supportable.

Col-de-Serra-a-16h30
Vers le sud-ouest du Col de Serra à 16h30

Je m'y installe donc et, regardant la nuit tomber sur le large paysage, charge les photos des deux derniers jours, passe un moment au téléphone avec Monique, prépare une grande poêlée d'endives au jambon et raclette, puis rédige le carnet de route de la journée. À 22:30 coucher, en espérant que les rafales qui s'abattent de temps à autre sur ma chambre à roulette ne m'importuneront pas trop...


43 645 Mercredi 29 décembre 2021 : du Col de SERRA à CANARI (50 km)

Nuit de sabbat sur le mont Chauve ! En proie au vent formidable qui balaie la crête toute proche, l'Exsis ne cesse de craquer, de sursauter (sur place heureusement !), est pris de brusques déhanchements qui m'empêchent de m'endormir, tandis que le vent hurle et rugit sur les lanterneaux du toit. Le vent se calme un peu puis, alors que je finis par m'ensommeiller, le vacarme et les secousses me réveillent brusquement. Vers 4:00 je finis par me décider à bouger. Je tâche alors de trouver un endroit moins exposé un peu plus près de la route et arrive à terminer une nuit de repos très approximatif. Bivouac-sur-la-route-du-oarc-eolien-d'Ersa
Bivouac sur la route du parc éolien d'Ersa
Panorama-vers-l'interieur-depuis-bivouac
Panorama vers l'intérieur du Cap Corse (à l'est) depuis mon bivouac
Au lever à 7:30, magnifique panorama sur la côte, le Cap Corse, le col d'Ersa et ses moulins, et la mer vers le nord où passent plusieurs ferries.

Depuis-bivouac-la-cote-au-sud-et-villages
Depuis mon bivouac, la côte au sud et ses villages (Cannelle, Centuri...)

Vers-le-nord-ile-de-Giraglia-et-ferry
Vers le nord, l'ile de Giraglia et un ferry

Vers les moulins du col d'Ersa
Vers les moulins du col de Serra
Après quelques photos j'amorce ma descente vers le belvédère du Moulin Mattei où je me douche et déjeune. Puis je me lance dans une petite balade à travers le maquis jusqu'au moulin, impeccablement restauré (il a été racheté par le Conservatoire du littoral).

De sa terrasse, la vue plonge sur la côte et ses villages au sud, le Cap Corse qui bouche l'horizon au nord et la baie autour de l'Île de Giraglia. Le vent, qui continue d'être assez fort, tend à dégager le ciel mais l'air demeure très humide, comme chargé d'embruns (j'aurai beaucoup de mal à en débarrasser mon parebrise), si bien que la lumière n'a pas sa transparence méditerranéenne habituelle, et les lointains demeurent voilés.

Col de Serra
            : moulin Mattei
Col de Serra : le moulin Mattei

Depuis-le-Moulin-Mattei-Centuri-et-son-ilot-de-Capense
Depuis le Moulin Mattei : Centuri Port et son îlot protégé de Capense

Centuri Port
Centuri Port
Après cette bonne marche vivifiante qui achève de me réveiller après ma mauvaise nuit, je reprends l'Exsis pour descendre au bord de l'eau redécouvrir le petit port de Centuri. Descente accusée sur la route étroite qui tournicote jusqu'à l'entrée du village avec parking avant l'entrée : pas question d'envahir ses ruelles très exigües et sinueuses qui entourent le bassin encore plein de barques de pêche et de quelques petits bateaux de plaisanciers.
Autour du quai, s'alignent les restaurants, avec annonce : « Poisson pêché par le patron ! » Les activités touristiques ont bien évidemment pris le dessus sur la pêche traditionnelle… et l'ambiance doit être éminemment animée (i.e. mercantile…) durant la saison estivale. Heureusement pour moi il n'en est rien aujourd'hui, et j'ai tout le loisir - et le plaisir - de faire le tour du bassin, entre les gros récipients à filets et autres gréements qui conservent au petit port un certain parfum d'authenticité. Nombreuses photos, sous les rayons du soleil qui devient de plus en plus présent. Centuri le bassin
Centuri : le bassin sous le col de Serra et ses moulins
Centuri-ilot-de-Capense
Devant Centuri Port, l'îlot de Capense
Je retrouve l'Exsis abandonné le long de la route d'accès - des barres de hauteur empêchent l'accès des camping-cars au parking… - admire l'îlot de Capense juste devant le port, demeuré sauvage et d'accès interdit, protection de la flore et de la faune oblige, et reprends ma route vers la commune voisine - et rivale - de Morsiglia.
Petit détour vers le couvent de L'Annonciation (fondé en 1479), l'église actuelle - hélas fermée - date du XVIIIe. Quelques notices renseignent sur l'histoire du site et aussi sur un fait divers qui me divertit fort : une rixe entre deux processions de pèlerinage rivales, à savoir laquelle pénétrerait la première dans l'église ! Je profite de la solitude des lieux perdus en pleine campagne sur une terrasse au dessus de la mer, pour me passer la tondeuse dans la barbe et dans les cheveux, histoire d'alléger une toison qui commence à me fatiguer. Morsiglia-couvent-de-l'Annonciation
Morsiglia : Exsis sur l'esplanade devant le couvent de l'Annonciation
Morsiglia-et-ses-tours
Morsiglia et ses tours
Je continue le circuit proposé par le G.V. Il doit me ramener vers Bastia, en montant vers Morsiglia, puis vers Pino. Tous ces villages perchés s'accrochent en balcon au dessus de la côte rocheuse très tourmentée, avec clochers élégants, tours génoises plus ou moins en ruine, et quelques grandes maisons luxueuses construites par les «Américains». Ces natifs de la régions, partis faire des affaires en Amérique du Sud sont revenus, fortune faite, prendre leur retraite au «pays».

Pino village
                      balcon
Pino village balcon

Pino-eglise
Pino : l'église et quelques grosses maisons des «Américains»

Malgré la lumière qui descend je prends la petite route montant vers Luri pour aller voir, et pourquoi pas grimper jusqu'à la Tour de Sénèque. Juchée sur un piton rocheux elle a fière allure, mais le dénivelé est conséquent, et je n'aurai pas le temps de faire la balade jusqu'au sommet avant la tombée de la nuit. Tour de
                  Sénèque
La Tour de Sénèque sur son piton

Je redescends donc à Pino et poursuis la spectaculaire route de corniche accrochée à la montagne. Elle doit me mener jusqu'à Canari dont j'ai décidé de faire mon étape de ce soir. Grandiose coucher de soleil quelques kilomètres avant d'arriver à mon but; je cherche un point de chute dans le village en dessous. Ne trouvant aucun espace utilisable, je grimpe vers le bourg principal. En route je tombe sur une petite esplanade entourant un gros poteau électrique, avec vue plongeante sur la mer.

J'y établis mon bivouac, soupe tôt (à 18:30 je suis affamé par mes marches de la journée), puis charge et dénomme mes photos avant de rédiger cette page de mon carnet de route. Seulement 50 km aujourd'hui, et un soleil intermittent, pas étonnant que la batterie ne soit pas remplie à 100%…

Couché à 22:00, peut-être récupérerai-je un peu ma nuit dernière plutôt catastrophique…


43 695 Jeudi 30 décembre 2021 : de CANARI à LORETO-di-CASINCA (88 km)

Canari-bivouac-a-l'aube-devant-la-mer
Canari : bivouac à l'aube devant la mer
Lever à 7:00 après une nuit des plus tranquilles, en ayant bien récupéré. Dans la lueur rouge du soleil levant je déjeune face au paysage grandiose occupant mon pare-brise, puis achève la montée jusqu'au village de Canari.
Avoir su, j'aurais pu installer mon bivouac au pied de la tour clocher, sur le vaste parking ombragé précédent la petite mairie/bureau de poste. Là encore grandiose panorama sur la côte et sur les maisons étagées en amphithéâtre, bien au-dessus de la mer écumante. Il y flotte encore un peu de brume qui tarde à s'évanouir sous le soleil encore timide. Canari : la place de la Mairie
Canari : la place de la Mairie et la tour clocher

Canari
La côte vers le nord depuis Canari

Canari : facade de l'eglise-Sta-Maria-Assunta
Canari : façade en belle maçonnerie de l'église Sta-Maria-Assunta
Je remonte une petite rue sinueuse menant à l'église Sta Maria Assunta (roman pisan, fin XIIe), en gros blocs de schiste taillés vert pâle. Elle serait d'une grande pureté si l'on ne lui avait malencontreusement adjoint un chœur à abside et deux chapelles latérales crépies et sans élégance. Disparue l'unité de la nef unique décorée de sa frise d'arcs et de modillons garnis de masques, têtes humaines ou figures animales stylisées… J'en fais le tour à plusieurs reprise, cherchant en vain une porte ouverte.

Canari-abside-de-l'eglise-Sta-Maria-Assunta-
Canari : abside et chapelle latérale de l'église Sta-Maria-Assunta

Canari-eglise-Sta-Maria-Assunta-XIIeme
Canari : angle et frise de l'église Sta Maria Assunta (XIIe)
Église-Sta-Maria-Assunta de Canari : figures de la
                frise
Église Sta-Maria-Assunta de Canari : figures de la frise

Puis je longe le cimetière voisin, tout encombré de monuments et chapelles funéraires entassés le long des allées courbes, et monte jusqu'au couvent St François, qui abrite un Conservatoire du costume corse… Fermé lui aussi, comme l'église au décor baroque dont le G.V. signale quelques belles peintures. Canari
                  : le cimetière
Canari : le cimetière
Marine-d'Albo
Marine d'Albo
Je reviens au parking en photographiant encore le vaste panorama maritime qui s'étale au delà du village, puis redescends jusqu'à la D80 que je retrouve au dessus de la Marine d'Albo.

Plus large et mieux viabilisée, mais coupée aussi d'épingles à cheveux impressionnantes, elle longe la côte au plus près en offrant des vues saisissantes sur les rochers battus par les vagues en larges rubans blanchâtres, les pentes abruptes où de temps à autre niche un hameau, et les cimes blanchies par la neige des montagnes de la Corse intérieure (massif du Cinto).
Près des ruines de la mine d'amiante maintenant abandonnée dont les bâtiments en escalier coupent la pente au dessus de la route, coup d’œil vers la tour génoise de la Marine d'Albo qui semble presque au ras de l'eau, puis longue plage de sable noir annonçant le roc à pic de Nonza couronné de sa tour. Tour-de-la-Marine-d'Albo
Tour de la Marine d'Albo

Nonza
Nonza planté sur son rocher au dessus de sa plage de sable gris

Approche de Nonza
Approche de Nonza, sa tour et les murs rouges de l'église Ste-Julie

Attiré par la porte ouverte de son église Ste Julie, pour une fois accessible, je m'arrêterai un moment sur la petite place déserte sur laquelle trois homme déchargent un pick-up plein de bois de foyer.

Nonza-eglise-Ste-Julie
Nonza : église Ste-Julie
Nonza nef de l'église Ste-Julie
Nonza: nef de l'église Ste-Julie

Dans l'église au décor peint un peu fané, des statues (dont celle sous chasse de la sainte martyre) mais surtout un beau maitre-autel en marqueterie de marbre polychrome (1694) surmonté d'une jolie statue de N-D-de-Santé d'un blanc éclatant. L'imposante tribune d'orgue a malheureusement perdu ses tuyaux et son buffet est bouché de grands panneaux de contreplaqué...

Nonza : maitre-autel en marqueterie de marbre
Nonza : maitre-autel en marqueterie de marbre
Nonza : Vierge et Enfant sur l'autel
Nonza : Vierge et Enfant sur l'autel

Nonza-vue-sur-la-mer-a-travers-les-maisons
Nonza : vue sur la mer à travers les maisons

Je ne me rendrai pas jusqu'à la tour paoline, aux fortes consonances historiques, reprenant plutôt la route qui s'enfonce maintenant vers l'intérieur dans un environnement plus rural, donc moins acrobatique.

Les vignes apparaissent, c'est le terroir viticole fameux de Patrimonio, dont les caves et boutiques jalonnent la grande rue.

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Patrimonio : l'église St-Martin

Un petit détour me mène au parvis de l'église San Martinu (XVIe, baroque), isolée sur une butte dominant le village. Elle est emmaillotée d'échafaudages qui n'arrivent pas à masquer sa solide architecture robuste et monumentale. Porte fermée, comme d'habitude…
Patrimonio : façade de l'église St-Martin
Patrimonio : façade de l'église St-Martin

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Patrimonio : panorama depuis l'église St-Martin

Ensuite c'est la vive montée de la Serra di Pigno, traversée au col de Teghime qui coupe la grande dorsale du Cap corse. Il donne une vue plongeante sur la baie de Bastia vers laquelle la route très sinueuse descend abruptement.

Impossible d'y trouver un Lidl, apparemment la marque ne se serait pas établie en Corse… je me rabats donc sur un Leclerc où je pêcherai quelques produits manquants dans ma cambuse, puis je repère sur le net un garage vendant du GPL (1,12€ le litre, alors qu'il était à 0,84€ à Nice avant hier, on ne plaisante pas ici !). Au moins ma consommation des 15 derniers jours est-elle très raisonnable : 1,1 l/j.

Il est temps de décider la suite de mon périple que je commencerai par la côte orientale. En avant donc pour un premier tour vers la Casinca, une chaine piémontaise parsemée de villages perchés dominant le littoral sur lequel ils offrent des vues dégagées. Complément de carburant en passant Casamozza (1,64 €/l de gasoil Excellium, le seul disponible chez Total).

Vescova
Vescovato
Puis la petite route commence à grimper et virevolter en suivant l'itinéraire proposé par le G.V. Il grimpe et tombe de buttes en vallons, en traversant les petits bourgs aux rues étroites et alambiquées autour de leur église à haut clocher où s'empilent voutes et arcades. Vue époustouflantes sur la campagne cultivée jusqu'à la mer; à l'horizon les Îles : Elba, la plus grande, mais aussi Capraia et enfin Montecristo que je découvre avec surprise : ce n'est domc pas qu'un titre de roman célèbre… Je passerai ainsi à Vescovato, Vensolasca et escaladerai les longues rampes menant au nid d'aigle de Loreto di Casinca où je parviens en fin d'après-midi.

Vescovato
Centre de Vescovato

L'eau fraiche coule en abondance aux fontaines de ce gros bourg posé sur un terrasse occupée par une belle place carrée plantée de platanes et où trône au sud le gros bâtiment rectangulaire de la Mairie. Loreto-di-Casinca : la Funtanona (fontaine)
Loreto-di-Casinca : la Funtanona (fontaine)

Côté pente, quelques ruelles traversent les vieilles maisons traditionnelles aux toits de lauze en schiste gris-vert, vers l'église (fermée !) et surtout le campanile détaché qui surplombe le très vaste panorama à 180°.

Loreto-di-Casinca-le-village-sur-sa-crete
Loreto-di-Casinca : le village sur sa crête; à gauche le campanile

Une table d'orientation semi-circulaire collée sur le parapet illustre et nomme les éléments du paysage exceptionnel qui résume tout ce que j'ai découvert cet après-midi.

Après une longue observation méditative devant ce point de vue unique, je regagne l'Exsis stationné au bord de la place toute désignée pour recevoir mon bivouac.
Loreto-di-Casinca : belvédère vers le Cap Corse
Loreto-di-Casinca : vue depuis le belvédère du campanile vers le Cap Corse

Penta-di-Casinca depuis Loreto-di-Casinca
Penta-di-Casinca depuis Loreto-di-Casinca

Chargement des photos, correction de mon adaptation du livre des Des Palières, préparation du souper en observant le café en face progressivement abandonné par des clients discutailleurs… La nuit tombe, je ferme les stores et allume le chauffage. J'entame un peu le carnet de bord mais le laisse en plan vers 21:30 pour gagner mon lit.


43 783 Vendredi 31 décembre 2021 : de LORETO-di-CASINCA à TALASANI (60 km)

Loreto-di-Casinca-bivouac-devant-la-place
Loreto-di-Casinca : bivouac devant la place
Endormissement presque immédiat, mais vers 3:30 je suis réveillé : mon estomac semble avoir quelques difficultés avec le confit de canard aux lentilles que je me suis confectionné hier soir… Une décoction de sauge (Aimée m'en a abondamment pourvu) m'aurait peut-être aidé à passer une nuit plus sereine ! Du coup je me rends compte dans le silence presque absolu de la nuit que le compresseur du frigo n'arrête pas de tourner, ce qui n'est certes pas pour économiser la batterie. Je commencerai donc ma journée (vers 8:00, avec le lever du soleil) par un dégivrage en règle de l'appareil. Il faudrait, je crois, y procéder toutes les semaines pour être tranquille.
À 9:30 les rayons du soleil atteignent enfin ma place, et les panneaux solaires ne tardent pas à fournir 6 A/h, puis 8,4 à 10:30. Le ciel est uniformément bleu, la journée s'annonce radieuse. J'achève la rédaction du carnet de route, déjeune et me douche avant d'aller faire un autre tour sur le belvédère du village. Les rues montrent encore plus de caractère sous le grand soleil et le ciel bleu. Loreto-di-Casinca-eglise-Sant'-Andria
Loreto-di-Casinca : église Sant'-Andria

Mais à l'arrivée au belvédère, surprise : une mer de nuages a envahi toute la côte à mes pieds, n'émergent que quelques buttes et les crêtes montagneuses du Cap Corse à l'horizon. Le tableau a son charme, mais il est bien loin de ce que j'attendais.

belvedere de Loreto-di-Casinca
Panoramique à 180°depuis le belvédère de Loreto-di-Casinca

Panorama
                depuis Loreto-di-Casinca
Panorama depuis Loreto-di-Casinca; l'Île d'Elbe émerge de la mer de nuages

Je ne m'attarderai donc pas et rejoins l'Exsis au bord de la place pour entamer la descente vers Castellare-di-Casinca, par les même routes tortueuses empruntées hier. Elles ménagent toujours des vues spectaculaires sur les villages perchés.  Bivouac sur la place de Loreto-di-Casinca
Bivouac sur la place de Loreto-di-Casinc, en face de la Mairie

Loreto-di-Casinca-depuis-la-route
Loreto-di-Casinca depuis la route

Sorbo-Ocagnano
Sorbo-Ocagnano

À Penta-di-Casinca, village classé, le stationnement des visiteurs se trouve dans la cour de la mairie, au bout d'un raidillon que ne doivent guère apprécier les chauffeurs de camping-car standard ! Exsis s'y attelle bravement et je le laisse face au soleil, histoire de remonter ma batterie descendue à 70% cette nuit.

Puis j'enfile la rue principale qui serpente légèrement sur la crête qu'occupe le village. De grosses maisons à étages en fort bel état bordent la chaussée étroite, pavée de dalles de pierre gris-vert. Voilà qui donne une bonne idée de l'opulence de la région lorsque l'agriculture est venue s'ajouter aux autres ressources des habitants.
Penta-di-Casinca : église St-Michel au bord de la
                  rue centrale
Penta-di-Casinca : église St-Michel au bord de la rue centrale
Belvédère de Penta-di-Casinca
Belvédère de Penta-di-Casinca : la plaine dans le nuage
Je gagne ainsi le belvédère sur la plaine derrière une arcade au bout de la rue, mais de vue point, la brume a maintenant tout recouvert, et elle continue d'envahir progressivement les pentes.
En regagnant l'Exsis dans l'air qui s'épaissit, petit tour à l'intérieur de l'église dont je vois la porte ouverte. Derrière la façade XVIIIe en pierres brutes non crépies, au dessin baroque classique, des restaurations bienvenues ont déjà reblanchi le plafond et redonné leur lustre à plusieurs statues et fresques typiques de l'époque. Mais beaucoup reste à faire… Une affiche à la sortie invite à participer au Comité ad hoc ! Penta-di-Casinca- : voute du choeur de l'église
                  St-Michel
Penta-di-Casinca- : voute du chœur de l'église St-Michel

Je mange rapidement une salade avant de poursuivre ma descente vers la côte. Disparus le soleil et sa chaleur, dorénavant c'est l'alternateur qui achèvera de remplir la batterie !

Castelllare-di-Casinca-San-Pancrazio
Castelllare-di-Casinca : San-Pancrazio
Je découvre San Pancrasio au moment de retrouver la nationale T10 très fréquentée. Cette petite église de pierre du IXe, très austère et sans aucun décor extérieur, est parfaitement restaurée quant à elle.

Son intérieur, original avec ses deux nefs bout à bout reliées par une arcade me serait resté inconnu si le curé venu prendre une chasuble dans la sacristie n'avait ouvert la porte; j'entre à sa suite. Voyant mon intérêt, aimablement il allume quelques minutes les projecteurs qui mettent pleinement en valeur le décor peint du chœur. Je suis ébloui, les fresques - recréées récemment - vibrent sur le fond blanc des voutes.

Fin de ce premier itinéraire «La Casinca» du G.V.  Michelin.

Castelllare-di-Casinca : choeur de San-Pancrazio
Castelllare-di-Casinca : chœur de San-Pancrazio

Consultant alors le Guide, je décide de poursuivre ma descente vers le sud en empruntant l'itinéraire «La Costa Verde par la corniche». Je remonterai ensuite par l'intérieur vers Corte en suivant d'autres trajets conseillés.

Mon plan commence mal, car une fois sur la T10 qui semble filer toute seule après les routes tournicotantes empruntées les derniers jours, je parcours une trentaine de km inutiles avant de m'apercevoir de mon erreur, parcours par ailleurs sans aucun intérêt… Vers Moriani Plage, demi tour et retour en arrière jusqu'au carrefour avec la D230, un peu en dessous de Folelli. Là je retrouve la route étroite et sinueuse qui monte lentement dans les hauteurs. Avec son lot de brouillard caractéristique de la journée, pas de grands panoramas, mais une ambiance de plus en plus fantomatique au fur et à mesure de la descente du jour. Passant Isolaccio (rien à signaler), je parviens à un carrefour perdu dans les arbres et le brouillard où un quidam m'indique le site de la très ancienne chapelle romane San Petru (VIIe).

Quelques centaines de mètres à pied à travers bois et fougères, et j'y suis : rien de bien notable, à part l'ancienneté de l'unique salle sous charpente apparente sans aucun décor, le tout visible à travers la grille qui en ferme l'entrée.


Talasani : nef de la chapelle San-Petru
Talasani : nef de la chapelle San-Petru
Talasani-chapelle-San-Petru
Talasani : chapelle San-Petru
En revanche l'ambiance étrange du chemin vaut la petite balade : lumière glauque, aboiement d'un chien au loin et tintement solitaire d'une cloche dans le brouillard, grosse pierre à l'allure monstrueuse au bord du sentier...

Chapelle San-Petru : le monstre au biord du chemin
Chemin de la chapelle San-Petru : le monstre de pierre à demi-caché derrière les buissons

Je retrouve bientôt mon home laissé à l'entrée du chemin et décide d'aller poser mes pénates dans le prochain patelin présentant un espace convenable à l'écart de la route.

Ce sera dans le village de Talasani (moins de 50 habitants…) sur le stationnement à côté du cimetière. Quelques voitures passent puis ce sera le silence. Je ferme vite les stores pour conserver au maximum la chaleur à l'intérieur de l'Exsis et rédige le carnet de route. Long appel Facetime de Juliette depuis le chalet de Shefford où la petite famille accueille Monique pour le réveillon. La terrasse est couverte de neige, Hermione lit et Gabriel joue aux cartes… tandis que leurs parents s'apprêtent à plonger dans le spa ! Les nouvelles de la pandémie au Québec ne sont pas bonnes, avec un taux de contagion qui a grimpé en flèche ; en revanche beaucoup de positifs aux tests restent a-symptomatiques, et ne sont pratiquement hospitalisés que des non-vaccinés… La rentrée scolaire de janvier se fera en télé-enseignement pour la première semaine, au moins tel que prévu actuellement.

À partir de 18:30 je prépare mon souper qui sera mon réveillon d'entrée dans la nouvelle année 2022. En souhaitant qu'elle voie la fin de cette maudite pandémie, l'heureuse conclusion des soucis judiciaires avec la belle-famille, et nous conserve en santé ! Amen !


43 843 Samedi 1er  janvier 2022 : de TALASANI à FELCE (67 km)

Talasani-bivouac-pres-du-cimetiere
Talasani : bivouac près du cimetière
À 22:30 j'étais au lit, sans autre cérémonie et ai vaguement entendu quelque temps après le tir de modestes feux d'artifice. Puis le grand silence de la montagne…

Lever à 6:45 alors qu'il fait encore nuit; le ciel apparait encore très nuageux au levers du jour et le restera toute la journée. J'aurai eu le temps de corriger encore une cinquantaine de pages du livre de Des Palières avant de déjeuner, de me doucher et de prendre la route.

Je constate alors que l'Exsis semble pencher à droite, et que la roue arrière droite est significativement affaissée… Problème de suspension (y compris amortisseur ?) amplifié par les incessants dos d'âne dont sont farcis les routes françaises et donc corses ? Je suis embêté car je ne sais à qui m'adresser ici pour obtenir un avis, et voudrait bien attendre d'être à Caen pour faire remédier au problème. Je tâcherai de faire durer jusque là.

La route continue d'être très étroite et sinueuse en dominant la côte, longeant les vallons et franchissant les torrents qui dévalent de la montagne, comme au Pont de l'Enfer (jolie baignade… en été !). De temps à autre la vue se dégage vers la mer, et les villages accrochés à la pente se succèdent comme Sta Lucia de Moriani où je m'arrête quelques minutes pour faire le tour de la petite église précédant le bourg.

Innombrables virages encore, et j'arrive à San Nicolao où, au détour des ruelles bordées de grosses maisons de pierre, je cherche l'église. Introuvable, et pour cause : elle se trouve à mi-pente au-dessous du village. Je capterai son élégante silhouette sous plusieurs angles, au fur et à mesure de ma descente vers le sud.
San-Nicolao : l'église sous le village et-la
                  côte
 San-Nicolao : l'église sous le village et la côte

Eglise-de-San-Nicolao
L'église de San-Nicolao


Un peu plus loin j'aborde la Corniche de la Castagniccia, voie encore plus étroite si possible, et région plus sauvage, comme autour de la haute cascade de l'Ucelline où l'eau est malheureusement trop rare.
 Cascade-de-l'Ucelline
Cascade de l'Ucelline
Cervione : facade de la cathédrale XVIIeme
Cervione : façade de la cathédrale St-Érasme (XVIIe)

C'est alors la petite ville de Cervione qui s'annonce, dont les maisons s'agglutinent autour de sa cathédrale St-Érasme, du XVIIe. Laissant l'Exsis le long de la départementale un peu plus large, je grimpe à travers les ruelles très raides jusqu'à sa façade jaune un peu raide.

La porte ouverte invite à découvrir sa nef assez sombre dont le décor fin XVIIe à début XIXe me semble plutôt défraichi. Les fresques sont peu lisibles, et les quelques statues intéressantes abîmées. Il y règne néanmoins une atmosphère de grande religiosité, datant d'un autre siècle, apparemment sans relève actuelle. Cervione-cathedrale-XVIIeme-nef-et-choeur
Nef et chœur de la cathédrale de Cervione (XVIIe)

Cervione-cathedrale-XVIIeme-St-Erasme-patron-des-marins
St-Érasme, patron des marins, auquel est dédiée la cathédrale
St-Erasme-patron-des-marins
St-Érasme, patron des marins
Cervione-cathedrale-XVIIeme-creche-et-ses-santons-corses
Crèche de la cathédrale de Cervione et ses santons corses
 Seule la grande crèche décorée d'une maquette de la cathédrale et de quelques maisons typiques derrière une ribambelle de santons corses m'accroche vraiment…
Une dernière descente assez raide dans la campagne et je rejoins la grande T10 qui dessert la côte. (Ici les «Nationales» ont été converties en «Territoriales»…) J'y fais quelques kilomètres jusqu'à trouver un chemin perpendiculaire qui mène à une plage (Restaurant Theresa, fermé donc super tranquille). J'y prépare mon lunch et fais quelques pas sur le sable, puis prends une pause en consultant le guide pour décider de la suite de mon périple. Plage-au-dessus-du-phare-d'Alistro
Plage au nord du phare d'Alistro
Sur-la-D71-en-remontant-vers-Cervione
Sur la D71 en remontant vers Cervione
Finie la Costa Verde (en soit peu intéressante car trop «touristique» i.e. commerciale), je ferai maintenant une incursion dans la Castagniccia en suivant à rebours l'itinéraire vert qui traverse le Parc naturel régional corse jusqu'à Ponte Leccia, avant de redescendre sur Corte. Région montagneuse et boisée, qui devrait ménager des paysages sauvages et spectaculaires comme je les aime.
L'itinéraire du G.V. aboutit à Prunete que je gagne rapidement par la T10, puis je remonte à Cervione que je traverse pour m'engager sur la D71. Cervione
Cervione
En-vue-du-couvent-d'Alesani
En vue du couvent d'Alesani
La route est large et bien tracée pour une route de montagne, et les paysages sauvages attendus bien présents. Elle suit d'abord le cours de l'Alesani, contourne de haut son lac de barrage puis fait un détour vers le couvent d'Alesani dont on aperçoit de loin la silhouette élégante à flanc de colline de l'autre côté de la vallée. Petite route d'accès très raide rendue glissante par l'humidité, je dois m'y prendre à plusieurs reprises pour franchir certains passages très raides… Enfin j'atteins la clôture du couvent - fermé bien entendu. Je devrai me contenter de quelques photos extérieures, de près puis de plus loin, en revenant prendre la route principale. 
 
Couvent-d'Alesani
Le couvent d'Alesani

Sur le chemin rural du retour je croise plusieurs groupe de cochons noir ou bruns qui fouinent dans la bermes ou sous les bois à la recherche de glands, de châtaignes et autres friandises. Truie sur la route d'Alesani
Truie sur la route d'Alesani
Felce : nef de l'église
Felce : nef de l'église
Encore quelques kilomètres de virages dans la lumière qui descend et je suis à Felce dont la petite église juchée en haut du village possèderait des «fresques naïves d'une grande fraicheur » (G.V.). Je mène l'Exsis au bout du chemin montant et stationne sur la petite place en avant. Hélas, encore une fois le bâtiment est fermé. Mais un passant qui me voit sonder la porte me hèle « Attendez, je vais appeler pour vous obtenir la clé ! » Ce qu'il fait aussitôt et quelques minutes plus tard sa sœur arrive la clef du portail à la main.

Lorsque je le franchis à leur suite je suis émerveillé par le décor aux couleurs franches qui couvre la totalité des murs et du plafond. Malheureusement l'humidité montant du sol et l'aération insuffisante, maintenant que l'église n'est plus guère utilisée, font qu'il a fallu faire subir une restauration majeure à la bâtisse. Les travaux sont toujours en cours, sur le pavage débarrassé de ses bancs trainent les outils et équipements des artisans. Malgré l'absence d'éclairage je tente quelques clichés qui donneront une idée de la qualité du décor…
Felce-plafond-de-l'eglise
Felce : la voûte devant le choeur
Felce : voute de l'égise
Felce : voûte de la nef de l'église

En sortant, longue discussion avec l'homme qui m'a permis cette visite inespérée. Corse et natif du village, éleveur de chèvres et fromager, il m'expose toutes les frustrations qu'entraine pour lui et ses semblables la «colonisation» du pays par des continentaux de toutes nationalités (à commencer par des résidents français). Ceux-ci créent toutes sortes d'affaires ici, achètent à prix fort les terres agricoles, bâtissent hôtels, restaurants et résidences, agressent la nature fragile et encore préservée jusqu'ici. Pire, leur mercantilisme dénature complètement la mentalité très communautaire des Corses «pure laine». Il me dit aussi sa déception de voir les autorités négliger les revendications culturelles et autres des autochtones, tout en laissant la maffia noyauter la société civile…

Le crépuscule descend et avec lui l'humidité, je n'irai pas plus loin ce soir et m'installe sur l'étroit parking à l'ombre de l'église. Plein d'eau sur un robinet providentiel, puis stores vite baissés j'entame tôt ma veillée : chargement des photos sur l'ordi, souper, rédaction du carnet, tout en activant le chauffage car la température semble grandement baisser. Ce que me confirme Gilles lorsqu'il m'appelle longuement pour prendre des nouvelles et me souhaiter la nouvelle année. Silence total dans mon bled reculé, je devrais bien dormir ici !


43 910 Dimanche 2 janvier 2022 : de FELCE à SALICETO (84 km)

Réveil à 6:45 après une nuit des plus tranquilles; j'attends le lever du jour en avançant ma relecture de Quatre enfants et un rêve, puis déjeune et me douche dans un environnement toujours aussi brumeux… À quand le soleil ? La route continue de zigoner en gagnant vers le nord-ouest à travers les montagnes dont les hauteurs demeurent invisibles. Je saute le sentier de découverte menant aux ruines de San Martinu, chapelle du XIe et à d'autres points de vue sur la région, car trop long (3 heures), trop froid et trop peu de lumière.

Carcheto-eglise-Ste-Marguerite
Carcheto : l'église Ste-Marguerite

Je fais quand même le petit détour pour aller admirer le clocher ajouré monumental et la façade joliment architecturé de l'église Ste-Marguerite (XVIIe et XVIIIe) à Carcheto : mais ses fresques « vive et naïves» et son riche mobilier me resteront cachés derrière la porte close…
Carcheto-eglise-Ste-Marguerite
Carcheto : l'église Ste-Marguerite

Ruines du
                  Couvent d'Orezza
Ruines du Couvent d'Orezza

Je traverse Piedicroce sans m'arrêter puisque les trésors de son église St Pierre et St Paul me seront semblablement inatteignables. En revanche je prend le temps de faire le tour les ruines du couvent d'Orezza dont un grand panneau conte l'histoire et explique son importance identitaire pour les Corses.

Couvent
                d'Orezza
Couvent d'Orezza : ruine de chapelle latérale 

Couvent
              d'Orezza


Dernier arrêt enfin à La Porta, attiré par la belle façade baroque de la grande église.


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La Porta : église St-Jean-Baptiste



La-Porta-eglise-St-Jean-Baptiste-facade
La Porta : façade de l'église St-Jean-Baptiste
La-Porta-nef-de-l'eglise-St-Jean-Baptiste
La Porta : nef de l'église St-Jean-Baptiste
Voute du choeur de l'église St-Jean-Baptiste
Voûte du chœur de l'église St-Jean-Baptiste
Cette fois j'ai la chance de pouvoir la visiter, et particulièrement d'admirer de près (j'ai emprunter le petit escalier de pierre à travers le mur qui grimpe à la tribune) son orgue de 1780 sauvé par le commissaire de la Révolution chargé de la démolition du couvent où il se trouvait. Il a voulu en faire cadeau à la paroisse d'où originait son épouse…
La-Porta-orgue de l'eglise-St-Jean-Baptiste
La Porta : orgue de l'église St-Jean-Baptiste (1780)
Crucifix XVIIe dans l'église de La Porta
Crucifix XVIIe dans l'église de La Porta
J'y remarque aussi un beau Christ en bois peint du XVIIe.
La route continue de tournicoter à travers les châtaigniers en montant vers le col de Prato que je franchirai dans un brouillard diffus. Chataigneraie

Après le col, la route descend continument en une suite incessante de virages jusqu'à Ponte Leccia où je complète mon réservoir de gasoil (1,618€ le litre). Heureusement je n'ai consommé que 27 litres depuis Bastia, soit 12,85 l/100. Pas mal pour de la route de montagne ! Quelques kilomètres sur la grande T10 (N193) , et je bifurque sur une autre petite route (D39) qui tournicote en montant dans les bois et en longeant le cours torrentueux de la Casaluna. Premier arrêt pour grimper la rampe bétonnée menant à la chapelle San Pantaleone où j'espère trouver un espace pour poser mon bivouac. La porte en est bien entendu fermée (adieu les fresques !) et le stationnement absent entre les tombes qui entourent le petit bâtiment rectangulaire des plus sobres.

Saliceto-bivouac
Bivouac à Saliceto
Je renonce donc et, dans le crépuscule, continue de monter jusqu'au village de Saliceto où un petit parking (obligatoire !) juste avant les ruelles du hameau m'offre enfin l'étape à laquelle j'aspire.

Il est 17:15 et la nuit toute proche. Manœuvrant un peu pour trouver un espace à peu près plat je coupe le contact, descends les stores et allume le chauffage. Avec la nuit le froid humide est tombé, et je me préparerai une soupe pour me réchauffer avant de veiller brièvement et de me coucher tôt.


43 994 Lundi 3 janvier 2022 : de SALICETO à CORTE (163 km)

Levé dès 6:45, je reste préoccupé par l'affaissement du train arrière de l'Exsis sur son côté droit et décide de consulter dès que possible un garage à Corte ou sinon à Ajaccio dont je ne suis pas très éloigné.

Je coupe donc court à cette dernière excursion dans la Castigniccia, démarre dès 7:00 pour rattraper au plus court la nationale-territoriale. Le ciel a l'air de se dégager et la lumière s'intensifie lorsque je prends ma douche et mon déjeuner près du pont interrompu de la D39 sur la Casaluna.
Mer-de-nuages--vers-Borgo
Mer de nuages vers Borgo

San-Lorenzo au lever du soleil
San-Lorenzo au lever du soleil
En longeant le cours torrentueux de la Casaluna
En longeant le cours torrentueux de la Casaluna

Corte-vieille-ville-et-citadelle
Corte : vieille ville et citadelle
Puis c'est une quinzaine de km rapides jusqu'à Corte. Coup d’œil et photo sur la fameuse citadelle sur son rocher, puis traversée de la ville sans apercevoir de garage Fiat, Peugeot ou Citroën susceptible de bien connaitre mon châssis.

Cinq km plus loin c'est une enseigne Peugeot qui s'annonce. Accueil coopératif du patron Éric qui me fait attendre la libération du pont pour poser un diagnostic. Celui-ci tombe, évident : la lame de ressort arrière droit est brisée en plein milieu, il faut la remplacer. Pas de danger à court terme, les deux sections avant et arrière sont coincées et ne peuvent sortir de leur logement, sauf improbable stress… et la caisse repose sur la butée en caoutchouc.
 
Dans son bureau il se met à la recherche de la pièce identifiée à partir du certificat d'immatriculation. Fiat en a une en stock (en France…, il faut la faire venir) au prix exorbitant de 1 000 € HT !

Pas de réponse du côté de Peugeot ni Citroën, faute d'identification du modèle de lame dans ces marques. Reste les casses, improbables, mais on peut toujours essayer. Il m'indique 3 adresses à Bastia (1 h 15 heure de route).

Je reprends immédiatement la T20 vers le nord, déjeune en route et suis à 13:30 devant la première boutique : Allo Casse Auto, en bordure de la 4 voies à l'entrée de Bastia. Cette enseigne est très bien cotée sur Google où j'ai cherché l'adresse. Le magasinier arrive à 13:45, je m'explique, il vérifie qu'il a bien un Ducato 2003 dans la cour à scrape, et ses lames sont semblables, m'affirme-t-il. Reste à les démonter… « Ça va prendre une petite heure …» m'annonce le mécanicien. Pas de problème, si cette solution peut me tirer d'affaire sans plus de délai et à un coût raisonnable !

J'ai le temps de retourner dans l'Exsis lire mon courrier et plusieurs article de L'Actualité (la Covid 19 fait des ravages dans toutes les Provinces du Canada…) avant de récupérer la lame démontée sur le comptoir du magasin… Certes elle est un peu rouillée (en surface) mais pour 100 €, je ne ferai pas le difficile !

Il ne me reste plus qu'à retourner à Corte auprès de mon garagiste et lui demander de la mettre en place dès que possible. Une heure plus tard, coucou me revoilà ! L'atelier est plein, les voitures en attente de service encombrent la cour, mais l'artisan sort son planing - du moins ce qui en tient lieu… - et me propose de procéder au montage demain matin dès l'ouverture à 8:00. Je ne peux que le remercier de sa célérité, en souhaitant que la pièce convienne effectivement, et le quitte dans le soir qui descend pour tâcher de trouver un parking à proximité.

Corte-Exsis-devant-el-garage-Peugeot-de-la-Citadelle
Corte : Exsis penché devant le garage Peugeot de la Citadelle

Le centre de la ville de Corte étant évidemment bondé et l'espace plus que limité, je m'en éloigne un peu sur la D18, et trouve à me caser sur une placette dans un grand virage derrière une station service et devant les bureaux de l'Office National des Forêts que les employés ne tardent pas à quitter. La circulation est encore importante tandis que je commence à préparer mon souper (le reste des endives non encore braisées, avec fromage à raclette et du jambon cru trouvé au Leclerc de Vence; ça devrait être gouteux !). À partir de 18:30 le trafic diminue enfin, j'espère qu'il sera suffisamment ténu cette nuit pour ne pas gêner mon sommeil.


44 157 Mardi 4 janvier 2022 : de CORTE à ALERIA (64 km)

Soleil levant sur la haute ville de Corte
Soleil levant sur la haute ville de Corte en me rendant au garage
Au garage à 8:00 comme prévu après une nuit en fin de compte paisible, je passerai la matinée près de mon mécano qui rencontre bien des difficultés à démonter la lame de ressort brisée : le boitier de la marche empêche d'accéder au boulon placé à son extrémité avant, si bien qu'il devra s'acharner pour le décrocher et arriver enfin à mettre en place la nouvelle lame achetée hier.

En attendant je gèle car le soleil présent à mon lever a disparu derrière les nuages, et le froid des montagnes s'avère très présent dans ces locaux largement aérés : il y fait un petit 10° … Faute de salle d'attente chauffée, je dois finalement me réfugier dans l'habitacle où j'ai lancé le chauffage, tandis que j'entends sous mes pieds le mécanicien s'escrimer sur les vis et boulons. J'y déjeunerai également durant la longue pause de midi, attendant enfermé dans le garage vide le retour des mécaniciens partis se restaurer. J'aurai aussi le temps de lire les derniers articles de l'Actualité, avant que le travail reprenne et que je sorte de ma tanière où je me suis tenu au chaud.

Corte-brisure-de-la-lame
Brisure de la lame de suspension. Celle de la partie gauche est récente, celle de droite plus ancienne

Mon mécanicien s'appliquera encore près de deux heures à ajuster la tête de la lame juste un petit peu trop large, puis à redresser le support tordu, puis à tout remettre en place y compris le marchepied dont les vis rouillées lui donnent bien du fil à retordre. Au bout du compte une lame usagée mais en bon état remplace la brisée. Pourtant l'habitacle de l'Exsis n'a pas vraiment retrouvé sa verticalité… Soit la « nouvelle » lame a perdu de sa vigueur, soit elle n'a pas le même trempage ou épaisseur que les lames mises en place par Fiat. Il y aurait toujours la possibilité d'ajouter des renforts ballons pneumatiques ajustables, comme je l'ai fait sur le ProMaster, pour soulager les lames et rétablir l'assiette. On verra si je peux en trouver à un prix raisonnable et si le besoin s'en fait vraiment sentir après une période de rodage.

Ce n'est que vers 16:15 que je quitte le Garage de la Citadelle, pas fâché d'avoir réussi à contrer cette avarie et de m'en tirer à si bon compte (490 € quand même, avec la lame d'occasion).

L'après-midi tire à sa fin et je décide aussitôt de gagner Aléria, à 48 km sur la côte est, où j'aimerais visiter le site du port antique et son musée. J'aurai juste le temps d'y arriver avant la nuit, en empruntant la route de vallée qui descend en sinuant le long du Tavignano, un torrent qui s'enfle progressivement jusqu'à devenir une rivière respectable et tranquille à son embouchure. Après un bref arrêt au «centre ville» pour prendre un pain chez Leclerc, je gagne aussitôt le bord de la mer à peu près désert.

Aleria-bivouac-devant-la-plage-de-Padulane
Aleria : bivouac devant la plage de Padulone

Mon bivouac aura les roues juste devant le sable, sur le vaste stationnement vide d'un restaurant fermé devant la plage de Padulone.

Aucune circulation, seul le roulement du ressac à quelques mètres remplit l'espace sonore. Préparation du souper, long appel de Monique qui n'arrive pas à brancher son ordi sur mon moniteur (elle abandonne son bureau où elle a trop froid…) et demande mon aide. Je me coucherai tôt après rédaction du carnet et lecture des pages du G.V. consacrées au site antique.


Janvier 2022 : Corse 2

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