38 446 Mercredi 26 août 2020 : de MONTRÉAL à NORTH BAY
(565 km)
Outremont : ProMaster au départ
Départ de la maison en milieu de matinée, après une
communication FaceTime avec Édouard qui se remet lentement de
son hémorragie dans le Centre de réadaptation de Redon. Vers
10:30 je m'ébranle enfin, après quelques menus bricolages à
l'intention de Monique et les chargements de dernières minute
(épicerie, outils et fer à souder pour connecter mon nouveau
système de radio)… Nous devrions nous revoir dans un mois
lorsque j'aurai fini mon grand tour, sans savoir jusqu'où je me
rendrai, et en lui promettant de l'appeler régulièrement pour
lui donner des nouvelles.
Je commence par faire un tour au supermarché
Metro pour y quérir carottes et mayonnaise destinés à la
salade, puis je gagne le Marché Central, d'abord pour me
procurer un tube de silicone transparent. Il me permettra
d'achever d'étanchéifier le bac de la douche dont j'ai dû
remplacer un parement en Mondo qui fuyait et qui avait
commencé à tacher le bois de la cloison. Je passe aussi
au magasin de la SAQ faire le plein des bonnes bouteilles de
vin d'un litre qui me permettront d'agréables libations le
soir à l'étape. Six bouteilles, provision suffisante je
l'espère, devraient me permettre d'éviter largement le régime
sec jusqu'à mon retour. Elles vont prendre place bien rangées
dans le panier ad hoc en soute arrière sous la banquette.
Il fait très beau, de petits nuages effilochés venant du nord
parcourent le ciel bleu et sec, la température est donc assez
fraîche (19°), tout-à-fait ce qu'il faut pour rendre la route
agréable. Je jette rapidement un coup d’œil sur la carte du
Canada; la route la plus directe pour Calgary me semble passer
par le rivage nord lac Supérieur, je commencerai donc par
gagner Subdbury où je profiterai peut-être de 2 expositions
reliées aux mines d'or et d'argent qui ont fait la célébrité
de la région. Le GPS me suggère de passer par Ottawa, j'enfile
donc sans délai l'autoroute 40 qui file, assez peu chargée, à
travers des terres plutôt plates et intensivement
cultivées. La A40 se mue en Highway 412 en passant la
frontière ontarienne peu après Rigaud, sans qu'on puisse
percevoir aucune discontinuité en terme de paysage, sinon
l'irruption de quelques boisés à travers le tissus labouré
assez dense. Plein de carburant sur la première station en
bord d'autoroute où la facture sera sensiblement moins élevée
qu'à Montréal (0,975 le litre); je profite de l'arrêt pour me
restaurer et reprends la direction de la capitale nationale.
Deux heures et demie plus tard le GPS me fait
contourner le centre d'Ottawa annoncé comme un énorme
agglomération d'un million d'habitants. Je retrouve la
Transcanadienne dans sa branche nord, d'abord Hwy 417 à
2 x 2 belles voies séparées, mais qui se mue bientôt en large
nationale parfaitement redressée où l'on file sans problème ni
bouchon entre 100 et 110 km/h. La branche Sud, la Hwy 416,
mène à Toronto.
La traversée de cette portion du Bouclier canadien s'avère
fort longue et un peu monotone, puisque la forêt, presque
partout présente, s'entrouvre seulement de temps à autre pour
donner accès à des lacs, plus ou moins grands, mais toujours
un peu semblables, sans que le relief aille au delà de
quelques ondulations où le rocher affleure.
Sur le Hwy 117 à travers le Bouclier
canadien
Le soir descend lentement, le ciel se couvre un peu, la
température elle aussi diminue à 15° puis 13° lorsque le soleil
se couche. Je finis par atteindre la petite ville de North Bay,
au bord du long lac Nipissing. J'y ferai le plein demain matin,
après y avoir dormi. Je commence donc par chercher un espace
vert sur le GPS, en découvre un au bord de l'eau et m'y dirige
aussitôt.
North Bay : ProMaster au bivouac devant le
Lac Nipissing
C'est une petite plage adossée à un parc de jeu grand comme 2
terrains de foot-ball qui m'isolera du bruit de la circulation,
assez ténue de toute façon. Dans le jour qui s'évanouit je
prends quelques photos de la bande de bernaches qui se
chamaillent sur la plage qu'elles ont colonisée.
North Bay : bernaches sur le plage du Lac
Nipissing
Puis je soupe, applique le silicone sur les joints de la douche
et rédige le carnet de bord. Extinction des feux à 21:45, en
espérant être assez en forme et reposé demain matin pour
décoller tôt.
39 011 Jeudi 27 août 2020 : de NORTH BAY à Route 17, à 90 km
au N-O de Sault-Ste-Marie, rivage du Lac Supérieur (573
km)
Réveil passé 7:00 dans le grand calme et décollage vers 8:15,
sous une pluie fine qui durera presque toute la matinée. La vue
sur le lac est évidemment décevante, aussi je ne m'attarde pas
et repère grâce à l'App Gasbuddy, sur la route 17 qui se
poursuit plein ouest en direction de Sudbury, une station
d'essence où je pourrai faire le plein à bon prix. Effectivement
il s'agit là d'une vaste réserve d'Assiniboines où le carburant
est, comme dans toutes les réserves amérindiennes du Canada, en
partie détaxé (1,017 $ le l.). La longue route à travers forêt
assez peu dense et semée de minuscules villages sans caractère
se poursuit, je roule peinard à 90 km/h (la limite autorisée…)
en me faisant régulièrement doubler par quantité de pick-up
(décidément la voiture la plus commune en Amérique du Nord !) et
parfois par de gros et très longs camions (56 pieds, soit plus
de 18 m) qui filent derrière leur gros moteur ronflant.
À 10:30 j'arrive à Sudbury qui fait figure de grosse ville dans
ce contexte quasi semi-désertique; les maisons et autres
immeubles y sont plutôt espacés, mais la circulation y est
intense et rapide. Pause café sur le stationnement du Hilton
Garden Inn, puis recherche du Science North, le musée des
sciences auquel Michelin accorde *** «Vaut le détour».
Sudbury : silhouette de Science North
Le bâtiment a belle allure lorsque je stationne dans le parc qui
l'entoure, mais je suis fort désappointé lorsque l'hôtesse
m'annonce qu'elle ne peut me vendre de billet, le quota de 500
visiteurs par jour ayant déjà été atteint. Maudit Covid ! Je
songe alors à l'annexe consacrée à la géologie et aux mines de
cette régions très riche : Dynamic Earth, mais là c'est
carrément toute la bâtisse, elle aussi intéressante et bien
située au-dessus de la ville, à deux pas de l'énorme usine de
traitement du minerai (nickel entre autres), qui est fermée ! Je
m'arrête néanmoins dans son parc, fais quelques photos du site
et de la grande pièce de monnaie (un « nickel» - 10 cts - bien
sûr !) de 9 mètres de diamètre qui décore le jardin, puis
reprends ma route vers l'ouest.
Sudbury : ProMaster devant Dynamic Earth et
Big Nickel
Dynamic Earth : Big Nickel et le rocher du
Bouclier canadien buriné par les glaciations
Elle me semble fort longue et monotone, puisque ce sont les
mêmes paysages de forêts entrecoupées de vagues cultures et
d'une infinité de lacs qui se poursuivent plein ouest sur
presque une centaine de km, jusqu'aux environs de Massey.
Premier coup d’œil sur le Lac Huron
Je touche enfin aux bords du Lac Huron dont je longerai la rive
rocheuse jusqu'à Sault-Ste-Marie, avec une petite étape pour
jouir du calme serein de la bourgade de Thessalon agréablement
située sur une petite avancée dans le lac. Le ciel s'est
suffisamment éclairci pour que le soleil finisse par apparaître,
entouré de grands pans de ciel bleu qui donnent un peu de gaieté
au paysage par ailleurs assez rude, la roche grise et brun clair
perçant partout le sol herbeux parsemé de fleurs sauvages.
Le Lac Huron depuis le
rivage de Thessalon
Après ces immensités désertes et ces hameaux épars,
Sault-Ste-Marie donne l'impression d'une vraie ville avec ses
avenues périphériques commerçantes et tapageuses, ses bâtiments
administratifs modernes et ses quelques vieilles rues du centre
ville présentant encore une poignée de vitrines à l'ancienne. Un
beau parc linaire longe le détroit entre le Lac Supérieur et le
Lac Huron, là où de vastes rapides offraient autrefois une beau
territoire de pêche aux Amérindiens. Je m'y promène quelques
minutes, puis gagne un peu au dessus le site où les Européens
construisirent successivement des écluses de plus en plus vastes
pour permettre la navigation de leurs gros navire (paquebots de
passagers et vraquiers). Ne sont plus fonctionnelles, dans le
cadre de la Voie maritime, que celles se situant du côté
américain, puisque nous sommes à la frontière avec le Michigan.
En revanche Parcs Canada conserve les deux écluses édifiées du
côté canadien; la toute première, très modeste et en bois,
construite par la Cie du Nord-Ouest en 1798 a été reconstituée
près de la centrale électrique qui récupère l'énorme quantité
d'eau - et donc d'énergie - transitant entre ces deux grands
lacs. Beau témoignage de l'ingéniosité de nos ancêtres à une
époque (fin XVIIIème) où les ressources et la technologie
étaient encore limités.
L'écluse de la Compagnie du Nord Ouest (1798)
La seconde, construite avec des moyens beaucoup plus
considérables un siècle plus tard, était alors la plus longue du
monde, ne sert plus qu'à la navigation de plaisance, mais elle
eut un rôle considérable dans le développement de l'Ouest
canadien. Elle a été reconvertie en 1998 suite à un incident
majeur trop coûteux à réparer. C'est Parcs Canada qui gère
maintenant le site et qui expose, avec une emphase justifiée, la
hardiesse et l'innovation présentées par l'ouvrage.
Porte inférieure de
l'écluse canadienne, côté Lac Huron
Belle architectures de granit rouge pour les bâtiments de
service des éclusiers, de l'administration - importante
pour ce maillon vital de l'économie du pays - et pour la
luxueuse résidence du directeur, fonctionnaire fédéral et
personnage éminent de l'élite locale.
Sault-Ste-Marie : maison du directeur des
écluses
J'y admire aussi l'ingéniosité déployée pour concevoir,
construire et utiliser un pont-barrage de secours mobile
situé en amont de l'écluse, mis en place en cas de défectuosité
de l'écluse, dispositif remarquable bien conservé et qui servit
une fois après qu'un accident de navigation ait détruit une
porte de l'écluse.
Sault-Ste-Marie : le pont barrage de
secours en attente au bord du canal
Après cette longue pause pédestre - le site est vaste -
délassante pour le chauffeur et stimulante pour sa curiosité
face à l'histoire des technologies (ou de l'ingéniosité
humaine…), je reprends la route en commençant par
rechercher la meilleure station pour refaire le plein avant ma
longue étape à venir vers Thunder Bay, à plus de 600 km.
Navigant entre l'App Gazbudy et le GPS, je finis par me tirer
d'affaire et rejoins la suite de la Route 17 qui rattrape
bientôt le rivage nord du Lac Supérieur. La chaussée est large,
bien redressée et sa surface généralement en bon état, si bien
que je file mon petit train régulier à 90 km/h, respectant la
limite de vitesse et gardant une consommation raisonnable qui me
permettra peut-être d'atteindre Thunder Bay pour y refaire le
plein.
Le ciel s'assombrit doucement, de plus en plus ennuagé, mais
laissant quand même percer quelques coulées d'or sur l'immense
étendue d'eau devant moi et sur la gauche.
Sur la Hwy 17, le long du Lac Supérieur
Longeant le grand lac en sinuant entre forêt et rivage rocheux,
je parcours ainsi près d'une centaine de km, guettant entre
route et rivage un coin qui me permettra de passer la nuit à
l'écart d'une circulation tendant heureusement à diminuer. Les
terrains de piquenique provinciaux qui jalonnent le rivage sont
interdits au séjour nocturne, les terrains de camping - qu'au
demeurant je ne fréquente guère - affichent complet. La nuit est
presque tombée lorsque je dégotte enfin une petite route
transversale menant au lac qui me parait favorable, m'y engage
et établit mon bivouac une centaine de mètres plus loin.
Bivouac sur Agate Sand Acres Road
Le passage des véhicules sur la grande route y est presque
inaudible, de toute façon la circulation cessera presque
totalement avec l'obscurité, de multiples panneaux implanté
presque tous les km mettant en garde contre les orignaux errant
sur la route durant la nuit…
Souper, commencement de rédaction du carnet de route; trop
fatigué, j'interromps mes écritures à 22:15 et m'endors
aussitôt.
39 582 Vendredi 28 août 2020 : d'Agate Sand Acres Road à
THUNDER BAY (624 km)
Réveil dès 6:45 après une excellente nuit de repos. J'en avais
besoin ! Dès mon lever je fais un peu d'ordre puis regagne
immédiatement la route qui file le long du lac, offrant
régulièrement des larges vues sur son étendue, surtout lorsque
qu'une petite montée coupe une avancée des terre pour rejoindre
le rivage un peu plus loin. Alors la vue se dégage un peu plus
et l'on aperçoit beaucoup plus largement des îles et la côte.
La vue s'élargit dans l'une des descentes
vers le le Lac Supérieur
Arrêt vers 8:45 sur un belvédère pour prendre douche et
déjeuner; j'y appelle Monique qui émerge à peine après s'être
rendormie… Je reprends ensuite ma longue route, continuant mon
tour du Lac Supérieur à mon train régulier, le contrôleur de
vitesse réglé sur 90 km/h. et en tâchant de toujours maintenir
le compte-tours entre 1500 et 2000 tours, là où est supposé se
trouver le couple maximum du moteur. De plus à chaque descente
je désengage le levier de vitesse pour diminuer les frictions,
éviter que la boite rétrograde, et prendre le maximum d'élan
pour attaquer la montée suivante. On verra bien si ces mesures
améliorent sensiblement la consommation de carburant que je
trouve exagérée (autour de 15 l/100 km), habitué que je suis à
la sobriété de mon petit diésel de 110 CV et 2,3 litres européen
qui se contente de moins de 10 l de gasoil.
Sur la Hwy 17 le long du Lac Supérieur
Du paysage, pas grand chose à dire de nouveau : si la route suit
pour une part le rivage rocheux très découpé, elle s'en éloigne
aussi parfois franchement pour couper au plus court des
promontoires qui s'avancent dans le lac. Elle devient alors très
montueuse, avec force virages, côtes raides et descentes
accusées. Les vues sur les pentes uniformément envahies par la
forêt (essentiellement des résineux) devient assez rapidement
répétitive, seuls le rocher brun émergeant de-ci de-là apporte
un minimum de variété. De toute façon maintenir le régime du
moteur comme indiqué précédemment occupe suffisamment pour
éviter la monotonie.
Déjeuner à 14:00 sur un belvédère peu avant le pont sur le
Little Pic River, d'où la vue s'étend largement sur les étendues
aquatiques aux limites incertaines.
Le Lac Supérieur depuis le belvédère de Little Pic River
En effet le ciel demeurera très gris toute la journée, avec de
trop rares éclaircies qui ne rendent pas justice à la grandeur
du spectacle. Beau point de vue sur tout le nord-ouest du lac à
Kama Rock Cut. (photo, malgré la lumière plutôt grise)
Kama Rock Cut
Descente vers le lac et Thunder Bay après
Kama Rock Cut
Sur les 624 km parcourus aujourd'hui, je ne traverse que de
rares agglomérations de quelques centaines d'habitants, si ce
n'est moins : Wawa d'abord, puis en approchant du but Marathon,
Nipigon… Pauvreté architecturale, beaucoup d'asphalte et de
béton outrageusement étalé, comme si l'on avait voulu gommer
l'omniprésence verte de la forêt. En dehors de quelques motels
et restaurants dont de grands panneaux colorés annoncent
longtemps à l'avance le confort, les équipements (Wi-fi haute
vitesse !) ou les délices gustatifs (!) rien ne retient
l'attention. Et le prix du carburant dans les rares stations y
est nettement plus élevé qu'en ville (jusqu'à 1,23 $ le litre).
Après le carrefour avec la Hgw 11 qui descend du nord via
Cochrane, route empruntée avec Daniel en 2004, la Hgw 17 reprend
son profil d'autoroute à 2 x 2 voies une vingtaine de km avant
d'entrer dans Thunder Bay que l'on aperçoit en contrebas, étalé
entre deux grands groupes de silos au fond de sa baie; au large,
des îlots assez allongés, dont le fameux Sleeping Geant (Géant
endormi).
Descente vers Thunder Bay
Je commence par gagner le Canadian Tire un peu au sud du downtown,
où Gasbudy signale l'essence au meilleur marché (1,149 $ le
litre). J'y prends aussi un balai d'essuie-glace de
remplacement, l'actuel (6 ans déjà) laissant des trainées si
importantes que la visibilité s'en trouve diminuée. Quant aux
torchons de papier également recherchés, le stock est épuisé…
(un autre méfait du covid qui limite les approvisionnements et
augmente la consommation des produits de nettoyage ?). Le bilan
de la consommation pour le journée s'établit à 12,06 l/100 km,
ce qui montre l'efficacité du style de conduite adopté et
m'encourage à poursuivre mes expérimentations de ce côté.
Je gagne ensuite le front de lac au centre ville, et vais
m'installer sur un parking de la marina. Toute cette zone
autrefois industrielle et portuaire a été reconvertie, et les
fameux grands îlots de silos et autres entrepôts repoussés de
chaque côté, à bonne distance de la ville.
Thunder Bay : les silos du côté sud-ouest
La vieille gare stylée, en partie reconvertie en galerie
marchande, ne reçoit plus que quelques voyageurs, et un long
parc arboré et fleuri offre une agréable promenade à laquelle je
me livre tant pour me délasser que pour le plaisir des yeux. Les
quelques guinguettes et autres restaurants sont discrets et peu
fréquentés, ce sont surtout des familles avec enfants qui
viennent faire ici leur sortie du soir… Et les vues sur le lac
sous les nuages illuminés par le soleil couchant sont
particulièrement belles.
Thunder Bay : abords de la marina en soirée
Photos, puis retour paisible à mon petit home qui restera là
pour la nuit, vu le peu de passage une fois l'obscurité tombée.
Je me prépare un souper léger, commence à écrire et finalement
abandonne pour tomber immédiatement dans le sommeil, assommé par
ma longue route d'aujourd'hui.
Crépuscule sur la rade de Thunder Bay
devant mon bivouac
40 206 Samedi 29 août 2020 : de THUNDER BAY à PICHÉ (20
km à l'est de Winnipeg) (692 km)
Nuit très silencieuse, n'étaient-ce des mauvais plaisants
arrêtés quelques minute pour faire jouer leur radio à tue-tête
dans l'intention évidente de me réveiller… Je me rendors
aussitôt pour me réveiller en forme vers 7:30.
Mon bivouac au matin devant
Nanabijou, le Géant Endormi |
|
Je traîne un peu, sors faire quelques photos de mon
environnement superbe et décide d'aller prendre douche et
déjeuner devant le monument élevé à Terry Fox, le coureur de
marathon qui, atteint d'un cancer, avait voulu en 1980 traverser
à pied le pays d'un bout à l'autre dans le but de lever des
fonds pour la recherche. Atteint d'une rechute, il a dû
s'interrompre à peu de distance de Thunder Bay, après plus de 5
000 km déjà parcourus depuis Terre-Neuve, et il est mort peu
après sans avoir pu terminer son «marathon de l'espoir». Héros
national dûment célébré dans tout le pays, on lui a consacré un
monuments (statue et stèle) qui émeut plus par la cause défendue
que par ses qualités artistiques et architecturales…
Terry Fox Memorial au dessus de Thunder Bay
En revanche la localisation sur une éminence au-dessus de
l'autoroute avant l'entrée en ville offre un superbe panorama
sur la baie, la ville, les îles et le Lac Supérieur.
Panorama sur Thunder Bay et le Lac
Supérieur depuis le Terry Fox Memorial
Voilà qui conclura ma visite de Thunder Bay. Je reprends alors
ma route vers l'ouest pour la dernière étape ontarienne qui doit
me mener à la frontière du Manitoba, peu après Kenora, à -
seulement, et encore ! - 462 km. Le temps gris semble établi
pour de bon, il souffle un petit vent d'ouest porteur de crachin
qui fouette de temps à autre mon pare-brise, j'ai bien fait de
rénover mes essuie-glaces ! La Transcanadienne (Hgw 11 ici)
poursuit ses vagabondages : point trop de virages dorénavant,
mais une suite de petites montées et descentes entre forêts et
lacs, où le rocher raboté par les glaciations apparait à la
moindre occasion, particulièrement dans les profondes entailles
faites à la mine pour la construction de la route. Là
s'affichent les strates très épaisses du Bouclier canadien,
empilées sur des dizaines de mètres et remontant à des temps
très reculés. Le ciel se dégage en fin de matinée et le ciel
bleu redevient la norme, parsemé de nuages floconneux qui
disparaitront même en fin de journée. La température monte, bien
que le vent tourne au nord, ce qui me vaut cette clarification
de l'atmosphère.
Sur la Hwy 1 West entre Thunder Bay et
Winnipeg
Rien de notable à Kénora d'après le guide, je pensais seulement
y aller faire le plein mais comme mon ordinateur de bord
m'annonce à l'embranchement une autonomie d'encore 350 km, je
filerai directement jusqu'à Winnipeg à 200 km à peine. Je
poursuis donc à mon train de sénateur (85 km/h!) et vois le
paysage se modifier peu à peu à partir de Dryden, grosse
communauté agricole et forestière de 6 000 habitants; le relief
s'apaise, le rocher disparait peu à peu, les herbages prennent
de plus en plus de place. La transformation s'accentue en
entrant au Manitoba, lorsque la route retrouve son format de 2 x
2 voies filant tout droit dans une plaine où les céréales
prennent la relève des arbres. Plus de villages, mais quelques
rares maisons dispersées au milieu des champs immenses. Avisant
une première station affichant le litre d'essence à 95, 9 cents,
je fais le plein et confirme mon intuition : ma conduite
régulière a porté fruit, puisque la consommation pour les
derniers 616 km culmine à 11,06 l/100, un record !
Taché : Centre longitudinal du Canada
Un peu plus loin un petit monuments orné de drapeaux attire mon
attention : il signale le centre longitudinal du Canada, à
96°48'35" de longitude. Rien de bien impressionnant en soi, mais
quel immense pays ! Le soleil descend, il est temps de chercher
un point de chute pour la nuit. Je préférerais bivouaquer au
calme et au grand air à la campagne plutôt que dans l'agitation
de la grande ville maintenant toute proche, qui d'ailleurs a le
triste record de la criminalité au Canada. Aussi apercevant
quelques bâtiments perdus dans les champs au sud de l'autoroute,
je bifurque vers Piché, dont je ne repère que la grande salle
communautaire qui semble aussi servir de mairie et autres
services… Pas d'église ni de commerces, seulement de vastes lots
arborés entourant de grosses maisons. Je fais le tour de ce
carré entouré par une route vicinale en terre donnant aussi
accès aux immenses champs de céréales maintenant moissonnées.
Aucun espace aménagé qui pourrait servir de stationnement - ici
on n'en a pas besoin… - je me glisse donc dans la large entrée
d'un champ moissonné perpendiculaire à la route et y pose mon
bivouac, dans un calme absolu, puisque je suis assez loin de
l'autoroute pour ne pas même en entendre la rumeur, et il ne
passera aucun véhicule devant moi pendant les 12 prochaines
heures.
Taché: bivouac dans un champs moissonné
Long téléphone à Monique qui hésite dans son choix de locataires
pour chambre et studio, et prépare ses communications avec son
avocat Me Devers… Ensuite je soupe, prépare ma visite de
Winnipeg pour demain; en fait nous avons déjà découvert tous les
lieux susceptibles de m'intéresser, ne reste que le Musées des
Beaux-Art (le W.A.G.) qui sera donc ma destination
demain matin. Je commence ensuite la rédaction de ce carnet de
route, mais m'interromps cette fois aussi car trop las - même
s'il n'est que 22:15 (en fait 23:15 pour moi puisque j'ai changé
de fuseau horaire). Je tombe dans mon lit et dans un profond
sommeil que rien ne viendra troubler.
40 898 Dimanche 30 aout 2020 : de WINNIPEG (Piché) à MOOSOMIN
(389 km)
Nuit totalement silencieuse et réveil dans la gloire d'un soleil
resplendissant sur la paille dorée qui remplit les champs autour
de moi. Décollant à 7:15 je parcours la trentaine de km me
séparant de la capitale manitobaine pour aller stationner
directement devant l'entrée du WAG (Winnipeg Art Gallery), sur
la grande avenue fermée par la haute façade classique et le dôme
du Manitoba Legislative Building : le Parlement provincial
(1920).
Winnipeg : Manitoba Legislative Building
Après douche et déjeuner j'ai largement le temps de procéder aux
connections et soudures du câblage de ma nouvelle radio; l'essai
est concluant mais je devrai sursoir à son installation, faute
d'adaptateur pour la prise d'antenne (ce qui me prive de la
réception radio, donc de nouvelles) et d'une connexion directe
en mode accessoire, si bien que l'appareil ne s'allume qu'une
fois le contact moteur allumé… On verra plus tard à remédier à
ces petits pb.
Winnipeg : façade du W.A.G. (Winnipeg Art
Gallery)
La mise à jour du carnet de bord me mène vers 11:45, le musée
est maintenant ouvert depuis ¾ d'heure, je puis m'y diriger. La
collection permanente, essentiellement des peintures, est
limitée et a toute été rassemblée dans deux salles où les
tableaux couvrent littéralement les hauts murs, comme dans les
antiques salons d'amateurs du XVIIIème. Leur qualité est très
variable, et signatures connues ne valent pas chefs-d’œuvre...
W.A.G. : La baie de Portrieux par
Eugène-Louis Boudin (1873)
W.A.G. : Paysage le soir par Hippolyte
Camille Delpy (1860)
Cette disposition a permis de libérer l'espace des quelques
autres salles pour des expositions : l'une consacrée à de
productions récentes d'art inuit, en l’occurrence des poteries
dont plusieurs me retiennent par leur expressivité. La seconde
exposition, également de sculpture inuit, est de facture plus
traditionnelle, mais d'excellente qualité : des sujets animalier
mais aussi des figures humaines en pierre, et surtout toute une
série de sculptures miniatures en ivoire représentant des scènes
de la vie autochtone dans le Grand Nord. Il semble que cet art
inuit soit d'ailleurs la spécialité du W.A.G., au point qu'on
est en train de construire une aile séparée qui lui sera
entièrement consacré.
W.A.G.: Sculpture inuit : Scène de
pêche |
W.A.G.: Sculpture inuit : Ours
attaquant un homme |
Enfin la «grande» exposition est consacrée à Lionel LeMoine
FitzGerald, le dernier membre à adhérer au Groupe des Sept. Il
m'était inconnu. Originaire du Manitoba, ce peintre voyagea peu
mais traduisit avec talent surtout des ambiances et paysages de
sa région. Il produisit aussi quelques recherches vers
l'abstraction à la fin de sa vie, au fil d'une amitié avec
Lawren S. Harris qu'il côtoya dans les Rocheuses. Plusieurs
toiles retiennent suffisamment mon attention pour que j'en
conserve l'image…
Winnipeg WAG : L'arbre brisé, par Lionel
LeMoine FitzGerald (1920)
WAG : Poplars (Peupliers) par Lionel
Lemoine FitzGerald (1924)
WAG : Doc Snyder's House par Lionel LeMoine
Fitzgerald (1931)
Lorsque je sors du musée deux heures plus tard il pleut à verse
sur les rues sont presque désertes en ce triste dimanche
après-midi; un coup d’œil au Guide Vert me le confirme : pas
grand chose d'intéressant que je ne connaisse déjà. Je reprends
donc ma route vers l'ouest en direction de Regina, sachant que,
vu l'heure déjà avancée, je ne parcourrai pas les 450 km qui
m'en séparent…
Suite de ma lente progression dans les Prairies bien nommées,
plates étendues où les immenses champs de céréales sont pour la
plupart déjà récoltés, laissant un tapis de paille dorée;
d'autres cultures bien vertes sont encore sur pied et, de-ci
de-là, des arbres en bosquets ou en haies épaisses coupent la
vue vers l'horizon qui serait autrement infini.
Les kilomètres défilent tranquillement, j'écoute un peu de
musique, profitant du loisir pour me replonger dans ma
collection de jazz. Puis, après 250 km, las et ne voyant pas le
bout de mon trajet (encore plus de 200 km à venir...) j'arrête
dans le village de Moosomin, à cheval sur la voie ferrée et
regroupé autour de son antique silo en bois traditionnel.
Bivouac à Moosomin derrière la clinique
Un petit espace sur le grand parking vide d'une clinique
dentaire me servira de bivouac pour cette nuit. Elle ne sera
ponctuée que par le passage de 3 ou 4 convois dûment annoncés
par les longs klaxons répétés de la locomotive. Transfert et
début de traitement des photos accumulées depuis mon départ
m'occupent jusque vers minuit.
Au matin, le vieux silo de Moosomin
«cathédrale des Prairies»
41 287 Lundi 31 aout 2020 : de MOOSOMIN à SWIFT CURRENT
(551 km)
Lever à 8:00 pour un départ immédiat, ce qui donnera le temps à
l'habitacle de se réchauffer un peu. En effet la nuit a été plus
fraîche et je n'ai pas encore voulu utiliser le chauffage,
préférant me blottir sous la couverture en peluche additionnée
du duvet, largement suffisants pour me tenir au chaud. Une
centaine de kilomètres plus loin sur la route de Regina, je sors
de l'autoroute pour m'avancer sur la rue principale (la seule
asphaltée) d'un village et y prendre douche et déjeuner.
Grande rue d'un village de Saskatchewan
Aujourd'hui il fait très beau et les quelques nuages épars dans
le ciel disparaissent bientôt pour laisser place à un bleu clair
uniforme très lumineux; la température inférieure à 10° à mon
réveil montera jusqu'à un confortable 20° en après-midi, les
meilleures conditions pour rouler et admirer le paysage.
Celui-ci est devenu progressivement plus «habité», non que les
maisons y soient plus fréquentes, mais les installations liées à
la culture, les routes, les grosses moissonneuses-batteuses
parcourant les champs dorés immenses me semblent plus présents.
Dans d'autres champs, un peu partout, des petits silos
circulaire métalliques brillent aux lisières des terrains tandis
que des gros camions roulant sur le chaume viennent charger le
grain avant de filer à vive allure sur l'autoroute. Celle-ci
suit à peu près le tracé de la ligne de chemin de fer
transcontinental du Canadien Pacific Railway sur laquelle on
voit parfois défiler d'interminable files de wagon menés par
deux ou trois grosses locomotives diésel rouge orangé. Chemin
faisant je reçois un long appel d'Anne qui vient me donner
d'autres nouvelles d'Édouard et partage un peu sur sa lassitude
face à son boulot…
Détour en fin de matinée vers la vallée de la Qu'appelle,
histoire de changer un peu de paysage. Ses deux beaux lac Pasqua
et Echo encadrés par les pentes ravinées entaillées dans la
plaine ne me paraissent pas extraordinaires, mais on peut
comprendre que, pour les locaux, ce relief inattendu possède un
certain charme. Je m'arrête le temps de déjeuner au bord de
l'eau agitée par le vent qui forme des vagues courtes assez
violentes bien inhabituelles sur ces eaux réputées si calmes.
Pause déjeuner devant le Lac Pasqua
(Qu'Appelle)
En quittant la vallée le fort vent frontal qui m'avait fait
arrêter hier se poursuit, augmentant tellement ma consommation
que je dois refaire un plein partiel avant d'arriver à Regina
(contrairement à mes calculs). Finissant par arriver en ville
vers 15:00, je me dirige aussitôt vers la Mackensie Art Gallery
visitée autrefois avec Daniel et dont j'ai gardé un excellent
souvenir de ses expositions de haut niveau. Stationnant
facilement devant le beau bâtiment moderne au bord du Wascana
Park, au cœur de la ville, je laisse le ProMaster dans le vaste
parking sous les arbres et gagne l'entrée du musée, mon masque à
la main.
Regina : devant la MacKenzie Art Gallery,
Mère et enfant II par Jacques Lipchitz (1945)
Hélas je n'irai pas bien loin car une hôtesse (masquée elle
aussi) m'informe dès la porte franchie que, dû à la pandémie,
les horaires ont été bouleversés et que les salles d'expos sont
inaccessibles les lundi et mardi. Déception à laquelle elle a le
bon goût de se montrer compatissante… N'ayant rien repéré
d'autre que je ne connaisse déjà dans Regina, je regagne le
centre d'affaire pour refaire le plein sur une pompe discount
découverte via Gasbuddy (92 cts le litre). Bonne occasion
d'admirer le bel ordonnancement de ce centre ville fort joliment
rénové en respectant les quelques immeubles anciens qui font
belle figure à côté d'innovations contemporaines plutôt hardies.
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Regina : le Contemporain et l'Ancien dans le
centre des affaires... |
Rejoignant ensuite la Hgw 1 (autoroute) par une suite de grandes
avenues bien dégagées, je poursuis ma route vers Moose Jaw où
j'aimerais demain matin faire un tour au grand Western
Development Museum qui semble fort riche. Route facile car pas
trop chargée, dans l'immense plaine aux blés dorés par le soleil
de fin de journée. Mais en arrivant en ville la déception se
répète : pour les mêmes raisons de pandémie, le musée ouvert
normalement tous les jours est maintenant fermé (normal, il est
passé 17:00) mais ne rouvrira que mercredi matin… Maudit Covid !
Je n'ai pas d'autre choix que de renoncer pour cette fois;
peut-être au retour, si je prends la même route...
Comme il est trop tôt pour faire étape et que
Moose Jaw ne semble pas présenter de charme particulier, je
décide de poursuivre vers l'ouest en gagnant 160 km plus loin
la prochaine ville : Swift Current où je trouverai un parc ou
autre coin paisible pour me coucher tôt et démarrer demain aux
aurores.
En quittant Regina, une - antique - Petite
maison dans la Prairie
La Prairie monotone et, semble-t-il,
interminable.
Silos modernes en acier
Le soleil descend dans le ciel toujours serein et la température
baisse à peine, la lumière dorée rend encore plus chaleureuses
les couleurs de l'environnement rural. Je me hâte de gagner
l'étape, maintenant un peu fatigué par cette longue route sans
trop de pause.
À 18:30 (2 heures de retard sur Montréal où il est déjà 20:30)
je gagne le centre de la petite ville et, avisant un parc
central entouré de résidences, m'installe sur le parking
jouxtant une aire de jeux pour enfants. Souper léger (il faudra
que je passe dans une grosse épicerie pour quérir quelques plats
appétissants..., hélas les rayons du Carrefour sont bien loin
!), écriture du carnet de route et coucher dès 21:30.
41 838 Mardi 1er septembre 2020 : de
SWIFT CURRENT à PATRICIA (409 km)
Bon sommeil mais réveil peu après 5:45, ma nuit complétée après
ces 8 heures de sommeil… À 6:00 je suis au volant et voit le
jour se lever sur la Transcanadienne. Je roule pendant près de 2
heures en appréciant les couleurs des prairies et du ciel qui
traversent une bonne partie de la palette. Puis une petite
lassitude me prend, les yeux me picotent, j'arrête sur une aire
de repos en rase campagne et pique une somme d'une bonne heure.
Aube sur la Prairie
Il est presque 9:00 et le jour bien établi lorsque je me relève,
me douche et déjeune. Je repars après avoir pris connaissance
des «Historic Markers » plantés là à l'intention des passants.
Ils relatent l'histoire du «ranching» dans la région où
s'établit dans les années 1870 un Lord anglais qui avait acheté
des milliers d'hectares pour se livrer à l'élevage à grande
échelle. Des hivers très durs ayant exterminé les ¾ des bêtes,
il dut renoncer et en 1909 liquidait l'entreprise. Et c'est
comme ça que s'est bâti le Canada que nous connaissons, avec ses
hauts et ses bas…
L'INDUSTRIE DE L'ÉLEVAGE
(Historic Markers)
Dans les années 1870, lorsque
disparurent les vastes troupeaux de bisons, des
éleveurs sont venus dans cette région pour remplir
la Prairie vide de bétail et de chevaux. L'arrivée
de la police montée du Nord-Ouest, qui établit des
postes dans les centres voisins comme Fort Walsh, a
aidé cette industrie de trois façons. Ils ont fourni
une protection contre le vol de bétail, ils ont
acheté du bœuf aux éleveurs et des policiers à la
retraite ont souvent établi des ranchs.
Les premiers ranchs étaient petits
et appartenaient à des propriétaires locaux, mais
plus tard, des hommes d'affaires de
Grande-Bretagne et de l'est du Canada ont établi
des exploitations plus importantes. L'achèvement
du chemin de fer du Canadien Pacifique en 188$ a
ouvert de nouveaux marchés pour les éleveurs, mais
a également fait naître la menace de voir des
colons revendiquer les mêmes terres. Cependant,
les éleveurs l'emportèrent et prospérèrent.
L'hiver 1906-07 a changé l'élevage
à jamais. De fortes chutes de neige suivies de
cycles de dégel et de gel ont tué des milliers de
bovins, et certaines grandes exploitations
perdirent les trois quarts de leurs troupeaux.
Cela a conduit à l'effondrement de la plupart des
grands ranchs.
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