CANADA OUEST
Août-sept. 2020

(10 138 km)


Jean-Paul en solo à bord de son ProMaster


Photos visibles en pleine grandeur et en diaporama sur Google Photo :
https://photos.app.goo.gl/GmFs569SxgyvDQ9j9

Première partie : Ontario et Prairies

Traversée du Canada Montréal-Calgary
Vers l'Ouest canadien : Montréal-Calgary, 3 698 km

38 446 Mercredi 26 août 2020 : de MONTRÉAL à NORTH BAY (565 km)

Départ d'Outremont
Outremont : ProMaster au départ

Départ de la maison en milieu de matinée, après une communication FaceTime avec Édouard qui se remet lentement de son hémorragie dans le Centre de réadaptation de Redon. Vers 10:30 je m'ébranle enfin, après quelques menus bricolages à l'intention de Monique et les chargements de dernières minute (épicerie, outils et fer à souder pour connecter mon nouveau système de radio)… Nous devrions nous revoir dans un mois lorsque j'aurai fini mon grand tour, sans savoir jusqu'où je me rendrai, et en lui promettant de l'appeler régulièrement pour lui donner des nouvelles.

Je commence par faire un tour au supermarché Metro pour y quérir carottes et mayonnaise destinés à la salade, puis je gagne le Marché Central, d'abord pour me procurer un tube de silicone transparent. Il me permettra d'achever d'étanchéifier le bac de la douche dont j'ai dû remplacer un parement en Mondo qui fuyait et qui avait commencé à tacher le bois de la cloison.  Je passe aussi au magasin de la SAQ faire le plein des bonnes bouteilles de vin d'un litre qui me permettront d'agréables libations le soir à l'étape. Six bouteilles, provision suffisante je l'espère, devraient me permettre d'éviter largement le régime sec jusqu'à mon retour. Elles vont prendre place bien rangées dans le panier ad hoc en soute arrière sous la banquette.
Il fait très beau, de petits nuages effilochés venant du nord parcourent le ciel bleu et sec, la température est donc assez fraîche (19°), tout-à-fait ce qu'il faut pour rendre la route agréable. Je jette rapidement un coup d’œil sur la carte du Canada; la route la plus directe pour Calgary me semble passer par le rivage nord lac Supérieur, je commencerai donc par gagner Subdbury où je profiterai peut-être de 2 expositions reliées aux mines d'or et d'argent qui ont fait la célébrité de la région. Le GPS me suggère de passer par Ottawa, j'enfile donc sans délai l'autoroute 40 qui file, assez peu chargée, à travers des terres plutôt plates et intensivement cultivées.  La A40 se mue en Highway 412 en passant la frontière ontarienne peu après Rigaud, sans qu'on puisse percevoir aucune discontinuité en terme de paysage, sinon l'irruption de quelques boisés à travers le tissus labouré assez dense. Plein de carburant sur la première station en bord d'autoroute où la facture sera sensiblement moins élevée qu'à Montréal (0,975 le litre); je profite de l'arrêt pour me restaurer et reprends la direction de la capitale nationale.

Deux heures et demie plus tard le GPS me fait contourner le centre d'Ottawa annoncé comme un énorme agglomération d'un million d'habitants. Je retrouve la Transcanadienne  dans sa branche nord, d'abord Hwy 417 à 2 x 2 belles voies séparées, mais qui se mue bientôt en large nationale parfaitement redressée où l'on file sans problème ni bouchon entre 100 et 110 km/h. La branche Sud, la Hwy 416, mène à Toronto.
La traversée de cette portion du Bouclier canadien s'avère fort longue et un peu monotone, puisque la forêt, presque partout présente, s'entrouvre seulement de temps à autre pour donner accès à des lacs, plus ou moins grands, mais toujours un peu semblables, sans que le relief aille au delà de quelques ondulations où le rocher affleure.

Sur le
            Hwy 117 à travers le Bouclier canadien
Sur le Hwy 117 à travers le Bouclier canadien

Le soir descend lentement, le ciel se couvre un peu, la température elle aussi diminue à 15° puis 13° lorsque le soleil se couche. Je finis par atteindre la petite ville de North Bay, au bord du long lac Nipissing. J'y ferai le plein demain matin, après y avoir dormi. Je commence donc par chercher un espace vert sur le GPS, en découvre un au bord de l'eau et m'y dirige aussitôt.

North Bay : ProMaster au bivouac devant le Lac
            Nipissing
North Bay : ProMaster au bivouac devant le Lac Nipissing

C'est une petite plage adossée à un parc de jeu grand comme 2 terrains de foot-ball qui m'isolera du bruit de la circulation, assez ténue de toute façon. Dans le jour qui s'évanouit je prends quelques photos de la bande de bernaches qui se chamaillent sur la plage qu'elles ont colonisée.

North Bay : bernaches sur le plage du Lac Nipissing
North Bay : bernaches sur le plage du Lac Nipissing

Puis je soupe, applique le silicone sur les joints de la douche et rédige le carnet de bord. Extinction des feux à 21:45, en espérant être assez en forme et reposé demain matin pour décoller tôt.


39 011 Jeudi 27 août 2020 : de NORTH BAY à Route 17, à 90 km au N-O de Sault-Ste-Marie, rivage du Lac Supérieur (573 km)
Réveil passé 7:00 dans le grand calme et décollage vers 8:15, sous une pluie fine qui durera presque toute la matinée. La vue sur le lac est évidemment décevante, aussi je ne m'attarde pas et repère grâce à l'App Gasbuddy, sur la route 17 qui se poursuit plein ouest en direction de Sudbury, une station d'essence où je pourrai faire le plein à bon prix. Effectivement il s'agit là d'une vaste réserve d'Assiniboines où le carburant est, comme dans toutes les réserves amérindiennes du Canada, en partie détaxé (1,017 $ le l.). La longue route à travers forêt assez peu dense et semée de minuscules villages sans caractère se poursuit, je roule peinard à 90 km/h (la limite autorisée…) en me faisant régulièrement doubler par quantité de pick-up (décidément la voiture la plus commune en Amérique du Nord !) et parfois par de gros et très longs camions (56 pieds, soit plus de 18 m) qui filent derrière leur gros moteur ronflant.

À 10:30 j'arrive à Sudbury qui fait figure de grosse ville dans ce contexte quasi semi-désertique; les maisons et autres immeubles y sont plutôt espacés, mais la circulation y est intense et rapide. Pause café sur le stationnement du Hilton Garden Inn, puis recherche du Science North, le musée des sciences auquel Michelin accorde *** «Vaut le détour».

Sudbury : silhouette de Science North
Sudbury : silhouette de Science North

Le bâtiment a belle allure lorsque je stationne dans le parc qui l'entoure, mais je suis fort désappointé lorsque l'hôtesse m'annonce qu'elle ne peut me vendre de billet, le quota de 500 visiteurs par jour ayant déjà été atteint. Maudit Covid ! Je songe alors à l'annexe consacrée à la géologie et aux mines de cette régions très riche : Dynamic Earth, mais là c'est carrément toute la bâtisse, elle aussi intéressante et bien située au-dessus de la ville, à deux pas de l'énorme usine de traitement du minerai (nickel entre autres), qui est fermée ! Je m'arrête néanmoins dans son parc, fais quelques photos du site et de la grande pièce de monnaie (un « nickel» - 10 cts - bien sûr !) de 9 mètres de diamètre qui décore le jardin, puis reprends ma route vers l'ouest.

Sudbury : ProMaster devant Dynamic Eath et Big Nickel
Sudbury : ProMaster devant Dynamic Earth et Big Nickel

Sudbury Dynamic Earth et le Big Nickel
Dynamic Earth : Big Nickel et le rocher du Bouclier canadien buriné par les glaciations

Elle me semble fort longue et monotone, puisque ce sont les mêmes paysages de forêts entrecoupées de vagues cultures et d'une infinité de lacs qui se poursuivent plein ouest sur presque une centaine de km, jusqu'aux environs de Massey.

Le Lac Huron près de Lauzon Village Road
Premier coup d’œil sur le Lac Huron

Je touche enfin aux bords du Lac Huron dont je longerai la rive rocheuse jusqu'à Sault-Ste-Marie, avec une petite étape pour jouir du calme serein de la bourgade de Thessalon agréablement située sur une petite avancée dans le lac. Le ciel s'est suffisamment éclairci pour que le soleil finisse par apparaître, entouré de grands pans de ciel bleu qui donnent un peu de gaieté au paysage par ailleurs assez rude, la roche grise et brun clair perçant partout le sol herbeux parsemé de fleurs sauvages.

Thessalon: le lac Huron vers l'Ouest
Le Lac Huron depuis le rivage de Thessalon

Après ces immensités désertes et ces hameaux épars, Sault-Ste-Marie donne l'impression d'une vraie ville avec ses avenues périphériques commerçantes et tapageuses, ses bâtiments administratifs modernes et ses quelques vieilles rues du centre ville présentant encore une poignée de vitrines à l'ancienne. Un beau parc linaire longe le détroit entre le Lac Supérieur et le Lac Huron, là où de vastes rapides offraient autrefois une beau territoire de pêche aux Amérindiens. Je m'y promène quelques minutes, puis gagne un peu au dessus le site où les Européens construisirent successivement des écluses de plus en plus vastes pour permettre la navigation de leurs gros navire (paquebots de passagers et vraquiers). Ne sont plus fonctionnelles, dans le cadre de la Voie maritime, que celles se situant du côté américain, puisque nous sommes à la frontière avec le Michigan. En revanche Parcs Canada conserve les deux écluses édifiées du côté canadien; la toute première, très modeste et en bois, construite par la Cie du Nord-Ouest en 1798 a été reconstituée près de la centrale électrique qui récupère l'énorme quantité d'eau - et donc d'énergie - transitant entre ces deux grands lacs. Beau témoignage de l'ingéniosité de nos ancêtres à une époque (fin XVIIIème) où les ressources et la technologie étaient encore limités.

Sault-Ste-Marie : la première écluse de 1798
L'écluse de la Compagnie du Nord Ouest (1798)

La seconde, construite avec des moyens beaucoup plus considérables un siècle plus tard, était alors la plus longue du monde, ne sert plus qu'à la navigation de plaisance, mais elle eut un rôle considérable dans le développement de l'Ouest canadien. Elle a été reconvertie en 1998 suite à un incident majeur trop coûteux à réparer. C'est Parcs Canada qui gère maintenant le site et qui expose, avec une emphase justifiée, la hardiesse et l'innovation présentées par l'ouvrage.

Sault-Ste-Marie - construction de l'écluse

Sault-Ste-Marie l'écluse canadienne entre lac Huron et
            Lac Supérieur
Porte inférieure de l'écluse canadienne, côté Lac Huron

Belle architectures de granit rouge pour les bâtiments de service des éclusiers, de l'administration - importante  pour ce maillon vital de l'économie du pays - et pour la luxueuse résidence du directeur, fonctionnaire fédéral et personnage éminent de l'élite locale.

Sault-Ste-Marie - maison du Directeur des écluses
Sault-Ste-Marie : maison du directeur des écluses

J'y admire aussi l'ingéniosité déployée pour concevoir, construire et utiliser un pont-barrage  de secours mobile situé en amont de l'écluse, mis en place en cas de défectuosité de l'écluse, dispositif remarquable bien conservé et qui servit une fois après qu'un accident de navigation ait détruit une porte de l'écluse.

Sault-Ste-Marie : le barrage de secours tournant
Sault-Ste-Marie : le pont barrage de secours en attente au bord du canal

Après cette longue pause pédestre - le site est vaste - délassante pour le chauffeur et stimulante pour sa curiosité face à l'histoire des technologies (ou de l'ingéniosité humaine…), je reprends  la route en commençant par rechercher la meilleure station pour refaire le plein avant ma longue étape à venir vers Thunder Bay, à plus de 600 km. Navigant entre l'App Gazbudy et le GPS, je finis par me tirer d'affaire et rejoins la suite de la Route 17 qui rattrape bientôt le rivage nord du Lac Supérieur. La chaussée est large, bien redressée et sa surface généralement en bon état, si bien que je file mon petit train régulier à 90 km/h, respectant la limite de vitesse et gardant une consommation raisonnable qui me permettra peut-être d'atteindre Thunder Bay pour y refaire le plein.

Le ciel s'assombrit doucement, de plus en plus ennuagé, mais laissant quand même percer quelques coulées d'or sur l'immense étendue d'eau devant moi et sur la gauche.

Sur la Hwy 17 le long du Lac Superieur
Sur la Hwy 17, le long du Lac Supérieur

Longeant le grand lac en sinuant entre forêt et rivage rocheux, je parcours ainsi près d'une centaine de km, guettant entre route et rivage un coin qui me permettra de passer la nuit à l'écart d'une circulation tendant heureusement à diminuer. Les terrains de piquenique provinciaux qui jalonnent le rivage sont interdits au séjour nocturne, les terrains de camping - qu'au demeurant je ne fréquente guère - affichent complet. La nuit est presque tombée lorsque je dégotte enfin une petite route transversale menant au lac qui me parait favorable, m'y engage et établit mon bivouac une centaine de mètres plus loin.

Bivouac sur
            Agate Sand Road
Bivouac sur Agate Sand Acres Road

Le passage des véhicules sur la grande route y est presque inaudible, de toute façon la circulation cessera presque totalement avec l'obscurité, de multiples panneaux implanté presque tous les km mettant en garde contre les orignaux errant sur la route durant la nuit…

Souper, commencement de rédaction du carnet de route; trop fatigué, j'interromps mes écritures à 22:15 et m'endors aussitôt.


39 582 Vendredi 28 août 2020 : d'Agate Sand Acres Road à THUNDER BAY (624 km)

Réveil dès 6:45 après une excellente nuit de repos. J'en avais besoin ! Dès mon lever je fais un peu d'ordre puis regagne immédiatement la route qui file le long du lac, offrant régulièrement des larges vues sur son étendue, surtout lorsque qu'une petite montée coupe une avancée des terre pour rejoindre le rivage un peu plus loin. Alors la vue se dégage un peu plus et l'on aperçoit beaucoup plus largement des îles et la côte.


La vue s'élargit dans l'une des descentes vers le le Lac Supérieur

Arrêt vers 8:45 sur un belvédère pour prendre douche et déjeuner; j'y appelle Monique qui émerge à peine après s'être rendormie… Je reprends ensuite ma longue route, continuant mon tour du Lac Supérieur à mon train régulier, le contrôleur de vitesse réglé sur 90 km/h. et en tâchant de toujours maintenir le compte-tours entre 1500 et 2000 tours, là où est supposé se trouver le couple maximum du moteur. De plus à chaque descente je désengage le levier de vitesse pour diminuer les frictions, éviter que la boite rétrograde, et prendre le maximum d'élan pour attaquer la montée suivante. On verra bien si ces mesures améliorent sensiblement la consommation de carburant que je trouve exagérée (autour de 15 l/100 km), habitué que je suis à la sobriété de mon petit diésel de 110 CV et 2,3 litres européen qui se contente de moins de 10 l de gasoil.

Sur la Hwy 17 le long du Lac Supérieur
Sur la Hwy 17 le long du Lac Supérieur

Du paysage, pas grand chose à dire de nouveau : si la route suit pour une part le rivage rocheux très découpé, elle s'en éloigne aussi parfois franchement pour couper au plus court des promontoires qui s'avancent dans le lac. Elle devient alors très montueuse, avec force virages, côtes raides et descentes accusées. Les vues sur les pentes uniformément envahies par la forêt (essentiellement des résineux) devient assez rapidement répétitive, seuls le rocher brun émergeant de-ci de-là apporte un minimum de variété. De toute façon maintenir le régime du moteur comme indiqué précédemment occupe suffisamment pour éviter la monotonie.

Déjeuner à 14:00 sur un belvédère peu avant le pont sur le Little Pic River, d'où la vue s'étend largement sur les étendues aquatiques aux limites incertaines.

Belvédère de Little Pic River
Le Lac Supérieur depuis le belvédère de Little Pic River


En effet le ciel demeurera très gris toute la journée, avec de trop rares éclaircies qui ne rendent pas justice à la grandeur du spectacle. Beau point de vue sur tout le nord-ouest du lac à Kama Rock Cut. (photo, malgré la lumière plutôt grise)

Kama Rock Cut
Kama Rock Cut

Sous Kama Rock Cut vers Thunder Bay
Descente vers le lac et Thunder Bay après Kama Rock Cut

Sur les 624 km parcourus aujourd'hui, je ne traverse que de rares agglomérations de quelques centaines d'habitants, si ce n'est moins : Wawa d'abord, puis en approchant du but Marathon, Nipigon… Pauvreté architecturale, beaucoup d'asphalte et de béton outrageusement étalé, comme si l'on avait voulu gommer l'omniprésence verte de la forêt. En dehors de quelques motels et restaurants dont de grands panneaux colorés annoncent longtemps à l'avance le confort, les équipements (Wi-fi haute vitesse !) ou les délices gustatifs (!) rien ne retient l'attention. Et le prix du carburant dans les rares stations y est nettement plus élevé qu'en ville (jusqu'à 1,23 $ le litre).

Après le carrefour avec la Hgw 11 qui descend du nord via Cochrane, route empruntée avec Daniel en 2004, la Hgw 17 reprend son profil d'autoroute à 2 x 2 voies une vingtaine de km avant d'entrer dans Thunder Bay que l'on aperçoit en contrebas, étalé entre deux grands groupes de silos au fond de sa baie; au large, des îlots assez allongés, dont le fameux Sleeping Geant (Géant endormi).

Descente
            vers Thunder Bay
Descente vers Thunder Bay

Je commence par gagner le Canadian Tire un peu au sud du downtown, où Gasbudy signale l'essence au meilleur marché (1,149 $ le litre). J'y prends aussi un balai d'essuie-glace de remplacement, l'actuel (6 ans déjà) laissant des trainées si importantes que la visibilité s'en trouve diminuée. Quant aux torchons de papier également recherchés, le stock est épuisé… (un autre méfait du covid qui limite les approvisionnements et augmente la consommation des produits de nettoyage ?). Le bilan de la consommation pour le journée s'établit à 12,06 l/100 km, ce qui montre l'efficacité du style de conduite adopté et m'encourage à poursuivre mes expérimentations de ce côté.

Je gagne ensuite le front de lac au centre ville, et vais m'installer sur un parking de la marina. Toute cette zone autrefois industrielle et portuaire a été reconvertie, et les fameux grands îlots de silos et autres entrepôts repoussés de chaque côté, à bonne distance de la ville.
Thunder
            Bay : les silos du côté sud-ouest
Thunder Bay : les silos du côté sud-ouest

La vieille gare stylée, en partie reconvertie en galerie marchande, ne reçoit plus que quelques voyageurs, et un long parc arboré et fleuri offre une agréable promenade à laquelle je me livre tant pour me délasser que pour le plaisir des yeux. Les quelques guinguettes et autres restaurants sont discrets et peu fréquentés, ce sont surtout des familles avec enfants qui viennent faire ici leur sortie du soir… Et les vues sur le lac sous les nuages illuminés par le soleil couchant sont particulièrement belles.

Thunder Bay : abords de la marina
Thunder Bay : abords de la marina en soirée

Photos, puis retour paisible à mon petit home qui restera là pour la nuit, vu le peu de passage une fois l'obscurité tombée. Je me prépare un souper léger, commence à écrire et finalement abandonne pour tomber immédiatement dans le sommeil, assommé par ma longue route d'aujourd'hui.

Thunder Bay - crépuscule sur la rade devant mon
            bivouac
Crépuscule sur la rade de Thunder Bay devant mon bivouac


40 206 Samedi 29 août 2020 : de THUNDER BAY à PICHÉ (20 km à l'est de Winnipeg) (692  km)

Nuit très silencieuse, n'étaient-ce des mauvais plaisants arrêtés quelques minute pour faire jouer leur radio à tue-tête dans l'intention évidente de me réveiller… Je me rendors aussitôt pour me réveiller en forme vers 7:30.

Thunder Bay: bivouac devant le Sleeping Geant
Mon bivouac au matin devant Nanabijou, le Géant Endormi
Légende de Nanabijou, le Géant endormi

Je traîne un peu, sors faire quelques photos de mon environnement superbe et décide d'aller prendre douche et déjeuner devant le monument élevé à Terry Fox, le coureur de marathon qui, atteint d'un cancer, avait voulu en 1980 traverser à pied le pays d'un bout à l'autre dans le but de lever des fonds pour la recherche.  Atteint d'une rechute, il a dû s'interrompre à peu de distance de Thunder Bay, après plus de 5 000 km déjà parcourus depuis Terre-Neuve, et il est mort peu après sans avoir pu terminer son «marathon de l'espoir». Héros national dûment célébré dans tout le pays, on lui a consacré un monuments (statue et stèle) qui émeut plus par la cause défendue que par ses qualités artistiques et architecturales…

Thunder Bay : Terry Fox Memorial
Terry Fox Memorial au dessus de Thunder Bay

En revanche la localisation sur une éminence au-dessus de l'autoroute avant l'entrée en ville offre un superbe panorama sur la baie, la ville, les îles et le Lac Supérieur.

Thunder Bay : panorama depuis Terry Fox Memorial
Panorama sur Thunder Bay et le Lac Supérieur depuis le Terry Fox Memorial

Voilà qui conclura ma visite de Thunder Bay. Je reprends alors ma route vers l'ouest pour la dernière étape ontarienne qui doit me mener à la frontière du Manitoba, peu après Kenora, à - seulement, et encore ! - 462 km. Le temps gris semble établi pour de bon, il souffle un petit vent d'ouest porteur de crachin qui fouette de temps à autre mon pare-brise, j'ai bien fait de rénover mes essuie-glaces ! La Transcanadienne (Hgw 11 ici) poursuit ses vagabondages : point trop de virages dorénavant, mais une suite de petites montées et descentes entre forêts et lacs, où le rocher raboté par les glaciations apparait à la moindre occasion, particulièrement dans les profondes entailles faites à la mine pour la construction de la route. Là s'affichent les strates très épaisses du Bouclier canadien, empilées sur des dizaines de mètres et remontant à des temps très reculés. Le ciel se dégage en fin de matinée et le ciel bleu redevient la norme, parsemé de nuages floconneux qui disparaitront même en fin de journée. La température monte, bien que le vent tourne au nord, ce qui me vaut cette clarification de l'atmosphère.

Au Manitoba : sur le Hwy 1 Ouest entre Thunder Bay et
            Winnipeg
Sur la Hwy 1 West entre Thunder Bay et Winnipeg

Rien de notable à Kénora d'après le guide, je pensais seulement y aller faire le plein mais comme mon ordinateur de bord m'annonce à l'embranchement une autonomie d'encore 350 km, je filerai directement jusqu'à Winnipeg à 200 km à peine. Je poursuis donc à mon train de sénateur (85 km/h!) et vois le paysage se modifier peu à peu à partir de Dryden, grosse communauté agricole et forestière de 6 000 habitants; le relief s'apaise, le rocher disparait peu à peu, les herbages prennent de plus en plus de place.  La transformation s'accentue en entrant au Manitoba, lorsque la route retrouve son format de 2 x 2 voies filant tout droit dans une plaine où les céréales prennent la relève des arbres. Plus de villages, mais quelques rares maisons dispersées au milieu des champs immenses. Avisant une première station affichant le litre d'essence à 95, 9 cents, je fais le plein et confirme mon intuition : ma conduite régulière a porté fruit, puisque la consommation pour les derniers 616 km culmine à 11,06 l/100, un record !

Taché : Centre longitudinal du Canada
Taché : Centre longitudinal du Canada

Un peu plus loin un petit monuments orné de drapeaux attire mon attention : il signale le centre longitudinal du Canada, à 96°48'35" de longitude. Rien de bien impressionnant en soi, mais quel immense pays ! Le soleil descend, il est temps de chercher un point de chute pour la nuit. Je préférerais bivouaquer au calme et au grand air à la campagne plutôt que dans l'agitation de la grande ville maintenant toute proche, qui d'ailleurs a le triste record de la criminalité au Canada. Aussi apercevant quelques bâtiments perdus dans les champs au sud de l'autoroute, je bifurque vers Piché, dont je ne repère que la grande salle communautaire qui semble aussi servir de mairie et autres services… Pas d'église ni de commerces, seulement de vastes lots arborés entourant de grosses maisons. Je fais le tour de ce carré entouré par une route vicinale en terre donnant aussi accès aux immenses champs de céréales maintenant moissonnées. Aucun espace aménagé qui pourrait servir de stationnement - ici on n'en a pas besoin… - je me glisse donc dans la large entrée d'un champ moissonné perpendiculaire à la route et y pose mon bivouac, dans un calme absolu, puisque je suis assez loin de l'autoroute pour ne pas même en entendre la rumeur, et il ne passera aucun véhicule devant moi pendant les 12 prochaines heures.

Taché
            : bivouac dans un champ moissonné
Taché: bivouac dans un champs moissonné

Long téléphone à Monique qui hésite dans son choix de locataires pour chambre et studio, et prépare ses communications avec son avocat Me Devers… Ensuite je soupe, prépare ma visite de Winnipeg pour demain; en fait nous avons déjà découvert tous les lieux susceptibles de m'intéresser, ne reste que le Musées des Beaux-Art (le W.A.G.) qui sera donc ma destination demain matin. Je commence ensuite la rédaction de ce carnet de route, mais m'interromps cette fois aussi car trop las - même s'il n'est que 22:15 (en fait 23:15 pour moi puisque j'ai changé de fuseau horaire). Je tombe dans mon lit et dans un profond sommeil que rien ne viendra troubler.


40 898 Dimanche 30 aout 2020 : de WINNIPEG (Piché) à MOOSOMIN (389 km)

Nuit totalement silencieuse et réveil dans la gloire d'un soleil resplendissant sur la paille dorée qui remplit les champs autour de moi. Décollant à 7:15 je parcours la trentaine de km me séparant de la capitale manitobaine pour aller stationner directement devant l'entrée du WAG (Winnipeg Art Gallery), sur la grande avenue fermée par la haute façade classique et le dôme du Manitoba Legislative Building : le Parlement provincial (1920).

Winnipeg :
            Manitoba Legislative Building
Winnipeg : Manitoba Legislative Building

Après douche et déjeuner j'ai largement le temps de procéder aux connections et soudures du câblage de ma nouvelle radio; l'essai est concluant mais je devrai sursoir à son installation, faute d'adaptateur pour la prise d'antenne (ce qui me prive de la réception radio, donc de nouvelles) et d'une connexion directe en mode accessoire, si bien que l'appareil ne s'allume qu'une fois le contact moteur allumé… On verra plus tard à remédier à ces petits pb.

Winnipeg : façade du WAG
Winnipeg : façade du W.A.G. (Winnipeg Art Gallery)

La mise à jour du carnet de bord me mène vers 11:45, le musée est maintenant ouvert depuis ¾ d'heure, je puis m'y diriger. La collection permanente, essentiellement des peintures, est limitée et a toute été rassemblée dans deux salles où les tableaux couvrent littéralement les hauts murs, comme dans les antiques salons d'amateurs du XVIIIème. Leur qualité est très variable, et signatures connues ne valent pas chefs-d’œuvre...

WAG : La baie de Portrieux par Eugène-Louis Boudin
          (1873)
W.A.G. : La baie de Portrieux par Eugène-Louis Boudin (1873)

WAG : Paysage le soir par Hippolyte Camille Delpy
            (1860)
W.A.G. : Paysage le soir par Hippolyte Camille Delpy (1860)

Cette disposition a permis de libérer l'espace des quelques autres salles pour des expositions : l'une consacrée à de productions récentes d'art inuit, en l’occurrence des poteries dont plusieurs me retiennent par leur expressivité. La seconde exposition, également de sculpture inuit, est de facture plus traditionnelle, mais d'excellente qualité : des sujets animalier mais aussi des figures humaines en pierre, et surtout toute une série de sculptures miniatures en ivoire représentant des scènes de la vie autochtone dans le Grand Nord. Il semble que cet art inuit soit d'ailleurs la spécialité du W.A.G., au point qu'on est en train de construire une aile séparée qui lui sera entièrement consacré.


Winnipeg Art Gallery : miniature en ivoire inuit
                  : scène de pêche
W.A.G.: Sculpture inuit : Scène de pêche

Winnipeg Art Gallery : Ours attaquant un homme,
                  sculpture inuit en pierre
W.A.G.: Sculpture inuit : Ours attaquant un homme

Enfin la «grande» exposition est consacrée à Lionel LeMoine FitzGerald, le dernier membre à adhérer au Groupe des Sept. Il m'était inconnu. Originaire du Manitoba, ce peintre voyagea peu mais traduisit avec talent surtout des ambiances et paysages de sa région. Il produisit aussi quelques recherches vers l'abstraction à la fin de sa vie, au fil d'une amitié avec Lawren S. Harris qu'il côtoya dans les Rocheuses. Plusieurs toiles retiennent suffisamment mon attention pour que j'en conserve l'image…

Winnipeg WAG : L'arbre brisé, par Lionel Lemoine
            FitzGerald (1920)
Winnipeg WAG : L'arbre brisé, par Lionel LeMoine FitzGerald (1920)

WAG : Poplars (Peupliers) par Lionel Lemoine FitzGerald
            (1924)
WAG : Poplars (Peupliers) par Lionel Lemoine FitzGerald (1924)

WAG : Doc Snyder's House par Lionel LeMoine Fitzgerald
            (1931)
WAG : Doc Snyder's House par Lionel LeMoine Fitzgerald (1931)

Lorsque je sors du musée deux heures plus tard il pleut à verse sur les rues sont presque désertes en ce triste dimanche après-midi; un coup d’œil au Guide Vert me le confirme : pas grand chose d'intéressant que je ne connaisse déjà. Je reprends donc ma route vers l'ouest en direction de Regina, sachant que, vu l'heure déjà avancée, je ne parcourrai pas les 450 km qui m'en séparent…

Suite de ma lente progression dans les Prairies bien nommées, plates étendues où les immenses champs de céréales sont pour la plupart déjà récoltés, laissant un tapis de paille dorée; d'autres cultures bien vertes sont encore sur pied et, de-ci de-là, des arbres en bosquets ou en haies épaisses coupent la vue vers l'horizon qui serait autrement infini.

Les kilomètres défilent tranquillement, j'écoute un peu de musique, profitant du loisir pour me replonger dans ma collection de jazz. Puis, après 250 km, las et ne voyant pas le bout de mon trajet (encore plus de 200 km à venir...) j'arrête dans le village de Moosomin, à cheval sur la voie ferrée et regroupé autour de son antique silo en bois traditionnel.

Bivouac à
          Moosomin derrière la clinique dentaire
Bivouac à Moosomin derrière la clinique

Un petit espace sur le grand parking vide d'une clinique dentaire me servira de bivouac pour cette nuit. Elle ne sera ponctuée que par le passage de 3 ou 4 convois dûment annoncés par les longs klaxons répétés de la locomotive. Transfert et début de traitement des photos accumulées depuis mon départ m'occupent jusque vers minuit.

Le silo de Moosomin (Saskatchewan)
Au matin, le vieux silo de Moosomin «cathédrale des Prairies»


41 287 Lundi 31 aout 2020 : de MOOSOMIN à SWIFT CURRENT (551 km)

Lever à 8:00 pour un départ immédiat, ce qui donnera le temps à l'habitacle de se réchauffer un peu. En effet la nuit a été plus fraîche et je n'ai pas encore voulu utiliser le chauffage, préférant me blottir sous la couverture en peluche additionnée du duvet, largement suffisants pour me tenir au chaud. Une centaine de kilomètres plus loin sur la route de Regina, je sors de l'autoroute pour m'avancer sur la rue principale (la seule asphaltée) d'un village et y prendre douche et déjeuner.

Grande rue d'un village de Saskatchewan
Grande rue d'un village de Saskatchewan

Aujourd'hui il fait très beau et les quelques nuages épars dans le ciel disparaissent bientôt pour laisser place à un bleu clair uniforme très lumineux; la température inférieure à 10° à mon réveil montera jusqu'à un confortable 20° en après-midi, les meilleures conditions pour rouler et admirer le paysage. Celui-ci est devenu progressivement plus «habité», non que les maisons y soient plus fréquentes, mais les installations liées à la culture, les routes, les grosses moissonneuses-batteuses parcourant les champs dorés immenses me semblent plus présents. Dans d'autres champs, un peu partout, des petits silos circulaire métalliques brillent aux lisières des terrains tandis que des gros camions roulant sur le chaume viennent charger le grain avant de filer à vive allure sur l'autoroute. Celle-ci suit à peu près le tracé de la ligne de chemin de fer transcontinental du Canadien Pacific Railway sur laquelle on voit parfois défiler d'interminable files de wagon menés par deux ou trois grosses locomotives diésel rouge orangé. Chemin faisant je reçois un long appel d'Anne qui vient me donner d'autres nouvelles d'Édouard et partage un peu sur sa lassitude face à son boulot…

Détour en fin de matinée vers la vallée de la Qu'appelle, histoire de changer un peu de paysage. Ses deux beaux lac Pasqua et Echo encadrés par les pentes ravinées entaillées dans la plaine ne me paraissent pas extraordinaires, mais on peut comprendre que, pour les locaux, ce relief inattendu possède un certain charme. Je m'arrête le temps de déjeuner au bord de l'eau agitée par le vent qui forme des vagues courtes assez violentes bien inhabituelles sur ces eaux réputées si calmes.

Pause déjeuner devant le Lac Pasqua
Pause déjeuner devant le Lac Pasqua (Qu'Appelle)

En quittant la vallée le fort vent frontal qui m'avait fait arrêter hier se poursuit, augmentant tellement ma consommation que je dois refaire un plein partiel avant d'arriver à Regina (contrairement à mes calculs). Finissant par arriver en ville vers 15:00, je me dirige aussitôt vers la Mackensie Art Gallery visitée autrefois avec Daniel et dont j'ai gardé un excellent souvenir de ses expositions de haut niveau. Stationnant facilement devant le beau bâtiment moderne au bord du Wascana Park, au cœur de la ville, je laisse le ProMaster dans le vaste parking sous les arbres et gagne l'entrée du musée, mon masque à la main.

Regina
            : devant la Mackensie Gallery, Mère et enfant II par Jacques
            Lipchitz (1945)
Regina : devant la MacKenzie Art Gallery, Mère et enfant II par Jacques Lipchitz (1945)

Hélas je n'irai pas bien loin car une hôtesse (masquée elle aussi) m'informe dès la porte franchie que, dû à la pandémie, les horaires ont été bouleversés et que les salles d'expos sont inaccessibles les lundi et mardi. Déception à laquelle elle a le bon goût de se montrer compatissante… N'ayant rien repéré d'autre que je ne connaisse déjà dans Regina, je regagne le centre d'affaire pour refaire le plein sur une pompe discount découverte via Gasbuddy (92 cts le litre). Bonne occasion d'admirer le bel ordonnancement de ce centre ville fort joliment rénové en respectant les quelques immeubles anciens qui font belle figure à côté d'innovations contemporaines plutôt hardies.

Place du
                    centre-ville de Regina Regina-compagnie-d'assurances
Regina : le Contemporain et l'Ancien dans le centre des affaires...

Rejoignant ensuite la Hgw 1 (autoroute) par une suite de grandes avenues bien dégagées, je poursuis ma route vers Moose Jaw où j'aimerais demain matin faire un tour au grand Western Development Museum qui semble fort riche. Route facile car pas trop chargée, dans l'immense plaine aux blés dorés par le soleil de fin de journée. Mais en arrivant en ville la déception se répète : pour les mêmes raisons de pandémie, le musée ouvert normalement tous les jours est maintenant fermé (normal, il est passé 17:00) mais ne rouvrira que mercredi matin… Maudit Covid ! Je n'ai pas d'autre choix que de renoncer pour cette fois; peut-être au retour, si je prends la même route...

Comme il est trop tôt pour faire étape et que Moose Jaw ne semble pas présenter de charme particulier, je décide de poursuivre vers l'ouest en gagnant 160 km plus loin la prochaine ville : Swift Current où je trouverai un parc ou autre coin paisible pour me coucher tôt et démarrer demain aux aurores.

La petite maison sur la Prairie...
En quittant Regina, une - antique - Petite maison dans la Prairie

La
            Prairie...
La Prairie monotone et, semble-t-il, interminable.

Silos
Silos modernes en acier

Le soleil descend dans le ciel toujours serein et la température baisse à peine, la lumière dorée rend encore plus chaleureuses les couleurs de l'environnement rural. Je me hâte de gagner l'étape, maintenant un peu fatigué par cette longue route sans trop de pause.
À 18:30 (2 heures de retard sur Montréal où il est déjà 20:30) je gagne le centre de la petite ville et, avisant un parc central entouré de résidences, m'installe sur le parking jouxtant une aire de jeux pour enfants. Souper léger (il faudra que je passe dans une grosse épicerie pour quérir quelques plats appétissants..., hélas les rayons du Carrefour sont bien loin !), écriture du carnet de route et coucher dès 21:30.


41 838    Mardi 1er septembre 2020 : de SWIFT CURRENT à PATRICIA (409 km)

Bon sommeil mais réveil peu après 5:45, ma nuit complétée après ces 8 heures de sommeil… À 6:00 je suis au volant et voit le jour se lever sur la Transcanadienne. Je roule pendant près de 2 heures en appréciant les couleurs des prairies et du ciel qui traversent une bonne partie de la palette. Puis une petite lassitude me prend, les yeux me picotent, j'arrête sur une aire de repos en rase campagne et pique une somme d'une bonne heure.

Aube sur le Prairie
Aube sur la Prairie

Il est presque 9:00 et le jour bien établi lorsque je me relève, me douche et déjeune. Je repars après avoir pris connaissance des «Historic Markers » plantés là à l'intention des passants. Ils relatent l'histoire du «ranching» dans la région où s'établit dans les années 1870 un Lord anglais qui avait acheté des milliers d'hectares pour se livrer à l'élevage à grande échelle. Des hivers très durs ayant exterminé les ¾ des bêtes, il dut renoncer et en 1909 liquidait l'entreprise. Et c'est comme ça que s'est bâti le Canada que nous connaissons, avec ses hauts et ses bas…

L'INDUSTRIE DE L'ÉLEVAGE

(Historic Markers)

Dans les années 1870, lorsque disparurent les vastes troupeaux de bisons, des éleveurs sont venus dans cette région pour remplir la Prairie vide de bétail et de chevaux. L'arrivée de la police montée du Nord-Ouest, qui établit des postes dans les centres voisins comme Fort Walsh, a aidé cette industrie de trois façons. Ils ont fourni une protection contre le vol de bétail, ils ont acheté du bœuf aux éleveurs et des policiers à la retraite ont souvent établi des ranchs.

Les premiers ranchs étaient petits et appartenaient à des propriétaires locaux, mais plus tard, des hommes d'affaires de Grande-Bretagne et de l'est du Canada ont établi des exploitations plus importantes. L'achèvement du chemin de fer du Canadien Pacifique en 188$ a ouvert de nouveaux marchés pour les éleveurs, mais a également fait naître la menace de voir des colons revendiquer les mêmes terres. Cependant, les éleveurs l'emportèrent et prospérèrent.

L'hiver 1906-07 a changé l'élevage à jamais. De fortes chutes de neige suivies de cycles de dégel et de gel ont tué des milliers de bovins, et certaines grandes exploitations perdirent les trois quarts de leurs troupeaux. Cela a conduit à l'effondrement de la plupart des grands ranchs.

Historic Markers : l'élevage (Ranching)

Historic Markers du Ranche 76

La terre des Ranchs
Historic Markers de la Saskatchewan : la Terre des Ranchs

LE RANCH 76
(Historic Marker)

Le Ranch "76" tire son nom de la marque utilisée par le ranch de la Powder River au Wyoming. Lorsque sir John Lister-Kaye acheta tout le troupeau de bétail du ranch pour son développement foncier. Il conserva la marque et prit le nom de 76.

Ici se trouve le site de la ferme du Lac des Grues. l'une des dix fermes de ce type qui, ensemble, constituaient le ranch "76". En 1890, elle est devenue le quartier général de l'exploitation bovine. Chaque ferme avait une maison à deux étages, un caveau. une écurie et hangar à machines, grenier et moulin à vent, forge, salle des harnais, étable à bestiaux, bergerie et porcherie. Le «76 » survécu à l'hiver 1906-1907, mais perdit les deux tiers de son cheptel. Ses propriétaires britanniques le vendirent à Gordon, Ironsides et Fares en 1909. En 1921 le ranch "76" fut définitivement séparé de la marque et passa par plusieurs propriétaires avant de revenir dans ce secteur en 1945.

LES ENTREPRISES LISTER-KAYE
(Historic Marker)

En 1884, sir John Pepys Lister-Kaye, baronet du Yorkshire, arriva dans le Nord-Ouest venant de Californie. Il acheta 7.000 acres de terre près de Balgonie, et créa une ferme.

En 1886, Lister-Kaye s'intéressa à la région de Swift-Current. Il a acheta dix lots de terres de 10 000 acres chacun entre Swift Current et Calgary. Chaque lot était une ferme ; ensemble ils constituaient le ranch "76". En 1888, il constitua la Compagnie de charbon, d'agriculture de colonisation canadienne et reçut un soutien financier en Angleterre. Sous la direction de Lister-Kaye, la société devint l'une des plus grandes entreprises agricoles du Canada.

L'hiver rigoureux de 1890 tua le bétail et réduisit les stocks d'aliments. les efforts peu orthodoxes de Lister-Kaye pour couvrir ces pertes échouèrent complètement. La société, pressée financièrement, fut réorganisée et Lister-Kaye démissionna de sa direction.

La société continua à fonctionner jusqu'en 1909, mais n'a jamais atteint le niveau de prospérité envisagé par Lister-Kaye.



Je reprends la route ragaillardi, souffrant nettement moins des picotement oculaires et de la congestion nasale, mais les symptômes reprendront aggravés dans la journée, jusqu'à ce que je m'aperçoive avoir oublié d'inclure le comprimé quotidien de Cétirizine (antihistaminique) dans mon pilulier de cette semaine… Or l'air rural que je traverse en pleine moisson doit fourmiller de pollens de céréales auxquels je suis particulièrement sensible… D'ailleurs, à plusieurs reprises, je dois fermer fenêtres et admission d'air dans la cabine en passant près d'immenses champs où 3 ou 4 énormes moissonneuses-batteuses en décalage dépouillent la terre de ses épis en produisant une large colonne de poussières montant jusqu'au ciel et dérivant sur la route.

Après une autre centaine de kilomètres, le passage en Alberta se fait presque insensiblement, quoique des détails me semblent révéler que cette autre province est encore plus favorisée : la route est plus uniformément en bon état, les maisons sont généralement plus soignées, avec un coquet jardin ombragé alentour qui tranche sur la nudité de la plaine à perte de vue. Des bestiaux noirs ou bruns, en troupeaux épars mais comptant un bon nombre de têtes, apparaissent dans les vastes herbages où pousse librement la fétuque - dont se nourrissaient les mythiques bisons - mais clôturés de chaque côté de la route. De temps à autre, un chemin de terre avec portail rustique et panneau nominatif annonce l'entrée d'un ranch qui, trop loin, demeure le plus souvent invisible.

Drapeau de
          l'Alberta
Entrée en Alberta

En filant vers l'Ouest
En filant vers l'Ouest sur la Transcanadienne

Des céréales
            à ne savoir qu'en faire...
Des céréales à ne savoir qu'en faire...

Les kilomètres défilent, le réservoir se vide, je dois songer à faire le plein, mais laisse passer la station la plus économique en arrivant à Swift Current, une grande ville avec plusieurs centres commerciaux et tous les services auxquels on peut s'attendre. Apercevant un Best Buy, je songe à y quérir l'adaptateur d'antenne de ma nouvelle radio, ce qui me permettrait de la brancher au moins provisoirement. Accueil des plus aimable d'une vendeuses qui semble apprécier mes efforts pour m'exprimer dans un anglais des plus approximatifs (elle me dit avec un sourire - masqué - avoir eu elle-même plus de difficultés lors d'un séjour à Montréal); Best Buy ne vendant plus d'auto-radios, elle m'indique une autre boutique (Visions Electronic) un peu plus loin qui devrait répondre à mon besoin. Je m'y rends. Là aussi accueil aimable du vendeur qui vient dans le ProMaster examiner les connecteurs en question et vérifie avec le technicien à l'atelier la référence de la pièce. Faute de l'avoir en stock, on me la note sur un papier en me suggérant de passer dans le magasin principal de la chaîne à Calgary où là, on pourra sûrement me servir.

Avisant juste en face un grand magasin Sobeye, je me souviens qu'il s'agit là d'une chaîne d'épicerie… Voilà l'occasion de me réapprovisionner, particulièrement en eau potable puisque je me refuse à boire l'eau de la citerne, même traitée, et en crème 35% qui fait cruellement défaut dans les petits pois dont je ne compte plus le nombre de boites en réserve… Ma liste est vite faite et je me lance à explorer les allées, à la recherche de ce qui pourrait titiller un peu mes papilles. Las, comme évoqué plus haut on est loin du Carrefour français, et même du Costco et autre Metro montréalais. Le rayon des fromages fait pitié comme celui des soupes, les saucisses se limitent aux Frankfurters destinées à garnir les hot-dogs (illustration à l'appui), etc. En revanche les fruits et légumes sont assez abondants, variés et beaux, mais plutôt chers. Quant aux plats cuisinés, à part les boites de «beans» dans toute une panoplie de sauces et les raviolis, c'est le désert. Je trouve quand même un petit jambon fumé qu'il me faudra trancher moi-même (les sachets pré-tranchés sont minables…) et, merveille, un saucisson «authentique rosette de Lyon» (élaboré au Québec…).

Un peu décontenancé mais néanmoins pourvu pour les prochaines semaines, je case mes victuailles dans le frigo et les coffres, puis reprends l'autoroute jusqu'à Brooks, à une centaine de kilomètres, où je devrai absolument refaire le plein d'essence, le réservoir presque vide. Je m'applique donc à conduire le plus économiquement possible, et rentrerai 83,69 l dans le réservoir qui en contient théoriquement 90…

Dinosaur
            Provincial Park : la vallée de la Red Deer et les Bad Lands
Dinosaur Provincial Park : la vallée de la Red Deer et les Bad Lands vues depuis le plateau

Le soleil descend, j'aurai juste le temps de faire un petit tour au Provincial Dinosaur Park. Je quitte donc la Transcanadienne pour gagner le hameau de Patricia puis descendre jusqu'à la vallée de la Red Deer River et faire le circuit de 5 km qui offre des vues spectaculaires sur les éboulis de marne extrêmement ravinée donnant son caractère au paysage. Quelques vitrines en plein air exposent in situ les restes de quelques-uns des très nombreux dinosaures découverts dans ces terres très riches en fossiles, à tel point que ces traits particuliers ont valu à ce parc de figurer sur la liste patrimoniale de l'UNESCO.

Vallée de
          la Red Deer : méandres de la rivière bordés du rare peuplier
          de Virginie
Vallée de la Red Deer : méandres de la rivière bordés du rare peuplier de Virginie

Dinosaur
            Provincial Park : la Red Deer en aval
Vallée de la Red Deer vers l'ouest

Parc
            Dinosaur : vallon
Vallée de la Red Deer : dans le vallon

Dinosaur
          provincial Park : colline
Dinosaur Provincial Park - collines


Dinosaur
            Provincial Park : squelette d'hadrosaure dans une vitrine in
            situ
Dinosaur Provincial Park : squelette d'hadrosaure dans une vitrine in situ


Dinosaur Provincial Park - hadrosaure
Dinosaur Provincial Park : hadrosaure reconstitué

Dinosaur Provincial Park : daim à queue blanche
Dinosaur Provincial Park : daim à queue blanche

En quittant le parc Dinosaur au crépuscule
En quittant le Dinosaur Provincial Park au crépuscule

Le soleil s'efface. Mon tour s'achève en beauté par la rencontre impromptue d'un daim à queue blanche qui traverse tranquillement la piste juste devant moi. Après ces dernières (re-)découvertes il ne me reste plus qu'à trouver le spot nocturne qui me permettra de récupérer un peu la fatigue commençant à s'accumuler, sans compter la crise d'allergie qui a repris de plus belle. Ignorant le camping presque plein aménagé au cœur du parc, je remonte jusqu'à Patricia pour suivre jusqu'au bout l'une des 5 petites rues parallèles du village. Elle me mène au bord du terrain de sport, des plus rural, à l'orée des champs. Je m'y pose dans un calme total, pas de circulation à craindre ici, et le chemin de fer est loin. Dans le crépuscule je tente de décrasser le pare-brise englué de mouches, mais les moustiques du soir, agaçants, me tournent autour, je finirai le travail demain !  Puis c'est le souper, un peu de mise au propre des photos et un autre coucher tôt dans le vent qui se lève, sans avoir jeté plus que quelques lignes sur ce carnet de bord.


Patricia : bivouac en bordure du village
Patricia : bivouac en bordure du village


42 247 Mercredi 2 septembre 2020 : de PATRICIA à AIRDRIE (CALGARY) (395 km)

Réveil vers 7:00, mais lever passé 8:15, ne sentant pas encore avoir retrouvé la pleine forme. Après douche et déjeuner, je passe l'aspirateur à main pour dépoussiérer le tapis, étonnamment efficace avec ses 250W que digèrent fort bien batterie et onduleur. Mise à jour du carnet de bord, puis j'achève la clarification du pare-brise avant de reprendre la direction de Drumheller par les petites routes de campagne. Température confortable de 18°, mais vent fort qui fait valser nuages et lumière dans un ciel assez chargé. Soudain surgit un dinosaure statufié devant une boutique - fermée - en pleine campagne, il surprend et mérite un arrêt photo. Il sera le premier d'une longue série, pas toujours du meilleur goût…

Près
          de Patricia : un premier dinosaure (Albertosaurus) en vue !
Près de Patricia : un premier dinosaure (Albertosaurus) en vue !

Mon itinéraire n'était certainement pas le plus court, mais il est facile et agréable, non par la diversité mais par les très vastes paysages aux couleurs douces que révèle chaque bosse tranquillement franchie en coasting pour économiser le carburant et prendre le temps de profiter. Et puis il n'y a personne sur ces excellentes routes de campagne. Faut-il que cette province soit riche pour si bien entretenir des routes si peu utilisées… Les champs cultivés sont immenses, la grande majorité en céréales blondes et denses dont beaucoup ont été moissonnées, laissant un paillis doré à perte de vue; dans d'autres coins ce sont des herbages où quelques bovins noirs paissent d'immenses étendues de fétuque jaune pâle parsemées de touffes grises d'armoise. Par-ci par-là, une pompe dont le bras mécanique tourne lentement extrait du sol le précieux pétrole qui s'accumule dans de noirs réservoirs cylindriques, attendant la tournée de  ramassage… Voilà résumé l'essentiel du spectacle, et les 3 grandes sources de richesse du pays, lesquelles ont hissé l'Alberta au premier rang - économique - des provinces canadiennes.

Exploitation de pétrole
Exploitation de pétrole

Avec quel avenir à long terme ? Pour le pétrole il a bien mauvaise presse, et son utilisation comme carburant contribue grandement à la catastrophe climatique. La viande de boeuf n'a plus la cote qu'elle a eu, et les «vegans» grignotent sa prépondérance. Quant à la grande culture céréalière, on ne cesse de vilipender son utilisation des herbicides, son abus d'engrais chimique qui «tuent » la terre et sa condamnation de la diversité biologique. Alors ?

En attendant ces paysages sont grandioses et le temps passe finalement assez vite jusqu'à ce que je rattrape la riante vallée de la Red Deer, tellement plus verte et presque fraîche après toute cette plaine un peu monotone. Longeant la rivière, je passe d'abord aux  Hoodoos, ces cheminées de fées qui ne semblaient beaucoup plus importantes, hautes et nombreuses autrefois, et que la sur-visite touristique aurait grandement affecté; d'où un aménagement d'escaliers et passages métalliques qui enlaidissent le site et lui ôtent une bonne part de son pittoresque.

Devant les
              Hoodoos
Le site des Hoodos depuis le stationnement au bord de la route

Hoodoos
Le site aménagé

Hoodoos
Les - quelques - plus beaux exemplaires restant

Le coteau
            érodé sur les flanc de la vallée
Le coteau érodé sur les flanc de la vallée

Encore quelques kilomètres de route de vallée le long de l'eau, encadrée par les coteaux sculptés par l'érosion, et je suis à Drumheller, capitale du Dinosaure. Du moins en voit-on des reproductions un peu partout, des grandes, d'énormes, des miniatures, des bleues, des vertes, des rouges… qui sourient, qui montrent les dents…  Bref l'art ou la manie de tout passer au «merchandising». En fait tout l'intérêt du lieu réside dans le Royal Tyrell Museum où je me rend directement, calculant que, dans l'heure et demie restant d'ici sa fermeture à 17:00, j'aurai bien le temps d'en refaire le tour.

Royal Tyrell
                  Museum : l'Albertosaurus à l'accueil
Royal Tyrell Museum : l'Albertosaurus à l'accueil
La gueule
                  sympathique d'Albertosaurus !
La gueule sympathique d'Albertosaurus !


Les gentils Pachyrhinosaurus à cornes herbivores

Les «gentils» Pachyrhinosaurus à cornes, herbivores

Pachyrhinosaurus

Mais c'était sans compter avec le MAUDIT COVID ! Encore une fois je me fais avoir, les visites sont limitées à 300 personnes à la fois dans les lieux, il faut réserver son billet en ligne, et il n'y aura pas de place avant demain après-midi… ! Déconfit, je me contente de faire quelques photos des fort beaux spécimens de Pachyrhinosaurus à corne - en fibre de verre ! - paradant devant l'entrée, puis escalade le monticule en avant qui offre une autre belle vue typique de l'environnement Bad Lands…

Au moins je profiterai d'être venu jusqu'ici pour faire une autre fois la jolie balade du Dinosaur Trail qui longe du côté nord la rivière Red Deer jusqu'au Blériot Ferry, puis revient par la rive sud jusqu'à Drumheller d'où je gagnerai Calgary. Route verte de vallée limitée par les coteaux, qui change des immensités planes et sans limites parcourues les jours derniers. S'y ajoute l'agrément des nombreux peupliers de Virginie, espèce en régression parait-il,  qui offrent au détour de chaque virage leurs haies ou leurs bosquets frisotant. Trois très beaux points de vue/belvédères à signaler en passant : d'abord le Horse Thief Canyon dont les pentes dénudées et arides déboulent à nos pied jusqu'au bord de l'eau.

Horse-Thief-Canyon
Horse Thief Canyon

Ensuite c'est le franchissement du flot tranquille de la rivière sur un bac à câble d'une conception antique, même si celui-ci a été largement modernisé et sécurisé. La lenteur et le silence de sa progression m'auront frappé, comme la sérénité - ou le fatalisme - de son vieux conducteur faisant jouer avec précaution la rotation de son moteur.

Bleriot Ferry
Blériot Ferry

Enfin le petit détour menant au Orkney Viewpoint vaut vraiment son kilomètre de route gravelée : les perspectives sur les courbes de la rivière tant vers l'amont que vers l'aval, l'alignement légèrement décalé des falaises, les bordures de peuplier ourlant le cours d'eau, les vues plus lointaines sur le plateau doré par les blés ou la fétuque, tout ce spectacle incite à s'immobiliser et à contempler.

Orkney View Point : vers l'ouest
Orkney Viewpoint : vue vers l'ouest

Orkney
            Viewpoint : vue vers l'est
Orkney Viewpoint : vue vers l'est

Une vive descente me ramène ensuite au centre de Drumheller, avant que je reprenne la route en direction de Calgary; non sans faire une pause de quelques minute devant le spectaculaire Horse Shoe Canyon, dont les rayons jaunes et bas du soleil accusent les reliefs tourmentés.

Horse Shoe Canyon

Horse Shoe Canyon

Horse Shoe Canyon
Horse Shoe Canyon

Je programme alors le GPS pour qu'il me mène devant le magasin Visions d'Airdrie où je prendrai l'adaptateur d'antenne qui me manque, ce soir si j'arrive avant 19:00, ou demain matin si j'arrive après la fermeture. Après un autre joli itinéraires à travers la campagne albertaine, c'est évidemment ce qui se produit puisqu'il est passé 19:30 lorsque je coupe le contact devant la porte fermée du centre commercial, en grande banlieue de Calgary.


Après avoir vérifié l'heure d'ouverture demain matin à 11:00, je traverse l'avenue pour aller me caser dans un coin du grand parking d'un Wal-Mart. Les dernière voitures quittent bientôt, ne demeurent qu'un tracteur poids lourd et une caravane à sellette (fifth-wheel) qui semblent bien vouloir passer eux aussi la nuit ici. Je pose les stores, prépare mon souper (une fondue suisse après une légère soupe à l'oignon), commence à rédiger le carnet de bord, mais le laisse vite en plan pour m'abandonner au sommeil.


Suite : 2020-09-Canada-ouest-2. Rocheuses

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