Madrid : bivouac devant le lago de Casa de Campo |
Nuit effectivement très calme, avec très peu de passage jusqu'aux premiers joggers et promeneurs du samedi matin et notre réveil paresseux vers 9:00. Monique demeure au lit tandis que je finis par me lever, me prépare et déjeune, puis commence à travailler sur la longue série de photos et notices prises hier dans la cathédrale et le musée diocésain de Sigüenza. Le ciel est couvert mais néanmoins assez lumineux pour assurer la recharge de la batterie et celle des ordi qui fonctionneront jusqu'en milieu d'après-midi, lorsque Monique, enfin d'attaque, poursuivra l'élagage de ses dossiers puis se délassera à naviguer sur le net. |
Vers 17:00 enfin je
manifeste mon impatience à découvrir un peu le coin de
la cathédrale et du Palais royal dont nous sommes
apparemment tout proches. Nous commençons par gagner le
stationnement voisin où nous avons aperçu hier dans nuit
une bonne douzaine de camping-cars et fourgons (8, Paseo
dela Puerta de Angel), S'y trouve effectivement un bel
espace plat et bien ensoleillé où laisser l'Exsis
apparemment en sécurité et prêt à nous accueillir pour
la nuit prochaine. Consultation du guide et du net, nous
traçons notre chemin et descendons jusqu'au Puente de
Segovia, franchissons le maigre cours du rio Manzanares
canalisé et remontons longuement la colline jusqu'à
l'entrée latérale de la cathédrale. |
Le Rio Menzanares depuis le Puente de Segovia |
Madrid : le Palais Royal en fin de journée d'hiver |
Celui-ci a fière allure, de style classique XVIIIe, certes assez massif mais fort bien dessiné. La place qui le longe (Plaza de Oriente) offre une promenade fréquentée par les Madrilènes qui sont nombreux à y sortir en famille. Jolie vue sur les grands façades illuminées, sur fond de ciel assombri puis rosi par le crépuscule. |
Le soir descend et le vent fraichit, je propose de revenir en empruntant le Puente del Rey, malheureusement sans bien évaluer la distance ni repérer sur mon téléphone (une autre apprentissage à faire…) le trajet pour rejoindre notre bivouac. Du coup nous serons vite frigorifiés, et Monique, nettement moins habituée que moi à marcher dans cet interminable contexte urbain, traine bientôt de la patte et proteste de la longueur de la balade. Et ce d'autant plus qu'elle avait de son côté repéré sur la carte les stations de métro qui auraient pu raccourcir nos errements… | Madrid : soir sur le Palais Royal et la Plaza de Espana |
Madrid : visite du Prado |
Madrid : visite du Prado fillettes coloriant en attendant |
Madrid : devant le Prado, la statue de Goya |
Je me lance donc seul
à la découverte des nombreuses collections du premier et
plus fameux musée espagnol : 94 salles réparties sur 3
étages… Commençant par explorer celle du premier étage,
je les parcours en suivant à peu près l'ordre indiqué
sur le petit plan remis à l'entrée. Je tenterai bien, comme d'habitude, de faire quelques photos des tableaux qui me semblent les plus intéressants mais dès la première je suis arrêté par un gardien : «No photos », dit-il en me montrant le petit logo d'une caméra barrée de rouge sur le plan… Tant pis, il faudra naviguer sur le net pour retrouver des images de cette expédition ! C'est ce que je ferai au retour de notre voyage, en m'inspirant de la liste de 54 chefs d’œuvres imprimée au dos du plan. Ce qui me permettra de présenter dans la suite de cette page web un magnifique échantillon des collections de ce prestigieux musée. |
L'Annonciation, par Fra Angelico |
Dormition de la Vierge, par Andrea Mantegna |
Cristo muerto, sostenido por un ángel, par Antonello da Messina |
Descente de la Croix, par Rogier van der Weyden (1443) |
Crucifixion, par Jean de Flandes (1509-1519) |
Santo Domingo de Silos entronizado como obispo, par Bartolomé Bermejo |
Autoportrait, par Albrecht Dürer (1498) |
Adam et Eve, par Albrecht Dürer (1507) |
Sacra Famiglia con Rafael, Tobia e San Girolamo, o Vergine del pesce, par Raphaël (Raffaello Sanzio di Urbino) (1514) |
Portrait d'un Cardinal, par Raphaël (1511) |
Bacanal de los andrios, par Le Titien (1519) |
Carlos V en Mühlberg, par Le Titien (1547) |
Danae recevant la pluie d'or, par Le Titien (1554) |
Autoportrait du Titien (1562) |
La Adoracion de los Reyes Magos, par Juan-Bautista Maino (1614) |
L'Adoration des bergers, par El Greco (1614) |
Trinidad, par El Greco |
El caballero de la mano en el pecho, par El Greco (1580) |
David vencedor de Goliat, par Michelangelo Caravaggio (ca.1600) |
Le Parnasse, par Nicolas Poussin (1631) |
Le Gué, par Claude Lorrain (1636) |
Saint Paula Romana embarquant à Ostie par Claude Lorrain (1640) |
El Triunfo de Baco o Los Borrachos par Velasquez (1628-29) |
El bufón don Diego de Acedo, el Primo par Velázquez (ca.1644) |
Reddition de Breda o Las Lanzas, par Velasquez (1634-35) |
Reddition de Breda o Las Lanzas, par Velasquez (1634-35) (détail) |
Las Meninas, par Diego Velazquez (1656) |
Les Ménines : l'Infante Margarita, par Valasquez |
Les Fileuses ou La Légende d'Arachne, par Velazquez (1657) |
Immaculada Concepción de los Venerables, par Murillo (1678) |
Le Jardin de l'Amour par Pieter Paul Rubens (1633-1634) |
Les Trois Graces, par Pieter-Paul Rubens (1639) |
L'adoration des Rois Mages, par Rubens (1609-1628) |
L'Immaculée Conception, par Tiepolo (1768) |
L'Adoration des Bergers, par Anton-Raphael Mengs (1770) |
Judith au banquet d'Holopherne, par Rembrandt (1643) |
El Tres de Mayo (1808), par Francisco de Goya (1814) |
Saturne dévorant l'un de ses fils, par Francisco de Goya (1819-1823) |
Oreste et Pylade (Groupe de San Ildefonso) par des élèves de Praxitèle (10 av. J.C.) |
Oreste et Pylade (Groupe de San Ildefonso) par des élèves de Praxitèle (10 av. J.C.) (détail) |
Salière en onyx, avec une sirène en or, Coll. du Grand Dauphin France (1500-1550) |
En fin de compte, lorsque les gardiens empressés pousseront les visiteurs dehors à la fermeture à 18:45, je n'aurai réalisé que la première partie de mon programme. Les deux vedettes en sont le trésor du Grand Dauphin, fils de Louis XIV, qui transmit à la royauté espagnole une superbe collection de pièces d'orfèvrerie et de service de table de prestige; et d'autre part toute une série de cartons de tapisseries de Goya (en fait de très grandes toiles colorées, vives et claires) destinés aux fabriques royales. À noter aussi une belle séries de toiles de Brueghel l'Ancien… | L'Empereur Carlos V et la Furie |
Madrid : bivouac au 8, Paseo de la Puerta del Angel |
Lever fort tard et dans un étonnant silence, vu l'environnement urbain à deux pas. Il faut dire que le vent continue de souffler très fort dans le feuillage des pins qui nous entourent et masque la rumeur ambiante davantage perceptible les derniers jours. |
L'autoroute devient 4 voies, puis 2 voies dans une belle campagne très vallonnée avec les cimes neigeuses de la Serra del Norte à l'horizon. Nous nous arrêtons pour manger vers 14:00 au bord du lac de retenue d'un barrage fort bas (Embalse de Valmayor) et y passerons l'après-midi à nous reposer, lire et écrire sous un ciel assez clair et ensoleillé, mais sans mettre le pied dehors tant le vent toujours intense reste froid. | Bivouac au bord de l'Embalse de Valmayor |
El Escorial : bivouac sur la Calle Timoteo Padros 31 |
La nuit tombe, nous cherchons un rare endroit plat où poser notre bivouac. Nous finissons par choisir une petite rue à sens unique un peu au dessus du monastère, au milieu de grandes et riches maisons entourées de jardins murés faisant plus penser à des palais qu'à des résidences de banlieue. La circulation étant des plus limitées, nous devrions y trouver un bon sommeil, à l'abri des secousses et des grandes bourasques du vent. |
Autre lever tard, après avoir longuement travaillé sur nos ordis : Monique sur les généalogies des familles Jacquier puis Bony dont elle tente de situer les portraits glanés lors de nos numérisations des tableaux familiaux ou du recueil des tableaux de Titante (Mary Bony). De mon côté je poursuis la conversion du long récit de Henry Stanley : Comment j'ai retrouvé Livingstone, de .pdf en .epub. J'en lis évidemment de grands passages, stimulé par les étonnantes aventures de ce personnage hors du commun. | El Escorial : façade sud et bassin |
L'Escorial l'esplanade ouest Plaza del Monasterio |
Enfin nous nous décidons à quitter la chaleur et le confort de notre grand lit pour nous préparer. En début d'après-midi, nous allons stationner juste à côté d'un des bâtiments annexes de l'austère et immense monument élevé par Philippe II fin XVIe à la gloire de sa dynastie. Le vent nous semble encore très froid lorsqu'il faut traverser la vaste esplanade pavée de grandes dalles de granit pour trouver la porte monumentale où débute la visite. |
D'emblée on est frappé par la sobriété des lignes et une certaine tristesse qui se dégage des cet empilement de gros cubes de granit gris, bien loin de la grâce et de l'élégance française ou de la débauche de fioritures du baroque autrichien. Même les grandes demeures palladiennes anglaises sont plus gaies et mieux intégrées à leur environnement. On est bien loin du Louvre classique bâti à peu près à la même époque et encore plus de Versailles un peu postérieur. | L'entrée de l'Escorial, côté collegio |
Escorial, Patio de los Reyes; au fond à l'étage la bibliothèque |
La visite, bien que très partielle, sera longue et fatigante par l'immensité des corridors, cours et patios qu'il faut parcourir ou traverser pour atteindre les salles ouvertes aux touristes : |
D'abord la haute et
vaste basilique centrale où je me fais une autre fois
refuser le droit aux photos (pourquoi ?) et dont Monique
apprécie fort peu la froideur et l'ordonnance rigide.
Pourtant quelques belles œuvres d'art sont disséminée
dans l'espace : plusieurs grands tableaux où l'on
reconnait Ribera et quelques autres peintres fameux, et
surtout un marbre admirable et émouvant : le Christ en
croix de Benvenuto Cellini. |
Chœur de la basilique de l'Escorial |
Christ crucifié, par Benvenuto Cellini (1562) |
Christ crucifié, par Benvenuto Cellini (1562) |
Crucifix (1562)
par Benvenuto CELLINI (1500 -1571, Florence) Cette Crucifixion
magnifiquement sculptée a une longue histoire.
Cellini a réalisé cette Crucifixion à la suite d'une vision qu'il a eue alors qu'il était prisonnier au Castel Sant'Angelo. A l'origine, il avait prévu de la placer sur sa propre tombe dans l'église dominicaine de Santa Maria Novella à Florence. Il avait l'intention de placer l'œuvre sur un pilier dans le transept de Santa Maria Novella, dans une position similaire à celle du Crucifix de Brunelleshi qui se trouve dans la branche opposée du transept. En raison d'un désaccord avec les Dominicains, il a convenu d'abriter sa tombe et la sculpture dans l'église de Santissima Annunziata. Plus tard, il renonça à ce projet et décida de vendre la sculpture à Cosimo 1er de Medicis, grand duc de Florence. Le crucifix devait être placé dans la chapelle privée du Palazzo Pitti. Cependant, Cosimo meurt en 1574 et, deux ans plus tard, Francesco 1er de Médicis le fait envoyer comme cadeau à Philippe II d'Espagne pour l'Escurial, où il se trouve encore aujourd'hui. |
Nous gagnons ensuite le grand cloître dont les murs sont couverts de grandes fresques aux thématiques bibliques, colorées mais un peu fouillis, dont je perçois difficilement le sens… comme un papier peint dont c'est l'ambiance suggérée qui compte plus que ce qu'il représente. | Le Grand Cloitre de l'Escorial |
Salle capitulaire de l'Escorial |
L'iglesia vieja ne nous impressionne guère, en revanche les deux longues salles capitulaires contigües aux teintes claires et bien éclairées sont beaucoup plus séduisantes. |
Descente ensuite dans
la crypte pour parcourir le panteon de infantes
puis le panteon de reyes, sorte de catacombes
tout en marbre coloré contenant les lourds tombeaux
blancs de la famille royale, Habsbourg puis Bourbon. Plus loin la descente se poursuit vers une rotonde encore plus profonde sous le chœur de la basilique, recouverte de marbres gris et rouge, donc encore plus solennelle et riche. Elle contient les niches étagées des sarcophages des rois et reines. Ambiance solennelle, bien sûr, empreinte de religiosité et de faste, qui me semblent peu pertinents pour les restes inanimés d'individus disparus depuis si longtemps… et dont on peut se demander en quoi leurs actions ont amélioré le sort du monde. |
El-Escorial : escalier descendant au Panthéon des Rois |
El Escorial : Panteon des Infants |
El Escorial : Panteon des Infants |
El Escorial : arrivée de l'escalier menant au Panteon des Rois |
El Escorial : Panteon des Rois |
Une autre suite d'escaliers sombres et raides construits dans l'épaisseur des murs, donc tout en granit, conduit deux étages plus haut au palacio de los Austrias, les appartements essentiellement occupés par les rois Habsbourg (Philipe II et consorts). Décor simple et de bon goût, nettement plus intime sans pour autant être très chaleureux, et surtout orné de quelques forts beaux tableaux, malheureusement non photographiable vu la proximité du gardien omniprésent. | El Escorial : vestibule du Palacio d'Austria |
El Escorial : orgue de chambre dans le Palacio d'Austria |
El Escorial : corridor dans le Palacio d'Austria |
Traversant une suite d'autres pièces (cabinets, bureaux, etc.) nous tombons sur d'autres escaliers qui nous mènent à la Sala de Batallas, sur le côté nord de la basilique. Ses longues parois sont entièrement couvertes de fresques claires, fines et détaillées représentant les batailles de St-Quentin (contre les Français) et de Higuerruela (contre les Maures). Remarquables de fraîcheur et de précision, regorgeant de détails pittoresques, mais dont le souvenir ne sera encore une fois que quelques photographies aléatoires prises à la dérobée... | El Escorial : Sala de Batallas |
El Escorial : détail de la Sala de Batallas |
El Escorial : Sala de Batallas |
Le Christ sur la Croix avec Marie et St Jean, par Rogier van der Weyden (1580) après une superbe restauration |
Façade de la basilique sur le Patio de los Reyes |
Les rois d'Israël sur la façade de la basilique |
Salomon sur la facade de la basilique |
Le roi David sur la façade de la basilique |
Les rois d'Israël sur la façade de la basilique |
Bibliothèque de l'Escorial |
Patio de los Reyes et parvis de la basilique depuis une fenêtre de la bibliothèque |
Voute de la bibliothèque de l'Escorial |
Voute de la bibliothèque de l'Escorial |
El-Escorial : Monique quitte la Plaza del Monasterio sur laquelle donne la façade ouest maintenant sous le soleil |
El Escorial : le grand portail ouest |
Mirador de la Pelona : crépuscule sur la Sierra de Guadararma |
La lumière est belle tandis que nous approchons les pentes de la Sierra de Guadarrama à Navacerrada. On entre alors dans un Parc Naturel, la forêt de résineux prend bientôt toute la place sur les pentes tandis que les maisons disparaissent. Bref arrêt sur un belvédère aménagé dans un grand virage de la route mais la végétation peu contenue cache à peu près tout le paysage… L'altitude s'élève assez rapidement : 1200, 1400, 1600 m… la nuit descend et le froid accompagné d'un vent fort dissuade de quelque autre arrêt, de toute façon impossible, jusqu'à la petite station de sport d'hiver installée dans le col, à 1 898 m. |