ESPAGNE

du 24 février au 17 mars 2020

(2 603 km)


Drapeau espagnol


Jean-Paul et Monique MOUREZ à bord de l'Exsis


3. de MADRID à PUERTO DE NAVACERRADA


39 576    Samedi 29 février 2020 : MADRID (6 km)

Madrid-bivouac-devant-le-lago-de-Casa-de-Campo
Madrid : bivouac devant le lago de Casa de Campo
Nuit effectivement très calme, avec très peu de passage jusqu'aux premiers joggers et promeneurs du samedi matin et notre réveil paresseux vers 9:00. Monique demeure au lit tandis que je finis par me lever, me prépare et déjeune, puis commence à travailler sur la longue série de photos et notices prises hier dans la cathédrale et le musée diocésain de Sigüenza. Le ciel est couvert mais néanmoins assez lumineux pour assurer la recharge de la batterie et celle des ordi qui fonctionneront jusqu'en milieu d'après-midi, lorsque Monique, enfin d'attaque, poursuivra l'élagage de ses dossiers puis se délassera à naviguer sur le net.

Le lago de Casa-del Campo et ses promeneurs du samedi
            devant le pare-brise
Madrid : le lago de Casa del Campo et ses promeneurs du samedi à travers le pare-brise

Vers 17:00 enfin je manifeste mon impatience à découvrir un peu le coin de la cathédrale et du Palais royal dont nous sommes apparemment tout proches. Nous commençons par gagner le stationnement voisin où nous avons aperçu hier dans nuit une bonne douzaine de camping-cars et fourgons (8, Paseo dela Puerta de Angel), S'y trouve effectivement un bel espace plat et bien ensoleillé où laisser l'Exsis apparemment en sécurité et prêt à nous accueillir pour la nuit prochaine. Consultation du guide et du net, nous traçons notre chemin et descendons jusqu'au Puente de Segovia, franchissons le maigre cours du rio Manzanares canalisé et remontons longuement la colline jusqu'à l'entrée latérale de la cathédrale.
Le Rio Menzanares depuis le Puente de Segovia
Le Rio Menzanares depuis le Puente de Segovia

En chemin nous longeons quelques restes des murailles isamiques qui cernaient la ville entre les IXe et XIe siècles, jusqu'à sa Reconquête en 1085 par le royaume de Castille.

Restes de murailles islamiques de Madrid
Sous la cathédrale, restes des murailles islamiques de Madrid

Nous  pénétrons à peine dans le grand sanctuaire, d'une part parce qu'un office s'y déroule, et d'autre part au vu de son lourd style néo-roman fin XIXe. En la longeant à l'est on tombe sur la Plaza de Almeria, devant les grilles de la grande cour du Palais royal.

Madrid-Palais-Royal-en-soiree
Madrid : le Palais Royal en fin de journée d'hiver
Celui-ci a fière allure, de style classique XVIIIe, certes assez massif mais fort bien dessiné. La place qui le longe (Plaza de Oriente) offre une promenade fréquentée par les Madrilènes  qui sont nombreux à y sortir en famille. Jolie vue sur les grands façades illuminées, sur fond de ciel assombri puis rosi par le crépuscule.

Le soir descend et le vent fraichit, je propose de revenir en empruntant le Puente del Rey, malheureusement sans bien évaluer la distance ni repérer sur mon téléphone (une autre apprentissage à faire…) le trajet pour rejoindre notre bivouac. Du coup nous serons vite frigorifiés, et Monique, nettement moins habituée que moi à marcher dans cet interminable contexte urbain, traine bientôt de la patte et proteste de la longueur de la balade. Et ce d'autant plus qu'elle avait de son côté repéré sur la carte les stations de métro qui auraient pu raccourcir nos errements… Madrid-soir-sur-le-Palais-Royal-et-la-Plaza-de-Espana
Madrid : soir sur le Palais Royal et la Plaza de Espana

Madrid-le-Palais-Royal-au-crepuscule
Le Palais Royal de Madrid au crépuscule

Il est passé 20:00 lorsque nous finissons par rallier la chaleur de notre petit chez-nous. Monique se réfugie presqu'aussitôt dans le lit que je descends pour elle, tandis que je prépare une soupe bien chaude pour me remettre d'aplomb. Elle redescendra un peu plus tard pour souper légèrement, puis planifer de façon plus soignée les balades des jours à venir. Coucher à 23:00 pour elle, passé minuit pour moi après complément du carnet de route des 2 derniers jours.


39 582    Dimanche 1er février 2020 : MADRID (11 km)

Peu de mouvement aujourd'hui puisqu'après un lever tardif et sous un ciel plutôt menaçant, aggravé d'un vent puissant et réfrigérant, nous nous décidons à quitter notre bivouac boisé et nuitamment paisible, mais maintenant pollué par les clameurs d'un «événement» genre Téléthon provenant du bord du lago juste en dessous de nous. Je programme le GPS sur le Paseo del Prado, puisque c'est aux abord du Parc du Retiro que je veux nous diriger pour aller consacrer cette journée de dimanche à la visite du grand musée du Prado. Route facile vu la faible circ
ulation en ce jour de congé.
Madrid-visite-du-Prado
Madrid : visite du Prado
Madrid : visite du Prado fillettes coloriant
Madrid : visite du Prado fillettes coloriant en attendant

Nous traversons les rues quelque peu sinueuses de la vieille ville qui ne nous semble guère attirantes (architecture commune, manque de lumière, boutiques quelconques…) pour aboutir de l'autre côté sur les grands boulevards aux abords de la grande gare d'Atocha. La police a barré plusieurs voies qui nous auraient permi une approche directe de la grande entrée du musée, je dois donc en faire le tour pour finir par longer les limites du parc du Retiro et tenter de trouver, sur une petite rue perpendiculaire, une rare place disponible. Quartier chic d'ambassades et autres logements prestigieux, évidemment peu propice au bivouac des camping-cars… Je réussis néanmoins à me caser entre deux voitures dans un stationnement en épi  Calle de Antonio Maura. J'y laisserai Monique qui s'installe sur le lit bas pour combattre un début de grippe attrapée hiers soir lors de notre long retour dans le vent froid et la nuit.

Madrid : devant le Prado, la statue de Goya
Madrid : devant le Prado, la statue de Goya
Je me lance donc seul à la découverte des nombreuses collections du premier et plus fameux musée espagnol : 94 salles réparties sur 3 étages… Commençant par explorer celle du premier étage, je les parcours en suivant à peu près l'ordre indiqué sur le petit plan remis à l'entrée.

Je tenterai bien, comme d'habitude, de faire quelques photos des tableaux qui me semblent les plus intéressants mais dès la première je suis arrêté par un gardien : «No photos », dit-il en me montrant le petit logo d'une caméra barrée de rouge sur le plan… Tant pis, il faudra naviguer sur le net pour retrouver des images de cette expédition ! C'est ce que je ferai au retour de notre voyage, en m'inspirant de la liste de 54 chefs d’œuvres imprimée au dos du plan. Ce qui me permettra de présenter dans la suite de cette page web un magnifique échantillon des collections de ce prestigieux musée.

Le-Prado-en-54-chefs-d'oeuvre
Le Prado en 54 chefs-d’œuvre

Les tableaux, en général de grande taille puisque destinés à décorer les palais royaux, sont innombrables et l'on retrouve bien entendu les plus grands noms de la peinture espagnole : Greco, Caravaggio, Rubens (appartenant aux Pays-Bas espagnols de l'époque, comme Brueghel et Rembrandt), Velasquez, Ribera, Murillo, Goya, Mengs, … L'inspiration varie : à côté des portraits assez formels et parfois carrément grandiloquents (comme les grands portraits équestres), d'autres beaucoup plus parlant dépassant la perfection formelle pour atteindre l'âme des modèles. Et puis il y a les nombreuses Vierges et autres scènes bibliques, pas toujours intéressantes, mitigées d'autres scènes tirées de la mythologique grecque ou romaine (les Métamorphoses d'Ovide fournissant des sujets toujours renouvelés). Prétexte à nombre de nus, en général assez beaux, mais la multiplication des plantureux Rubens sur ce chapitre finit par être lassante… Célébrations militaires aussi, d'un héroïsme vraiment passé de mode, et quelques scènes de genres (les fêtes paysannes flamandes de Brueghel sont d'un hédonisme réjouissant) et de très belles natures mortes, (gibiers, fleurs, etc.) d'une grande perfection formelle sinon expressive…

L'Annonciation par Fra Angelico
L'Annonciation, par Fra Angelico
Dormition de la Vierge par Andrea Mantegna
Dormition de la Vierge, par Andrea Mantegna

Cristo muerto, sostenido por un ángel par
                  Antonello da Messina
Cristo muerto, sostenido por un ángel, par Antonello da Messina
Descente de la Croix, par Rogier van der Weyden
                  (1443)
Descente de la Croix, par Rogier van der Weyden (1443)

Crucifixion, par Jean de Flandes (1509-1519)
Crucifixion, par Jean de Flandes (1509-1519)
Santo-Domingo_de-Silos_entronizado_como_obispo,_par_Bartolome_Bermejo
Santo Domingo de Silos entronizado como obispo, par Bartolomé Bermejo

Adoration des Mages par Hans Memling
Adoration des Mages, par Hans Memling

El jardín de las Delicias, par El Bosco
El jardín de las Delicias, par El Bosco

Les Sept Peches capitaux et les Quatre Dernieres Etapes
            humaines, par Jerome Bosch
Les Sept péchés capitaux et les Quatre dernières étapes humaines, par Jérôme Bosch

Passage du Styx, par Patinir
Passage du Styx, par Patinir

Triomphe de la Mort, par Pieter Bruegel l'Ancien (ca.
            1562)
Triomphe de la Mort, par Pieter Bruegel l'Ancien (ca. 1562)

Autoportrait, par-Albrecht Durer (1498)
Autoportrait, par Albrecht Dürer (1498)
Adam et Eve par Albrecht Dürer 1507
Adam et Eve, par Albrecht Dürer (1507)

Sacra Famiglia con Rafael, Tobia e San Girolamo,
                  o Vergine del pesce par Raffaello Sanzio (1514
Sacra Famiglia con Rafael, Tobia e San Girolamo, o Vergine del pesce, par Raphaël (Raffaello Sanzio di Urbino) (1514)
Portrait-d'un-Cardinal-par-Raphael-1511
Portrait d'un Cardinal, par Raphaël (1511)

Bacanal de los andrios, par Le Titien (1519)
Bacanal de los andrios, par Le Titien (1519)
Carlos V en Mühlberg, par Le Titien (1547)
Carlos V en Mühlberg, par Le Titien (1547)

Danae recevant la pluie d'or, par Le Titien
                  (1554)
Danae recevant la pluie d'or, par Le Titien (1554)
Autoportrait du Titien (1562)
Autoportrait du Titien (1562)

Le Lavement des pieds, par Le Tintoret (1549)
Le Lavement des pieds, par Le Tintoret (1549)

Venus_y_Adonis-par-Veronese-(1580).
Venus et Adonis, par Veronese (1580)

La Adoracion de los Reyes Magos, par
                  Juan-Bautista Maino (1614)
La Adoracion de los Reyes Magos, par Juan-Bautista Maino (1614)
Adoration des bergers, par El Greco (1614)
L'Adoration des bergers, par El Greco (1614)

Trinidad, par El Greco
Trinidad, par El Greco
El caballero de la mano en el pecho, par El Greco
                  (1580)
El caballero de la mano en el pecho, par El Greco (1580)

David vencedor de Goliat, par Michelangelo
                  Carvaggio (ca. 1600)
David vencedor de Goliat, par Michelangelo Caravaggio (ca.1600)
Le Parnasse, par Nicolas Poussin (1631)
Le Parnasse, par Nicolas Poussin (1631)
Vado de un rio, par Claude Lorain (1636)
Le Gué, par Claude Lorrain (1636)
Paysage avec l'embarquement de Saint-Paula Romana
                  à Ostie par Claude Lorrain (1640
Saint Paula Romana embarquant à Ostie par Claude Lorrain (1640)

Le songe de Jacob, par José de Ribera (1639)
Le songe de Jacob, par José de Ribera (1639)

Bodegon de recipientes, par Zurbaran (1650)
Bodegon de recipientes, par Francisco de Zurbaran (1650)

Aparición_del_apostol_San_Pedro_a_San_Pedro_Nolasco
              (1629)
Aparición del apostol San Pedro a San Pedro Nolasco, par Francisco de Zurbaran (1629)

El Triunfo de Baco o Los Borrachos par
                      Velasquez (1628-29)
El Triunfo de Baco o Los Borrachos par Velasquez (1628-29)
El_bufón_don_Diego_de_Acedo,_el_Primo_par
                      Velázquez (c._1644)
El bufón don Diego de Acedo, el Primo par Velázquez (ca.1644)

Reddition de Breda o Las Lanzas, par
                      Velasquez (1634-35)
Reddition de Breda o Las Lanzas, par Velasquez (1634-35)
Reddition-de-Breda-o-Las_Lanzas-par-Velasquez-(1634-35)-detail
Reddition de Breda o Las Lanzas, par Velasquez (1634-35) (détail)

Las Meninas, par Diego Velazquez (1656)
Las Meninas, par Diego Velazquez (1656)
Les Ménines : l'Infanta Margarita, par
                      Valasquez
Les Ménines : l'Infante Margarita, par Valasquez

Les Fileuses ou La Legende d'Arachne par
                      Velazquez (1657)
Les Fileuses ou La Légende d'Arachne, par Velazquez (1657)
Immaculada Concepción de los Venerables, par
                      Murillo (1678)
Immaculada Concepción de los Venerables, par Murillo (1678)

Fondation de Santa Maria Maggiore à Rome. Le songe
                du Patricien Jean, par Murilllo (1665)
Fondation de Santa Maria Maggiore à Rome. Le songe du Patricien Jean, par Murilllo (1665)

La-Vue, par Jan Brueghel &_Peter-Pau Rubens
                (1618)
La Vue, par Jan Brueghel & Pieter-Paul Rubens (1618)

Le Jardin de l'Amour par Pieter Paul Rubens
                      (1633-1634)
Le Jardin de l'Amour par Pieter Paul Rubens (1633-1634)
Les Trois Graces, par Pieter-Paul Rubens (16
Les Trois Graces, par Pieter-Paul Rubens (1639)

L'adoration des Rois Mages, par Rubens
                      (1609-1628)
L'adoration des Rois Mages, par Rubens (1609-1628)
L'Immaculee-Conception-par-Tiepolo
L'Immaculée Conception, par Tiepolo (1768)

Autoportrait-avec-Sir-Endymion-Porter-par-Anthony-van-Dyck-(1635).
Autoportrait avec Sir Endymion Porter, par Anthony van Dyck (1635)

L'Adoration des Bergers, par Anton-Raphael
                    Mengs 1770)
L'Adoration des Bergers, par Anton-Raphael Mengs (1770)
Judith au banquet d'Holopherne, par Rembrandt
                    (1643)
Judith au banquet d'Holopherne, par Rembrandt (1643)

La_era-(-l'Ete)-par-Goya-(1786)
La Era (l'Été), par Francisco de Goya (1786)

La-Maja-desnuda-par-Goya-(1795)
La Maja desnuda, par Francisco de Goya (1795)

Maja vestida, par Goya
Maja vestida, par Francisco de Goya

La familia de Carlos IV, par Francisco de Goya
              (1801)
La familia de Carlos IV, par Francisco de Goya (1801)

El Tres de Mayo, par Francisco de Goya
El Tres de Mayo (1808), par Francisco de Goya (1814)
Saturne dévorant l'un de ses fils, par
                    Francisco de Goya (1819-1823)
Saturne dévorant l'un de ses fils, par Francisco de Goya (1819-1823)

Dona Isabel la Catolica dictando su testamento, par
              Rosales (1864)
Dona Isabel la Catolica dictando su testamento, par Rosales (1864)

Fusilamiento de Torrijo,s par Gisbert (1837
Fusilamiento de Torrijos par Gisbert (1837)

Chicos_en_la_playa,_por_Joaquin_Sorolla-(1909)
Chicos en la playa, par Joaquin Sorolla (1909)

Oreste et Pylade (Groupe de San Ildefonso) par
                    des élèves de Praxitele (10 av. JC)
Oreste et Pylade (Groupe de San Ildefonso) par des élèves de Praxitèle (10 av. J.C.)
Oreste et Pylade (Groupe de San Ildefonso) par
                    des élèves de Praxitèle (10 av. JC)
Oreste et Pylade (Groupe de San Ildefonso) par des élèves de Praxitèle (10 av. J.C.) (détail)

Après 4 heures du parcours captivant de ce 1er étage je suis exténué et fais viser mon ticket pour sortir avant de retourner à l'Exsis où Monique, réveillée et en meilleure forme, s'apprête à préparer le dîner. Je récupère alors suffisamment d'énergie pour, après une courte sieste, retourner au Musée parcourir la vingtaine de salle du 2ème étage et la quarantaine du rez-de-chaussée.

Salière en onyx, avec une sirène en or, Coll.
                  du Grand Dauphin France (1500-1550)
Salière en onyx, avec une sirène en or, Coll. du Grand Dauphin France (1500-1550)
En fin de compte, lorsque les gardiens empressés pousseront les visiteurs dehors à la fermeture à 18:45, je n'aurai réalisé que la première partie de mon programme. Les deux vedettes en sont le trésor du Grand Dauphin, fils de Louis XIV, qui transmit à la royauté espagnole une superbe collection de pièces d'orfèvrerie et de service de table de prestige; et d'autre part toute une série de cartons de tapisseries de Goya (en fait de très grandes toiles colorées, vives et claires) destinés aux fabriques royales. À noter aussi une belle séries de toiles de Brueghel l'Ancien… L'Empereur Carlos V et la Furie
L'Empereur Carlos V et la Furie

La nuit tombe lorsque je regagne l'Exsis, exténué par ce « marathon artistique » dont je crains qu'il ne me reste qu'un éblouissement assez flou… et le goût de reprendre l'exploration des richesses du Prado sur le net et en bibliothèque. Monique de son côté est rentrée pas trop frigorifiées de sa petite balade dans le beau parc du Retiro dont elle a admirée le bassin, mais aussi les petits véhicules électriques genre side-cars destinés aux promenades en famille.

Nous hésitons sur le programme de demain, et décidons de retourner dormir sur notre précédent bivouac au 8, Paseo de la Puerta del Ángel, en espérant qu'il sera moins bruyant que ce matin. Effectivement tout est maintenant tranquille, et nous retrouvons sans trop de difficulté un autre espace où stationner. La nuit n'est pas trop froide mais très venteuse, j'allume le chauffage, nous soupons puis je me couche tôt sans toucher à mon ordi après cette grosse journée qui me laisse au final un peu ambivalent.


39 593    Lundi 2 mars 2020 : de MADRID à VALMAYOR
 
Madrid-bivouac-8-Paseo-de-la-Puerta-del-Angel
Madrid : bivouac au 8, Paseo de la Puerta del Angel
Lever fort tard et dans un étonnant silence, vu l'environnement urbain à deux pas. Il faut dire que le vent continue de souffler très fort dans le feuillage des pins qui nous entourent et masque la rumeur ambiante davantage perceptible les derniers jours.

Nous finissons par nous ébranler en fin de matinée en direction du monastère royal d'El Escorial. Plein d'eau en passant sur une station service (2€), faute de découvrir une aire de service CC dans les environs.

L'autoroute devient 4 voies, puis 2 voies dans une belle campagne très vallonnée avec les cimes neigeuses de la Serra del Norte à l'horizon. Nous nous arrêtons pour manger vers 14:00 au bord du lac de retenue d'un barrage fort bas (Embalse de Valmayor) et y passerons l'après-midi à nous reposer, lire et écrire sous un ciel assez clair et ensoleillé, mais sans mettre le pied dehors tant le vent toujours intense reste froid. Bivouac au bord de l'Embalse de Valmayor
Bivouac au bord de l'Embalse de Valmayor

Bivouac sur place en travaillant sur la généalogie de la famille Jacquier à partir de découvertes sur Geneanet.


39 593    Mardi 3 mars 2020 : de VALMAYOR à L'ESCORIAL (69 km)

Lever en fin de matinée sous un ciel toujours gris qui n'incite guère à bouger, jusqu'à ce qu'enfin, en milieu d'après-midi nous reprenions la route vers l'Escorial dont je voudrais bien visiter le monastère palais. Le relief devient plus accusé au fur et à mesure de notre approche des montagnes. Barrant progressivement l'horizon,  leurs sommets se perdent dans de gros nuages gris ou noirs. Posé sur les pentes de la Sierra de Guadarrama ici assez douces, le grand carré de granit gris se distingue longtemps avant d'arriver dans la petite ville très chic qui s'est progressivement bâtie alentours, San Lorenzo del Escorial.

El Escorial : bivouac sur la Calle Timoteo Padros
                  31
El Escorial : bivouac sur la Calle Timoteo Padros 31
La nuit tombe, nous cherchons un rare endroit plat où poser notre bivouac. Nous finissons par choisir une petite rue à sens unique un peu au dessus du monastère, au milieu de grandes et riches maisons entourées de jardins murés faisant plus penser à des palais qu'à des résidences de banlieue. La circulation étant des plus limitées, nous devrions y trouver un bon sommeil, à l'abri des secousses et des grandes bourasques du vent.


39 662    Mercredi 4 mars 2020 : à L'ESCORIAL à PUERTO DE NAVACERRADA (29 km)

Autre lever tard, après avoir longuement travaillé sur nos ordis : Monique sur les généalogies des familles Jacquier puis Bony dont elle tente de situer les portraits glanés lors de nos numérisations des tableaux familiaux ou du recueil des tableaux de Titante (Mary Bony). De mon côté je poursuis la conversion du long récit de Henry Stanley : Comment j'ai retrouvé Livingstone, de .pdf en .epub. J'en lis évidemment de grands passages, stimulé par les étonnantes aventures de ce personnage hors du commun. El-Escorial : façade sud et bassin
El Escorial : façade sud et bassin
L'Escorial l'esplanade ouest Plaza del
                  Monasterio
L'Escorial l'esplanade ouest Plaza del Monasterio
Enfin nous nous décidons à quitter la chaleur et le confort de notre grand lit pour nous préparer. En début d'après-midi, nous allons stationner juste à côté d'un des bâtiments annexes de l'austère et immense monument élevé par Philippe II fin XVIe à la gloire de sa dynastie. Le vent nous semble encore très froid lorsqu'il faut traverser la vaste esplanade pavée de grandes dalles de granit pour trouver la porte monumentale où débute la visite.
D'emblée on est frappé par la sobriété des lignes et une certaine tristesse qui se dégage des cet empilement de gros cubes de granit gris, bien loin de la grâce et de l'élégance française ou de la débauche de fioritures du baroque autrichien. Même les grandes demeures palladiennes anglaises sont plus gaies et mieux intégrées à leur environnement. On est bien loin du Louvre classique bâti à peu près à la même époque et encore plus de Versailles un peu postérieur. L'entrée de l'Escorial, côté collegio
L'entrée de l'Escorial, côté collegio
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Escorial, Patio de los Reyes; au fond à l'étage la bibliothèque
La visite, bien que très partielle, sera longue et fatigante par l'immensité des corridors, cours et patios qu'il faut parcourir ou traverser pour atteindre les salles ouvertes aux touristes :
D'abord la haute et vaste basilique centrale où je me fais une autre fois refuser le droit aux photos (pourquoi ?) et dont Monique apprécie fort peu la froideur et l'ordonnance rigide. Pourtant quelques belles œuvres d'art sont disséminée dans l'espace : plusieurs grands tableaux où l'on reconnait Ribera et quelques autres peintres fameux, et surtout un marbre admirable et émouvant : le Christ en croix de Benvenuto Cellini.
Escorial-choeur-de-la-basilique
Chœur de la basilique de l'Escorial

Christ crucifié de Benvenuto Cellini (1562)
Christ crucifié, par Benvenuto Cellini (1562)
Christ crucifié de Benvenuto Cellini (1562)
Christ crucifié, par Benvenuto Cellini (1562)

El-Escorial-Christ-crucifie-de-Benvenuto-Cellini-1562
Crucifix (1562)
 
par Benvenuto CELLINI  (1500 -1571, Florence)
 
Cette Crucifixion magnifiquement sculptée a une longue histoire.

Cellini a réalisé cette Crucifixion à la suite d'une vision qu'il a eue alors qu'il était prisonnier au Castel Sant'Angelo. A l'origine, il avait prévu de la placer sur sa propre tombe dans l'église dominicaine de Santa Maria Novella à Florence. Il avait l'intention de placer l'œuvre sur un pilier dans le transept de Santa Maria Novella, dans une position similaire à celle du Crucifix de Brunelleshi qui se trouve dans la branche opposée du transept.

En raison d'un désaccord avec les Dominicains, il a convenu d'abriter sa tombe et la sculpture dans l'église de Santissima Annunziata. Plus tard, il renonça à ce projet et décida de vendre la sculpture à Cosimo 1er de Medicis, grand duc de Florence. Le crucifix devait être placé dans la chapelle privée du Palazzo Pitti. Cependant, Cosimo meurt en 1574 et, deux ans plus tard, Francesco 1er de Médicis le fait envoyer comme cadeau à Philippe II d'Espagne pour l'Escurial, où il se trouve encore aujourd'hui.

Nous gagnons ensuite le grand cloître dont les murs sont couverts de grandes fresques aux thématiques bibliques, colorées mais un peu fouillis, dont je perçois difficilement le sens… comme un papier peint dont c'est l'ambiance suggérée qui compte plus que ce qu'il représente. Le Grand Cloitre de l'Escorial
Le Grand Cloitre de l'Escorial
Salle capitulaire de l'Escorial
Salle capitulaire de l'Escorial
L'iglesia vieja ne nous impressionne guère, en revanche les deux longues salles capitulaires contigües aux teintes claires et bien éclairées sont beaucoup plus séduisantes.
Descente ensuite dans la crypte pour parcourir le panteon de infantes puis le panteon de reyes, sorte de catacombes tout en marbre coloré contenant les lourds tombeaux blancs de la famille royale, Habsbourg puis Bourbon.

Plus loin la descente se poursuit vers une rotonde encore plus profonde sous le chœur de la basilique, recouverte de marbres gris et rouge, donc encore plus solennelle et riche. Elle contient les niches étagées des sarcophages des rois et reines. Ambiance solennelle, bien sûr, empreinte de religiosité et de faste, qui me semblent peu pertinents pour les restes inanimés d'individus disparus depuis si longtemps… et dont on peut se demander en quoi leurs actions ont amélioré le sort du monde.
El-Escorial : escalier descendant au Panthéon des
                  Rois
El-Escorial : escalier descendant au Panthéon des Rois

El Escorial : Panteon des Infants
El Escorial : Panteon des Infants
El-Escorial-Panteon-des-Infants.
El Escorial : Panteon des Infants

El Escorial : escalier menant au Panteon des
                  Rois
El Escorial : arrivée de l'escalier menant au Panteon des Rois
El Escorial : Panteon des Rois
El Escorial : Panteon des Rois

El Escorial :
            Panteon des Rois
El Escorial : Panteon des Rois

Une autre suite d'escaliers sombres et raides construits dans l'épaisseur des murs, donc tout en granit, conduit deux étages plus haut au palacio de los Austrias, les appartements essentiellement occupés par les rois Habsbourg (Philipe II et consorts). Décor simple et de bon goût, nettement plus intime sans pour autant être très chaleureux, et surtout orné de quelques forts beaux tableaux, malheureusement non photographiable vu la proximité du gardien omniprésent. El Escorial : Palacio d'Austria
El Escorial : vestibule du Palacio d'Austria
El Escorial : orgue de chambre dans le Palacio
                  d'Austria
El Escorial : orgue de chambre dans le Palacio d'Austria

El Escorial : Palacio d'Austria
El Escorial : corridor dans le Palacio d'Austria
Traversant une suite d'autres pièces (cabinets, bureaux, etc.) nous tombons sur d'autres escaliers qui nous mènent à la Sala de Batallas, sur le côté nord de la basilique. Ses longues parois sont entièrement couvertes de fresques claires, fines et détaillées représentant les batailles de St-Quentin (contre les Français) et de Higuerruela (contre les Maures). Remarquables de fraîcheur et de précision, regorgeant de détails pittoresques, mais dont le souvenir ne sera encore une fois que quelques photographies aléatoires prises à la dérobée... El Escorial : Sala de Batallas
El Escorial : Sala de Batallas

El Escorial : Sala de Batallas
El Escorial : détail de la Sala de Batallas
El Escorial : Sala de Batallas
El Escorial : Sala de Batallas

Pour finir cette partielle et pourtant longue visite (nous avons omis involontairement de gagner le palacio de los Bourbones), nous visitons au passage la gallerie de peinture puis redescendons dans la grande cour Patio de los Reyes pour aller admirer la bibliothèque.

Le Christ sur la Croix avec Marie & Jean, par
                  Rogier van der Weyden (1580)
Le Christ sur la Croix avec Marie et  St Jean, par Rogier van der Weyden (1580) après une  superbe restauration
Façade de la basilique sur le Patio de los Reyes
Façade de la basilique sur le Patio de los Reyes

Sur la façade plutôt austère de la basilique, fortement architecturée avec arches symétriques et fronton triangulaire, un seul décor, mais royal comme il sied, les six statues géantes de rois d'Israël soulignant l'ascendance divine de la royauté.

Les rois d'Israël sur la façade de la basilique
Les rois d'Israël sur la façade de la basilique
Salomon-sur-la-facade-de-la-basilique
Salomon sur la facade de la basilique
Le roi David sur la façade de la basilique
Le roi David sur la façade de la basilique
Les rois d'Israël sur la façade de la basilique
Les rois d'Israël sur la façade de la basilique
Bibliothèque de l'Escorial
Bibliothèque de l'Escorial
Patio de los-Reyes et parvis de la basilique
                  depuis la bibliothèque
Patio de los Reyes et parvis de la basilique depuis une fenêtre de la bibliothèque

Dans cet autre chef d'oeuvre la voûte et les murs couverts de fresques entre les bibliothèques grillagées chantent la gloire des philosophes et auteurs antiques, alternat avec des scènes bibliques. Sur les étagères on a ouvert quelques livres sur des pages illustrées de superbes enluminures… Bref le bouquet d'une visite qui valait bien le déplacement, et qui souligne une autre fois le décalage entre la vie des campagnes d'une extrême simplicité, et celle des grands seigneurs et de la royauté qui vivaient dans un luxe ostentatoire à cent lieues de la population.

Voute de la bibliothèque de l'Escorial
Voute de la bibliothèque de l'Escorial
Voute de la bibliothèque de l'Escorial
Voute de la bibliothèque de l'Escorial

Voute
            de la bibliothèque de l'Escorial
Voûte de la bibliothèque de l'Escorial

El-Escorial : la facade ouest donnant sur la
                  Plaza del Monsaterio
El-Escorial : Monique quitte la Plaza del Monasterio
sur laquelle donne la façade ouest maintenant sous le soleil

El-Escorial : le grand portail ouest
El Escorial : le grand portail ouest

El-Escorial-facade-sud
El Escorial : la grande façade sud en quittant sous le soleil vespéral

L'après-midi est bien avancé lorsque nous regagnons l'Exs pour nous restaurer un peu, avant de reprendre la route en direction de La Granja de San Idelfonso, un autre palais royal mais du XVIIIe celui-là.

Mirador-de-la-Pelona-vue-sur-la-Sierra-de-Guadararma
Mirador de la Pelona : crépuscule  sur la Sierra de Guadararma
La lumière est belle tandis que nous approchons les pentes de la Sierra de Guadarrama à Navacerrada. On entre alors dans un Parc Naturel, la forêt de résineux prend bientôt toute la place sur les pentes tandis que les maisons disparaissent. Bref arrêt sur un belvédère aménagé dans un grand virage de la route mais la végétation peu contenue cache à peu près tout le paysage… L'altitude s'élève assez rapidement : 1200, 1400, 1600 m… la nuit descend et le froid accompagné d'un vent fort dissuade de quelque autre arrêt, de toute façon impossible, jusqu'à la petite station de sport d'hiver installée dans le col, à 1 898 m.

Nous tournons un peu en cherchant le coins idéal, plat et écarté de la route, pour finalement établir notre bivouac sur une terrasse un peu en dessous de la station (1 798 m) servant de stationnement, et formant un autre mirador vers la vallée que nous venons de quitter. Stores vite tirés et chauffage allumé nous assurent un confort douillet pour la soirée qui s'annonce…


 Mars 2020 Espagne : 4. de San Idefonsa-La Granja à Madrid

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