ESPAGNE


du 24 février au 17 mars 2020

(2 603 km)


Drapeau
          espagnol


Jean-Paul et Monique MOUREZ à bord de l'Exsis


1. de Saint-Gaudens à Medinaceli


38 868 Lundi 24 février 2020 : de ST-GAUDENS à BARBASTRO (212 km)

La rue n'était finalement pas si tranquille, puisque la circulation a repris dès 7:00 et nous n'avons fait que sommeiller jusqu'à notre lever peu après 9:00. Je me douche et déjeune tandis que Monique traîne encore un peu, pour finir par décoller vers 10:00. St-Gaudens-les-montagnes-depuis-le-bivouac
Bivouac en périphérie de St-Gaudens, en vue des Pyrénées
St-Gaudens-collegiale-St-Pierre-le-clocher
St-Gaudens : le clocher de la collégiale St-Pierre
Arrêt en traversant le centre de St-Gaudens, Monique pour acheter quelques légumes, moi  pour m'enfoncer dans les rues de la vieille ville à la découverte de la collégiale St-Pierre. Son haut clocher, assez massif, dépasse au dessus des toits. L'extérieur sort tout juste d'une restauration majeure et le vénérable bâtiment en a presque l'air neuf… en attendant que la patine se dépose à nouveau sur les vieilles pierres.
St-Gaudens-collegiale-St-Pierre
St-Gaudens : collégiale St-Pierre, côté et portail latéral nord
Abside de la collégiale St-Pierre
Abside de la collégiale St-Pierre
St-Gaudens-collegiale-St-Pierre-portail-nord-XVIe
COLLÉGIALE SAINT PIERRE
(notice)

Les chapiteaux

Cinq ensembles de chapiteaux romans montrent l'évolution de la sculpture monumentale commingeoise du XIe au XIIe siècle : bas-côtés des travées orientales, tribunes, nef, porche, cloître.

Les tapisseries d'Aubusson
 
Elles ont été tissées à la Manufacture Royale d'Aubusson probablement dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle et sont de basse lisse. Deux tapisseries furent dérobées à la Collégiale dans la nuit du 20 décembre 1989. Retrouvées aux États-Unis elles furent remises en place le 26 septembre 1997.

L'orgue

Le buffet date d'avant 1662. Grand ensemble massif de chêne et de tilleul, il présente des caractéristiques de style Louis XIV. Classé monument historiques en 1980, l’instrument, œuvre de Dominique Cavaillé Coll, il date de 1831 et a été restauré de 1981 à 1984.

Le carillon

Le clocher carré haut de 47 m renferme actuellement 36 cloches qui forment le carillon du XIXe siècle restauré en 1984. La plus ancienne (1356) donne le fa dièse, elle pèse 800 kg, elle est classée monument historique. La plus grosse, la Gaudens pèse 1200 kg. La plus petite 20 kg, donne le ré.

La musique quotidienne de l’instrument anime agréablement la vie du centre-ville.

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St-Gaudens-collegiale-St-Pierre---gable-du-portail-nord-le-chrisme-roman
Collégiale St-Pierre : dans le gâble du portail nord, le chrisme roman
Nef de la collégiale St-Pierre
Nef et chœur de la collégiale St-Pierre
Cela dit, elle n'en a pas moins fière allure, d'un roman triomphant, haut et ample tel qu'il apparait dans sa nef et ses ouvertures qui lui confèrent une luminosité peu courante à cette haute époque. Le plus intéressant, en dehors de ses proportions et du grand buffet d'orgue du XVIIe, se trouve à être les chapiteaux variés, couronnant les colonnes de la nef et, un peu inhabituels, ceux des galeries entourant le presbyterium,. Celui-ci s'arrête sur une voute en cul-de-four recouverte d'une grande mosaïque dorée du Christ en gloire, d'inspiration byzantine.

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Collégiale St-Pierre : galerie à chapiteaux en haut du chœur
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                  ollegiale-St-Pierre
Détail du chapiteau en haut du presbyterium

St-Gaudens, collégiale St-Pierre : chapiteau de
                  la nef
St-Gaudens, collégiale St-Pierre : chapiteau de la nef
St-Gaudens, collégiale St-Pierre : chapiteau de
                  la nef
St-Gaudens, collégiale St-Pierre : chapiteau de la nef

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Collégiale St-Pierre : cul-de-four du chœur
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Collégiale St-Pierre : buffet d'orgue Louis XIV (1662)

Collégiale-St-Pierre : chapiteau de la nef
Collégiale-St-Pierre : chapiteau de la nef
Collégiale-St-Pierre : chapiteau de la nef


La visite se poursuit par le petit cloître attenant en grande partie reconstitué où l'on a rassemblé avec goût des chapiteaux et autres restes lapidaires d'édifices voisins disparus pour en faire un ensemble visuellement cohérent. Une belle réussite.

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Cloître St-Béat de la collégiale St-Pierre à St-Gaudens
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Chapiteau du cloître de la collégiale St-Pierre
Chapiteau-du-cloitre de la collegiale-St-Pierre
Chapiteau du cloitre de la collégiale St-Pierre
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Chapiteau du cloitre de la collégiale St-Pierre

Chapiteau-du-cloitre de la collegiale-St-Pierre
St-Gaudens : chapiteaux du cloître St-Béat, contigu à la collégiale St-Pierre

collegiale-St-Pierre-chapiteau-du-cloitre.

Chapiteau-du-cloitre de la collegiale-St-Pierre collegiale-St-Pierre---clocher-depuis-le-cloitre
Clocher de la collégiale St-Pierre depuis le cloître
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Dans la montagne sur la D929
Petit tour dans les rues anciennes bordées d'immeubles typiques du XIXe en revenant vers l'Exsis où m'attend Monique.Elle a fait ses courses dans l'unique petit magasin de fruits et légumes du coin, Nous devrons nous arrêter quelques minutes de plus chez Auchan pour compléter, avant de reprendre la route vers la montagne aux sommets blanchis qui se rapprochent devant nous.
Les paysage deviennent peu à peu spectaculaires, au fur et à mesure de notre progression dans une vallée qui s'insinue entre les hautes pentes rocheuses. Arrêt pour déjeuner à l'orée du petit bourg médiéval de Sarrancolin au bord du torrent la Neste. Sarrancolin : piquenique sur les rives-de la
                  Neste
Sarrancolin : piquenique sur les rives de la Neste
Sur la route du tunnel de Bielsa
Sur la route du tunnel de Bielsa
Puis les pentes s'accusent, particulièrement après la traversée de la station de Bourisp où les skieurs coutumiers en cette saison se sont mués en randonneur, faute de neige… Il fait en effet très chaud pour la saison (au delà de 20°C) et l'on ne voit plus aucune trace de neige sinon sur les pentes rocheuses très haut au-dessus de la route. Épingles à cheveux et rampes accusées se succèdent pour nous faire atteindre l'entrée du tunnel de Bielsa, offrant quelques vues saisissantes sur les montagnes et les villages nichés dans les creux loin en dessous de nous.

Le-Plan-d'Aragnouet
Le Plan d'Aragnouet

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Chapelle des Templiers d'Aragnouet

Arrivée au tunnel de Bielsa sur la D173
Arrivée au tunnel de Bielsa sur la D173

Descente du
                    tunnel du côté espagnol sur la A138
Descente du tunnel du côté espagnol sur la A138
La descente ensuite est assez longue, sinuant dans une vallée étroite et sombre qui dévale les pentes sud des Pyrénées, jusqu'à s'élargir progressivement. Plein de carburant à 1,27 €/l. sur une station Repsol opportunément placée en début de notre parcours hispanique.

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Le Rio Cinca à Lafortunada et église de Badain

Puis vues magnifiques sur le Monte Perdido qui culmine tout blanc à plus de 3 300 m, avant de suivre vers le sud la A138 jusqu'à Ainsa. Pena Montanesa au km 59 de la A138
Pena Montanesa au km 59 de la A138

Là je m'engage inopportunément sur le petite N260 vers l'ouest, beaucoup plus étroite.  M'apercevant de mon erreur, je fais demi-tour 14 km plus loin (km 451), en abordant des gorges spectaculaires.

Plissements-sur-la-N-260,-km-451
Plissements au dessus des gorges sur la N 260, km 451

Mipanas-et-Monte-Perdido-dans-la-lumiere-du-soir
Mipanas et Monte Perdido loin au nord dans la lumière rose du soir

Au loin les montagnes enneigées rosissent avec la descente du soleil, tandis qu'au premier plan la garrigue plonge dans les eaux émeraudes du lac.

De retour à Ainsa, la grande et excellente A138 se poursuit vers le sud, en direction de Barbastro fixé comme étape pour ce soir. Larges panoramas sur les très longs lacs de barrage (Embalse) de Mediano, puis de Grado I.
Enfin apparaît la silhouette massive du Santuario de Torreciudad impressionnant comme un château fort, mais sans grâce. Nous l'apercevons à distance depuis notre rive du lac qui s'achève sur le mur de béton massif du barrage, lui aussi bien peu esthétique... Torreciudad
Santuario de Torreciudad au delà du Lac Grado I
Bivouac à Barbastro
Bivouac à Barbastro
Le soir tombe, nous avons hâte d'arriver à l'étape. En entrant dans Barbastro sans autre incident je trouve presque immédiatement une place vide au bout d'une impasse en périphérie. Ce sera là notre bivouac. L'air a brusquement fraîchi à la disparition du soleil, nous nous enfermons dans l'Exsis en descendant les stores, conservant toute la soirée la chaleur accumulée dans la journée. Souper, puis longue séance d'écriture qui m'emmènera jusqu'après minuit…


39 080    Mardi 25 février 2020 : de BARBASTRO à ALMUDEVAR (75 km)

Pas de chauffage durant la nuit, aussi fait-il 12°C dans l'habitacle à notre réveil, passé 8:30… De plus le beau soleil dans le grand ciel bleu d'hier a disparu, remplacé par un ciel gris, cependant assez lumineux qui ira en s'éclaircissant. J'écris le carnet de bord d'hier tandis que Monique continue à se reposer dans le lit haut, avant que nous décollions vers 11:30. Direction : le centre de Barbastro où le G.V. signale un quartier ancien typique autour de la Plaza del Mercado, à proximité de la cathédrale qui, elle aussi, vaudrait la visite.

Nous gagnons donc le grand parking au pied du centre ville où nous avons la bonne surprise de découvrir une borne de service pour camping-cars.

Barbastro-catedral-de-la-Asuncion
Dans les ruelles de Barbastro, la catedral de la Asuncion
Laissant là notre Exsis, nous nous enfonçons dans les petites rues sinueuses et pentues, en commençant par nous rendre jusqu'à la catedral de la Asuncion. C'est une grande bâtisse romane flanquée d'un haut clocher séparé qui fait penser à un minaret (je lirai plus tard qu'il a effectivement dû en remplacer un…).

L'extérieur, bien proportionné, n'a rien d'exceptionnel; en revanche l'intérieur très pur et dépouillé brille par deux grands retables en panneaux d'albâtre finement sculptés et délicatement colorés. Le principal est consacré à la Vierge,  figurant diverses scènes de sa vie, entourant évidement une évocation de son Assomption, tandis que sur un autre retable en tête du bas-côté droit figurent diverses scènes relatives à la vie de San Pedro.

Barbastro-catedral-de-la-Asuncion-nef-et-retables
Catedral de la Asuncion de Barbastro : la nef et les deux retables
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Barbastro, catedral de la Asuncion : la voûte et ses étoiles dorées
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Retable droit consacré à San Pedro
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Détail du retable de San Pedro

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Retable de San Pedro
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Retable de San Pedro : San Pablo

Dans le chœur, en tête de la nef, c'est le Retable Majeur de la Vierge qui attire l'attention :

catedral-de-la-Asuncion-grand-retable-de-la-Vierge
Catedral de la Asuncion : grand-retable de la Vierge
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Grand  retable de Barbastro : la Vierge centrale

Grand retable de Barbastro : l'Annonciation
Grand retable de la Vierge : l'Annonciation
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Grand retable de la Vierge : Nativité et Adoration des Bergers

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Adoration des Mages

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Présentation au Temple

Grand retable : l'Assomption de la Vierge
Grand retable : l'Assomption de la Vierge
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Catedral de la Asuncion, retable majeur : Couronnement de la Vierge

Catedral de la Asuncion : base du retable majeur et
                trône de l'évêque
Catedral de la Asuncion : base du retable majeur et trône de l'évêque

Tout autour de la vaste nef halle soutenue par quelques fins piliers nervurés, des chapelles toutes assez décorées et riches sont consacrées à St Charles Borromée, à St Victorien, au Christ des Miracles d'un dramatisme accentué.

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Barbastro, catedral de la Asuncion : chapelle du St-Christ-des-Miracles
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Christ, par Enrique Monjo (1939)
Dans une autre chapelle, une collection dépareillée de statues (de plâtre ?), de plus ou moins bon goût, semble comme en pénitence (le curé n'aurait-t-il pas osé s'en séparer, devant l'affection que leur portent certains paroissiens ?).

Au total une visite de haut niveau dont je garderai de nombreux souvenirs imagés.
Barbastro-catedral-de-la-Asuncion-saints-mis-au-rancard
Barbastro, catedral de la Asuncion : un rassemblement de saints mis au rancard...


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Barbastro : plaza del Mercado

Nous regagnons ensuite notre vaste parking, observant au passage la grosse poutre d'un pressoir à olives, l'huile étant une des ressources majeures de la région.


LES OLIVIERS DU SOMONTANO

(traduction de la notice)

L'olivier "Olea europea", méditerranéen et immortel, fort et robuste, a traditionnellement partagé la terre du Somontano avec une véritable mosaïque de cultures sèches : céréales, amandes et vignes.

LE PATRIMOINE GÉNÉTIQUE DE CET ARBRE est si riche qu'il n'est même pas entièrement connu dans son intégralité.

Alors que les grandes zones de production donnent la priorité à la monoculture d'une seule de ces variétés (la plus productive), dans la Somontano, où la culture de l'olivier continue d’être toujours effectuée de manière traditionnelle et l'huile d'olive produite dans de petits moulins, l'ensemble du patrimoine génétique est préservé en plus de 20 variétés. Certaines sont indigènes au Somontano, et même exclusives au Somontano, et même à certains de nos villages.
Différentes variétés ont été plantées sur un même champ afin de garantir un approvisionnement minimal en olives chaque année, pour contrecarrer l'alternance de production caractéristique de l'olivier.
Dans chaque oliveraie, parmi celles cultivées pour produire de l'huile, il n'est pas rare de trouver des spécimens isolés d'oliviers d'autres variétés pouvant servir d’assaisonnement (condiment).

LES MOULINS À OLIVES
(ALMAZARAS)

  Disséminés sur le territoire, ils témoignent de la richesse que l'oliveraie a traditionnellement procurée aux habitants du Somontano. Il y avait des moulins à olives à Colungo, Laluenga, Hoz de Barbastro, Radiquero, Rodellar, Abiego, Azlor, Estadilla, El Grado, Mipanas, Castillazuelo, Pozán de Vero et Adahuesca. Celui d'Alquézar, à caractère de voisinage, est toujours actif.

À Buera, on peut visiter le Torno de Buera, un ancien moulin à huile d'olive du XVIe qui a été restauré en tant que musée et est ouvert au public. Les moulins de Salas Bajas et de Peralta de Alcofea ont également été restaurés. Les moulins de Bierge, Costean, Salas Altas et Barbastro produisent et commercialisent aujourd'hui une huile d'excellente qualité.

Les éléments de base utilisés pour produire l'huile dans les moulins à huile du Somontano étaient la MEULE CYLINDRIQUE pour broyer les olives et une PRENSA DE LIBRA, (PRESSOIR) également connue sous le nom de presse à poutre ou presse à quintal, pour extraire l'huile.
Les olives étaient transportées dans des paniers jusqu'au moulin cylindrique, où le poids de la meule de pierre écrasait les fruits sans séparer la chaire du noyau pour obtenir une pâte homogène, épaisse et lourde.
Une mule attachée à l'essieu de la meule tournait en rond sans s'arrêter, pendant que les autres mangeaient dans une crèche, attendant leur tour pour déplacer la pierre. La pâte moulue était placée entre des paniers ou spuertas pour extraire le jus huileux par pression.

Le pressoir à balancier (ou poutre à quintal) est un mécanisme monumental entièrement réalisé en bois qui, dans de nombreux cas, faisait près de 15 m de long. Au fur et à mesure que des opérateurs faisaient tourner le cabestan, le quintal de pierre (d'un poids d'environ 3 000 kg) suspendu à la queue de la poutre exerçait une pression lente et progressive sur les paniers placés à l'autre extrémité sur une dalle circulaire en pierre appelée regafia.

Après la première pression, l'huile écoulée était acheminée par une goulotte vers les bassins de décantation.
Pour extraire ce qui restait dans le marc, la pâte était ébouillantée avec de l'eau chaude et on effectuait une deuxième et même une troisième pression.
Le produit obtenu étant d'une qualité bien inférieure à celle de la première pression, il était essentiel que les huiles provenant des différentes pressions ne soient pas mélangées.

Barbastro-pressoir-a-huile-d'olive
Barbastro : pressoir et meule à olives

pressoir à olives

Je profite des facilités présentes sur la place pour vider la cassette et refaire le plein d'eau fraîche, avant de reprendre la route en direction de Huesca. L'autoroute file dans de vastes espaces tantôt cultivés de façon semble-t-il extensive, tantôt laissés en garrigue plantée de temps à autre d'oliviers.

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Huesca : ruelle vers la cathédrale
Huesca est, quant à elle, une vraie ville où il n'est pas aisé de se garer. Même les avenues modernes remplies d'immeubles et entourant le cœur ancien sont densément occupées par commerces et logements. Je trouve néanmoins une petite place où laisser l'Exsis, et nous nous lançons dans le dédales des ruelles concentriques constituant le tissu de la vieille ville.

Après quelques déboires nous atteignons la cathédrale, gothique cette fois, dont la façade un peu de guingois (dissymétrique) est à moitié illuminée par le soleil couchant. Le portail est abondamment décoré de statues expressives mais assez abîmées, la pierre friable ayant mal résisté au cours des siècles.

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Huesca : façade de la cathédrale
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Huesca : tympan du portail de la cathédrale

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Huesca : statuaire du portail de la cathédrale

L'intérieur en revanche est impeccable, la nef haute et vaste donne l'impression d'élan propre au gothique davantage encore qu'à Barbastro. Ici aussi un grand retable de pierre occupe le fond du chœur, consacré à la Passion du Christ, mais beaucoup plus fouillé et finalement moins séduisant que le précédent. En revanche les voûtes sont plus simples, plus "lisibles", plus fonctionnalistes si l'on peut dire.
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Nef de la cathédrale de Huesca
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Grand retable de la cathédrale de Huesca

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Huesca : clé de voûte de la cathédrale

Dans la lumière qui diminue nous rebroussons chemin, admirant au passage la galerie couronnant l'ancien Hôtel de ville devant la cathédrale, puis pénétrons dans l'église San Pedro el Viejo, du XIe. Les dimensions ici sont réduites, la lumière extérieure ne pénètre que par d'étroites ouvertures, et l'on est saisi par le rayonnement des ors du haut retable illuminé consacré à St Pierre, en bois polychrome, réalisé par un artiste navarrais, Juan de Alí, au début du XVIIe siècle.

Huesca : grand retable de San-Pedro-El-Viejo
Huesca : grand retable de San-Pedro-El-Viejo
Huesca-eglise-San-Pedro-El-Viejo : St Pierre
                      en gloire
Huesca, église San-Pedro-El-Viejo : St Pierre en gloire

Sculpture très expressive et colorée, dont l'éclairage intense accuse la vivacité et l'expressivité.

Huesca, retable de l'église
                      San-Pedro-El-Viejo : Remise des clefs à St Pierre
Huesca, retable de l'église San-Pedro-El-Viejo :
la Remise des clefs à St Pierre
Huesca-eglise-San-Pedro-El-Viejo-retable-Lavement-des-pieds
Huesca, retable de l'église San-Pedro-El-Viejo : le Lavement des pieds
Huesca-eglise-San-Pedro-El-Viejo-St-Paul
Huesca, église San-Pedro-El-Viejo : St-Paul
Huesca-eglise-San-Pedro-El-Viejo : San Pedro
San Pedro
Huesca-eglise-San-Pedro-El-Viejo-la-nef
Huesca : nef de San-Pedro El-Viejo
Huesca-eglise-San-Pedro-El-Viejo
Huesca : détail de la grille dans l'église San-Pedro-El-Viejo

Nous ne pourrons voir le cloître, fermé à partir de 17:00, pourtant largement encensé par les guides et autres organes d'information. Retour à notre stationnement sans nous égarer davantage, trouvant au passage dans une herboristerie un sac de sauge (Salvia officialis) pour nos maux d'estomac, et des garnitures de lunettes teintées pour Monique qui a perdu les siennes.

La nuit est tombée lorsque nous reprenons l'autoroute pour aller dormir quelques vingt kilomètres plus loin sur une rue déserte du village d'Almudevar, dont je veux visiter église et château demain matin.


39 155 Mercredi 26 février 2020 : de ALMUDEVAR à MEDINACELI (238 km)
Almudevar-bivouac dans le futur lotissment
Almudevar : bivouac dans le futur lotissement
Encore et toujours - heureusement ! - il fait beau à notre réveil, mais une annonce par haut-parleur installé sur une voiture nous fait craindre la fermeture de notre rue dans la matinée. Aussi à peine levés nous déplaçons-nous pour gagner un vaste espace dégagé dans un lotissement non bâti à l'entrée du village. Là sans inquiétude nous prenons douche et déjeuner, avant de remonter tout en haut de la petite colline pour visiter l'église.
Almudevar-Nuestra-Senora-de-la-Asuncion
Almudevar : façade de Nuestra-Senora-de-la-Asuncion
Almudevar--Nuestra-Senora-de-la-Asuncion-portail
Almudevar, Nuestra-Senora-de-la-Asuncion : la Vierge au-dessus du portail

Hélas, elle est fermée pour restauration ! Et pourtant...

ÉGLISE PAROISSIALE DE NUESTRA SENORA DE LA ASUNCION

Au milieu du XVIIIe siècle, l'effondrement de l'église de la Virgen de la Corona, située à côté du château, a forcé le transfert de la paroisse au centre d'Almudévar.

Le temple baroque, de style classiciste, qui a été construit est un édifice de grandes proportions, avec trois nefs, de hauteur égale, couvertes par des voûtes d'arêtes. Au- dessus de la ferme de l'Almudévar, on remarque le clocher construit au début du XIXe siècle selon le plan de l'architecte Francisco Rocha. Toutefois, trois retables d'une grande importance artistique se détachent de cette église paroissiale, qui a été déclarée classée.

Retable principal de l'Assomption de Notre-Dame
Le retable de l'Assomption (1555-1558) est l'un des joyaux de la Renaissance aragonaise, clairement influencé par les modèles italiens du Cinquecento. Le directeur du projet était Juan Catalän, qui s'est également occupé de la polychromie et de la dorure. Les sculptures ont été commandées à Pedro Moreto, qui est décédé subitement. Catalän a donc décidé d'engager Juan de Liceyre à sa place. À l'origine, ce retable était situé dans l'église de Santa Maria de la Corona, mais après la fermeture de ce temple médiéval, il a été déplacé à son emplacement actuel. La rangée centrale expose les meilleures œuvres, en particulier la représentation de la Quinta Angustia, c'est-à-dire le cri de la Vierge sur le Christ mort. Le reste des reliefs montre des scènes de la vie du Christ.

Retable de Notre-Dame du Rosaire
Le retable de la Vierge du Rosaire (1567-1571) provient de la chapelle de Santa Maria de la Corona, d'où il a été transféré dans la nouvelle paroisse en 1762.

Retable de San Blas et Marie-Madeleine
Le retable, réalisé à bord en détrempe, est actuellement conservé au musée paroissial bien que son emplacement d'origine était l'église de N. S. de La Violada.


Almudevar-retable-de-Nuestra-Senora-de-la-Asuncion-02-Apres-restauration

Première rangée du retable principal à partie du bas : l'autel
03-San-Pedro
San Pedro
04-Busto-aureado
Busto laureado

05-Busto-laureado
  Busto laureado
San-Pablo
San Pablo

Deuxième rangée à partie du bas
07-San-Ciriaco-y-Santa-Julita
 San Ciriaco y su madre Santa Julita
Prière au jardin de Getsemani
Prière au jardin de Getsemani

09-San-Roque
San Roque
Jesus-devant-Caïphe
Jésus devant Caïphe

Santa-Brigida
Santa Brigida
Pieta
Pieta

San-Mateo.
San Mateo
Flagelation
Flagellation

Santa-Rufina
Santa Rufina
Via-Crucis
Via Crucis
Santiago-Mayor
Santiago Mayor

Troisième rangée à partie du bas :
Santiago-Minor
Santiago Minor
Annonciation
L'Annonciation

Santo Domingo
Santo Domingo
Résurrection
La Résurrection

Les Apôtres
Les Apôtres
La Vierge et les Apôtres
L'Assomption de la Vierge et les Apôtres
Les Apôtres
Les Apôtres

San Sebastian
San Sebastian
L'Ascension
L'Ascension
San Gregorio
San Gregorio

Quatrième rangée :
San-Simon
San Simon
Epiphanie
Épiphanie
San-Matias
San Matias

San Andres
San Andres
Calvaire
Calvaire
San Tomas
San Tomas

San Felipe
San Felipe
San Juan
San Juan

Phytomorphe côté évangile
Phytomorphe côté évangile
Phytomorphe côté épitre
Phytomorphe côté épitre


Nef de Nuestra-Senora-de-la-Asuncion
Nef de Nuestra-Senora-de-la-Asuncion

Après cet éblouissant spectacle transmis par le XVIe siècle, magnifiquement restauré et mis en valeur, je n'oserai pas me rendre jusqu'au restes du château médiéval dont les hauts murs ruinés couronnent le monticule sur lequel s'étage le village. Il ne nous reste donc plus qu'à reprendre la route vers le sud.

Almudevar : clocher de Nuestra Senora
                          de-la Asuncion
Almudevar : clocher de Nuestra Senora de la Asuncion
En quittant Almudevar et les ruines de
                          son château
En quittant Almudevar sous les ruines de son château

Long roulage donc, facile, sur l'autoroute A23 en direction de Zaragoza que nous contourneront pour emprunter ensuite la A2. Nous avons en effet déjà amplement visité cette belle ville lors d'un précédent voyage vers le Maroc.

La route file, le paysage défile, avec les mêmes alternances de zones plus cultivées et d'autres plus désertes, et les kilomètres s'additionnent. À la recherche d'un autre point d'intérêt exceptionnel, je repère alors sur le G.V. le Monasterio de Piedra qui se signale moins par son monastère très abîmé au XIXe et reconverti en hôtel, que par son parc naturel rempli de chutes d'eau et de cascades spectaculaires.

Monasterio de Piedra parc & cascades
                          le fondateur Juan Federico Muntadas y Jornet
                          1826-1912
Juan Federico Muntadas y Jornet (1826-1912), créateur du parc et des cascades du Monasterio de Piedra
Monasterio de Piedra : plan du parc &
                          des cascades
Monasterio de Piedra : plan du parc des cascades

Nous quittons donc la A2 peu après Calatayud pour la petite A202. Elle se met vite à tournicoter dans un paysage extrêmement vallonné et me force à adopter un train fort ralenti par les brusques et incessants virages.

Vingt-trois kilomètres plus loin on atteint le grand stationnement et les équipements hôteliers installés dans la zone monastique maintenant désaffectée; nous les ignorerons pour nous diriger directement vers le parc (8,50 €/personne).
Monasterio-de-Piedra : entrée du parc des
                          cascades
Monasterio de Piedra : entrée du parc des cascades

Et c'est effectivement le ravissement : au fond du vallon accidenté les cascades, torrents et chutes se multiplient, se dédoublent, formant toutes sortes de dessins et de parcours, que l'on longe et domine en empruntant sentiers et escaliers sillonnant les pentes de la colline, constellée de grottes et autres fantaisies de la nature.

Monasterio-de-Piedra : parc et cascades
Monique devant le Bain de Diane
Bano-de-Diana Baño de Diana
Monasterio-de-Piedra : grotte
Parc du Monasterio de Piedra : Grotte de l'Artiste
Monasterio-de-Piedra-parc-&-cascades
Bain de Diane et Cascade de la Caprichosa

Rouge-gorge
Rouge-gorge

Nous n'irons pas jusqu'au bout des sentiers proposés, les dénivelés successifs finissant par avoir raison de nos articulations fatiguées…

Monasterio-de-Piedra
Cascade de mousse
Monasterio-de-Piedra-parc-&-cascades
Monasterio de Piedra : cascatelles

Monasterio-de-Piedra


Monasterio-de-Piedra-parc-&-cascades.
Monasterio de Piedra

Monasterio-de-Piedra
Monasterio de Piedra : la rivière dans le parc

Monasterio-de-Piedra : cascada Iris
Monasterio de Piedra : en haut de la Cascada Iris

La guérite d'entrée est fermée à 17:30 lorsque nous regagnons l'Exsis pour une dernière étape jusqu'à Medinaceli recommandé par l'ami Hubert. L'autoroute est rattrapée un peu laborieusement à Alhama de Aragon où je nous perds dans les rues à sens unique. Elles finissent par nous mener sur un chemin de ferme… avant de rejoindre enfin la A2 quelques pénibles kilomètres plus loin.

Dans le soir qui tombe puis dans le crépuscule nous filons encore sur une quarantaine de km jusqu'à notre but, renonçons à escalader les pentes menant au vieux village juché sur la colline, et préférons trouver un terrain plat sur une rue tranquille dans la petite agglomération qui s'est développée près de l'intersection autoroutière. Demain nous monterons voir à quoi ressemble le bourg ancien. À 18:45 je coupe le contact, nous descendons les stores et nous préparons à passer une soirée tranquille sur une petite rue résidentielle.

Nuevalos : en passant au bord du lac
Nuevalos : le village en passant au bord du lac en fin de journée


Mars 2020 Espagne  2. de Medinaceli à Madrid

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