L'abside et la
tour de Sant'Antioco di Bisarcio sous le soleil
levant
|
La basilique de Sant'Antioco di
Bisarcio fut église cathédrale du XIème siècle
jusqu'en 1503. Le bâtiment construit en pierre
volcanique locale (trachyte) montre au moins trois
phases de construction : une avant 1090, une
deuxième vers 1150-1160 et une troisième vers
1170-1190. A la fin du XIème siècle, un incendie
détruisit l'église. Lors de la reconstruction de
la nouvelle cathédrale, au XIIème siècle, deux
maîtres d’oeuvre différents se sont succédé :
si le complexe de l'église, à l'exclusion du
portique, s’apparente au style roman typique de
Pise, les éléments décoratifs doivent être
attribués à un goût français. La façade
principale est dominée par le portique adossé à
la première façade entre 1170-90, développé
sur deux étages : exemple unique dans
l'architecture sarde du temps.
L'intérieur de l'église est divisé en trois nefs par cinq colonnes de chaque côté, alors que le presbytère est surélevé de trois marches au dessus du pavage et séparé de la nef par deux piliers cruciformes. Les fûts des colonnes sont d'une seule pièce en pierre rouge trachitique travaillée à grain fin. Sur ces fûts reposent les arcs en pierre de taille de la nef centrale. Les ogives des voutes qui se croisent reposent sur des corbeaux doubles ; l'arc de l'abside s'ouvre très haut. |
À 10:15 je me présente à la billetterie et y retrouve la même jeune femme qui m’avait annoncé la fermeture hier soir. Elle m’accueille avec un grand sourire et me propose de m'accompagner en allemand ou en anglais, et même en français, quoiqu’avec plus de difficulté, concède-t-elle… |
Nef de Sant'Antioco di Bisarcio |
Puis elle ouvre la grande porte de l’église et c’est le saisissement devant le spectacle de la longue et haute nef, très pure et sans presque aucun décor hormis les chapiteaux fort simples et stylisés. Impression d’élévation, de libre respiration… le modèle cistercien s’impose, de toute évidence. |
San Antioco : le saint martyr |
Nef de Sant'Antioco di Bisarcio vers l'entrée |
Puis nous empruntons le petit escalier inclus
dans l’épaisseur du mur qui mène à la chapelle de l’évêque.
Une petite fenêtre axiale y offre une autre vue saisissante de
la longue nef sur un tout autre angle… Étant seul je peux bien
sûr poser toutes les questions qui me viennent à l’esprit,
avec les digressions qui s’ensuivent vu la disponibilité et la
curiosité de mon accompagnatrice.
Sant'Antioco di Bisarcio ma guide devant la cheminée en forme de mitre de l'évêque |
Sant'Antioco di Bisarcio : la nef depuis la chapelle de l'évêque |
Je la quitte presque deux heures plus tard
avec la chaude recommandation d’aller faire un tour jusqu’à
Ozieri, la ville où a été transféré le siège de l’évêché et la
cathédrale suite à la peste qui avait ravagé le bourg et fait
abandonner celle-ci.
Ce n'est qu'un léger retour en arrière (une trentaine de km) qui me permettra de découvrir ses églises (trop classiques et décorées à mon goût…) et surtout les grottes où l’on a découvert des restes significatifs d’établissements paléolithiques (exposés au musée d’archéologie local) qu’on a justement nommé culture d’Ozieri.
Je me mets donc en route sur
l’excellente SS729, une 2x2 voies rapide puis sur la
SS132 qui me mène aux portes de la grosse
agglomération accrochée aux pentes en amphithéâtre.
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Sant'Antioco di Bisarcio dans la campagne depuis la route |
Entrée des Grottas di San Michele sous le rocher |
Heureusement ma guide
attentionnée m’a munie d’un plan et je parviens sans
trop de difficulté au stationnement de l’hôpital, tout
en haut de la ville, sur lequel donne le site des
grottes di S.Michele. Mais il est rendu 12:55, la
billetterie ferme jusqu’à 14:00, j’aurai donc amplement
le temps de déjeuner sur un bel emplacement tranquille
et au soleil… Là encore je suis seul visiteur et tombe sur une aimable guide qui fait de gros effort pour m’expliquer en français - avec quelques rallonges d’anglais - l’histoire des grottes. |
Puis elle m'introduit dans les salles principales et me fait faire le tour de plusieurs circonvolutions étroites et sombres… Pas très riche au plan géologique (beaucoup de stalagmites ont été brisées) mais intéressant néanmoins, vu l’aspect extrêmement contourné des petites chambres qui se succèdent et qui ont servi de sépulture aux ancêtres d’il y a près de 5 000 ans… |
Ensuite je prends le parti de laisser là
l’Exsis sur ce parking commode et de gagner le Musée en
traboulant dans les rues et ruelles interrompues d’escaliers
qui mènent au «centre ville», bonne façon de faire mon cardio
du jour et de découvrir un peu l’ambiance citadine. Dans
les ruelles étroites et incurvées, se ramifiant de façon quasi
inextricable par des volées d’escaliers, je trébuche parfois
sur le sol grossièrement pavé, tout en lorgnant les rares et
chiches boutiques au pied des hautes façades colorées dont
beaucoup auraient besoin d’un sérieux rafraîchissement…
Ozieri : chiesa
di Sta-Lucia (1800-1900)
|
Je passe devant une première église à façade classique XVIIème (Santa Lucia), tout comme son intérieur, un rien baroque mais suffisamment dépouillée pour n’en être pas trop déplaisante. Mais j'y trouve une fois de plus cette religiosité, frappante ici, renvoyant à l’héritage de l’antiquité gréco-romaine qui cumulait les cultes aux dieux et demi-dieux (saints) les uns à côté des autres… |
Toujours descendant la pente, je passe devant une belle fontaine en marbre blanc offerte à la ville par un riche concitoyen (fontana Grixoni), |
J'atteins alors la
cathédrale della Immacolata. Du même style que Santa
Lucia, elle est plus raffinée, avec en particulier des
marbres de belle facture, mais ô combien classiques pour
ne pas dire académiques ! Je ne fais qu’entrer et sortir, risquant quand même quelques photos avec mon fichu appareil qui bloque sans arrêt et nécessite d’incessants retrait et réintroduction de la batterie pour fonctionner. |
Ozieri: façade de la cathédrale Immacolata |
Mon billet (cumulé
avec celui des grottes) me donne accès à la dizaine de
salles où l’on a fort bien présenté le matériel
découvert lors des fouilles de la région, en particulier
celui trouvé dans les grottes di S. Michele.
Malheureusement les plus belles pièces sont des - bonnes
- copies, les originales ayant été envoyées au Musée
national de Calgari… |
Malgré tout, la
didactique assez bien faite permet de se faire une bonne
idée de la culture spécifique du néolithique qui s’est
développée ici, laquelle a justement été baptisée
«culture d'Ozieri». A titre d'exemple, ci-joint l'un des panneaux traduits par mes soins... |
Museo
Archeologico d'Ozieri : Il pugilatore,
statuette nuragique en bronze (1400-1800 av. J-C) Grotta del
Carmelo : buste de Ceres-Demetra
(I-IIème s. ap. J-C) |
Après un tour somme
toute rapide des vitrines, je passe un bon moment assis
devant un grand écran HD où défilent les images de
toute une série de monuments antiques reconstitués en
3D. Cette sorte d'archéologie virtuelle de la Sardaigne
va des premiers sites paléolithiques et nuragiques
jusqu’aux tours de surveillance côtière élevées par les
Aragonais pour donner l’alerte lors du débarquement de
pirates sarrasins. Façon fort agréable de revoir pas mal
des sites visités et de nourrir l’imagination. |
Lorsque je sors, le soir descend
déjà. Je parcours en sens inverse mon «chemin de
croix» qui remonte jusqu’au parking de l’hôpital et y
retrouve mon Exsis bien chauffé par le soleil. Rapide
planification, j’irai ce soir poser mon bivouac devant
une autre grand église de la «Route romane» sarde, la
chapelle palatine de Santa Maria del Regno à Ardara.
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Ozieri en amphithéâtre au soleil du soir |
Après une descente extrêmement sinueuse à travers Ozieri en amphithéâtre, je gagne la grande route et, une trentaine de kilomètres plus loin, dans le crépuscule qui s’est installé, stationne à deux pas de l'église d'Ardara placée sur une terrasse en bordure du petit bourg posé au sommet d’une colline. Ce fut l’ancienne église palatine du Giudicat de Porto Torres (1107) et, à ce titre, elle montre une grandeur et une décoration soignée.
Ardara :
Nostra Signora del Regno au crépuscule
|
Il ne reste presque plus rien du château des Giudicati, mais l’église a gardé toute sa grandeur (à l’exception du clocher écroulé depuis fort longtemps…). J’ai la chance de la trouver ouverte et magnifiquement éclairée pour la messe du samedi soir. |
L'église de Notre-Dame du
Royaume est particulièrement importante car elle
était la chapelle palatine des Juges de Torres.
L'église, dont la consécration remonte à 1107, a
presque certainement été le lieu de sépulture de
plusieurs souverains logudorese, dont, selon toute
probabilité, le dernier juge Adelasia.
Le bâtiment Le bâtiment et le clocher, en pierres de taille de trachyte aux teintes sombres provenant des carrières locales, sont connotés par des solutions formelles empruntées à la région lombarde, avec la médiation des ouvriers pisans. Elle présente un plan à trois nefs avec abside. La nef centrale est couverte de fermes en bois exposées, tandis que les bas-côtés ont des voûtes en croisée d'ogives. Les fenêtres à une seule lancette sont à gradins et les bases des pilastres sont ornées d'une double moulure. Dans les frontons, les arcs suspendus sont parallèles à la pente et en façade, entre des pilastres carrés une fenêtre double à meneaux est articulée dans un léger renfoncement autour d’une colonnette à chapiteau. L’intérieur sévère, scandé de colonnes qui divisent les nefs peintes du XVIIéme siècle avec une série d'images d'apôtres et de docteurs de l'Église, est orné d'une belle chaire en bois incrusté et peinte avec beaucoup d'effet. Pendant au moins soixante ans, à partir de la date de consécration, elle a été le siège de l'évêque de Bisarcio, dont l'église cathédrale avait été détruite par un incendie avant 1090. C'est dans cette "Chapelle" que se sont déroulés deux synodes "nationaux" sardes, le premier en 1135 et le second entre 1138 et 1145, sous la direction de l'archevêque de Pise Baldovino. |
Profitant de la sortie des fidèles, je me glisse à l’intérieur pour admirer le superbe retable qui occupe tout le chœur et les hauts piliers ronds recouverts d’effigies en pied des apôtres. | Ardara : nef de Nostra Signora del Regno |
Ardara : le Grand
retable de Nostra Signora del Regno
|
Les rois mages du retable de Nostra Signora del Regno |
Le grand retable
Dans l'abside, après plusieurs
années d'absence due à une longue restauration,
est placé le retable principal, un grand polyptyque
d'autel.
Haut de 10 mètres et large de 6 mètres, le retable d'Ardara est l'un des principaux chefs-d'œuvre de la peinture insulaire entre les XVe et XVIe siècles. Peuplée de dizaines de personnages, cette œuvre brille par son chromatisme intense et délié. L'épigraphe du tabernacle indique les noms de Giovanni Muru, le peintre à qui est attribué l'ensemble du retable (1515), et de Joan Cataçolo, chanoine documenté de la cathédrale de San Pietro di Sorres et archiprêtre de Sant'Antioco di Bisarcio. Dans les panneaux, vous pouvez admirer les mystères joyeux dédiés à la Vierge, dédicataire de l'église, tandis que dans les polvaroli (cadres saillants qui protègent le tableau des chutes de poussière) se trouvent les prophètes et quelques saints dont la dévotion est très présente dans la région sarde. Dans l'Annonciation, on trouve des références aux gravures dans la Dormitio Virginis de Dürer et à celles de Schonaguer, ce qui confirme le lien avec l'art d'au-delà des Alpes. Le retable est une grande machine picturale, qui accueille dans un espace de plusieurs dizaines de mètres des scènes sacrées organisées en une architecture complexe.Le mot retablo dériverait du latin retrotabula altari, car le tableau était destiné à être placé derrière l'autel. Dans la partie centrale, en bas, se trouve une statue en bois de la Madone (a) contemporaine du retable (XVIème). Au-dessus est représentée la naissance de la Madone (b) et immédiatement en dessous d'elle sa Dormition (c). Dans les compartiments latéraux, six tableaux (de d à i) racontent la vie de la Vierge. Les polvaroli tout autour des grands tableaux (j à u) présentent des saints et prophètes. Dans la partie inférieure (prédelle), sur les côtés du tabernacle, d'autres saints (v à 𝝰 ; La Pietà ( 𝛃) se trouve devant le tabernacle. |
Vierge du retable de Nostra Signora del Regno (1515) |
Apôtres sur les
|
piliers de la nef (XVIIème) |
J’ai à peine le temps d’en faire le tour et de risquer quelques photos que l’église s’est vidée, le prêtre a éteint les lumières et me pousse vers la porte, branchant ensuite l’alarme et barrant la grosse porte à double tour ! La suite à demain matin… peut-être ?
Je pose mon bivouac à deux pas sur la rue peu passante menant à l’église, le seul espace à peu près plat repéré dans le village très étriqué et dense. Les stores vite baissés me garantissent l’intimité de mon petit chez moi, je puis vaquer aux tâches habituelles et parler brièvement à Monique quelques minutes (connexion problématique) pour me coucher enfin vers 23:30, dans un silence presque complet, n’était-ce l’intervention de temps à autres de chiens du voisinages…
36 561 Dimanche 26 janvier 2020 : d’ARDARA
à PLATAMONA (101 km)
Brume matinale et sensation d’humidité à mon lever à 7:45. Après mes préparatifs je retourne voir l’église à deux pas, mais si je peux en faire un tour complet dans la grande lumière qui met en valeur la qualité du décor extérieur, la porte massive de la façade reste fermée, sans aucune indication - ni espoir - d’une ouverture dans la journée. Je devrai donc me contenter de mes aperçus d’hier soir, exceptionnels il est vrai. | Ardara : Nostra
Signora del Regno au matin
|
Côté droit et abside de Nostra Signora del Regno |
Fenêtre double à meneaux encastrée dans la façade |
Ardara : la
campagne au nord-est depuis Nostra Signora del
Regno
|
La route qui me ramène dans la large vallée offre bien peu de visibilité, envahie par un épais brouillard qui tardera à se lever. Ensuite beau ciel bleu, moins intense que d’habitude cependant car légèrement voilé de temps à autre par des vagues nuages blancs. Après un long détour d’une vingtaine de km faute de suivre le GPS qui m’entrainait sur des petites routes vicinales, je finis par retrouver la SS 597 qui file vers l'ouest dans une campagne maintenant dégagée, une large vallée encadrée à distance par des petites collines . |
Première halte pour trouver assez difficilement, dans un écheveau d’échangeurs et de sites industriels (intersection de la SS597 et de la SP68), 2 petites églises isolées, presque des chapelles, très anciennes. Ce sont San Michele (1110-1130) et San’Antonio di Salvenio (1220-1225) typiques du roman sarde primitif. Petit tour de l’extérieur, sans pouvoir pénétrer à l’intérieur clos comme d’habitude. mais le coup d’œil valait le détour ! | San Michele di Salvenero au loin derrière un chantier qui en barre l'accès |
Me voilà rendu à aborder la 3*** du circuit, l’abbaye de Santissima Trinita di Saccargia. Là encore cheminement difficile, la route directe bien indiquée sur le Garmin étant coupée… sans évidemment aucune indication de détour ! Je finis par me dépêtrer et au prix de la traversée sportive du petit bourg de Codrongianos, dégringole dans la vallée où nichent les restes de l’abbaye, essentiellement l’abbatiale abondamment restaurée au début du XXème siècle. | Santissima Trinita di Saccargia : l'abbatiale dans son vallon |
Le site est superbe, mais hélas, ici encore
la billetterie est fermée et je ne pourrai qu’en faire le tour
extérieur, sans pouvoir contempler les fresque annoncées par
le G.V. Le détour valait cependant le déplacement tant les
proportions, y compris celle du haut campanile élancé, sont
proches de l’idéal.
Santissima Trinita di Saccargia : portail de l'abbaye, tour-clocher et abside de l'abbatiale |
Santissima Trinita di Saccargia : abside et tour de l'abbatiale |
Santissima
Trinita di Saccargia
Sur le territoire de Codrongianos. se trouve l'une des plus belles et des plus intéressantes églises romanes de Sardaigne: l'abbaye dédiée à la «Santissima Trinita di Saccargia ». Elle est très impressionnante, ce qui est dû également au paysage dans lequel elle s’insère. L’église est entièrement faite de calcaire clair alternant avec des roches volcaniques sombres. L'abbaye appartenait déjà aux moines bénédictins de Camaldoli (Camaldules) à partir de 1112. Au cours du XIIème siècle, le monument se développa à travers plusieurs phases de construction. L’église, construite selon un plan qui prévoit un corps longitudinal coupé par un transept et flanqué de trois absides, se caractérise non seulement par les diverses techniques de construction, mais aussi par les riches décorations de la façade précédée d'un porche. Elle se distingue également par son haut clocher et par son ensemble de fresques romanes situées dans le demi-cylindre de l’abside centrale. Les peintures de l’abside semi-cylindrique de la Sainte-Trinité de Saccargia sont organisées en quatre registres. Un faux rideau occupe la partie inférieure, au-dessus duquel sont représentées des scènes de la vie du Christ. À l'extrême gauche, en face de vous, vous trouverez un tableau représentant un personnage barbu à genoux devant saint Benoit, suivi par la «Dernière Cène», le «Baiser de Judas», la «Crucifixion», la «Mise au Tombeau» et la «Descente aux Enfers». Sur le bandeau supérieur la Vierge et saint Paul se trouvent à côté d'une fenêtre à un battant et sont entourés par les Apôtres. Dans le cul-de-four de l’abside, le Christ trône en juge, entouré d'anges et de séraphins. Les fresques de Saccargia appartiennent à la seconde moitié du XIIème siècle. Au début du XXe siècle, le bâtiment a fait l'objet d'importantes rénovations par l'ingénieur Dionigi Scano: le porche a été abaissé pour permettre une meilleure vue sur la façade et bon nombre de ses éléments décoratif ont été refaits. Les quelques décorations originales restantes sont conservées aujourd'hui à l'intérieur de l’église. |
Campanile de la Santissima Trinita di Saccargia |
Je traîne un peu au grand soleil sur les
herbages recouvrant maintenant les ruines pour varier les
perspective sur l’église, jette un coup d’œil rapide à ce qui
reste des bâtiments conventuels (des soubassement juste
susceptible d’intéresser des archéologues) et prends un peu de
recul pour contempler le bâtiment dans toute son élévation.
Santissima
Trinita di Saccargia : façade
|
Détail de la
façade de la Santissima Trinita di Saccargia
|
Puis je me rabats sur l’Exsis pour me préparer un repas conséquent : filet de morue à la Provençale sur lit de riz parfumé accompagné de ratatouille, un délice bien méditerranéen…
Il est 13:45 lorsque
je reprends la route en jetant un dernier regard sur
l'ensemble majestueux derrière moi. Vu l’absence d’autre point d’intérêt jusqu’à Sassari, aboutissement du présent itinéraire, je bifurque sur son voisin intitulé Campagne sud de Sassari qui me fera évoluer sur les hautes collines garnis de villages en balcon que l’on aperçoit un peu partout. |
Silhouette de la Santissima Trinita di Saccargia en quittant |
Je commence par rallier Florinas, endormi en
ce dimanche après-midi, qui se signale par au moins deux
jolies églises où je ne pourrais malheureusement
pas pénétrer mais dont les façades valent le coup d’œil : un
peu excentrique Santa Croce du XVIIIème
puis au centre l'Assunta du XIVème.
La route assez mouvementée se poursuit vers Cargeghe, autre village ancien où, faute de voir l’intérieur d'une autre Santa Croce, je pousse sur un toute petite route en direction de la vallée pour découvrir Santa Maria di Contra, une charmante chapelle en pleine campagne ombragée de cyprès, où les frères Taviani ont tourné plusieurs scènes de Padre Padrone. Plus rustique tu meurs ! | Cargeghe :
chapelle Santa Maria di Contra
|
Enfin dernière étape de ce pèlerinage, le
joli bourg, médiéval parait-il, de Tissi reconstruit au XVIIIème qui lui a donné un plan
géométrique. Il est peut-être plus facile de s’y retrouver,
mais pas d’y circuler vu l’étroitesse des rues et la valse des
sens uniques… Là aussi pause photos devant Santa Anastasia,
l’église paroissiale du XVIème dont j’admire le fin clocher se
terminant par une espèce de bulbe assez inattendu. Et tout
autour, une mer d’olivier qui assaille les pentes sous tous
ces villages…
Tissi : Santa Anastasia (XVIème) |
Tissi : clocher de Santa Anastasia (XVIème) |
Je suis rendu aux portes de la grande ville
de Sassari (plus de 125 000 habitants) dont j’aperçois les
barres d’immeubles genre HLM sur les collines proches. Je
commencerai par passer au Lidl remplacer quelques produits
frais épuisés dans ma cambuse, puis me mettrai en quête de GPL
dont je crains l’épuisement, vu l’utilisation continue du
chauffage ces dernières nuits. Mais les deux stations où je
m’arrête n’offrent pas en ce dimanche le service, obligatoire
pour ce type de carburant. D’autre part, commençant à
envisager le programme de demain, je prends alors conscience
que presque tous les musées et autres institutions publiques
sont fermés le lundi… Je change donc mon fusil d’épaule en
remettant à mardi la visite de la ville apparemment assez
riche et irai plutôt faire un autre circuit au nord du côté de
la côte.
Avec tous ces délais le crépuscule est bien avancé. Un long appel d’Hermione (et Monique) tandis que je me démêle dans les boulevards des banlieues nord de la ville me retarde encore plus, si bien qu’il fait nuit lorsque je file sur la 4 voies SP60 en direction de la mer. Je rate donc le parking de la petite église de San Michele du Plaianu (roman du XIème) où j’escomptais poser mon bivouac ce soir, et pousse jusqu’aux dunes de Platamona Lido. J'y trouve un large espace dévolu aux baigneurs, pêcheurs et autres promeneur, maintenant presque désert et assombri. La mer toute proche est invisible, mais au moins la tranquillité semble assurée. Il est passé 18:15, je m’y installe sans tarder et entame les routines du soir…
36 662 Lundi 27 janvier 2020 : de
PLATAMONA à SENNORI (29 km)
Journée plutôt recluse aujourd’hui, comme
entre-deux… Le temps assez ensoleillé m’a fait apprécier le
confort de l’Exsis comme la tranquillité du bord de mer où je
me suis attardé. Lever vers 9:00 sous un ciel qualifié de
«belles éclaircies » ; effectivement le soleil n’a quasiment
pas cessé de briller, ce qui a ajouté à mon état d'esprit
casanier, puisque j’ai pu laisser les photons faire leur
travail et recharger la batterie sans recourir au gasoil…
Dédaignant de prendre ma douche et de m’habiller j’ai donc pu vaquer aux petits cossins qui attendent mes soins depuis plusieurs jours, toujours reportés car finalement de peu d’intérêt : scan des nombreux documents papiers remis à droite et à gauche, contenant des informations (notices, images, plans) pertinentes à mon voyage, mais que je ne veux pas conserver ni surtout devoir ramener à Montréal… Réparation des cartes routières, en bien piteux état, à force d’avoir été pliées, dépliées et repliées en tous sens. Recherches dans le G.V. de quelques points d’intérêts pour occuper intelligemment et de façon stimulante ma dernière semaine de séjour sur l’île, sans devoir pour ce faire parcourir des centaines de kilomètres… Enfin et surtout, à travers tout cela, contacter les accessoiristes de camping-car à Lyon pour commander le verre couvrant le réchaud dont l’absence me dérange fort, vu la conception un peu étriquée du plan de cuisson. Sur les trois concessionnaires identifiés, seul Sublet me répond, les autres étant fermés le lundi ou ?…
Et puis je commence à réfléchir au
remplacement de mon FZ 200, décidément bien malade et dont la
réparation n’est bien évidemment pas rentable. Irai-je vers le
FZ 1000, avec son CCD de 1″ supposé lui donner une meilleure
définition, au prix d’une encombrement et d’un coût supérieur,
ou bien me contenterai-je du FZ300, plus léger et moins
cher, mais un peu meilleur que le FZ200 et surtout
«tropicalisé» ce qui le met à l’abri de l’eau et des
poussières ? Ou bien encore, moins cher et plus simple, ne
devrais-je pas tout simplement reprendre un autre FZ200
identique au mien, sans me casser la tête et surtout pour un
coût encore plus raisonnable. J’en ai même trouvé un
reconditionné et garanti sur le net à 130 €, livraison
comprise ! Reste à se décider et trouver le moyen de me le
faire livrer en France (à Lyon chez Nanoune ?). Bref
de bien petits problèmes de consommateur gâté, mais qui
grugent pas mal de temps et que j’aimerais mieux avoir
derrière moi…
En fin de compte le soleil descend déjà lorsque je parviens au bout de mes petits soucis, et décide de partir à la découverte de la chiesa de San Michele de Plaiano, dont je finis par découvrir l’emplacement précis avec Google Map. Je le reporte sur le GPS et après une douche rapide, reviens en arrière d’une dizaine de km pour admirer la jolie façade romane toute simple, mais joliment décorée de quelques incrustations dans la pierre calcaire blanche. | San Michele de
Plaiano (1082-1116)
|
Ensuite je tente de suivre l’itinéraire
proposé dans le G.V., en me rendant d’abord à Sorso pour
essayer de découvrir le le sanctuaire nuragique de Serra
Niedda. Mais les indications du GV. sont erronée (2 km AVANT
le village) sans autre précision alors qu’une recherche sur
Google Map le situera sur la SP200 3 km APRÈS) le village… et
encore est-il en plein champ au milieu d’une olivaie, sans
aucun chemin apparent pour y accéder… Je renonce donc
pour me rendre ensuite à Sennori où, après un gymkhana
harassant et énervant dans les ruelles étroite et pentues de
la vieille ville, je n’arrive pas plus à trouver le potager
attenant à la chiesa San Basilio, où l’on annonce pas moins de
11 domus de janas dont certaines ornées de sculptures.
Les rues enchevêtrées de Sennori depuis mon bivouac au dessus du cimetière |
Découragé, je finis
par me démêler de ce labyrinthe à haut risque de rester
coincé et enfile le boulevard circulaire qui rattrape la
grande route. Dans la nuit qui tombe, je trouve un beau
parking presque vide et plat près du cimetière. Je m'y
case en espérant y trouver une paix nocturne après la
fin de la circulation vers 22:00. Coucher tôt après rédaction du carnet de route, comptant me lever tôt demain matin pour gagner Sassari que je visiterai alors. |
36 691 Mardi 28 janvier 2020 : de
SENNORI à SASSARI, puis ITTI (36 km)
En fin de compte c’est la pluie qui m’a tôt
réveillé et m’a fait trainer un peu, si bien que je m’ébranle
pour Sassari seulement passé 10:00, après un coup d’œil sur
les toits et la campagne au loin, depuis mon bivouac - presque
- en nid d’aigle au dessus de la ville. Cheminement rapide
jusqu’aux premiers faubourgs, mais ensuite c’est galère pour
trouver un stationnement. D’abord le centre historique est
impénétrable, avec restrictions qui bien sûr s'appliquent à
mon véhicule. De toutes façons, son lacis de rues étroites et
incurvées le rendent difficilement circulable pour qui ne le
connait pas à fond et ne dispose pas d’une petite voiture ou
d'un deux roues… Alors, avec mon - malgré tout - petit camion,
je suis bien content d’en sortir lorsque enfin je m’en extirpe
après m’y être malencontreusement engagé. Et puis la
circulation est extrêmement dense, le stationnement réglementé
à outrance, et les places libres et autorisées plus que rares.
Après une demi-heure d’aller et venues qui me font quasiment
faire le tour de la ville, je finis par trouver dans une
impasse un espace libre - néanmoins réservé aux livraisons - à
l’arrière d’un supermarché… Je me trouve presque exactement à
l’opposé de l’endroit que j’avais visé (Le Musée
archéologique), mais juste en arrière de l’église Santa
Maria de Betlem. Ce sera donc mon point de chute - pour le
camion -, et le point de départ de ma balade, au milieu du
circuit proposé par le G.V. Après avoir sécurisé les
ouvertures (câble entre les deux portières, double
verrouillage sur la porte cellule) et planqué GPS et ordi, je
me lance à la découverte du Sassari historique sous un ciel
gris et dans un petit vent assez frais.
Je commence par la grande église à deux pas, sous son gros dôme XVIIIème ajouté à une structure romane quasiment illisible. Autre détail intéressant, le campanile rond, fin et élancé qui me fait vraiment penser à un minaret d’obédience turc. La façade très sobre renvoie quant à elle au roman des origines.
Sassari : le dôme et le clocher de Santa Maria di Betlem |
Façade romane de Santa Maria di Betlem |
À l’intérieur le fouillis habituel apporté par le baroque et la religiosité locale, avec en particulier la collection des 9 gros chandeliers porté en procession lors de la Discesa dei Candelieri le 14 août, en vœu suite à la disparition d'une peste moyenâgeuse. Deux artistes s‘emploient justement à en rafraichir le décor... | Santa Maria di Betlem : abside et cul-de-four |
Santa-Maria-di-Betlem : chandelier dans une chapelle latérale |
Chandelier attendant la Discesa dei Candelieri du 15 aout |
Santa Maria di Betlem : Vierge à l'Enfant du XIVème |
À mentionner aussi une jolie statue de la Vierge portant l’Enfant, du XIVème, malheureusement peu visible dans sa chasse derrière les pots de fleur qui l’entourent... |
Dans le Gardini Publici que je longe ensuite se bécotent des étudiants de l’Université voisine, tandis que St François d’Assise parle à des colombes posées sur la margelle d'un joli bassin rond. |
Dans le Giardini Publici de Sassari, San Francisco parle aux oiseaux |
De l’Université à la façade massive rayée
brun et blanc, rien à dire sinon qu’elle fait plus penser à
l’austérité et la rigueur du savoir qu’au plaisir de découvrir
et d’apprendre… Ensuite une ruelle étroite et sinueuse me mène
au places centrales offrant quelque dégagement : la Piazza di
Castello, qui a perdu presque tout son charme avec la
disparition de ses palmiers tous abattus (les parasites ?) et
ne présente même plus l’intérêt des restes du castello
des Aragonais puisque ce qu’on a exhumé et placé sous une
grande verrière protectrice est fermé à la visite sine die
pour rénovation…
Sassari : Piazza d'Italia |
La caserne de la fameuse Brigatta Sassari ne stimulant guère mon imagination, je passe à la Piazza d’Italia au dessus, autrement plus vaste et allurée, centrée sur une statue semi-héroïque de Vittorio Emanuele II, devant le long et digne Palazzo della Provincia. |
Vittorio Emanuele II sur la Plazza d'Italia
Puis j’enfile le Corso Vittorio Emanuele, la longue rue commerçante qui traverse en descendant toute la vieille ville jusqu’à la Piazza San Antonio, au delà de la porte homonyme percée dans l’ancien rempart médiéval (dont il ne reste pas grand chose…) que je longerai en suivant le Corso della Trinita. | En descendant vers le Corso Vittorio Emanuele II, la Piazza Azuni |
Sur le Corso Vittorio Emanuele II, façade gothique condamnée |
Casa Farris - fenêtres géminées gothique catalan |
Le long du parcours, quelques façades
intéressantes, quelques restes anciens mais peu ou pas
restaurés, épars et peu emballant. Les façades sont trop
souvent sale, décrépies, les monuments fermés en milieu de
journée (églises, Duomo, Fontana del Rosello photographiée de
loin depuis le pont), le pavé inégal et inconfortable,
et tout cela laisse l'impression d'une grande activité
commerciale qui accorde peu de ressources et d’intérêt à
l’esthétique urbaine.
Sassari : côté du
portail baroque du Duomo
|
Campanile XIVème
du Duomo
|
Sassari : portail
XVIIème baroque
espagnol de la cathédrale de S. Nicola di Bari
|
S. Nicola de Bari sur la façade de la cathédrale |
Fontana di Rosello (1606) vue depuis le pont, puisqu'inaccessible |
Fontana di Rosello : San Antioco |
Fontana di Rosello : San Antioco |
Fontana di Rosello: Le Printemps |
Fontana di Rosello : l'Hiver |
Piazza Efisio Pasquale Tola |
A mon retour vers le centre, coup d’œil au Palazzo Cugia, joli mais lui aussi fermé, et à la charmante Piazza Efisio Pasquale Tola où il fait trop froid pour trainer et s’assoir à la terrasse d’un de ses cafés… |
Je traverse à nouveau le Corso Vittorio
Emanuele pour gagner la Chiesa Santa Caterina, fermée…
mais pas le MUS’A. Cette pinacothèque expose la riche
collection d’un amateur local, qui donne naturellement la
priorité aux peintres sardes, depuis le Moyen Âge jusqu’aux
année 1960. On y trouve évidement de tout, beaucoup de
tableaux à thème religieux - trop -, de qualité plutôt moyenne
avec quelques jolis coups de pinceau qui ne manquent pas de
charme et méritent quelques photos.
Pinacoteca al Canopoleno MUS'A : Fuite en Egypte, par Bartololeo Castagnola (déb. XVIème) |
Pinacoteca al Canopoleno MUS'A : Saint Pierre par Giuseppe Antonio Petrini (début XVIIIème) |
Pinacoteca al
Canopoleno MUS'A : Dame en costume de Nuoro, par
Antonio Ballero (ca.1900)
|
La fête par Giovanni Marghinotti (1862) |
La fête par Giovanni Marghinotti (détail) |
Campanile de la cathédrale San Nicola |
Retour enfin à mon
point de départ après le tour extérieur de la Duomo, la
cathédrale San Nicola, fermée elle aussi en milieu
de journée. Il est déjà 15:00, je suis affamé et
n’attendrai pas sa réouverture à 16:00. Je regagne donc
mon stationnement pour me restaurer, puis décider de la
suite de ma virée. Je remets à un autre jour la
visite du Musée d’Archéologie G.A. Sanna qui se trouve
un peu à l’écart dans la ville neuve (XIXème) et décide de sortir
au plus vite de cette grosse agglomération où je me
sens à l’étroit. Les quelques jours qui me restent à
passer en Sardaigne seront consacrées à la Vallée des
Nuraghis, le dernier itinéraire proposé par le G.V.
dans la région, en profitant du beau temps si le ciel
finit par se dégager. Je règle aussi la question de la
commande du couvercle du réchaud, et muris enfin ma
décision d’achat d’une nouvelle camera, par une
nouvelle recherche sur le Net qui me montre plusieurs
FZ200 identique au mien dans la région Rhône Alpes.
J'envoie quelques mail pour vérifier leur
disponibilité, puis me mets en route direction Ittiri.
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