Au moins la fameuse
Grotta di Nettuno est-elle ouverte à la visite. Je
prends mon billet (13 €) à la guérite et, à 11:30
précise, le gardien débarre la grille donnant accès à
l’escalier de 654 marches qui descend jusqu’à
l’entrée de la grotte, au niveau de la mer… Les
marches sont régulières et en bon état, aussi 12
minutes plus tard la vingtaine de visiteurs se
rassemble dans la première des salles, sorte
d’antichambre ouverte sur les flots, en attendant la
visite guidée de 12:00. J’ai alors tout le loisir
d’appréhender la remontée que je crains autrement plus
difficile et plus longue… En bas de l'escalier juste avant l'entrée de la grotte |
Plaque commémorative |
Transcription et traduction de la plaque commémorative |
L'Escala del Cabirol à flanc de falaise |
À 12:45 nous émergeons au pied de l’escalier extérieur, éblouis par la lumière vive et les couleurs crues qui nous entourent après cette pénombre presque monochrome. |
Il faut alors affronter la longue remontée des 654 marches… qui se passe finalement assez bien pour moi : bon dernier du groupe, je fais quelques pauses sur les paliers en admirant le paysage (photos) pour finalement rattraper le niveau du parking à 13:05 : les 110 m de dénivelé de cet Escala del Cabirol n’auront pas handicapé plus que ça mes 71 berges ! Chi va piano va sano… |
Le sentier escalier taillé dans le flanc du roc en remontant de la Grotto di Nettuno |
Fertilia : Piazza San-Marco devant la mer |
Suite de la route côtière aux belles échappées sur le Golfo Porto Conte, pause dans la petite ville de Fertilia bâtie par le gouvernement de Mussolini en 1935 suite à l’assainissement des marais occupant les lieux. Son architecture fonctionnelle et un rien rigide n’est guère emballante… |
L'église dans le rond-point à l'entrée du bourg |
La nef et le choeur de l'église (1930 |
Je traverse ensuite de longs faubourgs sans intérêt avant d’arriver à l’entrée de la vieille ville d’Alghero, rebâtie par les Catalans qui la fortifièrent comme l'une de leurs bases principales. | Alghero : Piazza Porta Terra et sa tour antique |
Alghero : Torre di San Giovanni |
Laissant l’Exsis casé près de l'angle sud-est du rempart au-dessus du port, je me dirige vers la Porta Terra, en fait une grosse tour édifiée par les Aragonais censée abriter maintenant l’Office du tourisme; mais le bureau est fermé, je devrai donc me débrouiller en ville sans disposer d’un plan, puisqu’encore une fois le G.V. s’est dispensé d'en fournir… |
Côté terre les remparts ont disparu, ne demeurent que les grosses tours qui jalonnent l'emplacement du mur. Passant la Torre di San Giovanni, je finis par me rendre jusqu’à la Torre Sulis, de l’autre côté de la ville (sud-ouest), point de départ des remparts qui ont été préservés au dessus de la mer. | Torre di Sulis |
Torre San Giacomo |
Ils forment une suite de tours et de bastions vers le nord puis vers l'est, jusqu’à revenir au port de plaisance, avec de forts beaux points de vue sur le golfe et, au loin, le Capo Caccia où j’étais ce matin. |
Palazzo d'Albis de Ferrera sur la Piazza Civica |
Je finis par trouver la Porta Mare qui me fait pénétrer au cœur de la veille ville, sur la Piazza Civica entourée de beaux hôtels largement remaniés à la catalane : style plutôt massif, imposant mais d'une élégance discutable… Incapable de suivre les indications du G.V. faute de plan, j’enfile la rue la plus fréquentée, la Via Carlo Alberto : beaucoup de boutiques à vrai dire sans grand chic malgré leur prétention… |
Clocher de San-Francesco |
Chiesa San Michele : autel de Saint Ignace de Loyola |
Palazzo Simon sur la Via Gilbert Ferret |
Sur une affiche publicitaire, femme portant le costume traditionnel sarde |
Bivouac devant le restaurant La Speranza, au bord de la SP105 |
Je guette un lieu
propice au bivouac et le trouve une dizaine de km
plus loin, sur le parking du restaurant La
Speranza, au dessus d’une plage, fermé
pour la saison. |
Bien à l’écart de la grande route, j’y vois le gros soleil rouge descendre et disparaître dans la mer, visité par quelques citadins au retour d’une balade dominicale et venus une dernière fois admirer la mer… | Coucher de soleil devant mon bivouac |
Bivouac devant le restaurant La Speranza |
Un pêcheur - que je vois se diriger vers la plage après avoir chargé sur son dos tout son équipement - et une fille dans sa petite Fiat qui passe près d’une heure et demi au téléphone, ne sortant de sa boite que pour griller une cigarette… seront mes seuls voisins de bivouac, au moins à partir de mon réveil vers 7:45. Je ne parle pas du berger et de ses moutons venus paître les pentes herbues autour du petit jardin exotique décorant les alentours du restaurant toujours fermé. |
Le golfe de Porto Conte jusqu'au Capo Caccia et la ville d'Alghero depuis la route montant à Villanova Monteleone |
Voulant profiter de la proximité du site archéologique de Nuraghe Appiu pour découvrir mon premier habitat néolithique sarde, je quitte la route côtière pour grimper dans la montagne vers Villanova Monteleone via la SS292, puis suivre la petite SP12 sur une douzaine de km au sud. |
Entrée du site |
Je regarde un peu autour de moi dans le vaste espace découvert et aperçoit bientôt un genre de vieille tour en ruine : c’est bien le nuraghe qui a été fouillé et partiellement reconstruit. |
Je fais le tour des murs épais en grosses pierres volcaniques rouges en me demandant comment les constructeurs ont pu les hisser aussi haut, puis pénètre à l’intérieur de la cavité sombre par l’étroite fente triangulaire pratiquée en façade. | Façade du Nuraghe Appiu
|
Chambre latérale devant l'entrée |
LE NURAGHE APPIU
Le nuraghe Appiu a été
recouvert par un effondrement massif qui a
totalement détruit ses structures. Après une
phase de planification complexe et détaillée, il
a été possible de réaliser les travaux de
restauration en 2012. La zone extérieure
comprenait le secteur E/SE et seulement une partie
du secteur NE. Les quelques ajouts aux façades
extérieures, afin de renforcer la structure, ont
été le résultat de plusieurs études sur la
position des blocs lors de l'effondrement dans
chacune des couches enlevées. L'enlèvement de l'effondrement
a révélé un Nuraghe quadrilobé caractérisé
par des murs-rideaux droits qui sont reliés aux
tours latérales par des blocs parfaitement
d’équerre. Une entrée monumentale (4) mène à
ce qui est généralement défini comme une cour
[5] (pour sa position dans le plan), mais qui,
dans ce cas, est une zone intérieure (un cas
unique à notre connaissance), en diagonale par
rapport à la tour fortifiée, caractérisée par
six entrées. L'entrée centrale, alignée avec
l'entrée principale, mène à la tour centrale :
les 4 autres entrées sont disposées
symétriquement aux extrémités et mènent à
chacune des deux tours latérales. Devant les deux
tours latérales, deux longs couloirs mènent à
deux autres tours du côté opposé du bastion. De
la tour centrale nous avons seulement les tholoi
de la première et de la deuxième chambre ; dans
la chambre inférieure il y a quatre niches,
l'accès à un ensemble de marches et une fenêtre
dont le seuil est aligné avec une sorte de palier
qui interrompt les marches. La présence de trous
à des distances régulières dans la chambre
suggère l'existence d'un grenier en bois, auquel
on accédait par la fenêtre, comme en témoigne
le logement du système d'emboîtement des poutres
sous la fenêtre. Le vaste territoire du village (3] a révélé une partie du secteur Est où l'on peut voir une organisation des structures en blocs autour d'une cour centrale. Chaque structure-hutte remplissait une fonction spécifique et les espaces intérieurs semblent " organisés " par l'utilisation de plaques fixes ou de niches logées dans l'épaisseur du mur ; il est également possible d'identifier des cheminées, qui ne sont pas situées au centre. |
Cabane circulaire avec bassin et porte |
J'observe dans
ce nurrhage le même type de montage de pierres
sèches en encorbellement que dans d’autres
constructions rustiques de la même époque ou
beaucoup plus récentes, comme vus en Calabre
(trulli), en Grèce (tholos) voire même en Provence
(bories). À quelques mètres au pied du «château» se remarquent les bases des «maisons» circulaires groupées en ruche. |
La route de
petite montagne se poursuit vers le sud pour rejoindre
Bosa. Magnifiques points de vue sur l’intérieur très
vallonné et sur la côte qui s’étend au loin jusqu’au Capo
Caccia, virages innombrables dont certains très serrés.
comme celui où l’avant de l’Exsis glisse sur une plaque de
gravier et s’arrête sur un talus boueux : plus de peur que
de mal, mais une belle fente dans le nouveau pare-choc…
Arrivée à Bosa |
La route descend
progressivement jusqu’au niveau de la mer à Bosa
dont j’aperçois de loin le hautes tour du
château féodal couronnant une colline au-dessus
de la vieille cité.
|
Je vais d’abord
déjeuner au pied de ses rempart, avec vue magnifique
sur l’estuaire de la rivière et la ville à mes
pieds. Puis je stationne sur le quai, à deux pas de la cathédrale et à l’orée du quartier ancien que je parcours à loisir. |
Sur la quai près du Ponte Vecchio |
Sur le Corso Vittorio Emanuele II |
Les maisons très hautes aux
façades colorées enserrent des rues étroites et
pavées qui ont gardé le charme - mais aussi le
manque de lumière - des environnements
médiévaux.
|
J’entre dans l’église des Carmes, la seule ouverte, au décor baroque XVIIIème qui ne me sourit guère, les portes des autres restant fermées dont celles, malheureusement, de la cathédrale. Idem pour les musées, de toute façon d’intérêt limité pour moi… |
Nef de la Chiesa dei Carmina |
Vue
générale de la vieille ville au pied du
château en allant vers San Pietro
|
Rejoignant l’Exsis sur le
quai lumineux joliment bordé de hautes maison
aux couleurs variées, je prends alors la
direction de l’ancienne cathédrale San Pietro,
à plus d’un kilomètre sur la rive gauche de la
rivière. Ici la nature est partout, les champs
très verts remplis de fleurs et je rencontre
un paysan venu soigner ses mandariniers
débordant de fruits.
|
L'église
dédiée aux Saints Pietro et Paolo est l'un des
édifices les plus anciens de l'architecture
romane en Sardaigne : selon une inscription
conservée à l'intérieur, elle est datable de la
seconde moitié du XIème siècle. Malheureusement
le remplacement de la plupart des pierres de
construction lors des travaux de restauration de
1938 à profondément modifié l'édifice ancien. Edifiée en pierre de taille volcanique, l'église présente trois nef et l'abside orientée vers l'est. La nef centrale est surmontée d'un toit en bois et les nefs latérales sont couvertes par des voûtes en arête. Les nefs sont séparées les unes des autres au moyen d'arcades qui reposent sur des piliers à section rectangulaire. La nef centrale datable au XIème siècle est la plus ancienne. La construction de l'abside remonte au XIlème siècle. La façade, caractérisée par la présence de trois grands arcs brisés, fut construite au début du XIème siècle. Le linteau du portail central, surmonté d'une torsade, est sculpté en forme de loggia aveugle ; ses arcatures accueillent des arbres et les Saints Pietro et Paolo aux deux côtés de la Vierge à l'Enfant. |
Les
bandes lombardes entrelacées des versants et
l'édicule avec colonnes entrelacées formant
un nœud du sommet de la façade rappellent
l'église de San Pietro de Zuri, construite
par l'architecte Anselmo da Como. Par
conséquent, la reconstruction de la partie
supérieure de la façade de San Pietro de
Bosa à la fin du XIllème siècle a été
attribuée au même architecte.
Bosa :
façade de San-Pietro (XIème)
|
Nef de San Pietro |
Le vieux bâtiment du XIème présente plusieurs détails particuliers (petit édicule au faite de la façade, bandes lombardes, beau linteau sculpté dans la pierre blanche au dessus de la porte, etc.). Mais sa porte reste fermée, et en dehors de la - bonne - photo sur la notice extérieure, je ne pourrai qu’imaginer son décor intérieur, au demeurant très sobre. |
Je reprends
ma route vers le sud qui offre une autre fois
une belle vue sur l’étagement des maisons
colorées de la vieille ville au pied du
château. Puis je gagne Suni où je tente vainement de compléter le niveau du gasoil à relativement bon prix (indications obtenues sur le site www.komparing.com). Hélas dans l’une des stations un gros camion-citerne occupe tout l’espace en bloquant l’accès aux pompes, tandis que l’autre reste introuvable. |
La ville basse et le château de Bosa depuis le belvédère en quittant |
Nef de la Basilica di Santa Maria della Neve |
Mais la présentation fort positive du G.V. pèche par excès, le design néo-roman est moche et la décoration intérieure sans intérêt ni élégance… |
Je ne m’attarde pas, prenant seulement le temps de faire quelques vues du superbe panorama s’étendant très largement et au loin sur la côte ouest de la Sardaigne. |
Basilica di Santa Maria della Neve |
Dans le soir qui descend, au milieu des pentes
garnies d’oliviers - paysages de la Grande Grèce tant
vus et si appréciés - je poursuis ma descente vers le
sud en direction de la petite station balnéaire Santa
Caterina di Pittinuri. J’y arrive au coucher du soleil
(17:15) que j’admire depuis le pied de la tour
solitaire, plantée au-dessus de l’anse abritant la
plage. Bivouac des plus paisibles dans le lieu
magnifique, seulement un peu trop exposé au vent froid
qui nécessite de beaucoup solliciter le chauffage.
Coucher tôt passé 21:00 après traitement des
photos et début de rédaction du carnet, agrémenté d’un
long appel FaceTime de Monique qui hiverne au chaud dans
l’appartement de Montréal tandis que la neige tombe sur
les rues et les voitures glacées…