San-Pietro-in-Bevagna : bivouac devant la dune et la plage |
Excellent sommeil réparateur, lever à 6:45 avec le soleil qui illumine un ciel tout dégagé et fournit dès son apparition complète 2,4 A à la batterie (7:15). La batterie sera complètement rechargée moins de 2 heures plus tard, après que je me sois mis en mouvement. Donc plus de souci à me faire de ce côté là, une consommation normale nocturne de 20 à 25A/h, sera compensée après deux heures par temps ensoleillé. |
Je continue à suivre la côte qui passe de station balnéaire en station balnéaire; aménagement touristique plutôt rudimentaire, beaucoup de petites maisons de vacances modestes dispersées côté terre, route défoncée, restaurants cheap et débit de limonades/glaces… La côte est plate, l’arrière-pays rural (oliviers, quelques champs de terre rouge labourés, peu ou pas de vignes et aucun bétail). Dans les nouveaux développements en marge des villages étriqués, autrefois pauvres petits ports de pêche, il faut prendre des petites rues perpendiculaire pour arriver à la dune, stationner, faire quelques dizaines de mètres pour la franchir et se retrouver sur des plages de sable fin, gris pâle, immenses, entrecoupées parfois de rares bancs rocheux. | Porto Cesareo |
La tour de Sant'Isidoro et son restaurant dancing |
Régulièrement de grosses tours, carrées la plupart, et en général assez bien restaurées, rappellent que pendant longtemps cette côte faisant face à Tunis était le terrain de chasse des Barbaresques qui débarquaient ici à l’improviste pour piller et razzier. Maintenant il semble que ce soit plutôt le touriste que l’on poursuive à coup de restaurants guinguette/fruits de mer, de B & B, de vastes terrains de camping avec piscines, épicerie et dancing, bref le «paradis» des vacances de masse. |
Gallipoli : le port sud et le pont donnant accès à la vieille ville |
Cette autre petite cité s’est installée sur une île proche de la terre ferme dont elle n’est séparée que par un pont, et les deux ports se trouvent dans les anses de chaque côté, au pied des remparts. Situations stratégiquement intéressante, mais qui pose en général de gros problèmes de stationnement, soulignés par le G.V. Il suggère le terrain du port nord, au pied du château. Je m’y rends et y découvre effectivement quelques places libres où je peux laisser l’Exsis en sécurité ! Il est vrai que nous sommes au cœur de l’hiver, ce doit être autre chose l’été… Du coup je suis prêt à découvrir le beau site et les ruelles typiques de cette ville ancienne. |
Après avoir traversé le marché au poisson (odeur puissante !) et contourné le château (fermé le lundi) je monte et me retrouve sur le haut du rempart qui encercle les maisons. Je commence à en faire le tour, profitant de la large vue sur la mer bleue et les îlots, du soleil et de la grande lumière marine. | < Gallipoli : le marché aux poissons au bord du bassin nord |
Les couleurs sont magnifiques et plusieurs maisons ou bastion ourlant le rempart ne manquent pas de chic. Sur le quai, en dessous, des pêcheurs déplient leur long filet rouge sorti du pont de leur bateau. | Pêcheurs sur le quai de Gallipoli |
Gallipoli : Oratoire confraternel de Santa Maria degli Angeli (1663) |
L’autre face de l’île étant dans l’ombre, je préfère quitter le rempart périphérique pour m’enfoncer dans les ruelles vers le centre où doit se trouver la cathédrale. Ambiance totalement différente, entre les hautes maisons à l'abri du soleil et les quelques palais dont plusieurs sont restaurés : des femmes font leurs emplettes dans les petits magasins du coin ou auprès du marchand d’oranges qui a introduit son Piaggio à trois roues dans ce labyrinthe, des petits groupes de vieux papotent sur une placette en profitant du rayon de soleil qui réussit à pénétrer jusque là… |
Gallipoli : ruelle donnant sur la mer |
Gallipoli : ruelle vers l'intérieur de la ville |
Gallipoli : parvis de la cathédrale di Sant'Agata |
Passant devant l’hypogée du Frantoio (ancien moulin à huile souterrain, fermé le lundi) j’arrive enfin devant la haute façade très décorée et assez élégante de Santa Agata dont la statue contemple sa ville depuis la niche au dessus du portail. |
CATHÉDRALE SANTA AGATA DE GALIPOLI La
cathédrale, dédiée à Sainte Agathe de Catane,
Vierge et Martyre, est située sur le plus haut
sommet du centre de l'île. Le site était
probablement utilisé depuis l'Antiquité comme lieu
sacré. La cathédrale actuelle a été commencée en
1629 sur le site d'une ancienne église romane
dédiée à saint Jean Chrysostome. Les constructeurs
locaux, Francesco Bischettimi et Scipione
Lochibari ont été engagés, ils ont suivi la
conception de Giovani Bernardino Genuino pour
l'ensemble du bâtiment. La façade en "carparo"
(pierre locale) est divisée en deux ordres: le
premier est entrecoupé de pilastres doriques qui
flanquent les portails menant à la nef et aux
bas-côtés, ainsi que les niches abritant les
statues du saint patron Saints Agatha, Faust et
Sébastien. La seconde, basée sur les solutions de
l'architecte Giuseppe Zimbalo de Lecce, est ornée
des statues de Sainte Marina et de Sainte Thérèse
d'Avila, situées dans des niches sur les côtés de
la fenêtre; et les bustes de saint Augustin et de
saint Jean Chrysostome, posés sur les rouleaux des
volutes qui les relient, culminant avec un fronton
sur lequel est gravée la date de 1696, année de
l'achèvement de l'arcade.
La cathédrale est bâtie sur un plan de croix latine et a une grande nef séparée des deux bas-côtés par douze colonnes doriques. Les peintures sont sans conteste sa principale caractéristique. Elles sont principalement l'œuvre du peintre Giovanni Andrea Coppola, de Gallipoli. Après avoir adapté à l’un des nouveaux autels le tableau de Gian Domenico Catalano, représentant la Vierge à l'Enfant avec saint André et saint Jean-Baptiste (autel IV à gauche), le plaçant dans un grand cadre avec les récits du Saints, il a peint six grands retables: le miracle de saint François de Paul (autel II à gauche), l’Adoration des mages (autel III à gauche), les âmes du purgatoire (autel III à droite), l'Assomption de la Vierge (autel Il à droite), le martyre de Sainte Agathe (dans le bras gauche du transept) et de Saint Georges (dans le bras droit du transept). En 1700, grâce à la détermination du nouvel évêque napolitain Oronzo Filomarino, les ornements intérieurs de la cathédrale furent achevés dans le style baroque. L'évêque Filomarino souhaitait que Nicola Malinconico, un peintre napolitain de talent, vienne à Gallipoli, lui qui, à Naples et dans les environs, avait popularisé les grands tableaux de style Giordano. Nicola Malinconico a peint sur la contre-façade la grande toile des Marchands chassés du Temple, des épisodes du Nouveau et de l'Ancien Testament sur les murs et la voûte du chœur; le martyre de Saint-Sébastien, dans le bras droit du transept, et deux cycles de peintures à l'huile consacrés à l'assomption de Sainte-Agathe (au plafond) et au récit de la découverte de la poitrine de la Sainte (dans la nef, entre les grandes fenêtres). Carlo Malinconico, fils de Nicola, a non seulement retouché, mais réadapté certaines des peintures de son père et signé une "Visitation" dans le transept, complété les travaux iconographiques de la cathédrale par la série des apôtres, évangélistes, vertus et docteurs de l’Église. À la même époque, l'évêque Filomarino commanda également le maître-autel napolitain en marbre, le chœur en bois et la chaire, sculptés par l'artiste allemand Giorgio Aver, les fonts baptismaux et l'autel de Sta. Agatha, faite sur la conception de l'architecte, Mauro Minieri, de Lecce. D'autres artistes moins connus, ont achevé la décoration de la cathédrale et leur travail a contribué à créer l'un des premiers monuments baroques de la région du Salento. |
Cathédrale di Sant'Agata di Gallipoli : statue de la sainte patronne en façade |
Plafond de la cathédrale di Sant'Agata : l'Assomption de la Sainte par Nicola Malinconico (1702) |
Cathédrale di Sant'Agata : bas-côté droit |
Gallipoli : en sortant sur le parvis de la cathédrale |
Rue le long de la cathédrale et du palais épiscopal |
Santa-Maria-di-Leuca : le port depuis la basilique |
Je finis par arriver à Santa Maria de Leuca, après bien des détours motivés par des travaux qui m’ont éloigné de la route côtière. Depuis l’esplanade des pèlerinages, derrière le haut phare blanc, jolie vue sur l’arc du port; la basilique quant à elle ne mérite même pas le coup d’œil que je lui jette. |
Santa Cesarea Terme : la Villa- Sticchi, palais oriental LA VILLA STICCHI La
villa est l'une des expressions les plus célèbres
du style mauresque, répandu au XIXe siècle dans
les riches stations balnéaires du Salento. Le
bâtiment a été construit entre 1894 et 1900, à
l'initiative de Giovanni Pasca, le premier
concessionnaire des thermes de Santa Cesarea. Le
site est situé à 20 mètres au dessus du niveau de
la mer, sur un éperon rocheux visible de très loin
sur la côte. Le travail a été confié à Pasquale
Ruggjieri (1866-1924), passionné par l'est du
continent qui s'était rendu à plusieurs reprises
en Égypte.
À l'extérieur, la structure est entourée sur trois côtés par une colonnade avec des arches reposant sur des colonnes torsadées. La façade est sur deux niveaux, reliés par un double escalier aboutissant à une grande loggia avec une fenêtre à trois lumières à meneaux. De délicates sculptures en pierre de Lecce, réalisées par des artisans locaux qualifiés, ornent les portes et les fenêtres, tandis que les peintures en blanc, bleu et rouge avec des arabesques, des étoiles et des motifs floraux ont presque entièrement disparu. À l'intérieur, les pièces principales suivent un axe dans lequel se trouvent le couloir, le salon rectangulaire et la pièce avec une abside qui se détache sur la terrasse. Les sols des chambres sont en mosaïque aux motifs géométriques. À l'extérieur, le grand dôme était accompagné de quatre autres plus petits au-dessus des tours d'angle. La couverture extérieure du dôme montre des motifs géométriques réalisés avec du plâtre réfléchissant, selon les préceptes de l'architecture islamique. |
Santa Cesarea-Terme : la Villa Sticchi |
Tour sur la côte entre Santa Cesarea et Otranto |
En passant, quelques autres tours beaucoup plus anciennes se détachent sur des crêtes rocheuses, dorées par le soleil du soir. Je me dirige enfin droit sur le port d’Otranto, dominé par les murailles de son château. |
J’y trouve une petite place juste au dessus d’un quai où sont amarrés des rangées de yachts, contemple un peu le panorama*** qui s’estompe dans le crépuscule, puis ferme mes stores pour une soirée studieuse à rédiger et traiter les photos de la journée : je me coucherai à 23:45, au calme | Crépuscule sur le port d'Otranto |
Otranto : Exsis au bivouac dans le clair matin |
Nuit reposante, malgré
la proximité du «Bar di Porto» que ses derniers clients
ont quitté vers 22:30… Dès 8:30, sous un soleil radieux, je longe le quai pour entrer dans la vieille ville par la Porta da Mare, comme il se doit. |
Otranto : les remparts côté port depuis la Torre Matta |
De sa terrasse, belle
vue sur les eaux émeraudes du port piquetées de bateaux.
je fais ensuite le tour du castello aragonese, une
forteresse massive construite par étapes au XVIe et
XVIIe siècle par les Espagnols régnant alors sur la
Calabre. |
Le labyrinthe habituel des ruelles me mène ensuite jusqu’à la cathédrale. Si sa façade est modeste - encore que la rosace romane et le portail baroque valent le coup d'oeil - son pavage de mosaïque est tout à fait original, plein de fantaisie et d’une très bel effet décoratif. Tour de la nef, visite de la crypte aux nombreuses colonnes où quelques fresques sont encore lisibles. | Façade du Duomo d'Otranto (1068-1088) |
Plafond de la cathédrale d'Otranto (1698) |
Vierge et Enfant (fresque près de la porte) d'inspiration byzantines |
Duomo : fonts baptismaux et tombeau de l'évêque |
Duomo : détail des fonts baptismaux en marbres polychromes |
Orgue de choeur de la cathédrale d'Otranto |
Cathédrale d'Otranto : la nef et ses colonnes monolithes |
Crypte de la cathédrale d'Otranto |
Portrait de saint d'inspiration byzantine dans la cypte de la cathédrale d'Otranto |
Dans la crypte de la cathédrale d'Otranto, fresque de Saint François d'Assise recevant les stigmates du Christ |
Crypte de la cathédrale d'Otranto |
Otranto : monument aux héros et martyrs massacrés en 1480 par les Turcs |
La statue, près de la Torre Alfonsina et au dessus du port |
Otranto : Porta di Terra depuis l'intérieur de la vieille ville à laquelle elle donne accès |
Otranto : San Pietro (IXe-Xe siècle) de style byzantin : plan en croix grecque, croisée couverte d'une coupole hémisphérique, trois petites absides semi-circulaires. Des fresques datant du Xe au XIIIe présentent des inscriptions en grec, mais sa porte est ouverte en été seulement... |
De retour sur le quai
où j'ai passé la nuit, je reprends la route vers Lecce,
la capitale régionale en choisissant de suivre la côte
jusqu’à San Cataldo. Quelques belles vues en passant sur
tours et rochers. À San Cataldo petite station balnéaire sans rien de bien intéressant, je déjeune au soleil; il fait presque trop chaud dans l’habitacle que je dois aérer… |
Pause déjeuner devant la mer près de San Cataldo |
Je gagne ensuite le
centre de Lecce, à une douzaine de km. Le G.V conseille
de stationner en périphérie immédiate de la vielle
ville. Je trouve effectivement une place, juste pour
moi, devant le chantier de fouilles de la place T.
Schipa dont aucune information ne vient expliquer
l’origine… (en fait les vestiqges d,une couvent du XVe
surlesquels ont avait bâti une caserne, maintenant
démolie). À deux pas je découvre le vaste quadrilatère avec redoutes périphériques bâti par Charles-Quint (un autre castello aragonese). J’en fais le tour à la recherche de l’entrée (autre rencontre avec mes Hollandais). Renseignements pris, il ne se visite pas aujourd’hui, et le Musée du papier mâché qui y loge est fermé lui aussi. Ce que je regrette davantage, les quelques panneaux et photos m’ayant alléché. |
Lecce : castello de Charles-Quint |
Lecce : cour intérieure du castello de Charles-Quint |
CHÂTEAU
DE CHARLES QUINT
; (XVIe siècle) Le château, construit par Charles-Quint à Lecce entre 1542/1543 et 1546, est le plus grand d’Apulie (Pouilles). L'architecte, Gian Giacomo dell'Acaya, était l'ingénieur en chef du royaume, responsable de la conception de l'hôpital de l'Esprit Saint à Lecce, de la Regia Udienza (siège juridique royal) et du monastère de Saint-Antoine, du château et des fortifications d'Acaya, du château de Sant 'Elmo à Naples et de ceux de Crotone et de Capua. Acaya a radicalement changé la structure et la disposition de l'ancien château normand qui, selon Infantino, remonte au comte Accardo de Lecce (1137). La nouvelle structure a quatre côtés, le côté est plus long que le côté ouest et le côté sud légèrement oblique par rapport au nord. Un épais mur de remblai a été construit tout autour et renforcé par quatre bastions aux angles (Sainte Trinité, Sainte Croix, St Jacques et St Martin) et par des fossés profonds. Les portes du château sont situées face à la ville à l'ouest (Porta Reale) et à la campagne (Porta Falsa ou di Soccorso), donnant sur la Via Luglio et la Piazza Libertini respectivement. L'entrée de la forteresse est protégée par le corps de garde, une salle rectangulaire avec un plafond voûté en berceau, qui mène aux zones extérieures, séparant l’environnement résidentiel de celui qui était strictement destiné à la défense. Une autre porte, alignée avec l'entrée principale, mène à une deuxième salle rectangulaire, également voûtée, d'où la seule issue possible conduit, pour des raisons stratégiques, à un chemin à «baïonnette»: nous trouvons ici une entrée latérale dans la chapelle de Ste Barbara (bien que dédiée à l'Immaculée Conception), et une autre qui mène au sud de la partie centrale de l'édifice. La chapelle, dont la façade principale à pignon surplombe la cour, a une voûte en berceau et son entrée principale est enrichie d’un portail en tympan. Ce dernier est surmonté d'une grande fenêtre avec une architrave légèrement cintrée, ornée de l'emblème de la famille Loffredo. L'intérieur ne contient plus les trois autels qui se trouvaient là, dont seul celui dédié à Ste Barbara est connu, donnant son nom à la chapelle. La cour est quadrangulaire et assez spacieuse, surplombée par plusieurs bâtiments de différentes époques. Des parterres de fleurs circulaires ornent le centre et d'autres suivent la structure circulaire des murs. Dans le bloc est, à droite de l'entrée de la cour, un grand double escalier mène au grand hall du premier étage. À gauche, se trouve le donjon, rappel imposant de la version précédente du château, unissant les ailes est et nord. Cette structure, élevée en 1597 et remodelée, évidemment pour l'adapter aux besoins quotidiens, avec un magnifique plafond voûté en arcades reposant sur des colonnes angulaires à chapiteaux richement décorés, contient, sur ce qui est maintenant le rez-de-chaussée inférieur, la chapelle Sainte-Marie de Constantinople (aujourd'hui dédiée à Saint François). L'autel, les stucs, les peintures murales représentant saint François de Paola, sainte Thérèse et sainte Oronzo, toutes peintes à la fin du baroque, subsistent encore. Sur le côté opposé se dresse une tour tronquée qui faisait partie de la forteresse normande. Au premier étage, l'oratoire des seigneurs du château, avec son plafond voûté en croix, contient encore quelques fresques religieuses (une Pietà et deux saints d'époque baroque). Le côté ouest, l'entrée de la cour, ne comprend que le rez-de-chaussée: la façade de la chapelle St Barbara. De l'étage supérieur, jamais terminé, il n’y a qu’un mur avec une fenêtre qui donne sur le quadrilatère de la cour. Les remparts reprennent la forme quadrilatérale de l'intérieur et sont flanqués de deux tours. Des quatre bastions angulaires, deux font face à la ville: au sud-ouest se trouve la tourelle de la Trinita, au nord-ouest la tourelle de Santa Croce avec des meurtrières placées contre les attaques possibles de la ville, au sud-est celui de San Giacomo, le plus grand et le plus important, et au nord-est celui de San Martino, près de laquelle se dressait la porte éponyme de la ville, qui fut ensuite démolie. |
Je me repère ensuite sur le plan (pour une fois fourni par le G.V.) et me dirige vers la Piazza S. Oronzo où l’on a déterré une bonne partie de l’amphithéâtre romain. En arrière, dans le curieux hall du Palazzo del Seggio, l'Office du tourisme m’offre une carte assez bien faite qui complète celle du Michelin. | Lecce, Piazza San Oronzo : amphithéâtre romain (Ier - IIe ap. J-C) et hall du Palazzo del Seggio (office du Tourisme) |
Lecce : façade baroque de Sant'Irene |
PIAZZA DUOMO (VII-XVIIIe siècles) La Piazza Duomo a été dessinée par Cesare Bandi comme une vaste cour dans laquelle on entre par une grande porte d'entrée et qui s'ouvre sur le ciel comme une terrasse. Sur la place, nous assistons au triomphe du style baroque de Lecce. La relation mystérieuse et précise entre la hauteur du clocher et la largeur du parvis, la baie vitrée de l'entrée, la petite loggia au loin, forment une succession d'espaces complexes et entrelacés qui ne traduisent pas vraiment l'incroyable rationalité des proportions de la Piazza. La Cour de l'Évêque était et reste aujourd'hui le centre de la vie ecclésiastique à Lecce (bien qu'elle ait également été utilisée comme marché), contrastant ainsi avec le point central de la place séculaire, la Piazza Sant'Oronzo. La cour remonte à l'époque de Mgr Gerolaino Guidano (1420-25) et a été modifiée à plusieurs reprises. L'entrée actuelle est encadrée par une colonnade construite par Emanuele Manieri lors de la démolition de l'entrée d'origine. Les colonnes sont surmontées de statues et de balustres en entonnoir et relie les rues Via G. Libertini, Via Palmieri et Corso Vittorio Emmanuele, menant à la place Sant Oronzo. (À l'origine, la Via Palmieri menait à Puna San Giusto di Napoli et était l'artère principale de circulation dans la ville.) Une gravure de 1634 par Pompeo Renzo, un prêtre de Lecce, dépeint une foire traditionnelle de jouets et de fruits d'automne sur la Piazza Duomo «Panieri» où «Spasa del Monsignore» En 1957, une fontaine, avec une paire de chevaux ailés, sculptée par Antonio Bortone, a été placée au centre de la place. La Piazza Duomo comprend également des espaces couverts où les maîtres du baroque et du rococo ont laissé leur empreinte personnelle dans une symphonie de styles architecturaux durant la période centenaire reliant les XVIIe et XVIIIe siècles. Les colonnades, le clocher, la cathédrale, l'évêché et le séminaire se rejoignent sur la place, ce qui en fait l'une des plus belles et des plus dramatiques d'Italie. Le clocher a été commandé par Mgr Luigi Pappacoda et construit par Giuseppe Zimbalo entre 1661 et 1682. Il s'élève à 70,72 mètres sur le site de l’ancienne tour (démolie en 1574). Le clocher, symbole de l'influence de l'évêque sur la ville, servait également de tour de guet sur les mers Adriatique et lonienne contre les envahisseurs potentiels. La tour a cinq étages, surmontée d'une tourelle à dôme octogonal, avec quatre vases pinacles, et une silhouette de Saint Oronzo (canonisé après la peste en 1656 comme saint patron de Lecce). Chaque étage de la tour est bordé par une balustrade, avec une seule ouverture, surmontée de pilastres lisses, au sommet desquelles se trouvent des inscriptions latines (XVIIe siècle, Arcthdeacon G. Camillo Palma). Les coins de ces plaques portent un motif lancéolé dans le style de Fanzago. Le clocher aux dimensions imposantes constitue un repère religieux et séculaire important pour Lecce et ses environs. |
Piazza Duomo : entrée à colonnades surmontées de statues |
Lecce : statues sur les portes de la Piazza del Duomo |
Piazza Duomo : le clocher (70 m, 1682) |
Piazza
Duomo : porte latérale gauche de la cathédrale
|
Via G. Palmieri vers la Porta Napoli |
À partir de là
j’emprunte la Via G. Palmieri qui monte directement au
nord en sinuant légèrement entre les vieilles façades
où se retrouvent beaucoup d’élégants vieux palazzi
plus ou moins restaurés. |
Porta Napoli |
PORTA NAPOLI (1548) La
Porta Napoli fut érigée en 1548 en l'honneur de
l'empereur Habsbourg Charles Quint, qui avait fait
construire un nouveau système complexe de défenses
à Lecce. L'Arc de Triomphe, sur le site de la
Porte San Giusto, a été commandé par le Gouverneur
de la Province de la Terre d'Otrante, Ferrante
Loffredo et les citoyens, afin de créer un emblème
célébrant le pouvoir et l'empire de Charles Quint.
L'arche s'appela Porta Napoli car elle conduisait
à la route consulaire de Naples.
C'était un point d'entrée et une frontière importante entre le monde extérieur et la ville. C’est toujours une porte d'accès au centre-ville historique, même en l’absence des anciens remparts dans lesquels elle était placée. L'arcade, qui a probablement été conçue par l'architecte militaire Gian Giacomo dell'Acaya, est composée d'escaliers reliés par des volutes d'influence angevine. Les voûtes centrales en tonneau sont flanquées de paires de colonnes corinthiennes à surfaces lisses reproduisant en miniature le blason des Habsbourg, probablement en référence aux colonnes mythiques d'Hercule. Dans la partie centrale, sous le fronton, une inscription commémore l'empereur Charles Quint victorieux en Amérique contre la France et en Afrique, vainqueur des Turcs et propagateur de la foi chrétienne. Un motif denticulé court le long de la corniche du fronton, qui se prolonge par rapport aux paires de colonnes et est orné de volutes au sommet du triangle. Le blason impérial de Charles, orné de trophées militaires sculptés, occupe le centre du tympan. Les symboles de la victoire et du butin des ennemis vaincus entourent le majestueux aigle à deux têtes, aux armes impériales, englobant l'intention panégyrique de la Porta Napoli, qui renferme, dans son tissu même, le désir de révéler l'identité politique de la ville. |
Lecce : église du Gesu |
Lecce : pélican sur le faite de la façade du Gesu |
Lecce : à gauche le Palazzo Adorno, via 25 Luglio |
Palazzo Adorno : détail |
Lecce, Villa communale (jardin public) : Giuseppe Garibaldi |
Traversant la grande cour du covento - maintenant siège administratif de la région, je vais faire un tour dans le Giardini publico de l’autre côté de la rue, où de jeunes mères baladent leurs petits tandis que des bustes des grands hommes de Lecce - et d'Italie - ornent les allées. Belle façon d’honorer des personnalités fortes faisant honneur au génie local ! |
Giulio Cesare
Vanini, philosophe libertin du XVIIe
|
Giulio
Cesare VANINI
Né en 1585 à Le Taurisano en Terre d'Otrante, et exécuté à Toulouse le 9 février 1619, Vanini est un philosophe et naturaliste italien, considéré comme l'une des références du libertinage érudit. Philosophe et homme de grande culture, il fut très apprécié dans l'aristocratie Italienne et parisienne pour l’excellence de sa communication brillante et pour sa profondeur intellectuelle. Dénoncé et arrêté en 1618 pour ses thèses athées et blasphématoires, il fut condamné pour blasphème, impiété, athéisme, sorcellerie et corruption de mœurs. Condamné à avoir la langue arrachée, à être étranglé puis brûlé le 9 février 1619 sur la place du Salin, il fut exécuté à Toulouse en 1619. (voir Wikipedia) |
SANTA
CROCE
L'église suit le plan d’une basilique à trois nefs avec une double série de robustes colonnes surmontées des têtes des apôtres, des évangélistes et des prophètes. Le somptueux plafond en bois lacunaire de la nef centrale de style baroque, contraste avec le plafond austère du XVe des bas-côtés aux voûtes croisées et aux festons axiaux. Dans ceux-ci, se trouvent sept chapelles latérales, qui abritent des autels de la Renaissance et du Baroque, témoignant en ce qui concerne l'aménagement intérieur de l'évolution du goût noté sur la façade. L’autel le plus important, en raison de sa typologie particulière et de son intérêt historique (certains épisodes de la guerre contre les Turcs de 1480 sont racontés en trois panneaux figurés), est celui consacré à San Francesco da Paola (1), en tête de l’allée gauche, un travail sûr du Lecceese E. A. Zimbalo, qui l’a exécuté entre 1614 et 1615. Dans le transept droit se trouve l'autel (2) dédié à la Croce, exécuté en 1639 par Cesare Penna, auteur des parties sculptées réalisées dans l'ordre supérieur de la façade. Sont particulièrement intéressantes la toile représentant la Trinité (3), du peintre Gianserio Strafella (documenté entre 1560 et 1577) de formation culturelle probablement napolitaine, ainsi que la peinture de Saint Antoine de Padoue (3), sur l'autel du même nom dans le presbytère à droite (4), œuvre attribuée au peintre de Lecce Oronzo Tiro (1729-1800) et à celle représentant la Nativité (5), oeuvre signée et datée de 1730 par le peintre napolitain Giovani Battista Lama (1637-1748), placée respectivement dans la première et la deuxième chapelle de la nef droite. |
Nef de Santa Croce |
Colonnes de la nef de Santa Croce : les têtes des Apôtres figurant sur les chapiteaux |
Plafond baroque en bois doré de Santa Croce |
Santa Croce : à gauche, l'autel de San Francesco di Paola |
Santa-Croce, autel de San Francesco di Paola : scène de la guerre contre les Turcs (1614) |
Santa Croce : la lanterne du dôme |
Bas-côté de Santa Croce : voûtes croisées du XVe et colonnes monolithes |
Santa Croce : autel de la Nativité (1730) par le napolitain Giovan Battista Lama |
Santa Croce : Nativité (1730) par le napolitain Giovan Battista Lama (détail) |
Je quitte cette belle ville dont je regrette n'avoir pu visiter l’intérieur de beaucoup de monuments, mais amplement rassasié d’architecture baroque (ne l’appelle-t-on pas la «Florence du Sud » ?). La circulation assez dense précédant l’heure de pointe s'accompagne de nombreux ralentissements et de bousculades aux ronds points, à l’italienne... | Lecce : appliques-luminaires dragon sur la Viale Guglielmo Marconi |