Ria de Arousa |
Ciel bouché et
brouillard qui se lève petit à petit en Galice, dans ce
qui est la Bretagne de l’Espagne, lorsque je tire les
store passé 8:30 (il fait encore nuit, vu le décalage
horaire, une heure plus tard qu’au Portugal). À Padron je décide de prendre la petite route qui me fera suivre la côte au plus près, le long de cette Ria de Arousa jusqu’à son extrémité au Cabo de Corrubedo, puis revenir vers Noia en longeant la Ria de Muros y Noia. En quittant Padron, découverte d’un Lidl au bord de la route ; j’y passe presque une heure à me réapprovisionner. Bizarrement plusieurs produits sont différents de ceux distribués au Portugal, ou carrément absents… |
Beluso : croix de route |
Beluso : croix de route et chapelle de pèlerin sur le chemin vers Santiago |
Après une trentaine de kilomètres et quelques incursions à l’intérieur dans des zones plus forestières, on retrouve la côte maintenant plus dégagée, où plusieurs stations profitent des larges plages de sable bien abritées, tandis que des ports de pêche très actifs ont été aménagés à l’abri de longue digues de granit. Architecture mêlée pierre/maçonnerie, avec prédominance pour un granit à gros grain et souvent blond d’un fort bel effet, y compris dans nombre de maisons neuves bâties en massif ! | Iglesia Santa-Maria del Jobre |
Clocher de l'Iglesia Santa Maria del Jobre (Igrexa de Santa María do Xobre) |
Iglesia Santa Maria del Jobre : balcon du presbytère en granit |
Je m’arrête un bon moment pour examiner les petits chalutiers dans le port de A Pobra de Caraminal. | A Pobra : barques dans le port |
Me dirigeant alors vers la pointe à Ribeira, je repère la petite route grimpant les 498 m du mirador de la Curota. Vue époustouflante de là-haut sur les rias et l’océan, malheureusement un peu atténuée par la quasi disparition du soleil sous l’ombre de gros nuages gris et noirs qui ont assez rapidement pris le dessus sur le ciel bleu. | Montée au Mirador de la Curota |
Faro Corrubedo |
J'arrive enfin à Corrubedo et au Cabo homonyme qu’on a équipé d’un phare. Lieu isolé, grosses vagues se brisant sur les rochers, sentiment d’être bien loin de l’Europe civilisée, sur l’une de ses pointes tendue vers les Amériques… |
La lumière glauque et le vent assez frais me font écourter mon petit tour, je rattrape l’autre route côtière AC 550 qui suit cette fois la Ria de Muros y Noia, au nord-ouest. | Corrubedo : horrero (grenier surélevé en granit) |
Bivouac à Guitiande derrière l'Hôtel des Bains |
Emplacement assez
encaissé en bord de rue, mais je le quitterai tôt demain
dès le lever du soleil (assez tardif vue le décalage du
fuseau horaire par rapport à Madrid), et le trafic
semble très limité. Stores fermés et préparation du souper dès 18:30, à la tombée du jour. En soirée, long message à Olivier P., tentative de consulter nos comptes à la BNP (Monique ne trouve pas la page des relevés, et je n’arrive même pas à initialiser les comptes) Je charge enfin les quelques photos de la journée, un peu décevantes, avant de me coucher à 23:30 dans un profond silence, une fois n’est pas coutume ! |
Consultant le GPS, je
prends soin de noter mon emplacement, puis repère la
cathédrale au cœur du labyrinthe des ruelles anciennes.
Sans plan, cela ne sera pas évident, mais j’ai
finalement beaucoup de chance… Navigant approximativement dans sa direction, je profite du spectacle fort bien préservé de la ville toujours vivante et commerçante, sans que les touristes prennent la part du lion… Encore qu'en se rapprochant de la cathédrale, les innombrables boutiques de souvenirs, presque toutes plus hideuses les unes que les autres, finissent par lasser. Heureusement l'architecture grandiose qui entoure le grand vaisseau de pierre fait oublier ces vétilles. |
Santiago : tours de la cathédrale dans la brume |
En se rapprochant des tours de la cathédrale dans la brume |
Santiago : monastère de San-Martin Piniaro, séminaire majeur |
Façade de la cathédrale de Santiago depuis la grande Praza do Obradoiro |
Escalier de la cathédrale de Santiago donnant sur la Praza do Obradoiro |
Santiago : Colexio de San Xerome sur la grande Praza do Obradoiro |
Portail du Colexio de San-Xerome |
Fonte dos Cabalos sur la Praza das Praterias, supportant une allégorie de la cité |
Santiago : les chevaux de la Fonte dos Caballos, sur la Praza das Praterias |
Incommodé par la pluie
persistante, j'ai hâte de pénétrer dans l'église. Sa
structure est essentiellement romane, mais elle a reçu
progressivement un très riche décor baroque,
particulièrement autour du chœur (la Chapelle Majeure)
et au-dessus de la chasse en or et argent figurant le
buste du Saint. En entrant on l'aperçoit qui trône sur
le maitre-autel, au centre de la Chapelle Majeure, au
milieu d'un flamboiement d'or et d'argent tout au fond
de la haute et longue nef. Pour en approcher il faut emprunter les collatéraux bordés sur le côté externe de nombreux confessionnaux (où l'on officie en toutes les langues de l'Europe). Après les deux grands buffets d'orgue XVIIIe abondamment décorés de putti batifolant sur les tuyaux, le déambulatoire est meublé de chapelles aux décors riches et variés. |
Nef de la cathédrale de Santiago da Compostela |
Cathédrale de Santiago : le maitre-autel d'or et d'argent qui resplendit au fond de la Chapelle Majeure |
Cathédrale de Santiago : collatéral |
Cathédrale de Santiago : l'orgue déb. XVIIIe |
Cathédrale de Santiago : l'orgue déb. XVIIIe dont les deux buffets identiques se font face |
Cathédrale de Santiago : collatéral bordé de chapelles |
Chapelle de Mondragon : Déposition de la Croix, par Miguel Perrin (terre cuite, 1526) |
Chapelle de St-Pierre : N. D. de Azucena |
Chapelle des Français ou du Roi de France marbre polychrome, par Jean de Alava (1532) |
Chapelle des Français ou du Roi de France marbre polychrome, par Jean de Alava (1532) |
Sur l'autel de la Chapelle Majeure : statue de St Jacques |
Ange portant le dais doré au-dessus de l'autel de la Chapelle Majeure. Au premier plan, l'un des encensoirs balancés devant l'autel lors des grandes cérémonies |
Dos de la statue de St Jacques sur l'autel de la Chapelle Majeure, atteinte par un petit escalier derrière l'autel sur lequel s'entassent les pèlerins désirant toucher la statue pour obtenir des grâces... |
Le Botafumeiro, grand encensoir pesant 62 kg et mesurant 1,60m pendu au bout de sa corde devant la statue. On n'active son balancement que lors des grandes fêtes ou occasions spéciales |
Tout autour, en haut
des piliers entourant le centre de la Chapelle Majeure,
des anges archers semblent monter la garde, prêts à
intervenir pour chasser les démons et autres Maures. |
Anges archers entourant sur les hauts la Chapelle Majeure |
Tombeau de Saint Jacques dans la crypte sous le maitre-autel (1886) |
Cathédrale de Santiago de Compostela : tombeau-chasse de Saint Jacques (1886) |
Chapiteau roman |
Cathédrale de Santiago : colonnes et chapiteaux |
En sortant je fais un petit tour aux alentours, puis décide que je ne peux profiter de mon passage en Galice sans avoir recours à un guide convenable. Je me fais donc indiquer, dans une première librairie qui n’a aucun article de ce genre, un collègue susceptible de vendre le Guide Vert. Le trajet qu'il m'indique suit celui qui me ramène à mon stationnement, et me fait découvrir d’autres vieilles rues elles aussi bien dignes d’intérêt. | Dans les vieilles rues de Santiago |
Santiago : Rua do Vilar |
Santiago : Canton do Toural |
Pazo de Bendaña, Praza do Toural |
Pazo de Bendaña : Atlas surmontant la façade |
J'entre en ville par
un bout d’autoroute très rapide; ensuite c’est galère
pour traverser son entassement et ses rues fort
encombrées, jusqu’à son extrémité nord où je veux aller
revoir la Torre d’Hercules (Ier-IIe s. ap. J-C).
C'est le seul phare remontant aux Romains encore debout et fonctionnel avec sa haute structure carrée de 55 mètres. Les 39 mètres inférieurs sont dus au travail des maçons antiques et les 14 mètres supérieurs à la restauration effectuée en 1791, lorsqu’on a ajouté à la tour deux formes octogonales à son sommet. |
La Torre de Hercules |
A Coruna : le promontoire Punta Rabaleira et la Torre de Hercules. |
Elle se trouve magnifiquement isolée au milieu d’un parc entouré par la mer, dominant une butte herbeuse de 57 m battue par les vents au dessus de la mer. Stationnant en avant du parc, j’enfile anorak et chapka pour me lancer dans le vent et la pluie qui fouette, et gagner la base de la tour, Mais le mauvais temps a fait interrompre les visite, j’arrive deux heures trop tard et en serai quitte pour un bon bol d’air avant de reprendre la route ! |
Nuit des plus silencieuses sur la place/rue déserte de mon hameau, n’étaient-ce les rafales du vent qui fouettent de pluie le toit de l’Exsis, et la rumeur profonde de l’océan à quelques centaines de mètres. Lever dans la nuit vers 8:00 pour décoller à 9:00, direction Est (où il ne fera pas meilleur selon la carte météo Ventursky…). | Bivouac à Rinlo |
En passant au pied des Picos de Europa |
Je roule sans arrêt,
sinon pour m’arrêter une première fois pour prendre du
gasoil (1,09 €/l, pas mal) puis 2 h plus tard pour me
faire un café. Je consulte aussi les cartes et la météo.
Le temps pourri ne fait que s’accentuer (pluie, brume,
vent…) et me fera à peine apercevoir les Picos de Europa
dont les hauts disparaissent dans les nuages. Je décide donc de rentrer directement en France pour gagner Vence comme annoncé hier à Olivier, mais en faisant un détour par Muret pour embrasser Sophie et sa petite famille. J’éviterai la zone de San Sebastian et Bayonne, de bien mauvaise mémoire, et compte emprunter le tunnel de Bielsa pour éviter (en autant que faire se peut !) des aléas neigeux dans le franchissement des Pyrénées. |
Levé avant l’aurore, vers 7:45, je reprends la route à 8:30. Il n’a pas neigé cette nuit, comme je le craignais, et la route jusqu’à Jaca est totalement dégagée. | Reina de Jaca : bivouac |
Entre Jaca et le Tunnel du Somport |
Je fais un dernier plein de gasoil au tarif espagnol (1,20€/l), puis m’engage plein nord dans la direction du tunnel du Somport. On aborde maintenant une vraie route de montagne qui grimpe assez rapidement sur une trentaine de km, mais bien dessinée et assez large. Malgré quelques traces de neige sur les bermes, la chaussée a été très correctement nettoyée et salée, si bien que j’y roule facilement. Longue traversée ensuite du tunnel d’une dizaine de kilomètres, impeccable, où je ne rencontrerai que quelques voitures et pas un camion. |
L’asphalte est plus encombré du côté nord (français), quoique qu’il ne présente pas de difficulté, et qu’au moins une voie soit toujours bien dégagée. En revanche son tracé au plus près des pentes rocheuses, son étroitesse et ses passages à une seule voie montrent bien qu’on n’a guère investi sur sa modernisation. On ne peut y voir le grand axe Espagne-France que la grande qualité du tunnel (du style de celui de Fréjus ou du Mont Blanc), et la facilité d’accès du côté sud pouvaient laisser attendre au centre des Pyrénées. Français et Espagnols resteront tributaires des passages Ouest (San-Sebastian-Bayonne) et Est (Col du Perthus) | Descente du tunnel du Somport côté francais |