Jean-Paul MOUREZ dorénavant seul
à bord de l'Exsis
4. de LISBOA à
LISBOA
16 004 Mardi 8 janvier 2019 : de LISBOA à
OBIDOS (131 km)
Lever sans traîner à 8:30 pour nous préparer rapidement et
gagner l’aéroport heureusement très proche. Je laisse mes deux
voyageuses avec leurs grosses valises sur le quai des départs à
9:48, donc deux heures juste avant leur décollage sur Transat à
11:45. Je dois repartir aussitôt, laissant la place aux bus dont
j’ai usurpé le quai, le dépose-minute m’étant inaccessible
vu la hauteur de l’Exsis…
J’hésite alors un peu où me diriger, décide bientôt de commencer
par faire les pleins et vidanges en remontant vers le nord, mais
pressé par la circulation lisboète, oublie de me ravitailler en
GPL alors que je sais la chose facile à la station BP de
l’aéroport. Je rattrape bien vite la IC 19 en direction de
Sintra où je sors de la voie rapide, me perds un peu dans ses
ruelles accidentées, finis par rallier l’accueillante aire de
Santa Susana sur laquelle je fais un nouveau et long arrêt. Je
profite alors du beau soleil et de la solitude pour laver
un peu le bas du camping-car qui en a bien besoin !
Reste le plein de gasoil que j’irai faire sur la station de
l’Intermarché de Mafra, peu éloignée. Avisant alors une officina
(atelier) de mécanique juste en face, je me préoccupe de la
vidange d’huile et d’une inspection de mes freins toujours
fantaisistes, quoique efficaces. Rendez-vous pris pour 14:00, ce
qui me laisse juste le temps de manger et de faire quelques
courses d’épicerie (pas riche, le magasin, on est loin de la
variété française…). À l’heure dite je me présente à l’atelier
de Motocristo, les employés reviennent juste de leur déjeuner,
l’Exsis rentre aussitôt, monte sur le pont et… je le perds
de vue pour une heure et demie. Facture raisonnable, (100 € pour
l‘huile synthétique et le filtre, 60 pour la main d’oeuvre, mais
la «mise au point», trop hâtive ou sans réel diagnostic, ne
semble pas avoir changé grand chose aux vibrations dans la
pédale de frein. On verra donc à mon retour à Caen.
En quittant Mafra à 15:30 je passe au Lidl juste à côté,
complétant ainsi les pleins d’eau, de carburant et de
victuailles, regrettant seulement de ne pas m’être aussi
réapprovisionné en GPL. On verra plus loin, de toute
façon il devrait m’en rester au moins pour une dizaine de jours.
Poursuivant ma remontée tranquille vers la côte au nord, je
décide alors de rouler jusqu’à la nuit en contournant Peniche et
de me rendre jusqu’à Obidos. Lacis de petites routes dans cette
campagne décidément bien plus densément peuplée que je ne
l’aurais cru, puis derniers km sur un bout d’autoroute -
gratuite ! - pour sortir vers la vieille cité au moment où le
ciel doré souligne le contour de ses murs crénelés.
Renonçant à dormir dans le faubourg au pied de la vieille
ville je préfère gagner le vaste parking vide de la curieuse
église hexagonale du Senhor da Pedra à un petit kilomètre dans
la plaine. Soirée tranquille à écrire, écouter un peu de jazz et
revoir mes photos.
16 135 Mercredi 9 janvier 2019 : de OBIDOS
à NAZARÉ Praia do Norte (54 km)
Nuit un peu bruyante à partir de 7 heures, ce qui ne m’empêche
pas de faire le plein de sommeil. L’église restant fermée, je
décolle aussitôt prêt vers 9:00 pour rejoindre la mer. Le GPS
M’entraine sur des routes secondaire plutôt jolies, je rejoins
un bout d’autoroute près de Caldas da Rainha où j’aperçois
une grosse station vendant du GPL. Mais la préposée a reçu
l’ordre de n’en point vendre aux autocaravanes… En revanche elle
a en stock des raccords au standard portugais et filetage
identique au mien. 20 € pour un bout de laiton tourné, ce n’est
pas donné, mais avec cela plus de crainte de tomber en
panne de chauffage… Je ferai donc le plein plus loin !
Je finis par arriver à Foz de Arelho, juste au dessus de la
lagoa de Obidos, une large échancrure d’eau barré à son débouché
océanique par une barre de sable prolongé d’une plage
magnifique. Il fait très beau, une balade bien aménagée
(trottoir de bois suspendu sur les dunes) suit la crête au
dessus de l’Océan. On y a construit de belles maisons
contemporaines verre et béton d’inspiration très californienne
dont plusieurs feraient mon affaire… Je descends ensuite
au bord de l’eau côté lagune, il y fait très chaud et la lumière
est magnifique, donc photos… Je profite du soleil et du grand
air, repère un vaste parc à camping-car fort ben situé au
bord de l’eau (6 €/jour avec service, + 2 € pour l’électricité,
rien à dire !).
Après ce bon bol d’air je reprends la petite route qui longe la
côte et me mène à un autre site intéressant : entre Salir de
Porto et Sao Matinho do Porto, une autre enclave marine presque
circulaire reliée à l’océan par une passe étroite, ce qui la met
totalement à l’abri des courant et du vent. On ne peut rêver lac
plus sûr avec des enfants. En arrivant du côté sud je commence
par monter au miradouro qui domine le village de Salir do
Porto, d’où la vue s’étend largement sur le plan d’eau en
dessous, bordé par des hautes dunes du coté océan, et par une
frange d’hôtels et maisons de vacance côté terre, le tout serti
de verdure. En redescendant à travers les ruelles étroites et
sinueuses de Salir je gagne l’espace protégé aperçu d’en-haut
pour une petite promenade dans la dune à observer nature et
oiseaux. Déjeuner sur le grand parking destiné aux promeneurs,
puis suite de la route en direction de Nazaré. sur une petite
route de crête qui offre de belles vues sur la vile. Me
rendant d’abord au miradouro de Pederneira j’admire
d’abord la courbe de la plage, la ville étonnamment régulière en
arrière dont les rues se coupent perpendiculairement (plan bien
rare au Portugal !) et le Sitio campé haut en arrière, se
terminant par le Forte do Sao Miguel Arcangelo et son phare
dominant l’Océan. Joli coup d’oeil, que je complète par un petit
tour dans le cimetière de l’igreja de la Misericordia, fermée
pour cause de vandalisme… Le cimetière très vaste est très dense
et peuplé, servant probablement à toute l’agglomération de
Nazaré, puisque ce fut le berceau de la ville. Mais il est
surtout garni d’une multitude de statues de marbre blanc d’un
style compassé, parfois même identiques les unes aux autres,
représentant une pleureuse, parois ailée, parfois non, qui finit
par donner un air un peu irréel à cet amoncellement de monuments
funéraires…
Je contourne ensuite la ville basse pour gagner le Sitio où je
stationne difficilement, sa popularité ayant rendu nécessaire un
plan de circulation assez gymkhana, surtout avec un véhicule
comme le mien. Je finis par me caser pour aller admirer le
panorama depuis la capela (ermida da Memória) Celle-ci, joliment
décorée d’azuléjos polychrome (toit) et bleu (intérieur) évoque
la légende du cavalier près de tomber de la falaise derrière le
cerf qu’il poursuivait, sauvé par l’intervention miraculeuse de
la Vierge. Effet intéressant des céramiques garnissant
intégralement murs et plafond de la minuscule nef, et aussi de
la crypte encore plus exiguë. sous l’autel. La place devant
l’église aussi vaut le coup d’oeil, formant parvis à
l’igreja de Nossa Senhora da Nazaré que je contourne pour aller
faire le tour jusqu’au farol (phare) installé au-dessus deu
Forte de Sao Miguel Arcangelo, qui défendait la plage de ce
côté. Rude descente à pied (je n’ose y engager l’Exsis,
incertain du stationnement à l’arrivé…) et jolies vues sur
la très longue praia da Norte où j’irai ensuit établir mes
pénates. Quelques fourgons et camping-cars y demeureront pour la
nuit, après le départ des dernières voitures à l’issue du
magnifique coucher de soleil.
Il est 17:30, la nuit s’établit, je travaille durant la soirée
sur les photos, entendant à peine les gros rouleaux déferlant
sur le sable à quelques centaines de mètres, et juste dérangé
quelques minutes par les manoeuvres d’un gros 609D Mercedes
tâchant de se caser à côté de moi sur la petite plate-forme que
j’occupe au-dessus de la plage.
16 189 Jeudi 10 janvier 2019 : de NAZARÉ à
PRAIA de MIRA (152 km)
À 8:00 je suis debout, dès que le soleil émerge derrière la
colline au dessus de nous. Après douche et déjeuner je me
hasarde un peu sur le sable, jusque là où les grosse vagues de
l’Atlantique achèvent leur longue course en roulant sur le sable
granuleux qu’elles réduisent un peu plus en poudre à
chacun de leurs assauts. Il fait très beau, même si encore un
peu frais, mais la température ne fait que commencer sa course
ascendante qui la fera grimper jusqu’à près de 16°C en début
d’après-midi.
Comme prévu je me dirige vers le nord en suivant la route
côtière qui file le plus souvent en vue de la mer, à
travers des forêts assez lâches de pin et d’eucalyptus. Mais je
ne tarde pas à m’apercevoir que tous ces arbres noirâtres et
défeuillés sont en fait les séquelles d’immense incendies
récents qui ont dû toucher des dizaines de milliers d’hectares.
Effectivement de vastes zones ont été dégagées et le sable des
dunes mis à nus par les travaux de nettoyage en cours, en
attendant leur - éventuel ? - reboisement.
Le rivage, à peu de distance, est tout ourlé de plages qui se
succèdent. Je fais quelques détours pour m’en approcher au plus
prés, toutes sont immenses, limités à l’occasion par quelque
falaise, et vides, ce qui n’est pas étonnant vu la saison, mais
leurs dimensions font que quelque soient les foules européennes
déferlant ici, on ne saurait y retrouver la promiscuité et
l’entassement si communs sur les plages méditerranéennes. :
praia Legua, praia Paredes, … À Sao Pedro de Moel impossible de
rejoindre la plage au centre du village, mais en sortant après
avoir découvert les statues du roi Dinis et de la reine Isabel
(13ème s.) je suis sur plusieurs kilomètres la très longue
praia Vehla… Je finis par m’arrêter sur la grande place centrale
de Praia do Pedrogao où je déjeune puis passe le plus chaud de
l’après-midi à nettoyer et polir les fenêtres en lexan de
l’Exsis. Il fait presque chaud tandis que j’arrive au bout de ma
besogne, satisfait du résultat qui me re-donne une
vue claire de mon environnement. Quelques pas sur les rochers à
observer les pêcheurs, patients, qui lancent leurs lignes dans
les tourbillons écumants à leurs pieds, abondamment éclaboussés
par les embruns, et je repars en poursuivant ma remontée de la
côte.
Je finis par arriver à Figueira do Foz, ville importante où je
me mets à la recherche de GPL et d’eau pour mes bouteilles
potables qui arrivent à leur fond. Plusieurs essais et la
consultation de la liste téléchargée me laissent sans guère
d’espoir lorsque, en gagnant l’aire de service apparaissant sur
monGPS, je découvre qu’il s’agit d’une station Jumbo vendant
également GPL et gasoil à très bon prix (1,19 €/l). Une autre
ressource à noter ! Sur ces entrefaites Monique me rejoint sur
FaceTime et nus avons une longue conversation : elle est bien
rentrée et commence à récupérer, douillettement installée en
robe de chambre dans son bureau d’où elle reprend le contrôle
sur ses affaires et celles de la maison. Timide apparitions
d’Hermione qui se fait couver et semble rechigner à
retourner l’école… Quelques nouvelles de Mathieu qui peine
à prendre le dessus dans sa relation avec son amie dont la
santé mentale ne semble guère s’arranger et qui, d’autre part,
tâtonne dans sa réorientation professionnelle. Nous convenons de
le soutenir, sans l’assister cependant à moins d’urgence.
Je repars tous pleins complétés, en regrettant seulement ne
n’avoir pas résolu le problème des freins qui continuent leurs
errements à chaque démarrage, tant que l’ABS ne s’est pas
déclenché. On verra en France où je tâcherai de trouver un
technicien compétent et abordable.
Pas grand chose à voir à Figueira do Foz, sinon un petit tour
signalé parle G.V. du côté du Cabo Mondego, qui offre quelques
belles vues sur la ville depuis ses hauteurs, sans rien
d’extraordinaire… Le soleil commence à baisser et les teintes se
réchauffent lorsque je reprends ma route en tâchant de suivre la
petite route côtière indiquée sur l’atlas Michelin, Mais au
moment de m’y engager à Quiaios, un Portugais qui me voit
exan=miner ma carte s’approche et , en français, me déconseille
fortement de m’y hasarder, vu l’état déplorable de la chaussée.
Je rattrape donc la N109, rectiligne et large, mais dont le
revêtement mériterait lui aussi une sérieuse réfection
(autoroute parallèle…), qui traverse à petite vitesse et
sans interruption une foultitude de petites agglomérations, dans
une circulation assez dense… La nuit tombe lorsque las de
conduire dans ces conditions je bifurque vers l’ouest pour
gagner très rapidement la chic station de Praia de Mira où je
vais passer la nuit, stationné en plein centre juste au dessus
de la plage.
16 341 Vendredi 11 janvier 2019 : de PRAIA
de MIRA à ESPINHO (92 km)
Nuit tranquille après avoir consacré la soirée à rattraper mon
retard de courrier et à un long appel à Gilles pour lui donner
des nouvelles et anticiper un éventuel voyage ensemble en Italie
du Sud fin mars (éventualité dont nous avions parlé…) Si la nuit
est fraîche (6°), je ne la crains pas maintenant que ma
provision de GPL est renouvelée, et au matin, bien reposé, le
soleil est à nouveau au rendez-vous. Fin de mes écritures devant
la plage jusqu’à ce que le camion soit baigné par la chaleur et
la lumière de ses rayons, puis départ vers Aveiro en tentant à
nouveau de suivre la route côtière.
En fait je n’irai pas bien loin, car après une dizaine de km
longeant le canal, celle-ci se transforme en chemin de terre
impraticable, si bien que je rallie bien vite la N109. À travers
une suite continue et interminable de villages linéaires entre
dunes et marais maintenant asséchés, celle-ci me rapproche
d’Aveiro. Bonne occasion d’observer l’habitat standard de bien
des Portugais, assez simple et traditionnel dans son plan et sa
construction, où l’essentiel de la décoration tient aux façades
plaquées de céramiques. Toit de tuiles romaines rouge-orange,
volume plutôt cubiques, parfois une galerie sans plus de
fantaisie, le design n’est guère recherché, plutôt simple pour
ne pas dire simpliste.
Enfin j’entre en ville vers 11:30, me rapproche au maximum de la
cathédrale que Michelin propose comme point de départ de son
circuit d’exploration de la petite ville. Difficile de
trouver une place de stationnement, d’autant plus que la
majorité des voitures ici sont de petite taille - genre
sous-compactes, selon les normes américaines - et je dois
n’éloigner quelques peu avant de trouver l’espace idoine. Affamé
(il est déjà près de 11:45) je préfère me garnir l’estomac avant
de me lancer dans les quelques km de marche à pied prévisibles.
Enfin, à 12:30, je laisse l’Exsis bien barré sur la Rua Santa
Johana et me dirige vers la cathédrale dont j’aperçois la façade
baroque assez simple au bout de la rue. Je longe en passant
l’Antigo Covento de Jesus, où se retira Sainte Johana, file
d’Afonso V en 1472, qualifié de ** par le G.V., mais comme il
abrite essentiellement un musée d’art sacré, je renonce à
sa visite pour me diriger plutôt vers la Se voisine.
Architecture extérieure relativement modeste et assez composite,
l’intérieur est plus attachant avec sa Mise au tombeau
Renaissance, son orgue XVIIe et ses azuléjos XVII et XVIIIe. Je
descends ensuite vers la Praça de Marques de Pombal où la
fontaine moderne est malheureusement à sec, mais entourée de
quelques belles façades dont celle de l’Igreja de la
Misericordia. À l’intérieur, haute nef claire et décor
d’azuléjos très présent, chaire et statues dorée de belle
facture.
Encore quelques mètres et me voilà sur la quai du Canal Central,
où tout est fait pour attirer l’oeil du touriste : barques
traditionnelles décorées (qui ne servent plus maintenant qu’aux
excursions sur la ria), façades très variées alliant azuléjos à
profusion et style Art Déco, grand soleil faisant vibrer les
couleurs, boutiques, animation…
J’y passe un moment à profiter du spectacle et faire quelques
photos, puis m’enfonce dans les ruelles bordées des maisons plus
modestes où vivait les acteurs de ce petit port de pêche et
aussi de commerce. L’architecture y est nettement moins
recherchée, mais toujours l’omniprésence des carreaux de
céramique comme décor et protection des façades. J’en
photographie toute une série en gros plan, ce qui donne une idée
de la variété et de l’évolution dans le temps de l’inspiration
des désigner. Retour ensuite au quai central, où je repère
d’autres décors de céramique évoquant la vie d’autrefois à
Aveiro, au temps ou la ria était territoire de pêche et
ressource en varech utilisés comme engrais par les locaux
(pêcheurs et paysans). Je mets là fin à ma balade en remontant
au camion via quelques autres ruelles, plus «urbaines» mais tout
aussi tortueuses.
Ces quelques km de marche au grand air m’ont assoiffé, je me
restaure un peu puis examine la carte pour fixer mon prochain
objectif. Impossible de rattraper immédiatement la côte puisque
j’en suis coupé par la ria, il me faudra donc faire un grand
crochet pour en contourner l’extrémité nord et arriver à
Furadouro, la plage d’Ovar, à une quarantaine de km. Trajet
relativement court sur le papier, mais fort long en temps,
puisque toute cette région est très densément peuplée, et on n’y
peut circuler qu’en bas de 50 km/h.
Derrière sa maigre forêt d’eucalyptus la station se donne des
airs quasi urbains et, trop neuve, manque de caractère. J’y
ferais un petit tour sur les dunes qui l’encadrent et que l’on
tente de protéger (pas toujours très élégamment) mais trouvant
le site un peu trop fréquenté et trop aménagé, préfère me
rapprocher de Porto en gagnant une station plus proche de la
ville (22 km), la plage d’Espinho, signalée par le G.V. Autre
bout de route très urbanisée, donc lente, j’arrive juste au
coucher du soleil au bord de l’eau. Le temps de parcourir le
bord de mer tout au long pour trouver un coin sympathique (le
plus au nord) et le crépuscule s’est installé. Moins de
touristes ici qu’à Furadouro, probablement davantage de
banlieusards qui prennent le train pour aller travailler à
Porto, et une ambiance un peu moins apprêtée, me semble-t-il.
À peine stationné devant un petit parc en bord de plage, je suis
abordé par un camping-cariste du Gers qui a cru reconnaitre en
moi un Toulousain (ma plaque 31 !). Je le détrompe, il me
propose de m’installer auprès de lui « pour plus de sécurité»,
je décline son offre, comme celle de prendre l’apéro, et rentre
chez moi avaler la soupe que j’ai préalablement mise à
chauffer. Il est 18:00, la nuit est tombée, la fraîcheur
avec. Je me retire dans ma cabane à roulettes, branche le
chauffage pour maintenir un confortable 20°C, me mets à table
puis au clavier pour rédiger journal et courrier.
16 436 Samedi 12 janvier 2019 : ESPINHO
(0 km)
Journée off, passée devant la plage tout à fait à
l’extrémité nord de la station. Il fait certes très beau, mais
le petit vent froid me dissuade de passer trop de temps à
l’extérieur, et je me sens un peu paresseux après tous ces
kilomètres parcourus. Je soigne aussi mes pieds qui commencent à
réagir au froid (engelures) et à mes longues marches des
derniers jours.
J’écris un peu, lis beaucoup, en particulier le Little Exsis
Book dont je traduis beaucoup d’articles pertinents face à
l’aménagement ou l’entretien de mon camion. Le ton aussi
est très british, avec un tonalité humoristique et une
courtoisie tout à fait typique, ce qui en fait une lecture
agréable et reposante. Quel contraste avec nos Gaulois si
revendicateurs et un brin agressifs…
Je fais tourner un petit peu le moteur, le temps de recharger
l’ordi, mais le soleil suffit à maintenir la batterie
suffisamment chargée pour ne pas avoir d’inquiétude.
Coucher tôt en préparant dans le Guide Vert mon excursion à
Porto demain.
16 436 Dimanche 13 janvier 2019 : d’ESPINHO
à MELRES (Douro) (51 km)
À 9:00 je suis sur la petite route qui me fait rallier le centre
de Porto (en passant par un petit bois qui me permet de soulager
la cassette un peu trop présente…). J’ai programmé le GPS sur la
Praça Gen. H. Delgado, juste en avant de l’Hôtel de Ville où
Michelin fait démarrer la première balade.
Trafic des plus légers en ce dimanche matin, je trouve sans
difficulté une des rares places autorisées sur la place
elle-même, juste au pied de l’énorme monument façon pièce
montée, où je laisserai l’Exsis pour la journée, le temps
d’enchainer les trois circuits indiqués sur le plan du G.V. Plan
tellement sommaire que j’ai bien du mal à trouver son départ sur
la Rua Formosa. Je me rends jusqu’au Mercado do Bolhão,
surmonté d’un beau groupe Mercure-Cérès en fronton, mais dont
l’accès est malheureusement fermé pour restauration majeure. Je
m’aperçois alors que j’ai oublié mon téléphone et reviens le
chercher au camion. J’en profite pour me faire un bon expresso
bien tassé (et bienvenu, il est déjà 10:30) et rejoins mon
circuit là où je l’avais laissé, pour découvrir la petite
église de Santa Caterina toute couverte d’azuléjos,
intérieur comme extérieur. Dans la nef, messe dominicale assez
suivie semble-t-il.
Je descends ensuite la rua Caterina, très commerçante, avec
quelques façades très marquées par l’Art Nouveau puis Arts Déco,
dont le Majestic Café malheureusement fermé pour vacances
saisonnières. Je rejoins la Praça de la Libertad flanquée
d’autres énormes «pièces montées» de 10 étages aux inspirations
stylistiques variées et composites… mais dont la stature
impressionne. Petit tour dans l’ex Café Impérial transformé en
McDonald, pour admirer le vitrail glorifiant l’Histoire du café,
puis dernier tour sur la place en contemplant la perpective très
monumentale, avec au premier plan une statue équestre du Roi D.
Pedro IV assez réussie. Je me dirige alors vers la gare de
Sao Benito, remarquable par les azuléjos peints en
1929 par Jorge Colaço illustrant l’histoire des transports
(frise haute polychrome) et quelques grands tableaux historiques
ou scènes traditionnelles (bleu sur fond blanc).
Je suis fourbu et le soir descend, avec la fraîcheur. Regagnant
l’Exsis en haut de la Praça Gen. H. Delgado, je décide
rapidement d’arrêter mon exploration des rues de Porto et
d’aller dormir au vert, en route pour la grande excursion
proposée par le G.V. le long du Douro. Je quitte donc la ville
au plus court, rattrape l’autoroute urbaine qui m’entraîne au
sud-est, traverse la Serra do Porto dans la nuit et sur une
toute petite route à travers des forêts d’eucalyptus pour
finalement débouler par une pente accentuée sur la rive droite
du fleuve à Melres.
Un bel espace dégagé à l’écart de la route et sur le quai d’une
petite marinha rustique m’offrira un excellent bivouac pour la
nuit. Long Facetime avec Monique qui me met au courant de
son «atterrissage» à la maison où elle a rapidement retrouvé ses
routines et réglé les pb courants, petit clin d’oeil à Juliette
(enrhumée) qui me consulte sur les couleurs et la coupe de la
tuque en laine qu’elle veut me tricoter au crochet… Je me couche
peu après un solide repas bien arrosé, n’ayant rien bu ni mangé
de la journée, remettant à demain la rédaction du journal
16 487 Lundi 14 janvier 2019 : de MELRES à
LAMEGO (117 km)
Légère brume matinale sur le quai devant les petits bateaux… qui
ne tarde guère à disparaître. J’entreprends un début d’écriture
du journal d’hier, laissé de côté au profit des nombreuses
photos (plus de 250 !). Je soigne aussi mes pieds endoloris par
ma longue marche et surtout le port continu de chaussures
fermées, puis vers 10:30, maintenant que le soleil bien présent
a dissipé l’humidité, me mets en route.
Globalement l’état de la chaussée est assez bon, et son tracé
acceptable, compte tenu du relief très accusé et des
circonvolutions adoptées par le Douro dans sa course au milieu
des collines. Cela ne veut pas dire que c’est une route facile,
et encore moins reposante, vu le trafic relativement important
(nombreux gros camions) et les virages plutôt serrés qui se
succèdent presque sans interruption. En revanche elle offre de
superbes points de vue sur le ruban sombre de l’eau, les maison
éparpillées sur les pentes, les boisés (beaucoup d’eucalyptus)
encore assez fréquent, dont l’ensemble forme un spectacle quasi
permanent à grandeur de pare-brise. Toujours est-il que j’avance
très lentement, puisque je parcourrai un peu plus d’une centaine
de kilomètres en presque 6 heures de déplacement.
Il faut dire que là-dessus je me suis quand même arrêté pour
manger, pour faire une trentaine de photos (ce qui prend du
temps, celui de trouver un endroit pour stationner
sécuritairement, chercher et trouver le meilleur point de
vue, repartir sans risque dans la circulation…). J’ai
aussi tenté quelques visites au cours du très long détour
suggéré par le G.V., finalement peu emballantes : d’abord le
Penedo Sao Joao, un amoncellement de gros blocs rocheux arrondis
sur un promontoire donnant sur la vallée. Le site dominant assez
nettement la vallée offre une belle vue, mais… vaut-il la peine
de faire tout ce chemin difficile ? Quant au mosteiro de Santa
Maria de Carquere, il ne reste pas grand chose : une grosse tour
carrée couronnée de créneaux, la petite église et la
chapelle funéraire des seigneurs de Resende, fondateurs…
Or ni l’église ni la chapelle ne sont ouvertes, et il n’y a pas
une âme sur le site, seuls quelques chiens jappeurs ! Reste
quelques décors - fort simples - sculptés dans la pierre autour
des fenêtres et portes, mais cela valait-il ce long détour ?
Mais il reste que le «clou» de cette journée restera l’aventure
dans laquelle m’a entraîné le GPS en me faisant emprunter la
petite M1014 pour rattraper la route principale en redescendant
du mosteiro. D’abord raisonnablement étroite, mais très
fonctionnelle, j’y trouve un beau point de vue sur le barrage de
Carrapatelo devant lequel je déjeune. Puis, en continuant ma
descente vers le fleuve elle se rétrécit, et finalement son
asphalte se mue en petits pavés assez mauvais et surtout sa
pente augmente de façon tout à fait stupéfiante… Pensant à un
raccourci de quelques centaines de mètre, et vu la pente
importante rendant une marche arrière difficile et interminable,
je décide d’aller jusqu’au bout. Mal m’en prend, car
plusieurs virages très serrés finissent par me faire accrocher
dans un muret - une autre fois - la grille du chauffe-eau qu’il
faudra remplacer. Mais surtout, uniquement préoccupé de
contrôler au frein les trois tonnes et demi du camion, je rate
la dernière bifurcation de la route pavée pour me retrouver sur
une descente encore plus accusée menant à une plate-forme sans
débouché au bord du fleuve… Heureusement je ne m’engagerai pas
trop loin sur cet chemin muletier, recouvert de grosses pierres
inégales, mais il me faudra une bonne demi-heures et des
manoeuvres hasardeuses, en tout cas émotionnante pour le
chauffeur et fort douloureuses pour l’embrayage qui fumera
abondamment et m’empestera pour le reste de la journée, pour me
tirer d’affaire et retrouver une chaussée convenant à mon
véhicule. Autre longue pause ensuite pour dissiper fumée et
odeur, l’embrayage tiendra-t-il le coup après ce gros stress
? Un bon point pour Fiat et son Ducato, tout a l’air
correct, il poursuivra son chemin sans broncher…
Le soir descendant, je décide de me rendre jusqu’à la petite
ville de Lamego où je bivouaquerai sur les stationnement
probablement déserts du fameux sanctuaire de Nossa Senhora
dos Remedios. Un court arrêt en passant au miradouro de Boa
Vista, en fait à l’entrée de la commune de Pousada, où nous
avions passé une nuit mémorable lors de notre sabbatique
en 1989 (réveillés par des tirs de fusil : c’était l’ouverture
de la chasse !). Le site est toujours superlatif, avec au
premier plan les vignobles, au deuxième les maisons blanches de
Peso de Régua et au fond les pentes grisâtre voire violacées à
cette heure de la Serra de Marão. La lumière s’estompe, le
soleil se couche tandis que je traverse la ville pour y
découvrir le Lidl où je vais chercher son pain préféré et
me ré-approvisionner en produits frais.
En sortant dans la nuit, nouvelle fantaisie du GPS qui
m’entraine dans ce qui m’apparait vite comme une impasse. Mais
cette fois-ci, échaudé, je fais demi-tour et finis par grimper
jusqu’aux vastes stationnements désert de Nossa Senhora dos
Remedios, dont les décors baroques et illuminés dominent la
ville à ses pieds. J’y trouve un espace parfaitement plat et y
installe mon bivouac dans un silence complet (les cloches
cessant leurs tintements au quart d’heure à 21:00). Le chauffage
fonctionnera toute la nuit, ici nettement plus froide, j’ai
d’ailleurs vu pas mal de trace de neige le long de la route…
16 604 Mardi 15 janvier 2019 : de LAMEGO à
AMARANTE (115 km)
Réveillé dès 7:30 au premières lueurs de l’aube et au premier
coup de l’angelus, après une nuit sans aucun passage, je suis
prêt au départ passé 9:30, une fois terminé ma visite du
sanctuaire et de la partie haute de l’escalier monumental le
reliant à la ville, quelques 617 marches plus bas (dixit le
G.V., je ne les ai certes pas comptées. Architecture baroque
très ornementée, mais claire et élégante, sans grandiloquence,
qui me sourit assez. Je quitte alors le haut de la montagne tout
boisé pour retourner au E.Leclerc aperçu hier soir, pensant y
trouver plusieurs produits alimentaires absents du Lidl et y
faire le plein de carburant à bon prix. J’y ferai effectivement
l’emplette de plusieurs conserves introuvables ailleurs (pâtés,
haricots verts, poisson congelé en sauce, etc.) mais le gasoil
me parait vraiment trop cher (1,33 €/l) contrairement au GPL
dont je remplis ma bonbonne (15 l en 5 jours, la rançon du froid
et de mon chauffage plus important). Je profite aussi de la
borne de service pour libérer la cassette et compléter ma
citerne d’eau propre. Je trouve aussi au Brico Leclerc voisin du
câble à 5 conducteurs qui me permettra de brancher mon compteur
de Coulomb toujours inopérant faute de…
Fin paré à poursuivre mon périple, je renonce à passer par Peso
de Regua, quelconque selon le G.V., et préfère poursuivre ma
remontée du Douro sur sa rive gauche en attaquant la région DOC
dénomination d’origine contrôlée du fameux vin de Porto. La
route longe le fleuve, tantôt très bas et encombré d’herbes en
aval du barrage de Regua, puis très large et imposant en amont
de celui-ci. Des deux côtés les pentes accusées et relativement
proches sont entièrement couvertes de gradins de pierres sèches
sur lesquels poussent les ceps accrochés à des câbles de fer
tendus. Quel travail titanesque a-t-il fallu déployer au
fils des siècles pour en arriver à un tel paysage ! Grande
lumière aujourd’hui encore pour illuminer mon cheminement. Je
piquenique au bord du Douro à Folgosa, en face de Covelinhas, là
où commencent à s’afficher les plus fameuses quintas (domaines
viticoles) qui ont fait la richesse et la notoriété du pays
(Sandeman, Ferrero, etc.). La route, excellente, continue
ensuite de serpenter sur la rive gauche du grand fleuve tandis
que l’on aperçoit au même niveau sur la rive droite le tracé du
chemin de fer qui transporte maintenant la précieuse récolte
jusqu’à Porto.
Je finis par atteindre le gros village de Pinhão à la rencontre
de la rivière du même nom et du Douro, qui constitue le coeur de
cette extraordinaire régions viticole. Quelques chais eau bord
de l’eau, de la pub pour les visiter et déguster (et je suppose
acheter !), pour le reste une architecture des plus modeste, à
mentionner seulement la petite gare toute plaquée de panneau
d’azuléjos assez bien venus à la gloire du village et de sa
vocation (une vingtaine de tableaux intégralement
photographiés).
La route vers Sabrosa puis Vila Real commence alors à s’élever
sur les pentes plus larges, elles aussi entièrement couvertes de
terrasses. Fabuleux ! En passant Sabrosa (village natal de
Magellan, autour de la première circumnavigation en 1522) la
statue du grand homme mérite une photo, puis la nature des
cultures change, les ceps disparaissent ou presque (adieu le
Porto, bonjour le Vinho Verde) et la culture d’arbres fruitiers
devient prévalente. Route rapide ensuite jusqu’à Vila Real, une
grosse ville dont le site très accidenté amène une
circulation incompréhensible et un guidage bizarre du GPS.
Apercevant une enseigne Jumbo je gagne station de carburant et y
fais le plein à bien meilleur prix (1,26 €/l). La circulation me
paraissant très difficile dans le centre historique et le soleil
descendant déjà, je préfère gagner Amarante, plus petit et dont
je garde un beau souvenir du pont et du couvent adjacent que je
visiterai demain.
La grande IP4 a été entièrement refaite en route
expresse qui monte à l’assaut de la Serra de Marão,
grimpant par de larges courbes en 3 voies jusqu’aux 895 m du col
Alto do Espinho. Vue l’heure tardive et le froid probable
(traces de neiges en bord de route…) je renonce à me rendre
jusqu’au Pico de Marao à 1414m et gagne directement Amarante par
une très longue descente facile et rapide sur la grande route
peu fréquentée (doublée par l’autoroute A4 ?).
Il commence à faire sombre lorsque je me dirige vers le centre
de Amarante, pointant le GPS directement sur le Ponte São
Gonçalo. Circulation assez dense, site resserré dan la vallée
étroite, j’ai un peu de difficulté à me stationner à proximité
et ne pourrais y passer confortablement la nuit. Je pêche une
carte du centre - et pique une jasette avec la préposée de
l’Info touristique très avenante - puis me dirige immédiatement
jusqu’au pont attenant au couvent São Gonçalo, fort pittoresque.
Photos, petite marche aux alentours, je repère un beau
parking devant le musée situé juste derrière. La nuit est tombée
lorsque je récupère l’Exsis pour transférer mes pénates à
l’emplacement découvert, à deux pas de mes visites de demain
matin. Le bruit de la circulation diminue tandis que je prépare
mon souper, je lis longuement l’intro du guide Michelin
Portugal, parle un moment avec Monique sur FaceTime, écris le
journal et me couche passé 23:00, alors que le bruit alentour a
quasiment cessé.
16 719 Mercredi 16 janvier 2019 : d’AMARANTE
à CALDAS DE TAIPAS (52 km)
Je dors bien jusqu’à mon réveil un peu après 7:00, lorsque le
bruit commence autour de moi. Et pour cause, le marché s’est
installé sur le quai juste en dessous de la place où je suis
stationné, j’ai bien fait de renoncer à m’y poser pour la nuit
!En revanche il fit un ciel gris plombé, et une légère brume a
envahi le paysage. Pas de soleil, pas de sensation de chaleur,
et l’humidité, qui se traduit par une légère bruine, est
pénétrante. Étonnant de voir tant de gens porter un parapluie
pour si peu d’eau ! J’enfile donc mes deux polaires et coiffe ma
chapka pour le petit tour du quartier ancien prévu hier soir. Je
commence par l’igleja de São Gonçalo : façade baroque
relativement simple, portail latéral délicatement décoré et
curieusement, une galerie haute à colonnes où sont placé les
statues des quatre rois sous lesquels se déroula la
construction. L’intérieur est un peu plus lourd, surtout du côté
autel qui a été largement surélevé sur une estrade avec large
escalier central (évidement toute en dourada) abritant 2
chambres latérales qui contiennent l’une statue et ex-voto.
l’autre le gisant du saint dont la spécialité était le mariage
et la fécondité… Très bel orgue, début XVIIe, que je n’aurai pas
la chance d’entendre, hélas.
Je traverse ensuite la belle place triangulaire, donnant d’un
côté sur la rivière et le pont et limité par les constructions
déboulant de la colline de l’autre, pour remonter la rue
principale un peu courbe et bordée de maisons typiques bien
restaurées. Pas grand monde autour de moi, circulation quasi
nulle, le «mauvais temps a fait son oeuvre… Je reviens vers mon
point de départ après quelques centaines de mètres, juste après
avoir observé une autre église XVIIIe (Sao Pedro et Sao Paulo)
curieusement coiffée d’une tiare papale. Autre ruelle et vielles
maison à flanc de colline qui finit par dévaler et déboucher sur
un escalier assez raide, et passe devant la chapelle d’une
confrérie dominicaine où un groupe de vielle femmes récite les
litanies puis entonne un cantique, avec une unité qui témoigne
de la fréquence de leurs rencontres pieuses…
Je contourne alors l’église, fais encore quelques photos du pont
puis pousse la port du Musée logé dans les anciens bâtiments
conventuels. L’ancien cloître, bien que très remanié, a gardé un
certain cachet, tandis que les vastes plancher d’exposition ont
perdu tout caractère ancien. Cela convient bien à la collection
de peinture - et quelques rares « sculptures » - modernes et
surtout contemporaines qu’on y présente. Bien peu retiennent mon
attention, et lorsque je veux garder le souvenir des rares
oeuvres qui me sourient, on m’avertit gentiment que la
photographie est interdite dans le musée… Visite
finalement un peu décevante.
Il est maintenant près de 11:00, le ciel est toujours aussi gris
et la pluie s’intensifie, Je prends donc la route sans regret en
direction de Guimarães distingué de 2 étoiles par le G.V. et
classé au Patrimoine mondial par l’Unesco. La route pittoresque
ne laisse rien voir de son environnement, puisque presque tout
au long envahie par le brouillard… Déjeuner sur une
rare place à peu près plane et à l’écart de la route devant que
petite église de campagne. Je prends le temps de préparer
du riz puis de réchauffer le reste de moules et épinards
préparés avant hier, un mariage en fin de compte agréable. Je
prends ensuite le temps de répondre longuement aux voeux de
Sophie en lui résumant notre fin de séjour avec Hermione, puis
parcours les quelques kilomètres rapides quoiqu’assez vallonnés
jusqu’à Guimarães que je ne connais pas du tout.
Je commence par pointer le vaste stationnement indiqué par le
G.V. juste au nord du château, mais le trouvant trop éloigné du
départ de la visite du vieux quartier - quoique peut-être
acceptable comme bivouac - je me lance dans l’exploration du
centre ville et dégote une place à 100 m du Largo Valentin
Moreira de Sà. À partir de là je rattrape le Largo
de Oliveira par un lacis de petites rues et ruelles sinueuses
qui font tout le charme de la vieille ville. L’église N.S. de
Oliveira ne me parait pas présenter un intérêt considérable,
peut-être commence-je à être un peu saturé des décors baroques à
la portugaise… ? En revanche le Largo de Oliveira sur laquelle
elle donne est des plus pittoresques, avec son gros olivier, son
padrao - croix de pierre -sous édicule gothique (célébrant la
victoire de Salado sur les Maures en 1340), et, au-dessus d’une
série d’arcades gothiques, l’Antigos Paços de Concelho, ancien
hôtel de ville manuélin du XVIe. Place du même genre en contigu,
laPraça de São Tiago Le tout entouré par ses maisons à
encorbellements et largement fenestrés qui achèvent de lui
donner son caractère médiéval. Je renoncerai aussi à la visite
des musées (dont le vanté Museu Alberto Sampaio) essentiellement
consacrés à des pièces d’art religieux, là aussi une certaine
lassitude ? En revanche je reste sensible au charme des façades,
aux éléments du décor avec ses innombrables variantes, d’autant
plus qu’ils me semblent correspondre à un art de vivre où le
stress était différent et la sociabilité plus valorisée.
En suivant la rue Santa Maria je rencontre aussi le covento de
Santa Clara, où l’on a maintenant installé l’Hôtel de ville
contemporain. Façade noble, on n’accède qu’au cloître de belles
proportions autour d’un jardin de buis décoré de sculptures
contemporaines. Continuant à remonter la rue étroite et
sinueuse bordées de maisons du XIVe et XVe à grilles de
fer forgé et corniches de granit, je me rends jusqu’au château
ducal du XVème, très massif avec ses 4 grosses tour d’angle
carrée et ses austères hautes façades. Il fut construit par
Alphonse Henriques, le premier duc de Bragance qui se fit
nommer roi par ses troupes et reconnaitre par la noblesse à la
convention de Lamego, donc le fondateur du royaume du Portugal.
Sa statue par Soares dos Reis (fin XIXe), belle évocation du
vaillant guerrier, se trouve sur le terre-plein en avant. Je
renonce à le visiter, vue l’heure tardive et le contenu décrit
par le G.V. Retour à l’Exsis en empruntant l’autre longue ruelle
pittoresque (Gravador Molarinho) qui parcourt la vieille du nord
au sud et me permet d’admirer une grande toile aux couleurs
vives ornant l’entrée du grand hôtel noble devenue Archives
publiques : elle reproduit, agrandie, la Batalha de Sao Mamede,
par Antonio Lino (1989), un peintre originaire de Guimaraes qui
fit carrière dans le monde entier.
Cette autre rue ancienne et tournicotante aboutit, après
diverses mutations et rencontres, en bordure sud du noyau
original, sur le Largo de Toural, pareillement entourée de
maisons anciennes et dominée par la haute façade sévère (granit
sombre) et inachevée de Sao Francisco. Le soir tombe lorsque je
retrouve enfin chaleur et tranquillité de mon home à roulettes.
Pour mon bivouac nocturne je choisis d’abord de remonter sur la
vaste esplanade presque vide au pied du castelo initial du
XIème, mais on n’y entend beaucoup trop la circulation sur les 2
avenues qui l’encadrent, aussi je cherche sur le GPS une zone
verte dans l’une des petites agglomérations sur la route de
Braga, au nord-ouest. Je tombe sur Caldas de Taipas, à 8 km de
Guimaraes, y repère une longue avenue double à l’écart de la
grande route qui se révélera, rendu sur place, un parc près d’un
complexe sportif où les gens vienne s’aérer et faire leur
footing… Installé sur un espace parfaitement plat et en impasse,
je m’apprête à y passer la nuit. La météo annonce du soleil pour
demain !
16 771 Jeudi 17 janvier 2019 : de
CALDAS DE TAIPAS à VIANA DO CASTELO (75 km)
Lever à 9:00 après une nuit réparatrice, les longues marches des
derniers jours m’ont apparemment un peu fatigué. De plus le port
de chaussures fermées me causent des élancement au pied droit
qui ne laissent pas de me déranger (genre goutte). La
tranquillité a bien été au rendez-vous au bout de mon parc, mais
pas le soleil au matin ! Même si la météo persiste à le prédire
pource jeudi, la matinée restera noyée dans le brouillard…
jusqu’à mon départ à 11:00. Et ce sera pour une autre journée
pleine de lumière, sinon de chaleur (maximum 14°C aujourd’hui,
ça descend légèrement…).
La route sera facile et courte en direction de Braga, même s’il
suffit qu’un seule camion traine un peu pour ralentir des
kyrielles de voiture, puisque les virages incessant sur cette
route montueuse rendent le doublage quasi impossible. Je
la contourne, ayant déjà visité la ville qui ne me semble guère
passionnante, et dont la principale curiosité reste le
sanctuaire de Bom Jesus et son escalier baroque extravagant.
Première étape donc, Barcelos. Ville du célèbre coq légendaire -
devenu l’emblème folklorique du Portugal - Barcelos est une
petite cité qui a conservé un coeur ancien très bien conservé et
continue assidument de le restaurer, si bien de ma balade au fil
de ses rues traditionnelles (au demeurant limitées en nombre et
en longueur) ne sera pas trop fatigante, particulièrement pour
mes pieds que j’ai entrepris de soigner : que serait un
fantassin de la balade comme moi sans ses pieds ? Après une
longue recherche d’une place qui me mènera finalement à l’opposé
de la Place du Marché, je mange copieusement et note
soigneusement ma localisation indiquée par le GPS avant de
me lancer dans la balade.
En fait la principale attraction est temporaire, au sens où
c’est le marché du jeudi, qui envahit une très grande place
quasi centrale, genre champ de foire, le plus grand marché du
Portugal et peut-être d’Europe, puisqu’il rassemble à la fois
les producteurs/distributeurs locaux de fruits, légumes et
autres produits agricoles, (poules, fromages, charcuterie,
etc.), pâtisseries typiques, mais aussi la panoplie habituelle
de marchands de nappes et draps, linges, chaussures, casseroles,
gadgets de cuisine, outils, bibelots «décoratifs» ou religieux,
et que sais-je encore, tous objets susceptibles d’être utiles
(ou inutiles ?) à un ménage. À cela s’ajoute dans une autre
section de la place toute une variété de produits locaux et
traditionnels, que ce soit poteries et céramiques décorées,
broderies, souvenirs plus ou moins sophistiqués et d’un goût
pour le moins discutable, dont bien sûr ke fameux coq légendaire
de Barcelos, décliné en bois sculpté et peint, en poterie, en
céramique décorée, etc.
Bref un beau capharnaüm, coloré et pittoresque à souhait,
d’autant qu’à la variété des objets s’ajoute les mines souvent
accentuées des partenaires, vendeurs ou clients, et les actes
par lesquels se succèdent les étapes de chaque transaction. Je
passe donc un bon moment sur le Praça de Republica à découvrir
l’étendue du marché, étonnamment vaste, la diversité des
produits et des scènes, et tente d’en saisir au vol quelques
images.
Ensuite, un peu de culture. La préposée au tourisme (dans la
lourde tour médiévale carrée à l’entrée de la place) m’a
aimablement pourvu d’un petit plan de ville qui me permet de m’y
retrouver (en commençant par l’endroit assez éloigné où j’ai dû
laisser l’Exsis, faute d’espace au centre ville envahi par le
marché). Je me dirige donc vers les 2 plus belles églises
situées sur le côté sud-ouest et nord du Champ de Foire ou Campo
da Republica : le Templo del Bom Jesus da Cruz et l’iglesia de
Na Sra do Terço. La première (1720) en forme de croix grecque,
est d’une baroque léger et élégant à l’extérieur. En
revanche l’intérieur est particulièrement riche tant en talhas
douradas, sur le maitre autel que sur les 2 autels latéraux
consacrés l’un au Christ de la Passion et l’autre à la
Vierge des Douleurs. Les azuléjos très décoratifs sont mois
visbles et couvrent les couloirs d’accès circulaires. Beaucoup
de pathos, mais aussi une grande qualité d’exécution :
sculptures très fouillées et raffinées, expression des
personnages, qualité des couleurs et des dorures bien mises en
valeur par l’éclairage…). J’y passe un bon moment,
photographiant depuis les divers bancs où je m’assois, pour
n’apercevoir qu’en sortant le petit papillon «Photographie
interdite».
Je traine un peu sur la place longiligne et arborée où règne un
grand coq très coloré tout recouvert de céramiques, puis gagne
l’autre église nettement plus simple extérieurement. Construite
en 1707 elle faisait partie d’un couvent des Bénédictines, et
ses murs est entièrement recouvert d’azuléjos bleus
sur fond blanc racontant la vie de São Bento, complété par un
plafond peint en caissons isolant d’autres scènes de la vie du
saint. Très bel ensemble, mais là aussi interdiction de
photographier (pourquoi ?) inscrite à de multiples
endroits, et un gardien veille ! Je dois donc me contenter de
quelques vues prises discrètement à la volée, d’une qualité
aléatoire…
Avec tout cela le temps a passé. Je reprends la rue commerçante
Rua D. Antonio Barrosa qui me ramène dans le coin de l’ensemble
monumental derrière lequel j’ai laissé l’Exsis : le pont
médiéval du XIVe, le pilori fin XVe, les ruines du palais des
Comtes de Barcelos XVe et l’iglesia Matrix de la ville. Intérêt
très variable : l’église mère, gothique et en granit très sombre
est sinistre et ses lignes à peine apparentes. Le palais des
comtes ne ressemble plus à grand chose avec ses quelques pans de
murs à peine évocateurs, le pont médiéval est entier, mais a
manifestement été outrageusement restauré (il supporte
maintenant le trafic routier…). Reste le pilori au centre d’un
joli jardin de buis qui présente en haut de sa colonne assez
simple la petite cage de pierre typique. (et Michelin qui dit «
une lanterne» !). J’en ai assez vu, repasse au pied du massif
Manoir des Pinheiros et retrouve enfin mon véhicule sans
problème.
Il n’est que 15:15, j’ai donc encore le temps de m’avancer un
peu jusqu’à Viana de Castelo dont je veux faire mon étape ce
soir. Plein d’eau en passant devant un Intermarché, puis route
un peu longue car très urbanisée, mais dans un décor rural
plutôt agréable. Après avoir franchi le Rio Lima sur le long
pont Eiffel (routier et ferroviaire) bizarrement un peu décalé à
chacune de ses extrémité, je gagne le grand parking disposé sur
le quai, à deux pas du port et du noyau ancien, près de la Praça
da Liberdade. Il est un peu plus de 16:00, j’ai donc largement
le temps de faire un petit tour du centre ville ici aussi peu
étendu. Je longe un peu le quai jusqu’à l’office du tourisme où
l’on me remet une carte de la ville, puis monte la rue Gago
Coutinho qui encercle le quartier à l’est. En haut de la rue
pavée qui se courbe entre les maisons traditionnelles, apparait
la capela dos Malheiras d’un baroque très élégant,
voisinant avec un bel hôtel particulier de la même période, la
Casa de Praça, qui appartenait à la même famille. On débouche
sur la Praça da Republica, entourée de belles façades anciennes,
mais surtout de 2 bâtiments en granit massifs qui ferment la
place : l’Antigos Paços do Concelho qui fit fonction
d’ancien hôtel de ville, et la façade de l’hôpital de
Misericordia, très lourde mais très travaillée; son entrée
latérale encadrée par cariatide et atlante est plus légère et
élégante. Petit tour sur la place décorée d’une jolie fontaine
entourée de ses maisons urbaines traditionnelles (façade de 3 ou
4 étages entièrement garnies de hautes fenêtres très lumineuses)
dans le crépuscule qui tranquillement annonce la nuit. Je
reviens vers le port par la Rua de Picata en passant devant le
Musée des Costumes régionaux (relief 1920) et quelques autre
beaux immeubles, puis descends l’Avenida dos Combatentes da
Granda Guerra. Une petite place en bas laisse voir l’élégante
façade manueline d’une école de musique et, en son centre, une
fontaine décorée d’un Mercure appuyé sur une ancre
évoquant le commerce maritime qui fit la fortune de Viana
(avec le Brésil entre autres).
En passant devant le bassin, quelques autres photos du Gil
Earnnes sur fond de ciel rougeoyant. Un panneau explique son
histoire depuis sa construction ici même en 1955 jusqu’à son
sauvetage de la casse et sa conversion en musée, car il
joua un rôle significatif en tant que navire hôpital et
ravitailleur auprès de la flotte de pêche morutière portugaise
dans les Grands Bancs, alors très importante. Je regagne
enfin mon quai et déplace légèrement le camion pour l’orienter
face au soleil matinal espéré demain matin. Souper, écriture et
traitement des nombreuses photos des deux derniers jours
occuperons ma soirée jusque passé minuit, après cette autre
belle journée assez dense.
16 846 Vendredi 18 janvier 2019 : VIANA DO
CASTELO (0 km)
Ciel couvert à mon réveil vers 7:30, et petite pluie fine qui
perle sur mes fenêtres… Je décide donc de rester sur place en
attendant un mieux éventuel, et passerai la journée en pyjama
sans mettre le nez dehors. Quelques averses, mais surtout une
bruine quasi continue (la bruine bretonne…) qui, sans trop
refroidir, qui pénètre partout et vous trempe comme une soupe en
quelques minutes.
Comme je suis abondamment pourvu et vivres et carburant
(je pourrais tenir un siège d’une dizaine de jours…) je me
consacre plutôt à des tâches cléricales, lisant un peu le guide
et la documentation remise par les différents offices de
tourisme, , classant, éliminant et traitant les centaines de
photos prises depuis Porto dont je crains de ne plus retrouver
les noms des lieux et monuments. De temps à autres je fais
tourner le moteur, le temps de recharger à fond la batterie du
McBook (et par le fait même la batterie habitacle et celle du
téléphone. Je passe un bon moment aux «fourneaux», préparant une
poêlée d’endives braisées au fromage et jambon, et suis en train
de m’en régaler lorsque Monique m’appelle sur FaceTime
pour me demander anxieusement si j’ai retrouvé ses boucles
d’oreilles et son collier d’argent, que je finis par dégoter
coincés tout au fond de son sac de voyage… Autres nouvelles des
petits et des démêlés de Gabriel avec ses parents à propos des
repas ! et d’une visite prochaine à Querbes et Jonathan… Nous
passons ainsi une heure et demie à bavarder.
En fin d’après-midi je poursuis mon travail sur les photos et
consulte les forums camping-car auxquels je suis inscrit,
répondant longuement à une rubrique sur le gaz et surtout une
autre sur l’utilisation des batteries LiFePo4, sur lesquelles
circulent encore bien des rumeurs. Coucher tard après une soupe
et quelques bouchées de fromage. Il pleut toujours… et la météo
n’annonce rien de mieux pour demain !
16 846 Samedi 19 janvier 2019 : de VIANA
DO CASTELO à PRAIA DE CABEDELO (8 km)
Autre journée de pluie presque continuelle. Je renonce à rouler
et décide de m’attaquer au branchement du Coulombmètre, remis
depuis mon départ de Caen. Cela nécessite de démonter par
mal de chose pour passer le câble depuis la batterie jusqu’à
l’espace entre les pare-soleils où je l’ai placé.
Lever tard - décidément ce temps gris ne me vaut rien côté
énergie ! Puis je gagne l’aire de service de l’autre côté du Rio
où je vide encore une fois la cassette qui commence déjà à
sentir, et complète le plein d’eau. Je décide de rester alors
sur le site, sur un quai juste au-dessus de l’eau où la vue,
même grise, est dégagée et le trafic nul.
Retardant le bricolage, je poursuis un peu mon travail sur les
photos, interminable, scan de plans de villes remis par les
office de tourisme dont je veux me débarrasser tout en en
conservant les traces et informations précieuses… J’arrive au
déjeuner, puis me mets au boulot. Sans entrer dans les détails,
le plus gros consistera dans la soudure des 5 brins du câble
pour les raccorder aux mini-prises du Colombmètre. Puis,
dans un autre genre, le décapage/nettoyage de l’espace du
conduit de chauffage sous la table dont l’acide a bouffé, brûlé,
noirci à peu tous les composants, à commencer par les pièces de
plastique tenant les vis diagonalement qui ont fondu ! Il faudra
remplacer le conduit annelé de 70 mm dont une section de 80 cm
est morte. Cela ne sera pas non plus une sinécure, cet espace
sous la banquette étant à eu près plein de tout le fatras des
câbles se raccordant à la batterie…
Bref un travail qui me tiendra en haleine jusque passé 17:30,
dans le fouillis causé par le déplacement des cousins et et de
la table, et les outils étalés un peu partout. La nuit est
tombée lorsque j’achève la connexion de l’appareil : ça marche !
L’écran s’allume et les différentes informations y apparaissent.
Restera à le configurer pour obtenir une lecture précise de la
charge de la batterie, et encore faut-il l’avoir préalablement
remplie, ce qui ne pourra se faire qu’une fois connecté au
secteur.
Il est temps de tout ranger puis de préparer mon souper. En
soirée lecture du courrier suite du travail sur l’étiquetage des
photos (ce qui me permet de revoir toutes les informations
recueillies parfois à la va-vite) et coucher tard, en pensant à
la suite de on itinéraire si le ciel se dégage.
16 854 Dimanche 20 janvier 2019 : de PRAIA
DE CABEDELO à PONTECESURES (154 km)
Ciel dégagé au réveil à 8:20 ! Le soleil ne tarde pas à monter
derrière la rangée d’immeubles devant lesquels j’ai passé la
nuit, le séjour des camping-car étant interdit sur l’aire. Les
quelques uns qui, comme moi, y ont passé la journée se sont
repliés en arrière sur la grand parking où je les rejoins.
Lever tranquille, puis écriture du journal d’hier et départ.
Je quitte donc Viana de Castelo en montant admirer le panorama
sur la ville et l’estuaire depuis la basilique Santa Luzia qui
la domine de près de 400 m. Route en lacets sur pavé
tressautant… Je finis par arriver en haut monte jusqu’à la
pousada presque au sommet de la colline au milieu des
eucalyptus, fait quelques photo, puis redescend jusqu’à la
basilique, genre pièce montée multistyle qui serait une réplique
de Montmartre et également consacrée au Sacré-Coeur… Je n’en
garderai pas un souvenir inoubliable, quoique les deux grandes
rosaces donne un bel effets sous le soleil, à côté de la haute
coupole garnie de fresques. Pour le reste, du
romano-néo-byzantin plutôt disgracieux (dixit Michelin !). Repu
jusqu’à satiété de monuments religieux portugais, j’achève
rapidement mon incursion dans la bâtisse pour
prendre la direction du Nord et de l’Espagne, avec une dernière
étape dans la petite ville de Valença do Minho.
Le G.V. souligne sa personnalité militaire, puisqu’elle avait
essentiellement un rôle de chien de garde face à l’ennemi
espagnol (qui fortifia identiquement Tui, la ville homologue de
l’autre côté du Minho !). D’où, du côté portugais, une citadelle
double du XVIIe, dont les 2 forts communiquent entre uns tout en
étant indépendants, avec tous les attributs des forteresse
polygonales à la Vauban, avec leurs douves, leurs bastions à
double redans et échauguettes, et leurs ouvrages avancés. On y
pénètre par des portes monumentales donnant accès à un tunnel
passant sous la muraille pour se retrouver dans deux petites
viles avec églises, fontaines, maisons le long des étroites rues
pavées et boutiques. Beaucoup de pacotilles destinées aux
touristes, mais dès qu’on monte sur les talus des remparts, on
retrouve la vocation militaire du lieu, une conservation
remarquable, mais sans excès, de toute cette architecture
particulière (accentuées par la présence de quelques canons de
bronze dont la gueule est engagée dans les meurtrières) et
surtout un beau panorama sur le Minho coulant au fond de la
vallée au pied de la ville, la ville de Tui en face et les monts
bleutés de la Galice en arrière. Après avoir fait le tour des 2
remparts en près d’une heure et demie, je reprends l’Exsis
laissé à deux pas de la première porte, descend jusqu’au grand
pont tout neuf et passe aussitôt en Espagne.
J’y retrouve bien sûr une autovia rapide et bien dessinée qui
file à travers les collines. La régions continue d’être très
densément peuplée comme au sud, mais suis frappé par le nombre
de PME d’importance moyenne qui bordent les zones urbaines en
zones industrielles relativement récentes et bien aménagés. Je
ne me rendrai pas compte de mon erreur de programmation qui me
fait passer l’embranchement vers Vigo où je comptais faire
étape, et n’aperçois derrière moi le grand pont suspendu menant
à la ville que 50 km plus loins à Redondela, sur la N550,
l’autovia s’étant muée en autopista à péage. Je poursuis donc en
apercevant que le fond de la Ria de Vigo, fort belle dans la
chaude lumière de fin d’après-midi, passe Pontevedra. Je
prends aussi conscience alors du changement de fuseau horaire et
avance montre et cadrans d’une heure. Il est près de 18 heures
et il fait encore bien jour ! Le coucher du soleil ne tardera
pas cependant sous un ciel très mêlé ou des coins de ciel bleu
alternent avec de gris nuages noirs se muant en averses.
Je ne rendrai jusqu’à Santiago ce soir, préférant poser mon
bivouac sur une rue tranquille d’une village, à l’écart de la
grande route, juste avant Padrón. Il n’y passera presque
personne dans la soirée, j’ai donc le temps de repérer sur le
site de Michelin les curiosités proposées par le Guide vert de
Galice, en espérant que le beau temps sera au rendez-vous pour
parcourir la route côtière des Rias Baias qui me ramènera à
Santiago.
Je me couche à 23:30, après avoir corrigé les connexion
des câbles sur la batterie (j’avais omis d’en placer 2 dans le
capteur de Hall), ce qui est sans doute à l’origine des données
bizarres apparaissant sur mon Coulombmètre. On verra demain !
17 008 Lundi 21 janvier 2019 : de
PONTECESURES à GUITIANDE (139 km)
Ciel bouché et brouillard qui se lève petit à petit dans ce qui
est la Bretagne de l’Espagne, lorsque je lève les store passé
8:30 (il fait encore nuit, vu le décalage horaire, une heure
plus tard qu’au Portugal). Je vais prendre la petite route à
Padron qui me fera suivre la côte au plus près, le long de cette
Ria de Arousa jusqu’à l’extrémité au Cabo de Corrubedo, puis
revenir vers Noia en longeant la Ria de Muros y Noia. À Padron
découverte d’un Lidl au bord de la route ; j’y passe presque une
heure à me réapprovisionner. Bizarrement plusieurs produits sont
différents de ceux distribués au Portugal, ou carrément absents…
Au début, le temps que le ciel se dégage, les quelques paysages
maritimes entrevus sont assez beaux, mais trop souvent cachés
par un développement anarchique des constructions qui se suivent
sans interruption le long de la route AC 305, là où elle est en
vue de la mer. Après une trentaine de kilomètres et quelques
incursions à l’intérieur dans des zones plus forestières, on
retrouve la côte cette fois plus dégagée, où plusieurs stations
profitent des larges plages de sable bien abritées, tandis que
des ports de pêche très actifs ont été aménagés à l’abri de
longue digues de granit. Architecture mêlée pierre/maçonnerie,
avec prédominance pour un granit à gros grain et souvent blond
d’un fort bel effet, y compris dans nombre de maisons neuves
bâties en massif ! Je m’arrête un bon moment pour examiner les
petits chalutiers dans le port de A Pobra de Caraminal, puis me
dirigeant vers la pointe à Ribeira, repère la petite route
grimpant les 498 m du mirador de la Curota. Vu époustouflante de
là-haut sur les deux rias et l’océan, malheureusement un peu
atténuée par la quasi disparition du soleil sous l’ombre de gros
nuages gris et noirs qui ont assez rapidement pris le dessus sur
le ciel bleu. Il est presque 14:00, je me confectionne un repas
chaud avant de discuter quelques minute avec un ccariste
français grimpé lui aussi jusqu’ici avec son lourd Welcome, et
me fait part de son projet de voyage en Turquie - alléchant -.
J’escalade ensuite l’escalier assez raide genre chemin
muletier qui mène tout en haut, au pied des antennes, où la vue
est réellement à 360°, prend quelques photos qui
manqueront probablement de lumière, puis redescend
tranquillement les nombreux lacets pour gagner Ribeira (autre
port de pêche et plage) passé rapidement puis enfin Corrubedo et
le Cabo homonyme qu’on a équipé d’un phare. Lieu isolé, grosses
vagues se brisant sur les rochers, sentiment d’être bien loin de
l’Europe civilisée, vers l’une de ses pointes dirigées vers les
Amériques… La lumière glauque et le vent assez frais me font
écourter mon petit tour, le rattrape l’autre route côtière AC
550 qui suit cette fois la Ria de Muros y Noia, au nord
ouest.
Quelques autres petites stations et ports de pêche, je passe la
vile de Noia où je ne m’attarde pas, voulant me rapprocher au
maximum de Santiago tout en cherchant à poser mon bivouac dans
un village plus modeste. Les espaces sont mesurés et les
parkings à l’écart de la route rares… je finis par enfiler
une petite route qui dessert l’Hôtel de Termes à Guitiande, une
douzaine de kilomètres avant Santiago. Emplacement assez
encaissé en bordure de rue, mais je quitterai tôt demain dès le
lever sud soleil (assez tardif vue le décalage du fuseau horaire
par rapport à Madrid),et le trafic semble très limité. Stores
fermés et préparation du souper dès 18:30, à la tombée du
jour. En soirée long message à Olivier, tentative de
consulter nos compte à la BNP (Monique ne trouve pas la page des
relevés, et je n’arrive même pas à initialiser les compte (PW
inexacts ?). Chargement des quelques photos peu satisfaisantes
de la journée, et coucher à 23:30 dans un profond silence, une
fois n’est pas coutume !
17 147 Mardi 22 janvier 2019 : de
GUITIANDE à de RINLO (avan. RIBADEO) (266 km)
Ciel très gris et sombre au lever à 8:30, j’ai bien peur
que la période faste de mon séjour ibérique arrive à sa fin avec
l’entrée dans le «vrai» hiver local, particulièrement celui de
la côte nord atlantique. Il ne fait pourtant pas très froid,
mais plutôt très humide, et en l’absence de soleil…
Je me dépêche de prendre ma douche, m’habiller et déjeuner pour
être au coeur de Santiago en début de matinée. Las, toutes les
places sont déjà prises autour de la ville ancienne (il n’est de
toute façon pas question d’y pénétrer avec un véhicule aussi
gros que le mien (et pourtant…). Je fais donc deux fis le tour
des boulevards entourant le coeur médiéval, me décide à prendre
une voie perpendiculaire qui s’éloigne du centre (Rua de San
Roque) et m’enfile sur la première petite rue qui la coupe en
apercevant des places libres… Évidemment ces espaces sont
réservés au résidents, mais à cette heure cela ne devrait pas
poser trop de pb, et toute façon je n’ai pas le choix, les
quelques parkings près du centre ville étaient tous couverts.
Consultant le GPS je prends soin de noter mon emplacement, puis
repère la cathédrale au coeur du labyrinthe des ruelles
anciennes. Sans plan cela ne sera pas évident, mais j’ai
finalement beaucoup de chance - et de nez… - et errant
approximativement dans sa direction, profitant du spectacle fort
bien préservé de la ville toujours vivante et commerçante, sans
que les touristes prenne la part du lion… encore que les
innombrables boutiques de souvenir en se rapprochant de la
cathédrale, presque toutes plus hideuses les unes que les
autres, finissent par lasser. Cet autre tour dans le grand
vaisseau de pierre, structure romane mais très riche décor
baroque autour du choeur et au-dessus de la chasse en argent
figurant le buste du Saint qui trône sur l’autel et, en dessous
en crypte, autour de la chasse en argent ciselé conservant les
restes de St Jacques. Les deux orgues aussi, haut perchés de
chaque côté de l’entrée du choeur, sont magnifiques, et
l’ensemble des proportions de cette autre merveille du monde à
inscrire dans tous les catalogues des trésors de l’humanité. Je
ne me lasse pas d’aller et venir dans ce très vaste espace
jusqu’à ce que, après une brusque illumination qui avive ors et
couleurs, un gardien prie les visiteurs de se retirer pour
laisser place aux fidèle venus assister à la messe de midi. Je
quitte à regret, en récupérant in extremis à la sacristie ma
chapka tombée en cours de route, mal accrochée dans mon manteau.
En sortant je fais un petit tour aux alentours, puis décide que
je ne peux profiter de mon passage en Galice sans avoir recours
à un guide convenable. Je me fais donc indiquer dans une
première librairie qui n’a aucun article de ce genre, un
collègue susceptible de vendre le Guide Vert. Mon trajet suit
celui qui me ramène à mon stationnement, et me fait découvrir
d’autres vieilles rue selles aussi bien dignes d’intérêt.
Accueil charmant de la libraire qui tient bien toute une étagère
de Guides Michelin, mais tous en espagnol bien sûr… et quelques
autres en anglais qui ne reviennent pas. Elle m’indique
sur un plan de la ville qu’elle me remet une autre librairie, à
l’autre bout de la vieille ville ! J’hésite un peu, puis décide
d’ aller jusqu’au bout de ma quête, sans me faire trop
d’illusions… C’est pour moi une autre occasion de parcourir
d’autres vieilles rues, guère différentes, mais chacune avec ses
magasins et quelques détails particuliers (et un autre choix de
souvenirs atroces…). Finalement comme je m’y attendais, «Les
Pages Folles» ont bien quelques Guides verts d,Europe, mais
aucun en français…
Il ne me reste plus qu’à faire tout le trajet dans l’autres sens
pour regagner la Rua San Roque en prenant quelques autres photos
et sous la pluie qui s’intensifie, mais surtout en ayant hâte de
me reposer, cette longue marche de plus de 7 km me suffisant
pour aujourd’hui. Heureusement j’ai cette fois mis mes
chaussures de marche, plus lourdes mais nettement plus
confortables que mes mocassins noirs !
Il est passé 14:00, l’heure de prendre un bon lunch suivi d’un
café parfumé et bien chaud, puis de décider où tourner mes
roues. Faute de guide il me sera impossible de faire des choix
éclairés le long de la côte, et encore, s’il faisait beau. Mais
la consultation de la météo sur mon téléphone, et surtout de la
carte Ventusky sur mon ordi montre une évolutions déplorable de
la météo européenne, sans compter les avertissements de neige en
France… Seule la petite régions entourant Vence semble
miraculeusement épargnée… J’en conclus que ma tournée
ibérique arrive à son terme et qu’il est temps de me rapprocher
de la Méditerranée.
Je prends donc sans retard la direction d’A Coruña, puisque
j’emprunterai l’Autovia de la Cantabrique pour regagner la
France, et qu’elle part de là. Auparavant je devrais parcourir
les 70 km qui m’en séparent sur la N550 qui seraient agréables
si la lumière n’était aussi ténue. Entre en ville par un bout
d’autoroute très rapide, ensuite c’est galère pour traverser son
entassement et ses rues fort encombres jusqu’à son extrémité
nord où je veux aller revoir la Torre d’Hercules : sa haute
structure carrée de 55 m, dont 34 mètres correspondent au
travail de la maçonnerie romaine et 21 mètres à la restauration
effectuée en 1791, lorsque l’on a ajouté à la tour deux formes
octogonales en son sommet. Elle se trouve magnifiquement isolée
au milieu d’un parc entouré par la mer, dominant une butte
herbeuse de 57 m battue par les vents. Stationnant en avant du
parc, j’enfile anorak et chapka pour me lancer dans le vent et
la pluie qui fouette, et gagner la base de la tour, Mais le
mauvais temps a fait interrompre les visite, j’arrive deux
heures trop tard et en serai quitte pour un bon bol d’air avant
de reprendre la route !
Le GPS me guide cette fois sans encombre pour rattraper
l’autoroute d’accès puis enfiler ensuite l’autovia A6 E70 à
l’intérieur des terres. Il pleut et il vente, au moins au volant
je suis à l’abri et au chaud. Je surveille du coin de l’oeil le
compteur de Coulomb nouvellement installé qui me permet de
suivre très précisément la recharge de la batterie. Je remarque
encore la faiblesse de l’ampérage fourni par l’alternateur
(autour de 10 A), particulièrement évident aujourd’hui où la
contribution des panneaux solaires est quasiment nulle. La route
file, le soir descend, je bifurque vers la nord sur la A8 près
de Vilalba et vers 19:30, finit par rattraper la côte une
vingtaine de km avant Ribadeo.
Fatigué par mes marches et par le temps froid, je sors dès que
possible pour aller chercher un bivouac paisible près du rivage
dans le village de Rinlo, à l’écart d e l’autoroute et du chemin
de fer, mais dans les rafales de vent et de pluie qui souffle en
tempête. Souper, journal, message en réponse à Olivier qui
désespère de voir le bout de ses travaux et transfert des
photos, je me hisse dans ma couchette à 23:30.
17 393 Mercredi 23 javier 2018 : de RINLO
à PUENTE LA REINA DE JACA (628 km)
Nuit des plus silencieuses sur la place/rue déserte de mon
hameau, n’était-ce les rafales du vent qui fouette de pluie le
toit de l’Exsis, et la rumeur profonde de l’océan à quelques
centaines de mètres. Lever dans la nuit vers 8:00 pour décoller
à 9:00, direction Est. (où il ne fera pas meilleur selon la
carte météo Ventursky…).
Coup d’œil au coulombmètre : batterie à 76%, il lui faudra près
de 2h30 de route pour atteindre le 100%, compte tenu du faible
(0,6A !) rendement des PV. Curieusement ce 100% s’affiche sous
13,6, V, puis le voltage continue de monter tandis que
l’ampérage décroit pendant une bonne demi-heure, jusqu’à
décrocher complètement après une brève apparition du 14,3 V
(ampérage à moins d’1 A). Il faudra que je continue à
investiguer le fonctionnement de cet alternateur… ou de son
contrôleur.
Je roule sans arrêt sinon pour m’arrêter une première fois pour
prendre du GO (1,09 €/l, pas mal) puis 2 h plus tard pour me
faire un café. Je consulte aussi les cartes et vu le temps
pourri qui ne fait que s’accentuer (pluie, brume, vent…) et me
fera à peine apercevoir les Picos de Europa dont les haut
disparaissent dans les nuages, je décide de rentrer directement
en France direction Vence comme annoncé hier à Olivier, mais en
faisant un détour vers Muret pour voir Sophie et consorts.
J’éviterai la zone de San Sebastian et Bayonne, de bien mauvaise
mémoire, emprunterai le tunnel de Bielsa pour éviter (en
autant que faire se peut !) des aléas neigeux dans le
franchissement des Pyrénées. Je poursuis donc, dépasse Oviedo et
m’arrête vers 13:00 pour un solide déjeuner : salade composée (+
pomme et reste de fois de morue), poisson blanc sauce citron sur
son lit de riz, et compote de pommes accompagnés de quelques
galettes bretonne… Rassasié, je reprends ma route à 14:00 après
avoir appelé Monique, puis Sophie à Muret, avec laquelle je
prends rendez-vous pour demain soir.
Ensuite je roule sans m’arrêter jusqu’à Bilbao où je refais le
plein sur une station affichant le litre de GO à 1,089 € !
Je repars aussitôt, les kilomètres continuent de défiler, vers
Vitoria-Gasteiz, puis Pamplona, la plupart du temps en autovia
très rapide, sinon sur quelques tronçons de nationale
excellente, le «doublage» étant en autopista à péage. À
Pamplona je tâche de trouver du GPL, sans succès; je continue
alors sur l’Autoroute des Pyrénées, qui me permet de filer vers
Jaca dont j’ai fait mon objectif pour ce soir. À partir de là
demain je monterai plein nord pour passer en France par le
Col du Somport (le tunnel plutôt !), la route A 138 menant
à Bielsa semblant coupée par des congères à plusieurs endroits.
Le temps passe, la nuit tombe, aussi à 19:00, fatigué par cette
longue route et ce temps pourri, je préfère m’arrêter sur une
place au centre du village de Puente la Reina de Jaca, d’où je
compte décoller tôt demain matin. La pluie qui n’a pas cessé de
la journée se poursuit, je soupe rapidement, jette ces quelques
lignes et me couche, après avoir recueilli sur les sites
officiels d’inforoute le maximum d’info. En souhaitant qu’elles
soient fiables !