Nuit excellente, réveil à 6:00 sous un grand soleil. Je commence par régler le pb de la batterie et découvre en ouvrant la trappe que celle-ci a malencontreusement déclenché l’ouverture du disjoncteur placé trop haut… Je l’installe un peu plus bas, le réenclenche et le problème est réglé. Quant à la recharge sur l’alternateur du moteur, j’ai pensé cette nuit que j’avais débranché hier la connexion du pôle négatif de la batterie à la masse du châssis. Je replace donc le câble et, au premier tour de clé, le voltmètre grimpe à 14,2 volts… Deuxième problème réglé ! je peux donc trainer un peu au lit l’esprit tranquille, ce qui donne le temps aux panneaux de recharger un peu plus la batterie. À 7:30, craignant de me faire importuner sur le parking de la poste encore fermée, je décampe pour retourner m’installer sur le stationnement du Shelburne Museum, à 8 km de là.
Portail ouvert, les voitures – probablement
celles du personnel – commencent à peine à arriver, alors que
l’ouverture aux visiteurs est annoncée pour 10:00. J’ai amplement
le temps de prendre ma douche et de déjeuner – en utilisant le
grille-pain sans même démarrer le moteur ! - puis d’écrire
ces quelques mots après avoir révisé ma liste de travaux à
effectuer sur le Promaster. À 9:45 café, puis départ pour la
visite.
Je commence par traverser tout le campus pour
retourner à sa limite nord, mais fais un crochet pour visiter le
phare (Colchester Reef Lighthouse) passé hier, à deux pas du
Ticonderoga.
Architecture simple, mais bien dessinée – voir
les élévations tracées par l’architecte.
Phare de
Colchester-Point : la lentille Fresnel
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...repasse devant les autres constructions
visitées hier :
et gagne un tout petit cube de maçonnerie isolé le long de la clôture : la prison (Jail) de Casteleton, datant de 1890. Sa porte massive s’ouvre sur une petite antichambre garnie d’un tout petit poêle, et deux grilles donnent accès à 2 minuscules cellules dénudées équipées d’un châlit tendu d’une grosse toile. Plus minimaliste tu meurs !
À côté deux autres bâtiments sans prétention
occupent l’angle nord-est du parc : d’abord Hat &
Fragrance Textile Gallery, puis Variety Unit.
Puis quelques belles couvertures en Jacquard bleu
foncé indigo typiques de la région, et enfin un échantillonnage
haut de gamme des fameux quilts de la Nouvelle
Angleterre, i.e. de courtepointes assemblées à partir de tissus
colorés ou imprimés pour former toutes sortes de dessins
attractifs.
Les dernières salles sont consacrées à
l’étonnante collection de cartonnages (bandboxes) rassemblée par
Mme Webb, au départ boites à chapeau puis bagages de voyage,
toutes recouvertes de papiers peints d’un effet curieux, parfois
insolite et toujours très décoratif.
Je passe ensuite rapidement Stone Cottage,
reconstitution du logement d’une famille de cultivateurs du milieu
XIXème.
Puis, retraversant le joli jardin fleuri qui le
précède, pénètre dans Variety Unit.
Il semble qu’on ait rassemblé ici les diverses
collections entreprises par Mme Webb, dont les intérêts étaient
pour le moins multiformes ! Avec le temps s’y sont ajoutées
plusieurs autres, données par divers particuliers ayant fait du
Shelburne Museum leur légataire. Cela commence par un superbe
papier peint français tournant XVIIème-XIXème
représentant les quais de Lyon,
Variety Unit : détails de la murale Vue de Lyon |
Variety Unit : animaux en céramique |
Variety Unit : scrimshaws : navire sur ivoire & agenda en ivoire |
Ensuite c’est toute une collection de verreries,
en commençant par plusieurs vitrines fournies où sont rassemblés
des verres moulés, gravés au jet de sable ou à l’acide, taillés,
accompagnés de quelques vases et compotiers.
Plus loin, une étonnante série de cannes de
verres colorés, emblème des verriers qui défilaient en les portant
les jours de célébration.
Variety Variety Unit : cannes de verrier |
Au bout d’un enchevêtrement de petites pièces rajoutées au fur et à mesure des besoins, on monte à l’étage pour découvrir un riche musée de poupées, traitées en ordre chronologique en commençant par les fabrications allemandes du XVIIIème, apparemment de loin les plus nombreuses sur le marché. Enfin la visite se termine par quelques fort beaux automates français acquis en fin de parcours par Mme Webb.
Variety Unit : poupées bébé allemandes 1923-24 Poupée Lady par E. & E.
Scavini, Turin, ca. 1930
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Variety Unit : couple Lady Hidburghausen, Allemagne, tête Andreas Voit |
Variety-Unit: poupée en biscuit, par Bru Jeune et Cie, Paris ca.1880 |
Le chef-cuisinier, automate
francais par Gustave Vichy 1885
|
Le fumeur d'opium, automate français par
Gustave Vichy, fin XIXème |
En sortant je me trouve à deux pas de la Schoolhouse
à salle unique mais surmontée d’une tour porteuse de la cloche
emblématique… Peu à voir, l’éducation primaire d’alors étant
réduite à l’essentiel, mais il règne une ambiance sympathique
créée par les gros bureaux en bois, siège et table combinés, le
petit placard contenant quelques précieux livres et craies à
ardoise, et enfin les maximes tracées à la craie sur le tableau
d’une belle écriture cursive…
Schoolhouse : l'entrée et le clocher
La salle de classe unique
Quelques pas sur la gazon, et c’est maintenant au
tour de Stagecoach Inn, consacrée aux expressions
sculptées de l’art populaire américain (Americana)
qu’affectionnait Electra Webb : girouettes, enseignes sur
pied de « tabaconist » (débit de tabac), figures de proue,
enseignes de boutique, et plusieurs autres réalisations
inclassables, bref un ensemble un peu hétéroclite mais qui partage
le fait d’être intimement lié à la culture populaire américaine au
quotidien, de présenter une exécution raffinée ou puissante, et de
posséder d’indéniables qualités esthétiques.
Stagecoach Inn : façade arrière
Stagecoach Inn : Christoph-Colomb, autre enseigne de tabac,
début XIXème
Stagecoach Inn : Brunhild, figure de proue par Charles A.L.Sampson, ca.1850-1880 |
Stagecoach Inn : George-Washington figure de proue 1800-1850 |
Le sentier dépasse ensuite le pont couvert pour
mener à la Dorset House. La grande façade symétrique est
très architecturée (style Greek Revival) derrière un grand fronton
triangulaire.
Elle abrite une vaste collection d’appelants
d’oiseaux sauvages, des leurres largement utilisés par les
chasseurs nord-américains suivant semble-t-il une tradition
amérindienne. Je suis surtout sensible à la qualité sculpturale de
ces petits animaux, par définition grandeur nature, présentés en
assez grandes séries (plus de 250 items !)
Dorset House : mallard col vert femelle
appelant (leurre)
Dorset House : chouette |
Les Settler’s House & Barn sont
beaucoup plus modestes, construites en planches de bouleau et
poutres de pin vers 1846 par un bucheron Canadien Français. Le
mobilier et les accessoires sont évidemment des plus simples et
montrent les conditions rustiques dans lesquelles devaient se
débrouiller les nouveaux arrivés au Vermont de l’époque.