Août 2017

Boucle au LABRADOR


1. De Montréal à Happy Valley-Goose Bay

Jean-Paul en solo à bord du ProMaster


https://photos.app.goo.gl/xly7AaggViKOSoyF3


Itinéraire au Labrador
Itinéraire Labrador Highway (Route du Labrador)



19 180 Lundi 21 août 2017 : de MONTRÉAL à ST-JOSEPH-DE-LA-RIVE (395 km)

Départ plutôt tardif car nous ne nous sommes guère pressés pour nous lever, et il reste pas mal de choses à charger dans le camion, malgré (ou grâce…) à ma check-list qui permettra de limiter les oublis.
Enfin je quitte la rue Hartland vers 10:45 pour prendre le chemin du Marché Central où je dois renouveler ma provision de café chez Barrista. En passant devant le magasin du MEC je pense à me munir d’un insectifuge efficace, et comme il s’agit de spécialistes du plein air, je trouve effectivement de bon conseils (marque Watkins, la plus riche en EDT) mais pas la présentation recherchée (spray et non crème). Je rattrape ensuite l’autoroute Métropolitaine que j’enfile vers l’Est en choisissant de suivre la rive Nord pour gagner Québec. Il fait plutôt beau, chaud (28°) quoiqu’il flotte une légère brume de chaleur qui m’amène à faire fonctionner la clim.

Sur
              l'Autoroute métropolitaine
Sur le Boulevard Métropolitain en quittant Montréal

Un panneau «Joliette» attire mon attention : c’est l’occasion, moyennant un léger détour, d’aller chercher le compas destiné à stabiliser le couvercle du WC en position levée. Quelques jolies routes de campagne me font ensuite rejoindre la 40 Est au niveau de Berthier, j’y fais le plein d’essence à bon prix et passe en pharmacie pour ramasser le spray insectifuge spécifié, avant de reprends l’autoroute vers Québec. Arrêt peu avant d’entrer en ville sur une aire de service pour déjeuner rapidement, puis vers N-D. de Beaupré pour compléter le plein d’essence et appeler mon acheteur de dôme de Fantastic vivant sur l'Ile aux Coudres, en lui donnant rendez-vous vers 18:00 sur le quai des Éboulements.

Sur la
              Route 138 en montant vers Charlevois
Sur la Route 138 en montant vers Charlevoix

Le St-Laurent en arrivant à Baie-St-Paul
Le St-Laurent en arrivant à Baie-St-Paul

La route jusqu’ici assez plate devient beaucoup plus montueuse, sollicitant la boîte du ProMaster qui rétrograde à tout bout de champ (aïe la conso !). Je dois patienter un bon moment en tombant sur des chantiers de construction au long de la route panoramique 362 en sortant de Baie St Paul.

En
              quttant Baie-St-Paul
En quittant à Baie-St-Paul


L'ïle-aux-Coudres depuis St-Joseph-de-la-Rive
L'ïle-aux-Coudres depuis St-Joseph-de-la-Rive

Enfin je suis juste à l’heure pour mon rendez-vous sur le quai où m’attend mon acheteur. Échange rapide du paquet contre les 50 dollars convenus, il se hâte de reprendre le traversier vers son ile tandis que je vais établir mon bivouac sur le petit stationnement de l’église de St-Joseph. J’y trouve 2 fourgons (1 vieux Westphalia et un ProMaster Safari Condo) dont les propriétaires sont en train de prendre la bière en attendant le souper… L’un revient de Manic 5 et l’autre s’apprête à s’y rendre… Échange d’informations, puis l’un d’eux m’indiquant un autre beau spot solitaire au bas de la nouvelle route, là où s’arrête l’ancienne route maintenant condamnée, je décide de m’y rendre pour profiter d’une vue beaucoup plus intéressante sur le village au bord de l’eau et sur l’Ile aux Coudres.

Mon
            bivouac au pied de la côte
Mon bivouac au pied de la côte


Effectivement l’endroit est superbe. Je m’y installe donc, soupe légèrement des délicieuses provisions dont Monique m’a gentiment et abondamment pourvu, et me mets à la rédaction de cette page sur un banc destiné aux promeneurs méditant devant le vaste panorama. Je tâche ensuite de rafraîchir l’intérieur du camion, mais avec quelque difficulté, faute de moustiquaire interdisant l’accès aux innombrables maringouins qui commencent leur ronde du soir. Coucher tôt pour décoller demain aux aurores.


19 575  Mardi 22 août 2017 : de ST-JOSEPH-DE-LA-RIVE à MANIC 5 (545 km)

Réveillé avant le soleil, je patiente un peu au lit, fais un petit tour très matinal sur la promenade voisine puis me mets immédiatement en route, reportant à plus tard douche et déjeuner. Inutile de dire que dans mon petit coin reculé, le silence fut des plus complets.

Aube sur mon bivouac à St-Joseph-de-la-Rive
Aube sur mon bivouac à St-Joseph-de-la-Rive

Port-au-Saumon
Port-au-Saumon
Plutôt que de rattraper au plus court la grande 138 qui file dans les terres, je préfère continuer de longer le rivage en empruntant la petite 362 qui suit la côte au plus près en épousant ses reliefs très accentués tout en offrant des vues superbes sur le fleuve. C’est aussi l’occasion de traverser des villages soignés et charmants : Cap aux Oies, Saint Irénée, la chic Pointe-au-Pic où j’arrête quelques minutes devant l’entrée du golf pour poser le joint de silicone dans la douche, histoire d’étanchéifier les revêtements appliqués la semaine passée et d’éviter qu’ils s’abîment prématurément. Passe ensuite la Malbaie où je rejoins la 138, puis Cap-à-l’Aigle, l’anse pittoresque de Port-au-Saumon aperçue depuis la route en corniche mais impossible à rejoindre directement malgré un détour hasardeux.

Descente sur Port-au-Persil
Descente sur Port-au-Persil; au premier plan la Ferme des ânes

Le rivage rocheux
            de Port-au-Persil
Le rivage rocheux et la chapelle des McLaren à Port-au-Persil

Dans la chapelle de Port-au-Persil
Dans la chapelle des McLaren de Port-au-Persil

Fond e l'anse de Port-au-Persil et cascade
Fond de l'anse de Port-au-Persil et cascade

J’ai plus de chance à Port-au-Persil dont je peux gagner le quai, y stationne et y fais un petit tour sur les rochers jusqu’à la chapelle des Mc Laren (1907). Ragaillardi par ce bol d’air, je poursuis ma longue montée vers le nord. Le ciel voilé se couvre de plus en plus, la température baisse, et une légère brume qui ira en s’accentuant monte du golfe du St-Laurent.

Descente sur
            St-Simeon
Descente sur St-Siméon

Je finis par passer St-Siméon où, jugeant mon joint de silicone suffisamment mature, je déjeune et prends ma douche sur la halte routière en bord de l’eau. Peu après c’est le traversier qui me fait franchir le fjord spectaculaire du Saguenay.

Traversée
          du fjord du Saguenay à Tadoussac
Traversée du fjord du Saguenay à Tadoussac

Je saute Tadoussac déjà visité à plusieurs reprises, puis continue à remonter la 138, maintenant nettement moins panoramique car trop souvent éloignée dans les terres, sauf après Les Escoumins où je me rapproche du rivage. J’atteins enfin Forestville, passe tout droit, mais commençant à être affamé passé 14:00, prends la chemin du quai à Ragueneau où je découvre un beau paysage de rochers rouges très usés et découpés baignés par la mer.

Le St-Laurent au quai de Ragueneau
Le St-Laurent au quai de Ragueneau

J’y déjeune puis me délasse un peu les jambes avant de gagner à une trentaine de kilomètres Baie-Comeau où je quitterai la vallée du Saint-Laurent pour prendre la route du Nord directement vers le Labrador.Provision de numéraire à une succursale de la BMO opportunément découverte en passant, puis appel à Monique pour la rassurer sur mon devenir avant de m’enfoncer dans des régions nettement plus sauvages, en tout cas sûrement pas couvertes par le réseau cellulaire. Depuis son bureau elle m’indique précisément là où je suis, ayant réussi à installer sur son McBook le système de géolocalisation de mon IPhone… Baie Comeau : avenue du Labrador
Baie Comeau : avenue du Labrador...

Je dégote ensuite la petite 389 en programmant sur mon GPS Fermont et, avant, le barrage Daniel-Johnson (Manic 5). Sa chaussée, partout asphaltée, s’avère très sinueuse mais surtout ne tarde pas à devenir des plus désertiques: pas un village ni un hameau, quelques rares auberges rustiques qui deviendront ensuite pourvoiries même pas visibles depuis la route… Paysage de forêt ininterrompue entremêlée d’innombrables lacs de toutes dimensions. Le relief est très mouvementé, quoique jamais bien haut, si bien que la route monte et descends continuellement; cela m’oblige à beaucoup d’attention pour éviter que la transmission du Promaster rétrograde continuellement, amplifiant indûment la consommation que je suis en temps réel sur l’indicateur du tableau de bord. Les dégagements sur le paysage sont très rares, d’autant plus que le ciel bouché. La dernière cinquantaine des 210 km menant jusqu’au barrage me parait longue…

Départ de la route 389 vers la Manic
Départ de la route 389 vers la Manic
Panneau indicateur
Attention !

La
          route tortueuse vers Manic 5
La sinueuse route 389 vers Manic 5

Au bout
            de la route Manic 5
Au bout de la route, la muraille de Manic 5

Je vois enfin apparaître l’énorme muraille de béton au fond d’un dernier vallon où je me glisse en tournicotant. Un peu déçu de voir que les voutes multiples, si spectaculaires, ont noirci sous l’effet des intempéries…

Il est passé 18:15, la lumière a déjà beaucoup diminué et le trafic s’est raréfié sur cette unique route québécoise menant au Labrador. Je cherche un coin où me poser. Le stationnement du centre des visiteurs, au pied du barrage, est ouvert et vide, mais trop pentu pour me convenir. Je pense trouver un belvédère le long de la route au dessus de la retenue, mais sans le découvrir. Revenant en arrière de quelques kilomètres je retrouve le vaste parking du Motel de l’Énergie (qui sert aussi d’unique station service) et me case dans un petit coin, encadré d’une flopée de gros camions arrêtés là pour la nuit.

Le barrage
            Daniel-Johnson et son déversoir en aval
Le barrage et son déversoir en aval au crépuscule

Sous la pluie qui se prolonge, je soupe d’un autre des délicieux plats préparés par Monique, rédige ces quelques notes et me couche tôt après cette longue journée assez bien remplie. Au programme demain : visite guidée du site hydro-électrique dès 9:00 puis autre longue route (349 km), assez délicate semble-t-il, jusqu’à Fermont, à la frontière québécoise du Labrador, dont j’espère visiter la mine de fer, l’une des plus grandes du monde.

20120 Mercredi 23 août 2017 : de MANIC 5 à FERMONT (369 km)
Bivouac devant le Motel de l'Énergie, à Manic 5
Bivouac devant le Motel de l'Énergie, à Manic 5
Il pleut durant la nuit et la température s’est considérablement abaissée puisqu’il fait un petit 16° dans l’habitacle à mon réveil vers 5:30, lorsque pointent les premières lueurs de l’aube. Non que j’aie fait mon plein de sommeil (quoique m’étant couché peu après 21:00…) mais c’est plutôt le vacarme des routiers autour de moi faisant longuement réchauffer leur moteur avant de reprendre la route qui m’a fait ouvrir l’oeil.

Je demeure au chaud sous ma couette à sommeiller jusque vers 7:00 et me lève enfin en faisant démarrer le chauffage (Webasto). La température ne tarde guère à monter jusqu’à 23°, je peux alors confortablement prendre ma douche puis préparer mon petit déjeuner.


Je gagne ensuite le centre d’information où l’on reçoit à partir de 8:30 les inscriptions pour la visite de 9:00. J’ai donc le temps de remonter au dessus du barrage pour faire quelques photos, maintenant que le ciel s’est éclairci ; puis je décide d'aller faire le plein d’essence dès à présent pour être prêt à repartir en sécurité dès la fin de la visite.

Retour au barrage avant la visite
Retour au barrage au petit matin

Le réservoir Manicouagan au matin
La brume se lève sur le réservoir Manicouagan au matin

Le Barrage Daniel-Johnson en pleine lumière du matin
Le barrage Daniel-Johnson en pleine lumière du matin

Approche du barrage Daniel-Johnson
Approche du barrage Daniel-Johnson

Après un exposé illustré présentant l’histoire du barrage et d’Hydro-Québec ainsi que quelques notions techniques élémentaires sur la production et le transport de l’électricité, notre guide fort compétente (probablement une étudiante en génie…) nous accompagne en bus pour un tour de quelques installations, escortée par un sympathique garde de sécurité. Ici on ne badine pas avec cette question !

Nous entrons ainsi dans l’usine souterraine de Manic 5 PA (puissance additionnelle), parcourons la salle des alternateurs, descendons dans les galeries bétonnées où passent les 6 énormes conduites forcée (6 m de diamètre !).
Salle
                    souterraine de Manic 5 PA
Salle souterraine de Manic 5 PA
Au pied du barrage
Au pied du barrage les installations permanentes restantes
Puis nous gagnons au pied de la grande voûte centrale du barrage (165 m de haut, 2 millions de mètres/cube de béton !) une galerie de surveillance ménagée dans l’épaisseur même de la muraille (27 m à la base). Le tout avec force commentaires et réponses aux diverses questions posées par les participants.  Notre autobus sous la voûte cenrale du barrage
                    de Manic 5
Notre autobus sous la voûte centrale du barrage Daniel-Johnson

Pour finir nous remontons dans le bus pour gagner la route au-dessus du barrage (autrefois ouverte à la circulation) que nous parcourons tout au long, avec arrêt en plein centre pour contempler les plaques d’inauguration et prendre quelques photos de l’immense réservoir.

La route sur le barrage vers le belvédère
La route sur la crête du barrage vers le belvédère

Plaques inaugurales officielles
Plaques inaugurales de 1968-1969

Début du réservoir depuis le barrage
Début du réservoir Manicouagan depuis le barrage

Enfin l'on gagne à l’autre bout le belvédère qui offre une vue saisissante sur la ligne des 13 arches grandioses en dessous de nous.

Les 13 voutes du barrage Daniel-Johnson depuis le
              belvédère
Les 13 voûtes du barrage Daniel-Johnson depuis le belvédère

Bref 2 heures de visite riches d’informations et de points de vue spectaculaires sur ce fleuron du développement technologique québécois.

De retour au centre d’accueil vers 11:10 je démarre aussitôt pour la longue route (355 km) qui doit me permettre de rejoindre Fermont.

La première centaine de kilomètres (jusqu’au Relais Gabriel) m'est très pénible : la route en gravier non revêtue est très sinueuse, pleine de trous plutôt mal comblés, et rendue apparemment glissante par la pluie qui a, en revanche, le mérite de retenir la poussière au sol. Paysage très sauvage de forêt d’épinettes en général assez fournie, parfois plus dégarnie comme si un incendie n’avait conservé que les troncs nus et gris. Beaucoup d’eau toujours présente, soit sous forme de fond marécageux, soit de lacs innombrables et de toutes grandeurs.

Sur la
              route 389 vers le nord
Sur la route 389 vers le nord

Sur la route
              389 : forêt et lacs...
Sur la route 389 : forêt et lacs...

Sur la 389 ciel lumineux
Sur la route 389 : ciel lumineux...

À 12:45 la fatigue et la faim me font arrêter sur un terre-plein offrant une large vue sur un bel ensemble lacustre (en fait le réservoir Manicouagan et l’île René-Levasseur en son centre, un immense cratère d’origine météorique) qui me rappelle l’ambiance et les paysages finlandais auxquels toute cette contrée me renvoie de toutes façons.

Piquenique devant le lac Manicouagan
Piquenique devant le lac Manicouagan

Devant-l-ile-Rene-Levasseur
Devant l'île René-Levasseur «l'Oeil du Québec»

Arrivée au Relai Gabriel
Arrivée au Relai Gabriel

Après le café expresso (merci Wacaco !) je reprends la route qui se couvre d’asphalte presque aussitôt, quelques kilomètres avant d’atteindre le relai Gabriel. Elle file ensuite, superbe, bien redressée, revêtue, et très rapide sur près de 100 km. Cela me console de ma pénible fin de matinée et me permet de m’avancer beaucoup plus rapidement vers mon but, avec des pointes à 130 km/h puisque la circulation est ici des plus ténue et qu’on n’a guère à y craindre de radar !

Sur la 389
                rénovée
Sur la Route 389 rénovée

Le paysage ne varie guère, seulement cette sensation – justifiée - d’espace et d’immensité sous un ciel bleu pur offrant de grandioses constructions nuageuses éclatantes qui se mêleront de gris au fur et à mesure de ma progression vers le nord. Nuages
                      sur la 389
Nuages sur la 389

Arrivée à la mine du Mont-Wright
Arrivée à la mine du Mont-Wright sur la route défoncée
Une autre portion de la route, cependant toujours asphaltée, se montrera plus bosselée et donc moins confortable et rapide, jusqu’à arriver à la mine de Firelake (mine de fer) après 165 km d’asphalte.

Et là recommence la chaussée en gravier, encore plus sinueuse et défoncée si c’est possible ! pour une interminable section de 67 km, sous la pluie (et donc dans la boue, qui plus est), jusqu’à arriver à l’énorme mine de Mont Wright.

Les 17 derniers km jusqu’à Fermont sont impeccables, j’arrive enfin à destination vers 16:20. Je me rends directement à l’Office du Tourisme pour réserver ma visite de demain, discute avec la responsable un moment de la route et des autres – rares - curiosités locales (entre autres le fameux «mur» protégeant la petite ville des blizzards du nord), passe au centre commercial quérir un crème protectrice pour mes mains meurtries, passe à la station Esso faire le plein d’essence puis vais examiner de plus près l’urbanisme particulier de cette ville toute récente (1970) créée toute d’une pièce par la compagnie minière Arcelor Mittal pour loger ses 3 000 travailleurs et leurs familles. Fermont le mur écran
Fermont : le mur-écran contre le blizzard côté nord

Fermont : côté sud les maisons de ville
              abritées derrière le mur-écran
Côté sud, les rangées de maisons de ville  perpendiculaires au mur-écran qui les abrite

Je cherche ensuite un point de chute silencieux et panoramique que je trouve vite sur la rive du lac Daviault, rue Duchesnau en direction de la zone sportive, à quelques minutes du centre ville.

J’y pose mon bivouac vers 17:45, appelle Monique pour lui donner des nouvelles, mets en ordre mes infos et écris mon journal sur mon ordi avant de souper et de me coucher tôt, une fois la nuit tombée à 20:45.
Bivouac au bord du lac Daviault
Bivouac au bord du lac Daviault


20 489 Jeudi 24 août 2017 : de FERMONT à WABUSH (37 km)

Réveil dès 6:30 sur mon terre-plein au-dessus du lac, après une nuit super reposante et tranquille. Le ciel est un peu chargé mais le soleil pointe derrière une ligne de nuages noirs. Je me mets en train lentement pour finalement être en mesure de gagner l’Office du Tourisme à l’heure prévue (8:15). Je laisse le camion barré sur le parking en avant, au pied du Mur, puis gagne le bureau où l’on nous remet l’équipement de sécurité de rigueur (casque, lunettes de protection, bouchons auriculaires, masque respiratoire) et nous embarquons dans un vieil autobus jaune un peu poussif qui nous fait franchir les 15 km nous séparant du site de la mine, accompagnés d’une jeune guide sympathique et enjouée qui tiendra, tout au long du parcours, à nous faire partager son engouement pour le Nord, son espace, son air pur, son hiver lumineux et pur…

Invitation
Invitation...

Sur la piste vers le belvédère
Dans la mine de Mont-Wright, sur la piste menant au belvédère

Camion de 260 tonnes
Camion de 260 tonnes

En sa compagnie nous passerons les deux heures suivantes à parcourir l’énorme chantier que constitue la mine Arcopel-Mittal. Montant d’abord jusqu’au belvédère, on jouit qu’une vue étonnante et plongeante sur la « fosse », une énorme excavation qui a pris la place du Mont Wright dont le relief s’est inversé.

La «fosse» 5 km x 2 km depuis le belvédère
Depuis le belvédère, la «fosse» : 5 km x 2 km

Mine de Mont-Wright : la zone d'extraction
Mine de Mont-Wright : la zone d'extraction

Au fond, des foreuses percent un quadrillage de puits d’une douzaine de mètre de profondeur à quelques mètre les uns des autres pour introduire l’explosif qui disloquera le roc.

Mine de mont-Wrigt: forage des puits de dynamitage
Mine de mont-Wrigt: forage des puits de dynamitage

Une ronde d’énormes camions de 230 à 400 tonnes emportera ensuite les déblais contenant nativement 30% de fer, pour concassage, tri, séparation du quartz et des autres minéraux indésirables et obtention d’une poudre grossière d’hématite, en fait le minerai de fer qui sera ensuite acheminé par de longs trains jusqu’à Port Cartier. Là, ce granulat, déjà enrichi à 60%, sera transformé en «boulette» de fonte de différentes tailles et exporté dans le monde entier.

Mine de Mont-Wright : un des
Un des "petits" camions de 260 tonnes au travail...

Déchargement des wagons de Firelake
Déchargement des wagons provenant de la mine de Firelake
Depuis notre petit autobus jaune on nous fait ensuite observer le déchargement du minerai brut acheminé par wagons brutalement débarqués depuis la mine de Firelake, à près de 80 km. Assez brutal, le procédé qui fait basculer la benne de chacun des wagon avec une pelle mécanique...

Mine de Mont-Wrigt : gros camion de 260 T
                transportant le minerai vers l'usine de traitement
Mine de Mont-Wrigt : camion de 260 T transportant le minerai vers l'usine de traitement

puis nous fait découvrir l’énorme machinerie du crusher (concasseur) et du moulin permettant un premier tri des blocs de roc dans un bruit assourdissant (port des coquilles obligatoire !). Mine de Mont-Wright : le «crusher»
                      (concasseur)
Mine de Mont-Wright : le «crusher» (concasseur)

spirales du concentrateur
Mine de Mont-Wright : spirales du concentrateur de minerai
Nous visiterons ensuite le bâtiment des spirales où s’achève la séparation des composants minéraux, ainsi que le garage où l’on entretient les énormes camions fardiers (allant jusqu’à 400 tonnes) qui acheminent le minerai de la carrière jusqu’à l’usine de traitement.

Cat de 400 tonnes au garage
Camion Cat de 400 tonnes au garage

À partir de là je suis un peu moins attentif à ce qu’on nous présente, découvrant pour ma part – et avec consternation - la disparition de ma clef du ProMaster… J’inspecte attentivement l’espace autour et en dessous de mon siège dans la bus, fouille toutes mes poches à plusieurs reprises, sans rien découvrir !

D’abord abasourdi par ce constat, je songe ensuite qu’au moins j’ai eu la précaution d’emporter le trousseau de secours qu’il suffira de récupérer dans la boite à gants. Pour cela, il me faudra faire appel à un agent du CAA ou son équivalent qui saura débarrer la portière. L’on m’assure que je trouverai ce personnage en ville à la station d’essence où j’ai fait le plein hier soir, à deux pas du stationnement où j’ai laissé le ProMaster ce matin.

La visite se termine, je renonce à chercher la clef qui a dû glisser de ma poche et s’enfouir dans la boue partout présente sur le site, et reprends l’autobus jaune qui nous ramène au centre de Fermont. Là ultime vérification dans le Bureau du tourisme d’où nous sommes partis ce matin, et en regardant par la vitre dans le ProMaster au cas où la clef serait restée sur le contact… Négatif. Je gagne donc la station où la propriétaire très aimablement place un appel au service de dépannage qui devrait être là dans les 20 mn, donc un peu avant midi.

En fait j’attendrai jusqu’à pratiquement 17:00 l’arrivée du dépanneur providentiel qui soit ne répond pas aux appels téléphoniques soit avance un nouveau délai avant de montrer enfin le bout du nez en fin d’après-midi. J’ai eu amplement le temps de faire connaissance avec les clients du dépanneur qui viennent payer leur essence ou prendre de la bière ou jouer à la loto… Le journaliste local a la gentillesse de me laisser un liasse de ses publications qui me montrent la vie de tous les jours dans ce coins reculé mais très vivant du Québec, le jeune caissier me fait part de ses projets de vie locale après avoir terminé sa formation de soudeur dans une école professionnelle de Gaspésie; enfin vers 16:30 un policier de la SQ auquel je confie ma détresse me mentionne l’existence d’une autre réparateur, ancien garagiste, susceptible de trouver une solution à mon problème et me l’enverra s’il le trouve…

Finalement à 17:15 se pointe un jeune ouvrier qui a fini son quart à la mine de quartz et répond enfin à ma demande d’aide, retardé par des heures supplémentaires qui lui ont été demandées à la dernière minute… plus un imbroglio avec son patron du service de réparation occupé à d’autres interventions… Me retenant de lui manifester trop ma frustration, je l'accompagne sur le stationnement où le ProMaster est resté obstinément fermé à toute intrusion. L’homme de l’art insère des petits coussins gonflants pour écarter légèrement le cadre de la porte avant, glisse dans la fente une forte tige métallique recourbée à son extrémité et parvient à accrocher la poignée qu’il déclenche. La serrure électrique débarre les deux portières, j’ouvre la boite à gant et y trouve avec soulagement la clé de secours. Me voilà tiré d’affaire, mais après quel délai !

Je règle rapidement le déplacement et l’intervention de mon artiste qui me réclame 75$, puis prends aussitôt la route pour Labrador City. À l’entrée, perdu au milieu des arbres, un petit centre commercial arbore les enseignes de Canadian Tire et de Walmart ! J’y fais un arrêt pour dégotter un cordon porte-clés multicolore que je porterai autour du cou lors de mes prochains arrêts puisque, apparemment, les poches de mon pantalon ne sont pas fiables… Puis en route pour Wabush à quelques 5 kilomètres dont on m’a dit que l’architecture/urbanisme était particulier et valait le détour.

Je traverse bientôt quelques alignements de petites maisons préfabriquées construites en série d’un intérêt des plus mince et, la nuit tombant, trouve un vaste espace dégagé un peu à l’écart du lotissement où je pose mon bivouac. Il est presque 18:00, la nuit tombe dans la grisaille et un brouillard léger envahit le paysage habituel d’épinettes sur fond de lac. Je soupe, commence l’écriture du journal et me couche rapidement, fatigué par cette journée d’attente bien peu productive malgré l’intérêt de la visite matinale.

Je traverse bientôt quelques alignements de petites maisons préfabriquées construites en série d’un intérêt des plus mince et, la nuit tombant, trouve un vaste espace dégagé un peu à l’écart du lotissement où je pose mon bivouac. Il est presque 18:00, la nuit tombe dans la grisaille et un brouillard léger envahit le paysage habituel d’épinettes sur fond de lac. Je soupe, commence l’écriture du journal et me couche rapidement, fatigué par cette journée d’attente bien peu productive malgré l’intérêt de la visite matinale.


Entrée au
                Labrador

20 528 Vendredi 25 août 2017 : de WABUSH à GOOSE BAY & NORTH WEST RIVER (600 km)
Bivouac à
                      Wabush
Bivouac à Wabush
Ciel gris avec des lambeaux de ciel bleu qui font espérer une journée au moins mitigée. En revanche la température (9° à 8:00) m’amène à démarrer le chauffage pour un lever plus confortable, d’autant plus qu’hier l’attente dans le vent froid (10°) près du camion pendant que procédait mon dépanneur m’a laissé, je le crains, une petite congestion et un embarras nasal. Décollage à 8:30, en fait 9:30 puisque, maintenant au Labrador, j’ai changé de fuseau horaire.

Je ne m’attarde guère à Wabush dont les quelques rues sont toutes semblables à celle au bout de laquelle j’ai passé la nuit, dans le plus grand calme il faut le dire.
Je regagne donc aussitôt l’embranchement de la Route 500 dont j’attaque le long parcours. Paysage légèrement ondulé de forêts et de fondrières plus ou moins marécageuses, lacs à l’infini, horizon à plusieurs kilomètres qui s’élargit lorsqu’on franchit l’une des incessantes ondulations de la route. La chaussée est excellente, les longues lignes droites succèdent aux quelques virages bien redressés. Les 240 km jusqu'à Churchill Falls, annoncé de temps à autre à côté de Happy Valley-Goose Bay (570 km…) vont être longs et monotones… La longue route 500 vers Churchill Falls
La longue route 500 vers Churchill Falls

Pause café à 10:00, un excellent expresso qui me tiendra bien éveillé sur ce trajet limité à 80 Km/h mais que les quelques véhicules (surtout des pickup et quelques rares camions) suivis ou rencontrés parcourent aux alentours de 100 km/h. Paysage qui ne se renouvelle guère mais tellement idiosyncratique qu’il en devient fascinant ; je porte attention aux formes variables des têtes d’épinette noire qui occupent quasiment tout l’espace terrestre, à moins que ce soit une végétation vert très tendre qui enserre les mares ou autres formations marécageuses aux contours incertains. Les lacs aussi aux eaux calmes et bleu foncé, animées d’un léger clapot et aux rives uniformément rocheuses, offrent un coup d’œil toujours différent par leur forme, la dispersion des îles plates auxquelles s’accrochent là encore quelques épinettes tourmentées. Le ciel enfin montre une profusion de nuages dont les boursouflures allongées et serrées remplissent un espace semble-t-il infini jusqu’à l’horizon…

L’uniformité de la route et sa relative rectitude me permettent aussi de contrôler la consommation du moteur qui me semble toujours excessive. L’ordinateur de bord affiche la consommation instantanée aux 100 km, ce qui me permet de mesurer l’impact de la vitesse affichée sur le GPS, la pression sur la pédale d’accélérateur, celui d’utiliser plus ou moins l’erre d’aller en affrontant les petites côtes qui ponctuent mon chemin. Il semble que ce soit les 80 km/h (justement la vitesse limite autorisée sur la Route 500) qui permettent de maintenir la consommation d’essence en dessous des 10 l/100, soit approximativement à 1550 t/mn. Je verrai plus tard à me documenter sur la façon la plus efficace de gérer ce moteur et sa transmission…

Churchill River asséchée par le barrage en amont
Churchill River depuis la route, asséchée par le barrage en amont


Churchill River
Churchill River


13:15, rien. 13:30, aucun mouvement indiquant un quelconque départ. À 13:40 je me rends enfin compte qu’il est en fait 14:40, car Terre-Neuve et Labrador sont en décalage horaire d’une heure par rapport à l’heure du Québec… L’affichette collée sur le panneau d’information du centre communautaire m’informe alors que la prochaine visite aura lieu à 19:00....
Churchill Falls rue du village
Rue du village de Churchill Falls

Churchill Falls en eau (photo avant la
                        construction du barrage)
Churchill Falls en eau (photo prise avant la construction du barrage)
Churchill Falls en son état actuel
Churchill Falls en son état actuel...

Renonçant à m’attarder davantage pour perdre une autre fois 4 heures de mon temps, je renonce avec regrets à la visite de la centrale et décide de prendre immédiatement la longue route de Goose Bay : 280 km à parcourir dans un bush à peu près totalement désertique et identique à celui de ce matin. Pour donner au moins un peu de sens à cet autre versant de l’aventure j’en profiterai pour achever mon test de consommation puisque je devrai faire le plein à Goose Bay avant d’entreprendre le parcours de la Route 510 vers le Sud dont la presque totalité (510 km) est sur le gravier.

Sur la Route 500 vers Goose Bay
Sur la Route 500 vers Goose Bay

J’ai donc amplement le temps de confirmer mes impressions de la matinée, jusqu’à mon arrivée vers 15:30 dans la «conurbation » de Happy Valley – Goose Bay ».

Il s’agit en fait de deux gros villages éloignés d’une dizaine de kilomètres où la presque totalité des habitations et des commerces s’alignent le long de la rue principale… Je me rends jusqu’au bout d’Happy Valley pour découvrir un aimable point de vue sur le vaste Lake Melville, puis remonte jusqu’à Goose Bay à la recherche du Musée d’aviation militaire, en fait situé sur la base aérienne, elle-même fermée à cette heure.

Happy Valley au fond de Goose Bay
Happy Valley au fond de Goose Bay

La consultation du Guide touristique provincial me fait repérer un très beau point de vue et un petit musée ethnologique remarquable (on verra …) à North West River, à 45 km plus à l’est.

Je suis donc bientôt en route en faisant au passage le plein de carburant sur l’une des 3 stations disponibles « en ville » 1,27 $/litre, c’est encore raisonnable, encore que Terre-Neuve soit le deuxième producteur de pétrole au Canada ! En traversant Goose Bay
En traversant Goose Bay

Panorama
Panorama côté Lake Melville

Une petite route asphaltée et pas trop tressautante me mène à bon port et je trouve à l’adresse indiquée le très beau panorama depuis le Sunday Hill Lookout (reconnu par le GPS Garmin) d’un côté sur le Lake Grand et de l’autre sur le Lake Melville.

Panorama
Panorama sur le Lake Grand

Grand Lake
Lake Grand

Redescendant sur le quai du village, je dégote un petit espace dégagé au dessus de l’eau pour poser mon bivouac au crépuscule. Souper rapide, mise à jour du journal et coucher dès 21:45. Bivouac à North West River
Bivouac à North West River