Hiver et printemps 2005
France – Espagne - Maroc
9. Au Maroc
Monique et Jean-Paul MOUREZ
à bord de l’Aigle
À 7:15 on frappe à la porte : c’est le livreur de pain qui nous réveille et insiste devant notre refus de répondre… Un peu plus tard, c’est un « gardien » jamais vu auparavant qui vient réclamer son obole… Décidément l’isolement n’empêche pas les gêneurs, bien au contraire ! Après quelques mots avec nos plus proches voisins arlésiens qui découvrent le Maroc, nous levons le camp vers 11:00 en négociant sans trop de difficultés la piste boueuse et grasse qui serpente dans la garrigue, pleine de flaques, de trous et de bosses. L’Aigle chasse sans cesse de l’arrière et manque plusieurs fois de rester pris, mais nous réussissons à gagner l’asphalte sans autres dommages qu’une épaisse couche de boue rouge sur la carrosserie qui vient s’ajouter aux éclaboussures d’hier…
La route côtière serpente à flanc de
colline en offrant à presque tous les virages des vues
panoramiques sur l’océan. Nous traversons Taghazoute, puis
Aghroude où un groupe de surfeurs en fourgons s’est installé sur
un terre-plein en dessous d’un virage. Dans les anses, des
barques de pêcheurs peintes en bleu vif sont tirées à l’ombre des
palmier. Une large et profonde tranchée suit la chaussée, dans
laquelle des petits groupes d’ouvrier enfouisse un gros conduit
destiné à fournir l’eau potable aux ksours et villages de la côte
: prélude au probable « développement » touristique de cette
riviera superbe et encore presque totalement déserte… Nous
contournons le Cap Rhir et passons la petite ville de Tamri qui
abrite ses bananeraies bien à l’abri derrière l’estuaire de son
oued.
Puis la route grimpe vivement dans la montagne par quelques rudes lacets sous un ciel qui brusquement s’assombrit.
Une pluie battante nous attend
lorsque nous entamons un détour vers le port de pêche d’Imssouane,
mais l’ondée se calme lorsque, tout en bas de la forte pente, nous
découvrons un « cadeau » du Japon au Maroc : les pauvres gourbis
de la plupart des pêcheurs ont été remplacés par des petits
logements encadrant une grande place très architecturée, et un
lotissement encore désert attend les futurs amateurs d’« estivage
» au-dessus de la plage.
Voilà une planification bien
inhabituelle dans ce pays certes plein d’atouts, mais où
l’improvisation et le laisser-aller semblent trop souvent la
règle… Piquenique devant la mer et sous l’ondée, avant de remonter
tout en haut de la falaise pour un dernier coup d’œil sur le site
maintenant ensoleillé.
La route s’éloigne ensuite vers
l’intérieur, dans des paysages vallonnés où les collines de
cailloutis roses sont piquetées d’arganiers au tronc torturé,
tandis que les creux ou les zones plus humides abritent des champs
d’orge verts et touffus. Arrêt quelques minutes à Tamanar, le
temps pour Monique de visiter une autre coopérative féminine
d’extraction d’huile d’argane (patronnée par des Canadiens), de
troquer un chandail contre une assiette émaillée dans une boutique
voisine, puis de passer quelques coups de fil à Abdallah (à
Bouazza) et à Juliette (sans succès). Nous finissons par acheter
beaucoup moins cher notre litre d’huile odorante un peu plus loin
à l’un des nombreux petits kiosques improvisés en bord de route.
Celle-ci se poursuit par monts et par vaux, en dévoilant l’immense
peuplement d’arganiers qui occupe les pentes de la région. La
fréquence des virages et des villages ralentit notre train sur une
chaussée par ailleurs assez bonne.
Il est 17:45 lorsqu’enfin nous voici en vue d’Essaouira. Renonçant à entrer immédiatement « en ville », nous restons sur la rive sud de l’oued Ksob et gagnons, par une mauvaise petite route, le hameau de Diabat.
Nous installons notre bivouac sur une vaste esplanade en compagnie d’un fourgon hollandais. De notre observatoire, large vue sur les dunes du Cap Sim à nos pieds, la baie de Mogador et ses îles, et la ville d’Essaouira dont on devine les portes, les remparts et les skalas, les maisons blanches et les camping-cars entassés dans le camping en bord de plage… Ici c'est la paix, le silence, et l’espace sur 270 ° ! | Bivouac à Diabat en vue d'Essaouira |
147 012 Samedi 5 mars 2005 : de DIABAT à JAMAAT ISHAK
Ciel serein et clair au réveil, dû
sans doute au grand vent froid du Nord qui nous suivra toute la
journée. Après un coup d’œil au superbe panorama circulaire sur
les îles de Mogador et sur les murs blancs de la médina
d’Essaouira au loin, nous retournons en arrière pour aller visiter
au bout d’un km de chemin défoncé à travers des champs d’arganiers
Dar El Baz, la maison du peintre et artisan souari Boujemah
Lakhdar.
Le gardien vient gentiment et avec le sourire nous ouvrir les porte de ce petit monde enchanté que l’on découvre avec délice : jardin miniature empli de sculptures rustiques animalières fantaisistes (crocodile, sanglier, four-dromadaire…).
Nous prenons ensuite la petite route
étroite mais en assez bon état qui nous emmène à la plage de Sidi
Kaouki.
Le long de son immense étendue de
sable fin et blond, très peu de constructions (jusqu’à présent…).
À l’ombre de la silhouette pittoresque du marabout de Sidi
Kaouki on vient de loin méditer dans le plus grand calme lorsqu’on
« a un problème ». Une petite promenade sur la route côtière, le
long du rivage désert et au milieu des arganiers, alimente la
fantaisie de s’installer dans ce site superbe et encore vierge…
À la poissonnerie devant le port d'Essaouira |
Nous revenons vers le nord et vers Essaouira pour un déjeuner de poisson grillé à la terrasse de l’une des gargotes en plein air serrées les uns contre les autres dans un jardin joliment aménagé près du port. |
Puis tour sur le chantier naval où l’on répare chalutiers et barques de pêche. | Dans le chantier naval d'Essaouira |
Nous entrons enfin dans la vieille
ville par la Porte de la Marine et suivons la ruelle étroite
coincée entre rempart et maisons : elle abrite de nombreux
magasins de souvenirs, articles taillés dans le thuya, tapis,
tissages, bijoux, peintures et aquarelles, céramiques, etc.
Monique dégotte au fond d’une ruelle la pension qu’elle voulait visiter : Dar Loulema. |
Palier du patio de Dar Loulema |
On nous en ouvre aimablement la porte, nous demandons à voir les chambres en vue d’un éventuel séjour, on nous fait parcourir les 3 étages autour de la petite cour toute blanche : charmant escalier pavé de briques claires, chambres décorées avec un extrême raffinement, terrasses fleuries où il doit être bon de prendre le petit-déjeuner et de rêver. |
Incrustation de
citronnier dans un plateau de thuya
|
Suite de la ruelle le long du rempart. La visite de l’atelier de la coopérative de thuya, puis du magasin se solde par l'achat d’un classe-lettres pour Juliette... |
Petit tour sur le Skala de la Ville garnie de canons derrière sa muraille dominant la baie et les iles.
Ruelle du mellah d'Essaouira |
Entrant chez un courtier immobilier, celui-ci nous fait visiter un appartement de l’ancien mellah en cours de restauration; le logement est très décevant (exigu, mal éclairé et ventilé) pour le prix (50 000 €). |
Retour à l’Aigle en magasinant sur
la rue de l’Istiqlal puis par la rue Oqba Ibn Nafia pour sortir
par Bab El Minzah… Monique y achète un CD de musique arabe
populaire (piraté bien entendu…) pour 10 DHM. Le vent très froid
finit par me faire attraper le rhume.
En soirée départ vers Safi par la côte après plein d’essence et d’eau à la station service. Nous empruntons la petite route côtière, désertique et enténébrée, sur laquelle il nous est impossible de découvrir un bivouac avant une cinquantaine de km. Conduire de nuit dans un tel environnement au Maroc relève de la gageure, comme nous nous en rendons compte en rencontrant des vaches errant sur la route… Nous arrêtons donc dans le premier village rencontré, sur un espace sombre et boueux perpendiculaire à la route. Souper puis coucher immédiat.
147 143 Dimanche 6 mars 2005 : de JAMAAT ISHAK à OUALIDIA
(141 km)
Jamaat Ishak :
bivouac impromptu près du souk...
|
Je dors plutôt mal, fort
incommodé par le rhume qui m’empêche de respirer
convenablement, et sans cesse réveillé par les aboiements
d’une bande de chiens, l’appel du muezzin vers 6:00 et le
passage de quelques camions sur la route juste derrière
nous. Au matin, le ciel est dégagé, le vent du nord a faibli, et nous nous découvrons environnés par les badauds du petit souk du dimanche dont nous avons choisi l’emplacement par ignorance ! |
Inutile de dire la surprise des autochtones lorsque je sors du camion pour prendre une photo du bivouac… Impossible d’obtenir en français notre localisation, je dois aller me faire préciser par la pharmacienne (de garde…) le nom du village: Jamaat Ishak, pas même inscrit sur la carte Michelin, à peu près à mi-chemin entre Essaouira et Safi
La route quasi déserte et proche de la mer se poursuit, sans trop de circulation non plus. Cela nous donne tout le loisir d’admirer le paysage : champs entourés de murets de pierre, les plus souvent plantés de céréales vert tendre, garrigue où paissent quelques moutons ou même quelques rares vaches à la garde d’un berger nonchalant, et surtout océan bleu vert dont nous séparent des plages magnifiques ou des falaises du haut desquelles la vue se dégage au loin sur la côte. La Casbah Hamidouch, signalée dans le guide et aperçue au sommet d’une colline, nous paraît trop informe pour valoir un arrêt.
En revanche nous faisons le détour
vers l’immense plage de Souira Kédima au bord de laquelle nous
nous douchons et déjeunons dans une solitude presque absolue : les
lotissements sont encore largement vacants, et la plupart des
maisons terminées ne sont occupées qu’en été. Le sable blond et
fin s’étend profondément avec seulement quelques galets plats et
arrondis ça et là, les rouleaux se brisent sur une frange de
récifs à 500 m au large, bref un potentiel touristique étonnant,
et si peu de visiteurs… Tant mieux, et pourvu que ça dure, mais le
Maroc vend donc bien peu ses ressources si recherchées par les
Européens !
Le ribat et la plage en regardant vers le sud |
À l’extrémité nord de la plage, on aperçoit l’ancien ribat (monastère musulman fortifié) converti en fort par les Portugais. Une bonne hauteur des murailles a été conservée, comme je le constate en les contournant à partir du petit port de pêche accessible à la sortie du village touristique, mais il ne reste plus rien de ses aménagements intérieurs. |
Quant au village des pêcheurs, il a l’air assez bien organisé (logement collectif en rangées de petits logements accolés) mais quelle saleté et quel désordre ! Les déchets et emballages ménagers, les lambeaux de filets déchirés et autres épaves traînent un peu partout sur le sable, comme s’il n’existait pas d’espace prévu pour les ordures (ou alors ils ne sont pas utilisés) et presque tout l’entourage du fort semble une décharge à ciel ouvert...
Nous reprenons la route côtière qui
longe bientôt une frange de falaises. La route les gravit en
offrant une vue étendue sur la côte en arrière et continue de les
suivre jusqu’à Safi.
La ville s’annonce par un grand
complexe industriel traitant les phosphates (pollution ++) puis
par sa ville moderne où nous nous égarons un peu. C’est l’occasion
de constater encore une fois la pauvreté, le désordre et la saleté
dans lesquels vit une grande partie de la populations marocaine,
dans une ville pourtant relativement récente et pourvue
d’industries (conserverie en particulier). Nous ne nous attardons
pas dans la médina entourée de murailles en fort bel état, et
gagnons plutôt le quartier des potiers un peu au dessus, après
avoir admiré le panorama sur la ville et son port depuis le haut
du cimetière.
Je reste dans l’Aigle à me reposer en faisant une copie lisible des disques de musique locale achetés hier à Essaouira (ce sont des pirates mal gravés dont le lecteur du bord n’arrive pas à lire plus de la moitié des pistes…) tandis que Monique va faire quelques achats dans les boutiques près des fours. | Safi : la colline des
potiers, ses boutiques et ses fours
|
Le port de Safi
depuis le marabout de Sidi Bouzid
|
L’après-midi est bien avancé lorsque nous repartons vers le nord en allant admirer un autre point de vue sur la ville depuis le marabout de Sidi Bouzid. |
Piquenique rapide, puis suite de la route panoramique qui offre encore quelques belles vues sur les falaises bordant le rivage, avant qu’elle longe, accrochée à mi-hauteur au-dessus de la mer, une terrasse intensivement cultivée par des maraîchers. Avec ses serres et ses petites parcelles, elle forme comme un jardin suspendu très fertile et humide au-dessus de l’océan. |
Maraichage sur la
terrasse côtière au-dessus de l'Atlantique
|
Le soir descend lorsque nous atteignons la station balnéaire de Oualidia dont les plages, les hôtels et les restaurants entourent la lagune bien protégée. Monique fait quelques téléphones depuis une cabine devant la plage, puis nous trouvons une rue tranquille et abritée tout au bout du village de vacances déserté et allons y bivouaquer en compagnie de deux autres fourgons français. Le vent est nettement moins froid qu’hier mais toujours présent.
147 284 Lundi 7 mars 2005 : de OUALIDIA à BOUAZZA (181 km)
Bivouac devant la plage de Oualidia |
Le vent frais a soufflé
toute la nuit, mais la tranquillité exceptionnelle des lieux
nous garde au lit jusque passé 9:30. Je vais faire un tour sur la plage juste devant nous, flâne un peu parmi les barques de pêche roses et vertes tirées sur le sable qui forment un joli tableau, puis autour de la lagune dont un large ruban de sable blond encadre les eaux paisibles. |
Monique déguste ses huitres de Oualidia |
Pendant ce temps Monique commande auprès d’un pêcheur une douzaine d’huîtres qu’il ouvre devant elle et qui lui tiendront lieu de déjeuner. Délicieuses, paraît-il… |
Puis nous reprenons la route vers le nord, toujours en empruntant la route côtière. Elle longe encore une large plate-forme suspendue à mi-hauteur entre le rivage et le haut de la falaise sur laquelle est tracée la chaussée. Elle offre le paysage renouvelé de riches cultures maraîchères puis de marais salants qui s’élargissent au niveau de la lagune de Sidi Moussa, peuplée d’oiseaux migrateurs un peu plus tard en saison. Nous arrivons enfin dans les faubourgs populeux d’El Jadida, l’ex-Mazagan portugaise, précédés des vastes installations industrielles et portuaires de Jorf Lasfar avant tout destinées à l’exportation des phosphates. Encore une fois poussière, fumée et autres pollutions que nous traversons au plus vite pour aller faire un tour dans la petite station balnéaire de Sidi Bouzid. Derrière une urbanisation de taille raisonnable, sa superbe plage de sable doré s’étend presque à l’infini… Décidément le Maroc tient là une extraordinaire ressource qu’il semble enfin commencer à exploiter sérieusement, à voir les nombreuses constructions qui, ici comme sur toute la côte, poussent à toute allure et dans un certain désordre.
De la ville populaire d’El Jadida
(partie sud de l’agglomération) dans laquelle nous nous égarons un
peu, pas grand chose à dire sinon qu’encore une fois nous sommes
frappés par la pauvreté, la saleté, l’état vétuste de la voirie et
des habitations dans lesquelles une population très jeune exprime
malgré tout dynamisme, gaieté et joie de vivre.
C’est évidemment la vieille cité portugaise bien enclose dans ses murs de pierres roses qui nous attire le plus. Nous allons d’abord en admirer les remparts côté mer depuis la jetée protégeant l'entrée du port de pêche.
El-Jadida : rempart Est de la cité portugaise depuis la jetée |
Les hauts murs et les bastions du XVIème reconstruits au XVIIIème (El Jadida = La Nouvelle, après le départ des Portugais qui avait tout miné et fait sauter avant d’abandonner la ville) ont grande allure. |
Stationnant ensuite sur la grande place côté terre (pl. Sidi-Mohammed-ben-Abdallah), nous franchissons la porte percée au centre de la muraille et parcourons la rue principale (Mohammed-al-Hachmi-Bahbah). L’église de l’Assomption est désaffectée et sa porte condamnée, mais il reste plusieurs façades datant de l’occupation française, voire de l’époque portugaise (pilastres et balcons de fer forgé…). | Porte dans la muraille côté terre (sud) ; les Français ont comblé le fossé sud-ouest début XXème. Au dessus du mur, le clocher de Sao Antonio et le minaret de la mosquée |
En revanche la plupart des maisons
dont nous nous attendions à voir les façades rénovées suite à nos
observations il y a 16 ans se sont depuis à nouveau dégradées, et
dans l’ensemble la balade est décevante, tant les lieux qui
pourraient être pleins de charme dans la grande lumière maritime
du Sud sont au contraire mal mis en valeur, négligés ou carrément
sales. De plus l’insistance des quelques marchands d’artisanat et
de souvenirs qui assiègent le touriste le long de la grande rue me
dérange et m’incite à gagner rapidement la rampe donnant accès au
chemin de ronde au-dessus de la Porta de Mar. Jolie vue sur la
voûte en plein cintre fermée d’une grille par laquelle les
Portugais évacuèrent la ville assiégée en 1769.
Le bastion et l'église San-Sebastian (au
Nord) depuis le Bastion de l'Ange
Nous poussons jusqu’au bastion de San Sebastian qui offre une belle vue sur le rempart sud, avant de revenir vers le bastion de l’Ange, de loin le mieux conservé, d’où la vue sur la mer, le port et la ville est la plus belle. Jolie vue également depuis le rempart sud sur le bassin du petit port et sur la darse où plusieurs bateaux de pêche en bois typiques de la région sont en réfection.
En revenant vers la Porta de Mar et en reprenant la rue principale nous visitons la fameuse citerne portugaise dont les portes sont maintenant ouvertes.
Découverte fortuitement au début du XXème siècle, « cette vaste salle souterraine et voûtée faisait partie du château fort construit en 1514. Elle servit probablement de salle d’armes avant d’être utilisée comme réserve d’eau. Sur un plan carré de 34 m de côté, elle comporte 6 nefs dont les voûtes d’arête reposent sur 25 colonnes et piliers. La travée centrale est percée d’un large oculus par où se déverse la lumière du jour et qui produit, par réflexion sur la mince nappe d’eau conservée volontairement dans le fond de la citerne, un surprenant effet de miroir imprégnant les lieux d’une étrange atmosphère…» (Guide Vert). | El Jadida : la citerne portugaise |
Nous y flânons un bon moment en tâchant d’ignorer le commentaire bavard et répétitif du « guide » qui s’est imposé à nous dès notre entrée dans la salle (bien que nous ayons choisi la visite libre). Effectivement les vieilles pierres imprégnées d’histoire entraînent dans le monde de la fantaisie, tandis que l’œil se perd dans les jeux des lignes qui s’entrecroisent en clair obscur sur les parois.
Après cette belle expérience esthétique, les derniers coups d’œil sur la vieille ville ne font que confirmer l’urgence d’une restauration majeure pour lui redonner un peu de son lustre passé. Nous rembarquons dans l’Aigle pour gagner la grande plage au nord de la ville, au bord de la ville moderne beaucoup plus européenne d’allure, où nous pique-niquons devant la mer encore grosse aujourd’hui.
Nous poursuivons la route côtière vers le nord dans une campagne de plus en plus richement cultivée, où de vastes champs verts encadrent une chaussée de plus en plus confortable.
En passant Azemmour nous allons admirer murailles, bastion et vue sur l’oued Oum r'Bia depuis le pont de l’ancienne route. |
Nous ne sommes plus loin de Dar
Bouazza où nous voulons dormir ce soir. Devant l’entrée de la
longue allée menant à la casbah Dar Bouazza, Monique émue demande
à ce que nous nous y engagions pour monter sur la colline.
Au bout du chemin cahoteux, elle
engage conversation avec la famille d’ouvriers agricoles qui loge
au pied de la muraille. Puis le propriétaire alerté entrouvre la
grosse porte d’acier, Monique se présente comme la petite-fille de
l’ancien propriétaire des lieux, son successeur nous invite très
aimablement à visiter… Nous n’osons pas déranger sa famille à
cette heure tardive mais acceptons avec gratitude son invitation
pour le lendemain.
Descente par un chemin rural à travers champs jusqu’à la côte et arrivée enfin devant l’épicerie et la maison des A. T. qui nous accueillent avec chaleur et enthousiasme. Nous partageons un copieux et joyeux souper avec eux avant d’aller dormir - fort tard - dans notre Aigle garé «en sécurité» dans le champ derrière la maison.