Hiver et printemps 2005
France – Espagne - Maroc
8. Au Maroc
Monique et Jean-Paul MOUREZ
à bord de l’Aigle
146 022 Samedi 26 février 2005 : de TAGHAZOUTE à à TAGHAZOUTE (46 km)
Journée tranquille aujourd’hui,
d’abord dans le calme et le soleil de notre bivouac devant la
plage, entouré de quelques dizaines de camping-cars surtout
occupés par des retraités paisibles. Lever passé 9:00, balade sur
la plage et discussion avec un couple de Français qui viennent
depuis 8 ans passer l’hiver au chaud ici.
Leur camping-car a été construit sur mesure par 3C Cartier sur une base Mercedes 4 x 4 et aménagé selon leurs spécifications par JCG près de Nantes. Ils s’en disent très satisfaits et nous font visiter leur petit home au plan identique à celui de l’Aigle… |
La côte entre Taghazoute et Agadir |
Nous prenons ensuite la direction d’Agadir pour aller refaire le plein d’épicerie au Marjane aperçu hier à l’entrée sud de la ville. La route de corniche offre une vue superbe sur la mer, la côte rocheuse et les grandes plages de sable. |
Traversée du centre ville maintenant
entièrement reconstruit et étonnamment vert (arbres, jardins,
fleurs…) après les étendues désertes parcourues ces derniers
temps. Le Marjane est tout à fait semblable aux hypermarchés
français dont il est d’ailleurs un émanation (Auchan semble-t-il,
dont on retrouve plusieurs produits dans les allées). Nous en
parcourons presque toutes les sections, comparons longuement
plusieurs modèles de petite cocotte-minute destinée au
camping-car, flânons également à la recherche de livres français
ou de CD de musique marocaine, sans oublier bien sûr les conserves
et autres denrées assez différentes de ce à quoi nous sommes
habitués. Il est presque 16:00 lorsque nous finissons de tout
ranger dans l’Aigle.
Déjeuner donc, puis long plein d’eau et d’essence à la station-service avant de retourner au centre ville chercher un cybercafé pour prendre notre courrier. Nous finissons par en dénicher un à deux pas de la Poste centrale, et pour le coût modique de 5 DH la demi-heure (ou 8 DH l’heure…), je relève dans ma boîte de courrier les messages reçus durant la dernière semaine (dont un de Juliette aux prises avec le locataire du studio et qui demande des instructions…).
Comme il est trop tard pour prendre la route du sud et comme Monique n’a pu encore se faire une idée du temps encore disponible avant que nous reprenions la direction du nord, nous décidons de finir tranquillement la journée en retournant dormir au bord de la plage de Taghazoute. Nous essayons plusieurs emplacements et finissons par nous installer juste au-dessus de la petite falaise un peu plus au sud qu’hier.
Coucher de soleil sur la plage de Taghazoute |
Superbe coucher de soleil avant la planification des prochains jours (il nous en reste en fait une dizaine avant de remonter à Casa), souper léger et coucher tôt dans le bruit des vagues se brisant sur les rochers. |
146 068 Dimanche 27 février 2005 : de TAGHAZOUTE à AGLOU PLAGE
(134 km)
Lever tard passé 9:00 sous un ciel maussade laissant percer de courtes averses qui n’incitent guère à quitter le cocon… Une longue promenade sur la plage jusqu’au Rocher du Diable permet de se rendre compte jusqu’à quel point le coin est envahi par des camping-cars de toutes nationalités, grandeurs et marques, et aussi combien leurs habitants sont privilégiés d’user ainsi à leur guise d’un site aussi agréable. Pour combien de temps… ?
Nous décollons enfin pour retourner au cyber découvert hier près de la Grande poste d’Agadir. Nous répondrons à Juliette et enverrons aussi un petit message à Alain et à Mathieu. J’écris préalablement le texte et prépare les images sur mon PowerBook, les copie sur ma clé USB et n’ai plus dans le café qu’à faire un copier-coller. Une bonne façon d’éviter de pester sur le clavier azerty qui m’est trop peu familier… J’en profite pour acheter quelques CD vierges qui me permettront de sauvegarder les dernières photos prises au Maroc.
Monique inaugure la nouvelle petite
cocotte achetée au Marjane en préparant en un tournemain un «
couscous minute » : économie de temps, de gaz et saveur
exceptionnelle ! Puis nous traversons la ville vers le sud en nous
arrêtant à nouveau au Marjane où je complète le niveau du
réservoir d’eau fraîche à la station-service. Nous voilà prêts à
affronter les routes du sud probablement moins équipées… Nous
filons alors sur la N 1 en direction de Tiznit. Les 78 km sont
assez encombrés : aux habituels camions s’ajoutent les conducteurs
du dimanche pas toujours habiles ni rapides dans leurs petites
voitures surchargées… mais le soleil revenu rend la balade
agréable, à travers un paysage plutôt plat mais assez fertile.
Tour et rempart de Tiznit |
Derrière ses remparts de terre ocre, la petite ville de Tiznit abrite une médina sans grande originalité mais typique et sans apprêt pour le touriste. |
Stationnant au centre sur la Place
du Méchouar, nous profitons du prétexte de la visite au souk des
bijoutiers puis de la recherche de la Source bleue pour parcourir
en tous sens les rues dont la simplicité confine au dénuement. La
plupart des échoppes des bijoutiers sont fermés en ce dimanche
après-midi, et le bassin de la source fait davantage penser à un
marigot qu’à une fontaine chantante, mais le côtoiement de la
population (enfants souriants et joueurs, femmes endimanchées et
enveloppées dans leur grand voile aux vives couleurs imprimées…)
et l’observation de quelques restes de belles portes anciennes
donne son sel à la balade.
La Mosquée et ses «pièges à démons» enfichés dans les angles |
Le bassin pas très net de la Source Bleue... |
Le soir tombe et le ciel s'est
chargé lorsque nous quittons la ville plein ouest pour gagner
l’Océan au niveau d’Aglou Plage, à une vingtaine de km. Les
grosses lames se brisant sur les rochers déchiquetés qui encadrent
la plage de sable soulèvent un nuage d’embruns très fins.
Ils embrument le paysage et tamisent le peu de lumière solaire passant entre les gros nuages gris de pluie. Surpris de la tiédeur de l’air (22°C !) nous parcourons à pied la belle promenade pavée de la petite station balnéaire. Elle a remplacé le bout de route goudronnée où nous avions dormi il y a 16 ans… | Promenade crépusculaire sur le «lungomare» d'Aglou |
Bivouac en arrière de la plage d'Aglou |
Puis nous allons installer
notre bivouac devant le premier rang de villas d’estivants
un peu en arrière, après qu’un militaire soit venu nous
préciser qu’il est interdit de dormir sur le parking en bord
de mer. Souper et coucher rapide dans le fracas des grosses lames et les bourrasques secouant le camion fouetté par des averses éparses. |
146 202 Lundi 28 février 2005 : d’AGLOU PLAGE à BOUIZAKARNE (181 km)
Il est tombé toute la nuit de
grosses averses tambourinant sur le toit du camion, et le vent
nous a tellement secoués que nous nous sommes réveillés plusieurs
fois, observant en pleine nuit un déluge d’éclairs et de tonnerre.
Au matin tout est trempé autour de nous, d’immenses flaques rouges
s’étalent sur la route ou couvrent les larges bas-côtés faisant
office de trottoir en agglomération, et le ciel roule des nuages
gris encore tout chargés de pluie.
Nous décollons tard et poursuivons la route côtière vers le sud. Elle serpente sur un petit plateau entaillé par des lits d’oueds où coule - pour une fois - un flot rapide d’une eau ocre et opaque. De temps en temps, surgit un village aux maisons plus ou moins blanchies et terminées, et quelques modestes villas de vacances barricadées, porte d’acier, tessons de bouteille sur les murs et solides volets de bois fermés. | Embruns sur les rochers en quittant Aglou |
Les champs de terre rouge détrempés |
Dans la campagne, la steppe est parsemée de petits buissons très verts - est-ce dû à la saison ? – tandis que des parcelles de terre rouge et nue manifestement cultivées occupent les creux plus humides ou mieux exposés. On aperçoit parfois un peu à l’écart dans le maquis une tente berbère traditionnelle en tissus sombre, qu’une grande bâche de polythène jaunâtre protège de la pluie. |
Détour vers un premier petit port - Sidi Boulfdail - dans un creux de rochers battu par les énormes lames de l’Atlantique. J’y observe les pauvres maisons des pêcheurs et leurs barques peintes uniformément en vert sombre alignées sur la darse de béton, car aujourd’hui pas question de sortir, la mer est trop grosse et dangereuse. | Sur la darse de Sidi
Boulfdail
|
Un premier radier de
béton inondé sur le route de Mirleft
|
La route traverse plusieurs oueds sur un radier de béton recouvert d’une eau rouge qui déferle en un inquiétant déluge et qu’il faut franchir dans de grandes éclaboussures colorées… |
Un peu plus loin, dans le village de Mirleft nous découvrons quelques très belles villas d’estivants avec piscine, jacuzzi, salon panoramique, etc., juchées sur la falaise d’où elles jouissent d’une vue superbe sur l’immense plage et la côte rocheuse. |
Plus loin, un autre gué plus impressionnant... |
Pique-nique devant un
autre petit port de pêche en bas de la falaise (Rkounte*),
mais au redémarrage le moteur se fait prier un bon moment,
le temps que sèche le circuit d’allumage trempé par le
passage à travers une grande et profonde flaque d’eau… Après cette petite émotion, j’évite prudemment l’eau accumulée un peu partout sur la chaussée en slalomant entre les flaques, jusqu’à atteindre la petite ville d’Ifni, une ancienne possession espagnole rendue au Maroc en 1959. *29.506493 10.075964 Erkount Park |
Hormis la place Hassan II, circulaire autour de son petit parc paysager, il ne reste pas grand-chose du charme habituellement attaché à ces petites villes du sud, sinon quelques maisons typiquement hispanisantes aux façades décrépites. | Place d'Espagne |
Vieux bâtiment
espagnol désaffecté et décrépi
|
Nous allons faire le tour du camping installé au bord de la plage, mais devant le peu d’intérêt présenté par les lieux, décidons de poursuivre en remontant vers Tiznit via Guelmin (Goulimine). |
Dans les collines, la végétation se raréfie : buissons d’arbustes ronds et piquants, arganiers dispersés sur les pentes au travers desquelles erre parfois un petit troupeau de chèvres noires. |
La route s’enfonce dans la montagne, les maisons berbères de terre rouge se confondent avec le sol, regroupées en douars (hameaux) aux allures de basses fermes fortifiées, sans plus rien du chic des ksars de la région de Ouarzazate. | Douars sur les
collines
|
Jean-Paul observe le
processus
|
Arrêt à la « Coopérative féminine d’Argane » de Mesti, un autre village montagnard berbère typique, pour observer les travailleuses qui trient les noix, cassent une à une les coquilles pour en extraire l’amande et enfin pressent la mixture obtenue par concassage pour en tirer la précieuse huile aux mille vertus gustatives et curatives. |
Monique obtient de plusieurs
qu’elles se laissent photographier et filmer en plein ouvrage, ce
à quoi elles consentent avec bonne humeur tandis que d’autres
relèvent leur voile et refusent de se prêter au jeu.
Ouvrières concassant
les noix d'argane
|
|
Nantis d’un petit flacon d’« huile
de beauté» et d’un pot de délices aux amandes, miel et
huile, nous reprenons la jolie route de montagne vers Guelmin.
La ville dont Hassan II a fait la « Porte du Sahara » marocain s’est considérablement développée en 15 ans et nous ne reconnaissons plus du tout le gros bourg poussiéreux juste connu pour son fameux marché aux chameaux. Comme il n’a lieu que le vendredi, nous devons renoncer à cette unique attraction.
Nous devon également renoncer
également à la balade jusqu’à la mythique Plage Blanche sur
l’Atlantique, à Foum-Assaka dont ne nous séparent que 65 km. Seuls
les 15 premiers kilomètres de la piste sont goudronnés, et il faut
traverser plusieurs oueds sur des radiers probablement inondés…
La pluie intermittente continue en effet et le pompiste jovial de la station-service où je fais le plein d’essence me dit ne pas avoir vu de telles pluies depuis 5 ans ! Nous quittons donc sans regret l’agglomération effervescente (il est passé 17:00 et il semble que toute la ville se soit donné rendez-vous dans la rue). Les larges avenues assez propres sont comme d’habitude bordées d’immeubles de béton peint aux finitions approximatives, séparés par des ruelles de terre, boueuses aujourd’hui, poussiéreuses en d’autres temps.
La route vers le Nord et Tiznit file dans la large vallée de l’Oum el Achar, semi désertique et limitée au loin par des montagnes qu’illumine le soleil couchant. Nuages dans le ciel sombre au-dessus de nous, pluie sur la route… Une quarantaine de kilomètres et nous atteignons le gros bourg de Bouizakarne où nous décidons de faire étape.
Monique appelle Houssine
bien arrivé à Fès après un long retour, puis nous demandons
à un gendarme devant le Poste de police un endroit sûr pour
stationner cette nuit. Il nous indique un bout de trottoir à une dizaine de mètres de l’entrée du poste. Certes la grande route est toute proche mais ici nous ne risquons sûrement pas d’être dérangés par des gêneurs ! Je gare donc l’Aigle à l’endroit désigné et nous nous installons pour passer la nuit. |
Bivouac devant la gendarmerie royale de Bouizakarne |
146 383 Mardi 1er mars 2005 : de BOUIZAKARNE à TAFRAOUTE (205 km)
Pas dimportun durant la nuit, mais
dès 7:00 le trafic sur la route juste derrière nous m’a tenu
éveillé, sans pour autant déranger Monique qui, à 9:00, prétend ne
pas avoir son compte de sommeil… Je réussis à la mettre sur pieds
et nous quittons immédiatement la petite ville pour aller nous
doucher et déjeuner un peu plus loin sur un terre-plein dans la
montagne qui commence aussitôt. Celle-ci s’élève progressivement
jusqu’à passer le col Tizi-Mighert à 1 057 m en longeant les rives
abruptes d’un oued qui s’est taillé son chemin à travers des
collines striées de plissements arrondis.
Le temps reste maussade, les ondées
de la nuit se poursuivant avec parfois un mince rayon de soleil
perçant le plafond gris. La lumière donne alors leur pleine valeur
à l’ocre des pentes et au vert des arbustes qui les piquettent.
Vue étendue en redescendant sur la plaine de Tiznit, où nous traversons une suite de petits villages à vocation essentiellement agricole. Les hauts cubes des maisons en béton peint se succèdent le long de la route qui s’élargit alors, faisant office de rue unique et principale
Tiznit : sur la rue
Tasoukt
|
Le temps s’éclaircit sur les terres rouges de plus en plus intensivement cultivées à l’approche de Tiznit. Monique va y explorer l’Ensemble Artisanal, en face des Trois Portes et de la Poste. Elle y marchande un collier en argent, hésite, puis se ravise en revenant me parler de son choix. Rentrant ensuite dans la médina par Bab Oulad Jarrar nous parcourons de nouveau la rue Tasoukt pour y reprendre de l’excellent pain à la Boulangerie européenne. |
Nous voilà prêts à prendre vers
l’est la route de Tafraoute. Celle-ci ne tarde pas à devenir
spectaculaire dès que nous abordons la montagne en passant Assaka.
Le relief s’accuse, les pentes se dénudent et se piquent
d’arganiers tandis que les creux, bénéficiant de beaucoup plus
d’eau, verdoient et sont cultivés en jardins soignés : pierres
entassées en murets autour des parcelles, rigoles d’arrosage,
sillons réguliers de légumes ou de céréales… Malheureusement le
ciel se bouche à nouveau et la pluie reprend, cachant les cimes et
éteignant les couleurs.
Elle gonfle aussi les oueds qui,
chargés d’alluvions arrachés aux fortes pentes, coulent laiteux en
débordant de leur lit.
Cela nous cause quelques
appréhensions lorsqu’à deux reprises nous devons traverser des
radiers recouverts par leur courant rapide. L’eau est partout, en
larges flaques sur la chaussée, dans des rigoles improvisées au
bord même du goudron qu’elle sape, sur les pentes au-dessus du
chemin d’où elle ruisselle en multiples cascades, abondantes
maintenant, asséchées dans une heure ou demain… En abordant la
longue montée jusqu’au Col du Kerdous à 1 100 m, le paysage
s’élargit de façon plaisante : les sommets de roc brut dominent
les pentes verdoyantes semées de fermes et de douars rouges ou
ocres tandis que, tout en bas, serpentent les eaux orangées ou
café-au-lait de l’oued.
Mais tout cela finit par disparaître lorsque nous atteignons le niveau du nuage : le spectacle s’évanouit totalement dans une brume épaisse et blanchâtre à travers laquelle on avance lentement, phares allumés, en guettant chaque virage. Espérant voir cette ouate se dissiper bientôt, nous stationnons plus d’une heure juste devant l’Hôtel de Kerdous en forme de casbah dans l’espoir d’apercevoir le panorama** signalé par le Guide Vert, mais en vain.
Au delà du col de Kerdous, en allant vers Tafraoute |
Sous la pluie fine et dans la lumière qui s’atténue, nous descendons l’autre côté du col où nous retrouvons une visibilité satisfaisante pour la suite de la route de montagne. |
Enfin nous voici à Adaï où, séduits par le formidable empilement de rochers aux formes arrondies qui domine le village dispersé à ses pieds, nous tentons quelques photos, malgré la lumière terne et insuffisante. |
Le garage qui avait
recollé le carter fendu de notre Pilote 470 en 1989
|
Puis apparaît le gros
bourg de Tafraoute. Petit tour pour reconnaître le camping
utilisé lors de notre précédent voyage, mais il est plein et
nous apparaît quelconque. Dans les rues boueuses et l’habituel capharnaüm, nous retrouvons le petit atelier «Mecanique general » où nous avions fait réparer le carter fendu du Pilote 470 en 1989 : le jeune mécanicien habile et serviable a vieilli, c’est son fils adolescent qui nous accueille… |
Finalement nous nous installons pour la nuit à deux pas, sur une vaste place sableuse devant la mosquée, auprès d’une dizaine d’autres camping-cars et fourgons qui ont décidé d’y bivouaquer en « sauvage ». Ciel chargé, pluie intermittente et température nettement à la baisse (8°C).
146 588 Mercredi 2 mars 2005 : de TAFRAOUTE à TAFRAOUTE (56 km)
Au réveil sur la grande place et
sous un grand soleil, il reste encore plus de la moitié des
camping-cars qui se mettent doucement en route. Rythme paisible de
la retraite…
Nous commençons par
retourner vers Adaï, cette fois sous le soleil. Le paysage
de gros rochers entourant une jolie palmeraie est
fantastique, on se croirait dans un parc tant l’herbe est
tondue régulièrement (les moutons…) et les palmiers
éparpillés bien entretenus (les hommes…). |
Montée au luxueux Hôtel des
Amandiers dont les grands murs roses dominent le village.
Effectivement la vue sur les petites
maisons aux teintes pastel disposées dans la vallée est agréable,
et il doit faire bon flâner près de la piscine lorsque la
température est plus élevée (il fait aujourd’hui un petit 17°…).
Balade ensuite vers Agard-Oudard au pied de sa pyramide de gros rochers empilés et fendus (le Doigt) dont on se demande s’ils ne vont pas s’écrouler sur les maisons à leur pied. |
Un peu plus loin un panneau indique les Rochers peints (introuvables, mais prétexte à un petit tour sur de beaux rochers arrondis avec un vaste paysage montagneux en arrière). | |
À deux pas se trouve l’embranchement de la route menant aux gorges d’Aït Mansour, un site** recommandé par le Guide Vert. La chaussée étroite mais assez bien revêtue grimpe rapidement dans la montagne en faisant une succession d’épingles à cheveux. Elles offrent une vue spectaculaire sur la vallée en arrière dont les pentes ocre jaune sont piquetées d’arganiers vert soutenu. Passent plusieurs hameaux hauts en couleurs posés au fond d’espaces plats et cultivés, sur une petite éminence ou au pied des pentes plus raides. |
Il faut aussi franchir plusieurs gués sur lesquels coule une eau encore un peu rougeâtre. Puis la route commence à zigzaguer en longeant le lit rocheux de l’oued qui se creuse de plus en plus en un profond canyon presque asséché, au milieu d’un désert pierreux. Pique-nique dans un virage devant le panorama grandiose, avant de poursuivre la descente jusqu’au niveau du torrent. | Piquenique dans un
virage au-dessus du torrent
|
Soudain, au détour d’un virage apparaît un dense peuplement de palmiers qui crée une étonnante oasis touffue dans ce désert de pierraille nue. |
La route s’enfonce sous les arbres; nous laissons l’Aigle sur un stationnement désert et poursuivons à pied. Après un premier radier inondé, on en franchit un deuxième à l’entrée du village de Tiourri (pancarte en français, arabe et berbère). Charmante balade sous les arbres au pied des hautes falaises de roche rouge et nue. Un troisième gué plus profond nous fait renoncer à aller de l’avant, et nous faisons demi-tour en allant flâner un peu parmi les pauvres maisons accrochées au flanc du rocher. | Dans l'oasis de Tiourri |
Retour par le même chemin, avec arrêt au moment de franchir un lit d’oued : je profite de l’eau en abondance pour nettoyer l’extérieur de l’Aigle, tandis que Monique lave un peu de linge et fait la vaisselle. | Jean-Paul lave l'Aigle dans l'oued |
Monique fait une petite lessive |
Vallée d'Aït Mansour au retour |
Il est 17:30 lorsque nous rentrons à Tafraoute. Petite discussion avec deux Français en fourgon Font-Vendôme (nous avions déjà échangé avec eux ce matin) puis tour dans les rues et ruelles commerçantes du village : ici pas d’apprêt pour le touriste, les prix sont standard pour tout le monde et les produits essentiellement utilitaires. Souper et coucher au sein du même rassemblement de CC qu’hier, sur la place près de la mosquée.
146 644 Jeudi 3 mars 2005 : de TAFRAOUTE à TAGHAZOUTE (190
km)
Lever tardif sous un ciel très gris; il est tombé plusieurs averses durant la nuit sans pour autant qu’il fasse très froid. Départ tranquille vers 10:30, après une longue discussion avec Pieter et Gretel, deux hollandais qui pensent à faire passer leur fourgon de l’autre côté de l’Atlantique pour visiter le Canada et, pourquoi pas, monter jusqu’en Alaska…
Nous prenons la route d’Agadir (R104) qui monte rapidement et s’engage dans la vallée des Ammelns, au pied du Jbel Lekst dont les pentes ocres mêlées de violacé s’élèvent à plus de 2 300 m. | Route de la Vallée
des Ammelns
|
Au-dessus des cultures abondamment irriguées par les torrents qui sèment leur vert tendre au pied des rochers, des villages accrochent leurs maisons dans toutes les nuances du rouge et du rose. Petites taches blanches ou roses des amandiers en fleurs, malheureusement privés d’une partie de leurs pétales par la pluie des derniers jours qui continue sporadiquement. Les couleurs du spectacle seraient plus vives si le soleil ne demeurait caché derrière le dense plafond nuageux. | Vallée des Ammelns |
La route traverse ainsi plusieurs villages en s’élevant vers l’est, renouvelant les points de vue, jusqu’à passer le col de Tizi Mlil. Suivent une vingtaine de km assez droits qui filent dans une large vallée en plateau où souffle un vent violent.
Nous arrêtons pour manger en rase
campagne devant un étrange monument funéraire, peu avant Tioulit,
là où la route se met à suivre en corniche la profonde vallée de
l’Oued Aît Baha. Ce serait le mausolée recueillant les victimes
d'un bombardement de l'armée de l'air française en 1930.
Trajet d’une quarantaine de
kilomètres spectaculaire, mais aussi épuisant à cause de l’état
très dégradé de la chaussée et des virages incessants imposés par
le tracé de la route qui suit les courbes de niveau. Parfois un
hameau domine le chemin du haut d’un piton, à la façon d’un fort
verrouillant le passage, comme celui de Tizrgane, en cours de
restauration et destiné à devenir un gîte d’étape…
Il manque évidemment la chaleureuse lumière solaire pour donner toute son intensité aux ocres, aux verts et aux violacés des pentes. Le relief s’apaise en arrivant à Aït Baha, au bord de l’oued élargi par un barrage invisible qui a récemment noyé palmiers, route et hameaux.
De nouveau à Agadir, nous passons à
l’hypermarché Marjane pour reporter la petite cocotte-minute dont
la soupape de sécurité fuit, puis traversons la ville aux rues
détrempées par la pluie qui achèvent de rendre à l’Aigle sa couche
habituelle de boue et de poussière… Quant à nous, ce sont nos
poumons qui accusent le coup : voilà plusieurs jours que nous
n’avions ingurgité un telle concentration de gaz d’échappement, le
diesel marocain semblant particulièrement mal raffiné et les
moteurs trop souvent mal réglés. Les programmes de contrôle
anti-pollution auraient ici un certain avenir !
Nous nous empressons donc
de traverser la populeuse agglomération, enfilons la route
côtière vers le nord en direction d’Essaouira et, pour la
troisième et dernière fois, allons bivouaquer sur les grands
terrains vacants devant la plage de Taghazoute, au milieu de
centaines d’autres camping-cars. La pluie a rendu le sol assez meuble et glissant mais nous réussissons à nous rendre sans encombres dans un coin occupé par des Allemands peu accueillants. Heureusement l’espace ne manque pas… |
Bivouac sur la dune à
Taghazoute
|