Hiver et printemps 2005

France – Espagne - Maroc

8. Au Maroc


Monique et Jean-Paul MOUREZ
à bord de l’Aigle


Photos de cette page en pleine grandeur ou en diaporama sur Google Photo :
https://photos.app.goo.gl/h9BAHVNLmY3Bgd5z5


146 022 Samedi 26 février 2005 : de TAGHAZOUTE à à TAGHAZOUTE (46 km)

Tghazoute : les dunes et les CC
Bivouac sur la dune à Taghazoute

Journée tranquille aujourd’hui, d’abord dans le calme et le soleil de notre bivouac devant la plage, entouré de quelques dizaines de camping-cars surtout occupés par des retraités paisibles. Lever passé 9:00, balade sur la plage et discussion avec un couple de Français qui viennent depuis 8 ans passer l’hiver au chaud ici. 

Leur camping-car a été construit sur mesure par 3C Cartier sur une base Mercedes 4 x 4 et aménagé selon leurs spécifications par JCG près de Nantes. Ils s’en disent très satisfaits et nous font visiter leur petit home au plan identique à celui de l’Aigle… Cellule Jazz de 3C Cartier

La côte au sud de Taghazoute
La côte entre Taghazoute et Agadir
Nous prenons ensuite la direction d’Agadir pour aller refaire le plein d’épicerie au Marjane aperçu hier à l’entrée sud de la ville. La route de corniche offre une vue superbe sur la mer, la côte rocheuse et les grandes plages de sable.

Traversée du centre ville maintenant entièrement reconstruit et étonnamment vert (arbres, jardins, fleurs…) après les étendues désertes parcourues ces derniers temps. Le Marjane est tout à fait semblable aux hypermarchés français dont il est d’ailleurs un émanation (Auchan semble-t-il, dont on retrouve plusieurs produits dans les allées). Nous en parcourons presque toutes les sections, comparons longuement plusieurs modèles de petite cocotte-minute destinée au camping-car, flânons également à la recherche de livres français ou de CD de musique marocaine, sans oublier bien sûr les conserves et autres denrées assez différentes de ce à quoi nous sommes habitués. Il est presque 16:00 lorsque nous finissons de tout ranger dans l’Aigle.

Déjeuner donc, puis long plein d’eau et d’essence à la station-service avant de retourner au centre ville chercher un cybercafé pour prendre notre courrier. Nous finissons par en dénicher un à deux pas de la Poste centrale, et pour le coût modique de 5 DH la demi-heure (ou 8 DH l’heure…), je relève dans ma boîte de courrier les messages reçus durant la dernière semaine (dont un de Juliette aux prises avec le locataire du studio et qui demande des instructions…).

Comme il est trop tard pour prendre la route du sud et comme Monique n’a pu encore se faire une idée du temps encore disponible avant que nous reprenions la direction du nord, nous décidons de finir tranquillement la journée en retournant dormir au bord de la plage de Taghazoute. Nous essayons plusieurs emplacements et finissons par nous installer juste au-dessus de la petite falaise un peu plus au sud qu’hier.

Taghazoute : le village au soleil couchant
Taghazoute : le village au soleil couchant
Coucher de soleil sur la plage de Taghazoute
Coucher de soleil sur la plage de Taghazoute
Superbe coucher de soleil avant la planification des prochains jours (il nous en reste en fait une dizaine avant de remonter à Casa), souper léger et coucher tôt dans le bruit des vagues se brisant sur les rochers.


146 068    Dimanche 27 février 2005 : de TAGHAZOUTE à AGLOU PLAGE (134 km)

Bivouac devant l'Océan
L'Aigle au bivouac devant l'Océan

Lever tard passé 9:00 sous un ciel maussade laissant percer de courtes averses qui n’incitent guère à quitter le cocon… Une longue promenade sur la plage jusqu’au Rocher du Diable permet de se rendre compte jusqu’à quel point le coin est envahi par des camping-cars de toutes nationalités, grandeurs et marques, et aussi combien leurs habitants sont privilégiés d’user ainsi à leur guise d’un site aussi agréable. Pour combien de temps… ?

La
        plage et les camping-cars
La plage de Taghazoute et les rangées de camping-cars depuis le Rocher du Diable

Nous décollons enfin pour retourner au cyber découvert hier près de la Grande poste d’Agadir. Nous répondrons à Juliette et enverrons aussi un petit message à Alain et à Mathieu. J’écris préalablement le texte et prépare les images sur mon PowerBook, les copie sur ma clé USB et n’ai plus dans le café qu’à faire un copier-coller. Une bonne façon d’éviter de pester sur le clavier azerty qui m’est trop peu familier… J’en profite pour acheter quelques CD vierges qui me permettront de sauvegarder les dernières photos prises au Maroc.

Monique inaugure la nouvelle petite cocotte achetée au Marjane en préparant en un tournemain un « couscous minute » : économie de temps, de gaz et saveur exceptionnelle ! Puis nous traversons la ville vers le sud en nous arrêtant à nouveau au Marjane où je complète le niveau du réservoir d’eau fraîche à la station-service. Nous voilà prêts à affronter les routes du sud probablement moins équipées… Nous filons alors sur la N 1 en direction de Tiznit. Les 78 km sont assez encombrés : aux habituels camions s’ajoutent les conducteurs du dimanche pas toujours habiles ni rapides dans leurs petites voitures surchargées… mais le soleil revenu rend la balade agréable, à travers un paysage plutôt plat mais assez fertile.

Tour et rempart de Tiznit
Tour et rempart de Tiznit
Derrière ses remparts de terre ocre, la petite ville de Tiznit abrite une médina sans grande originalité mais typique et sans apprêt pour le touriste.

Tiznit: place du Mechouar
Tiznit : l'Aigle sur la place du Mechouar

Stationnant au centre sur la Place du Méchouar, nous profitons du prétexte de la visite au souk des bijoutiers puis de la recherche de la Source bleue pour parcourir en tous sens les rues dont la simplicité confine au dénuement. La plupart des échoppes des bijoutiers sont fermés en ce dimanche après-midi, et le bassin de la source fait davantage penser à un marigot qu’à une fontaine chantante, mais le côtoiement de la population (enfants souriants et joueurs, femmes endimanchées et enveloppées dans leur grand voile aux vives couleurs imprimées…) et l’observation de quelques restes de belles portes anciennes donne son sel à la balade.

Mosquée
La Mosquée et ses «pièges à démons» enfichés dans les angles
La Source Bleue
Le bassin pas très net de la Source Bleue...
Porte
Porte
Les portes de Tiznit

Les couleurs de Tiznit
Les couleurs de Tiznit

Le soir tombe et le ciel s'est chargé lorsque nous quittons la ville plein ouest pour gagner l’Océan au niveau d’Aglou Plage, à une vingtaine de km. Les grosses lames se brisant sur les rochers déchiquetés qui encadrent la plage de sable soulèvent un nuage d’embruns très fins.

Ils embrument le paysage et tamisent le peu de lumière solaire passant entre les gros nuages gris de pluie. Surpris de la tiédeur de l’air (22°C !) nous parcourons à pied la belle promenade pavée de la petite station balnéaire. Elle a remplacé le bout de route goudronnée où nous avions dormi il y a 16 ans… Sur la promenade d'Aglou
Promenade crépusculaire sur le «lungomare» d'Aglou

Bivouac en arrière de la plage d'Aglou
Bivouac en arrière de la plage d'Aglou
Puis nous allons installer notre bivouac devant le premier rang de villas d’estivants un peu en arrière, après qu’un militaire soit venu nous préciser qu’il est interdit de dormir sur le parking en bord de mer.

Souper et coucher rapide dans le fracas des grosses lames et les bourrasques secouant le camion fouetté par des averses éparses.


146 202    Lundi 28 février 2005 : d’AGLOU PLAGE à BOUIZAKARNE (181 km)

Il est tombé toute la nuit de grosses averses tambourinant sur le toit du camion, et le vent nous a tellement secoués que nous nous sommes réveillés plusieurs fois, observant en pleine nuit un déluge d’éclairs et de tonnerre. Au matin tout est trempé autour de nous, d’immenses flaques rouges s’étalent sur la route ou couvrent les larges bas-côtés faisant office de trottoir en agglomération, et le ciel roule des nuages gris encore tout chargés de pluie.

Nous décollons tard et poursuivons la route côtière vers le sud. Elle serpente sur un petit plateau entaillé par des lits d’oueds où coule - pour une fois - un flot rapide d’une eau ocre et opaque. De temps en temps, surgit un village aux maisons plus ou moins blanchies et terminées, et quelques modestes villas de vacances barricadées, porte d’acier, tessons de bouteille sur les murs et solides volets de bois fermés.  Embruns sur les rochers en quittant Aglou
Embruns sur les rochers en quittant Aglou

Les champs de terre rouge détrempés
Les champs de terre rouge détrempés
Dans la campagne, la steppe est parsemée de petits buissons très verts - est-ce dû à la saison ? – tandis que des parcelles de terre rouge et nue manifestement cultivées occupent les creux plus humides ou mieux exposés. On aperçoit parfois un peu à l’écart dans le maquis une tente berbère traditionnelle en tissus sombre, qu’une grande bâche de polythène jaunâtre protège de la pluie.

Détour vers un premier petit port - Sidi Boulfdail - dans un creux de rochers battu par les énormes lames de l’Atlantique. J’y observe les pauvres maisons des pêcheurs et leurs barques peintes uniformément en vert sombre alignées sur la darse de béton, car aujourd’hui pas question de sortir, la mer est trop grosse et dangereuse. Sur la darse de Sidi Boulfdail
Sur la darse de Sidi Boulfdail

Grosse mer à Sidi Boulfdail
Grosse mer à Sidi Boulfdail

Radier de béton inondé sur le route de Mirleft
Un premier radier de béton inondé sur le route de Mirleft
La route traverse plusieurs oueds sur un radier de béton recouvert d’une eau rouge qui déferle en un inquiétant déluge et qu’il faut franchir dans de grandes éclaboussures colorées…

Oued en crue à Mirleft
Oued en crue en arrivant à Mirleft

Un peu plus loin, dans le village de Mirleft nous découvrons quelques très belles villas d’estivants avec piscine, jacuzzi, salon panoramique, etc., juchées sur la falaise d’où elles jouissent d’une vue superbe sur l’immense plage et la côte rocheuse.  Villa à Mirleft

Mirleft : la côte et l'embouchure de l'Oued
Mirleft : la côte, la plage et l'embouchure de l'oued

Un
              autre gué plus impressionnant...
Plus loin, un autre gué plus impressionnant...
Pique-nique devant un autre petit port de pêche en bas de la falaise (Rkounte*), mais au redémarrage le moteur se fait prier un bon moment, le temps que sèche le circuit d’allumage trempé par le passage à travers une grande et profonde flaque d’eau…

Après cette petite émotion, j’évite prudemment l’eau accumulée un peu partout sur la chaussée en slalomant entre les flaques, jusqu’à atteindre la petite ville d’Ifni, une ancienne possession espagnole rendue au Maroc en 1959.
*29.506493   10.075964     Erkount Park

L'oued rouge
        roulant vers la mer
L'oued rouge roulant vers la mer

Hormis la place Hassan II, circulaire autour de son petit parc paysager, il ne reste pas grand-chose du charme habituellement attaché à ces petites villes du sud, sinon quelques maisons typiquement hispanisantes aux façades décrépites.  Place d'Espagne
Place d'Espagne

Vieux bâtiment espagnol désafecté et décrépi
Vieux bâtiment espagnol désaffecté et décrépi
 Nous allons faire le tour du camping installé au bord de la plage, mais devant le peu d’intérêt présenté par les lieux, décidons de poursuivre en remontant vers Tiznit via Guelmin (Goulimine).


Le camping d'Ifni en bordure de plage
Le camping d'Ifni en bordure de plage

Collines de l'intérieur
 Dans les collines, la végétation se raréfie : buissons d’arbustes ronds et piquants, arganiers dispersés sur les pentes au travers desquelles erre parfois un petit troupeau de chèvres noires.

La route s’enfonce dans la montagne, les maisons berbères de terre rouge se confondent avec le sol, regroupées en douars (hameaux) aux allures de basses fermes fortifiées, sans plus rien du chic des ksars de la région de Ouarzazate. Douars sur les collines
Douars sur les collines

Jean-Paul observe le processus
Jean-Paul observe le processus
Arrêt à la « Coopérative féminine d’Argane » de Mesti, un autre village montagnard berbère typique, pour observer les travailleuses qui trient les noix, cassent une à une les coquilles pour en extraire l’amande et enfin pressent la mixture obtenue par concassage pour en tirer la précieuse huile aux mille vertus gustatives et curatives.

Monique obtient de plusieurs qu’elles se laissent photographier et filmer en plein ouvrage, ce à quoi elles consentent avec bonne humeur tandis que d’autres relèvent leur voile et refusent de se prêter au jeu.

Ouvrière de l'argane
Ouvrières concassant les noix d'argane
Ouvrière

Nantis d’un petit flacon d’« huile de beauté»  et d’un pot de délices aux amandes, miel et huile, nous reprenons la jolie route de montagne vers Guelmin.

Arganiers, puits dominés par le douar dans la montagne
Arganiers et puits dominés par le douar dans la montagne

La ville dont Hassan II a fait la « Porte du Sahara » marocain s’est considérablement développée en 15 ans et nous ne reconnaissons plus du tout le gros bourg poussiéreux juste connu pour son fameux marché aux chameaux. Comme il n’a lieu que le vendredi, nous devons renoncer à cette unique attraction.

Dans les rues neuves de Guelmine une vieille Peugeot 403 des
      années '60
Dans les rues neuves de Guelmine l,Aigle derrière une vieille Peugeot 403 des années '60

Nous devon également renoncer également à la balade jusqu’à la mythique Plage Blanche sur l’Atlantique, à Foum-Assaka dont ne nous séparent que 65 km. Seuls les 15 premiers kilomètres de la piste sont goudronnés, et il faut traverser plusieurs oueds sur des radiers probablement inondés…

La pluie intermittente continue en effet et le pompiste jovial de la station-service où je fais le plein d’essence me dit ne pas avoir vu de telles pluies depuis 5 ans !  Nous quittons donc sans regret l’agglomération effervescente (il est passé 17:00 et il semble que toute la ville se soit donné rendez-vous dans la rue). Les larges avenues assez propres sont comme d’habitude bordées d’immeubles de béton peint aux finitions approximatives, séparés par des ruelles de terre, boueuses aujourd’hui, poussiéreuses en d’autres temps.

Guelmine : boutiques
Guelmine : boutiques

La route vers le Nord et Tiznit file dans la large vallée de l’Oum el Achar, semi désertique et limitée au loin par des montagnes qu’illumine le soleil couchant. Nuages dans le ciel sombre au-dessus de nous, pluie sur la route… Une quarantaine de kilomètres et nous atteignons le gros bourg de Bouizakarne où nous décidons de faire étape.

La route vers le nord au crépuscule
La route vers le nord au crépuscule

Monique appelle Houssine bien arrivé à Fès après un long retour, puis nous demandons à un gendarme devant le Poste de police un endroit sûr pour stationner cette nuit.

Il nous indique un bout de trottoir à une dizaine de mètres de l’entrée du poste. Certes la grande route est toute proche mais ici nous ne risquons sûrement pas d’être dérangés par des gêneurs ! Je gare donc l’Aigle à l’endroit désigné et nous nous installons pour passer la nuit.
Bivouac devant la gendarmerie royale de Bouizakarne
Bivouac devant la gendarmerie royale de Bouizakarne


146 383    Mardi 1er mars 2005 : de BOUIZAKARNE à TAFRAOUTE (205 km)

Pas dimportun durant la nuit, mais dès 7:00 le trafic sur la route juste derrière nous m’a tenu éveillé, sans pour autant déranger Monique qui, à 9:00, prétend ne pas avoir son compte de sommeil… Je réussis à la mettre sur pieds et nous quittons immédiatement la petite ville pour aller nous doucher et déjeuner un peu plus loin sur un terre-plein dans la montagne qui commence aussitôt. Celle-ci s’élève progressivement jusqu’à passer le col Tizi-Mighert à 1 057 m en longeant les rives abruptes d’un oued qui s’est taillé son chemin à travers des collines striées de plissements arrondis.

Dans le
      Tizi-Mighert
Montée du Tizi-Mighert
L'Aigle dans le Tizi-Mighert
L'Aigle dans le Tizi-Mighert

Le temps reste maussade, les ondées de la nuit se poursuivant avec parfois un mince rayon de soleil perçant le plafond gris. La lumière donne alors leur pleine valeur à l’ocre des pentes et au vert des arbustes qui les piquettent.

Cactus dans le Tizi-Mighert
Cactées dans le Tizi-Mighert

Vue étendue en redescendant sur la plaine de Tiznit, où nous traversons une suite de petits villages à vocation essentiellement agricole. Les hauts cubes des maisons en béton peint se succèdent le long de la route qui s’élargit alors, faisant office de rue unique et principale

Tiznit : sur la rue Tasoukt
Tiznit : sur la rue Tasoukt
Le temps s’éclaircit sur les terres rouges de plus en plus intensivement cultivées à l’approche de Tiznit. Monique va y explorer l’Ensemble Artisanal, en face des Trois Portes et de la Poste. Elle y marchande un collier en argent, hésite, puis se ravise en revenant me parler de son choix. Rentrant ensuite dans la médina par Bab Oulad Jarrar nous parcourons de nouveau la rue Tasoukt pour y reprendre de l’excellent pain à la Boulangerie européenne. 

Nous voilà prêts à prendre vers l’est la route de Tafraoute. Celle-ci ne tarde pas à devenir spectaculaire dès que nous abordons la montagne en passant Assaka. Le relief s’accuse, les pentes se dénudent et se piquent d’arganiers tandis que les creux, bénéficiant de beaucoup plus d’eau, verdoient et sont cultivés en jardins soignés : pierres entassées en murets autour des parcelles, rigoles d’arrosage, sillons réguliers de légumes ou de céréales… Malheureusement le ciel se bouche à nouveau et la pluie reprend, cachant les cimes et éteignant les couleurs.

Un village de montagne
Village au pied des montagnes

La
        campagne après Assaka
La campagne après Assaka

Elle gonfle aussi les oueds qui, chargés d’alluvions arrachés aux fortes pentes, coulent laiteux en débordant de leur lit.

Passage à gué
Franchissement d'un radier dont l'asphalte a été emporté et remplacé par du gravier

Cela nous cause quelques appréhensions lorsqu’à deux reprises nous devons traverser des radiers recouverts par leur courant rapide. L’eau est partout, en larges flaques sur la chaussée, dans des rigoles improvisées au bord même du goudron qu’elle sape, sur les pentes au-dessus du chemin d’où elle ruisselle en multiples cascades, abondantes maintenant, asséchées dans une heure ou demain… En abordant la longue montée jusqu’au Col du Kerdous à 1 100 m, le paysage s’élargit de façon plaisante : les sommets de roc brut dominent les pentes verdoyantes semées de fermes et de douars rouges ou ocres tandis que, tout en bas, serpentent les eaux orangées ou café-au-lait de l’oued.

Paysage
Paysages en montant vers le col de Kerdous

Paysage

paysage avant le col

Mais tout cela finit par disparaître lorsque nous atteignons le niveau du nuage : le spectacle s’évanouit totalement dans une brume épaisse et blanchâtre à travers laquelle on avance lentement, phares allumés, en guettant chaque virage. Espérant voir cette ouate se dissiper bientôt, nous stationnons plus d’une heure juste devant l’Hôtel de Kerdous en forme de casbah dans l’espoir d’apercevoir le panorama** signalé par le Guide Vert, mais en vain.

Du côté de Tafraoute
Au delà du col de Kerdous, en allant vers Tafraoute
Sous la pluie fine et dans la lumière qui s’atténue, nous descendons l’autre côté du col où nous retrouvons une visibilité satisfaisante pour la suite de la route de montagne.

Enfin nous voici à Adaï où, séduits par le formidable empilement de rochers aux formes arrondies qui domine le village dispersé à ses pieds, nous tentons quelques photos, malgré la lumière terne et insuffisante. Adaï

Le garage qui avait recollé le carter fendu en 1989
Le garage qui avait recollé le carter fendu de notre Pilote 470 en 1989
Puis apparaît le gros bourg de Tafraoute. Petit tour pour reconnaître le camping utilisé lors de notre précédent voyage, mais il est plein et nous apparaît quelconque.

Dans les rues boueuses et l’habituel capharnaüm, nous retrouvons le petit atelier «Mecanique general » où nous avions fait réparer le carter fendu du Pilote 470 en 1989 : le jeune mécanicien habile et serviable a vieilli, c’est son fils adolescent qui nous accueille… 

Finalement nous nous installons pour la nuit à deux pas, sur une vaste place sableuse devant la mosquée, auprès d’une dizaine d’autres camping-cars et fourgons qui ont décidé d’y bivouaquer en « sauvage ». Ciel chargé, pluie intermittente et température nettement à la baisse (8°C).


146 588    Mercredi 2 mars 2005 : de TAFRAOUTE à TAFRAOUTE (56 km)

Bivouac
        à Tafraoute sur le place devamt la mosquée
Bivouac à Tafraoute sur le place devant la mosquée

Au réveil sur la grande place et sous un grand soleil, il reste encore plus de la moitié des camping-cars qui se mettent doucement en route. Rythme paisible de la retraite…

Nous commençons par retourner vers Adaï, cette fois sous le soleil. Le paysage de gros rochers entourant une jolie palmeraie est fantastique, on se croirait dans un parc tant l’herbe est tondue régulièrement (les moutons…) et les palmiers éparpillés bien entretenus (les hommes…).
Dans la palmeraie d'Adai

L'herbe tondue par les moutons sous les palmiers d'Adai

Adaï : dans la palmeraie


Les palmiers entre les rochers

Adai : ksar sur rocher et fond de neige
Adaï : ksour sur rocher et fond de neige
Mosquée et hameau d'Adai
Mosquée et hameau d'Adaï

Montée au luxueux Hôtel des Amandiers dont les grands murs roses dominent le village.

Tafraoute-depuis-l_hotel des Amandiers
Tafraoute depuis l'Hôtel des Amandiers

Effectivement la vue sur les petites maisons aux teintes pastel disposées dans la vallée est agréable, et il doit faire bon flâner près de la piscine lorsque la température est plus élevée (il fait aujourd’hui un petit 17°…).

Tafraoute-depuis-l_hotel
Tafraoute depuis l'Hôtel des Amandiers

Agard-Oudard : le Doigt
Balade ensuite vers Agard-Oudard au pied de sa pyramide de gros rochers empilés et fendus (le Doigt) dont on se demande s’ils ne vont pas s’écrouler sur les maisons à leur pied.
Un peu plus loin un panneau indique les Rochers peints (introuvables, mais prétexte à un petit tour sur de beaux rochers arrondis avec un vaste paysage montagneux en arrière).  Monique près des Rochers Peints

Hameau sur la route d'Aït Mansour À deux pas se trouve l’embranchement de la route menant aux gorges d’Aït Mansour, un site** recommandé par le Guide Vert. La chaussée étroite mais assez bien revêtue grimpe rapidement dans la montagne en faisant une succession d’épingles à cheveux. Elles offrent une vue spectaculaire sur la vallée en arrière dont les pentes ocre jaune sont piquetées d’arganiers vert soutenu. Passent plusieurs hameaux hauts en couleurs posés au fond d’espaces plats et cultivés, sur une petite éminence ou au pied des pentes plus raides.

Il faut aussi franchir plusieurs gués sur lesquels coule une eau encore un peu rougeâtre. Puis la route commence à zigzaguer en longeant le lit rocheux de l’oued qui se creuse de plus en plus en un profond canyon presque asséché, au milieu d’un désert pierreux. Pique-nique dans un virage devant le panorama grandiose, avant de poursuivre la descente jusqu’au niveau du torrent. Piquenique dans un virage au-dessus du torrent
Piquenique dans un virage au-dessus du torrent

L'oued et ses palmiers
Soudain, au détour d’un virage apparaît un dense peuplement de palmiers qui crée une étonnante oasis touffue dans ce désert de pierraille nue.

La route s’enfonce sous les arbres; nous laissons l’Aigle sur un stationnement désert et poursuivons à pied. Après un premier radier inondé, on en franchit un deuxième à l’entrée du village de Tiourri (pancarte en français, arabe et berbère). Charmante balade sous les arbres au pied des hautes falaises de roche rouge et nue. Un troisième gué plus profond nous fait renoncer à aller de l’avant, et nous faisons demi-tour en allant flâner un peu parmi les pauvres maisons accrochées au flanc du rocher. Oasis de-Tiourri
Dans l'oasis de Tiourri

On y a une jolie vue sur la verte oasis et son cadre minéral.

Dans
      le hameau au dessus de l'oued
Dans le hameau au dessus de l'oued

Retour par le même chemin, avec arrêt au moment de franchir un lit d’oued : je  profite de l’eau en abondance pour nettoyer l’extérieur de l’Aigle, tandis que Monique lave un peu de linge et fait la vaisselle. Jean-Paul lave l'Aigle dans l'oued
Jean-Paul lave l'Aigle dans l'oued
                                                                 
Monique-fait-une-petite-lessive-dans-l_oued
Monique fait une petite lessive
Vallée d'Aït Mansour
Vallée d'Aït Mansour au retour

Il est 17:30 lorsque nous rentrons à Tafraoute. Petite discussion avec deux Français en fourgon Font-Vendôme (nous avions déjà échangé avec eux ce matin) puis tour dans les rues et ruelles commerçantes du village : ici pas d’apprêt pour le touriste, les prix sont standard pour tout le monde et les produits essentiellement utilitaires. Souper et coucher au sein du même rassemblement de CC qu’hier, sur la place près de la mosquée.


146 644    Jeudi 3 mars 2005 : de TAFRAOUTE à TAGHAZOUTE (190 km)

Lever tardif sous un ciel très gris; il est tombé plusieurs averses durant la nuit sans pour autant qu’il fasse très froid. Départ tranquille vers 10:30, après une longue discussion avec Pieter et Gretel, deux hollandais qui pensent à faire passer leur fourgon de l’autre côté de l’Atlantique pour visiter le Canada et, pourquoi pas, monter jusqu’en Alaska…  

Nous prenons la route d’Agadir (R104) qui monte rapidement et s’engage dans la vallée des Ammelns, au pied du Jbel Lekst dont les pentes ocres mêlées de violacé s’élèvent à plus de 2 300 m. Route de la Vallée des Almens
Route de la Vallée des Ammelns

Village au pied des rochers
Vallée des Ammelns: village au pied des rochers

Au-dessus des cultures abondamment irriguées par les torrents qui sèment leur vert tendre au pied des rochers, des villages accrochent leurs maisons dans toutes les nuances du rouge et du rose. Petites taches blanches ou roses des amandiers en fleurs, malheureusement privés d’une partie de leurs pétales par la pluie des derniers jours qui continue sporadiquement. Les couleurs du spectacle seraient plus vives si le soleil ne demeurait caché derrière le dense plafond nuageux. Village
Vallée des Ammelns

Vallée
      des Almens
Vallée des Ammelns vers le col de Tizi Mlil

La route traverse ainsi plusieurs villages en s’élevant vers l’est, renouvelant les points de vue, jusqu’à passer le col de Tizi Mlil. Suivent une vingtaine de km assez droits qui filent dans une large vallée en plateau où souffle un vent violent.

Nous arrêtons pour manger en rase campagne devant un étrange monument funéraire, peu avant Tioulit, là où la route se met à suivre en corniche la profonde vallée de l’Oued Aît Baha. Ce serait le mausolée recueillant les victimes d'un bombardement de l'armée de l'air française en 1930.

Monument funéraire liée à la répression d'une soulèvement
        en 1930
  Mausolée de Tizrgane conséquent à la répression d'une soulèvement en 1930

Trajet d’une quarantaine de kilomètres spectaculaire, mais aussi épuisant à cause de l’état très dégradé de la chaussée et des virages incessants imposés par le tracé de la route qui suit les courbes de niveau. Parfois un hameau domine le chemin du haut d’un piton, à la façon d’un fort verrouillant le passage, comme celui de Tizrgane, en cours de restauration et destiné à devenir un gîte d’étape…

Tzirgane

Tzirgane, ancien nid d'aigle et futur gîte touristique

Tzirgane

En suivant les gorges de l'Ait Baha

En suivant les gorges de l'Aït Baha

Une courbe particulièrement impresionnante
Une boucle particulièrement spectaculaire

Il manque évidemment la chaleureuse lumière solaire pour donner toute son intensité aux ocres, aux verts et aux violacés des pentes. Le relief s’apaise en arrivant à Aït Baha, au bord de l’oued élargi par un barrage invisible qui a récemment noyé palmiers, route et hameaux.

L'Oued
      Baha inondé
L'Oued Baha inondé

Nous rattrapons ensuite la Plaine du Sous (de Taroudant à Agadir) dont nous connaissons la richesse, évidente à la traversée de la petite ville de Biougra aux rues nettes, aux trottoirs pavés et dont presque tous les immeubles sont achevés et peints dans des nuance de rose pastel.

De nouveau à Agadir, nous passons à l’hypermarché Marjane pour reporter la petite cocotte-minute dont la soupape de sécurité fuit, puis traversons la ville aux rues détrempées par la pluie qui achèvent de rendre à l’Aigle sa couche habituelle de boue et de poussière… Quant à nous, ce sont nos poumons qui accusent le coup : voilà plusieurs jours que nous n’avions ingurgité un telle concentration de gaz d’échappement, le diesel marocain semblant particulièrement mal raffiné et les moteurs trop souvent mal réglés. Les programmes de contrôle anti-pollution auraient ici un certain avenir !

Nous nous empressons donc de traverser la populeuse agglomération, enfilons la route côtière vers le nord en direction d’Essaouira et, pour la troisième et dernière fois, allons bivouaquer sur les grands terrains vacants devant la plage de Taghazoute, au milieu de centaines d’autres camping-cars.

La pluie a rendu le sol assez meuble et glissant mais nous réussissons à nous rendre sans encombres dans un coin occupé par des Allemands peu accueillants. Heureusement l’espace ne manque pas…
Bivouac sur la dune à Taghazoute
Bivouac sur la dune à Taghazoute


Suite dans : 2005-03 Maroc p.9
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