Hiver et printemps 2005

France – Espagne - Maroc

1. En France


Monique et Jean-Paul MOUREZ
à bord de l’Aigle


Photos de cette page sur Google Photo pour voir pleine grandeur et diaporama :
 https://photos.app.goo.gl/5MX9mGsHSVviKNby6


Lundi 17 janvier 2005 : de LYON à RIVES (73 km)

Après ces 3 mois d’errance aux 4 coins de la France, nous prenons enfin la route du Sud. Nous avons en effet décidé de descendre chercher lumière et chaleur jusqu’au Maroc où nous venons d’appeler Houssine. Il nous y attend et parle même de nous accompagner pour un grand tour dans son beau pays. Qui sait, peut-être pourrons-nous aussi y prendre l’avion jusqu’au Gabon pour passer quelques jours avec Anne-Cécile et sa famille ? Nous nous délestons de - presque - tout ce qui nous paraît superflu chez nos amis L., achevons quelques courriers et démarches indispensables, et nous éloignons de Lyon.

En fin d’après-midi donc, départ vers Grenoble avec, pour premier objectif, Cannes où nous devons rejoindre nos amis franco-canadiens Joëlle et Daniel. Le temps est assez doux (autour de 8°C) mais l’obscurité tombe vite… Monique fait quelques visites de boutiques de meubles le long de la RN 6 en traversant St-Priest tandis que je me repose en écoutant la superbe version des Quatre Saisons enregistrée par Fabio Bondi (cadeau de Dominique et Gilles…). Nous roulons plus d’une heure dans la nuit en ignorant le paysage apparemment vallonné, si l’on se fie aux lumières villageoises dispersées sur les pentes autour de nous. Sortie de la grande route en entrant dans la petite ville de Rives dont nous parcourons quelques rues avant d’aller nous caser au fond du stationnement de l’hôpital, dans un calme absolu. Vers 20:15, souper, vaisselle, puis coucher tôt.


Mardi 18 janvier 2005 : de RIVES à DIGNE-LES-BAINS (252 km)

Nuit effectivement tout à fait calme et réveil tardif… Nous reprenons la route vers 9:30 sous un ciel très gris. Elle suit la vallée vers Grenoble, encadrée de montagnes déchiquetées et saupoudrées de neige sur les hauteurs. Beaucoup de circulation sur la N 85, nous réussissons à contourner la métropole dauphinoise et commençons à suivre la Route Napoléon que l’Empereur défait avait suivi à son retour de l’Ile d’Elbe, à l’orée des Cents Jours. Le temps devient de plus en plus sombre et la pluie se met de la partie. Nous roulons sans arrêt dans la vallée profonde qui emprunte un moment le cours du Drac puis remonte jusqu’à La Mure par la longue Côte de Laffrey (plus de 6 km…) que notre petit Aigle escalade péniblement en 3ème et même parfois en 2ème… Nous tournons un peu dans la petite ville de La Mure assoupie par la période du déjeuner, mais finissons par trouver le cabinet de notre courtier d’assurance avec lequel nous voulons clarifier plusieurs points concernant notre contrat. Par chance l’une des secrétaires assure la permanence durant le déjeuner, elle nous accueille aimablement et répond à toutes nos questions.

Col de
          Holme
L'Aigle dans le Col de Holm

La neige qui commence à tomber en flocons épais recouvre progressivement la chaussée, la rendant de plus en plus glissante. Faute de pneus d’hiver ou au moins de pneus 4 saisons, la situation devient critique en abordant les pentes plus rudes du Col Bayard. Rendu à 3 km du sommet, l’Aigle refuse d’aller plus loin et, pour la première fois, je dois lui chausser les chaînes dont heureusement je m’étais équipé en 1998, lors de notre demi-sabbatique. Malgré mes appréhensions, l’installation en est aisée et nous repartons bientôt, cette fois sans hésitation ni glissades. JP-installe-les-chaines
J-P doit installer les chaines pour passer le Col Bayard


Neige-dans-le-Col-Bayard
L'Aigle passe vaillamment le Col Bayard sous la neige...
 
Fin de l’ascension du col (1 248 m) en pleine tempête, tandis que plusieurs voitures « prennent le champ » ou doivent renoncer à en gravir les pentes devenues patinoire.
Nous redescendons très lentement sur Gap où les flocons très denses ont provoqué un embouteillage monstre. J’enlève les chaînes à la sortie de la petite ville et nous poursuivons la descente de la Route Napoléon qui perd progressivement de l’altitude en rattrapant la vallée de la Durance. La neige s’estompe et se mue en pluie fine tandis que l’obscurité s’installe, noyant le paysage dans la pénombre. Nous passons Sisteron dans un crépuscule grisâtre, bifurquons vers la vallée de la Bléone jusqu’à Digne-les-Bains dont les lumières brillent dans la nuit. Quelques kilomètres d’une route très sinueuse et nous allons nous arrêter après un défilé encaissé près de la Clue de Chabrières, dans le stationnement d’un restaurant fermé pour l’hiver.
Pause devant la boulangerie à Gap enneigé


Mercredi 19 janvier 2005 : de CHABRIÈRES à CANNES (122 km)
Bivouac
                  clue de Chabrère
Bivouac dans la Clue de Chabrières

Guère de passage cette nuit, donc sommeil paisible jusqu’au réveil passé 9:00... Autour de nous une légère gelée blanche recouvre herbes et buissons, sans que nous ayons souffert du froid dans notre cocon bien calfeutré qu’un coup de chauffage au lever met à température confortable.
Douche et déjeuner avant de reprendre la route qui nous fait bientôt sortir du défilé et traverser une jolie campagne assez sauvage. La chaussée verglacée par endroits vire sans cesse en longeant le cours de l’Asse, obligeant à une conduite prudente et attentive. Montée du pittoresque Col des Lèques, à 1 146 m, dans le soleil et sans les chaînes cette fois-ci, avant de redescendre sur Castellane niché au fond de la vallée du Verdon, au pied du pain de sucre couronné par la petite église de N-D du Roc. Route du Col des Lèques
Route du Col des Lèques

Castellane-depuis-Col-de-Luens
Castellane depuis le Col de Luens

En passant le Pas de la Faye
En passant le Pas de la Faye

La route accidentée nous fait passer ensuite les Cols de Luens (1 054 m) puis de Valferrière (1 169 m), entourés d’une végétation méditerranéenne de plus en plus affirmée (chêne vert, garrigue et parfois oliviers). Enfin depuis les 981 m du Pas de la Faye apparaît l’étendue dorée de la Méditerranée, au-delà des vallonnements bleutés des petits massifs côtiers.
Nous pique-niquons au bord d’une longue rampe, sous un soleil resplendissant et devant un  paysage magnifique, à l’orée de la descente menant à la petite ville de Grasse où Monique tient à visiter à nouveau le magasin du parfumeur Molinard. L'Aigle-dans-le-Pas-de-la-faye
Pique-nique en descendant le Pas de la Faye

Route Napoléon
Sur la Route Napoléon

Circulation impossible dans les petites rues sinueuses de l’agglomération accrochée aux dernières pentes de la montagne provençale.

Nous finissons par trouver une place dans le stationnement devant la vieille bâtisse, au fond du jardin un peu convenu où un vieil alambic de cuivre annonce la vocation des lieux. Les étalages de savons, flacons d’huiles essentielles et de parfums sont joliment disposés au milieu d’une belle collection de meubles et autres antiquailleries provençales, de quoi admirer pendant que Madame tâche de retrouver l’eau de toilette qui avait retenu ses faveurs il y a une dizaine d’année, lors de notre premier passage.

Nous ressortons enfin des grandes salles aux murs jaunes tout imprégnés des fragrances mêlées en un invraisemblable pot-pourri, et poursuivons notre descente vers Cannes, la mer, la chaleur et le soleil. Il fait très beau, la température dépasse les 15°C, on se sent revivre après tous ces jours de grisaille humide et déprimante du nord de la France.
grasse-alambic-molinar
L'alambic antique dans le jardin de Molinard

Circulation de plus en plus dense et ralentie en passant Le Cannet puis dans les rues étroites du centre de Cannes. Joëlle rejointe sur le GSM nous suggère de parcourir La Croisette jusqu’à son extrémité Est en attendant qu’elle nous rejoigne après s’être libérée de ses obligations.

Cannes : sur-le-port-de la Croisette
Cannes : sur le port de la Croisette

 Nous parcourons donc la magnifique avenue longeant la mer et allons stationner à la Pointe de la Croisette, devant l’école de voile fermée pour l’hiver. Une bonne heure de farniente dans la chaleur et la lumière de la fin d’après-midi nous permet de nous reposer et d’apprécier enfin la douceur de vivre dans cet environnement fameux à juste titre : splendeur de la promenade aux jardins soignés sous les palmiers, luxe des immeubles aux trois-quarts inoccupés, beauté de la baie qui s’étale tout entière sous nos yeux, douceur de la température…
Enfin Daniel nous invite à les rejoindre dans leur luxueux appartement niché au cœur du vieux Cannes, en face du Vieux Port et au bout d’une rue piétonne en arrière du Marché aux Fleurs. Difficile de trouver une place pour stationner dans ce quartier aux rues étroites et très animées, mais nous finissons par laisser notre Aigle au bord de la grande place où se tient le marché.


Cannes-le-port-de-la-Croisette
La Baie de Cannes depuis l'extrémité Est de la Croisette

Agréables retrouvailles avec ces fidèles amis canadiens dont nous avions fait la connaissance dans l’avion de l’immigration, il y a 33 ans… La soirée s’achève dans le petit restaurant du coin autour d’une dégustation de moules… Ce soir nous dormirons dans un « vrai » lit grand format, dans un confort presque oublié depuis le début de notre vadrouille européenne.


Jeudi 20 janvier 2005 : CANNES et alentours (107 km)

Lever précoce pour aller remettre des pièces dans le parcomètre… puis petit-déjeuner détendu dans la grande salle de Joëlle au superbe décor moderne. La conversation s’étend longuement sur les péripéties des débuts de notre séjour puis sur les motifs ayant présidé au choix de la résidence française de nos amis. Nous nous séparons enfin pour vaquer chacuns à nos urgence. Pour faire quelques courses de bricolage et laver l’Aigle couvert d’une dense couche de sel, Daniel nous suggère de gagner le grande centre d’achat de Cannes-Mandelieu.

cannes-place-marche-aux-fleurs
Place du Marché aux Fleurs à Cannes

Je vais quérir dans le Castorama un fermoir à aimant pour achever la petite armoire nouvellement installée au dessus de l'évier, et un joint torique pour notre réservoir d’eau chaude qui continue à fuir.

Pendant ce temps, Monique fait le plein d’épicerie dans le Géant Casino en prévision du souper qu’elle veut offrir à nos amis. Nous nous retrouvons pour aller doucher au Kärsher notre cabane à roulettes qui ressort presque pimpante du lavage à pression.

Comme il fait un temps magnifique et que nous disposons de plusieurs heures avant de rechercher une place de stationnement au centre de Cannes, nous décidons une petite excursion du côté de Juan-les-Pins et du Cap d’Antibes. À la sortie de Cannes, je rate l’entrée de la route côtière qu’il nous sera ensuite impossible de rejoindre car les ponts passant sous la ligne de chemin de fer qui nous en sépare sont tous trop bas pour nous (2,40 m). Nous devons donc subir les ralentissements de la circulation intense et l’environnement peu intéressant de la route urbaine de l’intérieur : traversée de la Californie, puis de Golfe-Juan… Enfin nous retrouvons le rivage en atteignant Juan-les-Pins.

Nous entreprenons alors de faire le tour du cap d’Antibes, en arrêtant un bon moment devant le pittoresque petit port de l’Olivette. Discussion avec un autochtone qui se plaint de l’envahissement par les vacanciers et les touristes : ils chassent les pêcheurs, dénaturent le paysage avec leurs constructions et leurs aménagements…

cap-d_antibes-olivette
Port de l'Olivette

Cap-d_Antibes-la-Garoupe
Les remparts d'Antibes au crépuscule depuis la Garoupe

Arrêt ensuite à la plage de la Garoupe où j’amorce une balade sur le Chemin des Douaniers. Il fait le tour de la presqu’île en offrant de jolies vues sur la Baie des Anges, les remparts d’Antibes, les îles de Lérins, et les montagnes enneigées de l’arrière-pays niçois… Mais le soleil disparaît bientôt, immédiatement la température fraîchit et me fait regagner l’abri de l’Aigle où m’attend Monique.
Retour par la vieille ville d’Antibes et ses étroites ruelles que nous traversons avec beaucoup de précautions, avant prendre à nouveau la route côtière. Elle longe le rivage ouest de la presqu’île incendié par les pourpres, les violets et les ors d’un grandiose coucher de soleil.
Nous rentrons à Cannes par la route côtière dont nous trouvons cette fois-ci l’accès près de la pinède de Juan-les-Pins (souvenirs du festival de jazz de 1968…). 
Cap-d_Antibes-la-Garoupe-crepuscule
Crépuscule enflammé au Cap d'Antibes

Nous profitons de notre passage près de la Pointe de la Croisette pour rechercher - en vain -  le stationnement réservé aux camping-cars tel qu’annoncé par l’Office du Tourisme. Ce détour nous permet au moins de faire le plein d’eau sur une vanne du port de plaisance…

De retour chez Daniel et Joëlle, Monique prépare un délicieux souper (magret de canard…) et nous profitons une fois encore de l’aimable hospitalité de nos hôtes qui nous offrent une autre confortable nuitée ***.


Vendredi 21 janvier 2005 : de CANNES à ST-AYGULF (58 km)

cannes-marche-aux-fleurs
Cannes : une rue près du Marché aux Fleurs
 

C’est aujourd’hui que nous prendrons notre vrai départ en voyageurs autonomes, sans autre étape planifiée avant Fès au Maroc. Pour l’heure, c’est une autre belle journée ensoleillée et tiède qui nous attend le long de la magnifique côte de l’Esterel.

Comme j’ai pris la précaution de créditer le parcomètre hier soir au retour de notre excursion vers le Cap d’Antibes, nous disposons de près de 2 heures pour nous lever et déjeuner tranquillement.
Nous décollons enfin vers 10:00 en entraînant Joëlle et Daniel dans une balade en direction du Pic de l’Ours. La route de corniche est superbe, le soleil avivant l’ocre vif des falaises très découpées dont le porphyre s’abîme dans les eaux bleu outremer de la Méditerranée. Pointe de la Galère
Pointe de la Galère, la côte vers Cannes

Pointe de la Galère
Le porphyre rouge de la Pointe de la Galère

Nombreux arrêts photo et vidéo pour admirer le Golfe de la Napoule depuis la Pointe de l’Aiguille, puis le panorama sur la Pointe de la Galère d’où apparaissent en plongée deux enviables villas perchées tout au bout. À la Pointe de l’Esquilon nous grimpons jusqu’au belvédère de Miramar qui offre une vue grandiose sur les côtes est et ouest.
Autre arrêt dans l’Anse de la Figuerette pour aller admirer la Calanque Maupas, avant de poursuivre jusqu’à la Pointe de l’Observatoire où nous flânons un bon moment en prenant le soleil, au pied du Pic d’Aurelle qui rougeoie au-dessus de nous. Pointe
                  de l'Esquilon : la côte vers l'ouest
Pointe de l'Esquilon : la côte vers l'ouest


Pointe de l'Observatoire
Pointe de l'Observatoire
Esterel-Daniel-&-JP à la pointe de l'Observatoire
Daniel et Jean-Paul à la Pointe de l'Observatoire

pointe de
          l'Observatoire
Pointe de l'Observatoire

Monique a déjà faim (il n’est que 11:30…), elle devra attendre que nous gagnions le Plateau d’Anthéor par la petite route forestière qui s’enfonce dans le Massif de l’Esterel juste avant Agay. Pour le pique-nique sur le stationnement au pied du Cap Roux, nous sortons la table du camping-car, un gros rocher complète notre mobilier, et Monique prépare avec les moyens du bord une copieuse salade niçoise qui fait l’affaire de tous, le paysage grandiose de roc rouge et de mer azur inondé de soleil palliant la rusticité de nos agapes. Pique-nique sous le Pic de l'Ours avec Daniel,
                    Monique et Joëlle
Pique-nique sous le Pic de l'Ours avec Daniel, Monique et Joëlle

Au départ de la balade vers le Cap Roux et le Pic
                  de l'Ours
Au départ de la balade vers le Cap Roux et le Pic de l'Ours
 
Pour nos amis il est temps de regagner Cannes où ils ont affaires en attente. Nous leurs faisons nos adieux en leur exprimant notre reconnaissance pour leur chaleureux accueil dans leur cocon. Pour nous, le temps superbe est une invite irrésistible à randonner. Nous gagnons donc le Rocher de St-Barthélémy au bout d’une demi-heure de marche confortable sur l’ancienne route asphaltée.
De là un chemin assez rude mène au sommet du Pic du Cap Roux. Monique renonce à m’accompagner tandis que je m’élance sur le sentier qui monte à travers pierriers et garrigue au flanc des pentes de porphyre. Le pic
                  du Cap Roux
Le Pic du Cap Roux

Panorama
                sur la rade d'Agay et le Golfe de Fréjus à l'ouest
Panorama sur la rade d'Agay et le Golfe de Fréjus à l'ouest
Le panorama s’élargit vers l’ouest sur la rade d’Agay et le Golfe de Fréjus, tandis qu’à l’horizon la presqu’île de St-Tropez et les îles d’Hyères détachent leur silhouette sombre sur fond de mer scintillante. Je peine un peu (c’est là ma première marche sérieuse depuis les Rocheuses l’été passé !) mais l’effort vaut la chandelle !

Vers le Nord-Ouest, le Massif de l'Esterel au-delà du Pic
          de l'ours à droite
Vers le Nord-Ouest, le Massif de l'Esterel au-delà du Pic de l'ours à droite

Les rochers à pic qui m’entourent et que je finis par dominer rougeoient de plus en plus avec la descente du soleil, l’horizon s’élargit progressivement jusqu’à ce que, 2 heures plus tard, j’atteigne enfin le sommet à 452 m. Depuis la table d’orientation du Touring Club de France, merveilleux panorama sur le Golfe de la Napoule, Cannes et les montagnes enneigée en arrière, et sur le reste du Massif de l’Esterel dominé par le signal du Pic de l’Ours.

Vers
          l'est, Cannes et le Golfe de la Napoule
Vers l'est, Cannes et le Golfe de la Napoule

Quelques minutes de contemplation, et il est temps de me lancer dans la descente, d’autant qu’ayant omis d’emporter mon walkie-talkie, Monique doit commencer à s’inquiéter de ma longue absence. Je dégringole donc le sentier dont les cailloux instables roulent sous la semelle, m’égare un peu en tentant de rejoindre directement le stationnement sans passer par le Rocher St-Barthélémy, et finis par retrouver l’Aigle - et Monique qui partait à ma rencontre… - lorsque le soleil se couche.

Dernier coup d'oeil vers le Cap Roux
Dernier coup d'oeil vers le Cap Roux

Monique vient à ma rencontre sur la route du Cap Roux
Monique vient à ma rencontre sur la route du Cap Roux

Nous sortons alors du Parc dont l’accès est interdit la nuit et poursuivons la route côtière vers le sud-ouest. Contournant le Sémaphore du Dramont, nous passons Boulouris puis St-Raphaël, assez quelconque, et faisons le plein d’essence dans un Géant Casino à la sortie de Fréjus (sans trouver dans l’hypermarché le pyjama qui manque à ma garde-robe !).

Un vent du nord violent s’est mis à souffler tandis que nous cherchons le bivouac du soir. Le quai du petit port de St-Aygulf aurait pu convenir mais nous préférons remonter dans le village où nous arrêtons enfin sous les platanes d’une placette entourée d’immeubles déserts.


Samedi 22 janvier 2005 :de ST-AYGULF aux Moulins de Paillas (RAMATUELLE) (50 km)

Malgré le vent qui a continûment soufflé en rafales, la nuit n’a pas été froide, et le ciel est entièrement dégagé à notre lever. Petit tour sur le port pour tâcher - en vain - de faire le plein d’eau fraîche, puis poursuite de la route côtière. L'Aigle
                  au matin dans le port de Saint-Aygulf
L'Aigle au matin dans le port de Saint-Aygulf


La côte aux Issambres
La côte aux Issambres

Couleurs vibrantes de la mer bleu profond hérissée de crêtes blanches soulevées par le mistral. Les véliplanchistes s’en donnent à cœur joie !


La côte vers l'est aux Issambres

Bref arrêt aux Issambres pour observer le panorama sur le golfe de Fréjus limité par les crêtes rouges de l’Esterel parcouru hier, et pour découvrir les restes d’un rare vivier gallo-romain.

Les Issambres : vivier gallo-romain
Vivier gallo-romain des Issambres

Les Issambres : vivier gallo-romain
 
Puis c’est la traversée de Ste-Maxime où nous faisons provision de cartes postales, avant d’aller stationner devant la grande porte de Port-Grimaud, cité lacustre bâtie de toutes pièces dans un ancien marais au début des années 60 pour accueillir le trop plein des touristes débordant de sa voisine St-Tropez. Port-Grimaud vu du ciel
Vue aérienne de Port-Grimaud

Nous franchissons le pont donnant accès à Port
                  Grimaud
Sur le pont donnant accès à Port Grimaud
Ses maisons, ses canaux, ses quais et ses ponts - style village de pêcheurs provençal – montrent un certain attrait et une belle unité mais tout cela manque de vie alors que la plupart de ses estivants la désertent durant la morte saison. Par ailleurs la cohue qui doit y régner en été n’est pas non plus pour nous attirer…

Sur les
        quais de Port-Grimaud
Sur les quais de Port-Grimaud

Sur les
          quais de Port-Grimaud
Sur les quais de Port-Grimaud

Déjeuner au bord du canal qui ceint la petite ville, avant d’achever le tour du superbe Golfe de St-Tropez et de pénétrer dans la fameuse station.
Dans l'Aigle Monique prépare le déjeuner devant
                  Port Grimaud
Dans l'Aigle Monique prépare le déjeuner devant Port Grimaud
St-Tropez: chapelle Ste-Anne
Saint Tropez : la chapelle Sainte Anne
Son port truffé d’énormes yachts de grand luxe et ses boutiques chic ne nous attirent guère (il ne reste décidément pas grand-chose du modeste mais charmant village de pêcheurs de naguère…). Nous préférons admirer de loin son clocher jaune et ses murs ocres sur fond de mer turquoise depuis la terrasse ombragée de la chapelle Sainte-Anne, un peu au-dessus du village.

Golfe-de-St-Tropez-depuis-la-chapelle-Ste-Anne
La baie de Saint-Tropez depuis la chapelle Sainte Anne

Panorama agréable au nord, bien sûr, ainsi qu’au sud-est sur l’anse de Pampelonne vers laquelle nous nous dirigeons ensuite à travers vignobles et olivaies. Au bout de la route étroite qui prend sur la D 93 s’ouvre une magnifique plage quasi-déserte de plusieurs kilomètres sur laquelle nous marchons un moment puis nous allongeons pour prendre le soleil très vif de ce milieu d’après-midi.

Depuis la chapelle Sainte Anne, le vignoble et, au fond,
          la plage de Pampelonne
            Depuis la chapelle Sainte Anne, le vignoble et, au fond, la plage de Pampelonne

Anse-de-Pampelonne
Plage de Pampelonne

La route grimpe ensuite jusqu’au bourg perché de Ramatuelle dont les ruelles étroites et circulaires ont conservé un indéniable cachet d’authentique village provençal. Ramatuelle
Centre de Ramatuelle

Beau portail de serpentine verte (1620) et Vierge XVIIème dorée dans l’église, fenêtres étroites et hauts murs de maçonnerie des maisons qui s’enroulent les unes contre les autres comme des rondelles d’oignon.

Portail de serpentine de l'église de Ramatuelle
Portail en serpentine de l'église de Ramatuelle
Vierge de l'église de Ramatuelle (XVIIème)
Vierge de l'église de Ramatuelle (XVIIème)

Moulin de Paillas
Moulin de Paillas
Monique repère l’annonce d’une foire aux jouets vendus par les enfants demain matin dimanche, nous resterons donc dormir à proximité sur la colline où se trouvent les anciens moulins de Paillas. Jolie vue sur le village illuminé par les derniers rayons du soleil, lorsque nous nous enfonçons dans la garrigue remplie de chênes-lièges. Nous passons le seul moulin restauré (sur les trois anciennement installés dans le col de Paillas) et, au bout de la petite route de service menant à un radio-phare juché sur le sommet de la colline, allons découvrir le vaste panorama sur le Golfe de St-Tropez, la côte des Maures et, au fond, les Alpes.

Vue-sur-Golfe-de-St-Tropez-depuis-Moulin-de-Paillas
Depuis le moulin de Paillas, panorama sur le Golfe de St-Tropez, la côte des Maures et, au fond, les Alpes.

Le petit stationnement désert à l’entrée de la station nous servira de bivouac pour la nuit. Je profite de la longue soirée pour écrire les légendes et mettre de l’ordre dans mes photos.


Dimanche 23 janvier 2005 : de RAMATUELLE à la plage de BRÉGANÇON (67 km)

Aucun bruit ni circulation durant la nuit très fraîche, mais le ciel est couvert lorsque nous nous réveillons vers 9:00.

De retour à Ramatuelle Monique comme prévu va faire le tour du bazar dont elle rapporte triomphalement une base de veille lampe à pétrole qu’elle entend électrifier plus tard…

Ramatuelle en venant de Paillas
Le village de Ramatuelle au matin

Nous poursuivons la petite route à travers garrigue et vignes vers Gassin, un autre village perché sur sa colline à 201 m, authentique et soigné, d’où la vue plonge largement sur la presqu’île de St-Tropez. À La Croix Valmer, Monique va faire un tour sur le marché du dimanche dont elle revient ravie : non seulement elle a trouvé toutes les victuailles qu’elle cherchait mais l’ambiance et la couleur locales se sont ajoutées à son plaisir. Nous rattrapons ensuite la côte à Cavalaire, au pied de la corniche des Maures qui tombe abruptement dans la mer. Un détour vers le Domaine du Rayol montre le grand jardin exotique fermé pour l’hiver, au moins notons-nous les dates et horaires d’ouverture pour un prochain passage…

Col de Canadel
Depuis la route des Crêtes après le col de Canadel, le cap Nègre et la côte
À Canadel la petite D 27 grimpe brusquement dans la montagne en offrant, jusqu’aux 267 m du Col de Canadel et au détour de ses nombreuses épingles à cheveux, des vues étendues sur la côte et la Corniche des Maures. Le ciel voilé laisse percer parfois un rayon de soleil, nous poursuivons notre périple par la route forestière dite « des Crêtes » en direction de Bormes-les-Mimosas. Le chemin étroit au pavage problématique tournicote sans cesse dans la garrigue en offrant alternativement des vues étendues sur les collines boisées (surtout du chêne-liège) de la Forêt du Dom et sur les villages côtiers à nos pieds : Pramousquier, le Cap Nègre, Cavalière, Aiguebelle, St-Clair…

Au détour d’un virage, un petit troupeau de chèvres s’accroche aux rochers pour brouter les buissons et les arbres épars : les arganiers du Maghreb ne sont pas loin !

Chèvres de Canadel
Les chèvres de la Route des Crêtes

Borme-les-Mimosas
Borme-les-Mimosas sur sa colline

Enfin apparaît le Col de Caguo-Ven et la D 41, beaucoup plus confortable, redescend vers Borme-les-Mimosas. Nous apprécions le site pittoresque du village dont les maisons colorées s’adossent à la colline sur laquelle elles sont entassées, au pied des ruines du château. Stationnant tout en haut, nous nous enfonçons dans le dédale des ruelles qui dévalent, passons un long moment à choisir d’odorants savons traditionnels à la Savonnerie de Borme, puis à admirer les éléments d’architecture et les plantations exotiques dispersés au hasard des détours. Impossible cependant de trouver un café-tabac ouvert pour acheter une carte de téléphone, nous verrons demain.

Avec la fin de l’après-midi, le vent étant toujours présent et le soleil de plus en plus absent, la température s’abaisse, aussi avons-nous hâte de retrouver l’abri de notre petit camion.

Dans la lumière qui grisaille et diminue nous décidons de gagner les plages et d’aller finir la journée sur celle de Cabasson, où j’avais passé des vacances de Pâques familiales en 1964… Nous finissons par dégotter la petite route qui s’enfonce dans les vignes, pas de barre de hauteur sur le stationnement presque désert en arrière de la plage : le ciel est avec nous ! Un petit tour sur le sable me fait retrouver le croissant charmant dont j’avais gardé le souvenir plaisant, ponctué par la masse arrondie de l’îlot sur lequel s’accroche le Fort de Brégançon.
Plage de Cabasson et Fort de Brégançon
Plage de Cabasson et Fort de Brégançon

Mais il fait de plus en plus sombre, le froid s’accentue, nous nous retirons sous les pins et les tamaris pour passer la nuit aux côtés d’un autre camping-car lyonnais.

Lundi 24 janvier 2005 : de CABASSON à SIX-FOURS (74 km)

L'Aigle devant la plage de Cabasson et Fort de
                Brégançon
L'Aigle devant la plage de Cabasson et Fort de Brégançon
Si la nuit s’écoule agréablement, avec pour fond sonore le roulement des vagues sur le sable, en revanche dès 7:00 le grondement d’une grosse génératrice au diesel (probablement celle du restaurant installé en bord de plage) nous réveille et nous empêche de poursuivre notre sommeil. Je déplace un peu le camion, mais il est trop tard, mieux vaut se lever et profiter du temps magnifique quoique venteux. 
Petit tour sur la plage inondée de soleil, devant les flots bleu profond que fait moutonner le mistral, et sur lesquels file une planche à voile…

Nous achevons de parcourir la presqu’île pleine de vignobles groupés autour de toute une collection de châteaux (dont certains grands et riches), sièges de crus fameux de Côtes de Provence.  

Plage de Cabasson
La plage de Cabasson


Puis nous gagnons Hyères fière de ses palmiers et de ses jardins, que nous avons déjà parcourue à deux reprises.

 Le vieux Hyères depuis le Parc Saint Bernard
Le vieux Hyères depuis le Parc Saint Bernard
  Cette fois c’est la Villa de Noaille qui nous attire presque en haut du rocher dominant la vieille ville. L’Aigle s’essouffle un peu à gravir la Montée de Noaille, étroite et très raide, mais finit par nous mener à l’orée du jardin touffu qui entoure la Villa.  Hélas ! celle-ci est fermée le lundi ; nous ne pourrons faire connaissance avec l’une des premières architectures modernes de la Côte...

Nous n’en apprécions pas moins la promenade dans les allées et les escaliers du Parc Saint Bernard accroché à la pente orientée plein sud. Les bosquets nous mettent à l’abri du vent froid, le soleil de midi est à son plus chaud, et la vue panoramique à 180° sur la côte, au-delà de la vieille ville à nos pieds, est magnifique.

Hyères villa de Noailles
Façade de la Villa De Noaille
Hyeres-jardin-de-la-villa-de-noailles
Jardin de la Villa De Noaille

Hyeres-poterne-du-chateau-medieval
Entrée de la première poterne du château d'Hyères

Lorsque nous montons ensuite jusqu’aux restes du château féodal dont on achève la restauration des tours avancées, la vue s’étend encore davantage à l’est et à l’ouest, tandis qu’au nord se découvre le demi-cercle tout à fait sauvage des montagnettes boisées des Maures. Le spectacle me retiendrait longtemps si le vent très froid ne me chassait bien vite de la crête hérissée de quelques vestiges médiévaux.
Vue sur les Maures depuis le donjon du château
                    d'Hyères
Les Maures depuis le château d'Hyères

Lorsque je regagne la chaleur de l’Aigle au pied du chantier, Monique a préparé le déjeuner bientôt dévoré à belles dents. Nos provisions étant largement entamées depuis notre dernier marché, il est temps de remplir la cambuse de l’Aigle. Direction le grand centre commercial de La Valette avec ses Ikea, Carrefour et consorts…

Comme d’habitude nous avons un peu de difficulté à nous démêler dans les voies d’accès (succession de ronds-points, rampes incurvées, détours sophistiqués) mais finissons par arriver au but. Monique va traîner un bon moment dans les allées d'Ikea, avec l’alibi de chercher une poubelle pour l’Aigle, tandis que je poursuis l’élaboration du cd–rom consacré à notre voyage de sabbatique 1997. Elle revient bredouille, nous gagnons alors le grand stationnement du Carrefour avant de nous lancer dans l’exploration de ses vastes et nombreuses allées. Achat des guides et cartes d’Espagne et du Maroc, d’une provision de lecture romanesque pour Madame, choix laborieux d’un pyjama pour Monsieur, plein de victuailles enfin… La nuit est tombée lorsque nous ressortons avec notre chariot chargé à ras bord. Il fait maintenant beaucoup plus froid (moins de 5°) et je dois faire fonctionner le chauffage pendant que nous tâchons de tout caser dans les placards et les soutes de l’Aigle.

Souper sur le stationnement puis route vers Toulon et le petit port du Mourillon où Monique pense pouvoir trouver l’espace du bivouac. Par acquit de conscience elle nous fait aller jusqu’à la Villa des Iris où elle a vainement tenté toute la journée de rejoindre par téléphone sa tante Liliane qui l’accueillait l’été durant son adolescence. Effectivement la bonne vieille tante est bien là, qui nous accueille avec gentillesse et chaleur. Nous passons près d’une heure à échanger avec elle, avant de prendre congé et chercher un peu plus loin sur la route un espace favorable au coucher. Pour cela nous devons traverser toute la ville de Toulon, puis passer la Seyne et atteindre enfin Six-Fours. Nous quittons alors la grande route pour stationner devant une maison, au coin d’une rue, près d’un cimetière. Coucher immédiat vu l’environnement et l’heure tardive (il est près de 23:00)


Mardi 25 janvier 2005 : de SIX-FOURS à NIOLON (L’ESTAQUE) (117 km)

Sanary
                    : le port et le clocher
 Sanary : le port et le clocher

À l’issue d’une nuit fraîche mais tranquille, le passage de quelques voitures de travailleurs vers 8:00 nous réveille. Nous nous mettons en route immédiatement, histoire de disposer à coup sûr d’eau chaude pour la douche. J’arrête devant la mer en entrant à Sanary, sur le chantier d’un grand stationnement en construction. Toilette, petit-déjeuner, passage à la Poste pour expédier les CD de notre voyage en Alaska à Gilles et à Juliette, puis stationnement sur le parking du port.

Il fait encore aujourd’hui un temps magnifique, aussi allons-nous traîner près de 2 heures autour du bassin de la petite ville, probablement celle que nous préférons sur toute cette Côte d’Azur, car elle a gardé un certain cachet d’authenticité. Ses vieillies maisons entourent toujours le quai où mouillent encore plusieurs barques et bateaux de pêcheurs, ses places et ses rues étroites en arrière restent encore très vivantes, même en cette morte saison. Coup d’oeil aux vitrines des agences qui nous confirme la cote élevée (en €…) de ce petit coin de paradis. Au moins profitons-nous de la beauté de l’environnement pour tenter une série de photos qui en rendront le charme.

Sanary : le port
                                                                    Sanary : le port

Sanary-terrasse-sur-le-port
Sanary : l'Agricuture sur la Place de la Tour

Marché
Au marché de Sanary

Vitrine de patisserie
Vitrine de patisserie devant le port de Sanary

port de
        Danary
Le port de pêche de Sanary

Sanary-le-port
Sanary et son bassin

Nous gagnons ensuite Bandol (village quelconque mais mer superbe…) puis les Lèques où nous nous engageons sur une petite route au ras du rivage pour pique-niquer au grand soleil (quoiqu’à l’abri car le vent demeure très froid). Les-Leques-pique-nique-vue-vers-Bandol
Pique-nique devant la plage de galet des Lèques
Route-des-cretes-l_Aigle-au-dessus-de-La-Ciotat
En montant au dessus de La Ciotat et son chantier maritime
Traversée ensuite de la Ciotat pour gagner la Route des Crêtes. La rude montée découvre progressivement un panorama grandiose sur la petite ville et la côte découpée en arrière.

Vue-sur-La-Ciotat-en-prenant-la-Route-des-Cretes
Panorama sur La Ciotat en prenant la Route des Cretes

Début de la Route des Crêtes, après La Ciotat et vers
          Cassis
Début de la Route des Crêtes, après La Ciotat et vers Cassis

Contraste des pentes presque désertiques de la Grande Tête et de la falaise à pic tombant vers l’ouest sur Cassis, les îles et les Calanques… Route-des-Cretes-Cap-Canaille
Du haut du Cap Canaille, vue vers Cassis et ses calanques

Route
          des Crêtes, vue vers Cassis
Route des Crêtes, vue vers Cassis et les Calanques

Nous allons jusqu’au Sémaphore, à 328 m au-dessus des eaux bleues et moutonnantes, puis faisons plusieurs arrêts au bord des lacets entourant le Cap Canaille. Partout la même vastitude dans le paysage de mer bleu profond, de ciel transparent, de terres s’avançant et se creusant jusqu’à disparaître dans une brume bleutée à l’infini.

L'Aigle sur le Cap Canaille
L'Aigle sur la Route de Crêtes

J-P-devant-le-Cap-Canaille
Jean-Paul sur la falaise du cap Canaille               

Route des-Cretes vers les Calanques
Route des Crêtes, vers les Calanques

Cassis depuis la fin de la Route des Crêtes
Cassis depuis la fin de la Route des Crêtes
Une descente très vive et rapide nous ramène au niveau de la mer à Cassis dont nous évitons le labyrinthe, sans que nous fassions non plus le détour vers les Calanques, très pittoresques mais déjà visitées deux fois.

Cap-Canaille-depuis-Cassis
La falaise du Cap Canaille depuis Cassis

Une vingtaine de kilomètres d’une route de montagne empruntant force épingles à cheveux nous entraîne ensuite jusqu’à Marseille que nous découvrons pour la première fois. Circulation dense, mais agréable surprise de la grande perspective de l’Avenue du Prado avant de nous enfoncer dans les rues plus étroites de la vieille ville (Rue de Rome). Éblouissement du bassin du Vieux Port aux quais remplis de magnifiques bateaux de plaisance, tandis que tout autour les façades restaurées des immeubles de pierre dorée donnent un air cossu au site, rappelant la vocation antique de la Porte du Levant.

Nous filons ensuite dans la lumière qui diminue déjà le long des quais industriels et commerciaux de la Madrague, vers les collines de l’Estaque où nous voulons bivouaquer ce soir. La recherche d’un Guide Vert de la Provence nous fait monter jusqu’au Centre commercial du Grand Littoral où nous trouvons un autre Carrefour semblable à celui d’hier. Cette fois-ci nous irons chercher directement les produits manquants, mais la nuit est déjà noire lorsque nous remontons à bord. Souper sur la parking, avant quelques kilomètres d’une route sinueuse et montueuse dans une montagnette à peu près déserte qui nous font gagner le tout petit port de Niolon. Nous en admirerons demain la belle calanque (premier centre de plongée d’Europe…). Bivouac sur le minuscule stationnement de la petite gare, seul endroit à peu près dégagé et plat du  village, après quelques manœuvres hasardeuses – heureusement sans casse ! – dans les deux ruelles encombrées du hameau.


Mercredi 26 janvier 2005 : de NIOLON à MIREVAL (près SÈTE) (228 km)

Nuit tranquille sur notre fin de route mais plus que fraîche, à tel point qu’une petite stalagmite de glace s’est formé sous une fuite du réservoir d’eaux grises… Niolon : stalacmite de glace sous l'Aigle
Niolon : stalagmite de glace sous l'Aigle

Mon sommeil a d’ailleurs été perturbé par le froid vers 5:00, et j’ai dû allumer le chauffage pour me rendormir jusque passé 9:00. Monique traîne au lit et nous sommes debout seulement vers 10:30. Je « chinchonne » un long moment la manette du frein à main accrochée et tordue hier avec ma ceinture de sécurité en descendant rapidement prendre une photo… Le cliquet ne fonctionnant plus, impossible de bloquer le frein et donc de sécuriser notre véhicule à l’arrêt. Je finis par rétablir minimalement son fonctionnement, en attendant de le faire revoir dans un garage.

Port-de-Niolon
Le petit port de Niolon

À 11:30 nous sommes prêt à découvrir le site du petit port et de la calanque de Niolon. Dans un vent encore très violent et frisquet, nous descendons la ruelle à pic où nous avons failli rester coincés hier dans la nuit. Aujourd’hui, le plein soleil révèle le site dans toute son authenticité : autour de l’anse abritant encore quelques barques, d’humbles bicoques de pêcheurs forment un demi-cercle irrégulier.

Nous nous en étonnons, à si peu de distance de la grande ville de Marseille que l’on aperçoit de l’autre côté de la rade. Niolon-le-port
Niolon : le bassin du petit port, au fond Marseille


Niolon-la-Calanque
Calanque de Niolon
Impossible en revanche de faire le tour du promontoire pour aller admirer de plus près la calanque, l’ancien fort occupé par l’UCPA (qui y a installé la plus importante école de plongée d’Europe, selon le Guide Vert) étant entièrement entouré d’une clôture infranchissable. Le vent frais finit par nous ramener à l’Aigle toujours stationné devant la petite gare où le trafic semble minime.

Nous rembarquons pour achever notre tour de l’Estaque en remontant d’abord sur le Massif. Dans le paysage semi-désertique de maigre garrigue affleure un peu partout le calcaire blanc, un peu comme aux Baux dans les Alpilles mais sans les vastes perspectives qui nous enchantent là-bas.

Nous rattrapons ensuite le bord de la mer pour découvrir en Carry-le-Rouet puis Sausset-les-Pins des petites stations balnéaires quelconques et désertes, identiques à celles que nous traversons depuis maintenant près d’une semaine. Carro n’échappe pas à la règle, mais le vaste espace dégagé près du phare de Cap Couronne nous paraît beaucoup plus intéressant, au point d’y passer près d’une heure et d’y pique-niquer. Piquenique devant la Cap Couronne
Pique-nique devant Cap Couronne

Remontée ensuite vers Martigues. La petite ville aux couleurs typiquement méditerranéennes occupe un site original, au débouché du Canal de Caronte reliant le Golfe de Fos à l’Étang de Berre. Jolie vue sur les ponts et les bassins reliant les deux rives.


Pont à Martigues

Comme le temps demeure très froid malgré le grand soleil, nous ne nous attardons pas et décidons de nous avancer vers l’ouest en enfilant l’autoroute (d’abord prise dans la mauvaise direction…) puis la rapide 4 voies qui file vers Fos-sur-Mer (nombreuses installations industrielles, terminal pétrolier et raffineries) avant de traverser la Camargue en direction d’Arles. Le vent formidable que n’arrête aucun obstacle dans cette plaine presque nue m’oblige à corriger sans cesse les embardées de l’Aigle qui, malgré son poids, offre une grande prise au vent latéral. Enfin nous traversons la vieille ville provençale sans nous arrêter et bifurquons plein ouest en direction de Montpellier. Les vastes étendues plates de la Camargue disparaissent progressivement, remplacées par la plaine du Languedoc un peu plus mouvementée. La force du vent s’exerce davantage sur notre arrière, facilitant notre progression, tandis que le ciel se couvre un peu et que le soir descend.

Abbatiale Saint-Gilles
Abbatiale Saint Gilles
Bref arrêt en passant Saint-Gilles pour admirer la riche façade sculptée de son abbatiale du XIIème, malheureusement très sale et en fort mauvais état*. Il faudrait prendre le temps de détailler chaque scène ou chaque statue, mais le vent glacial (1°C au thermomètre extérieur de l’Aigle) se montre ici aussi dissuasif.


* Elle a depuis été fort bien restaurée (2018).

Le baiser de Judas
Façade de l'Abbatiale Saint Gilles : le Baiser de Judas (avant restauration)
Abbatiale St-Gilles-du-Gard Le baisoer de Judas
                  (détail)
Jésus et Judas (après restauration en 2018)

Saint André
Façade de l'Abbatiale Saint Gilles : l'Apôtre St André

David et Goliath
  Abbatiale Saint Gilles : David et Goliath

Reliquaire de Saint Gilles
Façade de l'Abbatiale Saint Gilles : reliquaire du saint
Aôtres
 Saint-Jacques le Majeur et Saint-Paul

Nous préférons faire un peu plus loin quelques courses dans le centre commercial de Vauvert (chargeur de piles pour moi, pantalon de lainage pour Monique) en renonçant à faire changer les plaquettes de freins avant de l’Aigle dans le « Roady » local, faute de pièces. Un dernier bout de conduite dans la nuit maintenant établie nous fait contourner Montpellier par l’autoroute pour aller enfin bivouaquer dans un paisible lotissement de Mireval, un village à mi-chemin entre la capitale languedocienne et Sète.


Jeudi 27 janvier 2005 : de MIREVAL à SALSES-LE-CHÂTEAU (156 km)

Peu à dire aujourd’hui puisqu’après une autre nuit très fraîche (glaçon dans la fenêtre de la cuisine !) nous avons peu roulé, surtout préoccupés de faire remettre les freins avant en état. Le garage VW de Sète ne donnant plus de service aux utilitaires, le gérant peu serviable me donne une adresse à Montpellier (50 km en arrière !) et se dit incapable de me préciser si le garage de Béziers saura me dépanner… Pourtant le téléphone, ça existe, non ? Je le laisse en lui donnant ma façon de penser du « réseau VW »… Nous voilà donc en route vers cette autre grande ville parcourue il y a quelques semaines. De fortes rafales continuent de nous accompagner sur la route plate et droite, exigeant une conduite attentive pour garder le cap, et réduisant la vitesse - déjà faible - de l’Aigle dont le petit moteur peine à contrer la force du vent. Heureusement, rançon de ce mistral effréné, le ciel est très clair et le soleil brille.

Vers 11:50 je trouve le garage annoncé, et les plaquettes pour LT sont en stock, mais il est trop tard pour entreprendre la réparation. Mise en ordre de nos papiers, lecture pour Monique d’un autre roman de J. Benzoni tandis que je vais au Castorama quérir de l’eau déminéralisée pour les batteries dont j’ai fait les niveaux, ainsi qu’un fermoir pour achever la construction du petit placard au-dessus du réchaud. Nous déjeunons et revenons au garage. Il faut un long moment aux mécanos chargés de la réparation pour trouver un espace de travail dégagé - les ateliers sont surchargés… - puis pour hisser sur un pont notre haut et lourd véhicule. Enfin les roues sont démontées, l’usure excessive des plaquettes constatées et les pièces remplacées. Un petit essai routier confirme la disparition des symptômes inquiétants (bruit, perte de trajectoire…) et nous repartons vers 16:30, soulagés de nos inquiétudes et de 180 € ! (pas donné, le service chez le concessionnaire !).

Pont Vieux et Cathédrale Saint Nazaire de
                      Béziers
Pont Vieux et Cathédrale Saint Nazaire de Béziers
Nous contournons l’agglomération en faisant quelques erreurs d’aiguillage, la signalisation française restant fidèle à elle-même. Ce qui nous fait passer au pied de la fameuse cathédrale Saint Nazaire juchée sur la colline au-dessus du Pont Vieux médiéval, leurs vieilles pierres dorées par la soleil du soir.

Puis nous prenons la route de Montpellier en suivant l’itinéraire déjà parcouru début décembre (Enserune, etc.). Le soir descendant, la fatigue de la conduite par grand vent aidant, nous nous arrêtons tôt dans le village vinicole de Salses, sur un autre lotissement anonyme comme celui d’hier, à l’écart de la grande route et de la ligne de chemin de fer, mais pas complètement à l’abri des rafales du vent glacé qui ne tarderont pas à refroidir la cellule. Souper rapide puis veillée écourtée pour se glisser sous la double épaisseur de duvets, serrés l’un contre l’autre dans la capucine.


Vendredi 28 janvier 2005 : de SALSES-LE-CHÂTEAU à EL PORT DE LA SELVA (Costa Brava) (117 km)

Nuit encore très froide, le vent violent continue de souffler dans le petit stationnement où nous avons trouvé refuge à l’écart de la route. Bien au chaud sous nos duvets, nous paressons et nous levons tard, écrivons le courrier à la famille et aux amis pour enfin décoller vers midi…

Plein des citernes sur le boyau d’un chantier de construction désert à Rivesaltes.

Nous traversons rapidement Perpignan que le froid nous dissuade de revisiter, puis bifurquons vers Argelès où nous allons pique-niquer devant le petit port de pêche totalement désert (la morte saisons et… le vent). Paysages de côte et de plages assez plates, donc sans intérêt notoire. Je profite du robinet des WC publics pour remplir nos 5 bouteilles d’eau potable, puis nous retournons dans le centre d’Argelès expédier notre courrier à la poste maintenant ouverte.
Piquenique devamt le port d'Argeles
Pique-nique devant le port d'Argeles


Dans le port de Banyuls
Dans le port de Banyuls

Direction plein sud maintenant, vers Collioure dont nous faisons le tour sans refaire les balades faites sous des cieux à peines plus sombres il y a presque 2 mois. Passent Port-Vendres, puis Banyuls en empruntant la route de corniche extrêmement tortueuse mais oh combien pittoresque puisqu’elle virevolte au milieu des vignes en offrant sans cesse des vues renouvelées sur le rivage rocheux très découpé.

Le vent très froid continue de souffler avec furie, si bien que je dois m’accrocher à ma portière en descendant photographier le spectaculaire Cap Rederis pour éviter qu’elle ne se retourne. Cap Lladro
Cap Lladro

Cerbère
Cerbère  

Nous voici enfin à Cerbère, autre joli village blanc blotti au fond de son anse au pied des contreforts des Albères. Au centre de la vallée étroite s’évasent les rails en éventail de la dernière gare française avant la frontière espagnole toute proche. Par une autre montée très sinueuse et venteuse dans le soir qui s’étend, nous passons en Espagne via un poste de douane abandonné pour redescendre abruptement sur son homologue hispanique Portbou.

La route des plus sportives se poursuit vers Colera puis El Port de Llança atteint au crépuscule. Progression très lente tant les épingles à cheveux et les virages serrés s’enchaînent, tandis que les rafales continuent de nous secouer à chaque changement de cap.

Port-la-Selva-cote-vers-le-nord
Port-la-Selva : la côte vers le nord

Nous arrivons enfin au village de El Port de la Selva au fond de son anse que nous nous sommes fixé pour étape ce soir. Il étale ses maisons blanches en hémicycle au flanc de la montagne à laquelle il s’adosse. Nous parcourons le quai tout au long, à la recherche d’un endroit favorable au bivouac, mais partout la tramontane (ce vent froid soufflant du nord) nous rejoint, secouant le camion et accélérant son refroidissement nocturne.
El Port de la Selva en soirée
El Port de la Selva en soirée

Nous finissons par nous replier sur une grande place à l’entrée de la petite ville, entourée de petits immeubles résidentiels apparemment destinés aux vacanciers mais bien sûr totalement vides pour l’heure. Calme assuré, et surtout abri presque parfait contre les rafales. Nous nous y installons pour la nuit.


Suite 2005 Espagne et Maroc : 2. En Espagne
Accueil