Hiver et printemps 2005

France - Espagne - Maroc

2. En Espagne


Monique et Jean-Paul MOUREZ
à bord de l’Aigle


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El
          Port de La Selva au fond de sa baie
El Port de La Selva au fond de sa baie

Samedi 29 janvier 2005 : de EL PORT DE LA SELVA à L’ESCALA (103 km)

Nuit paisible durant laquelle nous ne souffrons pas du froid, malgré le vent qui continue de souffler en tempête.

Ciel clair et grand soleil au réveil, nous décollons à 10:30 pour escalader la petite route sinueuse et pentue qui mène au monastère de Sant Pere de Rodes. Après le panorama renouvelé sur l’anse de la Selva où moutonne la Méditerranée bleu intense, les vues superbes sur le Golfe du Lion et la côte française au nord se multiplient et s’élargissent au fur et à mesure de l’ascension, très lente vu la pente accusée.  El-Port-La-Selva-depuis-la-route-de-San-Pere
En montant vers Sant Pere de Rodes, El Port de la Selva

Aux virages incessants s’ajoutent les rafales qui secouent l’Aigle; je roule donc très prudemment, ce qui nous laisse tout le temps de voir apparaître le Cap Creus au sud-est, prolongé d’une suite de promontoires qui s’estompent dans le lointain bleuté.

En montant vers Sant Pere de Rodes, la côte vers le
                Nord
Depuis San Pere de Rodes, la côte vers le nord

L'Aigle-devant-San-Pere-de-Rodes
L'Aigle en arrivant au monastère de Sant Pere de Rodes                           

Le monastère de Sant Pere de Rodes
Le monastère de Sant Pere de Rodes

Les murs sombres et les tours de l’abbaye finissent par apparaître après 7 km de montée ininterrompue. Nous laissons l’Aigle sous bonne garde dans le stationnement, et nous emmitouflons pour parcourir les 500 derniers mètres qui nous séparent du vénérable monument.
Commencé au Xème siècle, il a vu sa structure et son décor se compléter et se complexifier jusqu’au XVIIème. La décadence de la vie religieuse a alors amené sa désaffection pour le laisser à l’état de ruine jusqu’à une époque toute récente. Une restauration majeure (à même des fonds européens) a permis de relever une partie des murs, de restituer abbatiale, cloître, réfectoire, superbe clocher de style lombard du XIIème et logis de l’Abbé pour redonner au bâtiment l’essentiel de son apparence, au moins extérieure. Sant Pere de Rodes : le clocher XIIème
Sant Pere de Rodes : le clocher du XIIème


Nef
        de l'abbatiale
Sant Pere de Rodes : nef de l'abbatiale

Les chapiteaux en haut des piliers de la nef sont remarquables par la richesse et la finesse de leur décor, tout comme les 3 petits chapiteaux sauvegardés dans le cloître.

Chapiteau de la nef
Sant Pere de Rodes : chapiteaux de la nef


Sant Pere de Rodes : le cloître
Sant Pere de Rodes : le cloître

Sant Pere de Rodes : chapiteaux préservés du cloître
Sant Pere de Rodes : chapiteaux préservés du cloître
Sant Pere de Rodes : chapiteau du cloître
Sant Pere de Rodes : chapiteaux du cloître


san-pere-de-rodes


Quant au grand portail sculpté entièrement détruit mais dont la renommée demeure, on n’en expose plus que quelques fragments, remarquables il est vrai.
Sant Pere de Rodes : sculpture du portail
Sant Pere de Rodes : sculpture du portail
Sant
              Pere de Rodes : les alentours et la Méditerranée
Sant Pere de Rodes : les alentours et la Méditerranée
Nous passons près d’une heure à faire le tour du monument, sans trop nous attarder à l’extérieur où le vent froid souffle en tempête. Retour au camping-car puis de nouveau longue descente spectaculaire.


Sant Pere de Rodes : en redescendant vers El Port de la
            Selva

Sant Pere de Rodes : en redescendant vers El Port de la Selva

Nous gagnons ensuite le petit port de Cadaques par l’étroite route très sinueuse qui grimpe à l’intérieur des terres. C’est Salvador Dali, suivi d’un ensemble de peintres et d’écrivains du début du XXème, qui a lancé cette petite station balnéaire. Elle garde échelle humaine, on se demande pourquoi, vu le charme du site et les nombreux espaces disponibles pour les « développements » des promoteurs… Arrivée à Cadaques
Arrivée à Cadaques
Cadaques
              au fond de son anse
Cadaques au fond de son anse
Tant mieux ! Nous suivons la rue étroite longeant la mer, bordée de pittoresques vieilles maisons de pêcheurs puis d’élégantes villas plus récentes. Au bout du cap au nord, nous déjeunons dans une anse dont la plage de gravier accueille une dizaine de barques colorées échouées pour l’hiver. Au retour vers le centre, Monique remarque plusieurs constructions récentes dont le style, très simple et dépouillé, rejoint nos aspirations architecturales : un seul niveau, ligne basse, façade en portes de verre, côtés aveugles en pierre locale maçonnée sans apprêt, toit presque plat couvert de tuiles romaines…

Cadaques-barques-sur-la-plage
La plage du pique-nique à Cadaques

Depuis le
              Cap Creus, vue vers le nord
Depuis le Cap Creus, vue vers le nord
Il est maintenant temps de prendre le chemin du Cap Creus que l’on rejoint en traversant un vaste espace de garrigues protégé en un parc naturel. Très beau paysage sauvage avec vues spectaculaires sur la mer, ses criques et ses calanques sur fond de montagne et de côte découpée, qui culmine avec l’approche du Cap lui-même et de son phare.

Panorama magnifique à 360°, mais la tramontane qui fait déferler la mer en vagues spectaculaires et la couvre de moutons et d’embruns nous transperce malgré nos coupe-vents, si bien qu’il faut renoncer aux balades sur les sentiers qui s’offrent tout autour de nous. Au Cap Creus
Au Cap Creus

L'anse de Cadaques et le village
L'anse de Cadaques et le village

Retour à Cadaques par la même route en admirant la côte derrière le pare-brise (qui n’a jamais été si bien nommé !). Nous remontons à nouveau à l’intérieur des terres pour redescendre dans la plaine de l’Emporda, et passons Roses où faisons quelques courses d’épicerie dans un Champion (l’Europe des épiciers…).

Castello d'Empuries : façade de l'église Santa Maria
Castello d'Empuries : façade de l'église Santa Maria
Nous nous enfin enfonçons dans les ruelles de Castello d’Empuries pour aller admirer, au pied de son typique clocher catalan du XIVème, le portail de l’église Santa Maria.

Dans la lumière de plus en plus faible du crépuscule, la scène d’Adoration des Mages du tympan se devine à peine, tandis que les grandes statues des Apôtres qui l’entourent sont à peine plus visibles. Nous sortons sans casse du dédale des ruelles très étroites, et filons dans la nuit maintenant établie à travers des terres plus ou moins marécageuses jusqu’à L’Escala. Nous allons y stationner pour la nuit dans une rue résidentielle tranquille, le plus possible à l’abri du vent qui continue de secouer le camion et de le réfrigérer.


Dimanche 30 janvier 2005 : de L’ESCALA à ST AGARO (96 km)

Si la circulation presque nulle ne nous dérange guère, le froid en revanche me réveille tôt dans la nuit et je dois m’emmitoufler dans mon duvet pour atteindre mon quota de sommeil… Au matin, grand soleil lorsque nous nous levons vers 9:30 pour gagner les ruines grecques et romaines d’Emporion dont nous sommes tout proches. Douches et petit-déjeuner sous la pinède et au soleil, avant de nous lancer à la découverte du site de ce comptoir phocéen (le 2ème plus important après Massilia). Au bord de la pinède où nous déjeunons...
Au bord de la pinède où nous déjeunons...

Rempart et porte d'Emporion
Remparts et porte d'Emporion

Il constitua un avant-poste de la colonisation grecque d’Asie Mineure au VIème siècle av. J-C., jusqu’à ce que les Romains débarquent au IIème siècle, à l’époque des Guerres puniques, et l’intègrent progressivement à leur propre colonie d'Hispanie. Au-dessus de la plage donnant sur le superbe Golfe de Roses (flots bleu profond ourlés de crêtes écumantes, falaises tombant dans la mer, Pyrénées enneigées à l’horizon) les premiers arrivants avaient bâti une ville hellénistique maintenant presque entièrement dégagée et dont on peut visiter les fondations bien mises en valeur.

En circulant de rues en ruelles et en suivant les explications bien présentées sur le feuillet et dans l’audio-guide remis à l’entrée du site, l’organisation et l’art de vivre sophistiqués des Anciens nous frappe encore une fois : fortifications, lieux de culte (à Asclépios entre autres), boutiques, confortables villas, agora de petites dimensions mais complet, système de citernes et d’égouts, rien n’était laissé au hasard. La grande lumière rendrait agréable la balade à travers les vieilles pierres si la tramontane ne continuait à nous transpercer. Le
              santuaire dédié à Asclepios, le dieu guérisseur
Le sanctuaire dédié à Asclepios, le dieu guérisseur

Au bout de cette première tranche d’exploration, nous allons nous réchauffer en faisant le tour des vitrines fort bien montées du petit musée. Celui-ci  présente une série d’objets découverts lors des fouilles et les replace dans leur contexte historique, géographique, culturel, pratique…



Autel décoré d'un coq peint
Autel décoré d'un coq peint
Lampe à huile
Lampes à huile et pot de terre cuite

Monique explore une insula
Monique explore une insula
Un peu réchauffés, nous sommes prêts à explorer les quelques insulae (pâtés de maisons) de la ville romaine plus éloignée de la plage qui ont été dégagés. Ce sont surtout trois vastes villae dont les plans détaillés et des restitutions graphiques précises permettent d’imaginer l’organisation et l’art de vivre, à partir des soubassements de pierre et des bases de mur en pisé qui ont été remontés. De grandes mosaïques en garnissaient de nombreuses salles, mais elle sont malheureusement recouvertes de sable pour les protéger durant l’hiver.
Cela ne nous empêche pas d’apprécier une autre fois l’agencement de ces constructions romaines qui ont su reprendre les principes des maisons grecques antérieures (et que nous venons de découvrir) tout en en améliorant le luxe et l’agrément. La visite s’achève par l’examen rapide des thermes publiques récemment exhumées dans une insula adjacente puis, plus loin, par un tour du forum et enfin des remparts sud bien conservés. Modèle
Modèle de maison hélenistique à péristyle
dont le plan fut adopté par les Romains


Forum
      romain
Forum romain
Porte dana le rempart romain
Porte dans le rempart romain

Ravis de cette riche escale de plus de 3 heures dans un environnement magnifique, nous reprenons la route pour longer vers le sud cette Costa Brava dont nous découvrons avec tant de plaisir les attraits. Route rapide vers Torroella de Montgri où j’hésite puis renonce à m’engager dans les ruelles étroites grimpant au pied de l’église et du château médiévaux.

Depuis la colline de Begur où nous pique-niquons,
                la longue Playa de Pals
Depuis la colline de Begur où nous pique-niquons, la longue Playa de Pals

Nous rattrapons la côte très accidentée à Bégur et allons déjeuner tout en haut de la colline au-dessus du village, sur un chemin escarpé menant à un signal d’où s’étale une vue spectaculaire sur la grande Playa de Pals, la suite de caps s’étendant au nord et les montagnes enneigées. Bel endroit pour bâtir une petite maison, d’autant que le coin n’apparaît pas encore trop « développé ».

Nous nous égarons un peu en nous éloignant de la mer vers Palafrugell mais la rejoignons au Cabo de Sant Sebastia où, depuis la plate-forme du phare, s’étend une vue étendue vers le sud. Descente vertigineuse jusqu’au joli petit port et station balnéaire de Calella de Palafrugell baigné par la chaude lumière vespérale. La circulation est plus importante en cette fin de journée dominicale, et les habitations nous semblent plus denses en nous rapprochant de Barcelona.

Nous continuons de suivre la route côtière très bâtie lorsque le téléphone sonne : c’est Juliette qui, depuis Montréal, nous donne de ses nouvelles. Merveille du téléphone portable !
Calella de Palafrugeli
Calella de Palafrugeli

Les grilles du Jardin botanique du Cap Roig sont devant nous, mais les pentes s’obscurcissent déjà et nous renonçons à en parcourir les allées ombreuses (d’autant qu’il ferme ses portes dans moins d’une heure…). Retour à Palafrugell vite contourné pour gagner la station de Palamos dont nous apprécions la longue promenade en bordure de plage, elle fait un peu penser à la Croisette. La route côtière très touristique, fort urbanisée et nettement moins spectaculaire se poursuit vers la Platja d’Aro dont nous devons éviter le centre encombré par la foule d’un Carnaval.

Le crépuscule tombe à notre arrivée dans la station plus tranquille de Sant Agaro.

La vue vers la mer depuis notre bivouac de Sant
                Agaro
La vue vers la mer depuis notre bivouac de Sant Agaro
Dédaignant les stationnements disséminés en bord de route le long de la plage, je grimpe sur le cap qui la sépare de la grande agglomération de Sant Feliu de Guixols et découvre tout en haut d’une impasse et au pied d'une ancienne tour en ruines un site exigu d’où s’offre une vue exceptionnelle à 360° sur la mer et sur la ville. Malheureusement le vent nous y prend de plein fouet, préludant à une nuit glaciale…

Dans l’obscurité maintenant tombée, nous redescendons d’une dizaine de mètres pour nous installer tout contre une luxueuse villa qui semble inhabitée et dont le haut mur nous abritera efficacement de la tramontane.

Bivouac près de la vieille tour à Sant Agaro
Bivouac près de la vieille tour à Sant Agaro


Lundi 31 janvier 2005 : de SANT AGARO à EL MASNOU (BARCELONA)(120 km)


Non seulement nous n’avons pas souffert du froid cette nuit, mais au réveil le vent d’enfer qui nous suit depuis plus d’une semaine a enfin cessé ! Nous remontons donc illico sur le belvédère pour la douche et le petit-déjeuner, en retrouvant la vue superbe sur la ville et la côte.

Descente ensuite jusque sur la belle plage de Sant Feliu que nous parcourons tout au long, depuis le petit port de pêche (où je ne trouve pas d’eau…) jusqu’à son extrémité sud-ouest où je découvre une jolie statue de baigneuse allongée au milieu d’un petit bassin plein de glace !

Statue dans la glace

En arrière, maison un peu bizarre que je ne peux que photographier… Nous sommes au point de départ de la route abrupte montant à l’ermitage de Sant Elm, gravie aussitôt pour découvrir un autre large panorama sur le port et sur la côte rocheuse au sud. Sant Feliu : le port depuis la chapelle de Sant
                  Elm
Sant Feliu : le port depuis la chapelle de Sant Elm

La côte vers le Sud depuis la chapelle de Sant Elm
La côte vers le Sud depuis la chapelle de Sant Elm

Nous repartons, non sans jeter un coup d’œil au bel arc St Benet et à la Porta Ferrada du Xème placés à l’entrée du monastère autour duquel s’est développée la petite ville. Arc St Benet à Sant Feliu
Arc St Benet à Sant Feliu

Costa
              Brava

Les points de vue grandioses sur la côte se poursuivront toute la matinée tandis que nous parcourons la route de corniche en direction de Tossa del Mar. Elle offre à chaque tour de calanque (calella) le spectacle de la montagne couverte de maquis plongeant de façon abrupte dans la mer bleu profond.

 Monique ne reconnaît plus en Tossa del Mar le petit port de pêche où elle avait campé avec ses amis en arrière de la plage : c’est maintenant une station chic qui refuse même l’accès de ses rues et de sa plage aux camping-cars.

Costa
                Brava
Paysage de la Costa Brava
Arrivée à Tossa del Mar
Tossa del Mar depuis le belvedere en arrivant du Nord

Je m’en aperçois à mes dépens lorsque, voulant faire le plein d’eau sur le robinet d’une toilette publique dans un grand stationnement près de la mer, un policier municipal m’arrête en pleine opération. Il m’expose le règlement qui nous interdit non seulement une telle pratique (pourtant courante dans bien des pays d’Europe) mais tout simplement bannit notre seule présence : ici il nous est interdit de quitter la route principale en traversant la ville, et même d’y stationner, et l’on ne parle pas de camper… Le temps de ranger mon tuyau et nous repartons.

Sur la plage de BlanesSur la plage de Blanes 
La route offre encore quelques jolis kilomètres de falaises spectaculaires jusqu’à Lloret de Mar puis elle descend au niveau de l’eau en même temps que le pays s’abaisse et devient plus peuplé. En passant la ville de Blanes, nous faisons un grand détour à travers les rues étroites assombries par la hauteur des immeubles pour gagner son immense plage et pique-niquer tranquilles au grand soleil. Voilà enfin la température que nous souhaitions en prenant la direction sud !

Les 60 derniers kilomètres jusqu’à la grande agglomération de Barcelona (1,6 millions d’habitants) me semblent sans intérêt, sur la route droite, plate et constamment coincée entre chemin de fer et maisons. Au reste le trafic intense demande toute mon attention…

Au moment d’entrer dans la banlieue à Badalona, nous décidons de chercher un camping dans lequel nous laisserons l’Aigle en sécurité pour aller visiter le centre de la métropole catalane en train ou en bus. Quelques détours dans une agglomération très dense nous mènent à l’Office du Tourisme où Monique va chercher l’information nécessaire à l’organisation de notre séjour.

 Le seul terrain de camping ouvert se trouve à 6 kilomètre en arrière, et il a l’avantage d’être à proximité du train qui nous met à 24 minutes du centre ville.

Retour donc à El Masnou, nous nous installons sur la terrasse aménagée un peu au-dessus de la route en compagnie de quelques autres fourgons anglais, allemands et français, et passons la soirée à préparer notre découverte de la capitale catalane.
Dans le camping d'El Masnou
Dans le camping d'El Masnou


Hiver 2005 : 3. Barcelona

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