Juillet-août 2004

Rocheuses, Yukon et Alaska


Monique et Jean-Paul Mourez à bord du Guépard



9. VALDEZ : croisière sur le Prince Edward Sound



Lundi 9 août 2004 : VALDEZ
Très tôt levé à 6:30 (une fois n’est pas coutume !) pour constater que le ciel est entièrement dégagé, annonçant une journée splendide, je vais sans hésitation réserver illico notre embarquement pour l’excursion Faune et glaciers Columbia et Maeres. Petit matin sur le port de Valdez
Soleil levant sur le port de Valdez

Stationnés devant le quai, nous disposons de plus de 2 heures avant l’embarquement à 9:30. J’ai donc amplement le temps de faire quelques photos du port qui s’éveille lorsque le soleil, émergeant de derrière les montagnes, commence à l’illuminer.

Port au petit matin : les bateaux d'excursion
Port au petit matin : les bateaux d'excursion

Pêcheurs au départ...
Pêcheurs au départ...

Small Boats Harbor : quai des pêcheurs
Small Boats Harbor : quai des pêcheurs

Small Boats Harbor au milieu des fleurs
Small Boats Harbor au milieu des fleurs

Valdez-port-de-plaisance-au-matin
Valdez-port-de-plaisance-au-matin
Small Boats Harbor de Valdez au matin

Valdez-port-de-plaisance-au-matin
Valdez : Small Boats Harbor

Bateau quittant le chenal portuaire pour le Sound
Bateau quittant le chenal portuaire pour le Sound

Puis nous allons téléphoner en France. Je rejoins Maman à Caen et lui situe rapidement où nous en sommes de notre périple qu’elle me dit suivre sur son atlas. Puis Monique tâche d'obtenir quelques nouvelles de sa mère à St-Jorioz.

De retour au Guépard, je mets un peu d’ordre dans nos dernières photos et prépare le 2ème CD à envoyer en France, cette fois-ci avec toutes les vues prises jusqu’à notre entrée en Alaska. Le temps de tout mettre en ordre dans le camion avant de le laisser pour la journée sur le quai, et nous sommes prêts à rejoindre la passerelle d'embarquement.
Valdez-Monique-au-telephone
Monique appelle son frère en France

C’est le plus beau navire de la compagnie qui nous accueille, un vaste catamaran baptisé American Eagle où l’espace est généreux sur les deux ponts couverts équipés de sièges confortables et, à l’extérieur, sur le pont arrière supérieur. Mais c'est surtout sur la passerelle couronnant le bâtiment que je passerai le maximum de temps, au grand air et avec une vue à 360º. Nous avons emporté coupe-vent, veste en polar et chandail de laine en prévision du vent probable, quand ce ne serait que celui dû à la vitesse du navire, et aussi du froid qui règne à proximité des glaciers.

Prince-William-Sound-cruise-depart
Dans le chenal de Seward
À 10:00 le bateau a fait son plein de touristes venus pour la plupart des RV Parks disséminés dans la petite ville mais aussi des hôtels (dont 2 familles françaises avec lesquelles nous ferons connaissance en cours de route) où un minibus est allé les cueillir. Les amarres sont larguées et nous nous éloignons lentement dans le chenal donnant accès au Sound, la baie profonde au bord de laquelle est installé le port de Valdez.

Valdez-Prince-William-Sound-cruise
Valdez : Prince William Sound cruise

Prince-William-Sound-cruise-dans-le-fjord-de-Valdez
En route vers la pleine mer, Valdez disparait au fond du fjord

À peine sommes-nous rendus à peu près au centre de la baie, entourés de montagnes, que le bateau s’immobilise : c’est pour observer les ébats d’une grosse baleine bleue qui émerge, plonge et replonge à plusieurs reprises à quelques dizaines de mètres de notre coque !

Après ce début en beauté, le navire prend sa vitesse de croisière, gagne progressivement la sortie du fjord et nous entraîne dans 9 heures de découverte de la faune et de deux des plus grands glaciers voisins du Prince Edward Sound. Le clou de la balade est évidemment leur approche.

Prince-William-Sound-cruise-sortie-du-fjord-de-Valdez
Le panorama sur le Sound s'élargit

Approche de Columbia Glacier
Approche de Columbia Glacier
C'est d’abord le Columbia, deuxième plus grand glacier d’Amérique du Nord, dont la mer de glace finit les pieds dans l’Océan, en libérant tout un défilé de petits icebergs qui dérivent sur plusieurs kilomètres dans son fjord et qui fondent progressivement. Le bateau trace lentement sa route au milieu de cette mini-banquise pour approcher au maximum l'extrémité maritime du glacier, là où les séracs s'enfoncent dans la mer pour se briser et commencer leur dérive.

En approchant du glacier Columbia
En approchant du glacier Columbia

Bloc de glace sur la banquise
Bloc de glace sur la banquise

Le spectacle depuis le pont de l'American Eagle
Le spectacle depuis le pont de l'American Eagle

Blocs de glace sur la banquise
Blocs de glace sur la banquise

iceberg-derivant-devant-Columbia-Glacier
Petit iceberg à la dérive devant Columbia Glacier

Jean-Paul contemple la banquise depuis la passerelle
Jean-Paul contemple la banquise depuis la passerelle

prince-william-sound-cruise-Monique
Monique sur le pont
Jean-Paul sur le pont de l'American Eagle
Jean-Paul sur le pont de l'American Eagle

Jean-Paul et Monique sur le pont
Jean-Paul et Monique sur le pont

Monique
                contemple...
Monique contemple ...
Glaces dérivantes en quittant Columbia Glacier
...les glaces dérivantes en s'éloignant du Columbia Glacier

Pour le second glacier (Meares), le navire, après une longue approche, reste prudemment à une centaine de mètres de la haute muraille de glace éblouissante. Pendant plus d’une heure, nous guettons les craquements tonitruants comme des coups de tonnerre et surtout les éboulements de tonnes de glaces bleue, grise ou immaculée qui s’abattent lentement dans la mer en créant une haute et large vague. Celle-ci se répercute sous la banquise en faisant danser les phoques imperturbables qui y prennent le soleil.

en-guettant-les-baleines
En guettant les baleines signalées par le capitaine, on se rapproche du Meares Glacier

Meares-Glacier
Meares Glacier

Meares-Glacier
Le front de glace de Meares Glacier

Kayak devant Meares Glacier
Kayak au pied du Meares Glacier
meares-glacier-2-kayaks
Meares Glacier

Monique devant Meares Glacier
Monique devant Meares Glacier

La balade se poursuit autour de plusieurs îles du Prince Edward Sound. Nous verrons ainsi, au gré de l‘œil aiguisé du capitaine et de sa profonde connaissance de la région, des bancs de saumons argentés qui sautent hors de l’eau comme pour s’entraîner à la montaison...

...des bandes de loutres de mer se laissant paresseusement dériver au soleil en faisant la planche, les deux petites pattes avant jointe comme un commerçant satisfait, les pattes arrières dans le prolongement du corps, les orteils en éventail…

Troupe
                de loutres dérivant au soleil
Loutres de mer dérivant dans le Prince William Sound

Troupe de loutres dérivant au soleil
Loutres de mer dérivant dans le Prince William Sound

loutres-zoom
Loutres de mer dans le Prince William Sound

...des aigles à tête blanche (bald eagle) en faction sur un arbre au bord de l’eau, l’un d’eux près de son nid où l’on aperçoit un aiglon qui marche sans pouvoir encore prendre son vol,

...des phoques se prélassant en troupeau sur la banquise au pied du glacier,
Meares Glacier : phoques sur la banquise
Meares Glacier : phoques sur la banquise

Jeune phoque (blanchon) sur la banquise
Jeune phoque (blanchon)

Lions de mer
Lions de mer
...un groupe de plusieurs centaines de lions de mer s’ébattant, se battant, se minouchant sur une étroite plage de galets au pied d’une falaise,

lions-de-mer zoom
Zoom sur les lions de mer

...de jolis macareux (puffins) au bec coloré qui s’enfuient rapidement à notre approche et se réfugient à flanc de falaise où ils ont bâti leur nid, etc. Macareux nichant sur la falaise
Macareux nichant sur la falaise

Macareux
Macareux
Macareux (puffins)
Zoom sur les macareux (puffins)

Retour vers le fjord de Valdez
Retour vers le fjord de Valdez
Spectacles fascinants, sous un soleil brillant et chaud, dans l’air pur et frais. Ici on mesure vraiment l’intensité de la vie sauvage dont la vie citadine nous a tenu éloignés… mais que nous avons la chance de redécouvrir au bout de si nombreux kilomètres !
Nous manquons évidemment une bonne partie des explications tantôt savantes, tantôt anecdotiques apportées par notre capitaine qui, les jumelles dans une main et le micro dans l’autre, commente au fur et à mesure les scènes, les sites et les données historiques qui s’y rapportent. Au total une merveilleuse journée de découvertes tout azimut de la nature de l’Alaska maritime, favorisées par le temps exceptionnel : ciel clair et lumineux, température confortable, vent presque nul et mer calme.

Puis c'est le retour vers Valdez et ses quais tout au fond du fjord, dans le soir qui descend lentement en plongeant dans l'ombre l'eau verte et en nimbant de rose les montagnes tachées de blanc autour de nous.

Retour
          au port de Valdez
Retour au port de Valdez

Un peu sonnés par le grand bol d’air et brûlés par le soleil, nous retrouvons le quai vers 20:00. Dans le Guépard qui a eu le temps de commencer à se rafraîchir après cette longue journée en plein soleil, nous nous changeons et soupons. L'American Eagle à quai dans le port de Valdez
L'American Eagle à quai dans le port de Valdez

Le soir tombe lorsque, répondant à l’invitation d’un couple de Français vivant à Palo Alto et prenant leurs vacances ici, nous les accompagnons voir une hatchery (aire de frai) de saumons fréquentée par des ours qui viennent s’y bâfrer. Au bout de la petite route qui fait le tour de la baie jusque près du terminal du Aleskyan Pipeline, nous découvrons bien dans la pénombre l’embouchure d’un torrent encombrée de saumons frétillants et grouillants qui tentent de sauter les barrière les empêchant d'en remonter le cours (car il a été dévié par une petite centrale électrique).  Mais d’ours point, tout au plus une bande de mouettes profitant de l’aubaine et qui font leur délice de tant de poissons échoués ou agonisant résistant peu à leur voracité. Quelques phoques aussi ont table mise, et on aperçoit dans l’ombre leur grosse tête qui croise, là où l’eau est plus profonde, à la limite du banc de saumons.

Un peu déçus, nous quittons assez rapidement les lieux, retournons à Valdez faire le plein d’eau sur le robinet des stands de nettoyage de poisson mis à la disposition des pêcheurs dans le port de plaisance puis, vers minuit, allons stationner en haut de la petite ville, sur un parking précédant des tennis. Nous y trouvons le calme et le silence qui nous permettront de récupérer les fatigues et les émotions de la journée.



10. De VALDEZ à SEWARD


Mardi 10 août 2004 : de VALDEZ à KING RIVER (Route 1) (402 km)

Kesytone Canyon et Lowe River
Keystone Canyon et Lowe River
Notre point de chute était bien choisi puisque nous dormons effectivement d’un trait jusque passé 9:00, et c’est la chaleur du soleil tapant sur la carrosserie qui nous éveille. Décollant vers 10:00, nous passons à la poste expédier le CD de photos à Maman, puis allons remplir notre frigo de glace et de produits frais avant de reprendre la Richardson Hwy (Route 4) vers le nord. Nous repassons le superbe Keystone Canyon avec ses deux chutes et sa route en corniche, cette fois-ci dans le grand soleil. Le moteur du Guépard me semble un peu poussif lorsqu’il faut affronter la longue montée des 900 m du Richardson Pass, mais quelle vue sur les Chugach Mountains !

Richardson Pass
Richardson Pass

L'ancienne route et les Chugach Mountains depuis
          Richardson Pass
L'ancienne route et les Chugach Mountains depuis Richardson Pass

Tsaina
            River vers le nord
Tsaina River vers le nord

Les glaciers depuis le pont sur la Tsaina River
Les glaciers depuis le pont sur la Tsaina River
Gorges de la Tsaina River
Gorges de la Tsaina River depuis le pont

Cygnes
                dans un étang
Cygnes dans un étang
Cygne
Cygne

Vallée de la Copper River et Wrangell-St-Elias
                  Mountains
Vallée de la Copper River
et Wrangell-St-Elias Mountains
Puis ce sont à nouveau les glaciers, la route de vallée dont les montagnes s’éloignent progressivement pour longer le bassin de la Coppper River. Les pentes et les cimes enneigées des Wrangell Mountains sont un peu plus visibles qu’avant-hier mais pas assez à mon goût, il flotte toujours un fort voile atmosphérique qui dissout les lointains dans une brume bleutée. De plus il règne sur la route une chaleur lourde qui nous fait rouler toutes fenêtres fermées en branchant l’air climatisé.

Courbe
            de la Copper River
Courbe de la Copper River

Copper River Valley et Wrangell-St-Elias Mountains
Copper River Valley et Wrangell-St-Elias Mountains

Pique-nique sur l’aire d’observation de la station de pompage nº14 du Aleskyan Pipe-line : beaucoup d’explications techniques intéressantes sur les panneaux explicatifs, mais rien de visuellement spectaculaire. Lors du plein d’essence à Glennallen, je constate avec soulagement que la consommation d‘eau du moteur reste raisonnable; reste le bruit inquiétant à chaque montée en régime…

Glenn Hwy : vers Tanhita Pass dans la fumée
Glenn Hwy : vers Tanhita Pass dans la fumée

Nous bifurquons alors sur la Glenn Hwy (Route nº1) en direction d’Anchorage. D’abord un peu ennuyeuse car plate et bordée d’interminables boisés d’épinettes rachitiques, cette route devient plus mouvementée après une centaine de kilomètres, en passant l’Eureka Summit (1 100 m) puis le Tahnita Pass (1 000m). Mais là encore la brume noie une bonne partie du paysage et la chaleur nous fatigue beaucoup. Je tente quand même quelques photos qui risquent d’être décevantes.

Glenn
          Hwy : massif du Wrangell-St-Elias dans la fumée
Glenn Hwy : massif du Wrangell-St-Elias dans la fumée

Puis nous apercevons le Matanusca Glacier qui semble étaler sur des kilomètres une langue de glace presque horizontale. Glenn Hwy : Matanusca Glacier
Glenn Hwy : Matanusca Glacier

Guépard s'engage sur la route du Matanuska Glacier
Guépard s'engage sur la route du Matanuska Glacier
Nous tentons d’en approcher par une petite route de terre, mais celle-ci ne dépasse guère le pont enjambant la rivière Matanuska. Celle-ci ne tarde pas à s’étaler dans une large vallée très pittoresque.

Vallée du Glacier et de la rivière Matanuska
Vallée du Glacier et de la rivière Matanuska

Le pont menant au glacier Matansuka
Le pont menant au glacier Matansuka

Matanuska Glacier depuis Glenn Hwy
Zoom sur Matanuska Glacier depuis Glenn Hwy

Vallée montagneuse de la Matanuska River
Vallée montagneuse de la Matanuska
Puis la Route 1 qui suit le cours du torrent issu du glacier devient tortueuse et étroite, offrant des points de vue superbe sur la rivière et sur les hautes montagnes acérées alentour.

Matanuska River
Matanuska River

Matanuska-River
Matanuska River

Route en corniche au dessus de Matanuska River
Route en corniche au dessus de Matanuska River

Coucher de soleil au bord de la King-River
Coucher de soleil au bord de la Matanuska, King Mountain State Recrational Area
Il est passé 19:00, nous commençons à chercher un bivouac sauvage près des rives de la rivière, faute de village accueillant. Nous finissons par le trouver un peu plus tard peu après le pont franchissant la Chickaloon River, un autre torrent charriant à vive allure des eaux grisâtres chargées de « farine de roche ».

Large terrasse de gravier et de galets bien aplanie, bosquets de saules nous cachant de la route, on ne peut mieux trouver que cet endroit superbe pour passer une autre nuit paisible dans la nature grandiose de ce pays immense et désert.

Bivouac
                au bord de la Matanuska
Bivouac au bord de la Matanuska

Mercredi 11 août 2004 : de KING RIVER à ANCHORAGE (117 km)

Les derniers miles parcourus hier ont été fatigants et nous sont « rentrés dans le corps » car nous nous réveillons tard et avons bien du mal à démarrer ce matin. Le temps d’ailleurs se met lui aussi de la partie puisque le soleil est absent lorsque nous tirons les rideaux, Nous finirons par quitter notre tranquille plage de gravier au bord de la rivière seulement vers midi.

Bivouac
          solitaire au matin au bord de la Matanuska
Bivouac solitaire au matin au bord de la Matanuska

Vallée
                en allant vers Anchorage
Vallée de la Matanuska en allant vers Anchorage

Il continue de faire assez chaud, ce qui contribue aussi à notre fatigue, et la route nous paraît longue jusqu’à la ville d’Anchorage. Encore offre-t-elle quelques vues étonnantes sur la vallée de la Matanuska : large lit de gravier blanchâtre parcouru par les multiples bras de la rivière qui coule rapide mais peu profonde, pentes accusées des hautes montagnes qui l’encadrent, coulées éclatantes de glaciers nichés dans les hauteurs…


Les 40 derniers kilomètres sont quand même vite parcourus puisque sur une autoroute assez fréquentée. Vers 13:30 nous nous retrouvons au centre d’une ville très moderne et vivante, dont l’agitation après tous ces espaces quasi inhabités nous désoriente un peu. Nous nous dirigeons directement au Visitor Center, histoire de trouver l’adresse du Costco où je veux acheter à bon prix des pneus Michelin. On me fournit l’adresse recherchée, un plan de la ville ainsi que plusieurs autres informations utiles à la poursuite de notre itinéraire vers la péninsule de Kenai, au sud, et le Parc National Denali, au nord.

Rendus au centre d’achat, les démarches seront plus longues que prévues car le chef d’atelier dit ne pouvoir installer à l’arrière les pneus que je désire (des 6 plis destinés aux light trucks) avec les vieux pneus avant qui eux n’ont que 4 plis car destinés aux voitures de tourisme: ainsi en ont décidé les services techniques de Michelin, pour des raisons de sécurité… Seule solution : changer les 4 pneus pour des 6 plis, ce à quoi je ne peux me décider puisque 2 pneus flambant neuf (et 6 plis…) attendent dans le garage notre retour à Outremont. Je tergiverse, fais avec Monique un tour du magasin-entrepôt pour compléter nos provisions. Prix plus qu’intéressants mais, comme souvent chez Costco, les quantités sont excessives pour deux, a fortiori pour des voyageurs…

Finalement je trouve la solution en retournant discuter avec l'un des mécaniciens de l’atelier : je démonterai sur le stationnement les roues usées, les lui porterai dans l’atelier sans qu’il touche au véhicule, il fera la nouvelle monte avec les pneus achetés dans le magasin et tout sera fait dans les règles et à ma convenance, sans qu’on puisse rien lui reprocher… Nous procédons ainsi, ce qui entraîne pour moi une bonne suée, mais une heure et demie plus tard, notre Guépard est rechaussé - à moitié… - à neuf !

Après un autre plein d’essence à un prix jamais vu jusqu’à présent (1,90 $ le US galon = 2,53 $CAN les 3,78 l, soit 67 CA¢ le litre !), la fatigue nous fait hésiter à reprendre la route. Nous repérons sur la carte le Jardin botanique de l’Alaska, en bordure Est de la ville. C’est dans ses allées modestes mais fleuries et dans ses sous-bois que nous achevons notre après-midi au calme, loin de l’animation des rues. Coucher tôt avant 22:00 sur une rue résidentielle à proximité. Jardin botanique d'Anchorage
Jardin botanique d'Anchorage

Anchorage-fleurs-du-jardin-botanique : orpin pourpre
Jardin botanique d'Anchorage : orpin pourpre

Fleurs du jardin botanique d'Anchorage : reine-des-prés
Jardin botanique d'Anchorage : reine-des-prés

Monique dans le Jardin botanique d'Anchorage
Monique dans le Jardin botanique d'Anchorage

Jeudi 12 août 2004 : D’ANCHORAGE à SEWARD (240 km)

Peu de trafic durant la nuit, et les départ du matin se sont faits discrets, si bien que nous avons assez bien récupéré les fatigues de la journée d’hier et d’aujourd’hui.

Nous décidons de consacrer la matinée à la visite de ce qui nous semble l’une des attractions majeures de la ville, l'Alaska Native Heritage Center. Un grand terrain boisé abrite le bâtiment muséal, tandis que des répliques des différents logements des 5 principaux groupes culturels autochtones de l’Alaska (identifiés chacun par une icône colorée) sont disposées autour d’un étang dans un parc en arrière. Symbole de Première Nation
Symbole de Première Nation
Costume Inuit en peau de phoque
Costume Inuit en peau de phoque
Dans les vitrines sont présentés de superbes objets usuels ou artistiques, accompagnés de grandes photos murales incrustées de citations d’anciens ou de jeunes amérindiens de chacun des groupes. Ils illustrent admirablement l’ingéniosité orientée vers la survie, mais aussi le sens de l’harmonie avec la nature, ainsi que le besoin de maintenir et de transmettre le patrimoine et la sagesse élaborés au cours des siècles.
Patrimoine que l’intrusion brutale de l’homme blanc et de sa culture occidentale - surtout depuis la fin du XIXème - ont gravement mis en péril mais qui a récemment été remis à l’honneur.
Maquette de piège à saumon
Maquette de piège à saumon
Mocassins en cuir et perles de verre
Mocassins d'enfants en peau d'orignal et de lapin, fil et perles de verre
Katogan brodé
Katogan brodé en poils de caribou teintés, épingle en ivoire
Ours blanc en ivoire
Ours blanc en ivoire et chasseur à l'affut
Morse en ivoire
Morse en ivoire

Boite en vertèbre de baleine, poignée en ivoire
Boite en vertèbre de baleine, poignée en ivoire

Mocassins d'hiver lapons en peau de renne
Mocassins lapons en peau de renne (amenés en Alaska
pour introduire l'élevage de rennes domestiques)

Panier en écorce de bouleau
Panier en écorce de bouleau tressée


Kayak et son armature (maquette)
Kayak et son armature (maquette)

Masque tlingit
Masque tlingit
Masque de chasse
Masque de chasse

masques-danse-tsimahian
Masques de danse tsimaian

Paniers en écorce de bouleau et en herbe tressée
Paniers en écorce de bouleau et en herbe tressée

Bouteille à décor noué en herbe; boîtes tressées
Bouteille à décor noué en herbe; boîtes tressées
Poupées iningshut inupiak
Poupées iningshut inupiak

couverture-de-danse-ceremonielle
Couverture de danse cérémonielle tlingit

Monique, qui a plus de difficulté à déchiffrer les notices et les inscriptions, s’impatiente de me voir tout explorer et tenter de tout comprendre.

Elle passe un moment dans la « salle de rencontre » où un groupe de jeunes amérindiens chantent et présentent des danses traditionnelles. Spectacle de danses amérindiennes
Spectacle de danses amérindiennes

Nous nous retrouvons à l’extérieur pour faire le tour des cinq modèles d’habitations typiques de chacun des « groupes ethnico-culturels» habitant l'Alaska.

Plan de
          l'Alaska Native Hertage Center
Plan de l'Alaska Native Heritage Center

Au delà de l'étang, la maison athabascane
Au delà de l'étang, la maison athabascane
Maison en rondins des Athabascans
Maison en rondins des Athabascans

Armature de kayak
Armature de kayak

Maison des Hommes : le Qasgiq du peuple
                Yup'ik/Cup'ik,
Maison des Hommes : le Qasgiq du peuple Yup'ik/Cup'ik,
à la fois lieu d'enseignement de la tradition masculine et centre communautaire

Très rustiques pour la plupart, elles sont souvent semi-enterrées pour affronter le froid et le vent de la taïga ou de la toundra..,

... à l’exception des maisons en rondins des Athabascans et surtout des « longues maisons » des Haïdas de la Côte du Nord-Ouest, vivant plus au sud, déjà découverts à Vancouver et à Victoria en Colombie-Britannique.

Longue maison des Haidas
Longue maison des Haidas
Dans la longue maison des Haïdas, le foyer central
Dans la longue maison des Haïdas, le foyer central

Au total, plus de trois heures de visite passionnante qui complètent notre découverte de l’environnement naturel de l’Alaska par une meilleure compréhension de la façon dont l’homme s’y est adapté, au fil de la centaine de siècles écoulée depuis le franchissement du détroit de Béring.

La route en
                corniche le long du Turnagain Arm
Depuis la route en corniche le long du Turnagain Arm
Assez de musée pour aujourd’hui, nous décidons de quitter la ville et son agitation pour les vastes espaces beaucoup plus sauvages de la péninsule de Kenai. Plein d’eau dans une station-service en quittant la ville, puis longue route d’abord le long du Turnagain Arm qui offre le paysage habituel de fjord, i.e. de hautes montagnes parfois couronnées de neige ou de glace tombant dans la mer, puis ensuite de profondes vallées boisées elles aussi entourées de glaciers qui s’écoulent en rivières grises et torrentueuses.

La route excellente s’insinue en larges courbes dans ces panoramas grandioses; malheureusement la lumière grise, sous un ciel de plus en plus chargé, ne les met guère en valeur. Je réserve les films et photos pour le retour demain, en espérant une journée bien ensoleillée… La grandeur de ces paysages continue de m’émerveiller, tandis que Monique se montre plus lasse de leur répétition. Soir
                sur Resurection Bay
Soir sur Resurection Bay

Bivouac près de la plage de Resurection Bay
Bivouac près de la plage de Resurection Bay

Nous arrivons enfin au port de Seward. Faute de trouver un bivouac sauvage au bout de la route le long du fjord (Resurection Bay), nous nous installons au bord de la rue, tout près du Alaska Sealife Center, à deux pas de la borne indiquant le départ de l’Iditarod Trail, la fameuse course de traîneaux à chien qui, sur 1 688 km, relie Seward à Nome, sur la côte est de l'Alaska.

Superbe vue sur les montagnes incrustées de glaciers qui entourent complètement la baie, sur lesquelles le soleil couchant enfin réapparu projette des lueurs rougeoyantes.
Départ de l'Iditarod Trail
Départ de l'Iditarod Trail



11. SEWARD et KENAI PENINSULA


Vendredi 13 août 2004 : SEWARD (20 km)

Le Sea Life center de Seward
Le Sea Life center de Seward
Nuit paisible mais le vacarme mené par la balayeuse municipale qui passe à plusieurs reprises près de nous nous réveille dès 7:15. Il nous est pratiquement impossible de nous rendormir, aussi déménageons-nous sur le stationnement du Alaskan Sealife Center maintenant ouvert qui, semble-t-il, vaut la visite.
Nous déjeunons puis gagnons le bassin des petits bateau pour réserver deux places sur le bateau d’excursion qui part à 14:30 faire un grand tour de plus de 6 heures dans le Kenai Fjord National Park. Nous choisissons la compagnie dont l’horaire nous convient et dont l’itinéraire semble autant laisser la part belle aux sites naturels qu’à la vie sauvage. En attendant l’embarquement, nous disposons de deux bonnes heures pour retourner visiter le Sealife Center. Seward-bivouac-devant-Sealife-Center
Bivouac devant Sealife Center

Une tirelire originale
Une tirelire originale
Voué à l’étude et à la protection du milieu marin, et aux soins aux animaux malades ou blessés, le centre a aussi une mission éducative qu’il remplit à travers les salles ouvertes à la visite. La présentation très claire et très aérée en fait une fort belle activité pédagogique pour les enfants d’âge scolaire, mais la qualité des informations et leur base scientifique évidente rend le parcours très intéressant pour les adultes aussi.



Courtepointe illustrant la vie sauvage de l'Alaska
Courtepointe illustrant
la vie marine sauvage de l'Alaska


Bernard l'ermite
Bernard l'ermite
Une douzaine d’aquariums montre aussi, dans de superbes décors naturels reconstitués, une collection de poissons et d’autres organismes marins, tandis deux grands bassins extérieurs abritent phoques et lions marins.

Comme dans le cas de la volière consacrée aux oiseaux aquatiques où s’ébattent cormorans, macareux, mouettes etc., des fenêtres placées à l’étage inférieur de l’édifice permettent d’observer la vie aquatique autant que terrestre de ces animaux amphibies. Si les lions de mer restent invisibles, à l"exception de Woody, nous observons un bon moment le superbe numéro de nage libre des phoques qui virevoltent autour des rochers installés dans leur bassin.

lion-marin-Steller
steller-sea-lion.
Woody, le lion marin de Steller

Vue sur le fjord depuis la terrasse du Sealife Center
Vue sur le fjord depuis la terrasse du Sealife Center

Paquebots de croisière à quai dans le port de
                Seward
Paquebots de croisière à quai dans le port de Seward
Nous avons eu amplement le loisir de faire le tour du Sealife Center, au tour de la croisière maintenant pour voir toute cette faune – et plus, espérons – dans son cadre naturel, depuis le port de Seward où sont mouillés plusieurs grands paquebots de croisière.

Départ comme prévu à 15:00 précise, sur le Coastal Explorer, un monocoque impeccable tout en fibre de verre, dont les salons s’ouvrent sur le paysage par d’immenses baies vitrées, et dont les puissants moteurs permettent d’atteindre rapidement les coins les plus intéressants du Kenai Fjord. Notre bateau le Coastal-Explorer
Notre bateau le Coastal Explorer

Monique devant le Coastal Explorer
Monique devant le Coastal Explorer

On
          quitte Seward et ses paquebots de croisière
On quitte Seward et ses paquebots de croisière

Pêcheurs dans le fjord
Pêcheurs dans le fjord

Coastal
          Explorer file dans le fjord
Coastal Explorer file dans le fjord

En vue d'un glacier
En vue d'un glacier

Îlots à contre-jour
Îlots à contre-jour

Rochers
Rochers

Îlots couverts d'oiseaux
Îlots couverts d'oiseaux

Paysage
        marin alaskaien
Paysage marin alaskaien

Îles à oiseaux 
Îles à oiseaux

En longeant les rochers
En longeant les rochers
Elle souffle !
Elle souffle !

Nids de mouettes
Nids de mouettes

Macareux (puffins)
Macareux (puffins)
Lion
                de mer sur un rocher
Lion de mer sur un rocher


Où en sommes nous ?
Où en sommes nous ?

On file vers la suite
On file vers la suite...

en approche du glacier
en approche du glacier

Le glacier derrièrèe l'île
Le glacier derrière l'île...


que l'on contourne
...que l'on contourne...
...et que voilà !
...et que voilà !

Nous ne serons pas déçus puisque nous resterons un bon moment près du glacier à attendre les craquements sonores qui accompagnent la chute d’énormes pans de glace bleue. Puis seront au rendez-vous les phoques sur la banquise, plusieurs baleines, orques et bélougas, des lions de mer paressant sur les rochers, des nuées d’oiseaux nichés sur des rochers.

Monique devant le glacier
Monique devant le glacier

On approche de la muraille de glace...
On approche de la muraille de glace...

En
                attendant le vêlage des icebergs
...en attendant le vêlage des icebergs


On
            quitte le glacier
On quitte le glacier

Et c'est le retour vers la baie
Et c'est le retour vers la baie
Sous un ciel magnifique et par une température douce, le vent frais et la marche rapide du navire nous font apprécier polars et coupe-vents.

Comme l’autre jour à Valdez, c'est un contact immédiat avec la grande nature de l’Alaska qui nous est proposé, peut-être avec un peu plus de hâte mais avec autant de connaissance de l’environnement, quoique là encore nous n’ayons pas compris grand chose aux commentaires presque continus de notre capitaine amérindien. Lions de mer
Lions de mer

Jean-Paul sur le pont au retour Jean-Paul sur le pont au retour
Lorsque nous rentrons au port passé 20:30, le soleil est caché derrière les montagnes et nous sommes sonnés par cette journée passée presque entièrement debout sur les différents ponts et passerelles, à observer le spectacle, fouettés par le vent marin et « brûlés » par le grand soleil.

Dans le fjord les glaciers au coucher du soleil
Dans le fjord, Monique sur fond de glaciers au coucher su soleil

Caboteur...
Caboteur...

Adieu au Kenai Fjord
Adieu au Kenai Fjord

Retour au port
Retour au port

Entrée dans le Small Boats Harbor
Entrée dans le Small Boats Harbor

Fourbus, nous réintégrons notre Guépard et songeons seulement à trouver un bivouac et dormir.
Adieu au Coastal Explorer !
Adieu au Coastal Explorer !

En nous rendant au stationnement de la compagnie, nous arrêtons prendre quelques victuailles à l’épicerie, puis repérons dans la nuit à quelques kilomètres de la sortie de Seward la route de l’Exit Glacier que nous irons voir demain matin avant de remonter à Anchorage. Une vaste esplanade tout juste défrichée dans la forêt et quasi déserte nous semble l’endroit tout désigné pour passer la nuit. Monique prépare rapidement une soupe pendant que j’installe la literie, puis coucher immédiat dans l’obscurité et le calme. Je tente bien ensuite de mettre le journal à jour, mais abandonne bientôt pour m’endormir profondément.


Samedi 14 août 2004 : de SEWARD à ANCHORAGE (326 km)

Pas un bruit pour nous réveiller, seule la lumière passant par les interstices des stores et rideaux passé 9:30 finit par nous tirer du lit… Nous avons bien récupéré et commençons tranquillement notre matinée par les routines habituelles : douche, rangement de la literie, déjeuner, contrôles des niveaux du moteur et inspection visuelle du Guépard. Je constate alors que le filtre à air est complètement obstrué par la poussière et les relents d’huile remontant du carter, il faudra le changer au plus tôt. Les bougies vétustes seront elles aussi à vérifier - dès que j’aurai trouvé une clé ad hoc - elle sont peut-être à l’origine des petites hésitations du moteur qui hoquette légèrement dès qu’on le sollicite… Bivouac à l'angle de la route de l'Exit
                    Glacier
Bivouac à l'angle de la route de l'Exit Glacier

Au delà de
                    la rivière, l'Exit Glacier
Au delà de la rivière, l'Exit Glacier
Nous poursuivons ensuite la petite route longeant la rivière qui, une dizaine de kilomètres plus loin, nous mène à l’entrée du Kenai National Park (entrée de 5,00 $ pour le véhicule).

On laisse le Guépard sur le stationnement déjà bien rempli et, à travers le petit boisé de sorbiers et de frênes qui maintenant recouvre l’ancienne moraine, on grimpe jusqu’au pied du glacier lui-même. Le
                    chemin boisé vers le glacier
Sur le chemin boisé vers le glacier
Exit
                    Glacier et son torrent exutoire
Exit Glacier et son  torrent exutoire
Le
                    névé
Le névé

On constate que, d’après les bornes placées de loin en loin, il a beaucoup reculé depuis 1780, date des premières observations. Le site demeure fort beau, tout comme le vaste environnement de hautes montagnes et le large lit de gravier gris de la rivière qui coule à ses pieds, attestant que la fonte importante se poursuit. Petite balade facile de près de deux kilomètres que je prolonge de presque autant en empruntant le sentier de nature (Nature Trail) qui longe le cours blanchâtre du torrent puis coupe à travers bois jusqu’au stationnement en donnant toute une série d’informations sur l’évolution du terrain et de la végétation lorsque la glace se retire. Monique, elle, est allée fouiner quelques photos et cartes postales dans le Visitor Center.

Exis
                      Glacier et sa rivière
Exis Glacier et sa rivière
Torrent et glace
Glace et torrent

La riviere s'elargissant au pied du glacier
La rivière s'élargissant au pied du glacier

Lac en remontant
                      vers Anchorage
Lac en remontant vers Anchorage
Nous reprenons la route du nord vers Anchorage, dont les larges courbes et les longues rampes, excellentes, passent par une série de vallées et longent plusieurs beaux lacs très sauvages. La circulation est importante en ce beau samedi d’été ensoleillé.
Pique-nique au bord du petit Jerome Lake, au milieu des fleurs d'épilobes... Au bord du Jerome Lake
Au bord du Jerome Lake
Canyon
                      Creek
Canyon Creek
...puis passage le long du Canyon Creek dans un site panoramique aperçu depuis un vaste belvédère...

Etang-sur-la-route-de-retour-vers-Anchorage
Etang en rattrapant Turnagain Arm sur la route de retour vers Anchorage

...avant de rejoindre un peu plus loin l’extrémité du Turnagain Arm dont nous longerons la rive nord sur près de 80 km pour rejoindre Anchorage. Même belle route qu’avant-hier, mais chaussée plus encombrée… Retour-vers-Anchorage
Retour vers Anchorage le long de Turmnagain Arm

En arrivant en ville, nous nous dirigeons immédiatement vers le Costco situé au sud de l’agglomération pour faire le plein d'essence à bon prix et quelques courses d'épicerie (l’alimentation est ici moitié moins chère qu’hier soir à Seward !). Plein d’eau sur le robinet d’une station de lubrification maintenant fermée (il est 19:30) puis recherche d'un coin tranquille pour passer la nuit sur des rues résidentielles entourant l’université. Monique nous dégotte une impasse donnant sur un parc boisé près d’un petit lac (Lake Otis). Nous allons discrètement stationner tout au bout de la rue devant la dernière maison et nous y installons pour la nuit. Souper d’un délicieux filet de saumon frais, visionnement de photos prises jusqu’à présent et coucher pour Monique, tandis que je poursuis la mise en ordre des photos et rédige le journal en souffrance jusque tard dans la nuit.




12. ANCHORAGE et DENALI National Park


Dimanche 15 août 2004 : de ANCHORAGE à EAGLE RIVER (35 km)

Jean-Paul installe le nouveau filtre à air
Jean-Paul installe le nouveau filtre à air

Il fait gris lorsque nous nous éveillons – tard - après une autre nuit des plus tranquilles dans notre impasse à l’orée du bois. Nous gagnons le centre-ville pour nous rendre au musée en prenant au passage des bougies pour le moteur ainsi qu'un filtre à air installé immédiatement.

Parterre fleuri devant le Musée
Parterre fleuri devant le Musée

L’Anchorage Museum of History and Art nous retiendra ensuite tout l’après-midi dans ses salles encore une fois fort bien présentées.
Hommage au saumon
Hommage au saumon

Boeuf musqué à l'entrée de l'Alaska Gallery
Boeuf musqué à l'entrée de l'Alaska Gallery
Tout l’étage est consacré à l’histoire de l’Alaska depuis les premiers temps de son peuplement, vestiges archéologiques à l’appui.

Les panneaux illustrés, les artéfacts, les vitrines contenant des dioramas miniatures ou grandeur nature dépeignent avec force et réalisme la vie des autochtones avant ou depuis l’arrivée des Blancs.

Scène dans un village Haida
Scène dans un village Haida
Haida portant masque oiseau et une couverture
                      cérémonielle
Haida portant masque oiseau et une couverture cérémonielle

Pêche à la baleine
Pêche à la baleine

Détail de la pêche à la baleine
Pêche à la baleine : détail
On y retrouve cette fois encore la distinction entre les 4 ou 5 différents groupes culturels répartis sur l’immense territoire, et bien d’autres notions d'anthropologie alaskienne qui commencent à nous être maintenant familières.

Chasse au caribou chez les Athapascans
Chasse au caribou chez les Athapascans

Habitation souterraine aléoutienne
Habitation souterraine aléoutienne

Chose sûre, on nous présente ici beaucoup de très beaux objets anciens originaux accompagnés d’une documentation précise et très complète.

Fabrication de panier
Fabrication de panier

Boites en paille tressée, Îles Aléoutiennes, 1940
Boites en paille tressée, Îles Aléoutiennes, 1940

Panier aléoute décoré en paille tressée
Panier aléoute décoré en paille tressée
Haidas lors d'une cerémonie dans une Longue
                      maison
Haidas lors d'une cerémonie dans une Longue maison

Couverture cérémonielle
Couverture cérémonielle
Pirogue haida taillée dans un tronc
Pirogue haida taillée dans un tronc; séchoir à poison

La période contemporaine n’est pas oubliée, avec les différents facteurs à l’origine de l’investissement du pays par les Blancs : d’abord la traite des fourrures pratiquée par les Russes au XIXème - qui aboutit à l’extinction presque complète de la loutre de mer… - puis la ruée vers l’or et les autres minéraux au début du XXème. L’importance stratégique du pays lors de la IIème Guerre mondiale est rappelée, ainsi que le rôle de plaque tournante d’Anchorage dans les transports aériens vers le Pacifique tant que le ciel de l’URSS resta fermé à l’aviation internationale. Enfin, dans les années 1970, ce fut le pétrole découvert dans la Mer de Beaufort, la construction de l’oléoduc (tout un exploit technique présenté dans le détail) et la catastrophe écologique provoquée par le naufrage de l’Exxon Valdez dont nous avons encore vu les traces lors de notre excursion dans le Prince Edward Sound. Bref tout ce qui constitue la réalité sociologique, économique et culturelle de l’Alaska est évoqué, en terminant sur le devenir des communautés autochtones qui constituent plus du quart de la population et continuent à mener une vie isolée et très proche de la nature dans des petits villages du busch.

Nous tentons de déjeuner à une table du restaurant du musée dont le menu affiche de délicieuses salades mais arrivons quelques minutes après la fermeture de la cuisine (14:30). Il ne nous reste plus qu’à sortir pour nous attabler dans notre salle à manger ambulante où Monique nous prépare vite fait une salade d’avocat au saumon fumé, arrosé de Gewurtzstraminer australien découvert hier au Costco. Il ne semble pas que nous ayons beaucoup perdu au change… Nous sommes maintenant prêts à achever la visite.

Au rez-de-chaussée, les salles du musée sont consacrées à la peinture, d’abord celle du XIXème car très tôt l’Alaska a intéressé des peintres conquis par l’exotisme et la grandeur de ses paysages. Le plus représentatif me semble Sydney M. Lawrence dont une salle présente une série d’œuvres où se détachent plusieurs vues du Mt McKinley enneigé, le plus haut sommet d’Amérique du Nord.

Le Mt McKinley, huile sur canevas, 1913 par Sydney
                M. Laurence
Le Mt McKinley (Denali), huile sur canevas, 1913 par Sydney M. Laurence (1865-1940)

Le Mt McKinley par Sydney M. Laurence 1913
Le Mont McKinley par Sydney M. Lawrence 1913
Le Mt McKinley, huile sur canevas par Sydney
                      M. Laurence
Le Mont McKinley par Sydney M. Lawrence

Le Mont McKinley par Sydney M. Lawrence (1929)
Le Mont McKinley par Sydney M. Lawrence (1929)

Une rétrospective consacrée à un autre peintre du Nord, Fred Machetanz (1906-2002), me laisse plus indifférent, à l'exception de quelques oeuvres comme celles-ci :

Achibuk : portrait, par Fred Machetanz
                      (1942)
Achibuk : portrait, par Fred Machetanz (1942)
Bear Glacier au large de Seward, par Fred
                      Machetanz
Bear Glacier au large de Seward, par Fred Machetanz (1972)

L’après-midi touche à sa fin lorsque nous quittons ce beau musée et retournons au Visitor Center prendre les informations sur les visites du Denali National Park en bus et en avion. Loin, cher mais spectaculaire ! Pour finir la journée, nous nous amusons à traîner dans les boutiques de souvenir, moins pour acheter quelques cartes postales et des petits livres joliment illustrés sur la faune que pour nous étonner des objets les plus kitch offerts à l’appétit des touristes. Les sculptures animalières de loups, ours, saumons, aigles, etc. sont, de ce point de vue, indescriptibles…

Renonçant aux spectacles sur les aurores boréales et aux films sur grand écran à propos desquels plusieurs voyageurs français rencontrés sur les bateaux s’étaient montrés fort critiques, nous prenons la route dans le soir qui tombe. Faute d’endroit intéressant pour bivouaquer dans le secteur nord-est de la ville, qui semble habité par la partie la plus pauvre de la population (noirs et latinos), nous faisons une vingtaine de kilomètres sur l’autoroute et sortons au niveau d’Eagle River pour nous retrouver sur un petit parc auprès de la rivière.

Bivouac au dessus d'Eagle River
Bivouac au dessus d'Eagle River
Bien accueillis par une dame revenant d’une promenade à cheval qui s’intéresse à notre véhicule hors du commun, nous suivons son conseil d’y passer la nuit. Elle nous introduit auprès du gardien - installé pour l’été dans un gros motorisé à l’entrée du stationnement - qui fermera la barrière derrière nous à 21:00 pour ne la rouvrir demain matin qu’à 8:00. Tranquillité assurée cette fois encore ! Je profite du calme et de notre arrêt assez tôt pour tenter d’installer les bougies neuves, mais impossible de démonter les anciennes avec la clé que je me suis procurée. Nous verrons demain…

Lundi 16 août 2004 : de EAGLE RIVER à SUMMIT (Broad Pass, Denali) (380 km)

Bonne nuit reposante et lever vers 8:15 pour décoller vers 9:00. Nous gagnons immédiatement le petit bourg de Eagle River et son Wal-Mart pour téléphoner à notre fille à Montréal puis à nos deux mères en France. Nous cherchons ensuite un garage pour faire installer les nouvelles bougies. Un premier prétend ne pas avoir l’outil nécessaire, un second commence par acquiescer à ma demande puis tergiverse sans donner suite, car le patron, un vieux chinois, se montre incompréhensiblement très réticent. Nous nous faisons quand même indiquer un magasin vendant des outils et finissons par acheter une autre clé à bougie beaucoup plus robuste et fonctionnelle. Installé devant le magasin je passe une bonne heure à effectuer la réparation, avec beaucoup de difficulté car l’accessibilité de certaines parties du moteur sur l’Econoline est totalement aberrante. Je réussis à briser une nouvelle bougie en tâchant de la mettre en place, et n’arriverai pas, malgré l’aide du gérant de bonne volonté, à accéder à la huitième sur le côté droit. Barbouillé de cambouis jusqu’aux coudes, suant et écoeuré d’une si mauvaise planification mécanique, j’arrête mes travaux après plus d’une heure d’efforts, me lave, range les outils et remets - là encore avec moult difficulté - le capot intérieur du moteur en place avant de reprendre la route.

Il est passé midi et, sur la Old Glenn Hwy, il fait chaud. Bref arrêt devant la petite église orthodoxe en bois rond et le cimetière coloré d’Eklutna que je vais photographier pendant que Monique prépare notre déjeuner. Étonnants, ces vestiges de la présence russe maintenant bien disparue dans la région... Eklutna : l'enclos écclesial et le cimetière
                      orthodoxes
Eklutna : l'enclos écclesial et le cimetière orthodoxes

Clocher à bulbe d'Eklutna
Clocher à bulbe d'Eklutna
Tombes colorées d'Eklutna
Tombes colorées d'Eklutna

Puis longue route vers le nord pour rallier Talkeetna où Monique veut prendre les renseignements et éventuellement décoller pour une excursion en avion au dessus du massif du Denali (Alaska Range). Vers 15:00 nous finissons par entrer dans le village (les distances sont ici interminables à parcourir) et passons un bon moment à choisir la compagnie d’aviation (il y en a près d’une dizaine) offrant le trajet le plus intéressant au meilleur coût. Pub accrocheuses dans Talkeetna
Pub accrocheuses dans Talkeetna

Pub Talkeetna Air taxi
Sur le dépliant publicitaire de  Talkeetna Air Taxi.. Alléchant, non ?
Nous combinons cet extra avec une réservation pour la balade dans le Parc national empruntant obligatoirement la navette affrétée par l'administrarion du Parc. Puis nous allons traîner un moment dans le centre du village en attendant le décollage à 18:30 et en cherchant à nous procurer quelques provisions pour l’excursion de demain. Il fait très chaud, sans un souffle de vent, et les grands incendies d’été habituels à cette période bleuissent les horizons, tamisent la lumière jaunâtre et laissent flotter une légère odeur de bois brûlé qui irrite un peu les yeux.

Pas grand-chose à voir dans ce hameau essentiellement touristique qui sert de base de départ aux excursionnistes de tout poil dans le Parc Denali : rafters, hikers, aviateurs, etc. Nous gagnons donc le petit bâtiment en bois rond de la Talkeetna Air Taxi installé bord de la piste du petit aéroport. Monique devant le bureau de Talkeetna Air
                      taxi
Monique attend devant le bureau de Talkeetna Air taxi

Plan
                de vol de Talkeetna Air Taxi
Plan de vol de Talkeetna Air Taxi

Notre avion sur la piste
Notre avion sur la piste
Plein d’eau sur le robinet d’arrosage, puis flânerie à l’ombre des arbres en attendant l’heure du départ. Notre pilote arrive et nous invite à nous installer à bord. Nous serons 4 passagers là où normalement prennent place 6 personnes, ce qui nous donne une banquette à chacun et la possibilité d'accéder aux fenêtres sur les 2 côtés de la carlingue : idéal !

Envolée rapide, puis survol des basses terres en approchant du massif montagneux : alternances de taïga hérissée de maigres épinettes et de muskeg spongieux garni d’une herbe jaiunatre et entrecoupé de mares… Muskeg et taiga vus de dessus
Muskeg et taïga vus de dessus
Rivière Susitna dans la fumée
Rivière Susitna dans la fumée
Nous survolons aussi le large lit de la rivière Susitna où coulent quelques filets d’une eau laiteuse très grise entre de vastes espaces de graviers et de galets.

Survol de langue glaciaire
Survol de glacier
Basses pentes dans la fumée
Basses pentes dans la fumée

Puis le sol s’estompe dans la brume et la fumée au fur et à mesure de l’ascension du petit avion vers les énormes montagnes enneigées du Parc qui apparaissent progressivement en pleine lumière, comme émergeant du néant.

Regroupement de fleuves de glace
Regroupement de fleuves de glace
Glacier
Glacier

Crête neigeuse
Crête neigeuse
Au-dessus des crêtes
Au-dessus des crêtes

Impossible de dire le détail ensuite du magnifique parcours au-dessus des fleuves de glace sinuant comme d’immenses autoroutes, se rejoignant, mêlant leurs cours puissant puis à l’assaut des parois rocheuses presque verticales et des champs de neige éternelle. Je tente de capter avec mon petit appareil photo le maximum d’impressions saisies au vol, tandis que Monique fait de même sur le siège derrière moi avec la caméra.

Fleuve glaciaire et sommet
Fleuve glaciaire et sommet

Névés
Névés

Glace et roc
Glace et roc

Roc couvert de neige
Roc nappé de neige

Roc et neige
Roc et neige

Bien des commentaires et explications du pilote nous échappent, mais les mots sont inutiles et de toute façon incapables de rendre la grandeur inhumaine, la sauvagerie minérale nappée de neige comme pour l’adoucir, les formes extraordinairement variées de la montagne. Tête de glacier Tête de glacier

Virage autour du Mt Mckinley
En tournant autour de Denali

Le sommet enneigé
Le sommet enneigé

Massif dans la fumée
Massif dans la fumée

Sommets
Sommets au dessus de la fumée

Pente près du sommet
Pente près du sommet
Au fond, l'horizon courbé
Au fond, l'horizon courbé

Relief sur le glacier
Crevasses sur le glacier

Pics
Pics

En bleu et rouge...
 En bleu et rouge...

Autre vue du sommet
Autre vue du sommet

L’avion tourne sans cesse en l’approchant, la surmontant, la contournant. Plus de trois-quarts d’heure de ce spectacle construisent notre vision de Denali, « la très haute » selon les Athapascans, inspirant à la fois jubilation et respect, voire un peu de crainte.

Jeu d'ombre et de lumière sur le massif
Jeu d'ombre et de lumière sur le massif
Champs de neige suspendus
Champs de neige suspendus

Crête dentelée
Crête dentelée


Ligne de crête
Ligne de crête

Chaos rocheux
Chaos rocheux

On redescend dans la brume enfumée
On redescend dans la brume enfumée

Crêtes dans la fumée
Crêtes dans la fumée

Le retour ensuite semble tout en douceur, comme une longue glissade à travers l'atmosphère enfumée qui paraît tout engloutir et nous ramène sur le trivial plancher des vaches. Sommet enfumé
Cime enfumée

En bas muskeg et taiga
En bas muskeg et taïga

Soleil couchant sur la rivière
Soleil couchant sur la rivière

Soleil couchant sur les bras de la rivière
L'or du couchant sur les bras de la rivière

Jean-Paul et Monique devant l'avion
Jean-Paul et Monique devant l'avion
Dernières photos sur la piste. La chaleur ici en bas a diminué, mais la fumée est toujours présente et alourdit l’atmosphère là-haut si pure et si légère.

Monique devant Talkeetna Air Taxi
Monique devant notre Air Taxi

Soleil couchant sur Denali... invisble
Soleil couchant sur Denali... invisible
Nous devons nous avancer si nous voulons demain être à 11:00 à l’embarquement du bus du National Park. Nous roulons donc pendant près de deux heures en guettant le massif que nous longeons sans jamais pouvoir l’apercevoir.

Depuis les deux grands belvédères installés dans la vallée le long de la Park Hwy, on n’arrive même pas à deviner la silhouette des montagnes; l’œil se perd dans une dense brume bleutée ou dorée par le soleil couchant. À la fin, notre parcours se hisse sur un plateau couvert d’une toundra semi désertique devinée dans l’obscurité grandissante. Nous nous arrêtons sur un grand stationnement au bord de la route, à proximité d’un gros motorisé qui, lui, semble redescendre vers Anchorage. Souper et coucher rapide après cette journée riche en émotions. Sur
                      la panneau... Denali !
Où est Denali ? ... Sur la panneau, pardi !

Mardi 17 août 2004 : de SUMMIT (Broad Pass, Denali) à FORT WAINRIGHT (220 km)

Bivouac dans le Broad Pass
Bivouac dans le Broad Pass
Malgré notre proximité de la chaussée, nous dormons assez bien sur notre stationnement grâce au faible trafic nocturne. Levés relativement tôt sous un ciel lumineux mais encore très embrouillé par la fumée des incendies forestiers, nous sommes au Visitor Center du Parc National de Denali vers 9:45.

Nos places sont bien réservées sur le bus de 11:00 qui doit nous mener en 4 heures jusqu’au Centre d’accueil de Eielson, au milieu du Parc. Nous nous habillons chaudement, car on nous a prévenu que, vitres ouvertes, il ne fait pas chaud en altitude. Monique prépare bouteilles d’eau et salade de riz au saumon fumé pour nous sustenter, car aucune nourriture ne se vend dans le parc, et nous voilà prêts à abandonner notre Guépard dans le grand stationnement maintenant plein aux 3/4. Je retire les billets et nous nous mettons en ligne. À l’heure dite, nous embarquons dans un bus vert assez rustique, genre autobus scolaire québécois, en compagnie qu’une quinzaine d’autres visiteurs, ce qui nous laisse assez d’espace pour occuper chacun une banquette et donc jouir de la vue d’une fenêtre. Caméra et appareil photo prêts, vitre descendue, nous nous attendons à profiter du magnifique spectacle de la grande nature et des montagnes du parc, ainsi que de l’observation des animaux sauvages que l’on doit normalement rencontrer le long du chemin.

Même si les cimes enneigées des plus hautes montagnes restent complètement absentes du décor, ce à quoi nous nous attendions après la balade d’hier qui nous a montré l’étendue et l’épaisseur du voile de fumée dans la région, les 15 premiers miles de la route sont agréables. Ils nous permettent d’observer effectivement un orignal, un caribou et un écureuil (ground squirrel), ainsi que de visualiser divers aspects de la taïga et de la toundra qui composent la majorité du parc. Taiga et muskeg
Paysage de taiga et muskeg

Caribou
Caribou
Écureuil arctique
Écureuil arctique

Passage de la barrière de Savage River
Passage de la barrière de Savage River
Halte de Savage River
Halte de Savage River

Arrêt au desus de la rivière
Arrêt au desus de la rivière

Halte de Stony Hill
Halte de Stony Hill

En revanche l’impression change lorsque nous abordons la piste de terre et de gravier : la suspension raide du bus accentue nettement les secousses sur cette piste de plus en plus grossière et étroite, le grondement du diesel tournant à haut régime et le sifflement de l’ampli du guide mal antiparasité finissent par devenir fatigants. Mais surtout le nuage de poussière soulevé par nos roues et par les autres bus que l’on croise régulièrement s’insinue petit à petit un peu partout, d’autant plus que la chaleur du soleil tapant sur la tôle oblige à laisser plusieurs fenêtres ouvertes. La sensation et l’odeur de poussière, l’encrassement des objectifs et des vêtements ne font que s’accroître avec le temps. La route poussièreuse
La route poussièreuse
Polychrome Pass
Polychrome Pass
Quant au paysage, il ne manque pas d’intérêt mais il faut le photographier à la volée puisque le bus ne fait que 3 arrêts en cours de route (un à chaque heure) et il lui manque la perspective des hautes montagnes enneigées en arrière-plan que l’on ne devine même pas dans le ciel embrumé, sinon par les photos et dessins des panneaux explicatifs des aires d’observations !

La vue attendue, mais qui restera invisible..
La vue attendue, mais qui restera invisible..

.Denali (sur carte postale...)
Denali (sur carte postale...)


Nous verrons de très loin quelques autres animaux sauvages (dont une grizzli et ses deux oursons à grande distance) mais finalement nous aurons davantage découvert et « fréquenté » la faune alaskienne le long des routes parcourues depuis une douzaine de jours. Seul un grand caribou broutant indifférent près d'un arrêt se laisse suffisamment approcher pour être bien visible sur le viseur de la caméra...
Caribou près du ruisseau
Caribou près du ruisseau

Caribou se désaltérant dans le ruisseau
Le caribou se désaltére dans le ruisseau

La route au retour
Collines dans la vallée sur la route du retour; poussière et fumée...
Arrivés après 4 heures de ce traitement et 66 miles à notre terminus, le Eielson Visitor Center (on peut encore faire durer le plaisir 3 heures supplémentaires en se rendant au mile 91, à Kantishna), nous débarquons avec soulagement pour chercher un banc au frais et récupérer un peu.

Puis, au moment d’entreprendre une petite promenade dans la montagne à proximité, nous découvrons que les quelques sentiers montent très raide et sans aucune ombre…

Trois quarts d’heure plus tard, départ pour 4 autres heures de retour par le même bus et dans les mêmes conditions, sans voir guère plus d’animaux. Brousse près de Savage River au retour
Brousse près de Savage River au retour

La vision que nous aurions voulu garder de cette
              balade...
La vision que nous aurions voulu garder de cette balade...

Passé 19:00 nous retrouvons avec soulagement, mais aussi passablement déçus notre Guépard. Nous nous précipitons sous la douche pour nous décrasser et nous rafraîchir. Monique prépare un souper léger et, dans le soir qui descend sur le paysage toujours aussi enfumé, nous décidons de nous avancer vers le nord, si possible jusqu’à Fairbank où nous espérons trouver un ciel plus clair. Nous roulons ainsi près de trois heures en voyant plutôt la situation empirer lorsque nous parcourons malgré notre lassitude près de 200 km dans des paysages très sauvages. Nous finissons par nous arrêter au crépuscule sur une aire panoramique un peu à l’écart de la route, en compagnie de deux autres camping-cars qui ont eu la même idée pour bivouaquer : l’emplacement est paisible mais sans panorama évidemment puisque la fumée limite la visibilité à quelques centaines de mètres… Nous nous couchons et nous endormons aussitôt.


13. De FAIRBANK à HAINES JUNCTION

Accueil de Mon-Aigle


©2021