Août 2004

Rocheuses, Yukon et Alaska

Monique et Jean-Paul MOUREZ à bord du Guépard



13. De FAIRBANKS à HAINES


Mercredi 18 août 2004 : de FORT WAINRIGHT à LAKE PICKHANDLE (664 km)

Bivouac en bord de route sur l'aire panoramique
                    (!) de Fort Wainright
Bivouac en bord de route sur l'aire panoramique (!) de Fort Wainright
La vue depuis notre stationnement à l’écart d’un grand virage de la route n’a guère changé par rapport à hier soir : toujours le voile de fumée impénétrable qui limite la visibilité à courte distance, pique un peu les yeux et irrite la gorge.

Pas la peine de traîner sur cette route, au demeurant excellente et qui doit présenter de beaux paysages spectaculaires. Les passages accidentés ne manquent pas et l’on devine parfois la masse sombre de montagnes à proximité ou près des espaces marqués d’une caméra en bord de route.

La région se fait de plus en plus habitée en approchant Fairbanks, ce que confirment des regroupements de boîtes à lettres aux formes, couleurs, décors et états variés, là où des chemins de terre débouchent sur la grande route. Boîtes aux lettres en batterie
Boîtes aux lettres en batterie

Ribambelle de boites aux lettres américaines
Ribambelle de boites aux lettres américaines

Postière distribuant le courrier (de dos)
Postière distribuant le courrier (de dos)

À l'une de ces intersection Monique repère le passage de la voiture de la facteure (volant à droite pour plus de commodité) qui procède à sa distribution. Belle occasion de croquer quelques vues typiques... Postière distribuant le courrier (de face) au
                    volant (à droite)
Postière distribuant le courrier (de face), le volant est à droite

De la petite ville de Fairbanks, pas grand chose à dire : elle est aussi quelconque dans son urbanisme (très étalée, sans lignes directrices bien reconnaissables comme beaucoup de petites agglomérations américaines qui ont poussé un peu au hasard au fil de la croissance économique), que dans son architecture (maison sans style ni unité, allant de la cabane en planche des premiers temps - frontier style - aux immeubles commerciaux uniquement fonctionnels). L'agglomération semble surtout servir de but de sortie pour le nombreux personnel de la grande base militaire Eielson toute proche : beaucoup de restaurants et de bars, quelques magasins de produits divers, mais nous avons bien de difficulté à trouver un centre d’achat et surtout un grand magasin d’alimentation pour y faire nos emplettes. Et lorsque nous finissons par tomber sur le Safeway local, c’est pour constater que les légumes et autres aliments manquent de diversité et sont d’une qualité très moyenne tout en étant hors de prix. Nous nous contentons donc du minimum, puis faisons le plein d’essence et d’eau à la station-service au coin de la rue. Il est autour de midi, et la fumée de plus en plus épaisse, jointe à la chaleur relative (24ºC), rendent l’atmosphère pénible et difficilement supportable. Nous voyons même des gens passer sur la rue en portant des masques respiratoires…

Monique sur l'aire de pique-nique enfumée de
                    Birch Lake
Monique sur l'aire de pique-nique enfumée de Birch Lake
Nous repartons donc au plus vite sur la Hwy 2 Sud en espérant nous éloigner de la zone emboucannée, mais c’est plutôt le contraire qui se produit : plus nous avançons, plus la fumée devient présente et épaisse. Elle cache à peu près tout du paysage, filtre le disque rouge du soleil et nous oblige à rouler phares allumés, fenêtres fermées et avec l’air climatisé pour diminuer l’impression d’étouffement qui nous assaille.

Malgré ces précautions, yeux et gorge finissent par être irrités et une impression de grande monotonie et de lassitude s’installe, d’autant plus que la route est très longue (plus de 300 km) et que l’on ne voit presque rien de l’environnement. Bref pique-nique près du Birch Lake dont on devine les rives jusqu’à 300 ou 400 m, sans plus.

Un autobus d'excursion arrêté en bord de route suggère un spectacle naturel comme nous aurions bien aimé en trouver dans Denali National Park : ici c'est une jeune orignale qui patauge dans une mare peu profonde, à la recherche de plantes aquatiques dont elle est friande et dont elle fait provision en abondance, avant les rigueurs du long hiver de l'Alaska. Jean-Paul filmant l'orignal
Jean-Paul filmant l'orignale

Orignal fourageant dans une mare en bord de route
Orignale broutant dans une mare en bord de route

orignal-dans-une-mare
Un bel orignal mâle broutant dans une mare

L'Aleskian Pipeline franchit une rivière sur un long
              pont suspendu.
L'Aleskian Pipeline franchit une rivière sur un long pont suspendu à Delta Junction

La situation empire en approchant Tok où l’on a l’impression d’être tout près des foyers d’incendie, sans pourtant en voir aucun. Rapide plein d’essence dans le village-carrefour puis poursuite de notre descente directement au au sud-est sur l’Alaska Hwy toujours aussi enfumée et invisible. La route s'enfonçant dans la fumée
La route s'enfonçant dans la fumée vers Tok

Halte sur la
                    route enfumée
Halte sur la route enfumée
Nous passons plusieurs équipes de pompiers affairés à préparer une ligne d’arrêt du feu en utilisant le large ruban de la chaussée comme coupe-feu. Encore 150 km de ce parcours décevant qui nous laissera bien peu d’images de cette région pourtant pittoresque, semble-t-il, et nous atteignons la frontière du Yukon.

Accueil aimable de la douanière canadienne qui baragouine un peu le français. Elle  nous informe que la plus grosse part des feux étant du côté américain, la situation ira en s’améliorant sur la suite de l’Alaska Hwy, et que le ciel est clair à Whitehorse (480 km plus au sud !). Nous devrons donc prendre notre mal en patience…

Le soir descend lentement sur un paysage très sauvage de taïga pauvre, où les épinettes noires dressent leurs silhouettes étriquées entre des mares noyées dans la brume et la fumée ou de vastes espaces de muskeg jaunâtre et marécageux. Depuis la grosse femelle orignal broutant au fond d’un marigot, en début d’après-midi, rien n'est venu animer ce paysage de fin du monde baigné par la lumière glauque filtrant à travers l’air épais.
Tourbière
Marécage enfumé

Durant la cinquantaine de kilomètres suivants, la fumée devient effectivement de moins en moins dense et l’odeur de bois brûlé a quasiment disparu lorsque nous nous arrêtons à 20:30 pour dormir sur un Rest Area près du petit Pickhandle Lake, en compagnie d’une fifth wheel (caravane à sellette) dont le conducteur nous dit son découragement devant tant de fumée rencontrée. Souper rapide puis coucher pour Monique fatiguée par ces plus de 600 km de route peu intéressante, tandis que je poursuis la rédaction du journal jusque passé minuit.

Jeudi 19 août 2004 : de PICKHANDLE LAKE à SILVERCITY (182 km)

Pikhandle-Lake-bivouac
Bivouac au bord du Pickhandle Lake
Nous n’avons pas été dérangé durant la nuit, malgré le petit panneau interdisant le camping et l’overnight parking sur notre aire de repos…

Au matin, observation de quelques oiseaux aquatiques et d’un geai gris peu farouche qui vient observer de près l'observatrice. La fumée ne nous dérange plus désormais, même si l’air n’a pas retrouvé encore la pureté à laquelle les grands espaces nordiques nous ont habitués. Cane dans le Pickhandle Lake
Cane dans le Pickhandle Lake

Pickhandle-Lake-Monique-et-le-geai-gris
L'observatrice observée par le geai gris

Nous ne roulerons pas beaucoup aujourd’hui, car nous désirons nous arrêter chez des Français rencontrés à Dawson City. Ils ont créé un ensemble d’hébergement au bord du Parc National de Kluane, près de l’Alaska Hwy. Les montagnes ont réapparu en constituant le fond du décor dans lequel la route serpente en larges courbes bien redressées. La circulation continue d’être très clairsemée : quelques R.V., la plupart des gros engins américains qui se prennent pour des autobus et progressent assez tranquillement en tirant une voiture ou un 4 x 4, quelques énormes camions remorques ou citerne roulant à toute allure en faisant revoler la poussière et le gravier du bas-côté (se méfier à chaque croisement !), et parfois un pick-up local qui roule plus ou moins vite, mais le plus souvent en faisant un bruit épouvantable, l’échappement étant ou rouillé et percé, ou trafiqué…

Nous passons le large lit de gravier de la Donjek River, typique des rivières issues de glaciers : l’eau grisâtre et laiteuse n’occupe que quelques chenaux relativement étroits en charriant quantité de limon et de graviers. Ceux-ci comblent continuellement les chenaux, ce qui amène très rapidement la déviation du cours d’eau vers d’autres tracés mais toujours dans les limites du même lit.

Donjek-River-Valley
La très large Donjek River Valley

Puis les hautes pentes du Parc commencent à apparaître à notre droite, tandis qu’à notre gauche ce sont les eaux bleues du très long Kluane Lake qui forment le paysage.

Première vue sur Kluane Lake depuis le bord de
              l'Alaska Hwy
Première vue sur Kluane Lake depuis le bord de l'Alaska Hwy

Petit Caterpillar rescapé de la construction
                      de l'Alaska Highway
Petit Caterpillar rescapé de la construction de l'Alaska Highway
Arrêt à Burwash Landing pour le petit musée d’histoire naturelle où je suis surtout intéressé par les explications sur le feu qui ravage si souvent les forêts ici, tandis qu'à l'extérieur, quelques engins rescapés de la construction de l'Alaska Hwy en évoquent l'épopée.

La route serpente le long de la rive, offrant de très belles vues qui font penser à certains lacs italiens ou aux lacs des Rocheuses. L'Alaska Hwy serpentant le long de Kluane Lake
L'Alaska Hwy serpentant le long de Kluane Lake

Pause au bord du lac Kluane
Pause au bord du lac Kluane


Kluane
            Lake passage en travaux sur l'Alaska Hwy
Sur un passage en travaux de l'Alaska Highway

Rivage du
                    Kluane Lake
Au bord du lac Kluane
Au bord du lac Kluanee
Au bord du lac Kluane

Au pied de Sheep Mountain
Sheep Mountain
Guépard au pied de Sheep Mountain
Guépard au pied de Sheep Mountain

Rendus à l’extrémité sud du lac nous nous rendons au Visitor Centre de Sheep Mountain, mais une affichette sur la porte indique une grève… Nous ne verrons pas plus de Chèvre de Dall, une variété de mouflons blancs qui fréquente souvent les pentes de l’énorme rochers en arrière du Visitor Centre.

chevres-de-Dall
Chèvres de Dall dans Kluane Park
Chèvres de Dall (Dall Sheep) dans Kluane Park

Nous nous mettons alors à la recherche du « Base Camp » de nos hôtes à Siver City, mais en l’absence de panneau indicateur et surtout de bornes sur l’Alaska Hwy en travaux, impossible de se repérer (les adresses le long de l’Alaska Hwy référent à la borne « milepost » ou maintenant « kmpost »). Un panneau indiquant un B & B nous mène sur un chemin débouchant sur une jolie plage lacustre derrière laquelle la propriétaire francophone a effectivement aménagé un lodging. Mais Cécile n’est pas Française, plutôt Manitobaine. En revanche elle connaît bien Annie et Emmanuel et nous indique gentiment le chemin. La plage devant le B & B
La plage devant  le B & B


Bivouac devant la porte des Lyonnais au
                        Mile 1056 Base Camp
Bivouac devant la porte des Lyonnais au Base Camp du Mile 1056
Nous atteignons enfin le grand terrain (5 hectares !) où nos Lyonnais sont venus bâtir maison et vivre la moitié de l’année. Accueil chaleureux et spontané de ces expatriés volontaires et à temps partiel qui ont découvert ici espace, silence, liberté, air pur et grande nature. Nous échangeons, sympathisons, découvrons leur entreprise en plein développement, partageons leurs rêves et leurs enthousiasmes… bref deux heures plus tard nous commençons à préparer le souper ensemble… Soirée qui s’achèvera fort tard, lorsque enfin nous nous retirons dans notre « cabin » à roulettes stationnée sur le grand terrain tapissé de fleurs sauvages, juste devant leur porte.

Base-Camp-au-soleil-couchant
Kluane Camp au soleil couchant


Vendredi 20 août 2004 : de SILVERCITY (Kluanee Camp) à DEZADEASH LAKE (Haines Jct) (147 km)

Lever tard puis longue et agréable conversation d’adieux avec nos hôtes Annie et Manu que nous reverrons à Lyon ou à Annecy cet hiver. Kluane Camp
Bivouac au Kluane Camp

Kluane Lake sous le soleil
Kluane Lake sous le soleil devant Sheep Mountain
Nous revenons un peu en arrière en longeant le superbe Kluane Lake encore plus beau aujourd’hui sous le grand soleil...

Kluane-Lake-vers-Mountain-Sheep
Kluane Lake vers le fond du lac

Kluane Lake
Kluane Lake

Sheep Mountain au delà de Kluanee Lake
Sheep Mountain au delà de Kluane Lake

Rivage
                de Kluane Lake
Rivage de Kluane Lake

Départ de la balade du Sheep Bullion Plateau
Départ de la balade du Sheep Bullion Plateau
...jusqu’au Visitor Centre du National Park (fermé...) pour aller faire une partie de la balade du Sheep Bullion Plateau recommandée par Manu.

Après deux kilomètres de piste passable jusqu’au stationnement, deux heures et demie de marche au pied de la Sheep Mountain nous entraînent dans un superbe paysage qui donne un avant-goût des splendeurs du parc, sans guère d’élévation mais sous un soleil ardent de début d’après-midi. Monique part en balade vers Sheep Bulion
                      Plateau
Monique au départ de la balade vers Sheep Bulion Plateau

Jean-Paul au milieu du tapis fleuri
Jean-Paul au milieu du tapis fleuri

Tapis fleuri
Tapis de fleurs

Monique se rafraîchit dans Sheep Creek
Monique se rafraîchit dans Sheep Creek
Traversée à gué du Sheep Creek très large et rocailleuse mais où ne coulent que deux filets d’une eau glacée.

Lorsque l’ancienne route minière en ruine commence à s’élever vers le plateau, la fatigue se fait sentir... Sur l'ancienne route minière
Sur l'ancienne route minière

Au-dessus de la vallée
Au-dessus de la vallée
Alpages
Alpages dans la montagne

Quelques photos et plans vidéo du magnifique paysage et nous faisons demi-tour pour retrouver vers 16:30 notre home, assoiffés et fatigués mais fort heureux de ce petit contact avec la grande nature qui nous entoure.
Retour vers Sheep Mountain
Retour vers Sheep Mountain

Sur le chemin du retour
Sheep Mountain sur le chemin du retour
Zoom sur la paroi de Sheep Mountain
Zoom sur la paroi de Sheep Mountain... sans chèvres !

Dernier coup d'oeil sur Sheep Mountain se reflétant
                dans Kluane Lake
Dernier coup d'oeil sur Sheep Mountain se reflétant dans Kluane Lake

Nous prenons alors la route de Haines Jonction pour une soixantaine de kilomètres parcourus assez lentement par rapport à notre course d’avant-hier : j’ai dû remettre plus de 2 litres d’huile dans notre vieux moteur, la consommation d’essence a atteint des sommets (autour de 22 l/100 km en roulant entre 120 et 130 km/h), Mais c’est surtout parce que le paysage présenté par l’Alaska Hwy en longeant le Kluane Ntl Park est magnifique. La route passe deux cols autour de 1 000 m en offrant de grands dégagements sur la dépression boisée qu’elle suit. Amples paysages, couleurs variées des végétaux et des rochers, lacs bleutés et cimes enneigées…

Dans le village de Haines Junction, nous faisons quelques courses dans le General Store qui vend effectivement de tout, des clous aux derniers DVD en passant par l’épicerie, le sac de glace et les timbres postes… Pour nos amis de Silver Creek, la plus proche ville est Whitehorse à deux heures trente d’auto, il est donc bien pratique de pouvoir parer ici aux premières nécessités !

Carte en relief de Kluane Park
Carte en relief de Kluane Park
Je vais ensuite faire un tour au Visitor Centre du Parc National Kluane où je m’attarde d’abord devant la belle maquette. Elle me fait comprendre l’immensité du territoire protégé (22 000 km2) et les limites de ce qu’on peut en apercevoir depuis la route : les quelques glaciers que nous avons vus ne sont que d’infimes langues glaciaires descendant du vaste champ de glace (Icefield) qui occupe tout le centre du parc, et dont l’accès est réservé aux alpinistes chevronnés et aux excursionnistes en avion.

Le Mont
              Kennedy, au centre de l'Icefield du Kluane National Park,
              vu d'avion
Au centre de l'Icefield du Kluane National Park, le Mont Kennedy vu d'avion

Comme nous avons déjà sacrifié à ce merveilleux, mais coûteux moyen, je me contente du beau spectacle sur grand écran présentant, par une habile juxtaposition d’images, l’originalité et l’extraordinaire richesse de ce parc tant dans sa flore et sa faune que dans sa géologie et ses paysages. Au moins en aurons-nous eu une toute petite idée par notre courte balade au desus du lac, le long de la Sheep River... Carte en relief du coin de notre balade
Carte en relief du coin de notre balade

Vue sur les montagnes de Kluane depuis
                      Visitor Centre
Vue sur les montagnes de Kluane depuis Visitor Centre
Tout ici est superlatif : plus grand nombre de glaciers et plus grand champ de glace après les pôles, plus hauts sommets d’Amérique du Nord, plus grand troupeau de chèvres de Dall, etc.

En laissant derrière nous Haines Junction au Yukon, nous repartons vers le sud en direction de Haines, à nouveau en Alaska. En quittant Haines Junction pour Haines
En quittant Haines Junction pour Haines

Kathleen Lake
Kathleen Lake
Les crêtes acérées des massifs contreforts de la chaîne Icefield dominent la route, couronnés par plusieurs petits glaciers et encadrant de charmants petits lacs comme le Kathleen Lake où nous allons faire un tour.

Kathleen Lake
En approchant de Kathleen Lake

Plage de Kathleen Lake
Plage de Kathleen Lake

Nous roulons lentement, tant pour admirer ce superbe paysage - que je continue de photographier et filmer en profitant de la chaude lumière du soir - que pour chercher un bivouac. Notre balade de la mi-journée et notre veille d’hier nous ont fatigués, et j’ai hâte de mettre à jour mon journal laissé en plan les deux derniers soirs.
Torrent dans le soir
Torrent dans le soir

Nous commençons à longer de loin le grand lac Dezadeash vers lequel je finis par trouver un chemin bien empierré. Nous nous éloignons d’une centaine de mètres de la highway pour découvrir, derrière le rideau d’arbres, une belle esplanade dégagée et gravelée. Nous nous y installons dans le grand silence pour y passer la nuit.

Samedi 21 août 2004 : de DEZADEASH LAKE à HAINES (242 km)

Bivouac au dessus du lac Dezadeash
Bivouac au dessus du lac Dezadeash
On entend si peu le passage des véhicules sur la highway, et ils sont si rares, que nous dormons comme des loirs jusque passé 8:00, au milieu de notre champ de fleurs sauvages…

Bivouac au milieu des fleurs
Bivouac au milieu des fleurs

Le Lac Dezadeash
Le Lac Dezadeash

Au matin, le ciel clair et partiellement dégagé illumine le panorama sur le lac à gauche et sur les montagnes enneigées du parc de l’autre côté. La
                      route de Haines Junction à Haines
La route de Haines Junction à Haines

Lac d'altitude
Lac d'altitude
Nous démarrons bientôt pour parcourir l’une des plus belles routes de notre voyage : des montagnes tachetées de glaciers, des steppes couvertes de lichens, un col superbement sauvage (le Chilkat Pass à 1 065 m), des lacs aux vastes dimensions s’étendant dans de larges vallées boisées…

Courbe
                d'une rivière
Courbe d'une rivière

La route continue...
La route continue...

Panorama sauvage de
                l'Alaska Highway
Panorama sauvage de l'Alaska Highway

Nous progressons lentement car je veux prendre le temps de tout admirer à mon aise et de capter les plus belles images de ces paysages magnifiques. Les ralentissements prolongés et les arrêts sont donc fréquents, tandis que Monique, plus indifférentes à ces images qu’elle trouve répétitives, se plonge dans un roman fleuve historique (Benzoni...) prêté par Annie…
Sur le plateau avant le col
Sur le plateau avant le Chilkat Pass

Guépard dans le Chilkat Pass
Guépard dans le Chilkat Pass

Sur le
                  plateau
Sur le plateau

Pics depuis le Chilkat Pass
Pics depuis le Chilkat Pass

En descendant le Chilkat Pass
En descendant le Chilkat Pass
Après ce long passage en plateau, extrêmement sauvage, nous abordons la vive et longue descente du Chilkat Pass dont les pentes accusée offrent quelques autres vues saisissantes sur les montagnes environnantes et leurs glaciers...

Les glaciers en descendant le Chilkat Pass
Les glaciers en descendant le Chilkat Pass

Depuis un belvédère dans le Chilkat Pass
Depuis un belvédère dans le Chilkat Pass

Cimes enneigées et glaciers
Cimes enneigées et glaciers sur la route du Chilkat Pass

Glaciers
Glacier...

Autre glacier
Autre glacier...

Chilkat River
Large vallée de la Chilkat River
En bas du Chilkat Pass, nous quittons le Yukon pour une dernière incursion en Alaska. La vallée de la Chilkat River s’étend largement sur fond de montagnes et de glaciers...

Rassemblement d'aigles à tête blanche dans un
                      arbre en saison
Rassemblement d'aigles à tête blanche dans un arbre en saison
C'est la site du National Bald Eagle Preserve, mais les aigles établis le long de ses rives pour pêcher le saumon sont encore rares en cette saison. Je réussis quand même avec mes jumelles à en apercevoir un perché dans un arbre sur une île au milieu des eaux grises. Aigle à tête blanche (Bald Eagle)
Aigle à tête blanche (Bald Eagle)


Ïle dans
                la Chilkat River
Île dans la Chilkat River

Moulin à pêcher le saumon
Moulin à pêcher le saumon
En revanche nous avons la chance d'approcher à deux reprises des moulins à pêcher le saumon, appareils fort ingénieux amarrés près de la rive et dont le mécanisme, entraînés par le fil du courant, permet aux indigènes de se ravitailler en saumon sans trop dépenser de peine... Nous en avions vu une maquette dans le Musée d'Anchorage.

La route atteint enfin Haines au fond de son fjord. Le soleil est au rendez-vous, avivant les couleurs. Pause devant le quai du fast ferry pour Juneau,la capitale de l'Alaska... Arrivée
                      à Haines
Arrivée à Haines

Vue sur Haines
                      depuis la route vers Battery Point Trail Head
Vue sur Haines depuis la route vers Battery Point Trail Head
...puis poursuite sur le chemin menant au Battery Point Trailhead sans y découvrir d’espace pour y bivouaquer.

Paysage depuis Battery Point Trailhead
Paysage depuis Battery Point Trailhead

Fond du fjord vers Skagway
Fond du fjord vers Skagway

Demi-tour donc, nous dépassons le village et nous rendons jusqu’au bout de la route du côté du Chilkat State Park (dont nous abandonnons vite la piste défoncée) pour découvrir une élégante maison moderne superbement située devant un bras de mer désert (avec piste privée pour hélicoptère, s’il vous plaît : pauvres gens !).
Haines : vers-Battery Point et l,'ouverture
                        du fjord
Haines : vers-Battery Point et l'ouverture du fjord vers la pleine mer

Panorama sur la baie
Panorama sur la baie de Haines

Je fais quelques pas sur la plage de galet, puis nous revenons vers le petit port lorsque je reconnais en le croisant le fourgon Mercedes vert des deux sympathiques Allemands rencontrés à Calgary. Demi-tour, nous nous arrêtons au bord du chemin, Christel et Peter font la connaissance de Monique. Nous échangeons longuement sur nos découvertes alaskienne et yukonaises, prenons un verre de vin, puis deux, et finissons par décider d’aller manger ensemble dans un restaurant sur le port.
Monique et Christel à la table du Guépad
Monique et Christel à la table du Guépard

Sur la terrasse du restaurant de Haines avec
                      Christel et Peter
Sur la terrasse du restaurant de Haines avec Christel et Peter
Après quelques courses au IGA local (beaucoup moins cher que l’épicerie de Haines Jonction hier), soirée animée devant le bassin des small boats qui nous mène passé 11:30. Nous nous quittons enfin en nous promettant de nous revoir en Palatinat où ils demeurent (Saarebruck).

Ils prennent le chemin du camping dont ils apprécient les douches chaudes et inépuisables, tandis que nous avançons un peu sur la petite route côtière menant au quai du ferry de Skagway. Avisant un vaste espace dégagé près de l’eau, nous nous y installons pour la nuit sous un ciel merveilleusement étoilé.

Haines-small-boats-harbor
Au crépuscule, le bassin des small boats de Haines



14. De HAINES à WHITEHORSE



Dimanche 22 août 2004 : de HAINES à DYEA (50 km)

Site-de-Haines-depuis-la-montagne
Site de Haines depuis la montagne
Avant de m’endormir passé minuit, j’ai pu admirer le ballet furtif d’une aurore boréale balayant le ciel plein d’étoiles de grands voiles blanchâtres. Au matin, une lumière pure illumine le ciel bleu sans nuage. Il s’accorde avec le bleu-vert de la mer et les pentes plus sombres des montagnes couronnées de neige et de glaciers pour composer un tableau magnifique.

Bivouac
                devant la baie de Haines, au bord de la petite route
                menant au ferry
Bivouac devant la baie de Haines, au bord de la petite route menant au ferry

Nous traînons un peu avant de nous lever et de gagner un peu plus loin le terminal du ferry pour prendre nos billets à destination de Skagway. Le prochain - et le seul - bateau part ce soir à 18 :15 ! Le vieux Fort Seward en bordure de Haines
Le vieux Fort Seward en bordure de Haines

Monique lit en prenant le soleil
Monique lit en prenant le soleil
Nous n’avons pas d’autre choix que de profiter de cette journée pour téléphoner à notre fille et ensuite en France, puis de nous reposer devant le superbe panorama de la baie en avant du village. Nous revenons un peu en arrière et nous installons sur le gazon, entre la petite route guère fréquentée et la plage de galets, avec pour décor le panorama décrit plus haut. Après déjeuner, Monique sort une chaise au soleil et poursuit la lecture de son roman (une quadrilogie de Juliette Benzoni) pendant que je me remets à l’ordi pour classer et retravailler les dernières photos.

Vers 15:30 nous levons le camp pour prendre un peu d’exercice : traversant Haines et poussant jusqu’au petit stationnement au bout de Beach Road, nous enfonçons sous les grands pins Sitka pour faire la balade vers la Battery Point signalée dans le Guide Vert. Peu de dénivellation mais beaucoup de déambulations sur le sentier sinueux qui serpente entre les racines des grands arbres rectilignes. Monique sur le sentier de Battery Point
Monique sur le sentier de Battery Point

Sur la plage de Battery Point
Sur la plage de Battery Point

Après 3/4 d’heure de marche, nous finissons par quitter le couvert boisé un peu mystérieux et atteignons enfin la plage et la vue sur la baie. Mais il est déjà temps de faire demi-tour pour nous présenter à temps à l’embarquement...

Monique médite devant Battery Point
Monique médite devant Battery Point

Retour un peu précipité puis chemin en sens inverse en laissant en passant un petit mot d’adieux sur le pare-brise du Sprinter Mercedes de Christel et Peter stationné tous rideaux fermés devant le quai du fast ferry.

Le ferry de Haines à Skagway à quai
Au quai de Haines, le ferry menant à Skagway
Les voitures et autres véhicules récréatifs attendent déjà nombreux en ligne sur l’aire d’embarquement. Nous avons à peine le temps de nous faire un sandwich que déjà les voitures commencent à avancer.

Départ du ferry vers Skagway
Départ du ferry vers Skagway
En route !
En route !

La traversée est courte (1 heure environ). Peu spectaculaire, elle offre cependant les beaux paysages de fjord bordé de forêts et de quelques cascades que nous connaissons bien maintenant. La progression nous semble lente vers le fond du fjord voisin où est nichée la petite ville de Skagway. Pentes au bord du fjord
Pentes plongeant au bord du fjord

La lumière descend vite et les rues sont plongées dans l’ombre lorsque nous abordons, car les hautes pentes abruptes cachent le soleil bien avant son coucher. Nous faisons quand même un tour des deux principales rues qui présentent toute une panoplie de façades de style frontier, i.e. en planches peintes de couleurs vives et contrastées, frontons et balustrades.  Le coup d’œil au premier abord attire l’œil et surprend agréablement, mais après un deuxième tour pour filmer et regarder plus en détail, c’est l’impression de décor de théâtre qui s’installe : tout cela est trop neuf, trop de nouveaux bâtiments se mêlent aux anciens sans que les authentiques ressortent vraiment du lot. Impression fort différente de celle ressentie à Dawson City...

Nous arrêtons là la visite, d’autant plus que la nuit descend et qu’il faut trouver un bivouac. Comme je veux voir au moins le départ de la fameuse piste Chilkooot, nous quittons la petite ville après un plein d’essence et nous engageons sur la petite route de Dyea, l'ancien port d edébarquement des prospecteurs. Ses premiers miles goudronnés jusqu’au belvédère donnant sur Skagway sont faciles, mais ensuite elle devient beaucoup plus étroite en serpentant le long de la rivière. Trouvant un espace favorable peu avant le hameau de Dyea, nous arrêtons au bord de l’eau, y soupons légèrement et nous couchons assez tôt dans la solitude et le grand silence seulement troublé par les légers tourbillons de la rivière à nos pieds.


Lundi 23 août 2004 : de DYEA à WHITEHORSE (206 km)

Estuaire de la rivière Taiya
Estuaire de la rivière Taiya
Il est 9:30 lorsque nous nous réveillons au bord de la rivière sous un ciel tout bleu. Trois minibus et deux jeunes filles forment juste à côté de nous le comité d’accueil pour des rafters qui descendent la rivière Taiya.

Nous nous douchons rapidement et allons prendre notre déjeuner un peu plus loin, dans le petit parc historique incluant le site de l’ancienne Dyea, construite au départ de la Chilkoot Trail au moment de la Ruée vers l’Or (1897-98). Elle a été abandonnée 2 ans plus tard dès que Skagway, porte d’entrée du White Pass et terminus du White Pass & Yukon Railway, l’eut supplantée comme port d’arrivée vers les gisements d’or du Klondike. Site de l'ancienne Dyea
Site de l'ancienne Dyea

Site du port de Dyea
Site du port de Dyea
Je vais faire un tour sur le banc de sable et de gravier à l’embouchure de la rivière où se trouvait la ville mais le site est maintenant complètement envahi par la végétation. Il ne reste absolument rien des bâtiments de planches et encore moins des tentes hâtivement montées que l’on voit sur les photos des panneaux explicatifs. Partout de vigoureux résineux ont surgi, denses et opaques, cachant parfois quelques planches pourrissantes enfouies dans la mousse… Ma promenade archéologique se mue en jogging matinal, ma foi assez vivifiant sous le chaud soleil et dans l’air pur qui embaume le sapin.

Tout proche et longeant le cours de la Taiya, j’aperçois le départ de la célèbre Chilkoot Trail sur laquelle peinèrent tant de prospecteurs en 1898-99, et illustrée par Charlie Chaplin dans une fameuse séquence de The Gold Rush (La Ruée vers l'Or).
La
                      rivière Taiya en amont de Dyea
La rivière Taiya en amont de Dyea

Guépard au départ du Chilkoot Trail
Guépard au départ du Chilkoot Trail
Je me sens malheureusement bien incapable d’entreprendre cette rude randonnée de trois jours reconnue assez exigeante et donc réservée à des marcheurs mieux entraînés que moi…

Une ancienne cabane de prospecteur ?

Une ancienne cabane de prospecteur ?

Les eaux calmes du Lynn Canal
Les eaux calmes du Lynn Canal
Nous prenons donc bientôt le chemin du retour, lentement car la route de terre est étroite et vire sans cesse, mais elle offre plusieurs vues superbes sur le Lynn Canal et sur les montagnes portant neige et glaciers...

...puis sur la ville de Skagway vue d’en haut depuis le petit belvédère découvert hier soir dans l'obscurité. Skagway et ses navires de croisière
Skagway et ses navires de croisière

Route de la White Pass, à gauche la route,
                        à droite le chemin de fer
Route de la White Pass, à gauche la route, à droite le chemin de fer
De retour à Skagway, Monique parle un moment avec Juliette en France. Nous repartons alors sur la South Klondike Hwy en direction de l’Alaska Hwy et de Whitehorse. La route excellente accuse rapidement une forte pente en escaladant le White Pass dans un grandiose paysage de rochers à pic sur fond de cimes enneigées.

Sur l’autre versant de la vallée, la voie ferrée historique du White Pass & Yukon Railway s’accroche à la pente, telle un ruban noir inséré dans le tissu sombre et dense de sapins. Arrêtés sur une plate-forme d’observation au bord de la route, nous avons la chance d’apercevoir le fameux petit train grimper lentement la voie étroite tracée à coup de dynamite en 1899, au plus fort de la Ruée vers l’Or. Les deux locomotives diesel jaune et vert peinent sur la forte pente régulière et continue qui épouse les courbes de la montagne, suivies de leur dizaine de petits wagons d’époque en bois joliment restaurés. La vieille loco à vapeur, plus typique encore, ne reprend du service qu'une fois par semaine. Train de la WP&YR sur la voie de chemin
                        de fer de la White Pass
Train de la WP&YR montant la voie de chemin de fer de la White Pass

Le train à vapeur de la WP&YR
Le train de la WP&YR tiré par sa loco à vapeur

Le tracé du railway au flanc du col vers le nord
Le tracé du railway au flanc du col vers le nord

Souffleuse à neige à vapeur poussée par deux
                  locos diesel
Tarière à neige à vapeur poussé par les locos diesel du WP&YR


Les deux locos et le chasse-neige à vapeur du
                  WP&YR
Les deux locos et le chasse-neige à vapeur du WP&YR

Déjeuner au grand soleil et devant le magnifique paysage un peu au-dessous du col, à près de 1 000 mètres d’altitude.

Halte pour déjeuner en montant le White
                          Pass
Halte pour déjeuner en montant la White Pass

Monique prépare la salade sur la
                          paillasse du Guépard...
Monique prépare la salade sur la paillasse du Guépard...

Sur
                        le plateau
Sur le plateau
Le paysage ensuite sur le plateau est fort différent, extrêmement désertique et chaotique, mêlant rochers nus, étangs d’un bleu intense et sapins isolés encadrés par de hautes montagnes aux teintes gris rosé.
Lac
Lac
Rocaille au-dessus de Tushti Lake
Rocaille naturelle au-dessus de Tutshi Lake

Nous franchissons la frontière Alaska/Colombie-Britannique, passons la petite gare de Fraser où nous retrouvons un autre train de la W.P. & Y. R. en partance pour Skagway, arrivons au site de Log Cabin où aboutissait le Chilkoot Trail. J’y rencontre un petit groupe de marcheurs, des Allemands qui semblent plutôt harassés… Train de la WP & YR à Fraser
Train de la WP &  YR à Fraser

Windy Arm
Windy Arm
Puis apparaissent des lacs plus grands, magnifiques par leur étendue et par leur vive couleur bleue royal : le Tutshi Lake, puis le Windy Arm dont nous suivons longuement les rives.

Jolie vue du rocher boisé de Bove Island au bout de Windy Arm entouré de montagnes, avant d’aborder enfin le Nares Lake. Bove Island sur le Windy Arm
Bove Island sur le Windy Arm

Le cadre continue d’être très sauvage, sans aucune habitation ni routes adjacentes jusqu’à Carcross où nous arrêtons quelques minutes.

Vue aérienne du site de Carcross entre
                          lacs
Vue aérienne du site de Carcross entre lacs
Chapelle St-Andrew sur Benett Lake
Chapelle St-Andrew sur Benett Lake

L'antique petite loco à vapeur et le
                        General Store de Carcross
L'antique petite loco à vapeur et le General Store de Carcross
Tour de la place centrale avec ses petits monuments à la gloire du chemin de fer de 1899 (puisque c’est ici que fut posé le dernier crampon de traverse), sa vieille locomotive à vapeur, les restes du Tutschi, un superbe bateau à vapeur comme ceux déjà visité mais qui malheureusement brûla entièrement peu après que l’on eut entrepris sa restauration en 1990. Monique déniche quelques jolies cartes postales dans l’antique Matthew Watson General Store (c’est le plus ancien du Yukon encore en fonction et sa façade en planche date de 1898).

En sortant du village quasi lacustre tant les eaux bleues des vastes bras semblent se croiser en son centre, je vais faire quelques pas sur les dunes du Carcross Desert, mini-paysage insolite résultant de l’action du vent sur la cuvette sableuse d’un lac asséché. Carcross Desert
Carcross Desert

Guépard
                  dans Carcross Desert
Guépard dans Carcross Desert

Emerald Lake
Emerald Lake
Quelques kilomètres plus loin, ce sont les eaux bleu émeraude du petit Emerald Lake qui attirent notre regard, tant ses couleurs vibrent sous le soleil du soir.

Emerald
                Lake
Emerald Lake

Emerald Lake
Emerald Lake
Emerald Lake
Emerald Lake
Tout au long, notre route suit la trace parallèle des rails du W.P.& Y.R. dont la voie abandonnée pourrit lentement à travers la forêt. Halte pour jeter un œil à la Robinson Station dont les murs de rondins s’écroulent lentement. En suivant sur quelques mètres les traverses à moitié pourries qui soutennaient les rails (ceux-ci ont presque tous disparu), je ramasse un crampon de fer posé par ces pionniers. Authentique souvenir historique de la Ruée vers l’Or !
L'ancienne voie du WP & YR à Robinson
                          Station
L'ancienne voie du WP & YR à Robinson Station

Nous rattrapons enfin l’Alaska Hwy que nous suivons vers l’ouest pour, une vingtaine de kilomètres plus loin, entrer dans Whitehorse au crépuscule. Tous les magasins sont fermés et la ville semble déjà en voie d’achever sa saison touristique. Nous gagnons directement le stationnement du Wal-Mart utilisé lors de notre passage il y a 20 jours, lors des deux nuits passées en ville. Quelques courses, souper, un peu de lecture et nous nous couchons tôt.




15. De WHITEHORSE à MONTRÉAL



Mardi 24 août 2004 : de WITEHORSE à LIARD HOT SPRING (669 km)

Nuit fort paisible, à l’écart du trafic. Le ciel est couvert au matin, et un amas de nuages gris laisse présager de la pluie. Vers 10:00 nous commençons par passer au Canadian Tire pour faire procéder au changement d’huile mais il n’y aura pas de place avant 14:00; le gérant me suggère un « Quick Lube » dont il vérifie la file d’attente d’un coup d’œil par la fenêtre… Effectivement le Guépard est immédiatement installé au-dessus de la fosse et l’opération menée rondement. Constatant plusieurs fuites d’huile importantes sur le moteur, le mécano de service me déconseille de continuer à utiliser de l’huile synthétique, trop fluide et trop « fine », et me recommande au contraire une huile plus visqueuse et moins chère. Quant aux freins, pas de service ici, il faudra voir plus tard…

Une caravane bien bizarre...
Une caravane bien bizarre...
En quittant la ville, une drôle de maison montée sur roues en bordure de ville attire notre attention : nouveau style de campin-car ou... plutôt une maison de démonstration utilisée par les pompiers pour démontrer un habitat plus sécuritaire !



Nous passons ensuite à la poste, complétons nos provisions, faisons le plein d’essence et d’eau et, vers 12:30, nous mettons en route pour amorcer notre retour à Montréal (à près de 6 000 km…). Les 420 premiers kilomètres jusqu’à Watson Lake nous sont connus. J’arrête seulement à quelque distance en amont de Whitehorse pour photographier le Yukon roulant ses flots bleu-vert déjà puissants au pied de falaises de limon blanchâtre qu’il a largement entamé. Le Yukon en amont de Whitehorse
Le Yukon en amont de Whitehorse

Le long du Marsh Lake
Le long du Marsh Lake
Puis nous filons sans interruption à vitesse de croisière (100-110 km/h). Le moteur semble tourner à peu près rond, sans faiblesses ni à-coups comme il y a quelque temps, nous rentrerons peut-être à la maison sans ennuis !

Sous nos yeux se déroulent les panoramas de grands espaces quasi déserts déjà vus à l’aller, dont la faible circulation sur l’Alaska Hwy semble encore accuser l’immensité et la sauvagerie. On a l’impression de parcourir presque seuls ces centaines de kilomètres mais dans un confort et avec une aisance désarçonnante quand on pense à la durée, aux intempéries, aux difficultés multiples et aux souffrances auxquelles furent confrontés les voyageurs d’il y a un peu plus d’un demi-siècle… La route longe longuement le beau Marsh Lake puis, après un passage plus montagneux, franchit la Teslin River à Johnson Crossing.

Nous déjeunons en attendant que le pont, sur lequel une équipe d’ouvrier change des poutrelles d’acier, se libère, puis ce sont les 70 km du Teslin Lake dont nous longeons la rive Nord jusqu’à Teslin. Nous passons devant le George Johnson Museum visité à l’aller, franchissons à nouveau le plus long pont de l’Alaska Hwy et retrouvons ensuite la section qui fait un crochet en Colombie-Britannique. La chaussée est excellente, le cruise control limite ma tâche à inscrire le mieux possible le Guépard dans les grandes courbes parfaitement redressées, Monique poursuit la lecture de son roman-fleuve…
Le long du Teslin Lake
Le long du Teslin Lake

Le ciel pendant un long moment paraît embrumé par de la fumée, ce que confirme l’odeur légère de feu de bois, et nous traversons de vastes zones incendiées récemment, y compris autour du camp d’équitation au bord du Swan Lake où nous avions passé la nuit du 31 juillet. Plein d’essence sous la pluie à Watson Lake dont la « forêt » de panneaux indicateur me semble encore une fois étrange et incongrue. Le calcul de la consommation (un peu moins de 17 litres/100 km) me rassure sur l’état du moteur… Comme il fait encore très clair et qu’il est seulement 19:00, nous décidons de poursuivre plus avant notre descente vers le sud-est.

Nous soupons sur un belvédère au-dessus d’un méandre de la Liard River.

Méandre sur Liard River
Méandre sur Liard River
Liard
                          River
Liard River

Crépuscule sur Liard River
Crépuscule sur Liard River

Dans un paysage encore plus sauvage et de plus en plus vallonné, nous rencontrons plusieurs animaux le long de la route: une femelle orignal et son petit puis, entre Coal River et Liard River, deux petites hardes de bisons que nous tâchons de photographier et de filmer malgré la disparition progressive de la lumière. Des bisons sur la route !
Des bisons sur la route !

harde-de-bisons-au-crepuscule

harde-de-bisons-au-crepuscule

Bison solo

Harde de bison paissant en bord de route
Harde de bison paissant en bord de route

Harde de bison paissant en bord de route
Harde de bison paissant en bord de route

La fatigue qui commence à se faire sentir, et le danger de rencontrer dans l’obscurité d’autres animaux sur la route, nous amènent à faire étape devant le petit parc de Liard River Hot Springs. Plus de place au camping, nous nous installons sur un vaste espace sableux dégagé à côté d’une cabane abandonnée.

Mercredi 25 août 2004 : de LIARD HOT SPRING à FORT ST-JOHN (703 km)

Liard Hot Spring
Liard Hot Spring
Il fait très gris et froid (6ºC) lorsque nous nous levons vers 10:00, au point que Monique préfère se passer de la douche, le chauffage de l’arrière du Guépard étant resté débranché pour l'été… Nous allons quand même faire un tour au bout du long trottoir de bois traversant la forêt jusqu’aux sources thermales, accompagnant toute une ribambelle de familles, serviette de bain sous le bras, qui s’en va passer un moment dans l’eau très chaude exhalant une légère odeur soufrée.

Nous avons malheureusement laissé nos maillots de bain à Montréal et devrons nous contenter de constater la chaleur de l’eau du bout de l’orteil. Jeune baigneur dans Liard Hot Spring
Jeune baigneur dans Liard Hot Spring

Liard
                  Hot Spring
Liard Hot Spring

Le cadre rustique est fort joli, d’autant plus que la température nettement plus élevée alentour a créé une espèce de micro-climat surprenant à cette altitude et sous cette latitude, favorisant la croissance de fougères, de petites orchidées et de quelques autres plantes inattendues, quasi tropicales. Les sources chaudes de Liard Hot Spring
                          chargées de dépôts minéraux
Les sources chaudes de Liard Hot Spring chargées de dépôts minéraux

Mucho-Lake-Park-route-le-long-du-torrent
Route vers Muncho Lake Park le long du torrent
Il est presque midi et le ciel encore plus hcargé lorsqu’enfin nous reprenons la route qui continue à grimper en offrant des paysages de plus en plus montagneux.

L’Alaska Hwy devient alors plus étroite, ses virages, ses montées et descentes s’accusent, aussi notre vitesse ralentit dès que nous entrons dans le Muncho Lake Park. Alaska-Hwy-dans-Muncho-Lake-Park
Alaska Hwy dans Muncho Lake Park

Muncho Lake depuis l'Alaska Hwy
Muncho Lake depuis l'Alaska Hwy

En longeant Muncho Lake
En longeant Muncho Lake

Dans la grisaille la vallée au-dessus de Muncho
                    Lake
Dans la grisaille la vallée au-dessus de Muncho Lake

Nous nous trouvons à traverser la partie la plus septentrionale des Rocheuses, ce qui nous fait gravir le Muncho Pass à 1 100 mètres, au pied des cimes enneigées du Mont Roosevelt (2 972 m) puis du Mont Stone (2 819 m).

Alaska Hwy montant vers Muncho Pass
L'Alaska Hwy montant au Muncho Pass à 1 100 m d'altitude

Guépard au bord du torrent dans Muncho Lake Park
Guépard au bord du torrent dans Muncho Lake Park

Muncho Lake Park, vers le Summit Lake
                          Pass
Muncho Lake Park, vers le Summit Lake Pass
La température chute à 3ºC, la pluie fine qui a commencé à tomber se mue en neige qui saupoudre autour de nous arbres et rochers. C’est à la fois inattendu et féerique, occasion de nombreuses photos et plans vidéo.

Neige sur la montagne... et
                            avertissement !
Neige sur la montagne... et avertissement !
Lit de torrent saupoudré
Lit de torrent saupoudré

Summit Lake Pass et pentes du Mt Stone enneigé
Dans le Summit Lake Pass, les pentes du Mont Stone enneigé à 2 819 m

Nous apercevons même plusieurs jeunes caribous en train de brouter l’herbe à moitié cachée sous la neige au bord de la route. caribous-broutant-sous-la-neige

  caribou-broutant-sous-la-neige
Caribou dans la neige

Zoom sur le caribou dans la tempête de neige
Zoom sur le caribou dans la tempête de neige

caribou-sous-la-neige
Caribou broutant sous la neige

L’enneigement précoce atteint son maximum en franchissant le Summit Lake Pass à 1 292 m, avant de diminuer puis disparaître en redescendant vers Steamboat puis Fort Nelson. La température demeure cependant  très froide et la visibilité très diminuée par les nuages bas qui se résolvent presque continuellement en crachin, en brume voire en brouillard. Comme en plus la route dans ces hautes régions n’a pas été redressée comme dans les régions plus basses qui précédent ou suivent, notre train en est très affecté et ce n’est que passé Fort Nelson, où nous faisons le plein d’essence 140 km plus loin, que nous pouvons reprendre notre vitesse de croisière.

Il fait cependant encore très frais (6 à 8ºC) dans ces contrées très sauvages, assez vallonnées et très boisées sans présenter pour autant de paysages spectaculaires. Comme il continue de faire très gris, nous poursuivons notre descente vers le sud-est sans aucun arrêt, en espérant rallier Dawson Creek avant que la nuit soit tout à fait tombée. Malheureusement la pluie redouble d’intensité et la conduite sur la chaussée mouillée, avec la présence toujours possible d’animaux sauvages qui la traversent inopinément - orignaux en particulier - me fait abandonner la partie en arrivant vers 21:00 à Fort St-John. Nous quittons alors la grande route pour trouver une rue résidentielle tranquille au bord de laquelle nous allons stationner, fermons les rideaux et soupons rapidement d’un potage poireaux-pomme-de-terre Maggi avant de nous endormir vers 22:30, après cette longue journée de route.


Jeudi 26 août 2004 : de FORT ST-JOHN à BLACKFOOT (LLOYDMINSTER) (921 km)

Mile 0 de l’Alaska Hwy à Dawson Creek
Mile 0 de l’Alaska Highway (ALCAN) à Dawson Creek
Lever de bon matin (7:05) car réveillés depuis 6:00 par le passage des pick-up aux pots d’échappement défoncés (négligence ou volonté délibérée de se signaler à l’attention de ses semblables ?)…

Nous décollons rapidement et déjeunons 50 km plus loin en arrivant à Dawson Creek, dont la plus grande gloire est d’être le point de départ (Mile 0) de l’Alaska Hwy.

Plaque

Photo du Guépard devant la borne décorée de drapeaux un peu ternes sous le ciel gris. Il a fait très frais cette nuit (3 ou 4ºC) et la température tarde à remonter. Plein d’eau et d’essence avant de repartir en direction d’Edmonton, 600 km plus loin.

La grande consommation d’eau et d’huile du moteur continue de m’inquiéter, aussi je profite du passage devant un Costco à Grande Prairie pour me réapprovisionner de 12 litres d’huile Castrol ordinaire puis devant un Canadian Tire dans une autre petite agglomération pour acheter deux Stop Leak, l’un pour le circuit de refroidissement et l’autre pour le circuit d’huile.
Dawson-Creek-le-Guepard-devant-Alaska-Hwy-Mile-0.
Dawson Creek : le Guépard devant le km 0 de l'Alaska Highway

Grande Prairie : Monique prend des
                          nouvelles de sa mère en France
Grande Prairie : Monique prend des nouvelles de sa mère en France; noter la cabine en forme de silo...
Nous passons près d’une heure à Grande Prairie, le temps pour Monique d’appeler de nouveau la France. Lorsque nous repartons vers midi, c’est pour ne plus nous arrêter de la journée, sinon pour un rapide déjeuner au bord de la route vers 15:00 et pour reprendre de l’essence en soirée en quittant Edmonton. Consommation record pour le moteur 5 l. du Ford : 15,8 l d’essence aux 100 km, tous pleins faits et le cruise control bloqué autour de 105 km/h ! Serait-ce la vapeur… ou le vent arrière ?

Le paysage évolue lentement, passant de la fin des vallonnements à Dawson Creek jusqu’à la plaine infinie des Prairies ensuite. La route ne présente donc pratiquement pas de relief, sinon de temps à autre une grande descente suivie d’une brusque remontée lorsqu’on passe une rivière. Les forêts ont bientôt complètement disparu, pour être remplacées par d’immenses champs de céréales maintenant récoltés ou de non moins vastes pacages occupés par quelques bovins dispersés.

Nous continuons de rouler dans l’obscurité après la traversée d’Edmonton atteint vers 19:30 pour nous arrêter enfin deux heures plus tard juste avant la petite ville de Lloydminster, près d’une vingtaine de maisons disposées en damier dans le hameau de Blackfoot, un peu à l’écart de l’autoroute. Espérons que les trains se feront rares cette nuit sur la voie ferrée transcontinentale qui longe la Yellowhead Hwy ! Souper puis coucher immédiat après cette longue journée de roulage.


Vendredi 27 août 2004 : de BLACKFOOT à ESTEVAN (800 km)

Bivouac sur
                            une rue boueuse de Blackfoot
Bivouac sur une rue boueuse de Blackfoot
Départ vers 10:30 après une nuit fort calme. Au matin la pluie a cessé. La journée entière se passe à rouler sous le magnifique ciel des Prairies généralement ensoleillé avec quelques nuages blancs dispersés.

Nous nous arrêtons seulement deux fois pour manger et reprendre de l’essence. Je dois remettre un peu d’huile dans le moteur, mais la consommation reste raisonnable malgré les fuites qui maculent l’arrière du camion de petites taches grasses inscrites dans la poussière, et l’eau reste à peu près stable dans le vase d’expansion. L’oeil attentif aux deux cadrans sur le tableau de bord, je garde le cap au sud-est et parcours ainsi 800 km, nous rapprochant sensiblement de la rue Hartland à Montréal.



Paysage très monotone de plaine où les vastes champs de céréales alternent avec des pâturages apparemment plus ou moins en friches. De temps à autre, on traverse un petit village de quelques maisons alignées au pied du grand silo à grain « cathédrale des Prairies » comme on l’a déjà écrit, au bord de la ligne de chemin de fer sur laquelle une vingtaine de wagons à grains attendent le chargement.
Le ciel
                            immense des Prairies à Chamberlain
Ciel des Prairies à Chamberlain

Les kilomètres défilent sur la route généralement toute droite, le plus souvent à deux chaussées séparées. Rien de tel pour prendre conscience que nous habitons - et parcourons - le pays le plus étendu de la planète après la Russie. Nous contournons Regina en fin de journée et continuons plein sud.

Une demi-heure après le coucher du soleil, nous roulons encore pour arrêter enfin juste avant la frontière américaine, dans un champ signalé « Point of interest », devant des excavations supposées être des installations minières non spécifiées.


Samedi 28 août 2004 : de ESTEVAN à FLOODWOOD (50 km avant DULUTH) (875 km)

Bivouac à Estevan dans un chamo, près
                            d'un Point of interest introuvable...
Bivouac à Estevan dans un chamo, près d'un Point of interest introuvable...
Autre longue journée de « roulage » sans visite ni arrêt, sinon pour faire le plein d’essence. Il faut dire que les curiosités dans le Dakota du Nord sont plutôt rares, les quelques « Points of interest » jalonnant notre route se résumant à une petite plaque de bronze scellée sur un cairn au bord de la chaussée…

Heureusement il fait beau, et la Highway 2, en général à deux chaussées séparées en assez bon état, est assez peu fréquentée.Nous descendons d’abord pendant plus de 2 heures en direction sud-est en empruntant le fond d’une large vallée (probablement un fleuve glaciaire maintenant réduit à une mince rivière serpentant dans le fond, à bonne distance des deux anciennes rives profondément ravinées).

Puis, à partir de la ville de Minot, la route prend la direction plein est, et c’est à nouveau la prairie monotone avec ses immenses terrains clôturés, cultivés soit pour les céréales soit pour le foin, laissés en jachère ou en pâturage pour quelques bovins. Parfois une petite maison de planches abandonnée rappelle le temps, pas encore si lointain, de la colonisation du North Dakota. Dans chaque petite agglomération, un vaste terrain rempli d’énormes machines agricoles à vendre… Et, flottant au-dessus de tout cela, un immense ciel bleu où flottent quelques petits nuages blancs aux franges rosées.
Paysage et ciel
                            des Prairies
Paysage et ciel des Prairies

Le tableau change un peu au Minnesota avec l’apparition des arbres, de plus en plus nombreux en progressant vers l’est. En fin d’après-midi, nous traversons une région de lacs environnés de forêts un peu plus vallonnée où l’on a créé de nombreux parcs d’état et sites récréatifs. C’est plus riant mais du coup beaucoup plus fréquenté, donc la vitesse est réduite de 70 à 55 miles/h, ce qui n’avance pas nos affaires… Le moteur a cessé de me causer des soucis, le niveau d’huile se maintenant lors de mes contrôles attentifs. Quant à l’eau, il suffit d’en remettre lorsque le vase d’expansion est vide…

Nous roulons ainsi jusqu’à 21:30, donc dans la nuit noire, le changement de fuseau horaire nous ayant encore une fois fait perdre une heure. Arrêt pour la nuit dans le village de Flootwood, pour éviter de se perdre et de subir le bruit d’une ville importante comme Duluth. Stationnement, souper et coucher sur le terrain du Senior Center (bingo, etc.).

Dimanche 29 août 2004 : de FLOODWOOD à SAULT-STE-MARIE (796 km)

Le choix de notre bivouac était bon, puisque effectivement la nuit s’écoule sans aucun bruit sinon le vacarme de deux trains sifflant à chaque passage à niveau, fléau auquel on ne peut échapper dans la Prairie nord-américaine (et canadienne). Quant à la journée, rien de bien différent d’hier, sinon que l’absence d’autoroute sur la majeure partie de notre trajet ralentit nettement notre moyenne. De plus, en ce beau dimanche, la circulation est dense dans cette région boisée qui abrite nombre de lacs, de parcs, de chalets et de campings. Les kilomètres se déroulent trop lentement à notre goût. Les curiosités étant inexistantes et le paysage des plus plats, rien ne motive un quelconque arrêt, hormis les pleins d’essence et les repas. Enfin, les freins avant, rendus à leur extrême degré d’usure, grince à chaque sollicitation et demanderont à être remplacés dès demain, lorsque les ateliers de mécanique auto seront ouverts.

Nous finissons par atteindre la frontière canadienne à Sault-Ste-Marie vers 19:30. Après un dernier plein d’essence à bon compte, je remarque que l’un des bruits bizarres du moteur s’est beaucoup accentué. Mais comme il répond normalement à l’accélérateur et que tous les voyants sont corrects, je ne m’inquiète pas outre mesure et nous engage sur le grand pont international qui nous ramène au Canada, avec l’intention d’aller passer la nuit devant l'atelier mécanique du Canadian Tire le plus proche. À peine la rampe de sortie du pont descendue, le vacarme s’accentue et quelques mètres plus loin, en prenant le chemin de l’atelier dans le nord de la ville, la courroie du ventilateur se décroche, tous les voyants d’alerte s’allument, tant celui de l’alternateur que celui des freins, et l’assistance de la direction disparaît. Le navire est devenu ingouvernable… Et comme je sais que la pompe à eau vient aussi de cesser de fonctionner, il ne reste plus qu’à se garer au plus vite sur le premier espace venu et à lancer un SOS en contactant le service routier d’urgence du C.A.A.

Après plus d’une demi-heure d’attente - nous sommes dimanche soir - je finis par obtenir au bout du fil un aimable conseiller anglophone qui décode mon charabia, note ma position et me promet une remorqueuse d’ici 30 minutes. Par chance nous tombons sur un chauffeur francophone - du nord de l’Ontario - qui pose un diagnostic provisoire : ce serait le roulement de la poulie du ventilateur qui aurait lâché. Rien d’autre à faire que démonter et remplacer - en atelier bien sûr.... C’est donc sur le plateau de son camion que notre Guépard, bien mal en point, vient atterrir devant les portes de l’atelier du Canadian Tire de Sault-Ste-Marie dont nous solliciterons les services dès 8:00 demain matin. En attendant, souper puis coucher dans un environnement malheureusement assez bruyant…


Lundi 30 août 2004 : de SAULT-STE-MARIE à MONTRÉAL (994 km)

Notre « terrain de camping » s’avère si bruyant que, pour une rare fois depuis bien longtemps, je dois utiliser mes bouchons auriculaires pour trouver le sommeil. Debout à 6:45, je suis au comptoir de l’atelier dès 7:30 pour faire prendre en charge notre épave échouée sur le grand stationnement encore vide. Après quelques discussions avec le chef d'atelier qui me suggère d’abord des travaux complets mais coûteux (plus de 600 $), le devis devient plus raisonnable (250 $). Deux heures plus tard, les pièces, en rupture de stock chez Canadian Tire et non disponibles chez Ford (!), ont été obtenues de la casse et d’autres garages des environs. La poulie déchiquetée qui ne tenait plus que par 2 boulons sur les 4 prévus et avait fini par lâcher, ainsi que les plaquettes de freins complètement usées ont été remplacées, et les disques ont été rectifiés (et non remplacé comme initialement proposé). Vers 11:30 nous quittons la salle d’attente où nous avons profité du délai pour faire notre courrier sur l'ordi portable, et sommes prêts à repartir.

Guépard devant Lac
                            Superieur
Guépard devant le Lac Huron
La traversée du nord de l’Ontario ne pose guère de problème vu le bon état des routes et la circulation relativement faible. De plus, les agglomérations étant assez dispersées, point n’est besoin de ralentir trop souvent pour les traverser. Nous longeons ainsi durant près de 200 km le Lac Huron sans trop l’apercevoir, puis une section à chaussée séparée nous fait traverser rapidement Sudbury.

Paysage de forêts entrecoupées de cultures ou de pacages, assez monotone finalement et sans relief. De Sudbury à Northbay, 137 km de la route habituelle du Bouclier Canadien qui file sans problème dans des paysages identiques avec quelques belles échappées sur le Lac Nipissing sous un beau soleil d’après-midi. Panorama sur Lac Nipissing
Panorama sur le Lac Huron

Un rapide calcul nous révèle que Montréal est à portée à condition de rouler de nuit, ce que l’autoroute d’Ottawa à Montréal permettra de faire sans risques. Nous commençons donc à longer le cours de la Mattawa puis de l’Ottawa River. La nuit descend progressivement et le temps se gâte sur la longue (287 km) route d’abord assez sauvage puis de plus en plus habitée en descendant vers la capitale. La circulation se densifie également, si bien qu’il fait nuit noire lorsque nous rattrapons l’autoroute 416 à une quinzaine de kilomètres de la grande ville. Ses abords très peuplés, ses grands immeubles et ses vastes zones d’activité lui donne des allures de métropole, au point que je me demande un moment si nous ne sommes pas égarés du côté de Toronto… Les indications des grandes rues et avenues sur les panneaux marquant les sorties nous confirment que nous ne sommes bien en banlieue d’Ottawa et qu’à 180 km vers l’ouest, notre maison confortable - et notre lit… - nous attendent...

Monique achève à voix haute la lecture de son roman auquel elle a réussi à m’intéresser (l’intrigue déborde de rebondissements dignes des meilleurs feuilletons…), je fais un dernier plein d’essence en Ontario et enfin, à 23:45, notre Guépard un peu essoufflé par sa longue course des derniers jours s’arrête dans la cour. Souper, douche et coucher sans tarder, le déballage sera pour demain.

Mardi 31 août 2004 : MONTRÉAL (18 234 km parcourus en 55 jours)


Fin du voyage. On vide, on lave, on répare… jusqu’à la prochaine fois !



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