Juillet-août 2004

Rocheuses, Yukon et Alaska

Monique et Jean-Paul MOUREZ à bord du Guépard



6. De WATSON LAKE à DAWSON CITY (Yukon)


Notre itinéraire au Yukon
Notre itinéraire au Yukon


Samedi 31 juillet 2004 : WATSON LAKE

Watson Lake : Guépard caché derrière les
                      plaques souvenirs
Watson Lake : Guépard caché derrière les plaques souvenirs
Watson-Lake-panneaux

On ne peut dire la même chose de Watson Lake, une autre étape offrant quelques magasins et services dispersés le long de l’Alaska Highway, sans caractère ni unité. La fameuse « forêt » de panneaux indicateurs apportés ici par des voyageurs venant du monde entier étonne tout au plus, sans provoquer ni enthousiasme ni admiration !

Watson-Lake-panneaux
On en recense plus de 6000, de toutes formes et de toutes provenances, hétéroclites de forme, de couleur, de grandeur et de facture, depuis la banale plaque d’immatriculation jusqu’au panneau d’entrée de ville, en passant par la plaque gravée ad hoc dans le marbre rose (style ex voto…) et par la planchette de bois blanc que l’on peint soi-même dans une échoppe placée là exprès, moyennement quelques dollars…

Watson-Lake-panneaux panoramique
Panoramique sur les plaques

Quant à l’autre attraction installée dans un grand bâtiment vert, une projection consacrée aux aurores boréales ici très fréquentes et spectaculaires, nous la réservons pour notre retour si le sujet n’est pas abordé ailleurs (spectacle son et lumière annoncé à Fairbank, je crois).

Reste le film et la petite exposition de photos anciennes consacrés à la construction de la Route de l’Alaska que présente l’Office du tourisme. J’y passe plus d’une demi-heure à examiner les images et lire les légendes illustrant la démesure de l’entreprise (moins d’un an en 1942 pour construire en urgence les 2 400 km d’une route carrossable à travers une nature sauvage et mouvementée dont la cartographie détaillée n’avait même pas été complétée…) Plus de 11 000 hommes, soldats et civils, Américains et Canadiens, y ont participé, réunis par la volonté de leurs gouvernements de contrer l’avance japonaise dans les Îles Aléoutiennes toutes proches. Un exploit du génie militaire qui a dû être repris deux fois avant de donner naissance à la magnifique highway que nous allons découvrir à notre tour. Alaska-Hwy : chantier de ponceau
Construction d'un ponceau... malgré les moustiques !

Muncho-Lake
L'Alaska Hwy passe au bord du Muncho Lake
Ponton
                    provisoire et pont sur la Donjek River
Ponton provisoire et pont sur la Donjek River

Le camion chargé de bière destinée à célébrer
                    le 4th of July sombre dans la Takhini River...
Le camion chargé de bière destinée à célébrer
le 4th of July sombre dans la Takhini River...

Alaska-Hwy-camion-dans-boue
Embourbé...

Pont en construction sur la Slims River près de
                    Kluane Lake
Pont en construction sur la Slims River près de Kluane Lake
excavations-le-long-de-Kluane-Lake
Excavation le long de Kluane Lake (Soldier Summit)



Passage de gué
Passage de gué
Conducteur de buldozer Caterpilar
Conducteur de buldozer


Convoi de matériel et de ravitaillement
Convoi de matériel et de ravitaillement pour la construction de l'Alaska Hwy
Au
                    bird de Kluane Lake
Au bord de Kluane Lake



Il est passé 18:00 et le soleil descend un peu tout en gardant longtemps sa vivacité et sa lumière chaude de fin d’après-midi lorsque nous reprenons la route. Nous sommes maintenant beaucoup plus haut en latitude et nous rapprochons de la zone du soleil de minuit. Monique d’ailleurs me fait remarquer la qualité particulière de cette lumière qui semble plus pure et plus dense. Quant à moi, c’est à la Norvège que je songe lorsque nous enfilons les longues courbes de l’Alaska Highway qui révèlent sans cesse d’amples paysages de petites montagnes, de larges vallées remplies d’une mer de conifères, de rivières sinuant paresseusement au milieu des arbres ou s’écoulant en rapides tumultueux. Nous parcourons ainsi plus de 170 kilomètres de cette route somptueuse avant de commencer à chercher un bivouac. La sinueuse Alaska Hwy
La sinueuse Alaska Highway

Bas-côté
            garni d'épilobes
Bas-côté garni d'épilobes

Swan Lake
Swan Lake
Dans cette lumière nordique, les abords du Swan Lake nous paraissent particulièrement beaux...

En cherchant un chemin menant à sa rive, nous aboutissons dans un camp d’équitation qui accepte de nous accueillir pour la nuit. Nous descendons jusqu’au bord de l’eau et admirons la descente du soleil et son coucher sur les montagnes et sur l’eau, passé 22:00, dans un flamboiement d’ocre, de rose et de violacé qui vire enfin au bleu foncé. Quel spectacle durant notre souper, avant de passer au lit !

Soirée au bord du Swan Lake
Soirée au bord du Swan Lake

Dimanche 1er août 2004 : de SWAN LAKE à WHITEHORSE (289 km)

Bivouac au bord du Swan Lake au matin
Bivouac au bord du Swan Lake au matin
Une autre nuit fort calme au bord du lac, qui encore une fois s’achève bien après le lever du soleil… Plein d’eau, puis départ vers 10:00 sur l’Alaska Hwy.

La chaussée excellente au tracé remarquablement dessiné s’insinue en grandes courbes ou en droites tendues dans les vastes paysages toujours aussi sauvages. Si la variété des points de vue et des lignes ne donne guère de sentiment de monotonie, en revanche la longueur du trajet entre Watson Lake et White Horse (qui s’ajoute à celui d’hier après-midi) finit par lasser un peu. Un Nous longeons longuement le magnifique Teslin Lake (72 km…) avant de déboucher à son extrémité sur le village du même nom. Arrivée à Teslin
Arrivée à Teslin

Teslin-Nisutlin-Bay-Bridge
Jolie vue sur les maisons de Teslin groupées sur la rive de l’autre côté du plus long pont métallique de l’Alaska Hwy, le Nisutlin Bay Bridge

Teslin, Johnston Museum : artisanat tlingit
Teslin, Johnston Museum : artisanat tlingit
Pas grand chose à l’épicerie du village où nous ne faisons que demander le chemin du Johnston Museum. Dans le petit bâtiment en bois rond sont présentées avec goût quelques créations artisanales  des Indiens Tlingit (objets usuels et vêtements de cérémonie cultuels), quelques dioramas d’animaux comme ceux que trappait le héros du village George Johnston (superbe grizzli, loup, lynx, castor…)...

Grizzli (ours brun)
Grizzli (ours brun)

Lynx au bord du lac Teslin
Lynx au bord du lac Teslin
Johnston-Museum de Teslin : habits de fête
                    tlingit
Habits de fête Tlingit

...et surtout toute une série de photographies prises par Johnston à partir de 1920 montrant la vie traditionnelle de ces gens proches de la nature. Ils virent leur vie complètement bouleversée par la construction de la Highway. Johnston lui-même en fut peut-être moins affecté, lui qui dès 1928, fut le premier autochtone à aquérir une voiture dans un pays qui ne possédait pas de route carrossable. Restait le lac, gelé les 3/4 de l’année… (voir le petit article ci-dessous traduit du journal local). La voiture de George Johnston, une Chevrolet AB
                    1928
La voiture de George Johnston, une Chevrolet AB 1928


GEORGE JOHNSTON MUSEUM, TESLIN

L'une des histoires les plus colorées du Yukon concerne un trappeur de Teslin qui rêvait de posséder une voiture. Après une saison de piégeage réussie en 1928, George Johnston a réalisé son rêve et a acheté une Chevrolet modèle AB à quatre cylindres à Whitehorse. Il s'agissait de la première automobile appartenant à un membre des Premières nations. Le propriétaire du magasin Charlie Taylor a donné à Johnston une leçon de conduite rapide à l'aéroport avant qu'il n'expédie le véhicule à Teslin à bord d'un bateau à aubes.

La voiture a été transportée sur plusieurs centaines de kilomètres en aval sur le fleuve Yukon, puis en amont sur la rivière Hootalinqua (aujourd'hui Teslin) pour atteindre Teslin. Les voisins de Johnston, dont beaucoup n'avaient jamais vu de voiture, n'arrivaient pas à croire la nouvelle de la nouvelle acquisition de Johnston. Mais bientôt, le véhicule rutilant arriva sur le bateau de ravitaillement et fut transporté à terre dans le Teslin sans route par dix jeunes hommes surpris.

Johnston savait que la meilleure route était juste à côté de chez lui : Le lac Teslin offrait plus de 90 miles d'étendue gelée à explorer. Johnston a embauché des habitants de la région pour l'aider à élargir les sentiers autour de Teslin et à construire une route de huit kilomètres jusqu'à Fox Creek. En 1942, ce tronçon de route fera partie de l'Alcan. La légende raconte que des équipes de construction d'autoroutes furent stupéfaites, de ce cadeau de cinq milles de route.

Sur sa ligne de piégeage en hiver, Johnston observait le lac depuis l'un de ses miradors, toujours à l'affût des loups, caribous et autres gibiers qui traversaient le lac. Bien avant l'antigel, il devait vider le radiateur dans un pot pour le réchauffer sur le poêle. Lorsqu'il apercevait un animal, Johnston replaçait l'eau dans le radiateur. "Un coup de manivelle et c'était parti".

Johnston a découvert qu'une voiture sombre se détachait de la neige et alertait les animaux. Donc, chaque hiver, il peignait la voiture avec de la peinture blanche et la repeignait pour l'été. Parfois, il tirait un large traîneau chargé de marchandises et il transportait toujours son précieux appareil photo dans un sac sur le siège arrière.

L'appareil photo de Johnston a enregistré de nombreux événements dans et autour du village de Teslin des années 1920 à 1940. Aujourd'hui, les photographies de Johnston font partie de la collection principale des archives du Yukon.

Johnston utilisait également sa voiture comme taxi communautaire. Il habillait sa fille et sa nièce d'uniformes soignés, avec des casquettes de capitaine, et demandait un ou deux dollars pour les courts trajets et jusqu'à quinze dollars pour se rendre à Portage, Johnston's Town ou Johnson's Crossing, selon la distance à parcourir pour monter ou descendre le lac. Alors que la plupart des membres de la famille se déplaçaient en raquettes ou en traîneau à chiens pour se rendre à Johnston's Town pour le rassemblement saisonnier de Noël, la famille de George Johnston utilisait la voiture pour ce voyage.

Johnston a fait preuve d'ingéniosité dans l'entretien de sa voiture, l'appelant " See Queet ", ce qui signifie " comme mon fils " ou " petit esclave ". Lorsqu'un pneu éclatait, il utilisait du fil de fer pour recoudre le trou et plaçait une pièce de peau d'orignal par-dessus pour éviter le gonflement. Comme l'essence était rare, la voiture était souvent alimentée par du naphte ou du carburant provenant de l'aéroport. Seul le frère de Johnston, David, est autorisé à conduire la voiture et c'était rare.

En 1962, George a rendu la Chevrolet à Taylor and Drury Motors Ltd à Whitehorse " sans aucune bosse " et l'a échangée contre une camionnette. La voiture a été restaurée et le président de la compagnie, Charlie Halliday, en a fait don au gouvernement du Yukon en 1992. La voiture est maintenant prêtée en permanence au George Johnston Tlingit Museum à Teslin, au Yukon.

GEORGE JOHNSTON MUSEUM
9 AM -7 PM. OPEN MAY TO SEPTEMBER
Box 146 TESLIN,YUKON YOA 1BO
TEL. (867) 390-2550




Arrivée de la voiture sur une barge
Arrivée de la voiture sur une barge

johnston-&-sa-voiture-&-famille
Johnston et sa famille devant sa voiture sur le lac gelé : observez les chaînes sur les roues arrière...

Johnston et des amis devant sa voiture
Johnston et des amis devant sa voiture

Enfants tlingit devant les foururues prises par le
              trappeur
Enfants tlingit

Teslin : voiture deJohnston et traineaux sur le lac
                gelé
Teslin : voiture de Johnston et traineaux sur le lac gelé

Enfants tlingit devant des fourrures
Enfants tlingit devant des fourrures

Nous terminons la visite de Teslin par un tour du village autochtone, à l’écart de la grande route : pauvre et disposé sans ordre, comme souvent dans les villages autochtones mais assez propre, maisons rustiques en planches ou bois massif mais portes d’acier isolé…

Nous reprenons la direction de Whitehorse, la capitale du Yukon qui se fait attendre. Le paysage est pourtant agréable, mais l’absence de sentiers permettant de marcher commence à nous peser. Monique s’est plongée dans un gros bouquin racontant la vie d’Hélène de Champlain, j’écoute un CD de trios de Mozart… Enfin nous longeons le très vaste et très beau Marsh Lake... En
                    longeant le Lake Marsh
En longeant le Lake Marsh

Le Yukon enamont de Whjtehorse
Le Yukon en amont de Whitehorse
...puis le fleuve Yukon pour quelques kilomètres de cours encaissé entre des rives de terre ravinée blanchâtre, et nous voilà en ville.

Petite agglomération nette et propre que cette capitale de 23 000 habitants ! Nous la traversons par sa grande rue bordée d’une variété de magasins comme nous n’en avons pas vu depuis Prince George, il y a 1 500 km… À l’extrémité nord, une vaste esplanade rassemble les Wal-Mart, Canadian Tire et autres magasins des grandes chaînes commerciales. Juste à l’entrée du Wal-Mart, la voiture blanche au pare-brise fendu de Philippe et Chantal nous attend. Je me précipite à l’intérieur du magasin pour leur signaler notre arrivée et vérifier les pneus disponibles. Seuls des Goodyear sont en montre, Wal-Mart ne distribuant pas Michelin… je tâcherai d’en trouver demain en ville puisqu’il est passé 17:00 et que tous les magasins sont maintenant fermés. Whitehorse, capitale du Yukon, au bord du
                    fleuve homonyme
Whitehorse, capitale du Yukon, au bord du fleuve homonyme

Longue discussion avec nos amis rejoints par des Québécois en fifth wheel qui viennent d’entamer une année sabbatique avec leur fils de 11 ans et comptent, après l’Alaska, descendre vers la Californie et le Mexique où ils passeront l’hiver. Philippe et Chantal nous invitent ensuite à partager leur repas dans un steak house. Souper animé, les échanges fusent, nous nous découvrons encore d’autres ponts communs, voyages et pays à découvrir demeurant bien sûr au centre des conversations. Peut-être nous reverrons-nous à Annecy puisqu’ils doivent y passer en novembre, alors que nous devrions encore être à St-Jorioz.

Il est passé 21:00 lorsque nous nous séparons, chacun prenant la route de son côté. Nous retournons sur le stationnement du Wal-Mart où nous passerons la nuit, au milieu d’une cinquantaine d’autre VR qui ont choisi ce vaste espace éclairé, calme et tolérant.


Lundi 2 août 2004 : WHITE HORSE (40 km)

Il pleut à peu près toute la nuit, et au matin le ciel reste très gris, ce qui n’est pas pour hâter notre lever, d’autant plus que le grand stationnement où sont dispersés les motorisés reste très calme. Petit-déjeuner vers 10:00, avant de commencer les magasinages dont la liste s’allonge depuis plusieurs jours. Épicerie d’abord qui nous permet de remplir notre petit frigo de produits frais et d’autres moins courant comme du lait UHT ou du vinaigre balsamique italien. En revanche le rayon fromage fait pitié… Le vin dans le liquor store repéré hier est cher, mais on trouve quand même de quoi compléter la cave en cépages argentins et italiens.

Puis commence la quête de pneus de rechange pour le train arrière qui aura du mal, je le crains, à encaisser les routes de gravier qui nous attendent vers l’Alaska. Pas de Michelin chez Wal-Mart qui vise le marché le plus cheap, à des prix, il faut le reconnaître, imbattables. Chez Canadian Tire, on donne plutôt dans le tout-terrain ou déjà dans le pneu d’hiver qui ne saurait nous convenir. Enfin Kal-o-Tire m’assure avoir en stock les XAT que je recherche, mais à un prix nettement au-dessus de ce que j’avais trouvé à Montréal. Comme la situation n’est quand même pas urgente, je tâcherai de faire durer jusqu’à Anchorage où j’espère bien trouver un Costco qui m’offrira ce que je recherche.

Le S.S. Klondike à sec à Whitehorse
Le S.S. Klondike à sec à Whitehorse
Comme le temps ne s’améliore guère et qu’avec toutes ces allées et venues dans la petite ville, le temps a filé, il nous semble préférable de rester en ville pour visiter le « Klondike », le dernier vapeur à aube ayant assuré le trafic fluvial sur le Yukon entre White Horse et Dawson City. Le navire, désarmé en 1972, a été tiré au sec et converti en Parc historique national administré par Parcs Canada.

C’est dire que la présentation est impeccable, avec film introductif fort bien monté par l’Office national du Film à partir de documents d’époque. Passerelle, salon des passagers, machinerie, chaudière, moteur à vapeur et contrôles en laiton poli, tout semble en parfait état de fonctionnement, et le mobilier comme les équipements sont prêts à accueillir voyageurs et cargaison. La passerelle du SS Klondike
Passerelle du SS Klondike

Nous parcourons ainsi le luxueux salon d’observation et salle à manger de la Première classe, le réfectoire beaucoup plus modeste de Seconde et de l’équipage à côté de la cuisine elle aussi bien équipée.

Jean-Paul à la barre du S.S. Klondike
Jean-Paul à la barre du S.S. Klondike
Le salon panoramique des Premières
Le salon panoramique des Premières

Salle à manger des Premières
Salle à manger des passagers de Première Classe
La cuisine
Cuisine du SS Klondike

Les cabines sur le pont supérieur sont de taille réduite, mais possèdent tout le confort nécessaire pour les trois jours de descente jusqu’à Dawson City (contre huit jours de remontée jusqu’à White Horse). Quelle aventure devait être cette navigation sur le fleuve fougueux et imprévisible !

Lit et
                    poêle sur la passerelle du SS Klondike
« Café Boss ? » (Lucky Luke, "En descendant le Mississipi")
Lit et poêle sur la passerelle du SS Klondike
pont du SS Klondike au-dessus du Yukon
Pont du SS Klondike au-dessus du Yukon

Monique devant l'ouverture béante de la chaudière du
              « SS Klondike »
Monique devant l'ouverture béante de la chaudière du « SS Klondike »

Placée en arrière de l'énorme chaudière à bois et entassée dans le pont inférieur, la cargaison, composée essentiellement de ravitaillement pour les agglomération de l’intérieur du Yukon, porte encore toutes ses étiquettes et inscriptions typiques de l’époque.

La cargaison sur le pont inférieur
La cargaison sur le pont inférieur derrière la chaudière

Cargaison de produits frais transporté par le navire
Cargaison de produits frais transportée par le navire

Miles Canyon
Miles Canyon
En quittant le navire si évocateur des temps héroïques, nous remontons la rive du Yukon pour gagner par quelques kilomètres d’une route étroite et sinueuse les rapides de Miles Canyon.

Avant la construction du barrage en aval qui les a en partie noyés, ils constituaient un obstacle majeur à la navigation et virent plus d’un naufrage mortel chez les stampeders et les prospecteurs qui se risquaient en radeaux ou autres embarcations de fortune sur leurs eaux tumultueuses.
Navigation hasardeuse dans Miles Canyon
Navigation hasardeuse dans Miles Canyon avant la construction du barrage
La sécurisation du navire était assurée par un câble accroché à la paroi rocheuse


Whitehorse-en-radeau-sur-les-rapides-de-Miles-Canyon
En radeau sur les rapides !

Whitehorse : navigation moderne sur les rapides
                    de Miles-Canyon
Whitehorse : navigation moderne sur les rapides de Miles-Canyon
Le fleuve puissant s’y resserre entre deux parois de basalte verticales et son cours s’y accélère considérablement, ce qui cause remous et courants d’une grande violence. L’eau bleu vert s’est certes bien assagie et le canyon a été en partie comblé par la montée des eaux du  barrage. Mais les photos antérieures à son érection montrent bien quelle aventure dangereuse constituait le franchissement du défilé.

Miles Canyon vers l'amont
Miles Canyon vers l'amont
Whitehorse : remous-du Ykon dans Miles Canyon
Whitehorse : remous du Yukon dans Miles Canyon

Les eaux encore fougueuses de Miles Canyon
Les eaux encore fougueuses de Miles Canyon

Nous sommes seuls à parcourir le sentier, sous le ciel gris qui laisse une impression un peu triste, tandis que le bruissement continu et le mouvement rapide de l’eau rappelle la puissance concentrée à l’œuvre sous nos yeux.
Whitehorse : rapides du Yukonà l'entrée de
                        de Miles Canyon
Whitehorse : rapides du Yukon à l'entrée de Miles Canyon

Whitehorse-Yukon_Legislature_entree-nord
Whitehorse : Legislature du Yukon, entrée nord
De retour au centre ville, nous passons devant le siège de l’Assemblée législative du Yukon, un bâtiment moderne aux formes dissymétriques recouvertes de clins d’aluminium gris-brun qui ne nous emballe guère, puis à l’Office du tourisme où Monique tente sans succès de rejoindre par téléphone Juliette à Montréal.

Adopté en 1967, le drapeau est divisé verticalement en trois panneaux. Le panneau vert, longeant la hampe, symbolise les forêts du Yukon; le panneau du centre, blanc, évoque les neiges hivernales, et le panneau bleu évoque l'eau. Le panneau central porte les armoiries du Yukon surmontées d'un chien malamute; la croix de Saint-Georges se trouve en dessous. Les bandes verticales ondulées bleues et blanches représentent le fleuve Yukon et la rivière Klondike; les pointes rouges au bas de l'écus figurent les montagnes du Yukon et les disques d'or les ressources minérales du territoire. Sous les armoiries la fleur emblématique du Yukon : l'épilobe à feuilles étroite. Drapeau du
                    Yukon

Nous allons ensuite faire le plein d’essence puis regagnons le stationnement du Wal-Mart où nous allons faire un tour : on reste béat devant la gamme de produits proposés, du DVD qui vient de paraître à la canne à pêche dernier cri, et songeur devant la pénétration de la civilisation mercantile – et consommatrice – jusque dans ces coins reculés. Finalement nous allons prendre notre bivouac nocturne dans un espace tranquille à l’arrière du grand bâtiment, entre quelques autres RV silencieux qui attendent demain pour poursuivre leur route. On annonce un minimum de 4°C et de la pluie pour cette nuit.

Mardi 3 août 2004 : de WHITE HORSE à MINTO (286 km)

Si la température n’a sûrement pas desendu autant que prédit par la météo, en revanche une pluie intermittente mais légère est bien tombée une partie de la nuit, et le ciel est toujours très chargé à notre réveil. Après le téléphone en France qui mobilise Monique dès son lever, nous déjeunons puis gagnons le centre ville au bord du fleuve pour visiter le Musée MacBride. Celui-ci se veut, selon les voeux de son fondateur au milieu du XXème, la mémoire d’un Yukon, certes encore bien jeune, mais dont l’évolution avance à pas si rapides que déjà bien des aspects de la vie des pionniers a disparu, au moins des lieux si ce n’est des mémoires.

Balbutiements de Whitehorse au début du XXème siècle
Balbutiements de Whitehorse au début du XXème siècle avec, à droite, l'arrivée du chemin de fer de Skagway

Le rez-de-chaussée fait la part belle à la création de White Horse et à la navigation sur le Yukon au moyen de photos et de quelques exhibits touchants sinon originaux. Dans la salle consacrée au premier chantre du pays, le commis de banque et poète écrivain Robert Service, deux jeunes comédiennes mettent en scène l’un de ses textes les plus célèbres The cremation of Sam McGee tandis que sur les murs, une série de photos présentent l’homme et son destin.
Radeau de stampeders lancé sur les eaux
                      blanches du Yukon
Radeau de stampeders lancé sur les eaux blanches du Yukon

Monique devant les ours, noir et grizzli
Monique devant les ours, noir et grizzlis
La vie sauvage n’est pas oubliée avec une superbe galerie d’animaux naturalisés dans des poses très dynamiques : ours noirs et bruns, grizzlis, loups, cerf, wapitis, bison, bœuf musqué tiennent la vedette, mais aussi renards de différentes couleurs, coyote, castor, écureuils et autres petits rongeurs ou carnassiers comme nous avons pu observer plusieurs le long des routes ou en balade depuis notre arrivée au pays.

Un beau couple de grizzlis
Un beau couple de grizzly

Orignal de concours !
Orignal de concours !

Faune du Yukon
Faune du Yukon : orignal et caribou, lynx, coyotte, renard et loup

Patrouilleur de la Police Montée du Nord-Ouest
Patrouilleur de la Police Montée du Nord-Ouest
Au sous-sol, changement de décor puisqu'ici c’est de l’or qu’il s’agit, de sa découverte, de l’extraordinaire afflux d’hommes qu’il a entraîné, des techniques variées utilisées pour l’extraire, des plus archaïques aux plus sophistiquées, et enfin du rôle difficile mais essentiel des agents de la Police Montée du Nord-Ouest, souvent seuls pour faire respecter la loi et l’ordre dans un immense territoire désert.

Dans la cour en arrière sont exposés plusieurs moyens de transport en plus ou moins bon état (traîneau, premier camion de livraison à moteur, et même la première locomotive à vapeur de la White Pass & Yukon Route qui reliait Skagway à Whitehorse aux temps héroiques de la Ruée vers l'Or…).

Au total un charmant petit musée qui emplit fort bien son rôle de mémoire collective auprès de ses habitants comme des touristes.
Première locomotive de la W.P & Y.R.
Première locomotive de la W.P & Y.R.

locomotive-du-WPYR
La machine No.51 fut construite par Brooks Locomotive Works en 1881 et utilisée sur le White Pass Railroad en 1898, plus tard sur le Taku Tram, entre le lac Atlin et el lac Tagish, un chemin de fer de deux miles, l'une des plus courtes liaisons ferroviaires commerciales au monde

Dernier tour en ville pour appeler notre fille au boulot à Montréal; tout va bien pour nos deux travailleurs. En cherchant un peu dans les rues du centre de Whitehorse, je finis par dégotter l’écusson aux armes du Yukon qui manquait à ma collection de ce voyage, et nous quittons la petite capitale pour aller contempler sa vallée depuis le Mont Haeckel, comme proposé dans l’un des petits guides remis par l’Office du Tourisme. Hélas! la petite route est bien difficile à trouver, nous nous égarons en chemin et enfin elle se transforme vite en une piste défoncée qui effarouche Monique craignant une autre crevaison… Nous renonçons donc au point de vue depuis la colline aux éoliennes – de toute façon probablement décevant sous la lumière terne qui sévit encore – et, rattrapant l’Alaska Hwy vers le nord, prenons la direction de Dawson City, à quelques 530 km.

Lake
                      Laberge
Paysage du Lac laberge

Nous bifurquons bientôt sur la route 2 (Klondike Hwy) qui longe de loin le vaste Lac Laberge, formé par un trés vaste élargissement du Yukon peu après Whitehorse, et qu'on aperçoit à peine à travers la forêt toufffue. 

Forêt, marécages et collines de conglomérat sableuses et sans envergure se succèdent, faisant pousser des soupirs d’ennui à ma co-pilote qui regrette les Rocheuses autrement plus spectaculaires.  Toundra et marécage en route vers Dawson
Toundra et marécage en route vers Dawson

Sur la
                    route entre Whitehorse et Dawson City
Sur la route 2 (Route du Klondike) entre Whitehorse et Dawson City
Je demeure quant à moi sensible à la dimension et à la sauvagerie de l’espace qui nous entoure, d’autant plus que la circulation est quasi-nulle sur cette grande route parfaitement dessinée et revêtue.

De plus le ciel se dégage progressivement de son voile nuageux et retrouve enfin sa pureté et son bleu pâle très lumineux. La température remonte jusqu’à 23ºC, ce qui nous amène à quitter pantalon et jeans pour remettre les shorts abandonnés depuis 3 jours. Quelques arrêts photos de temps à autre devant une courbe particulièrement impressionnante des rivières affluentes du Yukon que nous suivons, approchons de temps à autre ou franchissons comme à Carmacks.

Courbe du Yukon près de Carmacks
Courbe du Yukon près de Carmacks

Nous retrouvons le grand fleuve au niveau des Five Finger Rapids. Vue spectaculaire depuis le belvédère au bord de la route; nous descendons les 217 marches jusqu’au sentier qui, au bout d’un km, nous amène sur la rive même, devant les 4 îlots rocheux barrant le fleuve en laissant le flot s’écouler rapidement et en tourbillonnant via cinq chenaux, les Five Finger Rapids. Five Fingers Rapids depuis la route
Five Fingers Rapids depuis la Route du Klondike


Five Fingers Rapids sur le Yukon
Five Fingers
Five Fingers Rapids sur le Yukon
Five Fingers Rapids sur le Yukon

Vapeur poussant une barge devant les Five
                    Fingers
Vapeur poussant une barge devant les Five Fingers
Le moins difficile à franchir par les vapeurs était le premier, le long de la rive, juste à nos pieds, et encore devaient-ils se hâler sur un câble attaché au rocher et engagé dans un treuil sur le côté du bateau.

Superbe site naturel encore plein de souvenirs « historiques » habilement rappelés par quelques notes et photos placées sur des panneaux explicatifs in situ. Five Fingers

La route continue ensuite de suivre le grand fleuve en ménageant quelques vues grandioses mises en valeur par la chaude lumière de fin d'après-midi.

Courbe du Yukon-au-dessus-de-Five-Fingers-Rapids
Courbe du Yukon au dessus de Five Fingers Rapids

Bivouac à
                    Minto au bord du fleuve
Bivouac à Minto au bord du fleuve
Nous ferons encore une vingtaine de km jusqu’au hameau de Minto où le Guide Vert Michelin annonce, au prix d’un petit détour, une belle vue sur le Yukon. Nous découvrons, au bout d’un kilomètre d’une route de gravier passable, une vaste esplanade traversée par l’ancienne route postale, maintenant abandonnée, qui reliait Whitehorse à Dawson City. Trois tentes et un autre fourgon aménagé se sont installés sur le gazon au-dessus des eaux s’écoulant rapidement mais en silence. Quelques manœuvres tâtonnantes pour placer le Guépard de niveau, et nous installons notre bivouac en ces lieux superbes et paisibles.

Après le souper d’un sauté de courgettes au jambon fort bien réussi par le cordon-bleu de service, lecture et écriture jusqu’à ce que le soleil se couche dans l’eau à  22:25. Soleil couchant sur le Yukon
Soleil couchant sur le Yukon

Mercredi 4 août 2004 : de MINTO à DAWSON CITY (306 km)

Silence total durant la nuit mais température assez fraîche. Je ne sors le nez de sous  le duvet que lorsque le soleil a suffisamment réchauffé l’habitacle, soit vers 10:00… Départ en conséquence vers 11:00. Le temps est superbe, le ciel sans nuage et la température atteindra un beau 24ºC en milieu de journée.

Monique-dejeune à Minto au bord du Yukon
Monique déjeune à Minto au bord du Yukon

Bivouac à Minto au bord du Yukon
Bivouac à Minto au bord du Yukon

La route, en général excellente avec de rares passages non goudronnés, file à travers la forêt, souvent dévastée par des incendies. Ils ont laissé les collines piquetées de troncs noirs dispersés au milieu des arbustes de feuillus en pleine croissance, et des flaques roses de milliers d’épilobes, bien nommées fireweeds. i.e. premières plantes à repousser après le feu. Route de Dawson : forêt incendiée
Route de Dawson : forêt incendiée

Route de Dawson : après le pont de Pelly
                    Crossing
Route de Dawson : après le pont de Pelly Crossing
À Pelly Crossing, un grand pont métallique nous fait franchir la Pelly, une autre large rivière qui se jette un peu plus loin dans le Yukon. J'y cherche en vain à faire le plein d’eau dans le camping tout neuf, mais il n'est pas encore raccordé au réseau d'aqueduc...

Passage d’un autre affluent du Yukon à Stewart Crossing, qui servit autrefois de voie navigable aux petits vapeurs transférant jusqu'au Yukon le minerai d’argent extrait de Mayo et de Keno. Nous n’emprunterons pas cette Route de l’Argent (Silver Trail) qui semble surtout offrir 112 km (plus le retour…) de route gravelée et poussiéreuse sans beaucoup d’attraits naturels ou culturels au bout. Route de Dawson : Stewart Crossing
Route de Dawson : Stewart Crossing

Nous poursuivons donc la Klondike Hwy lorsque soudain nous sommes arrêtés par un homme faisant des signes au bord de la route près d’un pick-up. Derrière lui, dans le fossé, une petite voiture qui a manifestement « pris le champ » après tonneau et tête-à-queue; nous comprenons que lui et sa compagne se sont arrêtés pour porter secours aux deux jeunes femmes qui occupaient l’auto mais, après les premiers soins, il faut emmener les blessées à l’hôpital le plus proche, soit à Dawson City, et le pick-up des sauveteurs est trop petit. Nous embarquons donc les deux jeunes femmes et leur secouriste qui leur tiendra compagnie et les réconfortera tout au long du chemin.

Dempster Hwy : Mt Richardson
Dempster Highway : Mount Richardson
Les 100 derniers kilomètres sont donc parcourus tranquillement et avec prudence mais sans aucun arrêt jusqu’au dispensaire de Dawson City, pas même devant le croisement avec la Dempster Highway.

Celle-ci monte directement vers le nord sur 765 km jusqu'à Inuvik, dans les territoires du Nord-Ouest, bien au delà du Cercle Arctique. Vu l'état d'usure avancée de nos pneus et les risques que leur feraient courir ces centaines de kilomètres de gravier, nous devons renoncer à emprunter cette route pourtant spectaculaire, d'après les photos collectées à droite et à gauche.

Dempster-Hwy
Dempster Highway

Dempster-Hwy
Dempster Highway





7. DAWSON CITY & la "Top of the World" Highway


Arrivant enfin dans le centre de la petite ville de Dawson City posée sur une terrasse au confluent de la Rivière Klondike avec le grand Yukon, nous cherchons un endroit ombragé pour le lunch, car notre petit-déjeuner est maintenant assez loin. L’ombre portée par le clocher de la petite église St Paul Anglican Church fera l’affaire.
Dawson City au bord du Klondike depuis
                      Midnight Dome
Dawson City au bord du Klondike depuis Midnight Dome

rue-de-Dawson-city-en-arriere-Midnght-Dome
Rue de Dawson City, au pied de Midngh Dome
Puis nous tournons un peu dans les rues poussiéreuses du village où l'on a conservé une bonne partie des maisons de planches ou de tôles du début du siècle.

Certaines, non consolidées ni restaurées, ont pris un air penché dû aux variations de niveau irrégulières du pergelisol... Dawson-City-maison-penchee
Dawson City : maison penchée, suite aux mouvements du pergilesol

Dawson City : General Store et Office du
                      Tourisme
Dawson City : General Store et Office du Tourisme sur Front Street
...tandis que d’autres, dont les fondations ont été stabilisées et les façades rénovées, ont retrouvé les couleurs vives et l’attrait folklorique des maisons frontier. L’Office du tourisme est logé dans un ancien magasin général. Une hôtesse en costume d’époque nous indique les principaux points d’intérêt et les horaires des visites des bâtiments restaurés par Parc Canada.

Mais d'abord nous allons faire un tour du Tr’ondëk Hwëch’in Cultural Center, consacré au peuple Han, la Première Nation locale, dont l'architecture contemporaine s'inspire des longues maisons traditionnelles des Première nations. Depuis la terrasse à l'arrière du bâtiment, jolie vue sur le fleuve Yukon. Puis nous retournons à l’Office du tourisme assister à une projection sur la Ruée vers l’Or dans la région.
Dawson-City-Tr'ondek-Hwech'in-Cultural-Center
Dawson City : Tr'ondek Hwech'in Cultural Center

Dawson-City-Tr'ondek-Hwech'in-Cultural-Center-terrasse-sur-le-Yukon.
Terrasse du Cultural Center donnant sur le Yukon

Dawson-City-rue-et-facades
En flânant sur Front Street

Le vapeur à roues à aube arrière Keno
Le vapeur à roues à aube arrière SS Keno
Nous flânons ensuite un bon moment dans les rues pittoresques, filmant et photographiant les maisons et le Keno, un autre vapeur à aubes tiré au sec sur la digue au-dessus du Yukon.

La
              roue à aube arrière du SS Keno
La roue à aube arrière du SS Keno

Klondike-Kates-Restaurant
Le fameux Klondike Kates Restaurant « antique »

L'enseigne typique du restaurant Kates
Klondike Kates Restaurant

Pour finir, nous allons passer un moment devant le show donné dans le Diamond Tooth Gertie's Gambling Hall, qui se vante d’être le premier casino ouvert au Canada.

Casino Diamond Tooth Guerties : enseigne
                      peinte en façade

Casino de Diamond Tooth Guerties
Diamond Tooth Guertie's Gambling Hall

Je suis fort déçu par le manque d’envergure du spectacle donné par les quatre jolies filles du French Cancan et par la vulgarité de la plantureuse chanteuse qui semble cependant beaucoup amuser l’auditoire américain d’âge mûr qui remplit la salle. la-chanteuses-et-son-pianiste
La chanteuses et son pianiste

Heureusement Monique ne supporte pas la fumée des cigarettes qui bientôt lui irrite les yeux et la gorge, et nous sortons au bout de 20 minutes !

Dawson City depuis Midnight Dome en soirée
Dawson City depuis Midnight Dome en soirée
Le soir descend sur la petite ville coincée entre la boucle du Yukon et les pentes raides du Midnight Dome. Je songe alors à aller dormir là-haut, dans la solitude et devant un superbe panorama sur le fleuve, les vallées du Klondike et du Bonanza Creek d’où furent extraites des tonnes d’or.

La montée des 2 911 pieds (888 m) par la petite route étroite et très raide est rude pour le Guépard, mais là-haut, une vue spectaculaire nous récompense largement : superbe courbe du fleuve encombré d’îles en amont, damier du village à nos pieds, cours sinueux du Yukon en aval, du côté du ferry qui donne accès à la suite de la route vers l’Ouest, la Top of the World Hwy. Vallee-du-Yukon-vers-l'aval-depuis-Midnight-Dome
Vallée du Yukon vers l'aval depuis Midnight Dome

Panorama sur Dawson City et le Yukon depuis
                        le sommet du Midnight Dome
Panorama sur Dawson City et le Yukon depuis le sommet du Midnight Dome

Nous soupons puis j’admire le coucher du soleil à 22:45. À 0:15, lorsque j’achève l’écriture de cette page, une grande lueur orangée illumine encore toute la partie nord-ouest du ciel : si ce n’est pas vraiment le soleil de minuit, nous n’en sommes pas loin ! Coucher dans le vent et l’air pur qui souffle sur les hauteurs.

Bivouac du Guépard sur le Midnight Dome
Bivouac du Guépard sur le Midnight Dome


Jeudi 5 août 2004 : de DAWSON CITY à Top of the World Hwy (100 km)

Dawson City au matin depuis Midnight Dome
Dawson City au matin depuis Midnight Dome
Journée presque entièrement consacrée à la visite de Dawson City. Lorsque enfin nous nous levons, le soleil est déjà haut et illumine le site aperçu hier dans la lumière dorée et la légère brume du soir.

Faute d’eau dans la citerne d’eau froide, la douche est remise à plus tard. Après déjeuner devant le superbe panorama, nous descendons faire le plein d’essence et d’eau, puis nous allons prendre nos billets pour les visites organisées par Parc Canada. Malheureusement aucune visite guidée en français le jeudi, et la seule visite de la maison du Commissaire (le Gouverneur au temps où le Yukon était encore un territoire et non une province) a lieu à 12:30.

Nous avons donc juste le temps d’emprunter la petite route de terre longeant le cours du Creek Bonanza pour faire la visite de la Drague nº4, une énorme construction industrielle sauvée de la ruine par Parc Canada qui en a fait un monument à la gloire de l’exploitation aurifère maintenant presque entièrement abandonnée ici. Dawson City : la drague No 4.
Dawson City : la drague No 4

Monique devant les énormes mécansimes
Monique devant les énormes mécansimes
Monique ne comprend pas grand chose aux explications abondantes fournies - uniquement en anglais - par la guide qui nous fait parcourir en tous sens l’énorme construction de bois. Une puissante machinerie électrique de grandes dimensions actionnait la chaîne à godets affouillant le lit caillouteux de la rivière, ...

le grand tambour percé tamisant le gravier et
                    le sable,
... le grand tambour percé tamisant le gravier et le sable,

..les pompes servant à laver le mélange de sable et
                d’or
...les pompes servant à laver le mélange de sable et d’or,

Poste de commande du mat porte-godets...
Poste de commande du mât porte-godets...
...le mât porte-godet à l'avant de la drague
...le mât porte-godet à l'avant de la drague

... et enfin le long tapis roulant qui évacuait les débris à l’arrière. On est frappé par les dimensions de l’engin, par la simplicité ingénieuse du procédé qui récupérait avec une parfaite efficacité toute trace du précieux métal (des rares pépites à la « farine », en passant par les paillettes et les grains…).

Les énormes cabestans dirigeant le mât
                  porte-godets
Les énormes cabestans dirigeant le mât porte-godets

Autre vue de la drague no.4
Autre vue de la drague no.4

La drague no.11 abandonnée en pleine nature
La drague no.11 abandonnée en pleine nature

Mais nous n’avons pas le temps de nous attarder car il faut redescendre très vite à l’entrée du village pour attraper l’unique visite de la maison du Commissaire. Nous en oublions de fermer les fenêtres arrière du Guépard, si bien qu’au bout des 14 kilomètres de route poudreuse et poussiéreuse, nous aurons récolté une fine couche de poussière – hélas non aurifère… - sur toutes les surfaces intérieures du Guépard...
La résidence du Commissioner à Dawson
La résidence du Commissioner à Dawson
Sur le perron de la grande maison nous attend notre hôtesse, une charmante dame en costume du début XXème qui joue le rôle de Madame Black, l’épouse du Commissaire et « châtelaine » de la résidence.

Entrée d'Honneur de la Résidence
Entrée d'Honneur de la Résidence

Madame Black, épouse du Commissioner, nous
                      accueille
Mistress Black, épouse du Commissioner, nous accueille
Là encore le récit que notre guide fait de sa vie dans cette maison nous échappe en grande partie, mais le décor raffiné, très fidèlement reconstitué grâce aux photos d’époque, parle de lui-même.

Bureau du Commissaire Black
Bureau du Commissaire Black
La salle à manger
La salle à manger

Monique tombe sous le charme de la vieille maison toute imprégnée du style et de l’ambiance d’une époque qu’elle affectionne.

Statuette décorant le boudoir de Madame
                      Black
Statuette décorant le boudoir de Madame Black
Plante en pot dans le boudoir de Madame
Plante en pot dans le boudoir de Madame Black

Merci pour votre accueil chez vous, Madame Black !
Merci pour votre accueil chez vous, Madame Black !

En sortant nous déjeunons sous le premier coin d’ombre venu puis retournons au centre d’information touristique où l’on nous remet les Walkman et les cassettes de la visite auto-guidée du centre ville. Elle part du monument élevé à la gloire des prospecteurs de la première heure auxquels la ville doit son existence.

Dawson-City-monument-aux-mineurs
Monument au Propecteur
Dawson City : monument aux mineurs
Dawson City : monument-aux-chercheurs d'or

Commentaire vivant et assez bien interprété qui nous permet de mieux appréhender le rapide développement de la ville et la vie de ses habitants dans le temps de la courte apogée de Dawson City, entre 1898 et 1910.

Dans les rues de Dawson City
Dawson City : Palace Grand Theatre sur King Street
Palace-Grand-Theatre
Palace Grand Theatre de Dawson City

La Banque
La Banque
Guichet de la banque
Guichet de la banque

Au
                      bar
Au bar...
Dawson-City : figurantes

Dawson City : Westminster Hotel
Le grand hôtel Westminster

Dawson-Daily-News
Le journal Dawson Daily News

À
                nouveau devant le SS Keno
À nouveau devant le SS Keno

La chaleur et la poussière des rues non goudronnées deviennent par moment presque insupportables, et malgré l’intérêt du parcours, nous sommes contents de remettre notre équipement audio au comptoir vers 17 :00. Nous y rencontrons un couple de Français qui vivent à mi-temps dans la région lyonnaise et passent l’été près du Parc de Kluane où ils ont construit une auberge et un camping sur l'Alaska Highway. Ils nous invitent à venir les visiter.

Depuis la Top-of-the-World-Hwy, vue sur
                      Dawson City au pied du Midnight Dome
Depuis la Top of the World Hwy, vue sur Dawson City au pied du Midnight Dome
L’après-midi est bien avancé lorsque nous empruntons le bac qui nous fait gagner la rive gauche du Yukon et entreprendre la Top of the World Hwy. La route monte très rapidement en un large virage à flanc de colline qui nous offre une autre belle vue sur le site de Dawson City, sur la vallée de la Klondike et son confluent avec le Yukon.

Top-of-the-World-Hwy-vue-sur-le-Klondike
Les eaux sombres de la Klondike ...
Confluent-Klondike-Yukon
...se jettent dans les eaux grises du Yukon

Puis la Top of the World Hwy file sur les crêtes. Si la chaussée est trop souvent entrecoupée de passage non asphaltés, en revanche la circulation est rare et les panoramas sur la chaîne montagneuse des Ogilvie superbe, au delà de vallées profondes aux pentes couvertes d’arbres vert sombre dorés par le soleil à son déclin. Top-of-the-World-Hwy-vue-sur-Monts-Ogilvie
Top of the World Hwy : vue sur les Monts Ogilvie au nord

Guepard-sur-Top-of-the-World-Hwy.
Guépard sur la Top of the World Hwy
Il fait encore chaud (24º C), la lumière est intense, l’impression puissante. Au bout d’une centaine de kilomètres qui nous met tout proches de la frontière américaine, j’aperçois une petite route qui mène à un ensemble de rochers et à un belvédère un peu à l’écart de la route. Nous nous y engageons et y découvrons un bel espace dégagé et plat déjà occupé par un fourgon Fiat immatriculé en Allemagne !

Comme il est passé 19:00, nous décidons d’y rester pour la nuit. Nous prenons position sur un coin bien horizontal et y soupons d’une boite de chile con carne enrichi de saucisses rapidement préparé par la cuisinière. Lecture et écriture, préparation des photos des deux derniers jours, nous nous couchons alors que s’installe auprès de nous un troisième fourgon occupé cette fois par des Ontariens… Bivouac au bord de la Top of the World Hwy
Bivouac au bord de la Top of the World Hwy


Vendredi 6 août 2004 : Top of the World Hwy à MENTASTA LAKE (236 km)

Top-of-the-World-Hwy-notice
Longue nuit silencieuse dans notre désert. Le ciel superbe est toujours là au matin lorsque, vers 10:00, nous reprenons la Top of the World Hwy, toujours aussi belle.

Elle s’achève par le passage d’un col, une trentaine de kilomètre plus loin, juste avant la frontière américaine. Formalités réduites au minimum par la douanière-officier d’immigration qui se hâte de retourner dans son bureau fermé à l’abri de la poussière. Sur la Top-of-the-World-Hwy, en vue de la
                      frontière Yukon-Alaska
Sur la Top-of-the-World-Hwy, en vue de la frontière Yukon-Alaska





8. De la frontière de l'ALASKA à VALDEZ




Notre intinéraire
              en Alaska
Notre itinéraire en Alaska


Drapeau de
              l'Alaska

Enfin nous y voilà !


Welcome-to-Alaska
Welcome to Alaska
Où sommes-nous ?
Où sommes-nous ?

Alaska-Taylor-Hwy
Adieu la "Top-of-the-World Hwy", nous voici sur la poudreuse "Taylor Hwy" qui prend la suite !
Car de la poussière et du sable, il n’y a que ça sur les 50 kilomètres suivants, jusqu’à Chicken, car la route non seulement n’est pas revêtue d’asphalte mais plutôt d’un mélange de graviers et de sable dont la partie la plus volatile s’envole en un grand et dense nuage sous les roues.

La circulation est heureusement assez sporadique, mais à chaque croisement d’un énorme RV américain ou d’un camion, il faut fermer fenêtres et aération, ralentir au maximum pour éviter les impacts de graviers dans le pare-brise et attendre une minute ou deux que le nuage se disperse. Et encore, même ainsi, nous finissons par ingurgiter une bonne dose de cette farine crissante et irritante qui laisse une couche rosâtre légère comme de la farine sur toutes les surfaces lisses à l’intérieur du Guépard.

Quelques kilomètres plus loin, nous sommes à Boundry, un pauvre mais pittoresque relais d’essence où Monique ne trouve même pas un téléphone… Taylor-Hwy-Boundary
Taylor Hwy : l'ancien poste frontière

La
              maison/boutique
La "boutique" de Boundry

Sur la galerie de la maison/boutique
Sur la galerie de la maison/boutique
Jack Wade gold dredge
Drague abandonnée au bord du torrent : la Jack Wade gold dredge
La route quitte bientôt les hauteurs pour descendre serpenter près du cours d’un torrent plein de déblais de dragues (dredges), comme celle dont nous découvrons les ruines imposantes au détour d’un virage.

Viennent ensuite une série de superbes vallées où coulent des rivières profondes mais dont les pentes couvertes d’arbres ont été dévastées par des incendies récents, ce qui crée parfois des patchworks de couleurs surprenants. Terres incendiees le long de la Taylor Hgw
Pente dévastée par un incendie le long de la Taylor Hgw

Terres incendiees le long de la Taylor Hgw
Plus loin la même vallée épargnée par le feu
Un peu plus loin, la même vallée épargnée par le feu

Les boutiques de Chicken
Les boutiques de Chicken

À Chicken, arrêt pique-nique sur la grande esplanade derrière la station d’essence-RV Park-boutique de souvenir remplie de « bébelles » insignifiantes. Il ne reste quasiment rien de ce petit centre minier jadis bien vivant, hormis les ruines d’une drague et trois anciennes boutiques dans leurs cabanes de rondins. Le ciel devient de plus en plus voilé, estompant les lointains et éteignant les couleurs derrière une fumée légère à peine perceptible.

Nous reprenons la route (la Taylor Hwy) maintenant le plus souvent goudronnée, dont le tracé vallonné traverse des paysages de petites montagnes déserts mais là encore noircis par les feux de forêts. L’air devient bientôt de plus en plus épais et les lointains disparaissent dans une brume bleutée, des colonnes de fumée s’élèvent de plusieurs petits foyers actifs autour de nous, tandis qu'une vague odeur de bois brûlé imprègne l'atmosphère. Fumées des feux de brousse autour de nous
                      depuis la Taylor Highway
Fumées des feux de brousse autour de nous depuis la Taylor Highway


Sur la Taylor Highway, la fumée diffuse qui
                      bleuit et estompe les lointains
Sur la Taylor Highway, la fumée diffuse qui bleuit et estompe les lointains
Le même spectacle se poursuit sur les quelques 150 km qui nous amènent au carrefour avec l’Alaska Highway à Tetlin Junction. Nous quittons alors la montagne pour une vingtaine de kilomètres de route plate et droite jusqu’à Tok. Je suis fatigué de la route difficile, de la chaleur, de la poussière et de la fumée qui m’ont un peu irrité les yeux…

Nous mangeons puis décidons de faire une pause durant laquelle nous liquiderons un peu de lavage. Direction la buanderie automatique (laundromat) qui nous permettra de dormir ce soir dans des draps propres après ce mois de vadrouille sur les routes. Nous y rencontrons un homme charmant venu lui aussi faire sa lessive et qui nous aborde, étonné par notre parler étranger.

De fil en aiguille, il nous informe de la grande étendue et de la fréquence des feux de forêt en Alaska, allumés par des éclairs d’orage sans pluie. Cette année, la sécheresse a accentué le problème pour en faire la deuxième pire année depuis qu’on en tient le registre. Le nombre de foyers simultanés, leur étendue, les difficultés d’accès font, qu’à moins de danger pour les habitants, on n’intervient guère pour les éteindre et on compte plutôt sur l’épuisement du combustible ou sur la pluie pour les arrêter… Résultat : toute une partie du nord de l’état passe de longues journées sous un soleil jaune et voilé par la fumée qui flotte en altitude. Également questionné sur l’intérêt de l’itinéraire du nord passant par Fairbanks, il nous confirme l’opinion déjà reçue d’un Québécois à Whitehorse : cette ville de garnison manque à peu près totalement d’attraits, tout comme la route qui y mène - opinion sur laquelle nous reviendrons lors de notre retour.

Nous décidons donc de laisser là l'Alaska Hwy et de nous diriger plutôt vers le sud par la Tok Cut Off vers Glennallen puis Valdez. Le lavage, assez médiocre selon la maîtresse de maison - la faute aux machines américaines à tordeur central - est bientôt terminé, nous réinstallons duvets et couvre-matelas dans leurs enveloppes, replaçons nos vêtements rafraîchis dans les placards du Guépard, et nous voilà repartis.

La grande route, excellente, serpente dans une large vallée encadrée de montagnes et le ciel s’est maintenant beaucoup éclairci. Je pense à aller dormir dans le Col de Mentasta à 800 m d’altitude, que j’ai repéré sur une carte, mais les kilomètres défilent sans qu’apparaisse la montée attendue. Comme la grande route n’offre guère d’emplacement favorable, nous la quittons pour prendre la petite route de Mentasta Lake et allons nous installer quelques kilomètres plus loin sur le stationnement du rustique terrain de base-ball du hameau. Tri de l’abondante documentation amassée jusqu’à présent, puis coucher tôt (10:30, heure du Pacifique).


Samedi 7 août 2004 : de MENTASTA LAKE à BLUEBERRY LAKE CAMPGROUND (près de VALDEZ) (336 km)

Aucun bruit avant notre réveil qui nous laisse bien reposés passé 8:00… Nous décollons vers 9:30, mais l’absence de téléphone dans les environs empêche Monique de contacter la France. La Route 1 (Tok Cut-Off) est vite rattrapée, puis reprise vers le sud. La chaussée et le tracé, excellents, nous permettent de filer sans aucun des inconvénients vécus hier. Malheureusement le ciel continue d’être voilé, comme si une brume de chaleur – et non plus la fumée cette fois – filtrait la lumière en brouillant les lointains dans une grisaille bleutée. Bivouac devant le base-ball-field de
                      Mentasta
Bivouac devant le base-ball field de Mentasta

Tok-Cut-off-&-Wrangell-St-Elias-Park-sans-fumee
Vallée de la Copper River : Tok-Cut-off & Wrangell-St-Elias-Park par temps clair
On aperçoit donc à peine le contour des hautes montagnes et des pics du Wrangell-St-Elias Park (jusqu’à 5 000 m) qui culminent au-delà d’une vingtaine de kilomètres de la large vallée boisée où sinue et s’étale largement la Copper River.

Copper River Valley

Copper River Valley aval et amont

Copper-River-Valley-amont

Je vérifie auprès de l’un des centres d’information du Parc la condition des deux routes qui permettent de s’y enfoncer mais la perspective de 46 miles (jusqu’à Nabesna) ou de 61 miles (jusqu’à McCarthy) de gravier poussiéreux et agressif pour les pneus me dissuade bien vite de nous y engager. Nous poursuivons donc vers le sud.

Lors d’un arrêt pour filmer le vaste panorama, rencontre d’un couple de cyclistes français qui, partis d’Anchorage, veulent rallier l’Argentine en une ambitieuse Panaméricaine. Nous sympathisons et passons une bonne demi-heure à échanger avec eux sur la France, l’évolution des mentalités et des perceptions à mesure que l’on prend de la distance… Nous leur suggérons, bien entendu, d’emprunter la Cassiar-Stewart pour rejoindre le Parc des Rocheuses canadiennes, mais ils avaient prévu le bateau de Skagway à Prince Rupert… Plein d’essence à Glennallen, un autre relais de quelques maisons et magasins le long de la grande route, là où je m’attendais à un village ! Pas moyen de trouver de l’eau pour remplir la citerne d’eau fraîche, aussi tentons-nous notre chance dans le village ancien de Copper Center, aux modestes maisons de bois dispersées le long d’une loop road. Au bord de la Klutina aux eaux torrentueuses et vertes, nous finissons par tomber sur un petit pourvoyeur de pêche au saumon  Aimablement il nous offre de faire le plein sur son puits. Nous cherchons ensuite un coin frais pour déjeuner car il fait chaud (28ºC) et lourd. L’ombre offerte par un arbre sur le stationnement de la poste ne suffit pas à nous assurer ce confort, et nous devons laisser tourner l’air climatisé pendant notre repas pour ne pas transpirer. Décidément nous ne nous attendions pas à ce temps et à cette température dans un pays aussi nordique que l'Alaska !

Suite de notre long itinéraire vers Valdez en empruntant maintenant la Richardson Hwy. Nous entrons dans un paysage plus encaissé, la route se faufile dans des vallées dont les pentes se rapprochent et s’élèvent progressivement. En même temps l’air semble devenir plus transparent et plus vif. Sur la
                      Richardson Hwy
Sur la Richardson Hwy

Richardson-Hwy
Devant, les montagnes...

Bientôt nous nous retrouvons dans un environnement de hautes montagnes, bien que nous roulions seulement entre 800 et 1 000 m d’altitude, probablement à cause de la latitude et de la rigueur et de la longueur de l’hiver (phénomène identique à celui que nous avions observé en Scandinavie lors de notre montée vers la Cap Nord).


Derrière,
                les montagnes !
...derrière, les montagnes !

Richardson-Hwy-epilobes-dans-Tsaina-Valley
Richardson Hwy : épilobes dans Tsaina Valley
Richardson-Hwy-Tsaina-River
Tsaina River

Épilobes
Épilobes

Puis ce sont les glaciers qui apparaissent, un premier frappant dans l’axe de la route, puis d’autres de tailles et de formes diverses qui s’étalent en haut de pentes étonnamment boisées de feuillus vert tendre.
Les glaciers depuis Tsaina Valley
Les glaciers depuis Tsaina Valley

Worthington Glacier en vue
Worthington Glacier en vue

Worthington-Glacier
Sur la route du Worthington Glacier

Balade au pied du Worthington Glacier
Balade au pied du Worthington Glacier
Après plusieurs arrêts photos et vidéo devant ces superbes vues de la Tsaina Valley qui nous rappellent les Rocheuses, nous tombons directement sur le Worthington Glacier (mile 28), classé parmi les grands sites naturels d’Amérique par le Service des Parcs U.S.

Worthington Glacier : la langue glaciaire poussant
                sa moraine devant elle
Worthington Glacier : la langue glaciaire poussant sa moraine devant elle

Worthington-Glacier-lac-de-moraine
Lac de moraine sous Worthington Glacier
Cela lui vaut un aménagement de qualité qui permet de l’observer dans les meilleures conditions et d’approcher au plus près son petit lac glaciaire vert émeraude et le bas de sa langue de glace. Superbe !

Worthington-Glacier
Worthington Glacier

Worthington-Glacier-neve
Névé de Worthington Glacier

Worthington-Glacier-promeneurs.jpg
Worthington Glacier : promeneurs au bord même de la glace

Twentyseven-Miles-Glacier-derriere-Thompson-Pass
Twentyseven Miles Glacier derrière Thompson-Pass

La même route de grande classe passe ensuite au pied du Twentyseven Mile Glacier, puis franchit à 2 854 pieds d’altitude le Thomson Pass qui ouvre sur un autre magnifique panorama alpin formé par la longue chaîne des Chugach Mountains.
La
                      chaîne des Chuglash Mountains
Chaîne des Chugach Mountains

Bivouac au dessus de Blueberry Lake
Bivouac au dessus de Blueberry Lake
En descendant, nous découvrons au creux d’une grande courbe un modeste camping sauvage aménagé autour du petit Blueberry Lake. Voilà qui conviendra parfaitement à notre bivouac de ce soir puisqu’il est déjà 18:45. Nous y trouvons un emplacement libre bien horizontal avec vue sur le lac et les montagnes alentour. Je profite de cet arrêt précoce pour démonter le capot du moteur côté cabine et tâcher de localiser un bruit bizarre apparu depuis ce matin. Sans succès.

Blueberry-Lake-bivouac
Guépard au bivouac sous Richardson Pass devant Blueberry Lake

Le spectacle d’avant souper est assuré par deux jeunes qui viennent embourber leur Jeep jusqu’aux moyeux juste devant nous dans la tourbière entourant le lac. Dépannage haut en couleur par des copains en 4 x 4 qui manquent d’y rester eux aussi… Coucher vers 22:30, après que le coucher du soleil ait été suivi par la descente d’une brume cotonneuse et épaisse qui noie progressivement le grandiose décor autour de nous.


Dimanche 8 août 2004 : de BLUEBERRY LAKE à VALDEZ (83 km)

Bivouac du Guépard embrumé au matin
Blueberry-Lake : bivouac du Guépard embrumé au matin
Ciel gris et chargé au lever en milieu de matinée, qui s'accompagne d'une fraîcheur inconnue depuis plusieurs jours.

Les cimes autour de nous restent cachées dans les nuages, et nous ne profitons guère de l’environnement que nous devinons pourtant superbe. Effet-de-brume-sur-les-Chlugash-Mountains
Effet de brume sur les Chugach Mountains

Keystone-Canyon
Lowe River dans Keystone Canyon
Nous sommes seulement à une vingtaine de kilomètres de Valdez que nous atteindrons bientôt, au bout d’une longue et raide descente en ligne droite le long de la Lowe River. Celle-ci nous ramène au niveau de la mer à travers un profond défilé, le Keystone Canyon, orné de deux belles chutes. : Bridal Veil Falls (une autre...) et Horse Tail Falls.

Bridal Veil Falls
Bridal Veil Falls
Zoom sur Bridal Veil Falls
Zoom sur Bridal Veil Falls

Keystone Canyon : Horse Tail Falls
Keystone Canyon : Horse Tail Falls

Le bruit inhabituel dans le moteur continue de m’inquiéter, même s’il disparaît presque lorsque la température s’est stabilisée. Je crains un  problème de soupape, à moins qu’il ne s’agisse d’une défectuosité du joint de culasse, le circuit de refroidissement étant très souvent et de façon répétitive en manque d’eau… Nous verrons bien, je demanderai un avis au garage lorsque je remplacerai les pneus arrière décidément en fin de carrière au Costco d’Anchorage.

Avant d’entrer dans l’agglomération, brève observation d’une autre aire de frai de saumons moribonds qui barbotent dans quelques centimètres d’eau sur le lit de gravier d’un torrent issu d’une chute dévalant la montagne. Valdez-saumon-au-frai
Aire de frai de saumons

Chalutier dans le port de pêche de Valdez Chalutier dans le port de pêche de Valdez
Petite ville qui nous apparaît essentiellement touristique - du moins en été – avec ses centaines de motorisés stationnés en ligne dans une vingtaine de RV Parks dispersés au détour des rues, Valdez est aussi un important port de pêche et de plaisance.

Comme le temps bouché nous décourage d’entreprendre aujourd’hui la balade prévue en mer vers les glaciers du Prince Edward Sound, nous commençons par nous rendre sur le quai du port de pêche pour assister au débarquement du poisson, spectacle toujours impressionnant surtout lorsqu’on voit comme ici l’abondance et la grosseur des prises récoltées par un - pourtant petit - bateau…

Le site de Valdez est magnifique, puisqu'en fait il s'agit d'un fjord pénétrant très profondément dans les terres (on n’aperçoit pas la pleine mer depuis la ville), mais cependant très large entouré de tous côtés par des montagnes acérées et couvertes de glaciers. Un type de paysage comme nous n’en avons vu que dans le nord de la Norvège ou dans les Lofoten.
Valdez : proue fleurie
Valdez : proue fleurie

Le tour de la ville ensuite est vite fait puisque celle-ci se borne à 5 ou 6 rues en damier, suite à son déplacement et à sa reconstruction en 1967 après les dramatiques tremblement de terre et tsunami de 1964. C’est l’occasion de découvrir un magasin d’aliments où nous pensions refaire le plein de produits frais, mais le peu de choix, et la faible qualité diététique des produits proposés (fécule, sucre et additifs en pagaïe…) nous amène à limiter les dégâts et attendre plutôt d’être à Anchorage. Au moins le liquor store voisin offre-t-il des vins italiens, français et australiens qui conviennent à notre goût et à notre bourse…

Valdez-port-de-plaisance
Le port de plaisance de Valdez
Nos errements nous ramènent toujours près du bassin des petits bateaux (Small Boats Harbor) où nous trouvons un stationnement libre à l’extrémité est. Tous les quais sont pour leur part envahis par les gens du voisinage venus embarquer sur l’un des nombreux yachts amarrés dans la marina ou mettre à l’eau leur hors-bord pour partir à la pêche en mer qui semble le grand loisir de la saison et du dimanche.

Nous déjeunons sous un ciel qui se dégage progressivement en révélant le paysage vraiment magnifique. Je prends le temps de flâner un peu alentour, photographiant et filmant le spectacle. Fond du fjord de Valdez
Fond du fjord de Valdez

Valdez
                      Glacier
Valdez Glacier
En fin d’après-midi, profitant du ciel maintenant à peu près totalement dégagé et très lumineux, nous revenons une quinzaine de kilomètres en arrière pour nous approcher du Valdez Glacier.

La petite route s’enfonce dans la vallée, de plus en plus sauvage, puis le revêtement d’asphalte disparaît sur quelques centaines de mètres jusqu’à une barrière de grosses pierres bordant le lac dans lequel viennent mourir deux langues glaciaires issues de deux vallées différentes. Dans celle qui nous fait face, trône le Valdez Glacier, qui étale sa mer de glace sinueuse bien au-dessus de nous.

Impossible d’aller plus loin, aussi après quelques minutes de contemplation du saisissant paysage, nous faisons demi-tour et rentrons « en ville ».

Puisque le temps semble s’annoncer positif pour demain, on peut maintenant commencer à concrétiser la balade prévue de longue date vers les glaciers marins Columbia et Meares. 

Nous finissons par dénicher le comptoir de la compagnie Stan Stephens qui semble, selon les guides, offrir les plus beaux trajets dans les meilleures conditions : 9 heures de navigation dans les détours du Prince Edward Sound à bord d’un petit bateau de 130 passagers, avec commentaires de naturalistes et deux repas - fort simples - servis au cours de la journée, le tout pour 125 $US.
Small Boats Harbor
Small Boats Harbor

Valdez-port-de-plaisance
Small Boats Harbor
Comme le temps change vite ici, nous attendrons demain matin, à l’ouverture de la billetterie dès 7:00 pour réserver. Nous repérons ensuite une autre épicerie mieux fournie que celle de ce matin pour remplir demain soir à notre retour d’excursion le frigo que nous laisserons vide et éteint – faute de panneau solaire pour l’alimenter…

Il ne nous reste plus qu’à contempler le soir descendant lentement sur le Small Boats Harbor, à observer les heureux pêcheurs nettoyer leurs prises et trancher d’énormes filets dans le vaste choix de poissons ramenés de leur promenade en mer... à bord d'une flotille de yachts superbement équipés.
Pêcheur découpant une raie
Pêcheur découpant une raie

Valdez : yachts à quai dans le port de plaisance de
                Valdez
Valdez : yachts à quai dans le port de plaisance de Valdez

Un bateau bien équipé pour la pêche sportive !
Un bateau bien équipé pour la pêche sportive!

Valdez-Monique-relaxe-au-bord-du-fjord-avant-le-souper
Monique relaxe au bord du fjord de Valdez avant le souper
Nous allons souper un peu à l’écart devant une petite plage de galets donnant sur le fond du fjord, avec les montagnes rosies par le soleil couchant pour décor.

Panorama sur
                le fjord de Valdez
Panorama sur le fjord de Valdez en fin de journée

Nous dormirons sur une bande de stationnement où le camping n’est pas interdit - comme sur le quai des yachts - pour être prêt demain aux aurores. Valdez-bivouac-devant-le-port-de-plaisance-au-crepuscule
Bivouac devant le port de plaisance de Valdez au crépuscule

Crépuscule sur le Small Boat Harbor de Valdez
Crépuscule sur le Small Boat Harbor de Valdez


9. VALDEZ et Prince Edward Sound

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