Nuit paisible dans la pinède aux fûts denses et élancés. Au réveil on entrevoit le ciel bleu entre les branches. Nous poursuivons en direction du Lake Louise par la route panoramique qui continue de longer la superbe vallée de la Bow River. | Vallée de la
Bow River : Morant's Curve
|
Aube sur le
Lake Louise et le Glacier Victoria
|
Une heure plus tard, nous quittons la highway, évitons Lake Louise Village pour gagner directement le bord du fameux lac. Les abords sont abondamment pourvus de parkings, ce qui évite les embouteillages et la presse autrement inévitables vu la foule venue comme nous admirer le plus beau lac des Rocheuses. |
Au delà de l'hôtel du C.P., le Lake Louise et le Mt Victoria |
Lake Louise depuis la promenade autour du lac |
Les canoés du Lake Louise |
En canoé sur le Lake Louise |
Lake Louise : Jean-Paul au départ du sentier autour du lac |
Les spermophiles quêteurs |
L'oiseau du Lake Louise |
Soleil du soir
sur le Lake Louise
|
Vue aérienne de Ten Peaks Valley et du lac Moraine |
Comblés mais bien
fatigués par cette superbe balade, nous faisons une
pause casse-croute. Puis un détour de 18 km nous mène au beau lac Moraine, également encadré par toute une couronne de hauts pics glaciaires, les Ten Peaks. |
Moraine Lake |
Monique reste près de
l'embarcadère tandis que j'escalade l'éboulis
au-dessus de la décharge au lac. Ses eaux bleu
émeraude sont enchâssées dans la vallée des Dix
Pics, la plupart enneigés, qui tombent abruptement
dans ses eaux ou déboulent en grands éboulis
hérissés de milliers de sapins élancés et serrés.
Paysage féerique que je reste un long moment à
contempler, assis sur un gros rocher, avant de
rejoindre notre Guépard.
|
Moraine Lake sous les premiers rayon du soleil matinal |
Lake Moraine sous les derniers rayons du soleil |
Lake Moraine
depuis l'éboulis sur la moraine en fin de
matinée
|
En canoé sur les eaux émeraude et transparentes du Lac Moraine |
Lake Moraine par temps nuageux |
De retour à Lake Louise Village,
nous nous procurons livres et cartes postales
souvenirs et nous mettons en quête d’un bivouac.
Aucun emplacement disponible "en ville". Dans le soir qui tombe, nous décidons de prendre la route du nord vers Jasper puis de poursuivre jusqu'au port de Prince Rupert sur la Yellowhead Hwy. Nous y embarquerons sur le ferry qui descend le Passage Intérieur jusqu'à l'île de Vancouver. Pour ce soir nous commençons par enfiler la Promenade des Glaciers qui continue de longer la Bow River jusqu'au Lac Hector et à un petit terrain de camping - complet encore une fois... Nous nous installons donc sur le grand terre-plein près de la rivière en compagnie d'une dizaine d'autres retardataires. |
5. ALBERTA (du Lake Bow à l'entrée du Yoho National Park)
Temps un peu plus variable aujourd'hui. La journée passe à achever la traversée du Parc national de Banff et à poursuivre l'excursion dans celui de Jasper qui lui est contigu vers le nord. Beaux points de vue sur le lac Bow et sur le glacier Crowfoot... |
Depuis la route, le Crowfoot Glacier (Patte de corbeau) dominant le Lake Bow |
Le Lake Bow et Crowfoot Glacier depuis la rive |
Le Lake Bow vers le Nord |
Le Lake-Bow vers le Nord |
Lake Bow et montagne |
Bow Lake à vélo |
Reflets sur le Lac Bow
|
Bow Lake près de l'Auberge Simpson's Num Ti-Jah Lodge |
Bow Lake vu de la montagne |
...avant de nous arrêter un peu plus loin pour découvrir, au bout de 400 m d'un sentier traversant un charmant jardin naturel débordant de fleurs, le magnifique belvédère donnant sur le lac Peyto (Summit Bow) à la limite de croissance des arbres (2088 m). | Soleil du matin sur le Lac Peyto |
Reflets sur le Lac Peyto |
|
Puis la route parcourt la superbe vallée de la Saskatchewan encadrée par les hauts sommets enneigés du Chephren, du Sarbach et autres pics. Je descends un peu plus loin admirer le Canyon de la Mistaya qui a creusé des marmites de géant dans une gorge profonde mais très étroite où les eaux blanchies de la rivière s'engouffrent en bouillonnant. Pendant ce temps Monique - qui ne veut plus se déplacer que pour les 3 *** du Guide vert - a préparé le déjeuner.
Chute et canyon de la Mistaya |
Canyon de la Mistaya |
Peu après, à Saskatchewan Crossing, s’étale
le vaste paysage du confluent de trois rivières : la Mistaya
au sud, la Howse à l'ouest et la Saskatchewan au nord qui
s'oriente alors vers l'est pour aller se jeter dans le lac
Winnipeg.
Belle vue sur le glacier Saskatchewan qui déboule du champ de glace Columbia. Nous longeons les hautes cimes abruptes du Mont Wilson puis du Mont Amery, avant de passer au pied de la formidable pente abrupte du Mont Cirrus.
La route du col Sunwapta commence alors à grimper en longeant la crête du Parker Ridge jusqu'à 2 035 m, avant de redescendre un peu jusqu'aux glaciers Dome, Athabasca et Kitchener. Se déploie alors une vue superbe sur les trois langues glaciaires s'écoulant du champ de glace Columbia. | Athabasca Glacier |
Jean-Paul sur le Glacier Athabasca |
Un arrêt s’impose pour une balade
à pied jusqu'à la base de la langue de glace. Nous ne
nous y hasardons guère, préférant admirer sans risques
le grandiose paysage depuis le Centre d'accueil en
face et un peu plus haut.
|
Promenade des Glaciers, sous le Columbia Icefield |
Suwapta River, issue du Glacier Athabasca |
Athabasca Falls |
Temps variable aujourd'hui puisqu'il a plu durant la nuit. La route longe la vallée de la superbe rivière Athabasca au cours large et rapide. Premier arrêt pour aller admirer ses chutes puissantes et le profond canyon qu'elle a creusé juste à leurs pieds. Je reste un long moment fasciné par le mouvement inexorable, le grondement et l'impétuosité des courants qui s'engouffrent et blanchissent l'eau limoneuse aux reflets émeraudes. |
Jasper depuis le Mt Whistlers |
Un peu plus loin, un très beau belvédère sur la vallée de l'Athabasca précède notre arrivée à Jasper. Nous bifurquons alors sur la petite route menant au téléphérique du Mont Whistlers qui nous fait grimper de 900 mètres en 7 minutes jusqu'au terminus à 2 470 m. |
De là, vue magnifique sur la vallée, la petite ville lovée dans un grand virage de la voie ferrée et les hautes montagnes qui l'entourent. | Jasper depuis le Mt-Whistlers |
Panorama sur Jasper en montant du téléphérique au sommet du Mt Whistlers |
Je réussis à décider Monique à
m'accompagner pour une longue balade ardue d'1,5 km
sur le sentier raide qui gagne le sommet. À partir de
la station du téléphérique la vue sur la vallée
s'élargit progressivement au fur et à mesure de lente
notre progression ponctuée de pauses essoufflées..
|
Au sommet la vue très étendue, surtout des côtés sud et ouest vaut l'effort, offrant en particulier un panorama grandiose de cimes aiguës et de glaciers dignes des Hautes Alpes (en particulier les Monts Edith-Cavell et Kerskelin). | Les montagnes depuis le sommet du Mt Whistlers |
Lagopède (Ptarmigan) sur le Mt Whistlers |
Jean-Paul filme les lagopèdes sur le Mt-Whistlers |
Jasper Park Lodge |
De retour dans la vallée en milieu d'après-midi, nous faisons quelques courses dans le village de Jasper qui présente peu d'intérêt en soi. Puis une balade du côté de la Jasper Park Lodge nous fait découvrir une auberge luxueuse avec golf, lac privé, manège, pavillons dispersés dans la nature, etc. La petite route nous entraîne autour des jolis lacs Edith et Annette qui offrent de beaux coins aux amateurs de canotage et de pique-nique champêtre, mais où des panneaux explicites sur les quelques stationnements interdisent tout camping. |
Cavell Lake & Mount Edith-Cavell |
Aube sur le Lac et le Mont Edith-Cavell |
L'après-midi est maintenant bien avancé. Assez fatigués par notre longue balade de ce matin sur la montagne, nous décidons de nous avancer et de faire un grand bout en direction de Prince Rupert où nous espérons prendre le bateau après demain pour parcourir le Passage Intérieur (Inside Passage). Nous prenons donc la grande route 16 vers l'ouest. Elle nous fait passer le petit col de Yellowhead Cache puis redescendre vers le beau parc provincial du Mont Robson, le plus haut sommet des Rocheuses canadiennes dont nous admirons la masse enneigée culminant à 3 954 m. depuis le fond de la vallée. |
Le Mont Robson |
Lundi 23 juillet 2001 : de PRINCE GEORGE à GOAT RIVER (rest area) (638 km)
Vallée près de Prince-George |
Nuit assez bruyante mais reposante malgré tout. Suite à quelques averses nocturnes, le ciel couvert au réveil se dégage un peu dans la journée. Après un retrait d'argent dans une Bank of Montreal, l'achat de timbres pour notre correspondance vers l'Europe, le plein d'essence et de glace, nous reprenons la route vers l'Ouest. La forêt très exploitée entre Vanderhoof et Fraser Lake alimente de nombreuses scieries géantes. Nous longeons le joli Fraser Lake au bord duquel nous déjeunons près d'un champ en pleine moisson, sous une averse mêlée de soleil, avant de poursuivre jusqu'à la petite ville de Burns Lake. |
Mardi 24 juillet 2001 : de GOAT RIVER à FIELD (521 km)
La pluie continuelle qui fouette le toit du Guépard durant la nuit nous réveille à plusieurs reprises. Nous décollons vers 9:30. Les nuages cachent les sommets des montagnes de plus en plus élevées autour de nous tandis que des lambeaux de brume flottent à mi-pente. La route est donc un peu décevante et moins spectaculaire à l'approche des Rocheuses que je m'y attendais, et même le Mont Robson, si imposant hier, n'est qu'à demi-visible aujourd'hui. | Mt Robson le soir |
Bref arrêt pour aller admirer les Rearguard Falls où le Fraser précipite d'une dizaine de mètres son cours tumultueux aujourd'hui particulièrement gonflé. Belle occasion d'observer des équipages de rafters qui font le portage de leurs gros radeaux pneumatiques rouge ou bleu vifs pour éviter la chute avant de rembarquer pour franchir les rapides bouillonnant en aval.
Ours sur la route de Prince George |
Un peu plus loin c'est un ours à proximité de la route qui attire mon attention. Arrêt immédiat pour tâcher de capter son image fugace, il s'éloigne rapidement dans les fourrés... |
Le chasseur d'image regagne sa monture....
Belvédère le
long de la Icefield Parkway
|
Puis nous retrouvons le Parc
national de Jasper, évitons le village et parcourons à
nouveau la Icefield Parkway (Promenade des
Glaciers) en sens inverse. Peu d'arrêts hormis devant
quelques belvédères particulièrement impressionnant,
d'autant plus que le temps est le plus souvent bouché,
que les nuages sont bas et que la pluie est presque
toujours là pour couper la visibilité ou décourager la
promenade.
|
Puis une jolie excursion sur la petite route de montagne de la Yoho Valley nous mène aux Takakaw Falls où l'eau tombe en une vertigineuse cascade de 254 mètres. Photographies et film difficiles, en attendant les rares rayons de soleil illuminant le long jet vertical et bouillonnant. | Parc National Yoho : Takakaw Falls |
Jean-Paul devant Takakaw Falls |
Vallée de la Yoho River |
Takakaw Falls jaillissant du Daly Glacier (Waputik Icefield) |
Takakaw Falls et sa rivière |
L'excursion vers le magnifique lac O'Hara, qualifié de « joyau des Rocheuses », nous tente mais il faudrait y consacrer une autre journée en empruntant la navette seule autorisée à circuler sur les 24 km de route de terre… | Lake O'Hara |
6.
BRITISH COLUMBIA : des TAKAKAW FALLS à VANCOUVER
Mercredi 25 juillet 2001 : de FIELD à REVELSTOKE (247 km)
Nuit paisible sur notre route gravelée à la sortie du village, à l'orée de la campagne, suffisamment loin de la ligne de chemin de fer pour ne pas être importunés par son trafic important. Comme nous avons lu tard hier soir, bien au-delà de minuit, nous faisons un peu la grasse matinée pour ne démarrer que vers 10:30. En descendant la vaste vallée de la Yoho nous sommes bientôt à l'embranchement menant au Lac Emerald. La petite route étroite nous amène d'abord au Pont Naturel (Natural Bridge) creusé dans le rocher par la puissante rivière Kicking Horse qui précipite en écumant et en tourbillonnant son large cours dans une faille d'à peine quelques mètres.
Natural Bridge sur la Kicking Horse River |
Natural Bridge au crépuscule |
Yoho National Park : embarcadère d'Emerald Lake |
Yoho National Park : Emerald Lake |
Depuis la zone de remplissage au bout du lac Emerald |
Un des torrents se jetant dans le lac Emerald |
Lunch léger au retour dans notre Guépard avant de poursuivre notre descente de la large vallée de la Kicking Horse jusqu'à sortir du Parc de Banff. Golden s'annonce alors avec sa série de panneaux publicitaires… Plein d'essence, d'eau et de fruits avant de commencer à longer le cours puissant de la Columbia River.
Entrée du Glacier National Park
Puis nous abordons les Columbia Mountains, plus anciennes que les Rocheuses mais tout aussi belles et comptant plus de 400 glaciers protégés dans le Parc National des Glaciers. À nouveau, superbes paysages de haute montagne préservés des "aménagements" de la civilisation et donc encore presque vierges. Le ciel enfin se dégage complètement et la chaude lumière du soleil du soir éclaire les sommets des pentes à pic, très boisées car ici il pleut beaucoup. | Dans le Glacier National Park, la chaîne des Selkirks |
Montagne du Yoho National Park |
Dans le Glacier National Park : Illecillewaet, Grand Glacier Trail |
Jeudi 26 juillet 2001 : de REVELSTOKE à SUMMERLAND (288 km)
C'est une autre nuit silencieuse et réparatrice jusqu'à notre réveil vers 8:00, sous un grand ciel bleu. Renonçant à revenir en arrière dans le Parc des Glaciers, nous décidons de consacrer la matinée à une grande balade dans le Mount Revelstoke National Park.
Berme fleurie au dessus de la route menant au Mt Revelstoke |
La jolie parkway de 24 km
monte rapidement par une vingtaine de lacets qui
dégagent progressivement une vue splendide sur la
petite ville de Revelstoke et sur la vallée de
l'Illecillewaet encombrée de bancs de sable, puis
sur les cimes des Columbia Mountains qui l'entourent
(Selkirk et Monashe).
|
Dans les Meadows in the Sky (Prés dans le Ciel) du Mont Revelstoke |
Les fleurs dans les Meadows-in-the-Sky ou Prés-dans-le-ciel |
Les arbres deviennent moins
serrés mais les sous-bois, les prairies et les
bas-côtés de la petite route sont bientôt envahis
par un extraordinaire et dense tapis de fleurs
sauvages aux couleurs vives : castilèges (rouge),
lupins (bleu), arnicas (jaune) et valérianes
(blanche). Ce sont les Meadows-in-the-Sky, ou
Prés d'altitude, qui correspondraient à nos alpages
français ou européens.
|
Mt-Revelstoke : tapis de fleurs des Meadows-in-the-Sky |
Mt Revelstoke : berges fleuries du lac Heather |
Mt Revelstoke : vue sur la chaine des Selkirks depuis le Sentier des Premiers Pas |
Rendus au sommet culminant à 1
943 m, la promenade des "Prés-du-ciel" nous déçoit
un peu car, si les vues sur les montagnes et les
glaciers des Selkirks et des Mts Columbia sont
superbes, les prairies sont beaucoup moins
fleuries que ce qu'annonçait la documentation du
parc, et que ce qu'offraient les bermes de la
route ! L'autre balade jusqu'à la Tour de Guet
Incendie montre un panorama plus grandiose sur les
montagnes, les glaciers et la vallée de la
Columbia mais une petite pluie impromptue abrège
notre visite.
|
Quittant la bourgade de Revelstoke vite traversée en bas de la parkway, nous grimpons l'Eagle Pass. Il nous fait franchir les Monts Monashe et redescendre dans la belle vallée de l'Eagle jusqu'à Sicamous où s'amorce le sillon de l'Okanagan vers le sud. Le paysage riant de large vallée très touristique près du lac Mara devient plus agricole ensuite jusqu'à Vernon. Il fait très beau et chaud, aussi les villes très animées et bruyantes nous fatiguent après les étendues sauvages qui sont notre apanage depuis quelques jours. |
Okanagan Valley : profusion de
vignobles dorés à l'automne
|
Vendredi 27 juillet 2001 : de SUMMERLAND à STEMMWINDER (Prov. Park) (198 km)
La chaleur et le grand soleil nous éveillent dès 7:30 mais nous nous sentons encore fatigués par notre descente de la montagne qui nous fait passer de la fraîcheur sèche des hautes vallées entre 1 000 et 1 500 m à la chaleur accablante de ce pays semi-désertique. | Quelques bisons au point d'eau dans un coin désertique de l'Okanagan |
Osoyoos sur le lac Okanagan depuis Anarchist Mount |
La canicule se
poursuit, dans un paysage identique de fond de vallée
irriguée bordée de collines rocheuses désertiques. Tout
le long de la route des fruit stands proposent
les productions locales, abondantes mais assez peu
variées : impossible d'y trouver une salade… De plus en plus fatigué (chaleur, céphalée…), je finis par chercher désespérément un petit coin ombragé pour arrêter et me reposer. Nous le trouvons 30 km après Keremeos, dans un petit parc en bord de route où je m'endors durant 2 heures tandis que Monique lave un peu de linge. Nous y passerons la nuit. |
Nuit paisible dont les 12 heures me
permettent de récupérer mes malaises d'hier. En pleine forme
au démarrage à 10:00, nous poursuivons sous un ciel gris et
bas la belle route longeant la vallée de la Similkameen River,
dépassons Princeton sans nous arrêter puis entrons dans le
Manning Provincial Park. Ses vallées profondes s’enfoncent
entre de hautes falaises boisées dont les cimes se perdent
dans les nuages bas. Des bancs de brume effilochée estompent
les couloirs d'avalanche vert tendre ou les plaques de rochers
roux qui nous dominent. Nous gravissons l'Allison Pass sous la
pluie. Le crachin se poursuit tandis que je vais visiter le
Centre d'accueil qui présente encore une fois flore et faune
de la région.
Bref arrêt ensuite au Beaver Pond (Étang aux Castors) dont le joli cadre aquatique a malheureusement été délaissé par ses habitants depuis une vingtaine d'années, après que ces bestioles aient rongé - et ruiné - tous les arbres de l’étang. Je prends le parapluie pour faire le tour de Rhododendron Flat, site le plus septentrional où pousse cet arbuste en Amérique. Sous les grands arbres, dans une clairière baignée d'une douce lumière vert tendre, les fleurs ont maintenant disparu des branches qui ne portent plus que quelques poignées de grosses graines. J'en ramasse quelques-unes unes pour une future plantation, qui sait… Pour le déjeuner nous nous engageons dans le chemin menant à la réserve Cascade, nous arrêtant à la première clairière rencontrée où attendent des chevaux de monte destinés à des excursionnistes bien peu nombreux sous la pluie persistante. Visibilité nulle au belvédère donnant sur le Mont Outram (2 438 m).
Route de Coquihalla Pass |
Quelques kilomètres avant Hope, nous bifurquons sur la Coquihalla Highway (route 5), une superbe autoroute (à péage !) de haute montagne où les vues sont malheureusement limitées par le mauvais temps. Elle nous fait grimper lentement les 1 244 mètres du Coquihalla Pass, dans un paysage inhabité mais assez vert. |
Nous délaissons alors
la suite de l'autoroute pour la 5 A, l'ancienne route un
peu plus lente et plus longue, mais qui longe le beau
Nicola Lake au milieu de magnifiques collines sauvages
et dénudées. Quelques rares ranchs, des élevages de
chevaux et de bovins rassemblés en quelques vastes
troupeaux, de riches pâturages verdoyants irrigués en
fond de vallée, bref le far-west des cow-boys dont
l'imagerie nous a été inculquée par les westerns |
Cow-boys dans les Kamloops |
Dimanche 29 juillet 2001 : de SAVONA à VANCOUVER (406 km)
Temps superbe et assez
chaud au réveil qui met en valeur la vue sur le Lac
Kamloops, Nous déjeunons devant - malgré le vacarme
momentané du diesel d'un énorme camion venu se garer
juste à côté de nous. Puis nous commençons à descendre le cours de la Thompson; sa large vallée à fond plat est irriguée et donc verdoyante, tandis que sur ses flancs, de grands éboulis très inclinés voire de rochers à pic sont desséchés et parsemés de touffes de sauge et de résineux éparpillés. |
Savona :
belvédère sur le lac Kamloops
|
Nous saluons au passage le site du Ranch Walhachin (Jardin du paradis), une immense propriété défrichée en 1907 par des émigrants anglais qui la quittèrent en 1914 pour aller mourir sur un champ de bataille d'Europe, laissant la terre retourner à son état désertique antérieur. |
Puis la vallée se
resserre et le cours de la rivière s'accélère, offrant
de très beaux paysages sauvages où l'eau claire et
bouillonnante, coupée de nombreux rapides écumants,
contraste vivement avec la terre qui semble si peu
vivante. La route monte et descend en suivant chaque
courbe de la rivière, le plus souvent en corniche,
parallèlement aux lignes de chemin de fer des deux
compagnies rivales (Canadien Pacifique et Canadien
National), une sur chaque rive. Nombreux arrêts pour
photographier et filmer les magnifiques paysages où
parfois les radeaux de rafters emportés sur les
vagues ajoutent couleur et piquant anecdotique. À Lytton, village amérindien peu reluisant, la Thompson aux eaux claires se jette dans le grand Fraser pour être bientôt absorbée par ses flots jaunâtres beaucoup plus limoneux. |
Rafters sur la Thompson River |
à Sur le Fraser,
Hell's Gate (Porte de l'Enfer)
|
Nous en descendons alors sur une
centaine de kilomètres le cours moins torrentueux mais
tout aussi rapide et beaucoup plus puissant,
profondément encaissé dans une gorge rocheuse jusqu'à
Hope. Les vues sont plus rares sur le grand fleuve
tumultueux dont le courant se montre particulièrement
violent à hauteur de Hell's Gate (largeur 36 m,
courant : 8 m/s). Nous renonçons à la descente au ras
de l'eau 330 m plus bas en téléphérique (attraction
coûteuse, très commerciale et site beaucoup trop
"aménagé" à mon goût).
|
En revanche le point
de vue un peu plus loin depuis une courbe de la route en
corniche me semble plus inspirant : falaises verticales,
vallée étroite où les sapins s'accrochent au roc souvent
mis à nu qui s'effrite en énormes éboulis… le canyon est
spectaculaire. |
Le canyon du
Fraser, avec les 2 lignes de chemin de fer
|
Le Fraser depuis le pont Alexandra (1865) |
Nous le contemplons encore dans
toute sa beauté sauvage depuis le tablier abandonné de
l'Alexandra Bridge, l'un des seuls ponts qui
franchissaient le fleuve entre 1865 et 1926, à
l'époque de la construction de la route des Cariboos,
suite à la ruée vers l'or. Les eaux finissent par
s'assagir en arrivant à Hope et la vallée s'élargit de
plus en plus.
|
La centaine de kilomètres ensuite
jusqu'à l'agglomération de Vancouver passe par une
large vallée cultivée où se succèdent les fermes
prospères (culture et élevage) et les villages ruraux.
En arrivant en ville, nous grimpons sur la colline boisée de Burnaby couronnée par le nouvelle Simon Fraser University. Très belle architecture moderne mais impossible de visiter l'intérieur (on est dimanche et il est passé 18:00…) tandis que les quelques belvédères intéressants donnant sur la ville et sur la baie sont envahis par des arbres touffus. Nous cherchons un bivouac à ses pieds dans Burnaby, un quartier résidentiel où des petits bungalows modestes alternent avec des grandes maisons cossues d'inspiration asiatique ou chinoise. |
Fraser Valley près de Vancouver |
Beau grand ciel bleu, mais température assez fraîche au réveil (autour de 18°C) d'autant plus que notre coin de stationnement est joliment ombragé. Nous prenons notre temps pour laver la vaisselle, faire le plein d'eau et d'essence, ajuster la pression des pneus, etc. si bien qu'il est 11:00 lorsque nous partons à la découverte de Vancouver. | Vancouver; au
premier plan le parc Stanley
|
Vancouver : vue
aérienne vers le Nord et les montagnes
|
En empruntant Hasting
Avenue vers l'est, nous nous enfonçons vers l'intérieur
du fjord très profond qui abrite surtout les
installations industrielles du port (Port Moody). Prenant alors conscience de notre erreur d'orientation, nous revenons vers l'ouest et consacrons l'heure qui suit au Sun Yat Sen Chinese Garden, le seul jardin chinois classique d'époque Ming hors de Chine. |
Enclos par un haut mur de maçonnerie crépi blanc et percé de quelques rares fenêtres ajourées, ses rochers creusés aux reliefs tourmentés, ses bassins plantés de nénuphars où nagent de gros poissons rouges et se prélassent quelques tortues, ses arbres admirablement taillés et placés forment un cadre sophistiqué mais aussi très reposant qui invite à la méditation et élève la pensée. | Sun-Yat-Sen Garden de Vancouver : l'entrée |
Sun-Yat-Sen Garden : bassin |
Malgré les amateurs et les touristes un peu trop nombreux à notre goût, nous apprécions la beauté raffinée des lieux. Ils offrent des tableaux charmants pour l'œil et satisfaisant pour l'esprit qui trouve contentement et sérénité dans la contemplation des points de vue et dans l'ordonnancement des pierres, des plantes, des arbres et des plans d'eau. |
Sun-Yat-Sen Garden : les iris |
Sun-Yat-Sen Garden : cascade |
Sun-Yat-Sen Garden : Ting |
Sun-Yat-Sen Garden : porte de la lune |
Sun-Yat-Sen Garden |
Sun-Yat-Sen Garden: pavillon nord |
Sun-Yat-Sen Garden: le pin solitaire |
Sun-Yat-Sen Garden: pavillon de l'eau, cascade |
Sun-Yat-Sen Garden: pagode |
Sun-Yat-Sen Garden: l''îlot |
Sun-Yat-Sen Garden |
Sun-Yat-Sen Garden |
Gagnant ensuite le centre de Gastown, là où naquit Vancouver autour d'une taverne, nous passons un bon moment à faire le tour d'un beau magasin de mobilier contemporain classique où nous retrouvons nombre de designers connus (Jacobsen, Le Corbusier, etc.). Puis nous parcourons Water Street en passant près de sa fameuse horloge à vapeur et poussons le long du port des voyageurs jusqu'aux grands immeubles futuristes de Canada Place. | L'horloge à
vapeur de Gastown
|
Vancouver : Canada Place et navire de croisière |
Ce sont de beaux morceaux d'architecture en soi, mais l'ensemble des tours de verre, de métal et de béton nous semble anarchique et manquer d'un plan d'urbanisme, contrairement à ce que nous avions perçu à Calgary. |
Déjeuner rapide d'une portion de pizza avant de retrouver notre Guépard pour un grand tour de l'immense Parc Stanley qui occupe tout un promontoire sur la baie. Son parcours nous offre de superbes points de vue sur la ville moderne, le port au fond du fjord et l'estuaire du Fraser, la rive nord et ses montagnes, la rade et son ouverture sur le large… | Vancouver depuis
le Parc Stanley
|
Vancouver : Lion Gate Bridge |
De nombreux arrêts
ponctuent cette longue balade pour admirer ici une série
de totems, là le grand pont suspendu de Lions Gate
Bridge sous lequel passent plusieurs grands navires de
croisière montant vers le Nord et l'Alaska. Les allées où nous circulons dans notre Guépard nous font découvrir d'agréables sous-bois et quelques magnifiques pins Douglas dont le tronc énorme monte très haut vers le ciel, un avant-goût de Vancouver Island… En fin de parcours nous voulons emprunter le pont pour gagner la rive nord mais la circulation s'interrompt tout à coup à 18:00 pour travaux. |
Vancouver :
Burard Inlet depuis le sommet de la tour de Canada
Place
|
Embouteillage et
retour au centre ville où nous allons contempler dans le
soleil couchant le super panorama à 360° depuis le haut
de la tour. Magnifique ! Retour ensuite aux limites du Parc Stanley où nous allons stationner pour la nuit juste en avant des tennis, en espérant ne pas être chassés de ce petit paradis par la maréchaussée… |
Mardi 31 juillet 2001 : de VANCOUVER à VANCOUVER (177 km)
Ciel couvert au réveil dans notre parc. À
6:00 je me lève, vais mettre quelques pièces dans le
parcomètre et me recouche… pour émerger enfin passé 9:00 !
Après le train-train habituel, nous gagnons le centre ville et
stationnons juste devant Robson Place, un vaste aménagement
urbanistique avec jardins suspendus et fontaines qui englobe,
entre autres, la Vancouver Art Gallery, un vénérable bâtiment
néoclassique construit en 1907 et restauré depuis. À
l'intérieur, pour une poignée de dollars (25 $ !), on nous
donne à voir quelques tableaux de la fameuse peintre du
Nord-Ouest canadien Emily Carr. Toiles vigoureuses de paysages
rudes, de forêts, d'arbres et de totems, empreintes d'énergie
et de spiritualité, qui choquent ou s'imposent par la vision
inspirée de l'artiste. Mais les tableaux sont peu nombreux et
la présentation d'E. Carr (parcours personnel et artistique)
réduite au strict minimum : quelques dates biographiques,
quelques phrases extraites d'articles publiés par ses
contemporains.
Quant au reste du musée, les "œuvres"
présentées (toiles, montages, clips vidéo) sont d'une pauvreté
et d'une trivialité désolantes, tandis que la "grande"
exposition Rembrandt graveur ne présente au visiteur
qu’une série de planches minuscules et peu éclairées qui ont
tôt fait de me décourager… Nous ne nous attardons pas et
préférons flâner un peu sur les terrasses, parmi les bassins,
les cascades et les jardins de Robson Place qui offrent toutes
sortes de jolies vista sur les grands immeubles
futuristes du centre ville.
Vancouver : The
Lions en hiver
|
Le temps semble progressivement se dégager, aussi prenons-nous la direction du nord vers le Howe Sound et Squamish, un beau fjord à environ 70 km de Vancouver. Traversée du Stanley Park puis du First Narrows sur le Lions Gate Bridge qui offre une belle vue sur le port. La route passe ensuite une zone très urbanisée, pas toujours de façon heureuse d'ailleurs, avant de serpenter en corniche au flanc du Howe Sound, au pied du Mt Hollyburn et des deux pics jumeaux des Lions. |
Sea to Sky Highway au bord du Howe Sound |
Sea to Sky Highway |
J’arrête fréquemment pour filmer le
panorama spectaculaire de mer et de montagnes. Nous
pique-niquons sur un belvédère devant l'Île Gambier,
avant une petite balade jusqu'au pied de la haute
Shannon Falls (335 m), dans les éboulis et les arbres
géants. Le site naturel de Squamish s'avère plus intéressant que l'architecture quelconque de ses quelques rues et son environnement industriel (gare de triage, scierie…). |
Howe Sound: vue
vers le sud et l'île Gambier
|
Sea to Sky : pins
géants
|
Sea to Sky :
Shannon Falls
|
Howe Sound : côté
nord
|
Retour par la même route qui offre un paysage renouvelé sous le soleil, puis grimpée aux belvédères du Cypress Provincial Park sur la rive nord de la baie de Vancouver, malheureusement ici encore trop boisés pour donner sur la ville la vue dégagée que nous espérions. |
De retour au centre
ville, quelques courses (pain, glace) et nous longeons
les plages pour gagner le Vancouver Museum près de
Granville Island. Le site est pittoresque mais le
camping très explicitement interdit sur ses grands
stationnements et sur les rues avoisinantes sans permis.
Nous nous dirigeons alors vers le VanDusen Botanical Garden logé dans un quartier résidentiel chic, plein de vastes et riches maisons, pour bivouaquer sur une rue calme juste devant son entrée. Des bruits bizarres et inquiétants dans le train arrière du camion, semble-t-il, se font alors entendre : une visite au garage est à prévoir au programme de demain… |
Soleil couchant
sur les gratte-ciels de Vancouver
|
Vandusen Gardens : Jean-Paul derrière la bordure fleurie |
Jardins aquatique, méditerranéen,
sino-himalayen, rocailles alpines, groupes d'immenses
séquoias ou pins Douglas de British Columbia, cascade,
labyrinthe, etc. se succèdent au fil de nos
déambulations. Nous marchons ainsi plus de 4 heures,
finissant par la roseraie odoriférante, sans oublier
la prairie fleurie aux inoubliables couleurs vives et
fraîches.
Affamés, nous déjeunons au restaurant du jardin joliment aménagé sous de grands arbres et au milieu des fleurs, une vraie guinguette (sans Muscadet, hélas !). |
Rassurés, nous repartons pour visiter le Musée d'anthropologie de l'UBC (University of British Columbia), un remarquable bâtiment moderne dessiné par Erickson (l'architecte talentueux de la Simon Fraser University), dressé à l'extrémité boisée de Point Grey, devant la mer. |
Dans le grand hall vitré, une série de magnifiques totems haidas accueille le visiteur, tandis que dans les galeries adjacentes ont été disposées de passionnantes expositions sur le tissage, la vannerie, l'orfèvrerie, la peinture murale et autres arts décoratifs pratiqués par les Amérindiens du Nord-Ouest. | Vancouver-Museum de l'UBC : totems |
Vancouver - Musée d'Anthropologie de l'UBC : coffret |
Vancouver - Museum de l'UBC : coiffure niska |
Vancouver - Museum de l'UBC : masque portrait haida |
Vancouver - Museum de l'UBC : assiette en argillite |
Mention spéciale pour le superbe groupe sculpté dans le cèdre clair par le grand artiste amérindien Bill Reid "Le Corbeau et les Premiers Hommes" : un énorme corbeau se tient perché sur un coquillage que des petits personnages enfermés à l'intérieur s'efforcent d'ouvrir, symbolisant la naissance de l'homme selon la cosmologie haida. Je ne vois pas le temps passer devant ces merveilles et ne me retire qu'à la fermeture à 17:00. | Vancouver - UBC : Le Corbeau et les Premiers Hommes |
© 2004