Drapeau de l'Ontario
|
Les pleins sont complétés vers midi. Après un dernier tour de la maison, la liste laissée par Monique à la main, je décolle enfin vers 14:00. La route est facile mais bien longue sous les averses orageuses jusqu'à la petite maison de Juliette. J’ai oublié d’en noter l'adresse mais en retrouve la localisation marquée d'une croix sur la carte de Toronto, après être allé directement à son ancien appartement sur la rue Bloor. J’arrive à 19:30, un peu assommé par le décalage horaire et la chaleur. Retrouvailles affectueuses et projets de bricolages pour le lendemain. |
Lever tardif pour récupérer la fatigue du
voyage en Europe et le décalage horaire. La journée commence
par l’installation du climatiseur dans le haut de l'escalier
et la mise en ordre des câbles électriques dans la chambre de
Juliette, avant d'aller chercher au Wal-Mart une paire de
superbes chaises pliantes vertes assorties aux couleurs du
Guépard.
Nous rejoignons Juliette à son bureau vers midi ; elle nous emmène déjeuner avec elle dans un sympathique petit restaurant mexicain. Visite des nouveaux bureaux de D.K.P., déchargement de l'encombrant caoutchouc apporté de Montréal dans sa lourde jardinière. Puis nous allons au Home Depot chercher vis, chevilles et le treillis de bois destiné à garnir le mur de sa terrasse. Retour tard à la maison pour finir les bricolages et fixer le treillis… J'achève ensuite les dernières pages du troisième volume du Seigneur des Anneaux, la trilogie de Tolkien dont j'avais entrepris la nème relecture dans l'avion, tandis que Monique écrit un peu de courrier. Nous nous couchons assez tôt. | Centre de
Toronto et la tour du Canadian National
|
Toronto : la
tour du CN et le front de lac Ontario
|
Avant le départ de Juliette au travail à 8:30, nous déjeunons avec elle puis rangeons la maison et chargeons le Guépard. Plein d'eau, nettoyage du dégât causé par le renversement du bidon de 4 litres de savon à vaisselle dans la douche… Nous décollons vers 11:00 pour aller remplir la cambuse au magasin Cotsco bien difficile à trouver. |
Rivage du Lac Huron |
Nuit assez fraîche après les grosses ondées d'hier. Le calme relatif de la petite ville nous assure un bon sommeil réparateur. Au matin, nous démarrons vers 10:15 sous un ciel couvert, après l'écriture du courrier et le passage à la poste. Notre itinéraire maintenant plein ouest rattrape bientôt la rive nord du North Channel sur le Lac Huron qu'on suit parfois et aperçoit souvent. La route, en excellent état, est donc assez rapide car beaucoup moins chargée qu'hier. |
Pique-nique vite avalé sur un terre-plein au bord de l'eau, devant le petit port de Thessalon tout environné de fleurs sauvages. | Devant le port de Thessalon |
Le Parc Bellevue à Saul-Ste-Marie |
Vers 15:00 nous arrivons à Sault-Ste-Marie où nous allons visiter la maison Ermatinger (1814) après un petit tour dans le parc Bellevue, histoire de se dégourdir un peu les jambes. |
La vieille maison de pierre, réputée à son époque la plus ancienne de l’Ontario, été bâtie par un entrepreneur suisse venu faire la traite des fourrures avant de se lancer dans toutes sortes d’entreprises et de se constituer ainsi une fortune confortable. La maison, bien restaurée et remeublée, donne une bonne idée de ce qu’on considérait comme luxueux à cette époque encore héroïque de la colonisation… et qui nous paraît quant à nous bien rustique ! |
La Maison Ermatinger à Sault-Ste-Marie |
Blockhaus de la maison Ermatinger |
La Maison Ermatinger à Sault-Ste-Marie |
Anse du lac de barrage sur la Montreal River |
Le soleil radieux
révèle un beau panorama sur la rivière sauvage au pied
du barrage qui me fait penser aux toiles de Tom
Thompson et du Groupe des Sept. Nous rattrapons la
grande route qui progresse lentement dans le bush
typique du Bouclier canadien : des millions
d’épinettes noires serrées mais plutôt rachitiques,
des lacs sombres cernés d’arbres, le rocher gris usé
par les glaces affleurant un peu partout. Les villages sont rares mais exploitent au maximum le potentiel touristique de la contrée, véritable paradis pour le chasseur et le pêcheur. Le paysage ne se renouvelle guère et finit par sembler assez monotone malgré son indéniable originalité, et le faible relief empêche d’en percevoir l’immensité ou les traits plus particuliers. |
À Agawa Bay nous longeons les rives du lac qui offrent quelques belles plages rocheuses et de jolies vues sur l’étendue du lac. | Plage d'Agawa
Bay sur le Lake Superior
|
Tranchée naturelle dans la roche d'Agawa |
Rivage à Agawa près des pictogrammes amérindiens |
Monique devant les pétroglyphes amérindiens d'Agawa |
Jean-Paul filme les pétroglyphes |
Wawa Falls |
Au sortir du parc provincial, la petite ville de Wawa présente peu d’intérêt en dehors de ses chutes. Les curiosités sont assez rares dans la contrée pour que nous leur consacrions quelques minutes : malgré le barrage qui les couronne leur débit est suffisant pour créer une variété d’effets et de jeux d’eau qui me fascinent comme d’habitude un bon moment. |
Nous contournons ensuite le Parc
national Pukwaska sur près de deux cents kilomètres
de forêt, jusqu’à rattraper les bords du Lac
Superieur à Marathon. Une grande descente mène
jusqu’à Terrace Bay dont le rivage découpé et
pittoresque est malheureusement dégradé par une
immense usine de pâte et papiers. La route plus
accidentée longe ensuite la côte d’assez près en
offrant parfois quelques échappées sur l’eau. C’est
le cas pour la magnifique vue sur Nipigon Bay depuis
Kama Rock Cut, lorsque la route franchit une brusque
tranchée dans le roc pour déboucher tout à coup
au-dessus d’une large étendue d’eau ponctuée d’îles
couvertes de conifères, tandis qu’à nos pieds
s’incurve une plage sableuse se terminant par un
petit cap.
|
Nipigon Bay depuis Kama Rock Cut |
Ouimet Canyon |
Ouimet Canyon : la sentinelle indienne |
Notre bivouac dans le quartier résidentiel
s'avère suffisamment calme pour nous assurer un repos
satisfaisant. Nous sommes donc d’attaque pour la grande
attraction locale : la reconstitution du Fort William.
Passé le centre
d'accueil de ce musée vivant pleine grandeur, un
sentier de nature nous familiarise avec les plantes
et les arbres utilisés par les autochtones dans leur
vie quotidienne : bouleaux, trembles, pins, herbes
médicinales. Au bout du sentier ombragé qui longe la haute palissade du fort, un campement de quelques wigwams nous fait découvrir le mode de vie traditionnel des Amérindiens des Bois. On y a disposé toute une panoplie d'articles de la vie quotidienne (paniers, outils de bois et d'os, peaux, broderies, poteries, etc.) tandis que quelques Indiens et Indiennes installés autour d'un feu qui éloigne les moustiques démontrent leur habileté et leur savoir-faire ancestral. |
Old Fort
William : figurante indienne cousant un
costume traditionnel
|
Puis notre jeune guide bilingue nous
rejoint et se met à notre disposition pour la visite en
solo, puisque nous sommes les seuls francophones à avoir
demandé cet accompagnement. Il nous entraîne dans un tour
exhaustif des bâtiments de bois rond dispersés en carré
autour de la grande cour centrale, à l'intérieur de la
palissade de pieux. Ce sont d'abord les magasins et
réserves, l’apothicairerie puis les logements des commis,
les dortoirs destinés aux guides et interprètes puis la
maison de maître dont la salle de banquet et les chambres de
réception étaient utilisées par le P.D.G. de la Compagnie du
Nord-Ouest (basée à Montréal) lors de sa visite annuelle en
juillet/août.
Old Fort William : le manoir des sociétaires et une balance de troc |
Pesage des
fourrures dans la cour centrale
|
Old Fort
William : Monique sous la porte
|
En arrière, des
artisans en costumes d'époque animent les ateliers
(ferblanterie, forge, menuiserie, etc.) tandis que
deux jeunes femmes en costumes indigènes s'attaquent
au laborieux sciage d'un gros tronc. Petit tour à la
ferme dont les animaux, des variétés anciennes, font
la joie des enfants. Nous revenons vers la grande et unique porte d'entrée fortifiée en traversant le magasin du poste de traite puis la petite résidence du responsable du fort qui vivait là à l'année longue avec sa femme indienne et ses enfants. Notre guide nous a suivis patiemment dans notre long parcours, tentant vaillamment de répondre dans un français parfois hésitant et souvent approximatif à nos innombrables questions. |
Old Fort-William : réserves et magasins |
Old Fort William : coureur des bois ou Voyageur |
Kakabeka Falls dans toute son ampleur |
Kakabeka Falls : gros plan sur l'eau bouillonnante |
Mais avec toute cette gymnastique,
j'accroche mes lunettes qui tombent sur un escalier
au-dessus du gouffre - et un verre se brise ! Dans la
précipitation du départ de Montréal, j'ai évidemment oublié
de prendre une paire de lunettes de secours et ne peux
conduire avec mon seul œil droit. Il ne reste qu'une seule
chose à faire : retourner à Thunder Bay et faire remplacer
le verre brisé au plus vite. Monique prend donc le volant et
nous ramène en ville où nous tâchons de trouver un
optométriste/lunetier encore ouvert (il est déjà 16:45 !).
Un pharmacien serviable accepte de faire les contacts
téléphoniques pour moi et m'en trouve un à 17:30. Nous avons
juste le temps de nous rendre à la boutique où "l'homme de
l'art" mesure les caractéristiques de la lentille à partir
des débris rassemblés au mieux avec du ruban collant
(puisque je n'ai pas emporté non plus l'ordonnance…) et
s'engage à en commander une nouvelle dès demain matin à
l'ouverture du laboratoire. Rendez-vous pris pour la fin de
la matinée en espérant qu’il pourra peut-être me remettre
alors mes lunettes réparées…
Il est maintenant 18:00 passé, et la
priorité va à trouver un bivouac paisible pour passer une
bonne et longue nuit, en attendant cette livraison
essentielle. Nous décidons donc de gagner le camping
municipal de Thunder Bay qui se trouve assez loin au sud du
centre ville, près de l'embouchure de la rivière
Kaministikwia. Après une dizaine de kilomètres, nous
trouvons bien la campagne mais aussi beaucoup de moustiques
sous la pinède, près d'une rive boueuse et marécageuse, avec
en prime la rumeur continue d'une grosse usine installée à
quelques centaines de mètres… Enfermés dans notre Guépard
nous nous préparons à notre longue nuit malgré tout.
Mardi 10 juillet 2001 : de THUNDER BAY
à NESTOR FALLS (457 km)
Nous sortons du lit tard dans notre camping
qui en fin de compte n’aura été guère plus agréable que
notre bivouac urbain d’hier. Nous levons le camp vers 10:30
pour retourner chez l'opticien qui reporte sa livraison à
14:00. En route vers le site de l'ancien Fort William,
construit au bord du lac Supérieur mais dont il ne reste
rien, nous arrêtons devant un ensemble de centres d'achat et
y faisons quelques courses. Déjeuner sur le stationnement et
retour chez l'opticien qui m'essaie mes "nouvelles" lunettes
à 15:00. Enfin je vois clair !
Kakabeka Falls : la rivière en dessous de la chute |
Kakabeka Falls : les rochers au dessus de la chute |
Kakabeka Falls depuis Cave of Winds |
Kakabeka Falls : les bouillonnements de la chute |
Puis nous prenons l'ancienne route du sud
en direction de Fort Frances, très sauvage, qui serpente à
travers la forêt entre d'innombrables lacs, comme le Lac à
la Pluie, dans la belle lumière de la fin d'après-midi.
Nous retrouvons un peu de cultures au nord
de Fort Frances dont les petites maisons entourent une
grosse papeterie, puis à nouveau forêt et lacs typiques du
Bouclier canadien, comme le Lac-à-la-Pluie le long duquel
nous allons nous dégourdir les jambes au soleil couchant. À
21:30, appel à Juliette depuis une auberge rendez-vous de
chasseurs, puis bivouac enfin devant le petit port de Nestor
Falls, dans un diverticule du superbe Lac des Bois.
Monique se rafraichit au bord du Lac à la Pluie |
Au bord du Lac à la Pluie |
Mercredi 11 juillet 2001 : de NESTOR FALLS
à WINNIPEG (361 km)
Nous déjeunons un peu plus loin sur le stationnement du centre d'information touristique de l'Ontario, avant de prendre carte et documentation au bureau de Tourisme Manitoba. Je file sur la route maintenant toute droite et rapide jusqu'à Winnipeg tandis que Monique fait la sieste : finie la forêt qui devient de plus en plus clairsemée pour laisser presque totalement place aux cultures, un paysage qui donne un avant-goût des Prairies. | Drapeau du
Manitoba
|
Ruine de la
cathédrale de Winnipeg
|
Nous entrons à
Winnipeg du côté du quartier francophone de
St-Boniface. L'église du Précieux sang, dont la
forme inhabituelle rappelle celle d'un wigwam tout
couvert de bardeaux de cèdre, nous surprend d'abord,
au détour d'une de ses rues tranquilles ombragées de
grands arbres. Puis c'est la cathédrale en ruines dont il ne reste que la façade après l'incendie de 1968. La nouvelle église construite dans la nef par le grand architecte manitobain Gadoury est intéressante, sans plus. Dans le vieux cimetière ombragé voisin, les noms sur les stèles sont français et entourent le monument de Louis Riel, un Métis père fondateur de la province. |
Voyant le soir descendre et songeant à trouver un quartier tranquille pour notre bivouac de cette nuit, nous décidons de gagner Assiniboine Park le long de la rivière homonyme, et d'y visiter le Leo Mol Sculpture Garden. Longue route dans le beau quartier de Tuxedo aux riches maisons et jardins soignés, et enfin visite*** du ravissant jardin de sculptures à la brunante. | Winnipeg : jardin Leo Moll |
Winnipeg : jardin de sculptures Leo-Moll |
Winnipeg -
jardin de sculptures Leo-Moll : la Famille
|
Grand calme dans notre parc jusqu'à ce que le soleil nous réveille à 7:30. Le gardien qui vient ouvrir les installations nous accueille gentiment et nous donne accès à une vanne d'eau propre, histoire de refaire le plein. Bref arrêt ensuite dans un centre d'achat de Tuxedo pour compléter un petit marché et passer à la banque, avant de regagner le centre ville et le Musée de l'Homme et de la Nature où nous entrons à 10:20. | Winnipeg :
extérieur du Musée de l'Homme et de la Nature
|
Musée de
l'Homme Winnipeg : les pétroglyphes
|
Nous y trouvons une très belle illustration de l'histoire du Manitoba (géologie et évolution de la faune, particulièrement des fameux dinosaures). De nombreux dioramas présentent également les grandes régions (toundra du nord, forêt boréale et enfin prairie au sud), avec leurs animaux, leurs plantes parfois étranges mais aussi les hommes et leurs moyens de survie traditionnels ainsi que leur devenir au cours de l'histoire. |
Une place d'honneur est accordée à la Compagnie de la Baie d'Hudson avec le ketch Nonsuch (1650) entièrement reconstruit pour commémorer le premier voyage d’exploration au XVIIème siècle, et la collection d'artefacts recueillis par les employés de La Baie et superbement exposés. | Le Nonesuch
reconstruit dans le Musée de l'Homme
|
Musée de l'homme de Winnipeg : sac de traineau Dene |
Serpentine Inuit |
Coiffe de femme amérindienne |
Décoration en
perle
|
Saskatchewan |
Les kilomètres défilent et nous finissons par atteindre la frontière de la Saskatchewan à la nuit tombante. Souper puis bivouac sur le stationnement de l'Office du tourisme de la Saskatchewan, au milieu des champs. |
Nuit relativement calme malgré le passage
de trains tout proches et celui de gros camions sur la
route, assez rares cependant entre 22:00 et 6:00. Temps
couvert à l'ouverture des rideaux, avec pluie passagère
durant la journée. Je tente quelques photos du bel élévateur
à grain de Fleming, un autre village typique des Prairies
ravagé par l'exode rural.
Puis nous poursuivons notre longue route dans la plaine envahie par les immenses champs de céréales ou de colza. De temps en temps, on aperçoit des petits marigots où barbotent quelques canards ou poules d'eau. | Notre Guépard devant les élévateurs à grain de Neudorf |
Nous abandonnons bientôt ce paysage
monotone pour gagner la vallée de la rivière Qu'Appelle et
son chapelet de lacs au creux de collines sculptées par
l'érosion, inattendus dans ces terres plates et sèches.
Campagne de la Saskatchewan |
Route peinard, peu spectaculaire
mais plus agréable et variée que la monotonie de la
plaine, retrouvée deux heures plus tard pour gagner
enfin la capitale Regina.
|
Canadian Goose (oie du Canada, ou bernache) de Wascana Park |
|
Regina : le Palais législatif et ses jardins |
Coupole du Palais législatif de Regina |
Palais législatif de Regina : chef indien par Edmund Montague Morris (1911) |
Opazatonka, par Edmund Montague Morris (1911) |
Monique dans le jardin du Palais législatif de Regina |
Jean-Paul dans le jardin du Palais législatif de Regina |
Élevateurs à grain de la Saskatchewan |
Paysage de Saskatchewan |
Longue nuit tranquille puis lever
au grand soleil : le ciel bleu profond est ponctué
de quelques nuages blancs floconneux qui nous
suivront toute la journée. Visite du musée, trop peu
didactique quant à l'histoire du développement de
l'Ouest et à ses aléas, mais qui présente une
superbe collection de vieilles voitures parfaitement
restaurées, quelques avions historiques et même une
énorme locomotive Pacific 231. Bref de quoi passer
trois heures à admirer, s'étonner, lire et traduire
quelques notices un peu plus étoffées…
Nous reprenons la route vers 14:00 après avoir renouvelé notre provision de pain montréalais maintenant épuisée avec des petits pains ronds au blé entier mais où sucre et gras ajoutés dénaturent le goût et la consistance de cet aliment de base pour nous… Comme il est loin notre Fromentier (notre boulanger de Montréal) ! |
La Transcanadienne à travers la Prairie |
Puis continue la longue traversée de la Prairie, une interminable suite de petites montées et descentes de la route toute droite. L'autoroute transcanadienne file interminablement à travers de douces ondulations couvertes d'herbe jaunie par le soleil et de rares champs de céréales. De loin en loin, un corral où l'on rassemble le bétail épars dont on voit les petits troupeaux de bêtes brunes ou noires dispersés sur les pentes. Parfois une mare à demi desséchée. Et par-dessus tout cela, un ciel bleu intense où brille et rayonne un soleil ardent. |
Rien d'autre à faire que de s'installer pour rouler régulièrement en réglant le régulateur de vitesse sur 100 km/h, toutes fenêtres fermées et la climatisation au maximum, comme au Texas. Quelques grosses fermes monopolisent autour de leurs bâtiments regroupés le peu d'arbres aperçus. Pique-nique en plein soleil sur une aire de repos nichée dans un rare vallon, puis suite de cette route interminable. | Un ranch dans la Prairie |
En fin d'après-midi, nous entreprenons un long détour (Route 21) vers les Cypress Hills, une étonnante chaîne de hautes collines couvertes de pins où il fait nettement plus frais et qui présentent un aspect quasi vosgien. Au bord de la jolie route en gravier serpentant dans les collines près de petits lacs, nous finissons par dresser notre bivouac dans un petit camping sommairement aménagé à quelques minutes de Fort Walsh. | Prairie : sur la route vers les Cypress Hill |
Quelques kilomètres de piste poussiéreuse par monts et par vaux dans une jolie vallée sauvage finissent par nous mener au Centre d'interprétation du Fort Walsh, le premier quartier général de la célèbre Police Montée du Nord-Ouest fondée en 1875. On nous y propose les services d'une navette pour parcourir le site et une visite accompagnée par un guide francophone. Pas question de refuser l'aubaine ! | Cypress Hills : bivouac du Guépard dans le pré |
Fort-Walsh dans
son vallon
|
Un autre court trajet en autobus nous ramène au-dessus du site - belle vue - avant de redescendre vers le Fort Walsh lui-même qui a été en grande partie reconstruit presque à l'identique dans les années 1940. |
Nouvelle prise en charge individuelle par un autre guide, franco-manitobain celui-là, qui nous narre lui aussi par le menu l'histoire des bâtiments, le contexte socio-politique de la conquête de l'Ouest canadien (revendication et révolte des Métis, guerres indiennes américaines, création de la Police montée du Nord-Ouest, etc.) et enfin, après une dizaine d'année, l'abandon du fort rendu inopérant parce que trop loin du chemin de fer qui passe 40 km plus haut dans la plaine à Maple Creek (1895). Au total une longue et agréable balade joignant l'intérêt historique au cadre naturel enchanteur, dans l'air pur et le silence (puisque à 1 300 m d'altitude). |
Fort-Walsh : rencontre entre Amérindien et Mounted Police |
Fort Walsh : vue rapprochée |
Mounted Police devant Fort-Walsh |
Monique devant
les Bad-Lands
|
En arrivant sur cette échancrure de la Prairie creusée par la Red Deer River dans les couches stratifiées du fond d'une rivière datant du crétacé (75 millions d'années), la vue est superbe. Elle fait penser au Grand Canyon, couleurs et dimensions en moins, mais relief encore plus tourmenté. Non seulement le paysage quasi lunaire est extraordinaire de sauvagerie et de beauté minérale mais il abrite l'une des plus grandes concentrations de fossiles de dinosaures au monde. |
Bad-Lands :
relief et grottes
|
La deuxième balade, un peu plus longue, emprunte un sentier vagabondant à travers les collines arides, à la découverte des caractéristiques écologiques particulières de ces Bad Lands. La grosse chaleur du début d'après-midi effraie un peu ma copilote qui préfère me laisser aller seul sur le sentier. Il fait effectivement très chaud, mais avec chapeau et bouteille d'eau je supporte bien la chaleur sèche et utilise tour à tour jumelles, caméra vidéo et appareil photo pour découvrir et conserver le souvenir des superbes paysages ou curiosités naturelles observées. |
Bad-Lands : Jean-Paul piquenique à l'ombre - rare - du Guépard |
Après un pique-nique rapide dans
l'isolement le plus complet, arrêt devant 2 petits
hangars présentant in situ les squelettes de
dinosaures tels que dégagés par les fouilles. Puis
nous nous rapprochons du cours de la rivière où l'on
nous propose une dernière balade près des cottonwoods
(peupliers). Dans un maquis, seul encore, j'ai la
chance d'apercevoir trois mule deers au
pâturage que je m'empresse de filmer. Rassasié de balades, la peau rougie par l'exposition au grand soleil et les jambes lourdes de ces kilomètres de brousse, nous reprenons la route qui redevient plate et monotone dès que remontée dans la Prairie, en dehors de l'échancrure des Bad Lands. |
Bad Lands : la
Red Deer River en quittant le parc
|
Rendus en ville,
nous faisons quelques courses, glace en particulier et
produits frais à renouveler plus fréquemment depuis
que notre frigo nous a lâchés. Nous suivons alors la vallée de la Red Deer River entourée d'autres Bad Lands. Prochain arrêt : l'extraordinaire Tyrrell Royal Museum, un *** du Guide Vert Michelin, tout entier consacré à la paléontologie de la région. Maquettes, reconstitutions, dioramas et squelettes remontés de dinosaures complètent les balades de ce matin et font comprendre la vie intense qui régnait ici il y a 75 millions d'années, dans un environnement alors subtropical. Une heure et demie suffit à peine à faire la découverte de ce magnifique musée. |
Il pleut toute la nuit sur notre petit terrain, ce qui a au moins comme avantage de rafraîchir l'atmosphère. Nous repartons assez tôt en allant admirer sous une lumière assez terne le paysage de bad lands (mauvaises terres) depuis le bac, puis à partir d'Orkney Viewpoint aménagé au bord de la route nous ramenant à Drumheller, et enfin peu après à Horseshoe Canyon. | Belvédère d'Orkney Viewpoint sur la vallée de la Red Deer River |
Nous nous dirigeons vers le centre
ville et cherchons à stationner le plus près possible
de la tour fameuse et emblmatique de la cité dont les
191 m nous donneront un bon aperçu de l'agglomération
et de son environnement. Mais j'ai la mauvaise idée de
m'engager dans un parking étagé… Lecture erronée des indications de hauteur libre et notre toit surélevé racle la poutre de béton dans un dramatique froissement de plastique brisé...! C'est le lanterneau motorisé de l'arrière qui vient de s'écraser et de se disloquer. Instant de panique, colère contre les indications si peu claires, puis marche arrière jusqu'à une zone plus haute pour constater les dégâts. Heureusement le toit en fibre de verre ne montre qu'une légère éraflure mais le lanterneau est trop déchiqueté et déformé pour être réparé; la seule solution sera de le remplacer. Nous stationnons donc dans la rue un peu plus loin - en nous promettant de ne plus jamais chercher à stationner ailleurs ! Puis nous empruntons l'ascenseur menant en haut de la Clagary Tower, construite en 1967 pour fêter l'anniversaire de la confédération canadienne. Depuis sa galerie corculaire, superbe et vaste panorama sur les hauts immeubles modernes très originaux qui l'entourent, sur l'agglomération très étendue et sur les montagnes à l'ouest dont on devine la ligne bleutée et échancrée, tandis que sur les trois autres côtés c'est l'immensité horizontale de la Prairie qui remplit l'espace. |
Gratte-ciel du centre ville de Calgary |
Calgary : Prince Island Park |
Calgary : Saddle Dome |
Sur Steven Avenue Walk, ses boutiques et ses immeubles futuristes |
Sur Steven Avenue Walk : Telus-Centre |
Puis ce sont les
originales façades du début XXème magnifiquement
restaurées de la rue Stephen, l’ancienne rue
principale où nous allons remercier l’agent du
tourisme pour son aide précieuse hier soir. J’hésite un peu à m’équiper d’un impressionnant grand chapeau western, abordable mais trop encombrant |
Calgary :
vieilles façades sur Steven Walk (8th Avenue)
|
Jean-Paul dans Devonian Gardens |
Par une suite de passerelles vitrées reliant les blocs d'immeubles à 13 mètres au-dessus des rues, nous gagnons les Devonian Gardens, des jardins suspendus et couverts qui tapissent en escalier la façade et le sommet d'un pâté de maisons. Dispersés autour d'une suite de fontaines et de bassins, des plates-bandes colorées - pas toujours du meilleur goût hélas ! - des arbustes, voire des arbres, des statues et tout un aménagement paysager du plus bel effet offrent un asile de calme et de verdure au cœur de la ville. |
Calgary : La Famille devant le Schoolboard Building |
Au bout du pittoresque quartier chinois, se dresse le grand immeuble au pur dessin géométrique du Gouvernement canadien Harry Hayse. À ses pieds, des statues en bronze représentant une ronde d'enfants et de leurs parents jouent sur une grande pelouse devant le siège du Calgary School Board. |
L'autoroute 1 file plein ouest vers les montagnes qui se rapprochent. Vers 19:00 nous bifurquons vers le village de Stoney, une réserve amérindienne où nous stationnons près du centre communautaire désert. | Entre Calgary et les Rocheuses, la campagne prospère du Piedmont |
Stoney : sur le toit du Guépard Jean-Paul remplace le lanterneau Fantastic |
À la lumière du soleil couchant, dans le vent frisquet qui descend des Rocheuses, je grimpe alors sur le toit pour achever la pose et le colmatage du nouveau lanterneau. |
Le temps est clair mais rafraîchi
par le vent d'ouest provenant des montagnes dont nous
sommes tout proches maintenant. La route s'enfonce
très vite dans de profondes vallées limitées par de
hautes pentes rocheuses. Elle traverse Canmore, et
longeant la cours de la Bow River, nous mène à Banff.
|
The Three Sisters près de Canmore |
Mont Assiniboine |
Castle Mountain |
Le train du CN passe au pied de Castle Mountain |
Banff : rue centrale au pied de Cascade Mountain |
Banff : mouflon au-dessus de la ville; au fond Banff Spring Hotel |
Castle Mountain au soleil du soir |
Banff : téléphérique du Mont Sulphur |
Banff est une jolie petite ville de villégiature, montagnarde, propre et chic comme Megève dans les Alpes françaises. Quelques courses au Safeway puis nous nous dirigeons vers le téléphérique du Mont Sulphur. En 8 minutes il nous élève de 700 m pour nous laisser à la gare supérieure à 2 281 m d'altitude. |
Puis, de retour dans la vallée,
visite de la source chaude d'eau sulfureuse (Cave
& Basin) à l'origine de la fondation de la station
puis du premier parc national du Canada. La caverne et
le premier bassin originaux ainsi que la piscine
creusée en 1903 ont été joliment restaurés mais on ne
peut plus s'y baigner; un centre d'interprétation de
Parcs Canada y présentent l'historique et les enjeux
actuels du plus grand réseau de parcs nationaux au
monde.
|
Banff : la piscine de Cave & Basin au temps de son activité |
Rapides de la Bow devant Banff Spring Hotel |
Crépuscule sur la Bow River et le Banff Spring Hotel |
Rapides près du Banff Spring Hotel |
Banff : vallée de
la Bow River depuis les Hoodos
|
Wapiti au bord de la Route 1A |
Plein de glace au Safeway en prenant la direction de Lake Louise par la très belle 1A qui serpente dans les bois en longeant le cours pittoresque de la Bow. Arrêt pour filmer un énorme wapiti en train de brouter sur la berme, puis dans la nuit qui tombe, bivouac dans le camping de Mont Protection où, faute de place, nous nous garons sur le bord d'une allée sous les arbres. |