Départ - faux départ en fait - d'Outremont en fin d'après-midi dimanche le 11 juillet, accompagnés par Roger Demeule à Mirabel. On nous y apprend en cours d'enregistrement des bagages que notre vol sera retardé jusqu'à demain aux aurores (6:00), notre avion étant demeuré pour réparations en Irlande… Comme nous avons laissé le camion en cours d'aménagement à Ste-Marthe sur le Lac pour l'été, impossible de retourner pour si peu de temps à Montréal. Nous en serons quitte pour passer la nuit à l'hôtel de l'aéroport.
Lundi 12 juillet 1999 : MIRABEL
Levés à 6:30 pour un petit déjeuner déjà retardé à 7:30, on nous apprend alors que le départ est maintenant prévu pour 17:30 ! Cette fois c'en est trop, et nous décidons de rentrer coûte que coûte à la maison où nous avons de toute façon oublié plusieurs effets. Bus, métro… nous retrouvons notre appartement bien rangé vers 10:00. Fignolage de la "mise en veilleuse" pour l'été, lecture, repas, nous reprenons le chemin de Mirabel à 15:30 pour cette fois décoller comme prévu à 17:30, mais avec une journée de retard !
Vol sans surprise dans un gros
Airbus A 310 assez silencieux mais où, comme d'habitude, nous
sommes entassés comme des sardines. La nuit passe à la lecture
de l'un des derniers romans de Pennac "Messieurs les enfants"
dont j'apprécie une autre fois la verve coutumière.
Mardi 13 juillet 1999 : de MIRABEL à SAINTE-FOY-LÈS-LYON
Dans le vieux Lyon |
Arrivée à Satolas vers 8:00, après seulement 6:30 d'envolée, la plus courte jamais subie entre Montréal et Lyon. Nous avons le temps de gagner Sainte-Foy, de déballer nos bagages, de prendre une douche puis de faire une bonne sieste avant de redescendre à la Part-Dieu chercher Maman qui arrive à 12:35 par le TGV du Havre. Les sens uniques, détours ou déviations causés par les innombrables travaux de voirie forment un incroyable casse-tête pour qui ne connaît pas la ville, mais nous arrivons quand même à temps pour accueillir Maman sur le quai. |
L'Aigle fonctionne très bien malgré son petit air penché dû à l'affaissement du ressort avant droit. De retour à Sainte-Foy, petit marché au Casino du coin puis piquenique dans la grande maison vide et fraîche. Nous passons la fin de l'après-midi à échanger avec Maman, je mets en route quelques petites réparations dans l'Aigle. Pendant la soirée nous visionnons un court métrage japonais sur Gabriel Veyre, opérateur des frères Lumières, un cadeau de Philippe Jacquier qui a contribué au tournage.
Mercredi 14 juillet 1999 : SAINTE-FOY-LÈS-LYON
Jeudi 15 juillet 1999 : SAINTE-FOY-LÈS-LYON
Réveil tard après une mauvaise nuit (décalage horaire pas encore compensé, matelas très mou auquel nous ne sommes pas habitués…). Nous avons juste le temps de déjeuner puis de sauter dans l'Aigle avant de reconduire Maman au T.G.V. de 12:40 à la Part-Dieu. Monique qui me guide s'emmêle encore un peu dans les sens uniques pour franchir Saône et Rhône, le suspens s'installe avec le décompte des minutes jusqu'au départ du train, mais nous arrivons juste à temps devant la gare en empruntant un sens unique réservé aux taxis…
Gagnant ensuite Saint-Priest, nous
passons tour à tour chez Sublet puis chez Pithioud pour nous
procurer une nouvelle batterie stationnaire destinée à l'Aigle
et commander les pièces du futur cabinet de toilette du Guépard.
De retour en fin d'après-midi à
Sainte-Foy, nous y retrouvons Jehanne un peu mal en point qui
dit souffrir de la vésicule biliaire. Monique lui tient
compagnie dans sa chambre où elle se repose pendant que je
complète les niveaux de l'Aigle et recolle les poignées des
fenêtres. Durant cette soirée tranquille nous achevons de ranger
dans les placards vêtements et autres effets.
Vendredi 16 juillet 1999 : SAINTE-FOY-LÈS-LYON
Lever tard (encore une fois !) puis marché à Continent pour remplir la cambuse de l'Aigle bien dégarnie. Après le déjeuner avec Jehanne qui va mieux, nous allons visiter Sophie dans sa maison en construction au dessus de la vallée du Rhône juste avant Condrieux. Depuis la future terrasse encore à l'état d'ébauche s'étend une très belle vue, devant la vaste maison dont le gros œuvre est déjà terminé. Le rez-de-chaussée est splendide, vaste et très haut de plafond (2,90 m) mais les chambres à l'étage nous en semblent d'autant plus exiguës. La rapidité des travaux et la simplicité des techniques employées rassurent Monique sur la possibilité de construire notre propre future résidence en France…
De retour à Sainte-Foy, souper,
derniers rangements dans notre propre demeure roulante, mise en
ordre de la maison pour le départ de demain. Je commence à
enlever les vis de fixation du lanterneau du cabinet de toilette
qui ont rouillé en causant des fuites, et à les remplacer par de
nouvelles en acier inoxydable apportées tout exprès de Montréal.
Samedi 17 juillet 1999 : de SAINTE-FOY à BEAUVOIR-DE-MARC (153 km)
À 9:00 Jehanne quitte la maison avec Sophie qui la reconduit à Annecy. Je me lève un peu plus tard après une autre nuit misérable. Après ablutions et petit déjeuner, nous sommes fin prêts à 11:00 pour le départ vers Fareins. Il fait beau et même assez chaud, le moteur tourne rondement. Joyeux accueil de René-Pierre et Jocelyne qui préparent un barbecue sur leur terrasse fleurie, devant le terrain tout garni d'arbres et d'arbustes. Leurs plantations ont maintenant bien poussé et forment un agréable tableau avec les hauteurs du Beaujolais en toile de fond. Fatigue et lassitude exprimées par la belle-sœur qui vient tout juste de terminer son enseignement et se sent à peine en vacances, fatalisme plein de sagesse du beau-frère face à une production mellifère imprévisible… et animation pleine de fantaisie de Perrine et Julie qui semblent profiter pleinement de leur congé. Le temps passe vite en leur agréable compagnie sur la terrasse ombragée, à l'abri du soleil qui a transformé notre Aigle en étuve lorsque nous repartons vers 16:00.
Retour à Lyon par le chemin des écoliers, en longeant la Saône jusqu'à Collonge au Mont d'Or où Monique tente de retrouver la maison de ses grands parents Boissier. Le peu d'indices conservés par sa mémoire et les changements probables au cours des 50 dernières années rendent nos recherches aléatoires et, finalement, infructueuses. Traversée de l'est de la ville par le périphérique pour prendre la direction de Grenoble par les petites routes. La moisson bat son plein dans les champs dorés autour de nous. La fraîcheur revient un peu lorsque nous gagnons les premières pentes du Dauphiné. Bivouac sur une éminence, devant une vieille église de pèlerinage isolée au dessus de la vallée à Beauvoir-de-Marc.
Dimanche 18 juillet 1999 : de BEAUVOIR-DE-MARC à la Grotte de LUIRE (119 km)
Nuit fraîche et agréable devant notre petite église, mais réveil environné par les paroissiens venus assister à la messe dominicale… Nous levons le camp vers 9:00 pour continuer notre route vers Grenoble. La journée s'annonce belle mais chaude. Un peu avant d'arriver dans la capitale du Dauphiné, vers Sassenage nous bifurquons plein Sud vers les hauteurs du Vercors qui élèvent leurs barres calcaires verticales devant nous. |
Les lacets gravissant des pentes accentuées nous font gagner rapidement de l'altitude et un peu de fraîcheur sous les arbres des Gorges du Furon. Arrêt piquenique puis balade à pied dans la Gorge du Bruyant dont le cours rocailleux dégringole entre les pentes à pic et boisées de la montagne. | Jean-Paul au bord du torrent dans la gorge du Bruyant |
Pont en Royans |
Nous atteignons ensuite la large vallée de Villars-de-Lans et obliquons vers l'ouest dans les profondes Gorges de la Bourne franchies par le pont de la Goule Noire. Bref arrêt dans le village de Foranche aux pittoresques ruelles enchevêtrées et noyées dans les fleurs, puis traversée de Pont-en-Royans très pittoresque dont les maisons accrochées aux flancs de la montagne tapissent la profonde dépression de la gorge. Mais ses rues sont tellement envahies en ce dimanche qu'il est impossible de trouver une place pour stationner notre - relativement - gros véhicule. |
Nous atteignons ensuite la large vallée de Villars-de-Lans et obliquons vers l'Ouest dans les profondes Gorges de la Bourne Notre itinéraire emprunte maintenant la vallée profonde de la Vernaison dont nous longeons les gorges, d'abord par les Petits Goulets, puis via les Grands Goulets, passages très étroits où la route s'accroche ou se creuse au flanc du rocher à pic, sous des surplombs inquiétants et de courts tunnels. | Sous les surplombs des Grands Goulets |
Route des Grands Goulets encastrée à flanc de montagne |
Gorge des Grands Goulets |
Vallée de la Vernaison |
Le cours de la Vernaison se poursuit par une vallée assez large et dans la fraîcheur relative du soir qui commence à descendre. Passé la Chapelle-en-Vercors, nous commençons à chercher un bivouac tranquille que nous trouvons sur le grand parking désert de la grotte de la Luire, haut lieu de la Résistance niché à la base de la forêt du Vercors. Souper et lecture pour Monique pendant que j'achève de remplacer les vis rouillées du lanterneau du cabinet de toilette. La nuit s'annonce extraordinairement paisible et silencieuse. |
Lundi 19 juillet 1999 : de la Grotte de la LUIRE à la CHAPELLE-EN-VERCORS
Si notre nuit se déroule effectivement dans le plus grand calme et sans aucun ennui, au matin il nous est impossible de redémarrer. Pensant avoir noyé le moteur, je démonte les bougies, brosse les contacts du distributeur, mais rien n'y fait, je dois finalement me résoudre à appeler une dépanneuse. Le garagiste arrive à 13:45, et s'avoue lui aussi incapable de nous faire repartir. Il ne reste qu'à hisser l'Aigle sur la plate-forme de la remorqueuse pour retourner à la Chapelle-en-Vercors où notre aimable mécanicien tient garage. À notre train de sénateur, j'ai tout le temps d'admirer une autre fois la belle vallée de la Vernaison jusqu'au débarquement devant la station service Renault. Au bout d'une heure, le rupteur du distributeur est remplacé mais il faudra attendre demain l'arrivée d'un nouveau condensateur… Au moment d'aller prendre nos quartiers au dessus du village pour la nuit, deuxième blocage du moteur qui refuse de repartir. Le garagiste conclut qu'en l'absence d'un bon condensateur, l'allumage ne peut s'effectuer correctement, et qu'il faut donc attendre l'arrivée de la pièce en question demain matin pour résoudre notre problème.
Mardi 20 juillet 1999 : La CHAPELLE-EN-VERCORS (0 km…)
L'Aigle en panne
à La-Chapelle-en-Vercors
|
Dès 9:00 le mécanicien change la pièce arrivée aux aurores, mais au moment de lancer le moteur, il est tout aussi incapable d'obtenir le moindre toussotement. Questionnement, inquiétude, je prends soudain conscience du silence de la pompe à essence lorsque je mets le contact. Effectivement les bougies demeurent absolument sèches car l'essence ne se rend pas du réservoir au carburateur. Le fusible étant en bon état, le diagnostic tombe rapidement : la pompe électrique est défectueuse et doit être changée. Durant la fin de la matinée, le mécanicien démonte la canalisation d'évacuation des W-C. puis le réservoir d'eaux usées pour décrocher le réservoir à essence et atteindre enfin la pompe immergée qui se montre capricieuse lors du test… Il ne reste plus qu'à en commander une neuve qui sera livrée demain en fin de matinée ! |
Une allée de tilleuls forme promenade au dessus de la piscine, l'église se révèle sobre et sans grand caractère… l'hôtesse du bureau du tourisme nous propose un petit circuit à pied autour du village. Le premier kilomètre se parcourt assez allègrement sous le grand soleil et il offre des vues agréables sur la campagne et la montagne alentour, mais la chaleur a bientôt raison de l'énergie de Monique. | La-Chapelle-en-Vercors : Jean-Paul devant la fontaine du Jardin public |
La-Chapelle-en-Vercors : Monique et sa baguette |
Elle profite d'une erreur de parcours qui nous ramène vers le centre du village pour renoncer à la balade et préfère plutôt traîner sur la place aux tilleuls où, assis sur un banc, à l'ombre et à la fraîcheur, nous passons la fin de l'après-midi à observer le spectacle de la rue. |
Mercredi 21 juillet 1999 : de LA CHAPELLE-EN-VERCORS à MONTMAUR (119 km)
Plein d'eau, mise à pression des pneus, tout étant apparemment en ordre nous pouvons enfin reprendre notre itinéraire si malencontreusement interrompu. Nous remontons à nouveau la large vallée de la Vernaison jusqu'au Col de Rousset à 1 367 m pour redescendre ensuite vers Dié par une longue suite de lacets. Nous voici maintenant dans les Alpes du Sud, beaucoup plus sèches et méditerranéennes, donc aussi sensiblement plus chaudes. Nous suivons alors la vallée de la Drôme toute envahie par les cultures fruitières. Bref arrêt à Claps, au Saut de la Drôme, où un énorme éboulis de gros rochers a barré le cours de la rivière pour créer un petit lac aménagé en parc avec baignade. | Rousset |
Col de Gabre : Jean-Paul au pique-nique |
Puis le paysage devient plus sauvage, nous quittons la Drôme pour escalader le Col de Gabre (1 180 m). Le soir descend, nous commençons à chercher un bivouac. Un tour dans le centre d'Aspres/Buëch nous montre un charmant vieux bourg aux vieilles maisons pleines de caractère même si souvent en mauvais état, et nous fait découvrir sur une placette abritée par de gros platanes une douzaine de longues tables aux nappes blanches autour desquelles sont rassemblés les habitants qui célèbrent la fête du village. |
Nuit très silencieuse quoiqu'un peu fraîche : nous sommes à 900 mètres d'altitude et le magnifique ciel bleu est tout dégagé au matin. Nous nous levons un peu tard et décollons vers 11:00 pour rallier Gap par une longue route dans la vallée de la Durance entourée de hautes montagnes (dont le Pic de Bure à 2 709 m) où l'on s'attendrait à voir quelques taches de neige... Gap nous semble une ville animée, mais un peu confuse où nous faisons le plein d'essence et complétons notre épicerie au magasin Leclerc local. Un mauvais réglage du carburateur (le ralenti, trop rapide, a été mal ajusté par mon mécano Renault qui a déréglé le carburateur VW) nous amène au garage VAG, mais tout est fermé entre 12:00 et 14:00.
Lac de Serre-Ponçon |
Nous repartons alors vers le barrage de Serre-Ponçon. Les eaux bleues et vertes de son lac forment un superbe contraste avec le gris des grands rochers et le vert sombre des pentes du maquis et des forêts de pins qui l'entourent. |
De nombreuses anses et diverticules d'eau émeraude s'enfoncent dans les anciennes vallées dont nous suivons le contour par des routes mouvementées qui offrent des panoramas magnifiques et constamment renouvelés. | Aperçu sur le lac et une crique du Lac de Serre-Ponçon |
Aperçu sur le lac de Serre-Ponçon |
Serre-Ponçon : l'ancienne chapelle sur son île |
Nombreux arrêts photo et vidéo bien sûr, jusqu'au barrage lui-même dont les masses de roches empilées impressionnent (c'est le plus grand barrage de type poids en France). | Barrage de Serre-Ponçon |
Serre-Ponçon : le vieux village au dessus du lac |
Plusieurs très belles vues surgissent depuis la route longeant le lac au sud, avant que nous nous enfoncions dans la vallée de l'Ubaye, elle aussi très pittoresque et accidentée. |
Les nombreux campings échelonnés le long de la rivière et les centres de rafting ou de kayak en soulignent assez les attraits touristiques. | Vallée de l'Ubaye |
Vieux pont de Lauzet sur l'Ubaye |
Bref arrêt pour aller admirer le vieux pont romain de Lauzet qui franchit une gorge profonde de la rivière dans un site grandiose. |
Pont du Châtelet sur l'Ubaye |
L'Ubaye à Méolans |
À Barcelonnette nous admirons en passant plusieurs imposantes maisons bourgeoises entourées de grands jardins : on raconte qu'elle ont été construites fin XIXème par des natifs de la petite ville ayant fait fortune au Mexique avant de revenir passer leurs vieux jours dans leur ville natale… L'aimable garagiste d'une autre petite concession VAG (maintenant ouvert celui-là) remet en ordre notre carburateur à un coût très raisonnable (100 FF !) et procède à un nouveau calage de l'avance à l'allumage. Nous voilà parés pour attaquer les pentes accentuées de la Route des Grandes Alpes enfin rattrapée. |
Nous continuons à remonter le haut cours de l'Ubaye dans un environnement désormais de type haute montagne puisque les cimes dénudées qui nous entourent avoisinent maintenant les 3 000 m : Tête du Siguret (3 032 m), Grand Bérard (3 048 m). | Le cours torrentueux du Haut Ubaye |
L'Ubaye à St-Paul-d'Ubaye |
Des ouvrages militaires jalonnent la vallée, comme le Fort de Tournoux ou la Redoute de Berwick. Superbe vue sur le village de Saint-Paul au sortir d'un petit tunnel avant d'aborder la rude montée du Col de Vars dont les pentes dénudées culminent à 2 111 m. |
Vendredi 23 juillet 1999 : du COL DE VARS au MONÊTIER-LES-BAINS (123 km)
Nuit très fraîche bien supportée grâce à notre gros duvet, d'autant plus que rien n'a troublé notre sommeil car le col demeure des plus paisibles durant la nuit. Les rayons du soleil nous atteignent vers 9:00 et me décident au lever sous un ciel tout bleu. | Montée au col de Vars |
Sur la route du col de Vars |
Douche, déjeuner, à 9:30 nous partons pour une petite balade à pied au dessus du col. Fleurs sauvages à profusion, grand troupeau de moutons un peu plus haut qui se signale par le tintement des clochettes accrochées au cou des brebis… |
Le paysage est évidemment grandiose, encore sec et sans trace de neige, comme ceux que nous avons parcourus hier. La descente du col vers la station toute neuve - et quelconque - de Vars est accusée et fort longue, offrant elle aussi des vues impressionnantes sur les montagnes entre 2 500 et 3 000 m à perte de vue. | Monique prend le soleil dans le col de Vars |
Izoard : plaque commémorant les grands coureurs cyclistes du Tour de France |
Nous bifurquons peu après sur la route
du Col de l'Izoard, rendue fameuse par le passage annuel
du Tour de France cycliste. |
D'abord de pente modérée dans une vallée verdoyante et très cultivée, elle se met brusquement à grimper très raide au dessus du bourg de Brunissard. Nous arrêtons dans la boucle d'un lacet et prenons une heure de bain de soleil devant le magnifique paysage de haute montagne... | L'Aigle sous le col de l'Izoard |
Les grands éboulis de l'Izoard |
...avant de reprendre l'ascension du col jusqu'aux grands éboulis et pics rocheux de la Casse Déserte qui mérite elle aussi un autre arrêt prolongé tant est grandiose le spectacle de ses pentes dénudées et lisses. |
Jean-Paul devant les éboulis de l'Izoard |
Encore un effort et nous sommes dans le col qui offre lui aussi de magnifiques panoramas tant au nord qu'au sud. Autre petite balade dans le vent assez froid, puis une autre longue et vive descente sur une route étroite au mauvais revêtement nous amène à Briançon.
Porte de la ville forte de Briançon |
Je tiens à aller faire un tour dans la pittoresque vieille ville fortifiée, enserrée derrière ses remparts qu'édifia Vauban. |
Certes sa Grande Rue pentue où coule une eau fraîche et limpide dans l'unique caniveau central est toute envahie par des boutiques à touristes, mais ses ruelles latérales et ses placettes beaucoup plus paisibles et bien restaurées rendent assez bien l'ambiance à laquelle on s'attend en ces lieux historiques. Je poursuis la balade sur les remparts et autour du château. Il couronne la ville ancienne en offrant des vues étendues sur la large vallée où s'étend progressivement la ville moderne, et sur la couronne de montagne entourant le site de la ville-forte. | Briançon : citadelle et ville close |
Le cours animé de la Guisane |
En quittant Briançon, nous
faisons quelques courses d'épicerie et le plein d'essence
au Géant Casino sur la route de Grenoble que nous
empruntons ensuite. Puis une superbe route de vallée longe le cours de la Guisane, au pied des montagnes aux cimes enneigées (la Condamine, 2 939 m). |
Nous passons Monêtier-les-Bains et allons bivouaquer en contrebas de la route, le long de la rivière, dans des champs où sont dispersés quelques dizaines d'autres camping-cars et campeurs, au pied du Pic des Agneaux (3 663 m) blanchi par la neige et le glacier d'Arsine. | L'Aigle au bivouac dans la vallée de la Guisane |
Samedi 24 juillet 1999 : de la Vallée de la GUISANE aux Forts de l'ESSEILLON (111 km)
L'Aigle au bivouac au pied des montagnes |
Le bruissement du torrent joue les musiques de fond pour notre excellent sommeil en pleins champs. |
Lever au grand soleil passé 9:00 pour attaquer bientôt l'escalade du Col du Lautaret en remontant le cours de la Guisane. Dans le col, autour de nous, paysage alpin de hautes montagnes avec crêtes dénudées et acérées, et glaciers dispersés sur les sommets. | Paysage alpin autour du col du Lautaret |
Jean-Paul devant
l'Oratoire du Châtelet
|
Avant de nous attaquer aux fortes pentes du Galibier, nous préférons aller contempler le panorama*** de La Meije, les pics voisins et leurs glacier depuis l'Oratoire du Châtelet. |
Petite balade à pied, histoire de prendre le soleil mais aussi de profiter du paysage qui s'élargit jusqu'au Monêtier et la vallée de la Guisane au loin derrière nous. | Jean-Paul devant l'Oratoire du Châtelet au-dessus de la Meije |
Les Terrasses |
En revenant, nous explorons un peu le hameau des Terrasses où quelques masures ont été restaurées avec pittoresque autour du clocher roman de la petite église. |
De retour au col du Lautaret - très lentement car la pente est forte et la chaussée étroite - nous prenons quelques jolies cartes postales dans les nombreux magasins destinés aux touristes qui se pressent en ce beau samedi de vacances, puis je fais un tour dans la Maison du Parc des Écrins installée dans l'ancien Refuge Napoléon. On y présente une exposition bien documentée sur les glaciers et sur la faune du parc. | L'Aigle sur la route du col du Lautaret au pied des glaciers |
Jardin alpin du Lautaret |
Jardin alpin du Lautaret |
Mais la foule sur l'esplanade du col finit par lasser, aussi préférons-nous attaquer les premiers lacets du Col du Galibier pour nous arrêter devant le magnifique paysage et déjeuner. | Passage du Col du
Lautaret
|
Les rudes épingles à cheveux montant au Col du Galibier |
La montée ensuite est brève mais très raide (en 2ème voir 1ère dans les épingles à cheveux) jusqu'aux 2 646 m du col. |
Balade à pied au dessus du passage pour mieux admirer le superbe décor alpestre, roc et neige, à 360°. | Galibier : Monique dans le col |
Valloire au creux de la vallée |
Puis longue descente avec passages à 14 % jusqu'à Valloire (1 430 m) dont je vais admirer seul le riche décor baroque de l'église XVIIIème. |
Le clocher de Valloire |
Chœur de l'église de Valloire (XVIIIème) |
Un beau chalet fleuri de Valloire |
Quelques kilomètres de route de haute vallée mènent au Col du Télégraphe (1 566 m) où le regard plonge sur la Vallée de l'Arc, sur la Maurienne, et sur les hameaux d'Albonne et d'Albonnette isolés sur les pentes forestières à l'ouest. |
La vive descente reprend de plus belle jusqu'au fond de la vallée enfin atteint à St-Michel-de-Maurienne. Une vingtaine de kilomètres assez moches - chantiers d'autoroute, industries, chemin de fer - dans la vallée étroite et très achalandée suite à la fermeture du tunnel du Mont-Blanc incendié il y a 6 mois, et nous sommes à Modane pour un plein d'essence et quelques emplettes au Casino local. | Les Aiguilles de Valloire |
Les Forts de
l'Esseillon en escalier
|
Le soir tombe, nous poursuivons vers l'est jusqu'à tomber sur l'extraordinaire spectacle des quatre forts de l'Esseillon qui, perchés sur des éperons en travers de la profonde vallée de l'Arc, barraient la route de l'Italie. |
Nous arrêtons pour aller voir la première redoute qui exerçait un contrôle rapproché sur le chemin et dont la restauration est bien avancée puis, séduits par le calme du grand stationnement vide et paysager, décidons d'y passer la nuit. Plein d'eau sur le robinet du petit bâtiment de services bien aménagé. | Le Fort de l'Esseillon et ses bâtiments étagés |
Dimanche 25 juillet 1999 : des Forts d'ESSEILLON à TIGNES (91 km)
Journée bien remplie, qui commence par la visite guidée du Bastion Marie-Thérèse. C'est un exemple unique en France de fortification inspirée par les théories du Marquis de Montalembert (un concurrent de Vauban) avec le fameux Fort Boyard. Bâti par les Italiens au milieu du XIXème pour contrer une éventuelle invasion française au Piémont, il est en excellent état de conservation, en particulier ses souterrains aux voûtes impressionnantes dans lesquels nous entraîne notre guide bénévole (un médecin africain qui sort tout juste de l'université…). Partout ici comme dans les étages du bâtiment en fer à cheval, les murs épais sont percés de meurtrières ou de bouches à feu pour les canons. Les travaux de rénovation sont bien avancés, bien qu'il reste encore beaucoup à faire pour remettre les vieux murs dans leur état original… Un grand prix "Chef d'œuvre en péril" a déjà reconnu et récompensé la ténacité des sauveteurs de ces bâtiments laissés à l'abandon et promis à la ruine.
Nous décidons ensuite de gagner le
deuxième composant de ce système défensif, le Fort
Victor-Emmanuel, qui nous domine de l'autre côté du profond ravin
creusé par l'Arc. Belle descente sous les pins odorants et ombreux
jusqu'au Pont du Diable (la plus longue passerelle suspendue
d'Europe !). Elle a été reconstruite et donne accès à la rive
droite de la rivière coulant en bas très profond. Monique hésite
un peu à s'engager sur le long tablier qui résonne sous nos pas
tandis que des amateurs de sensations fortes, équipés de cordes,
harnais et mousquetons, attaquent juste en dessous de nous la Via
ferrata qui les mène dans l'à pic vertigineux jusqu'aux murs
inférieurs de la forteresse loin au dessus de nous. Nous
empruntons sagement le sentier, déjà bien assez raide pour nous,
surtout lorsqu'il est exposé au plein soleil. Et de haltes en
repos essoufflés, à l'ombre des pins et des chênes lièges
accrochés aux pentes sauvages, nous finissons par atteindre
l'ancien pont-levis depuis longtemps transformé en viaduc
permanent à piliers de briques. Passé la salle des gardes vaste et
trouée de meurtrières, nous nous engageons sous la voûte d'un
large souterrain descendant vers les bouches à feu percées dans
les soubassements du bâtiment, juste à l'aplomb du canyon sur
l'Arc. C'est pour voir émerger de ces anciennes embrasures les
grimpeurs aventureux croisés près du pont, après leur parcours
audacieux mais sans réel danger au dessus de la gorge. Les canons
ne sont plus là, libérant la vue sur le paysage de la sauvage
vallée de l'Arc.
Vue vers le bastion Marie-Thérèse depuis le fort Victor-Emmanuel |
Vers l'Est elle s'élève dans les sapins jusqu'aux hauts rocs dénudés formant frontière avec l'Italie, tandis qu'au Sud on domine l'ouverture en fer à cheval vulnérable du Bastion Marie-Thérèse, et qu'à l'Ouest on aperçoit une partie des installations de la soufflerie géante d'Avrieux/Auvrois. Même point de vue quoique plus dégagé depuis la place d'arme dallée au dessus de sa citerne, en avant du bâtiment de commandement dont on commence à peine la restauration. |
La visite s'arrête donc là, puisque des clôtures et avertissements de danger barrent tous les accès vers les bâtiments de la forteresse étagés sur l'éperon. La descente jusqu'au Pont du Diable est infiniment plus facile, comme la remontée à l'ombre des grands arbres jusqu'au stationnement où nous attend notre Aigle. Nous y mangeons un morceau et reprenons la route vers le nord.
À Lanslebourg nous quittons la route du Mont Cenis pour commencer à longer les pentes du Parc de la Vanoise et attaquer les première montées vers le Col de l'Iseran, un des plus beaux, des plus sauvages et le plus haut (2 770 m) de notre parcours. | Lanslebourg |
Bonneval : le village blotti dans la vallée |
Vieux chalets de Bonneval |
Torrent en montant vers l'Iseran |
L'Aigle sur la route du col de l'Iseran |
Glacier le long de la route du col de l'Iseran |
En montant l'Iseran |
Le temps très clair est magnifique et dévoile des vues étendues sur les deux côtés du col. | Les lacets du col de l'Iseran |
Jean-Paul au
belvédère de la Tarentaise
|
Le panorama est plus beau encore au Belvédère de la Tarentaise où nous arrêtons en redescendant vers Val d'Isère et d'où la vue s'étend surtout vers les sources de l'Isère et le massif enneigé de Tsanteleina culminant à 3 606 m. |
La célèbre station ne nous emballe guère, malgré une certaine recherche architecturale qui nous semble lourde et sans élégance (colonnes cylindriques de pierre devant plusieurs bâtiments). Nous passons rapidement pour nous enfiler dans les tunnels débouchant au dessus du Lac du Chevril formé par la retenue du barrage de Tignes. | Lac du Chevril |
À l'orée de la réserve naturelle de La Sassière |
Dans la lumière descendante, je cherche un aperçu sur l'énorme mur de béton vertical qui barre l'étroite vallée tout en songeant à trouver un point de chute pour la nuit. Avec un peu de difficulté, nous finissons par dégotter la toute petite route du Saut qui, par une suite ininterrompue de rudes épingles à cheveux, nous hisse jusqu'au stationnement à l'entrée de la réserve naturelle de la Sassière, à 2 400 m d'altitude. Bivouac à côté d'un autre fourgon, dans le silence total de la haute montagne, après une petite reconnaissance à pied dans la sauvage vallée suspendue. |
En remontant
la vallée de la Sassière
|
Nous nous levons vers 9:00, tout environnés des voitures des promeneurs qui ont grimpé eux aussi jusqu'ici pour faire la balade jusqu'au lac de la Sassière à l'extrémité supérieure de la vallée ou jusqu'au glacier de Rhème-Golette un peu plus haut. Lever et déjeuner rapide; chaussures de marche aux pieds, nous leur emboîtons le pas par un petit sentier à vaches qui batifole dans l'alpage entre les rochers. |
Même si le dénivelé demeure faible (150 m), notre progression pénible, en plein soleil, met vite en évidence notre pauvre condition physique… Nous arrivons enfin près de la retenue aménagée par l'E.D.F. pour recueillir les eaux s'écoulant des glaciers environnants. Le cadre est agréable, l'eau turquoise magnifique, la flore exceptionnellement riche. | La Sassiere :
Monique en balade
|
Une marmotte
de la Sassière
|
Pendant que Monique se repose, je traîne un peu, filmant en gros plan les petites touffes colorées qui m'accrochent l'œil, puis guettant les marmottes au flanc du chemin qui se poursuit dans un coude de la vallée menant au pied du glacier. Je finis par en apercevoir une qui prend l'air devant son trou puis une autre dressée sur ses pattes de derrière qui guette et siffle à répétition pour alerter ses congénères. Vue excellente aux jumelles, à la limite du filmable avec la vidéo, impossible à photographier avec notre petite boite automatique… Monique finit par me rejoindre en me pointant silencieusement du doigt deux jeunes marmottons jouant à se bousculer devant leur terrier au dessus du lac… |
Nous prenons alors le chemin du retour, cette fois par la route de terre plus régulière et plus facile, le long de laquelle nous apercevons alors un groupe de bouquetins broutant loin au dessus de nous sur un névé abrupt. Le grand soleil et ma pâleur m'incitent à me dévêtir, si bien que c'est la peau rosée et le feu aux joues que nous retrouvons notre Aigle vers 14:30. | Fin de la
balade vers le glacier à la Sassière
|
L'Aigle quitte son bivouac à la Sassière |
Longue descente prudente de la petite route d'accès puis belle route de vallée le long de l'Isère jusqu'à Bourg-St-Maurice où la D 902 redevient très étroite pour grimper vers le Cormet de Roselend, à 1 968 m. |
En montant, très beau panorama sur la profonde et étroite vallée de Versayen puis sur la vallée sauvage du Torrent des Glaciers où le soleil frappe presque à contre-jour la couverture de sapin garnissant le versant de la Terrasse (2 891 m). Nous dégustons dans le col quelques crêpes tout en présentant notre maisons roulante à deux grenoblois curieux et admiratifs. Puis commence une autre longue descente vers la vallée. | Le Torrent des Glaciers sur la Terrasse |
La route contourne le lac de Roselend demeuré sauvage
dans son cadre de forêts, puis s'enfonce dans le profond
sillon du Défilé d'Entreroches, avant d'arriver à
Beaufort, petite ville toute entière consacrée à sa
spécialité fromagère.
Lac de Roselend |
Lac de Roselend |
C'est pourquoi nous ne nous attardons, reprenons la route de Faverges, large et rapide, puis celle de St-Jorioz où nous allons pique-niquer devant le petit port. |
Le soir commence à tomber et avec lui la fraîcheur que nous goûtons devant le magnifique paysage de montagnes rosissant dans le soleil descendant, Tournette et Dents de Lanfon, tandis que quelques canards dansent sur l'eau entre les barques et les canots accrochés au quai à nos pieds. | St-Jorioz : Jean-Paul piquenique sur le port |
Vers 20:30 enfin nous gagnons le chalet où nous accueillent Jean, Mangala, Anne, son mari et ses enfants. Embrassades et longues conversations à bâtons rompus dans l'obscurité qui s'étend sur le lac jusqu'à la nuit noire. Nous nous endormons dans notre Aigle stationné sous le grand cèdre.
Mardi 27 juillet 1999 : SAINT-JORIOZ
Lever tranquille, vie de famille. J'entreprends un lavage général de l'Aigle durant l'après-midi qui me mène jusqu'au souper, m'interrompant pour quelques conversations avec les uns ou les autres. | St-Jorioz : Clément, Quentin et Justin nourrissent les cygnes |
St-Jorioz : Quentin et Justin B. au volant de l'Aigle |
Temps chaud et orageux durant cette journée qui se déroule paisiblement en famille; lecture pour Monique et petits bricolages pour moi. Jean me donne un mécanisme de fermeture de volet qui pourra servir à régler l'inclinaison du panneau solaire. |
Petit déjeuner avec Toutou qui nous fait faire ensuite le tour de ses derniers travaux d'aménagement (plafond du garage, finitions de la chambre d'amis…) et nous esquisse ses projets d'aménagements paysagers lorsque le partage de la propriété sera achevé. Nous repartons en fin de matinée vers Tournus, en passant par Frangy, Bellegarde et Nantua, un autre itinéraire montagnard qui nous fait quitter les Alpes en douceur. Le relief disparaît à Bourg-en-Bresse et nous longeons la vallée de la Saône pour arriver à Tournus en fin d'après-midi. | Couty : Toutou fait ses adieux à Monique dans l'Aigle |
Tournus : jardin et maison en terrasse de Jean-Louis et Odile |
Jehanne et Odile nous y font les honneurs de la maison, avant de nous emmener visiter les nouveaux bureaux de Jean-Louis nouvellement redécorés avec beaucoup de sobriété par son épouse. Très agréable repas sur la terrasse, devant le magnifique et champêtre paysage après l'arrivée de Jean-Louis. Celui-ci nous régale ensuite d'un concert improvisé sur son nouveau grand orgue de salon, un Allen "Protégé" qui restitue à merveille les sonorités baroques de Bach comme les élans plus romantiques de Boelmans ou Widor. |
Après petit déjeuner en famille, Jehanne nous entraîne en ville pour faire quelques courses et découvrir l'Hôtel-Dieu dont la restauration est bien avancée et qui vient d'être ouvert aux visiteurs. |
Tournus : salle des malades de l'Hôtel-Dieu |
On peut donc admirer deux des trois salles de malades (celles des hommes et des femmes), la troisième, celle des soldats, étant encore en travaux ainsi d'ailleurs que la chapelle. L'enfilade des deux premières est déjà fort impressionnante : hautes, largement éclairées par de grandes baies ouvrantes, bordées de deux rangées de lits en noyer sombre surmontés de pots à feu sculptés dans le même bois. Lits clos, rideaux blancs, édredons rouge vif et haut plafond entièrement garni de caissons de bois sombre donnent un air de solennité à ce qui fut pendant quatre siècles un hôpital et un refuge pour les pauvres de la région, et le demeura jusque dans les années 1960, au moment où l'on construisit enfin à Tournus un hôpital moderne correspondant aux normes actuelles de soins médicaux. |
De dimensions beaucoup plus modestes, la pharmacie ou apothicairerie est elle aussi remarquable car elle a conservé, outre son décor peint et tout son mobilier de rangement en bois doré, la totalité de ses vases et bouteilles médicinales. | Pharmacie de l'Hôtel-Dieu de Tournus |
Pharmacie de
l'Hôtel-Dieu de Tournus : pot à médicament
|
Il est donc facile de s'imaginer les bonnes sœurs de l'Ordre de Ste Marthe occupées à préparer onguents et autres décoctions en pesant puis pilant les ingrédients dans les balances aux plateaux de laiton poli ou dans les lourds mortiers de fer. |
Samedi 31 juillet 1999 : de BIBRACTE à SAINT-JULIEN/CHER (218
km)
Monique sous un frêne
aux formes alambiquées
|
Aujourd'hui encore il fait beau et chaud, le temps idéal pour une excursion en forêt sur le site de l'ancienne métropole celte. Une navette nous emmène en haut du mont, par une toute petite route qui serpente sous les grands arbres. Elle franchit les deux enceintes de 5 et 7 kilomètres de circonférence qui encerclaient toute la partie haute. |
Bibracte : grande rue de l'oppidum gaulois (dessin hypothétique) |
Bibracte : villa à la
romaine
|
Nous pouvons alors suivre l'itinéraire qui redescend tranquillement vers le musée et fait découvrir au passage le beau panorama sur le Morvan depuis la Terrasse, puis les fouilles des différents monuments qui ont été ou sont en cours d'exhumation : villas de type romain dont les dimensions et la disposition nous font rêver, couvent franciscain du Haut Moyen Âge, bassins, maisons en bois reconstituée, porte ouverte à travers le rempart et reconstruite... Tout cela dans un environnement naturel protégé qui laisse la part belle aux grand frênes et aux pins. Ils couvrent maintenant tout le territoire de l'ancienne ville et leurs racines aériennes aux formes torturées indiquent la présence de pierres sous-jacentes, elles même vestiges de constructions antiques. | Jean-Paul sous les frênes aux formes torturées |
Le tout nouveau Musée celte de Bibracte |
Une belle balade donc, qui s'achève aux portes du musée, un bâtiment d'architecture contemporaine très fonctionnel mais aussi vaste et éclairé, dont le deuxième étage présente les divers aspects de la culture celte, encore peu connue faute de monuments durables en pierre et d'écriture, tandis que le rez-de-chaussée expose les résultats des fouilles pratiquées à Bibracte. |
Un repas rapide et nous prenons la route, très vallonnée dans ce Morvan agricole et boisé où d'innombrables bovins blancs paissent dans les grasses prairies (il tombe plus de 2 m d'eau par an ici paraît-il ! ). Nous descendons ensuite vers Château-Chinon où nous retrouvons une campagne plus conventionnelle avec ses champs de céréales fraîchement moissonnées. La route file vers Nevers où nous traversons une première fois la Loire, puis Bourges atteint en soirée. Route rapide de vallée jusqu'à Vierzon où nous commençons à guetter un bivouac potentiel. Nous longeons le Cher, je propose de nous arrêter près de l'ancien canal du Berry au Mennetou. Si le pique-nique au bord de l'eau est encore une fois agréable, les lieux nous semblent beaucoup trop bruyants (circulation, train, discothèque du samedi soir…) pour y dormir. Nous franchissons donc le Cher vers le sud pour trouver le calme recherché à St-Julien/Cher, en face de Villefranche/Cher, sur un vaste stationnement désert devant l'église, un peu à l'écart du bourg.
Dimanche 1er août 1999 : de ST-JULIEN/CHER à CAEN (351 km)
Nuit des plus paisibles, qui s'achève dans la chaleur un peu lourde d'un début de journée ensoleillée en Pays de Loire. Pour une fois nous levons le camps relativement tôt (vers 9:15…) et poursuivons notre route paisible à notre train-train (je tente de maintenir la même basse consommation de carburant qu'à notre retour de Norvège l'an passé en ne dépassante pas les 85/90 km/h). En ce jour de grande permutation entre vacanciers partant et revenant, nous empruntons au maximum des petites routes qui constituent d'ailleurs l'itinéraire le plus court, comme listé sur le site web http://www.ismra.fr/pcc.html. Effectivement la circulation nous semble très raisonnable, et nous passons progressivement Romorantin, franchissons une deuxième fois la Loire à Blois, gagnons Vendôme puis la Ferté-Bernard. Une heure d'arrêt à Bellême pour faire le tour d'une foire à la brocante qui me laisse indifférent voire un peu dégoûté par toutes les horreurs qu'on ose y exposer et offrir à la vente. Monique apprécie davantage et me souligne la qualité de quelques meubles rustiques effectivement d'assez belle venue.
Après déjeuner nous poursuivons vers Séez, Argentan puis Falaise où je tiens à aller visiter les château de Guillaume le Conquérant nouvellement restauré. | Falaise: le château
au-dessus du Val d'Ancre
|
L'exposition consacrée à Richard-Cœur-de-Lion me laisse un peu déçu, faute de laisser suffisamment deviner la dimension humaine et psychologique de ce personnage à forte carrure historique et légendaire. |
Falaise : grande salle du donjon reconstruite avec son plancher de verre |
Un guide disert nous présente l'histoire du bâtiment puis nous entraîne à travers ses différentes sections en soulignant les intentions de l'architecte restaurateur. Si j'apprécie beaucoup la restitution de la petite chapelle aux voûtes pures et aux étroites fenêtre regarnies d'albâtre translucide, tout comme les hautes baies géminées de la grande salle du donjon au doux crépis ocre, j'apprécie peu le plancher de dalles de verre qui m'insécurise et me donne un sentiment de fragilité là où, s'agissant d'une forteresse, je m'attends bien plus à me sentir en sécurité, à l'abri et protégé derrière de solides murailles bien plantées dans le roc. |
Belle vue sur la ville depuis le haut de la Tour Talbot, elle aussi restaurée avec beaucoup de goût en son état ancien. | Falaise : le donjon et la tour Talbot |
Lundi 2 août 1999 : CAEN
Colleville : Anne-Marie et Monique lisent sur la dune devant L'Aigle |
Après le déjeuner vite expédié en pique-nique devant la plage de Colleville, je conduis Maman à Argentan où elle va assister à la messe d'enterrement d'une cousine Ringuenet. Pendant ce temps j'écris quelques pages de journal puis nous rentrons immédiatement à Caen. |
Levé assez tôt, je bouquine un peu en attendant le petit déjeuner avec Monique puis, vers 10:30, Maman nous entraîne jusqu'au magasin de tapis St-Maclou pour l'aider à choisit une nouvelle carpette à placer sous sa table de salle à manger. Pendant qu'elles examinent longuement les différents dessins et teintes susceptibles de convenir à son intérieur, je vérifie l'existence et les coût des tapis de sol en nylon et sur base de caoutchouc. J'en trouve un rouleau identique à celui que j'ai vu à Montréal avant mon départ, mais à un prix tout à fait prohibitif : 179 FF le m2, soit plus de quatre fois le prix canadien ! De même pour la moquette murale de l'Aigle dont le mètre linéaire en 150 cm de large coûte 270 FF… dans un motif très semblable à notre gris carrelé (Flottex). Maman et Monique finissent par jeter leur dévolu sur un tapis ocre jaune aux motifs vaguement sahariens.
Mercredi 4 août 1999 :d'HERMANVILLE à PONT-DE-L'ARCHE (143 km)
Déjeuner puis balade sur la plage avant d'aller passer un moment avec Gilles et Ginette. Celle-ci, toujours faible et découragée, passe un moment avec Monique pendant que j'accompagne Gilles seul dans son bureau où il me parle de son intention de modifier leur style de vie et me confie ses propres problèmes de santé (genou…) Avec un peu de peine et beaucoup d'affection, nous prenons congé et gagnons le magasin de Leneveu à Bénouville qui s'apprête à fermer (il est 12:00). J'y glane quand même quelques renseignements puis vide la toilette et fais le plein d'eau sur sa borne de service. Puis nous gagnons Caen Mondeville par l'autoroute pour aller faire le plein d'épicerie et d'essence au Continent. Tous réservoirs complétés et la cambuse remplie, nous prenons enfin la direction Est en rattrapant la route de Rouen à Troarn, après quelques errements sur les grands axes rayonnants autour de Caen. Ceux-ci sont épouvantablement envahis par d'horribles grands panneaux publicitaires aux couleurs hurlantes mais dénués de panneaux indicateurs visibles aux intersections, là où ils seraient pourtant bien plus utiles…
Mercredi 5 août 1999 : de PONT-DE-L'ARCHE à PIERREFOND (197 km)
Nuit paisible sur notre grande place devant le camping et au bord de la Seine. Nous y dormons assez bien malgré l'orage en soirée et le bruit de la circulation sur le pont au matin. Après un coup d'œil aux jolies maisons bordant la rue derrière nous, nous traversons la Seine et nous retrouvons sur une petite route menant aux écluses d'Amfreville, au pied de la Côte des Deux Amants, visités lors de notre tour de Normandie en 1993. Notre petite route rustique suit la vallée de l'Andelle, passe à côté de l'Abbaye de Fontaine-Guérard dont je ne puis m'empêcher d'aller contempler le site charmant au fond de son vallon. Je dois cependant me contenter d'admirer de loin ses arcades pittoresques puisque le monument est fermé le matin. | Pont-de-l'Arche : vieilles maisons normandes |
L'abbaye de Mortemer |
Qu'à cela ne tienne, nous faisons un autre petit détour dans les belles futaies de la Forêt de Lyons pour nous balader une bonne heure dans les ruines de l'Abbaye de Mortemer. Il ne reste pratiquement rien de l'abbatiale, et les bâtiments monastiques sont réduits à quelques pans de murs percés de sobres voûtes cisterciennes. Mais le site très champêtre, les beaux grands arbres soignés et les pittoresques étangs nous offrent beaucoup d'agrément. |
Mortemer : Jean-Paul dans le jardin de l'abbaye |
Mortemer : Monique dans le jardin de l'abbaye |
Au sortir de la forêt
par d'autres toutes petites routes, nous retrouvons la plaine et
ses moissons à perte de vue jusqu'au belvédère d'Ernemont la
Villette qui surmonte de ses 203 m la "boutonnière" du Pays de
Bray, un bocage très vallonné où la géologie très complexe a
façonné une grande variété de terroirs : pâturages humides et
verdoyants dans les creux, champs dorés de céréales s'étalant sur
les pentes et boisés touffus sur les crêtes plus arides. Monique
dégote sur la carte de toutes petites routes tortueuses et
pittoresque qui nous mènent par monts et par vaux jusqu'à l'autre
versant de la "boutonnière".
Beauvais n'est pas loin, où je prends quelques minutes pour refaire le tour du chœur de la cathédrale d'une hauteur si vertigineuse qu'il s'est partiellement effondré à plusieurs reprises, que la nef n'a jamais été complétée et qu'actuellement d'énormes étais de charpente semblent maintenir l'équilibre des hauts piliers à l'intérieur. À l'extérieur, un chantier des Monuments Historiques - peu actif à vrai dire - procède à des travaux de consolidation et de rééquilibrage des murs et contreforts… Passage à l'Office du tourisme pour m'enquérir des heures d'ouverture du château de Pierrefonds, notre prochaine étape. Puis dans la grosse chaleur du début d'après-midi, nous nous lançons dans la traversée de la plaine de Picardie, deux heures qui filent entre les champs de blé dorés et tondus et les champs de betteraves vert tendre et touffus, jusqu'à ce nous abordions les grandes futaies de la forêt de Compiègne.
Contournant la ville par le Sud puis empruntant de magnifiques grandes allées boisées, nous allons d'abord visiter la Clairière de l'Armistice près de Rethonde, là où le maréchal Foch reçut en 1918 les plénipotentiaires allemands pour signer l'armistice mettant fin à la Première Guerre mondiale. Beaucoup de photos et de plaques stéréoscopiques d'époque, des cartes et schémas explicatifs, un exemplaire du fameux wagon (l'original ayant brûlé en Allemagne en 1945) meublé avec un ensemble de souvenirs authentiques. L'évocation vaut le détour, sans avoir cependant l'impact qu'elle devait avoir avant 1939.
Une jolie route forestière longe ensuite les étangs de Saint-Pierre, un vrai paradis pour pique-niqueurs et pêcheurs, pour nous amener dans la vallée où niche le gros village de Pierrefonds, au pied des énormes superstructures de son château médiéval. Le soir tombe, une première tentative pour bivouaquer sur le stationnement au centre du village avorte car il nous paraît trop bruyant. Nous prenons alors un raidillon qui semble mener à l'esplanade devant l'entrée du château mais nous nous retrouvons plutôt au milieu des cultures, entre avoine et betteraves… où nous découvrons enfin le calme absolu recherché. | Souhaité par Napoléon III et recréé par Viollet-le-Duc, le château de Pierrefonds, tel une miniature du XVème |
Jeudi 6 août 1999 : de PIERREFONDS à LONGEVILLE-EN-BAROIS
(216 km)
Pierrefonds : les tours du château émergeant des arbres |
Voilà bien longtemps que nous
n'avions goûté nuit aussi silencieuse ! La chaleur s'est
assez rapidement dissipée, nous avons fort bien et longtemps
dormi, avant de parcourir les quelques mètres nous séparant
du château de Pierrefonds. Il est passé 10:00 lorsque nous grimpons le raidillon puis suivons la longue rampe passant au pied des remparts pour gagner l'entrée du château. Cette massive forteresse du XIVème, construite par Louis d'Orléans, avait été démantelée par Richelieu. |
Il n'en demeurait que des ruines romantiques au XIXème lorsque Napoléon III demanda à Viollet-le-Duc de le reconstruire en lui laissant carte blanche pour en faire une "résidence secondaire impériale". | Pierrefonds : ruines
du château avant l'intervention de Viollet-le-Duc en
1855
|
Pierrefonds : grande cour Renaissance |
Le grand architecte et créateur s'en donna à cœur joie, et s'il respecta assez bien l'apparence extérieure du château en restituant les six tours, la courtine et les divers ouvrages avancés, il donna libre cours à sa fantaisie pour la décoration des superstructures (cheminées, faîtières, etc.) et surtout pour la recréation de la grande cour - Renaissance - et de la statuaire. |
Pierrefonds : la cour et l'escalier Renaissance |
Pierrefonds: le Grand Escalier et son chevalier |
Pierrfonds : autre aspect de la Grande cour |
Pierrefonds : les
orants
|
Pierrefonds : la Grande Salle |
Pierrefonds : cheminée monumentale de la Grande Salle |
Il en résulta un château fort de rêve, d'une grande richesse architecturale et décorative malgré son inachèvement. C'est avec grand plaisir que nous en suivons la visite guidée qui nous entraîne du donjon au chemin de ronde en passant par les grandes salles d'apparat et les chambres aménagées pour l'empereur Napoléon III et l'impératrice Eugènie. | Pierrefonds : autre cheminée dans la Grande Salle |
Façade de la cathédrale de Reims |
La longue route en grande sections rectilignes reprend, toujours aussi chaude. Monique sommeille, aux prises avec une migraine et des nausées dues semble-t-il à la température. Plein d'eau sur le robinet du camping de Fisme, avant de poursuivre à 85/90 km/h vers Reims. Puis plein d'essence cette fois dans un Carrefour à l'entrée de la ville avant de gagner directement la cathédrale. |
La célèbre façade étonne toujours, tant par son élévation (et malgré l'absence de flèches) que par le foisonnement des sculptures, surtout des personnages bibliques et historiques qui se superposent à partir du grandiose triple portail. | Porche central de la
cathédrale de Reims
|
Reims: nef de la cathédrale et grandes rosaces |
À l'intérieur, la hauteur de la voûte est tout aussi impressionnante, les nombreux vitraux anciens préservés tout comme les quelques grandes verrières modernes accentuent l'atmosphère un peu solennelle presque secrète, qui sied si bien à ce monument qui vit le sacre de 34 rois de France depuis le baptême de Clovis en 486 jusqu'au sacre de Charles X en 1830. |
Nous faisons lentement le tour de la grande église, en appréciant les lignes élancées, les nombreuses sculptures, en goûtant le parfum historico-sacré qui semble sourdre des vieilles pierres, nourri par notre imaginaire d'écolier français… | Façade intérieure du porche de la cathédrale de Reims |
Cathédrale de Reims : Vierge au Sourire |
Cathédrale de Reims : Jeanne-d'Arc veillant dans la nef |
La chaleur lourde
s'abat à nouveau sur nous en mettant le pied la parvis, nous ne
nous attardons pas et reprenons notre route vers le Sud-Est en
direction de Bar-le-Duc, toujours à travers cette riche plaine de
Champagne (céréales et betteraves…) qui vit transiter tant
d'envahisseurs. L'absence de tout obstacle naturel suffit à
expliquer les innombrables batailles qui pointent sur chaque pli
de la carte que nous traversons : Fontenoy, Azincourt, Valmy,
Montfaucon, etc. Une pancarte au bord de la route toute droite
indique même le "camp d'Attila" où aurait eu lieu la fameuse
bataille des Champs Catalauniques. En fait les recherches ont
montré qu'il s'agirait plutôt d'un oppidum celte comme celui de
Bibracte, capitale de l'une des nombreuses tribus gauloises qui
peuplaient la Gaule au temps de Jules César. Un bref arrêt nous
permet de grimper sur le talus circulaire et boisé entourant une
vaste dépression où se situait l'agglomération antique, sans
qu'aucun relief ou vestige ressorte du champ de blé récolté.
La route toute droite se poursuit, empruntant sur une longue section le trajet de l'ancienne voie romaine, à travers une plaine de culture extensive, légèrement ondulée que la route affronte d'aplomb, sans virage ni pont. En approchant de Bar-le-Duc et dans la lumière qui descend, nous bifurquons sur la petite vallée de l'Ornais un peu plus pittoresque et bocagère, pour aller souper au bord du canal à Mussey, à côté de deux house boats hollandais amarrés. Mais la proximité d'une grande ligne de chemin de fer (6 trains s'y succèdent en 30 minutes !) nous dissuade d'en faire notre bivouac. Nous repartons donc, passons Bar-le-Duc et allons installer nos pénates sur la petite place du Monument aux Morts de Longeville-en-Barois, dans un calme presque total accentué et troublé seulement par une grosse pluie d'orage qui rafraîchit enfin l'atmosphère.