Virée en France en été 99



Monique et Jean-Paul MOUREZ à bord de l'Aigle



1. La Route des GRANDES ALPES, de LYON à BRIANÇON


Notre itinéraire sur le Route des Grandes Alpes
L'itinéraire «officiel» de la Route des Grandes Alpes



Dimanche 11 juillet 1999 : d'OUTREMONT à MIRABEL

Départ - faux départ en fait - d'Outremont en fin d'après-midi dimanche le 11 juillet, accompagnés par Roger Demeule à Mirabel. On nous y apprend en cours d'enregistrement des bagages que notre vol sera retardé jusqu'à demain aux aurores (6:00), notre avion étant demeuré pour réparations en Irlande… Comme nous avons laissé le camion en cours d'aménagement à Ste-Marthe sur le Lac pour l'été, impossible de retourner pour si peu de temps à Montréal. Nous en serons quitte pour passer la nuit à l'hôtel de l'aéroport.

Lundi 12 juillet 1999 : MIRABEL

Levés à 6:30 pour un petit déjeuner déjà retardé à 7:30, on nous apprend alors que le départ est maintenant prévu pour 17:30 ! Cette fois c'en est trop, et nous décidons de rentrer coûte que coûte à la maison où nous avons de toute façon oublié plusieurs effets. Bus, métro… nous retrouvons notre appartement bien rangé vers 10:00. Fignolage de la "mise en veilleuse" pour l'été, lecture, repas, nous reprenons le chemin de Mirabel à 15:30 pour cette fois décoller comme prévu à 17:30, mais avec une journée de retard !

Vol sans surprise dans un gros Airbus A 310 assez silencieux mais où, comme d'habitude, nous sommes entassés comme des sardines. La nuit passe à la lecture de l'un des derniers romans de Pennac "Messieurs les enfants" dont j'apprécie une autre fois la verve coutumière.

Mardi 13 juillet 1999 : de MIRABEL à SAINTE-FOY-LÈS-LYON

Dans le vieux Lyon
Dans le vieux Lyon

Arrivée à Satolas vers 8:00, après seulement 6:30 d'envolée, la plus courte jamais subie entre Montréal et Lyon. Nous avons le temps de gagner Sainte-Foy, de déballer nos bagages, de prendre une douche puis de faire une bonne sieste avant de redescendre à la Part-Dieu chercher Maman qui arrive à 12:35 par le TGV du Havre. Les sens uniques, détours ou déviations causés par les innombrables travaux de voirie forment un incroyable casse-tête pour qui ne connaît pas la ville, mais nous arrivons quand même à temps pour accueillir Maman sur le quai.

L'Aigle fonctionne très bien malgré son petit air penché dû à l'affaissement du ressort avant droit. De retour à Sainte-Foy, petit marché au Casino du coin puis piquenique dans la grande maison vide et fraîche. Nous passons la fin de l'après-midi à échanger avec Maman, je mets en route quelques petites réparations dans l'Aigle. Pendant la soirée nous visionnons un court métrage japonais sur Gabriel Veyre, opérateur des frères Lumières, un cadeau de Philippe Jacquier qui a contribué au tournage.

Mercredi 14 juillet 1999 : SAINTE-FOY-LÈS-LYON

Suite du ménage dans l'Aigle, je rince les réservoirs, nettoie tablettes et placards… Jehanne arrive en fin de matinée avec Nicole et les deux filles de Sébastien. Repas animé par les réflexions des demoiselles fort vives et délurées… L'après-midi passe en rangements de la chambre, inventaires, conversations avec les unes et les autres. Monique va conduire les filles à la gare, Maman s'installe à lire dans le jardin. Nous parcourons quelques albums de photos familiales et pour finir nous couchons tôt, encore affectés par le décalage horaire.

Jeudi 15 juillet 1999 : SAINTE-FOY-LÈS-LYON

Réveil tard après une mauvaise nuit (décalage horaire pas encore compensé, matelas très mou auquel nous ne sommes pas habitués…). Nous avons juste le temps de déjeuner puis de sauter dans l'Aigle avant de reconduire Maman au T.G.V. de 12:40 à la Part-Dieu. Monique qui me guide s'emmêle encore un peu dans les sens uniques pour franchir Saône et Rhône, le suspens s'installe avec le décompte des minutes jusqu'au départ du train, mais nous arrivons juste à temps devant la gare en empruntant un sens unique réservé aux taxis…

Gagnant ensuite Saint-Priest, nous passons tour à tour chez Sublet puis chez Pithioud pour nous procurer une nouvelle batterie stationnaire destinée à l'Aigle et commander les pièces du futur cabinet de toilette du Guépard.

De retour en fin d'après-midi à Sainte-Foy, nous y retrouvons Jehanne un peu mal en point qui dit souffrir de la vésicule biliaire. Monique lui tient compagnie dans sa chambre où elle se repose pendant que je complète les niveaux de l'Aigle et recolle les poignées des fenêtres. Durant cette soirée tranquille nous achevons de ranger dans les placards vêtements et autres effets.

Vendredi 16 juillet 1999 : SAINTE-FOY-LÈS-LYON

Lever tard (encore une fois !) puis marché à Continent pour remplir la cambuse de l'Aigle bien dégarnie. Après le déjeuner avec Jehanne qui va mieux, nous allons visiter Sophie dans sa maison en construction au dessus de la vallée du Rhône juste avant Condrieux. Depuis la future terrasse encore à l'état d'ébauche s'étend une très belle vue, devant la vaste maison dont le gros œuvre est déjà terminé. Le rez-de-chaussée est splendide, vaste et très haut de plafond (2,90 m) mais les chambres à l'étage nous en semblent d'autant plus exiguës. La rapidité des travaux et la simplicité des techniques employées rassurent Monique sur la possibilité de construire notre propre future résidence en France…

De retour à Sainte-Foy, souper, derniers rangements dans notre propre demeure roulante, mise en ordre de la maison pour le départ de demain. Je commence à enlever les vis de fixation du lanterneau du cabinet de toilette qui ont rouillé en causant des fuites, et à les remplacer par de nouvelles en acier inoxydable apportées tout exprès de Montréal.


Samedi 17 juillet 1999 : de SAINTE-FOY à BEAUVOIR-DE-MARC (153 km)

À 9:00 Jehanne quitte la maison avec Sophie qui la reconduit à Annecy. Je me lève un peu plus tard après une autre nuit misérable. Après ablutions et petit déjeuner, nous sommes fin prêts à 11:00 pour le départ vers Fareins. Il fait beau et même assez chaud, le moteur tourne rondement. Joyeux accueil de René-Pierre et Jocelyne qui préparent un barbecue sur leur terrasse fleurie, devant le terrain tout garni d'arbres et d'arbustes. Leurs plantations ont maintenant bien poussé et forment un agréable tableau avec les hauteurs du Beaujolais en toile de fond. Fatigue et lassitude exprimées par la belle-sœur qui vient tout juste de terminer son enseignement et se sent à peine en vacances, fatalisme plein de sagesse du beau-frère face à une production mellifère imprévisible… et animation pleine de fantaisie de Perrine et Julie qui semblent profiter pleinement de leur congé. Le temps passe vite en leur agréable compagnie sur la terrasse ombragée, à l'abri du soleil qui a transformé notre Aigle en étuve lorsque nous repartons vers 16:00.

Retour à Lyon par le chemin des écoliers, en longeant la Saône jusqu'à Collonge au Mont d'Or où Monique tente de retrouver la maison de ses grands parents Boissier. Le peu d'indices conservés par sa mémoire et les changements probables au cours des 50 dernières années rendent nos recherches aléatoires et, finalement, infructueuses. Traversée de l'est de la ville par le périphérique pour prendre la direction de Grenoble par les petites routes. La moisson bat son plein dans les champs dorés autour de nous. La fraîcheur revient un peu lorsque nous gagnons les premières pentes du Dauphiné. Bivouac sur une éminence, devant une vieille église de pèlerinage isolée au dessus de la vallée à Beauvoir-de-Marc.

 

Dimanche 18 juillet 1999 : de BEAUVOIR-DE-MARC à la Grotte de LUIRE (119 km)

Vercors
Nuit fraîche et agréable devant notre petite église, mais réveil environné par les paroissiens venus assister à la messe dominicale… Nous levons le camp vers 9:00 pour continuer notre route vers Grenoble. La journée s'annonce belle mais chaude. Un peu avant d'arriver dans la capitale du Dauphiné, vers Sassenage nous bifurquons plein Sud vers les hauteurs du Vercors qui élèvent leurs barres calcaires verticales devant nous. 

Les lacets gravissant des pentes accentuées nous font gagner rapidement de l'altitude et un peu de fraîcheur sous les arbres des Gorges du Furon. Arrêt piquenique puis balade à pied dans la Gorge du Bruyant dont le cours rocailleux dégringole entre les pentes à pic et boisées de la montagne. Jean-Paul-au-bord-du-torrent Bruyant
Jean-Paul au bord du torrent dans la gorge du Bruyant

Pont en
                  Royan
Pont en Royans
Nous atteignons ensuite la large vallée de Villars-de-Lans et obliquons vers l'ouest dans les profondes Gorges de la Bourne franchies par le pont de la Goule Noire. Bref arrêt dans le village de Foranche aux pittoresques ruelles enchevêtrées et noyées dans les fleurs, puis traversée de Pont-en-Royans très pittoresque dont les maisons accrochées aux flancs de la montagne tapissent la profonde dépression de la gorge. Mais ses rues sont tellement envahies en ce dimanche qu'il est impossible de trouver une place pour stationner notre - relativement - gros véhicule.

Nous atteignons ensuite la large vallée de Villars-de-Lans et obliquons vers l'Ouest dans les profondes Gorges de la Bourne Notre itinéraire emprunte maintenant la vallée profonde de la Vernaison dont nous longeons les gorges, d'abord par les Petits Goulets, puis via les Grands Goulets, passages très étroits où la route s'accroche ou se creuse au flanc du rocher à pic, sous des surplombs inquiétants et de courts tunnels. Sous les surplombs des Grands Goulets
Sous les surplombs des Grands Goulets

Route des Grands Goulets encastrée à flanc de
                  montagne
Route des Grands Goulets encastrée à flanc de montagne
Gorge des Grands Goulets
Gorge des Grands Goulets

Tunnel dans les
          Grands Goulets
Tunnel dans les Grands Goulets

Vernaison
Vallée de la Vernaison

Le cours de la Vernaison se poursuit par une vallée assez large et dans la fraîcheur relative du soir qui commence à descendre. Passé la Chapelle-en-Vercors, nous commençons à chercher un bivouac tranquille que nous trouvons sur le grand parking désert  de la grotte de la Luire, haut lieu de la Résistance niché à la base de la forêt du Vercors. Souper et lecture pour Monique pendant que j'achève de remplacer les vis rouillées du lanterneau du cabinet de toilette. La nuit s'annonce extraordinairement paisible et silencieuse.

Lundi 19 juillet 1999 : de la Grotte de la LUIRE à la CHAPELLE-EN-VERCORS

 Si notre nuit se déroule effectivement dans le plus grand calme et sans aucun ennui, au matin il nous est impossible de redémarrer. Pensant avoir noyé le moteur, je démonte les bougies, brosse les contacts du distributeur, mais rien n'y fait, je dois finalement me résoudre à appeler une dépanneuse. Le garagiste arrive à 13:45, et s'avoue lui aussi incapable de nous faire repartir. Il ne reste qu'à hisser l'Aigle sur la plate-forme de la remorqueuse pour retourner à la Chapelle-en-Vercors où notre aimable mécanicien tient garage. À notre train de sénateur, j'ai tout le temps d'admirer une autre fois la belle vallée de la Vernaison jusqu'au débarquement devant la station service Renault. Au bout d'une heure, le rupteur du distributeur est remplacé mais il faudra attendre demain l'arrivée d'un nouveau condensateur… Au moment d'aller prendre nos quartiers au dessus du village pour la nuit, deuxième blocage du moteur qui refuse de repartir. Le garagiste conclut qu'en l'absence d'un bon condensateur, l'allumage ne peut s'effectuer correctement, et qu'il faut donc attendre l'arrivée de la pièce en question demain matin pour résoudre notre problème.

En tout état de cause, nous redescendons la petite côte au point mort pour nous installer sur la rue adjacente au garage, étroite et peu fréquentée, où nous passerons la nuit.

Mardi 20 juillet 1999 : La CHAPELLE-EN-VERCORS (0 km…)

La-Chapelle-en-Vercors-l'Aigle-en-panne
L'Aigle en panne à La-Chapelle-en-Vercors
Dès 9:00 le mécanicien change la pièce arrivée aux aurores, mais au moment de lancer le moteur, il est tout aussi incapable d'obtenir le moindre toussotement. Questionnement, inquiétude, je prends soudain conscience du silence de la pompe à essence lorsque je mets le contact. Effectivement les bougies demeurent absolument sèches car l'essence ne se rend pas du réservoir au carburateur. Le fusible étant en bon état, le diagnostic tombe rapidement : la pompe électrique est défectueuse et doit être changée. Durant la fin de la matinée, le mécanicien démonte la canalisation d'évacuation des W-C. puis le réservoir d'eaux usées pour décrocher le réservoir à essence et atteindre enfin la pompe immergée qui se montre capricieuse lors du test… Il ne reste plus qu'à en commander une neuve qui sera livrée demain en fin de matinée !

Nous sommes un peu découragés par cet autre délai mais devons subir ce nouveau contretemps en tâchant de rendre ce séjour forcé le plus agréable possible. Après un rapide pique-nique et avoir branché le chargeur de batterie (nous sommes aux 3/4 à l'ombre et notre panneau solaire débite trop peu pour alimenter le frigo et maintenir la charge de la batterie neuve) nous partons faire une balade dans le village.
Une allée de tilleuls forme promenade au dessus de la piscine, l'église se révèle sobre et sans grand caractère… l'hôtesse du bureau du tourisme nous propose un petit circuit à pied autour du village. Le premier kilomètre se parcourt assez allègrement sous le grand soleil et il offre des vues agréables sur la campagne et la montagne alentour, mais la chaleur a bientôt raison de l'énergie de Monique. La-Chapelle-en-Vercors-Jean-Paul-devant-la-fontaine-du-Jardin-public
La-Chapelle-en-Vercors : Jean-Paul devant la fontaine du Jardin public

La-Chapelle-en-Vercors : Monique et sa baguette
La-Chapelle-en-Vercors : Monique et sa baguette
Elle profite d'une erreur de parcours qui nous ramène vers le centre du village pour renoncer à la balade et préfère plutôt traîner sur la place aux tilleuls où, assis sur un banc, à l'ombre et à la fraîcheur, nous passons la fin de l'après-midi à observer le spectacle de la rue.

En rentrant à notre campement improvisé sur la rue, un peu de lecture, relevé des dimensions intérieures de l'Aigle puis un bon souper… Le temps semble long lorsqu'on est ainsi désœuvré et à court de ressources. Dans le crépuscule, une dernière petite marche de santé en direction des ruines du château (insignifiantes car il a été rasé jusqu'aux fondations) tourne court car nous désirons nous coucher tôt.

Mercredi 21 juillet 1999 : de LA CHAPELLE-EN-VERCORS à MONTMAUR (119 km)

Nous faisons la grasse matinée, faute de projet pour cette autre journée d'attente… Puis je lave les vitres et nous faisons vaisselle et ménage, en attendant l'arrivée de la pompe vers 11:00. Le mécanicien la met en place, nous calons provisoirement le réservoir déposé, je tourne la clé de contact… et après quelques toussotements inquiétants le moteur démarre pour de bon ! Mais il est déjà midi et en France la pause déjeuner entre 12:00 et 14:00 est sacrée. Notre mécanicien nous quitte donc, nous passons à table pour un rapide pique-nique et je tue le temps en remontant la serrure de la porte à glissière qui avait été forcée à Amsterdam l'été passé. Enfin notre homme se remet à l'ouvrage et vers 15:30, après un dernier essai concluant, nous sommes prêts à régler la facture (heureusement moins lourde que nous ne le craignions) et à réclamer la prise en charge du remorquage par l'assistance. C'est pour constater alors que notre courtier, malgré tous les courriers échangés et les cartes ou lettres qu'il nous a envoyé (AGF Service, etc.) n'a pas inscrit cette option dans notre contrat… Téléphone au siège social à Paris, puis au courtier, rien n'y fait, nous devons payer immédiatement la totalité de la facture, quitte à décider plus tard si nous pouvons continuer à faire confiance à cet assureur…

Plein d'eau, mise à pression des pneus, tout étant apparemment en ordre nous pouvons enfin reprendre notre itinéraire si malencontreusement interrompu. Nous remontons à nouveau la large vallée de la Vernaison jusqu'au Col de Rousset à 1 367 m pour redescendre ensuite vers Dié par une longue suite de lacets. Nous voici maintenant dans les Alpes du Sud, beaucoup plus sèches et méditerranéennes, donc aussi sensiblement plus chaudes. Nous suivons alors la vallée de la Drôme toute envahie par les cultures fruitières. Bref arrêt à Claps, au Saut de la Drôme, où un énorme éboulis de gros rochers a barré le cours de la rivière pour créer un petit lac aménagé en parc avec baignade. Rousset
Rousset

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Col de Gabre : Jean-Paul au pique-nique
Puis le paysage devient plus sauvage, nous quittons la Drôme pour escalader le Col de Gabre (1 180 m). Le soir descend, nous commençons à chercher un bivouac. Un tour dans le centre d'Aspres/Buëch nous montre un charmant vieux bourg aux vieilles maisons pleines de caractère même si souvent en mauvais état, et nous fait découvrir sur une placette abritée par de gros platanes une douzaine de longues tables aux nappes blanches autour desquelles sont rassemblés les habitants qui célèbrent la fête du village.

Un peu plus bas, sur une autre place, la fête foraine avec manèges et flon-flons s'apprête… Nous irons chercher la paix nocturne un peu plus loin, dans la vallée du Petit Buëch entourée de montagnes sèches, un peu à l'écart de la grande route, dans le vieux village de Montmaur. Nous nous y installons à la nuit tombante, sur un coin de gazon près du terrain de foot


Jeudi 22 juillet 1999 : de MONTMAUR au COL DE VARS (150 km)

Nuit très silencieuse quoiqu'un peu fraîche : nous sommes à 900 mètres d'altitude et le magnifique ciel bleu est tout dégagé au matin. Nous nous levons un peu tard et décollons vers 11:00 pour rallier Gap par une longue route dans la vallée de la Durance entourée de hautes montagnes (dont le Pic de Bure à 2 709 m) où l'on s'attendrait à voir quelques taches de neige... Gap nous semble une ville animée, mais un peu confuse où nous faisons le plein d'essence et complétons notre épicerie au magasin Leclerc local. Un mauvais réglage du carburateur (le ralenti, trop rapide, a été mal ajusté par mon mécano Renault qui a déréglé le carburateur VW) nous amène au garage VAG, mais tout est fermé entre 12:00 et 14:00.

Lac de Serre-Ponçon
Lac de Serre-Ponçon
Nous repartons alors vers le barrage de Serre-Ponçon. Les eaux bleues et vertes de son lac forment un superbe contraste avec le gris des grands rochers et le vert sombre des pentes du maquis et des forêts de pins qui l'entourent.

De nombreuses anses et diverticules d'eau émeraude s'enfoncent dans les anciennes vallées dont nous suivons le contour par des routes mouvementées qui offrent des panoramas magnifiques et constamment renouvelés. Aperçu sur le lac et une crique du Lac de
                Serre-Ponçon
Aperçu sur le lac et une crique du Lac de Serre-Ponçon

Aperçu sur le
                lec de Serre-Ponçon
Aperçu sur le lac de Serre-Ponçon
Serre-Ponçon : la chapelle sur son île
Serre-Ponçon : l'ancienne chapelle sur son île

Nombreux arrêts photo et vidéo bien sûr, jusqu'au barrage lui-même dont les masses de roches empilées impressionnent (c'est le plus grand barrage de type poids en France).  Barrage de Serre-Ponçon
Barrage de Serre-Ponçon

Serre-Ponçon : le vieux village au dessus du lac
Serre-Ponçon : le vieux village au dessus du lac
Plusieurs très belles vues surgissent depuis la route longeant le lac au sud, avant que nous nous enfoncions dans la vallée de l'Ubaye, elle aussi très pittoresque et accidentée.

Les nombreux campings échelonnés le long de la rivière et les centres de rafting ou de kayak en soulignent assez les attraits touristiques. vallee-de-l'Ubaye
Vallée de l'Ubaye

Vieux-pont-sur-l'Ubaye
Vieux pont de Lauzet sur l'Ubaye
Bref arrêt pour aller admirer le vieux pont romain de Lauzet qui franchit une gorge profonde de la rivière dans un site grandiose.

Pont-du-Chateet-sur-l'Ubaye
Pont du Châtelet sur l'Ubaye
L'Ubaye-a-Meolans
L'Ubaye à Méolans


À Barcelonnette nous admirons en passant plusieurs imposantes maisons bourgeoises entourées de grands jardins : on raconte qu'elle ont été construites fin XIXème par des natifs de la petite ville ayant fait fortune au Mexique avant de revenir passer leurs vieux jours dans leur ville natale… L'aimable garagiste d'une autre petite concession VAG (maintenant ouvert celui-là) remet en ordre notre carburateur à un coût très raisonnable (100 FF !) et procède à un nouveau calage de l'avance à l'allumage. Nous voilà parés pour attaquer les pentes accentuées de la Route des Grandes Alpes enfin rattrapée.

Nous continuons à remonter le haut cours de l'Ubaye dans un environnement désormais de type haute montagne puisque les cimes dénudées qui nous entourent avoisinent  maintenant les 3 000 m : Tête du Siguret (3 032 m), Grand Bérard (3 048 m). Le-cours-torrentueux-de-l'Ubaye
Le cours torrentueux du Haut Ubaye

L'Ubaye-a-St-Paul-d'Ubaye
L'Ubaye à St-Paul-d'Ubaye
Des ouvrages militaires jalonnent la vallée, comme le Fort de Tournoux ou la Redoute de Berwick. Superbe vue sur le village de Saint-Paul au sortir d'un petit tunnel avant d'aborder la rude montée du Col de Vars dont les pentes dénudées culminent à 2 111 m.

Le soir tombe, nous décidons de faire étape sur la vaste esplanade marquant le passage du col, auprès d'une dizaine d'autres camping-cars et fourgons ayant choisi le même espace grandiose pour bivouaquer.


Vendredi 23 juillet 1999 : du COL DE VARS au MONÊTIER-LES-BAINS (123 km)

Nuit très fraîche bien supportée grâce à notre gros duvet, d'autant plus que rien n'a troublé notre sommeil car le col demeure des plus paisibles durant la nuit. Les rayons du soleil nous atteignent vers 9:00 et me décident au lever sous un ciel tout bleu. Montée au-col de Vars
Montée au col de Vars

Sur la
                route du col de Vars
Sur la route du col de Vars
Douche, déjeuner, à 9:30 nous partons pour une petite balade à pied au dessus du col. Fleurs sauvages à profusion, grand troupeau de moutons un peu plus haut qui se signale par le tintement des clochettes accrochées au cou des brebis…

Le paysage est évidemment grandiose, encore sec et sans trace de neige, comme ceux que nous avons parcourus hier. La descente du col vers la station toute neuve - et quelconque - de Vars est accusée et fort longue, offrant elle aussi des vues impressionnantes sur les montagnes entre 2 500 et 3 000 m à perte de vue. Monique prend le soleil dans le col de Vars
Monique prend le soleil dans le col de Vars

Puis nous enfilons la combe du Queyras, verdoyante, qui suit le cours du Guil où plusieurs se lancent en kayak ou s'exercent à la nage en eaux vives. Détour vers St-Véran, la plus haute commune d'Europe comme le proclame un panneau à l'entrée de la route, sans mentionner que l'entrée du village perché (2 040 m) est réservée aux résidents et que les visiteurs doivent s'entasser dans un parking payant quelques centaines de mètres sous le bourg… Dépités, et trouvant par ailleurs peu d'intérêt à ce village alpin très ordinaire mais surexploité au plan touristique (souvenirs…), nous faisons demi-tour sans plus nous attarder, admirant au passage la Demoiselle coiffée, une grande cheminée de fée isolée sur une pente envahie par les sapins et, plus bas, le château de Queyras juché sur un éperon dominant la vallée du Guil.

Izoard-coureurs-cyclistes-du-Tour-de-France
Izoard : plaque commémorant les grands coureurs cyclistes du Tour de France
Nous bifurquons peu après sur la route du Col de l'Izoard, rendue fameuse par le passage annuel du Tour de France cycliste.

D'abord de pente modérée dans une vallée verdoyante et très cultivée, elle se met brusquement à grimper très raide au dessus du bourg de Brunissard. Nous arrêtons dans la boucle d'un lacet et prenons une heure de bain de soleil devant le magnifique paysage de haute montagne... Izoard-l'Aigle-sous-le-col
L'Aigle sous le col de l'Izoard

Les grands
                éboulis de l'Izoard
Les grands éboulis de l'Izoard
...avant de reprendre l'ascension du col jusqu'aux grands éboulis et pics rocheux de la Casse Déserte qui mérite elle aussi un autre arrêt prolongé tant est grandiose le spectacle de ses pentes dénudées et lisses.

Jean-Paul devant les éboulis de l'Izoard
Jean-Paul devant les éboulis de l'Izoard
Jean-Paul devant les éboulis de l'Izoard

L'ancienne route du col au pied des éboulis
L'ancienne route du col au pied des éboulis

Encore un effort et nous sommes dans le col qui offre lui aussi de magnifiques panoramas tant au nord qu'au sud. Autre petite balade dans le vent assez froid, puis une autre longue et vive descente sur une route étroite au mauvais revêtement nous amène à Briançon.

Porte de la
                ville forte de Briançon
Porte de la ville forte de Briançon
Je tiens à aller faire un tour dans la pittoresque vieille ville fortifiée, enserrée derrière ses remparts qu'édifia Vauban.

Certes sa Grande Rue pentue où coule une eau fraîche et limpide dans l'unique caniveau central est toute envahie par des boutiques à touristes, mais ses ruelles latérales et ses placettes beaucoup plus paisibles et bien restaurées rendent assez bien l'ambiance à laquelle on s'attend en ces lieux historiques. Je poursuis la balade sur les remparts et autour du château. Il couronne la ville ancienne en offrant des vues étendues sur la large vallée où s'étend progressivement la ville moderne, et sur la couronne de montagne entourant le site de la ville-forte. Briancon-citadelle-et-ville-close
Briançon : citadelle et ville close

Le cours animé de la Guisane
Le cours animé de la Guisane
En quittant Briançon, nous faisons quelques courses d'épicerie et le plein d'essence au Géant Casino sur la route de Grenoble que nous empruntons ensuite.

Puis une superbe route de vallée longe le cours de la Guisane, au pied des montagnes aux cimes enneigées (la Condamine, 2 939 m).

Nous passons Monêtier-les-Bains et allons bivouaquer en contrebas de la route, le long de la rivière, dans des champs où sont dispersés quelques dizaines d'autres camping-cars et campeurs, au pied du Pic des Agneaux (3 663 m) blanchi par la neige et le glacier d'Arsine. L'Aigle au bivouac dans la vallée de la Guisane
L'Aigle au bivouac dans la vallée de la Guisane



2. Route des GRANDES ALPES, de VALLOIRE à ANNECY


Samedi 24 juillet 1999 : de la Vallée de la GUISANE aux Forts de l'ESSEILLON (111 km)

L'Aigle au bivouac au pied des montagnes
L'Aigle au bivouac au pied des montagnes
Le bruissement du torrent joue les musiques de fond pour notre excellent sommeil en pleins champs.

Lever au grand soleil passé 9:00 pour attaquer bientôt l'escalade du Col du Lautaret en remontant le cours de la Guisane. Dans le col, autour de nous, paysage alpin de hautes montagnes avec crêtes dénudées et acérées, et glaciers dispersés sur les sommets. Vallée de la Guisane
Paysage alpin autour du col du Lautaret

Jean-Paul devant l'Oratoire du Châtelet au dessus
                de la Meije
Jean-Paul devant l'Oratoire du Châtelet
Avant de nous attaquer aux fortes pentes du Galibier, nous préférons aller contempler le panorama*** de La Meije, les pics voisins et leurs glacier depuis l'Oratoire du Châtelet.

Petite balade à pied, histoire de prendre le soleil mais aussi de profiter du paysage qui s'élargit jusqu'au Monêtier et la vallée de la Guisane au loin derrière nous. Jean-Paul devant l'Oratoire du Châtelet
Jean-Paul devant l'Oratoire du Châtelet au-dessus de la Meije

Les Terrasses
Les Terrasses
En revenant, nous explorons un peu le hameau des Terrasses où quelques masures ont été restaurées avec pittoresque autour du clocher roman de la petite église.

De retour au col du Lautaret - très lentement car la pente est forte et la chaussée étroite - nous prenons quelques jolies cartes postales dans les nombreux magasins destinés aux touristes qui se pressent en ce beau samedi de vacances, puis je fais un tour dans la Maison du Parc des Écrins installée dans l'ancien Refuge Napoléon. On y présente une exposition bien documentée sur les glaciers et sur la faune du parc. L'Aigle sur la route du col du Lautaret
L'Aigle sur la route du col du Lautaret au pied des glaciers

Jardin alpin du Lautaret
Jardin alpin du Lautaret
Jardin
                alpin du Lautaret
Jardin alpin du Lautaret

Mais la foule sur l'esplanade du col finit par lasser, aussi préférons-nous attaquer les premiers lacets du Col du Galibier pour nous arrêter devant le magnifique paysage et déjeuner. Col du
                Lautaret
Passage du Col du Lautaret

Les rudes
                épingles à cheveux du Col du Galibier
Les rudes épingles à cheveux montant au Col du Galibier
La montée ensuite est brève mais très raide (en 2ème voir 1ère dans les épingles à cheveux) jusqu'aux 2 646 m du col.

Decente
        du col du Galibier
Descente du col du Galibier

Balade à pied au dessus du passage pour mieux admirer le superbe décor alpestre, roc et neige, à 360°. Galibier-Monique-dans-le-col
Galibier : Monique dans le col

Valloire au creux de la vallée
Valloire au creux de la vallée
Puis longue descente avec passages à 14 % jusqu'à Valloire (1 430 m) dont je vais admirer seul le riche décor baroque de l'église XVIIIème.

Le clocher de Valloire
Le clocher de Valloire
Choeur de l'église de Valloire (XVIIIème)
Chœur de l'église de Valloire (XVIIIème)

Un
                beau chalet fleurie de Valloire
Un beau chalet fleuri de Valloire
Quelques kilomètres de route de haute vallée mènent au Col du Télégraphe (1 566 m) où le regard plonge sur la Vallée de l'Arc, sur la Maurienne, et sur les hameaux d'Albonne et d'Albonnette isolés sur les pentes forestières à l'ouest.

La vive descente reprend de plus belle jusqu'au fond de la vallée enfin atteint à St-Michel-de-Maurienne. Une vingtaine de kilomètres assez moches - chantiers d'autoroute, industries, chemin de fer - dans la vallée étroite et très achalandée suite à la fermeture du tunnel du Mont-Blanc incendié il y a 6 mois, et nous sommes à Modane pour un plein d'essence et quelques emplettes au Casino local. Les
                Aiguilles de Valloire
Les Aiguilles de Valloire

Les
                Forts de l'Esseillon en escalier
Les Forts de l'Esseillon en escalier
Le soir tombe, nous poursuivons vers l'est jusqu'à tomber sur l'extraordinaire spectacle des quatre forts de l'Esseillon qui, perchés sur des éperons en travers de la profonde vallée de l'Arc, barraient la route de l'Italie.

Nous arrêtons pour aller voir la première redoute qui exerçait un contrôle rapproché sur le chemin et dont la restauration est bien avancée puis, séduits par le calme du grand stationnement vide et paysager, décidons d'y passer la nuit. Plein d'eau sur le robinet du petit bâtiment de services bien aménagé. Fort de
                l'Esseillon
Le Fort de l'Esseillon et ses bâtiments étagés

Dimanche 25 juillet 1999 : des Forts d'ESSEILLON à TIGNES (91 km)

Journée bien remplie, qui commence par la visite guidée du Bastion Marie-Thérèse. C'est un exemple unique en France de fortification inspirée par les théories du Marquis de Montalembert (un concurrent de Vauban) avec le fameux Fort Boyard. Bâti par les Italiens au milieu du XIXème pour contrer une éventuelle invasion française au Piémont, il est en excellent état de conservation, en particulier ses souterrains aux voûtes impressionnantes dans lesquels nous entraîne notre guide bénévole (un médecin africain qui sort tout juste de l'université…). Partout ici comme dans les étages du bâtiment en fer à cheval, les murs épais sont percés de meurtrières ou de bouches à feu pour les canons. Les travaux de rénovation sont bien avancés, bien qu'il reste encore beaucoup à faire pour remettre les vieux murs dans leur état original… Un grand prix "Chef d'œuvre en péril" a déjà reconnu et récompensé la ténacité des sauveteurs de ces bâtiments laissés à l'abandon et promis à la ruine.

Nous décidons ensuite de gagner le deuxième composant de ce système défensif, le Fort Victor-Emmanuel, qui nous domine de l'autre côté du profond ravin creusé par l'Arc. Belle descente sous les pins odorants et ombreux jusqu'au Pont du Diable (la plus longue passerelle suspendue d'Europe !). Elle a été reconstruite et donne accès à la rive droite de la rivière coulant en bas très profond. Monique hésite un peu à s'engager sur le long tablier qui résonne sous nos pas tandis que des amateurs de sensations fortes, équipés de cordes, harnais et mousquetons, attaquent juste en dessous de nous la Via ferrata qui les mène dans l'à pic vertigineux jusqu'aux murs inférieurs de la forteresse loin au dessus de nous. Nous empruntons sagement le sentier, déjà bien assez raide pour nous, surtout lorsqu'il est exposé au plein soleil. Et de haltes en repos essoufflés, à l'ombre des pins et des chênes lièges accrochés aux pentes sauvages, nous finissons par atteindre l'ancien pont-levis depuis longtemps transformé en viaduc permanent à piliers de briques. Passé la salle des gardes vaste et trouée de meurtrières, nous nous engageons sous la voûte d'un large souterrain descendant vers les bouches à feu percées dans les soubassements du bâtiment, juste à l'aplomb du canyon sur l'Arc. C'est pour voir émerger de ces anciennes embrasures les grimpeurs aventureux croisés près du pont, après leur parcours audacieux mais sans réel danger au dessus de la gorge. Les canons ne sont plus là, libérant la vue sur le paysage de la sauvage vallée de l'Arc.

Vue vers le bastion Marie-Thérèse depuis le fort
Vue vers le bastion Marie-Thérèse depuis le fort Victor-Emmanuel
Vers l'Est elle s'élève dans les sapins jusqu'aux hauts rocs dénudés formant frontière avec l'Italie, tandis qu'au Sud on domine l'ouverture en fer à cheval vulnérable du Bastion Marie-Thérèse, et qu'à l'Ouest on aperçoit une partie des installations de la soufflerie géante d'Avrieux/Auvrois. Même point de vue quoique plus dégagé depuis la place d'arme dallée au dessus de sa citerne, en avant du bâtiment de commandement dont on commence à peine la restauration.

La visite s'arrête donc là, puisque des clôtures et avertissements de danger barrent tous les accès vers les bâtiments de la forteresse étagés sur l'éperon. La descente jusqu'au Pont du Diable est infiniment plus facile, comme la remontée à l'ombre des grands arbres jusqu'au stationnement où nous attend notre Aigle. Nous y mangeons un morceau et reprenons la route vers le nord.

À Lanslebourg nous quittons la route du Mont Cenis pour commencer à longer les pentes du Parc de la Vanoise et attaquer les première montées vers le Col de l'Iseran, un des plus beaux, des plus sauvages et le plus haut (2 770 m) de notre parcours. Lanslebourg
Lanslebourg

Vallée
            vers le col de l'Iseran
Vallée vers le col de l'Iseran

Fond
            de la vallée au dessus de Bonneval
Fond de la vallée au dessus de Bonneval

Bonneval-le-village-blotti-dans-la-vallee
Bonneval : le village blotti dans la vallée
Vieux chalets de Bonneval
Vieux chalets de Bonneval

Torrent
                    sur la route de l'Iseran
Torrent en montant vers l'Iseran
L'Aigle sur la route du col de l'Iseran
L'Aigle sur la route du col de l'Iseran

Route de l'Iseran
Glacier le long de la route du col de l'Iseran
En
                      montant l'Iseran
En montant l'Iseran

Le temps très clair est magnifique et dévoile des vues étendues sur les deux côtés du col. Les lacets du col de l'Iseran
Les lacets du col de l'Iseran

Jean-Paul au belvédère de la Tarentaise
Jean-Paul au belvédère de la Tarentaise
Le panorama est plus beau encore au Belvédère de la Tarentaise où nous arrêtons en redescendant vers Val d'Isère et d'où la vue s'étend surtout vers les sources de l'Isère et le massif enneigé de Tsanteleina culminant à 3 606 m.

La célèbre station ne nous emballe guère, malgré une certaine recherche architecturale qui nous semble lourde et sans élégance (colonnes cylindriques de pierre devant plusieurs bâtiments). Nous passons rapidement pour nous enfiler dans les tunnels débouchant au dessus du Lac du Chevril formé par la retenue du barrage de Tignes.  Lac du
                      Chevril
Lac du Chevril


La Sassière, réserve naturelle
À l'orée de la réserve naturelle de La Sassière
Dans la lumière descendante, je cherche un aperçu sur l'énorme mur de béton vertical qui barre l'étroite vallée tout en songeant à trouver un point de chute pour la nuit. Avec un peu de difficulté, nous finissons par dégotter la toute petite route du Saut qui, par une suite ininterrompue de rudes épingles à cheveux, nous hisse jusqu'au stationnement à l'entrée de la réserve naturelle de la Sassière, à 2 400 m d'altitude. Bivouac à côté d'un autre fourgon, dans le silence total de la haute montagne, après une petite reconnaissance à pied dans la sauvage vallée suspendue.


Lundi 26 juillet 1999 : de LA SASSIÈRE à SAINT-JORIOZ (135 km)

En remontant la vallée de la Sassière
En remontant la vallée de la Sassière
Nous nous levons vers 9:00, tout environnés des voitures des promeneurs qui ont grimpé eux aussi jusqu'ici pour faire la balade jusqu'au lac de la Sassière à l'extrémité supérieure de la vallée ou jusqu'au glacier de Rhème-Golette un peu plus haut. Lever et déjeuner rapide; chaussures de marche aux pieds, nous leur emboîtons le pas par un petit sentier à vaches qui batifole dans l'alpage entre les rochers.

Même si le dénivelé demeure faible (150 m), notre progression pénible, en plein soleil, met vite en évidence notre pauvre condition physique… Nous arrivons enfin près de la retenue aménagée par l'E.D.F. pour recueillir les eaux s'écoulant des glaciers environnants. Le cadre est agréable, l'eau turquoise magnifique, la flore exceptionnellement riche. La Sassiere : Monique en balade
La Sassiere : Monique en balade

Une marmotte de la Sassière
Une marmotte de la Sassière
Pendant que Monique se repose, je traîne un peu, filmant en gros plan les petites touffes colorées qui m'accrochent l'œil, puis guettant les marmottes au flanc du chemin qui se poursuit dans un coude de la vallée menant au pied du glacier. Je finis par en apercevoir une qui prend l'air devant son trou puis une autre dressée sur ses pattes de derrière qui guette et siffle à répétition pour alerter ses congénères. Vue excellente aux jumelles, à la limite du filmable avec la vidéo, impossible à photographier avec notre petite boite automatique… Monique finit par me rejoindre en me pointant silencieusement du doigt deux jeunes marmottons jouant à se bousculer devant leur terrier au dessus du lac…

Nous prenons alors le chemin du retour, cette fois par la route de terre plus régulière et plus facile, le long de laquelle nous apercevons alors un groupe de bouquetins broutant loin au dessus de nous sur un névé abrupt. Le grand soleil et ma pâleur m'incitent à me dévêtir, si bien que c'est la peau rosée et le feu aux joues que nous retrouvons notre Aigle vers 14:30. Bout
                      de la balade vers le glacier à la Sassière
Fin de la balade vers le glacier à la Sassière

L'Aigle quitte son bivoauc à la Sassière
L'Aigle quitte son bivouac à la Sassière
Longue descente prudente de la petite route d'accès puis belle route de vallée le long de l'Isère jusqu'à Bourg-St-Maurice où la D 902 redevient très étroite pour grimper vers le Cormet de Roselend, à 1 968 m.

En montant, très beau panorama sur la profonde et étroite vallée de Versayen puis sur la vallée sauvage du Torrent des Glaciers où le soleil frappe presque à contre-jour la couverture de sapin garnissant le versant de la Terrasse (2 891 m). Nous dégustons dans le col quelques crêpes tout en présentant notre maisons roulante à deux grenoblois curieux et admiratifs. Puis commence une autre longue descente vers la vallée.
Le Torrent des Glaciers en allant vers
                            le Cormet de Rosselend
Le Torrent des Glaciers sur la Terrasse


La route contourne le lac de Roselend demeuré sauvage dans son cadre de forêts, puis s'enfonce dans le profond sillon du Défilé d'Entreroches, avant d'arriver à Beaufort, petite ville toute entière consacrée à sa spécialité fromagère.

Lac de
                      Roselend
Lac de Roselend
Lac de
                      Roselend
Lac de Roselend

La route finit par atteindre son plus bas niveau dans la vallée à Albertville. Quelques minute de pause au frais, à l'ombre des grands platanes bordant l'Isère; il fait encore très chaud, l'humidité ambiante s'est accrue au cours de notre descente, nous avons hâte de nous reposer dans un environnement plus paisible et frais.

Monique piquenique dans le port de St-Jorioz
C'est pourquoi nous ne nous attardons, reprenons la route de Faverges, large et rapide, puis celle de St-Jorioz où nous allons pique-niquer devant le petit port.

Le soir commence à tomber et avec lui la fraîcheur que nous goûtons devant le magnifique paysage de montagnes rosissant dans le soleil descendant, Tournette et Dents de Lanfon, tandis que quelques canards dansent sur l'eau entre les barques et les canots accrochés au quai à nos pieds. St-Jorioz : Jean-Paul piquenique sur le port
St-Jorioz : Jean-Paul piquenique sur le port

Vers 20:30 enfin nous gagnons le chalet où nous accueillent Jean, Mangala, Anne, son mari et ses enfants. Embrassades et longues conversations à bâtons rompus dans l'obscurité qui s'étend sur le lac jusqu'à la nuit noire. Nous nous endormons dans notre Aigle stationné sous le grand cèdre.




3. D'ANNECY à NANCY


Mardi 27 juillet 1999 : SAINT-JORIOZ

Lever tranquille, vie de famille. J'entreprends un lavage général de l'Aigle durant l'après-midi qui me mène jusqu'au souper, m'interrompant pour quelques conversations avec les uns ou les autres. St-Jorioz : Clement, Quentin et Justin
                    nourrissent les cygnes
St-Jorioz : Clément, Quentin et Justin nourrissent les cygnes


Mercredi 28 juillet 1999 : de SAINT-JORIOZ à RUMILLY (31 km)

St-Jorioz-Quentin-&-Justin-Boillon-au-volant-de-l'Aigle.
St-Jorioz : Quentin et Justin B. au volant de l'Aigle
Temps chaud et orageux durant cette journée qui se déroule paisiblement en famille; lecture pour Monique et petits bricolages pour moi. Jean me donne un mécanisme de fermeture de volet qui pourra servir à régler l'inclinaison du panneau solaire.

En fin d'après-midi, nous reprenons la route pour répondre à l'invitation à souper que Toutou nous a adressée. Route chargée jusqu'à Annecy où Monique réussit à retirer le carnet de chèque commandé à la succursale de la B.N.P. de Sainte-Foy, puis longues manœuvres dans la vieille ville pour gagner enfin la route des Bauges et Couty où nous attendent Toutou, Geneviève et Jean-Claude Genovèse. Repas joyeux  et animé, durant lequel Jean-Claude me fait part de ses expériences d'Internaute… Le sommeil arrive assez tard après cette excellente et longue soirée.


Jeudi 29 juillet 1999 : de COUTY à TOURNUS (161 km)
Petit déjeuner avec Toutou qui nous fait faire ensuite le tour de ses derniers travaux d'aménagement (plafond du garage, finitions de la chambre d'amis…) et nous esquisse ses projets d'aménagements paysagers lorsque le partage de la propriété sera achevé. Nous repartons en fin de matinée vers Tournus, en passant par Frangy, Bellegarde et Nantua, un autre itinéraire montagnard qui nous fait quitter les Alpes en douceur. Le relief disparaît à Bourg-en-Bresse et nous longeons la vallée  de la Saône pour arriver à Tournus en fin d'après-midi. Couty-Toutou-&-Monique-au-volant-de-l'Aigle
Couty : Toutou fait ses adieux à Monique dans l'Aigle

Tournus : jardin et maison de Jean-Louis et Odile
Tournus : jardin et maison en terrasse de Jean-Louis et Odile
Jehanne et Odile nous y font les honneurs de la maison, avant de nous emmener visiter les nouveaux bureaux de Jean-Louis nouvellement redécorés avec beaucoup de sobriété par son épouse. Très agréable repas sur la terrasse, devant le magnifique et champêtre paysage après l'arrivée de Jean-Louis. Celui-ci nous régale ensuite d'un concert improvisé sur son nouveau grand orgue de salon, un Allen "Protégé" qui restitue à merveille les sonorités baroques de Bach comme les élans plus romantiques de Boelmans ou Widor.

Les B. ont ensuite le plaisir de nous présenter la cassette vidéo du mariage d'Emmanuel et de Delphine, tournée par Thierry, mariage qui a eu lieu en juin dernier et auquel nous n'avons pu assister. Autre coucher tard, mais dans le plus grand calme et sous les étoiles, dans l'Aigle stationné dans la cour.


Vendredi 30 juillet 1999 : de TOURNUS à BIBRACTE (117 km)
Après petit déjeuner en famille, Jehanne nous entraîne en ville pour faire quelques courses et découvrir l'Hôtel-Dieu dont la restauration est bien avancée et qui vient d'être ouvert aux visiteurs.

Tournus-salle-des-malades-de-l'Hotel-Dieu
Tournus : salle des malades de l'Hôtel-Dieu
On peut donc admirer deux des trois salles de malades (celles des hommes et des femmes), la troisième, celle des soldats, étant encore en travaux ainsi d'ailleurs que la chapelle. L'enfilade des deux premières est déjà fort impressionnante : hautes, largement éclairées par de grandes baies ouvrantes, bordées de deux rangées de lits en noyer sombre surmontés de pots à feu sculptés dans le même bois. Lits clos, rideaux blancs, édredons rouge vif et haut plafond entièrement garni de caissons de bois sombre donnent un air de solennité à ce qui fut pendant quatre siècles un hôpital et un refuge pour les pauvres de la région, et le demeura jusque dans les années 1960, au moment où l'on construisit enfin à Tournus un hôpital moderne correspondant aux normes actuelles de soins médicaux.

De dimensions beaucoup plus modestes, la pharmacie ou apothicairerie est elle aussi remarquable car elle a conservé, outre son décor peint et tout son mobilier de rangement en bois doré, la totalité de ses vases et bouteilles médicinales. Pharmacie de l'Hôtel-Dieu de Tournus
Pharmacie de l'Hôtel-Dieu de Tournus

Pharmacie de l'Hôtel-Dieu de Tournus : pot à
              médicament
Pharmacie de l'Hôtel-Dieu de Tournus : pot à médicament
Il est donc facile de s'imaginer les bonnes sœurs de l'Ordre de Ste Marthe occupées à préparer onguents et autres décoctions en pesant puis pilant les ingrédients dans les balances aux plateaux de laiton poli ou dans les lourds mortiers de fer.

Il fait très chaud lorsque, ravis de cette passionnante visite prétexte à en savoir plus sur la conception que nos ancêtres avaient des maladies et des soins à donner aux malades, nous retrouvons Odile et Jean-Louis pour un autre agréable repas sur la terrasse. Après m'avoir entraîné dans sa cave et offert quelques bouteilles en souvenir de notre passage en Bourgogne, notre hôte accueillant retourne à son bureau achever sa dernière journée de travail avant ses vacances. Pendant que Monique profite de la machine à coudre de sa sœur pour avancer quelques retouches de couture, je vais m'asseoir devant le grandiose paysage et, bien protégé de la canicule par un arbre touffu, reprend la rédaction de ce journal interrompue depuis plusieurs jours.

À 16:00, lever du camp, nous réintégrons nos effets dans l'Aigle, faisons nos adieux à Odile et conduisons Jehanne à la gare de Tournus d'où elle doit regagner Annecy. Nous prenons ensuite la direction du nord-ouest pour nous rapprocher de la Normandie. La N 6, rapide quoique assez chargée, nous mène à Châlon/Saône où nous faisons quelques emplettes dans un Géant Casino avant d'emprunter la petite D 978 vers Autun. Pays de vigne (Mercurey…) aux villages cossus et soignés. À Autun j'arrête quelques instants devant la ruine du grand temple gallo-romain qui se dresse en dehors de la ville, puis une erreur d'aiguillage m'entraîne assez loin sur la N 81 vers le sud. Voulant reprendre notre direction nord-ouest, nous empruntons une pittoresque et sinueuse petite route rustique qui nous hisse sur le mont Beuvray, à 821 m d'altitude. Un grand musée moderne et des pancartes y signalent le site de l'ancienne Bibracte, oppidum et capitale des Éduens, un peuple celte d'abord allié de César qui se rallia à Vercingétorix lors de la résistance à l'invasion romaine et où finalement la conquérant vainqueur écrivit la majeure partie de sa Guerre des Gaules. Un grand champ calme où des campeurs Hollandais ont déjà planté leur tente nous servira de bivouac pour ce soir (il est déjà 19:30 et tout est fermé) en attendant la visite demain matin.

Samedi 31 juillet 1999 : de BIBRACTE à SAINT-JULIEN/CHER (218 km)

Monique sous un frêne aux formes alambiquées
Monique sous un frêne aux formes alambiquées
Aujourd'hui encore il fait beau et chaud, le temps idéal pour une excursion en forêt sur le site de l'ancienne métropole celte. Une navette nous emmène en haut du mont, par une toute petite route qui serpente sous les grands arbres. Elle franchit les deux enceintes de 5 et 7 kilomètres de circonférence qui encerclaient toute la partie haute.

Bibracte-grande-rue-de-l'oppidum-gaulois-dessin
Bibracte : grande rue de l'oppidum gaulois (dessin hypothétique)
Villa à la romaine
Bibracte : villa à la romaine

Nous pouvons alors suivre l'itinéraire qui redescend tranquillement vers le musée et fait découvrir au passage le beau panorama sur le Morvan depuis la Terrasse, puis les fouilles des différents monuments qui ont été ou sont en cours d'exhumation : villas de type romain dont les dimensions et la disposition nous font rêver, couvent franciscain du Haut Moyen Âge, bassins, maisons en bois reconstituée, porte ouverte à travers le rempart et reconstruite... Tout cela dans un environnement naturel protégé qui laisse la part belle aux grand frênes et aux pins. Ils couvrent maintenant tout le territoire de l'ancienne ville et leurs racines aériennes aux formes torturées indiquent la présence de pierres sous-jacentes, elles même vestiges de constructions antiques. Bibracte-Jean-Paul-au-pied-des frênes aux formes
                  torturées
Jean-Paul sous les frênes aux formes torturées

Le Musée de Bibracte
Le tout nouveau Musée celte de Bibracte
Une belle balade donc, qui s'achève aux portes du musée, un bâtiment d'architecture contemporaine très fonctionnel mais aussi vaste et éclairé, dont le deuxième étage présente les divers aspects de la culture celte, encore peu connue  faute de monuments durables en pierre et d'écriture, tandis que le rez-de-chaussée expose les résultats des fouilles pratiquées à Bibracte.

Si le matériel est relativement peu abondant et peu spectaculaire, la présentation et la qualité de l'information sont remarquables, tandis que les moyens muséographiques (audio guides, cartes animées, maquettes, bornes multimédia, vidéos, etc.) font tout pour capter et alimenter notre attention. C'est donc avec surprise que nous constatons l'heure tardive en regagnant notre Aigle : déjà 16:30 !

Un repas rapide et nous prenons la route, très vallonnée dans ce Morvan agricole et boisé où d'innombrables bovins blancs paissent dans les grasses prairies (il tombe plus de 2 m d'eau par an ici paraît-il ! ). Nous descendons ensuite vers Château-Chinon où nous retrouvons une campagne plus conventionnelle avec ses champs de céréales fraîchement moissonnées. La route file vers Nevers où nous traversons une première fois la Loire, puis Bourges atteint en soirée. Route rapide de vallée jusqu'à Vierzon où nous commençons à guetter un bivouac potentiel. Nous longeons le Cher, je propose de nous arrêter près de l'ancien canal du Berry au Mennetou. Si le pique-nique au bord de l'eau est encore une fois agréable, les lieux nous semblent beaucoup trop bruyants (circulation, train, discothèque du samedi soir…) pour y dormir. Nous franchissons donc le Cher vers le sud pour trouver le calme recherché à St-Julien/Cher, en face de Villefranche/Cher, sur un vaste stationnement désert devant l'église, un peu à l'écart du bourg.


Dimanche 1er août 1999 : de ST-JULIEN/CHER à CAEN (351 km)

Nuit des plus paisibles, qui s'achève dans la chaleur un peu lourde d'un début de journée ensoleillée en Pays de Loire. Pour une fois nous levons le camps relativement tôt (vers 9:15…) et poursuivons notre route paisible à notre train-train (je tente de maintenir la même basse consommation de carburant qu'à notre retour de Norvège l'an passé en ne dépassante pas les 85/90 km/h). En ce jour de grande permutation entre vacanciers partant et revenant, nous empruntons au maximum des petites routes qui constituent d'ailleurs l'itinéraire le plus court, comme listé sur le site web http://www.ismra.fr/pcc.html. Effectivement la circulation nous semble très raisonnable, et nous passons progressivement Romorantin, franchissons une deuxième fois la Loire à Blois, gagnons Vendôme puis la Ferté-Bernard. Une heure d'arrêt à Bellême pour faire le tour d'une foire à la brocante qui me laisse indifférent voire un peu dégoûté par toutes les horreurs qu'on ose y exposer et offrir à la vente. Monique apprécie davantage et me souligne la qualité de quelques meubles rustiques effectivement d'assez belle venue.


Après déjeuner nous poursuivons vers Séez, Argentan  puis Falaise où je tiens à aller visiter les château de Guillaume le Conquérant nouvellement restauré. Falaise-le-chateau-au-dessus-du-Val-d'Ancre
Falaise: le château au-dessus du Val d'Ancre

L'exposition consacrée à Richard-Cœur-de-Lion me laisse un peu déçu, faute de laisser suffisamment deviner la dimension humaine et psychologique de ce personnage à forte carrure historique et légendaire.

Falaise-grande-salle-du-donjon-reconstruite
Falaise : grande salle du donjon reconstruite avec son plancher de verre
Un guide disert nous présente l'histoire du bâtiment puis nous entraîne à travers ses différentes sections en soulignant les intentions de l'architecte restaurateur. Si j'apprécie beaucoup la restitution de la petite chapelle aux voûtes pures et aux étroites fenêtre regarnies d'albâtre translucide, tout comme les hautes baies géminées de la grande salle du donjon au doux crépis ocre, j'apprécie peu le plancher de dalles de verre qui m'insécurise et me donne un sentiment de fragilité là où, s'agissant d'une forteresse, je m'attends bien plus à me sentir en sécurité, à l'abri et protégé derrière de solides murailles bien plantées dans le roc.

Belle vue sur la ville depuis le haut de la Tour Talbot, elle aussi restaurée avec beaucoup de goût en son état ancien. Falaise-le-donjon-et-la-tour-Talbot
Falaise : le donjon et la tour Talbot

Il fait encore très chaud lorsque nous parcourons la plaine de Caen pour enfin stationner devant chez Maman à 18:00, comme annoncé. Chaleureuses retrouvailles, puis immédiatement nous filons à Hermanville saluer Gilles et Ginette qui profitent des dernières heures reposantes de ce week-end. Ginette nous semble encore bien faible, mais plus énergique que lors de nos derniers contacts téléphoniques. Nous passons une heure à bavarder et à échanger avec eux, avant de rejoindre Maman à Caen pour le souper et d'autres échanges qui nous entraînent tard dans la soirée.

Lundi 2 août 1999 : CAEN

En matinée je cherche un garage pour faire réparer le train avant déformé par un choc qui a désenligné la roue gauche. Pas de place chez Volkswagen qui m'envoie chez Laguerre Pneus, dans la zone industrielle de la Sphère, où le mécanicien, qui me semble sérieux, me propose réparation et changement des ressorts affaissés, et me donne rendez-vous le lendemain à 14:00.

Colleville-Anne-Marie-&-Monique lisent
              sur-la-dune-devant-L'Aigle
Colleville : Anne-Marie et Monique lisent sur la dune devant L'Aigle
Après le déjeuner vite expédié en pique-nique devant la plage de Colleville, je conduis Maman à Argentan où elle va assister à la messe d'enterrement d'une cousine Ringuenet. Pendant ce temps j'écris quelques pages de journal puis nous rentrons immédiatement à Caen.

En fin d'après-midi je vais faire un tour chez Castorama où je fouille un peu dans les rayons et achète un robinet d'évier pour le Guépard. En soirée les Hermanvillois nous reçoivent à souper. Ambiance chaleureuse, nous goûtons le plaisir de la rencontre, tous les sept rassemblés autour de la table ronde… Sentiment de la fragilité de ces trop rares moments où nous nous retrouvons, sans doute à cause de la maladie de Ginette. Retour à Caen avec Maman qui nous offre le grand lit de sa chambre. Je n'ai pas le cœur d'aller dormir au bord de la mer comme prévu, et nous appréciions tous deux le confort d'un grand lit que nous avons oublié depuis maintenant presque un mois. Avant de m'endormir, je fouille un peu dans la collection de diapos et retrouve avec intérêt une série de vues stéréo monochromes prises entre 1950 et 1952, en tâchant d'identifier les oncles, tantes et cousins qui y figurent.


Mardi 3 août 1999 : de CAEN à HERMANVILLE (113 km)

Levé assez tôt, je bouquine un peu en attendant le petit déjeuner avec Monique puis, vers 10:30, Maman nous entraîne jusqu'au magasin de tapis St-Maclou pour l'aider à choisit une nouvelle carpette à placer sous sa table de salle à manger. Pendant qu'elles examinent longuement les différents dessins et teintes susceptibles de convenir à son intérieur, je vérifie l'existence et les coût des tapis de sol en nylon et sur base de caoutchouc. J'en trouve un rouleau identique à celui que j'ai vu à Montréal avant mon départ, mais à un prix tout à fait prohibitif : 179 FF le m2, soit plus de quatre fois le prix canadien ! De même pour la moquette murale de l'Aigle dont le mètre linéaire en 150 cm de large coûte 270 FF… dans un motif très semblable à notre gris carrelé (Flottex). Maman et Monique finissent par jeter leur dévolu sur un tapis ocre jaune aux motifs vaguement sahariens.

Nous rentrons alors à la maison pour un déjeuner rapide avant que je parte au garage où l'on doit redresser le support de tirant de direction gauche avant de régler le parallélisme du train avant. Le mécanicien entame le travail à 14:30, à grand renfort de torche et de masse, dégage des parcelles d'asphalte coincées dans la ferraille depuis que le train avant de l'Aigle a labouré la chaussée - et s'est tordu) sur un quelconque "ralentisseur" dont les Français s'acharnent à baliser les rues de leurs agglomérations… Il finit par redresser la pièce et la repeint avant qu'un collègue procède à la permutation des pneus et ajuste le parallélisme. Je vais ensuite échanger mon robinet (trop court) chez Castorama pour un autre moins cher mais avec un col de cygne plus allongé, et croise Maman dans sa Saxo Citroën en quittant le grand magasin. Je la suis jusqu'au centre d'achat de Mondeville 2 où elle va reporter son tapis en fin de compte inadéquat et inutile, puis dans les magasins d'ameublement But et Conforama où, à l'instigation de Monique, elle choisit une étagère à assembler. Nous faisons le tour des deux magasins dont les styles mêlés et peu affirmés nous paraissent de loin inférieurs à ce qu'offre IKEA. De retour à la maison, souper, téléphone de Denis qui visite Bordeaux, appel à Gilles et Ginette que nous saluerons demain en partant. Puis nous passons à l'assemblage du meuble de Maman avant de lui faire nos adieux et de partir dormir à Hermanville au bord de la plage, sur une rue en impasse près de la Brèche.

Mercredi 4 août 1999 :d'HERMANVILLE à PONT-DE-L'ARCHE (143 km)

Déjeuner puis balade sur la plage avant d'aller passer un moment avec Gilles et Ginette. Celle-ci, toujours faible et découragée, passe un moment avec Monique pendant que j'accompagne Gilles seul dans son bureau où il me parle de son intention de modifier leur style de vie et me confie ses propres problèmes de santé (genou…) Avec un peu de peine et beaucoup d'affection, nous prenons congé et gagnons le magasin de Leneveu à Bénouville qui s'apprête à fermer (il est 12:00). J'y glane quand même quelques renseignements puis vide la toilette et fais le plein d'eau sur sa borne de service. Puis nous gagnons Caen Mondeville par l'autoroute pour aller faire le plein d'épicerie et d'essence au Continent. Tous réservoirs complétés et la cambuse remplie, nous prenons enfin la direction Est en rattrapant la route de Rouen à Troarn, après quelques errements sur les grands axes rayonnants autour de Caen. Ceux-ci sont épouvantablement envahis par d'horribles grands panneaux publicitaires aux couleurs hurlantes mais dénués de panneaux indicateurs visibles aux intersections, là où ils seraient pourtant bien plus utiles…

À notre train de sénateur nous quittons la plaine où les moissons tirent à leur fin pour nous enfoncer dans le verdoyant et humide Pays d'Auge. Vergers plantés de pommiers, petites maisons basses en brique… Arrêt à Pont-l'Évêque près de la rivière pour souper, un peu à l'écart de l'agitation touristique et de la préparation d'une autre foire à la brocante dont les gens ici semblent décidément très friands… Nous nous rapprochons de Rouen par d'agréables routes de campagne qui font découvrir jolies églises anciennes et manoirs ou châteaux imposants. Le temps se gâte brusquement, une pluie diluvienne s'abat sur la route en traversant la Risle à Pont-Audemer. Corneville, Bourg-Achard, Elbeuf…, nous rattrapons bientôt la vallée de la Seine à Criquebeuf, au sud de Rouen. Nous irons dormir au bord de l'eau à Pont-de-l'Arche, juste devant le terrain de camping, pendant que l'orage se déchaîne, révélant quelques autres fuites de notre coque de noix qu'il faudra bien colmater un jour…

Mercredi 5 août 1999 : de PONT-DE-L'ARCHE à PIERREFOND (197 km)

Nuit paisible sur notre grande place devant le camping et au bord de la Seine. Nous y dormons assez bien malgré l'orage en soirée et le bruit de la circulation sur le pont au matin. Après un coup d'œil aux jolies maisons bordant la rue derrière nous, nous traversons la Seine et nous retrouvons sur une petite route menant aux écluses d'Amfreville, au pied de la Côte des Deux Amants, visités lors de notre tour de Normandie en 1993. Notre petite route rustique suit la vallée de l'Andelle, passe à côté de l'Abbaye de Fontaine-Guérard dont je ne puis m'empêcher d'aller contempler le site charmant au fond de son vallon. Je dois cependant me contenter d'admirer de loin ses arcades pittoresques puisque le monument est fermé le matin. Pont-de-l'Arche : vieilles maisons normandes
Pont-de-l'Arche : vieilles maisons normandes

L'abbaye de Mortemer
L'abbaye de Mortemer
Qu'à cela ne tienne, nous faisons un autre petit détour dans les belles futaies de la Forêt de Lyons pour nous balader une bonne heure dans les ruines de l'Abbaye de Mortemer. Il ne reste pratiquement rien de l'abbatiale, et les bâtiments monastiques sont réduits à quelques pans de murs percés de sobres voûtes cisterciennes. Mais le site très champêtre, les beaux grands arbres soignés et les pittoresques étangs nous offrent beaucoup d'agrément.

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Mortemer : Jean-Paul dans le jardin de l'abbaye
Mortemer : Monique dans le jardin de l'abbaye
Mortemer : Monique dans le jardin de l'abbaye

Ruines
        de l'Abbaye de Mortemer : le cloître
Ruines de l'Abbaye de Mortemer

Au sortir de la forêt par d'autres toutes petites routes, nous retrouvons la plaine et ses moissons à perte de vue jusqu'au belvédère d'Ernemont la Villette qui surmonte de ses 203 m la "boutonnière" du Pays de Bray, un bocage très vallonné où la géologie très complexe a façonné une grande variété de terroirs : pâturages humides et verdoyants dans les creux, champs dorés de céréales s'étalant sur les pentes et boisés touffus sur les crêtes plus arides. Monique dégote sur la carte de toutes petites routes tortueuses et pittoresque qui nous mènent par monts et par vaux jusqu'à l'autre versant de la "boutonnière".

Beauvais n'est pas loin, où je prends quelques minutes pour refaire le tour du chœur de la cathédrale d'une hauteur si vertigineuse qu'il s'est partiellement effondré à plusieurs reprises, que la nef n'a jamais été complétée et qu'actuellement d'énormes étais de charpente semblent maintenir l'équilibre des hauts piliers à l'intérieur. À l'extérieur, un chantier des Monuments Historiques - peu actif à vrai dire - procède à des travaux de consolidation et de rééquilibrage des murs et contreforts… Passage à l'Office du tourisme pour m'enquérir des heures d'ouverture du château de Pierrefonds, notre prochaine étape. Puis dans la grosse chaleur du début d'après-midi, nous nous lançons dans la traversée de la plaine de Picardie, deux heures qui filent entre les champs de blé dorés et tondus et les champs de betteraves vert tendre et touffus, jusqu'à ce nous abordions les grandes futaies de la forêt de Compiègne.

Contournant la ville par le Sud puis empruntant de magnifiques grandes allées boisées, nous allons d'abord visiter la Clairière de l'Armistice près de Rethonde, là où le maréchal Foch reçut en 1918 les plénipotentiaires allemands pour signer l'armistice mettant fin à la Première Guerre mondiale. Beaucoup de photos et de plaques stéréoscopiques d'époque, des cartes et schémas explicatifs, un exemplaire du fameux wagon (l'original ayant brûlé en Allemagne en 1945) meublé avec un ensemble de souvenirs authentiques. L'évocation vaut le détour, sans avoir cependant l'impact qu'elle devait avoir avant 1939.

Une jolie route forestière longe ensuite les étangs de Saint-Pierre, un vrai paradis pour pique-niqueurs et pêcheurs, pour nous amener dans la vallée où niche le gros village de Pierrefonds, au pied des énormes superstructures de son château médiéval. Le soir tombe, une première tentative pour bivouaquer sur le stationnement au centre du village avorte car il nous paraît trop bruyant. Nous prenons alors un raidillon qui semble mener à l'esplanade devant l'entrée du château mais nous nous retrouvons plutôt au milieu des cultures, entre avoine et betteraves… où nous découvrons enfin le calme absolu recherché. Pierrefonds-le-chteau-restaure
Souhaité par Napoléon III et recréé par Viollet-le-Duc, le château de Pierrefonds, tel une miniature du XVème

À peine installés dans une entrée de champ, le propriétaire du terrain - et de la grosse maison voisine - nous aborde et nous autorise aimablement à demeurer pour la nuit. Bien plus, quelques minutes plus tard, il nous invite à venir prendre un rafraîchissement chez lui. Longue conversation dans leur luxueuse maison toute neuve, évocation de voyages… Nous rentrons souper et nous coucher fort tard, dans une fraîcheur relative plus supportable. Silence total.


Jeudi 6 août 1999 : de PIERREFONDS à LONGEVILLE-EN-BAROIS (216 km)

Pierrefonds-les-tours-du-chateau
Pierrefonds : les tours du château émergeant des arbres
Voilà bien longtemps que nous n'avions goûté nuit aussi silencieuse ! La chaleur s'est assez rapidement dissipée, nous avons fort bien et longtemps dormi, avant de parcourir les quelques mètres nous séparant du château de Pierrefonds.

Il est passé 10:00 lorsque nous grimpons le raidillon puis suivons la longue rampe passant au pied des remparts pour gagner l'entrée du château. Cette massive forteresse du XIVème, construite par Louis d'Orléans, avait été démantelée par Richelieu.

Il n'en demeurait que des ruines romantiques au XIXème lorsque Napoléon III demanda à Viollet-le-Duc de le reconstruire en lui laissant carte blanche pour en faire une "résidence secondaire impériale". Pierrefonds : ruines du château avant l'intervention
              de Viollet-le-Duc en 1855
Pierrefonds : ruines du château avant l'intervention de Viollet-le-Duc en 1855

Pierrefonds : cour Renaissance
Pierrefonds : grande cour Renaissance
Le grand architecte et créateur s'en donna à cœur joie, et s'il respecta assez bien l'apparence extérieure du château en restituant les six tours, la courtine et les divers ouvrages avancés, il donna libre cours à sa fantaisie pour la décoration des superstructures  (cheminées, faîtières, etc.) et surtout pour la recréation de la grande cour - Renaissance - et de la statuaire.

Pierrefonds-la-cour-et-l'escalier-Renaissance
Pierrefonds : la cour et l'escalier Renaissance
Pierrefonds: le Grand Escalier et son chevalier
Pierrefonds: le Grand Escalier et son chevalier

Pierrefonds: Monique dans la Grande cour
                      Renaissance
Pierrfonds : autre aspect de la Grande cour

Pierrefonds : les orants
Pierrefonds : les orants

Pierrefonds-la-Grande-Salle
Pierrefonds : la Grande Salle
Pierrefonds: la Grande Salle et sa cheminée
                monumentale
Pierrefonds : cheminée monumentale de la Grande Salle

Il en résulta un château fort de rêve, d'une grande richesse architecturale et décorative malgré son inachèvement. C'est avec grand plaisir que nous en suivons la visite guidée qui nous entraîne du donjon au chemin de ronde en passant par les grandes salles d'apparat et les chambres aménagées pour l'empereur Napoléon III et l'impératrice Eugènie. ierrefonds: autre cheminée dans la Grande Salle
Pierrefonds : autre cheminée dans la Grande Salle

Pierrefonds : autre Salle
Pierrefonds : autre Salle

Il fait très chaud lorsqu'en fin de matinée nous reprenons la route de plaine à travers la Champagne. Peu à voir à Soisson où je m'arrête quelques minutes dans la cathédrale pour en faire le tour intérieur et profiter de la fraîcheur relative de ses voûtes. Il ne reste que quelques vitraux, suite aux bombardements de 1914-18  qui ont détruit aux trois quarts la nef, seule une grande toile "Adoration des Mages" de Rubens me retient un peu, mais le tableau placé très haut échappe à l'analyse savante affichée sur le mur et à l'œil trop myope du visiteur…

Façade de la cathédrale de Reims
Façade de la cathédrale de Reims
La longue route en grande sections rectilignes reprend, toujours aussi chaude. Monique sommeille, aux prises avec une migraine et des nausées dues semble-t-il à la température. Plein d'eau sur le robinet du camping de Fisme, avant de poursuivre à 85/90 km/h vers Reims. Puis plein d'essence cette fois dans un Carrefour à l'entrée de la ville avant de gagner directement la cathédrale.

La célèbre façade étonne toujours, tant par son élévation (et malgré l'absence de flèches) que par le foisonnement des sculptures, surtout des personnages bibliques et historiques qui se superposent à partir du grandiose triple portail. Porche de la cathédrale de Reims
Porche central de la cathédrale de Reims

Reims-nef-de-la-cathedrale
Reims: nef de la cathédrale et grandes rosaces
À l'intérieur, la hauteur de la voûte est tout aussi impressionnante, les nombreux vitraux anciens préservés tout comme les quelques grandes verrières modernes accentuent l'atmosphère un peu solennelle presque secrète, qui sied si bien à ce monument qui vit le sacre de 34 rois de France depuis le baptême de Clovis en 486 jusqu'au sacre de Charles X en 1830.

 Nous faisons lentement le tour de la grande église, en appréciant les lignes élancées, les nombreuses sculptures, en goûtant le parfum historico-sacré qui semble sourdre des vieilles pierres, nourri par notre imaginaire d'écolier français… Reims-cathedrale-porche-cote-interieur
Façade intérieure du porche de la cathédrale de Reims

Reims
              : Vierge au Sourire
Cathédrale de Reims : Vierge au Sourire
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Cathédrale de Reims : Jeanne-d'Arc veillant dans la nef

La chaleur lourde s'abat à nouveau sur nous en mettant le pied la parvis, nous ne nous attardons pas et reprenons notre route vers le Sud-Est en direction de Bar-le-Duc, toujours à travers cette riche plaine de Champagne (céréales et betteraves…) qui vit transiter tant d'envahisseurs. L'absence de tout obstacle naturel suffit à expliquer les innombrables batailles qui pointent sur chaque pli de la carte que nous traversons : Fontenoy, Azincourt, Valmy, Montfaucon, etc. Une pancarte au bord de la route toute droite indique même le "camp d'Attila" où aurait eu lieu la fameuse bataille des Champs Catalauniques. En fait les recherches ont montré qu'il s'agirait plutôt d'un oppidum celte comme celui de Bibracte, capitale de l'une des nombreuses tribus gauloises qui peuplaient la Gaule au temps de Jules César. Un bref arrêt nous permet de grimper sur le talus circulaire et boisé entourant une vaste dépression où se situait l'agglomération antique, sans qu'aucun relief ou vestige ressorte du champ de blé récolté.

La route toute droite se poursuit, empruntant sur une longue section le trajet de l'ancienne voie romaine, à travers une plaine de culture extensive, légèrement ondulée que la route affronte d'aplomb, sans virage ni pont. En approchant de Bar-le-Duc et dans la lumière qui descend, nous bifurquons sur la petite vallée de l'Ornais un peu plus pittoresque et bocagère, pour aller souper au bord du canal à Mussey, à côté de deux house boats hollandais amarrés. Mais la proximité d'une grande ligne de chemin de fer (6 trains s'y succèdent en 30 minutes !) nous dissuade d'en faire notre bivouac. Nous repartons donc, passons Bar-le-Duc et allons installer nos pénates sur la petite place du Monument aux Morts de Longeville-en-Barois, dans un calme presque total accentué et troublé seulement par une grosse pluie d'orage qui rafraîchit enfin l'atmosphère.



II. De Nancy à Lyon
Accueil de Mon-Aigle

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