Arrivé à Lyon le jeudi 25 juin au soir en provenance de Montréal avec Mathieu, je retrouve à Sainte-Foy Monique et Juliette qui nous y attendent depuis quelques jours. Elles ont amené l’Aigle dans le jardin à l’arrière et nous consacrons une bonne partie du vendredi à tout mettre en ordre pour partir dans la soirée en direction de Rioms où doit avoir lieu samedi le mariage de sa nièce Sophie B.. Coucher en route dans un village auvergnat un peu après Thiers.
Le samedi matin 27 juin nous retrouvons toute la famille au restaurant pour le repas de midi auquel nous convie Jean B.. Puis nous gagnons le hameau de Marcillat pour les cérémonies à la mairie puis à l’église. La fête se poursuit fort tard dans la nuit autour d’un superbe buffet dans la grande salle des fêtes du village. Harassé par le décalage horaire et par tous les déplacements ininterrompus des trois derniers jours, je me retire tôt dans l’Aigle et tombe épuisé dans un profond sommeil. Vers 2:00 du matin, Monique, Juliette et Mathieu me rejoignent et nous allons finir la nuit sur le stationnement de l’hôtel loué par la famille aux portes de Rioms.
En fin de matinée nous retournons donner un coup
de main aux jeunes mariés, à leurs parents et à quelques amis qui
achèvent de ranger la salle de fête. Au début de l’après midi,
nous prenons tous quatre la direction du nord pour rallier la
Normandie. Après 250 km nous sommes à Loches, une quarantaine de
kilomètres avant Tours. Nous trouvons un bivouac acceptable dans
un beau jardin public fleuri tout près de la vieille ville et nous
y endormons tôt pour tenter de récupérer la fatigue accumulée au
cours des derniers jours.
Lundi 29 juin 1998 : de LOCHES à CAEN
Excellente nuit près de la rivière, au pied du château et de la ville médiévale parcourue hier soir à la brunante. Nous nous levons tard sous le grand soleil, Mathieu de mauvaise humeur comme toujours en camping...
Une longue route nous fait traverser Tours puis
Le Mans par des déviations et autoroutes peu évidentes, Alençon où
nous tentons vainement de rejoindre Madé, puis Argentan. À Falaise
nous allons jeter un coup d’œil au château de
Guillaume-le-Conquérant dont la restauration est quasi terminée.
Arrivée à Caen à 16:30 sous un ciel de plus en plus chargé. Maman
nous y reçoit chaleureusement puis nous allons accueillir à la
gare Sophie et Samuel qui arrivent de Toulouse. Nous y faisons la
bise à Gilles qui vient chercher sa fille avant d’aller nous
coucher tôt dans l’Aigle au bord de la plage d’Hermanville en
laissant Mathieu et Juliette chez Maman à Caen.
Mardi 30 juin 1998 : CAEN
Lever tard au calme, puis quelques courses à l’Intermarché, salutations à Gilles et Ginette en passant et plein d’eau. Déjeuner chez Maman avant d’emmener Juliette avec moi chez Leneveu à Bénouville. Nous y achetons un bouchon de réservoir d’eau en remplacement de celui perdu à Lyon et du liquide pour les W.-C., y visitons deux fourgons sur Fiat Ducato Swift et Westphalia – décevants – et retournons chez Gilles et Ginette où Mathieu installe Linux sur l’ordinateur d’Olivier.
En début d’après-midi, visite à Denis et
Françoise, avant de souper à Caen chez Maman et de visionner avec
elle un film Larousse sur le Kenya, commenté par Juliette qui
vient d'y faire un safari de 3 semaines. Nous dormons dans le
jardin derrière l’immeuble.
Mercredi 1er juillet 1998 : CAEN
Bonne et longue nuit pour un lever tardif à 10:30. En après-midi, je démonte partiellement le pot d’échappement qui résiste puis bricole une goulotte de remplissage à visser sur les bidons à eau qui nous servent de tiroir dans la soute. Quelques courses au Castorama, aller-retour chez Gilles pour bricoler, souper. En soirée je visionne le film du National Trust consacré aux jardins anglais que nous avions offert à Maman il y a trois ans, pendant que Mathieu sort avec Majda et que Juliette et Monique vont voir « Titanic ». Je vais dormir seul devant le garage VAG Autotechnic pour être prêt demain matin à l’ouverture de l’atelier.
Travaux d’aménagement, réparations et préparatifs
se poursuivent durant les trois jours qui suivent.
Samedi 4 juillet 1998 : de CAEN à NEUFCHATEL EN BRAY (184 km)
Bonne et longue nuit avec Monique dans l’Aigle
stationné derrière l’immeuble à Caen, puis aller-retour à
Hermanville pour conduire Mathieu, faire le plein d’eau et nos
adieux aux Hermanvillois. Au retour avec Juliette, nous faisons le
plein d’essence et nos dernières courses de produits frais dont
nous bourrons notre frigo au Champion de Lébisey. Adieux à Monique
et à Maman après une dernière discussion, puis nous arrêtons à
Vaucelles saluer Thomas, Denis et Françoise. Il est 18:00 lorsque
nous prenons enfin la route en direction des Îles Lofoten, au nord
de la Norvège.
Le moteur tourne rondement maintenant qu’il a été
bien réglé, les coffres sont pleins, le camion bien lesté
s’inscrit lourdement dans les virages de la petite route longeant
l’autoroute qui mène à Rouen. Embarras à la sortie de Caen,
traversée des marécages de la vallée de la Dive. Riches fermes du
Pays d’Auge aux bâtisses de briques dans l’ensemble soignées.
Enfin nous arrivons à Rouen embrumé et empuanti par les fumées de
ses industries. Nous franchissons la Seine près de la cathédrale
puis retrouvons la verte campagne normande en regagnant la plaine
du Pays de Bray. Bivouac à Neufchâtel sur une rue écartée en
impasse.
Dimanche 5 juillet 1998 : de NEUFCHATEL à COUTICHES (238 km)
Abbaye de Valloires |
Un peu déçus, nous repartons pour
rejoindre l’abbaye cistercienne de Valloires et ses
jardins. Au bout d’une jolie vallée plantée de peupliers
apparaissent les bâtiments bien conservés. Nous en
négligeons la visite pour nous diriger plutôt vers ses
jardins aménagés en 1982. Agréable parcours d’abord du «
cloître végétal » puis des « îles », des bosquets entourés
d’une mer de gazon, qui abritent toute une variété
d’arbres et d’arbustes regroupés par thématique. La balade
s’achève dans la roseraie installée dans l’ancien jardin
clos (le potager ?) du couvent, juste au pied des
bâtiments monastiques. Si les diverses chambres et autres
décors s’inscrivent fort bien dans le relief et le
paysage, en revanche le temps très gris et le peu de
développement de beaucoup d’arbres déçoivent un peu. Et
puis les fleurs et leurs couleurs semblent trop rares et
un peu perdues dans ces immenses pelouses soignées.
|
Départ à 16:15 vers le nord et la Belgique avec
un long arrêt sur les deux places anciennes d’Arras: la Grand
Place, majestueuse mais déserte, et la Place des Héros devant
l’Hôtel de Ville, plus intime et vivante mais envahie par de
grandes estrades métalliques en construction destinées à un
prochain jeu Interville… Juliette trouve ces vieilles villes bien
mortes et l’ambiance manque de pittoresque. Finalement notre route
file encore vers le nord jusqu’à ce que nous faisions halte à
quelques kilomètres de la frontière en direction de Tournai, dans
le village de Coutiches, sur le même stationnement du petit
lotissement où nous nous étions arrêtés Monique et moi au
printemps 1997. Bivouac paisible à l’écart de la grande route, au
milieu des champs de maïs et des vaches.
Lundi 6 juillet 1998 : de COUTICHES à ARNHEM (348 km)
Nuit tranquille et réveil matinal à 8:00 pour décoller à 9:00. Nous sommes très vite en Belgique, après un arrêt au dernier Intermarché français avant la frontière pour acheter une carte du Bénélux (impossible de remettre la main sur les cartes de la Belgique et de la Hollande laissées à Lyon ou à Caen ?). Je profite de notre passage à Tournai pour aller revoir la Grande Place maintenant dégagée et agrémentée d’une double rangée de jets d’eau qui seraient rafraîchissants si le temps n’était aussi couvert. Puis nous descendons jusqu’à la cathédrale dont Juliette admire l’extraordinaire nef romane et le beau chœur gothique.
Tournai : les 5 tours de la cathédrale N.-D. de Tournai |
Nef de la cathédrale N.-D. de Tournai |
Adoration des Bergers |
Présentation au Temple |
La Délivrance des Âmes du Purgatoire par Pierre-Paul Rubens |
Icône |
Antiphonaire |
Bas-relief |
Je profite aussi de ma connaissance du garage Volkswagen local et de son sympathique chef d’atelier (qui avait remplacé notre embrayage défectueux l’an passé à même époque) pour faire diagnostiquer la panne du phare avant droit. Il me reconnaît, se souvient de nos projets de voyage et trouve en quelques instants le connecteur défaillant derrière le porte-fusibles. Je repars rassuré lorsque nous quittons Tournai pour Bruxelles.
Sous la pluie, nous descendons jusqu’à la Grand Place. Hélas, comme à Arras elle est aussi envahie par des gradins jaunes qui la défigurent et empêchent d’admirer les extraordinaires façades sculptées. Foule, pluie intermittente, manque de vue et de perspective… nous traînons un peu en écoutant la répétition d’un grand orchestre symphonique sur la scène recouverte d’une tente, allons jusqu’au carrefour où trône le fameux Mannekenpis, achetons au passage des écussons autocollants puis remontons nous mettre à l’abri dans notre Aigle en traversant au passage les élégantes Galeries St-Hubert. | Bruxelles : la Grand-Place envahie par les estrades... |
Nous roulons toute la soirée sous la pluie sur
les autoroutes rapides pour aller dormir près d’Arnhem, sur le
stationnement à l’entrée du parc de la Haute-Veluwe, prêts à
parcourir demain matin les 10 km qui nous séparent du Musée de la
Fondation Kröller-Müller.
Mardi 7 juillet 1998 : d’ARNHEM à BREMEN (338 km)
Ciel toujours aussi variable et gris avec
quelques éclaircies entrecoupées de fines averses… Nous nous
levons tard en récupérant la fatigue de la route d’hier. Au moment
de prendre les billets, déception : on n’accepte pas les cartes de
crédit ici, il nous faut gagner la ville d’Arnhem à 12 km et y
trouver un guichet automatique. Cinquante kilomètres et une heure
demie plus tard, de retour (après bien des aléas) à l’entrée du
parc, nous y trouvons les quelques bicyclettes « blanches » (mises
à la disposition des visiteurs) restantes.
Dans le parc de la
Haute-Veluwe
|
Nous n’avons guère le
choix de nos montures, résultat : toutes les deux ont des
petites roues et l’une est pratiquement à plat, ce dont nous
ne nous apercevons qu’après quelques kilomètres de peine et
de misère à forcer sur nos pédaliers à une seule vitesse, le
long de la très belle piste cyclable qui traverse les dix
kilomètres de forêt, de lande de bruyères et de savane
presque africaine couvrant la quasi totalité du parc.
Heureusement les ondulations sont douces, le temps reste
frais et le superbe paysage de prairies couvertes de
graminées roses ondulant sous le petit vent compense pour
l’effort. |
Lorsque nous arrivons vers 13:00
devant l’admirable architecture moderne du musée niché
sous de grands arbres, c’est pour nous extasier devant
une collection époustouflante de peintures modernes
(Picasso, Braque, Juan Gris, Mondrian, etc.) et surtout
une superbe série de Van Gogh que je ne me lasse pas de
contempler et de filmer en détail, plusieurs tableaux
m’étant d’ailleurs inconnus.
|
Jardin des sculptures autour du Musée Kroller-Muller |
Fin de la jetée à Honfleur, par Seurat |
Portrait d'Eva Callimachi-Catargi, par Henri Fantin-Latour (1881) |
Marcel Duchamp ? |
Jean-Paul examine
un pliage par ?
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Enfermés dans le miroir... |
Juliette devant "Unique Forms of Continuity in Space", par Umberto Boccioni (1913) |
Nous passons vite devant les quelques chinoiseries en fin de parcours et renonçons à faire le tour du jardin des sculptures aperçu à travers les grandes verrières entourant le bâtiment. Compte tenu du temps très couvert et menaçant, nous préférons rentrer au plus tôt vers notre Aigle.
Musée de la fondation Kröller-Müller : le
hall d'entrée
Juliette au retour à bicyclette à travers le parc |
Cette fois-ci nous
choisissons soigneusement nos bicyclettes, regonflons à fond
les pneus et nous lançons résolument dans les dix kilomètres
du retour. Quelques gouttes percent, mais aussi de rares
rayons de soleil qui illuminent le fascinant paysage
désertique de savane et de forêt. Avec nos engins en
meilleur état, le parcours se fait rapidement et sans
fatigue, nous ramenant bientôt à notre base où nous dévorons
un lunch revigorant : il est 18:00 passé, nous n’avons rien
avalé depuis ce matin 9:00 et l’exercice, ça creuse ! |
Château de Kolding
|
Nous retrouvons la même ambiance
agréable dans le vieux quartier autour du château dont
nous faisons le tour. Du pied de sa muraille, beau point
de vue sur le bassin qu’il domine. |
Château de Kolding |
Château de Kolding |
Kolging : Trapholt Museum |
Puis nous gagnons le
stationnement du Musée d’Art Moderne Trapholt installé au
dessus du fjord. La traversée du jardin offre une vue
étendue sur le plan d’eau, avant le tour des bâtiments
très modernes (1988) à l’architecture intéressante. Nous
prenons notre temps, ralentissons le rythme, prenons le
soleil, faisons la vaisselle, écrivons journaux et
itinéraires avant de nous coucher dans le plus grand calme
à 10:45. |
Kolding : entrée du Trapholt Museum |
Musée Trapholt : le mur ondulant cernant le stationnement |
Kolding : Musée Trapholt |
Une salle lumineuse du Musée Trapholt |
Musée Trapholt |
Musée Trapholt |
En revanche la collection de chaises et fauteuils, surtout danois, est remarquable, que les sièges soient mis à la disposition des visiteurs dans les différentes salles, ou qu’ils soient disposés le long d’une rampe hélicoïdale donnant accès à un vaste espace carré en sous-sol éclairé par un patio central vitré, à la romaine. On y trouve une autre série de fauteuils et chaises longues très bien mise en valeur par cet environnement unique…
Musée Trapholt de Kolding: exposition de meubles danois |
Trapholt Museum : fauteuil Egg, de A. Jacobsen |
Trapholt Museum : le fameux fauteuil Egg, de A. Jacobsen |
Une autre chaise du célèbre designer |
Jean-Paul près d'un autre fauteuil qui lui tend les bras... |
Kolding, Trapholt Museum : Jean-Paul à table |
Mais le clou de la visite est une exposition très complète consacrée à Charles et Ray Eames dont nous apprenons qu’ils ne se contentèrent pas de dessiner mobilier et architecture mais qu’ils produisirent aussi quantité de documents audiovisuels. Plusieurs sont projetés en vidéo sur écran géant ou sur des séries de moniteurs. Nous sommes fascinés par la créativité de ce couple et je reste un bon moment à examiner maquettes et vidéos de leur maison d’acier et de verre qu’ils construisirent dans un site merveilleux en Californie.
|
|
Avec toutes ces découvertes, le choix de quelques photos et d’un livre, il est 13:00 lorsque nous ressortons du musée.
Hôtel de Ville d'Aahrus |
Il pleut encore, comme
sur la route d’Aarhus sur laquelle nous nous engageons
ensuite après un lunch rapide. Nous stationnons derrière
l’Hôtel de Ville en plein cœur de la ville et parcourons
la grande rue commerçante qui mène à la cathédrale. Hélas
celle-ci a fermé ses portes à 16:00 (il est maintenant
16:30), la pluie continue de nous tomber dessus et un vent
froid (16°) nous oblige à fermer nos K-Way. Jetant un coup
d’œil aux jolis magasins dont l’élégance ne suffit pas à
susciter notre enthousiasme, nous renonçons à attendre
demain matin le beau temps et l’ouverture du Gamle Bye (la
vieille ville reconstituée dans un parc), faisons un peu
d’épicerie et repartons vers le nord en direction
d’Alborg. Juliette commence à être de fort mauvaise humeur
et regarde à peine les vastes champs de céréales qui
couvrent les pentes douces de chaque côté de l’autoroute
où de nombreuses éoliennes tripales blanches brassent
l’air avec lenteur et puissance. |
Les rues pavées du Gamle Bye de Aarhus |
Quai du Gamle Bye à Aarhus |
Vendredi 10 juillet 1998 : d’AALBORG à HJORRING (100 km)
Aalborg : maison de Jorgen Olufsens Gard |
Coup d’œil aux deux
grandes belles maisons de Jorgen Olufsens Gard, puis de
Jens Bangs Stenhus, avant de retrouver avec un peu de
difficulté notre Aigle garé dans une cour de l’autre côté
de la Grande Rue. |
La bibliothèque
d'Aalborg où nous nous connectons à l'Internet
|
Musée d'Art Moderne du Nord Jutland (arch. Alvaar Alto) |
Nordjyllands-Kunstmuseum : |
Aalborg
Nordjyllands-Kunstmuseum : exposition "Ballroom"
|
Aalborg Nordjyllands-Kunstmuseum : exposition "Ballroom" |
Les salles lumineuses du Nordjyllands-Kunstmuseum |
Dans le Nordjyllands-Kunstmuseum |
Nous ne nous attardons donc pas à
l’intérieur du bâtiment et préférons en faire le tour
extérieur, admirant depuis le jardin aux sculptures et
le petit théâtre extérieur en hémicycle ses volumes
harmonieux recouverts de marbre blanc.
|
Aalborg, Nordjyllands-Kunstmuseum : l'amphithéâtre extérieur |
Éolienne et dunes sur la route de Hirtshals |
Nous reprenons ensuite la route vers le nord, objectif : Hirtshals. Le soleil brille mais le vent très fort bouscule le camion sur la route rectiligne ponctuée de grandes éoliennes blanches qui tournent avec une immuable régularité. Nous tombons directement sur la gare maritime de la Color Line. |
Malheureusement au guichet on nous apprend qu’il aurait fallu réserver notre place car les Allemands montant vers la Norvège ont pris d’assaut tous les ferry quittant le Danemark. Deuxième tuile : le coût du passage sera très élevé à cause de la grande hauteur de notre véhicule… Après de longues discussions avec le préposé pour examiner les différentes alternatives, nous devons nous résigner à choisir un aller-retour Frederikshavn/Larvik qui modifie un peu l’itinéraire prévu tout en reportant la traversée à lundi 8:00, soit dans 2 jours… Le coût de 700 $ comprend également le retour par Kristiansand/Hirtshals dont nous fixons la date au 28 juillet.
Un peu déçus de ce délai inattendu et du coût
tout aussi peu prévu, nous allons marcher un peu sur la plage
où quelques blockhaus, derniers restes du Mur de l’Atlantique,
achèvent de basculer et de dériver sur le sable plus ou moins
mouvant. Vent violent, mer agitée, paysage désolé de dunes
dominées par un phare qu’entoure un vaste terrain de camping
tandis que virevoltent les cerfs-volants dans les rafales…
Nous décidons d’aller demain visiter la pointe extrême du
Danemark continental à Skagen.
Groupe familial sur une place de Hjorring |
Nous prenons la route
mais arrêtons bientôt sous les grands arbres d’une place
tranquille près de l’église de Hjorring où Juliette
cherche vainement un café Internet ouvert pour « chatter
» avec son ami Jean-Luc. Bivouac silencieux, à l’abri du
vent mais sous quelques gouttes qui recommencent à
tomber... |
Samedi 11 juillet 1998 : de HJORRING à SAEBY (145 km)
Skagen : port de plaisance |
Nous stationnons sur
le quai devant le port des yachts, environnés de motos
pétaradantes, et partons à la découverte du gros
village. Ruelles sinueuses entre les jardins fleuris,
petites maisons basses sans étage aux briques peintes en
jaune foncé, toits de tuiles rouges à deux pentes,
fenêtres et unique porte centrale alignées en façade…
Toutes ces maisons autrefois pauvres et maintenant
simples et nettes se ressemblent mais ont chacune leurs
traits particuliers, que ce soit dans les objets
décoratifs et les rideaux installés entre les doubles
fenêtres ou dans la luxuriance fleurie des jardinets. La
rue principale est bien entendu envahie par les
boutiques de souvenirs et les restaurants, agitation et
raffut auxquels s’ajoute le passage de hordes de motards
klaxonnant et pétaradant à qui mieux mieux. |
Nous nous réfugions dans les rues tranquilles en arrière et tombons sur le Musée de Skagen qui rassemble une grande quantité de tableaux peints par les « peintres de Skagen ». |
|
Une des salles du Musée de Skagen |
Skagen Museum |
Skagen Museum : Pêcheurs sur la plage |
Skagen Museum |
Skagen Museum |
Skagen Museum |
Skagen Museum |
Grenen, point de rencontre du Skaggerat et du Kattegat |
Grenen, point de rencontre du Skaggerat et du Kattegat |
Dimanche 12 juillet 1998 : de SAEBY à FREDERIKSHAVN (69 km)
Il pleut durant la
nuit mais le silence est absolu sur notre quai et
nous dormons d’une traite jusqu’à 9:00. Et,
surprise, un grand soleil nous attend au réveil. Au moment de faire le plein d’eau avec un boyau destiné aux pêcheurs, un couples de voyageurs vivant depuis 50 ans à Hambourg nous aborde en français. Ils montent pour les vacance en Suède à bord d’un T4 Westphalia, petit mais luxueusement aménagé. Conversation pleine d’humour du vieux monsieur, complétée ou corrigée avec esprit par son épouse suissesse... Nous finissons par démarrer 45 minutes plus tard, faisons quelques courses dans une épicerie aux ressources limitées puis prenons la route d’Aalborg. |
Vieilles maison de Saeby |
Le soleil donne leur pleine valeur aux
couleurs du ciel et des champs (céréales ou pâturages),
nous rappelant les douces nuances un peu délavées
présentes sur les tableaux de Skagen admirés hier. Grâce
au guidage inspiré de Juliette qui doit composer avec une
carte peu précise et de multiples routes de campagnes qui
s’entrecroisent, nous tombons pile sur le domaine de
Voergärd.
Voergärd Slot |
Au bout de la grande allée
bordée de hauts fûts s’étale la vaste façade de
briques flanquée de deux tours. On franchit un
petit pont au dessus de larges douves, puis une
porte monumentale en grès sculpté qui habille le
porche donnant accès à la cour. Ce château rural a
grande allure au milieu de son parc, de ses grands
arbres et de sa pièce d’eau.
|
La visite
intérieure révèle une foule de richesses (tableaux
anciens de maîtres, vaisselle de porcelaine
française, meubles précieux…) dans un cadre qui
demeure rustique malgré tentures et boiseries :
les épais murs de pierres sont bien visibles
autour de chaque fenêtre et les planchers montrent
de larges lattes de pin brut sans cire ni vernis.
|
Le Grand Salon de Voergärd |
Mobilier précieux dans le Grand Salon |
La salle à manger voûtée de Voergärd |
Portrait d'un nain (apparemment facétieux) |
La salle à manger voûtée de Voergärd |
Voergard : fontaine chinoise |
Boudoir de Voergârd |
Précieux cabinet chinois |
Le soleil joue avec les nuages pendant notre
promenade dans le parc entourant les douves qui offre de
larges points de vue sur les hauts murs et les tours de
briques ombragés par les grands arbres.
Piquenique devant le château de Voergärd |
|
Sommeil d’une traite
jusqu’à 6:15 lorsque nous sommes réveillés par des
coups frappés à la porte : il est temps d’aller
chercher nos cartes d’embarquement au bureau de la
Color Line et d’avancer vers la passerelle avec la
file de camping-cars et d’autos qui nous entourent.
Douches et déjeuner s’achèvent à peine qu’on doit
monter à bord pour une interminable traversée de 6
heures, sous un ciel gris et sur une mer sombre
balayée par un petit vent frisquet. Pas question de
demeurer sur le pont où nous assistons au départ à
8:00 précise, aussi passons-nous toute notre traversée
vers la Norvège à l’abri dans le bar du bord. |
En longeant les rives de la Làgen |
Enfin nous débarquons à 14:30. Le même temps maussade règne de cet autre côté du Skagerrat. Nous ne nous attardons pas à Larvik qui présente le visage habituel des petites villes de la région avec ses vieilles maisons à façades de bois colorées, ses jardinets fleuris et ses rues impeccablement propres. Nous préférons prendre immédiatement la direction de Kongsberg par la belle route 40 qui suit les larges courbes de la rivière Làgen (Numedalslagen). |
Paysages agrestes
plantés de forêts ou de céréales, prairies à vaches,
vallée pittoresque encadrée par des collines boisées
et sombres sur lesquelles flottent des lambeaux de
nuages. La pluie menace, sans tomber cependant,
jusqu’à l’ancienne petite ville minière de Kongsberg
où nous sommes à 16:30. Tous les monuments, musées et
surtout l’église que je voulais visiter sont fermés,
et à 17:00 ce sont tous les magasins qui barrent leur
porte; nous avons l’impression de parcourir une ville
morte. Juliette est fort déçue de ce manque
d’animation. De toute façon, en dehors des rapides en
avant du pont et de la belle façade classique de
l’église, il y a bien peu à voir ici. |
Orgue de l'église de Kongsberg ? |
Mardi 14 juillet 1998 : de FLENSBERG à BJØBERG(285
km)
Lever assez tard
sous la pluie pour continuer à parcourir la vallée de
la Numedal aux magnifiques paysages très sauvages,
larges rivières et forêts omniprésentes… |
La stavkirke de Nore |
Crucifix de Nore |
Stavkirke de Nore : la nef |
Stavkirke de Nore : le chœur |
|
À Uvdal, nous avons un peu de
difficulté à trouver sur le flanc d’une colline
une autre église en bois debout dont le décor et
la disposition sont tout à fait identiques à celle
de Nore. Bref commentaire d’une autre jeune fille
qui nous guide en nous exposant les étapes de la
construction et de la décoration florale de
l’église.
Elle nous explique aussi la forme particulière des stabbur (greniers extérieurs équivalents locaux des mazots savoyards) plus larges dans leur partie haute de façon à garder à l’ombre et au frais la nourriture emmagasinée dans la partie basse. |
|
Uvdal : sculpture extérieures près de la porte |
Pêcheur dans un lac près de Dagali |
Montagnes de l'intérieur |
Puis nous passons Geilo (route 7), Hol, Ål, toutes petites villes sans animation ni intérêt particulier. Nous apercevons en passant la stavkirke de Ål, allons voir celle de Torpo maintenant fermée, avant de passer Gol. Nous nous engageons alors dans une autre vallée très sauvage : l’Hemsedal pour nous arrêter sous le hameau de Bjøberg, à l’écart de la route, sur un chemin de terre qui s’enfonce dans la lande (arbustes et lichens) et à 150 m de la rivière. Bivouac super tranquille dans ce paysage grandiose.
Stavkirke de Borgund |
Hautes montagnes,
vallées étroites et torrents impétueux se succèdent.
Nous quittons la route 52 pour emprunter la 5 à
Bordaug et arrêtons quelques kilomètres plus loin à
Borgund sur le stationnement de la stavkirke.
Nous ne la visitons pas (entrée trop chère…) mais la
contournons pour une grande balade pédestre de deux
heures dans la forêt à flanc de montagne. |
Elle nous fait
découvrir des paysages et des points de vue secrets
(prairies fleuries, sous-bois pittoresques aux arbres
couverts de lichen sur sol moussu) lorsque nous
tentons de suivre l’itinéraire de l’ancien chemin de
poste. |
L'ancien chemin de poste de Borgund |
Dans la montagne autour de Borgund |
Dans la montagne et sous la pluie autour de Borgund |
Sognefjorden
|
Sognefjorden
|
Juliette enrage de ne pouvoir obtenir une information complète et circonstanciée dans les Offices du tourisme, si bien que nous ratons plusieurs des points de vue extraordinaires le long de la Route des Glaciers (Rte 5) entre Fjaerland et Lunde. | Cascade de ?, manquée faute d'informations touristiques... |
Quai d'embarquement du ferry du Sognefjorden |
Tunnel de Fjaerland |
D’immenses tunnels (5
à 7 km) raccourcissent la nouvelle route aux belles
courbes redressées qui parcourt un coin superbe mais le
péage au bout en arrivant à Fjaerland nous paraît
dispendieux (180 NOK), si bien que nous renonçons à la
visite du Musée des Glaciers très cher lui aussi (65 NOK
chacun). Il paraît pourtant bien documenté et présente
une architecture originale (béton, verre et bois). |
Nous préférons nous rapprocher des glaciers eux-mêmes dont on aperçoit les longues coulées blanches très haut au dessus de nos têtes : c’est le Jostedalsbreen, le plus grand glacier d’Europe, dont plusieurs langues glacières descendent assez bas dans les vallées. Première tentative vers le Supphellebreen mais les 3 heures de la balade à pied sont trop longues vu l’heure déjà avancée, et la balade en carriole trop chère.... |
En revenant d'excusrion au Supphellebreen |
Glaçon sous le
névé du Bøyabreen
|
Nous nous rabattons sur le Bøyabreen beaucoup plus proche de la route et allons admirer l’énorme névé aux couleurs bleutées. Il vient tomber dans un petit lac aux eaux laiteuses bleu-vert et glacées sur lesquelles dérivent quelques icebergs miniatures… |
Un autre long tunnel, nous longeons les eaux du Jolstravatnet jusqu’à Skei. Paysage grandiose dans le soir qui descend. Nous passons Skei sur la E39 nord et allons bivouaquer sur le bord d’un autre torrent, au creux d’une gorge profonde quelques kilomètres avant Byrkjelo. Vent froid mais pas de pluie malgré le ciel couvert. |
Skei au bord du Jolstravatnet |
Montagne, torrent et épilobes |
La nuit s’écoule très
calme après l’arrivée de trois autres camping-cars sur
notre « terrain » au bord du torrent. Tous se lèvent
vers 8:00 et nous levons le camp vers 9:15 après une
autre nuit très fraîche (8°). Nous avons cependant eu
bien chaud en nous habillant des pieds à la tête et en
partageant le grand duvet dans le lit haut. Le site est magnifique mais le paysage demeure toujours aussi couvert le matin : les cimes alentour sont ennuagées, le ciel gris et des averses intermittentes nous annoncent une autre journée pluvieuse et triste. |
Après une route de montagne facile (en vallée jusqu’à Ullvik) nous longeons le Nordfjord superbe mais caché dans la brume et assombri par la pluie jusqu’à Stryn.
Juliette au dessus du Geiranger Fjord |
Nous abordons alors la longue suite de virages puis d’épingles à cheveux descendant abruptement vers Geiranger (route 15 puis 63). Vues grandioses sur les rochers verticaux aux pentes dénudées, sur le glacier au dessus de nous et surtout sur le fjord bleu vert tout en bas. Spectacle qui serait merveilleux si la bruine, le brouillard et les nuages ne noyaient tous ces paysages, éteignant les couleurs, diluant les lignes et limitant l’horizon. Nous déjeunons sur un terre-plein au creux d’une épingle à cheveux, au dessus de l’à-pic tombant sur l’extrémité du fjord, avant de poursuivre la descente des lacets qui nous mène dans le village. |
La route en
lacets quittant le Geiranger Fjord
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Traversier sur le Storfjord |
Nous finissons par franchir le col et redescendons la vallée profonde zébrée par les lacets de la route où les gros autobus semblent miniatures tant les dimensions du site sont exceptionnelles… Des parois presque verticales au dessus de nous se précipitent d’étonnantes cascades, dont la Stigfossbru haute de 180 m. Le trafic est important sur cette route pourtant acrobatique. |
Trollstigveggen
(Route des Troll) et Stigfossbru
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Trollstigveggen (Route des Troll) et Stigfossbru |
Tout en bas, suivant patiemment une caravane avançant comme un limaçon, nous finissons par atteindre Andalnes, une autre petite station touristique sans âme. Sous le ciel toujours chargé d’où s’abat régulièrement des averses, nous décidons de nous avancer au maximum pour nous rapprocher de Trondheim. |
Nous laissons donc la grande 136 pour emprunter la petite 64 qui longe le Romsdalfjorden, jusqu'à Herjestranda, puis la 660 qui contourne le Langfjorden. Vastes paysages agrestes au premier plan puis larges étendues d’eau sur fond de hautes montagnes, sentiment d’espaces infinis. | Langsfjorden |
Langsfjorden |
Malgré notre progression rapide - la route étant assez bonne et peu fréquentée – nous avons l’impression d’avancer très lentement tant le cadre est grandiose. Il faut affronter des passages plus étroits et en corniche lorsque nous longeons le Tingvollfjorden après Eidsvag (Rte 62) où nous reprenons de l’essence. |
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