La Norvège jusqu'aux Îles Lofoten


Juillet 1998


Jean-Paul et Juliette MOUREZ
à bord de l’Aigle





1. De la FRANCE à BREMEN (Allemagne)


Arrivé à Lyon le jeudi 25 juin au soir en provenance de Montréal avec Mathieu, je retrouve à Sainte-Foy Monique et Juliette qui nous y attendent depuis quelques jours. Elles ont amené l’Aigle dans le jardin à l’arrière et nous consacrons une bonne partie du vendredi à tout mettre en ordre pour partir dans la soirée en direction de Rioms où doit avoir lieu samedi le mariage de sa nièce Sophie B.. Coucher en route dans un village auvergnat un peu après Thiers.

Le samedi matin 27 juin nous retrouvons toute la famille au restaurant pour le repas de midi auquel nous convie Jean B.. Puis nous gagnons le hameau de Marcillat pour les cérémonies à la mairie puis à l’église. La fête se poursuit fort tard dans la nuit autour d’un superbe buffet dans la grande salle des fêtes du village. Harassé par le décalage horaire et par tous les déplacements ininterrompus des trois derniers jours, je me retire tôt dans l’Aigle et tombe épuisé dans un profond sommeil. Vers 2:00 du matin, Monique, Juliette et Mathieu me rejoignent et nous allons finir la nuit sur le stationnement de l’hôtel loué par la famille aux portes de Rioms.

En fin de matinée nous retournons donner un coup de main aux jeunes mariés, à leurs parents et à quelques amis qui achèvent de ranger la salle de fête. Au début de l’après midi, nous prenons tous quatre la direction du nord pour rallier la Normandie. Après 250 km nous sommes à Loches, une quarantaine de kilomètres avant Tours. Nous trouvons un bivouac acceptable dans un beau jardin public fleuri tout près de la vieille ville et nous y endormons tôt pour tenter de récupérer la fatigue accumulée au cours des derniers jours.

Lundi 29 juin 1998 : de LOCHES à CAEN

Excellente nuit près de la rivière, au pied du château et de la ville médiévale parcourue hier soir à la brunante. Nous nous levons tard sous le grand soleil, Mathieu de mauvaise humeur comme toujours en camping...

Une longue route nous fait traverser Tours puis Le Mans par des déviations et autoroutes peu évidentes, Alençon où nous tentons vainement de rejoindre Madé, puis Argentan. À Falaise nous allons jeter un coup d’œil au château de Guillaume-le-Conquérant dont la restauration est quasi terminée. Arrivée à Caen à 16:30 sous un ciel de plus en plus chargé. Maman nous y reçoit chaleureusement puis nous allons accueillir à la gare Sophie et Samuel qui arrivent de Toulouse. Nous y faisons la bise à Gilles qui vient chercher sa fille avant d’aller nous coucher tôt dans l’Aigle au bord de la plage d’Hermanville en laissant Mathieu et Juliette chez Maman à Caen.

Mardi 30 juin 1998 : CAEN

Lever tard au calme, puis quelques courses à l’Intermarché, salutations à Gilles et Ginette en passant et plein d’eau. Déjeuner chez Maman avant d’emmener Juliette avec moi chez Leneveu à Bénouville. Nous y achetons un bouchon de réservoir d’eau en remplacement de celui perdu à Lyon et du liquide pour les W.-C., y visitons deux fourgons sur Fiat Ducato Swift et Westphalia – décevants – et retournons chez Gilles et Ginette où Mathieu installe Linux sur l’ordinateur d’Olivier.

En début d’après-midi, visite à Denis et Françoise, avant de souper à Caen chez Maman et de visionner avec elle un film Larousse sur le Kenya, commenté par Juliette qui vient d'y faire un safari de 3 semaines. Nous dormons dans le jardin derrière l’immeuble.

Mercredi 1er juillet 1998 : CAEN

Bonne et longue nuit pour un lever tardif à 10:30. En après-midi, je démonte partiellement le pot d’échappement qui résiste puis bricole une goulotte de remplissage à visser sur les bidons à eau qui nous servent de tiroir dans la soute. Quelques courses au Castorama, aller-retour chez Gilles pour bricoler, souper. En soirée je visionne le film du National Trust consacré aux jardins anglais que nous avions offert à Maman il y a trois ans, pendant que Mathieu sort avec Majda et que Juliette et Monique vont voir « Titanic ». Je vais dormir seul devant le garage VAG Autotechnic pour être prêt demain matin à l’ouverture de l’atelier.

Travaux d’aménagement, réparations et préparatifs se poursuivent durant les trois jours qui suivent.
 

Samedi 4 juillet 1998 : de CAEN à NEUFCHATEL EN BRAY (184 km)

Bonne et longue nuit avec Monique dans l’Aigle stationné derrière l’immeuble à Caen, puis aller-retour à Hermanville pour conduire Mathieu, faire le plein d’eau et nos adieux aux Hermanvillois. Au retour avec Juliette, nous faisons le plein d’essence et nos dernières courses de produits frais dont nous bourrons notre frigo au Champion de Lébisey. Adieux à Monique et à Maman après une dernière discussion, puis nous arrêtons à Vaucelles saluer Thomas, Denis et Françoise. Il est 18:00 lorsque nous prenons enfin la route en direction des Îles Lofoten, au nord de la Norvège.

Le moteur tourne rondement maintenant qu’il a été bien réglé, les coffres sont pleins, le camion bien lesté s’inscrit lourdement dans les virages de la petite route longeant l’autoroute qui mène à Rouen. Embarras à la sortie de Caen, traversée des marécages de la vallée de la Dive. Riches fermes du Pays d’Auge aux bâtisses de briques dans l’ensemble soignées. Enfin nous arrivons à Rouen embrumé et empuanti par les fumées de ses industries. Nous franchissons la Seine près de la cathédrale puis retrouvons la verte campagne normande en regagnant la plaine du Pays de Bray. Bivouac à Neufchâtel sur une rue écartée en impasse.

Dimanche 5 juillet 1998 : de NEUFCHATEL à COUTICHES (238 km)

Réveil tard tant l’environnement est calme dans notre cul-de-sac… Nous décollons vers 10:30 pour gagner Abbeville en traversant les côtes du Pays de Bray aux douces ondulations et aux lointains bleutés. Stationnant sur la Grande Place entièrement reconstruite de façon plus ou moins heureuse, nous faisons le tour de St Vulfran, une belle église flamboyante du XIIIème – XVIème dont la façade très décorée (sculptures, rosaces, etc.) est encore en très mauvais état malgré les restaurations en cours. La nef est à peu près complète mais le chœur n’a jamais été terminé.

Abbaye de Valloires
Abbaye de Valloires
Un peu déçus, nous repartons pour rejoindre l’abbaye cistercienne de Valloires et ses jardins. Au bout d’une jolie vallée plantée de peupliers apparaissent les bâtiments bien conservés. Nous en négligeons la visite pour nous diriger plutôt vers ses jardins aménagés en 1982. Agréable parcours d’abord du « cloître végétal » puis des « îles », des bosquets entourés d’une mer de gazon, qui abritent toute une variété d’arbres et d’arbustes regroupés par thématique. La balade s’achève dans la roseraie installée dans l’ancien jardin clos (le potager ?) du couvent, juste au pied des bâtiments monastiques. Si les diverses chambres et autres décors s’inscrivent fort bien dans le relief et le paysage, en revanche le temps très gris et le peu de développement de beaucoup d’arbres déçoivent un peu. Et puis les fleurs et leurs couleurs semblent trop rares et un peu perdues dans ces immenses pelouses soignées.

Abbaye
        de Valloire, côté jardins
Abbaye de Valloires, côté jardins

Départ à 16:15 vers le nord et la Belgique avec un long arrêt sur les deux places anciennes d’Arras: la Grand Place, majestueuse mais déserte, et la Place des Héros devant l’Hôtel de Ville, plus intime et vivante mais envahie par de grandes estrades métalliques en construction destinées à un prochain jeu Interville… Juliette trouve ces vieilles villes bien mortes et l’ambiance manque de pittoresque. Finalement notre route file encore vers le nord jusqu’à ce que nous faisions halte à quelques kilomètres de la frontière en direction de Tournai, dans le village de Coutiches, sur le même stationnement du petit lotissement où nous nous étions arrêtés Monique et moi au printemps 1997. Bivouac paisible à l’écart de la grande route, au milieu des champs de maïs et des vaches.

Lundi 6 juillet 1998 : de COUTICHES à ARNHEM (348 km)

Nuit tranquille et réveil matinal à 8:00 pour décoller à 9:00. Nous sommes très vite en Belgique, après un arrêt au dernier Intermarché français avant la frontière pour acheter une carte du Bénélux (impossible de remettre la main sur les cartes de la Belgique et de la Hollande laissées à Lyon ou à Caen ?). Je profite de notre passage à Tournai pour aller revoir la Grande Place maintenant dégagée et agrémentée d’une double rangée de jets d’eau qui seraient rafraîchissants si le temps n’était aussi couvert. Puis nous descendons jusqu’à la cathédrale dont Juliette admire l’extraordinaire nef romane et le beau chœur gothique.

Tournai : les 5 tours de la cathédrale
Tournai : les 5 tours de la cathédrale N.-D. de Tournai
Nef de la cathédrale de Tournai
Nef de la cathédrale N.-D. de Tournai

Chasuble
        du trésor de Tournai
Chasuble du trésor de la cathédrale N.-D. de Tournai

Adoration des Bergers
Adoration des Bergers
Présentation au Temple
Présentation au Temple

Rubens
La Délivrance des Âmes du Purgatoire par Pierre-Paul Rubens
Icône
Icône

Antiphonaire
Antiphonaire
Bas-relief
Bas-relief

Reliquaire de Saint Eleuthère, dans le Trésor de la
        cathédrale Notre-Dame de Tournai
Reliquaire de Saint Eleuthère, dans le Trésor de la cathédrale Notre-Dame de Tournai

Je profite aussi de ma connaissance du garage Volkswagen local et de son sympathique chef d’atelier (qui avait remplacé notre embrayage défectueux l’an passé à même époque) pour faire diagnostiquer la panne du phare avant droit. Il me reconnaît, se souvient de nos projets de voyage et trouve en quelques instants le connecteur défaillant derrière le porte-fusibles. Je repars rassuré lorsque nous quittons Tournai pour Bruxelles.

Temps maussade, averses fréquentes sur la route plate et rapide sans curiosité notable. L’arrivée à Bruxelles est sportive, la circulation intense et il nous faut un moment pour comprendre le principe du périphérique local sur lequel nous finissons par nous engager. Nous tombons par hasard sur la Colonne du Congrès (un autre souvenir d’il y a dix ans) et stationnons à deux pas de l’hôtel qui nous avait alors hébergés. Vue étendue sur la ville depuis l’esplanade de la Cité administrative, descente vers la cathédrale St-Michel encore en restauration : la nef est magnifique mais le chœur encore fermé et l’abside environnée d’échafaudages derrière lesquels on devine la réfection complète des sculptures, contreforts, gargouilles et autres décors de pierre blanche.

Sous la pluie, nous descendons jusqu’à la Grand Place. Hélas, comme à Arras elle est aussi envahie par des gradins jaunes qui la défigurent et empêchent d’admirer les extraordinaires façades sculptées. Foule, pluie intermittente, manque de vue et de perspective… nous traînons un peu en écoutant la répétition d’un grand orchestre symphonique sur la scène recouverte d’une tente, allons jusqu’au carrefour où trône le fameux Mannekenpis, achetons au passage des écussons autocollants puis remontons nous mettre à l’abri dans notre Aigle en traversant au passage les élégantes Galeries St-Hubert. Bruxelles-Grand-Place
Bruxelles : la Grand-Place envahie par les estrades...

Jean-Paul sur
        la Grand Place
Jean-Paul sur la Grand Place de Bruxelles

Les beaux musées (Musée Horta, des Arts Anciens) qui nous auraient intéressés sont fermés le lundi. Nous décidons d’abréger la visite, quitte à nous rattraper à notre retour, et de nous avancer vers le nord. En partant, au prix d’un difficile détour à l’heure de pointe, nous laissons un message à Marie-Anne, une amie québécoise que Juliette a connue au Kenya et vivant à Bruxelles, puis nous quittons la grande ville sans encombre grâce aux évidents talents de navigatrice de Juliette.

Nous roulons toute la soirée sous la pluie sur les autoroutes rapides pour aller dormir près d’Arnhem, sur le stationnement à l’entrée du parc de la Haute-Veluwe, prêts à parcourir demain matin les 10 km qui nous séparent du Musée de la Fondation Kröller-Müller.


Mardi 7 juillet 1998 : d’ARNHEM à BREMEN (338 km)

Ciel toujours aussi variable et gris avec quelques éclaircies entrecoupées de fines averses… Nous nous levons tard en récupérant la fatigue de la route d’hier. Au moment de prendre les billets, déception : on n’accepte pas les cartes de crédit ici, il nous faut gagner la ville d’Arnhem à 12 km et y trouver un guichet automatique. Cinquante kilomètres et une heure demie plus tard, de retour (après bien des aléas) à l’entrée du parc, nous y trouvons les quelques bicyclettes « blanches » (mises à la disposition des visiteurs) restantes.

Dans
              le parc de la Haute-Veluwe
Dans le parc de la Haute-Veluwe
Nous n’avons guère le choix de nos montures, résultat : toutes les deux ont des petites roues et l’une est pratiquement à plat, ce dont nous ne nous apercevons qu’après quelques kilomètres de peine et de misère à forcer sur nos pédaliers à une seule vitesse, le long de la très belle piste cyclable qui traverse les dix kilomètres de forêt, de lande de bruyères et de savane presque africaine couvrant la quasi totalité du parc. Heureusement les ondulations sont douces, le temps reste frais et le superbe paysage de prairies couvertes de graminées roses ondulant sous le petit vent compense pour l’effort.

Entrée de la Fondation-Kroller-Muller
Entrée de la Fondation Kröller-Müller



Lorsque nous arrivons vers 13:00 devant l’admirable architecture moderne du musée niché sous de grands arbres, c’est pour nous extasier devant une collection époustouflante de peintures modernes (Picasso, Braque, Juan Gris, Mondrian, etc.) et surtout une superbe série de Van Gogh que je ne me lasse pas de contempler et de filmer en détail, plusieurs tableaux m’étant d’ailleurs inconnus.
Entrée du Musée Kroller-Muller
Jardin des sculptures autour du Musée Kroller-Muller

Soisson-vu-de-la-fabrique-de-M-Henry-par-Camille-Corot-1833
Soisson vu de la fabrique de M. Henry, par Camille Corot (1833)

Le -bateau-atelier, par Claude Monet (1876)
Le bateau-atelier, par Claude Monet (1876)

par Van Gogh
La vieille tour église de Nuenen, par Vincent Van Gogh

par Van Gogh
La vieille tour église de Nuenen, par Vincent Van Gogh

Le vignoble vert par Vincent Van Gogh (1888)
Le vignoble vert, par Vincent Van Gogh (1888)

Les Oignons par Van Gogh
Nature morte à la pipe et aux oignons, par Vincent van Gogh (1888)

Fin-de-la-jetee-a-Honfleur-par-Seurat.
Fin de la jetée à Honfleur, par Seurat
Portrait-d'Eva-Callimachi-Catargi-par-Henri-Fantin-Latour-1881
Portrait d'Eva Callimachi-Catargi, par Henri Fantin-Latour (1881)


Marcel Duchamp ?

Jean-Paul examine un pliage par ?

Emballage par Cristo
Emballage, par Cristo





Enfermés dans le miroir...
Juliette-devant-Unique-Forms-of-Continuity-in-Space-par-Umberto-Boccioni-1913
Juliette devant "Unique Forms of Continuity in Space", par Umberto Boccioni (1913)

Nous passons vite devant les quelques chinoiseries en fin de parcours et renonçons à faire le tour du jardin des sculptures aperçu à travers les grandes verrières entourant le bâtiment. Compte tenu du temps très couvert et menaçant, nous préférons rentrer au plus tôt vers notre Aigle.

Musée de la fondation Kröller Muller : le hall d'entrée
Musée de la fondation Kröller-Müller : le hall d'entrée

Juliette au retour à bicyclete à travers le parc
Juliette au retour à bicyclette à travers le parc
Cette fois-ci nous choisissons soigneusement nos bicyclettes, regonflons à fond les pneus et nous lançons résolument dans les dix kilomètres du retour. Quelques gouttes percent, mais aussi de rares rayons de soleil qui illuminent le fascinant paysage désertique de savane et de forêt. Avec nos engins en meilleur état, le parcours se fait rapidement et sans fatigue, nous ramenant bientôt à notre base où nous dévorons un lunch revigorant : il est 18:00 passé, nous n’avons rien avalé depuis ce matin 9:00 et l’exercice, ça creuse !

Nous décidons ensuite de nous avancer vers le nord, le confort de nos fauteuils nous reposant de nos prouesses vélocipédiques… Nous quittons donc le parc de la Haute-Véluwe et nous embarquons sur une suite d’autoroutes filant à travers des paysages ruraux plats, verts et continûment cultivés. Dispersés dans les champs, des villages entourés d’arbres cachent la plupart de leurs maisons groupées autour de leur église dont le clocher pointe au dessus des feuillages. La frontière allemande est franchie sans que l’on s’en aperçoive et le réseau d’autoroutes se poursuit. Plein d’essence et d’eau à S. Hertogenbosh. Nous roulons pied au plancher (110/115 km/h !) jusque passé 22:00 pour aller dormir dans un village agricole un peu à l’écart de la rumeur de l’autoroute, juste après avoir passé Bremen.




2. Au coeur du JUTLAND (Danemark)


Au Danemark
Au Danemark

Mercredi 8 juillet 1998 : de BREMEN à KOLDING (368 km)

Il continue de pleuvoir à notre réveil, et ce temps gris et triste commence à nous saper le moral. Heureusement le soleil fait son apparition en matinée, lorsque nous continuons à filer cap au nord à partir de 9:30. Autoroute rapide vers Hambourg où nous franchissons l’Elbe par un tunnel de 2,9 km. On aperçoit donc à peine les quais immenses et les bassins entremêlés du grand port, tout environnés de grues et de superstructures de navires. Puis ce sont à nouveau les douces ondulations des campagnes du Schleswig parcourues à toute allure, avec de temps à autre des averses entrecoupées de soleil.

Entrée au Danemark après un contrôle d’identité de routine, puis petit détour vers Haderslev pour retirer un peu d’argent et découvrir les sympathiques vieilles rues de son centre ville. Nous entrons aussi dans sa haute cathédrale en briques dont l’intérieur, blanchi à la chaux, laisse une grande impression de lumière et d’espace. Orgue superbe que nous n’entendrons pas, hélas… Charmés par l’ambiance tranquille, l’animation sans hâte des habitants, l’amabilité des commerçants, les jolies rénovations des vieilles maisons (structures anciennes, couleurs pastel, environnement fleuri et soigné), nous reprenons la route de Kolding où nous arrivons vers 17:00.

Château
                de Kolding
Château de Kolding
Nous retrouvons la même ambiance agréable dans le vieux quartier autour du château dont nous faisons le tour. Du pied de sa muraille, beau point de vue sur le bassin qu’il domine.

Château de Kolding
Château de Kolding
Château de Kolding
Château de Kolding

Musée de Trapholt
Kolging : Trapholt Museum
Puis nous gagnons le stationnement du Musée d’Art Moderne Trapholt installé au dessus du fjord. La traversée du jardin offre une vue étendue sur le plan d’eau, avant le tour des bâtiments très modernes (1988) à l’architecture intéressante. Nous prenons notre temps, ralentissons le rythme, prenons le soleil, faisons la vaisselle, écrivons journaux et itinéraires avant de nous coucher dans le plus grand calme à 10:45.


Jeudi 9 juillet 1998 : de KOLDING à ALBORG (233 km)

Il tombe encore une bruine fine et continue lorsque nous nous réveillons sous un ciel bouché. Heureusement le musée est tout proche : dès son ouverture et après une dizaine de mètres rapides nous en poussons la porte. Son architecture à la fois dépouillée, aérée, lumineuse et spacieuse est un premier sujet d’admiration : la lumière entre sans restriction soit par les grandes baies latérales qui donnent sur la campagne, le jardin fleuri ou le fjord, soit par des ouvertures savamment orientées dans le plafond. Les peintures exposées sont de qualité très variable, tout comme les céramiques et les petits bronzes.

Musée de Trapholt
Kolding : entrée du Trapholt Museum
Musée de Trapholt
Musée Trapholt : le mur ondulant cernant le stationnement

Musée de Trapholt
Kolding : Musée Trapholt
Une
                autre salle lumineuse du Musée de Trapholt
Une salle lumineuse du Musée Trapholt

Musée de Trapholt
Musée Trapholt
Musée de Trapholt
Musée Trapholt

Musée Trapholt : collection de Cylinda
Musée Trapholt à Kolding : collection de Cylinda

En revanche la collection de chaises et fauteuils, surtout danois, est remarquable, que les sièges soient mis à la disposition des visiteurs dans les différentes salles, ou qu’ils soient disposés le long d’une rampe hélicoïdale donnant accès à un vaste espace carré en sous-sol éclairé par un patio central vitré, à la romaine. On y trouve une autre série de fauteuils et chaises longues très bien mise en valeur par cet environnement unique…


Kolding-musee-Trapholt-exposition-Jacobsen
Musée Trapholt de Kolding: exposition de meubles danois

Trapholt Museum : fauteuil Egg, de A.
                      Jacobsen
Trapholt Museum : fauteuil Egg, de A. Jacobsen

Juliette-dans-un-fauteuil-Jacobsen
Musée Trapholt : Juliette dans le fauteuil Egg de Jacobsen

Le fauteuil Egg de Jacobsen
Trapholt Museum : le fameux fauteuil Egg, de A. Jacobsen
Kolding-musee-Trapholt-chaise
Une autre chaise du célèbre designer

Kolding-musee-Trapholt-Jean-Paul
Jean-Paul près d'un autre fauteuil qui lui tend les bras...
1998-0709-14-Kolding Trapholt Museum :
                    Jean-Paul-a-table
Kolding, Trapholt Museum : Jean-Paul à table

Mais le clou de la visite est une exposition très complète consacrée à Charles et Ray Eames dont nous apprenons qu’ils ne se contentèrent pas de dessiner mobilier et architecture mais qu’ils produisirent aussi quantité de documents audiovisuels. Plusieurs sont projetés en vidéo sur écran géant ou sur des séries de moniteurs. Nous sommes fascinés par la créativité de ce couple et je reste un bon moment à examiner maquettes et vidéos de leur maison d’acier et de verre qu’ils construisirent dans un site merveilleux en Californie.

Expo
                Charles et Ray Eames
Moblier
                Eames

Exposition Charles Eames
Exposition Charles Eames
Maison des Eames en Californie
Maison des Eames en Californie

Avec toutes ces découvertes, le choix de quelques photos et d’un livre, il est 13:00 lorsque nous ressortons du musée.

Kolding : Musée Trapholt aux champs
Kolding : Musée Trapholt aux champs

Hôtel
                de Ville d'Aahrus Hôtel de Ville d'Aahrus
Hôtel de Ville d'Aahrus
Il pleut encore, comme sur la route d’Aarhus sur laquelle nous nous engageons ensuite après un lunch rapide. Nous stationnons derrière l’Hôtel de Ville en plein cœur de la ville et parcourons la grande rue commerçante qui mène à la cathédrale. Hélas celle-ci a fermé ses portes à 16:00 (il est maintenant 16:30), la pluie continue de nous tomber dessus et un vent froid (16°) nous oblige à fermer nos K-Way. Jetant un coup d’œil aux jolis magasins dont l’élégance ne suffit pas à susciter notre enthousiasme, nous renonçons à attendre demain matin le beau temps et l’ouverture du Gamle Bye (la vieille ville reconstituée dans un parc), faisons un peu d’épicerie et repartons vers le nord en direction d’Alborg. Juliette commence à être de fort mauvaise humeur et regarde à peine les vastes champs de céréales qui couvrent les pentes douces de chaque côté de l’autoroute où de nombreuses éoliennes tripales blanches brassent l’air avec lenteur et puissance.

Les rues pavées du Gamle Bye
Les rues pavées du Gamle Bye de Aarhus

Quai du
                Gamle Bye
Quai du Gamle Bye à Aarhus

À 19:00 nous sommes à Aalborg et nous dirigeons directement vers le Musée d’Art du Nord Jutland dont je reconnais immédiatement le design original d’Alvar Aalto. Le bivouac que nous offre son stationnement en contrebas nous semble sinistre, aussi traversons-nous la ville pour gagner le petit port de yachts de l’autre côté de la rivière. Nous allons nous installer sur son quai, soupons puis nous lançons dans une balade digestive au hasard des ruelles alentour, dans le vent toujours très frisquet. Vaisselle, journal et coucher à 23:00.

Vendredi 10 juillet 1998 : d’AALBORG à HJORRING (100 km)

Pour la première fois depuis bien des jours semble-t-il, le soleil est au rendez-vous au réveil. Il fait malgré tout assez frais, vu le grand vent d’ouest qui a dégagé le ciel mais continue de souffler avec force et de refroidir l’atmosphère. Nous nous levons sans hâte pour quitter notre quai accueillant et aller stationner tout près de la vieille ville dont nous parcourons les artères étroites, sinueuses et animées. Nous rêvons quelques minutes devant des radio-cassette-CD perfectionnés et abordables qui pourraient remplacer le vieux crin-crin obsolète et défectueux de l’Aigle. Je renonce cependant à alourdir un budget que je crains de voir très entamé par les nombreux traversiers qu’il nous faudra emprunter en Norvège. Nous faisons un tour dans la cathédrale St Budolfå toute blanche, au joli mobilier baroque du XVIIIème et où joue un fort bel orgue au son velouté et chaleureux. Puis nous allons prendre quelques renseignements à l’Office du tourisme, envoyons et prenons notre e-mail au café Internet de la bibliothèque municipale. Nous revenons par la très touristique Jomfru Ane Gade où les restaurants installés dans des vieilles maisons du XVème au XVIème se succèdent sans interruption.

Alborg : maisons de Jorgen Olufsens Gard
Aalborg : maison de Jorgen Olufsens Gard
Coup d’œil aux deux grandes belles maisons de Jorgen Olufsens Gard, puis de Jens Bangs Stenhus, avant de retrouver avec un peu de difficulté notre Aigle garé dans une cour de l’autre côté de la Grande Rue.
Aalborg-bibliotheque
La bibliothèque d'Aalborg où nous nous connectons à l'Internet

Nous traversons alors la ville pour gagner le Musée d’art moderne du Nord Jutland devant lequel nous déjeunons au grand soleil. Sa visite nous déçoit car toutes les salles lumineuses ont été vidées pour ne mettre en valeur que quelques tableaux figuratifs de second ordre.

Musée d'Art Moderne du Nord Jutland (arch. Alvaar
                  Alto)
Musée d'Art Moderne du Nord Jutland (arch. Alvaar Alto)
Musée d'Art Moderne du Nord Jutland
Nordjyllands-Kunstmuseum :

Ils ont été choisis intentionnellement par un artiste contemporain pour mettre en valeur une énorme construction de bois, de verre et de métal intitulée « Ballroom » qu’il expose en plein centre du musée. Son œuvre hermétique n’est certes pas sans intérêt mais elle nous prive de toutes les collections très intéressantes dont j’avais gardé le souvenir.

Aalborg-Nordjyllands-Kunstmuseum : exposition
                  "Ballroom"
Aalborg Nordjyllands-Kunstmuseum : exposition "Ballroom"
Aalborg-Nordjyllands-Kunstmuseum : exposition
                "Ballroom"
Aalborg Nordjyllands-Kunstmuseum : exposition "Ballroom"

Aalborg-Nordjyllands-Kunstmuseum
Les salles lumineuses du Nordjyllands-Kunstmuseum
Aalborg-Nordjyllands-Kunstmuseum
Dans le Nordjyllands-Kunstmuseum


Nous ne nous attardons donc pas à l’intérieur du bâtiment et préférons en faire le tour extérieur, admirant depuis le jardin aux sculptures et le petit théâtre extérieur en hémicycle ses volumes harmonieux recouverts de marbre blanc.
Aalborg-Nordjyllands-Kunstmuseum l'amphithéâtre
                extérreur
Aalborg, Nordjyllands-Kunstmuseum : l'amphithéâtre extérieur

Eolienne-et-dunes-sur-la-route-de-Skagen
Éolienne et dunes sur la route de Hirtshals
Nous reprenons ensuite la route vers le nord, objectif : Hirtshals. Le soleil brille mais le vent très fort bouscule le camion sur la route rectiligne ponctuée de grandes éoliennes blanches qui tournent avec une immuable régularité. Nous tombons directement sur la gare maritime de la Color Line.

Malheureusement au guichet on nous apprend qu’il aurait fallu réserver notre place car les Allemands montant vers la Norvège ont pris d’assaut tous les ferry quittant le Danemark. Deuxième tuile : le coût du passage sera très élevé à cause de la grande hauteur de notre véhicule… Après de longues discussions avec le préposé pour examiner les différentes alternatives, nous devons nous résigner à choisir un aller-retour Frederikshavn/Larvik qui modifie un peu l’itinéraire prévu tout en reportant la traversée à lundi 8:00, soit dans 2 jours… Le coût de 700 $ comprend également le retour par Kristiansand/Hirtshals dont nous fixons la date au 28 juillet.

Jean-Paul sur la plage d'Hirtshals
Jean-Paul sur la plage d'Hirtshals

Jean-Paul sur le plage d'Hirtshals et sous les gouttes
Jean-Paul sur le plage d'Hirtshals et sous les gouttes

Un peu déçus de ce délai inattendu et du coût tout aussi peu prévu, nous allons marcher un peu sur la plage où quelques blockhaus, derniers restes du Mur de l’Atlantique, achèvent de basculer et de dériver sur le sable plus ou moins mouvant. Vent violent, mer agitée, paysage désolé de dunes dominées par un phare qu’entoure un vaste terrain de camping tandis que virevoltent les cerfs-volants dans les rafales… Nous décidons d’aller demain visiter la pointe extrême du Danemark continental à Skagen.

Statues sur la place de Hjoring
Groupe familial sur une place de Hjorring
Nous prenons la route mais arrêtons bientôt sous les grands arbres d’une place tranquille près de l’église de Hjorring où Juliette cherche vainement un café Internet ouvert pour « chatter » avec son ami Jean-Luc. Bivouac silencieux, à l’abri du vent mais sous quelques gouttes qui recommencent à tomber...

Samedi 11 juillet 1998 : de HJORRING à SAEBY (145 km)

La nuit est si paisible que nous nous levons passé 10:00... Impossible de gagner Skagen par les petites routes « blanches » introuvables sur notre carte trop peu précise, nous devons donc faire un long détour par Frederikshavn. La route est très fréquentée en ces jours de départ en vacances, d’autant plus qu’un grand rassemblement de motards (on aperçoit des centaines de tentes parquées dans un champ immense à l’entrée de la petite ville) nous inflige les vrombissements des machines déchaînées – et à échappement libre ! – tout au long du trajet. En arrivant, vent violent et pluie légère.
Port des yachts de Skagen
Skagen : port de plaisance
Nous stationnons sur le quai devant le port des yachts, environnés de motos pétaradantes, et partons à la découverte du gros village. Ruelles sinueuses entre les jardins fleuris, petites maisons basses sans étage aux briques peintes en jaune foncé, toits de tuiles rouges à deux pentes, fenêtres et unique porte centrale alignées en façade… Toutes ces maisons autrefois pauvres et maintenant simples et nettes se ressemblent mais ont chacune leurs traits particuliers, que ce soit dans les objets décoratifs et les rideaux installés entre les doubles fenêtres ou dans la luxuriance fleurie des jardinets. La rue principale est bien entendu envahie par les boutiques de souvenirs et les restaurants, agitation et raffut auxquels s’ajoute le passage de hordes de motards klaxonnant et pétaradant à qui mieux mieux.

Maisonnette
            de pêcheur de Skagen
Maisonnette de pêcheur de Skagen

Nous nous réfugions dans les rues tranquilles en arrière et tombons sur le Musée de Skagen qui rassemble une grande quantité de tableaux peints par les « peintres de Skagen ». Skagen
                  maisonnette

Ce groupe d’artistes danois, fasciné par la lumière changeante et les paysages désertiques de bout du monde, s’installa ici autour de 1870 en intégrant les influences pré-impressionnistes et impressionnistes. Nous examinons systématiquement les dizaines de toiles exposées. Une grande part me semble peu intéressante (trop anecdotiques et folklorisantes ou d’esthétique frustre) mais plusieurs grandes toiles de Michaël et Anna Aucher, de Drachmann et de P.S Krøyer retiennent notre attention. Les vues de plage, de mer et quelques portraits rendent avec beaucoup de finesse et de sensibilité la luminosité pâle de l’atmosphère, les ciels et la lumière changeants, les sensations d’espace et de douceur laissées par le paysage. J’hésite à acheter quelques belles affiches, me rabats sur des cartes postales moins chères et moins encombrantes, et nous sortons deux heures plus tard.


Salle en
                  entrant dans le Musée de Skagen
Une des salles du Musée de Skagen

Skagen
                  Museum
Skagen Museum
Pêcheurs
Skagen Museum : Pêcheurs sur la plage

Chambre
Skagen Museum
Musee-de-Skagen
Skagen Museum

Skagen
              Museum : Enfants courant dans les vagues
Skagen Museum : Enfants courant dans les vagues

Musée
                      de Skagen
Skagen Museum
Musée
                      de Skagen
Skagen Museum

Musee-de-Skagen
Skagen Museum

Il tombe une légère bruine pendant que nous regagnons le port de yachts et notre Aigle en traboulant entre les petites maisons de pêcheurs.   Lunch réconfortant puis départ vers Grenen, à l’extrémité de la route, le point le plus septentrional du Danemark. Là, marchant à travers dunes puis le long de la grève ourlée encore une fois de quelques blockhaus, sous le crachin qui continue – mais cette fois j’ai pris un parapluie et enfilé mes bottes ! – nous gagnons la langue de sable battue par les eaux du Skaggerat et du Kattegat, là où se croisent les houles venant de l’est et de l’ouest en une barre constante. Ciel très gris, vaste étendue marine à 300°, silhouettes de grands navires qui croisent le cap au loin… Le défilé des touristes s’est presque tari lorsque nous revenons au stationnement.

Grenen, point
                      de rencontre du Skaggerat et du Kattegat
Grenen, point de rencontre du Skaggerat et du Kattegat

Grenen, point de rencontre du Skaggerat et
                        du Kattegat
Grenen, point de rencontre du Skaggerat et du Kattegat

Jean-Paul près de Grenen
Jean-Paul près de Grenen

Sur les
                    dunes près de Grenen
Sur les dunes près de Grenen

Jean-Paul et Juliette au Grenen
Jean-Paul et Juliette sur la plage de Grenen

Juliette sur l'extreme pointe de Grenen
Juliette sur l'extrême pointe de Grenen

Plage de
                  Grenen
Sur la plage de Grenen

Nous décidons alors de visiter demain Voergärd Slot, un élégant château Renaissance signalé par le Guide Vert entre Saeby et Aalborg. Reprenant donc la direction du sud, nous passons Frederikshavn 55 km plus bas et nous rendons sous la pluie jusqu’au quai de Saeby où nous installons notre bivouac devant l’alignement de voiliers petits et gros.

Dimanche 12 juillet 1998 : de SAEBY à FREDERIKSHAVN (69 km)

Il pleut durant la nuit mais le silence est absolu sur notre quai et nous dormons d’une traite jusqu’à 9:00. Et, surprise, un grand soleil nous attend au réveil.

Au moment de faire le plein d’eau avec un boyau destiné aux pêcheurs, un couples de voyageurs vivant depuis 50 ans à Hambourg nous aborde en français. Ils montent pour les vacance en Suède à bord d’un T4 Westphalia, petit mais luxueusement aménagé. Conversation pleine d’humour du vieux monsieur, complétée ou corrigée avec esprit par son épouse suissesse...

Nous finissons par démarrer 45 minutes plus tard, faisons quelques courses dans une épicerie aux ressources limitées puis prenons la route d’Aalborg.
Vieilles maison de Saeby
Vieilles maison de Saeby

Le soleil donne leur pleine valeur aux couleurs du ciel et des champs (céréales ou pâturages), nous rappelant les douces nuances un peu délavées présentes sur les tableaux de Skagen admirés hier. Grâce au guidage inspiré de Juliette qui doit composer avec une carte peu précise et de multiples routes de campagnes qui s’entrecroisent, nous tombons pile sur le domaine de Voergärd.

Voergärd Slot
Voergärd Slot
Au bout de la grande allée bordée de hauts fûts s’étale la vaste façade de briques flanquée de deux tours. On franchit un petit pont au dessus de larges douves, puis une porte monumentale en grès sculpté qui habille le porche donnant accès à la cour. Ce château rural a grande allure au milieu de son parc, de ses grands arbres et de sa pièce d’eau.

La visite intérieure révèle une foule de richesses (tableaux anciens de maîtres, vaisselle de porcelaine française, meubles précieux…) dans un cadre qui demeure rustique malgré tentures et boiseries : les épais murs de pierres sont bien visibles autour de chaque fenêtre et les planchers montrent de larges lattes de pin brut sans cire ni vernis.
Le grand salon de Voergärd
Le Grand Salon de Voergärd

Assurément le dernier propriétaire qui restaura le château en 1955 était fort riche. Grand Officier de l’Ordre de Malte, il a laissé quantité de souvenirs précieux, tant artistiques que religieux, lorsqu’il institua la fondation ouvrant le château au public.

Commode
Mobilier précieux dans le Grand Salon
La salle à manger voûtée de Voergärd
La salle à manger voûtée de Voergärd

Portrait d,un nain (apparament facétieux)
Portrait d'un nain (apparemment facétieux)
Statue


La salle à manger voûtée de Voergärd
La salle à manger voûtée de Voergärd
Voergard-fontaine-chinoise
Voergard : fontaine chinoise

Salon
                      de Voergârd
Boudoir de Voergârd
Précieux cabinet chinois
Précieux cabinet chinois

Le château de Voergärd entouré de ses douves
Le château de Voergärd entouré de ses douves

Le soleil joue avec les nuages pendant notre promenade dans le parc entourant les douves qui offre de larges points de vue sur les hauts murs et les tours de briques ombragés par les grands arbres.

Pique-nique devant le chateau de Voergärd
Piquenique devant le château de Voergärd
Voergard-un-paon-s'invite-a-notre-piqueniqueVoergärd : un paon s'invite à notre piquenique

Nous avons heureusement piqueniqué avant la visite car il est maintenant près de 17:00; il est donc trop tard pour aller voir le manoir de Bangsbo et ses trois musées. Nous reprenons alors la direction de Frederikshavn où nous allons stationner sur le grande esplanade devant la gare maritime de la Color Line, après avoir rejoint par téléphone Olivier en Normandie pour donner signe de vie comme convenu, faute de rejoindre Maman et Monique parties au mariage Callu. Malgré le va et vient du port, je m’endors tranquille grâce à mes bouchons auriculaires…


Lundi 13 juillet 1998 : de FREDERIKSHAVN (Danmark) à LARVIK (Norvège)

Sommeil d’une traite jusqu’à 6:15 lorsque nous sommes réveillés par des coups frappés à la porte : il est temps d’aller chercher nos cartes d’embarquement au bureau de la Color Line et d’avancer vers la passerelle avec la file de camping-cars et d’autos qui nous entourent. Douches et déjeuner s’achèvent à peine qu’on doit monter à bord pour une interminable traversée de 6 heures, sous un ciel gris et sur une mer sombre balayée par un petit vent frisquet. Pas question de demeurer sur le pont où nous assistons au départ à 8:00 précise, aussi passons-nous toute notre traversée vers la Norvège à l’abri dans le bar du bord.

Carte de
              notre itinéraire au Danemark et en Norvège
Carte de notre itinéraire au Danemark et en Norvège




3. En NORVÈGE : du NUMEDAL à TRONDHEIM



Sur les rives de la rivière Làgen
En longeant les rives de la Làgen

Enfin nous débarquons à 14:30. Le même temps maussade règne de cet autre côté du Skagerrat. Nous ne nous attardons pas à Larvik qui présente le visage habituel des petites villes de la région avec ses vieilles maisons à façades de bois colorées, ses jardinets fleuris et ses rues impeccablement propres. Nous préférons prendre immédiatement la direction de Kongsberg par la belle route 40 qui suit les larges courbes de la rivière Làgen (Numedalslagen).


Paysages agrestes plantés de forêts ou de céréales, prairies à vaches, vallée pittoresque encadrée par des collines boisées et sombres sur lesquelles flottent des lambeaux de nuages. La pluie menace, sans tomber cependant, jusqu’à l’ancienne petite ville minière de Kongsberg où nous sommes à 16:30. Tous les monuments, musées et surtout l’église que je voulais visiter sont fermés, et à 17:00 ce sont tous les magasins qui barrent leur porte; nous avons l’impression de parcourir une ville morte. Juliette est fort déçue de ce manque d’animation. De toute façon, en dehors des rapides en avant du pont et de la belle façade classique de l’église, il y a bien peu à voir ici.
Orgue de l'église de Kongsberg ?
Orgue de l'église de Kongsberg ?

Nous retirons un peu d’argent dans un guichet automatique, achetons de la salade et quelques fruits puis reprenons notre route longeant la vallée de la Numedalslagen, fameuse pour ses paysages sauvages et ses espaces inviolés, paradis des pêcheurs de truites et des amoureux de la nature. Bivouac au bord de l’eau à l’écart de la route quelques kilomètres avant Flensberg.


Mardi 14 juillet 1998 : de FLENSBERG à BJØBERG(285 km)

Vallée de la Numedal ?
Lever assez tard sous la pluie pour continuer à parcourir la vallée de la Numedal aux magnifiques paysages très sauvages, larges rivières et forêts omniprésentes…

Nous arrêtons d’abord à Nore pour découvrir notre première stavkirke (église en bois debout) de Norvège. C’est une étudiante  emmitouflée dans un grand châle de laine qui perçoit dans l’entrée le droit de visite un peu cher (30 NOK chacun). De beaux motifs floraux ornent tant les murs que le plafond, un gros poteau central soutient la charpente, les couleurs crues d’une Cène un peu naïve attirent l’œil derrière l’autel, bref un décor exubérant très rustique couvre toutes les surfaces en planche visibles. À l’extérieur la vue sur les fermes dispersées, le lac, les forêts forme un cadre rural sympathique.

La
                    stavkirke de Nore
La stavkirke de Nore
Crucifix de Nore
Crucifix de Nore

Stavkirke de Nore
Stavkirke de Nore : la nef

Stavkirke de Nore
Stavkirke de Nore : le chœur

Nore : le cimetière dans le champ près de l'église
Nore : le cimetière dans le champ près de l'église


À Uvdal, nous avons un peu de difficulté à trouver sur le flanc d’une colline une autre église en bois debout dont le décor et la disposition sont tout à fait identiques à celle de Nore. Bref commentaire d’une autre jeune fille qui nous guide en nous exposant les étapes de la construction et de la décoration florale de l’église.

Elle nous explique aussi la forme particulière des stabbur (greniers extérieurs équivalents locaux des mazots savoyards) plus larges dans leur partie haute de façon à garder à l’ombre et au frais la nourriture emmagasinée dans la partie basse.

Uvdal
Uvdal : nef de la stavkirke
Uvdal
Uvdal : sculpture extérieures près de la porte

Nous passons ensuite une région très haute, montagneuse et désertique, où se sont installées plusieurs stations de ski (comme Dagali).

Pêcheur dans un lac près de Dagali
Pêcheur dans un lac près de Dagali

Montagne
Montagnes de l'intérieur

Puis nous passons Geilo (route 7), Hol, Ål, toutes petites villes sans animation ni intérêt particulier. Nous apercevons en passant la stavkirke de Ål, allons voir celle de Torpo maintenant fermée, avant de passer Gol. Nous nous engageons alors dans une autre vallée très sauvage : l’Hemsedal pour nous arrêter sous le hameau de Bjøberg, à l’écart de la route, sur un chemin de terre qui s’enfonce dans la lande (arbustes et lichens) et à 150 m de la rivière. Bivouac super tranquille dans ce paysage grandiose.


Église et stavkirke de Ål (?)
Église et stavkirke de Ål (?)


Mercredi 15 juillet 1998 : de BJØBERG à entre SKEI et BYRKJELO (186 km)

Dans notre désert, nuit totalement silencieuse, mais très froide aussi qui nous fait regretter de ne pas avoir emporté les deux douillettes en duvet. Je dois même allumer le chauffage quelques minutes pour lever Juliette bien cachée sous sa couverture. Une averse salue notre départ.

Stavkirke de
                      Borgund
Stavkirke de Borgund
Hautes montagnes, vallées étroites et torrents impétueux se succèdent. Nous quittons la route 52 pour emprunter la 5 à Bordaug et arrêtons quelques kilomètres plus loin à Borgund sur le stationnement de la stavkirke. Nous ne la visitons pas (entrée trop chère…) mais la contournons pour une grande balade pédestre de deux heures dans la forêt à flanc de montagne.

Elle nous fait découvrir des paysages et des points de vue secrets (prairies fleuries, sous-bois pittoresques aux arbres couverts de lichen sur sol moussu) lorsque nous tentons de suivre l’itinéraire de l’ancien chemin de poste.
L'ancien chemin de poste de Borgund
L'ancien chemin de poste de Borgund

Mais faute de balises nous finissons par nous perdre et complétons un peu au jugé, sur des « sentiers » glissants (la pluie n’ayant pas tardé à reprendre…) la grande boucle faisant le tour de la montagne. Au moins cette balade nous aura-t-elle offert quelques points de vue grandioses sur les sommets abrupts et les profondes vallées avoisinantes.

Borgund
Dans la montagne autour de Borgund
Dans la montagne autour de Borgund
Dans la montagne et sous la pluie autour de Borgund


Pique-nique, puis mise au séchage des vêtements et des chaussures imbibées par la bruine, nous atteignons bientôt à Laerdalsøyri l’extrémité du Sognefjorden que nous commençons à longer jusqu’à prendre le traversier (100 NOK, soit 20 $)

Sognefjorden
Sognefjorden
Sognefjorden
Sognefjorden

Juliette enrage de ne pouvoir obtenir une information complète et circonstanciée dans les Offices du tourisme, si bien que nous ratons plusieurs des points de vue extraordinaires le long de la Route des Glaciers (Rte 5) entre Fjaerland et Lunde.  Cascade
Cascade de ?, manquée faute d'informations touristiques...

Quai
                  d'embarquement du ferry
Quai d'embarquement du ferry du Sognefjorden
Sognefjorden

Tunnel de
                    Fjaerland
Tunnel de Fjaerland
D’immenses tunnels (5 à 7 km) raccourcissent la nouvelle route aux belles courbes redressées qui parcourt un coin superbe mais le péage au bout en arrivant à Fjaerland nous paraît dispendieux (180 NOK), si bien que nous renonçons à la visite du Musée des Glaciers très cher lui aussi (65 NOK chacun). Il paraît pourtant bien documenté et présente une architecture originale (béton, verre et bois).

Nous préférons nous rapprocher des glaciers eux-mêmes dont on aperçoit les longues coulées blanches très haut au dessus de nos têtes : c’est le Jostedalsbreen, le plus grand glacier d’Europe, dont plusieurs langues glacières descendent assez bas dans les vallées. Première tentative vers le Supphellebreen mais les 3 heures de la balade à pied sont trop longues vu l’heure déjà avancée, et la balade en carriole trop chère.... 
En revenant du
                    Supphellebreen
En revenant d'excusrion au  Supphellebreen

L'Aigle devant le Bøyabreen
L'Aigle devant le Bøyabreen

Jean-Paul et Juliette sous le Bøyabreen
Jean-Paul et Juliette sous le Bøyabreen

Glaçon sous le névé
                  du Bøyabreen
Glaçon sous le névé du Bøyabreen
Nous nous rabattons sur le Bøyabreen beaucoup plus proche de la route et allons admirer l’énorme névé aux couleurs bleutées. Il vient tomber dans un petit lac aux eaux laiteuses bleu-vert et glacées sur lesquelles dérivent quelques icebergs miniatures…

Torrent
Torrent allant se jeter dans le fjord

Procession de
            mariage à Skei
Cortège de mariage au dessus du Jolstravatnet

Un autre long tunnel, nous longeons les eaux du Jolstravatnet jusqu’à Skei. Paysage grandiose dans le soir qui descend. Nous passons Skei sur la E39 nord et allons bivouaquer sur le bord d’un autre torrent, au creux d’une gorge profonde quelques kilomètres avant Byrkjelo. Vent froid mais pas de pluie malgré le ciel couvert.
Skei
Skei au bord du Jolstravatnet


Jeudi 16 juillet 1998 : de BYRKJELO à OPPDAL (440 km)

Montagne
Montagne, torrent et épilobes
La nuit s’écoule très calme après l’arrivée de trois autres camping-cars sur notre « terrain » au bord du torrent. Tous se lèvent vers 8:00 et nous levons le camp vers 9:15 après une autre nuit très fraîche (8°). Nous avons cependant eu bien chaud en nous habillant des pieds à la tête et en partageant le grand duvet dans le lit haut.

Le site est magnifique mais le paysage demeure toujours aussi couvert le matin : les cimes alentour sont ennuagées, le ciel gris et des averses intermittentes nous annoncent une autre journée pluvieuse et triste.

Après une route de montagne facile (en vallée jusqu’à Ullvik) nous longeons le Nordfjord superbe mais caché dans la brume et assombri par la pluie jusqu’à Stryn.

En longeant
            le Nordfjord
En longeant le Nordfjord

Plusieurs très longs tunnels nous hissent dans les montagnes jusqu’à l’embranchement vers le Dalnisba maintenant pourvu d’une guérite de péage… De toute façon, son sommet aigu se perd dans les nuages, ce qui nous dissuade de toute velléité d’escalade.

En
                  arrivant au dessus du Geiranger Fjord
Juliette au dessus du Geiranger Fjord
Nous abordons alors la longue suite de virages puis d’épingles à cheveux descendant abruptement vers Geiranger (route 15 puis 63). Vues grandioses sur les rochers verticaux aux pentes dénudées, sur le glacier au dessus de nous et surtout sur le fjord bleu vert tout en bas. Spectacle qui serait merveilleux si la bruine, le brouillard et les nuages ne noyaient tous ces paysages, éteignant les couleurs, diluant les lignes et limitant l’horizon. Nous déjeunons sur un terre-plein au creux d’une épingle à cheveux, au dessus de l’à-pic tombant sur l’extrémité du fjord, avant de poursuivre la descente des lacets qui nous mène dans le village.

Trois grands navires de croisière sont ancrés dans le fond du fjord aux parois verticales, leur masse étonne dans cet environnement si escarpé et si peu marin… Je vais vérifier le prix de la traversée en ferry jusqu’à Hellesylt (recommandée par le Guide du routard pour ses superbes points de vue) très abordable (30 FF chacun) mais le temps vraiment trop bouché et la pluie nous font renoncer.

Nous reprenons donc la route pour escalader les raides lacets d’Ørnevegen (la Route de l’Aigle : Rte 63 nord) ). Points de vue extra depuis le dernier virage où se devine le voile blanc de la cascade des Sept Sœurs, puis traversée d’une vallée suspendue très sauvage avant de redescendre à Eidsdall prendre un traversier sur le Storfjord.

La route en lacets quittant le Geiranger Fjord,
                  dite Route de l'Aigle (Ornevegen)
La route en lacets quittant le Geiranger Fjord
Traversier sur le Storfjord
Traversier sur le Storfjord

Pluie et vent très froid se poursuivent… Nous abordons à Linge pour nous enfoncer dans la fertile vallée de Valldal : petites fermes dispersées, vergers, moutons… jusqu’à franchir un torrent écumant se précipitant dans la faille étroite et profonde de Gudbandsbru. Quelques minutes d’arrêt pour filmer le phénomène, et nous attaquons le Trollstigveggen, la fameuse « Route des Troll » (Rte 63 Nord). Longue et lente montée dans un paysage de plus en plus désertique, temps très gris, brumeux, entrecoupé d’averses, environnement de hautes montagnes noirâtres tachetées de plaques de neige blanche.

Le long de la
              Trollstigveggen
Le long de la Trollstigveggen (Route des Troll)

Nous finissons par franchir le col et redescendons la vallée profonde zébrée par les lacets de la route où les gros autobus semblent miniatures tant les dimensions du site sont exceptionnelles… Des parois presque verticales au dessus de nous se précipitent d’étonnantes cascades, dont la Stigfossbru haute de 180 m. Le trafic est important sur cette route pourtant acrobatique.  Trollstigveggen (Route des Troll) et Stigfossbru
Trollstigveggen (Route des Troll) et Stigfossbru

Trollstigveggen (Route des Troll) et Stigfossbru
Trollstigveggen (Route des Troll) et Stigfossbru
Tout en bas, suivant patiemment une caravane avançant comme un limaçon, nous finissons par atteindre Andalnes, une autre petite station touristique sans âme. Sous le ciel toujours chargé d’où s’abat régulièrement des averses, nous décidons de nous avancer au maximum pour nous rapprocher de Trondheim. 

Nous laissons donc la grande 136 pour emprunter la petite 64 qui longe le Romsdalfjorden, jusqu'à Herjestranda, puis la 660 qui contourne le Langfjorden. Vastes paysages agrestes au premier plan puis larges étendues d’eau sur fond de hautes montagnes, sentiment d’espaces infinis. Langsfjorden
Langsfjorden

Langsfjorden
Langsfjorden
Malgré notre progression rapide - la route étant assez bonne et peu fréquentée – nous avons l’impression d’avancer très lentement tant le cadre est grandiose. Il faut affronter des passages plus étroits et en corniche lorsque nous longeons le Tingvollfjorden après Eidsvag (Rte 62) où nous reprenons de l’essence.

Un dernier effort nous mène, à travers des régions très sauvages et en longeant un profond canyon (le Sunndalen, Rte 70) ), jusqu’à la petite ville d’Oppdal. À 21:30 nous bivouaquons un peu avant l’agglomération, près d’une église rurale sur une hauteur à l’écart de la route, sur le stationnement d’une petit station de ski. Vue ** sur la large vallée encadrée de montagnes enneigées.


4. Trondheim et la route 17

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