SIX MOIS D'ERRANCES EN EUROPE

(CONGÉ SABBATIQUE de janvier à juillet 1997)


Monique et Jean-Paul à bord de l'Aigle





25. : SUISSE et AUTRICHE


Mercredi 2 juillet 1997 : de SAINT-JORIOZ à NEUFCHATEL (Suisse) (222 km)

Enfin c’est le départ ! Après les derniers rangements dans la cuisine, nous vidons le frigo, sortons les poubelles, réinstallons duvet et oreillers dans l’Aigle, et en route ! Juste le temps de faire un peu d’épicerie et le plein d’essence au Provencia de Sévrier, puis une escale à Annecy pour laisser les clés du chalet à Philippe J. dans sa boutique du vieil Annecy, et vers midi nous prenons la route de Genève.

Le temps gris, un peu voilé, met peu en valeur la petite route grimpant sur la Salève que nous empruntons à partir de Cruseilles. Pourtant, au bout de la longue montée sous les sapins, la vue s’étend largement de chaque côté de la ligne de crête : à l’est c’est la Chaîne du Bargy et le Plateau des Glières, avec en arrière la haute barrière enneigée des Aravis et, au fond, le Mont Blanc, le Dôme du Goûter, les Grandes Jorasses, etc. A nos pieds, au nord ouest, s'étale la plaine de Genève dont on aperçoit le grand jet d’eau, trait blanc vertical à l’orée du Lac Léman qui se perd loin à l’est, tandis que les Monts Jura barrent l’horizon. Nous pique-niquons devant le grandiose panorama, puis redescendons brusquement jusqu’à Annemasse où nous expédions notre courrier affranchi de timbres français et achetons encore un peu d’épicerie fraîche (le dysfonctionnement du frigo est décidément bien gênant). Nous repartons alors vers Genève, passons la frontière sans encombre et longeons ensuite tout le Lac Léman sans nous arrêter jusqu’à Lausanne. Nous nous rendons jusqu'à Cheseaux-Étanière où se trouve l’unique magasin Top Accessoire de Suisse. Accueil aimable du chef d’atelier qui m’avoue cependant rapidement ne rien connaître aux frigos à compression… J’obtiens quand même d’un vendeur obligeant l’adresse de la compagnie Waeco qui importe le matériel Danfoss destiné au marché suisse. Il fait très sombre lorsque nous repartons, et la pluie se met bientôt de la partie…

Un peu découragés et de l’échec de la réparation et de la poursuite du mauvais temps, nous décidons de nous avancer. Lecture des cartes, puis longue route à travers la riche campagne helvétique, soignée, propre, parfaitement mise en valeur. Le climat très doux du bord du lac permet l’épanouissement de la vigne et des fruitiers, le foin abonde dans les prairies et les céréales blondissent sur les pentes douces. A Yverdon nous abordons à nouveau la vaste étendue plate et grise d’un lac, celui de Neufchatel cette fois, dont nous longeons la rive. Dans le crépuscule et sous la pluie, il est temps de chercher un bivouac. Nous finissons par atteindre la ville de Neufchatel et allons nous installer sur un vaste stationnement près de la piscine, juste au bord du lac sur lequel la nuit tombe durant notre souper tardif (21:00). Mise à jour du carnet de route et coucher à 23:30 sous le crépitement des gouttes frappant le toit.


Jeudi 3 juillet 1997 : de NEUFCHATEL à ALTNAU (Bodensee) (323 km)

Nous parcourons bien des kilomètres aujourd'hui, à la poursuite de notre contrôleur électronique de frigo ! Nous nous levons sans trop nous presser, tout environnés des voitures des citoyens venus qui travailler en ville, qui accompagner leurs enfants dans les stades et gymnases tout proches où nous les entendons jouer et crier. Le temps est encore maussade, le ciel sombre et le lac gris tandis que nous le longeons vers le nord. Puis nous passons au Lac de Bienne, plus petit, avant d’aborder une campagne toujours aussi verdoyante et prolifique mais plus accidentée vers Solothurn, Olten puis Aarau. Nous suivons l’autoroute jusqu’à Lenzburg où la rapide Route n°1 bifurque vers Zurich. Monique me guide habilement jusqu’à Rümlang et, vers 14:30, nous y trouvons facilement le siège du répondant Danfoss pour la Suisse. Un technicien affable nous accueille, vérifie que la cause de la panne réside bien dans la carte électronique, nous la change sans problème mais au moment de partir, nous présente une facture de 300 $ pas du tout à notre goût… Explications, discussion, il semble que cet aimable intermédiaire ne puisse ni faire un échange standard de pièces ni facturer le remplacement sous garantie à Top Accessoire en France. Coup de fil à B et W, le concessionnaire de Lausane, qui nous a adressé à Waeco hier et qui maintenant se défile, réservant sa garantie aux appareils qu’il vend en Suisse… Nous serions mal pris si le technicien de Waeco, désirant malgré tout nous sortir du mauvais pas, ne faisait un autre appel auprès de l’importateur de Vitrifrigo (la marque de notre réfrigérateur) auquel il explique notre problème. Celui-ci accepterait de nous échanger le contrôleur sous garantie, à condition que nous le rejoignions à son atelier qui se trouve à Schlatt, à une quinzaine de kilomètres de Winterthur.

Sous la pluie battante, nous rattrapons rapidement l’autoroute au nord de Zurich pour… y tomber en panne d’essence ! Le jerrican aidant, nous repartons et, en nous égarant un peu sur des petites routes de campagne très vallonnées, aboutissons à un hameau très rustique où quelques fermes fleurent la vache et le fumier… Renseignement pris à la poste, ce n’est pas le bon Schlatt, il en existe un autre pas mal plus au nord, un peu avant Shaffausen, à une cinquantaine de kilomètres. Nous reprenons notre bâton de pèlerin, rattrapons Winterthur par une route un peu plus directe puis filons vers le nord sur la nationale (15). Le ciel s’est progressivement dégagé et la lumière avive un peu les vertes collines que nous traversons. Enfin, au bout d’un énième village aux grosses maisons pittoresques, nous trouvons la petite entreprise qui importe en Suisse les produits Vitrifrigo. A nouveau très aimable accueil du jeune propriétaire de la boutique et de sa mère parlant fort bien le français en ces terres pourtant germanophones. Ils écoutent avec bienveillance le récit de nos pérégrinations, puis échangent gracieusement la pièce défectueuse, sans discuter de la date de la facture qu’ils se contentent de photocopier.

Fort heureux de nous en tirer à si bon compte, nous nous laissons convaincre de quelques destinations alpines pittoresques " valant le détour " puis rallions au plus court le Bodensee (Lac de Constance). Jolies vues sur le diverticule de l’Untesee. Nous déjeunons et soupons tout à la fois dans une aire de pique-nique au bord de l’eau, avant de gagner la ville de Konstanz vite traversée pour aller stationner sur le quai au bord du Rhin naissant (au même emplacement qu’il y a 5 ans lors de notre virée vers la Bavière). Nous nous préparons à y dormir au pied des grands immeubles Rococo datant du début du siècle. Mais après quelques minute de contemplation du lac sous le crépuscule, nous renonçons à ce possible bivouac beaucoup trop troublé par le passage des rames sur le pont de chemin de fer tout proche. Nous repassons donc en Suisse pour longer la rive sud du Bodensee. Quelques tentatives pour s’arrêter au bord de l’eau s’avérant infructueuses (campings ou hôtels-restaurants partout, terrains privés jalousement clôturés…), nous grimpons plutôt un peu sur le versant au sud du lac pour aller poser nos pénates en bordure du village d’Altnau, entre les belles maisons entourées de leur jardin prolifère et les vergers occupant toutes les pentes douces descendant vers le lac. La pluie reprend dès notre installation…


Vendredi 4 juillet 1997 : d’ALTNAU à ZURS (Voralberg) (136 km)

Excellente nuit en bordure de notre village suisse, et réveil assez matinal (8:00) aux coups de marteau d’un couvreur travaillant sur une maison en construction derrière une haute haie de thuyas. Nous démarrons donc avant 9:00, malheureusement encore une fois sous un ciel très chargé qui laisse échapper quelques gouttes de temps à autre. Vue agréable, quoique limitée par la grisaille, sur le Bodensee et sur la base des montagnes en face. Notre route longe la rive du lac en traversant de nombreux villages, tous très soignés, où l’on perçoit l’opulence helvétique à la grandeur et aux finitions des maisons, à leur cadre paysager, au brillant des voitures toutes récentes qui emplissent les rues et à une ambiance générale de chic et de léché… Voralberg
              : gorges de Dornbirn
 Voralberg : gorges de Dornbirn

La Maison
                Rouge à Dornbirn
La Maison Rouge à Dornbirn

L’impression se poursuit après le franchissement de la frontière autrichienne à St Margrethen que le douanier nous fait traverser d’un signe de l’index. Nous allons alors faire un tour au centre de Dornbirn pour tirer un peu d’argent sur un Bancomat. Démarche un tantinet longuette car la première machine ne prend pas Master Card et la seconde est en panne… Une troisième accepte enfin de nous livrer les quelques sous nécessaires aux prochains jours. Ici aussi le centre ville piétonnier, tout neuf ou rénové, est très propre, l’aménagement urbain de première classe et les magasins chics et chers.

Nous ne nous attardons pas et attaquons vers midi les longues rampes raides qui mènent au Col de Bodele, à 1 148 m d’altitude. Vue étendue sur les montagnes de l’Alpenzell, les bords du Bodensee et la Bavière sur l’autre rive, depuis plusieurs virages de la montée. Nous sommes malheureusement aux trois-quarts dans les nuées lorsque nous prenons notre déjeuner dans le col, au cœur des Bregenserwald très vallonnés. Col de Bodele
                franchi dans le brouillard
Col de Bodele franchi dans le brouillard


Centre du village de Schwarzenberg
Centre du village de Schwarzenberg


Une descente accusée nous entraîne ensuite vers Schwarzenberg où nous découvrons la petite église : épais murs blancs sous le clocher pointu, mobilier élégant sculpté dans le bois clair, peintures et décor baroque lumineux et pas trop chargé. Autre sujet d’intérêt : les croix et autres ferronneries sur les tombes du petit cimetière entourant l’église.

Nef de l'église de Schwarzenberg
Nef de l'église de Schwarzenberg

Portrait dans l'église de Schwarzenberg
Portrait dans l'église de Schwarzenberg


Un dernier coup d’œil sur la place en avant où chante une fontaine fleurie, et nous repartons par la bonne route de vallée serpentant entre les montagnes embrumées. Tout au long de la montée au Hochtannberapass (1 679 m) nous doublons des troupeaux de vaches en transhumance vers les alpages. Quelques beaux coups d’œil sur les gorges sauvages et profondes, puis nous nous enfonçons dans la ouate des nuages… Évidemment nous ne verrons rien du panorama ** signalé par le Guide Vert, et nous devons redescendre très lentement en guettant les phares des véhicules montant. En
              quittant Schwarzenberg
En quittant Schwarzenberg

Au
                  dessus de Lech
Au dessus de Lech
au pied du Karhorn
Une autre jolie route de vallées entourées de pentes empanachées nous mène à Lech. Hélas ce sont la pluie et l’orage qui nous surprennent alors. Nous décidons d’attendre la fin du mauvais temps pour poursuivre notre périple. Deux heures plus tard, le ciel s’éclaircit et nous allons faire un tour au centre de la très chic station.

Lech étalée dans sa vallée
Lech étalée dans sa vallée

Centre de Lech
Centre de Lech

Quelques cartes postales, et nous allons nous arrêter - fort tôt pour une fois - à Zurs, sous la pluie qui reprend, espérant le beau temps pour passer le Flexenpass quelques 60 m au dessus de nous. Soirée morose en écoutant la pluie tambouriner sur le toit…


Samedi 5 juillet 1997 : de ZURS à WATTENS (168 km)

La pluie qui nous réveille se poursuit toute la journée, inexorablement, avec quelques rares interruptions. Le plafond bas et le ciel très gris bouchent la vue, cachent les sommets et minent le moral… A part cela, nuit fort calme à Zurs déserté par les touristes, sur le large terre-plein détrempé bordant la route menant au Col de Flexenpass. Nuit fraîche aussi (5°) car nous sommes en altitude (1 700 m); le chauffage sollicité hier soir s’est noyé, je réussis à le faire redémarrer en faisant tourner un peu le moteur pour relever la tension de la batterie décidément bien basse. Mais tant d’eau autour de nous nous dissuade de prendre notre douche coutumière…

A 9:30, nous passons le col perdu dans les nuages, descendons un peu vers Raus avant de grimper à nouveau les 1 793 m de l’Albergpass : vue bouchée décevante, pluie… La visibilité est un peu meilleure lorsque nous dévalons la pente vers St-Christoph puis St-Anton où nous arrêtons une bonne heure, le temps d’admirer les gros chalets pimpants de cette station chic et de faire le plein de denrées fraîches à l’épicerie chère. La route continue de descendre jusqu’à Lamdeck où je m’égare un peu en voulant trouver l’église baroque signalée par le Guide et nous engage sur la route du Reschenpass menant en Italie. La file de voiture est longue lorsque nous retraversons la ville après avoir fait demi-tour assez loin dans la gorge.
La route du
                Brenner près de Lamdeck
La route du Brenner près de Lamdeck


C’est ensuite une large et plate route empruntant la vallée de l’Inn que nous suivons jusqu’au monastère de Stams. Visite de l’abbatiale, au baroque clair souligné de maintes ferronneries superbes et de dorures alambiquées. Un mariage se déroule devant l’autel surmonté d’un étonnant retable sculpté (1613) or sur fond blanc représentant l’Arbre de Jessé, tandis qu’une chaire exubérante elle aussi en bois doré flanque la nef. En sortant j’ai juste le temps de filmer la Grille des Roses, un chef d’œuvre de ferronnerie datant de 1716 où s’entrelacent inextricablement feuilles, branches et fleurs de rosiers, avant d’enregistrer la fanfare saluant la sortie des mariés. Nous allons ensuite visiter la riche Salle des Princes dont le plafond s’ouvre sur une galerie à balustres dorées et dont les murs sont couverts de peintures (1722) représentant les épisodes de la vie de Saint Bernard. En quittant, coup d’œil au cadre bucolique de l’abbaye dressant ses bâtiments blancs et jaunes aux bords de la large vallée de l’Inn.

Église de
                Seefeld-in-Tyrol
Église de Seefeld-in-Tyrol

Nous gagnons alors Barwies dans une vallée voisine puis Telfs, avant de grimper brusquement jusqu’au belvédère de Mösern qui offre une vue superbe sur la vallée de l’Inn encadrée par des montagnes dont les sommets demeurent malheureusement cachés par les nuages. Quelques plans en protégeant tant bien que mal la caméra de la pluie, et nous gagnons ensuite Seefeld in Tyrol : j'y filme la jolie chapelle en rotonde (Seekucherl), les prairies au milieu des bois, mais aussi la pléiade d’hôtels et de pensions très chic dans cette élégante station de villégiature.

L’impossibilité d’y stationner et la poursuite de la pluie nous incitent à redescendre sana délai vers Innsbruck par la rampe à pic (16%) du Zirlerberg qui rachète les 500 m de dénivellation séparant Zirl de Reith bei Seefeld. Les freins chauffent un peu, mais nous sommes bientôt dans la vallée pour la quinzaine de kilomètres faciles qui nous séparent d'Innsbruck. Les principaux points d’intérêt de la ville nous sont déjà connus depuis notre visite il y a 8 ans, et le temps n’incite guère à flâner sur les quais de l’Inn. Nous traversons donc rapidement la capitale du Tyrol pour aller bivouaquer, à la nuit tombante et sous la pluie, une douzaine de kilomètres plus loin dans la vallée de l’Inn, sur le grand stationnement d’une auberge près du cimetière de Wattens.


Dimanche 6 juillet 1997 : de WATTENS à ST GILGEN (197 km)

Nuit paisible mais ponctuée d’averses qui crépitent sur le toit… Évidemment au matin le ciel est toujours aussi chargé et la pluie encore là.

Elle se poursuivra toute la journée, nous poussant à une véritable " fuite en avant " vers l’est. Nous commençons cependant par aller voir la très jolie église de Volders, à peine aperçue hier dans la pénombre. Bâtie autour d’une rotonde central servant de nef, elle dresse ses murs rouges et blancs et son clocher coiffé d’un bulbe à deux pas de l’autoroute et de l’Inn roulant des flots blanchâtres gonflés par la pluie incessante.
Église du couvent des Servites à Volders
Église du couvent des Servites à Volders


Nef de Volders
Nef de Volders


Autel de
                Volders
Autel latéral de Volders


Nous tombons au milieu de la messe de 10:00 avec chants, orgue et participation active des fidèles qui remplissent l’église au delà de la grille de séparation ouvragée. On sent la ferveur de l’assemblée rehaussée par la beauté du lieux (ou bien est-ce l’inverse ?). Nous avons tout le temps d’admirer les peintures intérieures, en particulier la coupole couverte par Martin Knoller (1725-1804) d'une superbe composition dynamique aux couleurs fraîches, ainsi que le reste du décor doré.

Coupole
        de Volders autour de sa lanterne
Coupole de Volders autour de sa lanterne

Peinture du plafond
        de Volders
Peinture du plafond de Volders

Dans le
        soleil couchant, le Couvent des Servites à Volders
Dans le soleil couchant, le Couvent des Servites à Volders

Extérieur et
                abside de l'église de Schwarz
Extérieur et abside de l'église de Schwarz

La route de la vallée de l’Inn se poursuit, pluvieuse et ennuagée, jusqu’à notre escale à Schwarz pour la visite de la Pfarrkirche (église paroissiale)...

...une grande église halle du XVème aux deux chœurs parallèles et deux bas côtés plus étroits mais tout aussi hauts.
Nef de la
              pfarrkirche de Schwarz
Nef de la pfarrkirche de Schwarz

 Schwarz : l'orgue baroque
Schwarz : l'orgue baroque

Sous la belle voûte en réseau se fait entendre un orgue au somptueux buffet baroque divisé en 4 sections, derrière une Crucifixion d’une grande émotion

Schwarz : voûtes en réseau
Schwarz : voûtes en réseau
Schwarz
              : Crucifixion
Schwarz : Crucifixion

et un autel de Sainte Anne aux époustouflantes sculptures baroques en bois doré représentant la Sainte Parenté : Sainte Anne portant Marie et Jésus, entourée de Sainte Élisabeth et de Sainte Ursule.

Autel de Sainte Anne à Schwarz
Autel de l'Assomption de la Vierge à Schwarz

Schwarz : Dormition de la Vierge
Schwarz : Assomption de la Vierge : détail

Schwarz
              : Vitrail de la Vierge à l'Enfant
Schwarz : Vitrail de la Vierge à l'Enfant
Schwarz
              : Sainte Anne portant Jesus et Marie
Schwarz : Sainte Anne portant Jesus et Marie


Schwarz
        : Vierge
Schwarz : Vierge et Enfant
Abrités sous notre parapluie nous regagnons le camion pour reprendre la route vers le nord est. Elle longe la haute chaîne des Kaisergebirge (au nord) qui demeurent cachées, noyées dans les nuages… Suivant les flots tumultueux de plusieurs rivières boueuses et débordantes, nous quittons le Tyrol peu après St Johann pour une brève incursion en Bavière via Bad Reichenhall, histoire de rallier plus vite Salzburg. Plein d'eau à
              l'abreuvoir dans un village près de Schwarz
Plein d'eau à l'abreuvoir dans un village près de Schwarz

Salzburg: depuis Moonberg
Salzburg : vue générale depuis Moonberg
La pluie cesse juste lorsque nous arrêtons devant le Festspielhaus pour faire la balade jusqu’à l’Hohensalzburg, l’ancien château fort des princes archevêques qui se dresse sur un bloc de dolomite 120 mètres au dessus de la Salzach.

Salzburg :
        Getreidestrasse
Salzburg : Getreidestrasse, la grande rue commerçante aux fameuses enseignes

Pénétrant dans la cour de l'Abbaye de St-Peter, nous admirons rapidement l’élégante décoration baroque de la nef,

Salzburg : la place devant St Peter
Salzburg : la place devant St Peter
SALZBURG : grilles de St-Peter
Salzburg : grilles de St-Peter

puis traversons le jardin romantique que constitue le cimetière Saint-Pierre (Petersfriedhof) avant de grimper le raidillon menant au château lui-même.
Salzburg : Petersfriedhof (Cimetière St Pierre) au
                pied du Hohensalzburg
Salzburg : Petersfriedhof (Cimetière St Pierre) au pied du Hohensalzburg

Après plusieurs portes et salles fortifiées débouchant à l’intérieur de la forteresse, on passe au pied de la tour du donjon en restauration pour aboutir à la place centrale ombragée par deux énormes tilleuls sur laquelle donne la petite église saint Georges. Sur sa façade, un groupe sculpté en marbre rouge de Salzburg représente l’archevêque Leonard von Kensbach (1495-1519) entouré de deux lévites. Ce sévère ecclésiastique à la mine patibulaire fut l’un des constructeurs du château…

Salzburg : Monique contemple la ville depuis le
                grand bastion Kuenburg
Salzburg : Monique contemple la ville depuis le grand bastion Kuenburg
De là, on gagne la terrasse du grand bastion Kuenburg d’où se découvre une vue superbe sur la vieille ville, ses dômes et ses clochers, le ruban de la Salzach et l’horizon de montagnes entourant la ville. Pour couronner la scène, un pâle rayon de soleil fait enfin son apparition après cinq jours de ciel plombé !

Nous redescendons par le sentier longeant le funiculaire et allons traîner sur la Residenzplatz, près de la Fontaine aux Chevaux. Nous regagnons l’Aigle en parcourant l’étroite Goldgasse puis l’Alte Markt aux belles façades classiques, et en contournant l’arrière de la grosse Kaligienkirche baroque. Un petit billet incompréhensible (tout en allemand) semble vouloir nous signifier un stationnement illicite; il va rejoindre les cartes postales et autres souvenirs locaux…
Salzburg : vue sur le Hohensalzburg depuis Mirbel
                Garten
Salzburg : vue sur le Hohensalzburg depuis Mirbel Garten

Lac de
              Saint Wolfgang dans le Salzkamergut
St Gilgen sur le Lac de Saint Wolfgang dans le Salzkamergut
Nous quittons alors la vieille cité pour nous diriger vers les lacs du Salzkamergut où nous voulons faire étape. Jolie vue sur le petit lac de Fuschl où un autre rayon de soleil vient illuminer l'agréable paysage en fin de soirée, puis superbe descente sur le Lac de St Wolfgang qui s’étend au loin entre les montagnes, tandis que les chalets de St Gilgen dévalent la pente à nos pieds. Nous gagnons la rive du lac et allons bivouaquer juste à la sortie du village, sur une petite route en impasse épousant la courbe du rivage. Elle offre calme absolu et vue grandiose sur le lac et sur son cadre de montagnes étagées jusqu’à l’horizon.

Lundi 7 juillet 1997 : de ST GILGEN à KRENGLBACH (WELS) (139 km)

Le bruit de l’eau dégouttant des arbres et s’écrasant sur le toit et sur la carrosserie nous accompagne toute la nuit. Il est encore là au lever, et le paysage de lacs et de montagnes à peine entrevu hier soir dans la pénombre est encore plus bouché ce matin. C’est donc assez déçus que nous reprenons la route faisant le tour du Salzkamergut et de ses lacs vers St-Wolfgang. St-Wolfgangsee depuis le Shaftberg
St-Wolfgangsee depuis le Shaftberg

St-Wolfgang dans la brume
St-Wolfgang dans la brume

Nous commençons par le St Wolgangsee et par le village homonyme rejoint sous une pluie battante par l’extrémité sud du lac.

Au moins le mauvais temps nous épargne-t-il la foule dans ce village certes pittoresque mais oh combien touristique : les maisons traditionnelles plus ou moins récentes se succèdent dans les quelques vieilles rues parallèles à la rive... Le
              site de St-Wolfgang sous le soleil...
Le site de St-Wolfgang sous le soleil...

L'Auberge du Cheval-Blanc, la « vraie », pas celle de
              l'opérette au Châtelet !
L'Auberge du Cheval-Blanc, la « vraie », pas celle de l'opérette au Châtelet !
...jusqu’à la Place du Marché bordée par la fameuse " Auberge du Cheval Blanc " (celle de l’opérette) joliment peinte et décorée,

et par la petite église de pèlerinage un peu massive. A l’intérieur, des trésors de sculpture ancienne (buffet d’orgue, chaire, autels, etc.) ...
Nef de l'église de St-Wolfgang
Nef de l'église de St-Wolfgang

...et bien sûr, l’extraordinaire retable de Michaël Pacher (1481) dont le riche caisson central de bois sculpté et doré représente, dans une débauche de détails, le Couronnement de la Vierge. Au dessous, une délicate Nativité, sur les côtés quatre panneaux peints aux couleurs fraîches narrent la vie de Marie. L’architecture qui l’entoure vaut elle aussi le coup d’œil : double nef couronnée d’une voûte nervurée et peinte, hauts vitraux laissant entrer une lumière ténue dans l’édifice…
Retable de Pächer
Retable de Pächer
Vierge de la Nativité (Pächer)
Vierge de la Nativité (Pächer)

En sortant, la vue serait splendide sur le lac et son cadre de montagnes depuis les arcades du promenoir extérieur si le soleil était de la partie….

Quelques plans vidéo de la rue principale bordée de belles façades peintes ou en bois sculpté, et je regagne en hâte l’Aigle où m’attend Monique rebutée par la pluie incessante.
Rue de St-Wolfgang en fin de journée
Rue de St-Wolfgang en fin de journée


St-Wofgang et le Shaftberg vus du lac
St-Wofgang et le Shaftberg vus du lac
Nous achevons notre incursion à St Wolfgang par un petit tour le long de la rive où se succèdent hôtels et pensions mais renonçons à l’excursion du Schaftberg (petit train à crémaillère montant jusqu’à 1 783 m) qui disparaît presque entièrement dans les nuées.

St-Wofgang en fin de journée
St-Wofgang en fin de journée

 Bad
              Ischl et la villa impériale (Kaiservilla)
Bad Ischl et la villa impériale (Kaiservilla)
Nous reprenons alors la route vers Bad Ischl. Elle serpente dans de profondes vallées malheureusement envahies par la brume et la pluie, tout au long du cours tumultueux et débordant de l’Ischl.

Dans la petite ville d'eau, nous nous dirigeons directement vers le parc abritant la villa impériale où Franz Josef passa 60 étés, de 1848 à sa mort en 1916.   Villa
              impériale de Bad Ischl
Villa impériale de Bad Ischl

 Dans le kaiserpark, au pied de la statue de Franz
              Josef rentrant de la chasse, le Trophée du Chasseur
Dans le kaiserpark, au pied de la statue de Franz Josef rentrant de la chasse, le Trophée du Chasseur
Magnifique domaine paysager, le kaiserpark s’adosse à la montagne où l’empereur adorait chasser; d’ailleurs la villa jaune aux colonnades à l'antique est remplie de trophées…

On visite les appartements privés, la chambre et le bureau de François Joseph, l’oratoire et le bureau de Sissi ainsi que quelques pièces d’apparat un peu plus soignées au rez-de-chaussée. Impression d’une vie relativement simple, loin des fastes de la cour et de Vienne, pour le fameux couple impérial perpétuellement soumis à la sévère étiquette espagnole.

Franz Josef jeune, peint par Franz Xavier
              Winterhalter
 Franz Josef jeune, peint par Franz Xavier Winterhalter
L'Impératrice Elizabeth peinte par Winthertaller
L'Impératrice Elizabeth peinte par Franz Xavier Winterhalter

Nous faisons ensuite quelques centaines de mètres dans les allées du parc, grimpant sous les grands arbres jusqu’au charmant Marmorschlossel, le " petit château de marbre " construit par Sissi qui aimait s’y retirer. J’aimerais poursuivre la balade dans ce parc magnifique mais la pluie nous transperce malgré nos imperméables et notre parapluie, et nous devons battre en retraite jusqu’à l’Aigle pour un dernier tour rapide des rues chic de la petite ville d’eau.

L'Impératrice Elizabeth d'Autriche « Sissi » en Reine
              de Hongrie (1867)
L'Impératrice Elizabeth d'Autriche « Sissi »
en Reine de Hongrie (1867)
1997-0707-11=Bad Ischl portrait Franz-Josef-1908
Franz-Josef II, vieil Empereur d'Autriche en 1908


Nous descendons alors la vallée de la Traun gonflée par la crue jusqu’au Traunsee que nous contournons. La vue serait superbe sur l’autre rive sauvage aux crêtes hérissées de sapins qui font penser à un paysage d’estampe japonaise, si la visibilité était suffisante et le ciel un peu plus lumineux. L’eau très haute affleure sur les quais des petits ports nichés sur la rive jusqu’à Gmunden. Je dois m'arrêter un moment pour bricoler le relais de l’essuie-glaces malencontreusement bousculé en pompant l’eau du lave-glaces qui empestait l’alcool à brûler… Nous quittons alors la montagne pour filer dans la plaine vers le nord. A 18:30 il commence à faire très sombre en traversant Wels. Nous cherchons un bivouac que nous découvrons le long de la route 137, sur le stationnement d’un lotissement chic. Nous commençons à en avoir marre de la pluie continue qui nous poursuit depuis maintenant 5 jours et songeons à redescendre au plus court vers l’Italie.



26. : Descente du DANUBE jusqu'à VIENNE


Drapeau autrichien



Mardi 8 juillet 1997 : de KRENGBACH à AGGSBACH-MARKT (180 km)

La Grand
                  Place de Linz
La Grande Place de Linz

Pas de pluie aujourd’hui ! Quel événement … Lever un peu paresseux qui nous fait quitter paisiblement notre lotissement vers 9:30. Un petit bout d’autoroute – nous n’osons l’utiliser davantage faute de la vignette réglementaire – nous fait rattraper la route de Linz. Nous parcourons rapidement la trentaine de kilomètres pour aller stationner en plein centre, à deux pas de la Grande Place. Entourée de beaux immeubles baroques et classiques aux façades pastel, la haute colonne centrale de la Trinité commémore la fin de la peste de 1723.

Nous allons également voir l’Alter Dom, ou ancienne cathédrale, au baroque assez riche qui inspire peu Monique. Je suis surtout attiré par le grand orgue qu'y tint Bruckner pendant 12 ans, comme le rappelle un médaillon en façade. Nous reprenons bientôt la route longeant la vallée très verdoyante du Danube éclairée de plus en plus fréquemment par des coups de soleil. La température s’élève, la nature devient encore plus colorée et exubérante.
Alter Dom
                    de Linz
Alter Dom de Linz


Maria Taferl : le Danube vers l'amont
Maria Taferl : le Danube vers l'amont
Nous dépassons Mäthausen, point extrême de notre virée en Autriche en 1992, traversons une petite plaine riche à l’écart du fleuve entre Heinrichsbrun et Dornach où nous retrouvons le cours large, agité, brunâtre et très rapide du Danube qui déborde largement sur ses rives. A Grein, le fleuve s’encaisse un peu entre des collines pour offrir une vue pittoresque. Nous pique-niquons au bord de l’eau au pied du château, faisons le plein d’eau dans le camping et poursuivons la route de vallée assez pittoresque. Une grimpée au sanctuaire de Maria Taferl (avec son habituelle église baroque) nous fait admirer le panorama sur la vallée, avant la poursuite de la route panoramique jusqu’à Melk.

Maria Taferl :le Danube vers l'aval (vers Vienne)
Maria Taferl : le Danube vers l'aval (vers Vienne)

On aperçoit de loin les tours de la fameuse abbatiale jaune et blanche. Un grand pont franchit le fleuve et nous mène jusqu’au parc entourant l’abbaye.

Les deux tours jumelles de Melk et la terrasse
                  donnant sur le Danube
Les deux tours jumelles de l'abbaye de Melk
et la terrasse donnant sur le Danube


L'Abbaye de Melk au dessus du Danube
L'Abbaye de Melk au dessus du Danube

En une heure et quart, nous en découvrons l’essentiel : la visite commence par la superbe Cour des Prélats, aux grands bâtiments alignés en carré autour de la fontaine centrale,

puis un superbe escalier baroque rose et blanc donne accès à la Galerie des Empereurs longue de 192 m qui dessert les chambres réservées aux visiteurs de marque. Elles ont été converties en musée et j’y admire surtout le magnifique retable gothique de l’ancienne église par Jorg Bren dont les figures narrant la Passion sont criantes de vérité comme des caricatures.
Grand
                  escalier de Melk
Grand escalier de Melk


Marmosaal (Salle de Marbre) de Melk
Marmosaal (Salle de Marbre) de Melk

Puis on passe dans la salle de Marbre (Marmorsaal) vaste et haute, à la décoration baroque fastueuse autant que rigoureuse : une suite de hauts pilastres de stucs marbrés rouge brun encadre les grandes fenêtres à petits carreaux. Son plafond s’éclaire d’une fresque grandiose datée de 1732 : " La Raison guidant l’Humanité de l’Obscurantisme vers la lumière de la Civilisation et la Culture ". Tout un programme !

De la terrasse, depuis l’éperon rocheux dominant la vallée, très belle vue sur le Danube et ses débordements et, derrière nous, sur la façade de l’abbaye.
Melk-abbatiale-depuis-village
Melk : l'abbatiale et sa terrasse depuis le village

Bibliothèque de Melk
Bibliothèque de Melk

Puis on pénètre dans la bibliothèque occupant un position symétrique à la Salle de Marbre, de l’autre côté de la terrasse. Superbe décor de bois sculpté et doré, beau plafond peint ici aussi, et immense collection de plus de 120 000 volumes…

Un petit escalier peint bordé d’une élégante grille en fer forgé donne accès à l’église abbatiale qui frappe par la somptuosité de son décor intégrant fresques, sculptures, ornements d’or et de marbre.
Escalier descendant de la bibliothèque à
                l'abbatiale
Melk : escalier descendant de la bibliothèque à l'abbatiale

Nef de
                  l'abbatiale de Melk
Nef de l'abbatiale de Melk

L’édifice garde cependant une certaine légèreté grâce à l’élan des grands pilastres cannelés qui rythment les côtés de la nef, dans des tons très chauds de rouge-brun, jaune orangé et or parsemés d’un peu de gris.

Étonnante coupole centrale haute de 65 mètres, maître autel tout doré orné de grandes statues, voûtes recouvertes de fresques légères et colorées, très beaux tableaux sur les autels latéraux par Michael Rottmayr (en particulier une admirable Adoration des Mages).

Plafond
            peint de l'abbatiale de Melk
Plafond peint de l'abbatiale de Melk

Orgues de
            Melk
Orgues de l'abbatiale de Melk

Transept et chaire
Transept et chaire de l'abbatiale de Melk
Détail de la chaire
Détail de la chaire

Notre visite est trop rapide car nous sommes chassés par la fermeture à 18:00, alors que la richesse et la densité du monument me font regretter de ne pouvoir y flâner davantage…

Shohnbuhel : le Danube depuis le couvent des Servites
Le château de Schönbuhel au bord du Danube

Le
                château de Schönbuhel au bord du Danube
Shohnbuhel : le Danube depuis le couvent des Servites
Nous allons ensuite contempler le panorama sur la vallée du Danube depuis le château de Schönbühel puis depuis l’ancien couvent des Servites.

Déçus de n’y point trouver un coin propice au bivouac (tous les stationnements sont collés sur la route), nous revenons à Melk pour flâner un peu dans les vieilles rues du village en admirant les façades anciennes...
Melk
Maison ancienne de Melk

Melk : le village sous l'abbaye
Melk : les maisons du village alignées sous l'abbaye

...et surtout, dominant la scène, les 240 mètres de l’étonnante façade méridionale de l’abbaye.

À son extrémité s'avancent, admirables dans les teintes de jaune, blanc et or, la terrasse et le portique reliant la Marmosaal et la Bibliothèque, surmontés par les deux tours dorées de la façade de l’église. Gardant dans les yeux l’image magnifique du monument enflammé par le soleil couchant, nous traversons à nouveau le Danube sur un grand pont moderne à deux arches.
Melk : les
                  tours de l'abbaye impériale
Melk : les tours de l'abbaye impériale
 

Puis longeons sa rive gauche très boisée pour nous arrêter une dizaine de kilomètres plus loin en bordure de l’eau, près du parc d’une auberge de jeunesse où campent plusieurs cyclistes. Nous y soupons et nous y endormons dans le bruit de l’eau tourbillonnant à quelques pas de nos roues.

Mercredi 9 juillet 1997 : de AGGSBACH-MARKT à ST-ANDRA (113 km)

Ruines d'Aggstein au-dessus du Danube
Ruines d'Aggstein au-dessus du Danube

Il semble que le mauvais temps soit fini pour de bon puisqu’après un ciel tout bleu au réveil, seuls quelques nuages épars masquent parfois le soleil durant la journée.

Réveil paisible au bord de l’eau et suite de la route de vallée longeant le Danube (Donau) qui a commencé à baisser, même si son courant est encore très violent et ses eaux très jaunes. Après avoir aperçu les ruines du château d’Aggstein perchées de l’autre côté du fleuve...

...nous arrivons à Spitz qui cache ses vielles rues et son église paroissiale trapue derrière un rideau d’arbres fruitiers.
Spitz
Spitz

Spitz au bord du
                Danube
Spitz au bord du Danube
Nous grimpons jusqu’à la place de l’église où les vieilles façades baroques entourent une fontaine fleurie surmontée d’une statue. Dans l’église au chœur désaxé par rapport à la nef (pour respecter le relief ?) la structure gothique à voûtes réticulées du XVème a reçu un décor baroque exubérant : chaire, retables des différents autels, buffet d’orgue. Des statues du Christ et des Apôtres ornent une remarquable balustrade à la tribune de l’orgue (1420).

Nous poursuivons notre tour du village en parcourant la Schlossgasse qui passe sous les arcades et les arcs-boutants d’un ancien château assez décrépi mais dont les vastes caves voûtées ont déjà été restaurées.

Au delà, c’est la campagne, les côtes couvertes de vignobles en terrasses de la Wachau, au-dessus du cours du grand fleuve frayant son chemin entre les collines. Paysage riant, très vert, agréable sous le soleil presque chaud. Après un dernier détour sur la rue principale pour lécher les vitrines (antiquaire, articles ménager Miele et Whirpool hors de prix : 1200 $ la laveuse à linge, vêtements modernes d’inspiration autrichienne traditionnelle) et admirer les maisons anciennes (haute salle de pierre médiévale aperçue par une porte ouverte), nous reprenons notre route fluviale. La vallée du Danube
                devant Spitz
La vallée du Danube devant Spitz

A St-Michael je monte dans la tour ronde flanquant l’église gothique fortifiée (1500) pour filmer la courbe du fleuve.

Weissenkirchen
Weissenkirchen
Nous arrêtons beaucoup plus longtemps à dans le village de Weissenkirchen...

...pour visiter le Wachau Museum aménagé dans la Teisenhoferhof, une ferme fortifiée du XVIème.
L'auberge Teisenhoferhof
L'auberge Teisenhoferhof

Galerie
                  de la Weissenhoferhof
Galerie de la Weissenhoferhof

Sa cour entourée d’arcades supporte une galerie couverte blanchie à la chaux et garnie de fleurs et de grappes d’épis de maïs.

Au rez-de-chaussée, les caves et celliers sont consacrés à un petit musée du vin (instruments divers et magnifique pressoir sculpté)...
Pressoir du Wachau Museum
Pressoir à vin du Wachau Museum


Tableau régionaliste dans le Wachau Museum
Tableau régionaliste dans le Wachau Museum
...tandis qu’à l’étage cinq salles présentent une intéressante collection de toiles des " peintres de la Wachau ", un groupe régionaliste des années 1900. On retrouve les tendances pré-impressionistes (Corot), impressionnistes (Monet…) et postimpressionnistes (Cézane) dans les tableaux inspirés par les paysages ou les gens de la région : Weissenkirchen, Durnstein, Krems, etc. Plusieurs me plaisent assez pour que j’en capte l’image à la vidéo. Dans la dernière salle, quelques mannequins portent les costumes féminins dont la coiffe typique, en ruban doré et plissé, de la Wachau, tandis que des figurines, également costumées, mettent en scène un défilé de Fête de vendanges, fanfare en tête…

En sortant de cet agréable petit musée, nous montons par un escalier couvert jusqu’à l’église paroissiale gothique du XVème fortifiée en 1531 par un mur couronné de merlons et cantonné de tours rondes pour résister aux invasions turques. A l’intérieur, joli buffet d’orgue baroque et belle Vierge à l’Enfant gothique au charme un peu mièvre. Un petit chemin à l’extérieur du rempart nous mène, à travers les vignes, jusqu’à une terrasse d’où l’on découvre une vue agréable et paisible sur la vallée du Danube. Vierge de Weissenkirchen
Vierge gothique de Weissenkirchen


Site de Durnstein
Site de Durnstein
Nous déjeunons ensuite au bord de l’eau au dessous du village et poursuivons notre descente du fleuve pour arriver, 7 kilomètres plus loin et au bout d’une grande courbe, à Durnstein. Monique préfère demeurer à se reposer dans l’Aigle sur l’un des stationnements extérieurs au village pendant que je pars seul en balade, d’abord vers les ruines du château où fut enfermé plusieurs mois Richard-Cœur-de-Lion à son retour de Terre Sainte.

Des vieux murs, il ne reste pas grand chose, mais la vue depuis le haut des rochers dominant la courbe du Danube, la vallée et le village est remarquable d’ampleur et d’harmonie.
Ruines du château de Durnstein
Ruines du château de Durnstein


Le village vu du château de Durnstein
Le village vu depuis le château de Durnstein

Un sentier raide coupé d’escaliers me ramène au centre du village dont je parcours la Hauptstrasse depuis son entrée derrière la vieille porte fortifiée puis en passant entre ses maisons anciennes, leurs tourelles en encorbellement, leurs oriels et leurs balcons fleuris. Plusieurs auberges arborent de belles enseignes en fer forgé vantant le vin blanc nouveau de la région, le Heuriger.

Une ruelle transversale me mène ensuite à l’ancien couvent des chanoines augustins (1725) qui vient d’être complètement et magnifiquement restauré. Un superbe porche baroque donne accès à l’élégante grande cour aux murs jaunes et blancs qui entoure une fontaine chantante garnie de roses, tandis qu’au pied des pilastres fleurissent les lauriers roses. Je traverse ensuite un petit musée photographique soulignant l’extraordinaire travail des restaurateurs, avant d’aboutir à la terrasse à balustrade aménagée juste au dessus du fleuve.
Cour du couvent des Augustins
Cour du couvent des Augustins et Grand Portail


Tour du couvent des Augustins de Durnstein
Tour du couvent des Augustins de Durnstein

Elle encercle la tour clocher à façade bleue et blanche, très travaillée dans ses volumes et son élévation, qu’orne une quantité de statues et de reliefs baroques. Tous ces éléments architecturaux forment de superbes premiers plans pour mes panoramiques sur le Danube, les rochers et l’ensemble de la vallée.

Un petit tour dans l'église relativement nue me permet d'en admirer les trésors de sculpture ancienne.
Intérieur de l'église et son orgue
Intérieur de l'église et son orgue


Vierge gothique de Durnstein
Vierge gothique de Durnstein
Adoration des Bergers
Adoration des Bergers

Durnstein, son couvent et son château
Durnstein, son couvent et son château au bord du Danube

Une autre ruelle menant à un passage voûté sous la muraille de la ville me conduit au chemin piétonnier qui longe la rive du fleuve. Des pompiers y dégagent à la lance les 10 cm de vase grisâtre laissée par la crue. Un long détour au pied des murailles puis à travers vignes me ramène au camping-car en m’offrant quelques autres belles vues sur le site. Assoiffé et fatigué par ma longue marche en plein soleil, j’y retrouve Monique qui a dormi, a fait vaisselle et ménage avant de préparer la visite de Vienne.

Sous un ciel à peine plus chargé, nous reprenons la route de vallée en laissant derrière nous ce charmant village.
Adieu Durnstein !
Adieu Durnstein !


Sur les
                hauteurs, le monastère de Gottweig (la Voie de Dieu)
Sur les hauteurs, le monastère de Gottweig (la Voie de Dieu)
Le relief s’aplanit en gagnant Krems où nous avons quelque difficulté à trouver le pont menant sur la rive droite du Danube. Traversée rapide de la ville avant de grimper admirer le vaste panorama sur la vallée depuis la grande terrasse du monastère de Gottweig, une autre immense construction baroque du XVIIIème que nous ne visiterons pas (ouf !).

La paisible route de campagne se poursuit dans le crépuscule jusqu’à Tulln où nous tournons un peu dans les rues joliment restaurées pour trouver l’église St Stéphan et sa chapelle funéraire datant de 1 250. De forme polygonale, coiffée d’une coupole, elle est en très bon état et a conservé son décor d’arcatures et de chapiteaux. Malgré l’heure tardive, sa porte massive encadrée de palmettes et d’arcatures à motifs géométriques est encore ouverte. Dans l’obscurité, je réussis à deviner les fresques romanes très colorées (et restaurées au XIXème) qui couvrent le plafond et courent en frise tout autour.

La nuit est presque complètement tombée lorsque nous décidons de nous rapprocher de Vienne en allant dormir près de l’abbaye de Klosterneuburg. Une première tentative pour se poser à St Andra avorte, le passage de plusieurs trains en série nous semblant par trop dissuasif. Nous montons un peu plus haut dans la montagnette et bivouaquons dans un hameau en pleine forêt.


Jeudi 10 juillet 1998 : de ST-ANDRA à SCHÖNNBRUNN (68 km)

Un temps superbe aujourd’hui souligne notre arrivée à Vienne. Nous commençons par gagner Klosterneuburg et son abbaye. C’est une jolie petite ville blottie postée au bord du Danube au pied de son monastère baroque.
Klosterneuburg
Klosterneuburg

Nef et chœur de l'Abbatiale de Klosterneuburg
Nef et chœur de l'Abbatiale de Klosterneuburg

Nous grimpons sur la colline pour jeter un coup d’œil dans l’église (baroque pas très original) et à l’extérieur des grands bâtiments, mais renonçons à la visite intérieure du palais rococo qui nous semble redondante.

Klosterneuburg : la Kaisersaal
Klosterneuburg : la Kaisersaal
La
                Marmorsaal de Klosterneuburg
La Marmorsaal de Klosterneuburg




27. WIEN (VIENNE)

Wien-Wappen
Armoiries de Wien

Jeudi 10 juillet 1997 (fin) : arrivée à WIEN (VIENNE)

Monique sur le Belvédère du Leopoldsberg
Monique sur le Belvédère du Leopoldsberg

Nous préférons parcourir la Route des Crêtes (Höhenstrasse) du Kahlenberg qui serpente sur les collines boisées dominant la capitale autrichienne au nord. Le peu d’indications – et la mauvaise orientation prise au départ de Klosterneuburg – nous entraînent dans un parcours peu compatible avec le tracé de la carte mais nous découvrons quand même les fameux belvédères de Leopoldsberg (terrasse derrière l’église) puis de Kahlenberg (autre terrasse près d’un restaurant).

Dans les deux cas se déploie une vue étendue sur les quartiers nord et est de Vienne, les hauteurs du Wienewald et le Danube très large qu’enjambent toute une série de ponts. Après déjeuner pique-nique sous la terrasse et la rotonde du restaurant chic Cobenzl, nous descendons la montagne pour faire un tour à Grinzig parmi les " Heurigen " (guinguettes) de cet ancien village de vignerons. Vienne depuis Leopoldsberg
Wien depuis Leopoldsberg

Nous entreprenons ensuite de gagner le centre de la grande ville, près du Staatoper, pour aller quérir les horaires d’ouverture des musées et monuments à l’Office du tourisme. Pour cela il faut rattraper le fameux Ring, ce grand boulevard circulaire ouvert à la fin du XIXème sur le tracé des anciens remparts et tout bordé de grands immeubles privé ou de bâtiments officiels. S'il est assez facile de trouver une place de stationnement à deux pas du fameux opéra, il faut chercher un moment l’Office du tourisme qui a déménagé depuis la parution de notre guide datant de 1985… Munis du plan et des horaires désirés, nous décidons, vu l’heure tardive, (il est passé 17:00) de faire le tour du Musée d’Arts appliqués (MAK) où nous apprécions particulièrement une salle consacrée aux sièges Art Nouveau (Thonnet), puis une autre au style Biedermeier. Au sous-sol, d’intéressantes salles thématiques sont consacrées aux mobilier, sièges, cristaux et céramiques, et l’on a reconstitué la " cuisine de Frankfurt " (1922), première cuisine aménagée en série pour un projet de 10 000 logements " H.L.M. " avant la lettre.

Après avoir aussi découvert une passionnante exposition d’objets rapportés du Japon par les Von Siebolt père et fils, diplomates et aventuriers qui y vécurent longuement durant le XIXème et assistèrent à son ouverture à l’Occident, nous prenons la route de Schönbrunn sous une averse violente et allons bivouaquer sur une rue résidentielle assez chic tout au fond du parc du château.
Façade
                    arrière du Palais de Schonbrunn illuminée
Façade arrière du Palais de Schönbrunn illuminée



Vendredi 11 juillet 1997 : SCHÖNBRUNN (3 km)

Schonbrunn
                    : le Cabinet des Miniatures
Schönbrunn : le Cabinet des Miniatures

Le ciel s’est dégagé pendant la nuit. Nous nous levons assez tard pour aller stationner juste devant le château et commencer par sa visite intérieure. Le " grand tour " donne accès à 44 pièces sur les 1 440 que compte l’impériale résidence d’été des Habsbourg… Notre tour individuel est programmé pour 12:11, sous l'escorte d'un audio-guide électronique qui nous mène à travers le château en fournissant un bref commentaire sur chaque pièce.

Le mobilier très complet et les décors presque partout fort bien restaurés ou préservés font de ce parcours une fête pour les yeux : grandes pièces d’apparat ou d’accueil blanc et or, appartements austères de l’empereur François-Joseph et, plus riants, ceux de l’impératrice Élisabeth...
Schonbrunn : le bureau de Franz-Josef II
Schönbrunn : le bureau de Franz-Josef II

Schönbrunn : la chambre de l'empereur Franz-Josef
Schönbrunn : la chambre de l'empereur Franz-Josef II

Schonbrunn : la Salle des Chevaliers
Schönbrunn : la Salle des Chevaliers

Schönbrunn : la Galerie des Glaces
Schönbrunn : la Galerie des Glaces

...salles de cérémonies dessinées pour Marie-Thérèse, cabinets chinois, chambre " Vieux Laque ", " Grande " et " Petite Galerie ", toutes deux pareillement grandioses, Galerie des Glaces...



...chambre de Napoléon garnie de superbes tapisseries et meubles d'origine...
Schonbrunn : la Chambre de Napoléon
Schönbrunn : la Chambre de Napoléon

Schonbrunn : la Chambre au Million 
Schönbrunn : la Chambre au Million
...Chambre au Million, etc.

Tout cela est superbe, d’un luxe raffiné, très évocateur des fastes de la cour impériale.

Mémorial du Duc de Reichtag : l'Aiglon
Mémorial du Duc de Reichtag : l'Aiglon

Après nous être restaurés et rafraîchis dans l’Aigle en milieu d'après midi, nous entreprenons une grande promenade dans le parc : roseraie chic et odorante, Palmenhaus tropicale où une jungle reconstituée abrite dans une atmosphère chaude et humide une belle collection d’orchidées et de plantes carnivores,


Palmenhaus de Schönbrunn : billet

Schönbrunn : la Palmenhaus
Schönbrunn : la Palmenhaus


Fontaine de Neptune et Gloriette dans le parc de
                  Schonbrunn
Fontaine de Neptune et Gloriette dans le parc de Schönbrunn
...longue palissade entourant le zoo jusqu’à la très monumentale " Fontaine de Neptune. ".

Puis une allée interminable monte jusqu’à la Gloriette, à première vue une élégante galerie couverte qui se révèle cependant de plus en plus massive à mesure que l’on s’en approche.
Monique près de la Gloriette de Schönbrunn
Monique près de la Gloriette de Schönbrunn


Jean-Paul dans le parc du Chateau de
                    Schönbrunn
Jean-Paul dans le parc du Château de Schönbrunn

Notre longue marche s’achève à 19:30 lorsque, fatigués, nous retrouvons notre Aigle. C'est pour bivouaquer à nouveau dans une rue tranquille de Schönbrunn, à proximité du château.

Samedi 12 juillet 1997 : de SCHÖNBRUNN à KAISERMUHLEN (40 km)

Le ciel dégagé au lever se couvre progressivement durant la journée. Nous quittons Schönbrunn vers 9:30 pour aller stationner à nouveau en plein cœur de la ville, à 200 m de l’Opéra sur Walfishgasse. Là nous sommes à pied d'œuvre pour faire d’abord un tour extérieur du Hofburg, le palais princier immense et composite des Habsbourg, en commençant par les serres en complète rénovation sur Burggarten. Puis on contourne l’imposant Neueburg, on traverse la Heldenplatz et on passe sous les arcades de l’Aile de Léopold pour accéder à la grande cour In der Burg au centre de laquelle se dresse le monument de l’Empereur François II.
Vienne : le Théâtre impérial
Vienne : le Théâtre impérial


Schatzkammer : Insignes du St Empire Romain
                  Germanique (XIVème)
Schatzkammer : Insignes du St Empire Romain Germanique (XIVème)
Elle donne accès à la petite Cour des Suisses, cœur de la forteresse primitive, où nous allons visiter le Trésor impérial (Schatzkammer) : trésor du Saint Empire Germanique (couronne et gloire du Xème...

Grande Croix, Sainte Laure du IXème...
Schatzkammer : Grande Croix impériale (1025)
Schatzkammer : Grande Croix impériale (1025)

Schatzkammer : Couronne de Rudolph II (1602)
Schatzkammer : Couronne de Rudolph II (1602)
insignes dynastiques des Habsbourg (couronne, sceptre, globe impérial) de Rudolphe II (XVIIème)...

...grands manteaux de couronnement remontant au Moyen-Âge, souvenirs de Marie-Louise et du Duc de Reichstadt (berceau), trésor du Duché de Bourgogne (Toison d’Or) plus toute une série de bâtons de maîtres de cérémonies en or et ivoire, de capes de héraut tissées d’or et d’argent, d’objets liturgiques précieux, etc.
Schatzkammer : Chape du couronnemement (Palerme,
                  1134)
Schatzkammer : Chape du couronnemement (Palerme, 1134)

L’or brille, les pierres précieuses scintillent, les émaux raffiné montrent leurs délicats filigranes, toute cette richesse accumulée fascine par l'extrême soin des réalisations, la qualité et le prix des matériaux et le résultat esthétique proche de la perfection. 

Staatsoper : billet de
                      visite
Staatsoper : billet de visite

Nous devons écourter la fin de la visite (objets liturgiques d’or et d’argent, dont toute une collection d’ostensoirs à peine entrevus) pour regagner l’Opéra où, à 13:00, a lieu une visite guidée en français.

Nous en gagnons rapidement les abords en traversant la grande rotonde couverte de la Hofburg qui donne sur la monumentale Michaelerplatz puis nous contournons le bâtiment massif de la Stallburg, traversons la Josefplatz au pas de course, longeons l’église des Augustins puis le long bâtiment de l’Albertina. Il est 13:00 tapant lorsque nous prenons nos billets près de la loge du concierge de l’Opéra.
Wien Staatsoper
Wien Staatsoper illuminé

Grande salle du Wiener Staatsoper
Grande salle du Wiener Staatsoper
La visite commence bientôt par le parcours de longs et étroits corridors poussiéreux dans le sous-sol jusqu’au très vaste espace derrière le rideau de scène métallique : la scène très large est munie de trappes et d’ascenseurs hydrauliques faisant monter et descendre les décors à volonté, une pseudo-scène latérale permet de les escamoter sur le côté, le tout répondant à l’exigence de ne jamais donner deux jours de suite le même spectacle. Puis nous gagnons la grande salle rouge, blanche et or où, entre autres informations, on nous apprend que le prix des places peut aller de 2 300 shillings (250 $) à 20 schillings (2,20 $) la place debout au " poulailler "…


Jean-Paul dans la grande salle du Wiener
                    Staatsoper
Jean-Paul dans la grande salle du Wiener Staatsoper
La grande salle de la Wiener Musikverein
                        lors du Concert du Nouvel An
La grande salle de la Wiener Musikverein
lors du Concert du Nouvel An


Notre tour s’achève par les foyers des spectateurs : Foyer de Marbre, Foyer des Tapisseries de la Zauberflaute et Foyer Ancien décoré de bustes de musiciens.

Monique dans le grand escalier du Staatsoper
Monique dans le grand escalier du Staatsoper

Nous sortons en descendant le Grand escalier monumental qui ressemble fort à celui de l’Opéra de Paris.


Un peu essoufflés par cette visite dense mais au rythme rapide, nous nous reposons un peu dans l’Aigle, pique-niquons puis décidons de consacrer la fin de l’après-midi au Kunsthistorisches Museum (Musée des Beaux Arts).

En passant sur le Ring quelques incursions dans le parc pour examiner les statues des célébrités locales (Franz-Josef bien sûr, mais aussi Wolfgang Amadeus Mozart...).

Statue de Franz-Josef II dans le parc du Ring
Statue de Franz-Josef II dans le parc du Ring

Monument élevé en souvenir de Wolfgang Amadeus
                    Mozart
Monument élevé à la gloire de Wolfgang
Amadeus Mozart


Nous voilà donc en route sur le Ring lorsqu’une pluie battante nous oblige à prendre le pas de course jusqu’à l’entrée colossale du bâtiment au style officiel lourd et un peu pompier caractéristique (Ringstrassenstil).

Si le décor très riche de la coupole centrale et du grand escalier surprennent dès l’abord par leur richesse, que dire des collections de peintures qui dépassent en qualité et en variété tout ce que nous avons déjà pu voir : écoles italienne, espagnole et française, puis peintures flamandes, hollandaises et allemandes forment un extraordinaire feu d’artifice de chefs d’œuvres, à commencer par les grandes peintures murale Art Nouveau intégrées à l'architecture...
Grand escalier d'entrée du Kunsthistorishes
                    Museum
Grand escalier d'entrée du Kunsthistorishes Museum


Grand escalier : l'Art italien ancien par Gustav
              Klimt
Grand escalier : l'Art italien ancien
par Gustav Klimt

Évocation du classicisme grec par Gustav Klimt
Évocation du classicisme grec par Gustav Klimt

Le Quatrocento vénitien par Gustav Klimt
Le Quatrocento vénitien
par Gustav Klimt

Quelque peu désorientés devant l’abondance de matériel, nous allons de salle en salle un peu au hasard, accrochés par certaines toiles plus significatives ou plus célèbres, plus émouvantes ou plus proches de la perfection. Le Titien, Le Tintoret, Véronèse, Caravage, Raphaël...

Madone dans la Prairie (1505) par Raphael
Madone dans la Prairie
(1505) par Raphaël
Madone dans la Prairie
                    : visage de la Vierge (1505) par Raphaël
Madone dans la Prairie :
visage de la Vierge (1505) par Raphaël


Corrège, Vélasquez enfin nous interpellent ainsi dans les salles et cabinets de l’aile droite,

L'Infant Philip Prosper (1659) par Velasquez
L'Infant Philip Prosper
(1659) par Velasquez
L'Infante Margarita Theresa en robe blanche
                  (1656) par Velasquez
L'Infante Margarita Theresa en robe blanche
(1656) par Velasquez


tandis que dans l’aile gauche ce sont Van Eyck, Brueghel, Rubens, Durer, Franz Hals dont je relève les noms en parcourant les galeries.

Vincenzo Gonzaga (1604) par Rubens
Vincenzo Gonzaga
(1604) par P. P. Rubens
L'Enfant Jésus avec Saint Jean, par P. P.
                    Rubens
L'Enfant Jésus avec Saint Jean, par P. P. Rubens


L'heure de la fermeture survient et le gardien me pousse devant lui lorsque je traverse beaucoup trop rapidement la salle abritant les Rembrandt et passe sans la voir sous la fameuse toile de Vermeer " Le peintre dans son atelier " Un peu étourdis d’un tel " bombardement " de chefs d’œuvres, nous quittons le grand bâtiment en échangeant quelques mots avec un couple de Français qui semblent avoir eux aussi pas mal parcouru l’Europe, ses sites, ses monuments et ses musées.

Nous retrouvons ensuite notre Aigle, examinons le plan de la ville pour nous diriger alors vers le Parc du Belvédère. Mais une pluie soudaine assombrit l’atmosphère et nous fait renoncer à en explorer les allées.

Nous allons alors sillonner une quarantaine de kilomètres de la " Nouvelle Vienne ", d’abord dans le quartier de Leopoldstadt, du côté du Prater, puis franchissant le Danube, sur l’île de Donaustadt où nous cherchons un lieu propice au bivouac. Le tour de l’île nous montre des quartiers neufs sans grand caractère reliés entre eux par des autoroutes rapides très nord-américaines. Tours à bureaux futuristes d’UNO City, unités d’habitation près d’Irissee, quartier de maisons individuelles quelconques de Bruckhaufen… Nous finissons par jeter notre dévolu sur le grand parking d’un groupe d’immeubles de Kaisermuhlen, près d’une promenade au bord de l’eau. Vaisselle (notre parcours a réchauffé notre réservoir d’eau chaude et remonté un peu notre batterie bien basse après ces deux jours de quasi immobilité et de ciel gris) puis souper et coucher tôt pour Monique. Je rédige jusque tard dans la nuit ce journal en souffrance depuis trois jours pour éteindre enfin à 1:15.


Dimanche 13 juillet 1997 : de VIENNE à PETRONELL-CARNUNTUM (60 km)

Excellente nuit, d’un silence et d’un calme absolus, on ne se croirait vraiment pas à 10 minutes du centre ville de Vienne si animé. Impression confirmée au matin lorsque, sous le grand soleil, je suis au bout du stationnement le sentier qui longe et traverse la rivière aux eaux dormantes et aux rives envahies par les fleurs sauvages. Sur les prairies bien tondues, un couple de cyclistes en bikini prend le soleil et des vieilles dames en robes d’été multicolores lisent le journal en papotant allongées dans des transats… En arrière plan de ce tableau idyllique, les grands blocs futuristes d’UNO City dressent leurs masses bien proportionnées de béton et de verre. Après douches et petit déjeuner un peu tardifs, nous regagnons le centre de Vienne où, quelques minutes plus tard, nous stationnons devant la porte du Palais du Belvédère.


Belvedere : billet

En fait on commence par pénétrer dans le vaste parc aménagé en terrasses garnies de jardins et de bassins baroques par un espèce de corridor voûté longeant le Belvédère inférieur. Ce " petit " palais d’été long et bas formant la limite inférieure de la propriété sur la rue Rennweg fut construit par le Prince Eugène en attendant la construction du Belvédère d’en haut, beaucoup plus vaste.
La montée à travers les jardins offre de belles perspectives sur les deux élégants monuments et sur le centre de Vienne. Jardin du Palais du Belvedere, côté nord
Jardins étagés du Palais du Belvedere, du
côté nord

L'escalier
                    monumental du Belvedere
L'escalier monumental du Belvedere

Bien des visiteurs se pressent dans ce qui constitue maintenant la galerie d’art autrichien des XIXème et XXème siècles, dans la grande entrée solennelle où des atlantes accablés aux traits turcs soutiennent les voûtes, puis dans l’escalier monumental donnant accès à la Salle de Marbre (Marmorsaal).

Le marbre rouge enrichit le décor, des pilastres et des corniches soulignés d’or accusent les lignes, une vaste fresque colorée au plafond représente l’Apothéose du Prince Eugène de Savoie vainqueur des Turcs et propriétaire des lieux.
Marmorsaal du Belvedere
Marmorsaal du Belvedere


C’est évidemment la collection de tableaux, très dense et de haute qualité, qui s’impose ici dans les salles vides de mobilier mais qui ont conservé leurs corniches et autres décors architecturaux d’origine. Quatre époques de la peinture autrichienne se partagent notre intérêt : romantiques et classiques, Biedermeier, impressionnistes et enfin figuratifs du XXème siècle.
 
Fin d'après-midi à Capri par C.Blechen (1830)
Fin d'après-midi à Capri, par C. Blechen (1830)

Si l’inspiration italienne et française est encore évidente dans les premières salles, avec quelques belles réussites originales au moins pour les motifs (montagnes et lacs d’Autriche),

Nature morte par F.G. Walmuller (1831)
Nature morte, par F.G. Walmuller (1831)

Paysage sauvage dans le Elbsandsteingebirge
                  (1822) par G.D. Friedricht
Paysage sauvage dans le Elbsandsteingebirge,
(1822) par G.D. Friedricht


on voit émerger progressivement un art plus national (scènes familiales ou à tendance " moralisatrice " du Biedermeier, paysages et scènes d’ambiance)
Le Lac de Saint-Wolfgang (1835) par F.G.
                    Walmuller
Le Lac de Saint-Wolfgang
(1835) par F.G. Walmuller


Le matin de la Fête Dieu (1857) par F.G.
                    Walmuller
Le matin de la Fête Dieu (1857) par F.G. Walmuller

Le petit pêcheur (1830) par F. Amerling
Le petit pêcheur (1830) par F. Amerling


Garçon lisant (1861) par J.B. Reiter
Garçon lisant (1861) par J.B. Reiter
Belvedere-Von-Arthaben-par-Amerling
Rudolph von Arthaben avec ses enfants (1837) par F. Amerling


  La Curieuse par P. Fendi (1796-1842)
La Curieuse par P. Fendi (1796-1842)

Femme endormie par J.B. Reiter (1849)
Femme endormie par J.B. Reiter (1849)


même si les influences européennes (soulignées par quelques Millet, Corot, Courbet, Monet, Renoir, Friedrich, Munch, etc. dispersés entre les toiles autrichiennes) sont presque toujours manifestes.

 Allée dans le jardin de Giverny (1902) par C.
                    Monet
Allée dans le jardin de Giverny, (1902) par Claude Monet

Sous la pergola, par M. Egner (1890-1940) 
Sous la pergola, par M. Egner (1890-1940)


Aux Tuileries (1888) par T. Von Horman 
Aux Tuileries (1888) par T. Von Horman

Après le bain par A. Renoir (1840-1919)  
Après le bain par Auguste Renoir (1840-1919)

La Violette par G. Klimt (1862-1918) 
La Violette, par Gustav Klimt (1862-1918)

  Soir d'été sur la plage, par E. Munch
                    (1863-1944)
Soir d'été sur la plage, par Edvard Munch (1863-1944)

Der Pulcher (1888) par J. Engelhart

Der Pulcher (1888) par J. Engelhart

Les Makart, Romako, Schindler…

  La famille de l'artiste, par Anton Romako
                    (1832-1889)
La famille de l'artiste, par Anton Romako (1832-1889)
  L'Amiral Tegetthoff dans Seesclacht bei Lissa
                    par A. Romako
L'Amiral Tegetthoff dans Seesclacht bei Lissa,
par Anton Romako


annoncent les caractères plus individualisés de leurs successeurs Gustav Klimt, Egon Shiele et Oskar Kokoshka qui les dépasseront largement dans l’originalité et l’affirmation personnelle.

  Le Baiser, par Gustav Klimt (1908)
Le Baiser, par Gustav Klimt (1908)

  Adele Bloch
                    Bauer (1907) par Gustav Klimt
Adele Bloch Bauer (1907) par Gustav Klimt


Judith I (1901) par Gustav Klimt
Judith I (1901) par Gustav Klimt

Ce long parcours (plus de 3 heures…) nous aura donné une bonne idée des tendances picturales autrichiennes et clôt en beauté notre première exploration des trésors accumulés à Vienne (pour cette fois en tout cas !).

Jean-Paul attend que cesse la pluie en sortant
                    du Belvedere
Jean-Paul attend que cesse la pluie en sortant du Belvedere

Il pleut à nouveau lorsque nous sortons et tandis que je fais le tour du grand bassin en avant pour filmer sous différents angles la superbe façade sud du Palais.

Les grilles de la grande entrée sud du Belvedere 
Les grilles de la grande entrée sud du Belvedere

Vue aérienne du Belvedere, côté sud 
Vue aérienne du Belvedere, côté sud


Ce château, peut être à cause de son unité de style et de construction, a pour nous un charme particulier et indéfinissable qui nous poursuit lorsque nous redescendons les grandes terrasses vers le Belvédère inférieur. Monique abandonne là les visites et retourne se reposer dans l’Aigle pendant que je fais un tour rapide des salles de l’Unteres Belvedere qui accueille le Musée d’Art Baroque autrichien. Architecture prétentieuse : grande Salle de Marbre sombre et ostentatoire abritant les statues colossales et originales en plomb de la fontaine de Neuemarkt, Cabinet doré, primitivement la chambre du Prince aux boiseries couvertes d’or que multiplient à l’infini de grands miroirs, cadre si orgueilleux qu’il en paraît presque " vulgaire ". Seule la Salle des Grotesques aux délicats motifs inspirés par la peinture romaine (on découvrait alors Pompeï) me semble offrir un certain charme. Quant aux peintures exposées, elles apportent peu au trésor de la peinture mondiale et font pâle figure auprès des chefs d’œuvre de la peinture italienne, flamande et française de la même époque admirés hier.

Un peu saturé de tableaux, je rejoins Monique pour un rapide casse-croûte, puis nous allons stationner juste en arrière de la Stephansdom (cathédrale Saint Étienne) pour un petit circuit dans la vieille ville. Si au début les rues étroites, bordées de hautes façades plus ou moins décorées (baroques, classiques ou Ringenstil) suscitent notre intérêt, celui-ci s’émousse assez rapidement devant la dispersion des édifices vraiment intéressants, le remplissage de vastes espaces par des immeubles quelconques, y compris modernes, sans aucun attrait, et le manque d’unité de l’ensemble. A mentionner quand même la cathédrale gothique (nef, chaire…) derrière une façade romane (portail, tours jumelles…). Beau retable du XVème mais aperçu à distance au fond de l’absidiole gauche, idem pour le tombeau en marbre du XVème de l’Empereur Frédéric III.

Monique près de la Fontaine de la Vierge sur
                    Hoehen Markt
Monique près de la Fontaine de la Vierge sur Hoehen Markt

Aussi abandonnons-nous là notre tour du vieux Vienne et, longeant les hauts murs de St Peterkirche, rallions le Graden, la grande avenue piétonne et commerçante du centre ville où quelques façades Rococo ou fin XIXème valent quand même le coup d’œil.

Un peu plus loin, on nous empêche d’entrer dans l’église de l’Ordre Teutonique où doit bientôt avoir lieu un concert… La maison que Mozart habita de 1784 à 1787 et où il composa ses " Nozze " est fermée… L’Église des Jésuites (1627) a été lourdement baroquisée au XVIIIème et en perd – presque – tout intérêt.

Quant à la Heiligenkreuzerhof, cette " belle " cour (Guide Vert) a perdu ses peintures ocres et jaunes, et badigeonnées en blanc de haut en bas, ses façades du XVIIIème ont perdu tout relief et tout cachet.

Nous nous rendons quand même jusqu’au Hohen Markt et à sa fontaine des Noces de la Vierge qui nous paraît lourde et confuse… 


De retour au parvis du Stephandom et à l’Aigle, nous quittons cette belle ville qui nous aura tant montré. En prenant eau et essence dans une station B.P. en banlieue, accrochage avec le pompiste qui prétend me refuser l’eau qu’il m’a pourtant assurée avant de faire le plein. Il faut l’intervention de la police que nous faisons appeler par le récalcitrant - en refusant de payer l’essence – pour obtenir gain de cause et repartir, tous réservoirs complétés et munis de bonnes adresses par l’un des gendarmes complaisant originaire de la petite ville d’Eisenstadt vers laquelle nous nous dirigeons.

La route rapide file vers l’est, parallèle au Danube invisible dans le crépuscule maintenant avancé, suite au retard de ¾ d’heure causé par l’incident du plein d’eau. Paysage sana grand relief de plaine alluviale ponctuée de quelques buttes : on se croirait sur l’autoroute 20 à l’est de Montréal, avec les Monts St-Bruno et St-Hilaire à l’horizon !  En
                  fin d'après-midi, la vallée du Danube à l'est de
                  Vienne 
En fin d'après-midi, la vallée du Danube à l'est de Vienne


Restes
                  de la grande porte romaine, dite Heidentor à
                  Petronelle-Carnuntum 
Restes de la grande porte romaine, dite Heidentor à Petronelle-Carnuntum

La nuit tombe lorsque nous arrivons à Petronell, site de l’antique Carnuntum romaine, capitale de la Panonie. Nous allons bivouaquer sur le stationnement de l’un des champs de fouilles puisque toute la petite ville semble devenue un vaste site archéologique. Souper rapide, écriture jusqu’à 0:30 et coucher dans le plus grand silence.


28. de Vienne au Gosausee

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