Mercredi 2 juillet 1997 : de SAINT-JORIOZ à NEUFCHATEL (Suisse) (222 km)
Enfin c’est le départ ! Après les derniers rangements dans la cuisine, nous vidons le frigo, sortons les poubelles, réinstallons duvet et oreillers dans l’Aigle, et en route ! Juste le temps de faire un peu d’épicerie et le plein d’essence au Provencia de Sévrier, puis une escale à Annecy pour laisser les clés du chalet à Philippe J. dans sa boutique du vieil Annecy, et vers midi nous prenons la route de Genève.
Le temps gris, un peu voilé, met peu en valeur la petite route grimpant sur la Salève que nous empruntons à partir de Cruseilles. Pourtant, au bout de la longue montée sous les sapins, la vue s’étend largement de chaque côté de la ligne de crête : à l’est c’est la Chaîne du Bargy et le Plateau des Glières, avec en arrière la haute barrière enneigée des Aravis et, au fond, le Mont Blanc, le Dôme du Goûter, les Grandes Jorasses, etc. A nos pieds, au nord ouest, s'étale la plaine de Genève dont on aperçoit le grand jet d’eau, trait blanc vertical à l’orée du Lac Léman qui se perd loin à l’est, tandis que les Monts Jura barrent l’horizon. Nous pique-niquons devant le grandiose panorama, puis redescendons brusquement jusqu’à Annemasse où nous expédions notre courrier affranchi de timbres français et achetons encore un peu d’épicerie fraîche (le dysfonctionnement du frigo est décidément bien gênant). Nous repartons alors vers Genève, passons la frontière sans encombre et longeons ensuite tout le Lac Léman sans nous arrêter jusqu’à Lausanne. Nous nous rendons jusqu'à Cheseaux-Étanière où se trouve l’unique magasin Top Accessoire de Suisse. Accueil aimable du chef d’atelier qui m’avoue cependant rapidement ne rien connaître aux frigos à compression… J’obtiens quand même d’un vendeur obligeant l’adresse de la compagnie Waeco qui importe le matériel Danfoss destiné au marché suisse. Il fait très sombre lorsque nous repartons, et la pluie se met bientôt de la partie…
Un peu découragés et de l’échec de la réparation
et de la poursuite du mauvais temps, nous décidons de nous
avancer. Lecture des cartes, puis longue route à travers la riche
campagne helvétique, soignée, propre, parfaitement mise en valeur.
Le climat très doux du bord du lac permet l’épanouissement de la
vigne et des fruitiers, le foin abonde dans les prairies et les
céréales blondissent sur les pentes douces. A Yverdon nous
abordons à nouveau la vaste étendue plate et grise d’un lac, celui
de Neufchatel cette fois, dont nous longeons la rive. Dans le
crépuscule et sous la pluie, il est temps de chercher un bivouac.
Nous finissons par atteindre la ville de Neufchatel et allons nous
installer sur un vaste stationnement près de la piscine, juste au
bord du lac sur lequel la nuit tombe durant notre souper tardif
(21:00). Mise à jour du carnet de route et coucher à 23:30 sous le
crépitement des gouttes frappant le toit.
Jeudi 3 juillet 1997 : de NEUFCHATEL à ALTNAU (Bodensee) (323 km)
Nous parcourons bien des kilomètres aujourd'hui, à la poursuite de notre contrôleur électronique de frigo ! Nous nous levons sans trop nous presser, tout environnés des voitures des citoyens venus qui travailler en ville, qui accompagner leurs enfants dans les stades et gymnases tout proches où nous les entendons jouer et crier. Le temps est encore maussade, le ciel sombre et le lac gris tandis que nous le longeons vers le nord. Puis nous passons au Lac de Bienne, plus petit, avant d’aborder une campagne toujours aussi verdoyante et prolifique mais plus accidentée vers Solothurn, Olten puis Aarau. Nous suivons l’autoroute jusqu’à Lenzburg où la rapide Route n°1 bifurque vers Zurich. Monique me guide habilement jusqu’à Rümlang et, vers 14:30, nous y trouvons facilement le siège du répondant Danfoss pour la Suisse. Un technicien affable nous accueille, vérifie que la cause de la panne réside bien dans la carte électronique, nous la change sans problème mais au moment de partir, nous présente une facture de 300 $ pas du tout à notre goût… Explications, discussion, il semble que cet aimable intermédiaire ne puisse ni faire un échange standard de pièces ni facturer le remplacement sous garantie à Top Accessoire en France. Coup de fil à B et W, le concessionnaire de Lausane, qui nous a adressé à Waeco hier et qui maintenant se défile, réservant sa garantie aux appareils qu’il vend en Suisse… Nous serions mal pris si le technicien de Waeco, désirant malgré tout nous sortir du mauvais pas, ne faisait un autre appel auprès de l’importateur de Vitrifrigo (la marque de notre réfrigérateur) auquel il explique notre problème. Celui-ci accepterait de nous échanger le contrôleur sous garantie, à condition que nous le rejoignions à son atelier qui se trouve à Schlatt, à une quinzaine de kilomètres de Winterthur.
Sous la pluie battante, nous rattrapons rapidement l’autoroute au nord de Zurich pour… y tomber en panne d’essence ! Le jerrican aidant, nous repartons et, en nous égarant un peu sur des petites routes de campagne très vallonnées, aboutissons à un hameau très rustique où quelques fermes fleurent la vache et le fumier… Renseignement pris à la poste, ce n’est pas le bon Schlatt, il en existe un autre pas mal plus au nord, un peu avant Shaffausen, à une cinquantaine de kilomètres. Nous reprenons notre bâton de pèlerin, rattrapons Winterthur par une route un peu plus directe puis filons vers le nord sur la nationale (15). Le ciel s’est progressivement dégagé et la lumière avive un peu les vertes collines que nous traversons. Enfin, au bout d’un énième village aux grosses maisons pittoresques, nous trouvons la petite entreprise qui importe en Suisse les produits Vitrifrigo. A nouveau très aimable accueil du jeune propriétaire de la boutique et de sa mère parlant fort bien le français en ces terres pourtant germanophones. Ils écoutent avec bienveillance le récit de nos pérégrinations, puis échangent gracieusement la pièce défectueuse, sans discuter de la date de la facture qu’ils se contentent de photocopier.
Fort heureux de nous en tirer à si bon compte,
nous nous laissons convaincre de quelques destinations alpines
pittoresques " valant le détour " puis rallions au plus court le
Bodensee (Lac de Constance). Jolies vues sur le diverticule de
l’Untesee. Nous déjeunons et soupons tout à la fois dans une aire
de pique-nique au bord de l’eau, avant de gagner la ville de
Konstanz vite traversée pour aller stationner sur le quai au bord
du Rhin naissant (au même emplacement qu’il y a 5 ans lors de
notre virée vers la Bavière). Nous nous préparons à y dormir au
pied des grands immeubles Rococo datant du début du siècle. Mais
après quelques minute de contemplation du lac sous le crépuscule,
nous renonçons à ce possible bivouac beaucoup trop troublé par le
passage des rames sur le pont de chemin de fer tout proche. Nous
repassons donc en Suisse pour longer la rive sud du Bodensee.
Quelques tentatives pour s’arrêter au bord de l’eau s’avérant
infructueuses (campings ou hôtels-restaurants partout, terrains
privés jalousement clôturés…), nous grimpons plutôt un peu sur le
versant au sud du lac pour aller poser nos pénates en bordure du
village d’Altnau, entre les belles maisons entourées de leur
jardin prolifère et les vergers occupant toutes les pentes douces
descendant vers le lac. La pluie reprend dès notre installation…
Vendredi 4 juillet 1997 : d’ALTNAU à ZURS (Voralberg) (136 km)
Excellente nuit en bordure de notre village suisse, et réveil assez matinal (8:00) aux coups de marteau d’un couvreur travaillant sur une maison en construction derrière une haute haie de thuyas. Nous démarrons donc avant 9:00, malheureusement encore une fois sous un ciel très chargé qui laisse échapper quelques gouttes de temps à autre. Vue agréable, quoique limitée par la grisaille, sur le Bodensee et sur la base des montagnes en face. Notre route longe la rive du lac en traversant de nombreux villages, tous très soignés, où l’on perçoit l’opulence helvétique à la grandeur et aux finitions des maisons, à leur cadre paysager, au brillant des voitures toutes récentes qui emplissent les rues et à une ambiance générale de chic et de léché… | Voralberg : gorges de Dornbirn |
La Maison Rouge à Dornbirn |
L’impression se poursuit
après le franchissement de la frontière autrichienne à St
Margrethen que le douanier nous fait traverser d’un signe de
l’index. Nous allons alors faire un tour au centre de
Dornbirn pour tirer un peu d’argent sur un Bancomat.
Démarche un tantinet longuette car la première machine ne
prend pas Master Card et la seconde est en panne… Une
troisième accepte enfin de nous livrer les quelques sous
nécessaires aux prochains jours. Ici aussi le centre ville
piétonnier, tout neuf ou rénové, est très propre,
l’aménagement urbain de première classe et les magasins
chics et chers. |
Nous ne nous attardons pas et attaquons vers midi les longues rampes raides qui mènent au Col de Bodele, à 1 148 m d’altitude. Vue étendue sur les montagnes de l’Alpenzell, les bords du Bodensee et la Bavière sur l’autre rive, depuis plusieurs virages de la montée. Nous sommes malheureusement aux trois-quarts dans les nuées lorsque nous prenons notre déjeuner dans le col, au cœur des Bregenserwald très vallonnés. | Col de Bodele franchi dans le brouillard |
Centre du village de Schwarzenberg |
Une descente accusée nous entraîne
ensuite vers Schwarzenberg où nous découvrons la petite
église : épais murs blancs sous le clocher pointu,
mobilier élégant sculpté dans le bois clair, peintures et
décor baroque lumineux et pas trop chargé. Autre sujet
d’intérêt : les croix et autres ferronneries sur les
tombes du petit cimetière entourant l’église.
|
Nef de l'église de Schwarzenberg |
Portrait dans l'église de Schwarzenberg |
Un dernier coup d’œil sur la place en avant où chante une fontaine fleurie, et nous repartons par la bonne route de vallée serpentant entre les montagnes embrumées. Tout au long de la montée au Hochtannberapass (1 679 m) nous doublons des troupeaux de vaches en transhumance vers les alpages. Quelques beaux coups d’œil sur les gorges sauvages et profondes, puis nous nous enfonçons dans la ouate des nuages… Évidemment nous ne verrons rien du panorama ** signalé par le Guide Vert, et nous devons redescendre très lentement en guettant les phares des véhicules montant. | En quittant Schwarzenberg |
Au dessus de Lech au pied du Karhorn |
Une autre jolie route de vallées entourées de pentes empanachées nous mène à Lech. Hélas ce sont la pluie et l’orage qui nous surprennent alors. Nous décidons d’attendre la fin du mauvais temps pour poursuivre notre périple. Deux heures plus tard, le ciel s’éclaircit et nous allons faire un tour au centre de la très chic station. |
Quelques cartes postales, et nous allons nous
arrêter - fort tôt pour une fois - à Zurs, sous la pluie qui
reprend, espérant le beau temps pour passer le Flexenpass quelques
60 m au dessus de nous. Soirée morose en écoutant la pluie
tambouriner sur le toit…
Samedi 5 juillet 1997 : de ZURS à WATTENS (168 km)
La pluie qui nous réveille se poursuit toute la journée, inexorablement, avec quelques rares interruptions. Le plafond bas et le ciel très gris bouchent la vue, cachent les sommets et minent le moral… A part cela, nuit fort calme à Zurs déserté par les touristes, sur le large terre-plein détrempé bordant la route menant au Col de Flexenpass. Nuit fraîche aussi (5°) car nous sommes en altitude (1 700 m); le chauffage sollicité hier soir s’est noyé, je réussis à le faire redémarrer en faisant tourner un peu le moteur pour relever la tension de la batterie décidément bien basse. Mais tant d’eau autour de nous nous dissuade de prendre notre douche coutumière…
A 9:30, nous passons le
col perdu dans les nuages, descendons un peu vers Raus avant
de grimper à nouveau les 1 793 m de l’Albergpass : vue
bouchée décevante, pluie… La visibilité est un peu meilleure
lorsque nous dévalons la pente vers St-Christoph puis
St-Anton où nous arrêtons une bonne heure, le temps
d’admirer les gros chalets pimpants de cette station chic et
de faire le plein de denrées fraîches à l’épicerie chère. La
route continue de descendre jusqu’à Lamdeck où je m’égare un
peu en voulant trouver l’église baroque signalée par le
Guide et nous engage sur la route du Reschenpass menant en
Italie. La file de voiture est longue lorsque nous
retraversons la ville après avoir fait demi-tour assez loin
dans la gorge. |
La route du Brenner près de Lamdeck |
Église de Seefeld-in-Tyrol |
Nous gagnons alors Barwies
dans une vallée voisine puis Telfs, avant de grimper
brusquement jusqu’au belvédère de Mösern qui offre une vue
superbe sur la vallée de l’Inn encadrée par des montagnes
dont les sommets demeurent malheureusement cachés par les
nuages. Quelques plans en protégeant tant bien que mal la
caméra de la pluie, et nous gagnons ensuite Seefeld in Tyrol
: j'y filme la jolie chapelle en rotonde (Seekucherl), les
prairies au milieu des bois, mais aussi la pléiade d’hôtels
et de pensions très chic dans cette élégante station de
villégiature. |
Dimanche 6 juillet 1997 : de WATTENS à ST GILGEN (197 km)
Nuit paisible mais ponctuée d’averses qui crépitent sur le toit… Évidemment au matin le ciel est toujours aussi chargé et la pluie encore là.
Elle se poursuivra toute
la journée, nous poussant à une véritable " fuite en avant "
vers l’est. Nous commençons cependant par aller voir la très
jolie église de Volders, à peine aperçue hier dans la
pénombre. Bâtie autour d’une rotonde central servant de nef,
elle dresse ses murs rouges et blancs et son clocher coiffé
d’un bulbe à deux pas de l’autoroute et de l’Inn roulant des
flots blanchâtres gonflés par la pluie incessante. |
Église du couvent des Servites à Volders |
Nef de Volders |
Autel latéral de Volders |
Coupole de Volders autour de sa
lanterne
Extérieur et abside de l'église de Schwarz |
La route de la vallée de
l’Inn se poursuit, pluvieuse et ennuagée, jusqu’à notre
escale à Schwarz pour la visite de la Pfarrkirche (église
paroissiale)... |
...une grande
église halle du XVème aux deux chœurs parallèles
et deux bas côtés plus étroits mais tout aussi hauts. |
Nef de la pfarrkirche de Schwarz |
Schwarz : l'orgue baroque |
Sous la belle voûte en réseau se fait
entendre un orgue au somptueux buffet baroque divisé en 4
sections, derrière une Crucifixion d’une grande émotion
|
Schwarz : voûtes en réseau |
Schwarz : Crucifixion |
et un autel de Sainte Anne aux époustouflantes
sculptures baroques en bois doré représentant la Sainte Parenté :
Sainte Anne portant Marie et Jésus, entourée de Sainte Élisabeth
et de Sainte Ursule.
Schwarz : Vitrail de la Vierge à l'Enfant |
Schwarz : Sainte Anne portant Jesus et Marie |
Abrités sous notre parapluie nous regagnons le camion pour reprendre la route vers le nord est. Elle longe la haute chaîne des Kaisergebirge (au nord) qui demeurent cachées, noyées dans les nuages… Suivant les flots tumultueux de plusieurs rivières boueuses et débordantes, nous quittons le Tyrol peu après St Johann pour une brève incursion en Bavière via Bad Reichenhall, histoire de rallier plus vite Salzburg. | Plein d'eau à l'abreuvoir dans un village près de Schwarz |
Salzburg : vue générale depuis Moonberg |
La pluie cesse juste
lorsque nous arrêtons devant le Festspielhaus pour faire la
balade jusqu’à l’Hohensalzburg, l’ancien château fort des
princes archevêques qui se dresse sur un bloc de dolomite
120 mètres au dessus de la Salzach. |
Salzburg : la place devant St Peter |
Salzburg : grilles de St-Peter |
puis
traversons le jardin romantique que constitue le cimetière
Saint-Pierre (Petersfriedhof) avant de grimper le raidillon
menant au château lui-même. |
Salzburg : Petersfriedhof (Cimetière St Pierre) au pied du Hohensalzburg |
Salzburg : Monique contemple la ville depuis le grand bastion Kuenburg |
De là, on gagne la
terrasse du grand bastion Kuenburg d’où se découvre une vue
superbe sur la vieille ville, ses dômes et ses clochers, le
ruban de la Salzach et l’horizon de montagnes entourant la
ville. Pour couronner la scène, un pâle rayon de soleil fait
enfin son apparition après cinq jours de ciel plombé ! |
Nous redescendons par le sentier
longeant le funiculaire et allons traîner sur la
Residenzplatz, près de la Fontaine aux Chevaux. Nous
regagnons l’Aigle en parcourant l’étroite Goldgasse puis
l’Alte Markt aux belles façades classiques, et en
contournant l’arrière de la grosse Kaligienkirche baroque.
Un petit billet incompréhensible (tout en allemand) semble
vouloir nous signifier un stationnement illicite; il va
rejoindre les cartes postales et autres souvenirs locaux…
|
Salzburg : vue sur le Hohensalzburg depuis Mirbel Garten |
St Gilgen sur le Lac de Saint Wolfgang dans le Salzkamergut |
Nous quittons alors la vieille cité pour nous diriger vers les lacs du Salzkamergut où nous voulons faire étape. Jolie vue sur le petit lac de Fuschl où un autre rayon de soleil vient illuminer l'agréable paysage en fin de soirée, puis superbe descente sur le Lac de St Wolfgang qui s’étend au loin entre les montagnes, tandis que les chalets de St Gilgen dévalent la pente à nos pieds. Nous gagnons la rive du lac et allons bivouaquer juste à la sortie du village, sur une petite route en impasse épousant la courbe du rivage. Elle offre calme absolu et vue grandiose sur le lac et sur son cadre de montagnes étagées jusqu’à l’horizon. |
Lundi 7 juillet 1997 : de ST GILGEN à KRENGLBACH (WELS) (139 km)
Le bruit de l’eau dégouttant des arbres et s’écrasant sur le toit et sur la carrosserie nous accompagne toute la nuit. Il est encore là au lever, et le paysage de lacs et de montagnes à peine entrevu hier soir dans la pénombre est encore plus bouché ce matin. C’est donc assez déçus que nous reprenons la route faisant le tour du Salzkamergut et de ses lacs vers St-Wolfgang. | St-Wolfgangsee depuis le Shaftberg |
St-Wolfgang dans la brume |
Nous commençons par le St
Wolgangsee et par le village homonyme rejoint sous une pluie
battante par l’extrémité sud du lac. |
Au moins le mauvais temps nous épargne-t-il la foule dans ce village certes pittoresque mais oh combien touristique : les maisons traditionnelles plus ou moins récentes se succèdent dans les quelques vieilles rues parallèles à la rive... | Le site de St-Wolfgang sous le soleil... |
L'Auberge du Cheval-Blanc, la « vraie », pas celle de l'opérette au Châtelet ! |
...jusqu’à la Place du
Marché bordée par la fameuse " Auberge du Cheval Blanc "
(celle de l’opérette) joliment peinte et décorée, |
et par la
petite église de pèlerinage un peu massive. A l’intérieur,
des trésors de sculpture ancienne (buffet d’orgue, chaire,
autels, etc.) ... |
Nef de l'église de St-Wolfgang |
Retable de Pächer |
Vierge de la Nativité (Pächer) |
Quelques
plans vidéo de la rue principale bordée de belles façades
peintes ou en bois sculpté, et je regagne en hâte l’Aigle où
m’attend Monique rebutée par la pluie incessante. |
Rue de St-Wolfgang en fin de journée |
St-Wofgang et le Shaftberg vus du lac |
Nous achevons notre
incursion à St Wolfgang par un petit tour le long de la rive
où se succèdent hôtels et pensions mais renonçons à
l’excursion du Schaftberg (petit train à crémaillère montant
jusqu’à 1 783 m) qui disparaît presque entièrement dans les
nuées. |
Bad Ischl et la villa impériale (Kaiservilla) |
Nous reprenons alors la
route vers Bad Ischl. Elle serpente dans de profondes
vallées malheureusement envahies par la brume et la pluie,
tout au long du cours tumultueux et débordant de l’Ischl. |
Dans la petite ville d'eau, nous nous dirigeons directement vers le parc abritant la villa impériale où Franz Josef passa 60 étés, de 1848 à sa mort en 1916. | Villa impériale de Bad Ischl |
Dans le kaiserpark, au pied de la statue de Franz Josef rentrant de la chasse, le Trophée du Chasseur |
Magnifique domaine paysager, le kaiserpark s’adosse à la montagne où l’empereur adorait chasser; d’ailleurs la villa jaune aux colonnades à l'antique est remplie de trophées… |
Franz Josef jeune, peint par Franz Xavier Winterhalter |
L'Impératrice Elizabeth peinte par Franz Xavier Winterhalter |
L'Impératrice Elizabeth d'Autriche « Sissi » en Reine de Hongrie (1867) |
Franz-Josef II, vieil Empereur d'Autriche en 1908 |
Mardi 8 juillet 1997 : de KRENGBACH à AGGSBACH-MARKT (180 km)
La Grande Place de Linz |
Pas de pluie aujourd’hui
! Quel événement … Lever un peu paresseux qui nous fait
quitter paisiblement notre lotissement vers 9:30. Un petit
bout d’autoroute – nous n’osons l’utiliser davantage faute
de la vignette réglementaire – nous fait rattraper la
route de Linz. Nous parcourons rapidement la trentaine de
kilomètres pour aller stationner en plein centre, à deux
pas de la Grande Place. Entourée de beaux immeubles
baroques et classiques aux façades pastel, la haute
colonne centrale de la Trinité commémore la fin de la
peste de 1723. |
Nous allons également
voir l’Alter Dom, ou ancienne cathédrale, au baroque assez
riche qui inspire peu Monique. Je suis surtout attiré par
le grand orgue qu'y tint Bruckner pendant 12 ans, comme le
rappelle un médaillon en façade. Nous reprenons bientôt la
route longeant la vallée très verdoyante du Danube
éclairée de plus en plus fréquemment par des coups de
soleil. La température s’élève, la nature devient encore
plus colorée et exubérante. |
Alter Dom de Linz |
Maria Taferl : le Danube vers l'amont |
Nous dépassons Mäthausen, point
extrême de notre virée en Autriche en 1992, traversons
une petite plaine riche à l’écart du fleuve entre
Heinrichsbrun et Dornach où nous retrouvons le cours
large, agité, brunâtre et très rapide du Danube qui
déborde largement sur ses rives. A Grein, le fleuve
s’encaisse un peu entre des collines pour offrir une vue
pittoresque. Nous pique-niquons au bord de l’eau au pied
du château, faisons le plein d’eau dans le camping et
poursuivons la route de vallée assez pittoresque. Une
grimpée au sanctuaire de Maria Taferl (avec son
habituelle église baroque) nous fait admirer le panorama
sur la vallée, avant la poursuite de la route
panoramique jusqu’à Melk.
|
On aperçoit de loin les tours de la fameuse abbatiale jaune et blanche. Un grand pont franchit le fleuve et nous mène jusqu’au parc entourant l’abbaye. |
|
L'Abbaye de Melk au dessus du Danube |
En une heure et quart,
nous en découvrons l’essentiel : la visite commence par la
superbe Cour des Prélats, aux grands bâtiments alignés en
carré autour de la fontaine centrale, |
puis un superbe escalier
baroque rose et blanc donne accès à la Galerie des
Empereurs longue de 192 m qui dessert les chambres
réservées aux visiteurs de marque. Elles ont été
converties en musée et j’y admire surtout le magnifique
retable gothique de l’ancienne église par Jorg Bren dont
les figures narrant la Passion sont criantes de vérité
comme des caricatures. |
Grand escalier de Melk |
Marmosaal (Salle de Marbre) de Melk |
Puis on passe dans la
salle de Marbre (Marmorsaal) vaste et haute, à la
décoration baroque fastueuse autant que rigoureuse : une
suite de hauts pilastres de stucs marbrés rouge brun
encadre les grandes fenêtres à petits carreaux. Son
plafond s’éclaire d’une fresque grandiose datée de 1732 :
" La Raison guidant l’Humanité de l’Obscurantisme vers la
lumière de la Civilisation et la Culture ". Tout un
programme ! |
De la
terrasse, depuis l’éperon rocheux dominant la vallée, très
belle vue sur le Danube et ses débordements et, derrière
nous, sur la façade de l’abbaye. |
Melk : l'abbatiale
et sa terrasse depuis le village
|
Bibliothèque de Melk |
Puis on pénètre dans la
bibliothèque occupant un position symétrique à la Salle de
Marbre, de l’autre côté de la terrasse. Superbe décor de
bois sculpté et doré, beau plafond peint ici aussi, et
immense collection de plus de 120 000 volumes… |
Un petit escalier peint
bordé d’une élégante grille en fer forgé donne accès à
l’église abbatiale qui frappe par la somptuosité de son
décor intégrant fresques, sculptures, ornements d’or et de
marbre. |
Melk : escalier descendant de la bibliothèque à l'abbatiale |
Nef de l'abbatiale de Melk |
L’édifice
garde cependant une certaine légèreté grâce à l’élan des
grands pilastres cannelés qui rythment les côtés de la
nef, dans des tons très chauds de rouge-brun, jaune orangé
et or parsemés d’un peu de gris. |
Transept et chaire de l'abbatiale de Melk |
Détail de la chaire |
Shohnbuhel : le Danube depuis le couvent des Servites |
Nous allons ensuite
contempler le panorama sur la vallée du Danube depuis le
château de Schönbühel puis depuis l’ancien couvent des
Servites. |
Déçus de n’y point
trouver un coin propice au bivouac (tous les
stationnements sont collés sur la route), nous revenons à
Melk pour flâner un peu dans les vieilles rues du village
en admirant les façades anciennes... |
Maison ancienne de Melk |
Melk : les maisons du village alignées sous l'abbaye |
...et surtout, dominant
la scène, les 240 mètres de l’étonnante façade méridionale
de l’abbaye. |
À son extrémité
s'avancent, admirables dans les teintes de jaune, blanc et
or, la terrasse et le portique reliant la Marmosaal et la
Bibliothèque, surmontés par les deux tours dorées de la
façade de l’église. Gardant dans les yeux l’image
magnifique du monument enflammé par le soleil couchant,
nous traversons à nouveau le Danube sur un grand pont
moderne à deux arches. |
Melk : les tours de l'abbaye impériale |
Mercredi 9 juillet 1997 : de AGGSBACH-MARKT à ST-ANDRA (113 km)
Ruines d'Aggstein au-dessus du Danube |
Il semble que le mauvais temps soit fini pour de bon puisqu’après un ciel tout bleu au réveil, seuls quelques nuages épars masquent parfois le soleil durant la journée. Réveil paisible au bord de l’eau et
suite de la route de vallée longeant le Danube (Donau)
qui a commencé à baisser, même si son courant est encore
très violent et ses eaux très jaunes. Après avoir aperçu
les ruines du château d’Aggstein perchées de l’autre
côté du fleuve...
|
...nous
arrivons à Spitz qui cache ses vielles rues et son église
paroissiale trapue derrière un rideau d’arbres fruitiers.
|
Spitz |
Spitz au bord du Danube |
Nous grimpons jusqu’à la
place de l’église où les vieilles façades baroques
entourent une fontaine fleurie surmontée d’une statue.
Dans l’église au chœur désaxé par rapport à la nef (pour
respecter le relief ?) la structure gothique à voûtes
réticulées du XVème a reçu un décor baroque
exubérant : chaire, retables des différents autels, buffet
d’orgue. Des statues du Christ et des Apôtres ornent une
remarquable balustrade à la tribune de l’orgue (1420). Nous poursuivons notre tour du village en parcourant la Schlossgasse qui passe sous les arcades et les arcs-boutants d’un ancien château assez décrépi mais dont les vastes caves voûtées ont déjà été restaurées. |
Au delà, c’est la campagne, les côtes couvertes de vignobles en terrasses de la Wachau, au-dessus du cours du grand fleuve frayant son chemin entre les collines. Paysage riant, très vert, agréable sous le soleil presque chaud. Après un dernier détour sur la rue principale pour lécher les vitrines (antiquaire, articles ménager Miele et Whirpool hors de prix : 1200 $ la laveuse à linge, vêtements modernes d’inspiration autrichienne traditionnelle) et admirer les maisons anciennes (haute salle de pierre médiévale aperçue par une porte ouverte), nous reprenons notre route fluviale. | La vallée du Danube devant Spitz |
Weissenkirchen |
Nous arrêtons beaucoup
plus longtemps à dans le village de Weissenkirchen... |
...pour visiter le
Wachau Museum aménagé dans la Teisenhoferhof, une ferme
fortifiée du XVIème. |
L'auberge Teisenhoferhof |
Galerie de la Weissenhoferhof |
Sa cour entourée
d’arcades supporte une galerie couverte blanchie à la
chaux et garnie de fleurs et de grappes d’épis de maïs. |
Au
rez-de-chaussée, les caves et celliers sont consacrés à un
petit musée du vin (instruments divers et magnifique
pressoir sculpté)... |
Pressoir à vin du Wachau Museum |
Tableau régionaliste dans le Wachau Museum |
...tandis qu’à l’étage
cinq salles présentent une intéressante collection de
toiles des " peintres de la Wachau ", un groupe
régionaliste des années 1900. On retrouve les tendances
pré-impressionistes (Corot), impressionnistes (Monet…) et
postimpressionnistes (Cézane) dans les tableaux inspirés
par les paysages ou les gens de la région :
Weissenkirchen, Durnstein, Krems, etc. Plusieurs me
plaisent assez pour que j’en capte l’image à la vidéo.
Dans la dernière salle, quelques mannequins portent les
costumes féminins dont la coiffe typique, en ruban doré et
plissé, de la Wachau, tandis que des figurines, également
costumées, mettent en scène un défilé de Fête de
vendanges, fanfare en tête… |
En sortant de cet agréable petit musée, nous montons par un escalier couvert jusqu’à l’église paroissiale gothique du XVème fortifiée en 1531 par un mur couronné de merlons et cantonné de tours rondes pour résister aux invasions turques. A l’intérieur, joli buffet d’orgue baroque et belle Vierge à l’Enfant gothique au charme un peu mièvre. Un petit chemin à l’extérieur du rempart nous mène, à travers les vignes, jusqu’à une terrasse d’où l’on découvre une vue agréable et paisible sur la vallée du Danube. | Vierge gothique de Weissenkirchen |
Site de Durnstein |
Nous déjeunons ensuite
au bord de l’eau au dessous du village et poursuivons
notre descente du fleuve pour arriver, 7 kilomètres plus
loin et au bout d’une grande courbe, à Durnstein. Monique
préfère demeurer à se reposer dans l’Aigle sur l’un des
stationnements extérieurs au village pendant que je pars
seul en balade, d’abord vers les ruines du château où fut
enfermé plusieurs mois Richard-Cœur-de-Lion à son retour
de Terre Sainte. |
Des vieux murs, il ne
reste pas grand chose, mais la vue depuis le haut des
rochers dominant la courbe du Danube, la vallée et le
village est remarquable d’ampleur et d’harmonie. |
Ruines du château de Durnstein |
Le village vu depuis le château de Durnstein |
Un sentier raide coupé
d’escaliers me ramène au centre du village dont je
parcours la Hauptstrasse depuis son entrée derrière la
vieille porte fortifiée puis en passant entre ses maisons
anciennes, leurs tourelles en encorbellement, leurs oriels
et leurs balcons fleuris. Plusieurs auberges arborent de
belles enseignes en fer forgé vantant le vin blanc nouveau
de la région, le Heuriger. |
Une ruelle transversale
me mène ensuite à l’ancien couvent des chanoines augustins
(1725) qui vient d’être complètement et magnifiquement
restauré. Un superbe porche baroque donne accès à
l’élégante grande cour aux murs jaunes et blancs qui
entoure une fontaine chantante garnie de roses, tandis
qu’au pied des pilastres fleurissent les lauriers roses.
Je traverse ensuite un petit musée photographique
soulignant l’extraordinaire travail des restaurateurs,
avant d’aboutir à la terrasse à balustrade aménagée juste
au dessus du fleuve. |
Cour du couvent des Augustins et Grand Portail |
Tour du couvent des Augustins de Durnstein |
Elle encercle la tour
clocher à façade bleue et blanche, très travaillée dans
ses volumes et son élévation, qu’orne une quantité de
statues et de reliefs baroques. Tous ces éléments
architecturaux forment de superbes premiers plans pour mes
panoramiques sur le Danube, les rochers et l’ensemble de
la vallée. |
Un petit tour dans l'église relativement
nue me permet d'en admirer les trésors de sculpture
ancienne. |
Intérieur de l'église et son orgue |
Vierge gothique de Durnstein |
Adoration des Bergers |
Durnstein, son couvent et son château au bord du Danube |
Une autre ruelle menant
à un passage voûté sous la muraille de la ville me conduit
au chemin piétonnier qui longe la rive du fleuve. Des
pompiers y dégagent à la lance les 10 cm de vase grisâtre
laissée par la crue. Un long détour au pied des murailles
puis à travers vignes me ramène au camping-car en
m’offrant quelques autres belles vues sur le site.
Assoiffé et fatigué par ma longue marche en plein soleil,
j’y retrouve Monique qui a dormi, a fait vaisselle et
ménage avant de préparer la visite de Vienne. |
Sous un ciel à peine
plus chargé, nous reprenons la route de vallée en laissant
derrière nous ce charmant village. |
Adieu Durnstein ! |
Sur les hauteurs, le monastère de Gottweig (la Voie de Dieu) |
Le relief s’aplanit en
gagnant Krems où nous avons quelque difficulté à trouver
le pont menant sur la rive droite du Danube. Traversée
rapide de la ville avant de grimper admirer le vaste
panorama sur la vallée depuis la grande terrasse du
monastère de Gottweig, une autre immense construction
baroque du XVIIIème que nous ne visiterons pas
(ouf !). |
La nuit est presque complètement tombée lorsque
nous décidons de nous rapprocher de Vienne en allant dormir près
de l’abbaye de Klosterneuburg. Une première tentative pour se
poser à St Andra avorte, le passage de plusieurs trains en série
nous semblant par trop dissuasif. Nous montons un peu plus haut
dans la montagnette et bivouaquons dans un hameau en pleine
forêt.
Jeudi 10 juillet 1998 : de ST-ANDRA à SCHÖNNBRUNN (68 km)
Un temps superbe
aujourd’hui souligne notre arrivée à Vienne. Nous
commençons par gagner Klosterneuburg et son abbaye. C’est
une jolie petite ville blottie postée au bord du Danube au
pied de son monastère baroque. |
Klosterneuburg |
Nef et chœur de l'Abbatiale de Klosterneuburg |
Nous grimpons sur la
colline pour jeter un coup d’œil dans l’église (baroque
pas très original) et à l’extérieur des grands bâtiments,
mais renonçons à la visite intérieure du palais rococo qui
nous semble redondante. |
Klosterneuburg : la Kaisersaal |
La Marmorsaal de Klosterneuburg |
Armoiries de Wien
Jeudi 10 juillet 1997 (fin) : arrivée à WIEN (VIENNE)
Monique sur le Belvédère du Leopoldsberg |
Nous préférons
parcourir la Route des Crêtes (Höhenstrasse) du
Kahlenberg qui serpente sur les collines boisées
dominant la capitale autrichienne au nord. Le peu
d’indications – et la mauvaise orientation prise au
départ de Klosterneuburg – nous entraînent dans un
parcours peu compatible avec le tracé de la carte mais
nous découvrons quand même les fameux belvédères de
Leopoldsberg (terrasse derrière l’église) puis de
Kahlenberg (autre terrasse près d’un restaurant). |
Dans les deux cas se déploie une vue étendue sur les quartiers nord et est de Vienne, les hauteurs du Wienewald et le Danube très large qu’enjambent toute une série de ponts. Après déjeuner pique-nique sous la terrasse et la rotonde du restaurant chic Cobenzl, nous descendons la montagne pour faire un tour à Grinzig parmi les " Heurigen " (guinguettes) de cet ancien village de vignerons. | Wien depuis Leopoldsberg |
Après avoir aussi découvert une
passionnante exposition d’objets rapportés du Japon
par les Von Siebolt père et fils, diplomates et
aventuriers qui y vécurent longuement durant le XIXème
et assistèrent à son ouverture à l’Occident, nous
prenons la route de Schönbrunn sous une averse
violente et allons bivouaquer sur une rue
résidentielle assez chic tout au fond du parc du
château.
|
Façade arrière du Palais de Schönbrunn illuminée |
Vendredi 11 juillet 1997 : SCHÖNBRUNN (3 km)
Schönbrunn : le Cabinet des Miniatures |
Le ciel s’est dégagé pendant la nuit. Nous nous levons assez tard pour aller stationner juste devant le château et commencer par sa visite intérieure. Le " grand tour " donne accès à 44 pièces sur les 1 440 que compte l’impériale résidence d’été des Habsbourg… Notre tour individuel est programmé pour 12:11, sous l'escorte d'un audio-guide électronique qui nous mène à travers le château en fournissant un bref commentaire sur chaque pièce. |
Le mobilier très
complet et les décors presque partout fort bien
restaurés ou préservés font de ce parcours une fête pour
les yeux : grandes pièces d’apparat ou d’accueil blanc
et or, appartements austères de l’empereur
François-Joseph et, plus riants, ceux de l’impératrice
Élisabeth... |
Schönbrunn : le bureau de Franz-Josef II |
Schönbrunn : la Galerie des Glaces |
...salles de cérémonies dessinées pour Marie-Thérèse, cabinets chinois, chambre " Vieux Laque ", " Grande " et " Petite Galerie ", toutes deux pareillement grandioses, Galerie des Glaces... |
...chambre de Napoléon garnie de
superbes tapisseries et meubles d'origine... |
Schönbrunn : la Chambre de Napoléon |
Schönbrunn : la Chambre au Million |
...Chambre au Million, etc. |
Tout cela est superbe, d’un luxe raffiné, très évocateur des fastes de la cour impériale.
Après nous
être restaurés et rafraîchis dans l’Aigle en milieu d'après
midi, nous entreprenons une grande promenade dans le parc :
roseraie chic et odorante, Palmenhaus tropicale où
une jungle reconstituée abrite dans une atmosphère chaude et
humide une belle collection d’orchidées et de plantes
carnivores,
Palmenhaus de Schönbrunn : billet |
Schönbrunn : la Palmenhaus |
Fontaine de Neptune et
Gloriette dans le parc de Schönbrunn
|
...longue palissade
entourant le zoo jusqu’à la très monumentale " Fontaine
de Neptune. ". |
Puis une allée
interminable monte jusqu’à la Gloriette, à première vue
une élégante galerie couverte qui se révèle cependant de
plus en plus massive à mesure que l’on s’en approche. |
Monique près de la Gloriette de Schönbrunn |
Jean-Paul dans le parc du Château de Schönbrunn |
Notre longue marche
s’achève à 19:30 lorsque, fatigués, nous retrouvons
notre Aigle. C'est pour bivouaquer à nouveau dans une
rue tranquille de Schönbrunn, à proximité du château. |
Samedi 12 juillet 1997 : de SCHÖNBRUNN à KAISERMUHLEN (40 km)
Le ciel dégagé au
lever se couvre progressivement durant la journée. Nous
quittons Schönbrunn vers 9:30 pour aller stationner à
nouveau en plein cœur de la ville, à 200 m de l’Opéra
sur Walfishgasse. Là nous sommes à pied d'œuvre pour
faire d’abord un tour extérieur du Hofburg, le palais
princier immense et composite des Habsbourg, en
commençant par les serres en complète rénovation sur
Burggarten. Puis on contourne l’imposant Neueburg, on
traverse la Heldenplatz et on passe sous les arcades de
l’Aile de Léopold pour accéder à la grande cour In der
Burg au centre de laquelle se dresse le monument de
l’Empereur François II. |
Vienne : le Théâtre impérial |
Schatzkammer : Insignes du St Empire Romain Germanique (XIVème) |
Elle
donne accès à la petite Cour des Suisses, cœur de la
forteresse primitive, où nous allons visiter le Trésor
impérial (Schatzkammer) : trésor du Saint Empire
Germanique (couronne et gloire du Xème... |
Grande Croix, Sainte Laure du IXème... |
Schatzkammer : Grande Croix impériale (1025) |
Schatzkammer : Couronne de Rudolph II (1602) |
insignes
dynastiques des Habsbourg (couronne, sceptre, globe
impérial) de Rudolphe II (XVIIème)... |
...grands manteaux de
couronnement remontant au Moyen-Âge, souvenirs de
Marie-Louise et du Duc de Reichstadt (berceau), trésor
du Duché de Bourgogne (Toison d’Or) plus toute une série
de bâtons de maîtres de cérémonies en or et ivoire, de
capes de héraut tissées d’or et d’argent, d’objets
liturgiques précieux, etc. |
Schatzkammer : Chape du couronnemement (Palerme, 1134) |
L’or brille, les pierres précieuses scintillent, les émaux raffiné montrent leurs délicats filigranes, toute cette richesse accumulée fascine par l'extrême soin des réalisations, la qualité et le prix des matériaux et le résultat esthétique proche de la perfection.
Staatsoper : billet de visite |
Nous devons écourter
la fin de la visite (objets liturgiques d’or et
d’argent, dont toute une collection d’ostensoirs à peine
entrevus) pour regagner l’Opéra où, à 13:00, a lieu une
visite guidée en français. |
Nous en gagnons
rapidement les abords en traversant la grande rotonde
couverte de la Hofburg qui donne sur la monumentale
Michaelerplatz puis nous contournons le bâtiment massif
de la Stallburg, traversons la Josefplatz au pas de
course, longeons l’église des Augustins puis le long
bâtiment de l’Albertina. Il est 13:00 tapant lorsque
nous prenons nos billets près de la loge du concierge de
l’Opéra. |
Wien Staatsoper illuminé |
Grande salle du Wiener Staatsoper |
La visite commence
bientôt par le parcours de longs et étroits corridors
poussiéreux dans le sous-sol jusqu’au très vaste espace
derrière le rideau de scène métallique : la scène très
large est munie de trappes et d’ascenseurs hydrauliques
faisant monter et descendre les décors à volonté, une
pseudo-scène latérale permet de les escamoter sur le
côté, le tout répondant à l’exigence de ne jamais donner
deux jours de suite le même spectacle. Puis nous gagnons
la grande salle rouge, blanche et or où, entre autres
informations, on nous apprend que le prix des places
peut aller de 2 300 shillings (250 $) à 20 schillings
(2,20 $) la place debout au " poulailler "… |
Jean-Paul dans la grande salle du Wiener Staatsoper |
La grande salle de la Wiener Musikverein lors du Concert du Nouvel An |
Monique dans le grand escalier du Staatsoper |
Nous sortons en descendant le Grand escalier monumental qui ressemble fort à celui de l’Opéra de Paris. |
En passant sur le Ring quelques incursions
dans le parc pour examiner les statues des célébrités locales
(Franz-Josef bien sûr, mais aussi Wolfgang Amadeus Mozart...).
Statue de Franz-Josef II dans le parc du Ring |
Monument élevé à la gloire de Wolfgang Amadeus Mozart |
Si le décor très riche
de la coupole centrale et du grand escalier surprennent
dès l’abord par leur richesse, que dire des collections
de peintures qui dépassent en qualité et en variété tout
ce que nous avons déjà pu voir : écoles italienne,
espagnole et française, puis peintures flamandes,
hollandaises et allemandes forment un extraordinaire feu
d’artifice de chefs d’œuvres, à commencer par les
grandes peintures murale Art Nouveau intégrées à
l'architecture... |
Grand escalier d'entrée du Kunsthistorishes Museum |
Évocation du classicisme grec par Gustav Klimt |
Le Quatrocento vénitien par Gustav Klimt |
Madone dans la Prairie (1505) par Raphaël |
Madone dans la Prairie : visage de la Vierge (1505) par Raphaël |
L'Infant Philip Prosper (1659) par Velasquez |
L'Infante Margarita Theresa en robe blanche (1656) par Velasquez |
Vincenzo Gonzaga (1604) par P. P. Rubens |
L'Enfant Jésus avec Saint Jean, par P. P. Rubens |
Nous allons alors sillonner une quarantaine
de kilomètres de la " Nouvelle Vienne ", d’abord dans le
quartier de Leopoldstadt, du côté du Prater, puis franchissant
le Danube, sur l’île de Donaustadt où nous cherchons un lieu
propice au bivouac. Le tour de l’île nous montre des quartiers
neufs sans grand caractère reliés entre eux par des autoroutes
rapides très nord-américaines. Tours à bureaux futuristes
d’UNO City, unités d’habitation près d’Irissee, quartier de
maisons individuelles quelconques de Bruckhaufen… Nous
finissons par jeter notre dévolu sur le grand parking d’un
groupe d’immeubles de Kaisermuhlen, près d’une promenade au
bord de l’eau. Vaisselle (notre parcours a réchauffé notre
réservoir d’eau chaude et remonté un peu notre batterie bien
basse après ces deux jours de quasi immobilité et de ciel
gris) puis souper et coucher tôt pour Monique. Je rédige
jusque tard dans la nuit ce journal en souffrance depuis trois
jours pour éteindre enfin à 1:15.
Dimanche 13 juillet 1997 : de VIENNE à PETRONELL-CARNUNTUM (60 km)
Excellente nuit, d’un silence et d’un calme
absolus, on ne se croirait vraiment pas à 10 minutes du centre
ville de Vienne si animé. Impression confirmée au matin
lorsque, sous le grand soleil, je suis au bout du
stationnement le sentier qui longe et traverse la rivière aux
eaux dormantes et aux rives envahies par les fleurs sauvages.
Sur les prairies bien tondues, un couple de cyclistes en
bikini prend le soleil et des vieilles dames en robes d’été
multicolores lisent le journal en papotant allongées dans des
transats… En arrière plan de ce tableau idyllique, les grands
blocs futuristes d’UNO City dressent leurs masses bien
proportionnées de béton et de verre. Après douches et petit
déjeuner un peu tardifs, nous regagnons le centre de Vienne
où, quelques minutes plus tard, nous stationnons devant la
porte du Palais du Belvédère.
Belvedere : billet |
En fait on commence
par pénétrer dans le vaste parc aménagé en terrasses
garnies de jardins et de bassins baroques par un espèce
de corridor voûté longeant le Belvédère inférieur. Ce "
petit " palais d’été long et bas formant la limite
inférieure de la propriété sur la rue Rennweg fut
construit par le Prince Eugène en attendant la
construction du Belvédère d’en haut, beaucoup plus
vaste. |
La montée à travers les jardins offre de belles perspectives sur les deux élégants monuments et sur le centre de Vienne. | Jardins étagés du Palais du Belvedere, du côté nord |
L'escalier monumental du Belvedere |
Bien des visiteurs se
pressent dans ce qui constitue maintenant la galerie
d’art autrichien des XIXème et XXème
siècles, dans la grande entrée solennelle où des
atlantes accablés aux traits turcs soutiennent les
voûtes, puis dans l’escalier monumental donnant accès à
la Salle de Marbre (Marmorsaal). |
Le marbre rouge
enrichit le décor, des pilastres et des corniches
soulignés d’or accusent les lignes, une vaste fresque
colorée au plafond représente l’Apothéose du Prince
Eugène de Savoie vainqueur des Turcs et propriétaire des
lieux. |
Marmorsaal du Belvedere |
Fin d'après-midi à Capri, par C. Blechen (1830) |
Si l’inspiration
italienne et française est encore évidente dans les
premières salles, avec quelques belles réussites
originales au moins pour les motifs (montagnes et lacs
d’Autriche), |
Nature morte, par F.G. Walmuller (1831) |
Paysage sauvage dans le Elbsandsteingebirge, (1822) par G.D. Friedricht |
on voit émerger
progressivement un art plus national (scènes familiales
ou à tendance " moralisatrice " du Biedermeier, paysages
et scènes d’ambiance) |
Le Lac de Saint-Wolfgang (1835) par F.G. Walmuller |
Le matin de la Fête Dieu (1857) par F.G. Walmuller |
Le petit pêcheur (1830) par F. Amerling |
Garçon lisant (1861) par J.B. Reiter |
Rudolph von Arthaben avec ses enfants (1837) par F. Amerling |
La Curieuse par P. Fendi (1796-1842) |
Femme endormie par J.B. Reiter (1849) |
Allée dans le jardin de Giverny, (1902) par Claude Monet |
Sous la pergola, par M. Egner (1890-1940) |
Aux Tuileries (1888) par T. Von Horman |
Après le bain par Auguste Renoir (1840-1919) |
La Violette, par Gustav Klimt (1862-1918) |
Soir d'été sur la plage, par Edvard Munch (1863-1944) |
Der
Pulcher (1888) par J. Engelhart
Les Makart, Romako, Schindler…
La famille de l'artiste, par Anton Romako (1832-1889) |
L'Amiral Tegetthoff dans Seesclacht bei Lissa, par Anton Romako |
Le Baiser, par Gustav Klimt (1908) |
Adele Bloch Bauer (1907) par Gustav Klimt |
Ce long parcours (plus de 3 heures…) nous aura donné une bonne idée des tendances picturales autrichiennes et clôt en beauté notre première exploration des trésors accumulés à Vienne (pour cette fois en tout cas !).
Jean-Paul attend que cesse la pluie en sortant du Belvedere |
Il pleut à nouveau
lorsque nous sortons et tandis que je fais le tour du
grand bassin en avant pour filmer sous différents angles
la superbe façade sud du Palais. |
Les grilles de la grande entrée sud du Belvedere |
Vue aérienne du Belvedere, côté sud |
Un peu saturé de tableaux, je rejoins Monique
pour un rapide casse-croûte, puis nous allons stationner juste
en arrière de la Stephansdom (cathédrale Saint Étienne) pour
un petit circuit dans la vieille ville. Si au début les rues
étroites, bordées de hautes façades plus ou moins décorées
(baroques, classiques ou Ringenstil) suscitent notre intérêt,
celui-ci s’émousse assez rapidement devant la dispersion des
édifices vraiment intéressants, le remplissage de vastes
espaces par des immeubles quelconques, y compris modernes,
sans aucun attrait, et le manque d’unité de l’ensemble. A
mentionner quand même la cathédrale gothique (nef, chaire…)
derrière une façade romane (portail, tours jumelles…). Beau
retable du XVème mais aperçu à distance au fond de
l’absidiole gauche, idem pour le tombeau en marbre du XVème
de l’Empereur Frédéric III.
Monique près de la Fontaine de la Vierge sur Hoehen Markt |
Aussi abandonnons-nous là notre tour du vieux Vienne et, longeant les hauts murs de St Peterkirche, rallions le Graden, la grande avenue piétonne et commerçante du centre ville où quelques façades Rococo ou fin XIXème valent quand même le coup d’œil. Un peu plus loin, on nous empêche
d’entrer dans l’église de l’Ordre Teutonique où doit
bientôt avoir lieu un concert… La maison que Mozart
habita de 1784 à 1787 et où il composa ses " Nozze "
est fermée… L’Église des Jésuites (1627) a été
lourdement baroquisée au XVIIIème et en
perd – presque – tout intérêt. Quant à la Heiligenkreuzerhof, cette " belle " cour (Guide Vert) a perdu ses peintures ocres et jaunes, et badigeonnées en blanc de haut en bas, ses façades du XVIIIème ont perdu tout relief et tout cachet. Nous nous rendons quand même jusqu’au Hohen Markt et à sa fontaine des Noces de la Vierge qui nous paraît lourde et confuse… |
La route rapide file vers l’est, parallèle au Danube invisible dans le crépuscule maintenant avancé, suite au retard de ¾ d’heure causé par l’incident du plein d’eau. Paysage sana grand relief de plaine alluviale ponctuée de quelques buttes : on se croirait sur l’autoroute 20 à l’est de Montréal, avec les Monts St-Bruno et St-Hilaire à l’horizon ! | En fin d'après-midi, la vallée du Danube à l'est de Vienne |
Restes de la grande porte romaine, dite Heidentor à Petronelle-Carnuntum |
La nuit tombe lorsque nous arrivons à Petronell, site de l’antique Carnuntum romaine, capitale de la Panonie. Nous allons bivouaquer sur le stationnement de l’un des champs de fouilles puisque toute la petite ville semble devenue un vaste site archéologique. Souper rapide, écriture jusqu’à 0:30 et coucher dans le plus grand silence. |