SIX MOIS D'ERRANCES EN EUROPE
(CONGÉ SABBATIQUE de janvier à juillet 1997)

Monique et Jean-Paul à bord de l'Aigle

Drapeau autrichien



28. : de PETRONELL-CARNUNTUM au GOSAUSEE


Lundi 14 juillet 1997 : de PETRONELL-CARNUNTUM au HÖLLENTAL (200 km)

Le
                Temple de Diane reconstitué
Le Temple de Diane reconstitué
Temps chaud et sec aujourd’hui, avec un ciel un peu plus couvert en soirée. C’est d'ailleurs la chaleur du soleil tapant sur le toit qui nous chasse du lit vers 9:15. Un petit tour sur le principal champ de fouilles de Carnuntum ne nous étonne guère malgré son étendue : nous en avons vus de tellement plus riches, avec des recherches tellement plus avancées, et ce aux quatre coins de l’Europe et du Maghreb…

Carnuntum
                : amphithéâtre II
Carnuntum : amphithéâtre II
Carnuntum :
                bronze
Carnuntum : bronze

Nous virons donc bientôt vers le sud en nous éloignant de la plaine du Danube. Grandes cultures de céréales et d’oléagineux (tournesol, moutardes, colza…), petits villages rectilignes aux maisons basses tout en longueur qui font déjà beaucoup penser à la plaine hongroise. Tel est Rohrau où nous découvrons la maisons natale de Josef et Michel Haydn joliment restaurée sous son toit de chaume mais malheureusement fermée le lundi.
Rohrau : le monument aux frères Michel & Josef
                Haydn
Rohrau : le monument aux frères Michel et Josef Haydn

Rohrau : entrée de la maison natale des Haydn
Rohrau : entrée de la maison natale des Haydn

Cour de
          la maison natale des Haydn à Rohrau
Cour de la maison natale des Haydn à Rohrau
Entrée
              du château de Harrach à Rohrau
Entrée du château de Harrach à Rohrau
Un peu plus loin, coup d’œil à la belle façade du château d’Harrach dont la collection de peintures baroques éveille chez moi bien peu d’intérêt… Crainte d’indigestion ?

Escalier du château de Harrach
Grand Escalier du château de Harrach

Galerie du château de Harrach
Galerie de tableaux du château de Harrach

Site de
              Morbish
Site de Morbish
Nous filons alors sur les coteaux couverts de vignes au pied des Leithagebirge jusqu’aux villages viticoles de Rust puis de Morbish. A l’est se devinent les champs de roseaux et la vaste étendue du Neusiedlersee, aux eaux tièdes et peu profondes.

Petit tour dans les charmantes ruelles fleuries de Morbish perpendiculaires à la grande rue principale, bordées de maisons blanches typiques des viticulteurs qui habitent l’étage accessible par un perron sous lequel s’ouvre la grande porte du cellier. Les petites maisons sont collées les unes contre les autres, toutes entourées de géraniums et de lauriers roses…

Ruelle fleurie
              de Morbish
Ruelle fleurie de Morbish
La même ruelle
              fleurie de Morbish
La même ruelle fleurie de Morbish

Vieille porte de cave à Morbish
Vieille porte de cave à Morbish

Laurier rose à Morbish
Laurier rose à Morbish

Cave vinicole
        à Morbish
Cave vinicole à Morbish

Pressoirs semi-enterrés au milieu des vignes
Pressoirs semi-enterrés au milieu des vignes

Puis nous allons déjeuner devant le petit port de plaisance de Morbish, tout au bout d’une longue digue lancée à travers le marais et les joncs. Nous sommes maintenant rendus au point le plus oriental de notre périple, et reprenons le cap à l’ouest pour gagner Eisenstadt.

Eisenstadt
              : facade du château des Esterhazy
Eisenstadt : facade du château des Esterhazy
Façade et entrée du château d'Eisenstadt
Façade et entrée du château d'Eisenstadt

Là, deuxième déception : impossible de visiter la grande salle Haydn du grandiose château des Esterhazy car il faut pour cela constituer un groupe minimum de 10 personnes et se présenter à l’heure juste, deux conditions impossibles à remplir pour nous qui voyageons seuls…
Grande
              salle Haydn du château des Esterhazy à Eisenstadt
Grande salle Haydn du château des Esterhazy à Eisenstadt

Plafond de la salle Haydn
Plafond de la salle Haydn

Cour de la maison de Josef Haydn à Eisenstadt
Cour de la maison de Josef Haydn à Eisenstadt

Agréable tour sur la jolie rue principale bordée de maisons baroques au décor délicat et aux légères teintes pastel, pour gagner la demeure que Josef Haydn occupa durant 30 ans lorsqu’il était au service du Prince Nicolas Esterhazy. Dans la petite maison pittoresque donnant sur sa cour fleurie, on présente une collection d’autographes et de premières éditions des œuvres de l’illustre compositeur. Malgré l'intérêt de ces souvenirs, les meubles et les objets sont trop peu nombreux pour donner vie et piquant à la visite, à l'exception d'un authentique piano forte Walter sur lequel le grand homme aurait pu jouer. Nous quittons donc un peu déçus la petite ville, notre pèlerinage Haydn n’aura pas été un succès…

La plaine est chaude et sans grand intérêt, invitant à un parcours rapide pour retrouver les montagnes autrement pittoresques. Nous contournons Wiener Neusatdt, passons Neunkirchen où nous arrêtons un moment pour gribouiller un itinéraire sur la carte et attaquons les premières rampes à Schottwien. Arrêt sous la
              pluie sur la place de Neunkirchen
Arrêt sous la pluie sur la place de Neunkirchen
Panorama
              à Maria Shutz
Panorama de Semmering sur Maria Shutz
Grimpée jusqu’au petit sanctuaire de Maria Schutz à 759 m où j’arrête quelques instants pour filmer l’église et le paysage, avant de gagner le grandiose panorama de Semmering. C’est le prétexte d’une autre petite balade à pied pour découvrir la vue sur la vallée profonde franchie par les sections d’un long viaduc et dominée par de hauts rochers fendus. Longue descente ensuite dans un paysage très tyrolien auquel les maisons en forme de chalets nous font également penser.
La nuit tombe lorsque nous nous engageons dans la très pittoresque et sauvage vallée de la Schwarza qui court, verte et rapide, au fond d’une gorge étroite. Fatigués par cette route en corniche difficile que nous désirons parcourir en pleine lumière, nous cherchons un point de chute. Au bout de quelques kilomètres, il se manifeste enfin sous forme d'une esplanade devant une " Maison des amis de la nature ". Ce sera là notre bivouac, dans la paix et la solitude seulement troublée par le vacarme du torrent.
En
                  descendant vers la vallée de la Schwarza
En descendant vers la vallée de la Schwarza


Mardi 15 juillet 1997 : du HÖLLENTAL à l’Abbaye de FRAUENBERG (182 km)

En
              descendant vers la vallée de la Schwarza
Vallée de la Schwarza dans les nuages et la brume
Durant presque toute la journée, le temps se montrera gris et triste avec un plafond assez bas qui se dissout en pluie. Nous sommes d’autant plus déçus que les paysages traversés, d’abord la vallée de la Schwarza puis celle de la Salza, offrent constamment des paysages contrastés de hautes pentes rocheuses tombant à pic dans une gorge profonde, tandis que tout en bas coule le flot impétueux du torrent aux eaux vertes ou le courant puissant de la rivière qui répand largement ses eaux brunes sur les rives boisées.

Il pleut déjà au départ de notre bivouac du Höllental où nous avons fort bien dormi jusqu’à 9:30, encadrés par les hautes masses du Schreeberg et du Raxalpe (2076 m et 1943 m). Une trentaine de kilomètres plus loin, nous quittons cette route très sinueuse et escarpée pour rejoindre celle de la Salza naissante, après des petits cols assez raides à escalader pour nous, du côté de St-Aegyd. A nouveau la route se faufile dans des gorges très pittoresques, les conifères s’accrochent aux versants rocheux, les nuages effilochés et les cimes qui se perdent dans le ciel donnent au paysage un air fantastique qui me font penser à certaines estampes japonaises (relief tourmenté, frise de sapins bordant la ligne de crête). La vallée tantôt s’élargit, tantôt se resserre en étranglements forgés par des barres rocheuses, dominée par des arêtes et des pitons impressionnants.

Une forte montée et nous arrivons à Mariazell, une ancienne petite ville de pèlerinage qui rassemble ses maisons colorées et ses hôtels autour de sa basilique.
Village
              de Mariazell
Village de Mariazell

C'est un bâtiment composite dont la structure, gothique d’origine, a été englobée dans un agrandissement baroque entre 1644 et 1704. Sa forme extérieure un peu banale (flèche gothique entre deux tours jumelles baroques) ne nous impressionne guère. En revanche l’intérieur s'avère plus intéressant, même si le rhabillage Rococo n’est décidément pas notre style préféré : l'orgue est superbe, de hauts contreforts intégrés en piliers latéraux supportent une galerie tout autour de la nef.

Nef
              de Mariazell
Nef de Mariazell
Orgue de
              Mariazell
Orgue de Mariazell

Autel en argent de Mariazell
Autel en argent de Mariazell
Au milieu du transept, avant la croix du transept couronnée d’une coupole invisible derrière les échafaudages des restaurateurs, trône l’étonnante chapelle miraculeuse. Sous un baldaquin d’argent à 12 colonnes et derrière des grilles de clôture également en argent, elle abrite la statue romane de Notre Dame de Mariazell habillée d'un riche costume brodé et coiffée d'une couronne d’or ou d’argent dont nous verrons quelques versions alternatives dans le trésor présenté dans les galeries hautes latérales.

Le tout transpire une religiosité intense, slave ou balkanique, que démontre également le nombre et l’achalandage des marchands de souvenirs tout autour de l’église et sur la grande place en avant.

Nous quittons sans regrets la petite ville en continuant à suivre la vallée très sauvage de la Salza, paysage grandiose devant lequel nous déjeunons enveloppés par la pluie incessante. Un peu plus loin, un tunnel franchit la porte rocheuse de Prescenyklause et débouche juste au dessus d’un barrage qui permettait autrefois d’alimenter la rivière pour y pratiquer le flottage du bois et la " drave " sur les rapides du torrent. À Wildalpen Monique appelle ses parents à St-Jorioz pendant que je filme les jolies maisons décorées en bois découpé du hameau.
Téléphérique au dessus de Mariazell
Téléphérique au dessus de Mariazell
Rivière dans
              le Gesause
La rivière Enns dans le Gesause
Finalement nous quittons la Salza à Grossreifling pour emprunter le défilé creusé par l’Enns, en partie noyé par des barrages. À partir d'Hieflau, c’est le Gesäuse, un long défilé emprunté par l’Enns au pied du Hochtor aux parois verticales (2 369 m).
Superbe coup d’œil aussi depuis le tablier du grand pont de Gstatterboden, avant d’arriver un peu plus loin à Admont. À 18:30 la fameuse bibliothèque de l’abbaye bénédictine est fermée, je dois me contenter d’un tour dans les jolis jardins fleuris au centre des bâtiments monastiques...
Vue
              aérienne d'Admont et de son abbaye
Vue générale d'Admont et de son abbaye
Site de
              Frauenberg
Site de Frauenberg
...avant que nous repartions jusqu’au sanctuaire de pèlerinage de Frauenberg qui, juché sur une butte, domine le bassin de l’Admont. Si l'architecture présente peu d'intérêt, la vue est superbe. Nous allons bivouaquer juste sous la terrasse du Calvaire formant belvédère sur Admont et sa couronne de sommets (Gesause, Ennstaler, etc.) traversés cet après-midi. Silence et paix assurés en ces lieux retirés !

Frauenberg entouré de ses montognes enneigées au printemps
Frauenberg entouré de ses montognes enneigées au printemps



Mercredi 16 juillet 1997 : de FRAUENBERG à OBERTRAUN (Hallstatt) (122 km)

Notre nuit, effectivement paisible sur les hauteurs, s’achève par un petit déjeuner au soleil devant le large panorama sur la vallée d’Admont. Bivouac à Frauenberg
Bivouac à Frauenberg
Façade de
              Frauenberg
Façade de Frauenberg
Monique déjeune devant Frauenberg
Monique déjeune devant Frauenberg

L'orgue de
              Frauenberg
L'orgue de Frauenberg
Après le tour de l’église au lourd décor baroque, puis de l’esplanade en avant donnant sur la vaste vallée à l’ouest, nous prenons la route dans cette direction.

Putti de
              Frauenberg
Putti de Frauenberg
Vierge de
              Frauenberg
Vierge de Frauenberg

 Purgg : Jean-Paul filme le village
Purgg : Jean-Paul filme le village
Elle serpente dans le large couloir de l’Enns jusqu’à Liezen, au milieu de prairies fleuries où paissent de grosses vaches beiges. Une rude montée en face du Grimming (2 531 m) nous mène au charmant village fleuri de Pürgg pour admirer les fresques romanes de la Johanneskapelle (1 200) remarquablement lisibles.

Au dessus d’une tenture aux plis réguliers dessinée en bas du mur tout autour jusqu’à environ 2 m, les dessins couvrent toute la surface libre jusqu’au plafond de bois. On reconnaît très bien une Multiplication des pains, une Nativité accompagnée d’une Annonce aux Bergers et un combat fabuleux de souris contre des chats. Sur la coupole du chœur, l’Agneau mystique domine dans un cercle central, entouré des symboles des quatre évangélistes (l’Aigle et le Taureau sont particulièrement visibles). Depuis la petite terrasse au bord de la falaise s'étend une très belle vue sur la vallée de l’Enns que nous venons de parcourir.

Jean-Paul entre dans la chapelle de Purgg
Jean-Paul entre dans la chapelle de Purgg

Bad Aussee
Bad Aussee
Nous la quittons maintenant pour traverser le plateau d’Hinterberg, entre les parois du Grimmsing et les hautes tables rocheuses du Lasvinestein. Paysage bucolique, parsemé de fermes et de chalets fleuris, jusqu’à Bad Aussee. L’ambiance chic créée par les maisons soignées, le petit parc fleuri de la Kurhof et ses magasins élégants contraste avec la nature sauvage très présente : les cours confluents de la Trause qui roulent impétueusement leurs eaux vertes au cœur du village, et le cadre montagneux très mouvementé dont les cimes atteignant 1 600 à 2 000 m dominent la vallée.

Après le pique-nique au bord de l’eau transparente et tumultueuse, nous parcourrons de la rue principale en léchant les vitrines de vêtements traditionnels autrichiens. Notre balade nous entraîne jusqu’à l’Obermarkt, une place ancienne où trône une ancienne colonne de la Trinité commémorant peste et invasion turque, et surtout le Kammerhof, autrefois palais du Contrôleur des salines. Sa façade blanche assez massive montre de beaux encadrements de fenêtres en marbre rouge de Salzbourg dont les moulures torsadées datent du XVIIème.


Au bout de cette agréable promenade dans les rues élégantes de la petite ville d’eau, nous attend l’excursion des " Trois Lacs " : le grand Grundlsee, le Toplitzsee et le petit Kammersee.
Balade des Trois
              Lacs
Balade des Trois Lacs
Grundlsee depuis le
              belvédère de Seeklause
Grundlsee depuis le belvédère de Seeklause
Le premier apparaît à cinq kilomètres à peine de Bad Aussee, depuis le belvédère de la Seeklause, en fait le déversoir du lac tout en longueur dominé à gauche par le promontoire du Backenstein (1 771 m) et en face par la longue crête du Reschenhorn puis par la barre du Turken-Kogel (1 756 m) en arrière.
Nous longeons ce beau plan d’eau jusqu’à son extrémité à Grossl où nous laissons l’Aigle pour une courte promenade à pied entre d’adorables chalets fleuris, puis le long de vertes prairies parsemées de fleurs sauvages et enfin sous un joli sous-bois longeant le torrent. Nous voici devant le second lac, le Toplitzsee, beaucoup plus encaissé et sauvage et surtout dénué de route.
Le sentier
              vers Toplitzsee
Le sentier vers Toplitzsee
Monique au bout du Toplitzsee
Monique au bout du Toplitzsee
Nous voici devant le second lac, le Toplitzsee, beaucoup plus encaissé et sauvage et surtout dénué de route.
Il faut donc embarquer dans de grandes barques en planches – mais mues par un moteur hors-bord – pour le traverser tout au long et atteindre un dernier isthme que l’on franchit à pied.
Cascade le
              long du Toplitzsee
Cascade le long du Toplitzsee
Kammersee
Kammersee
On découvre alors le petit Kammersee, presque circulaire, enchâssé dans les parois très raides des Totes Gebirge. Vingt minutes de contemplation, hélas en compagnie d’un groupe d’enfant bruyants et chahuteurs, et l’on parcourt le même itinéraire en sens inverse jusqu’à Bad Aussee.

Nous attaquons alors la route de la Pötschenhöhe. Elle grimpe jusqu’à 992 m en offrant de belles vues sur les hautes crêtes rocheuses et escarpées qui entourent la petite ville d’eau. En redescendant sur le bassin riant et verdoyant de Bad Goisern, un belvédère aménagé dans un dernier lacet permet d’apercevoir à travers les sapins la nappe bleu profond du Halstattersee qui se coude et s’enfonce dans l’amphithéâtre creusé par la Trause au pied du formidable massif du Dachstein.

La descente jusqu’au bord du lac que nous longeons alors offre plusieurs beaux points de vue jusqu’au pittoresque village de Halstatt. Nous n'en voyons presque rien, déviés vers un long tunnel qui passe sous l’agglomération à flanc de montagne et nous fait ressortir à l’extrémité sud du village, loin du centre. Nous poursuivons la route de rive jusqu’à Oberstraun, autre village aux maisons éparses au pied du vaste amphithéâtre du Krippenstein qui l’écrase. Puis nous nous dirigeons jusqu’à la station du téléphérique que nous emprunterons demain, si le temps est favorable. Bivouac solitaire sur le vaste parking vide, dans le grand silence presque absolu de la montagne.
Téléphérique du Dachstein
Téléphérique du Krippenstein Dachstein

Jeudi 17 juillet 97 : d’OBERSTRAUN à GOSAUSEE (29 km)

La vallée derrière nous depuis le téléphérique
La vallée derrière nous depuis le téléphérique du Krippenstein
Peu de route parcourue aujourd’hui puisque le grand beau temps aura permis de consacrer la journée à l’excursion sur le Krippenstein (2 109 m). Après une excellente nuit sur le stationnement du téléphérique, nous embarquons dans la nacelle à 9:30. Sans visiter les grottes à mi-parcours qui nous semblent plutôt des attrape touristes et dont le droit d’entrée grèverait notre budget, nous prenons immédiatement le deuxième téléphérique menant au Berghotel, à quelques centaines de mètres du sommet. La petite balade vers la chapelle est l’occasion de découvrir le vaste panorama vers le sud et vers l’ouest sur le massif du Dachstein dont la ligne de sommets entre 2 700 et 3 000 m barre complètement l’horizon.

Krippenstein
        Berghotel et son panorama ****
Krippenstein Berghotel et son panorama ****

Paysage essentiellement minéral de rocher calcaire gris très découpé et travaillé par l’érosion, ponctué de taches blanchâtres de neige en train de fondre. Un glacier plus conséquent s’étend juste sous les cimes, enrobant leur piétement de roche nue. Impression de haute montagne sauvage, dure dans sa nudité minérale puisque l’herbe et les arbustes nains s’arrêtent à nos pieds, donc vers 2 000 m.
Vue vers le Dachstein et le glacier depuis le
                Berghof
Vue vers le Dachstein et le glacier depuis le Krippenstein Berghof

Vue
              sur le Halstattersee depuis le Krippenstein
Vue sur le Halstattersee depuis la Pionerkreuze du Krippenstein
Je filme plusieurs jolis spécimens de flore alpine (campanules, gentianes et quelques autres dont j’ignore la nomenclature) en parcourant le sentier menant vers le nord à la Pionerkreuze (Croix des Pionniers) d’où se découvre une magnifique vue plongeante sur toute l’étendue bleue du Halstattersee, les villages d’Oberstraun et d’Halstatt à nos pieds et l’ensemble du Salzkammergut. Après un bon moment de contemplation devant ce paysage inoubliable, nous revenons à l’hôtel pour entamer, de l’autre côté, la longue balade (3 h) vers la Heilbronner Kreuze.
Mais le chemin caillouteux devient bientôt difficile, la chaleur réverbérée par le sol de rocher blanc épuisante, et Monique tire la patte… Nous faisons donc demi-tour après un tiers du parcours et, assoiffés, nous attablons à la terrasse du restaurant pour déguster glace et bière bien fraîche. Nous avons largement profité de l’air pur et du grand soleil, le ciel commence d’ailleurs à devenir plus gris, aussi à 14:30 prenons-nous le chemin du retour.
Jean-Paul près de la Pionerkreuze
Jean-Paul près de la Pionerkreuze

Billet du Téléphérique
Descente rapide et spectaculaire du téléphérique que je filme intégralement de bout en bout. Notre Aigle laissé en plein soleil est assez chaud mais le panneau solaire a pu fonctionner au maximum, si bien que la batterie est correctement rechargée et le frigo très froid.
Nous reprenons la route longeant le lac pour aller pique-niquer dans la moiteur – il fait ici beaucoup plus lourd que sur la montagne – à l’entrée d’Halstatt, sur un embarcadère à bateau près d’une pension.  Pique-nique au bord du lac à Halstatt 
Pique-nique au bord du lac à Halstatt

Halstatt depuis un belvédère du stationnement
Halstatt depuis un belvédère du stationnement

  Le tunnel passant sous la ville nous fait accéder à l’une des terrasses de stationnement où nous laissons le camion pour faire un tour dans l’ancienne et charmante petite ville : vieilles maisons fleuries, place centrale pittoresque, temple protestant austère au bord de l’eau…

Place et fontaine
        de Halstatt
Place et fontaine de Halstatt

Cimetière de
              Halstatt
Cimetière de Halstatt
La petite église catholique, décorée de deux riches retables baroques, domine un peu le village à son extrémité nord. On y accède par des escaliers et des ruelles débordantes de fleurs, comme le cimetière exigu dont les croix de fer forgé ou de bois sculpté se tassent autour des vieux murs ornés de fresques.
Quelques cartes postales achetées en quittant tenteront de rendre l’atmosphère certes touristique mais assez bon enfant du village accroché à la rive pentue de son lac.
Halstatt au bord du lac et le Krippenstein
Halstatt au bord du lac et le Krippenstein


Chalet tout fleuri dans le Gosautal 
Chalet tout fleuri dans le Gosautal

Route dans le
                Gosautal
Panorama sur le route dans le Gosautal

Nous continuons de revenir sur nos pas vers Gosau où la route s’enfonce dans la montagne en longeant le Gosaubach. Le chemin montueux se faufile dans une vallée étroite et boisée qui s’ouvre ensuite sur le bassin de Gosau, dominé par la magnifique arête du Gosaukamm toute hérissée de pics et d’aiguilles.
De nouveau une courte route de vallée plus étroite monte jusqu’à la moraine inférieure barrant le fameux lac. Le ciel qui s’assombrit nous laisse quand même bien apercevoir devant nous la très belle perspective sur le groupe calcaire du Hoher Dachstein (2 995 m) qui reflète ses cimes et ses petits glaciers de plateau dans le bleu sombre du lac tandis qu’à droite les crêtes du Gosaukamm tombent directement dans l'eau. Une famille de camping-caristes bretons achevant eux aussi un périple humide en Autriche lie conversation…
Le Gosausee et son
                glacier sur le Hoher Dachstein
Le Gosausee et son glacier sur le Hoher Dachstein

 J-P au bord du Gosausee avant l'orage
Jean-Paul au bord du Gosausee avant l'orage
J’ai le temps de faire quelques pas sur la route piétonnière faisant le tour du lac - quel dommage que nous n’ayons pas encore nos bicyclettes ! – pendant que le crépuscule envahit le grandiose paysage. Le temps tourne à l’orage, nous revenons vite au stationnement où je démonte l'évacuation de l'évier bouché pendant que Monique prépare le souper. À peine ai-je terminé ma réparation que l’orage éclate avec tonnerre, éclairs et averse. Souper, vaisselle et écriture; nous passerons la nuit ici, sur cet autre grand parking paisible en cul-de-sac.



29 : du GOSAUSEE à ANNECY



Vendredi 18 juillet 1997 : de GOSAUSEE à WINKLERN (212 km)

La pluie a duré toute la nuit, se déversant dans le puisard du stationnement au dessus duquel je nous avais installé, sur le seul emplacement horizontal du terrain. Bruit continu d’écoulement en conséquence… Nous repartons donc à nouveau sous la pluie, les nuages cachant les sommets du Gosaukamm au dessus de nos têtes et nous dissuadant d’un autre tour près du lac sinon sous un parapluie…

"Notre" Gosausee 
"Notre" Gosausee
 ... et celui que
                  nous désirions !
... et celui que nous désirions !

Belle route de vallée, très verte bien entendu, longeant successivement les cours de plusieurs torrents très chargés. Le détour par Abterau me permet de me procurer un bon vrai pain de campagne et d'aller admirer quelques belles statues baroques dans la petite église gothique tandis que Monique, fatiguée par ses coups de soleil d’hier qui virent à l’insolation, préfère attendre tranquillement dans l’Aigle.

Nous rattrapons la vallée où coule impétueusement la Salzach à Bischofshofen et la suivons jusqu’à Zell am See. Cette petite ville est très touristique mais l’accès au bord du lac est réservé aux piétons, la voie ferrée passant entre ville et eau. Nous finissons par trouver un petit coin tranquille pas trop loin du rivage à l’extrémité nord du lac et y déjeunons sous une pluie intermittente.

Billet
                Grossglockner face
Puis nous attaquons la Grossglockner Hochalpenstrasse (Haute route alpine du Grossglockner).
Billet
                Grossglockner dos

Ferme
                dans la vallée du Fuschental, le long de la route
                montant au Grossglockner
Ferme dans la vallée du Fuschental, le long de la route montant au Grossglockner
La vallée du Fuschental, à son début, monte assez doucement, mais après 7 km, à Fusch, commence à adopter une pente presque toujours supérieure à 15 % qui exige toutes les ressources de notre petit moteur.

Tournant le plus souvent en 2ème, surtout à partir du péage de Ferleiten à 1 145 m, il nous hisse, de rampes en lacets, vers les hauteurs pierreuses tachées de névés qui s’élèvent loin au dessus de nos têtes.
Moutons à l'alpage au-dessus de la mer de nuages
Moutons à l'alpage au-dessus de la mer de nuages

 Au-desus du Fushentorl
Au-desus du Fushentorl
Hélas, nous ne tardons guère à atteindre le plafond et, à partir de 1 500 m, nous naviguons dans un nuage plus ou moins dense qui s’entrouvre trop rarement pour nous donner un aperçu des pentes que nous franchissons. Toutes les cimes demeurent cachées et nous passons le carrefour vers l’Edelweisspitze (2 577 m) en plein brouillard.

Les voiles s’écartent un peu en passant le fameux Fuscher Torl, ce portillon en boucle panoramique où, du moins, dans le vent très froid, le tracé tortueux de la route se laisse-t-il deviner.
L'Aigle
                  dans le Fuschertorl
L'Aigle dans le Fuschertorl


Panorama du Fushertorl
Panorama du Fushertorl

Chapelle de Fuschertorl
Chapelle de Fuschertorl

Légère descente dans le Fuscherlacke (2 261 m) puis remontée très raide jusqu’au tunnel du Hochtor, point culminant de la Hochalpenstrasse à 2 505 m. En sortant au grand jour, la visibilité s’améliore un peu et les vallée de Gössnitz et de Guttal apparaissent dans la grisaille.

Légère descente dans le Fuscherlacke (2 261 m) puis remontée très raide jusqu’au tunnel du Hochtor, point culminant de la Hochalpenstrasse à 2 505 m. En sortant au grand jour, la visibilité s’améliore un peu et les vallée de Gössnitz et de Guttal apparaissent dans la grisaille.

Malgré le mauvais temps – nuages, brume et bruine – qui nous fait rater le plus beau du décor, l’impression de sauvage grandeur nous saisit et nous suit tout au long de la Gletscherstrasse (Route des Glaciers) que nous empruntons alors.
Route des Glaciers
Route des Glaciers


Cette antenne de 9 km nous fait affronter encore de très rudes lacets (certain nécessitant de rétrograder en 1ère !) le long de la courbe sauvage du Strurmalpe dominant le beau lac bleu de Margaritze.

Route des Glaciers
Route des Glaciers
Les eaux
                bleu-vert du Lac Margaritze
Les eaux bleu-vert du Lac Margaritze

Le
                Pasterzee
Le Pasterzee
Enfin la langue glacière du Pasterzee apparaît au pied du Johannisberg (3 460 m) et du Grossglockner (3 797 m), point culminant des Alpes autrichiennes, qui demeurent invisibles.

Un vent glacial (5°) balaie l’éperon du Franz Josef Höhe où je vais quelques instants, à l’extrémité de la terrasse de Freiweandeck (2 369 m), admirer ce qui apparaît du panorama : la longue coulée du Pasterzee recouverte d’une croûte gris sale et lacérée de crevasses, son liseré de moraines latérales sombres qui remplit presque la moitié du lit du glacier et les bases noires tachées de blanc des hauts contreforts qui se perdent bien vite dans les nuages.
Promeneur devant le Pasterzee et le
                  Grossglockner
Promeneur devant le Pasterzee et le Grossglockner


Terrasse du Freiweandeck devant le Grossglockner
Terrasse du Freiweandeck devant le Grossglockner

La tête du glacier elle-même s’estompe dans un lumière laiteuse qui rend les distances incertaines. Quête de quelques cartes postales suggérant un peu le spectacle sous le grand soleil – on en est tellement loin aujourd’hui ! – puis retour dans la chaleur du camping-car.

C’est alors la descente rapide vers Heiligenblut aperçu blotti au fond de la vallée depuis les 1 913 m de Kaserek, par des longues rampes très inclinées entrecoupées de lacets déboulant jusqu'au village propret à 1 288 m. Pause pour laisser refroidir les freins sollicités à outrance et constater que les cartes postales offertes ici sont encore plus moches que là-haut, avant de nous engager dans la riante vallée de la Möll, aux verts pâturages parsemés de chalets de bois sombres.

Descente vers Heiligenblut
Descente vers Heiligenblut
Heiligenblut
Heiligenblut

Les larges sinuosités de la route qui continue sa descente me semblent négligeables après le parcours acrobatique de l’après-midi. Fatigués, nous cherchons un bivouac près des villages traversés mais partout ce ne sont que des Gasthof (auberge) donc " P nur fur gaste " (Stationnement réservé à la clientèle), ou des campings officiels. Dans la nuit qui tombe et sous les nuages sombres qui s’accumulent au bout de la vallée sur les cimes du Spitzkofel (2 718 m) et du Gr. Sandspitze (2 792 m), au delà de Lienz, nous finissons par apercevoir une petite église de pèlerinage au milieu des près. C’est donc là, à côté de chevreaux et de chatons qui jouent sous une grange, entre Mörtscach et Winklern, au pied de la chapelle de Maria in den Auen, que nous passerons la nuit.


Samedi 19 juillet 1997 : de WINKLERN à RAPPEN (Arlberg) (293 km)

Nuit paisible dans notre environnement rural. Le temps pourri se poursuit le lendemain quoique la pluie présente de longues accalmies durant la journée. Le franchissement du petit col de l’Iselberg offre un joli coup d’œil sur les parois déchiquetées des Dolomites de Lienz. Nous somme bientôt dans la petite ville de vallée, très industrielle et active mais sans autre intérêt que son cadre de montagnes à la porte des Alpes de Carinthie. Quelques courses dans un petit supermarché encore ouvert ce samedi matin (en Autriche tous les commerces ferment à midi pour le week-end) et nous reprenons la route vers le nord qui franchit le Tauerntal vers Mittersil.

C’est une autre grande route transalpine que nous avions franchie il y a 8 ans, en hiver, mais avec une visibilité guère différente tant la pluie, le brouillard et le bas plafond nuageux empêchent de saisir l’ampleur des paysages.
Début de
                la Felbentauernstrasse
Début de la Felbentauernstrasse

Sortie du
                tunnel des Felbertauern
Sortie du tunnel des Felbertauern
Lente montée jusqu’au tunnel à péage qui marque le col à 1 650 m en passant au dessus du pittoresque village de Ratrei, puis traversée rapide mais sans intérêt du long couloir obscur (5,3 km).

La route redescend ensuite rapidement jusqu’à Mittersil par une vallée étroite et sombre plantée de hauts sapins autrefois saupoudrés de neige, cette fois-ci se fondant dans la grisaille engendrée par la pluie.
Descente
                du Felbertauern Tunnel vers le nord
Descente de la Felbertauern Strasse vers le nord

Le ciel s’éclaircit un peu lorsque nous enfilons la large vallée de la Salzach qui grimpe lentement jusqu’aux fameuses Krimmler Wasserfälle. On aperçoit de loin l’eau blanche qui écume en tombant de la montagne.

Billet du
                  parc Hohe Tauern
Billet du parc Hohe Tauern
Vue générale des Krimmler Wasserfalle
Vue générale des Krimmler Wasserfalle

Krimmler Falle : en arrivant sur la 1ère chute
Krimmler Falle : en arrivant sur la 1ère chute
Vu l’éclaircie, Monique accepte de se rendre au moins jusqu’au pied de cette énorme cascade, la plus haute des Alpes avec une dénivellation de 380 m. Après déjeuner dans le village je cherche un stationnement gratuit que je trouve au delà du péage du Gerlospass avant d’entreprendre l’excursion.

Jean-Paul devant la 1ère chute 
Jean-Paul devant la 1ère chute
Un sentier bien empierré mais aux lacets raides donne accès aux trois étages de la chute; Monique m’accompagne jusqu’à la base de la première puis renonce à grimper plus haut.
Krimmler Falle : la 1ere chute
Krimmler Falle : la 2ème chute

C’est donc seul que je poursuis la balade, enveloppé par le voile d’humidité levé par l’eau bouillonnante dont on s’approche de très près tout au long de la pente, sur les nombreux belvédères offrant une vue spectaculaire sur chacun des sauts effectués par le torrent.
Krimmler Falle : la 2ème chute
Krimmler Falle : la 2ème chute

Krimmler Ache descendant du glacier
Krimmler Ache descendant du glacier
Je peine, m’échauffe et transpire sur la forte pente mais décidé à profiter au maximum de l’extraordinaire spectacle, je me rends tout en haut du site, au Tauernhaus, à l’origine de la cascade, là où le torrent Krimmler Ache débouche de la vallée au dessous du glacier à 1 370 m d’altitude. L’eau bouillonnante gronde, écume, bondit, tourbillonne, se disperse en voiles légers et ondoyants…

Le
          torrent s'écoulant du glacier
Le torrent issu du cirque  glaciaire

Le spectacle me fascine à chaque pause que je fais tant pour me reposer du rude effort que pour filmer les jeux puissants de l’eau. Descente évidemment beaucoup plus rapide, qui résume un peu les points de vue tout en me permettant de me débarrasser un peu de l’humidité qui me colle à la peau. De retour à l’Aigle, quel plaisir de délacer les grosses chaussures de marche, de se réchauffer et de boire un bon coup après cette balade éprouvante… Krimmler Falle : la 3ème chute sous l'auberge
Krimmler Falle : la 3ème chute sous l'auberge

Lac de Speicher Durlassboden
Lac de Speicher Durlassboden
Dans les bancs de brume flottant au flanc de la montagne, nous attaquons alors l’escalade relativement brève du Gerlospass dont les lacets inférieurs donnent une belle vue sur les cascades. Le col est bientôt franchi à 1 507 m pour offrir un autre agréable panorama sur le lac de Speicher Durlassboden. La route s'enfonce alors longuement dans la forêt, au flanc de la vallée étroite de Zillertal; près de Gmund nous croisons les virages pentus, alors enneigés et glissants, qui nous avaient obligés à faire demi-tour avec notre Pilote en 1987.

Descente rapide pour rattraper la large vallée de l’Inn parcourue en sens inverse il y a maintenant 3 semaines. Nous empruntons bientôt l’autoroute pour filer vers Innsbruck que nous traversons sans nous arrêter, tant la pluie qui a repris nous décourage de toute éventuelle visite complémentaire à celle d’il y a 8 ans. En quittant l’autoroute à Zul, (craignant une contravention car nous n’avons pas acquis la vignette réglementaire) je suis arrêté par la police à la sortie du village pour excès de vitesse car je roule à 65 km/h dans une zone de 40… Monique conteste, assure ne pas avoir vu le panneau, insiste pour s'y faire escorter par les policiers… Nous sommes trois véhicules français ainsi arrêtés qui chialons, tergiversons, discutons… Il faut bien finir par faire contre mauvaise fortune bon cœur et repartir en laissant 400 schillings autrichiens (44 $) aux mains des gendarmes. Content malgré tout de m’en tirer à si bon compte (les contraventions sont tellement plus chères au Canada, sans compter les points de démérite !), je poursuis la bonne route à petite vitesse, en surveillant les panneaux, jusqu’à Roppen. Après un détour sur des toutes petites routes de campagne à la recherche d’un bivouac, nous finissons par nous installer en plein centre du village, sous la pluie et sur le petit stationnement devant l’Office du tourisme. Fortes odeurs déplaisantes de fumier et de bois coupé (la campagne…) mais calme absolu.


Dimanche 20 juillet 1997 : de ROPPEN au SUSTENPASS (Suisse) (319 km)

Nous roulons beaucoup aujourd’hui puisque le mauvais temps (qui continue…) nous écœure définitivement de l’Autriche que nous désirons quitter au plus tôt. Nous reprenons la route déjà suivie à l’aller (la seule possible au demeurant) pour gagner Imst, puis Landeck. Le temps pourri nous dissuade de refaire la route du Silvretta Pass dont j’avais pourtant gardé un merveilleux souvenir et nous allons déjeuner à St-Anton.

Puis nous franchissons le spectaculaire Albergpass (1 793m) en 2ème avant de poursuivre la traversée du pittoresque Vorarlberg par Bludenz. Nous quittons l’Autriche à Feldkich et prenons la route du sud vers le Lichtenstein. À Vaduz où nous arrêtons un moment, le ciel commence à se dégager.
Vallée de Triensenberg (Liechtenstein)
Vallée de Triensenberg (Liechtenstein)

Pendant que je vais chercher écusson et cartes postales de rigueur, Monique fait la vaisselle, puis nous organisons un itinéraire dans l’est de la Suisse qui nous fera gagner Interlaken par des routes non encore parcourues. Nous commençons par rejoindre les rives du Walensee dont les beaux rivages montagneux nous apparaissent sous le soleil. Enfin ! Puis nous nous rapprochons du Lac d'Obersee, qu'un canal relie au Lac de Zurich. Beaux panoramas assez larges quoique plutôt bas, et beaucoup de monde sur la route en ce dimanche après-midi ensoleillé. Nous virons carrément plein sud à Pfäffiken pour traverser une zone plus vallonnée jusqu’à Schwyz.

Jean-Paul devant le Walensee
Jean-Paul devant le Walensee
Superbe paysage en descendant sur la ville, puis en longeant la rive est du Urner See, un des appendices du Lac de Lucerne que nous apercevons depuis la route de corniche panoramique.

Nous nous enfonçons ensuite dans une vallée profonde et étroite, de plus en plus sombre dans le crépuscule, où s’entremêlent notre route, l’autoroute du St-Gothard et le chemin de fer international. Beaucoup de virages, de ponts et autres ouvrages d’art jusqu’à Wassen où nous bifurquons vers l’est pour grimper vers les 2 259 m du Sustenpass.

La route assez petite est peu fréquentée, le paysage grandiose et sauvage; nous gravissons en 2ème à une allure de tortue les longues rampes accrochées au flanc de la vallée étirée du Meiental. Autour de nous s'étalent les pentes enneigées et les glaciers du Sustenhorn (3 503 m) et du Fleckistock (3 416 m). Vers 2 000 m, en haut des derniers lacets, nous nous enfonçons dans un épais brouillard qui, joint à la nuit tombante, nous dissuade d’aller plus loin. Bivouac en compagnie de deux autres camping-cars sur le grand terre-plein de l’autre côté du tunnel de crête, à 2 250 m d’altitude. La nuit sera fraîche…
Meiental
Meiental

Lundi 21 juillet 1997 : du SUSTENPASS à ST-JORIOZ

L'Aigle dans le Sustenpass
L'Aigle dans le Sustenpass
Temps superbe au réveil : le ciel est presque entièrement dégagé et le soleil illumine les pentes et les cimes enneigées des hautes montagnes autour de nous. Pendant que je fais un bout de film, Monique engage la conversation avec nos voisins, un palestinien qui a roulé sa bosse un peu partout avant d’épouser une néerlandaise avec laquelle il a trois enfants et qui explore l’Europe en leur compagnie dans un gros et vieux camping-car. Puis nous repassons le tunnel pour aller admirer du côté est du col (2 259 m) le Meiental parcouru dans la pénombre hier soir avant la nuit assez fraîche (4°C).

Nous retournons ensuite du côté ouest et nous engageons dans la très longue descente du Gadmental dominé d’abord par le glacier du Sustenhorn (3 503 m).
Glacier du
                Sustenhorn
Glacier du Sustenhorn

L'Aigle devant le Sustenhorn
L'Aigle devant le Sustenhorn
La suite interminable de lacets parfois très pentus offre presque toujours des vues magnifiques sur les hautes montagnes que nous laissons derrière nous, ou sur la vallée dans laquelle nous nous enfonçons de plus en plus profondément. Panoramas aussi beaux que ceux du Furkapass tout proche (une trentaine de kilomètres plus au sud) parcouru il y a trois ans.

Après Mevingen nous débouchons dans le bassin de Brienz...
Le petit
                train à vapeur au dessus de Brienz
Le petit train à vapeur au dessus de Brienz

Brienz
Brienz : la ville au bord du lac homonyme
Lac de Brienz
Lac de Brienz

puis peu après dans les rues beaucoup plus animées d’Interlaken. La ville n’a pas de caractère bien affirmé, trop stimulée trop récemment par le tourisme, mais ses boutiques chic (où je trouve un écusson qui manquait à ma collection), ses rues fleuries et la foule décontractée rendent la halte agréable.
Interlaken
Interlaken

Nous nous renseignons sur la balade en petit train vers le Jungfraujoch à 3 475 m. On peut maintenant faire un tour circulaire en partant de Wengen, menant d’abord à la Jungfrau puis à Grindelwald ; paysages époustouflants et superbe itinéraire garantis, mais il faut compter 5 heures et l'atmosphère n’est pas assez dégagée aujourd’hui (comme nous le montre un écran affichant la vue captée au sommet par une caméra et retransmise par câble dans la vallée). Nous réservons cette extraordinaire excursion pour un autre séjour en Suisse.

Le
                petit train vers la Jungfrau
Le petit train vers la Jungfrau
En route
                vers la Jungfrau
En route vers la Jungfrau

Thunersee (Lac de Thune)
Thunersee (lac de Thune) et ses antiques bateaux à aubes
La route riveraine se poursuit en longeant cette fois-ci le Thunersee, encore plus beau que dans mes souvenirs d’enfant datant d'il y a 40 ans.

Pique-nique sur une aire ad hoc au bord de l’eau, film et photos du superbe panorama à Faulensee…
Panorama aur le lac de Thune à Faulensee
Panorama sur la lac de Thune à Faulensee

Panorama sur le
                lac depuis notre piquenique à Faulensee
Panorama sur le Thunersee depuis notre piquenique à Faulensee
Nous passons Spiez puis Thun où nous découvrons un autre très beau panorama en enfilade sur tout le lac depuis le parc d’un hôtel grand luxe, avant de faire demi-tour pour enfiler la vallée très agreste du Nieder Simmental.

Paysage rural à Saanen
Paysage rural à Saanen

Pause à Gstaad, une autre station de villégiature léchée se singularisant par ses beaux chalets très finement décorés, ses manifestations culturelles (festival de musique de chambre dirigé par Gidon Kremer lui-même et présidé par Yehudi Menuhin) et sportives (fameux tournois de tennis).
Les rues chic de
                Gstaad
Les rues chic de Gstaad

Les Diablerets en
                hiver
Les Diablerets en hiver
Nous continuons à remonter la vallée de la Saane et passons en Pays Vaudois au Col du Pilon dont nous gravissons lentement les 1 546 m, au pied de l’impressionnante falaise verticale des Diablerets qui nous écrase de ses 3 123 m.

Chalet de l'Oberland
Chalet de l'Oberland

Autre chalet plus rustique
Autre chalet plus rustique

Descente rapide ensuite vers Aigle, son château et ses vignobles. Nous liquidons un maximum de francs suisses à la pompe à essence, traversons le Rhône et commençons à longer la rive sud du Lac Léman. Passage en France à St Gingolph, arrêt sur le quai du petit port de Meillerie où Monique croit retrouver une maison louée par ses parents pour des vacances d’il y a 40 ans… La lumière du soir joue sur les eaux bleues du lac et sur les hauteurs de la rive nord côté suisse. Nous soupons dans le crépuscule un peu avant Évian que nous traversons assez vite, ne trouvant rien de notable à la petite ville d’eau hormis son Casino et son grand Hôtel des Bains très fin de siècle. Thonon nous semble posséder plus de caractère et mériter plus d’intérêt, même si nous nous y arrêtons juste le temps de filmer le soleil couchant à travers la grande fontaine sur la place de l’Hôtel de Ville. Nous filons ensuite vers Annemasse (après erreur d’aiguillage à Douvaine qui nous ramène à la douane suisse…) et roulons nuitamment jusqu’à Annecy en rattrapant la route de Bonneville. Nous sommes à St-Jorioz vers 22:30. Le temps de saluer les parents, et nous bivouaquons au frais dans le jardin devant le chalet.

Ainsi s'achève cette autre grande balade, à quelques jours de notre retour au Québec… et au boulot ! Finie la vie de nomade en Europe pour les prochaines années, nos pas se tourneront désormais vers l'Amérique du nord que je veux parcourir dans un nouveau fourgon canadien à aménager à mon goût…
Les
                soutes de l'Aigle bien rangées pour l'hivernage
Les soutes de l'Aigle bien rangées pour l'hivernage

Outremont le 11 avril 1999



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