Nous prolongeons cette
nuit tranquille pour redémarrer au matin passé 11:00...
Envoi des cartes rédigées après petit déjeuner dans le
dernier village avant la frontière, passée sans s’en
apercevoir : seuls les panneaux routiers légèrement
différents et les plaques minéralogiques rouges et blanches
signalent le changement de pays. Celui-ci est d'ailleurs
toujours aussi plat, avec ses petites maisons basses en
brique alignées le long de la route toute droite. Elle nous mène directement au centre de la vieille ville de Tournai où nous stationnons juste derrière la cathédrale. Sa pierre grise est assez triste (d’autant plus qu’elle bénéficierait grandement d’un ravalement majeur) mais ses proportions sont grandioses et un ensemble original de 4 grosses tours carrées encadre sa tour lanterne centrale. Nous faisons le tour extérieur du sanctuaire sans pouvoir entrer, les portes étant closes entre midi et deux heures. |
Tours de la cathédrale de Tournai |
Beffroi de Tournai |
Le beffroi tout proche, le plus ancien de Belgique (XIIème), d’une élévation impressionnante, est lui aussi fermé, mais pour restauration... |
Nous allons donc flâner sur la Grande Place qui présente un grand nombre de belles façades; malheureusement tout son centre est mis sens dessus dessous par un vaste chantier... | Jour de fête sur la Grand Place de Tournai |
Tribunes romanes de la cathédrale Notre-Dame de Tournai |
De retour à la cathédrale maintenant ouverte (il est 14:15), nous franchissons la Porte du Capitole pour découvrir la nef et le transept du XIIème à 4 étages : arcades montées sur de courts piliers de grès gris supportant de beaux chapiteaux sculptés, tribunes, puis triforium à arcature en plein cintre, et enfin hautes fenêtres qui éclairent largement ce grand édifice roman. Le transept, vaste et élancé, reprend la même structure; ses bras se terminent en hémicycle sur colonnade. Dans le bras gauche, une belle Crucifixion aux visages émouvants voisine des fresques naïves narrant la vie et le martyre de Sainte Marguerite. |
Dans une chapelle latérale du bras droit, entre quelques belles peintures (Rembrandt…), brille un étonnant et précieux coffret en argent : la châsse étincelante contenant les reliques de Sainte Éleuthère (1247). | Cathédrale Notre-Dame de Tournai (XII & XIIIème) : La Délivrance des Âmes du Purgatoire par Pierre-Paul Rubens |
Franchissant à nouveau le jubé en marbre finement sculpté qui sépare la nef du chœur, nous ressortons par le porche du transept sud et retournons à l’Aigle où nous pique-niquons rapidement. Puis nous nous éloignons du centre pour aller admirer le Pont des Trous, une ancienne porte d’eau qui défendait le cours de l’Escaut au nord de la ville.
Une cinquantaine de kilomètres sur une route défoncée, dans les rafales d’un vent assez froid qui dégage progressivement le ciel chargé, nous mènent, à travers un plat pays verdoyant qui fait beaucoup penser à la Hollande, jusqu’aux vieilles rues de Brugge. On entre très vite dans le centre historique, sur le pavé bordé de maisons anciennes en briques et aux pignons flamands caractéristiques. |
Au bord du Quai
Vert à Brugge
|
Brugge : Pont du Cheval et beffroi |
Nous trouvons rapidement une place devant le Collège d’Europe au bord du Dijver, le plus fameux point de vue sur la ville. Le pittoresque des lieux, le soins avec lequel ils sont entretenus et mis en valeur, le charme des vieilles pierres - briques plutôt - se reflétant dans l’eau paisible des canaux partout présents nous conquièrent aussitôt. Nous partons alors pour une première balade dans le centre. Elle nous fait découvrir le Quai du Rosaire (Rosenhoedkaal) aux adorables points de vue, puis la rue Wallestraat pleine de boutiques de dentelles qui fascinent Monique. |
Vendredi 23 mai 1997 : BRUGGE (3 km)
Si la nuit est bonne, le passage des éboueurs nous réveille un peu tôt. Nous quittons notre stationnement lorsqu’il devient réglementé et payant à 9:00 (450 FB, soit 18 $ la demi-journée !) pour trouver, avec beaucoup de chance, une place gratuite sur le quai de Steenhouwers Dijk, encore plus près du Burg et de la Grande Place qu’hier ! Nous y abandonnons notre véhicule et, sous un ciel qui s’éclaircit progressivement, gagnons la Grande Place. Une nouvelle fois nous sommes saisis d'admiration. | Brugge : l'Aigle
sur le Quai de Steenhouwers Dijk
|
Brugge : Carillon du beffroi : billet |
Nous choisissons de commencer la visite par l’escalade du Beffroi. Trois cent soixante six marches donnent accès d’abord à mi-hauteur à une salle du trésor protégée par des grilles étonnantes, puis au carillon de 47 cloches, à la salle et au clavier du sonneur, puis au mécanisme automatique du carillon semblable à une boite à musique géante avec son gros tambour de laiton hérissé de chevilles, et enfin à un panorama magnifique sur la vieille ville à nos pieds. |
Brugge : le Dr A.Lombaert, carillonneur de la ville, en pleine action |
Brugge : tambour et mécanisme du carillon automatique d'Antoine de HONDT (1748). Le tambour pèse 9 000 kg et il est percé de 30 500 trous de chevilles faits à la main... |
Nous gagnons ensuite le Burg où se trouve l’Office du tourisme. On nous y vend un petit guide de visites fort bien fait et on nous indique le garage Volkswagen de Brugge. Nous pensons d’abord nous y rendre sur le champ, mais craignant de ne pas retrouver de stationnement à notre retour, préférons consacrer l’après-midi à l’un des circuits proposés. | Le Burg de Brugge : Hôtel de Ville et Palais de Justice |
Brugge : Le Quai du Rosaire et le Quai des Tanneurs |
Celui-ci nous fait parcourir à nouveau le Quai du Rosaire, jusqu’à ce que nous atteignions au nord-est la Godhuis (Maison-Dieu = hospice) "De Pelikaan". Nous flânons sur la jolie petite Place des Tanneurs, admirons les vues diverses sur le canal... |
...puis nous visitons longuement le Groeninge Museum. On y expose une remarquable collection de primitifs flamands de l’École de Brugge fort bien présentée. Les époques ultérieures (XVIIème, XVIIIème et XIXème) sont nettement moins passionnantes, et la dizaine de salles consacrées uniquement aux contemporains ne retient nullement notre intérêt. | Brugge : Groeninge Museum : billet |
Groeninge Museum : Adrian De Buck (1551) par Peter Pourbus (1524-1584) |
Groeninge Museum : Jan Fernaguut (1551) par Peter Pourbus (1524-1584) |
Groeninge Museum : la Madone et le chanoine par Jan Van
Eyck
Église Notre-Dame de Brugge : La Vierge et l'Enfant, par Michelangelo |
Un peu plus loin, nous pénétrons dans l’église Notre-Dame (XIIIème – XVème) dominée par une haute tour en brique de 122 m. L'intérieur badigeonné en blanc nous impressionne peu, contrairement à la superbe Madone avec Enfant en marbre blanc par Michel-Ange admirée dans son enceinte mais à plus de 10 m, sécurité oblige… |
Nous franchissons encore des canaux, parcourons plusieurs petites rues pittoresques pour gagner le Béguinage au delà de son plan d’eau et de sa porte monumentale. | Entrée du Béguinage de Brugge |
Cour jardin du Béguinage de Brugge au printemps |
Autour du vaste rectangle vert d'une prairie plantée de grands arbres sont disposées les maisons blanches des béguines et l’église du XVIIème. |
Promenade dans le Béguinage au printemps |
Les cygnes devant le Béguinage |
Tour ensuite du bassin de Minnewater, ancien port transformé en parc, puis retour par la grande rue commerçante Katelynestraat puis par Niewe Gentweg où se trouvent deux autres fort beaux groupes de Godhuis, avec un très joli jardin central dans la deuxième. La chaleur du souper chaud est bienvenue car si le ciel s’est dégagé, c’est grâce à un vent très froid qui nous transperce.Une dernière balade nous entraîne ensuite au crépuscule vers le nord et vers Spiegelvei : nous y découvrons la belle église baroque de Sainte-Walburge (chaire en bois sculpté **), puis le bassin donnant sur la Jan Van Eyck Plein. Mais il fait si froid que nous écourtons notre exploration et rentrons vers notre Aigle en suivant le quai Sint-Annacel puis le Grocnerei où nous sommes stationnés et où nous demeurerons pour la nuit. Lecture, écriture et coucher au frais à 23:10. | Godhuis de Niewe Gentweg |
Samedi 24 mai 1997 : de BRUGGE à HET ZWIN (32 km)
Derrière l'ancien Hôtel Grunthus, le pont Saint-Boniface en dos d'âne depuis l'Hôpital Saint-Jean |
Après cette excellente
nuit, nous attaquons la suite de notre visite en pleine
forme, d’autant plus que le ciel s’est maintenant
entièrement découvert sous l’influence du fort vent du nord.
Cela n’améliore évidemment pas la température, mais au moins
la lumière a-t-elle retrouvé toute sa transparence et sa
nuance bleutée typique des beaux ciels septentrionaux. Nous nous rendons directement au Musée Memling installé dans l’ancien hôpital St. Jean. Pour cela, il faut d'abord traverser le parc Arents où les communs de l’ancien Hôtel Grunthuse montrent une belle collection de carrosses et de traîneaux derrière les grandes vitrines qui ont remplacé les portes cochères. |
Nous passons ensuite entre quatre statuettes de
bronze représentant les cavaliers de l’Apocalypse pour emprunter
le charmant pont St-Boniface, en dos d’âne, qui nous mène face au
Musée. Vieil édifice composite de briques donnant sur le canal, il
est constitué d’un ensemble de bâtiments inégaux dispersés dans un
fouillis de cours et de ruelles.
On ne visite que l’ancienne pharmacie du XVIIème, vénérable officine aux meubles sombres, lourds et riches qui portent encore les pots, mortiers, balances et autres accessoires traditionnels de la profession. Rien ne semble avoir changé depuis trois siècles si l’on se fie au très vieux tableau accroché au dessus de la porte qui dépeint la salle. Dans la pièce attenante, quelques meubles sculptés somptueux entourent la grande table de réunion et, couvrant les murs alentours, s'alignent les portraits des maîtres pharmaciens qui se sont succédés depuis les années 1 300. |
Musée Memling de Brugge : la Châsse de Sainte Ursule |
En sortant du joli petit cloître enserrant la pharmacie, on passe un porche pour pénétrer dans une ancienne salle de soin en forme de grande chapelle. Elle abrite maintenant quelques peintures du grand maître
Hans Memling (1435-1494) : panneaux miniatures de la
châsse de Ste Ursule, Mariage mystique de Ste Catherine,
Adoration des Mages, Sibylle Sambeth, portrait de Martin
Van Nieuwenhove accolé à une délicate Vierge à la pomme.
Peu de toiles donc, mais toutes sont de première qualité
par la finesse du dessin, la fraîcheur et la délicatesse
des coloris, la suavité des expressions et l’harmonie des
compostions. |
Jans Memling (1435-1494) : Diptyque (La Vierge à la Pomme) avec Maarten Van Nieuwenhove; sur le panneau de gauche, la Vierge |
Triptyque Moreel : détail du panneau de droite : la donatrice Barbara Van Vlaenderberghe par Jans Memling (1435-1494) |
Triptyque Moreel : détail du panneau de gauche : le donateur William Moreel par Jans Memling (1435-1494) |
Triptyque Moreel détail du panneau central ; Sainte Catherine par Jans Memling (1435-1494) |
Jans Memling : Châsse de Sainte Ursule
Châsse de Sainte Ursule : L'arrivée à Cologne, par Jans Memling |
Châsse de Sainte Ursule : Sainte Ursule reçue par le Pape, par Jans Memling |
Godhuizen de Niewe Gentweg |
En sortant nous nous
séparons : Monique va faire ses achats de dentelle pendant
que je retourne au Béguinage (Beginhof) puis à l’adorable
enclos des Godhuizen de Niewe Gentweg tout fleuri et
paisible pour les filmer, ayant expérimenté hier de gros
problèmes de batterie. Au retour, plans de l’extraordinaire Madone de Michel-Ange entrevue elle aussi hier. En poursuivant sur le quai en direction de l’Aigle, j’ai la chance d’apercevoir une dentellière à l’œuvre dans l’entrée de sa maison : observation des gestes habiles et vifs, vidéo. |
Piquenique rapide en attendant Monique qui tarde, puis me rejoint enfin pour la promenade en barque, incontournable. Peu coûteuse (6,80 $) mais brève (35 mn), elle nous fait parcourir et nous montre à nouveau – trop vite et un peu coincés entre les autres passagers – les lieux parcourus paisiblement depuis deux jours. Au moins le point de vue est-il différent puisque nous sommes au ras de l’eau, et le mouvement fait varier les perspectives de façon continue. |
Brugge : Monique embarque sur le canot devant le Quai de l'Aigle |
Embarcadère Quai de la Place des Tanneurs, au fond le beffroi |
En canot sur les canaux de Brugge |
Derrière Grunthus, en canot sur les canaux de Brugge |
Quai de la Place des Tanneurs à Brugge
Brugge : entrée de la Basilique du Précieux Sang |
Nous achevons l’après-midi
par une longue promenade dans la partie sud-ouest de la
vieille ville : repartant du Burg, nous pénétrons dans le
grand Hall de l’Hôtel de ville – la fameuse salle gothique à
l’étage est déjà fermée à 16:30 - puis dans la Basilique du
Saint Sang. Dans la chapelle gothique revêtue de peintures et de vitraux polychromes au XIXème, un extraordinaire et massif tabernacle en argent ciselé abrite la relique (une ampoule de cristal de roche contenant quelques gouttes du sang du Christ ramenée de Terre Sainte par le Comte de Flandre au XIIème), un retable doré, etc. Décor riche mais peu émouvant. En revanche la chapelle basse en dessous a conservé ses gros piliers cylindriques romans et primitifs qui lui donnent un caractère beaucoup plus accusé. La pénombre de la voûte fait ressortir les traits vigoureux, voire expressionnistes des statues anciennes qui y sont exposées (Vierge en bois, Crucifixion, Mise au tombeau…). |
Traversée du Markt (Grand Place) admirable sous le grand soleil du soir, rues bordées de vieilles maisons jusqu’à la porte Smedenpoort (1368), long et superbe parc linéaire suivant le Hendrick Conscienceloan, propre à la méditation, retour au centre ville par Boeveriestraat en passant devant le joli petit clocher de l’abbaye bénédictine de Sainte Godelieve (1623) et devant quelques autres belles Maisons-Dieu (Godhuis). | Les vieilles rues de BruggeLes vieilles rues de Brugge (Steenstraat) |
Canal de Brugge près de l'Hôtel de ville (Steehouwers-Dijk) |
Parvenu sur la vaste esplanade moderne du t’Zand, je filme les trois groupes de bronzes de la grande fontaine moderne (Baigneurs, Cyclistes, Pêcheurs, 1986). Puis nous passons au pied de la très haute tour (99 m) de la cathédrale St Sauveur (fermée pour réparations) et rentrons fourbus sur notre quai. Encore quelques dernières vues sur le fameux panorama de canaux, de vieux ponts en enfilades et de vénérables maisons, et nous quittons la ville en empruntant ses quais étroits et cahoteux vers le nord. |
Vingt-cinq kilomètres de route agreste traversent des près verdoyants où paissent de grosses vaches blanches, de longues rangées de hauts peupliers penchés soulignent les haies… nous voici à Knock Heist, le Deauville de la Mer du Nord. En traversant les rangées de grandes villas riches et chic, mais peu originales, nous gagnons un peu à l’écart le site de Het Zwin, un marais protégé et aménagé pour devenir le plus grand parc ornithologique de Belgique. Coucher fatigués sur le gazon du grand stationnement ombragé.
Rejoints par deux autres camping-cars à la tombée du jour, nous sommes contraints par un garde d’aller passer la nuit à l’extérieur du domaine privé. Nous dormons fort bien juste avant le portail du parc, sur le stationnement d’une piste de karting pas encore en service.
Lever assez tôt sous le grand soleil pour prendre nos billets à 10:00 et bénéficier ainsi d’un tour de la lagune guidé par un brave naturaliste. Il nous fait découvrir et reconnaître la multitude d’oiseaux qui peuplent ce sanctuaire : canards colverts, cigognes, tadornes, oies cendrées, choucas, mouettes rieuses, grands goélands gris ou bruns, etc. | Vue générale du Zwin au départ de la balade |
Couple de cigognes |
Cigognes à la pâture |
Observation des
mouettes
|
Ses propos sont plaisants, instructifs sans jamais paraître pédants, ses observations justes et à point, particulièrement lorsqu’il nous entraîne dans deux aires de nidification de mouettes où il nous montre nids, œufs et poussins aux différent stades de leur développement, tout en nous soulignant les mœurs et réactions de leurs parents qui tournent autour de nous en criant et en faisant des piqués pour nous chasser. |
Vol de mouettes rieuses au dessus de leurs nids |
Mouette rieuse |
Tadorne en famille |
Fière de ses petits ! |
Nous traversons à sa suite plus de la moitié du marais, glissant et pataugeant dans la vase noirâtre et la végétation rase, |
...pour aller voir les nids des goélands, plus grands et donc plus agressifs encore. | Goéland argenté guettant au nid |
Héron cendré et son petit |
Le Zwin à marée haute |
Sous le grand soleil et le vent assez fort, une marche ininterrompue de trois heures nous ramènent contents mais fatigués à la fin de notre excursion. Nous en avons plein les bottes (au propre comme au figuré !) et nous n’avons pas trop de la bonne heure qui suit consacrée au repas pour récupérer. | Poussin huitrier-pie |
Het Zwin : le pré salé en fleurs |
Monique prolonge la pause d’une
petite sieste pendant que, ragaillardi, je contourne le
domaine pour aller contempler le Zwin et la mer depuis
le haut de la dune qui les sépare. Végétation dense et
sauvage à l’abri de la pente, beaux points de vue sur la
campagne domestiquée de l’arrière-pays et sur le marais
que l’on domine cette fois-ci. Mais le vent violent qui
balaie le sable et écrête les vagues me chasse bientôt
du rivage.
|
Il est passé 15:00 lorsque nous repartons vers Brugge où Monique doit récupérer le Guide Vert probablement oublié dans la dernière boutique de dentelles visitée. Plein d’eau dans la station service de Knocke où j’ai fait le plein d’essence hier soir, traversée de la station balnéaire qui nous parait encore plus chic, quelconque et snob. A Damme, l’affluence dominicale nous empêche de stationner près de l’élégant Hôtel de ville du XVème dont la façade toute sculptée vit le mariage de Charles le Téméraire avec Marguerite d’York. Beau parcours du canal reliant Brugge à son avant-port, bordé de grands peupliers se reflétant dans les eau calmes…
Dernier coup d’œil aux canaux de Brugge... le Quai Vert |
A Brugge dont nous parcourons avec quelques difficultés le labyrinthe des ruelles en sens unique, Monique retrouve la boutique… et récupère le Guide ! En parcourant une dernière fois les pages consacrées à cette merveilleuse ville, nous dégotons la description d’un passionnant Orgel Museum (Musée de l’Orgue). C’est suffisant pour que nous traversions à nouveau la ville à la recherche de cette curiosité : en vain, le musée à disparu depuis plusieurs années, nous apprend-on dans le quartier. Une dernier tour à la périphérie du centre parcouru par les canaux et nous prenons la route de Gent (Gand). |
En traversant le village d’Eeklo, coup de fil à Juliette à Montréal : ses examens finis et réussis, elle nous annonce commencer dès mardi prochain son job de photographe de golf…
La route tranquille file à travers la
campagne riche, plate et un peu monotone. L’architecture des
maisons individuelles et des villages traversés déçoit un
peu : la tradition demeure toute puissante, laissant une
impression de richesse mais aussi de conformisme. Les
jardins sont soignés, mais peut-être un peu trop léchés, et
sans fantaisie…
Il est passé 19:00
lorsque nous arrivons à Gent. Nous nous enfonçons dans
la ville jusqu’à son cœur ancien. Difficile de s’y
retrouver sans plan détaillé, introuvable à cette
heure tardive. Nous cherchons le garage VW pour dormir
devant ce soir et nous présenter tôt demain à
l’atelier. En vain. Détour jusqu’à la gare où un
chauffeur de taxi décrit à Monique un itinéraire
jusqu’au Quai de la Lys où est supposé se trouver le
concessionnaire. De garage point, mais nous découvrons au bord de la rivière un superbe bivouac au bout d’un lotissement des plus paisibles. Après vaisselle et souper, Monique épuisée s’endort aussitôt tandis que j’entreprends de résumer les deux derniers journées dans le carnet de bord pour me coucher enfin à 0:30. |
Centre historique de Gent la nuit : l'église Saint-Nicolas, le Beffroi et la cathédrale Saint Bavon depuis le pont Saint Michel |
Lundi 26 mai 1997 : de GENT à TOURNAI (82 km)
Pas un bruit ne vient masquer le glissement du vent dans les grands peupliers et le caquet des poules d’eau et des canards… Nous nous levons donc un peu tard sous un grand ciel dégagé et partons à la recherche du garage VW que nous finissons par découvrir en remontant le quai longeant la Lys. Le chef d'atelier n’a aucune disponibilité avant la semaine prochaine et nous renvoie à un collègue dans le nord de la ville. Il est décidément impossible de se repérer sans une bonne carte dans le dédale des petites rues sinueuses et des sens uniques qui constituent tout le centre de la vieille ville. Aussi commençons-nous par gagner le bureau de l’Information touristique, tout près du beffroi. On nous y remet plan et guide de visite de la vieille ville. Ensuite, zigonant tant bien que mal entre les vieilles façades, franchissant moult ponts et canaux difficiles à identifier en flamand, malgré le découragement qui assaille de plus en plus Monique excédée et démoralisée, nous finissons par atteindre le Quai de Nieuwevaart au nord de la ville. Nous y trouvons le garage en question, mais l’accueil est des plus froids, il nous sera impossible de demeurer sur place la nuit et pire, on refuse de nous faire un devis des travaux pourtant bien délimités puisqu’il s’agit seulement de remplacer l’embrayage.
Fort déçus et un peu désemparés, nous
allons passer l’heure du midi sur le bord du canal où
défilent lentement d’énormes péniches. Je mange pendant que
Monique fait la sieste. Nous hésitons à prendre
immédiatement le chemin de Tournai où nous savons le garage
Volkswagen plus accueillant, puis décidons de consacrer
d’abord l’après-midi à la visite du centre de Gent.
Gent : l'église Saint-Nicolas, le Beffroi, la cathédrale Saint Bavon et le pont Saint Michel de jour |
Nous allons donc stationner sur la Grande Place du Koulter où nous finissons par trouver un espace, avant de nous lancer dans le lacis des vieilles rues, de canaux et de placettes qui forment le cœur presque inextricable de la vieille cité. Par quelques rues très commerçantes aux vitrines alléchantes, nous rattrapons la cathédrale St Bavon. |
Derrière sa haute façade un peu sévère nous attendent d’extraordinaires trésors dont le magnifique polyptyque de l’Adoration de l’Agneau mystique par Van Eyck (1432). |
Gent - cathédrale Saint Bavon : le polyptyque de l'Agneau mystique fermé |
Nous passons de longues minutes devant le tableau, admirant couleurs vives et fraîches, réalisme du dessin, équilibre de la savante composition en multiples panneaux juxtaposés, bref l’immense maîtrise de l’artiste dont ce serait le chef d’œuvre. |
La Vierge mère de Dieu |
Le Seigneur en gloire |
Archange Gabriel (Annonciation) |
Saint Jean-Baptiste |
Adam |
Eve |
Les Anges chanteurs |
Les Anges musiciens |
La Jérusalem céleste |
Les Vierges saintes |
Gent, cathédrale
St-Bavon : La conversion de St Bavon, par P.P.
Rubens (1620)
|
Autre belle pièce
: une grand tableau de P. P. Rubens (La conversion
de Saint Bavon, 1623) parfaitement restauré,
sinon éclairé, où paraît toute la science du grand
peintre : expression des personnages, jeu de la
lumière et audace de la composition.
L’architecture gothique présente aussi une belle envolée, mais l’élan de la nef est coupé par un jubé en marbre blanc et noir Renaissance qui attriste l’ensemble, comme les chapelles du déambulatoire pareillement envahies. Dans la grande crypte, une exposition des objets du culte (ostensoirs, calices, chasubles, livres sacrés enluminés…) témoignent de façon un peu trop ostentatoire à mon goût de l’immense richesse de l’institution. |
En sortant sur le
parvis, vue magnifique sur le très haut beffroi (99 m)
(que Monique refuse de gravir, même en ascenseur), sur
l’Hôtel de ville et sur l’église St Nicolas. Depuis le
Pont St Michel, vue splendide sur la célèbre enfilade
des tours gantoises, puis joli panorama sur le Quai
aux Herbes et le Quai au Blé dont les élégantes
façades médiévales, Renaissance, baroques et
classiques, proclament la richesse ancienne de la
ville et son passé commercial intense. Dommage que
beaucoup soient encore en très mauvais état (mais en
cours de restauration...) |
Gent : Quai aux Herbes et Quai au Blé depuis le Pont St-Michel |
Le Quai aux Herbes depuis le Quai au Blé |
Pire encore, les quais eux-mêmes sont défoncés par d’importants travaux de voirie qui ont dispersé cabanes de chantier, bulldozers et déblais un peu partout et qui empuantissent l’air d’effluves d’égout nauséabondes. |
Encore un pont, et nous sommes devant les murs crénelés du château médiéval des Comtes de Flandre (1180) où les restaurations aussi vont leur train. | Château des Comtes de Flandre à Gent |
Le vieux quartier autour du château des Comtes de Flandre |
Nous sommes dans le quartier Patershol qui a conservé sa structure et ses bâtiments anciens : façade soignée de la Halle au Poisson (1690) parée de trois grandes statues évoquant la Lys et l’Escaut que domine un Neptune royal, haut mur de brique ajouré de fenêtres en vitrail de l’Hospice St-Laurent (1564), place St-Veerleplein. Empruntant ensuite le pont de Vleeshuibrug, nous contournons la Grande Boucherie aux nombreuses lucarnes à redans, avant de nous retrouver sur le Quai aux Herbes pour admirer les étonnantes façades de ses maisons anciennes : Maison des Maçons (XVIème), Maison des Mesureurs de Grain (XVème), Maison de l’Étape, petite Maison du Tonlieu, deuxième Maison des Mesureurs de Grain (1698) et enfin Maison des Francs Bateliers (1531). |
Longeant le quai sur
la Lys, il ne nous reste plus qu’à rattraper le
Koulter en empruntant à nouveau quelques rues très
commerçantes. Ville très vivante, voire encombrée, Gent possède un patrimoine architectural remarquable comparable à celui de Brugge mais souvent dans un état pitoyable et dans un environnement urbain quelque peu vétuste (pavage, câbles de tram, etc.) qui l’étouffe un peu. Plus de vie et de variété, mais moins de charme. |
Centre historique de Gent vu du ciel |
Un peu fatigués par notre longue balade, nous quittons alors la ville pour aller dormir à Tournai comme prévu. Bivouac près du garage. Vive discussion avec Monique énervée qui refuse de poursuivre vers la Norvège, voyage " auquel elle ne s’est jamais engagée… ". Coucher à 23:50 dans le calme d’un lotissement bourgeois.
Mardi 27 mai 1997 : de TOURNAI à TOURNAI (69 km)
Excellente nuit sur notre stationnement " chic ". A 8:15, nous sommes à l’entrée du garage Volkswagen tout proche. On nous y confirme la nécessité de remplacer l’embrayage et celle de commander les pièces qui seront livrées demain matin... Nous prenons donc rendez-vous et décidons d’aller passer le journée " au vert " dans la forêt de Marchienne, à une trentaine de kilomètres au sud, de l’autre côté de la frontière française. En passant à l’Intermarché d’Orchies nous faisons le plein de provisions françaises dont nous apprécions la qualité et le prix puis nous stationnons au cœur de la forêt. Je me consacre à la lecture pendant que Monique dort dans le lit haut, avant que nous complétions notre courrier en souffrance et allions faire un petit tour à pied sous les grands arbres. Le soir tombe lorsque nous retrouvons notre stationnement dans le beau quartier de Tournai où la nuit s’annonce aussi tranquille que la précédente.
Mercredi 28 mai 1997 : TOURNAI
Lever tôt (7:00) pour nous présenter à la porte du garage à 8:00. Nous devrons cependant patienter toute la matinée, bricolant, faisant vaisselle et rangement pour n'entrer finalement dans l’atelier qu'à 13:00. Auparavant nous aurons tenté de faire quelques courses au grand magasin du coin (GB) mais on nous refuse notre carte M-C à la caisse… Les travaux de démontage prennent deux heures, mettant en évidence un disque d’embrayage complètement usé jusqu’aux rivets et deux fuites d’huile au niveau des joints spi qu’il faut commander. Arrêt des travaux.
Grande salle du Musée des Beaux-Arts de Tournai, par Victor Horta |
Nous poussons notre Aigle impotent dans la cour devant le garage et partons visiter le Musée des Beaux Arts. C’est l’occasion d’une petite marche agréable dans les rues de la vieille ville sous le soleil bien établi. |
L’architecture du musée, œuvre de Victor Horta en Style Art Déco (1928), est originale et particulièrement bien adaptée à sa fonction : les 5 salles rayonnantes, magistralement éclairées par de grandes verrières au centre du plafond, donnent sur un grand hall central polygonal. Les tableaux sont très inégaux, quelques maîtres (Monet, Seurat, Van Gogh, Brueghel, Rubens, Jodaens, Watteau…) voisinent avec des impressionnistes belges et quelques peintres tournaisiens nettement moins intéressants. | Musée des Beaux Arts : "Argenteuil", par E. Manet |
Section des sculptures du Musée des Beaux-Arts |
Je filme néanmoins tous les tableaux qui me semblent mériter le souvenir, jusqu’à ce qu’un gardien mal embouché et imbécile m’interdise de poursuivre en me citant un règlement qu’il me donne à lire où je ne trouve aucune trace d’interdiction, puisqu’il autorise au contraire la prise de vue sans flash… Le ton monte, je le laisse à ses niaiseries, achève mon tour du musée (les modernes tournaisiens et les contemporains sans intérêt) et nous quittons les lieux fort indisposés par cet incident. |
Retournant au centre-ville, nous passons à
l’Office du tourisme où nous rencontrons l’adjointe au "
manager " du tourisme municipal. Elle reçoit notre plainte,
assure voir bientôt à corriger la situation et nous offre de
visionner deux vidéos fort bien faits sur sa ville. Son
accueil chaleureux et aimable aide à faire passer la
mauvaise impression précédente.
Nous revenons à l’Aigle immobilisé dans la
cour du garage en flânant dans les vieilles rues, les parcs
et sur les quais de la petite cité maintenant bien calme.
Souper, lecture, journal et coucher tôt à 10:30 en écoutant
une diffusion de " La Veuve joyeuse " à la radio.
Jeudi 29 mai 1997 : de TOURNAI à l’Abbaye d’AULNE (128 km)
L'Aigle sur
le pont du garage... et Jean-Paul inquiet !
|
La nuit est assez bruyante, la proximité de la grande route à une vingtaine de mètres derrière nous nuisant considérablement à notre sommeil. A 8:00 nous sommes prêts pour la suite des réparations; on pousse l’Aigle toujours dépouillé de sa transmission sur le pont élévateur et les travaux reprennent à 9:00. Mon mécanicien Jean-Claude, le mégot bien calé au coin des lèvres, peste à chaque difficulté rencontrée, pièce difficile à replacer ou boulon grippé. Il demande à plusieurs reprises l’aide d’un collègue, s’acharne, replace patiemment un à un tous les composants de la transmission dispersés autour de lui et enfin, à 12:15… s’interrompt pour aller déjeuner en laissant le bouchon de la boite ouvert, sans avoir le temps de faire le niveau ! Nous sommes quittes pour aller pique-niquer dans l’agréable petit parc découvert à proximité hier soir, devant des volées de pigeons quémandeurs et au milieu des élèves d’un collège voisin. |
À 13:00 nous sommes de retour au garage pour les derniers tours de clé de mon mécanicien. Enfin notre Aigle retrouve sa fringance et sa maniabilité, à défaut d’une puissance qu’il n’a jamais eue, comme me le montre un petit essai avec l’aimable chef d’atelier. La lecture de la facture un peu plus élevée que prévu me permet de corriger - encore une fois ! – une erreur dans le décompte des heures de main d’œuvre… Content de retrouver un véhicule qui répond franchement aux sollicitations de l’accélérateur, mais inquiet de l’état déplorable des butées de suspension arrière qui s’écrasent sous la surcharge des ressorts, particulièrement du côté droit, et déçu de ne pas avoir trouvé de solution rapide et économique à ce problème, je reprends le volant après le plein d’eau.
Un dernier tour de ville nous permet d'admirer quelques maisons Art Nouveau indiquées par " l’assistante manager " du Bureau du Tourisme, puis nous empruntons l’autoroute rapide – et gratuite ! – pour gagner Le Roeulx, au nord de Mons, où un beau parc entoure un château XVIIIème intéressant. Hélas et les jardins et les bâtiments sont fermés pour travaux ! Il ne nous reste qu’à reprendre du pain et de l’argent et à poursuivre vers l’escale suivante, l’Abbaye d’Aulne, dans la haute vallée de la Sambre. | Haute vallée de la Sambre |
Ruines de l'Abbaye d'Aulne |
Un petit tour de
l’extérieur montre des bâtiments trop ruinés pour être
vraiment intéressants, tandis que les guinguettes,
restaurants et autres friteries, installés de façon un
peu anarchique, ôtent au site une bonne partie de son
charme campagnard. Nous dînons devant un joli paysage d’arbres et d’eau, sur le bord d’un étang formé par une ancienne boucle de la rivière, avant d’aller dormir tout près de l’abbaye, au bord de la rivière sur laquelle le soleil couchant projette des flamboiements rouges et violacés. |
Vendredi 30 mai 1997 : de l’ABBAYE D’AULNE à BASTOGNE (171 km)
Aulne : abside et transept en ruines de l'Abbatiale |
Nuit paisible au bord de l’eau. Après un dernier tour des bâtiments de l’abbaye maintenant illuminés par le plein soleil, nous suivons la jolie vallée de la Sambre pour aller admirer la collégiale de Lobbe (époque carolingienne) comme nous l’a conseillé notre guide d’hier soir. L'arrivée offre un joli coup d’œil sur la vallée et sur la petite ville étagée de chaque côté de la rivière sur laquelle paressent des péniches… La vieille collégiale romane, bien que peu restaurée, vaut le détour (sa crypte en particulier), ainsi que son quartier paisible de vieilles maisons soignées et fleuries. |
Nous empruntons ensuite un itinéraire un peu complexe de petites routes filant dans la campagne riche et verdoyante pour gagner les jardins du château d’Annevoie-Rouillon. | Château d'Annevoie vu du ciel |
Façade arrière du château d'Annevoie se reflétant dans la pièce d'eau |
Agréables vues sur la façade arrière du château se mirant dans un grand bassin, |
devant le Buffet d’eau aux jets en éventail, | Annevoie : le Buffet d'eau |
grande allée fleurie à la française, bosquets et charmilles soigneusement taillés, | Annevoie : la Terrasse en fin de journée |
Annevoie : le Grand Canal supérieur qui alimente les autres pièces d'eau |
belle perspective du Grand Canal dont les eaux dormantes alimentent tous ces jeux d’eau. |
Reprenant notre route, nous rattrapons
bientôt la vallée de la Meuse dont nous suivons la rive
jusqu’à Dinant. Paysage maintenant bien connu, coups d’œil -
et de vidéo – au pont Charles-de-Gaulle sous la citadelle et
à la Collégiale, puis au Rocher Bayard campé à pic au dessus
du fleuve.
Nous poursuivons les petites routes des Ardennes, de plus en plus boisées, pour parvenir au monastère de Chevetogne vers 17:30. Visite de l’église orientale construite dans le style byzantin de Novgorod : l’édifice de brique paraît tout simple à l’extérieur... | Chevetogne : abside de l'église orientale (1955) |
Chevetogne : la coupole de l'église orientale avec le Christ Pantocrator |
...mais son intérieur montre une riche décoration de fresques couvrant murs et voûtes, selon les thématiques et l’ordonnancement propres aux traditions orthodoxes. |
Chevetogne : Jésus apaise la tempête |
Chevetogne : les Noces de Cana |
Je m’intéresse à la collection de CD de chants liturgiques traditionnels russes chantés par le fameux chœur des moines – dont je possède déjà quelques titres -, mais les trouve un peu chers (33 $/CD). Nous préférons attendre un peu, moi en lisant puis en allant observer les oiseaux dans le sous-bois, Monique en faisant un somme, que la communauté se rassemble dans l’église à 18:30 pour chanter les vêpres selon le rite orthodoxe. | Chevetogne : la Communion des Apôtres (crypte) |
Chevetogne : le chœur et l'iconostase |
Impression merveilleuse laissée par ce petit chœur de 8 ou 9 hommes nuançant à la perfection les lentes et savantes mélodies orientales, dans le respect d’un rituel sophistiqué et exotique (psalmodie de l’officiant devant l’iconostase, illumination du grand chandelier à sept branches, encensement des icônes, de l’église et des assistants…). Nous sortons à 19:15 émerveillés par la beauté mais aussi étonnés par le hiératisme du rituel. |
Un bon bout de route ensuite dans la
lumière du soir à travers la forêt ardennaise nous mène
jusqu’à la petite ville de Bastogne où eut lieu une
importante bataille en décembre 1944 lors de la
contre-offensive allemande des Ardennes. Nous allons dormir
sur le vaste stationnement du monument commémoratif du
Mardasson.
Samedi 31 mai 1997 : de BASTOGNE à ERPELDANGE (126 km)
Un grand soleil luit dans le ciel bleu mais
le vent d’ouest assez fort nous garde au frais et nous
oblige même parfois à enfiler une " petite laine ". Après
déjeuner, je vais visiter le Historical Center. Il
présente une belle collection d’uniformes alliés et
allemands et deux dioramas mettant en scène d’une part le
général Manteuffel organisant le siège et l’assaut de la
ville, d’autre part le major général McAuliffe réceptionnant
un parachutage d’armes et de vivres, chacun entouré de
soldats et d’équipements appartenant à leur camp. Dans les
deux arcs de cercle entre les dioramas, autre collection,
très complète elle aussi, d’armes, d’équipements et autres "
artefacts ". Au centre de la grande salle en forme d’étoile
(US bien entendu), une carte animée avec commentaires et
bruitages convaincants raconte les péripéties de la Bataille
de Bastogne, entre le 16 décembre 44 et le 7 janvier 45, qui
mit fin à la contre-offensive allemande des Ardennes. Avant
de sortir, un court-métrage rassemblant des plans tournés
par les deux camps permet de mettre des images sur les
récits un peu désincarnés.
Bref une visite dense qui soutient mon
intérêt jusque vers 12:15. Retrouvant alors Monique qui a
pris son temps pour sa toilette et s’est fait les ongles,
nous grimpons sur le grand monument en étoile d’où la vue
s’étend largement sur la campagne et l’ancien champ de
bataille, particulièrement du côté de la petite ville.
En 1949, des femmes américaines (mères ou veuves des soldats US tués ou blessés dans la Bataille des Ardennes) souhaitent un lieu de recueillement et non seulement un mémorial militaire, et en font la demande à l'Ambassade des États-Unis en Belgique. Une crypte est alors creusée, Fernand Léger en réalisera le décor : 3 mosaïques représentant les 3 grands cultes pratiqués aux États-Unis - juif, protestant et catholique - complétés par des portraits de femmes dessinées au trait noir, hommage à leur courage, elles qui sont à l'origine du projet. | Bastogne : crypte du Mardasson : mosaïque des Juifs par Fernand Léger |
Bastogne : porte de Trêves et église St-Pierre |
Après avoir jeté un coup d’œil à la crypte du mémorial ornée de trois mosaïques dessinées par Fernand Léger, nous nous rapprochons du centre de Bastogne pour quelques courses et un rapide tour de ville. Il ne reste pas grand chose d’ancien après les bombardements de décembre 1944. Nous stationnons près de l’ancienne Porte de Trêves (vieille porte médiévale avec herse, mâchicoulis et poivrière) et allons admirer l’intérieur de l’église St-Pierre : superbe plafond peint datant du XVIème, chaire de bois sculpté avec très beaux anges musiciens, fonts baptismaux romains et émouvante Mise au tombeau en bois du Xème siècle. Pendant notre visite, un trompettiste accompagné de l’orgue répète quelques " tubes " de circonstance avant un mariage (Marche nuptiale de Mendelsohn, Ave Maria de Schubert, Trumpet Volontary de Purcell…). |
Nous prenons ensuite la route pour passer au Luxembourg à Martelange et entamer un grand tour dans les Ardennes luxembourgeoises. Depuis les 460 m du Hochfels, belle vue sur les boucles de la Sûre dont nous suivrons dorénavant la vallée vers l’est : vaste plan d’eau du barrage d’Isenborn, pittoresque village d’Esch/Sûre où nous grimpons sur le piton couronné par une grosse tour de guet ronde et par les ruines du château médiéval. A nos pieds, la rivière enferme les maisons du village entassées dans une boucle presque fermée tandis que les pentes boisées des collines forment écrin autour du site. | Esch/Sure au pied de son château |
Verdoyante vallée de la Sure à Boursheid |
La route de vallée, très boisée et accidentée, se poursuit en offrant parfois de belles échappées à travers les arbres jusqu’au superbe panorama sur le château de Boursheid, d’abord depuis la falaise de Greuglay, puis juste au dessus du château lui-même. La route devient ensuite plus sauvage pour quelques kilomètres, quoique nous longions près de l’eau de grasse prairies consacrées soit à l’élevage de bovins plantureux soit à d’impeccables terrains de camping achalandés. Le soir descend, la lumière décline toute la palette des verts, nous finissons par faire étape vers 19:30 au bout d’une impasse, entre un champ à vaches et la rivière, en bordure du village d’Erpeldange. Souper puis soirée rustique agrémentée des meuglements des vaches qui viennent brouter à moins d’un mètre des roues de l’Aigle. Coucher à 21:55. |
Paysage de vallée verdoyante, petits villages coquets et fleuris, impeccablement propres, jusqu’à Beaufort où nous allons visiter les ruines de l’imposant château-fort. Ses hauts murs de pierres crème sont environnés de grands arbres et de près très verts au fond d’un vallon. Le parcours intérieur fait découvrir un dédale d’escaliers, de murs à demi relevés, de couloirs et de pièces empilées sans plafonds ni planchers. Il ne manque ni les cachots avec les fers accrochés aux murs ni la chambre de torture… On en a un très beau coup d’œil ensuite depuis le petit lac en dessous – avec cygnes bien sûr – qui se poursuit par un sentier s’enfonçant dans la forêt. Saisis par le froid qui s’accroît à chaque fois que les nuages masquent le soleil, nous faisons demi-tour après quelques centaines de mètres sous les grands hêtres et au pied des hautes murailles de grès fissurés. | Au Luxembourg : le château-fort en ruines de Beaufort |
Rivière Ernz Noire |
Nous poursuivons la jolie petite route longeant l’Ernz Noire qui forme le Müllerthal. C’est la section la plus fameuse de la Suisse luxembourgeoise, à juste titre car le paysage en est charmant : " la rivière y coule rapide, coupée de petites cascades, entre deux rives tapissées de prairies et encaissées entre des versants boisés où surgissent par endroits de spectaculaires amoncellements de grès " (Guide Vert). |
Un peu après avoir bifurqué vers Consdorf, nous nous arrêtons pour déjeuner devant les bassins découlant d’une source qui a été enchâssée dans un fort joli jardin. La route de forêt aux grandes futées de hêtres, de charmes, de pins et de chênes serpente entre de hauts blocs de grès ruiniformes un peu fantastiques. | Luxembourg : dans le Mullerthal, la « Chaire à prêcher » |
En quittant la petite ville, nous allons faire la balade vers la Gorge (ou grotte = schlucht ?) du Loup. Longue montée dans les superbes futaies de charmes et de hêtres jusqu’au pied des falaises gréseuses, descente dans la grotte formée par une faille entre deux énormes blocs, escalade d’un raide escalier taillé dans le roc sur une cinquantaine de mètres jusqu’au belvédère de Bildeschesloy d’où l’on découvre une jolie vue sur la Sûre coulant dans un paysage verdoyant. |
Belvédère de Bildescheloy et vue sur la Sure |
À Berdof, je vais admirer dans l’église le
socle de pierre sculptée de l’autel, en fait la base d'un
monument romain représentant Minerve, Junon, Apollon et
Hercule. Le curé qui vient fermer son église me surprend en
pleine contemplation et m’entreprend sur sa parenté au
Canada, les messes qu’il a eu le privilège de dire à
l’Oratoire St-Joseph, etc. J’ai bien du mal à obtenir les
informations que je sollicite sur son autel si particulier.
Il finit quand même par m’expliquer que le socle en question
constituait la base d’une colonne dominée par une statue de
Jupiter Tonnant, monument destiné à conjurer la foudre très
fréquente sur ce plateau. Cette statue, prise pour celle de
Dieu le Père, resta sur l’autel de l’église jusqu’en 1 700,
mais après qu’un savant universitaire l’eut identifiée comme
celle du Roi des dieux païens, elle fut détruite par le curé
" très pieux "…
Dans le Mullerthal : Shliessentümpfel |
Monique, inquiète de ne pas me voir revenir au bout d’une demi-heure, me rejoint et a droit à un résumé du même discours. Nous finissons par nous esquiver pour aller téléphoner à Mathieu venu assurer la permanence téléphonique à la maison en l’absence de Juliette retenue par sa job au golf. Il semble un peu tanné de son boulot peu intéressant et se plaint d’avoir trop peu de contacts avec des jeunes de son âge… Conséquence de son refus de l’école et de l’université ?… La nuit est presque tombée lorsque nous redescendons dans le Müllerthal pour aller dormir sur un petit stationnement au cœur du hameau homonyme. |
Lundi 2 juin 1997 : de MÜLLERTHAL à METZ (158 km)
Nuit paisible et temps superbe au réveil. Avant de quitter Müllerthal, j’entraîne Monique dans une petite promenade sous les grands arbres vers la cascade et le belvédère. Il fait frais, la futaie superbe laisse passer quelques rayons de soleil qui vont frapper les falaises de grès ruiniformes au dessus de nos têtes. L’eau ruisselle à peine sur la grande dalle verticale de la " cascade ", mais qu’importe, le sentier longeant le torrent en dessous valait bien ce petit tour. Nous l’achevons en grimpant au belvédère où une brèche entre les arbres offre un joli coup d’œil sur la grande clairière de Müllerthal : hôtels, camping et stationnement où nous avons dormi sont nettement visibles depuis cette crête. |
La Vallée de l'Esch |
Nous prenons alors la direction de
Luxembourg, la capitale du Grand Duché, par une route de
forêt assez vallonnée. A mi-chemin, j'arrête à Junglinster
pour chercher un renfort de suspension chez un
concessionnaire VW. Il m’envoie chez un carrossier que j’ai
quelque peine à trouver au cœur du village. Accueillant, il
se renseignera au retour du repas (il est déjà 12:10) et me
fera une proposition en début d’après-midi.
Luxembourg : la ville basse de Clausen et la ville Haute en arrière |
Nous repartons vers Luxembourg où nous allons nous arrêter juste au dessus de la Porte des Trois Tours, le pare-brise donnant sur la vallée de l’Alzette, côté nord : jolie vue sur la rivière et les remparts au dessus et, enjambant le vallon, le grand pont rouge vif en acier Grande Duchesse Charlotte. |
Après déjeuner, nous partons faire un petit tour du centre ville. Nous passons au dessus des casemates du Bock qui offrent une belle vue sur l’autre boucle de l’Alzette au sud et sur le vieux quartier tout remanié du Plateau du Rhom en dessous de nous. | Luxembourg : la ville basse du Grund et la Ville Haute en arrière |
Luxembourg : l'Hôtel de Ville |
Puis nous nous enfonçons dans le centre de la ville haute : Palais Grand Ducal, Hôtel de Ville et Chambre des Députés, tous trois de petite taille mais dont la pierre blanc/jaune a été impeccablement décapée, Place Guillaume tout à côté, et enfin Place d’Armes. |
Tout est propre, net, les magasins sont chic et chers, beaucoup de banques, de voitures de luxe aux plaques européennes… On sent bien que la petite ville est devenue une grande place financière internationale, qu’ici on ne manque pas d’argent pour présenter une façade impeccable aux touristes " d’affaires " européen. L’authenticité se cache un peu derrière ce coup d’œil flatteur… | Luxembourg : la Chambre des Députés dans la Ville Haute |
Caisse
d'Épargne : en attendant l'Euro...
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Nous retrouvons notre Aigle dans son petit stationnement étriqué en revenant de la Poste (téléphone au carrossier qui n’a pas trouvé de ressort disponible…) par d’autres rues encombrées par les terrasse de cafés et décorées de statues. Après un dernier tour de ville à bord, nous prenons la direction du sud vers Esch-sur-Alzette où Monique veut obtenir des renseignements à la Banque Générale du Luxembourg pour ouvrir éventuellement un compte. Le bureau ferme lorsque nous arrivons mais les informations données ne nous incitent guère de toute façon à pousser nos démarches. Épicerie et plein d’essence avec nos derniers sous puis recherche d’un vendeur de camping-car pour trouver une solution à notre problème de suspension. Celui qu’on nous indique a fermé boutique, ce que nous constatons après une longue recherche. |
Metz : le temple illuminé |
Nous
arrêtons à la nuit tombante à Metz, juste devant la
cathédrale. La circulation n'est pas facile dans cette
superbe vieille ville dont les beaux monuments en
chaude pierre jaune taillée ont tous été restaurés.
Nous soupons dans le parking des Halles où nous avons
réussi à nous caser puis faisons un tour dans le
quartier piétonnier assez vivant mais qui se vide sous
les gouttes de pluie. Jolie vue sur les quais et les
monuments somptueusement illuminés... |
...en particulier
sur la façade ouest de la cathédrale qui vient d’être
ravalée et dont les sculptures et clochetons se
détachent parfaitement sur le ciel noir. Nous
cherchons alors un bivouac pour la nuit, renonçons au
campus universitaire sur son île car toutes les allées
favorables sont bloquées par des barrières. Nous
trouvons finalement le calme recherché près du Q.G. de
la Région Militaire Est où nous stationnons sur une
rue transversale entre des voitures. |
La cathédrale de Metz illuminée |
22. Metz, Nancy et la Lorraine
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