SIX MOIS D'ERRANCES EN EUROPE


(CONGÉ SABBATIQUE de janvier à juillet 1997)

Monique et Jean-Paul à bord de l'Aigle<
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16. Séjour en FRANCE : de COUTY à PAU


Mercredi 2 avril 1997 : COUTY

Il fait un temps superbe. Durant la matinée, je démonte et tente de réparer le chauffage pendant que Monique commence une grande lessive. Nous appelons aussi Juliette pour lui souhaiter une heureuse 18ème année.

Dans l’après-midi, Toutou m’emmène dans sa Barchetta à Seynod commander le barillet de la serrure chez Volkswagen et chercher un support de roue de secours chez Top Accessoires - en vain. J’y obtiens au moins l’adresse d’un spécialiste de Bonneville qui pourrait réparer le chauffage Ebespächer et celles de deux installateurs de GPL à Seynod (Meioz et Chatel). En soirée, apéro chez Geneviève et Jean-Claude. La soirée se prolonge et Jean-Claude sort une boite de fondue suisse que nous dégustons avec appétit. À notre grand étonnement, elle est excellente, presque autant que la fondue savoyarde préparée selon la tradition avec tous les ingrédients exigés. À Couty, Monique et notre hôte dans les catalogues de
              décoration...
À Couty, Monique et notre hôte dans les catalogues de décoration...

Jeudi 3 avril 1997 : COUTY

Vue
                générale de Rumilly
Vue générale de Rumilly

Durant la matinée, je fais un aller/retour à Bonneville avec Toutou en décapotable pour porter le chauffage à réparer, puis nous dînons sur la terrasse avec Marie-France, Paul et Toutou.

A 14:00, j'ai rendez-vous chez Volkswagen pour faire changer le barillet de la serrure forcée à Cassis. Toutou me rejoint et m’emmène chez Meioz pour obtenir des renseignements sur la conversion au G.P.L. Nous faisons le tour des magasins à grande surface pour remplacer la brosse à dents électrique de Toutou... Je récupère l’Aigle et rentre à Couty en fin d’après-midi. Monique commence le repassage, passe l’après-midi à papoter avec Marie-France et l’aide à préparer le souper. Soirée avec les Gauthier (la sœur de Paul) invitée à souper au château.


Vendredi 4 avril 1997 : COUTY

Le matin, grand ménage de l’Aigle : la poussière a pénétré partout et une fuite du bidon d’huile de réserve a taché le tapis sous les bouteilles de gaz. Nous refaisons également l’étanchéité de la petite fenêtre de droite qui laisse passer un filet d’eau à chaque fois qu’il faut affronter la pluie.

En après-midi, changement des pneus à Rumilly, puis visite à Annecy chez Meioz pour obtenir un devis de conversion au G.P.L. (17 000 FF !). Le soir, souper avec Marie-France et Paul. Monique qui dispose enfin d'un four nous prépare de succulentes endives au jambon...


Samedi 5 avril 1997 : COUTY

Toutou et moi entamons la fabrication d'un support de roue de secours à fixer sur la porte arrière puisqu’il semble impossible d’en trouver un modèle préfabriqué satisfaisant.

Durant l’après-midi, je poursuis mes travaux d’entretien en changeant l’huile et le filtre du moteur.
Les bricoleurs Toutou et Jean-Paul au travail
Les bricoleurs Toutou et Jean-Paul au travail

Dimanche 6 avril 1997 : COUTY

Nous achevons l’ajustage et le montage du support de roue de secours, puis allons faire un tour chez Charles et Suzy à Mieudry. J’entreprends ensuite le démontage de l’ancien support de roue de secours désormais inutile sous le plancher, pensant ainsi faire de la place pour les éventuels réservoir de G.P.L., mais un coup de rectifieuse malheureux sectionne la conduite de liquide de frein, mettant un terme à mes projets...

Lundi 7 avril 1997 : COUTY

Rumilly : le Pont Neuf sur le Chéran
Rumilly : le Pont Neuf sur le Chéran
Nous n’avons pas le choix de faire réparer les conduites de freins endommagées. Toutou nous emmène donc chez son copain garagiste Lambert avec lequel nous avons une longue discussion sur les avantages et inconvénients de la conversion au G.P.L. versus un nouveau moteur turbo-diesel qu'il se fait fort de trouver et d'installer. J’accompagne ensuite Toutou chez le marchand de bois, tandis que Monique s’attaque à la lecture des journaux intimes de sa grand mère.

Mardi 8 avril 1997 : COUTY

Monique va faire des courses avec Toutou pendant que je me balade autour de Couty en rêvant à tout ce qu’on pourrait faire pour mettre en valeur la propriété. Monique va passer l’après-midi chez le coiffeur puis papoter avec Geneviève. En début de soirée, Toutou nous conduit chez Lambert pour récupérer l’Aigle et nous faire annoncer une facture plutôt salée... Sitôt rentré à Couty, je m’attaque au montage final de la roue de secours sur la porte arrière.
Fontaine sur
              la place dans le vieux Rumilly
Fontaine à col de cygne (1860) sur la place de l'Hôtel-de-Ville de Rumilly

Mercredi 9 et jeudi 10 avril 1997 : COUTY

Nous commençons la journée par un tour des banques de Rumilly pour rassembler de peine et de misère les 4 000 francs réclamés par le garagiste pour les réparations effectuées sur l’Aigle, ce brave homme un tantinet gourmand ne prenant pas les cartes de crédit... Rentré à la maison, je finis proprement - avec l’aide de Toutou - la découpe circulaire de l’ouverture des bouteilles de Camping-Gaz dans le plancher, puis répare le vide-poches au dessus de la dînette qui s’est décroché (les vibrations des pistes ?), réassure les fixations du rideau qu’il faut complètement démonter et resceller, confectionne une évacuation pour le réceptacle du trop-plein de la douche et entreprends de réparer les contacts de jauge du réservoir d’eau chaude.


Vendredi 11 avril 1997 : COUTY

Paiement du garagiste puis virée à St-Jorioz avec l’Aigle pour rejoindre Jean Boissier qui vient y faire quelques travaux et a demandé notre aide. Nous soupons avec lui et dormons dans le jardin devant le chalet.

Samedi 12 avril 1997 : ST-JORIOZ

Jean-Paul et Jean devant le chalet
Jean-Paul et Jean devant le chalet

Toutou nous rejoint de bon matin et toute la journée nous installons et scellons les poteaux destinés à supporter la rallonge arrière du toit du garage. Monique passe l’après-midi à Annecy à faire du lèche vitrine avec Geneviève. Le soir nous dormons à nouveau dans le jardin de St-Jorioz.


Dimanche 13 avril 1997 : COUTY

Retour à Couty en matinée. Réparation, nettoyage et consolidation de la porte de la douche. Le soir, match de foot à la T-V ...


Lundi 14 avril 1997 : COUTY

Lorsque nous allons récupérer le chauffage Eberspächer à Bonneville, le chef d’atelier refuse de nous remettre le détail du devis des réparations qu’il prétend nécessaire (2 200 FF !). Nous renonçons donc à la réparation. Il se choque et nous met à la porte en refusant que nous payions aucun frais...

Après le café de midi chez Geneviève, je découpe la garniture de la porte arrière et fixe une clé plate permettant de décrocher la roue de secours de son support. Le soir, nous dégustons le couscous avec Guy Laurens, un vieux copain du Maroc venu visiter Toutou.


Mardi 15 avril 1997 : de COUTY à ST-JORIOZ

En matinée, nous faisons nos adieux à Toutou et partons pour St-Jorioz où nous retrouvons Jehanne avec laquelle nous déjeunons.

En après-midi, je remets en place le vide-poches et répare la garniture du bas de la porte du chauffeur après avoir démonté le haut-parleur défectueux. Le soir, accueil et souper avec Christian, Anne et les enfants, puis Jean arrive un peu plus tard. Nous dormons dans l’Aigle installé sur le gazon.
Le lac et les montagnes enneigées (Dents de Lanfon,
                Tournette) devant le chalet de St-Jorioz
Le lac et les montagnes enneigées (Dents de Lanfon, Tournette) devant le chalet de St-Jorioz

Mercredi 16 avril 1997 : de ST-JORIOZ à STE-FOY

Quittant tôt St-Jorioz, nous faisons quelques courses en route puis allons porter son paiement final au garagiste de Rumilly qui nous laisse entrevoir encore une fois la possibilité d’installer un moteur turbo-diesel sur notre Aigle en mal de puissance. Après un marché et un plein d’essence au Provencia de Rumilly, nous retournons à Couty pour y emballer le mieux possible le meuble japonais offert par Jehanne. Nous prenons alors la route de Lyon où nous passons l’après-midi à déballer nos affaires et à mettre à jour courrier et comptabilité. Coucher dans l’Aigle devant la maison.


Jeudi 17 avril 1997 : de SAINTE-FOY à FAREINS

En cette dernière journée d’étape nous poursuivons la lessive et le tri des vêtements et autres effets, allons à la poste et achevons nos courses à Continent. Nous prenons enfin la route vers Fareins où nous arrivons vers 19:00. Sympathique souper en famille et coucher devant la maison.


Vendredi 18 avril 1997 : de FAREINS à POLMINHAC

Pendant que René-Pierre et sa petite famille quittent la maison pour aller passer la fin de semaine à St-Jorioz - et installer avec Christian la nouvelle toiture du garage - nous paressons au lit pour nous lever enfin vers 9:30. Je fais le plein d’eau puis nous planifions rapidement notre itinéraire vers Parentis-en-Born où nous allons rejoindre nos amis Danièle et Georges connus en Tunisie. À notre départ vers 10:45 le temps est superbe, comme depuis les quinze derniers jours : grand ciel bleu et pas une goutte de pluie, ce qui fait d'ailleurs craindre la sécheresse chez les ruraux autour de nous.

Nous nous engageons bientôt dans les vallonnements du Beaujolais en rattrapant L’Arbresle, puis nous montons longuement jusque vers 1 200 m par des routes sinueuses qui soulignent la faiblesse de notre petit moteur. Les pentes sont particulièrement raides et longues lorsque nous franchissons les cols des Monts du Forez : Col de la Croix de l’Homme Mort (1 163 m) et Col des Pradeaux (1 196 m). Et je rêve de turbo-diesel et de direction assistée en hâlant patiemment mon grand volant virage après virage... Au moins avons-nous le temps d’admirer l'agréable paysage de montagnettes parsemées de traînées de sapins qui zèbrent les pentes entre les prairies à vaches, à moins que ce ne soit le contraire... Les petites fermes en pierres dorées et toits couverts de tuiles sont dispersées sur les pentes... Après Ambert qui s’est équipé de plusieurs petits musées, développement touristique oblige, une grande route rectiligne et rapide file jusqu'à La Chaise-Dieu.

Abbaye
              de la Chaise-Dieu dans la lumière dorée du soir
Abbaye de la Chaise-Dieu dans la lumière dorée du soir
Nous nous accordons une demi-heure d'escale pour visiter la célèbre abbatiale bénédictine. La grande façade austère de granit ne nous impressionne guère,
mais la large voûte à l’intérieur coupée d'un jubé abrite un buffet d’orgue XVIIIème raffiné et fameux,
Jubé de
              l'abbatiale de la Chaise-Dieu
Jubé de l'abbatiale de la Chaise-Dieu

Orgue de
              la Chaise-Dieu
Orgue de la Chaise-Dieu
Choeur de l'abbatiale de la Chaise-Dieu avec ses
              tapisseries
Choeur de l'abbatiale de la Chaise-Dieu avec ses tapisseries, ses stalles et le tombeau du fondateur

Tapisserie de la Résurection
Tapisserie  de la Résurection
...une superbe collection de tapisseries flamandes exposées au dessus des élégantes stalles du chœur des moines et l’esquisse d’une très originale danse macabre.

Danse
        macabre de la Chaise Dieu
Danse macabre de la Chaise Dieu

Sur le côté, un cloître gothique a conservé deux de ses quatre couloirs d’origine, avec de grandes ouvertures flamboyantes. Le reste des bâtiments monastiques a disparu ou ne se visite pas. Le village alentour est ancien mais n’offre guère de monument remarquable. Cloitre
              de l'abbaye de La Chaise-Dieu
Cloitre de l'abbaye de La Chaise-Dieu

Nous entrons ensuite dans le Parc Régional Livradois-Forez : je m’égare vers le nord pour un long détour jusqu’à St-Germain-Hersan pendant que Monique sommeille : la petite route d’altitude (± 1 000 m) serpente dans un décor presque continu de forêts ; nous redescendons vers le sud jusqu’à Champagnac où nous rattrapons notre itinéraire vers l’ouest, passons Broude. Quelques kilomètres d’autoroute - gratuite ! - jusqu’à Massiac, puis une longue route très bien redressée (la N 122) longeant la vallée de l’Alagnon et nous remontons vers Morat puis Lioran. Beaux paysages de petites montagnes du Parc des Volcans d’Auvergne. Les villages sont soignés, manifestement très touristiques (camping, piscine, équitation, etc.), la route file au pied des pentes. Nous passons sous le Plomb du Cantal encore couronné de neige (1 855 m), redescendons sur Vic-sur-Cère et allons nous arrêter 5 km plus loin à 19:20 passé sur le grand parking vide de Pollminhac, un autre joli village auvergnat typique. Vaisselle, journal en retard pour nous coucher enfin à 23:30.


Samedi 19 avril 1997 : de POLMINHAC à AIGUILLON (274 km)

Nous nous levons tard, sous un ciel très gris. Accotés sur la pente au dessus de nous, les murs du château médiéval dominent le village. Quelques kilomètres de la longue vallée qui descend et nous sommes à Aurillac. Apercevant un garage Volkswagen à l’entrée, nous allons demander un avis sur le danger éventuel que présentent nos freins qui broutent lorsqu’on les sollicite au dessus de 80 km/h. Le mécano nous rassure : probablement les tambours ovalisées n’ont-ils pas été rectifiés (effectivement...). J’en profite pour lui demander de vérifier le réglage de l’allumage (consommation élevée et postcombustion). Après une longue recherche, il finit par mettre la main sur la documentation - très ancienne - montrant où faire la mesure et indiquant l’angle de calage de l'avance (5°). Nous étions loin du compte (- 9°) et le rupteur de plus est défectueux. Une heure et demie plus tard nous sortons de l’atelier. Notre mécanique est remise en ordre mais la comptabilité est fermée et nous devrons revenir à 14:00 pour obtenir la facture et la régler. Nous entrons en ville; pendant que Monique va faire quelques courses à l’Intermarché, j’encastre les nouveaux haut-parleurs dans les portes avant. Léger pique-nique puis nous retournons au garage régler la note.

La route de montagne continue vers Figeac puis Cahors, traversant de jolis paysages campagnards, surtout lorsque nous longeons la vallée du Lot : riches cultures, vieilles maisons et castels anciens pointant leurs tours et murailles sur les hauteurs. Nous arrêtons brièvement à Cahors devant le vieux pont Valentré, puis Monique me remplace au volant pour la suite du trajet vers l’ouest. La route sinueuse continue de longer le cours du Lot qui s’élargit, tandis que nous atteignons la plaine de la Garonne. La pluie se met de la partie, intermittente, jusqu’à ce que nous arrêtions à Aiguillon, juste avant de franchir la Garonne, près d’une vieille église au milieu des champs à la sortie du village. Nous sommes seuls sur le stationnement, les environs très calmes promettent une nuit super tranquille, seuls les nuages gris qui s’accumulent dans le crépuscule pourraient nous déranger s’ils s’avisaient de se résoudre en pluie ou en orage...


Dimanche 20 avril 1997 : d’AIGUILLON à PARENTIS EN BORN (143 km)

Paysage des Landes dans
              la brume printanière
Paysage des Landes dans la brume printanière
Rien ne tombe durant la nuit et c’est encore un grand ciel bleu qui nous attend au lever. Nous reprenons la route qui traverse un paysage plat de grandes cultures, blé et maïs, avant de s’enfoncer bientôt dans les forêts des Landes. Les champs deviennent rares, ce ne sont plus que quelques parcelles sableuses fraîchement labourées, équipées de longs systèmes d’arrosage sophistiqués et perdues dans des bois de résineux serrés. Parfois quelques feuillus en fleur entourent de larges maisons basses aux toits à double pente presque plats. Les billots ébranchés au bord de la route attendent de prendre le chemin des scieries qui fument de place en place.

Les rares cours d’eau sont prétextes à base de plein air avec canots, équitation, piste cyclable, etc. et chaque village a développé au maximum son potentiel touristique, signalant autant son église XIIème que son terrain de camping X***... Nous arrêtons un moment à Bazas, le temps d’admirer la cathédrale gothique et de téléphoner à Danièle et Georges pour leur signaler notre arrivée. Place de Bazas :
              l'église et et l'Hôtel de ville
Place de Bazas : l'église et et l'Hôtel de ville

Encore 78 km d’une même route sous les arbres entrecoupée de villages et d’exploitations forestières jusqu'à la pause déjeuner au bord d’un étang. Peu après, nous arrivons à Parentis. La maison de nos amis se trouve au bout d’une rue ombragée sous la pinède, dans un lotissement neuf de style local : pas d’étage, murs couleur pastel, toit de tuiles canal en pente douce... Accueil chaleureux, brefs échanges, et j’entame bientôt avec Georges la réparation de la centrale électrique de l’Aigle comme il me l’avait proposé en Tunisie. Le démontage est ardu, vu l’entremêlement des fils à l’arrière de l’appareil, mais la panne (une diode du pont redresseur du transfo brûlée) est vite confirmée et la pièce défectueuse remplacée. Les consolidations mécaniques (le lourd châssis reposait uniquement sur la façade !) sont ensuite beaucoup plus longues, et c’est sans électricité que nous nous couchons assez tôt au fond du jardin, après un souper en tête à tête et une tisane offerte par nos amis qui reçoivent leur fille.


Lundi 21 avril 1997 : PARENTIS EN BORN (0 km)

Nuit fort tranquille mais très fraîche (près de 2 °C). Nous tardons un peu à nous lever... Puis je m’attaque avec Georges à l’achèvement de la réinstallation de la centrale que nous posons sur deux patins de bois. Ils permettront de rentrer et sortir le lourd appareil sans effort ni dégât. Mais l’ouverture dans la colonne n’est plus alignée aussi, faute d’autre outils plus adéquats, je dois longtemps forcer avec la lime pour agrandir la fenêtre. Pose d’une semelle de caoutchouc pour amortir les vibrations, installation d’un voyant néon pour indiquer le branchement sur le secteur, nous sommes prêts pour le rebranchement et il est déjà midi !

Nous poursuivons après le déjeuner. Bien que les contacts (améliorés par l’expert électronicien) soient sans défaut, le frigo refuse de fonctionner normalement, maintenant à cause d’une surtension (le circuit du transfo accessoire réparé délivrant près de 18 volts !). Après quelques tentatives de modification, nous renonçons et rétablissons les circuits comme je les avais moi-même - provisoirement ! - modifiés, i.e. en branchant le frigo sur le circuit du transfo destiné à la recharge de la batterie. Enfin tout fonctionne normalement. Il ne resterait pour améliorer vraiment la centrale qu’à installer un régulateur qui en ferait un système « floating ». Georges m’en explique longuement le fonctionnement, devis et catalogue de pièces à l’appui. Nous remettons ensuite tout en place, Monique ramène les rideaux de tour de cabine qu’elle a recousus, je fais le plein d’eau et nous soupons. Après l’inventaire de la cambuse nous allons prendre la tisane du soir chez nos hôtes. Monique demeure avec eux à regarder un film à la T.V. pendant que je rentre écrire ce journal et me couche à 22:30.


Mardi 22 avril 1997 : de PARENTIS à BISCAROSSE (118 km)

Lever tard (vers 9:30) car Monique a regardé « Le clan des Siciliens » à la T.V. jusqu’à une heure avancée et je souffre d’un début de sinusite attrapée dans le garage de Georges, lors de nos bricolages dans le courant d’air froid. Ménage, vaisselle, plein d’eau et planification des achats d’épicerie nous occupent jusque vers 11:30. Nous prenons alors le route en direction de Biscarosse pour explorer un peu la région d’Arcachon. Nous nous égarons d’abord dans les petites routes non signalisées sous les pinèdes et nous retrouvons au bord du lac de Parentis, assez sauvage (oiseaux aquatiques, rives envahies par les roseaux) mais parsemé de pompes d’extraction de pétrole. Faisant demi-tour, nous roulons un bon moment dans la pinède où sont dispersées de jolies maisons basses typiques de la région.
Grande dune
              du Pilat
Grande dune du Pilat
Traversée de Biscarosse très étalé mais où nous trouvons magasins et services. Nous longeons ensuite les beaux et vastes lacs aux rives ombragées de Navaros, bien aménagées pour le tourisme (plages, bases nautiques, marina,...) puis atteignons, toujours sous les pins, les abords d’Arcachon. A notre droite la longue et haute dune du Pilat étend son dos de sable jaune et nous coupe la vue de la mer. La marée verte des arbres vient buter à sa base et son faîte la domine d’une centaine de mètres, sur plusieurs kilomètres de long. Au nord, nous accédons à une zone moins sauvage, construite de villas plus ou moins chic, parfois entourées d’un agréable jardin fleuri, toujours ombragées par les pins.

Au bout d’une impasse nous permettant de rejoindre enfin le rivage du Bassin, la vue est décevante : le Cap Ferret en face est plat, sans relief aucun, et de notre côté la marée haute vient buter sur la digue de béton qui protège le bord des propriétés de l’érosion et de l’envahissement par le sable éolien. Nous allons jusqu’à l’embarcadère du petit caboteur qui fait le tour du Bassin. La vue sur la côte et sur la ville ne révèle rien de bien original dans cette station balnéaire certes agréable mais commune.
Plage et ville
              d'Arcachon
  Arcachon et ses plages

L'Île
              aux Oiseaux dans le Bassin d'Arcachon
L'Île aux Oiseaux dans le Bassin d'Arcachon
Bassin
              d'Arcachon : le Banc d'Arguin vu du ciel
Bassin d'Arcachon : le Banc d'Arguin vu du ciel
Nous revenons vers Biscarosse pour nous lancer dans l'ascension de la Grande Dune du Pilat au lieu-dit Bec du Buch. La montée dans le sable croulant sous le pied est rude...
Jean-Paul sur la Dune du Pilat
Jean-Paul sur la Dune du Pilat

Au
              milieu des dunes, le Courant d'Huchet et les Landes
  Au milieu des dunes, le Courant d'Huchet et les Landes
...mais de là-haut la vue porte loin sur la forêt vers l’intérieur des terres et, du côté Océan, sur les hauteurs de la dune. Elle s’étend de chaque côté, sauvage et grandiose face aux grosses vagues qui déferlent et sous le vent violent qui nous bombarde de grains de sable arrachés à la crête mouvante.

Vingt minutes de repos contemplatif, et nous redescendons tout saupoudré de sable vers notre Aigle laissé au bord de la route tout en bas. Monique sur la dune du Pilat
Monique sur la dune du Pilat

Monique contemple l'Océan depuis la Dune du Pilat
Monique contemple l'Océan depuis la Dune du Pilat

Jean-Paul regarde l'Atlantique depuis la dune du Pilat
Jean-Paul regarde l'Atlantique depuis la dune du Pilat

Port-Maguide
Port-Maguide
De retour à Biscarosse, nous allons commencer notre épicerie dans le magasin Leclerc local puis, à sa fermeture à 19:15, allons établir nos pénates au bord de l’Étang de Cazaux à côté de Port-Maguide, au bord de la plage, dans un magnifique décor exotique de sable, de pin et d’eau, où nous admirons le coucher de soleil. Souper, soin des pieds endoloris, journal et coucher dans le vent à 22:40.

Coucher de soleil sur le Golfe de Gascogne
Coucher de soleil sur le Golfe de Gascogne


Mercredi 23 avril 1997 : de BISCAROSSE à PARENTIS (28 km)

Excellente nuit au bord du lac. Nous nous levons encore une fois assez tard et allons finir notre grand marché chez Leclerc, cochant ainsi les dernières cases vides de notre super-liste. Puis Monique me coupe les cheveux. Le plein d’essence confirme une certaine amélioration de la consommation (14 l/100 km, pourvu que ça dure !).

En revanche le garage V.A.G. consulté en reprenant la route de Biscarosse est moins rassurant quant à l’état de l’embrayage : bien que cette réparation ne présente aucune urgence, le léger glissement à chaque accélération et la fuite d’huile (côté moteur et côté boite) sur le disque de composite qui l’a bue comme une éponge ne laissent aucun espoir : il faudra bien le remplacer pour la bagatelle de 3 000 FF...
Hossegor
Hossegor

Recherche d’une mercerie puis des pièces pour construire un système de remplissage de nos bouteilles de Camping-Gaz à partir d'une bouteille de 13 kg de propane comme me l’a montré Georges. Nous reprenons la route de Parentis en fin d’après-midi. Soirée tranquille chez les Gilbert et coucher tôt pour repartir demain vers le sud.


Jeudi 24 avril 1997 : de PARENTIS à HOSSEGOR (155 km)

Le sommeil tarde à venir pour moi, c’est donc passé 9:00 que je sors du lit pour une autre très belle journée. Il a encore gelé cette nuit, comme me le confirme Georges en me montrant les jeunes feuilles et les boutons floraux ratatinés sur les arbustes du jardin. Nous achevons lavages et petits travaux de couture, j’installe les élastiques de maintien de l’atlas routier sur le capot du moteur puis je lave l’Aigle avec le Kärscher que Georges met gentiment à ma disposition. Plein d’eau et promesse de se revoir dès que possible, soit à notre retour d’Espagne, soit d’ici un an ou deux au Canada peut-être, si nos amis réalisent leur projet de traversée du continent américain...

Nous prenons enfin congé de nos hôtes à la fois discrets et attentionnés pour prendre la route de St-Paul-de-Dax où je veux aller faire quelques courses à la succursale Narbonne Accessoires. La route nous semble un peu monotone à travers la « plate » forêt landaise... Le moteur tourne rond, les glissades de l’embrayage demeurent assez rares pour ne pas être inquiétantes, la grande route rattrapée après une dizaine de kilomètres file à 4 voies rapides jusqu’à Dax. Nous cherchons un peu avant de trouver le magasin d’accessoires, la numérotation de la route (dédoublée) n’ayant pas été corrigée... Monique est d’abord attirée par une exposition de maisons mobiles, conquise par un adorable petit chalet qu’elle se voit tout de suite occuper sur le grand terrain de St-Jorioz. Elle passe un bon moment à prendre les renseignements (aménagements, coûts, nécessité d’un permis de construire...). Puis je fais systématiquement le tour du magasin, vérifiant le prix ou l’utilité de tel ou tel accessoire. Il est passé 19:00 lorsque nous sortons, munis des raccords et robinets nécessaire au remplissage de nos bouteilles de Camping-Gaz, et de boutons à pression pour compléter les fermetures de nos rideaux.

Bien qu’affamés, nous filons au plus court vers l’est et vers la mer atteinte à Capbreton. Souper relax devant le port de plaisance, dans les rougeoiements du soleil couchant. Nous faisons ensuite un tour dans la station balnéaire qui nous semble nette et chic sans ostentation (jolis lampadaire bleu « Sidi Bou Saïd » en forme de phare...) et allons dormir sur une grande place plus déserte en bord de mer, sur une dune au nord de Seignosse (Le Penon). Coucher à 23:00 dans la rumeur de l’Océan.


Vendredi 25 avril 1997 : de SEIGNOSSE au Col de SAINT-IGNACE (77 km)

Pas si déserte, notre place, puisqu’une dizaine de camping-car s’y sont progressivement donné rendez-vous dans la soirée. Mais l’espace est vaste, et hormi un chien qui jappe par moment jusqu’à minuit, rien ne nous dérange durant cette autre nuit qui se prolonge jusqu’à 9:00. Ciel clair au réveil mais horizon brumeux. Nous revenons tranquillement à Hossegor où nous cherchons une mercerie pour nous procurer élastique et ruban (Monique veut achever sa couture...). Nous aboutissons à l’Intermarché où nous finissons nos emplettes d’épicerie et où je cherche en vain des « lyres » à gaz.

Ondres Plage
Ondres Plage
Pique-nique vers 12:30 dans une aire en forêt sous les pins et les chênes verts, puis détour vers Ondres-Plage où Monique veut aller prendre un bain de soleil devant la mer. Le grand parking isolé est désert, tout comme l’immense plage de sable blond sur laquelle viennent s’écraser d’énormes rouleaux écumants. Quelques surfeurs, de rares nudistes étalés au soleil sont mes seules rencontres lors de ma longue promenade solitaire pendant que Monique grille consciencieusement.

Surf en
              Gascogne
Surf en Gascogne
Plage de
              dune sur l'Atlantique
Plage de dune sur l'Atlantique

Route rapide ensuite vers le sud et vers Bayonne. A la recherche de l’Atlas Michelin des routes d’Espagne, nous gagnons le Carrefour d’Anglet : il a épuisé son stock... Nous traînons un moment dans les rayons puis poursuivons vers Biarritz. Nous n’avons pas plus de chance dans un Géant Casino de Biarritz. La route longe la côte de loin, nous passons Bidart, Guétary puis St-Jean-de-Luz, zone très urbanisée de façon continue. Le soir descend, il est 19:10 lorsque nous trouvons enfin notre atlas dans une grande librairie sur le port de St-Jean-de-Luz.
Port de
              Saint-Jean-de-Luz
Port de Saint-Jean-de-Luz

Nous bifurquons alors vers l’intérieur et vers la montagne pour aller dormir au Col de St-Ignace, sur le stationnement du petit train à crémaillère montant à La Rhune. Ce mont culmine à 900 m pour former un magnifique belvédère sur le Pays Basque, et nous comptons bien l'escalader demain si le temps demeure beau.


Samedi 26 avril 1997 : du COL DE ST-IGNACE à PAU (146 km)

Le petit
              train de La Rhune : prospectus
Le petit train de La Rhune : prospectus
La nuit n’est pas froide comme je m’y attendais dans ces montagnes, et n’était-ce le coq voisin qui commence à chanter dès 4:30, notre sommeil serait parfait. Monique s’éveille démoralisée en ne songeant qu’à rentrer à Montréal pour retrouver ses deux « poupounes »...

Elle réussit quand même à se lever et, vers 9:45, nous prenons nos billets dans la petite gare antique. Le minuscule vieux train électrique (une loco et deux wagons de bois) nous attend juste à côté.
Monique au départ du petit Train de la Rhune
Monique au départ du petit Train de la Rhune

Vue sur
              le Pays Basque en montant
Vue sur le Pays Basque en montant
A 10:05 commence la longue montée (25 mn pour 4,5 km), dans le bruit lancinant des engrenages s’accrochant à la crémaillère.

La lenteur du cheminement (10 km/h !) permet de découvrir tout à loisir un magnifique paysage sur le pays basque qui s’élargit progressivement, de la mer aux hautes montagnes des Pyrénées. Si les lointains demeurent brumeux, on devine quand même la vaste courbe de la concha de San Sebastian et les grands hôtels de Biarritz, tandis que plus près de nous les verts pâturages entourant les petites fermes basques dispersées sur les collines moutonnent jusqu’au pied des montagnes. Vue sur
              la Gascogne : ça monte dur !
Vue sur la Gascogne : ça monte dur !

En route vers le sommet de la Rhune
En redescendant du sommet de la Rhune
Là-haut, le paysage s’étale à 360° autour de nous, mais le ciel se couvre dès que nous entamons la descente sur le très mauvais sentier balisé, d’abord à travers un long éboulis de roches plates, glissantes et instables, où le tracé semble coupé à pic, sans aucun aménagement ni rampe adoucissant la pente très raide. Nos genoux deviennent vite branlants à ce régime ; un court passage acceptable sous des sapins et dans une grande prairie où paissent moutons et petits chevaux sauvages, puis la pente reprend sans rupture ni aménagement particulier, si bien que nous arrivons en bas très fatigués et, quant à moi, le pied gauche couronné d’une grosse ampoule malgré mes bonnes chaussures de montagne... Le ciel s’est de plus en plus couvert en fin de parcours, et il pleut lorsque nous attaquons le déjeuner dans notre Aigle retrouvé sur le stationnement devant la gare.

Monique a alors l’idée de faire une visite à Anne-Cécile à Pau avant de quitter la région, que ce soit vers le sud ou le nord. Appel téléphonique à la cousine qui ne demande pas mieux que de nous recevoir, tracé du plus court itinéraire vers notre destination, et nous voilà en route sous la pluie, dans les virages qui traversent le verdoyant et vallonné Pays Basque jusqu’à rattraper le nationale vers l’est. La route file ensuite dans le Béarn, passant Lacq, son gisement de gaz et ses usines chimiques nauséabondes, jusqu’à Pau. Le téléguidage d’Anne-Cécile nous mène directement à l’agréable demeure qu'occupe la famille au cœur d'un quartier bourgeois aux belles maisons entourées de jardins.

Les enfants jouent sur la pelouse (Paul-Adrien et Olivier) tandis que leurs parents (Anne-Cécile et Jean-Philippe) nous accueillent chez eux, souriants et relaxes... La fin de l’après-midi passe tranquillement à papoter, puis à faire souper les enfants qui, fascinés, veulent visiter notre « maison roulante » avant d’aller se coucher. Jean-Philippe et Anne-Cécile nous quittent pour une soirée prévue chez des amis, nous soupons et nous endormons tôt (9:45), stationnés et branchés dans le jardin.
Chez Jean-Philippe et Anne-Cécile à Pau
Chez Jean-Philippe et Anne-Cécile à Pau

Dimanche 27 avril 1997 : PAU - ORTHEZ - PAU (120 km)

Lever tard dans le jardin tranquille. Vers 10:30, départ pour la petite ville ancienne d’Orthez, tous les 6 dans l’Aigle, à la grande joie des enfants. Sous le ciel gris, pique-nique un peu serrés sur la Place de la Mairie, puis balade dans les vieilles rues bordées de façades du XVII et XVIIIème.

Orthez : Jean-Philippe et Jean-Paul
Orthez : Jean-Philippe et Jean-Paul
Nous franchissons le vieux pont fortifié lancé au dessus du gave caillouteux puis retrouvons l’abri du camping-car au moment où tombent les premières gouttes... Malgré nos espoirs, la pluie s’installe. Après une heure d’agréable conversation un peu perturbée par les cris et bousculades des enfants qui finissent par s’énerver dans cet espace confiné, perdant l'espoir d'une éclaircie, nous prenons la route du retour pour une soirée tranquille avec nos hôtes : Jean-Philippe nous quitte vers 23:00 pour aller se coucher tandis que je reste à discuter avec Anne-Cécile jusqu’à 1:15. Excellent sommeil sous la pluie dans le calme du jardin.

Lundi 28 avril 1997 : PAU

Il pleut toute la journée. Constatant des fuites d’eau dans la baie avant, dans le hublot de la porte à glissière et dans la fenêtre au dessus, je démonte les garnitures et la base du lit haut, puis dégage l’entourage en tissus tendu pour constater l’ampleur des dégâts et voir aux solutions. Après séchage au sèche-cheveux et nettoyage à l’aspirateur (qui nous débarrasse de nombreux cadavres desséchés de fourmis...) je dois remonter tout le mobilier pour le coucher du soir. Pendant ce temps Monique discute décoration avec Anne-Cécile et fait un peu de cuisine.


Mardi 29 avril 1997 : PAU

Monique va faire le marché avec Anne-Cécile. Je démonte la fenêtre de la porte à glissière et constate que la tôle est rouillée... Anne-Cécile nous emmène chez Brico pour acheter du Rustol que nous passons sur les surfaces métalliques attaquées puis nous posons les pressions sur les rideaux de l'Aigle. En fin d'après-midi j’aide Anne-Cécile à faire les vidanges des voitures pendant que Monique prépare le souper que nous prenons en famille.


Mercredi 30 avril 1997 : PAU

Le beau temps revenu nous permet de remonter la fenêtre avec du mastic étanche mais le pistolet à joint se brise presque aussitôt... Je pars donc avec Anne-Cécile en acheter un autre. Nous cherchons aussi une pince pour enlever le filtre à huile récalcitrant de la Visa. Nous sommes de retour à la maison en milieu d’après-midi, après une balade dans Pau avec l’Aigle qui convainc la cousine de l’intérêt de ce mode de transport. Pendant ce temps, Monique abat la pile de repassage  et surveille les petits fatigués. J'achève la pose du joint pendant qu'Anne-Cécile va donner un cours de gymnastique postnatale à la piscine.


Jeudi 1er mai 1997 : PAU

Aujourd'hui le ciel resplendit dès notre lever. Au lieu de repartir comme prévu, nous acceptons l’invitation des Bonnet à les accompagner dans une balade en montagne au Col de Marie-Blanque dans les Pyrénées au sud de Pau. Le pique-nique est vite préparé (Anne-Cécile fait une pizza, Monique des sandwiches aux œufs avec l’aide de Paul-Adrien) et nous partons tous ensemble dans l’Aigle à 11:30. Le trajet vers la vallée d’Ossau est magnifique, le Pic du Midi d’Ossau dressant les 2 884 m de son croc enneigé au bout de la vallée. La route assez sportive essouffle notre petit camion lourdement chargé dont l’embrayage glisse un peu plus...
Anne-Cécile et ses garçons dans l'Aigle
Anne-Cécile et ses garçons dans l'Aigle

À la pêche aux grenouilles dans le Col de
                Marie-Blanque
À la pêche aux grenouilles dans le Col de Marie-Blanque

Pique-nique sur l’herbe en haut du col puis balade avec les enfants le long du torrent sur le plateau de Benou. Paul-Adrien et Olivier - aidés par leur père qui semble y prendre autant de plaisir qu’eux - pêchent des petits poissons et des têtards dans l’eau claire. Anne-Cécile cueille des fleurs sauvages pour ses bouquets, je filme tout ce joyeux petit monde et nous prenons tous un grand bol d’air dans ce paysage grandiose.

Retour lorsque le soleil descend sur la route un peu encombrée jusqu’à Pau. Le soir, je montre à Anne-Cécile comment démonter, nettoyer et contrôler les bougies de sa voiture avant qu’elle prépare un délicieux souper de galettes bretonnes. Durant la soirée d’adieux, nous discutons longuement d’éducation avec les deux parents attentifs, avant d’aller dormir dans l’Aigle.



17. Séjour en FRANCE : de PAU à CAEN



Vendredi 2 mai 1997 : de PAU à GRAND CROHOT OCÉAN (Lèze Cap Ferret) (266 km)

La journée s’annonce belle et chaude. Préparant notre départ, je fais le plein d’eau, range les outils et autres composants du camping-car démontés les jours précédents pendant que Monique procède à ses dernières retouches de couture. Après les embrassades et remerciements de rigueur aux cousins que nous reverrons bientôt aux Moutiers, nous prenons la route vers le nord. Premier arrêt en sortant de Pau dans un Carrefour où nous choisissons une boite de Playmobil pour Paul-Adrien et Olivier puis nous filons dans la campagne du Béarn assez peu accidentée mais très verte. Le fermes sont dispersées dans les pâturages, de grandes maisons carrées aux toits pentus portent de hautes cheminées. Le paysage s’aplanit bientôt avec l’apparition des grandes plantations de pins, nous retrouvons la plate étendue boisée des Landes en approchant Mont-de-Marsan. La température s’élève jusqu’à atteindre 31°, on se croirait en plein été mais la route facile et les fenêtres grandes ouvertes garantissent un parcours agréable. Nous rattrapons Sabres puis Pisos, villages tranquilles et soignés où les touristes s’arrêtent pour boire un verre frais à la terrasse des petits cafés. Nous recoupons notre itinéraire d’il y a 15 jours et décidons d’aller reporter aux Gilbert les cartes d’Espagne si gentiment prêtées. Georges, toujours souriant et agréable, nous accueille dans le petite maison sous les pins puis Danièle, de retour de la plage nous rejoint. Embrassades, promesse de se revoir peut-être en Normandie bientôt, sûrement au Canada plus tard...

Plage
              du Grand Crohot
Plage du Grand Crohot
Nous repartons vers le nord, je tente de retrouver le magasin où les « lyres » (tuyaux à gaz) étaient les moins chères, à Parentis d’abord, puis à Biscarossse. En vain. Nous contournons Arcachon par l’intérieur, roulant au milieu des pins sur des routes pas trop encombrées. Lorsque nous longeons le Bassin, les agglomérations se succèdent sans interruption (Giganos, Audenges, Lanton) jusqu'à Andernos-les-Bains où nous approchons de la rive. C'est pour y contempler le paysage décevant de la platitude du bassin, encore accentuée par la marée basse.

Le soleil descend (il est 19:30) lorsque nous empruntons la petite route sauvage à travers la pinède qui mène aux grands stationnements ombragés de Grand Crohot Océan. Pas une maison dans ce parc discrètement et bien aménagé où il ne reste que quelques baigneurs sur l’immense plage. Souper dehors (il fait encore 25° à 20:00 !), petit tour sur la grève au delà de la dune, douche bienvenue, journal - en retard ! - et coucher à 23:20 dans la paix du parc, avec pour seul paysage sonore le roulement des grandes vagues dans le lointain, près de deux autres camping-cars.


Samedi 3 mai 1997 : de GRAND CROHOT à ST-DIZAN-DU-GUA (202 km)

Nuit super calme tandis que la chaleur de la journée s’estompe graduellement. Le ciel est couvert au matin, lorsque nous reprenons notre route à travers la forêt landaise en faisant quelques incursions dans les stations balnéaires  sur la côte : Lacanau Océan, Carcans Plage. Ces villages artificiels ne nous emballent guère : trop neufs, trop bâtis, trop fréquentés... Bref coup d’œil aussi sur le Lac de Lacanau dont la vaste étendue vide nous semble triste, plate et sans vie sous le ciel gris. La route uniformément droite se poursuit sous les pins entrecoupés de petites parcelles cultivées. Quelques belles maisons landaises, basses et bien dessinées (structure soulignée par la charpente de bois extérieure, avant-toit, tuiles canal roses...) suscitent notre admiration, tandis que la plupart des résidences de vacance sont plutôt des cabanons quelconques. Nous finissons par atteindre la Pointe de Grave vers 13:45. Le bac pour Royan ne partant qu’à 14:50, il nous reste un bon moment pour déjeuner sur le quai tout au bout du Médoc en admirant le vaste panorama de l’estuaire de la Gironde. Plage de la
              côte landaise
Plage de la côte landaise

Cathédrale Notre-Dame de Royan
Cathédrale Notre-Dame de Royan
La traversée vers Royan est rapide (20 mn) mais chère (224 FF) sous un ciel maintenant beaucoup plus lumineux. En débarquant dans la ville reconstruite depuis 1945, nous nous rendons jusqu’à la vaste église Notre-Dame dont les hautes piles de béton dominent les bâtiments modernes du centre-ville.

Prouesse technique pour l’époque (1958), et considérée comme un chef-d'œuvre de l'architecture moderne, son esthétique paraît un peu ingrate et raide maintenant, le matériau triste vieillit mal... Monique est encore plus déçue que moi et une brusque fatigue l’amène à renoncer au petit tour de ville pour retrouver le confort de l’Aigle.
Intérieur de la cathédrale notre-Dame de Royan
Intérieur de la cathédrale Notre-Dame de Royan

Grottes de
              Meschers
Grottes de Meschers
Nous longeons alors en la remontant la rive droite de la Gironde bordée de belles plages, (Grande Conche de Royan, St-Georges-de-Didone, Meschers...) puis de petites falaises de calcaire à fossiles rongées par le courant et percées de cavernes.

À Talmont où nous faisons halte nous visitons la jolie église romane (XIIème) sur son promontoire juste au dessus de l’eau avant de flâner dans les ruelles fleuries du village aux maisons soignées, dont les portes et volets sont peintes de bleus tous différents.

Presqu'île de
            Talmont vue du ciel
Presqu'île de Talmont vue du ciel

L'église de Talmont sur son promontoire
L'église de Talmont sur son promontoire

Église Sainte Radegonde de Talmont
Église Sainte Radegonde de Talmont
Sainte Radegonde de Talmont : le portail nord
Sainte Radegonde de Talmont : le portail nord

Ruelle
              fleurie de Talmont
Ruelle fleurie de Talmont
Maison
              de Talmont fleurie de rose trémière
Maison de Talmont fleurie de rose trémière

La petite route côtière pittoresque entre mer et campagne se poursuit jusqu’au charmant port de Mortagne/Gironde où nous arrivons juste à la fermeture de l’ermitage monolithe de St-Martial. La vieille dame qui en assure le gardiennage, piquée par nos questions, nous rouvre les portes et grilles cadenassées et nous fait partager sa passion un peu confuse et hermétique pour ce haut lieu (IIème siècle) « chargé en énergie ».

Il est presque 20:00 lorsque nous la raccompagnons chez elle pour la remercier de sa bienveillance. Encore quelques kilomètres de petite route rurale dans le soleil descendant et nous allons établir nos pénates sur un grand stationnement vide près d’un parc verdoyant à la sortie de St-Dizan-du-Gua où nous visiterons le château de Beaulon demain. Nous faisons nos comptes (nous avons beaucoup dépensé en France depuis un mois à cause des réparations, des changements de pneus et des freins de l’Aigle...) puis j'achève l’écriture de ce journal dans le silence de la nuit animé par les crissements des grillons et les coassements des grenouilles.


Dimanche 4 mai 1997 : de ST-DIZAN-DU-GUA à BROUAGE (111 km)

Château de Beaulon
St-Dizan-du-Gua : le château de Beaulon
Le ciel nuageux se lève progressivement dans la matinée, si bien que c’est la chaleur qui nous chasse du lit haut passé 9:00. Nous décollons donc assez tard de notre stationnement rural si paisible pour gagner, à quelques centaines de mètres, le parc du château de Beaulon. Tout ici est parfaitement entretenu, de la résidence seigneuriale - tour carrée médiévale et bâtiment rectangulaire Renaissance - à la vaste pelouse plantée de grands arbres.

Mais le plus intéressant se trouve au delà, dans le grand sous-bois dont nous suivons bientôt les allées sinueuses. Autant dire que nous pénétrons alors dans un monde enchanté, qui semble tout droit sorti des contes de notre enfance : les fûts verticaux des grands arbres s’élèvent haut au dessus de nos têtes dans une débauche de verdure, une herbe rase tapisse le sol et tout un lacis de petits cours d’eau paisibles s’étend à perte de vue entre les troncs. Ce sont les fameuses « Fontaines bleues », des sources profondes formant de véritables puits dont l'eau dense bleuit dans la pénombre du sous-bois. Les points de vue se renouvellent à chaque pas, créant un étrange et ravissant sentiment de sortilège : on s’attend à voir apparaître furtivement les nains ou fuir légèrement les elfes... Parc
              des Fontaines bleues de Beaulon
Parc des Fontaines bleues de Beaulon

  Parc
              des Fontaines bleues de Beaulon
Parc des Fontaines bleues de Beaulon
Monique dans le Parc des Fontaines bleues
Monique dans le Parc des Fontaines bleues

Nous passons ainsi une bonne heure à flâner dans cet univers extraordinaire avant de retrouver les arrangements floraux plus classiques entourant le château. Coup d’œil en passant au joli pigeonnier qui vient d’être restauré, avant de reprendre vers le nord cette fois la route agreste parcourue hier le long de l’estuaire de la Gironde.

Bref arrêt dans le port de Mortagne pour faire le plein d’eau, puis détour vers l’intérieur des terres à Barzan pour observer les fouilles de la ville gallo-romaine découverte autour du Moulin du Fâ. Les tas de gravats accumulés et l’absence de vestiges apparents sur le sol nous font renoncer à payer un droit d’entrée pour voir si peu... À Meschers nous suivons la route de corniche pour aller admirer la plage des Nonnes ignorée hier : jolie courbe de sable dominée par les pins et encadrée par de fragiles falaises de calcaire à coquille. De nouveau à Royan nous faisons le tour des plages, les « conches » dont celle de Pontaillac, entourées de belles grandes maisons fin de siècle plus ou moins bien conservées.  Pique-nique devant la plage de St-Palais-sur-Mer avant de s’enfoncer dans la pinède en arrière de la Grande Côte : une rangée presque continue de stationnements accueille une foule de promeneurs du dimanche venus prendre le soleil qui règne en maître aujourd’hui. Plage de
              la Corniche à Royan
Plage de la Corniche à Royan

onne Anse et le
              phare de la Coubre
Bonne Anse et le phare de la Coubre
A la Pointe de la Coubre, la montée des 300 marches du phare homonyme permet d’admirer le paysage marin de la Bonne Anse abritée par son cordon littoral et l’immense forêt de pins de l’arrière pays. Longue traversée ensuite de cette forêt de Coubre, toute semblable à celle des Landes : dunes sableuses couvertes de plantations à l’infini.
Autre bref arrêt sur la plage de Rouec-les-Bains, bien abritée derrière l’Île d’Oléron où nous ne nous hasarderons pas - peu d’intérêt, touristes trop nombreux - pour traverser le grand pont suspendu de la Sendre et nous engager dans le vaste marais entourant Marennes. De ce pays d’ostréiculture mais aussi de marais salants, notre destination Brouage fut la capitale au XVIIème. Brouage vu
              du ciel
Brouage vu du ciel

Échauguette sur le rempart de Brouage
Échauguette sur le r
empart de Brouage
La petite ville isolée au milieu du marais maintenant presque complètement asséché a conservé pratiquement intactes ses fortifications édifiées juste avant que Vauban s'impose comme référence incontournable. Samuel de Champlain, fondateur de Québec, y naquit peu avant que Richelieu devienne le seigneur de la cité. Nous faisons le tour du chemin de ronde puisque les quelques monuments militaires restaurés se trouvent en périphérie : glacière, poudrière de la Brèche, port souterrain, Halle aux vivres aux belles voûtes de briques et de pierres bien agencées, poudrière St-Luc.

Depuis le haut des murs s'étendent d'agréables vues sur le marais sauvage où les salins ont disparu et où paissent maintenant quelques vaches noires et blanches. Puis nous gagnons l’église qui présente une exposition consacrée à l’évangélisation du Canada. Échauguette à Brouage au-dessus du marais
Échauguette à Brouage au-dessus du marais

Tourelle
              d'angle des remparts de Brouage
Tourelle d'angle des remparts de Brouage
La petite ville isolée au milieu du marais maintenant presque complètement asséché a conservé pratiquement intactes ses fortifications édifiées juste avant que Vauban s'impose comme référence incontournable. Samuel de Champlain, fondateur de Québec, y naquit peu avant que Richelieu devienne le seigneur de la cité.
Nous faisons le tour du chemin de ronde puisque les quelques monuments militaires restaurés se trouvent en périphérie : glacière, poudrière de la Brèche, port souterrain, Halle aux vivres aux belles voûtes de briques et de pierres bien agencées, poudrière St-Luc. Halle
              aux Vivres à Brouage
Halle aux Vivres à Brouage

Église de
              Brouage où fut baptisé Samuel de Champlain
Église de Brouage où fut baptisé Samuel de Champlain
Depuis le haut des murs s'étendent d'agréables vues sur le marais sauvage où les salins ont disparu et où paissent maintenant quelques vaches noires et blanches. Puis nous gagnons l’église qui présente une exposition consacrée à l’évangélisation du Canada. La présentation est émouvante mais le prosélytisme du curé québécophile y transparaît un peu trop...

Détour vers le monument dédié à Champlain, en fait une plaque de bronze posée par le Québec à l’emplacement de la maison natale de l’explorateur et fondateur  dont il ne reste rien.

Après avoir rejoint par téléphone Juliette à Montréal qui prépare un peu fiévreusement ses derniers examens, nous installons nos pénates sur la Place d’Armes, à l’entrée de la petite ville. Souper puis tour intégral des remparts à la brunante avant de rentrer dormir sous la pluie et l’orage.
Le
              chenal de Brouage vers la mer
Le chenal de Brouage vers la mer

Rempart et chenal de Brouage
Rempart et chenal de Brouage
Forges
              royales de Brouage
Forges royales de Brouage

Billet de visite de Brouage
Billet de visite de Brouage


Lundi 5 mai 1997 : de BROUAGE à BEAULIEU-SOUS-LA-ROCHE (176 km)

La grosse pluie de la nuit permet au moins de constater que portes et fenêtres latérales ne fuient plus, au contraire de la baie avant pas encore colmatée... Nous traversons le marais sous un ciel assez dégagé pour enfin franchir le viaduc de Martrou sur la Charente envasée par la marée basse et gagner Rochefort, l’ancien arsenal de la flotte du Ponant créé par Colbert au XVIIème.

Dans le plan quadrillé inhabituel sont dispersées de belles constructions en pierre blanche et des restes architecturaux Louis XIVème... Nous choisissons d’aller d’abord visiter la maison natale de Pierre Loti qui la réaménagea et la décora fastueusement avec les grands moyens que lui permettait sa fortune littéraire. Billet
              de visite de la maison de Pierre Loti
Billet de visite de la maison de Pierre Loti

Salle à manger médiévale chez Pierre Loti
Salle à manger médiévale chez Pierre Loti
Extraordinaire décor touffu fin XIXème, témoin et expression des goûts exotiques du grand voyageur : salon Louis XV très bourgeois, grand hall néogothique à la Walter Scott encombré de toutes sortes de souvenirs et de cadeaux de voyage, salle à manger médiévale où l’écrivain donna à ses amis en costumes d’époque un mémorable et gargantuesque banquet,

...évocation très riche d’une mosquée, salons turcs et enfin chambre monacale blanche et nue du personnage qui dévoile ici son côté mystique protestant.  Salon mosquée de la maison de Pierre Loti
Salon mosquée de la maison de Pierre Loti

 Salon mosquée de la maison de Pierre Loti
Salon mosquée de la maison de Pierre Loti

Les commentaires passionnants du jeune guide brossent un portrait fascinant de l’écrivain le plus riche du siècle finissant et qui en incarne les valeurs et les mythes les plus profonds. Nous avons quant à nous le sentiment de retrouver en filigrane la figure de Gabriel Veyre...

Le temps s’est gâté lorsque nous sortons de la maison-musée vers 13:00. C’est donc sous la pluie que nous allons stationner dans la grande cour de l’Arsenal pour faire le tour de la Corderie Royale, des bassins de radoub et des Jardins des Retours joliment aménagés le long de la Charente. La pluie redoublant, nous fouillons un peu dans la librairie installée dans l’entrée de la Corderie, avant de prendre la route de La Rochelle par la voie rapide. La
                Corderie royale de Rochefort
La Corderie royale de Rochefort


Vieux port de
              La Rochelle
Vieux port de La Rochelle
La circulation et le stationnement sont difficiles dans cette grande ville.  Monique n’arrivant pas à se repérer sur le plan se montre très fatiguée lorsque nous trouvons enfin une place à l’angle du Bassin à Flot et du Bassin des Chalutiers. Une demi-heure de repos devant le splendide paysage... et nous renonçons à la visite de la vieille ville, trop essoufflés par nos visites antérieures et appréhendant l’animation qui règne dans les rues et sur les quais devant nous.

Nous repartons vers le nord sur une route assez bonne qui traverse de vastes étendues plates de marais asséchés devenus cultures et pâturages luxuriants. De violentes rafales de vent d’ouest nous secouent et amènent parfois quelques gouttes. Nous allons finalement stationner sur le terrain vague précédant l’atelier de fabrication des mobile home C.R.L. dans le village de Beaulieu-sous-la-Roche où Monique veut rencontrer le patron (M. Doyen) pour se faire présenter les modèles de chalets et expliquer leurs conditions d’installation. Arrivée dans l’obscurité et pluie violente durant la nuit. Les fuites continuent dans la baie avant...


Mardi 6 mai 1997 : de BEAULIEU-SOUS-LA-ROCHE aux MOUSTIERS-EN-REZ

Levée vers 8:30, Monique va rencontrer son vendeur pendant que je mets de l’ordre dans notre intérieur et complète le journal en retard. Lorsqu’elle revient fort contente une heure plus tard, nous reprenons la route sous un ciel variable pour arriver vers 12:30 aux Moustiers. Accueil exubérant d’Édouard, retrouvailles avec les Palois arrivés depuis deux jours et visite de la maison et des dernières réalisations Barbe. Je bricole à droite et à gauche pendant que Monique parle avec Dominique. Le soir, grand souper dans la petite salle avant que nous allions dormir sur le parking voisin, l’allée devant la maison s’avérant trop pentue.


Mercredi 7 mai 1997 : LES MOUSTIERS-EN-REZ

Une pluie diluvienne s'abat sur nous durant la nuit. Au matin, réveillés dès 8:00 par des cantonniers asphaltant notre parking, nous regagnons la gare pour prêter main-forte aux Barbe qui ont décidé d’avancer leur chantier... Aidé d’Aimée, je sors les planches de P.V.C. destinées à couvrir les portails, mais Édouard se fait attendre, commence une discussion avec un voisin, puis entame la pose d’un grillage de plastique sur la clôture... Découragé, j’abandonne et vais aider Gilles à poursuivre l’installation de l’atelier dans l’appentis devant la terrasse. Puis Monique, de concert avec Anne-Cécile également impatiente, bat le rappel des troupes et organise l'évacuation de la grande salle, prochain chantier sur la liste des rénovations de la maison.  Petit à petit, la pièce se libère des matériaux, planches, outils, machines et déchets entassés depuis plusieurs années. Nous réussissons à décider Édouard à remplir sa remorque de tous les rebuts qu’il ira jeter à la décharge. Monique organise un beau rangement des planches qu’il tient absolument à garder dans l’appentis près de l’atelier, les matériaux prennent le chemin de la petite maison du garde barrière... Vers 19:00, la tâche touche à sa fin, heureusement car la pluie, le vent et le froid s’accentuent. Je me suis déjà réfugié, transi, dans la petite salle pour faire du feu tandis que Gilles et Monique achèvent rangement et organisation de l’atelier. Grand souper arrosé à nouveau dans la petite salle, éclats de voix et discussions chaleureuses avant d’aller dormir dans l’Aigle stationné cette fois juste le long de la maison.


Jeudi 8 mai 1997 : des MOUSTIERS à LA JONCHERAIS (195 km)

Levés vers 9:00, nous déjeunons dans l’Aigle mais devons prendre notre douche dans la maison faute d’eau chaude. Je fais le plein d’eau, puis quelques rangements sur le terrain en attendant le départ vers La Joncherais. Monique reste bloquée une bonne demi-heure devant la machine à laver dont la porte refuse de s’ouvrir. La  lecture du mode d’emploi ignoré par les utilisateurs habituels mène à la résolution du problème et nous sommes enfin prêts pour le départ. Gilles nous accompagne dans l’Aigle pour nous servir de guide dans le bocage après Redon mais nous égare sur la grande route de St.-Nazaire... Les averses se succèdent sur les petites routes verdoyantes que nous empruntons alors pour rejoindre notre destination, atteinte enfin une heure après Édouard et Jean-Philippe.

On nous a attendu avant de passer à table dans la grande salle où nous demeurons tout l’après-midi à manger, boire d’excellents vins et discuter à bâtons rompus comme il se doit. Bref tour de la propriété encore en plein chantier, de la maison mitoyenne encore toute encombrée de matériaux où Dominique veut construire salon au rez-de-chaussée et grande chambre médiévale à l’étage, au vaste terrain alentour gazonné et planté de fruitiers mais où sont dispersés un hangar peu élégant, des machines (compresseur, bétonneuse...), des tas de gravier, de sable, de pavés auto-bloquants, etc.  Quels entrepreneurs que ces Barbe ! Le résultat final devrait être superbe, mais en attendant il faut faire preuve de patience pour tolérer un tel désordre... Les vacanciers des Moûtiers repartent vers 19:30, nous demeurons avec Dominique et Françoise pour un souper léger. Dominique m’entretient avec beaucoup de verve de ses projets, de ses découvertes dans la région, etc. mais une migraine de plus en plus accusée et des nausées m’amènent à me retirer dans l’Aigle pour un coucher précoce, tandis que Monique me rejoindra seulement vers 2:30...


Vendredi 9 mai 1997 : de LA JONCHERAIS à HERMANVILLE (273 km)

Si les haut-le-cœur se sont estompés avec la longue nuit, le mal de tête - dû à l’exposition au froid hier - demeure lorsque nous nous levons passé 11:00. Le ciel est variable lorsque nous reprenons la route après un lunch léger avec Françoise et les enfants.

Nous gagnons d’abord Rennes où nous allons stationner Place du Parlement de Bretagne pour faire un tour des petites rues de la ville ancienne. Jolies maisons à colombages, magasins chic, beaux ensembles monumentaux, mais le tout assaisonné d’averses intermittentes qui nous obligent à un retour précipité vers l’Aigle. Rennes : le Palais du Commerce (1929)
Rennes : le Palais du Commerce (1929)

Rue de
              St-Malo à Rennes
Rue de St-Malo à Rennes
Maisons à colombages de la Place Sainte Anne à
              Rennes
Maisons à colombages de la Place Sainte Anne à Rennes

En milieu d’après-midi, nous repartons vers Caen en empruntant plusieurs 4 voies rapides menant d’abord à Pontorson d’où nous apercevons la silhouette du Mont-St-Michel à travers un rideau de pluie. Puis c'est l'escalade des hauts et des bas du Pays Virois pour arriver enfin à Hermanville vers 20:30. Nous saluons Gilles et Ginette en passant puis allons dormir sur l’Avenue Felix-Faure, à côté de la Brèche, devant la mer.


Samedi 10 mai 1997 : HERMANVILLE (54 km)

Lever fort tard, sous la pluie... Après quelques courses d’épicerie à Intermarché nous somplétons courrier et journal devant la salle des fêtes avant d’aller saluer Gilles et Ginette à 13:45. Sous la pluie qui redouble, déjeuner tardif, vaisselle et réparation du tiroir de la cuisine décollé. Nous allons ensuite faire quelques courses à Caen, au Continent Côte de Nacre, sans rien y trouver qui nous convienne (lyre à gaz, linge, livres...). Lorsque nous redescendons en ville à Caen, il est passé 19:00 et les autres magasins sont fermés.

Visite à Denis de garde dans sa pharmacie où Françoise et les enfants nous rejoignent, sauf Thomas qui planche sur ses examens. Mauvaise nouvelle du garagiste de Denis qui dit pouvoir facilement changer notre moteur essence pour un turbo-diesel mais qui assure que l’Administration des Mines refusera de réviser la Carte d’immatriculation... Nous verrons lundi. Retour dans la soirée vers Hermanville en passant par Cresseron, Plumetot et Mathieu où nous regardons les maisons... Bivouac dans Hermanville même, devant le cimetière britannique au milieu des près et des vaches.

Dimanche 11 mai 1997 : HERMANVILLE

Déjeuner chez Gilles et Ginette où Maman nous rejoint. En après-midi, visite à Denis dans sa pharmacie qui poursuit sa garde. Souper chez Maman et coucher à Carpiquet.

Lundi 12 mai 1997 : de CARPIQUET à HERMANVILLE (15 km)

En avant-midi, courses à Carpiquet pour quérir des pièces de cuisinière Scholtès et de la machine à laver Miehle. Autres courses chez Leroi-Merlin et recherche d’un tapis de remplacement pour la cabine de l’Aigle.

Déjeuner du midi chez Maman. Courses en après-midi dans le centre ville à pied. Le soir, coucher devant le cimetière britannique à Hermanville.

Mardi 13 mai 1997 : de HERMANVILLE à COLLEVILLE

J’installe un petit échafaudage dans le jardin de Gille pour mastiquer la baie avant au Sikaflex puis nous pique-niquons sur l’herbe. Denis nous accompagne ensuite visiter son garagiste puis le bureau des Mines que nous trouvons fermé (il est passé 15:30…). Nous rentrons alors souper avec Maman et l’aidons à poser des rideaux. Coucher à Colleville-Plage (Rue de la Fontanelle) où un chien n’arrête pas de japper une bonne partie de la nuit.

Mercredi 14 mai : de COLLEVILLE à ÉMONVILLE

Au matin, balade sur la plage où il fait très beau. Courses et plein d’eau chez le concessionaire de camping-car Leneveu en matinée, puis déjeuner sur le plage. En après-midi, Monique fait un peu de couture chez Ginette puis m’aide à remonter les garnitures de la baie avant. Souper chez Maman et coucher à Émonville près des bureaux des Mines.

Jeudi 15 mai 1997 : de ÉMONVILLE à HERMANVILLE

Visite au Bureau des Mines. La modification de moteur sera accordée par les Mines si nous obtenons l’accord du constructeur... Connaissant Volkswagen France, c’est pratiquement fichu d’avance !

En revenant à Caen nous faisons quelques courses au BHV où Monique achète des bols et du tissu plastifié gris, puis nous allons déjeuner chez Denis et Françoise. En après-midi, Monique confectionne une superbe housse pour la roue de secours pendant que je remonte le chauffage : en fin de compte la réparation épouvantable qui devait coûter 2200 FF s’est soldée par le changement de 10 cm de Durit fendue qui fuyait, causait l’odeur d’essence et la mauvaise alimentation du brûleur ! Souper chez Maman et coucher à nouveau devant le cimetière britannique.

Vendredi 16 mai 1997 : de HERMANVILLE à COLLEVILLE

Chez Gilles, nous achevons la couture des draps housses et le montage de la housse de roue de secours appuyée sur un panneau de contre-plaqué.  Puis c’est la dactylographie du courrier officiel sur l’ordinateur d’Olivier (avec le clavier azerty, c’est pas de la tarte !). Je passe ensuite l’aspirateur dans l’Aigle et décide de téléphoner à Volkswagen pour obtenir un avis sur le changement de moteur : impossible d’obtenir une réponse claire, il faut écrire... Le soir Gilles et Ginette nous invitent à souper. Nous allons ensuite dormir devant la mer, au bord du grand parking de Colleville.

Samedi 17 mai 1997 : CAEN - PONTÉCOULANT - CAEN  (141 km)

Temps normand au réveil : le ciel demeure chargé mais la pluie menaçante tombera plus tard... Après le plein d’essence et de pain à l’Intermarché de Colleville nous regagnons Caen où Maman prépare son déjeuner du dimanche auquel elle nous a conviés en compagnie de Gilles et Ginette.

Visite de
              Pontécoulant
Visite de Pontécoulant
Nous finissons par prendre la direction de Flers vers 11:30. La belle route bien redressée offre des vues intéressantes et assez larges sur le Bocage et la vallée de l’Orne mais les côtes incessantes soulignent cruellement la faiblesse de notre moteur et les glissades de plus en plus fréquentes de l’embrayage... En descendant dans le vallon de Thury-Harcourt nous bifurquons vers un dédale de petites routes étroites encadrées de hauts talus verdoyants qui nous mènent au centre du domaine de Pontécoulant.

Le site en est charmant avec étang, ferme et dépendances, boisé et vaste jardin à la française en avant, limité par deux pavillons carrés. Pontécoulant : grande façade du domaine avec
              pavillons et colombier
Pontécoulant : grande façade du domaine avec pavillons et colombier

Pontécoulant : façade de la maison
Pontécoulant : façade de la maison; à droite l'aile XVIIIème

Les massifs de buis et autres décors floraux ont disparu, mais la grande pelouse offre toujours un cadre majestueux à la longue façade de schiste gris-bleu cantonnée de deux tours rondes coiffées d’un dôme d’ardoise. Nous pique-niquons sur l’allée bordant la propriété en attendant l’ouverture aux visiteurs à 14:30.

On peut alors parcourir quelques salles d’apparat (cuisine, entrée, chambre orientale, salon, salle à manger) au rez-de-chaussée et trois chambres à l’étage au décor très propre et bien restauré. Salon de Pontécoulant avec son poêle en faïence
              d'origine allemande
Salon de Pontécoulant avec son poêle en faïence d'origine allemande

Lit à la Polonaise
Lit à la Polonaise

Les meubles d’origine ou d’époque sont élégants mais l’ensemble manque de la vie et de la chaleur si intensément ressenties dans les demeures - country houses - anglaises que nous parcourons depuis quelques années : tapis, rideaux et tentures, bouquets de fleurs, revues ou livres ouverts et autres objets usuels témoignent de la présence des propriétaires et donnent le sentiment de partager un peu plus l’intimité des occupants..

Le parc est lui aussi agréable, impeccablement soigné sous ses grands arbres et autour de la pièce d’eau. Plan
              d'eau de Pontécoulant devant la façade arrière 
Plan d'eau de Pontécoulant devant la façade arrière


Pontécoulant : le plan d'eau et la maison 
Pontécoulant : le plan d'eau et la maison
Dans le parc de Pontécoulant, Jean-Paul et sa mère
              Anne-Marie
Dans le parc de Pontécoulant, Jean-Paul et sa mère Anne-Marie

Nous repartons ensuite vers Clécy pour admirer la collection de peintures d'André Hardy léguée à la commune par ses héritiers. Le
              viaduc de la Lande sur l'Orne depuis la Croix Faverie, au
              fond les Rochers des Parcs
Le viaduc de la Lande sur l'Orne depuis la Croix Faverie,
au fond les Rochers des Parcs


Clecy-Musee-Hardy---Le-moulin
Musée Hardy de Clécy: Le moulin par André Hardy
Plusieurs petits panneaux prendraient bien place chez nous s’ils étaient à vendre ! Je me contente de saisir mes préférés à la vidéo.

Musée André Hardy : Moisson au pied des Rochers des Parcs
Musée André Hardy : Moisson au pied des Rochers des Parcs

André
        Hardy : L'Orne au pied des Rochers des Parcs à Clecy
L'Orne au pied des Rochers des Parcs à Clécy par André Hardy

André
          Hardy : Bords de l'Orne
Bords de l'Orne par André Hardy

Bords de
            l'Orne à Clécy par André Hardy
Bords de l'Orne à Clécy par André Hardy

Un dernier tableau régionaliste d'André Hardy
Un dernier tableau régionaliste d'André Hardy

Retour vers Caen ensuite en passant par Pont-d’Ouilly et en empruntant la route si souvent parcourue autrefois : St-Christophe, montée et Bois de St-Clair, etc. jusqu’au carrefour de la Jalousie où nous rattrapons la grande route vers Caen. Souper chez Maman qui poursuit ses préparatifs et coucher juste à côté Place Fouque à 11:30.



18. Séjour en FRANCE : de CAEN à la frontière belge



Dimanche 18 mai 1997 : de CAEN au BEC HELLOUIN (120 km)

Sur la place notre nuit, excellente, se prolonge jusque vers 9:15. Lever rapide pour descendre au marché de la Place Courtone et quérir le petit pot de crème indispensable au poulet à la Normande préparé par Maman. La foule est dense et le spectacle animé entre les rangées de tentes et d’étals tenus par des marchands et marchandes diserts ou truculents. Légumes, volailles, charcuterie et produits du terroir mais aussi vieux bouquins, vêtements, chaussures, puces, etc. se disputent l’espace et débordent des tréteaux flanquant les allées. Nous en faisons le tour en appréciant le spectacle, avant de remonter à l’appartement de Maman pour l’accueillir avec la famille de Gilles à leur retour de la cérémonie de la communion solennelle de Bénédicte à l’église St.-Jean. Un agréable, long et délicieux repas nous rassemble tous les sept autour de la table ronde dressée devant le grand buffet; discussions à propos du partage que prépare Maman, parcours du grand livre sur la peinture moderne que nous offrons à Maman en avance pour la Fête des mères... L’après-midi s’écoule tranquillement jusqu’à ce que les Hermanvillois nous quittent.

C’est à notre tour de préparer notre départ en ramassant vêtements fraîchement lavés et autres effets montés dans l’appartement. Adieux émus à Maman qui nous fait les habituelles recommandations de prudence, mais c’est un faux départ puisque nous revenons bien vite pour notre appel hebdomadaire à Juliette qui vient de terminer ses examens - avec succès - et s’apprête à entreprendre ses jobs d’été : démarchage téléphonique et photos de golf. Adieux à
                Maman sur son balcon à Caen
Adieux à Maman sur son balcon à Caen

Détour ensuite jusqu’à l’aire de service de Destinea-Leneveu à Bénouville pour faire le plein d’eau et vider la toilette, puis brève escale à Caen-Vaucelles pour saluer Denis et Françoise. Celle-ci, migraineuse, demeure au lit où elle s’est retirée; nous embrassons Thomas, Édouard, Bénédicte et Denis en remerciant ce dernier de son accueil et de son aide, puis prenons la direction de Paris vers 20:30.

Abbaye du Bec-Hellouin vue du ciel : la tour
                Saint-Nicolas (XVème) et l'ensemble mauriste du
                XVIIIème
Abbaye du Bec-Hellouin vue du ciel : la tour Saint-Nicolas (XVème) et l'ensemble mauriste du XVIIIème
Route rapide, en autant que le permet notre mécanique qui me semble bien poussive, jusqu’au charmant hameau du Bec-Hellouin que nous avons choisi comme étape. La nuit descend vers 21:30 lorsque nous parvenons au fond du vallon humide et verdoyant progressivement envahi par la brume. De l’unique cabine du village, Monique appelle nos amis Daniel et Martine qui nous apprennent que leur maison de campagne se trouve à peine à 25 km, à Vieuxport près de Pont-Audemer. Rendez-vous est pris pour demain matin, avant leur retour précoce à Paris. Nous bivouaquons au bord de la petite route sous l’abbaye, au milieu des prairies à vaches.


Lundi 19 mai 1998 : du BEC-HELLOUIN à GIVERNY (145 km)

La campagne normande est paisible comme à l’accoutumée jusqu’à notre lever à 8:45. Une petite pluie et un ciel couvert s'installent pendant la toilette et le déjeuner, puis le long de la route vers la maison des amis que nous allons rencontrer dès ce matin. Ceux-ci veulent en effet rentrer tôt à Paris pour éviter les embouteillages; d’autre part l’abbaye du Bec ne sera ouverte à la visite que cet après-midi. Martine et Daniel dans leur chaumière
Martine et Daniel dans leur chaumière

Martine, Monique et Daniel dans la fermette de
                Vieuxport
Martine, Monique et Daniel dans la fermette de Vieuxport
Chaleureux accueil de ces amis perdus de vue depuis plus de 10 ans, échanges sur nos devenir respectifs, visite de l’adorable chaumière qu’ils aménagent depuis plus de 20 ans dans une ancienne auberge, au cœur d’un hameau de maisons normandes toutes semblables à la leur, au dessus d’une boucle de la Seine. Puis nous passons à table pour un très copieux « pique-nique ». La pluie nous escorte durant le tour du jardin fleuri, heureusement le feu dansant dans l’âtre assèche un peu l’atmosphère humide de l’antique chaumière normande.

À 14:15, nous quittons Daniel et Martine qui ferment leur maison jusqu’au prochain week-end et nous reprenons la route du Bec-Hellouin. Le domaine est superbe et les bâtiments, assez bien conservés, ont été très soigneusement restaurés. Bâtiments XVIIIème de l'abbaye du Bec : façade sur
                la Cour de France
Bâtiments XVIIIème de l'abbaye du Bec :
façade sur la Cour de France


Le Bec-Hellouin : escalier des moines du XVIIIème,
                rampe de R. Subes (1959)
Le Bec-Hellouin : escalier des moines du XVIIIèmerampe de R. Subes (1959)
Seule l’abbatiale, très endommagée à la Révolution (1792), a complètement disparu. Le reste, d’une très belle architecture classique - longues façades de pierre blanche percées de hautes fenêtres, petits frontons triangulaires, vastes toitures d’ardoises - est partiellement ouvert à la visite sous la conduite d’un moine bénédictin tout blanc qui ne ménage pas les détails historiques. Nous découvrons ainsi l’ancien réfectoire transformé en église, le cloître, le grand escalier, le tout fort semblable à l’Abbaye aux Hommes de Caen, et pour cause puisque dessiné par le même architecte prémontré au XVIIème siècle.

L'actuel réfectoire des moines du Bec (ancien
                cellier du XVIIIème)
L'actuel réfectoire des moines du Bec (ancien cellier du XVIIIème)
Abbaye du Bec Hellouin : escalier Sainte Cécile
                XVIIIème
Abbaye du Bec Hellouin : escalier Sainte Cécile (XVIIIème)

Dans
                  le cloître de l'Abbaye du Bec Hellouin
Dans le cloître de l'Abbaye du Bec Hellouin

Tour Saint Nicolas de l'Abbaye du Bec Hellouin
Tour Saint Nicolas de l'Abbaye du Bec Hellouin


Après une dernière balade dans les vastes jardins qui commencent à être eux aussi restitués dans les prairies entourant les vieux murs baignés par le ruisseau du Bec, nous allons faire un tour chez les antiquaires et brocanteurs qui se sont installés dans les jolies chaumières à colombages alignées le long de la grande - et unique - rue précédant la petite église rurale. Monique y reluque quelques beaux meubles normands et moi un lustre en pâte de verre Modern Style fort bien venu.
Les
                petites maisons des antiquaire en rangée devant l'abbaye
                du Bec Hellouin
Les petites maisons des antiquaire en rangée  devant l'abbaye du Bec Hellouin

Le site de
                  Giverny au bord de la Seine
Le site de Giverny au bord de la Seine

Sous un ciel très chargé, nous prenons enfin la route de Giverny. Un dédale de petite routes nous fait passer devant les châteaux d’Harcourt, puis du Champ-de-Bataille, fermés vu l’heure tardive, dont les beaux jardins sont maintenant inaccessibles. La circulation est dense en cette fin de week-end de la Pentecôte, heureusement nous empruntons des routes rurales et transversales peu achalandées. Malgré le mauvais temps, la lumière baisse lentement et il fait encore clair lorsque, arrivés à Giverny, nous nous installons sur le vaste stationnement vide de la Fondation Claude Monet pour passer la nuit à côté d’un autre camping-car isolé.



Mardi 20 mai 1997 : de GIVERNY à DURY (près Amiens) (132 km)

Bonne nuit malgré la pluie. A 10:00, la Fondation Claude Monet ouvre ses portes sur le jardin touffus où les allées d’iris bleus et blancs, ponctuées de quelques massifs de gros pavots rouges ou d’asters jaune vif, créent une mer ondoyante de couleurs. Tout est impeccable et luxuriant devant la longue maison rose entièrement restaurée qui a retrouvé sa belle allure d'autrefois.

Façade sur
                jardin de la maison de Monet à Giverny
Façade sur jardin de la maison de Monet à Giverny

Monet dans son jardin (Autochrome Lumière 1923)
Monet dans son jardin (Autochrome Lumière 1923)

Giverny : le
          Clos Normand depuis la maison
Giverny : le Clos Normand depuis la maison

Giverny : foisonnement floral dans le Clos Normand
Giverny : foisonnement floral dans le Clos Normand

Évitant la foule qui se presse dans les allées rectilignes, nous passons le tunnel sous la grande route bruyante pour faire le tour du jardin d’eau. Merveilleuse ambiance de parc exotique où les taches de couleurs des fleurs et des arbustes décoratifs - superbes rhododendrons nains... - jouent dans l’eau sombre dont on fait lentement le tour, là encore en essayant d’ignorer la grande affluence. Les points de vue s’enchaînent, quelques pas et le paysage, les lignes, la lumière changent, se transforment. Merveille que ce jardin peu étendu mais si divers dans tout ce qu’il donne à voir. Claude Monet dans son jardin d'eau
Claude Monet dans son jardin d'eau

Giverny : la glycine blanche et rose sur le pont
                japonais
Giverny : la glycine blanche et rose sur le pont japonais
Giverny : le pont japonais et la glycine blanche
Giverny : le pont japonais et la glycine blanche

Giverny :
                barque sur l'étang du Jardin d'eau
Giverny : barque sur l'étang du Jardin d'eau
 Le bassin aux nymphéas ((1917-1919) par Claude
                Monet
Le bassin aux nymphéas ((1917-1919)

Iris
                devant le Jardin d'eau et le Pont de Giverny
  Iris devant le Jardin d'eau et le Pont de Giverny
Giverny : Jardin d'eau et pont
Giverny : Jardin d'eau et pont japonais

 Giverny : le jardin d'eau
Giverny : le jardin d'eau
Giverny : L'étang ombragé par les saules
>Giverny : L'étang ombragé par les saules

Monet : Iris jaunes et mauves (1924-1925)
Iris jaunes et mauves par Claude Monet (1924-1925)

GIVERNY :
        l'étang du Jardin d'eau
Giverny : l'étang du Jardin d'eau

Nympheas et agapanthes (détail) par Claude Monet
          (1914-1917) 
Nympheas et agapanthes (détail) par Claude Monet (1914-1917)

La maison à
        Giverny par Claude Monet (1914
La maison à Giverny par Claude Monet (1914)

Giverny : depuis le bas du Clos Normand, la maison
Giverny : depuis le bas du Clos Normand, la maison
Giverny
                : massifs fleuris en bas du Clos Normand
Giverny : massifs fleuris en bas du Clos Normand

Giverny : côté ouest du Clos Normand au
                  printemps
Giverny : côté ouest du Clos Normand au printemps
Le ciel est malheureusement contre nous puisque les éclaircies sont trop rares, avant que notre visite s’achève sous l’ondée. Lorsque la pluie se calme, un deuxième tour de l’étang fait retrouver invariablement les mêmes « vista », avant le retour vers le Clos normand et la maison dont nous parcourons les deux étages. Mobilier peu abondant mais intéressant, ambiance et aménagement perturbés (d’après les photos prises à l’ouverture du musée) par l’affluence...

Giverny: la maison et le Clos Normand au milieu du jour
          au printemps
Giverny: la maison et le Clos Normand au milieu du jour au printemps

Giverny : façade de la maison noyée dans les fleurs en haut
        du Clos Normand
Giverny : façade de la maison noyée dans les fleurs en haut du Clos Normand

   Giverny: Jean-Paul sur l'escalier de la maison
Giverny: Jean-Paul sur l'escalier de la maison
Giverny : le petit salon de lecture mauve
Giverny : le petit salon de lecture mauve

Giverny : la vaisselle de Limoges, dont les tons
                s'harmonisent avec les couleurs de la salle à manger, a
                été dessinée par Claude Monet
Giverny : la vaisselle de Limoges, dont les tons s'harmonisent avec les couleurs de la salle à manger, a été dessinée par Claude Monet

Je m’intéresse particulièrement à la collection variée d’estampes japonaises, m’étonne devant les meubles normands peints en couleurs pastel en camaïeux (bleu pâle et plus foncé...) du salon, admire avec Monique les beaux ensembles de la salle à manger jaune et de la cuisine bleue (foisonnement des carreaux de Delft). Choix difficile de deux affiches et de cartes postales dans la boutique en quittant, avant de retrouver notre Aigle pour un solide pique-nique.


Giverny : la cuisine bleue donnant sur le jardin
Giverny : la cuisine bleue donnant sur le jardin


Giverny : la cuisine bleue donnant sur le jardin
Giverny : la cuisine bleue donnant sur le jardin

Giverny : fouillis floral dans le Clos Normand
                devant la maison
Giverny : fouillis floral
dans le Clos Normand devant la maison

Sous la pluie intermittente, nous prenons la route du nord, à travers la plaine de la Beauce entrecoupée de rares vallées verdoyantes et boisées. Le vert tendre des jeunes céréales envahit les vastes étendues plates. Nous traversons Beauvais entièrement reconstruit à neuf après les destructions totales de la dernière guerre, pour aller admirer l’immense et vertigineux (42 m de haut) chœur de la cathédrale qui ne reçut jamais sa nef. Coup d’œil à l’horloge astronomique fameuse au sommet de laquelle chante le coq sur le coup des 19:00, puis à nouveau route de plaine sous la pluie et les gros nuages gris qui nous accompagnent vers Amiens. Téléphone à Anne qui nous réfère des amis voulant louer l’Aigle en août, bivouac sur la petite place devant la mairie en brique du village de Dury, lettre aux services techniques de Volkswagen pour obtenir l’avis nécessaire au changement de motorisation de l’Aigle et coucher à 12:45.

Mercredi 21 mai 1997 : de DURY à COUTICHES (après DOUAI) (154 km)

Notre sommeil est paisible sur la petite place devant la mairie, le seul bruit provenant des gouttes tambourinant sur le toit. C’est une autre journée pluvieuse, grise et triste qui commence lorsque je vais reconnaître et filme le Q.G. du Maréchal Foch en 1914-1918, un joli château en briques et parements de pierres blanches occupé maintenant par la société Sandoz Agro...

Nous sommes bientôt à Amiens pour admirer au centre ville l’immense cathédrale (nef la plus haute de France : 42,50 m) d’une élégance et d’un élan unique. Très beau et impressionnant Christ roman du XIIème dont l’expression me fascine, étonnantes scènes de bois sculpté (vie de St-Jean-Baptiste, Jésus chassant les marchands du Temple, apostolat de St-Firmin premier évêque d’Amiens...), stalles du chœur en chêne sculpté aux dessins fouillés...

Cathédrale d'Amiens
Cathédrale d'Amiens


En sortant nous gagnons le garage Volkswagen de la ville pour obtenir un avis sur l’état de notre embrayage et sur les réparations éventuelles à lui apporter. Nous nous perdons un peu dans les faubourgs et les autoroutes périphériques bizarrement signalées, comme d’habitude, avant de recevoir le diagnostic abrupt : rien à réparer, tout est à changer dans le mécanisme d’embrayage qui a presque rendu l’âme !

Ne voulant pas prolonger notre séjour à Amiens (il faut 2 jours pour obtenir les pièces et réparer), nous remettons l’intervention à plus tard et retournons au centre ville pour visiter un Musée Jules Vernes vers lequel nous dirigeaient quelques flèches aperçues aux abords de la cathédrale.


Nous cherchons un peu avant de tomber sur la grosse maison bourgeoise située aux abords d’un grand parc qu’occupa Jules Vernes à la fin de sa vie. Elle est devenue le siège du Centre de documentation Jules Vernes, une organisation sans but lucratif dont les membres - trésorier affable et vieux président fondateur - nous accueillent gentiment dans un aimable capharnaüm : conflit larvé avec la mairie propriétaire des lieux, divergences quant à la façon de les aménager... Jules Verne dans la cour de sa maison 2, rue
                Charles-Dubois à Amiens
Jules Verne dans la cour de sa maison
2, rue Charles-Dubois à Amiens


Cabinet de travail de Jules Verne
Cabinet de travail de Jules Verne
Nous sommes un peu déçus du peu de restauration - ou restitution - du décor dans lequel vécut le grand romancier : le salon et la salle à manger seulement ont conservé leurs tapisseries et peintures, et la plupart des meubles ont disparu. Même le cabinet de travail est une reconstitution inexacte dans un recoin du rez-de-chaussée alors que la pièce originale se trouvait au 2ème étage à l’angle de la maison...

En revanche le centre de documentation est assez bien fourni, nous y achetons livres, publications et affiches, puis suggérons aux deux permanents de bâtir le site Internet auquel ils songent au Québec (références de Juliette et Mathieu...). Réchauffés par cet accueil positif mais regrettant de n’en avoir guère appris plus sur le fameux amiénois, nous reprenons la direction du Nord vers 15:30. Jules Verne aux environs de 1892-1896
Jules Verne aux environs de 1892-1896

Arras :
                les arcades de la Grand Place et le beffroi
Arras : les arcades de la Grand Place et le beffroi
La grande route file rapide vers Doullens puis vers Arras dont nous apercevons le haut beffroi loin au-dessus de la plaine picarde, plate et monotone dans sa verdure intense; son étendue infinie n’est rompue que par quelques lignes ou bosquets d’arbres, peupliers le plus souvent. Nous nous rendons directement sur la Grande Place dont le vaste rectangle pavé est encadré par la succession continue de hautes façades baroques ou classiques à pignon flamand en escalier. Bien qu’elles soient encore peu nombreuses à avoir subi un salutaire ravalement, l’effet est saisissant d’unité et de grandeur.

Nous farfouillons un peu dans les boutiques de décoration installées sous les arcades et gagnons la rue Taillerie (où l’on « mesurait » le drap d’Arras négocié au Moyen Âge) qui prolonge la belle architecture de la Grande Place jusqu’à la Place des Héros. Trois de ses côtés présentent les mêmes belles façades flamandes mais surtout le quatrième est fermé par le magnifique Hôtel de ville surmonté de son haut beffroi Renaissance (1572). Malgré la lumière un peu ténue (il est tard et le ciel est toujours très gris), l’ambiance est prenante dans ce centre historique bien vivant. Nous faisons le tour de la place, observant vitrines, façades et détails architecturaux, avant de revenir sur nos pas et de reprendre la route. Arras : façades Renaissance rénovées sur la Place
                des Héros
Arras : façades Renaissance rénovées sur la Place des Héros

La circulation devient bien plus dense lorsque nous nous acheminons vers Douai puis vers la frontière. Coup de fil à Anne pour l’informer de nos conditions de location de l’Aigle à ses amis en août, puis nous allons installer nos pénates pour la nuit sur un petit lotissement un peu à l’extérieur du village de Coutiches (près d’Orchies) après avoir refait le plein d’eau sur le robinet du cimetière.


19 : En Belgique

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