8. LA TUNISIE : de TUNIS à TAMERZA
Tunis: le centre de la ville moderne, autour du minaret de la Zitouna; au fond la Goulette et les hauteurs du Cap Bon |
Cette longue journée nous fera passer d’Europe en Afrique. Nous sommes debout à 5:45 pour l’ouverture de la billetterie de la Tirrania, après un sommeil assez léger entrecoupé par le vrombissement des grosses vedettes et autres traversiers menant aux îles. Nous devons attendre en ligne jusqu’à 7:15 l’arrivée du guichetier très décontracté. Monique réussit à obtenir des billets aller/retour pour 720 $ (840 000 Lires), somme énorme si on la compare à celle demandée pour la traversée Caen-Portsmouth qui nous avait coûté 411 $ (1770,00 FF) en juillet dernier. Impression d’abus accentuée par l’état de saleté et le manque d’entretien du navire. Nous faisons alors connaissance avec Georges et Danièle Gilbert, un couple de jeunes retraités français, qui vivent dans les Landes et descendent en gros 4 X 4 Land Rover faire un raid de 10 jours dans les dunes de sable de Libye. Nous passons d’abord deux bonnes heures sur le pont après avoir attendu deux autres heures le départ retardé (de 9:00 à 11:00) suite aux fouilles et formalités interminables exigées des voitures surchargées des Tunisiens qui retournent au pays. |
Puis le temps fraîchit un peu avec la disparition du soleil derrière les nuages et nous rentrons dans un grand salon. Nos échanges s'y poursuivent, tant sur nos voyages que sur leur projet d’excursion dont ils nous expliquent toutes les formalités - longues et complexes - surtout pour entrer en Libye. Coup d’œil aux cartes et aux guides pour arriver enfin en vue de La Goulette, le port de Tunis, à 19:15.
Là, au moment de sortir de la soute, le levier
de vitesse de l’Aigle s’avère complètement mou, désengagé et ne
commande plus rien... Instant de panique... ! Un Tunisien fort
aimable - trop poli pour être honnête ? - nous propose alors
d’appeler un mécanicien tout proche. Est-ce vraiment un hasard ?
Georges au volant de sa Land Rover nous remorque à l’extérieur et
le mécano indigène se glisse sous le camion pour replacer en un
tournemain le levier déboîté, durant les interminables formalités
de police, d’immigration et de douanes qu’il faut patiemment subir
avant de sortir de la gare maritime. Encore deux heures plus
tard, soulagés de cette réparation simple et facile - mais allégés
aussi de 50 $ - dont nous ne saurons jamais s’il s’agit d’une
arnaque bien montée, nous allons dans l’obscurité nous installer
sur une esplanade entre la plage et un poste de police pour y
dresser notre bivouac.
Mardi 25 février 1997 : de LA GOULETTE à NABEUL (238 km)
Nuit excellente et réveil tôt sous un ciel légèrement brumeux qui ne tarde pas à se dégager. Nous décidons de prendre la journée « mollo », sans trop de marche ni de visites et réservons donc le parcours de la fameuse médina (vieille ville arabe) de Tunis pour un autre jour. | Minaret de la Zitouna à Tunis |
Potier au travail à Tunis |
Après le passage à l’Office du tourisme de Tunisie pour obtenir cartes et opuscules sur chacune des régions que nous visiterons éventuellement, nous faisons un tour de l’Office National de l’Artisanat où nous sommes particulièrement fascinés par les tapis, très beaux mais fort coûteux (3500 $ pour 1,50 m x 2,50 m en soie). |
Nous prenons ensuite la route du Cap Bon. Les 20 premiers kilomètres traversent un zone industrielle peu reluisante; le paysage commence à peine à se dégager lorsqu’en virant vers Soliman, brusquement éclate le pneu arrière droit écorché par un morceau de rail enfoncé verticalement dans le sol pour baliser un virage... Je peste sur cette façon barbare d’aménager les routes mais dois me rendre à l’évidence : ce pneu est bel et bien fusillé. C’est la première crevaison de l’Aigle et j’expérimente sans trop de déboires la mise en place de la roue de secours sous l’œil goguenard de deux chalands. | Première crevaison vers Soliman... |
Station thermale de Korbous |
La route vers le cap se poursuit, proche
du rivage. Pique-nique devant un village de pêcheurs sur la
plage de Sidi Raïs, avant une belle route en corniche
courant sur des falaises qui tombent dans la mer. À Korbous
Monique se risque à ingurgiter quelques gorgées de la source
d’eau chaude sulfureuse aux vertus purgatives et remplit une
bouteille. Ensuite la route s’éloigne du rivage pour traverser les terres jusqu’à Kélibia : plateau fertile, champs d’oliviers, villages pauvres avec parfois de grosses maisons riches. Partout les gens sont souriants, aimables, nous saluent et nous renseignent avec gentillesse. Nous passons près de Kerkane sans nous arrêter pour visiter l’ancienne ville punique car la nuit tombe et le site est maintenant fermé. |
En passant par Kélibia nous achetons une bouteille de vin de muscat sec, une spécialité de la région. Puis nous filons dans le soir et dans l’obscurité qui tombe jusqu’à Nabeul pour rejoindre nos amis français au camping où nous nous sommes donnés rendez-vous. Dégustation du vin blanc ensembles, puis nous soupons en fêtant notre anniversaire de mariage (25 ans !) : au menu confit de canard, petites pommes de terre rissolées (achetées au marché 50 ¢ le kg) et vin de Kélibia. Consultation des cartes et autre documentation fournie par l’O.N.T. ensuite pour se coucher tard (11:20). | Ah, le petit vin blanc de Kélibia... ! |
Mercredi 26 février 1997 : de NABEUL à THUBURBO MAJUS (118 km)
La nuit tranquille nous laisse prêts à l’action à
9:30. Notre premier souci est de remettre en état notre roue de
secours. Nous nous mettons donc à la recherche d’un vendeur de
pneus ce qui, compte tenu des vagues indications données par les
différents informateurs auxquels nous nous adressons, prend un
bout de temps. Une fois repéré le fournisseur des autres petits
revendeurs de Nabeul, il faut négocier le prix, s’assurer que les
différentes caractéristiques sont correctes puis passer à la
banque puisque la boutique en question ignore l’utilisation des
cartes de crédit... Comme il est impossible d’obtenir un Michelin
identique à ceux qui sont déjà montés, je préfère placer à
l’arrière les deux pneus avant (les plus fatigués à 55 000 km)
pour les remplacer par des Avon anglais qui me semblent bien
adaptés. Le pneu arrière encore bon servira de 2ème roue de
secours (on ne sait jamais avec ces routes !) et nous en serons
quittes pour remplacer les pneus avant placés à l’arrière lors de
notre retour en France.
La grande plage déserte de Nabeul |
Vers 12:30 nous repartons chaussés à neuf. De retour au camping nous retrouvons Georges et Danièle avec lesquels nous allons prendre l’air et le soleil sur la belle grande plage déserte de Nabeul jusque vers 16:30. La température est splendide, la mer et le ciel parfaitement bleus, Monique enfile son maillot de bain, va prendre une plonge dans l’eau pourtant encore bien fraîche... |
Nous suivons d’abord la grande route côtière jusqu’à Hammamet qui nous semble bien mériter sa réputation de première station balnéaire de Tunisie : des hôtels partout le long de la route, une vieille ville exiguë ceinte de murailles au-dessus du petit port, partout restaurants, pizzeria et boutiques de souvenirs... | Hammamet : le borj au bord de la mer |
Nabeul : potiers céramistes
Hammamet : rêve de Méditerranée...
Jeudi 27 février 1997: de THUBURBO MAJUS à SBEÏTLA (228
km)
À la découverte de Thuburbo Majus en compagnie de Danièle |
Un vent très fort a soufflé toute la nuit et continue de rafraîchir l’atmosphère lorsque nous émergeons à 7:15. Le soleil vient juste de se lever derrière le principal groupe de colonnes bien visible depuis notre bivouac. En compagnie de Danièle et Georges, nous contournons la grille de façade et entrons dans le champ de fouilles par l’antique porte nord-est. |
L’ensemble de la ville est resté pour l’essentiel à l’abandon, seuls les alentours du forum avec sa palestre, son temple de Jupiter Capitolin et quelques autres monuments ont été suffisamment dégagés et relevés pour donner une idée de l‘ancienne cité romaine. Reste une belle balade dans un agréable paysage (pentes douces très cultivées et verdoyantes près de nous, montagnettes bleutées à l’horizon) sous un ciel parfois nuageux mais surtout ensoleillé. | Thuburbo Majus au petit matin |
Portail de la Zouia de Sidi Sahib, dit le Barbier |
Notre cicérone, bavard et imbu de sa science - par ailleurs indiscutable - nous conduit d’abord à la zaouia de Sidi Sahab, dit « le Barbu » car, compagnon de Mahomet, il portait toujours sur lui quelques poils de la barbe du Prophète... Très belle architecture, élégante et raffinée : cour entourée de fines colonnades, carreaux de faïence superbes, plâtres et stucs magnifiquement travaillés. |
Mosquée du Barbier à Kairouan |
|
Patio de la Zouia de Sidi Sahib, dit le Barbier |
Après une pause devant le bassin des Aghlabides, un grand réservoir de 128 mètres de diamètre flanqué de 48 contreforts massifs construit au IXème, voici le clou de la tournée : la Grande Mosquée construite en 774. | La Grande Mosquée de Kairouan vue du ciel |
Cour de la grande
Mosquée de Kairouan, au dessus de la citerne centrale
|
Sa grande cour pavée de marbre blanc est entourée d’une double galerie de colonnes de marbre d’origines romaine, byzantine ou arabe aux chapiteaux tous différents ; au centre, un collecteur d’eau de pluie présente une forme un peu bizarre qui permettait une première décantation des eaux recueillies avant leur conservation dans une immense citerne cachée en dessous de la cour (sur piliers). |
Porte marquetée de la Grande Mosquée de Kairouan |
Détail des marqueteries de la Grande Porte en cèdre sculpté de la Grande Mosquée de Kairouan |
Péristyle de la cour de la Grande Mosquée |
Chapiteau de réemploi dans la Grande Mosquée |
Minaret de la Grande Mosquée de Kairouan |
Jean-Paul devant la porte du minaret |
Porche de la grande Mosquée de Kairouan
|
Rue le long de la Grande Mosquée de Kairouan |
En sortant de l’enceinte sacrée, notre guide nous fait embarquer à nouveau pour contourner les remparts, stationner devant Bab ech Chouhada et nous présenter la production locale, i.e. nous faire faire l’article par un marchand de tapis. Coup classique mais qui ne lui rapporte guère, vu notre peu d’intérêt pour les grandes carpettes multicolores aux teintes et dessins peu raffinés qu’on étale allègrement devant nous. | Chez le marchand de tapis, l'une des spécialités de la ville... |
Tisserand à l'ouvrage |
Marchand de couscoussiers et autres dinanderies en alu... |
Dans les rues de Kairouan... |
Puis il nous abandonne sur la rue Habib Bourguiba, l’artère centrale du souk. De la poste fort opportunément rencontrée au passage, Monique commence par prendre des nouvelles de Juliette à Montréal, puis nous parcourons la rue qui serpente entre des rangées de boutiques manifestement bien plus destinées aux touristes qu’aux indigènes kairouanais. Nous nous rendons jusqu’au souk aux fruits et légumes, Monique marchande au passage un pouf sans succomber aux charmes commerciaux du vendeur, puis un peu déçus du manque de pittoresque des lieux, nous regagnons nos véhicules. | Marchand de poufs dans le souk |
Les remparts de Kairouan |
Beaucoup d’agitation et d’énervement causés par des gamins sortant de l’école et tournant autour des voitures, grimpant sur l’échelle, tapant sur la carrosserie, etc. font que nous renonçons à préparer le thé en ville et prenons immédiatement la route de Sbeïtla. |
Vendredi 28 février 97 : de SBEÏTLA à METLAOUI (236 km)
Levés tôt après une excellente nuit, nous nous lançons dès 8:30 dans l’exploration de Sbeïtla, l’antique Sufetula romaine. Longeant la voie romaine fort bien dégagée, nous rejoignons d’abord l’arc de triomphe de Dioclétien qui trône au bout de l’avenue, côté ville nouvelle. | Arc de triomphe de Dioclétien à Sbeitla |
Sur le foorum
entrée du Capitole et arc d'Antonin-le-Pieux
|
La voie dans laquelle nous nous engageons alors est bordée de restes de boutiques (petites pièces carrées ou rectangulaires communiquant avec les maisons en arrière) et mène au capitole, une grande place dallée entourée d’un péristyle à laquelle on accède par un bel arc dit d’Antonin-le-Pieux. S’y encadre une vue étonnante sur la façade bien conservée des trois temples des divinités principales de la cité : Minerve (Athéna), Jupiter et Junon (Héra). |
Portail d'Antonin-le Pieux donnant accès au
Capitole de Sbeitla
|
Temple de
Minerve dans le Capitole de Sbeitla
|
Jean-Paul devant les temples de Minerve et de Jupiter dans le Capitole de Sbeitla |
L’état de conservation et la majesté de cette place frappent l’imagination et nous demeurons un bon moment sous le charme : équilibre, puissance, harmonie des lieux. On sent là toute l’assurance de la Rome impériale faisant régner l’ordre latin sur le monde entier alors connu. |
En arrière du capitole se trouvent trois autres églises installées dans d’anciens temples ou bâtiments dont le plus remarquable présente des restes de sols et de cuves baptismales décorés de mosaïques (une dédicace à Vitalis et Cardella - les donateurs ? - est inscrite dans la mosaïque). Une bonne marche vers le nord-ouest sur la voie antique bien dégagée donne accès à quelques maisons luxueuses dont les vastes péristyles et les salons sont décorés de chapiteaux, corbeaux et linteaux de marbre sculpté ainsi que de mosaïques. |
Cuve baptismale
paléochrétienne dédicacée à Vitalis et Cardella
|
Un beau panneau (scène de naïades) se retrouve d'ailleurs dans le petit musée où nous passons en quittant. Bref une superbe balade dans un site très intéressant et fort bien remis en valeur et, ce qui ne gâte rien, sous un magnifique ciel bleu et malgré un vent fort et frais.
L'Aigle dans le désert près de Sidi Boubaker, entre Sbeitla et Metlaoui |
Puis nous atteignons de vastes étendues carrément désertiques que nous traversons sur notre première piste au sud de Sidi Boubaker. Cela nous vaut de perdre le contact avec nos coéquipiers que nous tentons de rejoindre à Moulares - en vain - avant de les retrouver avec soulagement sur la place centrale de Metlaoui, un gros bourg industriel pollué par les mines et usines de traitement de phosphates. Coup d’œil aux boutiques de la grande rue identiques à celles décrites plus haut, puis balade au bout de 5 kilomètres de piste poussiéreuse jusqu'aux gorges de l’Oued Selja. |
Vallée de l'Oued Selja : départ de la balade |
Gorges de
l'Oued Selja : une première approche
dans les dernières lueurs du soir |
Un « guide » importun nous retarde un
peu, nous finissons par nous en débarrasser, pour franchir
les deux tunnels ferroviaires annoncés par le Guide du
routard et découvrir le grandiose spectacle des rochers
rouges entaillés et usés par les eaux sauvages de l’oued en
d’impressionnants précipices. Mais le soir tombe, nous devons interrompre la balade que nous comptons bien mener demain matin jusqu’à son terme. Nous redescendons près de la bourgade pour aller bivouaquer derrière un bâtiment officiel (une école normale semble-t-il) qui nous abritera du vent froid encore fort et du bruit de la route. |
Le petit train
industriel transportant la potasse extraite de la mine
en amont des gorges de l'oued Selja
|
Samedi 1er mars 1997 : de METLAOUI à TAMERZA (100 km)
Après une nuit assez calme et un lever entouré
par une dizaine de gamins curieux venus observer le campement des
étrangers, nous remontons à la station de pompage de la mine de
potasse, point de départ de la balade dans les gorges de la Selja.
Temps superbe, vent juste comme il faut pour rafraîchir le grand
soleil du sud... Le « gardien » collant n’est pas encore arrivé
sur le petit stationnement au-dessus du débouché de l’oued où nous
laissons nos véhicules. Georges retourne en ville surveiller la
réparation de sa roue crevée hier soir sur notre bivouac (un
morceau de fer à construction laissé sur le terrain...) et nous
rejoindra plus tard.
Jean-Paul hésite à faire le saut... |
Danièle est donc seule avec nous pour descendre dans le lit de l’oued par lequel nous tentons de rejoindre directement la gorge sans utiliser les tunnels ferroviaires qui inspirent peu mes compagnes. Mais les méandres du ruisseau aux eaux noires lourdement chargées en potasse (ses eaux servent au « lavage » du minerai en amont) interdisent le passage. |
En suivant les rails... |
Il faut donc remonter au-delà du premier tunnel jusqu’à la voie et poursuivre comme hier en suivant les rails. Paysage magnifique, sauvage et exotique qui devient plus accidenté à mesure que nous remontons le cours du torrent. Il finit par beaucoup ressembler aux sites marocains des Gorges du Todra ou du Dadès : hautes falaises rocheuses ravinées ocre jaune, petits buissons de tamaris et palmiers épars dans un sol très rocailleux, absence totale de trace humaine en dehors des deux rails dont nous suivons les détours dans la vallée encaissée. Georges nous rejoint à un élargissement de la gorge où nous soufflons un peu car cette première marche rapide au soleil met vite à l’épreuve nos habitudes de sédentaires. |
Nous poursuivons la balade vers l’amont en nous enfonçant dans quelques autres tunnels. On les franchit dans un noir quasi absolu en guettant le bruit d’un éventuel convoi, prêts à se plaquer contre la paroi, cherchant vers le sol la lumière de la sortie se reflétant sur l’acier poli des rails. Les passages à l’air libre offrent des vues époustouflantes sur les gorges, le lit caillouteux du torrent et les parois verticales des falaises où la lumière joue sur toutes les aspérités. Danièle et Monique abandonnent à deux kilomètres de la gare où chargent les trains de minerai, gare que nous finissons par atteindre Georges et moi après une autre demi-heure de marche rapide. | ...et en passant les tunels. |
Rien de passionnant à cette issue, sinon la satisfaction un peu vaine d’être allé jusqu’au bout du chemin. Le retour, en légère descente, n’offre guère de surprise sinon des points de vue renouvelés - parcours en sens inverse et soleil plus haut - sur la vallée et ses détours. Mais la chaleur du midi et les jambes qui commencent à être lourdes me font souhaiter de regagner l’Aigle sans trop tarder.
Le canyon de Midès |
La poussière de sable très fine s’infiltre partout, à l’extérieur comme à l’intérieur du camion, nous obligeant à boire souvent à même la bouteille de thé à la menthe toujours à portée de main. Petit détour vers Midès pour admirer le canyon entourant l’ancien village perché maintenant abandonné. |
Nous y achetons des dattes succulentes et de jolies cartes postales - denrée plus rare en Tunisie que la première - et empruntons, à la suite du 4 x 4 et pour aller voir une cascade, quelques centaines de mètres d’une piste sableuse qui nous laissent des sueurs froides... | Les deux équipages à Midès |
Nous sommes bientôt à Tamerza nichée dans un site superbe, sa palmeraie verdoyante remplissant le fond d’une vallée encadrée de rocher totalement secs et désertiques, dorés et violacés par le soleil descendant. | Arrivée sur l'oasis de Tamerza |
L'oasis de Tamerza |
Ruines pittoresques à Tamerza |
Quelques photos, recherche d’un bivouac (il est déjà 17:15...) ; un autochtone nous aborde et nous propose de nous guider jusqu’à un stationnement tranquille près de son jardin dans l’oasis. Nous suivons sa mobylette pétaradante jusqu’à une clairière juste sous les palmiers. | Bivouac dans l'oasis de Tamerza |
Il éloigne pour nous les gamins curieux et quémandeurs, nous emmène cueillir des olives dans l’oasis irriguée par un petit canal où court l’eau claire. Couscous « Saveur du monde » Maggi, dattes de Midès et vin rouge d’Italie au menu du souper, avant une longue séance d’écriture et un sommeil au calme à 21:15. Dans la nuit, rumeur lointaine des chants et tambours berbères accompagnant une noce, appels du muezzin et magnifique ciel étoilé. |
Balade le long de la rivière à Tamerza |
Notre hôte a été particulièrement efficace puisque la nuit s’écoule sans aucun dérangement dans le silence du quasi désert. Au matin Monique lui donne son petit cadeau... et il nous plante là, sans nous guider davantage dans la palmeraie comme il nous l’avait proposé ! Nous devrons donc nous débrouiller seuls pour trouver l’oued et la cascade à l’autre bout de l’oasis. |
Lavandières sous le pont dans l'oasis |
Image de l'oasis idéale... |
Balade au petit matin dans l'oasis de Tamerza |
Cascade de Tamerza |
En revanche le canyon complètement desséché dont les roches tendres dessinent un boyau aux formes alambiquées nous semble autrement spectaculaire. | Dans le canyon de Tamerza |
Oasis de Chebika au pied des montagnes |
Nous reprenons la route qui traverse des montagnes avant d’atteindre la plaine totalement désertique près de la petite oasis de Chebika. |
Chebika : touffe de palmiers |
En marchant vers la source de Chebika |
Chebika |
Jean-Paul cherche de l'ombre... à l'entrée du petit marabout |
Ravis de cette balade « sans guide » ni vendeurs achalants ni horde de touristes bruyants et sans gêne, nous faisons provision de cartes postales - jolies pour une fois - et reprenons nos voitures pour traverser le Chott Er Brahim.
Détour jusqu’au poste frontière avec l’Algérie de Fhoum el Kharga où nous devons rebrousser chemin, passage d’oued à gué... Il est passé midi, le soleil tape dur, pas question de trouver l’ombre d’un arbre. | Jean-Paul au bord de la route du Chott Er Brahim |
Pique-nique avec nos amis Danièle et Georges au bord de la route devant le chott |
Nous pique-niquons au bord de la route sur le sable piqué de quelques maigres touffes d’arbustes desséchés. Heureusement le petit vent reste frais : ici la chaleur doit être étouffante en été. Une panne de caméra (contacteur grippé par la poussière de sable qui s’infiltre partout) m’empêche de filmer les premiers dromadaires en troupeau que l’on aperçoit de loin en loin, broutant la très maigre végétation. |
Nous finissons par atteindre Tozeur, grande ville touristique où tout un quartier est réservé à une flopée de grands hôtels tout neufs. On en voit la clientèle circuler sur les routes alentours dans des flottes de Toyota Land Cruiser, là où des voitures standard feraient tout aussi bien l’affaire... | Grande rue et minaret à Tozeur |
Balade dans les rues du souk de Tozeur |
Nous grimpons jusqu’au belvédère, en fait deux buttes rocheuses d’une vingtaine de mètres d’où l’on découvre toute la vallée. Vue peu emballante sur trois jeunes faisant pétarader leur motocross à nos pieds et sur une vaste étendue de palmiers desséchés et morts entourant les hôtels, suite à l’épuisement de la nappe phréatique trop pompée pour alimenter toutes ces installations touristiques... Au loin s’étend le reste de l’oasis et la petite agglomération autochtone. |
Joueur de flute au dessus de la Corbeille de Nefta
Séance matinale de coiffure dans le désert... tranquille le salon ! |
Puis c'est la recherche d’un bivouac dans la palmeraie. Nous finissons par le trouver juste à la limite du chott, vaste étendue de sable blanchie par le sel et parsemée de petits arbustes. Dans une paix royale, Monique et Danièle achètent quelques légumes auprès d’un paysan voisin puis nous soupons dehors sans personne pour nous déranger. |
Je bricole un peu sous le camion : levier de vitesse toujours imprécis depuis l’incident sur le traversier, boulons de la trappe des W-C desserrés, serre-joint du tuyau d’évacuation des « eaux grises » lâche... | On profite du calme de la soirée pour quelques petites mises au point... |
Lundi 3 mars 1997 : de NEFTA à EL FOUAR (212 km)
Sur le forum de Nefta |
Malgré la tranquillité des lieux, nous
nous réveillons en milieu de nuit et sommeillons ensuite
jusqu’à 8:00. Monique profite de ce réveil matinal pour me
couper les cheveux. En quittant la palmeraie pour aller
faire un tour dans la vieille ville, je m’écarte un peu de
la piste sableuse et plante la roue arrière droite dans le
fossé mou : Georges en est quitte pour une deuxième fois
sortir sa sangle et nous sortir d’affaire... Les ruelles sont pleines de vie, les gens aimables et vraiment pas ennuyants (ils reprennent même les enfants qui quémandent stylos ou dinars...). |
Paysage desséché typique du Chott El Jerid |
Jugeant avoir épuisé l’intérêt présenté par Nefta, nous reprenons la direction de Tozeur en longeant à nouveau le Chott El Jerid, traversons sans nous arrêter la ville déjà aperçue hier puis les bourgades pittoresques de Degache et de Kriz avant d’emprunter la grande route toute droite. Elle traverse sur un remblai l’étendue désolée du Grand Chott El Jerid, 90 km où la végétation ne tarde pas à disparaître. Au nord dans le lointain, les pentes violacées et les crêtes acérées des Jbel Morra et El Asker (608 m), au sud l’étendue plate de sable humide puis blanchi par le sel où des mirages ondulent et vibrent sous le soleil presque vertical de midi. Le « feeling » du désert commence à s’imposer, pas un arbre ni un pouce d’ombre pour déjeuner. |
Nous pique-niquons à mi-parcours, sur la berme entre les deux étendues désolées. Puis nous retrouvons quelques oasis (Bechri, Telmine, etc.) où un petit tour montre des jardins humides et verdoyants sous les palmiers, mais aussi des ruelles et des maisons sales à demi construites, entourées d’ordures ménagères et de matériaux de construction quasi à l’abandon. L’odeur provenant des égouts stagnants à ciel ouvert est à certains moments pestilentielle. |
Georges,
Danielle et Jean-Paul dans l'oasis de Telmine
|
Image du Sud en allant vers El Fouar |
A partir de Kébéli la route file entre des barrières de branches de palmiers servant à retenir le sable des dunes qui font leur apparition. Le vent du nord-est, qui ne nous a pas quittés et maintient une certaine fraîcheur (maximum 20 °C), souffle en travers de la route des voiles de poussière blanche formant une traîne ondoyante derrière la Land Rover qui nous précède. Inutile de dire comment cette poudre fine comme de la farine s’insinue partout, quelque précaution qu’on prenne... |
Nous passons ainsi les oasis de Blidet puis de Nouail, empruntons une excellente route asphaltée non indiquée sur la carte pour enfin atteindre El Faouar, l’oasis la plus méridionale de notre présent itinéraire, où nous cherchons bivouac. Nous nous ensablons à nouveau deux fois en suivant Georges qui nous entraîne sur des chemins sableux avec passages de « fechte » (sable très fin, léger et mou apporté par le vent). |
Deux Land-Rover sur la dune... |
Souper communautaire sympathique et coucher à 21:10 dans le plus profond silence et la fraîcheur, une fois le soleil disparu. | Soleil couchant sur les dunes |
Mardi 4 mars 1997 : d’EL FAOUAR à MATMATA (252 km)
Marabout dans les dunes d'El Faouar |
Parcours long et difficile aujourd’hui. Nous quittons notre bivouac d’El Faouahr sans trop de difficulté, après que Georges, comme prévu, m’ait sorti du chemin vraiment trop sableux où il nous avait entraînés. |
Campement au pied de la dune sous les palmiers |
Palmiers pied dans le sable |
Palmiers au bord du désert |
La route file rapidement en bordure de dunes fixées par des plantations et des haies de branches de palmiers jusqu’à Douz. |
Spectacle bizarre en passant près de Zaafrane : un troupeau de chameaux assailli par des touristes amenés en autobus et en 4 x 4, déguisés avec chèche bleu vif et djellaba rayée noire et blanche, tirés par des palefreniers placides qui les escortent vers une dune hérissée de quelques palmiers déplumés... | Caravane pour touristes... |
Arrivés à Douz, nous parcourons quelques rues pauvres mais très vivantes de la petite ville, attentifs aux scènes de la vie quotidienne animée par les boutiquiers, les artisans, les enfants et les badauds qui discutent en jouant aux dominos sur le sol ou à la terrasse des cafés. | Devant la porte du cimetière de Douz |
Marché à Douz |
Chien doughi et son maître |
À 11:30, nous prenons la grande route vers Matmata à travers le désert semé d’arbustes desséchés. Au bout de 10 km, arrêt sur une piste transversale pour une bonne balade à pied dans le sable. Nous découvrons un peu à l’écart un petit campement berbère - tente brune, enfants souriants et aimables - et des traces de la vie animalière encore très dense : chameaux, gerboises, insectes... |
A la fin du déjeuner pris en plein soleil, je constate par hasard que nous avons perdu le tuyau d’évacuation et la vanne fermant le réservoir d’eaux grises qui s’écoulent maintenant directement sur le sol. Nous décidons de retourner le chercher sur le bivouac d’El Fouahr où il a un probablement été arraché lors de nos manœuvres d’hier soir. Georges et Danièle nous précéderont sur la route de Matmata et nous attendront jusqu’à 16:00 à un point convenu d’avance. Nous revenons très rapidement sur nos pas (50 km) en scrutant vainement le bord de la route jusqu’à ce que, arrivés sur les lieux du campement, nous retrouvions presque aussitôt les pièces - impossibles à remplacer ici mais essentielles à notre plomberie - enfouies dans le sable très fin où nous nous étions enfoncés. . | Océan de dunes à perte de vue... |
Deuxième crevaison entre Douz et Matmata... |
Au même instant, crevaison ! Il semble qu’une des roues arrière - sur lesquelles j’avais fait monter les pneus avant usés lors du premier incident similaire près de Soliman, au premier jour de notre périple - soit passée sur une tige de fer à béton plantée dans le sol comme balise pour la route en construction. Résultat : une autre semelle déchiquetée ! Le remplacement par la roue de secours s’avère beaucoup plus rapide cette fois-ci, nous commençons à connaître la manœuvre... |
La route non revêtue se poursuit dans un large cadre désertique. Le sable rouge forme un joli contraste avec les touffes d’arbustes verts mais il envahit aussi de plus en plus la piste, tant et si bien que dans un creux particulièrement rempli de fechte nous nous ensablons jusqu’à mi-roue. Pas de dégâts, mais cette fois nos compagnons (et anges gardiens) en Land Rover ne sont pas là pour nous tirer d’affaire ! Encouragés par deux autochtones en Peugeot qui nous suivent, nous dégageons un peu les roues, je sonde le terrain qui s’améliore 50 m plus loin et, me souvenant soudain d’un conseil de Georges, dégonfle largement les pneus des roues motrices. Démarrage en douceur en 1ère... ça passe ! | Méharée du soir aperçue en allant vers Matmata |
La piste quelque peu bosselée et extrêmement poussiéreuse se poursuit encore quelques kilomètres jusqu’à ce que nous rejoignions nos amis qui nous félicitent de cette première épreuve saharienne passée avec succès... Nous nous séparons une autre fois, eux prenant vers le sud une autre piste difficile jusqu’à Ksar Guilane, tandis que nous poursuivons la route maintenant de nouveau asphaltée jusqu’à Matmata où nous ferons réparer notre pneu et les attendrons jusqu’à demain midi.
Village du Grand Sud |
Tamezret dans la montagne |
Pause à Tamezret |
A notre train de sénateur, secoués et empoussiérés, nous finissons par atteindre le village perché de Tamezret. Manifestement les enfants ébahis qui viennent vers nous n’ont jamais vu de camping-car sur cette route ! Quelques vues de vastes paysages de petite montagne, puis nous redescendons rapidement la douzaine de kilomètres mal asphaltés qui nous amènent à notre étape, Matmata. |
Les maisons de ce joli village sont dispersées sur des buttes et des vallons dans une large vallée. Vite nous trouvons l’un des trois ateliers mécaniques de l’endroit où, avec les moyens techniques du bord (extracteur de jante du début du siècle...) je fais enlever le pneu détruit et replacer sur la jante le dernier pneu avant usé heureusement gardé en réserve. Puis nous retournons en peu en arrière sur le grand stationnement d’un hôtel qui accueille une flopée de 4 x 4. J’y replace le tuyau d’évacuation récupéré ce matin, nous soupons rapidement et nous couchons aussitôt, épuisés. | Matmata |
Matmata
centre ville...
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Nuit tranquille sur le stationnement de l’hôtel, d’autant plus qu’il ne circule presque plus personne sur la route de Tamezret passé 20:00. Libre de toute coordination avec nos compagnons de voyage, nous paressons un peu au lit pour nous lever vers 8:00 sous un ciel parfaitement bleu. Décidément, c’est maintenant une habitude ! Après douche et déjeuner, nous faisons le plein d’eau et débarrassons un peu l’extérieur de l’Aigle de la couche de poussière qui couvre sa carrosserie et s’est accumulée dans tous ses reliefs. Il est presque 10:00 lorsque nous allons stationner au centre du village, devant le Syndicat d’Initiative comme convenu avec Georges et Danièle. |
Puis nous nous lançons dans une grande balade au milieu des maisons dispersées entre des petits champs fraîchement labourés et ombragés de palmiers. | Matmata centre
ville...
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Réminiscence de Star War...
dont plusieurs scènes furent tournées ici
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Première visite : l’hôtel troglodyte auquel on accède par un tunnel et quelques marches qui nous font descendre dans un large puits circulaire sur lequel donnent les chambres ou les salles à manger. D’autres corridors souterrains creusés dans le sable rouge très meuble donnent accès à d’autres puits où se trouvent d’autres chambres et d’autres pièces. L’ensemble forme un véritable labyrinthe dont la température demeure constante, été comme hiver. Toutes les surfaces blanchies à la chaux donnent un grand sentiment de netteté et on n’a nullement l’impression de se trouver sous la terre nue mais plutôt dans de confortables salles voûtées. |
Cour de maison troglodyte transformée en musée... |
La suite de notre promenade dans la vaste zone construite nous fait découvrir d’autres habitations troglodytes, dont plusieurs sont encore habitées et dont nous approchons avec précautions : autour de la cour centrale avec puits et silos à céréales de paille tressée en forme de grosses amphores, se distribuent les logements des humains et des animaux, tandis que les greniers occupent un deuxième étage. Ces « trous » se trouvent près d’une déclivité au flanc de laquelle on découvre la porte cochère donnant accès au tunnel aboutissant à la cour. |
Famille dans
une cour troglodyte
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Récipient à grain dans la cour de la maison troglodyte |
Marabouts à Matmata
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Au-dessus du niveau du sol, très belles vues sur les montagnes assez accidentées et, plus bas, sur des pentes terreuses très ravinées sur lesquelles joue la lumière. Tout autour de nous, des champs minuscules où paissent toutes sortes d’animaux : chèvres avec leurs chevreaux, âne, vieux dromadaire paresseux, moutons, poules,... à l’ombre de quelques palmiers épars avec, par-ci par-là, des petites maisons carrées plus récentes entièrement fermées sur l’extérieur et quelques coupoles blanches de marabouts. Bref un fort joli cadre qui servit d’ailleurs de décor à plusieurs scènes de « Star War ». |
Jeudi 6 mars 1997 : de TATAOUINE à GUERMESSA (111 km)
Le marché de Tataouine |
Peu de kilomètres aujourd’hui, mais une journée quand même bien remplie. Nous nous levons tôt pour éviter d’être dérangés par les jeunes arrivant au lycée, si bien qu’à 8:00 nous sommes dans le centre de Tataouine où se déroule le marché du jeudi. Spectacle haut en couleurs bien sûr puisque places et rues sont envahies par une foule de paysans venus de toute la région pour vendre leurs légumes et faire leurs emplettes auprès des quincailliers et autres marchands de pacotilles. |
Bruit, discussions, marchandages, querelles, va-et-vient, costumes variés et couleurs vives donnent une vie intense aux scènes que je tente de saisir à la vidéo. |
Les légumes
frais du marché de Tataioune
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Joueurs d'osselets sous les galeries |
Monique fouine sous une autre galeries |
Le marchand de vanneries |
Les plastiques multicolores de l'Afrique |
Porte décorée de motifs berbères |
Nous achetons nous-mêmes une cassette de musique populaire actuelle pour Juliette, un collier de serrage pour mon tuyau d’eau grises qui fuit et dégottons un nettoyeur qui me détachera mon jean tout souillé de goudron lors du changement de roue d’avant-hier. |
Saturés de sons et de couleurs, nous prenons la route pour deux balades dans les environs de Tataouine. Elles nous feront découvrir des ksars, sorte de greniers à céréales dont les chambres voûtées sont empilées sur des pitons rocheux et entourées par un rempart. Les paysans y plaçaient autrefois leurs récoltes pour les protéger des pillards touaregs qui rappliquaient du sud pour les razzier. |
Ksar de Metameur
: l'enclos des Ghorfas au pied de la mosquée
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Au pays des ksars, en allant de Tataouine vers Ksar Ouled Soltane |
Au bout d’une vingtaine de kilomètres dans des paysages désertiques d’une sauvage beauté, grimpée sur la colline de Ksar Ouled Soltane où, près du cœur du village moderne, nous découvrons notre premier ksar. |
Celui-ci, presque entièrement restauré, montre une architecture irrégulière tout à fait particulière : de multiples cellules donnent sur une grande cour à peu près carrée, les voûtes fermées par une petite porte en façade sont empilées les unes au-dessus des autres sur 2, 3 et parfois 4 étages, accessibles seulement par des escaliers en terre très raides ou par des échelles. Murs de pierre brute crépie, bâtisses utilitaires maintenant abandonnées d’une totale originalité.
Monique dans le ksar de Ksar Ouled Soltane
Engrangement de la récolte dans le ksar |
La moisson a été bonne ! |
Une autre vingtaine de kilomètres nous fait parcourir de larges vallées de terre ocre semi désertiques où ne poussent que quelques arbres : palmiers et oliviers dispersés sur des pentes immenses parsemées de petites touffes d’arbustes vert sombre. | Retour au village |
Jean-Paul dans le minaret de Douret |
Le même genre de route se poursuit vers Douret où, dans un site à peu près désert, une jolie mosquée toute blanche veille sur un village fantôme lui aussi dominé par un piton couvert de greniers en ruines : des ghorfas. Grimpée jusqu’à la mosquée - désaffectée donc accessible - puis en haut du minaret d’où la vue s’étend, superbe, sur les pentes et les montagnes désertes alentours. Petit tour sous les voûtes des anciennes maisons dont plusieurs pièces s’enfoncent dans le rocher, soutenues par de grossiers piliers circulaires. |
L'engrangement de la moisson dans un ghorfa |
Après le travail, une partie de jeu d'osselets au pied des ghorfas |
Gorfa dans la cour du ksar |
Femmes au labour |
Le site est magnifique, les maisons étant creusées au flanc d’une colline en amphithéâtre et dominées par le ksar abandonné et en ruines qui occupe la crête. Bonne marche pour contempler le site dans toute son ampleur depuis la mosquée à mi-pente, puis descente à travers les très pauvres maisons à demi troglodytes. Quelques gamins réclament caramels et stylos, un jeune s’entête à vouloir nous guider vers la mosquée souterraine qui ne nous attire guère, le panorama sur les montagnes et la plaine au nord nous semblant beaucoup plus intéressant... | Chenini : la colline et la mosquée |
À notre réveil le ciel est légèrement brumeux après une nuit ultra silencieuse. Depuis notre bivouac sur la steppe couvrant le pied de la montagne, nous gagnons à pied le chemin muletier pavé à la romaine dont les épingles à cheveux gravissent la forte pente. La terre et les rochers hurlent leur ocre rouge sous les chauds rayons du soleil du petit matin. Nous atteignons rapidement les premières ruines des maisons et des ghorfas alignées au pied de la crête et tout le long de la base des deux pitons. Le sentier ancien contourne le premier dont les gros blocs rouges usés s’entassent au-dessus de nos têtes tandis que se déploie alentour un vaste panorama sur la plaine désertique limitée par la ligne déchiquetée des montagnes à l’horizon. |
En montant vers les ruines de Guermessa |
Site de Guermessa |
De chaque côté de la crête reliant les deux pitons, des rangées de murs de pierre croulants témoignent de l’importance de l’agglomération du temps où il y avait encore assez d’eau pour couvrir de céréales et d’oliviers les terres en contrebas dans la plaine. Maintenant il ne reste plus ici qu’une poignée d’habitants dans les quelques maisons encore entretenues, et encore ont-elles un aspect très pauvre comme hier à Chenini. Plusieurs habitations à demi troglodytes semblent avoir servi d’abri pour le bétail avant d’avoir été définitivement abandonnées. Ruines un peu nostalgiques, paysage grandiose, vraiment cette balade valait le déplacement et l’escalade ! |
La route ensuite vers le nord jusqu’à Ksar Hadada est goudronnée, donc bonne, sans être spectaculaire : steppe en territoire vallonné. La curiosité locale se trouve être, au pied de la grande et riche mosquée toute rénovée, le ksar partiellement restauré et transformé en hôtel. Nous flânons un moment dans ses ruelles, un peu aveuglé par la blancheur des murs passés à la chaux mais goûtant aussi la fraîcheur des voûtes et le bon goût avec lequel l’architecte - français - a su mettre en valeur les formes arrondies des murs adoucis par les épaisses couches de chaux. Café - turc bien sûr - pour faire passer les lourdes pâtisseries avalées à Ghomrassen (Monique en aura des relents durant toute la fin de l’après-midi...). |
Ksar Hadada transformé en hôtel |
Rien de bien particulier sur place, mais 5 km
plus loin sur la route de Medenine se profile sur une crête le
ksar ruiné de Jouamâa. Renonçant à engager nos véhicules assez
malmenés comme ça sur la piste menant à sa porte, nous grimpons
à pied et flânons une bonne demi-heure dans ce qui sera notre
dernier ksar pour cette fois.
Ksar Jouamaa |
Comme dans les autres déjà visités, les voûtes s'alignent de chaque côté de la ligne de crête mais l'architecture est plus simple, avec un seul niveau de ghorfas disposées côte à côte. Ici aussi le paysage alentours est grandiose, la vue portant loin dans la plaine jusqu’aux montagnes que nous avons parcourues si lentement tout à l’heure. Il est 16:00, le soleil commence à descendre. En revenant vers nos voitures nous croisons des femmes en costume rutilant qui viennent chercher de l’eau dans une citerne et repartent lourdement chargées, le bidon de 20 litres en plastique sur le dos. Spectacle qui se répète tout le long de la route de plaine menant à Medenine : beaucoup de puits, de citernes, mais pas de robinets ni d’adduction d’eau courante dans cette région qui semble très sèche. |
Après le plein d’eau et d’essence à la station
service de Medenine, nous filons sur la grande route qui nous
semble maintenant très rapide jusqu’à Zarzis, en traversant des
olivaies de plus en plus nombreuses. Odeur d’olives crues dans
l’air, lignes d’oliviers très espacés (30 m) le long de la
route. Arrivant dans la nuit tombante à Zarzis, nous traversons
la ville et allons bivouaquer sur la plage et sous les palmiers
de Ksar Essaouia, devant une mer d’huile qui nous semble
étrangement plate après toutes ces montagnes.
Samedi 8 mars 1997 : de ZARZIS à SIDI MAHARÈS (Île de DJERBA) (121 km)
Auparavant nous gagnons le « centre ville » pour un grand et long nettoyage au Kärscher dans une station service. | Décrassage de l'Aigle à Zarzis |
Il est passé midi lorsque nous retrouvons les Gilbert sur la plage. Déjeuner léger arrosé de notre bouteille de champagne mise au frais pour l’occasion. |
Champagne sur la plage de Zarzis |
Adieu à nos compagnons de route Danièle et Georges |
...échange d’adresses et de bons vœux pour la suite du voyage, |
...photos souvenirs devant nos véhicules, nous les laissons à leurs derniers préparatifs et prenons la direction de Djerba par la côte. |
Les voyageurs et leur monture... |
Jean-Paul et Monique sur la plage de Zarzis |
Pêcheur à Djerba |
Le paysage plat et habité de Djerba |
Beaucoup d’olivaies mais guère de points de vue, étant donné la manque de relief du rivage et de l’île que nous apercevons bientôt. Une brève lecture du Guide explique la construction de la chaussée romaine dont nous traversons les 7 km au ras de l’eau en suivant la gros conduite d’acier qui apporte son eau à l’île. |
Nous ne tardons pas à tomber sur des grands hôtels qui se succèdent, immenses, et dont les masses blanches montrent une certaine recherche architecturale. Mais ils sont vraiment trop nombreux et envahissent un paysage par ailleurs assez monotone et plat. |
Palmiers sur la plage à Djerba |
Plage, voilier et palmiers... Djerba, l'île des vacances ! |
Nous nous arrêtons sur un terrain vague au bord de la mer d’un superbe bleu vert émeraude, à deux pas du camping d’Aghir, pour prendre le soleil et entreprendre le nettoyage intérieur de l’Aigle. Chiffons et éponges humides enlèvent le plus gros mais la poussière incrustée dans les moindres recoins au fond des coffres, de la soute, etc. requerra d’autres moyens pour disparaître... |
A partir d’El Kantara nous longeons la côte est. Sur la terre assez aride sont dispersées, entre palmiers et oliviers, des petites fermes (menzels) isolées. Leurs bâtiments clos et aveugles vers l’extérieur entourent une cour carrée, un dôme hémisphérique couvre la maison d’habitation toute blanche... |
Menzel et son puits |
Midoun et ses taxis du pauvre, à la poursuite d'un touriste acheteur de tapis... |
Lorsque le soleil commence à descendre, nous repartons sur la route qui fait le tour de l’île, passons la grande plage de la Seguia puis le Rass Taguemess et son phare. Paysage un peu répétitif ensuite. Un détour vers l’intérieur nous fait voir à quoi ressemble la bourgade de Midoun. Ses petites mosquées fortifiées entourant leur minaret carré ont gardé leur pittoresque, mais les rues et le marché sont devenus essentiellement un souk à touriste où les marchands accrocheurs nous abordent les uns après les autres : « Juste pour le plaisir des yeux... », « Beau, bon, pas cher... ». |
Dimanche 9 mars 1997 : de SIDI MAHARÈS à GABÈS(170 km)
Monique devant le Borj Ghazi Mustapha |
Rassurés par notre environnement protégé, nous dormons fort bien jusqu’au réveil à 7:15 lorsque nous sortons sur le parking devant l’hôtel. Nous suivons ensuite la route côtière jusqu’à Houmt Souk. C'est pour y voir d’abord le Bordj Ghazi Mustapha, un ancien fort arabe du XVème assez bien restauré qui garde le petit port : beaux remparts massifs de pierre blanche, contreforts et porte fortifiée à l’ombre d’un palmier. |
Puis nous gagnons le centre de la ville et ses souks. Le racolage des marchands dans la section destinée aux touristes, encore plus agressif qu’hier soir, nous fait tourner les talons et nous réfugier dans le souk aux légumes beaucoup plus authentique. |
Place avec arcades à Houmsouk |
Marché aux
épices d'Houmsouk
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Le beau fondouk de Houmsouk |
Plusieurs autres alentours, restaurés et transformés en hôtel, montrent une vaste cour intérieure avec arcades à deux étages, des cellules aux nombreuses portes, une citerne et un puits au centre... Coup d’œil sur de jolies céramiques que Monique marchanderait peut- être si le vendeur n’était aussi insistant... |
Monique près
du puits d'un autre fondouk transformé en hôtel
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Nef de la
synagogue Graiba à Er Riadh
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Nous reprenons alors la route de l’intérieur pour aller contempler la synagogue de la Graiba à Er Riadh. L’extérieur du bâtiment est quelconque (cube blanc aux fenêtres bleues) mais de superbes décorations de mosaïques et de céramiques recouvrent ses murs intérieurs tandis que son plafond de bois est entièrement et finement peint. Ambiance feutrée et mystérieuse due aux vitraux de couleur, aux accessoires du culte judaïque et aux lampes à huile dont la flamme danse un peu partout. |
Vieux lettré pieux dans la Graiba |
Dans la Graiba |
Plage à touristes sur la côte Est de Djerba |
Nous y découvrons un petit port de pêche
charmant où quelques pêcheurs discutent et prennent le
soleil avant qu’arrivent un groupe de jeunes filles en
excursion ; environnement semi-désertique, mer bleu
profond, barques de couleurs... assurément le plus joli
cadre dont on puisse rêver pour une table de pique-nique !
Monique s’approche ensuite d’une petite maison de pêcheurs où toute une famille fête le dimanche après-midi en s’exerçant à la danse du ventre. Une ribambelle d’enfants l’invite à se joindre à eux ; elle participe à leurs jeux et les filme à leur grande joie. Puis elle sympathise et passe un bon moment à discuter avec les filles aînées (19, 18 et 17 ans). |
Nous empruntons ensuite la piste côtière vers le sud pour en parcourir au pas les 20 km. Elle est en assez bon état et soulève très peu de poussière sur notre carrosserie fraîchement lavée... Paysage plat, désertique, quelques palmiers entourent des anses rocheuses et des petites plages solitaires. Seuls quelques pêcheurs taquinent le poisson ou quelques enfants ramassent des coquillages. C’est le plus beau, en tout cas le plus agréable coin de l’île, totalement épargné par « l’aménagement » touristique. Nous n’y rencontrons que deux promeneurs comme nous en scooter, flânant sur une plage, et quelques familles qui pique-niquent sous les eucalyptus au-dessus de l’eau. |
L'Aigle sous les palmiers de la piste côtière sud-ouest de Djerba |
Olivaies près de Djerba, en allant vers Gabès |
Tout au bout de la piste nous attend le bac d’Ajin. Courte attente, billet à 1,800 dinars, discussion bonhomme avec des garçons qui veulent nous vendre des chewing-gums (!) La côte de Djerba rapetisse bientôt derrière nous, nous revoilà sur le continent et sur la longue route de Mareth avec ses immenses champs d’oliviers puis ses grands espaces steppiques : buissons éparpillés sur le sable doucement ondulé, au loin la ligne dentelée et violacée du massif du Dahar parcouru au début de la semaine. |
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