SIX MOIS D'ERRANCE EN EUROPE

(Congé sabbatique de janvier à juillet 1997)



Monique et Jean-Paul à bord de l'Aigle





8. LA TUNISIE : de TUNIS à TAMERZA



Lundi 24 février 1997 : de TRAPANI à TUNIS (La Goulette)
Tunis: le centre de la ville moderne
Tunis: le centre de la ville moderne, autour du minaret de la Zitouna; au fond la Goulette et les hauteurs du Cap Bon
Cette longue journée nous fera passer d’Europe en Afrique. Nous sommes debout à 5:45 pour l’ouverture de la billetterie de la Tirrania, après un sommeil assez léger entrecoupé par le vrombissement des grosses vedettes et autres traversiers menant aux îles. Nous devons attendre en ligne jusqu’à 7:15 l’arrivée du guichetier très décontracté. Monique réussit à obtenir des billets aller/retour pour 720 $ (840 000 Lires), somme énorme si on la compare à celle demandée pour la traversée Caen-Portsmouth qui nous avait coûté 411 $ (1770,00  FF) en juillet dernier. Impression d’abus accentuée par l’état de saleté et le manque d’entretien du navire. Nous faisons alors connaissance avec Georges et Danièle Gilbert, un couple de jeunes retraités français, qui vivent dans les Landes et descendent en gros 4 X 4 Land Rover faire un raid de 10 jours dans les dunes de sable de Libye. Nous passons d’abord deux bonnes heures sur le pont après avoir attendu deux autres heures le départ retardé (de 9:00 à 11:00) suite aux fouilles et formalités interminables exigées des voitures surchargées des Tunisiens qui retournent au pays.

Puis le temps fraîchit un peu avec la disparition du soleil derrière les nuages et nous rentrons dans un grand salon. Nos échanges s'y poursuivent, tant sur nos voyages que sur leur projet d’excursion dont ils nous expliquent toutes les formalités - longues et complexes - surtout pour entrer en Libye. Coup d’œil aux cartes et aux guides pour arriver enfin en vue de La Goulette, le port de Tunis, à 19:15.

Là, au moment de sortir de la soute, le levier de vitesse de l’Aigle s’avère complètement mou, désengagé et ne commande plus rien... Instant de panique... ! Un Tunisien fort aimable - trop poli pour être honnête ? - nous propose alors d’appeler un mécanicien tout proche. Est-ce vraiment un hasard ? Georges au volant de sa Land Rover nous remorque à l’extérieur et le mécano indigène se glisse sous le camion pour replacer en un tournemain le levier déboîté, durant les interminables formalités de police, d’immigration et de douanes qu’il faut patiemment subir avant de sortir de la gare maritime.  Encore deux heures plus tard, soulagés de cette réparation simple et facile - mais allégés aussi de 50 $ - dont nous ne saurons jamais s’il s’agit d’une arnaque bien montée, nous allons dans l’obscurité nous installer sur une esplanade entre la plage et un poste de police pour y dresser notre bivouac.

Mardi 25 février 1997 : de LA GOULETTE à NABEUL (238 km)

Nuit excellente et réveil tôt sous un ciel légèrement brumeux qui ne tarde pas à se dégager. Nous décidons de prendre la journée « mollo », sans trop de marche ni de visites et réservons donc le parcours de la fameuse médina (vieille ville arabe) de Tunis pour un autre jour.  Minaret
                de la Zitouna à Tunis
Minaret de la Zitouna à Tunis


otier au
                travail à Tunis
Potier au travail à Tunis

Après le passage à l’Office du tourisme de Tunisie pour obtenir cartes et opuscules sur chacune des régions que nous visiterons éventuellement, nous faisons un tour de l’Office National de l’Artisanat où nous sommes particulièrement fascinés par les tapis, très beaux mais fort coûteux (3500 $ pour 1,50 m x 2,50 m en soie).

Puis nous montons admirer la ville depuis le Parc du Belvédère : vue en fin de compte assez quelconque d’une grosse ville moderne étendant ses immeubles blancs à perte de vue.
Nous prenons ensuite la route du Cap Bon. Les 20 premiers kilomètres traversent un zone industrielle peu reluisante; le paysage commence à peine à se dégager lorsqu’en virant vers Soliman, brusquement éclate le pneu arrière droit écorché par un morceau de rail enfoncé verticalement dans le sol pour baliser un virage... Je peste sur cette façon barbare d’aménager les routes mais dois me rendre à l’évidence : ce pneu est bel et bien fusillé. C’est la première crevaison de l’Aigle et j’expérimente sans trop de déboires la mise en place de la roue de secours sous l’œil goguenard de deux chalands. Première
                crevaison vers Soliman...
Première crevaison vers Soliman...


Station thermale de
                Korbous
Station thermale de Korbous

La route vers le cap se poursuit, proche du rivage. Pique-nique devant un village de pêcheurs sur la plage de Sidi Raïs, avant une belle route en corniche courant sur des falaises qui tombent dans la mer. À Korbous Monique se risque à ingurgiter quelques gorgées de la source d’eau chaude sulfureuse aux vertus purgatives et remplit une bouteille.

Ensuite la route s’éloigne du rivage pour traverser les terres jusqu’à Kélibia : plateau fertile, champs d’oliviers, villages pauvres avec parfois de grosses maisons riches. Partout les gens sont souriants, aimables, nous saluent et nous renseignent avec gentillesse. Nous passons près de Kerkane sans nous arrêter pour visiter l’ancienne ville punique car la nuit tombe et le site est maintenant fermé. 

En passant par Kélibia nous achetons une bouteille de vin de muscat sec, une spécialité de la région. Puis nous filons dans le soir et dans l’obscurité qui tombe jusqu’à Nabeul pour rejoindre nos amis français au camping où nous nous sommes donnés rendez-vous. Dégustation du vin blanc ensembles, puis nous soupons en fêtant notre anniversaire de mariage (25 ans !) : au menu confit de canard, petites pommes de terre rissolées (achetées au marché 50 ¢ le kg) et vin de Kélibia. Consultation des cartes et autre documentation fournie par l’O.N.T. ensuite pour se coucher tard (11:20). Ah, le petit vin
                blanc de Kélibia... !
Ah, le petit vin blanc de Kélibia... !

Mercredi 26 février 1997 : de NABEUL à THUBURBO MAJUS (118 km)

La nuit tranquille nous laisse prêts à l’action à 9:30. Notre premier souci est de remettre en état notre roue de secours. Nous nous mettons donc à la recherche d’un vendeur de pneus ce qui, compte tenu des vagues indications données par les différents informateurs auxquels nous nous adressons, prend un bout de temps. Une fois repéré le fournisseur des autres petits revendeurs de Nabeul, il faut négocier le prix, s’assurer que les différentes caractéristiques sont correctes puis passer à la banque puisque la boutique en question ignore l’utilisation des cartes de crédit... Comme il est impossible d’obtenir un Michelin identique à ceux qui sont déjà montés, je préfère placer à l’arrière les deux pneus avant (les plus fatigués à 55 000 km) pour les remplacer par des Avon anglais qui me semblent bien adaptés. Le pneu arrière encore bon servira de 2ème roue de secours (on ne sait jamais avec ces routes !) et nous en serons quittes pour remplacer les pneus avant placés à l’arrière lors de notre retour en France.

La grande
                  plage déserte de Nabeul
La grande plage déserte de Nabeul

Vers 12:30 nous repartons chaussés à neuf. De retour au camping nous retrouvons Georges et Danièle avec lesquels nous allons prendre l’air et le soleil sur la belle grande plage déserte de Nabeul jusque vers 16:30. La température est splendide, la mer et le ciel parfaitement bleus, Monique enfile son maillot de bain, va prendre une plonge dans l’eau pourtant encore bien fraîche... 

Puis nous examinons les différents itinéraires vers le sud et décidons de rallier ce soir Thuburbo Majus, un beau site romain en pleine campagne, avant de visiter Kairouan demain. Le plein d’eau ayant déjà été fait au camping ce matin, nous prenons immédiatement la route.

Nous suivons d’abord la grande route côtière jusqu’à Hammamet qui nous semble bien mériter sa réputation de première station balnéaire de Tunisie : des hôtels partout le long de la route, une vieille ville exiguë ceinte de murailles au-dessus du petit port, partout restaurants, pizzeria et boutiques de souvenirs... Hammamet : le
                borj au bord de la mer
Hammamet : le borj au bord de la mer

Nabeul : potiers céramistes
Nabeul : potiers céramistes

Hammamet : rêve de
        Méditerranée...
Hammamet : rêve de Méditerranée...

...Méditerranée de rêve
...Méditerranée de rêve.

Nous nous enfonçons ensuite à l’intérieur des terres par une bonne route revêtue (contrairement aux indications de la carte de l’O.N.T...) qui traverse de vastes vallées entre des montagnes joliment colorées par le soleil descendant. Scènes pittoresques de paysans revenant des champs avec leur âne surchargé, femmes aux vêtements colorés remplissant leurs bidons de plastique à la fontaine, enfants revenant de l’école en groupes joueurs et bavards... Passant Zaghouan, nous continuons à traverser cette campagne très cultivée couverte de champs verts de céréales qui viennent de lever et d’oliviers méticuleusement alignés, jusqu’à atteindre la petite ville d’El Fahs.

Le soleil rougeoie et atteint l’horizon lorsque nous traversons le gros bourg où les élèves quittant les écoles secondaires ont envahi les rues ou traînent par groupe en attendant l’autobus. Encore 2 kilomètres et nous sommes devant la grille du site archéologique où nous nous installons pour la nuit. Le gardien commence par afficher une certaine réticence à nous voir rester stationnés là, mais finira par tolérer notre présence et nous proposera même d’aller regarder la T.V. avec lui ! Petite marche dans le crépuscule sur la route de campagne (calme, odeurs, obscurité qui noie progressivement le paysage) puis souper, petite conversation avec Danièle et Georges, planification de la journée de demain à Kairouan et coucher à 20:20 dans un silence complet sous un beau ciel clair immensément étoilé.

Jeudi 27 février 1997: de THUBURBO MAJUS à SBEÏTLA (228 km)

À la
                découverte de Thuburbo Majus en compagnie de Danièle
À la découverte de Thuburbo Majus en compagnie de Danièle
Un vent très fort a soufflé toute la nuit et continue de rafraîchir l’atmosphère lorsque nous émergeons à 7:15. Le soleil vient juste de se lever derrière le principal groupe de colonnes bien visible depuis notre bivouac. En compagnie de Danièle et Georges, nous contournons la grille de façade et entrons dans le champ de fouilles par l’antique porte nord-est.

L’ensemble de la ville est resté pour l’essentiel à l’abandon, seuls les alentours du forum avec sa palestre, son temple de Jupiter Capitolin et quelques autres monuments ont été suffisamment dégagés et relevés pour donner une idée de l‘ancienne cité romaine. Reste une belle balade dans un agréable paysage (pentes douces très cultivées et verdoyantes près de nous, montagnettes bleutées à l’horizon) sous un ciel parfois nuageux mais surtout ensoleillé. Thuburbo Majus
              au petit matin
Thuburbo Majus au petit matin

Une heure et demie d’une assez bonne route nous mène ensuite à Kairouan dont les faubourgs blancs apparaissent au milieu des voiles de poussière levés par le vent. Il souffle en rafales et m’oblige à une conduite attentive sur l’étroit ruban d’asphalte de la « grande » route. Nous repérons vite l’Office du Tourisme où nous achetons les billets donnant accès aux différents monuments historiques. Nous y louons aussi les services d’un guide, histoire d’éviter les fâcheux et de trouver plus rapidement les monuments dans cette ville touristique d’assez mauvaise réputation.

Portail de la Zouia de Sidi Sahib, dit le Barbier
Portail de la Zouia de Sidi Sahib, dit le Barbier
Notre cicérone, bavard et imbu de sa science - par ailleurs indiscutable - nous conduit d’abord à la zaouia  de Sidi Sahab, dit « le Barbu » car, compagnon de Mahomet, il portait toujours sur lui quelques poils de la barbe du Prophète... Très belle architecture, élégante et raffinée : cour entourée de fines colonnades, carreaux de faïence superbes, plâtres et stucs magnifiquement travaillés.

Mosquée du Barbier à Kairouan
Mosquée du Barbier à Kairouan

Patio de la Zouia de Sidi Sahib, dit le Barbier
Patio de la Zouia de Sidi Sahib, dit le Barbier

Après une pause devant le bassin des Aghlabides, un grand réservoir de 128 mètres de diamètre flanqué de 48 contreforts massifs construit au IXème, voici le clou de la tournée : la Grande Mosquée construite en 774. La Grande Mosquée de Kairouan vue du ciel
La Grande Mosquée de Kairouan vue du ciel

Minaret de la
      Grande Mosquée de Kairouan
Minaret de la Grande Mosquée de Kairouan

Entrée et
        minaret de la Grande Mosquée de Kairouan
Entrée et minaret de la Grande Mosquée de Kairouan

Cour de la grande Mosquée, au dessus de la citerne
              centrale
Cour de la grande Mosquée de Kairouan, au dessus de la citerne centrale
Sa grande cour pavée de marbre blanc est entourée d’une double galerie de colonnes de marbre d’origines romaine, byzantine ou arabe aux chapiteaux tous différents ; au centre, un collecteur d’eau de pluie présente une forme un peu bizarre qui permettait une première décantation des eaux recueillies avant leur conservation dans une immense citerne cachée en dessous de la cour (sur piliers).

Porte marquetée de la Grande Mosquée de Kairouan
Porte marquetée de la Grande Mosquée de Kairouan
Détail des marqueteries de la Grande Porte en cèdre
                sculpté de la Grande Mosquée de Kairouan
Détail des marqueteries de la Grande Porte en cèdre sculpté
de la Grande Mosquée de Kairouan


Cloître de la cour
                de la Grande Mosquée
Péristyle de la cour de la Grande Mosquée
Chapiteau de réemploi dans la Grande Mosquée
Chapiteau de réemploi dans la Grande Mosquée

A une extrémité de la cour s’élève le minaret haut de 35 mètres et à l’autre la salle de prière garnie de tapis sous une forêt de colonnes. Les infidèles ne peuvent y pénétrer mais le spectacle depuis la grande porte n’en est pas moins impressionnant.

Minaret de
                la Grande Mosquée de Kairouan
Minaret de la Grande Mosquée de Kairouan
Jean-Paul devant la porte du minaret
Jean-Paul devant la porte du minaret

Péristyle double
      autour de la cour de la Grande Mosquée de Kairouan
Péristyle double autour de la cour de la Grande Mosquée de Kairouan

Salle de
        prière et grands lustres dans la Grande Mosquée de Kairouan
Salle de prière et grands lustres dans la Grande Mosquée de Kairouan

Porche de la grande Mosquée de Kairouan
Porche de la grande Mosquée de Kairouan
Rue le long de la Grande Mosquée de Kairouan
Rue le long de la Grande Mosquée de Kairouan

En sortant de l’enceinte sacrée, notre guide nous fait embarquer à nouveau pour contourner les remparts, stationner devant Bab ech Chouhada et nous présenter la production locale, i.e. nous faire faire l’article par un marchand de tapis. Coup classique mais qui ne lui rapporte guère, vu notre peu d’intérêt pour les grandes carpettes multicolores aux teintes et dessins peu raffinés qu’on étale allègrement devant nous. Chez le
              marchand de tapis,
Chez le marchand de tapis, l'une des spécialités de la ville...

Tisserand à l'ouvrage
Tisserand à l'ouvrage
Marchand de couscoussiers et autres dinanderies en
                alu...
Marchand de couscoussiers et autres dinanderies en alu...

Petite mosquée au détour des rues
        tranquilles de Kairouan...
Petite mosquée au détour des rues tranquilles de Kairouan...

Dans les rues de Kairouan...
Dans les rues de Kairouan...

Puis il nous abandonne sur la rue Habib Bourguiba, l’artère centrale du souk. De la poste fort opportunément rencontrée au passage, Monique commence par prendre des nouvelles de Juliette à Montréal, puis nous parcourons la rue qui serpente entre des rangées de boutiques manifestement bien plus destinées aux touristes qu’aux indigènes kairouanais. Nous nous rendons jusqu’au souk aux fruits et légumes, Monique marchande au passage un pouf sans succomber aux charmes commerciaux du vendeur, puis un peu déçus du manque de pittoresque des lieux, nous regagnons nos véhicules. Marchand de poufs dans le souk 
Marchand de poufs dans le souk

 Les remparts
              de Kairouan
Les remparts de Kairouan
Beaucoup d’agitation et d’énervement causés par des gamins sortant de l’école et tournant autour des voitures, grimpant sur l’échelle, tapant sur la carrosserie, etc. font que nous renonçons à préparer le thé en ville et prenons immédiatement la route de Sbeïtla.

Le vent souffle encore très fort, rendant le contrôle de l’Aigle un peu délicat sur la grande route dégagée qui traverse une steppe semi-désertique sur 90 km : vastes paysages doucement ondulés limités par de hautes collines. Notre destination est une petite ville sans caractère particulier (toute en longueur, trop récente pour être pittoresque...) mais le champ de ruines protégé derrière sa grille semble remarquable. Bivouac sur le stationnement de l’hôpital tout neuf, Aigle et Land Rover côte à côte.

Vendredi 28 février 97 : de SBEÏTLA à METLAOUI (236 km)

Levés tôt après une excellente nuit, nous nous lançons dès 8:30 dans l’exploration de Sbeïtla, l’antique Sufetula romaine. Longeant la voie romaine fort bien dégagée, nous rejoignons d’abord l’arc de triomphe de Dioclétien qui trône au bout de l’avenue, côté ville nouvelle. Arc de
              triomphe de Dioclétien à Sbeitla 
Arc de triomphe de Dioclétien à Sbeitla

Puis nous allons explorer l’intérieur de deux maisons fortifiées à l’époque byzantine dont les murs, les piliers et les cloisons intérieurs forment un labyrinthe à trois dimensions incompréhensible. Coup d’œil à un pressoir à olives en excellent état de conservation avec support de levier, base de marbre creusée d’une rigole et bacs de réception. Nous passons ensuite devant des petits thermes « tardifs » puis devant une première église paléochrétienne toute simple (nef rectangulaire intégrant deux bas-côtés et presbyterium central isolé). Nous longeons une vaste citerne publique avant de faire le tour des grands thermes dont les différentes salles, fort bien conservées, ont gardé leurs bassins et piscines avec enduits étanches. Juste en arrière, coincé au-dessus du lit de l’oued, le théâtre est en restauration - donc peu visible - et reçoit de superbes gradins tout neufs en marbre blanc.

Sur le foorum entrée du Capitole et arc
              d'Antonin-le-Pieux
Sur le foorum entrée du Capitole et arc d'Antonin-le-Pieux
La voie dans laquelle nous nous engageons alors est bordée de restes de boutiques (petites pièces carrées ou rectangulaires communiquant avec les maisons en arrière) et mène au capitole, une grande place dallée entourée d’un péristyle à laquelle on accède par un bel arc dit d’Antonin-le-Pieux. S’y encadre une vue étonnante sur la façade bien conservée des trois temples des divinités principales de la cité : Minerve (Athéna), Jupiter et Junon (Héra).
Portail
                d'Antonin-le Pieux donnant accès au Capitole de Sbeitla
Portail d'Antonin-le Pieux donnant accès au Capitole de Sbeitla
Temple de Minerve dans le Capitole de Sbeitla
Temple de Minerve dans le Capitole de Sbeitla

Jean-Paul devant les temples de Minerve et de Jupiter
              dans le Capitole de Sbeitla
Jean-Paul devant les temples de Minerve et de Jupiter dans le Capitole de Sbeitla
L’état de conservation et la majesté de cette place frappent l’imagination et nous demeurons un bon moment sous le charme : équilibre, puissance, harmonie des lieux. On sent là toute l’assurance de la Rome impériale faisant régner l’ordre latin sur le monde entier alors connu.

Jean-Paul sur les marches du Temple de Jupiter dans le
        Capitole de Sbeitla
Jean-Paul sur les marches du Temple de Jupiter dans le Capitole de Sbeitla

Colonnes
      engagées et corniche du temple de Minerve
Colonnes engagées et corniche du temple de Minerve
En arrière du capitole se trouvent trois autres églises installées dans d’anciens temples ou bâtiments dont le plus remarquable présente des restes de sols et de cuves baptismales décorés de mosaïques (une  dédicace à Vitalis et Cardella - les donateurs ? - est inscrite dans la mosaïque). Une bonne marche vers le nord-ouest sur la voie antique bien dégagée donne accès à quelques maisons luxueuses dont les vastes péristyles et les salons sont décorés de chapiteaux, corbeaux et linteaux de marbre sculpté ainsi que de mosaïques. Cuve baptismale paléochrétienne dédicacée à Vitalis
              et Cardella
Cuve baptismale paléochrétienne dédicacée à Vitalis et Cardella

Un beau panneau (scène de naïades) se retrouve d'ailleurs dans le petit musée où nous passons en quittant. Bref une superbe balade dans un site très intéressant et fort bien remis en valeur et, ce qui ne gâte rien, sous un magnifique ciel bleu et malgré un vent fort et frais.

Celui-ci nous accompagne tout au long de notre rapide descente vers le sud par Kasserine, Feriana, Sidi Boubaker..., autant de pauvres petites villes étalées le long de la grande route rectiligne avec leurs boutiques sans étage, leurs devantures de couleur, leur attirail étalé sur le trottoir... spectacle rustique en tous points égal à celui du Maroc il y a huit ans. Se détachent de cette médiocrité architecturale les bâtiments gouvernementaux signalés par le drapeau rouge frappé de l’étoile et du croissant blancs dont la plupart semblent très récents (hôpitaux, écoles primaires, lycées, postes de police,...). Le paysage devient aussi plus aride : champs de terre rouge pointillés d’oliviers espacés, haies hérissées des palettes piquantes de figuiers de Barbarie, moutons accompagnés de leur inévitable berger... On sent que l’eau se raréfie : tuyaux d’irrigation le long du chemin, châteaux d’eau et citernes espacés, fontaines publiques isolées au bord de la route où des femmes et des enfants vont remplir une flopée de bidons de plastique chargés sur des bourricots. Je m’arrête près de l’un de ces robinets pour faire le plein d’eau.

L'Aigle dans
              le désert près de Sidi Boubaker, entre Sbeitla et
              Metlaoui
L'Aigle dans le désert près de Sidi Boubaker, entre Sbeitla et Metlaoui
Puis nous atteignons de vastes étendues carrément désertiques que nous traversons sur notre première piste au sud de Sidi Boubaker. Cela nous vaut de perdre le contact avec nos coéquipiers que nous tentons de rejoindre à Moulares - en vain - avant de les retrouver avec soulagement sur la place centrale de Metlaoui, un gros bourg industriel pollué par les mines et usines de traitement de phosphates. Coup d’œil aux boutiques de la grande rue identiques à celles décrites plus haut, puis balade au bout de 5 kilomètres de piste poussiéreuse jusqu'aux gorges de l’Oued Selja.

Vallée de l'Oued Selja : départ de la balade
Vallée de l'Oued Selja : départ de la balade
Gorges de l'Oued Selja : une première approche dans
                les dernières lueurs du soir
Gorges de l'Oued Selja : une première approche
dans les dernières lueurs du soir


Un « guide » importun nous retarde un peu, nous finissons par nous en débarrasser, pour franchir les deux tunnels ferroviaires annoncés par le Guide du routard et découvrir le grandiose spectacle des rochers rouges entaillés et usés par les eaux sauvages de l’oued en d’impressionnants précipices.

Mais le soir tombe, nous devons interrompre la balade que nous comptons bien mener demain matin jusqu’à son terme. Nous redescendons près de la bourgade pour aller bivouaquer derrière un bâtiment officiel (une école normale semble-t-il) qui nous abritera du vent froid encore fort et du bruit de la route.
Le petit
              train industriel transportant la potasse extraite de la
              mine en amont des gorges de l'oued Selja
Le petit train industriel transportant la potasse extraite de la mine en amont des gorges de l'oued Selja


Samedi 1er mars 1997 : de METLAOUI à TAMERZA (100 km)

Après une nuit assez calme et un lever entouré par une dizaine de gamins curieux venus observer le campement des étrangers, nous remontons à la station de pompage de la mine de potasse, point de départ de la balade dans les gorges de la Selja. Temps superbe, vent juste comme il faut pour rafraîchir le grand soleil du sud... Le « gardien » collant n’est pas encore arrivé sur le petit stationnement au-dessus du débouché de l’oued où nous laissons nos véhicules. Georges retourne en ville surveiller la réparation de sa roue crevée hier soir sur notre bivouac (un morceau de fer à construction laissé sur le terrain...) et nous rejoindra plus tard.

Jean-Paul hésite
              à faire le saut...
Jean-Paul hésite à faire le saut...
Danièle est donc seule avec nous pour descendre dans le lit de l’oued par lequel nous tentons de rejoindre directement la gorge sans utiliser les tunnels ferroviaires qui inspirent peu mes compagnes. Mais les méandres du ruisseau aux eaux noires lourdement chargées en potasse (ses eaux servent au « lavage » du minerai en amont) interdisent le passage.

Gorges
          de l'Oued Selja
Gorges de l'Oued Selja

Les eaux
        noires et boueuses de l'oued, chargées de potasse
Les eaux noires et boueuses de l'oued, chargées de potasse

En suivant
              les rails...
En suivant les rails...
Il faut donc remonter au-delà du premier tunnel jusqu’à la voie et poursuivre comme hier en suivant les rails. Paysage magnifique, sauvage et exotique qui devient plus accidenté à mesure que nous remontons le cours du torrent. Il finit par beaucoup ressembler aux sites marocains des Gorges du Todra ou du Dadès : hautes falaises rocheuses ravinées ocre jaune, petits buissons de tamaris et palmiers épars dans un sol très rocailleux, absence totale de trace humaine en dehors des deux rails dont nous suivons les détours dans la vallée encaissée. Georges nous rejoint à un élargissement de la gorge où nous soufflons un peu car cette première marche rapide au soleil met vite à l’épreuve nos habitudes de sédentaires.

Nous poursuivons la balade vers l’amont en nous enfonçant dans quelques autres tunnels. On les franchit dans un noir quasi absolu en guettant le bruit d’un éventuel convoi, prêts à se plaquer contre la paroi, cherchant vers le sol la lumière de la sortie se reflétant sur l’acier poli des rails. Les passages à l’air libre offrent des vues époustouflantes sur les gorges, le lit caillouteux du torrent et les parois verticales des falaises où la lumière joue sur toutes les aspérités. Danièle et Monique abandonnent à deux kilomètres de la gare où chargent les trains de minerai, gare que nous finissons par atteindre Georges et moi après une autre demi-heure de marche rapide. ...et
              en passant les tunels.
...et en passant les tunels.

Rien de passionnant à cette issue, sinon la satisfaction un peu vaine d’être allé jusqu’au bout du chemin. Le retour, en légère descente, n’offre guère de surprise sinon des points de vue renouvelés - parcours en sens inverse et soleil plus haut - sur la vallée et ses détours. Mais la chaleur du midi et les jambes qui commencent à être lourdes me font souhaiter de regagner l’Aigle sans trop tarder.

A 13:15 nous retrouvons épouses et véhicules. Monique achève de coudre l’ourlet de sa robe, Danièle la préparation du lunch. Affamés par ces 4 heures de balade sans pause pour nous reposer ni nous désaltérer, nous nous précipitons sur la salade, le prosciutto et surtout la bonne bière fraîche... Les pieds libérés des grosses chaussures de marche, le gosier désaltéré et les jambes reposées dans le fauteuil de la cabine, nous voilà prêts à poursuivre notre exploration de cette région quasi désertique. Nous repassons par Metlaoui et ses usines de potasse dont la laideur nous frappe encore, à l’image de Moulares. Au moins le paysage entre les deux bourgades est-il sauvage à souhait, comme ensuite vers Redeyef et El Ouchika : route toute droite, large vallée semi-désertique bordée à l’horizon par des petites montagnes aux couleurs somptueuses de mauve et d’ocre, de plus en plus violacées et contrastées au fur et à mesure de la descente du soleil.

Le canyon de
              Midès
Le canyon de Midès
La poussière de sable très fine s’infiltre partout, à l’extérieur comme à l’intérieur du camion, nous obligeant à boire souvent à même la bouteille de thé à la menthe toujours à portée de main. Petit détour vers Midès pour admirer le canyon entourant l’ancien village perché maintenant abandonné.

Nous y achetons des dattes succulentes et de jolies cartes postales - denrée plus rare en Tunisie que la première - et empruntons, à la suite du 4 x 4 et pour aller voir une cascade, quelques centaines de mètres d’une piste sableuse qui nous laissent des sueurs froides... Les deux
              équipages à Midles
Les deux équipages à Midès

Autre vue du canyon de Mides
Autre vue du canyon de Midès

Le canyon de Mides
Le canyon de Midès

Midès
Midès

Nous sommes bientôt à Tamerza nichée dans un site superbe, sa palmeraie verdoyante remplissant le fond d’une vallée encadrée de rocher totalement secs et désertiques, dorés et violacés par le soleil descendant. Arrivée sur
              l'oasis de Tamerza
Arrivée sur l'oasis de Tamerza

L'oasis de
                Tamerza
L'oasis de Tamerza
Ruines
                pittoresques à Tamerza
Ruines pittoresques à Tamerza

Le soir descend
        sur-Tamerza
Le soir descend doucement sur Tamerza...

Quelques photos, recherche d’un bivouac (il est déjà 17:15...) ; un autochtone nous aborde et nous propose de nous guider jusqu’à un stationnement tranquille près de son jardin dans l’oasis. Nous suivons sa mobylette pétaradante jusqu’à une clairière juste sous les palmiers. Bivouac dans
              l'oasis de Tamerza
Bivouac dans l'oasis de Tamerza
Il éloigne pour nous les gamins curieux et quémandeurs, nous emmène cueillir des olives dans l’oasis irriguée par un petit canal où court l’eau claire. Couscous « Saveur du monde » Maggi, dattes de Midès et vin rouge d’Italie au menu du souper, avant une longue séance d’écriture et un sommeil au calme à 21:15. Dans la nuit, rumeur lointaine des chants et tambours berbères accompagnant une noce, appels du muezzin et magnifique ciel étoilé.

L'oasis
        de Tamerza
L'oasis de Tamerza en fin de journée



9. LA TUNISIE : de TAMERZA à TATAOUINE



Dimanche 2 mars 1997 : de TAMERZA à NEFTA (123 km)
Balade le long de la
                rivière à Tamerza
Balade le long de la rivière à Tamerza
Notre hôte a été particulièrement efficace puisque la nuit s’écoule sans aucun dérangement dans le silence du quasi désert. Au matin Monique lui donne son petit cadeau... et il nous plante là, sans nous guider davantage dans la palmeraie comme il nous l’avait proposé ! Nous devrons donc nous débrouiller seuls pour trouver l’oued et la cascade à l’autre bout de l’oasis.

Lavandières sous le pont dans l'oasis
Lavandières sous le pont dans l'oasis
Image de l'oasis idéale...
Image de l'oasis idéale...

Tamerza eau et
        palmiers
De l'eau et des palmiers...

Balade au
                  petit matin dans l'oasis de Tamerza
Balade au petit matin dans l'oasis de Tamerza
Cascade de Tamerza
Cascade de Tamerza

Dans la claire lumière du matin, jolie balade en remontant vers l’amont le cours de la rivière, entourés par la verdure exubérante et le chant des oiseaux. En redescendant, la petite chute ne nous impressionne guère.

En revanche le canyon complètement desséché dont les roches tendres dessinent un boyau aux formes alambiquées nous semble autrement spectaculaire. Dans le
                canyon de Tamerza 
Dans le canyon de Tamerza

En quittant les
      ruines de Tamerza
En quittant les ruines de Tamerza

En quittant Tamerza au matin, au-delà de son oued à sec
En quittant Tamerza au matin, au-delà de son oued à sec

Oasis de Chebika
Oasis de Chebika au pied des montagnes
Nous reprenons la route qui traverse des montagnes avant d’atteindre la plaine totalement désertique près de la petite oasis de Chebika.

Le site est plus discret et beaucoup moins touristique quoique tout aussi intéressant : adossée à la montagne, la petite palmeraie - fraîcheur, ombre verte des grands arbres, eau courante qui gazouille dans les canaux - s’enfonce dans la faille de plus en plus étroite d’où s’écoule le torrent jusqu’à la source qui surgit brusquement de l’énorme rocher rouge.

Chebika :
                  touffe de palmiers
Chebika : touffe de palmiers
En
                  marchant vers la source de Chebika
En marchant vers la source de Chebika

Une petite grimpée au-dessus de l'oasis permet de voir l’ensemble de la « forêt » de palmiers, les ruines du vieux village couleur terre maintenant abandonné et, au-delà, l’étendue bleutée et sans limites du désert et du Chott El Gharsa.

Chebika
Chebika
Jean-Paul cherche de l'ombre... à l'entrée du
                    petit marabout
Jean-Paul cherche de l'ombre... à l'entrée du petit marabout

Ravis de cette balade « sans guide » ni vendeurs achalants ni horde de touristes bruyants et sans gêne, nous faisons provision de cartes postales - jolies pour une fois  - et reprenons nos voitures pour traverser le Chott Er Brahim.

Détour jusqu’au poste frontière avec l’Algérie de Fhoum el Kharga où nous devons rebrousser chemin, passage d’oued à gué... Il est passé midi, le soleil tape dur, pas question de trouver l’ombre d’un arbre.  Jean-Paul au
                bord de la route du Chott Er Brahim
Jean-Paul au bord de la route du Chott Er Brahim

Pique-nique avec nos amis Danièle et Georges au
                bord de la route devant le chott
Pique-nique avec nos amis Danièle et Georges au bord de la route devant le chott
Nous pique-niquons au bord de la route sur le sable piqué de quelques maigres touffes d’arbustes desséchés. Heureusement le petit vent reste frais : ici la chaleur doit être étouffante en été. Une panne de caméra (contacteur grippé par la poussière de sable qui s’infiltre partout) m’empêche de filmer les premiers dromadaires en troupeau que l’on aperçoit de loin en loin, broutant la très maigre végétation.

Nous finissons par atteindre Tozeur, grande ville touristique où tout un quartier est réservé à une flopée de grands hôtels tout neufs. On en voit la clientèle circuler sur les routes alentours dans des flottes de Toyota Land Cruiser, là où des voitures standard feraient tout aussi bien l’affaire... Grande rue et
                minaret à Tozeur
Grande rue et minaret à Tozeur

Balade dans les rues
                du souk de Tozeur
Balade dans les rues du souk de Tozeur
Nous grimpons jusqu’au belvédère, en fait deux buttes rocheuses d’une vingtaine de mètres d’où l’on découvre toute la vallée. Vue peu emballante sur trois jeunes faisant pétarader leur motocross à nos pieds et sur une vaste étendue de palmiers desséchés et morts entourant les hôtels, suite à l’épuisement de la nappe phréatique trop pompée pour alimenter toutes ces installations touristiques... Au loin s’étend le reste de l’oasis et la petite agglomération autochtone.

Nous ne nous attardons pas et préférons rouler le long de l’immense Chott El Jerid dont quelques étendues d’eau semblent miroiter très loin au sud. Après 25 km, nous atteignons Nefta qui sera notre étape de ce soir. Tour de la petite ville pour tâcher d’apercevoir la fameuse Corbeille (une palmeraie nichée au fond de la dépression centrale de l’oasis) - en vain.


Joueur de flute au dessus de la Corbeille de Nefta
Joueur de flute au dessus de la Corbeille de Nefta

Séance de coiffure dans le désert... tranquille le
                salon !
Séance matinale de coiffure dans le désert... tranquille le salon !
Puis c'est la recherche d’un bivouac dans la palmeraie. Nous finissons par le trouver juste à la limite du chott, vaste étendue de sable blanchie par le sel et parsemée de petits arbustes. Dans une paix royale, Monique et Danièle achètent quelques légumes auprès d’un paysan voisin puis nous soupons dehors sans personne pour nous déranger.

Je bricole un peu sous le camion : levier de vitesse toujours imprécis depuis l’incident sur le traversier, boulons de la trappe des W-C desserrés, serre-joint du tuyau d’évacuation des « eaux grises » lâche... On
                profite du calme pour quelques petites mises au
                point...
On profite du calme de la soirée pour quelques petites mises au point...

Le soleil se couche, nous rentrons pour éviter mouches et moustiques qui commencent à se montrer. Courrier, journal, réparation/nettoyage de la caméra avec du silicone et des Cotons-Tiges... Coucher à 21:20.

Lundi 3 mars 1997 : de NEFTA à EL FOUAR (212 km)

Sur le
                forum de Nefta
Sur le forum de Nefta
Malgré la tranquillité des lieux, nous nous réveillons en milieu de nuit et sommeillons ensuite jusqu’à 8:00. Monique profite de ce réveil matinal pour me couper les cheveux. En quittant la palmeraie pour aller faire un tour dans la vieille ville, je m’écarte un peu de la piste sableuse et plante la roue arrière droite dans le fossé mou : Georges en est quitte pour une deuxième fois sortir sa sangle et nous sortir d’affaire...

Les ruelles sont pleines de vie, les gens aimables et vraiment pas ennuyants (ils reprennent même les enfants qui quémandent stylos ou dinars...).

Bien que l’architecture soit pauvre, plusieurs maisons présentent des façades et des encadrements de portes aux jolis dessins abstraits berbères en petite brique beige, une spécialité locale.

Un beau mur au décor de brique traditionnel à Nefta
Un beau mur au décor de brique traditionnel à Nefta

Autres murs de brique ouvragés de Nefta
Autres murs de brique ouvragés de Nefta

Après quelques courses et l’achat de timbres pour nos cartes postales, nous montons jeter un coup d’œil à la Corbeille, en fait un vallon rempli de palmiers entouré de remparts et de quelques marabouts tout blancs qui constituaient le cœur de la ville autrefois. Original mais pas vraiment exceptionnel.

La Corbeille, oasis de Nefta
La Corbeille, oasis de Nefta

Paysage desséché typique du Chott El Jerid
Paysage desséché typique du Chott El Jerid
Jugeant avoir épuisé l’intérêt présenté par Nefta, nous reprenons la direction de Tozeur en longeant à nouveau le Chott El Jerid, traversons sans nous arrêter la ville déjà aperçue hier puis les bourgades pittoresques de Degache et de Kriz avant d’emprunter la grande route toute droite. Elle traverse sur un remblai l’étendue désolée du Grand Chott El Jerid, 90 km où la végétation ne tarde pas à disparaître. Au nord dans le lointain, les pentes violacées et les crêtes acérées des Jbel Morra et El Asker (608 m), au sud l’étendue plate de sable humide puis blanchi par le sel où des mirages ondulent et vibrent sous le soleil presque vertical de midi. Le « feeling » du désert commence à s’imposer, pas un arbre ni un pouce d’ombre pour déjeuner.

Nous pique-niquons à mi-parcours, sur la berme entre les deux étendues désolées. Puis nous retrouvons quelques oasis (Bechri, Telmine, etc.) où un petit tour montre des jardins humides et verdoyants sous les palmiers, mais aussi des ruelles et des maisons sales à demi construites, entourées d’ordures ménagères et de matériaux de construction quasi à l’abandon. L’odeur provenant des égouts stagnants à ciel ouvert est à certains moments pestilentielle. Georges,
                Danielle et Jean-Paul dans l'oasis de Telmine
Georges, Danielle et Jean-Paul dans l'oasis de Telmine

Palmiers sur fond de ciel bleu
Palmiers sur fond de ciel bleu

Vu
        en traversant Telmine
Vu en traversant Telmine

Palmiers sur fond de ciel bleu
Image du Sud en allant vers El Fouar
A partir de Kébéli la route file entre des barrières de branches de palmiers servant à retenir le sable des dunes qui font leur apparition. Le vent du nord-est, qui ne nous a pas quittés et maintient une certaine fraîcheur (maximum 20 °C), souffle en travers de la route des voiles de poussière blanche formant une traîne ondoyante derrière la Land Rover qui nous précède. Inutile de dire comment cette poudre fine comme de la farine s’insinue partout, quelque précaution qu’on prenne...

Nous passons ainsi les oasis de Blidet puis de Nouail, empruntons une excellente route asphaltée non indiquée sur la carte pour enfin atteindre El Faouar, l’oasis la plus méridionale de notre présent itinéraire, où nous cherchons bivouac. Nous nous ensablons à nouveau deux fois en suivant Georges  qui nous entraîne sur des chemins sableux avec passages de « fechte » (sable très fin, léger et mou apporté par le vent).
Deux Land-Rover sur la dune...
Deux Land-Rover sur la dune...

Nous finissons par nous installer dans une « clairière » isolée dans la steppe, à l’écart de la palmeraie. Les côtelettes de mouton achetées ce matin dans la boucherie berbère de Nefta grillent sur un petit feu allumé dans le sable...

Jeunes filles berbères en costume de fête
Jeunes filles berbères en costume de fête

Chameau sur
        la dune
Chameau sur la dune

Souper communautaire sympathique et coucher à 21:10 dans le plus profond silence et la fraîcheur, une fois le soleil disparu. Soleil
                couchant sur les dunes
Soleil couchant sur les dunes


Mardi 4 mars 1997 : d’EL FAOUAR à MATMATA (252 km)

Marabout dans les
                dunes d'El Faouar
Marabout dans les dunes d'El Faouar
Parcours long et difficile aujourd’hui. Nous quittons notre bivouac d’El Faouahr sans trop de difficulté, après que Georges, comme prévu, m’ait sorti du chemin vraiment trop sableux où il nous avait entraînés.

Campement au pied de la dune sous les palmiers
Campement au pied de la dune sous les palmiers
Palmiers pied dans le sable
Palmiers pied dans le sable

Palmiers au bord du désert
Palmiers au bord du désert
La route file rapidement en bordure de dunes fixées par des plantations et des haies de branches de palmiers jusqu’à Douz.

Spectacle bizarre en passant près de Zaafrane : un troupeau de chameaux assailli par des touristes amenés en autobus et en 4 x 4, déguisés avec chèche bleu vif et djellaba rayée noire et blanche, tirés par des palefreniers placides qui les escortent vers une dune hérissée de quelques palmiers déplumés... Caravane pour touristes...
Caravane pour touristes...

Chameaux
      attendant le touriste
Chameaux - et chameliers - attendant le touriste

Jean-Paul se laissera-t-il tenter ?...
Jean-Paul se laissera-t-il tenter ?...

Arrivés à Douz, nous parcourons quelques rues pauvres mais très vivantes de la petite ville, attentifs aux scènes de la vie quotidienne animée par les boutiquiers, les artisans, les enfants et les badauds qui discutent en jouant aux dominos sur le sol ou à la terrasse des cafés. Devant
                la porte du cimetière de Douz
Devant la porte du cimetière de Douz

Marché à Douz
Marché à Douz
Marché à
                Douz

Chien
                doughi et son maître
Chien doughi et son maître
À 11:30, nous prenons la grande route vers Matmata à travers le désert semé d’arbustes desséchés. Au bout de 10 km, arrêt sur une piste transversale pour une bonne balade à pied dans le sable. Nous découvrons un peu à l’écart un petit campement berbère - tente brune, enfants souriants et aimables - et des traces de la vie animalière encore très dense : chameaux, gerboises, insectes...

A la fin du déjeuner pris en plein soleil, je constate par hasard que nous avons perdu le tuyau d’évacuation et la vanne fermant le réservoir d’eaux grises qui s’écoulent maintenant directement sur le sol. Nous décidons de retourner le chercher sur le bivouac d’El Fouahr où il a un probablement été arraché lors de nos manœuvres d’hier soir. Georges et Danièle nous précéderont sur la route de Matmata et nous attendront jusqu’à 16:00 à un point convenu d’avance. Nous revenons très rapidement sur nos pas (50 km) en scrutant vainement le bord de la route jusqu’à ce que, arrivés sur les lieux du campement, nous retrouvions presque aussitôt les pièces - impossibles à remplacer ici mais essentielles à notre plomberie - enfouies dans le sable très fin où nous nous étions enfoncés. . Océan de dunes à
                perte de vue...
Océan de dunes à perte de vue...

Retour à Douz puis train rapide sur la route de Matmata jusqu’à ce que, après une trentaine de kilomètres, celle-ci perde brusquement son revêtement d’asphalte

Deuxième crevaison entre Douz et Matmata...
Deuxième crevaison entre Douz et Matmata...
Au même instant, crevaison ! Il semble qu’une des roues arrière - sur lesquelles j’avais fait monter les pneus avant usés lors du premier incident similaire près de Soliman, au premier jour de notre périple - soit passée sur une tige de fer à béton plantée dans le sol comme balise pour la route en construction. Résultat : une autre semelle déchiquetée ! Le remplacement par la roue de secours s’avère beaucoup plus rapide cette fois-ci, nous commençons à connaître la manœuvre...

La route non revêtue se poursuit dans un large cadre désertique. Le sable rouge forme un joli contraste avec les touffes d’arbustes verts mais il envahit aussi de plus en plus la piste, tant et si bien que dans un creux particulièrement rempli de fechte nous nous ensablons jusqu’à mi-roue. Pas de dégâts, mais cette fois nos compagnons (et anges gardiens) en Land Rover ne sont pas là pour nous tirer d’affaire ! Encouragés par deux autochtones en Peugeot qui nous suivent, nous dégageons un peu les roues, je sonde le terrain qui s’améliore 50 m plus loin et, me souvenant soudain d’un conseil de Georges, dégonfle largement les pneus des roues motrices. Démarrage en douceur en 1ère... ça passe ! Méharée
                du soir aperçue en allant vers Matmata
Méharée du soir aperçue en allant vers Matmata

La piste quelque peu bosselée et extrêmement poussiéreuse se poursuit encore quelques kilomètres jusqu’à ce que nous rejoignions nos amis qui nous félicitent de cette première épreuve saharienne passée avec succès... Nous nous séparons une autre fois, eux prenant vers le sud une autre piste difficile jusqu’à Ksar Guilane, tandis que nous poursuivons la route maintenant de nouveau asphaltée jusqu’à Matmata où nous ferons réparer notre pneu et les attendrons jusqu’à demain midi.

Malheureusement les choses se gâtent encore pour nous puisque, après quelques autres kilomètres de belle route, nous retombons sur le chantier de construction avec force détours bricolés hors piste et passages dans des lits d’oued puisque les ponceaux sont en construction. Puis nous nous retrouvons carrément sur l’ancienne piste de montagne, raide et rocailleuse, où les kilomètres se parcourent au pas, en 1ère et en 2ème, entre les trous, les bosses, les ornières et les épingles à cheveux... Monique est très inquiète, surtout en l’absence de roue de secours. Pourtant le paysage est fort beau car les pentes deviennent beaucoup plus accusées, les vallons retrouvent quelques arbres, des troupeaux de chèvres disparaissent bientôt dans l’ombre portée par le soleil couchant.

Village du Grand Sud
Village du Grand Sud
Tamezret
                  dans la montagne
Tamezret dans la montagne

Pause à Tamezret
Pause à Tamezret
A notre train de sénateur, secoués et empoussiérés, nous finissons par atteindre le village perché de Tamezret. Manifestement les enfants ébahis qui viennent vers nous n’ont jamais vu de camping-car sur cette route ! Quelques vues de vastes paysages de petite montagne, puis nous redescendons rapidement la douzaine de kilomètres mal asphaltés qui nous amènent à notre étape, Matmata.

Les maisons de ce joli village sont dispersées sur des buttes et des vallons dans une large vallée. Vite nous trouvons l’un des trois ateliers mécaniques de l’endroit où, avec les moyens techniques du bord (extracteur de jante du début du siècle...) je fais enlever le pneu détruit et replacer sur la jante le dernier pneu avant usé heureusement gardé en réserve. Puis nous retournons en peu en arrière sur le grand stationnement d’un hôtel qui accueille une flopée de 4 x 4. J’y replace le tuyau d’évacuation récupéré ce matin, nous soupons rapidement et nous couchons aussitôt, épuisés. Matmata
Matmata


Mercredi 5 mars 1997 : de MATMATA à TATAOUINE (156 km)
Matmata centre ville...
Matmata centre ville...
Nuit tranquille sur le stationnement de l’hôtel, d’autant plus qu’il ne circule presque plus personne sur la route de Tamezret passé 20:00. Libre de toute coordination avec nos compagnons de voyage, nous paressons un peu au lit pour nous lever vers 8:00 sous un ciel parfaitement bleu. Décidément, c’est maintenant une habitude ! Après douche et déjeuner, nous faisons le plein d’eau et débarrassons un peu l’extérieur de l’Aigle de la couche de poussière qui couvre sa carrosserie et s’est accumulée dans tous ses reliefs. Il est presque 10:00 lorsque nous allons stationner au centre du village, devant le Syndicat d’Initiative comme convenu avec Georges et Danièle.

Puis nous nous lançons dans une grande balade au milieu des maisons dispersées entre des petits champs fraîchement labourés et ombragés de palmiers. Matmata centre
                ville...
Matmata centre ville...

Réminiscence de Stars War... dont plusieurs scènes
                furent tournées ici
Réminiscence de Star War... dont plusieurs scènes furent tournées ici
Première visite : l’hôtel troglodyte auquel on accède par un tunnel et quelques marches qui nous font descendre dans un large puits circulaire sur lequel donnent les chambres ou les salles à manger. D’autres corridors souterrains creusés dans le sable rouge très meuble donnent accès à d’autres puits où se trouvent d’autres chambres et d’autres pièces. L’ensemble forme un véritable labyrinthe dont la température demeure constante, été comme hiver. Toutes les surfaces blanchies à la chaux donnent un grand sentiment de netteté et on n’a nullement l’impression de se trouver sous la terre nue mais plutôt dans de confortables salles voûtées.

La cour centrale de l'hôtel troglodyte de Matmata
La cour centrale de l'hôtel troglodyte de Matmata

Jean-Paul au dessus d'une "ferme" troglodytes de
        Matmata
Jean-Paul au dessus d'une "ferme" troglodytes de Matmata

Cour de
                maison troglodyte transformée en musée...
Cour de maison troglodyte transformée en musée...
La suite de notre promenade dans la vaste zone construite nous fait découvrir d’autres habitations troglodytes, dont plusieurs sont encore habitées et dont nous approchons avec précautions : autour de la cour centrale avec puits et silos à céréales de paille tressée en forme de grosses amphores, se distribuent les logements des humains et des animaux, tandis que les greniers occupent un deuxième étage. Ces « trous » se trouvent près d’une déclivité au flanc de laquelle on découvre la porte cochère donnant accès au tunnel aboutissant à la cour.

Famille dans une cour troglodyte
Famille dans une cour troglodyte
Récipient à grain dans la cour de la maison
                  troglodyte
Récipient à grain dans la cour de la maison troglodyte

Marabouts à Matmata
Marabouts à Matmata
Au-dessus du niveau du sol, très belles vues sur les montagnes assez accidentées et, plus bas, sur des pentes terreuses très ravinées sur lesquelles joue la lumière. Tout autour de nous, des champs minuscules où paissent toutes sortes d’animaux : chèvres avec leurs chevreaux, âne, vieux dromadaire paresseux, moutons, poules,... à l’ombre de quelques palmiers épars avec, par-ci par-là, des petites maisons carrées plus récentes entièrement fermées sur l’extérieur et quelques coupoles blanches de marabouts. Bref un fort joli cadre qui servit d’ailleurs de décor à plusieurs scènes de « Star War ».

Il est presque 13:00 lorsque nous retrouvons notre Aigle. Stationnant sous l’ombre rare d’un palmier, nous déjeunons puis Monique va téléphoner à Juliette. Pendant ce temps, je répare les contacts de l’allume-cigares et le porte fusible qui a fondu hier lorsque nous avons branché le compresseur de Georges pour regonfler les pneus après notre ensablement...

Nous voici prêts à repartir et choisissons pour cela la route de montagne, très pittoresque avec ses magnifiques points de vue sur la plaine loin au-dessous de nous et la mer à l’horizon. L’asphalte disparaît bientôt et nous circulons au pas sur une piste caillouteuse dont le tracé très accidenté nous réserve d’autre vues magnifiques sur toute la région. Nous finissons par atteindre Toujane, un pauvre village pittoresque aux maisons couleur de terre empilées et accrochées à la pente. Nous y retrouvons une petite route goudronnée qui nous emmène vers Matameur, mais nous ratons la piste - non indiquée - qui nous aurait évité un très long détour jusqu’à Mareth. La route goudronnée est excellente quoique non tracée sur les cartes et, zigzaguant entre les cultures de la plaine, ne présente guère d’intérêt. Nous rattrapons alors la grande P 1 qui nous emmène en 40 km rapides à Medenine, une grande ville où nous faisons le plein d’essence et de pain.

Le soleil se couche lorsque nous continuons vers Tataouine par une autre excellente route qui nous fait parcourir les 50 derniers kilomètres nous séparant de notre deuxième rendez-vous avec les Gilbert. Ils nous attendent sur la place centrale comme prévu, après une dure journée de pistes dans le sud, le bris d’un amortisseur et quelques sueurs froides sur des passages en escalier. Après avoir trouvé un bivouac passable devant un grand lycée tout neuf dominant la grande route à l’entrée de la ville, nous planifions l’itinéraire des deux prochains jours en rassemblant nos informations parcellaires sur l’état des routes, soupons rapidement et nous sommes couchés à 21:20.




10. La TUNISIE : de TATAOUINE à GABÈS


Jeudi 6 mars 1997 : de TATAOUINE à GUERMESSA (111 km)

Le marché de
              Tataouine
Le marché de Tataouine
Peu de kilomètres aujourd’hui, mais une journée quand même bien remplie. Nous nous levons tôt pour éviter d’être dérangés par les jeunes arrivant au lycée, si bien qu’à 8:00 nous sommes dans le centre de Tataouine où se déroule le marché du jeudi. Spectacle haut en couleurs bien sûr puisque places et rues sont envahies par une foule de paysans venus de toute la région pour vendre leurs légumes et faire leurs emplettes auprès des quincailliers et autres marchands de pacotilles. 

Bruit, discussions, marchandages, querelles, va-et-vient, costumes variés et couleurs vives donnent une vie intense aux scènes que je tente de saisir à la vidéo.
Les légumes frais du marché de Tataioune
Les légumes frais du marché de Tataioune

Joueurs d'osselets sous les galeries
Joueurs d'osselets sous les galeries
Monique fouine sous les mêmes galeries
Monique fouine sous une autre galeries

Le marchand de vanneries
Le marchand de vanneries
Les plastiques multicolores de l'Afrique
Les plastiques multicolores de l'Afrique

Porte décorée de
                motifs berbères
Porte décorée de motifs berbères
Nous achetons nous-mêmes une cassette de musique populaire actuelle pour Juliette, un collier de serrage pour mon tuyau d’eau grises qui fuit et dégottons un nettoyeur qui me détachera mon jean tout souillé de goudron lors du changement de roue d’avant-hier. 

Saturés de sons et de couleurs, nous prenons la route pour deux balades dans les environs de Tataouine. Elles nous feront découvrir des ksars, sorte de greniers à céréales dont les chambres voûtées sont empilées sur des pitons rocheux et entourées par un rempart. Les paysans y plaçaient autrefois leurs récoltes pour les protéger des pillards touaregs qui rappliquaient du sud pour les razzier. Ksar de
              Metameur : l'enclos des Ghorfas au pied de la mosquée
Ksar de Metameur : l'enclos des Ghorfas au pied de la mosquée

Au pays
                des ksars, en allant vers Ksar Ouled Soltane
Au pays des ksars, en allant de Tataouine vers Ksar Ouled Soltane
Au bout d’une vingtaine de kilomètres dans des paysages désertiques d’une sauvage beauté, grimpée sur la colline de Ksar Ouled Soltane où, près du cœur du village moderne, nous découvrons notre premier ksar.

Celui-ci, presque entièrement restauré, montre une architecture irrégulière tout à fait particulière : de multiples cellules donnent sur une grande cour à peu près carrée, les voûtes fermées par une petite porte en façade sont empilées les unes au-dessus des autres sur 2, 3 et parfois 4 étages, accessibles seulement par des escaliers en terre très raides ou par des échelles.  Murs de pierre brute crépie, bâtisses utilitaires maintenant abandonnées d’une totale originalité.

Monique dans le ksar de Ksar Ouled Soltane
Monique dans le ksar de Ksar Ouled Soltane

Danièle grimpe dans un grenier de Ksar Ouled Soltane
Danièle grimpe dans un grenier de Ksar Ouled Soltane

Engrangement de la récolte dans le ksar
Engrangement de la récolte dans le ksar
La moisson
                a été bonne !
La moisson a été bonne !

Une autre vingtaine de kilomètres nous fait parcourir de larges vallées de terre ocre semi désertiques où ne poussent que quelques arbres : palmiers et oliviers dispersés sur des pentes immenses parsemées de petites touffes d’arbustes vert sombre.  Retour au village
Retour au village

Nous grimpons alors sur une autre colline à Ksar Ouled Djebbab. Cette fois le ksar est beaucoup plus vaste, tout en longueur mais il est resté en ruines. Même sentiment d’étrangeté... Nous déjeunons sur l’esplanade devant la porte, en face du vaste paysage.

Ksar Ouled
      Djebbab
Ksar Ouled Djebbab

Ksar
Ksar abandonné

Jean-Paul
                dans le minaret de Douret
Jean-Paul dans le minaret de Douret
Le même genre de route se poursuit vers Douret où, dans un site à peu près désert, une jolie mosquée toute blanche veille sur un village fantôme lui aussi dominé par un piton couvert de greniers en ruines : des ghorfas. Grimpée jusqu’à la mosquée - désaffectée donc accessible - puis en haut du minaret d’où la vue s’étend, superbe, sur les pentes et les montagnes désertes alentours. Petit tour sous les voûtes des anciennes maisons dont plusieurs pièces s’enfoncent dans le rocher, soutenues par de grossiers piliers circulaires.

L'engrangement de la moisson dans un ghorfa
L'engrangement de la moisson dans un ghorfa
Après le travail, une partie de jeu d'osselets au
                pied des ghorfas
Après le travail, une partie de jeu d'osselets au pied des ghorfas

En redescendant nous empruntons une piste caillouteuse mais assez bonne qui se termine par une route en construction vers Chenini. Beaux paysages de montagnes puis de collines très vallonnées, désertes jusqu’à rattraper la vallée aboutissant à Chenini.

Gorfa
                dans la cour du ksar
Gorfa dans la cour du ksar
Femmes au labour
Femmes au labour
Le site est magnifique, les maisons étant creusées au flanc d’une colline en amphithéâtre et dominées par le ksar abandonné et en ruines qui occupe la crête. Bonne marche pour contempler le site dans toute son ampleur depuis la mosquée à mi-pente, puis descente à travers les très pauvres maisons à demi troglodytes. Quelques gamins réclament caramels et stylos, un jeune s’entête à vouloir nous guider vers la mosquée souterraine qui ne nous attire guère, le panorama sur les montagnes et la plaine au nord nous semblant beaucoup plus intéressant... Chenini : la colline
              et la mosquée
Chenini : la colline et la mosquée

Chenini : la mosquée
      blanche
Chenini : la mosquée blanche

Chennini : ruines sur la colline
Ruines sur la colline

Chenini : la mosquée sur la crête
Chenini : la mosquée des Sept Dormants sur la crête

Village perché de Chenini
        et sa mosquée
Village perché de Chenini et sa mosquée

Ruines de Chenini sur
              le piton
Ruines de Chenini sur le piton

Au moment de repartir, Monique décide Georges à emprunter une autre piste pour rallier directement Guermessa dont le Routard dit beaucoup de bien. Paysages agréables le long de la piste - 12 km - que nous devons faire au pas (10 à 15 km/h) tant elle est caillouteuse. Lorsque nous arrivons au village moderne, le soleil se couche, aussi décidons-nous de bivouaquer au pied du piton sur lequel se trouvent les restes du village ancien et ses ghorfas. Soirée paisible, dans un calme absolu qui nous change du bruit de la route hier soir.


Vendredi 7 mars 1997 : de GUERMESSA à ZARZIS (180 km)
À notre réveil le ciel est légèrement brumeux après une nuit ultra silencieuse. Depuis notre bivouac sur la steppe couvrant le pied de la montagne, nous gagnons à pied le chemin muletier pavé à la romaine dont les épingles à cheveux gravissent la forte pente. La terre et les rochers hurlent leur ocre rouge sous les chauds rayons du soleil du petit matin. Nous atteignons rapidement les premières ruines des maisons et des ghorfas alignées au pied de la crête et tout le long de la base des deux pitons. Le sentier ancien contourne le premier dont les gros blocs rouges usés s’entassent au-dessus de nos têtes tandis que se déploie alentour un vaste panorama sur la plaine désertique limitée par la ligne déchiquetée des montagnes à l’horizon.
En
                  montant vers les ruines de Guermessa
En montant vers les ruines de Guermessa

Site de
                  Guermessa
Site de Guermessa
De chaque côté de la crête reliant les deux pitons, des rangées de murs de pierre croulants témoignent de l’importance de l’agglomération du temps où il y avait encore assez d’eau pour couvrir de céréales et d’oliviers les terres en contrebas dans la plaine. Maintenant il ne reste plus ici qu’une poignée d’habitants dans les quelques maisons encore entretenues, et encore ont-elles un aspect très pauvre comme hier à Chenini. Plusieurs habitations à demi troglodytes semblent avoir servi d’abri pour le bétail avant d’avoir été définitivement abandonnées. Ruines un peu nostalgiques, paysage grandiose, vraiment cette balade valait le déplacement et l’escalade !

Nous retournons alors à Tataouine par une bonne route rapide qui traverse la steppe - habitat dispersé, touffes de palmiers et vieux oliviers épars. Notre linge est prêt à la teinturerie où j’avais laissé mon jean à détacher ; nous profitons du marché pour acheter de l’excellent pain rond berbère tout chaud avant de reprendre la route vers Ghomrassen dans un paysage fort semblable à celui que nous venons de parcourir. En plein centre de la petite ville, le marché bat son plein, coloré et animé comme à l’accoutumée. Nous y achetons quelques légumes et des beignets, spécialités locales, mais renonçons ensuite à escalader en plein soleil de midi la falaise dominant la bourgade d’où, paraît-il, la vue est pittoresque.
La route ensuite vers le nord jusqu’à Ksar Hadada est goudronnée, donc bonne, sans être spectaculaire : steppe en territoire vallonné. La curiosité locale se trouve être, au pied de la grande et riche mosquée toute rénovée, le ksar partiellement restauré et transformé en hôtel. Nous flânons un moment dans ses ruelles, un peu aveuglé par la blancheur des murs passés à la chaux mais goûtant aussi la fraîcheur des voûtes et le bon goût avec lequel l’architecte - français - a su mettre en valeur les formes arrondies des murs adoucis par les épaisses couches de chaux. Café - turc bien sûr - pour faire passer les lourdes pâtisseries avalées à Ghomrassen (Monique en aura des relents durant toute la fin de l’après-midi...).
Ksar
                  Hadada transformé en hôtel
Ksar Hadada transformé en hôtel

Puis nous nous engageons sur une bonne route non revêtue qui s’enfonce dans le beau paysage mouvementé et sauvage. Hélas, elle se transforme bientôt en une horrible piste caillouteuse, cahoteuse, avec de grands passages où affleure le rocher inégal. Il faut alors rouler au pas, choisir soigneusement où poser les roues, passer de véritables marches de 10 à 15 cm de haut en 1ère, pied sur le frein... Monique stressée ne cesse ses « Doucement ! Doucement ! ! » tandis que je scrute attentivement le chemin, cramponné au volant qui tente sans cesse de m’échapper. Le paysage offre plusieurs points de vue superbes mais nous ne pouvons guère y porter les yeux, vu les conditions de conduite. Après 20 km qui prennent une heure et demie, sans rien casser mais jurant que c’est là notre dernière piste tunisienne, nous entrons dans le village de Beni Kheddaghe.

Le ksar en ruine de
          Jouamâa sur sa colline
Le ksar en ruine de Jouamâa sur sa colline

Rien de bien particulier sur place, mais 5 km plus loin sur la route de Medenine se profile sur une crête le ksar ruiné de Jouamâa. Renonçant à engager nos véhicules assez malmenés comme ça sur la piste menant à sa porte, nous grimpons à pied et flânons une bonne demi-heure dans ce qui sera notre dernier ksar pour cette fois.

Ksar-Jouamaa
Ksar Jouamaa
Comme dans les autres déjà visités, les voûtes s'alignent de chaque côté de la ligne de crête mais l'architecture est plus simple, avec un seul niveau de ghorfas disposées côte à côte. Ici aussi le paysage alentours est grandiose, la vue portant loin dans la plaine jusqu’aux montagnes que nous avons parcourues si lentement tout à l’heure. Il est 16:00, le soleil commence à descendre. En revenant vers nos voitures nous croisons des femmes en costume rutilant qui viennent chercher de l’eau dans une citerne et repartent lourdement chargées, le bidon de 20 litres en plastique sur le dos. Spectacle qui se répète tout le long de la route de plaine menant à Medenine : beaucoup de puits, de citernes, mais pas de robinets ni d’adduction d’eau courante dans cette région qui semble très sèche. 

Ksar-Jouamaa
Ksar Jouamâa : les ghorfas abandonnés


Après le plein d’eau et d’essence à la station service de Medenine, nous filons sur la grande route qui nous semble maintenant très rapide jusqu’à Zarzis, en traversant des olivaies de plus en plus nombreuses. Odeur d’olives crues dans l’air, lignes d’oliviers très espacés (30 m) le long de la route. Arrivant dans la nuit tombante à Zarzis, nous traversons la ville et allons bivouaquer sur la plage et sous les palmiers de Ksar Essaouia, devant une mer d’huile qui nous semble étrangement plate après toutes ces montagnes.


Samedi 8 mars 1997 : de ZARZIS à SIDI MAHARÈS (Île de DJERBA) (121 km)

Nuit calme sur notre grande plage déserte sous les palmiers. Le temps superbe au réveil nous incite un peu au farniente. Georges et Danièle se sont sentis moins sécures en ces lieux plus fréquentés et nous avouent avoir eu le sommeil léger. Nous décidons de prendre un dernier repas ensemble puisque c’est ici que nos routes se séparent, les Gilbert poursuivant vers la frontière libyenne où ils doivent retrouver leurs compagnons de raid dès demain, tandis que nous reprendrons la route du nord après un bref détour par Djerba l’enchanteresse.
Auparavant nous gagnons le « centre ville » pour un grand et long nettoyage au Kärscher dans une station service. Décrassage
                de l'Aigle à Zarzis
Décrassage de l'Aigle à Zarzis

L'équipe
        du garage
L'équipe du garage

Je peux alors coller sur une carrosserie pimpante le petit drapeau rouge et blanc de la Tunisie trouvé en passant au bureau de tabac.

L'âne fait le plein à la pompe...
L'âne fait le plein à la pompe...

Il est passé midi lorsque nous retrouvons les Gilbert sur la plage. Déjeuner léger arrosé de notre bouteille de champagne mise au frais pour l’occasion.
Champagne sur la plage de Zarzis
Champagne sur la plage de Zarzis

Adieu
                à nos compagnons de route Danièle et Georges
Adieu à nos compagnons de route Danièle et Georges
...échange d’adresses et de bons vœux pour la suite du voyage,

...photos souvenirs devant nos véhicules, nous les laissons à leurs derniers préparatifs et prenons la direction de Djerba par la côte.
Les voyageurs et leur monture...
Les voyageurs et leur monture...

Jean-Paul et Monique sur la plage de Zarzis
Jean-Paul et Monique sur la plage de Zarzis
Pêcheur à Djerba
Pêcheur à Djerba

Le paysage
                  plat et habité de Djerba
Le paysage plat et habité de Djerba
Beaucoup d’olivaies mais guère de points de vue, étant donné la manque de relief du rivage et de l’île que nous apercevons bientôt. Une brève lecture du Guide explique la construction de la chaussée romaine dont nous traversons les 7 km au ras de l’eau en suivant la gros conduite d’acier qui apporte son eau à l’île.

Nous ne tardons pas à tomber sur des grands hôtels qui se succèdent, immenses, et dont les masses blanches montrent une certaine recherche architecturale. Mais ils sont vraiment trop nombreux et envahissent un paysage par ailleurs assez monotone et plat.
Palmiers sur la plage à Djerba
Palmiers sur la plage à Djerba

Plage, voilier et palmiers... Djerba, l'île des
                  vacances !
Plage, voilier et palmiers... Djerba, l'île des vacances !
Nous nous arrêtons sur un terrain vague au bord de la mer d’un superbe bleu vert émeraude, à deux pas du camping d’Aghir, pour prendre le soleil et entreprendre le nettoyage intérieur de l’Aigle. Chiffons et éponges humides enlèvent le plus gros mais la poussière incrustée dans les moindres recoins au fond des coffres, de la soute, etc. requerra d’autres moyens pour disparaître...

A partir d’El Kantara nous longeons la côte est. Sur la terre assez aride sont dispersées, entre palmiers et oliviers, des petites fermes (menzels) isolées. Leurs bâtiments clos et aveugles vers l’extérieur entourent une cour carrée, un dôme hémisphérique couvre la maison d’habitation toute blanche...
Menzel et son puits
Menzel et son puits

Village de menzels sous les palmiers
Village de menzels sous les palmiers

Petite mosquée fortifiée
Petite mosquée fortifiée

Midoun et ses taxis du pauvre, à la poursuite
                  d'un touriste acheteur de tapis...
Midoun et ses taxis du pauvre, à la poursuite d'un touriste acheteur de tapis...
Lorsque le soleil commence à descendre, nous repartons sur la route qui fait le tour de l’île, passons la grande plage de la Seguia puis le Rass Taguemess et son phare. Paysage un peu répétitif ensuite. Un détour vers l’intérieur nous fait voir à quoi ressemble la bourgade de Midoun. Ses petites mosquées fortifiées entourant leur minaret carré ont gardé leur pittoresque, mais les rues et le marché sont devenus essentiellement un souk à touriste où les marchands accrocheurs nous abordent les uns après les autres : « Juste pour le plaisir des yeux... », « Beau, bon, pas cher... ».

Si Monique prend le temps de regarder quelques bijoux, je me lasse vite de cette ambiance purement mercantile et suis heureux de reprendre la route vers la mer où nous voulons bivouaquer. Mais nous ratons la route qui nous mènerait directement à la plage de Sidi Maharès et devons faire un long détour par Houmt Souk. Retour rapide jusqu’à cette plage où nous soupons et nous apprêtons à nous installer pour la nuit, lorsqu’un importun en Mercedes blanche s’avise de venir stationner tout contre nous. Nous nous déplaçons, il nous suit... Après la répétition de ce petit manège, embêtés et un peu insécures, nous finissons par demander asile à un grand hôtel dont le directeur consent à ce que nous stationnons pour la nuit derrière sa barrière et sous l’œil de son gardien. Coucher rassurés à 21:30, un peu déçus par cette île à grande réputation qui présente jusqu’à maintenant peu d’atouts en dehors de sa température très douce et de sa mer d’émeraude.

Dimanche 9 mars 1997 : de SIDI MAHARÈS à GABÈS(170 km)

Monique devant le Borj el Kebir
Monique devant le Borj Ghazi Mustapha
Rassurés par notre environnement protégé, nous dormons fort bien jusqu’au réveil à 7:15 lorsque nous sortons sur le parking devant l’hôtel. Nous suivons ensuite la route côtière jusqu’à Houmt Souk. C'est pour y voir d’abord le Bordj Ghazi Mustapha, un ancien fort arabe du XVème assez bien restauré qui garde le petit port : beaux remparts massifs de pierre blanche, contreforts et porte fortifiée à l’ombre d’un palmier.

Puis nous gagnons le centre de la ville et ses souks. Le racolage des marchands dans la section destinée aux touristes, encore plus agressif qu’hier soir, nous fait tourner les talons et nous réfugier dans le souk aux légumes beaucoup plus authentique.
Place avec arcades à Houmsouk
Place avec arcades à Houmsouk

Nous y faisons provision d’olives, d’huile d’olive, de fromage de brebis et de confiture dont notre stock touche à sa fin. Une petite balade au hasard des ruelles et des charmantes placettes entourées de cafés et de restaurants - avec au centre une grande pergola bleue garnie de bougainvilliers écarlates - nous fait découvrir un vieux fondouk (entrepôt caravansérail) en son état original où travaillent quelques tisseurs de tapis.

Marché aux épices d'Houmsouk
Marché aux épices d'Houmsouk
Le beau
                fondouk de Houmsouk
Le beau fondouk de Houmsouk

Plusieurs autres alentours, restaurés et transformés en hôtel, montrent une vaste cour intérieure avec arcades à deux étages, des cellules aux nombreuses portes, une citerne et un puits au centre... Coup d’œil sur de jolies céramiques que Monique marchanderait peut- être si le vendeur n’était aussi insistant...
Monique près du puits d'un autre fondouk
                  transformé en hôtel
Monique près du puits d'un autre fondouk transformé en hôtel

Nef de la
                synagogue Graiba à Er Riadh
Nef de la synagogue Graiba à Er Riadh
Nous reprenons alors la route de l’intérieur pour aller contempler la synagogue de la Graiba à Er Riadh. L’extérieur du bâtiment est quelconque (cube blanc aux fenêtres bleues) mais de superbes décorations de mosaïques et de céramiques recouvrent ses murs intérieurs tandis que son plafond de bois est entièrement et finement peint. Ambiance feutrée et mystérieuse due aux vitraux de couleur, aux accessoires du culte judaïque et aux lampes à huile dont la flamme danse un peu partout.

Vieux lettré pieux dans la Graiba
Vieux lettré pieux dans la Graiba
Dans
                  la Graiba
Dans la Graiba

Sur la route ensuite nous apercevons quelques jolies petites mosquées aux formes simples mais affirmée et typique de Djerba : minaret carré avec lanternon, salles recouvertes de petits dômes, enclos carré et portes de couleur... Nous décidons d’aller déjeuner au Boy Jillij, à la pointe nord ouest de l’île derrière l’aéroport.

Plage
                  à touristes sur la côte Est de Djerba
Plage à touristes sur la côte Est de Djerba
Nous y découvrons un petit port de pêche charmant où quelques pêcheurs discutent et prennent le soleil avant qu’arrivent un groupe de jeunes filles en excursion ; environnement semi-désertique, mer bleu profond, barques de couleurs... assurément le plus joli cadre dont on puisse rêver pour une table de pique-nique !

Monique s’approche ensuite d’une petite maison de pêcheurs où toute une famille fête le dimanche après-midi en s’exerçant à la danse du ventre. Une ribambelle d’enfants l’invite à se joindre à eux ; elle participe à leurs jeux et les filme à leur grande joie. Puis elle sympathise et passe un bon moment à discuter avec les filles aînées (19, 18 et 17 ans).

Nous empruntons ensuite la piste côtière vers le sud pour en parcourir au pas les 20 km. Elle est en assez bon état et soulève très peu de poussière sur notre carrosserie fraîchement lavée... Paysage plat, désertique, quelques palmiers entourent des anses rocheuses et des petites plages solitaires. Seuls quelques pêcheurs taquinent le poisson ou quelques enfants ramassent des coquillages. C’est le plus beau, en tout cas le plus agréable coin de l’île, totalement épargné par « l’aménagement » touristique. Nous n’y rencontrons que deux promeneurs comme nous en scooter, flânant sur une plage, et quelques familles qui pique-niquent sous les eucalyptus au-dessus de l’eau.
L'Aigle sous les palmiers de la piste côtière
                  sud-ouest de Djerba
L'Aigle sous les palmiers de la piste côtière sud-ouest de Djerba

Olivaies près de Djerba, en allant vers Gabès
Olivaies près de Djerba, en allant vers Gabès
Tout au bout de la piste nous attend le bac d’Ajin. Courte attente, billet à 1,800 dinars, discussion bonhomme avec des garçons qui veulent nous vendre des chewing-gums (!) La côte de Djerba rapetisse bientôt derrière nous, nous revoilà sur le continent et sur la longue route de Mareth avec ses immenses champs d’oliviers puis ses grands espaces steppiques : buissons éparpillés sur le sable doucement ondulé, au loin la ligne dentelée et violacée du massif du Dahar parcouru au début de la semaine.

La grande route rapide rattrapée à Mareth nous emmène jusqu’à Gabès sous un ciel qui se couvre avec des rafales de plus en plus fortes. La grande ville nous semble moche, sale et n’offre guère d’intérêt. Après avoir tenté de trouver un bivouac près des grands hôtels dans le quartier de la plage et du port - accueil très désagréable - nous finissons par dégotter un camping dans le quartier de Bled (Petite Jara) « aménagé » sur le terrain de l’Auberge de jeunesse. Au moins ici nous aurons la paix et de l’eau à volonté. En revanche la proximité de trois mosquées nous assure un réveil dès potron-minet demain matin. Leurs haut-parleurs, appelant plein pot à la prière, ne font aucune discrimination entre les croyants et les infidèles...



11. Tunisie : de Gabès à Tunis (Le Bardo)

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