4. Centre de l'Italie :
TIVOLI, POMPEÏ et NAPLES
Dimanche 9 février 97 : de VITERBO à SAN AUGUSTEO (171 km)
Jardin de Tivoli : la
Villa d'Este depuis la Fontaine de l'Orgue
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Après avoir pénétré dans le cloître de l’Ancien couvent bénédictin où le cardinal Hippolyte d’Este se fit aménager une superbe demeure en 1550, nous descendons à travers les anciens appartements finement décorés : des fresques aux couleurs vives et fraîches et aux dessins sophistiqués couvrent entièrement murs et plafonds. On en ressort deux étages plus bas, sur un grand escalier à double volée donnant accès au merveilleux jardin qui m’était connu jusqu’ici uniquement par les références musicales de Liszt et Debussy... La masse sombre des cyprès semble d’abord cacher la totalité du vallon d’où parvient le bruissement de l’eau jaillissant et s’écoulant un peu partout. Puis se devine à droite le mouvement clair de la monumentale Fontaine de l’Orgue, et apparaît à nos pieds la Fontaine du Bicchierone, en forme de coquille. |
Nous nous dirigeons à gauche vers les grands effets à contre-jour de la Rometta dont les constructions en arbustes taillés et les massifs entremêlés de cascades et de jets d’eau évoquent plusieurs monuments de la Rome antique. | En descendant vers la Rometta |
Tivoli : la Rometta |
L’Allée aux Cents Fontaines offre
alors la suite de ses jets et éventails qui s’épanchent
dans l’ombre et sur la mousse pour mener à la Fontaine
de l’Ovato (l’Oeuf) à la fois théâtrale et paisible.
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Tivoli : Jean-Paul à l'entrée de l'Allée des Cents Fontaines |
Tivoli : Allée des Cents Fontaines |
Tivoli : Allée des Cents Fontaines |
Tivoli : Allée des Cents Fontaines
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Jardin de Tivoli :
Fontaine de l'Ovato
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Jardins de Tivoli : Fontaine de l'Orgue derrière celle de Neptune |
Jardin de Tivoli : la Fontaine de Neptune |
Plus spectaculaire sinon
plus noble, la grande Fontaine de l’Orgue en jette plein
la vue, jouant pleins jeux pour nous éblouir par la
variété d’effets que l’architecte a su tirer de
l’écoulement de ses eaux. Elle jaillit, ruisselle,
dégringole, cascade en escaliers dans une seule pièce
montée tonitruante qui emplit le vallon de ses éclats en
tutti.
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Monique devant la Fontaine de Neptune, l'Orgue en arrière |
Monique devant la Fontaine de Neptune |
Ravis de notre excursion dans ce maître jardin, peut être l’un des plus célèbres du monde, nous rejoignons l’Aigle pour redescendre dans la plaine et gagner la Villa d’Hadrien à une dizaine de kilomètres. |
Au milieu de ce grand champ de ruines, nous avons un peu de mal à nous retrouver, malgré le plan - imprécis et incomplet - du Guide Vert. |
Villa d'Hadrien :
colonnes corinthiennes de la Piazza d'Oro
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Villa d'Hadrien : le Théâtre d'eau |
Villa d'Hadrien : le Canope |
Villa d'Hadrien : le Canope avec ses caryatides |
Statue de Mars au bord du Canope |
Villa d'Hadrien : à l'une des extrémités du Canope, le serapeum (salle à manger) |
À l'autre extrémité du
Canope, la statue du fleuve Tigre
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Villa d'Hadrien : bassin avec cryptoportique |
Villa d'Hadrien : le temple de Venus |
Monastère de Monte-Cassino vu du ciel, sur la colline au-dessus de la ville |
Dès 8:30 nous sommes sur la route après une nuit sans problème. Il fait beau temps. La route est relativement rapide jusqu’à Frosinone où nous cherchons un atelier de pneus pour faire réparer notre crevaison. Effectivement une vis logée - depuis les travaux à Fareins ? - dans la semelle avant droite explique le dégonflage progressif du pneu. A 10:30, suite de la route longeant les montagnes jusqu’à Monte Cassino où nous arrivons à 12:15. Au bout des 8 longs lacets escaladant la pente abrupte, nous atteignons l’esplanade au pied des murs massifs du fameux monastère entièrement reconstruit après sa ruine lors de la bataille de 1944. Nous y déjeunons au grand soleil mais sans pouvoir profiter de la vue à nos pieds sur la ville et la vallée recouvertes par la brume. |
Courrier et vaisselle nous mènent jusqu’à 15:30, heure à laquelle l’abbaye est à nouveau ouverte à la visite. Derrière l’imposante et longue façade classique de marbre blanc, je passe le grand portail de pierre et traverse les trois grandes cours carrées toutes rénovées. |
Nef baroque de l'Abbatiale de Monte-Cassino |
Au cœur de la vaste bâtisse, j’atteins l’église au décor assez chargé : dorures, marqueteries de marbres polychromes, peintures... au moment des vêpres. On me fait signe de demeurer au fond de l’église près de la porte et on m’interdit de filmer. |
J’écourte donc ma visite et me borne à admirer le vaste panorama depuis la terrasse aux balustrades de marbre, d’autant plus que la reconstruction - impeccable - a laissé les murs trop neufs et sans vie. | Cloître du monastère de Monte-Cassino, dans le style de Bramante |
Mardi 11 février 1997 : POMPEÏ (2 km)
Plan de la cité de Pompeï intra muros; en
rose les zones non exhumées
Il permet en effet de découvrir en un seul jour tous les grands monuments publics (Temple d’Apollon, boutiques, Forum, Thermes, Théâtre et Odéon, Grande Palestre et Amphithéâtre au bout de la rue de l’Abondance, Thermes de Stabies...). | Vue générale de Pompeï au pied du Vesuvio : au premier plan le théâtre, l'odéon et la Via Stabiana |
L'Aurige devant le Temple d'Appolon |
L'Aurige à l'entrée du Temple d'Apollon, au fond le Vesuvio |
Rue de l'Abondance à Pompeï : Monique devant un passage pour piéton |
Depuis la rue, entrée d'une maison donnant sur l'impluvium avec, en arrière, le triclinium (bureau) |
Il nous fera voir aussi plusieurs superbes maisons patriciennes dispersées au milieu de demeures plus modestes ou enchâssées entre boutiques et échoppes d’artisans (boulangers, barbier, tavernier, etc.). Impossible de tout décrire, tant la ville est vaste, nombreuses sont les fresques ou autres restes architecturaux et complexe le dédale des murs dégagés jusqu’à mi-hauteur. | Jean-Paul au comptoir de la taverne |
« Prenez garde au chien ! » à l'entrée de la Maison du Poète Tragique |
Pompeï : impluvium d'une maison, au fond le péristyle |
Les rues ont gardé leur profil d’autrefois (centre dallé, côtés burinés par le passage des roues de chars, hauts trottoirs latéraux, passages surélevés pour les piétons...). Leur quadrillage bordé des façades des maisons restitue parfaitement la structure de la ville morte. Nous nous y promenons, attentifs à tout ce qui caractérisait la cité romaine (qui nous est devenue maintenant assez familière) et plus particulièrement aux détails qui donnent du relief à tel aspect de la vie quotidienne ou apportent du piquant à notre exploration. | Jean-Paul sur une rue du nord de la ville, au premier plan une fontaine publique |
Un lupanar a même été découvert dans un quartier probablement assez commerçant et fréquenté, à peu de distance du Forum. Les visiteurs se pressent dans les cubicules sombres où officiaient ces dames et dont les murs avaient été décorés de peintures érotiques frustres mais encore bien lisibles et le plus souvent très suggestives... | Peinture érotique dans le lupanar de Pompeï |
Le cirque de Pompeï |
Après l’étonnement devant cette quasi résurrection de la ville et l’immensité de l’espace dégagé, quelques regrets apparaissent : beaucoup de grilles devant des maisons particulièrement belles ou intéressantes restent closes, d’autres demeures sont très délabrées et se sont manifestement beaucoup abîmées depuis leur dégagement. De plus on a enlevé à peu près tout le mobilier, le statuaire ainsi que les plus belles fresques, sans pour autant placer les copies qui permettraient de rendre plus présents à l’imagination l’environnement dans lequel vivaient les habitants. |
Enfin, devant la répétition des murs ruinés, certes très lisibles et suggestifs mais vraiment très nus et dégarnis, on en vient à souhaiter la reconstitution d’une rue, ou du moins de quelques maisons telles qu’elles étaient à la veille de l’éruption en 79 ap. J.-C. | Péristyle de la Maison des Vetii |
Amour de bronze dans la Maison des Vetii |
... avec leur structure architecturale complète, leurs peintures, leurs meubles et accessoires, leurs jeux d’eau, leurs jardins et, pourquoi pas, des gardiens en costume vaquant aux tâches quotidiennes de l’époque... un peu comme on a timidement tenté de le faire dans la Maison des Vetii. |
Moulages de victimes de l'éruption du Vesuvio |
Villa des Mystères : la salle du Grand Tableau |
Le temps se dégrade peu à peu tout au long de la journée, et lorsque le soleil disparaît derrière les nuages vers 15:00, il fait carrément frisquet. Notre visite s’achève à 17:00 (tout ferme alors) par la Villa des Mystères, une grande villa patricienne hors les remparts où nous nous rendons avec l’Aigle. La découverte sur les murs d’un salon de la série de peintures décrivant l’initiation d’une jeune femme aux mystères venus d’Asie est vraiment exceptionnelle, malgré l’éclairage parcimonieux de cette fin de journée d’hiver. |
Mercredi 12 février 1997 : POMPEÏ - NAPOLI - POMPEÏ
Le cratère du Vesuvio |
Après un bon mais court sommeil (je suis réveillé dès 4:45 par le bruit des autos et des trains tout proches et dois m’en protéger avec mes bouchons auriculaires), nous prenons une douche bien chaude dans la salle de bain du camping et examinons les possibilités de visite alentours. Il fait trop gris et nuageux pour monter sur le Vésuve, et pas question de parcourir la côte amalfitaine qui manquerait aussi de relief dans la grisaille. Restent les grands musées. |
Nous prendrons donc le train vers Naples pour visiter le fameux Musée Archéologique National où l’on a rassemblé les plus belles pièces tirées des fouilles de Pompeï, d’Herculanum et d’autre sites de la région. Le trajet est relativement court, à travers une banlieue progressivement plus dense mais toujours aussi sale. Et pourtant la baie est tellement belle sous le soleil... et sur les cartes postales de la région ! | Naples, sa baie et le Vesuvio en toile de fond |
Billet d'entrée au Musée Archéologique National de Napoli |
En revanche le musée contient de vrais trésors puisqu’on y a rassemblé toutes les plus belles trouvailles des fouilles pratiquées dans les villes antiques enfouies par la catastrophe, sans compter celles de Stabia, Paestum, etc., ainsi que la fameuse collection Farnèse de marbres antiques. |
Musée
Archéologique National de Napoli : Hercule
Farnese, du sculpteur athénien Glycon, provenant
des Thermes romains de Caracalla
|
Musée Archéologique National de Napoli: Venus Callipyge (1,52 m) provenant de la Collection Farnese |
Aphrodite nouant sa sandale en s'accotant sur une statuette de Priape |
Aphrodite au bain avec un petit Amour, copie romaine d'un original hélénistique |
Pompeï : Portrait d'une dame |
Pompeï : Combat de coqs |
Maison du Faune à Pompeï : Chat dévorant un
oiseau, et Oiseaux, poissons et canards
Scène nilotique - mosaïque du 1er
siècle ap. J.-C. provenant de la Maison du Faune à
Pompéï
Jeune homme au repos (Hermès ?) bronze provenant de la Villa des Pison, Herculanum |
Deux coureurs saisis à l'instant où ils vont s'élancer sur la piste Bronzes provenant de la Villa des Pison, Herculanum |
Stèle funéraire repésentant une famille |
Stèle funéraire : Mercure, Eurydice et Orphée |
Portrait d'homme, buste de bronze provenant de la Villa des Pison, Herculanum |
Les Muses, série de bronzes provenant de la Villa des Pison, Herculanum |
Portrait d'une jeune femme le stylet à la main (Sapho ?) |
Allégorie du printemps, peinture provenant de Stabie |
L'Amour puni, fresque provenant de la Maison de l'Amour puni à Pompéï |
Europe enlevée par le taureau, fresque provenant de Pompéï |
Gallerie Umberto I |
Gallerie Umberto I et sa coupole centrale |
Coupole de la Gallerie Umberto I
Longue balade ensuite dans les petites rues du vieux Naples. Les ruelles sont étroites, sombres et très sales entre les hautes façades, suscitant un sentiment constant d’insécurité - on nous a tellement mis en garde contre les pickpockets ! - mais aussi beaucoup de pittoresque (minuscules boutiques de linge, épiceries odorantes, boutiques d’objets de piété chromos, etc.). | Dans les ruelles du vieux Naples |
Ruelle du vieux Naples |
« Art Sacré...» sur la Rue St-Grégoire d'Arménie |
Piazza del
Gesu avec l'église Santa Chiara
|
La Guglia
dell'immaculata (1750)
sur la Piazza del Gesu Nuovo |
Napoli : église de quartier |
Napoli : église St-Paul-Majeur (1583-1603) |
Marchand de parapluie |
Vers 17:30 nous reprenons le métro puis le train en direction de Pompeï. Suite à une erreur de direction (un changement de train en cours de route, non indiqué au départ, a été annoncée en italien dans les voitures et donc incomprise...), nous regagnons notre petit chez-nous dans la nuit noire vers 19:30. Fatigue (nous marchons depuis 10:00 ce matin), faim (nous n’avons mangé qu’un petit panini napolitain)… Il faut commencer par brancher l'Aigle sur le secteur car la batterie est bien faible : le mauvais temps n’a pas favorisé le production du panneau solaire... Après souper, écriture du journal, tri des cartes postales et début de lecture des livres, nous nous couchons à 23:30. |
5. CÔTE
AMALFITAINE, CAPRI et ITALIE DU SUD
Une certaine fatigue due à nos deux dernières
journées de marche sans interruption dans les rues de Pompeï
puis de Naples retarde notre lever jusque vers 9:00. De plus le
temps, gris et proche de la pluie, ne nous invite guère à nous
activer. Nous voilà donc forcés à renoncer à l’excursion sur le
Vésuve dont on n’aperçoit même plus la cime (1 200 m) masquée
par les nuages. De plus nous sommes las du bruit (circulation,
trains...) et de l’agitation qui nous entourent. Nous profitons
encore une fois des douches chaudes du camping puis des
installations ad hoc pour vidanger W-C et eaux grises avant de
faire le plein d’eau propre. J’arrange encore quelques babioles
sur le camion pendant que Monique fait la vaisselle et nous
sommes enfin sur la route à 11:00.
Baie de Napoli, Côte amalfitaine (au sud) et Capri
En ratrappant la côte à Vietri-sul-Mare |
Nous finissons par atteindre les faubourgs de Salerno, à peine plus présentables, et bifurquons plein ouest vers la côte immédiatement magnifique. La montagne tombe dans la mer, les caps se succèdent jusqu’à se perdre dans les lointains, les villages perchés s’accrochent à mi-pentes, entourés de leurs plantations de citronniers en terrasse ou blottis au fond des anses derrière leurs barques de pêche colorées alignées sur la grève. |
La route en corniche, très sportive car très étroite et extrêmement sinueuse, offre sans cesse de magnifiques points de vue. N’était-ce la conduite souvent barbare de Napolitains (coupant les virages en arrivant sur nous ou doublant sans aucune visibilité) et la rareté des espaces permettant de s’arrêter, rien ne gênerait le spectacle grandiose qui se déroule devant nous. | Cetara près de sa tour normande |
Amalfi |
Il commence à Vietri sul Mare, se poursuit au panorama du Capo d’Orso, puis à Maiori et Minori... |
À Atrani nous trouvons une petite place juste devant la plage et y pique-niquons au soleil avant de grimper ensuite à l’intérieur des terres jusqu’à Ravello. |
Plage d'Amalfi |
Site en balcon de Ravello |
Je cause une vive frayeur à ma copilote en doublant un gros camion que je suis de près, déboîtant trop brusquement au goût de Monique. Il faut dire que la route étroite et sinueuse, avec ses nombreux passages à une voie, où l’on doit croiser camions et autobus, est loin d’être une sinécure... Le village perché est mignon, avec ses ruelles et ses vieilles maisons, mais c’est surtout le panorama sur la route parcourue cet après-midi depuis le Cap d’Orso, sur la Baie de Maiori et le Golfe de Salerno qui est magnifique. |
Près de l’antique cathédrale malheureusement fermée se trouve la Villa Rufolo, un ancien prieuré aménagé depuis fort longtemps en villa de plaisance. Son architecture tout en décrochements présente plusieurs pièces charmantes (cloître aux arcs entrelacés, loggia salle à manger pleine de plantes exotiques, etc.). | La tour médiévale gardant l'entrée de la Villa Rufolo à Ravello |
Le jardin en terrasses de la Villa Rufolo |
Le clou est bien entendu le jardin entassant ses terrasses en escalier assez peu fleuri (nous sommes en février...) mais d’où s’étend une vue grandiose sur la mer, ses falaises et ses anses. Après un petit tour dans les ruelles menant au Belvédère, nous regagnons notre Aigle pour établir notre bivouac sur le grand stationnement, juste sous la grande place devant l’église, face à la montagne constellée des petites lumières des hameaux et des habitations dispersées. |
Jardin de la Villa Rufolo |
Jardin de la Villa Rufolo |
Nous faisons la grasse matinée sur notre parking rural dont la tranquillité contraste agréablement avec nos trois nuits urbaines à Pompeï. Lever vers 9:30 pour refaire, sous un ciel merveilleusement clair et lumineux cette fois, la petite balade jusqu’au Belvédère... |
Monique sur la terrasse du Belvédère de Ravello |
La duomo de Ravello |
... et surtout pénétrer dans la duomo en grande réfection dont la porte est aujourd’hui ouverte. Le bedeau qui époussette les bancs tient à nous découvrir les deux battants des portes de bronze divisées chacune en deux douzaines de petits panneaux illustrant la vie du Christ ou portant des effigies de saints : un beau travail assez fin, reflétant une certaine naïveté, et qui suggère une influence byzantine. |
Si les murs sont nus et attendent le badigeon blanc qu’on s’apprête à leur appliquer, les arches séparant la nef des bas-côtés, d’un roman tout simple, sont soutenues par de belles colonnes de marbre monolithes couronnées de fins chapiteaux corinthiens. Manifestement du réemploi antique, comme les linteaux des trois portes de la façade en marbre blanc finement sculpté. L’attraction majeure du monument réside bien plus encore dans l’ambon d’épître et la superbe chaire au dessin un peu pisan. | La chaire dans la nef et le choeur de la duomo de Ravello |
La chaire de l'église de Ravello (1272) (d'inspiration byzantine ou pisane ?) |
Mais ici ces chefs d'oeuvres sont décorés de très fines mosaïques dorées formant des dessins animaliers stylisés, plutôt que couverts de sculptures touffues et réalistes comme sur les chaires admirées en Toscane. |
Lorsque nous ressortons de l’église, la place en avant s’est animée (jeux d’enfants, groupes d’hommes en discussion...) et surtout le magnifique environnement de montagnes où sont dispersés des hameaux se révèle aujourd’hui en pleine lumière. Nous partons finalement assez tard, redescendons - très lentement cette fois-ci - la route acrobatique jusqu’à Atrani et poursuivons le parcours de la magnifique côte amalfitaine. Amalfi elle-même ne présente guère d’intérêt particulier, en dehors de son site équivalent en beauté à celui des autres ports de la région que nous avons déjà contemplés. | Amalfi |
Monique au dessus du Vallone di Furore |
Vettica Minore offre une vue superbe sur la côte derrière nous. La route continue de zigzaguer à flanc de montagne, coupant le profond Vallone di Furore, une gorge aux parois resserrées et escarpées se terminant par une petite plage de galets encaissée où la mer roule avec fracas. Quelques barques de pêches sont échouées sur la grève caillouteuse et, tout au fond dans l’ombre, quelques maisons de pêcheurs accotées au rocher à pic encadrent le lit du torrent. Côté mer, ses eaux boueuses et grisâtres forment un long ruban qui tranche avec le bleu profond de la Méditerranée et s’y fond progressivement en s’éloignant vers le large. |
Au delà du Capo Sottile,
après Vettica Maggiore, surgit l’étonnant spectacle de
la petite ville de Positano dont les maisons blanches ou
pastel semblent empilées sur la pente et dégringolent en
un raide escalier jusqu’à la mer bleu émeraude. |
Positano sur sa falaise |
Nous engageant sur une rue étroite dans le centre du village, nous allons pique-niquer au cœur de ses terrasses, une vue*** à la fenêtre de la dînette. Au moment de repartir, des travaux de voirie barrent l’unique sortie, nous obligeant à une longue et délicate marche arrière jusqu’à un bref élargissement de la rue qui nous permet enfin de faire demi-tour. | Soir sur les maisons entassées de Positano |
Minori : le village et la plage à l'embouchure du Reginuolo |
La route superbe continue jusqu’à la montée au col de San Pietro, avant la descente du versant nord vers Sorento et le Golfo di Napoli. L’environnement redevient plus sale et moins spectaculaire. Nous contournons Sorento sans nous en rendre compte, passons le Capo di Sorento et voyons apparaître la silhouette montagneuse de Capri à contre-jour. Monique tient absolument à vérifier la possibilité de visiter la fameuse île, aussi continuons-nous de poursuivre Sorento devant nous jusqu’à nous apercevoir de notre erreur après Massa Lubrese. |
Le prix (15 000 lire, soit 12,50 $) pour 15 minutes de traversée aller-retour en vedette rapide nous semble raisonnable, aussi demeurons-nous à flâner sur le quai en comparant les prix des différentes compagnies de navigation. L’hydroglisseur est plus rapide mais hasardeux car il ne circule pas si la mer n’est pas d’huile, tandis que le traversier plus lent prendrait aussi l’Aigle pour 78 000 lires de plus. Le soir est maintenant tombé, les différents bateaux de Napoli et Capri ont ramené leurs passagers et le stationnement se vide. Nous nous installons en plein centre pour y passer la nuit, bercés par le bruit des vagues. | Nuit sur le port de Sorento et sur le quai où nous bivouaquons |
À 6:00, réveil pour préparer notre départ vers Capri malgré le ciel assez chargé : le temps change tellement vite ici que l’espoir demeure toujours permis... Petit démêlé avec le gardien du parking qui commence par exiger 20 000 lires (comptant notre stationnement de nuit) alors que le carabinier hier soir et le panneau d’information indiquent clairement un stationnement payant uniquement entre 8:00 et 20:00... Il finit par laisser tomber et nous embarquons à 8:00 sur le Cuma, un petit ferry assez lourdaud et lent... | Jean-Paul sur le pont arrière du Cuma au départ de Sorento |
Monique sur le pont du Cuma en arrivant à Marina Grande (Capri) |
...qui nous mène, après une traversée pleine de houle, de roulis et de tangage, jusqu’au quai de Marina Grande, le principal port de l’île. |
Le temps ne s’est pas amélioré, le ciel est uniformément gris et le vent assez frais. L’île est très montagneuse et les habitations s’étalent sur les pentes là où elles ne sont pas trop fortes. Le relief devient beaucoup plus élevé dans la partie ouest (Anacapri) qui reste cachée dans un nuage de mauvais augure car porteur de pluie. Depuis le petit port typiquement amalfitain (barques de pêche et façades colorées) nous gagnons le centre de la ville quelques centaines de mètres plus haut par un minibus qui fait des prouesses sur la route étroite aux multiples épingles à cheveux. |
Le petit port de Marina Grande à Capri |
Ruelle typique de Capri |
Un dédale de ruelles coupées de voûtes et bordées de jardins luxuriants nous mène d’abord au belvédère Cannone. |
Les fameux Faraglioni depuis le belvédère Cannone |
Marina Minore |
Depuis Anacapri, l'île, la ville, les Faraglioni et à l'extrémité le Palais de Tibère Villa Jovis; au fond le Punto Sorento |
De retour au centre du village, nous partons cette fois-ci en direction de l’est pour prendre le chemin de la Villa Jovis, un fabuleux palais que l’empereur Tibère s’était fait construire à la pointe extrême de l’île, en vue du continent, tout en haut de la falaise abrupte. Long cheminement dans les ruelles étroites et silencieuses. On n’y circulait autrefois qu’à dos de mulet, maintenant avec des petits chars électriques larges de moins d’un mètre. Pas d’autos, pas même de pétrolettes ici interdites, uniquement des piétons comme nous, parfois lourdement chargés. Puis les maisons s'espacent, les jardins s’agrandissent, deviennent vergers ou arpents de vigne. |
La vue s’élargit sur le reste de l’île
au fur et à mesure de notre lente montée, faisant
apparaître la mer, le golfe et surtout la falaise
verticale d’Anacapri qui divise l’île en deux.
Malheureusement le temps se dégrade encore, la
visibilité diminue graduellement et la pluie qui sourd
du nuage dans lequel nous entrons nous transperce
lorsque nous atteignons enfin la villa. Découverte
rapide des ruines intéressantes qui gagneraient
cependant à être illustrées par l’image. Mais ici c’est surtout le panorama exceptionnel (vue sur la totalité de l’île d’un côté et sur la falaise, la mer, le Golfe de Naples et la côte amalfitaine de l’autre) qui doit suffire à remplir toutes les attentes lorsqu’il est pleinement visible ! |
L'île et la colline d'Anacapri depuis les ruines de la Villa Jovis bâtie par l'empereur Tibère |
Les maisons de
Capri entassées sur la colline
au-dessus de la mer |
Trempés et pestant contre notre
malchance, nous regagnons le village pour y chercher une
taverne, nous y réchauffer, nous reposer et manger à
l’abri : la marche, ça creuse ! Les quelques restaurants
ouverts sont chers et manifestement uniquement destinés
aux touristes. |
Nous nous résignons à nous asseoir dans l’un d’eux. Depuis la belle terrasse couverte, la vue est limitée par la pluie qui crépite sur le toit, le poêle qui tente de réchauffer l’atmosphèreforte répand une insinuante odeur de mazout. Si la cuisine est passable, l’additiona est gratinée (58 000 lires) et encore faut-il exiger sa correction car on y compte deux fois à Monique son plat principal... | La place Umberto 1er, très touristique (restaurants, boutiques de souvenirs...) devant l'église et la Tour de l'Horloge |
Dans une ruelle typique, fillettes revenant de l'école |
Il est passé 14:00 et notre bateau ne repartira pas avant 17:00, mais la pluie persistante rend impossible toute autre balade, d’autant plus qu’Anacapri, la partie ouest de l’île non encore parcourue, reste cachée dans le nuage... Il ne nous reste plus qu’à traîner devant les boutiques chic, chères et pour la plupart fermées et à flâner dans les ruelles en nous abritant sous une voûte ou une arcade à chaque averse. Plusieurs bijouteries (perles, corail, ...) et quelques marchands de cartes postales reçoivent aussi notre visite. A 15:00 nous déplaçons notre ennui vers Marina Grande en empruntant le même petit autobus acrobate : peut-être pourrons-nous embarquer sur un ferry regagnant plus tôt le continent. Plusieurs partent devant nous mais aucun de la compagnie auprès de laquelle nous avons acheté nos passages aller-retour... |
La pluie persistant, nous faisons passer le temps en bavardant avec un couple de Français pourtant peu sympathiques, nous allons nous réchauffer d’un chocolat chaud dans une gargote... pour embarquer tard sous un ciel des plus gris sur le Cuma enfin de retour. La mer assez forte nous réserve force embardées dans un roulis et un tangage constant. Bien calé sur la plage arrière, je regarde et filme l’île magnifique qui s’éloigne tandis qu’à son coucher un timide rayon du soleil perce sous les nuages pour illuminer la mer. |
Monique
sur le pont arrière du Cuma en laissant Marina
Grande derrière nous...
|
La baie de Naples et le Vésuve depuis la terrasse d'un hôtel... par beau temps ! |
Réveillés tôt par la pluie battante et par l’agitation du départ du premier ferry à 6:30, nous simplifions la toilette faute d’eau chaude et démarrons dès 7:15. Tout un exploit ! Si la pluie se calme un peu, le vent demeure très violent. Nous nous perdons un peu dans les rues du vieux Sorento, près des grands et vieux hôtels chics dominant les falaises. La baie de Naples est belle malgré la pluie et les nuages qui l’envahissent. |
Vue générale de l'île de Capri : à gauche les Faraglioni, à droite le promontoire rocheux dominé par la Villa Jovis, au fond la colline d'Anacapri |
Nous reprenons la route panoramique faisant le tour de la presqu’île de Sorento. Points de vue toujours aussi extraordinaires, en particulier vers Capri et en dépit du temps aujourd’hui encore bien maussade sur l’île. La petite route aux virages incessants nous hisse jusqu’à Santa Agata sul Due Golfi où apparaissent, grandioses, les deux golfes de Sorento et de Salerno séparés par une crête rocheuse très accidentée. |
Puis ce sont les tours et les détours de la superbe côte amalfitaine, certes moins spectaculaire que sous le grand soleil d’avant-hier, mais dont les rochers blancs et gris tombent à pic dans l’eau d’azur malgré le ciel gris. Positano, Vettica Maggiora, Vallone di Furore défilent à nouveau, parfois illuminés par de brefs coups de soleil. | Depuis le Punto de Sorento, vague sillhouette de Capri dans la pluie... |
Curieusement la ville ancienne a intégralement conservé ses remparts sur une hauteur de 4 à 5 mètres. Nous stationnons juste devant la billetterie et nous lançons à la découverte du vaste champ de ruines balayé par un vent formidable. La Via Sacra, une belle voie romaine pavée et bordée de trottoirs, traverse toute la ville d’une porte à l’autre. D’un côté, deux temples qui présentent encore toutes leurs colonnes extérieures, malheureusement enveloppés dans l’échafaudage dense de poutrelles métalliques des restaurateurs. | Paestum : temple d'Athena (dit temple de Cérès) (500 av. J.-C.) |
Fresque de la tombe du Plongeur : les amants au banquet |
Il nous faut deux bonnes heures ensuite pour faire le tour du musée où l’on a rassemblé toute une série de trouvailles faites à Paestum et dans les cités de la Grande Grèce en Campanie : statuettes de bronze et de terre cuite, vases décorés de figures noires sur fond ocre, casques, cuirasses et jambières de bronze et surtout une extraordinaire collection de peintures apposées sur les parois internes des tombes grecques des Vème au IIIème siècle avant J.C. La plus célèbre, la tombe du Plongeur (480 av. J.C.), montre avec une grande fraîcheur une scène de festin pleine de vie et de détails croustillants. |
Le cavalier en noir : décoration de tombeau |
Fresque de la tombe du Plongeur : l'image ayant donné son nom au tombeau |
Jean-Paul sur le sentier menant à la statue du Cristo Redemptore en haut du Monte Biago |
Le paysage devient plus grandiose encore sur la route de corniche menant à Maratea. Nous montons jusqu’au pied de la statue blanche du Cristo Redemptore, haute de 22 mètres, qui couronne le sommet du Monte Biago d'où se déploie une vue époustouflante sur le Golfo de Policastro et sur la côte calabraise. |
Déjeuner dehors en plein soleil puis nouvelle tentative d’appel à Juliette, cette fois-ci infructueuse pour cause de panne du téléphone local... Nous redescendons rapidement et finissons par rejoindre notre fille en utilisant le téléphone d’un hôtel. | Jean-Paul prend le café après le pique-nique sur le Mont Biago, juste avant Maratea |
Le Golfo de Policastro et la Baie de Porto de Maratea |
La route en corniche surplombe ensuite
une mer d’émeraude sur laquelle s’ouvrent de nombreuses
et charmantes criques : Porto de Maratea, Praia a Mare,
etc. Nous retrouvons un peu plus loin la voie rapide qui
file entre mer et montagne, traversant à vive allure
toute une série de villages de vacances aux lignes plus
ou moins réussies mais uniformément fermés. Faute de curiosité vraiment alléchante, nous profitons du beau temps, de la circulation très clairsemée et de la bonne qualité de la route pour parcourir le maximum de chemin vers Reggio di Calabre où nous devons embarquer pour la Sicile. |
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