SIX MOIS D'ERRANCES EN EUROPE

(CONGÉ SABBATIQUE de janvier à juillet 1997)

Monique et Jean-Paul à bord de l'Aigle



6. SICILE : CÔTE EST ET SUD (aller)



Notre itinéraire
Notre itinéraire en Sicile



Mardi 18 février 1997 : de PALMI à TAORMINA (Naxos) (132 km)

Nuit relativement tranquille jusqu’à 6:00, au moment où les pétrolettes et autres véhicules commencent à utiliser la station service voisine. Nous tenons le coup jusqu’à 7:00 puis nous levons, nous douchons et déjeunons pour lever le camp vers 8:15 après avoir enlevé avec l’aspirateur le plus gros de la poussière et du sable incrusté dans les tapis depuis notre départ.

Le Détroit
          et la ville de Messine
Le Détroit et la ville de Messine

Nous avons quelques difficultés à nous démêler dans les rues sales et mal indiquées de Palmi, avant de reprendre la route côtière et voir bientôt apparaître les rives de la Sicile. Un petit ferry nous embarque pour 20 minutes de traversée à Villa San Giovanni (14 km avant Reggio de Calabre) au coût de 32 000 lires (26 $). Sentiment maintenant familier de coupure, d’étape, d’attente de changement et de découvertes à venir lorsque nous partons ainsi « au delà des mers » pour une île ou un autre continent, lorsque nous franchissons un passage. Le temps reste clair malgré les nombreux nuages et les pluies intermittentes. L'Aigle sur le pont du
                    traversier
L'Aigle sur le pont du traversier

 Arrivée
                  au port de Messine
Arrivée au port de Messine
La visibilité sur les deux rives du détroit est donc excellente lorsque nous laissons derrière nous Scilla au pied des dernières pentes de la Calabre, pour nous rapprocher rapidement de Messine. Sitôt débarqués dans cette grande ville très dense et agitée, nous sommes aux prises avec la circulation, le bruit et le manque de stationnement. Avec quelques difficultés, nous trouvons une petite agence de voyage qui nous confirme la possibilité d’embarquer à Trapani pour Tunis le lundi matin à 9:00.

Au bout de longs faubourgs sales et pauvres, nous rattrapons la nationale. Décidément tout le sud de l’Italie se ressemble sur ce plan, confirmant que ces régions n’ont pas encore pris leur « envol économique ». Monique fait quelques courses dans un supermarché genre « Intermarché » dont elle sort assez déçue : nombre limité de produits, aucune conserve de plats cuisinés, nous sommes loin des Carrefour et Continent français !

Puis nous longeons la côte parsemée de villages de vacances : tout est vide ou presque, l‘architecture affiche une pauvreté consternante, les plages sont très sales, pleines de déchets. Sur la plage d’Ali Terme où nous nous arrêtons pour déjeuner, j'en profite pour récupérer un gros bidon d’huile vide destiné à la vidange du moteur.

Nous nous rendons ainsi jusqu’à Taormina dont le Guide Vert vante le site enchanteur. Certes les maisons et hôtels étalés sur les pentes forment un joli tableau mais là encore, le tourisme extensif a ôté toute vie au village devenu exclusivement station de villégiature, le laissant à peu près mort hors saison. La circulation y est quand même difficile et le stationnement impossible. Encore sommes-nous en période creuse ! Le
                  centre de Taormina accroché au rocher avec, à
                  l'extrême droite, le théâtre grec
Le centre de Taormina accroché au rocher
avec, à l'extrême droite, le théâtre grec


Plage près
          de Taormina
Plage près de Taormina

Théâtre
                    de Taormina dominant la plage de Naxos
Théâtre de Taormina dominant la plage de Naxos

Nous réussissons malgré tout à grimper jusqu’au belvédère de N.S della Rocca d’où se révèle un panorama splendide et étendu, ce qui nous permet de repérer le fameux théâtre grec creusé dans un promontoire au dessus de la mer. Mais nous serons ensuite incapables de l’atteindre, tant la circulation et le stationnement sont un imbroglio dans le centre ville.

Théâtre grec de
          Taormina, au fond l'Étna
Théâtre grec de Taormina, au fond l'Étna

Regagnant la côte, nous faisons encore quelques kilomètres pour nous installer près de la plage de Naxos, une petite station en-dessous de Taormina dont on aperçoit les habitations accrochées aux pentes juste au dessus de nous. Nous dînons sur le port, une vue magnifique dans notre fenêtre, puis allons dormir dans un endroit plus fréquenté le long du quai de la ville. Sur
                  la plage de Naxos, au pied de Taormina
Sur la plage de Naxos, au pied de Taormina

Mercredi 19 février 1997 : de NAXOS à SIRACUSA (172 km)

Le quai du port de Naxos
Le quai du port de Naxos

À notre réveil, le grand soleil révèle une vue superbe au-delà du bassin du port sur la baie, sur la montagne où s’étage Taormina et sur les neiges de l’Etna.

L'Etna
            depuis Taormina à travers les figuiers de Barabarie
L'Etna depuis Taormina à travers les figuiers de Barabarie

Après la douche et le plein d’eau sur un robinet du port de pêche, nous continuons de suivre la route côtière, achetant au passage un raccord rapide pour le tuyau de remplissage d’eau propre qui vient de nous lâcher. Un peu plus loin nous bifurquons vers l’intérieur en direction de Linguaglossa. La route ne cesse de grimper à travers les cultures d’agrumes, de vignes et d’oliviers. Au delà de la petite ville provinciale au charme un peu désuet (vieilles maisons aux façades et balcons décorés, rues pavées de dalles carrées de lave noire, etc.), la pente s’accentue, les coulées de lave et les champs de scories sombres prennent de plus en plus de place.

La large pyramide aplatie de l’Etna, couverte de neige et striée de profonds sillons sombres tracés par les coulées, s’élève de plus en plus au dessus de nous. Les épingles à cheveux très raides s’enchaînent lorsque nous franchissons la belle pinède qui finit par aboutir, à 1 800 m d'altitude, à la petite station de sports d’hiver de Piano Provenzana.

Là s'arrête la route. Au delà, il faut partir en excursion pédestre, avec guide, mais ce genre d'expédition assez exigeante n'est pas disponible en hiver...
L'Aigle en
                    route sur l'Etna, à l'entrée de la station de Piano
                    Provenzana (1800 M)
L'Aigle en route sur l'Etna, à l'entrée de la station de Piano Provenzana (1800 m)


Trainées de lave
            incandescente sur les pentes enneigées de l'Etna
Trainées de lave incandescente sur les pentes enneigées de l'Etna

Éruption sur l'Etna
Éruption sur l'Etna

Le cratère
                    de l'Etna en été
Le cratère de l'Etna en été

Descente au fond du cratère...

... durant un moment d'accalmie.
Tout
                      près de l'ouverture de la cheminée de l'Etna
Tout près de l'ouverture de la cheminée de l'Etna


Pique-nique au milieu d'un champ de laves
                        sur l'Etna
Pique-nique au milieu d'un champ de laves sur l'Etna enneigé
Paysage époustouflant, mais vent violent très froid (il fait à peine 4º) qui nous incite à rapidement réintégrer la chaude cabine de l’Aigle pour redescendre vers la mer. Nous arrêtons au milieu d’un champ de laves quelques centaines de mètres plus bas pour déjeuner. Monique prépare la salade et les sandwiches pendant que je me glisse sous le moteur pour faire le changement d’huile. Opération réussie rapidement et sans problème : pas de dégâts à craindre dans ce désert minéral et noirâtre qui boit l’huile usée aussitôt déversée.

Nous poursuivons ensuite vers le sud par des petites routes de montagne (Strada regionale Mareneve)  qui passent bien au dessus de la côte et traversent des villages ruraux égaux à eux-mêmes : sales, désordonnés, pas vraiment anciens ni vraiment modernes, bref décevants et sans cachet. La silhouette de l’Etna disparaît progressivement derrière nous lorsque nous approchons de Catania (400 000 habitants) annoncée par une forte augmentation du trafic. Comme nous n’avons rien repéré d’intéressant dans cette grande ville, très industrielle et polluée au demeurant, nous la contournons par la « tangenziale » qui nous met directement sur l’autoroute de Siracusa. 63 kilomètres parcourus à vive allure sous le grand soleil nous mènent jusqu’à cette autre ville beaucoup plus endormie et plus ancienne. Le site
                    exceptionnel de Syracusa sur l'ïle d'Ortygie
Le site exceptionnel de Siracusa sur l'ïle d'Ortygie


La
                    cavea du grand théâtre grec de Syracuse
La cavea du grand théâtre grec de Syracuse

Nous commençons par aller découvrir la zone archéologique dont on a une très bonne idée depuis le boulevard supérieur qui en fait le tour. À nos pieds se déploie le grand théâtre grec dont l’hémicycle,  très vaste, est assez bien conservé pour impressionner.

Le
              grand théâtre grec
Le grand théâtre grec

Les autres ruines, beaucoup plus informes, ne nous retiennent guère...

L'amphithéâtre romain de Syracuse
L'amphithéâtre romain de Syracuse

L'amphithéâtre romain vu du ciel
L'amphithéâtre romain vu du ciel

 L’avenue des
                        tombeaux (Nécropole des Groticelli, dite «
                        Tombeau d'Archimède »,
L’avenue des tombeaux (Nécropole des Groticelli, dite « Tombeau d'Archimède », en fait colombarium romain du 1er siècle ap. J.C.) sur le site d'anciennes carrières où Denys-le-Tyran enferma 4 000 Athéniens prisonniers.
L'oreille de Denys,
L'oreille de Denys, une cavité naturelle dont la légende dit qu'elle aurait servi à Denys le Tyran pour espionner les confidences de ses prisonniers athéniens.

Nous préférons aller faire un tour dans la Cita Vecchia (la Vieille Ville) qui occupe l’île d’Ortygie où Denys-l’Ancien (405-367 av.J.C.) avait déjà installé son palais. Laissant l’Aigle sur l’extrémité de l’esplanade Vitorio-Emmanuele II, nous franchissons une vieille porte médiévale et nous enfonçons dans les ruelles étroites et sinueuses. Beaux hôtels et palais sur la Piazza Duomo, près de la façade baroque sans originalité de la cathédrale. En revanche, à l’intérieur les murs nus datent du VIIème siècle et intègrent les colonnes doriques du temple dédié à Athéna qui l’a précédée sur les lieux.

La qualité et la richesse de l’architecture ancienne omniprésente un peu partout dans la vieille ville nous étonnent et nous charment (façades ornées, balcons élégants, cours majestueuses...). Mais nous sommes aussi désolés du mauvais état, voire de la ruine, de la plupart de ces maisons qui témoignent de la richesse de cette métropole marchande il y a quelques siècles. Nous flânons près de la fameuse fontaine d’Aréthuse en bord de mer où coule une eau douce dont profitent papyrus et canards. Après un long tour des remparts bordés de belles maisons, nous revenons par la Via Maestranza dont les élégantes mais décrépites demeures patriciennes sont elles aussi tristement négligées.

La fontaine de Diane, dans le centre de la
                      Cita Vecchia
Siracusa : la fontaine de Diane, dans le centre de la Cita Vecchia

Coup d’œil à la fontaine de Diane très théâtrale au centre de la ville, puis retour au Foro Vittorio Emmanuele II où nous soupons et nous installons pour la nuit  après un beau coucher de soleil sur la baie. Couvre-feu à 21:45.

Détails de la Fontaine de Diane
Détails de la Fontaine de Diane

Jeudi 20 février 1997 : de SIRACUSA à FAVARA (près Agrigento) (298 km)

Excellente nuit à la porte de l’antique cité jusqu’à notre réveil à 6:00. Levés à 7:00, nous commençons la journée dès 7:45 par un tour des remparts de la vieille ville illuminés par le grand soleil du petit matin. Puis une longue route à l’intérieur des terres, par monts et par vaux, serpente entre les champs de céréales vert tendre fraîchement ensemencés et les vignes impeccablement alignées.

Piazza Armerina : les thermes de la Vila
                    impériale de Casale
Piazza Armerina : les thermes de la Vila impériale de Casale

Nous atteignons Piazza Armerina à 12:15 et cherchons un peu dans la ville perchée jusqu’à trouver le chemin de la Villa impériale de Casale. Après déjeuner devant son site agreste au fond d’un vallon, nous nous lançons dans la visite de l’immense villa romaine et de ses superbes mosaïques. Deux heures d’exploration en tous sens, d’admiration et d’étonnement devant la vivacité narrative et les nuances des dessins, l’harmonie des compositions et leur extraordinaire pouvoir décoratif : on croirait voir de véritables tapis de laine brodés qui auraient plus de 1 500 ans...

Piazza Armerina : mosaïque de la salle des jeux du
            gymnase
Piazza Armerina, mosaïque de la salle des jeux du gymnase : "Les filles en bikini"
 
Piazza Armerina : la lauréate récompensée
Piazza Armerina : la lauréate récompensée
Piazza Armerina : Maniement du poids et
                      lancer du disque
Piazza Armerina : Maniement du poids et lancer du disque



Piazza Armerina : grand peristyle
Piazza Armerina : grand péristyle

Piazza
          Armerina : mosaïque évoquant l'Afrique et ses animaux
          sauvages
Piazza Armerina : mosaïque évoquant l'Afrique et ses animaux sauvages
Piazza Armerina : Scène érotique dans
                      l'Alcove
Piazza Armerina : Scène érotique dans l'Alcove
Piazza Armerina : Détail central de la
                          scène érotique dans l'Alcove
Piazza Armerina :
détail central de la scène érotique dans l'Alcôve


Piazza Armerina : Chambre du fils : course de chars
            dans le Grand Cirque en miniature
Piazza Armerina : Chambre du fils : course de chars dans le Grand Cirque en miniature

détail du Grand Cirque en miniature: le vainqueur de la
            course de chars
Piazza Armerina, Chambre du fils : détail du Grand Cirque en miniature: le vainqueur de la course de chars

embarquement d'autruche et d'antilope
Piazza Armerina, Mosaïque de la Grande Chasse : embarquement d'autruche et d'antilope

lion égorgeant une antilope
Piazza Armerina, mosaïque de la Grande Chasse : lion égorgeant une antilope

lévriers courant le renard
Piazza Armerina, Salle de la Petite Chasse : lévriers courant le renard

attelage tirant une cage
Piazza Armerina, promenoir de la Grande Chasse : attelage de boeufs tirant une cage

Piazza Armerina : détail de la tête de cheval dans le
              triclinum
Piazza Armerina : détail de la tête de cheval dans le triclinum

Piazza Armerina : Amours pêcheurs devant un
                      atrium à arcades et exèdres
Piazza Armerina : Amours pêcheurs devant un atrium à arcades et exèdres
Piazza Armerina : poisson dans le promenoir
                      de la Grande Chasse
Piazza Armerina : poisson dans le promenoir de la Grande Chasse

Nous réussissons à rattraper un bout de voie rapide pour nous rapprocher d’Enna mais devons grimper à pas de tortue les innombrables lacets qui nous hissent jusqu’à sa vieille ville surnommée le « Belvédère de la Sicile ». Campagne
                    sicilienne le long de la route allant vers Enna
Campagne sicilienne le long de la route allant vers Enna : arbres en fleurs et villages perchés

Campagne
              sicilienne le long de la route allant vers Enna
Campagne sicilienne le long de la route allant vers Enna : arbres en fleurs et villages perchés

Effectivement, depuis le haut du donjon médiéval la vue est magnifique sur les montagnes bleutées par la distance, les villages accrochés aux pentes, les vallées verdoyantes semées de figuiers et d’oliviers et, dominant l’ensemble au loin, la pyramide blanche de l’Etna. Sur
                    le donjon d'Enna... vue sur la campagne depuis le «
                    Belvédère de la Sicile »
Sur le donjon d'Enna... vue sur la campagne depuis le « Belvédère de la Sicile »

Sur le donjon d'Enna... vue sur la campagne
                    depuis le « Belvédère de la Sicile »
Sur le donjon d'Enna... vue sur la campagne depuis le « Belvédère de la Sicile »
Le soleil descendant réchauffe les couleurs puis devient moins présent lorsque nous redescendons ensuite par la route express vers Agrigento

A la nuit tombée, sortie vers la petite ville de Favara, 20 kilomètres avant Agrigento, pour chercher dans l’animation du soir une place favorable au bivouac. Nous finissons par la trouver sur une esplanade devant une église au dessus de la ville enserrée dans un profond vallon.




7. La côte Sud de la Sicile (Agrigento, Segeste et Monreale)



Vendredi 21 février 1997 : de FAVARA à SALEMI (213 km)
Agrigento : depuis la Vallée des Temples
                      toute fleurie, vue sur la ville moderne sur la
                      colline
Agrigento : depuis la Vallée des Temples toute fleurie, vue sur la ville moderne sur la colline
Départ assez tardif mais sous un ciel radieux (alors qu’il pleuvait hier soir...). Les enfants se pressent autour de nous pour entrer dans les bâtiments adjacents à l’église qui s’avèrent être une école tenue par des Bonnes Sœurs. Défilé des voitures conduites par les « mama » amenant leurs petits... La vue sur les toits de la ville étagée devant nous est frappante.

La route descend ensuite longuement jusqu’à Agrigento, au milieu des vignes et des plantations d’oliviers, nous menant directement vers la Vallée des Temples en évitant la ville.

Le fronton triangulaire et les colonnades du premier se profilent au dessus de nous, au détour d’un grand virage. Quelques manœuvres, un gardien de stationnement fort peu officiel mais porteur de la casquette de rigueur qui se précipite vers nous... nous voilà au centre du site. Une première promenade nous permet d’admirer successivement les restes du Temple d’Hercule (8 colonnes doriques remontées sur 44... les tremblements de terre sont fréquents et mauvais ici !),

Agrigento : Jean-Paul devant les 8 colonnes
                      du temple de Jupiter Olympien qui ont été
                      remontées
Agrigento : Jean-Paul devant les 8 colonnes du temple de Jupiter Olympien qui ont été remontées
Agrigento : Monique devant les 8 colonnes du
                      temple de Jupiter Olympien qui ont été remontées
Agrigento : Monique devant les 8 colonnes du temple
de Jupiter Olympien qui ont été remontées

Puis ce sont les ruines du Temple de la Concorde (le plus complet qui a gardé toutes ses colonnes périptères : 11 colonnes sur le côté long, 6 en façade, soit 34 en tout) ainsi que son naos intérieur et ses frontons.

Agrigento : le temple de la Concorde
Agrigento : le temple de la Concorde
Agrigento : le temple de la Concorde
Agrigento : les ruines du temple de la Concorde,
le plus complet avec ses 34 colonnes


Agrigento : Jean-Paul devant le temple de la
                      Concorde
Agrigento : Jean-Paul devant le temple de la Concorde
Agrigento : Monique devant le temple de la
                      Concorde
Agrigento : Monique devant le temple de la Concorde

Le sentier fleuri se poursuit jusqu’au Temple de Junon Lacinienne qui a, quant à lui, conservé 25 colonnes. De là-haut (c’est le point le plus élevé de la longue crête dominant la plaine agricole), vue superbe sur l’ensemble du riche site archéologique, sur les montagnes en arrière et sur la mer au delà de la plaine côtière à nos pieds.

Agrigento : Jean-Paul consulte le Guide vert
                      sur le chemin fleuri menant au temple de Junon
                      Lacinienne
Agrigento : Jean-Paul consulte le Guide sur le chemin fleuri menant au temple de Junon Lacinienne
Agrigento : le temple de Junon Lacinienne
                      au-dessus des oliviers et des champs fleuris
Agrigento : le temple de Junon Lacinienne
au-dessus des oliviers et des champs fleuris


Revenant sur nos pas, nous traversons ensuite les ruines très confuses du temple de Jupiter Olympien, très dégradé car rasé au sol par les Carthaginois à la fin du Vème siècle av. J. C. Reste l’énormité des structures mises à terre, des tambours et chapiteaux de colonnes jusqu’au gigantesque Télamon (Caryatide masculine) étendu à terre sur lequel un père de famille tente de photographier ses deux bambini rétifs.

Agrigento : Jean-Paul près du Télamon et des
            soubassements du temple de Jupiter
Agrigento : Jean-Paul près du Télamon et des soubassements du temple de Jupiter

Agrigento : ruines du Télamon et des soubassements du
            temple de Jupiter
Agrigento : ruines du Télamon et des soubassements du temple de Jupiter

Au delà, un vaste champ de ruines à peine lisibles mène aux 4 colonnes du Temple de Castor et Pollux remontées au siècle dernier.
Agrigento: ruines du temple de Castor et
                      Pollux
Agrigento: ruines du temple de Castor et Pollux

Ravis de cette belle balade parmi les restes impressionnants des plus beaux temples de Sicile, tout environnés de fleurs printanières, nous retrouvons notre Aigle pour un léger déjeuner. Je suis content de voir que, malgré le grand soleil qui tape sur l’arrière de l’Aigle, le frigo est resté très frais sans que la batterie ait pour autant faibli grâce au fonctionnement productif du panneau solaire. Voilà au moins un système qui fonctionne correctement, mieux que le chauffage en tout cas !

Ayant peu d’intérêt pour les monuments baroques de la vieille ville d’Agrigento, et un peu saturés d’antiquités, nous renonçons à la visite du Musée archéologique local - peu emballant d’après le guide - et décidons de rallier l’autre site** de Selinunte en suivant la route côtière. Celle-ci est malheureusement loin d’être aussi panoramique que nous nous y attendions et s’éloigne souvent très loin du rivage. La petite route soulignée de vert (« pittoresque » selon la carte Michelin) nous entraîne dans des itinéraires ruraux certes peu fréquentés mais dont les vues prosaïques sur les vignes et les champs d’oliviers à flanc de colline finissent par lasser. Nous arrivons enfin au village de Marinella et cherchons en vain de l’eau sur son petit port où les pêcheurs s’apprêtent à prendre le large.

Selinunte : le site et quelques ruines à
                      distance
Selinunte : le site et quelques ruines à distance

Puis nous trouvons avec difficulté l’entrée du site de Selinunte à 16:58 : les portes ferment dans 2 minutes, plus question d’entrer ! Déçus par cet après-midi - presque - perdu, nous hésitons à nous installer sur une belle esplanade tranquille au dessus du village, mais préférons nous avancer vers Segeste que nous avons mis au programme des visites de demain.

Quelques kilomètres de grande route vers le nord nous mènent à Castelvetrano où nous allons faire le plein d’épicerie fraîche dans un « Discount Alimentario » : prix corrects mais choix fort limité...

Il fait nuit lorsque nous rattrapons l’autoroute vers le nord jusqu'à la sortie vers Salemi. Nous errons un peu dans la petite ville animée à cette heure, à la recherche d’un bivouac tranquille. Nous finissons par le trouver dans une impasse totalement silencieuse, juste au dessus de l’hôpital. Vaisselle, souper et coucher à 22:30.


Samedi 22 février 1997 : de SALEMI à MONREALE (133 km)
Vers Segeste : la petite route dans les
                    montagnettes
Vers Segeste, la petite route dans les montagnettes
Nuit parfaitement paisible, à l’issue de laquelle nous paressons un peu pour décoller vers 9:30 après un peu de ménage (changement de literie) dans notre motel à roulettes. Une jolie route peu fréquentée se faufilant à travers des montagnettes nous offre de fort beaux paysages agrestes jusqu’à ce que, ses couleurs accusées par le grand soleil et tranchant sur le fond de pierraille et de forêt, se profile entre deux pentes la petite silhouette du fameux temple de Segeste.

Accompagnés par un couple de Français qui font le tour de la Sicile en 5 jours (!), nous escaladons à pieds - sur une belle route asphaltée - les deux kilomètres menant à l’Acropole où se trouve le théâtre hellénique (IVème siècle av. J. C.).  Segeste :
                      le fameux temple sur sa butte
Segeste : le fameux temple sur sa butte


Jean-Paul sur la scène du théâtre en haut de
                      l'Acropole de Segeste
Jean-Paul sur la scène du théâtre en haut de l'Acropole de Segeste
La vue sur les montagnes et les vallons alentours est superbe, tandis que les pentes près de nous sont envahies par des petites fleurs jaunes, oranges et violettes dont Monique fait un gai bouquet champêtre.

Segeste : gradins du théâtre
Segeste : gradins du théâtre
Segeste : gradins du théâtre antique sur fond
                      d'autoroute contemporaine
Segeste :  gradins du théâtre antique sur fond d'autoroute contemporaine

Segeste : gradins, entrée du théâtre et
                      scène
Segeste : gradins, entrée du théâtre et scène
Segeste: Monique sur les gradins du théâtre
Segeste:  Monique sur les gradins du théâtre

Le monument, fort bien conservé, jouit d’un environnement grandiose, et ses courbes harmonieuses s’accordent parfaitement avec les larges virages d’un autre « ouvrage de Romains », le long viaduc sinueux de l’autoroute Trapani - Palermo qui slalome tout en bas au fond de la vallée. Le grand soleil, l’absence de bruit et de pollution, le beau cadre naturel font de cette balade un « must ».

Segeste : le temple vu depuis l'Acropole
Segeste : le temple vu depuis l'Acropole

Segeste: Jean-Paul sur le chemin montant au temple
Segeste : Jean-Paul sur le chemin montant au temple

Segeste:
                    le temple supérieurement conservé
Segeste: le temple supérieurement conservé
Depuis le stationnement que nous regagnons bientôt, un sentier grimpe rapidement à travers oliviers, agaves et autre plantes méditerranéennes jusqu’au fameux temple. Il a conservé toutes ses colonnes en double rangée, sa corniche et ses deux frontons. Sa grande hauteur ne devient perceptible que lorsqu’on la mesure à celle des visiteurs qui passent entre ses colonnes pour en parcourir le vaste espace intérieur. Beaucoup de détails du couronnement nous sont alors révélés, dont la frise perpendiculaire à la corniche garnie de points à la façon de blocs Lego qui nous avaient intrigués, hors contexte en d'autres lieux, sur des blocs de pierre gisant à terre en désordre. 

Ce site archéologique nous aura beaucoup plu, comme d’autres déjà vus en Grèce : on y retrouve la même rencontre d’un environnement naturel d’une grande beauté avec une qualité architecturale exceptionnelle de conception et de conservation.

Nous rallions ensuite la côte par une petite route dont les agréments ne compensent pas les aléas (étroitesse, virages, etc.) jusqu’à Castellamare di Golfo. Après une vue générale décevante par rapport à ce que la photo du guide nous avait fait attendre, un labyrinthe inextricable de ruelles nous fait gagner le port joliment dessiné mais très sale. Nous déjeunons sur le quai au grand soleil, près de quelques pêcheurs qui raccommodent leurs filets ou préparent leur barque en s’engueulant...
Castelmare di Golfo : déjeuner au soleil sur
                      le quai
Castelmare di Golfo : déjeuner au soleil sur le quai

Sur la route de Palerme, le chauffeur attend
                    les instructions de la navigatrice
Sur la route de Palerme, le chauffeur attend les instructions de la navigatrice
Jouissant du beau temps et de l’ambiance très vacances, nous flânons un peu puis voulons profiter des beautés de la région en suivant la route côtière soulignée de vert sur la carte Michelin. Malheureusement, la trentaine de kilomètres parcourus nous fait surtout découvrir la banlieue balnéaire de Palermo où ses habitants se sont faits construire dans un désordre presque absolu des bicoques souvent très vulgaires, quand elles ne sont pas horribles. Environnement naturel assez ordinaire (plat voire autrefois marécageux), sale et très détérioré. Dans quelques villages de pêcheurs aux ruelles pauvres, les gens ont sorti leur chaise dans la rue pour prendre le soleil.

Fort déçus, nous finissons par emprunter l’autoroute pour gagner au plus vite Palermo et de là Monreale et sa cathédrale décorée de fameuses mosaïques. Dans la nuit qui tombe, nous nous perdons dans les rues très achalandées de la grande ville, capitale de la Sicile. Heureusement un habitant auquel nous demandons notre chemin nous offre aimablement de nous guider en direction de Montreale. S’ensuit une demi-heure de stress à suivre la petite Opel rouge dans la circulation intense et anarchique de Palermo, jusqu’à ce que notre guide nous laisse au bas de la longue montée qui nous conduit directement sur la place de la cathédrale. Nous tombons sur une foule dense de jeunes (samedi soir...) encadrée par des policiers. À l’issue de quelques manœuvres pour nous retirer de ces lieux trop fréquentés à cette heure, nous battons en retraite sur le grand stationnement presque vide destiné aux touristes et aux pèlerins en dessous du centre ville. Souper et installation pour la nuit.

Dimanche 23 février 1997 : de MONREALE à TRAPANI (136 km)  

Abside
                    de la cathédrale de Monreale
Abside de la cathédrale de Monreale
Nuit calme, réveil tôt mais lever tard, dans la tiédeur du lit haut chauffé par le soleil très vif. Il fait un temps superbe, avec une légère brume qui noie les lointains derrière un voile bleuté. Le panorama sur la Conche d’Oro, la large vallée où s’étend l’agglomération débordante de Palerme en devient flou et la mer devinée s’amalgame à ses limites indistinctes. Confiant la surveillance de notre Aigle à un jeune « gardien » empressé, nous nous engageons dans l’escalier menant à la cathédrale en passant au pied de son abside élégamment décorée.

Déjà la foule se presse sur son parvis, des groupes de scouts en grand jamboree régional chantent, jouent et envahissent tous les espaces libres.
Monreale : façade de la cathédrale
Monreale : façade de la cathédrale

Monreale : les colonnettes du cloître de la
                    cathédrale incrustées de mosaïques dorée
Monreale : les colonnettes du cloître de la cathédrale incrustées de mosaïques dorée
Nous nous réfugions dans le célèbre cloître médiéval, une merveille qui, à elle seule, aurait valu le déplacement. Autour de son vaste et paisible quadrilatère, les colonnettes doubles sont enrubannées de festons de mosaïques dorées incrustées dans le marbre. Certains suivent la colonne sur toute sa longueur, d’autres l’entourent de spirales ou de zigzags, le motif varie de l’une à l’autre mais tous utilisent couleurs vives et or brillant. L’effet est frappant mais le merveilleux tient plus encore aux chapiteaux séparant chaque arche, doubles eux aussi, dont les sculptures très fines narrent toutes sortes de scènes des Écritures ou de la vie médiévale (combats de chevaliers, travaux des champs, etc.).

Je passe un long moment à faire le tour du grand carré, tâchant de deviner le sens des scènes figurées et de filmer les plus pittoresques sous le meilleur angle.
Monreale : les colonnettes du cloître de la
                      cathédrale
Monreale : les colonnettes du cloître de la cathédrale

Monreale : les colonnettes du cloître de la
                    cathédrale
Monreale : les colonnettes du cloître de la cathédrale
La beauté simple et raffinée des figures, le calme ensoleillé du jardin, les murs de la grande église eux aussi incrustés de motifs abstraits en pierre plus foncée créent une atmosphère unique et mémorable

Fraîcheur du Lavabo des moines...


Monreale : le lavabo du cloître
Monreale : le lavabo du cloître
Monreale : cloître et clocher sud de la
                    cathédrale
Monreale : cloître et clocher sud de la cathédrale

Monreale : carriole et âne pomponné de
                    service...
Monreale : carriole et âne pomponné de service...
Traversant ensuite le parvis toujours aussi animé, nous jetons un œil (à travers la haute grille) à la grande porte garnie de multiples petits panneaux de bronze. Puis nous passons la place très méridionale avec sa fontaine, ses palmiers, sa carriole toute décorée tirée par un âne pomponné avant de pénétrer dans la cathédrale elle-même.
Nef de la cathédrale de Monreale
Nef de la cathédrale de Monreale
Voûte et nef de la cathédrale de Monreale
Voûte et nef de la cathédrale de Monreale

Chœur en cul-de-four de la cathédrale de
                      Monreale : grande mosaïque du Christ en gloire
                      (Pantocrator) dominant les effigies de la Vierge
                      et des Apôtres
Chœur en cul-de-four de la cathédrale de Monreale :
grande mosaïque du Christ en gloire (Pantocrator)
dominant les effigies de la Vierge et des Apôtres
Mosaïque de la cathédrale de Monreale : La
                      Malédiction de Caïn
Mosaïque de la cathédrale de Monreale : La Malédiction de Caïn

Ses lignes d’un roman très pur - le roman normand du XIIème que nous connaissons bien - sont soulignées et ornées d’un extraordinaire décor de mosaïques à fond doré qui illumine tous les hauts. La partie basse des murs et les colonnes sont en marbre blanc veiné de gris qui allège les volumes et accentue l’élévation. Le plafond plat en bois est divisé en caissons peints et dorés dont le riche décor prolonge et s’accorde parfaitement avec les grands panneaux de mosaïques contigus qui racontent les scènes les plus connues de l’Ancien et du Nouveau Testament. Ici se rencontrent Orient et Occident puisque ces scènes, les médaillons des saints émaillant les voûtes et le grand Christ Pantocrator régnant dans la coupole au dessus du chœur sont typiquement byzantins. Malgré l’office qui s’achève - dans une indifférence un peu générale - nous faisons le tour de l’église, admiratifs et béats devant tant de splendeur.
La montée sur la terrasse extérieure est un peu décevante puisque le trajet sur les toits est fort limité : le passage est en si mauvais état (dalles fendues, balustrades descellées...) que le parcours en est bientôt interrompu. Pourtant le panorama sur les toits de la petite ville à nos pieds et sur la vallée palermitaine vaut vraiment le déplacement.

Monique sur le toit de la cathédrale de
                    Monreale
Monique sur le toit de la cathédrale de Monreale

Abside de la cathédrale de Monreale
Abside de la cathédrale de Monreale
Les yeux éblouis par tous ces trésors et par la grande lumière, nous regagnons notre Aigle en passant à nouveau sous la magnifique abside en pierre incrustée dessinant d’élégants entrelacs, On y sent, là aussi, l’influence orientale et arabe.

Tournant un peu dans la petite ville très animée en ce beau dimanche matin tout en suivant les indications vers Trapani, nous nous retrouvons sur une petite route de montagne pittoresque mais sportive qui nous fait rattraper l’autoroute après tout un parcours rural et accidenté. Elle nous aura permis de faire le plein des réservoirs sur une fontaine d’eau de montagne garantie non chlorée ! L'autoroute est rapide, assez belle mais ses haltes sont si sales que nous sommes dégoûtés d’y arrêter pour déjeuner.

Erice : la rue
                    Guarresi et l'entrée de l'Instituto E.Majorano
Erice : la rue Guarresi et l'entrée de l'Instituto E.Majorano
Finalement affamés, nous nous résolvons à une brève pause au pieds de la montagne d’Érice dont nous gravissons ensuite les nombreux lacets escaladant ses 750 mètres. De là-haut, vue superbe sur le Golfe de Castellamare d’un côté et sur la presqu’île de Trapani de l’autre.

Erice:
              l'ancienne église Saint Dominique devenue Instituto Ettore
              Majorano
Erice: l'ancienne église Saint Dominique devenue Instituto Ettore Majorano

Balade dans les ruelles assez fraîches : Monique en robe légère fait l’étonnement des indigènes engoncés dans leur manteau de fourrure ou leur anorak, à juste titre car elle aussi pousse bientôt à un retour hâtif dans la chaleur de notre home.

Erice : le
                      clocher de l'ancienne église
Erice : le clocher de l'ancienne église
Nef
                      de l'église d'Erice
Nef de l'église d'Erice

Golfe de Castellamare depuis Erice
Golfe de Castellamare depuis Erice

Le port de
                    Trapani et le quai où nous trouvons le traversier
                    vers Tunis
Le port de Trapani et le quai où nous trouvons le traversier vers Tunis
Longue descente ensuite d’autres lacets interminables vers Trapani dont les bassins scintillent dans l’or du soleil couchant. Nous traversons toute la ville - très neuve - jusqu’au port et à la petite gare maritime dont la billetterie est fermée. Nous serons ainsi à pied d’œuvre pour l’embarquement à partir de 6:00 et pour le départ prévu à 9:00, si le coût du passage n’est pas trop exorbitant (ce que nous craignons un peu après une demande préliminaire de tarif adressée par Monique à une agence de voyage encore ouverte sur le port. Coucher à 22:00 sur le quai derrière la gare maritime.

8.Tunisie : de La Goulette à Tamerrza

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