Juillet-août 1994

ENGLAND & WALES
 
Jean-Paul et Monique à bord de l'Aigle






3. de PORTMOUTH à VALLE CRUCIS


Mercredi 20 juillet 1994 : de PORTMOUTH à CHIPPING CAMPDEN (264 km)

Mis à mal en milieu de nuit par une crise de colique hépatique, j'ai beaucoup de misère à me lever à l'heure dite... Néanmoins, à 6:15 tout le monde est debout, et à 7 heures moins cinq, nous laissons Juliette et Charlotte sur le quai du terminal avec leurs énormes bagages qui iront directement dans la consigne du bateau. Désireux de voir leur gros navire quitter le port, nous retournons sur le Common. Nous y prenons notre petit déjeuner au bord de l'eau et sous les rayons d'un magnifique soleil ascendant.
Le
                  vieux Portmouth à l'entrée de la rade
Le vieux Portmouth à l'entrée de la rade

Portmouth : Monique tente d'apercevoir les filles
                  depuis The Point
Portmouth : Monique tente d'apercevoir les filles depuis The Point
Mais nous sommes beaucoup trop loin du chenal pour reconnaître quiconque à bord, aussi nous rapprochons-nous du vieux Portsmouth pour aller stationner à son extrémité nord, The Point. C'est l'endroit le plus étroit du goulet et l'on y voit défiler tous les navires quittant le port. Deux gros ferries de P & O passent lentement devant nous avant que ce soit la coque toute blanche du "Duc de Normandie". Malgré un examen attentif des ponts et des coursives à l'aide des jumelles, nous n'arrivons pas à repérer les têtes familières de nos deux filles.

Lorsque le sillage du ferry s'efface dans l'eau clapotant à nos pieds, nous rembarquons dans notre Aigle. Drôle d'impression soudain : beaucoup plus d'espace pour ranger nos affaires, mais aussi un calme qui semble enlever du dynamisme à notre équipage maintenant réduit. Nous prenons immédiatement la direction du nord avec Oxford pour objectif. Nous pourrons nous y réapprovisionner en denrées fraîches dans le centre d'achat installé en bordure sud de la vieille ville visitée il y a cinq ans. Le ciel bleu est tout dégagé, il fait encore frais puisqu'il est à peine 9:00. Nous nous engageons sur l'autoroute M 27 vers Eastleigh, puis sur la A 33 vers Winchester où bifurque la A 34. Ces superbes 4 voies à chaussées séparées sont fort rapides, mais des ratés dans le moteur (défauts de carburation ou d'allumage ?) s'ajoutant au désir de faire une pause nous font quitter la grande route maintenant très chaude. Nous cherchons l'ombre d'un gros arbre sur un chemin de terre au milieu des champs près de Sutton Scotney. Je pourrai tout à loisir nettoyer le carburateur, les bougies et changer le filtre à essence probablement encore encrassé pendant que Monique fera la sieste.

La première phase du travail se passe bien mais une fois les bougies rebranchées, impossible de redémarrer. Un peu inquiet, je vérifie les connexions, essaie encore de relancer le moteur pour constater qu'aucun courant ne semble sortir de la bobine... Nous voilà dans de beaux draps, isolés sur notre chemin de campagne. Heureusement un passant nous indique un garage tout proche. Je démonte donc la bobine et nous voilà partis pour une petite marche au soleil à la recherche de secours. Nous n'avons pas fait un kilomètre en direction du village que nous tombons sur une camionnette de secours routier du R.A.C., l'équivalent du C.A.A. (Canadian Automobile Association), dont le chauffeur s'est mis au frais en attendant un éventuel appel de détresse. Je sors ma carte du C.A.A. Le patrouilleur en fait approuver la validité internationale auprès du Royal Automobile Club par radiotéléphone puis nous ramène à notre Aigle abandonné sous son arbre. Il entreprend alors de voir ce qui ne va pas. Mon diagnostic n'était qu'en partie erroné : le circuit d'allumage est en effet défectueux, non à cause de la bobine qui fonctionne normalement, mais du rupteur du distributeur complètement H.S. Ce diable d'homme en a en réserve dans son camion, il le change illico... et le moteur se remet à tourner à la première sollicitation ! Ouf !! Le petit camion blanc repart peu après, la réparation ne nous aura coûté de 2,22 livres (6 $), le prix de la pièce défectueuse. Nous nous tirons d'affaire à bon compte grâce à notre abonnement C.A.A. et à la présence providentielle de ce brave patrouilleur...

Le capot et le siège qu'il avait fallu enlever sont vite remis en place et nous reprenons l'autoroute après ces deux heures d'arrêt impromptu. Elle file vers Newbury, puis Oxford où nous arrivons vers 15:00. Le supermarché Sansbury se trouve bien là où je m'y attendais, aussi notre magasinage se déroule-t-il rapidement et sans encombre. Une heure plus tard nous sommes à nouveau sur la A 34, mais un imbroglio dans les numéros de routes (notre atlas est déjà ancien et certaines voies semblent avoir été modifiées ou ajoutées) nous écarte un long moment de notre itinéraire. Nous rattrapons le bonne route à Enstone (A 34) avant de prendre la A 44 à Chipping Norton.

Le paysage a changé autour de nous, il est beaucoup plus vallonné avec des champs limités par des haies touffues qui présentent tout un assortiment de couleurs : ce sont les Cotswolds, une région renommée pour la beauté de ses paysages ruraux et le charme de ses villages aux maisons toutes en pierre calcaire taillée et dorée. Paysage des Cotswolds avec moutons
Paysage des Cotswolds avec moutons

Arrivée à Chipping Campden
Arrivée à Chipping Campden
Nous en traversons plusieurs, ravissants, avant de découvrir le plus beau d'entre eux, Chipping Campden. Tout en bas d'une longue descente, le bourg est entouré à une certaine distance de collines aux pentes douces.

Sur le panneau à son entrée j'ai la surprise de découvrir la mention "jumelé avec Pont d'Ouilly, Normandie". Quel incroyable hasard nous fait tomber ainsi sur le jumeau de mon village natal ! Une photo s'impose, pour le souvenir et pour Maman. Jumelé avec Pont-d'Ouilly, mon village natal !
Jumelé avec Pont-d'Ouilly, mon village natal !

Chaumière
Chaumière de Chipping Campden
Les maisons typiques, la plupart anciennes, sont superbes, les plus périphériques entourées d'adorables jardins aux fleurs exubérantes. Leurs couleurs éclatantes  contrastent avec la pierre d'une belle teinte chaude, des panneaux aux vitres plombées garnissent les petites fenêtres, des dalles irrégulières en calcaire aux mêmes nuances dorées que les murs couvrent les toits pentus, quand ce n'est pas du chaume.

Cottage
          avec jardin
Cottage avec jardin

Cottage à la
          boite aux lettres
Cottage à la boite aux lettres

Nous parcourons en voiture les deux principales rues et faisons le tour de l'église du XVIème un peu à l'écart. Tout est admirable et l'ensemble tout à fait pittoresque. Mais nous sommes trop fatigués pour tout examiner en détail, la visite complète sera donc pour demain. Un vaste stationnement tranquille et vide nous accueille devant l'école; nous y élisons bivouac sous un grand chêne. Souper rapide puis coucher, nous nous endormons rapidement après cette journée épuisante. Chipping-Campden : High Street
Chipping Campden : High Street

Jeudi 21 juillet 1994 : de CHIPPING CAMPDEN à WORCESTER (72 km)

Un tumulte de gros diesels nous réveille vers 8:15, avant qu'un monsieur digne, en cravate et costume sombre mais arborant un sourire courtois, frappe à notre porte. Il nous signale que nous sommes sur un stationnement privé et que nous dérangeons. C'est le principal de l'école dont les élèves arrivent par autobus entiers. Ils les débarquent à deux pas et manœuvrent autour de nous en repartant.

St James
                  Church
St James Church

Nous nous habillons en hâte et allons nous arrêter un peu plus loin, juste en dessous de l'église St James (XVIème Perpendiculaire), devant les Almshouses (Hospices). Là nous prenons notre douche et déjeunons avant d'explorer systématiquement la petite ville.

La visite commence par l'église. Joliment campée au centre d'un assez grand cimetière ombragé et planté de d'antiques dalles moussues, ses murs sont percés de vastes baies gothiques qui lui donnent lumière et espace. Nef et choeur de l'église St James
Nef et chœur de l'église St James

Allée du cimetière menant à l'église St-James
Allée du cimetière menant à l'église St-James
Cimetière de l'église de Chipping Campden
Cimetière de l'église de Chipping Campden

High Street et ses maisons anciennes
High Street et ses maisons anciennes
Puis nous rattrapons High Street, la grande rue toute bordée de vieilles maisons fleuries. Les vitrines à petits carreaux de verre irrégulier offrent toutes sortes de marchandises à notre curiosité : les articles bien ordinaires d'une pharmacie (Dispensing chemist) voisinent avec des service d'assiettes et de plats anciens décorés ou avec les productions fameuses d'un designer contemporain qui a installé à Chipping Campden son studio de création.

Au centre trône Market Hall, les vieilles halles pittoresques du XVème sur lesquelles une affichette indique que le National Trust (qui en est propriétaire) a fait restaurer sa toiture "à l'ancienne" : on aperçoit fort bien les chevilles de bois fichées en haut de chacune des dalles de pierre. Elles les bloquent sur les liteaux et les empêchent ainsi de glisser. Quel travail ! Le Market Hall de Chipping Campden
Le Market Hall de Chipping Campden

Sous
        la vieille charpente de Market Hall
Sous la vieille charpente de Market Hall

La
          galerie en bord de rue de Market Hall
La galerie en bord de rue de Market Hall

Un peu plus loin sur une petite place, un élégant clocheton surmonte l'Hôtel de Ville puis, sous un saule pleureur, la terrasse d'un café s'accote à une autre vieille maison... Les façades se suivent, parfois un peu différentes, mais le même grès doré et l'agencement identique de pierres et des toitures conservent à l'ensemble une grande unité. Le plan demeure assez resserré pour sauvegarder le caractère intime du village par ailleurs très vivant : on n'y voit pas trop de touristes de passage ni d'autobus, beaucoup d'habitants semblent propriétaires de leur maison, qu'ils y demeurent à l'année ou l'utilisent comme résidence secondaire. Autre trait charmant, les fleurs sont partout, que ce soit en corbeilles ou en bacs sur les façades ou dans les petits jardins toujours exubérants.

Chaque cour devinée derrière le porche béant sur la rue laisse entrevoir des gerbes de plantes annuelle, des roses et d'autres compositions florales multicolores. Cour fleurie d'une taverne de Chipping Camden
Cour fleurie d'une taverne de Chipping Camden

Façade
                elle aussi fleurie de la même taverne
Façade elle aussi fleurie de la même taverne
Nous marchons longtemps, admirant tel détail architectural, tel dessin de porte ou de heurtoir, nous extasiant devant un parterre ou un bouquet, jusqu'à retrouver notre Aigle, un peu fatigués mais les yeux remplis de beauté.

Nous décidons de poursuivre cette exploration rapide des Cotswolds en visitant les jardins renommés du Hidcote Manor. Huit kilomètres de route de campagne très étroite nous mènent sous les grands arbres de son parc. Nous y pique-niquons au frais (il fait chaud et humide aujourd'hui). Puis nous renouvelons notre carte de membre du National Trust, là aussi propriétaire du domaine et pénétrons dans les fameux jardins. Hidcote
                manor

Mixded Borders
Hidcote Manor Garden : Red Border
C'est un enchantement ! Johnstone, le génial horticulteur, créa cette œuvre d'art pour en faire don au Trust en 1948. Il y a combiné la rigueur d'un dessin général "à la française" à des ensembles floraux typiquement anglais : les espaces nettement délimités par des haies taillées sont remplis de plantations, de mixed borders multicolores, d'un jardin d'eau ou d'un bassin. Une longue pelouse coupée d'escaliers traverse tout le jardin et débouche dans la campagne...

Bref une multitude de traits caractéristiques des différents époques ou styles ont été merveilleusement agencés pour créer un ensemble unique et harmonieux. C'est donc une autre partie de plaisir pour les yeux et l'esprit qui nous occupe pendant deux bonnes heures. Vers 17:15 il faut cependant quitter ces lieux enchanteurs, quasi magiques.

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Hidcote Manor : White Garden
Hidcote Manor : Red Border
Hidcote Manor : Red Border


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Long Walk d'Hidcote Garden aboutissant dans la campagne

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Hidcote Manor : Fushia Garden

 
Le délicat jardin d'eau d'Hidcote Garden
Le délicat jardin d'eau d'Hidcote Garden
Dans le
                jardin d'eau d'Hidcote Garden
Dans le jardin d'eau d'Hidcote Garden

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  Hidcote Garden : nymphéas dans Pine Garden
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Hidcote Manor : Pillar Garden

Nous passons à nouveau par Chipping Campden où nous nous attardons devant quelques superbes maisons dans le style ancien (Shepherd House en particulier), entourées de jardins non moins étonnants. Jean-Paul admire Shepherd House en périphérie de
                  Chipping Campden
Jean-Paul admire Shepherd House en périphérie de Chipping Campden

Puis nous prenons la direction de Worcester où nous voulons faire étape ce soir. En route nous faisons le détour jusqu'à la haute construction gothique (mais datant pourtant de 1799) de la Broadway Tower. On découvre là-haut un immense - quoiqu'un peu voilé à cette heure - panorama sur les Cotswolds, leurs lignes adoucies et leurs espaces humanisés par les cultures, les villages et les haies.

Broadway
Broadway
Nous traversons ensuite la petite ville de Broadway qui aligne ses belles maisons de pierre dorée le long de la grande route. L'architecture se montre en général de qualité, mais l'étendue du village lui enlève beaucoup de caractère, et puis tout ne semble être là que pour le touriste (hôtels, restaurants, boutiques d'antiquaires accueillant des bus remplis de Japonais...).

Il fait presque nuit (19:30) lorsque nous bivouaquons au bord du canal au bout d'une impasse à Worcester. Courrier, souper, journal et dodo.
  

Vendredi 22 juillet 1994 : de WORCESTER à IRONBRIDGE (85 km)

Nuit calme et lever assez tardif (9:30) : nous récupérons la fatigue des longues balades d'hier. Lorsque nous repartons enfin, nous renonçons à stationner au centre ville qui nous semble fort encombré. Nous quittons donc Worcester sans délai et, par la A 449 à double chaussée, donc assez rapide, gagnons Kidderminster. Le moteur, bien ragaillardi par le patrouilleur du R.A.C., tourne rond et nous franchissons aisément les creux et les bosses des collines longeant le haut cours de la Severn. Paysage pittoresque donc, mais route plus étroite sur la A 442. A Bridgnorth nous errons un peu avant de trouver la petite B 4373 qui nous mène enfin à Ironbridge.
 
Le site du village, construit en 1780 autour du premier pont en fonte du monde, est absolument charmant : ses maisons anciennes s'étagent sur le bord de la gorge boisée de la Severn qui suit son cours paisible large d'une cinquantaine de mètres. pont
                d'Ironbridge sur la Severn
Le fameux pont d'Ironbridge sur la Severn


L'arche parfaite du pont est historique, puisqu'elle matérialise la première utilisation architecturale de la fonte. Ce fut donc le début de l'ère industrielle car cette technologie s'accompagnait de plusieurs autres innovations capitales et reliées dont celle de la vapeur... C'est pourquoi la région a été baptisée "le berceau de l'ère industrielle". Le fameux pont avait en partie été conçu comme publicité par le maître de forges Abraham Darby et sa dynastie, p.d.g. de la Coalbrookedale Company installée ici dès 1708. C'est lui qui eut le premier l'idée d'utiliser dans sa fonderie le coke à la place du charbon de bois, rendant possible l'emploi du fer dans les domaines du transport (roues, rails,...), de la construction mécanique (machine à vapeur, locomotives et bateaux) et des travaux publics (immeubles et ponts). On passait ainsi du métal forgé au métal coulé, révolution fondamentale.

Voilà ce que nous apprennent les différents musées de l'"Ironbridge Gorge Museum" dispersés le long de la rivière. Nous commençons par le Musée du Fer, malheureusement en complète restructuration, dont quelques exhibits intéressants mais assez disparates ont été installés provisoirement et un peu au hasard dans un entrepôt : machines-outils, locomotive datant du tout début du XIXème, meubles en fonte, etc. Les restes du premier haut-fourneau à coke sont bien préservés et présentés sous un hangar ad hoc, mais les explications techniques sont pauvres et les panneaux parlent surtout de l'histoire de la dynastie Darby... Une
                salle du Musée du Fer d'ironbridge consacrée à la fonte
Une salle du Musée du Fer d'ironbridge consacrée à la fonte

Une des
        premières locomotives à vapeur
Une des premières locomotives à vapeur

Nous visitons un peu plus haut dans la gorge Rosehill House, la maison du maître de forges : agréable mobilier victorien et ambiance assez bien conservée mais sur ce plan nous avons vu mieux dans les maisons bourgeoises du Maine ou du Nouveau-Brunswick datant de la même époque... Ces premiers sites nous déçoivent un peu : ils nous semblent manquer de densité et de sérieux, ce qui nous étonne considérant la passion des Anglais pour les vieilleries et le coût élevé de l'accès aux différentes curiosités (8 livres par personne, soit 18 dollars).

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Le gardien du péage, entre sa maisonnette et la barrière
En revanche nous sommes comblés par la visite du Blists Hill Open Air Museum. Ce village populaire des années 1900 rassemble un bel échantillon de maisons : demeures du médecin et maisonnette du gardien du péage, masure du paysan,...
 
Dans
                l'atelier de l'imprimeur : la presse et les tiroirs à
                casses
Dans l'atelier de l'imprimeur : la presse et les tiroirs à casses
Chez le médecin, la nurse tricote au coin du feu
Chez le médecin, la nurse tricote au coin du feu


Chez le
                  pharmacien
Chez le pharmacien (
Dispensing Chemist)
...de boutiques (pharmacie, boucherie, boulangerie, banque...), d'échoppes d'artisans (serrurier, fabricant de chandelles, menuisier, cordonnier, confiseur, imprimeur...) et enfin d'ateliers industriels (forge et fonderie, atelier métallurgique).
 
Le carreau de mine a gardé son ascenseur à vapeur que son mécanicien fait fonctionner devant nous. Beaucoup de couleur locale mais aussi de bonne humeur chez les animateurs-acteurs-gardiens en costume. L'institutrice nous explique les règlements de son école dans sa petite classe sur laquelle règne un portrait sévère de la reine Victoria vieillissante. Chez le médecin, la nurse démontre l'utilisation d'une pince spéciale pour l'ablation des amygdales (brrr !). Enfin le forain nous fait visiter sa confortable roulotte installée à deux pas de son manège de chevaux de bois mû à la vapeur. Celui-ci tourne dans le sens de l'horloge (donc dans le sens contraire de ses modèles continentaux...) autour d'un superbe orgue Gaviolli à 20 jeux... Nous profitons pleinement de toutes ces attractions jusqu'à la fermeture à 18:00; cette dernière visite nous aura réconcilié avec la conception d'ensemble de l'Ironbridge Gorge Museum.

Nous finissons la soirée par le clou du site : le pont lui-même, dont j'admire la structure étonnamment légère pour l'époque (1780), au centre du site remarquable (village aux jolies maisons XVIIIème soignées et fleuries, vallée profonde, boisée et parfaitement préservée), le tout baigné par la lumière dorée du soleil descendant. Je filme évidemment la vue sous tous les angles, avant de gagner le stationnement du Tar Tunnel, près du Coalport China Museum que nous visiterons demain. Ce terrain calme et ombragé nous servira de camp pour cette nuit, après que nous ayons en chemin jeté un coup d'oeil aux ruines (en restauration) des hauts-fourneaux de Bedlam (1757).


Samedi 23 juillet 1994 : de IRONBRIDGE à ERDIGG (WREXHAM) (98 km)

Nuit parfaitement silencieuse sous les grands arbres du parking désert. Cependant à 8:15 c'est la pelleteuse réparant le Tar Tunnel à 100 mètres de là qui démarre à plein régime et nous jette à bas du lit. Douche, déjeuner puis déplacement de quelques centaines de mètres pour stationner devant la Coalport China Company. Une partie de ses vieux bâtiments de briques a été restaurée et abrite maintenant un musée qui ne tarde pas à nous séduire : d'abord une suite de vitrines modernes et soignées présente un large échantillonnage des assiettes, plats, tasses, vases, statuettes et autres porcelaines produites ici depuis 1799 jusqu'en 1926. Le décor et la manière sont loin de nous emballer, comportant beaucoup trop de dorures et de mignardises à notre goût, mais la qualité des réalisations comme l'imagination déployée sont assurément remarquables. De plus quelques pièces au décor particulièrement dépouillé ou harmonieux valent bien les quelques plans vidéo que je leur consacre...

La partie la plus intéressante de la visite reste cependant à venir : nous pénétrons maintenant dans un ancien atelier réaménagé pour montrer en raccourci les différentes étapes de la fabrication de la porcelaine décorée. Cela commence par le moulage de la pâte de kaolin dans des formes de plâtre avant la cuisson à 1 200°. Puis on procède à l'application du décor par transfert d'un motif imprimé sur un morceau de papier tissu, l'encre humide passant des creux de la plaque de cuivre gravée à la porcelaine poreuse. Enfin c'est le glaçage par immersion dans une suspension d'argile transparente et passage au four à 800°. Coalport : Peinture sur porcelaine (China)
Peintre sur porcelaine

Coalport : Peinture sur porcelaine (China)
Coalport : peinture sur porcelaine (China)

Deux autres variantes sont possibles : la peinture à la main des motifs ou le transfert de ceux-ci, préalablement imprimés sur papier, comme des décalcomanies. Les appareils, tours, moules, presses et calques sont là devant nous, ainsi que des exemplaires de vaisselle aux différentes étapes de réalisation. Une vieille dame charmante occupée à modeler des broches en porcelaine s'offre à donner quelques explications supplémentaires. Monique ne résiste évidemment pas à la tentation de manipuler la pâte de porcelaine d'os (bone china) et se laisse initier à la réalisation des petites fleurs. L'élève fait preuve de beaucoup d'habileté pour ses premières réalisations et reçoit les félicitations de l'habile artisan.

La visite se termine par le tour d'un four (kiln) où l'on cuisait toute cette production. La chambre de cuisson cylindrique de 5 à 7 mètres de diamètres se termine en dôme qui culmine bien à une dizaine de mètres au dessus de nos têtes. Elle était logée dans un curieux bâtiment circulaire en forme de bouteille à bourgogne coupée au niveau du goulot. Un couloir en couronne d'un mètre de large permettait de faire le tour de la chambre de cuisson, d'alimenter les 6 ou 8 foyers ménagés à sa base et de surveiller le déroulement de l'opération. Une partie de ses parois a été éventrée pour montrer en coupe la disposition des saggars, sortes de paniers en argile dans lesquels était disposée la vaisselle à cuire ou à glacer.

Une dernière petite salle avant le magasin à la sortie présente l'état de santé déplorable des ouvriers et ouvrières travaillant à la fabrique. La chaleur qui régnait ici était épouvantable, et la poussière de kaolin stagnait de façon quasi permanente. C'est pourquoi ils se groupèrent pour constituer le premier fond mutuel de secours, ancêtre de notre assurance-maladie. Ainsi s'achève une visite vraiment passionnante et instructive tant par la qualité des objets sélectionnés que par la présentation des informations transmises. Nous ne voulons pas quitter Ironbridge sans quérir quelques cartes postales du Blists Open Air Museum non disponibles à sa fermeture hier soir. Nous remontons donc jusqu'à sa boutique en haut de la vallée, avant de prendre la route vers Shrewsbury.
 
Une vingtaine de kilomètres plus loin, longeant la vallée où s'épanouit la Severn, nous apercevons la belle façade palladienne d'Attingham Park au milieu des grands arbres de son parc. C'est une autre propriété du National Trust que nous voulons visiter, gratuitement maintenant que nous sommes membres, car "We have join !", comme le suggérait avec insistance une annonce à l'entrée de chaque monument du Trust. Attingham Park
Attingham Park

Salle à manger d'Attingham Park
Salle à manger d'Attingham Park
 
Après un pique-nique rapide à l'ombre d'un gros chêne, nous parcourons les multiples salons, boudoir, bureau, bibliothèque et autre salle à manger.

Salon
            d'Attingham Park
Salon d'Attingham Park

Galerie de peintures et orgue d'Attingham Park
Galerie de peintures et orgue d'Attingham Park
Partout des tableaux, la plupart fort beaux, couvrent les murs; sous les plafonds travaillés et peints, des meubles précieux créent une ambiance chaleureuse, comme si le château était encore habité. Des fleurs sur les tables et les bureaux, une lettre en cours de rédaction, un livre ouvert, la table mise et garnie d'une corbeille de fruits accentuent encore le caractère vivant de la demeure, cadre splendide que s'était fait bâtir un landlord fortuné au milieu du XVIIIème siècle.

Boudoir d'Attingham Park
Boudoir d'Attingham Park
Chandelier en bronze doré
Chandelier en bronze doré

Aquarelle extraite du projet de Repton (Livre
                Rouge)
Aquarelle extraite du projet de Repton (Livre Rouge)
Il eut de plus la bonne idée de confier à Repton, le grand paysagiste de l'époque, l'aménagement du parc alentour. Les 450 hectares de terres, de prairies et de plantations d'arbres qui environnent la grande maison palladienne sont donc remarquablement organisés.

Je laisse Monique fatiguée regagner l'Aigle et me lance dans un grand tour de la propriété en empruntant d'abord la Mile Walk qui longe la rivière. Les vues pittoresques ne manquent pas : deux cygnes voguent au milieu du petit étang, un troupeau de vaches s'abreuve et patauge dans le cours d'eau paresseux. Je m'enfonce ensuite sous les grands arbres, dont plusieurs chênes centenaires, jusqu'à la limite nord de la propriété. Les futaies splendides et les sous-bois paisibles, d'apparence sauvages mais en fait soignés, se fondent progressivement dans la campagne environnante...
Attingham Park
Attingham Park

Harde de
                  daims d'Attingham Park à la fin de l'automne
Harde de daims d'Attingham Park à la fin de l'automne

Au retour par la grande allée centrale, je me hasarde vers le verger et son petit bâtiment qui m'offre une belle présentation du domaine, de son histoire et de son fonctionnement. Juste avant de retrouver le camping-car je pénètre aussi dans les vastes écuries (stables) où vivaient dans un confort étonnant (grandes stalles de bois sculpté, murs et plafonds plâtrés, etc.) les 36 chevaux de race de Lord Berwick...

Comblés par les beautés du château et par le bain de nature qu'offre son parc superbe, nous repartons vers le Pays de Galles maintenant tout proche. La A 5 nous mène à Shrewsbury où les magasins ferment puisqu'il est déjà 18:00. Dans les rues commerçantes du centre alternent d'élégantes maisons de pierre et des vieilles façades plus ou moins d'aplomb garnies de colombages noirs sur fond de torchis blanc. Nous découvrons un beau centre d'achat (le Darwin Centre) tout neuf dont le décor rappelle un peu notre centre Rockland. Puis nous repartons vers le nord par la A 5 qui file à travers la campagne luxuriante. Un peu après Oswestry, un grand panneau nous signale notre entrée au Pays de Galles. Nous atteignons enfin la grille majestueuse et tarabiscotée du château médiéval de Chirk, mais la pancarte bilingue (anglais et gallois incompréhensible) indique une ouverture tardive à midi demain. Nous décidons de renoncer à cette visite pour nous consacrer plutôt à Erdigg House dont la description dans le Guide Vert comme dans le Handbook du National Trust semble plus alléchante.

En passant à Fron Cysyllte nous soupons au bord du canal, juste avant le spectaculaire aqueduc qu'emprunte la voie d'eau pour franchir la vallée de la Dyfrdwy. Le passage d'étroits house boats (justement appelés ici narrows boats) et la manœuvre du pont levant animent le paisible plan d'eau durant notre repas tandis que le soleil disparait. Pique-nique au bord du canal à Fron Cysyllte
Pique-nique du soir au bord du canal à Fron Cysyllte

Aqueduc de
                Fron Cysyllte
Aqueduc de Fron Cysyllte
Les
                    House boats sur le canal
L
es House boats sur le canal


Puis nous repartons dans la nuit jusqu'aux abords du domaine d'Erdigg. Son stationnement fermé au delà de la grille n'est plus accessible, aussi nous installons-nous à deux pas, en pleins champs, le long d'une petite route de campagne.

 

Dimanche 24 juillet 1994 : d'ERDIGG HALL au BRENIG RESERVOIR (73 km)

Plan d'Erdigg
Nous sommes aujourd'hui dimanche et le foin de notre champ vient manifestement d'être ramassé, deux bonnes raisons pour ne pas être dérangés ce matin. Une fois n'est pas coutume ! Comme les portes du château tout proche n'ouvrent qu'après 11:00, nous paressons un peu au lit, d'autant que le temps semble assez gris, pour ne pas dire bouché. Vers 11:15 nous passons les grilles et traversons le parc étendu. Dans les près plantés de grands arbres dispersés pâturent quantité de moutons et de vaches.

On n'aborde pas directement le logis seigneurial, au contraire l'itinéraire fléché nous fait parcourir tour à tour une suite de petits bâtiments annexes en brique rouge où se trouvaient les ateliers de chacun des personnels spécialisés chargés de l'entretien du domaine : menuisier, charpentier, forgeron, maçon, cocher... Les outils et autres équipements sont tous là, comme si les serviteurs employés ici allaient poursuivre leur ouvrage demain matin. De la même façon les servantes et autres domestiques affectés au service de maison (femmes de ménage, cuisinière et ses aides, groom, etc.) ont reçu de la part des maîtres d'Erdigg une attention particulière. Deux
                ancêtres devant le garage
Deux ancêtres devant le garage

Erdigg
                : la buanderie et sa machine à repasser
Erdigg : la buanderie et sa machine à repasser
Un des moteurs à vapeur actionnant les machines
                dans les ateliers d'Erdigg Hall
Un des moteurs à vapeur actionnant les machines dans les ateliers d'Erdigg Hall

Une série de portraits à l'huile puis de photographies les présente tandis que quelques vers rédigés par plusieurs Yorke (la famille des propriétaires) rendent hommage à leur dévouement et à leur compétence. Traitement bien inhabituel à l'époque (XVIIIème et XIXème siècle), mais qui souligne l'importance de la cohésion de cette équipe pour le fonctionnement autarcique et quasi communautaire du domaine. Le
                personnel d'Erdigg au grand complet pose devant le
                perron
Le personnel d'Erdigg au grand complet pose devant le perron, chacun avec l'attribut de sa fonction

Erdigg Hall : la
        cuisine
Erdigg Hall : la cuisine

Erdigg
                Hall : la salle à manger
Erdigg Hall : la salle à manger
La visite des grandes pièces destinées aux maîtres est plus traditionnelle quoique fort agréable elle aussi : meubles de qualité, tableaux de choix, ensembles de bon goût et surtout vivants, comme dans les autres country houses du National Trust visitées jusqu'à maintenant. Au grand salon succèdent le boudoir, la salle à manger, le bureau-bibliothèque et le salon de musique avec piano, orgue, précieuses boites à musique et gramophone d'Edison...

A l'étage, la nursery est pleine de jouets anciens, dont un petit train fabriqué en 1905 par le menuisier du domaine pour les 5 ans d'un fils du maître. Erdigg Hall :
                la nursery
Erdigg Hall : la nursery

La douche
                antique dans la salle de bain d'Erdigg
La douche antique dans la salle de bain d'Erdigg
Nous relevons l'apparence bizarre d'une douche ancienne, mais c'est surtout la magnifique chambre à coucher d'apparat qui nous séduit. Derrière des commodes et un chiffonnier de laque incrustée elle est tendue d'un délicat papier peint chinois et garnie de soieries blanches brochées d'or. Effet superbe, d'une richesse un peu inattendue dans cet environnement rustique.

Le petit tour dans les formal gardens donne une autre image, à la fois sobre et élégante, de la propriété. A la longue façade de brique rouge terra cotta cantonnée de pierres blanches semblent répondre les gazons rythmés par des massifs colorés de forme géométrique et les rangées d'arbre en boites ou plantés bien en ligne, le tout en une harmonieuse symétrie. Au bout du jardin, une pièce d'eau agrandit l'espace en intégrant le reflet du ciel. Façade
                  d'Erdigg Hall donnant sur le formal garden
Façade d'Erdigg Hall donnant sur le formal garden


Fête de mai sur les pelouses d'Erdigg Hall
Fête de mai sur les pelouses d'Erdigg Hall
Celui-ci est pourtant bien gris et ne tarde guère à se résoudre en pluie. Il ne reste plus qu'à rentrer choisir quelques cartes postales-souvenirs dans la boutique. J'y demande aussi l'une des délicieuses miches de pain home made préparées par la plantureuse boulangère à l'oeuvre devant nous et devant ses fours tout à l'heure. Elles doivent être fort appréciées car elles sont déjà toutes vendues.

Le temps est trop orageux et humide pour que nous explorions les autres curiosités du domaine comme la chute d'eau ou le King's Mill, et il est déjà 14:30. Après un pique-nique rapide au sec dans notre Aigle, nous reprenons la route sous une averse pour une quinzaine de kilomètres jusqu'à Llangollen.

C'est un agréable village ancien campé au dessus de son pont de pierre du XVème. Depuis son tablier à redans triangulaires surmontant chaque pile s'offre une jolie vue sur la rivière.

Locomotive ancienne du Llangollen Railway
Locomotive ancienne du Llangollen Railway
Je suis encore plus attiré par la vieille locomotive à vapeur datant de 1927 et manoeuvrée par des amateurs fanatiques dans la gare toute proche. Elle fume, crache, halète, fait le plein d'eau, avance, recule pour finalement s'accrocher à quelques wagons remplis de touristes ravis et partir en balade le long de la vallée.

Après ce passionnant spectacle qui aurait sûrement emballé aussi Denis, il ne me reste plus qu'à faire une plaisante petite marche sur la berge de la rivière. Son cours agité franchit quelques rapides à travers de grandes plaques de roche noire affleurantes en amont desquelles barbotent une flopée de canards. Vue pittoresque puis retour à l'Aigle où Monique a piqué un petit somme. Llangollen
Llangollen

Je renonce à aller voir la Plas Newydd, une grande maison blanche et noire au décor extravagant dont l'apparence, sur les quelques cartes postales étalées aux vitrines des marchands de souvenirs, ne m'inspire guère. Ne demeurent donc d'intéressant dans le coin que les ruines de Valle Crucis Abbey. Nous les découvrons, très diminuées mais soigneusement sauvegardées, au fond d'une belle vallée entourée de grosses collines verdoyantes.


Valle-Crucis-dans-la-brume

Restes de
          l'abbatiale et du cloître cistercien de Valle Crucis
Restes de l'abbatiale et du cloître cistercien de Valle Crucis

Les restes de quelques hauts murs de pierre parlent éloquemment de l'austère simplicité cistercienne déjà admirée à Sylvacane en Haute Provence, mais les tentes et caravanes du camping qui entourent le petit enclos enlèvent beaucoup de son charme au site... valle-crucis-choeur
Valle Crucis : le chœur de l'Abbatiale

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Valle Crucis : amorce d'escalier dans la nef
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Salle capitulaire de Valle Crucis

Jean-Paul
          devant Valle Crucis dans la brume
Jean-Paul devant Valle Crucis dans la brume


Sous la pluie, dans la brume et la lumière descendante, nous nous enfonçons ensuite dans une région de plus en plus accidentée où les près pentus et riches sont parsemés de moutons. Les nuages cachent les sommets alentours, la route assez bonne mais sinueuse et montueuse file à travers des paysages qui seraient sans doute très agréables si on les apercevait. A Cerrigydrudion nous bifurquons vers une région beaucoup plus sauvage, sur une route étroite qui nous mène au réservoir Brenig. Dans le crépuscule nébuleux nous avons juste le temps d'entrevoir son vaste plan d'eau entouré de collines avant de trouver une place favorable au campement. Nous nous y endormons dans un calme absolu.




4. de BRENIG RESERVOIR à PORTMEIRON

Lundi 25 juillet 1994 : de BRENIG RESERVOIR à BODNANT GARDEN (106 km)
Une autre nuit rurale des plus paisibles... Le soleil qui s'infiltre par les côtés des stores illumine notre petite chambre et nous réveille. A 8:15 nous sommes debout pour admirer l'étendue sauvage du lac et ses forêts environnantes que les sapins rendent denses et sombres. Le
                  barrage et le plan d'eau de Brenig Reservoir au matin
Le barrage et le plan d'eau de Brenig Reservoir au matin

Les vertes et douces collines du Pays de Galles
                  au matin
Les vertes et douces collines du Pays de Galles au matin
Puis nous empruntons une toute petite route (la B 5113) longeant les hauts de la vallée de la Conwy River. Partout les près, séparés par des murets de pierres sèches, sont piquetés de centaines de moutons. Les pentes, assez accusées, plongent vers le fond de la vallée tandis que les premiers contreforts de Snowdonia se  relèvent à l'arrière, vivement éclairés par les rayons perçant derrière le couvert nuageux. Les bleus et les verts dominent, parfois un peu éteints lorsque passe une nuage plus épais. C'est splendide.
Les pentes, assez accusées, plongent vers le fond de la vallée tandis que les premiers contreforts de Snowdonia se  relèvent à l'arrière, vivement éclairés par les rayons perçant derrière le couvert nuageux. Les bleus et les verts dominent, parfois un peu éteints lorsque passe une nuage plus épais. C'est splendide. Vallée de la
                  Conwy : les pâturages sur fond de Snowdonia le long de
                  la petite B 5113
Vallée de la Conwy : les pâturages sur fond de Snowdonia le long de la petite B 5113

En avançant vers le nord, c'est la mer qui marque la ligne d'horizon derrière l'estuaire de la rivière encadré de falaises assez hautes. A leur pied, côté est, se trouve la petite station de Colwyn Bay où nous descendons faire quelques courses.

Le pier,
                  la plage et sa promenade de Llandudno aux bancs
                  occupés par l'Age d'or...
Le pier, la plage et sa promenade de Llandudno aux bancs occupés par l'Age d'or...
Ambiance surannée, "quétaine" dirait Juliette : les vitrines sont vieillottes, sans grande élégance ni charme, les maisons un peu toutes semblables dans leur décor 1930-1950. Llandudno quelques kilomètres plus loin accuse encore l'impression "d'avant-guerre" : les grands hôtels barbouillés de blanc s'alignent derrière la digue-promenade où des centaines de têtes grises ou blanches passent le temps, assises sur les bancs. Quelques-uns déambulent au bras d'un(-e) plus vaillant(-e) ou appuyés sur une canne... Une autre station "âge d'or" !

Nous ne nous attardons guère, d'autant plus que l'étroite plage de galets semble fort inhospitalière, quand elle n'a pas tout simplement disparu sous les gros enrochements protégeant la digue... Nous déjeunons près d'une minuscule chapelle dédiée à St Trillo (VIème siècle) puis, après un coup d’œil intrigué et amusé au pier (jetée) où semble s'être rassemblée toute la jeunesse de la ville, nous parcourons la route à péage faisant le tour de Great Ormes Head. Belles vues sur la côte rocheuse alentours que les hauteurs de Snowdonia prolongent vers l'intérieur. Le panorama étendu n'efface pas cependant dans notre mémoire le souvenir de la Route des Crêtes et du Cap Canaille au dessus de Cassis...

Nous traversons ensuite le large estuaire ensablé de la Conwy River pour arriver au pied de l'imposant château médiéval de Conwy, datant du XIIIème. En vue de la
                  forteresse de Conwy
En vue de la forteresse de Conwy

Ses six hautes tours se prolongent de 22 autres tours ponctuant les remparts préservés qui encadrent la vieille ville. Obligés de tourner un peu pour trouver un stationnement, nous en parcourons un peu les rues bordées de maisons pittoresques. La plus vieille d'entre elles, l'Aberconwy House, date de 1300 environ. Structure de colombages, façade en encorbellement, l'antique demeure est entre les mains du National Trust qui l'a superbement restaurée et passablement bien remeublée. Nous faisons un tour assez rapide de ses trois étages, chinons un peu les livres dans la boutique du sous-sol puis nous dirigeons vers le château.

Restitution du château médiéval au temps de sa
                    construction par Edward 1er
Restitution du château médiéval au temps de sa construction par Edward 1er

C'est une puissante forteresse qui faisait partie du réseau de points d'ancrage créé par le roi Édouard 1er d'Angleterre pour s'assurer le contrôle du Pays de Galles tout juste annexé. La majeure partie de sa structure a été conservée; elle adopte la forme d'un huit, avec une cour dite extérieure donnant côté ville, et une cour intérieure d'accès plus protégé, à laquelle on parvenait par voie d'eau. Les grosses tours ont perdu leurs étages intérieurs.
Aussi, lorsqu'on fait le tour du rempart en suivant le chemin de ronde, le regard plonge sur les fenêtres, cheminées et autres aménagements que contenaient les bâtiments. Dans les deux grandes cours centrales demeurent les ruines et les structures des différentes salles où vivait la garnison : salle des gardes, Grand hall, grenier à blé, Salon du Roi et salle d'audience. La petite chapelle royale installée dans une tour au dessus de l'eau a été en partie restaurée et l'on peut se promener dans le jardin suspendu de la Reine qui couronne la barbacane sud. La
                  grande cour extérieure de Conwy Castle (1287) en
                  arrière la vieille ville ceinte de ses remparts
La grande cour extérieure de Conwy Castle (1287) en arrière la vieille ville ceinte de ses remparts
Le château
                  médiéval (1257) construit par Édouard 1er
                  d'Angleterre, et le pont "revival" de Thomas
                  Telford (1826)
Le château médiéval  (1257) construit par Édouard 1er d'Angleterre, et le pont "revival" de Thomas Telford (1826)
De son parapet garni de créneaux, très belle vue sur les deux fameux ponts, le suspendu construit par Telford en 1826, le ferroviaire dessiné par Stephenson en 1848. Parallèles, ils franchissent la rivière au pied du château. Leur décor du medieval revival tente de s'accorder, plus ou moins heureusement, avec les vieux murs authentiques qui les surmontent.

La qualité et la conservation du monument, la clarté et le design du document en français remis à l'entrée, le parcours complet du chemin de ronde, des cours et des tours font de cette visite un plaisir total. Mais nous finissons par être fatigués, il est presque 18:00 et le souper commence à se faire désirer...

Nous regagnons donc notre Aigle sur son stationnement en dehors des murailles. Après le plein d'essence, nous prenons la route remontant la vallée pour franchir la rivière une dizaine de kilomètres plus loin à Tal-y-Cafn. Le plafond nuageux a de nouveau envahi le ciel et il pleut dans la soirée lorsque nous nous arrêtons devant l'école du village d'Eglwysbach, à deux pas de Bodnant Garden que nous comptons visiter demain.


Mardi 26 juillet 1994 : de BODNANT GARDEN à PRENTEG (PORTHMADOG) (83 km)

Ce matin, c'est le tambourin de la pluie sur le toit qui nous éveille vers 6:00. Nous nous rendormons jusque vers 9:15 dans notre coin tranquille. Ce n'était pas l'école mais le temple du village que nous avions élu comme voisin occasionnel.Il s'en échappe quelques échos de musique planante, style "nouvelle ère", qui questionnent sur les goûts musicaux du pasteur...

Une heure plus tard, nous passons les grilles de Bodnant Garden. Dès le début, la grande bordure animant l'allée menant à la résidence de Lord et Lady Aberconwy nous tombe dans l'oeil : les rouges et les jaunes intenses des hautes fleurs qui la remplissent contrastent avec le vieux mur de pierres patinées contre lequel elles s'appuient.


La grande bordure du jardin est près de l'entrée
                  de Bodnant Garden
La grande bordure du jardin est près de l'entrée de Bodnant Garden
Le green et la serre près du manoir de Bodnant
Le green et la serre près du manoir de Bodnant
En arrière, la noble demeure dresse ses pignons et ses façades garnies de fenêtres à panneaux de vitraux. Et surtout une ravissante  - et très vaste - serre victorienne accotée et communiquant avec le manoir rappelle à Monique ses projets de maison en Normandie...

Bodnant Garden : la terrasse des roses

Bodnant Garden : la terrasse des roses, au fond la trouée sur la rivière Conwy et les contreforts de Snowdonia

C'est déjà le début du charme qui opère: il serait en effet trop long de détailler toutes les séductions de ce magnifique, ou plutôt de ces magnifiques jardins qui se succèdent et s'imbriquent, profitant du relief important de la propriété. Nous suivons la balade proposée dans l'opuscule du National Trust. Elle nous conduit en contrebas de la maison, sur une suite de terrasses qui donnent sur la vallée de la Conwy. Bodnant Garden : Jean-Paul filme les hortensia
                  sur la terrasse du lily pond
Bodnant Garden : Jean-Paul filme les hortensia sur la terrasse du lily pond
Bodnant Garden : La terrasse des roses, puis le
                  lily pond (bassin aux nymphéas), au fond la trouée sur
                  la rivière Conwy et les contreforts de Snowdonia
Bodnant Garden : La terrasse des roses,
puis le lily pond (bassin aux nymphéas), au fond la trouée sur la rivière Conwy et les contreforts de Snowdonia
On aperçoit un peu son cours à travers une trouée des grands arbres du parc dont beaucoup sont bicentenaires. Au fond, de l'autre côté du fleuve, se devinent les coteaux de Snowdonia dont les cimes se perdent dans les nuages assez bas aujourd'hui. De superbes bordures colorées encadrent la terrasse de croquet au gazon impeccable.
On passe ensuite au lily pond ou étang des nénuphars : dans un grand bassin circulaire s'épanouissent des nymphéas de toutes les couleurs. Une incursion latérale nous mène sous des grands arbres puis dans un délicieux jardinet chinois aux troncs lisses et tourmentés. Le
                  château de Bodnant se reflétant dans le bassin aux
                  nymphéas
Le château de Bodnant se reflétant dans le bassin aux nymphéas
Bodnant Garden : le grand bassin aux nymphéas
                  sous le grand cèdre
Bodnant Garden : le grand bassin aux nymphéas sous le grand cèdre

Bodnant Garden : le grand bassin aux nymphéas
                  sous le grand cèdre

Bodnant Garden : Jean-Paul sur la grande pelouse au
            pied du cèdre
Bodnant Garden : Jean-Paul sur la grande pelouse au pied du cèdre

On atteint enfin la Terrasse du Canal, très théâtrale. Dans le long rectangle d'eau qui la traverse d'un bout à l'autre se reflète la jolie façade de Pin Mill (le Moulin à Aiguilles), donnant à l'ensemble une allure rappelant un peu les jardins du Generalife à Grenade.

Bassin à nymphéas devant Pine Mill
Bodnant Garden : Pine Mill sous Rose Terrace
Nymphéas devant Pine Mill
Bodnant Garden : Pine Mill

BODNANT GARDEN : bassin à nymphéas devant Pine Mill
Bodnant Garden : bassin à nymphéas devant Pine Mill

Bodnant Garden : Jean-Paul se repère sur le guide
              près de The Poem's
Bodnant Garden : Jean-Paul se repère sur le guide près de The Poem's

jean-Paul filme la bordure dans la Combe
Jean-Paul filme la bordure dans la Combe

Bodnant Garden : le torrent aux rives herbues
                    coulant au fond de la Combe
Bodnant Garden : le torrent
aux rives herbues coulant au fond de la Combe
Puis le sentier descend brusquement sous le boisé, vers le cours d'une petite rivière coulant tout en bas d'un vallon profond.
Les pentes de cette "Combe" ont été paysagés en une vaste rocaille ombragée par de grands arbres. Bodnant Garden : le Pond au fond de la Combe
                      (The Dell)
Bodnant Garden : le Pond au fond de la Combe (The Dell)
Bodnant
                  Garden : dans la Combe, le vieux pont de pierre
Bodnant Garden : dans la Combe, le vieux pont de pierre
Un torrent dégringole vivement la pente, à demi caché par des fougères et d'autres plantes d'ombre et d'humidité. Le chemin suit pendant un moment le cours de la rivière dont le versant opposé est abrité par de magnifiques pins Douglas et des séquoias de plus de 30 mètres de hauteur. En dessous s'épanouissent toute un collection d,azalées aux couleurs vives et variées.
LaCombe
Dans la Combe le sentier descendant sous les pins Douglas...
Un vieux moulin, plus loin une chute d'eau, agrémentent ce fond de vallée où des hydrangeas jettent des taches bleues dans le sous-bois. Bodnant Garden : le barrage au fond de la Combe
Bodnant Garden : barrage au fond de la Combe

Dans la Combe les massifs de fleurs
Dans la Combe les massifs de fleurs

Azalées au flanc de la Combe
Azalées au flanc de la Combe

Une rude montée ramène ensuite dans le parc en longeant le lit d'un autre torrent et en passant sous de fort beaux arbustes. Bodnant Garden : rhododendrons dans l'allée au
                  fond de la Combe
Bodnant Garden : rhododendrons dans l'allée au fond de la Combe

Bodnant Garden : le Round Garden en bordure du green
Bodnant Garden  : le Round Garden en bordure du green

On finit ainsi par retrouver la grande pelouse devant la maison.
Retour au grand green près du manoir de
                    Bodnant
Retour au grand green près du manoir de Bodnant
Bodnant
                  Garden : l'Arche des Cytises
Bodnant Garden : l'Arche des Cytises
La visite se termine par l'extraordinaire Arche des Cytises (Laburnum Arch). Elle est malheureusement défleurie mais les photos prises en mai et début juin nous donnent une bonne idée de ce tunnel d'or...

Il est 14:30, nous avons bien marché nos cinq kilomètres en parcourant en tous sens cet extraordinaire jardin. Nous n'aurons finalement pas ouvert notre parapluie malgré le temps menaçant, mais il aura fallu souvent attendre le soleil pour prendre photos ou vidéos sous l'éclairage mettant le plus en valeur les couleurs des plantes.

Les jambes un peu lourdes et l'estomac dans les talons, nous retrouvons notre Aigle, son frigo et ses réserves pour un lunch bienvenu. Puis nous nous enfonçons dans Snowdonia en continuant la remontée de la Conwy. La route longe une large vallée verdoyante bordée de montagnes spectaculaires jusqu'au village très touristique de Betws-y-Coed. La foule se presse dans ses parcs et sur ses trottoirs, et l'on ne trouve pas vraiment de centre. J'ai donc un peu de difficulté à repérer le vieux pont et les Swallows Falls qui sont ici l'attraction. Monique, fatiguée par sa promenade à Bodnant et un peu saturée de curiosités, me laisse faire seul les deux petites balades : le vieux pont de pierre lance ses arches rondes juste après un rapide pittoresque assiégé par des photographes... La puissance et le rugissement de la chute me semblent beaucoup plus impressionnants. Betws-Y-Coed, les Swallow Falls de la rivière
                  Llugwy
Betws-Y-Coed, les Swallow Falls de la rivière Llugwy

Nous poursuivons ensuite la très jolie route qui suit la rivière Llugwy, un torrent aux eaux blanches écumant sur les rochers qui encombrent son lit. Puis on monte dans un paysage de plus en plus rocheux et désertique parsemé de bruyères violettes.

Dans
                  le soir qui descend, la grosse tour du château natal
                  de Llelewyn, Dolwyddelan
Dans le soir qui descend, la grosse tour du château natal de Llelewyn, Dolwyddelan
Sur une pente en face de nous se dresse soudain la grosse tour carrée du château de Dolwyddelan où naquit Llelewyn, le dernier prince de Galles authentiquement gallois. Avec les nuages qui s'épaississent et le soir qui descend, il fait de plus en plus sombre.

De l'autre côté du col péniblement escaladé, la route dévale entre deux éboulis d'ardoise tandis que la montagne devant nous est éventrée par la plus grande mine d'ardoise du monde, la carrière de Gloddfa Ganol. Site sinistre, comme la petite ville de Blaenau Ffestiniog à ses pieds. Tout semble gris : le ciel, les murs, les toits, les maisons des mineurs en longues rangées uniformes... Quelques courses au supermarché local, plein d'eau sur les superbes toilettes publiques (construites avec l'aide du Fond européen de développement régional, nous apprend un grand panneau à côté...). Nous poursuivons notre itinéraire très rural vers le sud.

Il coupe la ligne du Ffestiniog Railway sur laquelle j'ai la chance de voir une superbe mini-loco à vapeur manœuvrer sur sa voie étroite. Un peu plus loin on aperçoit la ligne bleuâtre de la baie de Tremadoc dans le crépuscule.

Entre Ffestiniog et Porthmagog : "Linda" à
              Minford Station
Entre Ffestiniog et Porthmagog : "Linda" à Minford Station

À
            Tan-Y-Bwich près de Blaenau-Ffestiniog, la loco « Blanche »
À Tan-Y-Bwich près de Blaenau-Ffestiniog, la loco « Blanche »

Mais nous cherchons surtout un point de chute. Ce n'est vraiment pas évident ni le long de cette route étroite ni dans les rares hameaux étriqués et pentus que nous rencontrons. Après plusieurs tentatives infructueuses, nous finissons par stationner un peu à l'écart de la grande route, sur une rue de maisons en rangée à Prenteg. Il est 20:30 et la nuit est presque complètement tombée...
 

Mercredi 27 juillet 1994 : de PRENTEG à PENMON

Ciel encore très gris au lever... à tel point que nous renonçons à l'excursion vers le Mont Snowdon, craignant de nous retrouver très vite dans les nuages. Nous ferons plutôt le tour de la péninsule de Lleyn, les paysages  de bord de mer risquant moins de souffrir du temps brumeux. Premier arrêt à Porthmadog pour faire le plein d'essence et quelques courses dans une pharmacie. La petite ville, complètement envahie par une foule de touristes, ne nous impressionne guère. En revanche la vue sur la mer et sur les montagnes de Snowdonia parcourues hier ne manque pas d'attrait.

Cricccieth-Castle
Quelques kilomètres de route à travers le marais nous font atteindre Criccieth, une longue plage que dominent les ruines du château de Llywelyn-le-Grand perchées sur une butte. Le coup d'oeil est joli, mais les restes nous semblent trop délabrés pour mériter la visite. Criccieth : le château de Llywelyn-le-Grand
Criccieth : le château de Llywelyn-le-Grand

Criccieth : le château de Llywelyn-le-Grand
Criccieth : le château de Llywelyn-le-Grand

En avançant vers l'ouest, le ciel devient progressivement plus bleu, la mer prend doucement une teinte émeraude qui vient prolonger le vert vif des prairies. Traversée un peu difficile de Pwllheli engorgé par son marché rural. La route continue de longer la côte peu accidentée. A Abersoch nous nous laissons tenter par la vue de la plage sous un ciel maintenant tout ensoleillé.

Difficile de stationner près du pittoresque petit port de pêche, mais nous finissons par nous caser de travers entre deux petites voitures. Monique enfile son maillot de bain, moi un short et nous gagnons la minuscule plage près des barques des pêcheurs. Si le spectacle des enfants taquinant la friture depuis la jetée ou celui des familles prenant le grand air nous amuse un moment, en revanche le vent froid ne tarde pas à nous faire battre en retraite. Nous compléterons notre bronzage par un temps plus clément !

Un détour vers l'extrémité de la presqu'île du cap Trwyn Cilan nous entraîne sur des chemins non balisés qui s'achèvent en impasse aboutissant au milieu des champs. Mais quelle vue superbe sur le grand panorama marin ! Nous rattrapons la route principale (on n'ose pas dire la grande route...) au dessus de la Hell's Mouth (Bouche de l'Enfer), ainsi nommée à cause du danger causé par les récifs pavant cette baie d'aspect pourtant sympathique. Dans la presqu'île de Rhiw, la baie de Hell's
                      Mouth et les moutons...
Dans la presqu'île de Rhiw, la baie de Hell's Mouth et les moutons...

Elle se déploie, magnifique, lorsque nous la contemplons depuis le jardin touffu de Plas-yn-Rhiw. Ce ravissant manoir a été confié au National Trust par les trois sœurs qui l'avaient adopté et restauré durant leur retraite au début du siècle.

Plas-Yn-Rhiw : depuis le jardin, vue sur la Hell's
                Mouth
Plas-Yn-Rhiw : depuis le jardin, vue sur la Hell's Mouth

Halte agréable, mais elle nous laisse avec une envie de plage que le coquet village d'Aberdaron ne comblera pas non plus : certes ses vieilles maisons noires et blanches groupées autour de l'ancien pont de pierre sont bien jolies en arrière de son immense plage. Cependant le site est si couru qu'il nous est impossible de trouver un stationnement pour notre Aigle pourtant peu encombrant.

Heureusement une bénévole du Trust de garde à Plas-yn-Rhiw nous a recommandé une acquisition récente du Trust, la plage de Porthor ou Whistling Sands. Nous l'atteignons après quelques détours sur des routes minuscules. Là encore beaucoup de monde sur le parking, mais le site est vraiment superbe, sans aucun aménagement ou équipement susceptibles de déflorer son aspect sauvage.
Whistling Sands : l'ouverture de la baie de
                      Porthor
Whistling Sands : l'ouverture de la baie de Porthor

Whistling Sands : la côte rocheuse vers le sud
Whistling Sands : la côte rocheuse vers le sud

Whistling Sands : la plage
Whistling Sands : la plage
Courbe régulière de sable enchâssée dans des rochers sombres, sertie dans un arrière-pays de vertes prairies avec, en toile de fond, les contours des montagnes de Snowdonia. Nous passons une heure à prendre le soleil puis à grimper sur les rochers avant de repartir

La côte est ici plus accidentée que dans le sud, et la route offre régulièrement de beaux points de vue, même si son étroitesse et ses sinuosités nous ralentissent beaucoup.

Enfin vers 18:30 nous arrivons à Llandwrog. Sur la carte, une petite route en impasse le long de la plage m'avait semblé idéale pour le bivouac de cette nuit, mais elle est en cours de développement domiciliaire et jalonnée de pancartes "No overnight parking". Nous profitons quand même un moment de la vue sur les montagnes resplendissantes dans la lumière dorée du soleil descendant. Un peu déçus, nous poursuivons vers Caernarfon que nous traversons rapidement, comptant y revenir demain pour visiter son fameux château.

Nous franchissons le détroit de Menai sur le pont Britannia dont les tabliers routiers et ferroviaires se superposent sur deux énormes piliers de pierre.

Un peu plus loin on aperçoit le Menai Bridge, un beau pont suspendu construit dès 1826 par Telford au dessus du bras de mer. Le soleil couchant éclaire somptueusement sa délicate structure sur fond de Snowdonia illuminée... Menai Bridge
                  dessiné par Thomas Telford en 1826
Menai Bridge dessiné par Thomas Telford en 1826


L'Aigle
            devant le Menai Bridge sur le Menai Strait en fin de
            journée
L'Aigle devant le Menai Bridge sur le Menai Strait en fin de journée

Nous filons jusqu'à Beaumaris mais hésitons à bivouaquer devant les murs démantelés de la forteresse : si l'endroit est splendide, il est cependant assez fréquenté et donc trop bruyant. Nous préférons rouler jusqu'à l'extrémité est de l'île d'Anglesey, dépassé Penmon, dans le parc s'étendant derrière le prieuré de Dovecote. Nous soupons sur le gazon en regardant le soleil éclairer de ses derniers rayons rougeoyant le phare et le gros pâté rocheux de Puffin Island... Magnifique spectacle... Puis nous revenons un peu hors du parc, puisque le camping y est interdit, et stationnons légèrement à l'écart de la route, à 10 mètres de la plage longeant le détroit.


Jeudi 28 juillet 1994 : de PENMON à LLANBERIS (56 km)

Je dors profondément jusque vers 8:30, éveillé par le grand soleil débordant les stores... Pas un bruit ne nous a dérangé, hormis la mer haute qui clapotait à nos pieds vers 3:00 du matin ! Le vaste paysage sur le détroit est superbe, même si en face la rive et les reliefs de Snowdonia demeurent voilés dans une brume bleutée qui ne laisse deviner que leur silhouette. Paix, espace, grand air pur...


Penmon
                    Priory et son dovecote (pigeonnier) sur l'Ile
                    d'Anglesey
Penmon Priory et son dovecote (pigeonnier) sur l'Ile d'Anglesey
Nous retournons voir plus en détail le prieuré de Penmon : le plus étonnant est un pigeonnier tout en pierre, toiture comprise, déjà remarqué hier soir. Il reste aussi un bâtiment croulant qui fut autrefois cellier, cuisine, réfectoire et dortoir des religieux retirés ici au XIIème siècle. Je pénètre ensuite dans la petite église, de structure romane très ancienne. Seule la nef est encore utilisée comme église paroissiale. Les transepts présentent un riche décor roman d'arcs intégrés à la maçonnerie et sculptés de zébrures archaïques, tandis que l'ancien choeur, très vaste car destiné aux moines, expose de vieilles pierres gravées dont une belle croix celtique.

Après un dernier coup d’œil au vieux puits de St Seiriol niché dans les rochers derrière une mare où pataugent quelques canards, nous repartons en direction de Beaumaris.

Edward !er
Edward 1er

Les tours de la forteresse édifiée en 1280 par Édouard 1er sont plutôt basses.

Beaumaris

De plus le parapet a perdu ses créneaux et ses mâchicoulis, ce qui enlève encore de l'élévation au monument. Mais le plan est ici parfaitement circulaire, avec une grande cour centrale tapissée d'un gazon impeccable et une deuxième enceinte extérieure en partie cernée d'un fossé rempli d'eau comme autrefois. La visite est donc très intéressante et complète mes notions d'architecture militaire médiévale déjà acquises à Conwy.
La porterie extérieure de Beaumaris se reflétant dans ses douves

La forteresse de Beaumaris au bord du Menai Strait
La forteresse de Beaumaris au bord du Menai Strait

Nous déjeunons devant le port de yachts à l'entrée de la petite ville : le détroit déploie son magnifique panorama, le soleil brille dans un ciel serein...

Nous longeons ensuite le Menai Strait vers l'ouest, contemplons à nouveau les deux grands ponts qui le franchissent et filons jusqu'à Plas Newydd, le vaste domaine acquis et développé par le premier marquis d'Anglesey au début du XIXème Plas-Newyd-Henry-1er-marquis-d'Anglesey
Plass Newydd : Henry, 1er Marquis d'Anglesey (1768-1864)

Le parc, établi sur la rive nord du détroit de Menai, propose une belle promenade sous ses grands arbres disséminés dans un green immense.
Plass
                    Newydd au milieu de son parc au bord du Menai
                    Strait
Plass Newydd au milieu de son parc au bord du Menai Strait
Depuis la terrasse de Plass Newydd, Snowdonia
                    et le Détroit de Menai
Depuis la terrasse de Plass Newydd, Snowdonia et le Détroit de Menai
Le large plan d'eau du détroit et les montagnes de Snowdonia forment une toile de fond splendide à la propriété.
Le jardin "formel", composé de deux petites terrasses fleuries à l'est de la grande maison, nous plaît beaucoup. Le
                    jardin et la terrasse de Plass Newydd
Le jardin et la terrasse de Plass Newydd
Plass Newydd : le salon octogonal
Plass Newydd : le salon octogonal

En revanche les décors XIXème et le mobilier un peu disparate des pièces d'apparat ne nous emballent guère..

Chambre de Lady Anglesey à Plass Newydd
Chambre de Lady Anglesey à Plass Newydd
Plass Newydd : la chambre de Lord Anglesey
Plass Newydd : la chambre de Lord Anglesey

Plass Newydd : la salle-à-manger peinte par Rex
              Whistler en 1937
Plass Newydd : la salle-à-manger peinte par Rex Whistler en 1937


Seule la salle à manger dont tout un mur est occupé par une grande fresque en trompe-l’œil de Rex Whistler retient vraiment notre attention et justifie l'envoi d'une carte postale à Christian. Plass Newydd : détail de la murale de la
                    salle-à-manger peinte par Rex Whistler; la figure du
                    jardinier est un autoportrait
Plass Newydd : détail de la murale de la salle-à-manger peinte par Rex Whistler; la figure du jardinier est un autoportrait
Il est 17:00 lorsque nous quittons cette autre country house gérée par le National Trust. Nous prenons alors la direction de Caernarfon en longeant le détroit, d'abord d'ouest en est jusqu'au grand Menai Bridge, puis d'est en ouest jusqu'à la ville.

Ses vieilles maisons entourent le fameux château médiéval où traditionnellement le nouveau Prince de Galles prête allégeance au souverain régnant. Des deux côtés, les échappées sur le bras de mer sont magnifiques, surtout dans la lumière dorée de ce moment de l'après-midi. A 17:50 nous stoppons devant le haut mur de la forteresse dont les portes ferment à 18:30. J'ai donc juste le temps de faire une visite rapide tandis que Monique, lasse de ce type d'architecture, tente de rejoindre Mathieu à Montréal. Pas de chance, elle tombe sur son répondeur...

Je grimpe hâtivement les escaliers en colimaçon. Tous ont été restaurés ici, comme les tours qui ont retrouvé les planchers de leurs étages superposés sous un toit plat couvert de feuilles de plomb. C'est la plus imposante des forteresses édifiées par Édouard 1er au XIIIème. Elle est organisée selon le même plan qu'à Conwy : cour extérieure donnant sur la ville, cour intérieure accessible par l'eau de la rivière Cwellyn.

Mais ici chacune des tours polygonales est couronnée de ses créneaux, et surtout de ses tourelles, la pierre est claire et le tout a été remarquablement restauré depuis un siècle. Lorsque je parcours escaliers à vis, chemins de ronde et plate-forme des tours, l'impression d'ensemble est grandiose : tout est si vaste, si "fonctionnel", comme si le château était prêt à soutenir un siège demain matin... Ce sont les cloches des gardiens annonçant la fermeture qui m'obligent à abandonner un peu à regrets ces lieux magnifiques...
La grande cour de Caernarfon
La grande cour de Caernarfon
Les
                    murs imposants du château de Caernarfon au dessus du
                    petit port
Les murs imposants du château de Caernarfon au dessus du petit port
La masse et la puissance du château sont tout aussi imposantes lorsque j'en contourne ensuite les hauts murs. Dominé par l'énorme structure de pierre, le quai du petit port de pêche et de plaisance aménagé sur l'estuaire de la rivière offre un tableau particuliè-rement spectaculaire et séduisant.

Monique m'attend dans l'Aigle où elle se repose un peu; nous décidons de nous rapprocher de Llanberis au pied du Snowdon pour préciser nos projets de demain. En quittant Caernarfon j'arrête quelques minutes à Segontium, sur les vestiges du camp romain dont quelques rangées de pierres sont dispersées dans le gazon d'un parc. Comme le petit musée est maintenant fermé, nous n'en saurons guère plus sur ces occupants fameux qui demeurèrent ici pendant plus de trois siècles. Belle route s'engageant dans la montagne et se hissant graduellement jusqu'au lac Padarn. A la gare - fermée  - du mini-train à vapeur escaladant le point culminant du Pays de Galles, nous prenons les renseignements puis allons bivouaquer à deux pas, sur le stationnement de la tour de Dolbadarn dorée par les derniers rayons du soleil.


Vendredi 29 juillet 1994 : de LLANBERIS à HARLECH (59 km)

Tôt levés, nous sommes à 8:00 devant la petite gare où la file d'attente est déjà longue. Nous réussissons quand même à obtenir des billets pour le premier voyage.
Notre
                    petit train arrive en haut du Mont Snowdon
Notre petit train arrive en haut du Mont Snowdon
A 8:30, le train miniature commence son escalade des pentes du Mont Snowdon: elles sont raides et la machine (mue au diesel et non à la vapeur comme espéré) tourne à plein régime derrière l'unique wagon de bois qu'elle propulse. N'ont pu y prendre place que les 59 passagers réglementaires; étant les derniers à embarquer, nous avons la chance d'être placés dans la petite cabine du surveillant, tout à l'avant du train.
Nous jouissons donc d'une position idéale pour observer le paysage de parois rocheuses gris sombre, de petits lacs ronds et de longues pentes vertes saupoudrées de moutons. Mont Snowdon : Pass of Llanberis et Glyder Fach
                    (3 279 pieds)
Mont Snowdon : Pass of Llanberis et Glyder Fach (3 279 pieds)
Mont Snowdon : la gare du petit train et le
                    sommet dans le nuage
Mont Snowdon : la gare du petit train et le sommet dans le nuage
La vue se déploie au fur et à mesure de notre montée qui durera en tout près d'une heure. Mais plus nous approchons du sommet, plus le couvert nuageux masque les détails autour de nous.

Monique sur le sentier descendant du Mont Snowdon
Monique sur le sentier descendant du Mont Snowdon depuis la gare

Lorsque nous descendons du train pour escalader les 50 derniers mètres jusqu'au cairn marquant le point culminant du Pays de Galles, nous sommes carrément dans le nuage... C'est seulement un peu plus tard, lorsque nous entamons notre descente à pied par le large sentier, que le vaste paysage retrouve ses traits distinctifs et admirables. Jean-Paul sur
                    la crête tout en haut du Mont Snowdon
Jean-Paul sur la crête tout en haut du Mont Snowdon

Crib Goch depuis le sommet du Mont Snowdon
Crib Goch depuis le sommet du Mont Snowdon

Lliwedd depuis le sommet du Mont Snowdon
Lliwedd depuis le sommet du Mont Snowdon
Le
                    petit train redescend du Mont Snowdon; en arrière
                    Moel Eilio
Le petit train redescend du Mont Snowdon; en arrière Moel Eilio
En plus d'un grand nombre de lacs nichés au creux des pentes pleines d'éboulis à-pic, on aperçoit au nord la plaine littorale, le détroit de Menai et, au delà, les plates étendues de l'Ile d'Anglesey.

Jean-Paul sur la crête tout en haut du Mont Snowdon
Jean-Paul sur la crête tout en haut du Mont Snowdon

Un peu plus bas, nous longeons un moment la Llanberis Pass (Pen y Pass en gallois), sombre vallée aux pentes violacées par la bruyère, rocheuse et encaissée, qu'une route très sinueuse et fréquentée parcourt tout au long. Depuis Nant Peris, Llyn Peris et Llanberis
Depuis Nant Peris, Llyn Peris et Llanberis

Depuis le sommet du Mont Snowdon, le lac de Llyn
              Llydaw
Depuis le sommet du Mont Snowdon, le lac de Llyn Llydaw

Mont Snowdon : enfin une vraie loco à vapeur
                    qui halète et qui fume !
Mont Snowdon : enfin une vraie loco à vapeur qui halète et qui fume ! 
Toutes les 30 minutes environ passe sur la voie à crémaillère à deux pas de notre sentier un nouveau convoi vers le sommet. Il croise son prédécesseur descendant devant 3 petites "gares" où la voie étroite et unique se dédouble de la longueur de la locomotive et de son wagon. Cette fois j'ai le plaisir de voir la vapeur, d'entendre le teuf-teuf et aussi de humer la fumée âcre de cet ancêtre fascinant. Une escarbille de charbon ardent vient même trouer mon coupe-vent en retombant...

A mi-parcours, la pente s'adoucit un peu, heureusement car l'effort est dur pour des ronds-de-cuir sans entraînement comme nous ! Notre promenade de huit kilomètres s'achève vers 12:30 lorsque nous retrouvons, les jambes lourdes et les chevilles douloureuses, notre Aigle stationné devant la gare.

Pour clore cet itinéraire en Snowdonia, il ne manque plus que le franchissement spectaculaire du Llanberis Pass. Depuis le col, la vue en enfilade vers le nord est encore plus extraordinaire que ce qu'annonçait l'aperçu de tout à l'heure. Dans Snowdonia, Bedgelert et Moel Siabod
Dans Snowdonia, Bedgelert et Moel Siabod
 Plas Gwynant et Llyn Gwynant
 Plas Gwynant et Llyn Gwynant
De l'autre côté, au sud de Pen y Pass, la vallée est plus large mais tout aussi belle avec son lac de Llyn Gwynant devant lequel nous piqueniquons.

Bedggelert offre un site également charmant, du genre village alpestre, mais trop de touristes ont envahi ses rues. Même constat à Porthmadog que nous atteignons enfin vers 16:00, après avoir cherché en vain à Tremadoc la maison natale de T.E. Lawrence ("le" Lawrence d'Arabie !). La circulation et le stationnement sont très difficiles à Porthmadog. Après les solitudes et les grands espaces de la matinée, l'affluence agitée et pressée nous saisit. Monique renonce donc à trouver une banque et échoue encore une fois à rejoindre Mathieu par téléphone. Dès la sortie du village, nous retrouvons une vue absolument superbe sur l'estuaire marécageux de la rivière Glaslyn, dominé en arrière par les montagnes dorées.
 
 Dès la sortie du village, nous retrouvons une vue absolument superbe sur l'estuaire marécageux de la rivière Glaslyn, dominé en arrière par les montagnes dorées. Portmeirion, village d'opérette sur la baie
                      de Tremadog
Portmeirion, village d'opérette sur la baie de Tremadog
Portmeirion,
                    village d'opérette sur la baie de Tremadog
Portmeirion, village d'opérette sur la baie de Tremadog
Quelques kilomètres plus loin, c'est Portmeirion dont je ne veux pas rater le décor italianisant vanté par Johanne et Jean-François. Les couleurs vives des façades et la fantaisie de l'architecture disséminée dans un luxuriant cadre de verdure et de fleurs amusent l'oeil et réjouissent l'imagination.
 Mais tout cela sent trop le décor de théâtre (ou de cinéma puisqu'il semble que l'on ait tourné plusieurs séries télévisées ici) pour vraiment séduire durablement. Trop de toc, et trop de jolies pièces disparates, un peu comme au World Show de Disney World en Floride... Portmeirion,
                    village d'opérette sur la baie de Tremadog
Portmeirion, village d'opérette sur la baie de Tremadog

Nous poursuivons vers le sud l'agréable route de campagne longeant la baie de Caernarfon. Après quelques kilomètres apparaissent les grosses tours rondes d'Harlech campées sur un éperon rocheux dominant la mer. Mais il est 18:05 lorsque nous arrêtons devant la guérite d'accueil et il est déjà trop tard pour pénétrer à l'intérieur du château-fort. Petit tour extérieur, lecture du guide de visite acheté in extremis... Puis nous descendons trouver un bivouac au pied du château devant la piscine municipale; l'environnement étriqué et la rumeur de la grande route voisine nous amènent à pousser un peu plus loin jusqu'à la plage. Plaisante balade sur le sable immense découvert par la marée, superbe coucher de soleil avant de s'installer finalement derrière la dune, sur le stationnement paisible et désert, pour passer la nuit.

Les grosses tours rondes de Harlech en soirée
Les grosses tours rondes de Harlech en soirée


Juillet-août 1994 - England & Wales : 5. de HARLECH à PORTH Y OGOF

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