Samedi 30 juillet 1994 : de HARLECH à
PANTPERTHOG (MACHYNL-LETH) (180 km)
Harlech Castle au dessus du village
Ciel dégagé sur Harlech à notre réveil, à tel point que Monique, en maillot de bain et tapis de paille de riz à la main, va jusqu'à la plage tester les conditions d'une séance de bronzage pendant que je me prépare à visiter le château. Une demi-heure plus tard, je la vois revenir un peu déconfite : si l'ensoleillement est correct, le vent se montre vraiment trop frais. Entre temps j'ai fait le plein d'eau sur le robinet des toilettes publiques. Nous regagnons alors le petit stationnement sous les murs du château. | Harlech : l'Aigle
devant l'entrée du château
|
J'en fais seul la visite, descendant au fond des tours dépouillées de leurs planchers et toitures, grimpant sur le chemin de ronde d'où s'étend une vue merveilleuse sur la mer et sur l'arrière-pays montagneux. C'est le dernier des grands châteaux bâtis au XIIIème siècle par Édouard 1er que nous visiterons, je profite donc au maximum de l'opportunité. Ici point de créneaux en haut des murs comme à Caernarfon; je le regrette un peu car ils donneraient une tournure plus altière aux grands remparts de pierre grise ou noire. |
En revanche le logis du gouverneur possède encore ses deux étages et ses deux grandes baies (contrairement à Beaumaris), et l'ensemble des fortifications a fière allure. |
Harlech : le Logis du
Gouverneur
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Un dernier coup d’œil à la solide poterne dont les deux tours massives dominent le village et la plate-forme côtière ensablée, puis nous partons vers l'intérieur du pays. |
Sur la route de vallée
de Cwm Bychan, Monique sur le pont...
|
Un peu plus loin nous nous enfonçons dans une minuscule route sans issue qui suit l'adorable vallée ombragée d'une rivière. |
Nous pique-niquons à mi-parcours sur un gazon ras tondu par les moutons et couvert de grands chênes. Devant nous, un petit pont de pierre enjambe le torrent dont le bruissement continu accompagne notre repas. Nous goûtons pleinement toute la beauté de cette scène idyllique. |
Pique-nique au bord de
la rivière à Cwm Bychan
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Vallée de Ty-Nant |
Toujours aussi ravissante, la route étroite se poursuit jusqu'au petit lac sauvage de Cwm Bychan qui en marque le terminus en plein désert. Il ne reste plus qu'à faire demi-tour et à suivre la vallée dans l'autre sens jusqu'à Llanbedr où nous rattrapons la côte. |
Nous jetons un coup d'oeil au long pont de bois
qui franchit la baie de Barmouth : l'estuaire de la Wnion est
envahi par de vastes étendues sableuses (la mer est basse) que
dominent en arrière les cimes découpées du Cadair Idriss (892
m). Nous prenons alors la route du lac Bala. La chaussée est
large et son tracé assez bien redressé, nous avançons donc assez
vite. Bref arrêt près des vestiges décevants de Cymmer Abbey;
les quelques ruines encore debout ne disent pas grand chose de
l'art de bâtir des Cisterciens. Si le cadre naturel est comme
toujours étonnant de calme et d'harmonie rustique, les tentes et
les roulottes du caravan's park environnant les murs
croulants retirent toute poésie au tableau...
La route file ensuite, un peu longue et monotone, jusqu'au lac Bala qui nous déçoit lui aussi : vaste étendue d'eau grise sous un ciel maintenant couvert, environnement sans grand relief ni boisé, nombreux touristes avachis sur la berge, agitation un peu gratuite de la base nautique, parking encombré. Nous fuyons ces aires trop aménagées et fréquentées par une petite route qui devient vite excessivement étroite, sinueuse et montueuse. Les croisements avec les quelques amateurs - comme nous - de nature sauvage que nous rencontrons sont parfois acrobatiques.
En revanche les abords du chemin nous offrent des vues superbes sur les hautes collines semi-désertes du Pays de Galles, paysages que nous préférons entre tous. La vallée de Ty-Nant me semble particulièrement belle avec ses rares fermes de pierre isolées sur ses immenses pentes vertes picotées des minuscules taches blanches des moutons. | Vallée de Barmouth |
Vallée de la Dyfi près de Macchynleth |
Le soir descend, je suis un peu fatigué de ces routes difficiles qui montent, descendent et tournicotent continuellement sans toujours offrir en retour les panoramas qui les rendraient acceptables ou attrayantes... Nous roulons encore une heure et demie jusqu'à atteindre, dans la jolie et profonde vallée de la Dovey (Afon Dyfi en gallois), le Centre for Alternative Technology que nous voulons visiter demain. |
Dimanche 31 juillet 1994 : de PANTPERTHOG (MACHYNLLETH) à DRE-FACH VE-LINDRE (149 km)
On gagne le premier pavillon de
présentation générale par un funiculaire mû par la gravité : un
réservoir dans le fond de la cabine haute se remplit d'eau,
lorsqu'on relâche le frein la cabine descend en entraînant par
câble et poulies la cabine montante. Arrivée en bas, la cabine
descendante lâche son lest hydraulique et l'on recommence.
Simple, efficace, économique et surtout parfaitement écologique,
d'autant plus que les mécanismes d'asservissement sont
hydrauliques, la pression du système provenant elle aussi de la
dénivellation de l'eau. Sur la terrasse de cette ancienne
carrière d'ardoise une commune s'est organisée en 1976. Elle
s'est donnée pour mission de suivre des principes de vie
écologique tout en apprivoisant les nouvelles technologies :
utilisation raisonnable de l'ordinateur, maisons super-isolées à
faible consommation de chauffage et d'électricité, gestion tous
azimuts des déchets par compostage et recyclage... Nous nous
apercevons que nous fonctionnons nous-mêmes assez en accord avec
ces principes et leurs applications, en particulier dans notre
maison de Montréal. Même l'Aigle, avec son chauffe-eau à
récupération des calories du moteur, utilise certaines
techniques démontrées ici. Un peu plus loin, différents modèles
de capteurs solaires (actifs, passifs et surtout
photovoltaïques) démontrent leur inefficacité par temps couvert
comme aujourd'hui... De plus, le prix faramineux des derniers
fait craindre que cette solution ne soit pas pour demain ! Plus
loin encore, de grandes vitrines donnent un aperçu du centre de
contrôle électrique qui reçoit les gains faits par les
différents générateurs (solaires, turbines hydrauliques,
éoliennes, groupe électrogène diesel) et qui stocke les surplus
dans d'énormes batteries d'accumulateurs.
Nous traversons ensuite sous la pluie le jardin biologique où l'on démontre d'abord la fabrication du compost, puis la culture sans pesticide (par utilisation des prédateurs naturels ou des associations de plantes insectifuges, etc.). Une dernière section est consacrée aux différentes formes et forces d'éoliennes (elles aussi inactives faute de vent aujourd'hui...) et à une information assez complète laissant penser que ce moyen ne sera jamais suffisant pour répondre à l'énorme demande d'électricité de nos pays développés. En fin de parcours, démonstration intéressante de chauffe-eau solaire, simple et économique mais peu fonctionnel dans notre pays très froid, l'eau gelant dans les capteurs... Nous regagnons notre Aigle en empruntant à nouveau le funiculaire hydraulique décidément bien séduisant.
Après quelques kilomètres, nous traversons Machynlleth et déjeunons sur sa grande place pittoresque. Malheureusement c'est seulement demain lundi qu'aura lieu le grand marché aux moutons renommé... J'admire quand même les façades typiques aux diverses teintes pastel agrémentées de bow-windows. Les vitrines des magasins, quant à elles, ont un petit air désuet ne manquant pas de charme. Nous longeons la fin de l'estuaire de la Dyfi, campagnard à souhait, puis rattrapons la côte où les caravan's parks se succèdent les uns après les autres. Bref arrêt à Borth pour admirer, toujours sous notre parapluie, la courbe de sa belle plage cachée de la route par une horrible digue-promenade en béton. Peut-être agréable, mais sous la pluie on repassera ! Quelques rudes montées et nous redescendons vers Aberystwyth, l'ancienne capitale des Wales où siège une université gaélique réputée. Beau panorama sur la petite ville et sa baie depuis le grand escalier de la bibliothèque des Galles, un bâtiment par ailleurs assez lourd, de style "mussolinien" (1937). Le reste de la ville affiche un petit air vieillot qui peut séduire, mais les ruines du château médiéval ne méritent même pas un arrêt tant elles sont délabrées.
Nous suivons ensuite la vallée de la Rheidol. Nous n'empruntons pas le petit train comme projeté initialement car le temps est vraiment trop moche, mais plutôt une route assez bonne (la A 4120) longeant la crête des collines dominant la dépression côté sud. |
Monique devant la Gorge du Devil's Bridge |
Elle présente quelques belles vues sur les formes épanouies des collines verdoyantes couvertes de pâturages et de bois mêlés. Monique apprécie peu ces paysages répétitifs qu'elle trouve lassants et peu spectaculaires. Je dois insister pour qu'elle passe outre à ses courbatures (résultant de notre balade sur le Snowdon) et pour qu'elle m'accompagne faire une plongée dans la gorge du Devil's Bridge (le Pont du Diable). La pente est raide et l'humidité ambiante rend glissantes les marches d'ardoise, mais les rebonds de l'eau blanche et écumante qui se brise et rejaillit sur les rochers, au milieu des fougères et des arbres moussus, crée une atmosphère assez fantastique qui explique un peu le nom du lieu. |
En sortant du gouffre, Monique réitère ses récriminations : ce voyage est trop long, l'intérieur du pays sans intérêt... Nous coupons donc l'itinéraire prévu vers Elan Valley et rallions directement les restes de l'abbaye de Strata Florida. La belle route champêtre, de plus en plus sauvage, traverse de grands "moors" (landes) aux douces ondulations. Las, il est passé 18:00 et le guichet du gardien est fermé. De toute façon il ne reste pas grand chose debout dans l'abbaye cistercienne, à part le bel arc du portail de l'église et les socles de quelques piliers. |
Lorsque je nous égare à la sortie de Lampeter,
elle préfère reprendre son rôle de navigatrice qu'elle maîtrise
si bien pour me laisser le maniement du gouvernail... Nous
finissons par arriver à la nuit tombée sur notre objectif, le
village de Drefach Velindre. Je veux y visiter le Musée de
l'industrie lainière galloise, histoire de voir un peu ce que
l'on fait de la toison des milliers de moutons aperçus depuis 3
semaines le long de la route. Le stationnement vide et
parfaitement silencieux du Woollen Mill, un atelier au bord de
la rivière, nous servira de bivouac ce soir.
Levé tard - et sous la pluie - je fais un tour près du Woollen Mill. Le cadre rural est joli, les rives du ruisseau sont envahies par les fleurs mais le guide entrevu hier soir demeure introuvable et les portes fermées. Monique poursuit sa nuit dans le lit haut pendant que je gagne le centre du village et vais stationner devant le musée. La visite, très intéressante, montre et explique toutes les phases du traitement de la laine brute. |
Des machines fonctionnelles sont en place dans l'atelier, des artisans démontrent le cardage et le filage manuels devant nous. | Welsh woollen
industry Museum : filage de la laine
|
Welsh woollen
industry Museum : cardage de la laine
|
De nombreux panneaux explicatifs très clairs exposent une foule de détails techniques et l'importance de cette industrie pour le Pays de Galles des XVIIIème et XIXème siècles. |
Le dernier bâtiment contient un atelier de production encore en activité, autour d'un grand métier à tisser mécanique qu'un tisserand en bleu de travail et casque anti-bruit règle et contrôle, dans le claquement des navettes et des peignes... | Welsh woollen
industry Museum : tissage sur métier mécanique
|
En revanche le Cilgerran Castle - deux grosses tours rondes collées sur les restes d'une enceinte - vaut la visite, moins par l'originalité de son architecture militaire que par son site, un éperon rocheux tombant abruptement sur la vallée de la Teifi. On l'admire particulièrement bien depuis l'aire de pique-nique au pied du château, fort bien aménagée en bordure de rivière, où nous prenons notre déjeuner. |
Puis c'est Cardigan où nous faisons quelques courses d'épicerie et avançons notre réservation de ferry du 14 au 11 août, histoire de traverser la France plus tranquillement. Peu à dire de la petite ville, sinon que ses rues présentent de jolies maisons traditionnelles identiques à celles que nous rencontrons depuis 15 jours : façades à deux étages aux couleurs pastel et décorées de bow windows typiques, vitrines "old fashion", bacs et corbeilles débordants de fleurs multicolores... | Cardigan : estuaire
de la Teifi
|
Panorama depuis
Carningli
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Le
détour vers St Dogmaëls permet d'apercevoir les ruines de
l'abbaye au centre du village, mais elles sont si peu
impressionnantes (il ne reste presque plus rien debout)
que nous renonçons à chercher un stationnement. En revanche le paysage du haut des collines environnantes sur la côte et sur les petites montagnes de l'intérieur est superbe, même si l'enchevêtrement des routes rurales parcourues attentivement ne nous permet pas de trouver le belvédère du National Trust à Crugiau Commaes. |
Un peu plus loin un fléchage digne d'un jeu de piste nous mène à Pentre Ifan, un cromlech isolé au milieu des champs. Le monument néolithique est étonnant : la pierre horizontale, longue de 5 mètres et pesant 16 tonnes, repose en équilibre à plus de 2 mètres de hauteur sur trois autres pierres dressées. Alentour le panorama sur la baie de Newport est fort beau sous un bref rayon de soleil. |
Le cromlech de Pentre
Ifan
A Dinas, joli détour vers le charmant petit
port de Cwn-yr-Eglwys. Le cimetière et la plage encadrée de
rochers autour des vestiges d'une petite église forment une
scène paisible.
Crépuscule sur le port de Fishguard |
Nous poussons ensuite jusqu'au quai de Fishguard, un autre séduisant port de pêche à l'embouchure d'une petite rivière où la marée basse a laissé les bateaux échoués. Des mouettes criardes disputent quelques proies ou le pain jeté par les touristes à une bande de canards placides. Souper devant le coucher de soleil, puis bivouac près du port d'embarquement du ferry pour l'Irlande, de l'autre côté de Goodwick, la ville haute surmontant Fishguard. |
Mardi 2 août 1994 : de FISHGUARD à ST GOVAN'S HEAD (112 km)
Le mauvais temps qui persiste nous rend paresseux, aussi ne sommes-nous prêts à démarrer que passé 11:00. Sur la route menant à Strumble Head, bruine et brouillard limitent la visibilité. Pourtant le coup d'oeil sur le phare tout blanc et la côte rocheuse alentour vaut le détour. Pas étonnant d'y croiser des randonneurs qui, beau temps mauvais temps, parcourent le coast path (chemin côtier) avec une remarquable détermination. | Strumble Head et son phare |
La pluie continue sur les petites routes serpentant à travers les landes verdoyantes (ce n'est pas l'eau qui manque ici...) jusqu'à St David's. La foule a envahi les petites rues du village. Parapluie et K-Way sont de rigueur car, lorsque la bruine diminue, c'est un brouillard pénétrant qui prend la relève. |
Nous stationnons juste devant le haut mur fortifié enclosant la célèbre cathédrale et les ruines du somptueux palais épiscopal. Beaucoup de monde encore, sans doute chassé des plages par le mauvais temps, est venu admirer ce haut lieu religieux cher à tous les Gallois. St David's est en effet le symbole de l'indépendance de l'église galloise séparée de l'État depuis 1920, après des siècles de lutte obstinée. | Reconstitution de l'enclos épiscopal de St David |
Restes de l'enclos
épiscopal de St David
|
Le monument est assez disparate, conséquence des multiples démolitions, abandons, tremblement de terre, effondrement, rénovations et finalement restaurations de la fin du siècle dernier. |
Les grandes arches de la nef (XIIème) montrent une élégance souveraine tandis que la galerie d'arcs brisés juste sous le plafond donne beaucoup de mouvement et de lumière aux parties hautes. | Nef de St David
|
Choeur de la cathédrale de St David
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Remarquable plafond de la nef en chêne peint et sculpté du XVème, superbe tribune surmontée d'un orgue moderne bien intégré, chœur garni de belles stalles de chêne clair sculpté et peint... Au fond, plusieurs chapelles au plan un peu complexe prolongent le chœur. |
On en comprend mieux la disposition de l'extérieur, lorsque l'on monte en haut du vallon jusqu'à la porte fortifiée s'appuyant contre le rocher. | Cathédrale de St
David vue de l'extérieur
|
Vue aérienne du
palais épiscopal
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Là-haut, la brume estompe les masses à demi ruinées du palais épiscopal (XIVème) vers lequel nous redescendons ensuite. |
Une étonnante frise de petites arches couronne le mur extérieur des salles qui entourent la vaste cour centrale. Il s'en dégage une certaine impression de grandeur, quoique l'état de décrépitude du monument ne nous incite guère à sa visite approfondie... | Arcades du palais
épiscopal de St David
|
Un petit tour jusqu'aux vestiges tout-à-fait symboliques de la chapelle St Nun, mère de St David (en pratique quelques soubassements en grosses pierres au milieu d'un champ) se signale davantage par le coup d’œil sur la côte et la campagne que par son intérêt architecturo-historique... Nous pique-niquons sur les lieux, au milieu des champs perdus dans le brouillard, avant de reprendre la route. Bref arrêt devant la plage de Newgale où quelques anglais arrivent à se baigner entre deux averses.
Découragés par l'humidité ambiante, nous décidons d'aller contempler à l'abri l'exposition du peintre moderne Graham Sutherland à Picton. Nous filons vers Haverford-west, passons la petite ville cachée par les embruns et arrivons, au bout d'une toute petite route, aux abords du château de Picton. Son parc est joli, mais la grande bâtisse sans intérêt. La galerie installée dans les communs présente une quarantaine de toiles qui ne nous impressionnent guère; on y retrouve l'influence des maîtres contemporains : Matisse, Gauguin voire Picasso, mais le maniement brutal de la couleur (quasi Fauve) et les formes recherchées, voire maniérées ou semi-abstraites, nous laissent plutôt froids. Nous renonçons à la balade prévue jusqu'à St Ann's Head que le temps bouché annonce peu intéressante, et prenons directement le chemin de Pembroke. Route encombrée et ralentie par quelques carambolages. Le passage de Milford Haven sur un grand pont offrirait une belle vue sur le fjord si le soleil était avec nous. Puis nous allons nous installer au pied de l'imposant château médiéval de Pembroke qui ferme ses portes car il est juste 18:00. Idem pour l'épicerie où nous cherchons quelques légumes frais. Après le souper agréablement arrosé d'un Sancerre bien frappé (le frigo fonctionne à merveille par ce temps frisquet !), nous examinons les cartes et les guides pour adapter nos projets aux conditions climatiques.
Les sites naturels perdent de leur attrait par
ce temps pourri, restent les monuments. Monique ne veut plus
rien savoir des châteaux médiévaux (pourtant il resterait encore
Pembroke, juste devant nous, puis Manorbier, Kidwelly, Castle
Koch, Caerphilly...). Les cathédrales et les musées ne sont pas
légion, restent les country houses et les jardins du
National Trust. Nous esquissons un itinéraire tenant davantage
compte de la conjoncture météo. Pour ce soir nous irons passer
la nuit en pleine nature à St Govan's Head. Quelques kilomètres
de route de campagne dans le crépuscule et nous aboutissons au
village de Bosherston au delà duquel nous dégotons un vaste coutryside
: Broad Haven... appartenant au Trust !
Jolie et vaste plage
dans un creux environné de rochers, arrière pays
incroyablement sauvage... Nous décidons de dormir ici,
au bout du stationnement malgré le "no overnight
parking", dans le vent, la bruine et... la paix.
|
La jolie plage de
Brafundle à Stackpole... sous le soleil !
|
Mercredi 3 août 1994 : de BROAD HAVEN à RHOSSILI (Gower) (177 km)
St Govan's Head au matin
|
Il a plu par intermittences toute la nuit, et la bruine continue à notre réveil, limitant l'horizon à quelques centaines de mètres. Nous gagnons cependant le bout de la route, au delà du village de Bosherston, passons la barrière du champ de tir (non utilisé aujourd'hui !) et poussons jusqu'à la fin du chemin juste devant St Govan's Head. Monique, écoeurée par la grisaille et l'humidité, préfère demeurer à tricoter au sec dans l'Aigle. Pendant ce temps, bravant le vent et la pluie, accroché à mon parapluie, je m'avance sur le haut de la falaise; dans une faille, des marches glissantes descendent jusqu'à la très rustique chapelle St Govan (XIème siècle). |
L'eau rougie par la terre entraînée dégouline sous la voûte sombre de la petite chapelle. Réduite à sa structure nue, elle a perdu tout décor ou mobilier mais sous ses murs de pierres grossières, la vue sur les vagues s'écrasant contre les rochers acérés et sur la falaise verticale de St Govan's Head impose le respect. Violence du vent chargé d'embruns et de pluie, rigueur de la pierre sombre et brute, mer grise et rageuse sous le ciel plombé, lointains se perdant dans la brume, tout est là pour frapper l'imagination. | Falaise de St
Govan's Head
|
Le ciel s’adoucit un peu tandis que nous
suivons la petite route côtière. A Manorbier, joli coup d’œil
sur le château campé au bord du vallon dominant la plage. Les
tours et le chemin de ronde ont beaucoup souffert mais la grande
cour gazonnée, toute cernée de mixed borders le long de
la muraille moussue, conserve un charme indéniable.
Quelques kilomètres encore et nous allons stationner sous le mur d'enceinte de Tenby. Après quelques emplettes d'épicerie, nous nous enfonçons dans les ruelles pittoresques de la vieille ville. Encore une fois il s'y trouve un monde fou (il faut voir la queue de près de 150 mètres devant le cinéma !) et une circulation délirante (poids lourds faisant les livraisons en plein midi dans les rues médiévales exiguës...). Nous nous perdons un peu dans leur dédale et tombons presque par hasard sur la Tudor Merchant House.
Tenby : Tudor Merchant House |
Tenby : Tudor Merchant House |
Tenby : dining room
de la Tudor Merchant House
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C'est une autre propriété que le National Trust a soigneusement restaurée et joliment remeublée comme elle pouvait l'être à l'origine au XVème. |
Encore quelques plages séduisantes le long de la route côtière, jusqu'au village d'Amroth, lui aussi aligné derrière sa grève encadrée par des rochers. Nous bifurquons vers l'intérieur et rattrapons le chemin creux menant au Colby Woodland Garden. C'est un beau jardin boisé occupant le fond d'une vallée étroite où coule une petite rivière. | Colby Woodland
Garden : prairie
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Dans la prairie fournie paissent les habituels moutons et de grands arbres s'épanouissent sur les pentes de chaque côté. A leur ombre, on a planté quantité de rhododendrons dont la floraison est malheureusement terminée. Mais que la promenade est jolie dans cette retraite campagnarde, surtout lorsque nous traînons ensuite dans les allées florissantes du jardin clos (walled garden) ! | Colby Woodland
Garden : allée de rhodendrons
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Colby Woodland
Garden : walled garden
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Monique apprécie beaucoup le charme et l'élégance du petit pavillon octogonal tandis que je suis surtout sensible aux fleurs dispersées en un savant désordre et à la petite fontaine déboulant en escalier d'eau jusqu'en bas du jardin. Il est déjà tard lorsque nous sortons du domaine, traversant les écuries transformées en salon de thé (les petites tables sont disposées dans les anciennes stalles comme autant de cabinets privés !). |
Un peu plus loin, nous sommes à Laugharne. Le petit port côtier semble endormi derrière les ruines de son château médiéval posté stratégiquement devant l'estuaire ensablé de la Taf. Rien de bien sensationnel, mais je veux quand même voir la "Boat House" où Dylan Thomas passa les 15 dernières années de sa vie. Au bout d'une petite promenade à flanc de colline le long de la mer, on découvre d'abord le garage à bateau dont le poète avait fait son bureau. Il écrivait là, devant le superbe panorama donnant sur l'estuaire. Une vitre de Plexiglas incrustée dans la porte permet d'apercevoir sa table de travail, ses papiers, ses livres et ses affiches sur les murs. On a même conservé ses brouillons chiffonnés sur le sol tels qu'il les laissa à sa mort en 1953... Un peu plus loin, un grand jardin fleuri entoure sa confortable maison juste devant la mer. Malheureusement le musée qu'elle abrite est maintenant fermé... (il est passé 18:00), il ne nous reste donc plus qu'à reprendre la route et à songer où nous bivouaquerons ce soir. |
Gower Peninsula |
Monique lassée des forteresses refuse
carrément de visiter Kidwelly. Inutile donc de faire le
long détour par Llanelli, nous rejoignons directement la
rapide quatre voies A 48 puis la M 4 pour en sortir vers
Gorseinon et gagner la péninsule de Gower. La petite route
longe d'abord une partie assez plate de l'estuaire très
ensablé de la Loughor. Depuis la cabine téléphonique d'un village, appel à Juliette toujours chez Charlotte près de Béziers. Un peu saoulée des amies, notre fille se laisse facilement convaincre d'aller à St-Jorioz plutôt qu'à Paris pour attendre notre retour... |
La route grimpe ensuite à l'intérieur de la presqu'île avant de redescendre sur Llangennith. Tout au bout du chemin, elle s'achève dans des dunes couvrant l'arrière de l'immense grève de Rhossili. La plage magnifique s'arrête au nord sur deux îlots rocheux et au sud sur Worms Head, mais le camping en arrière des dunes, surpeuplé et bruyant, nous semble peu invitant. Nous décidons plutôt de gagner le village de Rhossili, tout près de Worms Head où nous voulons faire une balade dès demain. | Grève de Rhossili |
Coucher de soleil sur Worms Head |
La nuit descend lorsque nous faisons demi-tour. Nous empruntons les mêmes routes étroites pour enfin escalader la falaise et atteindre le grand stationnement juste devant le Visitor Centre du National Trust. Malgré l'obscurité maintenant tombée, la vue est à couper le souffle : le belvédère domine en enfilade l'immense étendue de sable découverte par la marée, à notre gauche la surface gris foncé de la mer se confond avec le ciel à l'horizon, à droite les pentes plus sombres encore du Down tombent abruptement sur les dunes et sur la plage... Nous nous endormons assez tard sur le grand terrain vide en compagnie de deux autres camping-cars. |
Jeudi 4 août 1994 : de RHOSSILI (WORMS
HEAD) à YSTRADFELLTE (Parc de Brecon Beacons) (107 km)
A
9:30 le ciel est un peu plus couvert mais la lumière
adoucie par l'humidité ambiante baigne l'immense paysage :
pentes vertes des collines, vaste surface de sable beige
découverte par la basse mer et tachée de plaques sombres
projetées par les nuages; au fond le cap rocheux, à notre
gauche à 90° le promontoire à pic et la forme singulière
de Worms Head; sur tout le côté gauche, l'étendue bleue
sans limite de la mer. |
Rhossili : balade
vers Worm's Head
|
Au retour de Worms
Head
|
Le spectacle est magnifique, je ne me lasse pas de l'admirer par la porte ouverte pendant que nous prenons notre petit déjeuner, avant d'aller le filmer et le photographier. |
Empruntant de toutes petites routes plus ou moins bien fléchées, nous poursuivons le tour de la péninsule de Gower. Plage agréable à Port Eynon, mais surtout belle vue sur l'arc de la baie vers Horton, depuis la terrasse supérieure de l'un des innombrables terrains de camping et caravan's parks disséminés un peu partout. Ils confirment la vocation très touristique de ce coin du Pays de Galles. Un peu plus à l'est, je filme à travers les pins la jolie plage de Caswell, puis Monique va foncer un peu son bronzage sur celle de Langland tout aussi séduisante. Pendant ce temps je complète mon journal omis hier soir. Quelques kilomètres plus loin, la pointe et la plage des Mumbles nous déçoivent : beaucoup trop de monde, hypertrophie de la petite station balnéaire, et pas de point de vue d'ensemble depuis une hauteur qui permettrait de contempler à la fois les ruines du château d'Oystermouth au premier plan et la vaste courbe de la plage s'achevant sur les buildings de Swansea.
Nous parcourons rapidement la Mumbles Road à
laquelle l'intense activité du tourisme de masse enlève tout
chic ou pittoresque. La ville de Swansea ne nous retient pas
plus. Au contraire ses relents industriels, son architecture à
peine fonctionnelle et son agitation ont sur nous un effet
plutôt répulsif.
Nous tâchons de rejoindre les Aberdulais Falls que le N.T. a restauré en soulignant leur aspect musée industriel dédié à l'énergie hydraulique. Malheureusement les routes s'entremêlent sur notre carte à trop petite échelle et il se passe presque une heure avant que nous stationnions enfin, vers 16:00, devant le vallon soigneusement aménagé. |
Chute
d'Aberdulais Falls
|
Les chutes de la Dulais ont bien gardé leur caractère sauvage, presque secret, au creux des rochers sombres et de la gorge profonde. Mais le tour de force est d'avoir également installé sur le même site étroit une turbine de 200 kW (enterrée) et son bassin de captation. Tout à côté une roue à aube fonctionnelle accouplée à un alternateur fournit quant à elle 20 kW. Elle est identique à celles qui animèrent pendant trois siècles et successivement jusqu'en 1880 une fonderie de cuivre, un moulin à farine et des laminoirs. Le site, remarquablement paysager, se veut donc un monument fonctionnel consacré à l'eau vive tant sous son côté esthétique (la cascade dans les rochers) qu'industriel (la turbine et la roue à aubes). |
Est-ce le contraste, lorsque nous regagnons notre Aigle stationné sur la grande route devant les chutes, le bruit et le stress de la circulation qu'augmente encore un grand chantier routier voisin nous agressent et nous exaspèrent. Nous décidons alors de retourner dans la nature; nous parcourrons les Black Mountains et le parc National de Brecon Beacons avant de visiter les curiosités qui nous attirent à Cardiff. Notre itinéraire s'infléchit donc vers le nord-est. Après 20 kilomètres de voie express (la A 465), nous sortons en pleine campagne à Penderyn et nous enfonçons ensuite dans les collines à moutons vers Ystradfellte. | Brecon : Monique
devant la cascade Blaen y Glyne
|
Brecon : Monique
dans la caverne de Porth-y-Ogof
|
Le crépuscule est déjà là lorsque nous faisons un petit détour vers Porth y Ogof, une gorge profonde où la rivière Mellte disparaît dans le sol par une impressionnante caverne. Son ouverture béante évoque l'entrée mythique des Enfers, le gouffre de la fontaine de Vaucluse ou le monde souterrain de Han en Belgique. La nuit tombe bientôt, nous regagnons le village d'Ystradfellte et nous installons sur un petit terrain de stationnement au centre de la bourgade. |
Vendredi
5 août 1994 : d'YSTRADFELLTE à CAERPHILLY (104
km)
Le
ciel s'est un peu plus dégagé ce matin, même si une averse
s'abat sur nous lorsque nous quittons notre terrain vague. Nous
y avons en fin de compte assez bien dormi malgré les meuglements
des vaches et les bêlements des moutons parqués dans les champs
environnants. Devant le temps incertain et le manque
d'enthousiasme de Monique, je renonce à la longue balade à pied
le long de la rivière Mellte (3 heures), à la recherche de ses
pittoresques cascades.
Nous reprenons plutôt la route vers Brecon. La vallée ne tarde pas à devenir plus sauvage au fur et à mesure de la montée. | Brecon : vers le
col de Maen-Lig
|
Brecon : plateau de
Maen-Lig
|
Depuis le col de Maen Lig, vue magnifique sur la Upper Senni Valley dont les champs aux douces couleurs de vert et de jaune, encadrés de haies plus sombres, s'étalent sur les pentes des hautes collines environnantes. Descente accusée ensuite puis routes étroites jusqu'au Mountain Centre des Brecon Beacons. |
Nous nous rabattons donc sur un tour des rues de la petite ville de Brecon. Nombreuses vieilles maisons aux façades typiques du XVIIIème, vitrines anciennes et old fashion... | Dans les rues de
Brecon
|
Rues de Brecon et clocher de la cathédrale |
Le
pont franchissant la Husk offre une jolie vue sur les deux
rivières qui se rejoignent au milieu du village, dominées
par les ruines du château médiéval. Nous gravissons les
ruelles sinueuses et achalandées menant jusqu'à la
cathédrale. C'est un ancien prieuré gothique reconstruit
sur des fondations normandes. Ambiance calme dans l'enclos
limité par un porche original (un peu scandinave), beau
mobilier dans l'église où l'organiste en train de répéter
crée un fond sonore de qualité. J'aime beaucoup
l'ouverture franche des voûtes séparant la nef et les
collatéraux. Près de la porte, de très antiques fonts
baptismaux datant des Normands présentent une influence
viking perceptible dans les motifs gravés sur la pierre. Il est passé 15:00 lorsque nous rembarquons dans l'Aigle, un peu fourbus de notre longue promenade en ville |
L'étroite route de montagnette - donc assez laborieuse pour notre petit moteur poussif - se poursuit. Elle nous fait escalader - en 1ère ! - la longue pente du col de Torpantau. A l'embranchement d'une petite route sans issue, dernière belle vue sur les sommets caractéristiques des Brecon Beacons, avant de redescendre vers le réservoir de Pontsticill. Sa vaste étendue d'eau nous semble un peu "morte" en l'absence de maisons et de baignades... malgré l'apparence de lac canadien que lui donnent les forêts de sapins et les pentes douces qui l'encadrent. | Brecon Park Pen Fan: corn du Cribyn |
Brecon Park : Talybont Reservoir |
Nous arrivons bientôt à Merthyr Tydfil; c'est la fin de la montagne sauvage et le début de l'une de vallées industrialisées et très peuplées qui descendent jusqu'à Cardiff. Mines, carrières, usines plus ou moins fumantes, agglomérations de maisons de brique en rangées se succèdent le long de l'autoroute rapide... |
Nous sortons de la quatre voies à Caerphilly dont je veux visiter la fameuse forteresse. Nous la trouvons sans peine, faisons à pied le long tour de ses douves où nageottent des canards tandis que des bandes d'adolescents boivent de la bière et chahutent sur les pelouses alentours (nous sommes vendredi soir...). | Coucher de soleil derrière Caerphilly Castle |
Samedi 6 août 1994 : de CAERPHILLY à CAERLEON (75 km)
Caerphily entouré de ses
douves
|
Effectivement nous passons la nuit tout d'une traite et nous levons vers 9:30... J'ai assez parcouru de châteaux médiévaux jusqu'ici pour me passer de la visite intérieure de celui de Caerphilly, d'autant plus qu'il semble en assez mauvais état. Le périple autour des douves et des remparts hier soir était probablement le plus spectaculaire de la balade. |
Nous allons plutôt voir le Castle Coch, une folie en style médiéval construite au flanc d'une colline boisée par le richissime marquis de Bute en 1875. | Entrée de Castle
Coch
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On n'est pas loin des châteaux mythiques de Louis II de Bavière, avec toutefois un soucis d'authenticité beaucoup plus poussé. Les trois hautes tours rondes sont merveilleusement situées au milieu du parc peuplé de grands arbres touffus | Castle Coch : la
salle des banquets
|
Des fresques colorées aux délicats motifs animaliers (les Fables d'Ésope) ou floraux couvrent les murs des quelques pièces ouvertes à la visite, tandis que la Salle de banquets, inspirée de la légende des Chevaliers de la Table Ronde, repose sous les nervures d'un ciel d'azur étoilé d'or et peuplé d'oiseaux. |
Castle Coch : la Chambre de la Dame La Chambre de la Dame |
Vitres serties dans le plomb à chaque fenêtre, meubles massifs de bois sombre, l'ambiance haute époque est garantie ! |
Nous
nous égarons un peu ensuite dans le réseau d'autoroutes
lorsque nous voulons gagner le Welsh Folk Museum de St
Fagan. On y retrouve la structure habituelle aux musées de
plein air : une trentaine de maisons ou bâtiments
utilitaires provenant des différentes régions du Pays de
Galles et représentatives des différents styles ou
activités de la contrée ont été rassemblés dans un beau
parc rural d'une trentaine d'hectares. Un chemin prenant
parfois l'allure d'une route, d'un chemin creux ou d'une
piste permet d'en faire le tour et de se familiariser avec
l'histoire du peuple gallois, ses coutumes, sa lutte pour
la survie et son développement. Beaucoup de fermes bien entendu, toutes meublées et équipées, du pauvre cottage de chaume et de terre battue aux manoirs cossus beaucoup plus confortables. Mais aussi une rangée de maisons ouvrières, des échoppes d'artisans où plusieurs sont au travail, un magasin général au grand complet. Dans une clairière, on a même reconstitué un village celtique de 2 000 ans av. J.C.. Ses huttes rondes aux murs de pierres sèches ou de clayonnages enduits d'argile sont coiffées d'un toit de chaume pointu... Le temps passe vite et nous devons abandonner les lieux avant d'en avoir fait le tour complet, à la fermeture de 17:00. |
Nous préférons cependant reprendre le chemin des montagnes tellement plus reposantes et sereines. L'autoroute M 4 nous mène rapidement à Caerleon, la "cité des légions". Malheureusement les restes des thermes romains de l'ancienne Isca viennent de fermer (il est 18:05...). |
Un petit tour à pied dans le centre du village nous fait découvrir un autre joli lot de vieilles maisons aux couleurs pastel. Nous repérons le Musée du Légionnaire Romain - fermé lui aussi - pour aller enfin bivouaquer sur le parking paisible de l'amphithéâtre, en fait une petite arène où pouvaient tenir les 6 000 hommes de la légion Augusta secunda cantonnés ici. Nous en parcourons les soubassements de pierre exhumés avant de souper, lire un peu, écrire nos cartes postales et nous coucher. | Restes des arènes de Caerleon |
Dimanche 7 août 1994 : de CAERLEON à TINTERN ABBEY (98km)
Excellente nuit devant le terrain de rugby
(autrefois champ de parade des troupes romaines), juste devant
l'entrée de l'amphithéâtre.
Limites de l'ancienne Isca sur fond de veille moderne |
Nous nous levons tard et commençons la journée par une petite balade jusqu'à l'angle nord-ouest de la forteresse (qui couvrait plus de 20 hectares !). On y a déterré les soubassements de 3 longues "barracks" (cantonnements). Dans chacune vivaient les 80 hommes d'une centurie : à une extrémité se trouvaient les bureaux et les quartiers plus vastes du centurion et de ses sous-officiers. De l'autre côté vivaient les légionnaires dans une double rangée de petites pièces juxtaposées par deux, l'une servant de chambrée à huit soldats, l'autre destinée au stockage de leur matériel. Autour des vestiges des bâtiments, le talus du mur d'enceinte présente encore quelques structures de maçonnerie, des bases de four, une tour d'angle, une cuisine, des latrines... |
Notre curiosité ainsi bien éveillée, nous nous présentons au Musée de la Légion dont la façade adopte la forme d'un temple, mais il n'ouvrira ses portes qu'à 14:00. Déçus, nous nous rabattons sur les bains de la forteresse entrevus hier soir. Visite passionnante, puisqu'une partie des thermes a été fouillée et exhumée puis protégée sous une vaste toiture qu'on a aménagée en musée. | Strigyle et flacon d'huile en verre |
Urne funéraire en verre |
Écuelle de bronze |
Porte insignes de la légion |
La Légion charge ! |
Nous continuons à remonter la vallée de la Wye et grimpons par une route fort étroite jusqu'au Kymin, un petit "temple" dédié à la gloire de la Royal Navy du XVIIIème. Il offre surtout une vue magnifique sur la petite ville de Monmouth et sa vallée riante encadrée par de lointaines collines... | Vallée de la Wye : Kerne Bridge |
|
Nous allons ensuite
contempler les méandres accidentés de la Wye depuis le
belvédère de Symonds Yat Rock. Il est déjà tard et Monique
s'impatiente devant les ruines du château de Goodrich et
les vieilles rues de Ross-on-Wye prévues à mon itinéraire.
Nous descendons plutôt immédiatement la pittoresque vallée
de la Wye qui me fait beaucoup penser à l'Orne traversant
la Suisse Normande. Malheureusement ici des haies non
taillées ou des arbres touffus encadrent la route qui suit
de près les courbes de la rivière, bloquant presque tout
le temps la vue sur un paysage pourtant charmant.
|
Nous finissons par arriver presque à la nuit devant les ruines de Tintern Abbey au fond d'un vallon et au bord de la Wye. Son grand stationnement vide nous accueille pour ce soir, juste devant la porte d'entrée; nous serons à pied d'oeuvre pour la visite demain matin. | . |
Lundi 8 août 1994 : de TINTERN ABBEY à CLIFTON (Bristol) (56 km)
Nuit des plus paisibles dans un coin de notre vaste parking. A 10:00 nous passons le mur de clôture de l'ancienne abbaye. |
L'abbatiale qui a perdu sa toiture et un côté de sa nef, conserve une grandeur et une majesté pleine de simplicité. En revanche les autres bâtiments du monastère cistercien ne présentent plus guère que leurs fondations. Les contours qu'elles définissent sont cependant encore très lisibles dans le gazon. | Tintern Abbey : l'abbatiale |
En s'aidant du petit guide du C.A.D.W. (les Monuments Historiques gallois), on reconstitue très bien les différentes parties de l'abbaye et leur fonction, depuis la maison de l'abbé jusqu'aux réfectoires et cuisine en passant par le logis des hôtes de marque et l'hôpital/infirmerie. |
Turner : Chœur de Tintern Abbey
|
Du grand cloître il ne reste
malheureusement rien. Les autres vestiges présentent
quantité de détails (niches pour la vaisselle, coins
latrines, bases de cheminées et bancs de pierre, égout
voûté ou recouvert de dalles traversant tout le sous-sol
en diagonale) témoignant du savoir des artisans de
l'époque. Mais venant après la visite des thermes de la
forteresse romaine de Caerleon hier, on voit aussi
combien l'évolution a été lente dans l'art de bâtir...
les Anciens paraissant même l'emporter à plus d'un point
de vue !
|
Seule la grande et haute structure de l'église, semblable à une coque de navire non bordé ni ponté et réduite à ses seuls membrures, montre encore ses harmonieuses proportions. Son élan vertical stupéfie et force l'admiration: amples ouvertures lumineuses et élancées, fenêtres garnies de colonnettes et remplages gothiques, larges et sobres arcades séparant la nef du bas-côté... La façade ouest est particulièrement remarquable, sa grande verrière ayant conservé son faisceau de colonnettes et ses arabesques. Au contraire celle de l'est, derrière le maître autel, a presque entièrement été détruite et dépouillée de ses rosaces juxtaposées dont les gravures anciennes montrent la sublime élégance. De plus, la double porte de la façade s'inscrit dans des arcades aux dessins contournés qui rappellent un peu les formes d'inspiration mozarabe vues en Espagne ou au Portugal. Quel dommage qu'on ait laissé s'écrouler le côté nord de l'église, entraînant ainsi la chute des voûtes et l'impossibilité de jamais couvrir à nouveau cette nef splendide ! | Grande verrière de
Tintern Abbey
|
Vers 12:45 finalement nous reprenons la route de la vallée, toujours aussi encadrée par les haies touffues. Un peu plus loin, une aire de pique-nique nous offre l'ombre de ses grands arbres pour un léger lunch.
Jean-Paul sur l'Eagles's
Nest View à Wyndcliff
|
Nous
sommes au pied des 365 marches du belvédère de Wyndcliff que
nous escaladons aussitôt la vaisselle mise en ordre. Je me
félicite d'avoir chaussé mes bottes de marche car la pente
est raide et le sentier sous les arbres caillouteux et
délabré. Suant et soufflant dans le sous-bois tiède et
humide, nous atteignons enfin le Eagle's Nest View, 240
mètres au dessus de la rivière. La vue annoncée est effectivement splendide, portant sur la courbe de la Wye à nos pieds et sur ses méandres qui ont creusé des falaises rocheuses un peu en retrait. Au delà on aperçoit l'immense estuaire de la Severn, en arrière des buttes où se devine l'agglomération de Chepstow. |
Ce sera notre prochaine étape quelques kilomètres plus loin. Les rues anciennes de la petite ville médiévale ne nous surprennent plus guère après toutes celles que nous avons déjà traversées depuis 3 semaines. En revanche la forteresse fondée par un proche lieutenant de Guillaume-le-Conquérant dès 1067 m'impressionne beaucoup. |
Le site
est exceptionnel car ses murs sont juchés sur des falaises tombant
à-pic sur la rivière, et l'ensemble des enceintes et des bâtiments
est assez bien conservé.
Il n'en faut pas plus pour que je me lance à l'assaut des tours, remparts, grandes salles, cours intérieures, donjon et barbacane... des châteaux forts de mon enfance, tandis que Monique en paix pique une somme dans le parking. | Cheapstow Castle et
sa basse-cour
|
Murailles de
Cheapstow Castle
|
Une fois de plus je me laisse prendre au jeu de la découverte, même si les structures visitées me sont maintenant familières. Leur état n'est pas toujours aussi évocateur que je le souhaiterais, mais là encore la documentation très bien faite du C.A.D.W. pallie à cette réserve. |
Je parcours donc avec beaucoup de plaisir tous les coins et recoins accessibles de la forteresse, remplaçant en imagination les planchers écroulés des tours, les fenêtres défoncées et les créneaux manquants. | Le donjon normand, fort semblable à celui de Falaise |
Le pont construit par Brunel sur l'Avon à Clifton (Bristol) |
Ses luxueuses demeures palladiennes et ses maisons du début XIXème, plus modestes mais fort distinguées elles aussi, dominent la route et surtout le fameux pont suspendu de Brunel. Long de 210 mètres, il franchit avec une surprenante aisance la gorge profonde de plus de 75 mètres. En plus d'être une remarquable prouesse technique puisqu'il fut dessiné par le génial ingénieur dès 1830, ses lignes tendues sont d'une rare harmonie. Je ne me lasse pas de le filmer sous tous les angles. Sa structure d'acier blanche éclairée par la lumière dorée du couchant ressort avec netteté sur l'environnement naturel tout aussi spectaculaire. |
Mardi 9 août 1994 : de CLIFTON (Bristol) à BATH (61 km)
Pas un
bruit durant la nuit, excepté le vent assez fort et frais qui
ramène un ciel nuageux ce matin. Nous tournons un peu dans
Clifton, admirant ses grandes maisons bourgeoises dont plusieurs
semblent en très mauvais état sinon abandonnées. Puis nous
descendons en ville, du côté du port et des écluses du Floating
Harbour. Cet ancien quartier industriel recèle encore beaucoup
d'entrepôts et d'ateliers plus ou moins hors d'usage. Plusieurs
bassins ont été reconvertis en port de plaisance, de grands
buildings à bureaux modernes en acier, béton et verre voisinent
avec des constructions de facture plus ancienne, bref le grand
port est en complète reconversion.
Tableau d'époque
représentant le Great Britain en mer
Nous trouvons facilement le bassin de radoub du "S.S. Great Britain", là où le bateau fut construit entre 1841 et 1843 par l'ingénieur en chef de la Great Western Steamship Company, Isambard Kingdom Brunel (également concepteur du pont admiré hier). Un tour attentif du petit Maritime Heritage Museum nous initie à l'évolution des techniques de construction navale, depuis le chevillage des bordés sur les membrures de bois en passant au rivetage des plaques de fer jusqu'à la soudure électrique des tôles d'acier presque universellement utilisée maintenant. Puis nous passons à la vedette des lieux, le "S.S. Great Britain" lui-même, ramené ici presque au complet après 127 ans de bourlinguage sur les routes de l'Atlantique nord puis de l'Australie. |
Bristol : salle à
manger du SS Great Britain
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Les restaurations entreprises depuis 1970 sont loin d'être terminées, mais on peut parcourir le pont supérieur du navire et ses entreponts. La salle à manger avec son luxueux mobilier d'époque y a été réinstallée. Dans la cale sera bientôt complétée la mise en place d'une maquette animée de son énorme moteur à vapeur. On prévoit aussi de réaménager quelques cabines et le pont promenade des 1ères classes, ce qui permettra de mieux apprécier la qualité exceptionnelle du décor et des agencements du bâtiment. |
J'explore de fond en comble la vieille coque rouillée qui fut à son époque un navire totalement révolutionnaire : le plus grand transatlantique, la première carène en fer mue par une hélice, le premier gouvernail équilibré... bref le chef d'oeuvre de Brunel, ingénieur visionnaire. Évidemment l'intérêt de mon équipière pour ce genre d'antiquité "moche, en mauvais état, etc." est loin d'égaler le mien. C'est donc elle qui met fin à la visite lorsqu'elle m'arrache à la contemplation de quelques reliques émouvantes conservées dans le petit musée attenant au bassin. | Proue du SS Great
Britain
|
Nous
traversons alors la ville, relativement peu intéressante compte
tenu de sa restructuration en cours.
Une trentaine de kilomètres plus loin, la M 4 aboutit au fond du vallon où est établie la grande maison classique de Dyrham Park. Le National Trust a pieusement conservé le château construit en 1698 par un ancêtre du dernier propriétaire qui le donna tout meublé et décoré au Trust en 1939. |
Comme à l'accoutumée, l'ensemble a beaucoup d'allure et garde toute la séduction d'une demeure habitée et soignée pendant longtemps, même si tous les meubles, tableaux ou accessoires ne provoquent pas toujours notre enthousiasme... L'orangerie attenante plaît beaucoup à Monique qui rêve tout haut devant la belle maçonnerie de pierre crème, les grandes fenêtres arrondies en leur haut et la vaste verrière tenant lieu de plafond. | Façade de Dyrham Park
|
Peinture en trompe-l’œil à Dyrham Park |
Dyrham Park : drawing-room |
En revanche le tour du jardin à l'arrière déçoit un peu nos attentes car le "formal garden" dépeint sur tableaux et gravures dans la maison a laissé place à un grand gazon, quelques arbres, une longue et florissante mais unique bordure, un petit étang... et rien de plus. Quant au reste du parc, à part une ou deux vues pittoresques sur le château blotti dans son creux de vallée, il semble surtout attirer les Anglais par son enclos à daims dont ils sont si friands. | Dyrham Park : la façade arrière donnant sur le parc |
Le site de Bath dans la vallée de l'Avon
|
Nous laissons donc là cette grande propriété et gagnons Bath par une bonne route franchissant collines et vallées verdoyantes. Ce second regard est fidèle au souvenir gardé depuis notre passage rapide il y a 5 ans : succession des maisons de ville en pierre taillée crème, lignes sobres et élégantes des monuments, animation agréable car l'afflux des touristes demeure sans excès. |
Laissant l'Aigle tout près du centre, nous retrouvons le chemin menant aux Bains à peine aperçus l'autre fois. Bien qu'il soit 17:20, je profite des 40 minutes d'ouverture restante pour me lancer dans la visite du Musée des Bains Romains pendant que Monique préfère aller voir le magasin d'Habitat. |
Bath Abbey et à droite
l'entrée georgienne des Bains
|
Le musée, fort bien présenté et documenté, occupe les lieux mêmes qu'il veut illustrer. Ses salles souterraines font le tour d'une partie du sanctuaire et des thermes enfouis sous l'établissement de bains construit au XVIIIème par le roi George III. Leur parcours me passionne. |
Le dieu celte de la source a muté en Gorgone romaine... |
A
l'intérêt des sculptures, ruines et objets exposés s'ajoute
le mystère de la source sacrée enclose au centre de ce
système complexe de temple, de cours, de piscines et de
salles de soins. Je dois malheureusement abandonner mon
exploration avant d'avoir vraiment compris la disposition
confuse des lieux, les visites s'interrompant entre 18:00 et
20:00. |
Frustré d'avoir payé 5 livres (près de 12 $) pour une incursion aussi brève, je rejoins Monique pour un souper rapide suivi d'un tour sur le vieux pont Pulteney bordé de boutiques puis le long du quai pittoresque de l'Avon. | Pultney Bridge sur l'Avon |
Le Grand Bain et Bath Abbey en soirée |
A 20:00 nous sommes de nouveau dans le grand hall d'entrée géorgien; je dois insister et exprimer fortement ma frustration pour que la préposée me laisse passer sans payer à nouveau pour achever ma visite interrompue. |
Évocation de la Source sacrée au temps des Romains |
Jaillissement des eaux chaudes savamment mise en scène... |
Tuyau de plomb romain
amenant l'eau chaude au Grand Bain
Cette
fois nous faisons tous deux une visite complète de ce labyrinthe.
Sa structure finit par me devenir intelligible, y compris la
mystérieuse source sacrée, Saint des Saints du sanctuaire, dont je
saisis enfin qu'elle a tout simplement disparu. Plus exactement
elle a été englobée dans le Bain du Roi où les bouillonnements de
l'eau verte témoignent du jaillissement de la source thermale.
Le Grand Bain à la lueur des torches |
Vue inoubliable du Grand Bain éclairé par la lueur fauve et dansante des torchères que l'on a accrochées aux colonnes encadrant son grand rectangle d'eau verte et frissonnante... Ambiance magique ! |
Bath : le Grand Bain depuis l'arrivée d'eau |
Bath : alimentation
du Grand Bain
|
Bath : Monique dans la Grand Bain de nuit |
Nuit sur le Grand Bain de Bath |
Emballés par cette merveilleuse visite, nous nous mettons en quête d'un bivouac adéquat. Un tour de ville nous fait retrouver le Circus puis le Crescent : dans l'obscurité extérieure les fenêtres des luxueux appartements éclairés laissent apercevoir quelques splendides décors et mobiliers... Le grand stationnement juste en dessous du Crescent nous offre ses espaces déserts quoique pentus. Courte manoeuvre, mise en place de cales et nous nous y installons pour une nuit très silencieuse. | Sortie devant Bath Cathedral illuminée |
Mercredi
10 août 1994 : de BATH à PORTSMOUTH (175
km)
La pluie durant la nuit ne suffit pas à me réveiller, mais le Plexiglas du panneau au centre du toit est tout couvert de petites flaques d'eau lorsque je tire le store. Il fait très frais, et sur le pare-brise une petite enveloppe jaune en plastique contient une contravention pour avoir outrepassé notre droit de stationnement nocturne payé jusqu'à 8:00 !
Crescent et Circus |
Lever, douche, petit déjeuner et nous quittons notre grand parking qui commence à s'animer. Direction le King's Bath où je veux acheter le petit album bien illustré présentant l'ensemble des thermes, leur disposition et leur histoire. En passant devant le Crescent, arrêt bref pour contempler, en plein jour et une autre fois, son arc splendide. |
Façade du Circus
|
Quelques visiteurs pénètrent dans la grande maison au n°1 de la façade monumentale. Intrigués, nous les suivons pour découvrir, tout à fait par hasard, une extraordinaire recréation de la fin du XVIIIème. |
La demeure, louée à des princes ou à des grands seigneurs qui venaient prendre les eaux à Bath, a été méticuleusement restaurée et meublée comme elle a pu l'être à l'époque. L'ensemble est d'un goût raffiné proche du style Louis XV. Les couleurs, les matériaux, le design des meubles et des tissus, la musique (sonates londoniennes de Haydn sur piano Broadwood d'époque), tout concourt à donner une impression éblouissante du cadre luxueux dont jouissaient les heureux - et riches ! - locataires. |
Entrée au rez-de-chaussée
|
Drawing Room (bureau) |
Le musée actuel est encore une fondation privée sur le même principe que le National Trust : un mécène a acheté le bâtiment en pitoyable état, l'a donné à une fondation créée pour la circonstance tout en la dotant d'une somme rondelette, et quelques années plus tard voilà le résultat |
Chambre à coucher de Madame |
Chambre à coucher de Madame |
Dining-room (salle à manger) |
Salon (salle de jeu et de musique) |
Enchantés par cette découverte surprise, nous quittons la maison, reprenons notre Aigle et allons stationner le long du bâtiment des Bains en plein centre. Scènes de rue très animées sur la place devant le parvis de Bath Abbey et aux alentours, sur fond d'architecture palladienne géorgienne (lignes classiques, frontons et sculptures, pierre calcaire blanc crème) et de corbeilles de fleurs exubérantes... Lors de quelques courses dans un grand magasin d'alimentation, nous avons la chance de trouver nos produits laitiers français préférés (crèmes et autres mousses). Nous quittons enfin cette belle ville, mais avec une deuxième contravention, cette fois pour avoir omis d'apposer la carte de stationnement ad hoc sur le pare-brise ! | La plus vieille
maison de Bath
|
En route pour The Courts, un autre jardin renommé du N.T. Malheureusement la bruine s'établit pour de bon, et c'est à travers le va-et-vient des essuie-glaces que nous apercevons la campagne verdoyante du Wiltshire. Nous pique-niquons dans le joli village (vieilles maisons de pierres, tuiles, fleurs) de Bradford-on-Avon. Puis, toujours sous la pluie, nous arrivons au hameau de Holt. Bottes, ciré et parapluie sont de rigueur ! |
En franchissant la clôture du manoir, on ne devinerait jamais le charme discret de ses vieilles pierres ni la rare élégance de son jardin. Bien que pas très grand, il est divisé en plusieurs zones par des haies d'arbustes à fleurs, une rangée de cyprès et un talus muré garni d'une haute bordure de fleurs. | The Courts : le
temple
|
The Courts : Jean-Paul devant le Temple et sous la pluie... |
The Courts : Jean-Paul devant les fleurs |
The Courts : la vista |
Leurs couleurs sont un peu éteintes sous la bruine et le ciel gris, mais l'ensemble parait parfaitement pensé. Les points de vue prémédités mettent en valeur soit la maison, soit telle sculpture ou tel petit plan d'eau, ailleurs la flèche du clocher du village dans le prolongement exact de la rangée de cyprès... |
Le jardin fleuri est entouré d'un verger sur lequel débouchent les différentes allées sans rupture brusque ni clôture, ce qui augmente encore l'impression d'espace... Je tente de rendre à la vidéo l'harmonie des différents plans qui s'offrent à ma vue. | The Courts : arbre en fleur |
Façade de Lacock Abbey |
Toujours abrités sous notre grand parapluie qui crépite et dégoutte, nous retrouvons notre Aigle pour gagner, une dizaine de kilomètres plus loin, Lacock et son abbaye transformée en château au XVIème |
A l'entrée de la propriété, un petit musée installé dans une grange restaurée est consacré à William Henry Fox-Talbot, ancien seigneur des lieux. Des vitrines et des panneaux explicatifs fort clairs présentent les recherche menées par le châtelain dans les années 1830, tant dans les domaines de la chimie que de l'optique. Elles le conduisirent à développer les premières photographies sur papier avec négatif, parallèlement à Niepce et à Daguerre dont il ignorait les travaux. La première photographie au monde serait ainsi une fenêtre à meneaux de l'abbaye qu'il habitait et que nous visitons ensuite. | Lacock Abbey : la fenêtre de la 1ère photo |
Lacock Abbey : salle
du chapitre
|
Il reste peu de traces de l'occupation par les moniales jusqu'à la Dissolution sauf un beau cloître gothique et quelques salles voûtées au rez-de-chaussée. |
Puis nous faisons un tour du village lui aussi légué au National Trust par le seigneur en même temps que le domaine et le château. Ses petites maisons des XVème et XVIème en pierre ou en colombages sont toutes fleuries: elles ont été parfaitement restaurées ou préservées, tout comme la grange Tithe Barne qui servit jadis de halle et dont nous admirons la belle charpente en T. | Lacock Abbey : Tithe
Barn
|
Jeudi 11
août 1994 : de PORTSMOUTH à HERMANVILLE (129
km)
Le
quartier semble surtout habité par des gens du 3ème âge, et
n'était-ce le vacarme d'un marteau-piqueur dans une rue
voisine, nous aurions pu dormir jusqu'à midi sans
dérangement... S'il ne pleut plus, le ciel ne s'est guère
dégagé et nous ne risquons vraiment pas d'attraper des coups
de soleil sur le pont du ferry aujourd'hui !
Quai de Portsmouth
|
Nous retournons à l'extrémité du vieux port beaucoup plus paisible ce matin qu'hier soir, maintenant que les buveurs de bière ont disparu. Nous traînons un peu en regardant passer les bateaux : traversiers et vedettes de l'Ile de Wight, gros "ferries across Channel" ou petites barques de pêche sur fond d'arsenal garni des coques gris réglementaire de la Royal Navy... |
Durant l'attente en ligne avant l'embarquement nous déjeunons. Puis nous abandonnons notre Aigle dans la soute pour gagner les ponts supérieurs de l'énorme navire bleu et blanc de P & O. Malgré le temps pluvieux et frais nous demeurons un long moment assis à l'abri du vent dans un renfoncement, contemplant les bouillonnements de l'écume derrière nous et l'allure superbe du "Normandie", un traversier tout blanc des Brittany Ferries. Il nous accompagne de près tout le long de notre traversée de la Manche et ne nous quittera qu'au dernier moment, pour aller accoster à Ouistreham. | Sur le ferry et
dans la brume, Monique quitte Portsmouth
|
Lors de
notre débarquement nocturne et sans problème, il est déjà 21:30.
Nous filons sur l'autoroute, le pont de Tancarville puis la route
de Caen. Nous décidons d'aller dormir sur la Place du 3ème
Régiment d'Infanterie Britannique à Hermanville qui nous a
toujours réussi jusqu'à présent. Franchissant l'Orne puis le canal
au pont de Bénouville, nous traversons ensuite le bourg
d'Hermanville où la pharmacie de Gilles et Ginette est encore
éclairée malgré l'heure tardive (23:30). Mon frère, en
service de garde, règle avec un client un problème d'intoxication
par des champignons avant de nous faire la bise. Nous nous
endormons enfin, bercés par le ressac, sur notre bivouac favori
vers 1:15.
Vendredi 12 août 1994 : HERMANVILLE (98 km)
Petit détour par le joli vallon où le "bien" en question ne nous emballe guère (la maison semble agréable, mais le jardin est inaccessible et le cadre exigu). En revanche le moulin en avant (nouvelle acquisition des vendeurs de la maison en question) nous conquiert tout de suite : l'eau vive court tout autour, le grand terrain nous fait rêver à un superbe jardin à l'anglaise comme nous venons tout juste d'en voir plusieurs de l'autre côté du Channel. En plus la bâtisse est pleine de caractère (poutres, carrelage, lierre courant sur la façade, belles proportions, etc.). Mais cette propriété-ci n'est évidemment plus à vendre...
A Creully, nous jetons un oeil à la maison convoitée et à son jardin : le vif intérêt éveillé lors de la première visite se confirme. Repérant les coordonnées de l'étude à Courseules, nous gagnons la petite ville et le bureau du notaire installé dans les communs du château. Après 15 minutes d'attente (il est à peine 13:30), le tabellion nous reçoit et nous explique la situation très particulière de cette maison : vacante sans légataire identifié, elle peut garder ce statut pendant 30 ans encore si l'on ne retrouve pas d'héritier... D'autre part il nous met en garde contre d'importants problèmes d'écoulement d'eau, le sol du rez-de-chaussée étant un peu plus bas que le niveau du tout-à-l'égout dans la rue... Bref, une offre d'achat serait prématurée.
Il ne nous reste plus qu'à visiter à nouveau la maison de la rue du Caprice à Colleville pour compléter cette révision de notre exploration entreprise en juin. Nous filons donc à Ouistreham emprunter la clé à l'agence Century 21 et passons deux heures à la parcourir de bas en haut, évaluant, mesurant, supputant les divisions, aménagements, rénovations et autres transformations nécessaires ou possibles. Si le bâtiment ne manque pas de caractère ni de potentialités, les travaux à effectuer sont considérables, en particulier au niveau de la charpente du bâtiment central. De plus les deux maisons latérales nous paraissent trop petites pour former des logements autonomes. Si l'on attribue les deux pièces superposées du centre à l'un des côtés, il faudra forcément bâtir un ajout (serre, véranda ou jardin d'hiver) pour compléter l'autre, d'où des coûts additionnels... Un peu embarrassés et perplexes, nous quittons le grand jardin abandonné pour reporter les clés à l'agence, puis nous gagnons Caen où Maman nous accueille à souper.
Notre
gros paquet de cartes postales patiemment sélectionnées et nos
commentaires passionnés lui peignent un tableau enthousiaste des
jardins et des country houses de
l'Angleterre que nous l'incitons fortement à visiter. Mais les
priorités de Maman vont plutôt à ses projets de réaménagement de
sa salle de bain qu'elle nous expose en sollicitant l'avis de
Monique. Échange de vues, discussion, suggestions, nous
l'accompagnerons demain à Castorama quérir les fournitures
nécessaires aux premiers travaux. Après avoir mis en route une
petite lessive, nous quittons Maman vers 23:30 pour aller dormir
comme à l'accoutumée devant la mer à Hermanville sur la Place du
3ème R.I.B.
Samedi 13 août 1994 : HERMANVILLE (30 km)
Comme prévu nous faisons quelques courses avec Maman à Castorama où Monique l'aide au choix délicat des couleurs et matériaux. Pendant ce temps je me procure le nécessaire à des réparations mineures de la carrosserie de l'Aigle. Puis nous gagnons Courseules pour déjeuner sur l'avenue menant à la plage dans un restaurant de fruits de mer en fin de compte assez quelconque. De retour à Caen nous allons compléter notre épicerie et nos provisions de route à Carrefour.
En fin
d'après midi je me rends au garage comme prévu tandis que Monique
accompagne Maman au B.H.V. et à l'Intermarché. L'avance à
l'allumage du moteur était effectivement complètement déréglée, ce
qui suffit à expliquer les cafouillages observés. Je rejoins
ensuite Monique et Maman chez Gilles et Ginette qui nous ont
gentiment invités à partager leur souper.
Dimanche 14 août 1994 : d'HERMANVILLE à ROCHEFORT/LOIRE (269 km)
En quittant le bord de mer où nous avons dormi, nous passons chez Gilles et Ginette auxquels nous faisons nos adieux. Puis nous rejoignons Maman chez elle pour procéder aux bricolages prévus : démontage des placards et décollement de la tapisserie de sa salle de bain. Après déjeuner Maman nous offre une petite balade dans les jardins de l'Abbaye aux Dames. Le dessin de la vaste esplanade est superbe mais il faudra attendre que les massifs et bordures de fleurs soient réimplantés avant de jouir du site dans toute sa gloire.
Vers
17:00 nous partons pour Angers où se trouvent René-Pierre et sa
famille. Nous soupons en route au Lion d'Angers, au bord de la
rivière devant l'hippodrome. Arrivés chez Jocelyne et René-Pierre
vers 21:30, nous passons la soirée avec eux et dormons sur leur
stationnement champêtre, devant la vieille maison au bord de la
Loire.
Lundi 15 août 1994 : de ROCHEFORT/LOIRE à SAINTE-HERMINE (275 km)
Il fait un temps superbe qui avive les couleurs des feuillages autour de nous. Nous prenons le petit déjeuner en famille dans le jardin ombragé donnant sur le fleuve. La Loire étale son cours large et tranquille à nos pieds, quelques bribes de cantiques nous parviennent de la petite chapelle cachée dans l'île devant la maison où a lieu un pèlerinage à la Vierge en ce 15 août. Charmés par l'ambiance joyeuse et détendue régnant sur la terrasse, nous paressons jusqu'à notre départ à midi passé.
Nous
tentons alors de joindre Dominique par téléphone mais l'absence de
réponse nous fait supposer qu'il s'est rendu aux Moutiers où doit
également se trouver les autres membres de la famille Barbe. La
distance parait courte sur notre carte à grande échelle, mais nous
n'arrivons à la gare que passé 16:00, après avoir attendu que la
procession avec binious et fanfare dégage les rues du village dont
c'est la fête annuelle. Les constructeurs nous font visiter leur
chantier bien avancé depuis notre passage à même époque l'an
passé. Si Édouard junior manifeste en vieillissant une
personnalité beaucoup plus calme, son frère cadet Guillaume se
signale sans cesse par ses hurlements. Tout un contraste avec le
fils d'Anne-Cécile et Philippe, Paul-Adrien, très actif mais posé
et charmant. Sa mère qui nous semble fatiguée allaite encore son
dernier-né Olivier. Édouard bricole sans conviction dans sa maison
tandis que Gilles et Dominique font avancer le chantier. Nous nous
joignons à toute la famille pour le souper sur le terrain puis
offrons une tournée de cidre dans l'Aigle à nos hôtes avant de
reprendre la route à 22:00. La nuit est tombée et c'est la fatigue
qui nous arrête à Ste-Hermine (après la Roche-/Yon) où nous
dormons sur le parking de la Poste.
Mardi 16 août 1994 : de SAINTE-HERMINE à RIOM (435 km)
Vers 9:00 nous reprenons notre longue traversée de la France jusqu'à faire étape à Limoges. C'est surtout la vieille ville autour de sa cathédrale qui nous attire. L'architecture gothique un peu massive de l'église ne nous emballe guère, cependant la fraîcheur régnant sous sa haute voûte est bienvenue ! Le jardin de l'Archevêché, très formel dans son sec dessin à la française, constitue un cadre digne pour l'élégant bâtiment classique où logeait le prélat. On est pourtant bien loin de la fantaisie et du raffinement des parcs à l'anglaise... Après quelques notes du concert d'orgue dans la cathédrale, nous nous engageons dans la montagne du Limousin par de pittoresques et sinueuses petites routes surlignées de vert sur notre atlas. C'est dire à la fois l'agrément de leur parcours campagnard et verdoyant mais aussi la lenteur de notre progression.
En fin
d'après midi nous passons le lac de barrage de Vassivière dont le
vaste plan d'eau est prétexte à l'animation d'une base nautique.
Le lac Bala n'est pas seul en son genre... Le soleil descend
lorsque nous soupons à Aubusson au pied de la butte surmontée des
restes d'un château féodal. Monique appelle sa soeur Nicole qui
nous reçoit dans la soirée à Riom. Deux heures d'agréables
bavardages dans son grand appartement joliment rénové sous les
toits nous mènent jusqu'à 23:00, lorsque nous allons nous endormir
sous les murs de la prison, seul endroit offrant un espace de
stationnement suffisant dans les environs.
Mercredi 17 août 1994 : de RIOM à SAINT-JORIOZ (355 km)
Si la nuit s'avère tranquille au pied des hauts murs de la maison d'arrêt, le passage des voitures sur le boulevard voisin entraîne un réveil et un lever précoce à 8:30. Agacés par le tintamarre, nous décollons rapidement, nous contentant d'une banane pour petit déjeuner. La route de montagne s'achève par la traversée du Forez et de Thiers en particulier. La ville accrochée au flanc de la vallée est pittoresque, mais l'ambiance grise et triste n'incite pas à la visite car les immeubles élevés donnent sur des ruelles étroites et sombres. La route très sinueuse emprunte de belles et hautes vallées. Des forêts de sapins couvrent la montagne et des vaches dorées broutent dans les herbages drus et fleuris.
Nous
finissons par arriver à Lyon. Au Carrefour d'Écully il nous est
impossible de trouver une place sur le nouveau stationnement où
nous avons la surprise de nous heurter à des barres de hauteur.
Comme elles empêchent l'accès aux véhicules de plus de 2,45 m,
Monique dépose une plainte au service à la clientèle. Je profite
du délai pour aller chercher les filtres à huile et à essence
destinés à la prochaine vidange. Puis nous traversons rapidement
la ville et prenons la route d'Annecy, arrêtant seulement chez
Pithioud à la recherche d'un saladier de remplacement... La
nationale est belle mais fort longue, car la circulation est
intense, surtout entre Annecy et Saint-Jorioz : il nous faudra 1
heure 15 pour parcourir les 10 derniers kilomètres ! Arrivée à
17:45 (2:30 pour 180 km...). Nous avons grand plaisir à retrouver
Juliette qui semble y jouir d'un séjour agréable avec son amie
Laetitia. Jean offre l'apéro puis nous soupons en famille autour
de la longue table rustique. Il pleut durant la nuit où nous
dormons dans l'Aigle stationné devant le chalet.
Jeudi 18 août 1994 : SAINT-JORIOZ (0 km)
Le ciel
s'est dégagé et la température adoucie lorsque nous émergeons
assez tard... Pendant que je m'attaque à la vidange et au
changement du filtre à huile, Monique lave la literie et le linge
sale restant dans le coffre de l'Aigle. Je poursuis l'entretien de
notre maison-véhicule par un lavage complet de sa carrosserie,
tâche qui m'entraîne jusqu'au milieu de l'après-midi. Les Jacquier
de Couty (Françoise Cambin et Toutou puis Marie-France, Paul,
Alain et sa femme) viennent goûter avec nous dans le grand jardin
ensoleillé au bord du lac. Dans la soirée je m'attaque à la
réparation des pare-chocs dont les embouts ont encore fait les
frais de stationnements "au forcing".
Vendredi 19 août 1994 : de SAINT-JORIOZ à SAINTE-FOY-LES-LYON (190 km)
Je poursuis la restauration de la carrosserie s'achevant par la peinture des pare-chocs et je change le filtre à essence du chauffage. Puis Monique m'aide à installer une dérivation sur l'évacuation des eaux usées, ce qui évitera désormais leur gel en hiver.
En
milieu d'après-midi nous prenons la route vers Lyon en empruntant
le Col du Chat : les belvédères au creux des épingles à cheveux
offrent des vues superbes sur le lac du Bourget et sur les Alpes
alentour. Au sortir du Dauphinais, nous allons flâner un moment
sur le pavé des vieilles rues du bourg perché de Pérouges. La
plupart des façades médiévales ont été restaurées avec goût et
discrétion, restituant au village son ambiance hors du temps. En
arrivant à Ste-Foy nous dormons sur le stationnement devant le
garage.
Samedi 20 août 1994 : SAINTE-FOY-LES-LYON (28 km)
Au
moment d'entrer dans la maison, une panne générale d'électricité
nous immobilise : il me faudra deux heures pour identifier le
court-circuit provenant de la ligne du jardin qui fait sauter le
disjoncteur principal. Pendant que je démonte tous les plombs
dispersés dans la grande maison, Monique vide la camion et prépare
les valises. Après quelques courses au Continent de Francheville,
j'accompagne Laetitia au train qui la ramènera à Bordeaux où elle
vient tout juste de s'installer. Puis je procède à la vidange et
au nettoyage des réservoirs, avant la mise en ordre de l'Aigle
pour l'hivernage.
59 726 Dimanche 21 août 1994 : de SAINTE-FOY-LES-LYON à MONTRÉAL
Après le taxi jusqu'à Perrache où nous prenons la
navette pour Satolas, c'est le départ en direction de Montréal à
9:10. Après huit heures de vol sans escale, Johanne et
Jean-François nous accueillent à Mirabel vers 14:00, heure locale.
Dès le lendemain à 8:30 je rentre au boulot...