LA COTE D'AZUR, de
CANNES à CASSIS
et balade dans le BEAUJOLAIS
Monique et Jean-Paul
Mourez
à bord de l’Aigle
Dimanche 19 décembre 1993 : de FAREINS à STE-FOY (km 50 130)
Temps très gris et assez frais aujourd'hui, comme hier lorsque nous sommes arrivés du Canada via Paris. Levés tard, nous avons juste le temps de nous préparer pour gagner vers midi Fareins où nous allons fêter les 70 ans de Jehanne. La grande table est dressée au milieu du vivoir de René-Pierre et Jocelyne qui, pour la première fois, reçoivent toute la famille dans leur maison. C'est aussi un peu leur pendaison de crémaillère : ils ont en effet consacré toute leur énergie ces derniers jours à poser une superbe tapisserie marbrée, aux douces teintes pastel ocre, sur les murs et les toits pentus de leur grande pièce, lui conférant beaucoup de chic et de douceur.
Le repas, abondant et délicieux, se poursuit tard
dans l'après-midi jusqu'au départ de tous les invités, après une
visite à la miellerie. René-Pierre s'y prête de bonne grâce aux
questions des uns ou des autres et démontre en détail les
opérations nécessaires à l'obtention du précieux miel. J'en
profite pour récupérer notre Aigle bien garé au fond du hangar;
son moteur répond à la première sollicitation, et nous voici
bientôt en position de départ. Derniers adieux un peu émus et
pleins de gratitude à Jocelyne et René-Pierre qui nous ont si
gentiment reçus avec tous les autres membres de la famille (nous
étions 29 à table !) et nous prenons la route de Lyon. Je n'ai pas
encore d'argent français et ne puis donc emprunter l'autoroute à
péage... A peine engagé sur la N 7, je m'aperçois que le moteur
émet encore des ratés (comme dans le Cotentin...) et qu'en plus la
jauge de carburant touche au plus bas. Heureusement nous trouvons
in extremis une station-service ouverte et le plein fait, tout
semble rentrer dans l'ordre. Coucher à une heure avancée devant la
maison de Ste-Foy que nous rallions sans traîner.
Lundi 20 décembre 1993 : de STE-FOY à TAIN-L'HERMITAGE (100 km)
Je me réveille assez tard (8:45) après une nuit coupée d'insomnies dues tant au décalage horaire qu'à une digestion un peu lourde... Je n'ai que le temps de filer vers Satolas pour accueillir Mathieu en provenance de Montréal. Je le guette longtemps avant de le voir se pointer dans la salle de récupération des bagages, les cheveux longs mal tirés en catogan, son gros blouson rouge au dessus de sa veste de tweed, ses jeans délavés glissés dans ses grosses bottes de combat...
Son allure non conformiste ne tarde pas à attirer l’œil du policier de faction qui l'entraîne dans un petit bureau adjacent et le soumet à une fouille en règle. Heureusement on ne trouve rien de délictueux sur lui, et je le récupère enfin tout fier d'avoir berné et fait perdre leur temps à des "coches", des fonctionnaires français qui plus est. Tout le long du retour vers la maison, ce ne sont que réflexions désabusées sur le décor urbain - assez moche il est vrai - et sur la puanteur des autos qui nous précèdent, au diesel plutôt mal réglé... A peine arrivé, Mathieu va se coucher pour faire passer un "mal de cœur" probablement empiré par les multiples boissons dont l'a abreuvé Air France.
Pendant ma virée à l'aéroport, Monique a transféré nos bagages dans l'Aigle. Il ne me reste plus qu'à effectuer quelques réparations - remplacement d'un raccord de la purge du circuit d'eau et élimination d'un court-circuit dans l'alimentation électrique du frigo - et nous serons prêts à partir.
Comme toujours, le travail dure plus longtemps que prévu et Monique a tout le temps de régler par téléphone les affaires pendantes avec notre assureur, puis avec son cousin Gérard et avec quelques autres interlocuteurs. Elle organise aussi pour Mathieu un séjour plus plaisant que le voyage itinérant prévu avec ses vieux parents : il demeurera quelques jours à Ste-Foy en compagnie de Stéphane qui lui fera découvrir ses ami(-e)s de Lyon, puis il sera reçu chez ses cousins Bertucat à Tournus. Avec tous ces plans et démarches, il est presque 16:00 lorsque nous sommes prêts au départ. Après un plein d'eau un peu laborieux (car les circuits d'eau du sous-sol ont déjà été purgés pour l'hiver), nous démarrons enfin sans que j'aie pu résoudre le problème électrique du frigo. Celui-ci fonctionne cependant sur la batterie et non sur le chargeur, mais comme nous n'envisageons pas de nous brancher sur le secteur durant ce court séjour, cette avarie ne présentera pas d'inconvénient. | L'Aigle au départ de
Ste-Foy
|
En route donc vers le sud, d'abord par
l'autoroute puis par la N 7 dans la nuit bientôt tombée. La
route file, nous arrêtons à Tain-l'Hermitage, sur une petite place
au centre d'un quartier résidentiel, un peu à l'écart de la route.
A 19:35 nous sommes au lit, prévoyant nous lever tôt demain.
Mardi 21 décembre 1993 : de TAIN-L'HERMITAGE à ST-MAXIMIN-LA-STE-BAUME (265 km)
Nous tombons du lit en fin de compte assez tard, vers 10:30, ayant dû subir encore une fois plusieurs insomnies accentuées par le bruit assez élevé de la grande route d'un côté et celui des trains - dont le T.G.V. - filant dans la vallée du Rhône de l'autre. Nous gagnons bientôt Valence où nous arrêtons un moment pour compléter notre épicerie au Géant Casino, comme nous l'avons déjà fait deux fois les années précédentes, avant de poursuivre plein sud notre descente vers la Méditerranée. Le ciel est assez chargé, avec seulement à l'horizon une frange de lumière dorée qui découpe les montagnettes en gris bleuté de chaque côté du fleuve.
L'arc romain d'Orange |
Nous évitons Montélimar et roulons jusqu'à ce qu'apparaisse enfin, vers 16:00, l'arc romain d'Orange : ce grandiose monument a gardé toute son élévation mais les bas reliefs sculptés dans le calcaire tendre ont malheureusement beaucoup souffert. |
Dans le soir qui descend, nous regagnons notre
Aigle en parcourant quelques petites rues de l'antique cité toutes
décorées à l'approche des fêtes. Nous repartons bientôt,
poursuivons notre route dans la nuit vers le sud-est et allons
finalement dormir sur une petite place tranquille, à deux pas de
la basilique de St-Maximin-la-Sainte-Baume que nous visiterons
demain matin avant de repartir vers Cannes.
Mercredi 22 décembre 1993 : de SAINT-MAXIMIN
à CANNES (155 km)
Un petit marché où clients et vendeurs claquent la semelle nous attend sur le parvis. Malgré le pittoresque de la scène, nous ne nous attardons guère et nous hâtons de pénétrer à l'abri de la haute voûte. Je suis d'abord attiré par l'admirable grand orgue d'Isnard occupant tout l'espace de la large tribune, un des seuls orgues du XVIIIème entièrement préservés qui restent en France... |
Les grandes orgues de
St-Maximin (Isnard, 1719)
|
Les chapelles latérales du haut édifice offrent elles aussi leur lot de curiosités : statues de bois doré, peintures médiévales sur panneaux de bois, grand retable doré où des petits tableaux encastrés dépeignent la Passion du Christ en 12 scènes miniatures aux couleurs fraîches. Sous l'autel, une grande toile rectangulaire montre une émouvante Mise au tombeau. Une mention aussi pour le grand chœur classique, sa gloire dorée au dessus du maître-autel et ses remarquables stalles de chêne sculpté. L'ensemble baigne dans une belle lumière due à l'élévation des murs qui dégage un large espace pour de hautes verrières à remplage gothique.
Crypte de Saint Maximin |
Un dernier tour par la crypte où sont exposés les sarcophages de Sainte Marie-Madeleine et de Saint Maximin (VIème siècle), puis nous quittons la vaste basilique. |
C'est pour nous diriger aussitôt vers le cloître et vers d'autres salles désertées du monastère accolé à l'église. Tout est vide puisque les Dominicains ont quitté les lieux en 1958, mais l'ensemble est encore très suggestif de la vie monastique qui anima ces murs durant tant de siècles. |
|
La N 7 continue de descendre parallèlement à
l'autoroute, traversant l'arrière des monts de l'Estérel par une
route vallonnée qui se faufile au milieu des chênes verts et des
eucalyptus. Le mistral, toujours de la partie, a rafraîchi
l'atmosphère mais il a aussi dégagé un beau ciel bleu. La route
vire à travers le maquis et finit par descendre jusqu'à la mer que
nous atteignons à Fréjus-Plage. Pique-nique au bord du sable,
entre la base aéronavale et le centre de thalassothérapie. Petite
balade ensuite sur la jetée du port de plaisance où mouillent
quantité de yachts luxueux dont - encore une fois - plusieurs
anglais immatriculés à Jersey.
Nous repartons pour gagner Cannes par l'intérieur. La route, beaucoup plus sauvage et montagneuse, serpente à flanc de colline au milieu des forêts. Nous décidons alors d'escalader le mont Vinaigre (614 m). Notre parcours nous offre de superbes vues sur l'arrière pays et la Haute Provence limitée en arrière par les cimes enneigées des Alpes. La petite route forestière menant en haut du mont est un peu difficile à trouver et son escalade s'avère raide et sportive pour notre lourd camion, nous parvenons quand même à deux pas du sommet.
A l'est ils se terminent vers Cannes et la baie de la Napoule bordée de grands immeubles blancs, tandis que tout autour vers le nord les montagnes forment une splendide toile de fond... |
Depuis le Mont Vinaigre, en regardant vers
Cannes
|
Un peu sonnés par le grand bol d'air pris sur les
hauteurs et trébuchant sur les roches du sentier, nous regagnons
notre Aigle stationné un peu en dessous de la tour de télévision,
puis continuons la route de montagne aux innombrables virages en
direction de Cannes. La nuit est tombée lorsque nous pénétrons
dans la ville. Premier arrêt chez un ami de Jehanne auquel Monique
apporte une biographie d'Alexis Carrel. Mon pilote préféré me
guide ensuite dans le lacis du Super-Cannes, par des rues étroites
et sinueuses grimpant à l'assaut de la colline, jusqu'à trouver la
maison haut perchée de Jean-Jacques A..., lui aussi "Ami d'Alexis
Carrel", auquel nous venons livrer une copie du même livre.
Accompagné de son épouse, il nous invite à passer la soirée avec
eux au coin du feu. Agréable et vive conversation, vue superbe sur
la baie illuminée... nous nous couchons assez tard, vers 22:30,
juste devant la grille menant à leur maison.
Jeudi 23 décembre 1993 : de CANNES à FREJUS-PLAGE (79
km)
La baie de la Napoule depuis Super Cannes |
Excellente nuit qui se prolonge un peu plus que prévu : nous ne verrons pas le soleil se lever sur Cannes puisque nous n'émergeons que vers 8:30...
|
Douche, plein d'eau sur le boyau d'arrosage de nos hôtes avant de grimper jusqu'à l'observatoire et au terminus du funiculaire, hélas abandonnés et condamnés. Il ne nous reste plus qu'à redescendre par les rues étroites et sinueuses jusqu'au port de la Croisette où nous déjeunons sur fond de petits bateaux agités par le mistral encore très fort aujourd'hui. Le ciel est merveilleusement dégagé, avivant les teintes rosées des immeubles, le vert foncé des végétations et les rouges ocre des rochers en arrière. | Petit déjeuner devant le port de la Croisette |
Monique devant le Marché aux Fleurs de Cannes |
Puis nous gagnons le Vieux Port et le
Suquet au pied duquel nous finissons par trouver une place
de stationnement. Petite balade jusqu'à la gare pour
tâcher - en vain - de nous faire rembourser nos billets de
train inutilisés, puis nous enfilons la rue Meynadier,
très commerçante, jusqu'au Mont Chevalier que nous
escaladons par une rampe très pentue. |
Au pied de l'église, la vue se dégage largement sur le golfe de la Napoule superbe sous ce beau soleil... Une autre ruelle raide nous ramène vers le rivage et vers notre Aigle où nous sommes contents de pouvoir nous réchauffer un peu; s'il fait beau, en revanche le mistral est toujours aussi violent et il nous faut nos gros manteaux d'hiver canadiens pour ne pas être frigorifiés. |
La Baie de Cannes depuis le Suquet et l'ïle
Saint Honorat
|
La Pointe de l'Esquilon |
La route côtière sur laquelle nous nous engageons alors vers l'ouest prend le nom de Corniche de l’Estérel. Elle suit fidèlement les courbes, calanques, caps et pointes du rivage, offrant de merveilleux points de vue aux lieux-dits Théoule-sur-Mer limitant le Golfe de La Napoule, puis à La Galère, à la Pointe de l'Esquillon, Miramar, Le Trayas... La mer a profondément découpé les rochers rouges et déchiquetés qui s'abîment dans les flots bleus en des paysage presque aussi superbes que ceux que nous avions admiré l'an dernier en Corse. |
A l'Observatoire, un vieil ensemble de blockhaus délabrés offre une vue magnifique sur les découpures de la côte. Nous tentons de prendre la route forestière grimpant vers le pied du Cap Roux mais une barrière ne tarde pas à nous arrêter. Déçus, nous devons faire demi-tour, ne disposant plus des 3 heures nécessaires pour faire avant la nuit la balade à pied.
Nous poursuivons donc la route côtière jusqu'à
Anthéor puis Agay. Le soleil qui prépare son coucher nous gêne
considérablement et nous empêche de profiter du paysage presque
constamment à contre-jour, aussi renonçons-nous à l'excursion dans
l’Estérel pour ce soir. Nous gagnons plutôt Saint-Raphaël par la
route de l'intérieur en passant par Valescure, faisons quelques
courses et le plein d'essence juste avant d'arriver en ville et
repérons la petite route du Pic de l'Ours - ouverte celle-ci - que
nous emprunterons demain. Pour finir, nous allons nous installer
près de l'entrée de la base aéronavale à Fréjus Plage, juste
devant le sable, où nous espérons passer une nuit tranquille -
c'est une impasse - sans être délogés par la maréchaussée : le
coin est interdit aux camping-cars !
Vendredi 24 décembre 1993 : de FREJUS-PLAGE à SAINT-AYGULF (71 km)
Une pluie violente accompagnée d'éclairs et de tonnerre nous réveille vers 6:00, au bout de notre impasse devant la mer. À notre lever, le ciel est maussade et humide. Un fort mistral fait claquer les étais des yachts dans le port tout neuf à deux pas de notre bivouac. Nous en admirons les grands immeubles néoclassiques aux fraîches teintes pastel encadrant le bassin irrégulier où sont amarrés des centaines de bateaux tous plus luxueux les uns que les autres. Malgré le temps décevant, nous prenons la route côtière. Partout des constructions plus ou moins heureuses occupent les moindres espaces disponibles. On n'aperçoit la côte de porphyre rouge que par instants, au fond d'anses que la route de corniche effleure avant de longer à nouveau grandes propriétés, luxueuses villas ou hôtels...
A Dramont, nous quittons la grande route pour stationner près d'un camping fermé avant d'escalader le cap en direction du belvédère de Dramont. Le sentier grimpe rudement à travers le maquis intact; il constitue un territoire protégé puisque appartenant à la Forêt Domaniale de l’Estérel, donc exceptionnellement conservé sans aucune de ces bâtisses qui encombrent partout le paysage. Tout en haut du sentier raviné, vue extraordinaire sur les rochers de porphyre rouge, le rade d'Agay, le Mont Vinaigre et le Golfe de Fréjus. | En grimpant sous les nuages vers le Sémaphore de Dramont |
Depuis le Sémaphore de Dramont, sous le soleil revenu |
Je filme tout ce que je peux malgré les bourrasques de mistral qui me secouent ou me clouent contre le rocher. Tout ce vent a au moins l'avantage de chasser les nuages. Bientôt le ciel retrouve sa couleur ici habituelle et surtout le soleil illumine les pentes rocheuses tachetées de vert sombre et la côte de porphyre rouge. La mer abandonne le gris pour l'azur et les vagues se brisant sur les rochers éclatent à nouveau de blancheur. Enfin ! |
Ce beau soleil nous accompagne pour la suite de notre balade; rejoignant Agay, nous nous enfonçons vers l'intérieur pour bientôt bifurquer sur la route du Pic de l'Ours. Elle traverse la plus grande partie de la Forêt Domaniale de l’Estérel; c'est en fait un superbe parc naturel à la canadienne, sans aucune construction ni aménagement autre que la petite route que nous parcourons. Elle escalade par de longues rampes les pentes accusées de l’Estérel, un ensemble de montagnettes aux flancs couverts de maquis et de rares arbres, surmontées de dents rocheuses jaune ocre et découpées. | Vers le
Pic de l'Ours, dans la forêt domaniale de l'Estérel |
Le Massif de l'Estérel depuis le Pic de l'Ours |
Au sud le bleu profond de la Méditerranée, au nord et au delà du massif du Tanneron, les cimes neigeuses des Alpes italiennes. La route en corniche autour du Pic d'Aurelle donne de superbes aperçus sur la Corniche de l’Estérel loin en dessous de nous, ses calanques, ses anses et ses pointes de rochers rouges grenat; en arrière la vaste étendue bleue du golfe de La Napoule, les blancheurs de Cannes étalées au soleil sur les pentes... Nous stationnons dans le col Notre-Dame où souffle un vent formidable qui ramène un gros nuage gris chargé de pluie. La température chute à 5°, une petite neige volette par instant sur le pare-brise pendant que nous pique-niquons, assez découragés. |
Heureusement le vent poursuit son action et dévoile à nouveau un soleil éclatant ! Nous n'hésitons pas, enfilons nos manteaux et nous lançons dans les 4 kilomètres qui nous font grimper jusqu'au relais de télévision couronnant le Pic de l'Ours. Bien que nous soyons presque toujours au soleil, le froid est vif mais le vent demeure supportable avec nos gros vêtements d'hiver canadiens... En chemin nous admirons le paysage de montagne et de mer. Il est encore bien plus remarquable depuis le sommet où nous demeurons un long moment à contempler sommets blanchis des chaînes alpines au loin, mer d'azur moutonnant jusqu'à l'horizon, arc superbe du Golfe de La Napoule et Cap d'Antibes un peu en arrière, tandis qu'à l'ouest et à contre-jour ce sont les hauteurs des Maures qui barrent l'horizon... |
Vers l'est, depuis le Pic de l'Ours |
Vue depuis le Pic de l'Ours vers le Golfe de la Napoule |
Le
soleil est bas lorsque nous retrouvons notre Aigle. Après
nous être un peu réchauffés, nous gagnons le col de la
Cadière puis celui des Trois Termes où nous trouvons la
route du Col des Suvières fermée à la circulation... Déçus
nous rattrapons la N 7 et, dans le crépuscule, traversons à
nouveau les forêts de l’Estérel en endurant quelques hoquets
de notre moteur toujours étouffé par l'essence avariée prise
l'été passé dans le Cotentin. |
Samedi 25 décembre 1993 : de SAINT-AYGULF à
ST-CLAIR (LE LAVANDOU) (95 km)
Grand vent durant la nuit qui secoue les trois tonnes de l'Aigle mais ne nous empêche pas de bien dormir malgré tout. Au matin, le soleil illumine la baie de Fréjus-St-Raphaël, ses flots bleus, ses côtes parsemées des petits points blancs de ses maisons et les cimes enneigées des Alpes tout au fond qui l'encadrent. Même les sommets plus rapprochés des massifs sur lesquels s'appuie l'Estérel semblent avoir reçu leur "bordée" de neige cette nuit. Il fait en effet très frais (entre 6 et 8°) malgré le soleil qui n'arrive guère à réchauffer l'atmosphère. | Vue sur le golfe de Fréjus depuis Saint-Aygulf |
L'Aigle dans le port de
Saint-Aygulf
Petit-déjeuner devant le port de Saint-Aygulf |
Nous traversons ensuite Sainte-Maxime, un
autre joli port que les nouvelles constructions ont
banalisé de leur masse de béton. La route offre cependant
davantage d'aperçus sur la Méditerranée qu'hier. |
Nous sommes bientôt devant Port-Grimaud, au fond du Golfe de Saint-Tropez. | Site de Port-Grimaud vu du ciel |
Port Grimaud : en passant le pont... |
L'ancien marais a été converti en cité lacustre d'une manière assez heureuse. On doit laisser le camion sur un grand parking à l'extérieur de la ville close entourée de fossés que l'on franchit par un joli petit pont façon Venise. |
C'est à cette cité fameuse que font penser les canaux et leurs quais étroits, les nombreux petits ponts en dos d'âne et les façades à l'italienne recouvertes de délicates teintes pastel ou de décors en trompe-l’œil. | Port-Grimaud : les quais depuis le clocher de l'église |
Pont à Port-Grimaud |
Les ponts de Port-Grimaud |
Partout la mer semble entrer dans les terres et des yachts, certains très riches, sont amarrés au pied des maisons et des appartements. Au centre, la petite église de style régional est entourée d'eau; nous en faisons rapidement le tour car le vent très froid nous transperce. | Le rêve, quoi... |
En l'absence du soleil disparu depuis un moment, nous avons hâte de retrouver l'abri et la chaleur de notre Aigle. | Port-Grimaud : Monique sur la place |
Bassin du port de Saint-Tropez |
Puis nous arrivons au fameux village de Saint-Tropez. |
Circulation complexe quoique pas trop difficile en cette saison - mais qu'est-ce que cela doit être l'été ! De grand stationnements à l'extérieur de la petite cité nous offrent de larges espaces vides, alors que des panneaux on ne peut plus explicites interdisent la circulation en camping-car. | Les toits rouges au-dessus de la baie de Saint-Tropez depuis la citadelle |
Le port de Saint-Tropez depuis la jetée du nouveau port |
Qu'importe ! Nous nous hasardons quand même dans les rues étroites et aboutissons au bout du quai près du Vieux Port de pêche, le seul qui ait gardé un peu du cachet ancien, puisqu'il a été doublé, que dis-je quadruplé d'un grand port à yachts moderne où s'entassent d'énormes "cruisers" sentant le fric à plein nez et cachant la vue de la mer... |
Nous prenons plusieurs vues du petit bassin où demeurent quelques barques de pêche colorées, de taille beaucoup plus modeste... | Quai de l'ancien port de pêche |
Le clocher jaune de Saint-Tropez |
Fontaine sur une placette en traversant le village |
Le clocher et la baie depuis la citadelle |
De là-haut, fort belle vue sur les toits de tuiles romaines rosées autour du fameux clocher jaune. En arrière la baie de Saint-Tropez et au fond les montagnes. Les couleurs vibrent sous le soleil revenu, le vent nous en paraît un peu moins froid... |
De retour à notre Aigle en passant par la petite grève où s'échouaient autrefois les barques des pêcheurs et qui maintenant est totalement vide, nous attaquons un déjeuner de Noël "santé" : salade d'endives au jambon fumé et gruyère, baguette croustillante et eau minérale... Nous achevons notre dessert devant la porte grande ouverte sur le Vieux Port lorsqu'un gendarme, l'air morose, nous ordonne de déguerpir; nous avions presque oublié que les camping-cars n'étaient pas admis ici... | Déjeuner sur le quai... ! |
Jean-Paul admire Saint-Tropez et sa baie depuis la chapelle Sainte Anne |
Saint-Tropez : Jean-Paul sur le quai depuis l'Aigle |
Ravis
de notre incursion délinquante dans cet univers coloré mais
snob et un peu surfait, nous débarrassons et rangeons la
table pour reprendre la route. |
Le soleil a de nouveau disparu et le vent nous semble réfrigérant lorsque nous grimpons au dessus du village jusqu'à la chapelle Ste-Anne. La vue sur le golfe et sur le village en-dessous de nous est certes jolie, d'autant plus qu'elle porte également sur l'anse de Pampelonne à l'est, beaucoup plus sauvage.
Nous ne nous attardons pourtant pas, passons les vieilles pierres du village perché de Ramatuelle et escaladons la mauvaise route menant aux ruines des moulins de Paillas. Le site est relativement élevé et bien placé puisqu'à cheval sur la crête d'un espèce de promontoire, mais les arbres empêchent d'apercevoir les points de vue annoncés. En revanche le village perché de Gassin vaut plus que la simple étoile dont le gratifie le Guide vert : avenue circulaire faisant découvrir une grandiose panorama, ruelles et traboules dignes de toute cité médiévale qui se respecte, architecture sobre, aménagement propre et de bon goût. Même le petit développement moderne, de style provençal accolé au village ancien, est joliment dessiné. Sur la place, près du stationnement orné d'une fontaine, un marchand d'articles en olivier et autres spécialités provençales fait le bonheur de Monique qui trouve sous son toit des cadeaux destinés aux amis et à la famille... Une grosse averse à la sortie de la boutique met fin à notre visite à peine entreprise, et c'est dans la grisaille, le froid et l'humidité que nous regagnons notre cabane à roulettes.
Plage de Cavalaire,
là où débarquèrent les Alliés en 1944
|
Un moment désorientés par cette interruption soudaine et inattendue de notre excursion, je me mets à rêver à des cieux plus cléments - ah, le Maroc... - tandis que Monique regrette de n'avoir pas emmené son tricot... Nous reprenons la route, fort sombre maintenant, et descendons jusqu'à la plage de Cavalaire où débarquèrent les Alliés le 15 août 1944, sur une belle et large étendue de sable roux longue de plus de 4 kilomètres. |
Au Rayol, nous retrouvons
un site plus accidenté. La forêt de pins et d'eucalyptus
tombe dans la mer tandis que les villas semblent
dispersées sur les pentes boisées.
|
Site rocheux près de Cavalaire |
Dimanche 26 décembre 1993 : de ST-CLAIR à LA MOLE (83 km)
Bormes-les-Mimosas sur sa colline |
Vers 9:30 nous sommes prêts au départ, la pluie s'est arrêtée et il semble que le vent commence encore une fois à dégager un petit coin de ciel bleu. Nous traversons Le Lavandou, autre grand port à yachts sans grande originalité, puis nous grimpons jusqu'à Bormes-les-Mimosas entassé à flanc de colline au pied des ruines de son château. |
La vieille rue tournicote jusque sous ses pans de murs noyés dans une luxuriant jardin méditerranéen, tout en haut du village. Nous y laissons notre Aigle et dévalons les ruelles pittoresques et fleuries, coupées d'escaliers et bordées de jolies maisons de pierre apparente ou de crépi rose. Je crois même y repérer la maison que mes parents avaient louée avec nous lors d'un séjour à Pâques au printemps 1964... | Place de l'église de Bormes |
Fontaine et passage voûté en dessous de l'église de Bormes |
Monique s'attarde un peu dans un magasin d'artisanat provençal pendant que j'escalade d'abord à la course puis en soufflant les marches raides pour aller quérir une cassette vidéo de rechange. |
Remontant ensuite près de la place St-François, nous admirons d'un côté la petite ville étalant ses crépis pastels au versant de sa colline, de l'autre la vallée du Bataillez et le Cap Blanc allant mourir dans la mer. Grand soleil sur tout le tableau qui en avive encore les couleurs et contraste les contours... | Crépuscule sur Bormes-les-Mimosas |
Vue du Col de Babaou en direction sud-ouest |
Il est temps d'entreprendre notre itinéraire dans les Maures puisque, dissipant nos craintes de ce matin, le temps nous est à nouveau favorable. La petite route très sinueuse et noyée dans les chênes-lièges et les châtaigniers escalade les hauteurs jusqu'au Col de Babaou, offrant une belle vue sur la presqu'île de Giens et les Iles d'Hyères. |
Nous roulons un moment à flanc de montagne,
profitant de grandioses échappées sur les pentes boisées, jusqu'à
redescendre vers l'intérieur des terres à Collobrières, au milieu
des petites parcelles déboisées couvertes de vignes. Le village
est tout sauf touristique, même s'il a conservé un charmant pont
de pierre rustique en dos d'âne sous lequel patauge une bande de
canards. Les maisons serrées le long des ruelles sinueuses ont
pour la plupart le crépi misérable et la vieille église romane du
XIIème croule en ruines... Voilà néanmoins un arrêt agréable,
d'autant plus qu'ici le vent est presque nul.
Ce n'est plus le cas lors de notre parcours vers la Chartreuse de La Verne que nous atteignons au bout de 6 km d'une piste défoncée, boueuse et parfois enneigée ou glacée. Le paysage est très sauvage. Les pentes raides, à peine devinées à travers chênes-lièges et châtaigniers, sont couvertes de pins qui moutonnent depuis la crête jusqu'au plus profond des vallons. A l'horizon on aperçoit parfois la ligne bleue de la mer.
Route automnale vers la chartreuse de La Verne |
La Chartreuse de la Verne dans son cadre de verdure |
Chartreuse de La Verne au milieu du désert |
Arrivée à la Chartreuse de La Verne |
La Verne : la tour d'angle restaurée |
Façade et entrée de l'hostellerie de La Verne |
Architecture
rustique dont on relève partiellement les ruines, visite
plus archéologique qu'artistique... mais qui ne manque pas
d'intérêt. |
Les communs de l'avant-cour de La Verne |
Porte en serpentine menant à l'abbatiale |
Porte de la sacristie de La Verne (XIIème) |
Le Grand Cloître du Silence et les tombes des
Chartreux
|
Après la cuisine voûtée et la grande cour de belle ordonnance, c'est le Grand Cloître du Silence, partiellement conservé, qui nous impressionne le plus. Son grand rectangle de gazon vert est tout saupoudré de neige et entouré d'une longue galerie percée d'arcades de serpentine taillée. |
Porte arrière fortifiée du mur d'enceinte |
Panorama sur les Maures et le lac du barrage de La Mole |
Les lieux sont austères et grandioses comme il sied à ce genre de retraite, mais il fait vraiment trop froid pour nous attarder et nous sommes bien heureux de retrouver la chaleur de notre Aigle.
Nous franchissons à nouveau les mêmes passages glissants ou glacés qu'à l'aller et poursuivons notre tour de la partie occidentale des Maures. Nous passons le Col de Taillude... | La petite route enneigée sur laquelle l'Aigle s'avance prudemment |
Dernier coup d’œil sur le monastère de La Verne derrière nous |
Puis nous longeons un moment la vallée de la Verne où l'on aperçoit, sur les hauteurs de l'autre versant, les grands murs de pierre de l'abbaye, avant de redescendre en tournicotant vers Grimaud. |
Le soleil commence à décliner lorsque nous stationnons à l'entrée du village médiéval surmonté des ruines de son puissant château. La faim nous tenaille, nous cédons à ses exigences, mais lorsque nous avons terminé notre déjeuner/souper, le crépuscule s'annonce déjà. | Le village de Grimaud sur sa colline dans la lumière du soir |
Au bivouac à La Môle, Monique plonge dans le
Guide Vert pour préparer la suite de l'itinéraire
|
Comme le vent n'est toujours pas tombé, nous repartons sans aller voir de plus près les ruelles du bourg dont le style, de toute façon, nous semble familier. Traversée rapide de Cogolin, sans grand attrait à première vue, puis quelques kilomètres de route de vallée entre les monts, et nous allons bivouaquer bientôt derrière l'église de La Môle sur une petite place des plus paisibles. |
Lundi 27 décembre 1993 : de LA MOLE à HYERES (106 km)
Autour de nous, le gazon de La Môle couvert de givre.... |
Il a fait très froid cette nuit puisque le panneau de toit est couvert de givre lorsque je tire le store qui l'occulte, tandis qu'une croûte de glace couvre les flaques d'eau du terrain... Effectivement j'ai dû rallumer le chauffage au cours de la nuit, ma couette pourtant épaisse ne suffisant pas à me tenir au chaud. |
Nous nous levons vers 8:15. Premier douché, je parcours le village à la recherche d'une boulangerie jusqu'à trouver un pain rustique tout chaud qui constituera notre petit-déjeuner. Tournant autour de l'église, je découvre aussi un robinet qui nous permet de refaire le plein d'eau. Voilà un début de journée qui s'annonce bien... Heureusement, car le démarrage est plus difficile, le moteur hoquetant pendant de longues secondes avant de commencer à tourner rondement. C'est finalement en branchant les deux batteries en parallèle que j'arrive à obtenir les premières explosions...
Nous prenons aussitôt le départ vers le Col de Canadel. Longue montée à travers le maquis plutôt maigre de chênes lièges tourmentés et de garrigue. | Montée vers le Col de Canadel |
Depuis le Col de Canadel, à l'Ouest le Cap Nègre, la Cap Blanc et la presqu'Île de Giens |
La vue s'élargit progressivement vers le nord et ses montagnes, et surtout à l'est où se dégagent bientôt le Golfe de Saint-Tropez et la Côte d'Azur jusqu'aux cimes enneigées des Alpes Italiennes... Superbe ! Je filme bien sûr longuement le spectacle jusqu'au col lui-même et un peu au dessus. S'ajoute alors la vue sur le Cap Blanc au sud-ouest et sur l'avancée de la Presqu'île de Giens. |
Au large et à contre-jour, ce sont les Iles du Levant, de Port Cros et de Porquerolles qui barrent une Méditerranée bleue et ensoleillée... | La route sportive menant au Col de Canadel |
Après une descente accusée jusqu'à Canadel-sur-Mer résultant d'une erreur d'orientation de ma part, Monique reprends la carte et moi le volant pour remonter le col (bissant ainsi le spectacle...). Puis nous poursuivons la petite route de crête étroite qui continue de grimper. |
Brusquement un arbre mort abattu par le furieux mistral de la veille nous barre le chemin, couché en travers de la route. C'est pour moi l'occasion de recourir à ma scie de brousse pliable qui fait merveille et me permet de dégager le chemin en quelques minutes... | Route du Col de Caguo-Ven obstruée par un arbre : de l'utilité de la scie de brousse... |
Panorama depuis la Pierre d'Avenon en direction du Lavandou |
Nous passons le col de Barral; à la Pierre d'Avenon, autre panorama grandiose en direction de Bormes-les-Mimosas cette fois que l'on aperçoit tout entassé sur sa colline loin en dessous de nous (nous sommes à 371 m !). Nous rattrapons enfin le col de Caguo-Ven et croisons le départ de notre boucle dans les Maures hier matin. La route, beaucoup plus large maintenant, poursuit sa descente d'abord à travers le village puis jusqu'à la nationale (N 98). |
Je décide alors d'aller revoir la plage de Cabasson et le fort de Brégançon tant appréciés lors de mon séjour à Bormes au printemps 1964. La petite route à travers les vignes - terroir du Côte de Provence - est peu fréquentée et nous sommes bientôt sur la plage. | La plage de Cabasson et la côte à l'Ouest |
Cabasson : le fort de Brégançon |
Plusieurs promeneurs sont déjà là mais le site est demeuré assez sauvage, ni "développé" ni défiguré par des constructions comme tant d'autres sections du littoral. Est-ce dû à la présence du Fort de Brégançon - résidence d'été du Président de la République - dont on aperçoit la silhouette imposante sur son îlot à l'extrémité de la plage ? |
Après cette agréable balade, nous rallions Hyères en traversant d'autres vignobles aux "châteaux" aussi vastes que prétentieux et en contournant les Salins d'Hyères. A Ayguade-Ceinturon, pique-nique sur un terrain en bord de mer pas encore interdit aux camping-cars par ces horribles barres de hauteur trop répandues, puis nous filons par Hyères Plage puis La Capte jusqu'à la Presqu'île de Giens. Grand soleil qui rend acceptable le développement touristique et domiciliaire un peu anarchique et sans chic de ce coin de Méditerranée. | Presqu'île de Giens |
Giens : port de la Tour Fondue |
A Giens nous nous rendons jusqu'à la Tour Fondue, site un peu quelconque d'une vieille tour fortifiée - et restaurée - qui sert d'embarcadère pour l'île de Porquerolles. Files de voitures, grands parkings et restaurants... sans grand intérêt. Nous gagnons alors le centre du village, près de la petite église, où les jardins en terrasses aménagés dans les ruines du château offrent une vue séduisante sur l'isthme reliant l'île à Hyères, sur la rade d'Hyères resplendissante sous le soleil et sur le Golfe de Giens. |
Nous décidons de pousser jusqu'à la Madrague pour contempler le coucher du soleil sur la mer qui se brise sur les rochers de la côte ouest, autour d'une vaste pinède. | Coucher de soleil à la Pointe de la Madrague |
Le soleil descend déjà; nous regagnons Hyères en passant sur la Route du Sel, une digue battue par la mer qui l'isole de la lagune remplie de marais salants. Nous avons le plaisir d'y contempler - et d'y filmer - des flamands roses pêchant dans l'eau peu profonde, puis d'y voir le soleil se coucher sur la mer et la côte dans un flamboiement de mauves et d'or. En ville et dans la nuit, nous renouvelons nos denrées fraîches au Super Casino local, puis escaladons la colline de Costebelle jusqu'à la chapelle de N.D. de la Consolation, espérant y trouver large point de vue et lieux favorables au bivouac. Mais il y fait trop sombre - on ne s'y sent pas en sécurité - et un gros chien aboyeur nous empêche d'aller contempler le panorama. Nous reviendrons demain; en attendant, nous allons trouver refuge sur une impasse, devant une maison en construction en bas de la colline.
Nous redescendons alors au pied de la colline pour aller stationner en plein centre ville, à deux pas de la Place de la République et de la Porte Massillon. Sous les platanes défeuillés de la place se tient un marché comme nous les aimons, où les paysans du coin offrent leurs produits dans une ambiance chaleureuse et authentique. J'y tourne quelques plans pittoresques animés par l'accent des échanges proche encore du provençal ancien, avant de suivre les détours achalandés de la petite rue Massillon au style un peu médiéval. Les minuscules boutiques tout en profondeur se succèdent, colorées et débordantes de marchandises bien présentées. Les denrées alimentaires, à deux jours du réveillon de la Saint-Sylvestre, prennent évidemment la vedette, soigneusement présentées et alléchantes : pâtisseries et boulangeries aux teintes dorées, poissonneries aux dominantes bleues, rouges et jaunes des fruits et légumes tranchent sur le vert du décor...
Nous atteignons ainsi la vieille Place du Marché
à l'ombre de la massive Tour St-Blaise, reste d'une ancienne
commanderie des Templiers du XIIème. Quelques maghrébins
s'activent derrière leurs étals de primeurs, mettant un terme à la
partie commerçante de la vieille ville. Nous continuons à grimper
la ruelle pavée et pentue qui nous fait entrer plus avant dans la
Haute Ville. Depuis la Place St-Paul formant belvédère, joli point
de vue sur la Basse Ville plus moderne et la plaine côtière. Nous
sommes au pied de la collégiale St-Paul, en belle pierre du
XIIème, dont le porche Renaissance donne sur une porte
malheureusement fermée. Plusieurs arcs voûtés sous lesquels nous
passons alors mènent à un labyrinthe de ruelles médiévales où l'on
retrouve quelques belles maisons anciennes assez bien restaurées.
Hyères : la vieille ville depuis le Jardin Saint Bernard |
Errant ainsi sur le pavé agréablement ensoleillé, nous arrivons devant l'entrée du Parc St-Bernard dont les terrasses offrent une vue des plus pittoresques sur la Vieille ville dominée par les teintes roses de la collégiale, sur la presqu'île de Giens et les Îles d'Hyères. Derrière nous culminent les ruines du château tout en haut d'une rocaille méditerranéenne à l'état sauvage : pierres blanches omniprésentes et buissons vert sombre clairsemés. |
Au contraire le parc St-Bernard dont nous dévalons ensuite escaliers et gradins offre toute une variété de plantes - certaines en fleurs et bruissantes des centaines d'abeilles qui butinent cette providence - et d'herbes odoriférantes artistiquement disposées. Jouissant de ce bain de nature vive alors que chez nous tout est endormi pour de longs mois encore, nous rattrapons tranquillement la rue St-Esprit en haut de la vieille ville. | Hyères : la vieille ville depuis le Jardin Saint Bernard |
A travers les rues étroites nous redescendons jusqu'à la grande place Denis où chante une belle fontaine moderne sous les palmiers. Nous y retrouvons notre Aigle et y pique-niquons au soleil, environnés de verdure...
Nous ne voulons pas quitter cette ville agréable sans aller la contempler dans toute son ampleur depuis le point culminant de la colline du Castéou. Le chemin n'en est pas évident, mais au prix d'une rude montée nous finissons par nous retrouver devant un beau reste de remparts, au pied des ruines imposantes du château. Le sentier, balisé de plusieurs panneaux présentant les ouvrages d'art successifs que nous franchissons, nous mène sur le site de l'ancien donjon; nous retrouvons en plus étendue la vue admirée tout à l'heure depuis la terrasse St-Paul, mais aussi un vaste panorama sur la côte à l'est et à l'ouest, et sur les contreforts du Massif des Maures à l'intérieur. Voilà qui met fin à notre plaisante balade dans le vieux Hyères; elle nous aura fait mieux apprécier ce coin de la Côte d'Azur qui ne nous avait guère paru intéressant au premier abord, suite à notre excursion d'hier à Giens.
Après un plein d'essence à bon prix, nous reprenons la direction de Toulon. Monique évoque alors les virées qu'elle faisait avec ses cousins en "mob" pour aller se baigner sur la plage de l'Almanarre, admirablement abritée au fond du Golfe de Giens, lorsque le mistral soufflait trop fort et trop froid à Toulon. Mais près de trente années ont passé et ma baigneuse ne reconnaît plus grand chose de l'ancienne route... Nous sommes bientôt au Mourillon où nous accueillent Tante Liliane et Michèle. Nous les rencontrons brièvement et elles nous invitent à partager leur souper vers 19:30.
Comme il n'est que 16:00, nous aurons tout le temps de faire connaissance avec le vieux Toulon. Nous allons donc stationner devant la Gare maritime, le seul endroit où nous finissons par trouver une place. Malgré nos craintes à abandonner notre "home" sur ce grand terrain où rode toute une population interlope nous rappelant fâcheusement le Maroc (gamins trop serviables et quémandeurs, itinérants hirsutes ou hautement alcoolisés...) nous partons à la découverte de cette "Porte du Levant". | Toulon : la Place de la Liberté |
Toulon : la capitainerie sur le Quai de Stalingrad en soirée |
La foule des promeneurs grouille sur le quai de Stalingrad, devant les bassins remplis de yachts et de quelques barques de pêche colorées. Nous nous enfilons vite dans les ruelles de la vieille ville où nous pénétrons par la fameuse rue d'Alger. Dans l'ensemble nous sommes un peu déçus, peut-être parce que nous avons déjà trop souvent parcouru ces rues piétonnières principalement commerçantes et sans style. |
Elles nous semblent surtout remarquables par l'animation de leurs boutiques aux vitrines brillamment éclairées et par le bagout de leurs camelots provençaux, arabes et africains qui en occupent le centre. Quelques placettes avec platanes - dénudés - et fontaines - asséchées - offrent probablement durant l'été une atmosphère agréable dont la fraîcheur doit séduire sur ce pavé environné de bâtisses. Mais pour l'heure c'est plutôt de froidure qu'il faudrait parler, et nous sommes bien aise de nous retrouver au chaud et dans l'univers plus familier du grand Continent du Centre Mayol. | Le marché du Cour Lafayette |
Quelques courses anodines, et nous retrouvons notre camion sans dommage pour retourner en terrain connu, au Mourillon chez l'accueillante Tante Liliane. Elle nous offre l'apéro avant de rejoindre la famille Abatte dans sa jolie maison agréablement rénovée au bout de son impasse.
Souper simple et gai avec les Toulonnais qui
partent demain faire du ski dans une grande station des Alpes :
eux n'ont pas comme nous leur ration de neige et veulent fuir leur
climat éternellement ensoleillé dont la douceur leur pèse...
Difficile à comprendre pour moi qui au contraire le leur envie !
En fin de soirée nous nous enfonçons un peu plus loin dans les
ruelles du Mourillon pour aller dormir à l'extrémité du cap, juste
devant le bâtiment de la météo offrant espace de stationnement
éclairé et terrain plat.
Mercredi 29 décembre 1993 : de TOULON à ST-MANDRIER (51 km)
Lever un peu tard, nous avons mal dormi, Monique préoccupée par Mathieu qui serait "déprimé" selon Anne et Jehanne qui l'a jointe par téléphone hier soir, moi douloureusement congestionné par une sinusite...
Nous décollons donc un peu tard de ce coin pourtant tranquille. Premier arrêt près du Vieux Toulon où Monique veut poursuivre ses achats de pantalons auprès du forain qui lui en a déjà vendu un à bas prix hier soir. La circulation, impossible, m'amène à aller à nouveau stationner devant la Gare Maritime. Je fais un peu de ménage pendant que ma chineuse se lance dans les petites rues parcourues la veille à la recherche de son marchand de rue. Elle revient bredouille 3/4 d'heure plus tard, n'ayant trouvé personne au carrefour indiqué... |
Quai de Stalingrad de jour |
Le site de Toulon dominé par le Mont Faron |
Nous décidons alors de nous lancer dans l'exploration du Mont Faron dont la masse blanchâtre domine la ville de Toulon au nord. Gérard et Michèle nous avaient mis en garde contre la petite route, raide et étroite, qui escalade la montagne, toute en courbes et en épingles à cheveux; ils pensaient qu'avec notre "gros" véhicule nous serions trop handicapés pour nous faufiler jusqu'au sommet. |
A part quelques difficultés à nous orienter et à trouver le point de départ de la route, nous faisons pourtant facilement ce trajet, lentement certes à cause de la pente accusée - donc en première ou en deuxième presque tout le temps - mais en nous félicitant de notre décision.
En effet à chaque virage le paysage s'élargit davantage, découvrant la Petite et la Grande Rade dans toute leur ampleur, avec leurs multiples bassins, les grands navires de guerre - croiseurs ou porte-avions - amarrés à leurs quais, le grand ferry tout blanc attendant le départ pour la Corse... Limitant la baie, la Presqu'île de St-Mandrier ferme la perspective et quelques îlots au delà apparaissent encore, contrastant en noir sur la mer dorée par le soleil à contre-jour. Le temps un peu frais et humide a chargé l'atmosphère d'un voile qui filtre le soleil et noie les lointains dans une ambiance gris bleuté. Spectacle grandiose, mais est-ce le résultat de notre mauvaise nuit, du repas d'hier un peu trop abondant ou des soucis amenés par les nouvelles de Mathieu, nous sommes un peu déçus, comme blasés ou, en tout cas, sans enthousiasme. Il faut dire que la ville elle-même manque de pittoresque, trop étendue, trop moderne, trop agitée et bruyante...
Le Musée Mémorial du Débarquement de Provence est fermé entre 12:00 et 14:30, ce qui nous empêche d'accéder à sa tour d'observation. Nous poursuivons la route longeant la crête, ignorant le zoo bizarrement installé sur ces hauteurs, et je vais seul et à pied jusqu'à la croix du belvédère du "Point Sublime" (506 m) offrant un autre magnifique panorama sur la rade. | La rade de Toulon et Saint-Mandrier depuis la Croix du Mt-Faron |
Soleil de fin d'après-midi sur la rade de Toulon et St-Mandrier |
Quelques centaines de mètres plus loin, la route serpentant sur le plateau boisé nous mène au Fort de la Croix-Faron. Le paysage s'y répète mais avec en plus cette fois un beau dégagement sur la côte est en direction de la presqu'île de Giens et sur les Maures à l'intérieur des terres. Le voile brumeux et le manque de luminosité nous empêchent de bien apercevoir le Massif de l'Esterel au delà. Le chemin du Faron dégringole ensuite à flanc de montagne, révélant d'autres forts et casernes fortifiée truffant la pente, au milieu des bois de pins, jusqu'à nous replonger dans la grosse circulation urbaine. |
Monique décide alors de faire une ultime tentative pour retrouver son marchand de pantalons, ce qui nous vaut une autre incursion, beaucoup plus hasardeuse celle-là, dans les ruelles bondées et encombrées de la vieille ville. Je finis par m'en sortir sans accroc et vais stationner encore une fois près du Quai de Stalingrad pendant que ma chercheuse d'occasion remonte - à pied - les ruelles déjà traversées, fait ses emplettes et me rejoint enfin vers 16:30.
Il nous reste alors juste le temps de prendre la
route faisant le tour de la rade au sud. Après nous être un peu
perdus sur l'autoroute en direction de Marseille, nous rejoignons
La Seyne, grosse ville portuaire, industrielle et très populeuse,
avant de longer le littoral de l'Aiguillette. Nous passons le Fort
Balaguier bien restauré et offrant une jolie vue sur la Petite
Rade, Toulon, le Faron et le Coudon, tandis que de vieux bateaux
de bois sont mouillés près du rivage. Puis nous atteignons Les
Sablettes, longue plage de sable sur l'isthme étroit, et allons
bivouaquer près du petit port de plaisance de St-Mandrier où nous
trouvons une place tranquille sur le quai, dans la nuit et devant
la Grande Rade illuminée.
Jeudi 30 décembre 1993 : de ST-MANDRIER à OLLIOULES (45 km)
La nuit s'écoule paisiblement, mon mal de tête lié à la sinusite a grandement diminué et ma douleur à l'épaule complètement disparu au réveil. En plus le ciel resplendit, entièrement envahi par un beau bleu pur ! La température ne tarde pas à monter, il fait déjà 12° à 9:30 lorsque nous finissons par nous lever.
Que dire du spectacle lorsque je tire la grande porte à glissière ? Ampleur de la Grande Rade de Toulon s'étalant à 180°; couleurs vibrantes de l'eau d'un bleu profond, animée des vaguelettes scintillantes qu'éveille le mistral régulier responsable de ce beau dégagement; grande lumière se répercutant sur le blanc des rochers encadrant la ville ou sur les façades fondues par la distance en un pastel rose/beige; azur sans limite du grand ciel rayonnant sur toute la scène... | Le port des yachts de Saint-Mandrier |
La tiédeur délicieuse quoiqu'un peu piquante de l'air invite au farniente, aussi prenons-nous la route fort tard, vers 11:00...
Nous fiant au Guide Vert vantant le paysage depuis le cimetière, nous grimpons d'abord au Cimetière Mémorial franco-italien; si nous trouvons là-haut un beau jardin soigné entourant les tombes de soldats des deux pays tombés entre 1914 et 1918, la vue demeure très limitée par les grands arbres touffus. Je redescends donc sur le petit port de St-Mandrier où je trouve un robinet pour faire le plein d'eau; puis je grimpe sur le toit pour filmer les bassins bondés de mâts serrés sur fond de rade et de montagnes. Nous quittons alors le village pour aller admirer encore une fois le panorama depuis la marina des Sablettes dont nous longeons la superbe et longue plage de sable bordée de palmiers. Nous commençons alors le tour de la presqu'île du Cap Sicié.
En montant sur le Cap Sicié, la vue vers Toulon et la Forêt de Janas |
La route gravit les flancs du cap par de longues rampes sinueuses traversant les superbes pinèdes de la forêt de Janas. Il s'avère cependant impossible d'emprunter le chemin d'accès au relais de la T.D.F. et je dois grimper - seul car Monique fatiguée reste allongée dans le camion - et à pied les 2 kilomètres qui me séparent du sommet. |
La vue s'élargit au fur et à mesure de la montée, à l'est sur la baie de Toulon, à l'ouest sur Sanary, Bandol et l'île des Embiez. | Depuis Notre Dame du Mai la vue vers l'Ouest : Sanary, La Ciotat, les Calanques et Marseilles |
Depuis Notre-Dame du Mai la vue vers l'Est : St-Mandrier, Toulon et Presqu'île de Giens |
Je finis par arriver, un peu échauffé par ma marche rapide, sur le parvis de la petite église de Notre-Dame-du-Mai : en plus de l'à-pic vertigineux sur le Cap Sicié qui dégringole à mes pieds, j'y découvre un grandiose panorama sur toute la côte, des Iles d'Hyères et de la presqu'île de Giens aux Calanques de la région marseillaise en passant par les hauteurs toulonnaises et les rivages de La Ciotat... Le temps de filmer et photographier ces splendeurs, je reprends souffle en faisant le plein d'air pur, et je rejoins notre Aigle. |
Nous poursuivons notre route à travers la forêt de Janas qui descend au petit port du Brusc, pittoresque avec toutes ses barques multicolores dansant dans la baie. L'attraction locale est le Petit Gaou, une île minuscule transformée en parc (on vient d'y démolir un camping en dur semblable à celui qui nous avait tant choqué à Giens). Le sol sous les pins est encore bouleversé et parsemé de dalles de béton ou de carrelages, mais la vue sur le Cap Sicié, d'apparence quasi bretonne, et les échappées vers Sanary, Bandol et La Ciotat sont superbes. | Barques ancrées dans le petit port du Brusc |
De retour au stationnement nous appelons à Montréal Juliette qui vient de se lever (là-bas il est 9:30 !); elle se montre charmante, heureuse de ses vacances solitaires, même s'il a fait -30° chez son amie à Sutton !
Monique devant le bassin de Sanary |
Dans le soleil déjà déclinant, nous roulons alors jusqu'à Sanary par une jolie route côtière cependant assez encombrée. Le village nous tombe dans l’œil, avec ses façades roses et blanches entourant son coquet petit bassin à la fois port de pêche et port de plaisance borné d'une rangée de palmiers. C'est propret, chic tout en restant bon enfant, sans le côté un peu snob de Saint-Tropez. |
La lumière joue magnifiquement sur le tableau et je ne sais où tourner la caméra. Nous déambulons longuement sur le quai, large et pavé, où les couleurs des coques vibrent dans les scintillements de l'eau. Le soleil vire à l'orange, teintant le ciel et l'eau de reflets roses ou violacés... | Crépuscule sur Sanary |
La nuit est tombée sur le bassin de Sanary |
Un dernier tour dans les ruelles commerçantes du village, sous prétexte d'improbables achats d'accessoires de cuisine, puis nous revenons devant le port pour un coup d’œil ultime sur les façades illuminées par le couchant, les réverbères et les décorations des Fêtes. Stimulante symphonie de couleurs, de lumière et d'animation, avant de repartir en direction d'Ollioules pour faire demain la balade vers le Gros Cerveau, le massif dominant Sanary et sa baie. |
La circulation est dense, la signalisation
confuse comme d'habitude, surtout dans la nuit maintenant
complètement tombée; nous nous trouvons donc à repasser par La
Seyne (un détour de 6 kilomètres achalandés) pour atteindre notre
destination. Les rues montent en tournant dans le centre
d'Ollioules sans offrir aucune place favorable au bivouac. Nous
nous enfilons sur une rude montée vers un lotissement au dessus de
l'agglomération et y trouvons dans une ruelle un espace plat et
tranquille qui fera l'affaire pour la nuit, les murs d'une maison
nous abritant un peu de la rumeur de la N 8 en contrebas.
Vendredi 31 décembre 1993 : d'OLLIOULES à CASSIS (98 km)
Beau soleil ce matin au lever, à peine ai-je besoin du chauffage pour faciliter le saut du lit un peu frais malgré tout. Nous avons fort bien dormi, réveillés seulement vers 7:30 par le passage des gens descendant au travail. Lorsque je fais mon tour matinal comme à l'accoutumée, je découvre un fort beau point de vue sur le village d'Ollioules étalé en amphithéâtre à flanc de colline devant moi, sur le début des Gorges de la Reppe à ma droite et, plus loin au sud à ma gauche, sur les hauteurs du cap Sicié et la baie de Sanary.
Le camp est bientôt levé sous un ciel clair mais pas vraiment complètement dégagé. Nous traversons les gorges arides et sinueuses que la lumière juste dans l'axe éclaire d'abord avant qu'elles ne deviennent plus sombres lorsque la rivière s'incurve vers l'ouest. | Evenos : la vallée du Destel dans la brume matinale |
Depuis le Vieil Evenos : la Vallée du Destel |
A Ste-Anne-d'Evenos nous bifurquons pour grimper vers le vieil Evenos en longeant les masses abruptes et blanchâtres de la Barre des Aiguilles, une formation basaltique en échine de dragon. Agréable tour du petit hameau quasi abandonné, dont les quelques vieilles maisons encore en état entourent les ruines du château XVIème. Vue grandiose depuis ses terrasses et ses remparts aux trois-quarts éboulés sur la vallée, les gorges parcourues tout à l'heure et la côte au loin. Ambiance un peu nostalgique dans ce qui dut être un petit bourg animé mais qui n'est plus guère qu'un village fantôme... |
J'ai à peine le temps de grimper sur l'ultime entassement de rochers pour contempler et filmer la côte, du Cap Bénat à peine discernable dans le lointain jusqu'à la baie de La Ciotat elle aussi de plus en plus brumeuse, tandis qu'au nord c'est le Massif de la Ste-Baume qui barre l'horizon. Déçus par cette expédition finalement un peu frustrante puisque nous apercevons à peine les rades de Toulon à travers les nuages de plus en plus denses, nous renonçons à la balade au Gros Cerveau et redescendons directement jusqu'au port de Sanary tant apprécié hier soir.
Nous stationnons à nouveau devant le quai de la marina et y pique-niquons, avant de faire un nouveau tour des boutiques pour retrouver un écusson de la Provence aperçu hier soir. Peine perdue, la boutique est fermée aujourd'hui... Cette nouvelle incursion, en plein jour cette fois-ci, dans cette station qui a conservé le charme de son port de pêche, nous confirme la bonne impression de la soirée : il figurera, auprès de Menton et du Cap Ferrat, parmi nos étapes de rêve sur cette Côte d'Azur tant vantée. | L'Hôtel de Ville de Sanary |
Le Vieux Port de La Ciotat |
Après la traversée du vieux port de La Ciotat qui offre un bien joli bassin rempli de yachts, une rude grimpée nous mène jusqu'à la petite chapelle de Notre-Dame de la Garde. |
Le Cap de l'Aigle au-dessus de La Ciotat |
Du haut de la plate-forme rocheuse dominant le sanctuaire, une vue superbe embrasse la baie de La Ciotat, son port et son chantier naval avec, au premier plan, le rocher du Cap de l'Aigle, un énorme bloc de poudingue (conglomérat rougeâtre de galets et de sable) aux formes aiguisées par l'érosion. Le soleil descendant ocre davantage encore ses pentes et sa silhouette acérée en bec d'oiseau de proie contraste avec les vastes espaces de la Côte d'Azur en arrière. |
Mais la lumière jaunit et diminue, il est grand temps de prendre la direction de la Route des Crêtes menant à Cassis. Quelques errements dans les petites rues entremêlées et nous grimpons bientôt sur les longues rampes sinueuses escaladant les falaises. Le paysage prend de l'ampleur derrière nous et nous dominons peu après le belvédère de Notre-Dame- de-la-Garde minuscule en dessous de nous, en particulier à notre premier arrêt au Sémaphore. La vue y plonge sur la Ciotat, ses chantiers navals et son Rocher de l'Aigle, les Îles d'Embiez et le Cap Sicié. | La côte depuis le belvédère de N-D de la Garde |
Le Cap Canaille au-dessus de
Cassis et des Calanques
|
Puis la route longe le haut de la falaise, offrant quelques vues extraordinaires sur sa chute verticale de près de 400 mètres dans la mer, les calanques de Cassis et le site de la jolie station... |
Le soleil achève de se coucher et c'est dans
l'obscurité que nous traversons le village pour aller souper et
nous installer sur un vaste stationnement en arrière de la plage
du Bestouan, à l'ouest du petit port. Après un délicieux
souper/réveillon au confit de canard et pommes rissolées, une
agréable promenade digestive nous mène sur le quai du port
illuminé, au pied du château des Princes des Baux. Nous revenons
enfin dormir en compagnie d'une dizaine d'autres camping-cars
européens - italiens, allemands, français et belge...
Samedi 1er janvier 1994 : de CASSIS à AIX-en-PROVENCE (59 km)
La nuit s'avère assez calme, d'autant plus que nous avons pris la précaution de nous éloigner d'une caravane de 4 camping-cars italiens (dont nous anticipions le caractère expansif et festif en cette veillée de la Saint-Sylvestre) venus s'installer juste à côté de nous. Notre stationnement s'est rempli en soirée, nous sommes donc près d'une quinzaine à nous réveiller après une averse matinale et sous les rafales d'un fort mistral qui ne tarde pas à dégager le ciel. | Le port de Cassis |
Après étude de la carte et du Guide Vert, Monique
propose une petite excursion au bout de la presqu'île du Cap Cable
où se trouve une chapelle consacrée à Notre-Dame du Bon-Voyage. La
route serpente sous la pinède, entre de jolies villas dont
plusieurs se sont appropriées le littoral sans laisser aucun accès
à la mer. Cela nous fâche fort, d'autant plus qu'elle est barrée à
plusieurs endroits d'interdictions de circuler, particulièrement
en ce qui a trait aux camping-cars. Nous poussons néanmoins
jusqu'au bout du chemin asphalté pour laisser notre Aigle sur un
grand stationnement au pied de la petite chapelle dont il ne reste
que des ruines.
Depuis la Presqu'île du Cap Câble, vue vers Cassis |
Le panorama est superbe : la côte a été exploitée en carrières qui ont dénudé la roche blanche, et des pins parasols entre lesquels nous nous hasardons sont maintenant disséminés sur les déblais.Le vent violent nous oblige à être prudents, mais les perspectives sur le long goulet étroit du Port Miou au nord, rempli de voiliers à l'amarrage, et sur les hautes falaises ocres et brunes du Cap Canaille barrant l'horizon au sud, forment un cadre fantastique. Le ciel lumineux, clarifié par le mistral, avive les couleurs du magnifique panorama. |
De retour à notre Aigle, je persuade Monique de consacrer la fin de matinée à la visite d'au moins une des fameuses calanques, celle de Port-Pin. Nous voilà donc derechef à serpenter sous les pinèdes jusqu'au stationnement point de départ des balades à pied où il faut abandonner notre véhicule. | Port de plaisance dans la Calanque de Port-Miou |
Port de plaisance dans la Calanque de Port-Miou |
Je chausse mes bottes de marche - heureuse précaution... - et nous voilà sur le sentier de grande randonnée GR 98, longeant le rivage nord-ouest de la calanque de Port-Miou dont nous suivions tout à l'heure la rive sud-est. |
Belles échappées sur le profond sillon abrupt, à travers les pins laissant apercevoir le rocher blanc et les innombrables voiliers alignés en bas. | Port Miou vu du ciel |
Calanque de
Port-Pin devinée à travers les pins
|
La lumière est magnifique et le vaste paysage de la baie de Cassis est un enchantement. Brève montée raide sur les rochers glissants, descente non moins abrupte de l'autre côté de l'isthme, et nous atteignons la jolie petite plage ombragée de Port-Pin; les parois rocheuses sont presque verticales, les pins s'accrochent aux pentes et l'on n'aperçoit pas le débouché de la calanque sur la mer. Seules les vagues déferlant au fond en signalent l'existence et la proximité. |
Petite pause délicieuse
au soleil, puis j'entraîne Monique dans l'exploration de
l'autre calanque, plus belle encore paraît-il, celle
d'En-Vau.
Dédaignant un sentier qui
me semble faire un grand détour, et en l'absence
d'indications claires, nous nous lançons dans l'escalade
assez raide de l'autre versant de la calanque de Port-Pin,
glissant sur les cailloutis roulant et surtout de plus en
plus secoués par le mistral violent qui nous agresse
lorsque nous émergeons de l'abri relatif de la calanque.
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En allant vers la Calanque d'En Vau, vue sur la baie de Cassis et le Cap Canaille |
La baie de Cassis et le Cap Canaille |
La forêt de la Gardiole est très dégarnie, les incendies n'ont épargné que quelques pins qui arrivent à survivre dans la caillasse blanche. On voit donc très bien le paysage grandiose vers l'est : la baie de Cassis, la mer bleu profond qui moutonne et la haute falaise du Cap Canaille... |
Étourdis et assommés par tant de vent, nous finissons par tomber sur la partie centrale de la calanque d'En-Vau dont les pentes à-pic tombent dans l'étroit chenal tout en bas et dans l'ombre. Alentours, falaises et aiguilles accentuent encore le caractère sauvage des lieux. Paysage extraordinaire, jamais vu... Je me coince contre le gros tronc de quelque pin agité par le mistral pour filmer ce site unique sans trop de secousses. Nous longeons un peu le précipice puis prenons le chemin du retour. |
Calanque d'En Vau
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Le
ravin remontant vers le départ de la balade
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Nous ne tardons pas à trouver dans la garrigue aride un ravin dont nous suivons le fond heureusement abrité du vent jusqu'à la petite plage de Port-Pin où nous nous reposons une autre fois. Nous empruntons ensuite un autre ravin interminable serpentant entre les pentes dénudées par les incendies pour regagner notre Aigle après un long détour. Les jambes me tirent et leurs muscles me font mal d'avoir tant dérapé et glissé sur les cailloutis, le grand air et le vent me laissent étourdi. Nous avons dû parcourir près de 16 kilomètres et il est déjà 14:30... nous avons marché 4 heures ! |
Retournant alors au centre ville de Cassis, nous stationnons juste devant le port, le long du quai St-Pierre. J'y filme les joueurs de boule et les barques colorées amarrées devant les façades aux douces teintes pastels... Nous exprimons nos vœux par téléphone aux Caennais puis nous nous restaurons enfin. | Cassis et les Calanques depuis la monté vers la Route des Crêtes, au pied du Mont Puget |
Nous voilà rendus au bout de l'itinéraire préparé
depuis presque 2 ans. Quelle sera maintenant notre prochaine
destination ? Nous pousserions bien une pointe jusqu'à Montpellier
pour saluer nos amis Reydelet et jauger un peu leur acclimatation
en terre française, mais l'état de Mathieu continue de nous
préoccuper. Aussi décidons-nous de remonter tranquillement vers
Lyon en visitant au passage Aix-en-Provence puis Avignon.
En route donc vers l'ancienne capitale de la
Provence. Dans la lumière qui diminue, nous tournons le dos à la
Méditerranée par la petite D 1 grimpant à travers le massif aride
du Puget. Nous rattrapons un bout d'autoroute à
Roquefort-la-Bedoule, évitant ainsi la grosse agglomération
d'Aubagne, grande banlieue de Marseille. Quittant la grande voie
rapide à La Bouilladisse, nous gagnons Aix par la petite N 96
plongée dans l'obscurité et allons bivouaquer sur l'un des
stationnements de la cité universitaire.
Dimanche 2 janvier 1994 : d'AIX-en-PROVENCE à GIVORS (348 km)
Levés avant l'aube nous allons stationner en plein centre sur le Cours Mirabeau. Tout est vide et tranquille, les terrasses bondées de l'été sont closes ou désertes, les oiseaux qui s'éveillent piaillent dans les branches dénudées des platanes... |
Le Cours Mirabeau en été, à l'ombre des platanes centenaires... |
Terrasse de l'un des plus célèbres cafés : Les Deux Garçons |
Douche et déjeuner, puis nous descendons l'avenue jusqu'à la fontaine monumentale de la Place Charles de Gaulle, en longeant les terrasses des cafés et des restaurants alignés sous les grands arbres où quelques garçons nonchalants commencent à installer tables et chaises... |
Lorsque nous remontons l'autre trottoir du cours, ce sont les façades des riches hôtels particuliers élevés par la noblesse des XVIIème et XVIIIème qui s'offrent à notre admiration : Hôtel de Vauvenargues, Hôtel de Forbin, Hôtel de Maurel de Pontevès dont deux formidables atlantes pleins de puissance soutiennent le balcon de fer forgé et encadrent le portail... | Les Atlantes de l'Hôtel de Maurel de Pontevès |
La fontaine thermale du Cours Mirabeau |
Nous nous étonnons en passant de voir une légère vapeur s'élever du sommet de l'une des fontaine placées au centre du cours. Quel plaisir de plonger dans la tiédeur de ses 34° nos doigts rafraîchis par l'air hivernal ! Les vertus curatives de ses eaux étaient connues des Romains, paraît-il... |
Fontaine thermale
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La fontaine des Neuf Canons sur le Cours Mirabeau |
Sur le Cours Mirabeau, la
statue du Roi René au dessus de sa fontaine
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Nous arrivons ainsi à l'extrémité de l'élégante avenue bornée par un autre bel hôtel non identifié et surtout par la fameuse fontaine du Roi René; hiératique, il tient en sa main gauche une grappe de raisin muscat dont il introduisit la culture en Provence... |
La fontaine de la Place d'Albertas |
Nous nous enfonçons alors dans les rues sinueuses du vieil Aix, pleines de boutiques assez chic, coupées de placettes ombragées ou bordées de beaux hôtels comme dans le remarquable ensemble de la place d'Albertas... |
Place Richelme, nous tombons sur le marché en pleine activité : scène très vivante et colorée, comme à l'habitude. Le cadre architectural (façade de pierre de l'Ancienne Halle aux Grains et murs roses, paille et pistache des hautes maisons fermant la place) ajoute encore du pittoresque aux plans que je me hâte de tourner. | Marché d'hiver Place Richelme |
Juste à côté, c'est la Place de l'Hôtel de Ville, elle aussi embellie par la noble façade du bâtiment XVIIème; portail de ferronnerie et balcon de fer forgé, très élégante cour intérieure aux façades cantonnées de pilastres derrière l'originale grille en soleil rayonnant. Des hommes en grand nombre traînent en bavardant sur la belle place dallée et autour de la fontaine, attendant semble-t-il l'ouverture du bar P.M.U... J'y reconnais beaucoup de maghrébins dont la langue pleine d'interjections attire l'oreille, tandis que l’œil jouit de leurs mimiques et de leurs gestes expressifs. | La Place de l'Hôtel de Ville depuis la cour du bâtiment |
Place de l'Hôtel de Ville, la fontaine des Augustins |
Les douze coups de midi sonnent sur la cloche suspendue à un buisson de ferronnerie en haut du beffroi dont la tour élancée en pierre blanche domine la scène. D'autres beaux hôtels nous attendent encore sur la rue de Saporta qui nous mène à la Place des Martyrs, bornée par la riche façade XVIIème de l'Ancien Archevêché. Son portail magnifique encadre la petite fontaine rafraîchissant la place, mais sa porte fermée nous empêche d'accéder à la cour célèbre où se déroulent les plus beaux concerts du fameux festival. |
Nous arrivons alors devant le petit portail roman de la cathédrale St-Sauveur. D'autres trésors nous y attendent : d'abord un baptistère circulaire mérovingien où huit colonnes romaines de réemploi entourent un bassin d'immersion à l'ancienne et supportent une jolie coupole Renaissance. Et puis des peintures : un baptême non identifié au dessus de la porte d'entrée, et une originale Adoration des Mages dont les teintes vives et la composition originale sont mises en évidence par un fort éclairage halogène (en l'honneur de l'Épiphanie que l'on fête aujourd'hui, semble-t-il). En revanche le fameux triptyque du Buisson Ardent (XVème) est quasiment invisible, tout le reste de l'église étant plongé dans la pénombre... La belle série de tapisseries (1511) aux teintes roses et bleues typiquement médiévales décorant le chœur mérite elle aussi un dernier coup d’œil. | Porche du cloître de la cathédrale Saint Sauveur |
Cloître Saint Sauveur où se tient le fameux Festival
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Nous sortons alors de la vieille nef romane sans pouvoir pénétrer dans le fameux cloître St-Sauveur, puisqu'il est fermé à la visite entre 12:00 et 14:00, or il est 12:20. En retournant vers notre Aigle à travers le dédale des petites rues de la vieille ville, je me laisse séduire par une belle et grande reproduction d'une "Montagne Ste-Victoire en hiver". Cézanne qui naquit et vécut à Aix, la peignit vers 1900. Un autre rouleau de carton qui s'ajoute à nos réserves dans la soute... |
Le Palais des Papes depuis le Pont Saint Benezet |
Après avoir longé près de 3 kilomètres de remparts et stationné le long du Rhône près du pont St-Bénezet, nous entrons dans la vieille ville par la Porte du Rhône. Nous gagnons aussitôt le Châtelet, un bastion donnant accès au fameux pont. De son tablier, belle vue sur le fleuve déversant ses eaux rapides et limoneuses particulièrement abondantes, et sur les hauts remparts du Palais des Papes hérissés de créneaux et de mâchicoulis. |
Nous pénétrons dans la petite chapelle St-Nicolas, à deux étages roman et gothique, puis empruntons les ruelles du quartier de la Balance pour gagner la Place du Palais. Il souffle un vent frais un peu dissuasif, la lumière est grise en cette fin d'après-midi d'hiver et nous nous sentons peu dynamiques. De l'autre côté du grand espace pavé s'élève la masse du château papal. Tentés par sa visite, nous passons sous la porte des Champeaux et entrons dans l'ancienne salle des gardes. Mais le tour est long (presque une heure), il fait sombre, nous sommes déjà un peu saturés de vieilles pierres après notre tour d'Aix, aussi préférons-nous garder cette découverte pour une autre occasion. Nous descendons vers la Place de l'Horloge qui, malgré l'animation de cette fin d'après-midi de dimanche, paraît déserte quand on l'a connue au moment du Festival en été. Quelques plans vidéo du grand manège de chevaux de bois tournant devant l'Hôtel de Ville un peu pompier puis nous nous enfonçons dans quelques rues sinueuses et commerçantes autour de l'Église St-Pierre.
La nuit descend vite, nous sommes transis et finalement assez peu disponibles à cette exploration, aussi rattrapons-nous vite la Place Crillon et ses belles façades (entre autre un ancien théâtre ?). Nous enfilons enfin la rue de Limas où Monique s'attarde devant les vitrines soignées de magasins chics, avant de sortir des murs par une poterne et regagner notre Aigle. Avignon vaut certainement le coup, nous nous y arrêterons plus longuement une autre fois !
Une brève étude de la carte nous décide alors à aller bivouaquer à l'Isle-sur-Sorgue, une petite ville dont j'adore l'ambiance provençale, les ruelles étroites et sinueuses coupées par les canaux de la rivière rapide et sa sympathique place de l'église ornée de platanes... Après une vingtaine de kilomètres allongés par quelques erreurs de navigation dues à l'obscurité, nous stationnons sur un quai au bord de la Sorgue. Souper vite préparé, puis promenade digestive dans la nuit, le grand vent et sous quelques gouttes. | À L'Isle-sur-Sorgue Monique prépare le souper |
Je retombe sous le charme de ce village de rêve. Quelques coups d’œil aux vitrines des agences immobilières montrent cependant des prix assez élevés, et les ressources éducatives - pour Juliette... - semblent assez limitées dans le coin. Nous passons devant la grande porte du "couvent" que nous avions repéré il y a trois ans, puis revenons à notre home à roulettes en coupant à travers le cœur du village. Même en plein hiver, la fraîcheur est supportable et le décor me plaît toujours autant...
Nous prenons alors le parti de nous avancer en nous rapprochant au maximum de Lyon, escomptant utiliser la journée de demain pour faire quelques réparations urgentes et prendre nos rendez-vous pour l'Aigle. En route donc, en partie par l'autoroute facile mais peu rapide compte tenu des problèmes de carburation, puis par la N 7 rejointe à Vienne, pour aller bivouaquer vers 22:30 devant l'église St-Nicolas à Givors.
Au matin, pluie froide et ciel gris ne nous dérangent guère, vu notre programme. Nous commençons par passer chez la pharmacienne auprès de laquelle nous avions réservé une statuette Vichy grâce à une annonce passée par mon frère Gilles. Monique est un peu déçue de ne pas retrouver exactement la même que celle que nous avait donné Denis - incomplète et endommagée durant le transport à Montréal - mais au moins celle-ci est-elle indemne et inclut sa vasque et son verre dépoli imitant la fontaine !
Quelques kilomètres ensuite par Brignais et Beaunant nous ramènent à Ste-Foy. Jehanne et Jean nous accueillent gentiment tandis que Mathieu n'est pas encore levé (il est seulement 11:30 !). Par ailleurs, aux dires de sa grand mère, il semble reposé et plus en forme qu'il y a une semaine... Nous faisons quelques téléphones pour réserver le train du retour et prendre des rendez-vous au garage. Puis je change le filtre à essence que je soupçonne responsable de nos déboires mécaniques; il est effectivement presque complètement bouché.
Nous démontons ensuite le miroir du cabinet de
toilette pour le porter à argenter dans le centre ville de Lyon.
De retour à la maison, je repars avec Mathieu faire quelques
courses au Castorama de Dardilly, vérifiant alors le bien-fondé
de mon diagnostic et du traitement : l'Aigle est enfin capable
de prendre son envol, lourdement mais sans cafouillages...
Pendant ce temps Monique lave le linge et s'attaque aux bagages.
En soirée le souper nous rassemble et la veillée s'achève en
famille en bavardant tranquillement.